person:nicolas kayser-bril

  • C’est sans doute le secret le plus étonnant de l’histoire de l’humanité. Nous ne serions pas devenus agriculteurs pour nous nourrir, mais pour nous saouler.

    Le plus important, c’est que toutes ces activités - le fait de raconter des histoires, d’échanger des ragots et des blagues, et de chanter - déclenchent la production d’endorphines dans le cerveau, dit-il. « À leur tour, les endorphines engendrent un sentiment positif, un peu comme la morphine. Donc on se sent bien. Et surtout, l’alcool active aussi le système des endorphines, ce qui, en soi, renforce les liens sociaux entre ceux qui boivent ensemble. »

    En d’autres termes, l’alcool joue un rôle essentiel dans la consolidation des liens sociaux et le dépassement des inhibitions - et il en va ainsi depuis les premiers temps de notre évolution. Il est plus que certain que nous maîtrisions l’art d’en produire longtemps avant de fabriquer ces cuves de pierre et ces récipients en poterie il y a dix mille ans. Prenons l’exemple de l’agriculture. On a toujours considéré que nous nous étions tournés vers l’exploitation des végétaux et des sols afi de faire du pain et donc de nous assurer une source de nourriture durable. Or, d’après les chercheurs, le genre de céréale que l’on cultivait à l’époque, l’engrain, ne fournit qu’un pain de piètre qualité. En revanche, il permet de faire une excellente bière.

    « Ce qui nous amène à formuler la grande théorie de l’histoire de l’humanité, à savoir que nous nous sommes mis à l’agriculture non parce qu’on voulait manger - de la nourriture, il y en avait en quantité partout, ironise Mark Forsyth dans son livre A Short History of Drunkenness [’Une brève histoire de l’ivresse’, non traduit en français]. On a commencé à cultiver parce qu’on voulait se murger . »
    Courrier international, no. 1467 /HISTOIRE, jeudi 13 décembre 2018 1062 mots, p. 51. Dix mille ans de soirées arrosées -The Guardian (extraits) Londres. Robin McKie
    #alcool #agriculture #biere

    • La nourriture, avant tout une histoire de société Reporterre
      https://reporterre.net/La-nourriture-avant-tout-une-histoire-de-societe

      Bouffes bluffantes. La véritable histoire de la nourriture, de la préhistoire au kebab, de Nicolas Kayser-Bril , éditions Nouriturfu, mai 2018, 120 p., 14 €.

      L’engouement pour le caractère « traditionnel » de la cuisine et de ses recettes est à tempérer, nous explique Nicolas Kayser-Bril, auteur de « Bouffes bluffantes », une petite histoire culinaire de l’Europe farcie d’anecdotes passionnantes et édifiantes. Au menu : pâtes, épices, camembert et bouillabaisse.

      L’histoire de l’alimentation, c’est un peu comme une étiquette de plat préparé : on nous raconte une belle histoire, en gros caractères, sur le devant de l’emballage. Mais la liste des ingrédients, en petites lettres derrière le paquet, nous apprend que le hachis parmentier au canard contient en fait pas mal de porc et d’additifs. C’est ce que tend à démontrer le petit ouvrage fort instructif du journaliste et apprenti cuisinier Nicolas Kayser-Bril, publié en mai 2018 chez la jeune maison d’édition Nouriturfu. Le titre, avec son assonance, vous en met déjà plein la bouche : Bouffes bluffantes. La véritable histoire de la nourriture, de la préhistoire au kebab.

      L’ambition du sous-titre peut paraître, en revanche, démesurée, comparée à l’épaisseur de la tranche que l’on nous met dans l’assiette — à peine une centaine de pages. Mais, plutôt qu’un menu gastronomique, c’est une dégustation de tapas soigneusement choisies que nous sert l’auteur : une série d’anecdotes documentées, parlantes, démonstratives. « Dans les livres de cuisine, on trouve plein de choses sur le comment — comment préparer, cuire et présenter les aliments. Dès qu’arrive le pourquoi, on nous renvoie à la tradition, qu’importe qu’elle soit vraie ou complètement inventée », introduit Nicolas Kayser-Bril.

      On apprend ainsi que les débuts de l’agriculture ont été plutôt très difficiles, et que les premières céréales étaient probablement réservées à la confection de boissons alcoolisées destinées à certaines personnes ou cérémonies particulières. Ce sont finalement les puissants qui ont favorisé le développement de l’agriculture. Au XVIIe siècle, encore la moitié de la population vivait de chasse et cueillette ! On découvre aussi comment les pâtes sèches sont devenues un plat national italien (grâce au développement de la banque à la Renaissance), d’où vient vraiment le foie gras (pas du Sud-Ouest), comment la bouillabaisse est devenue marseillaise et la brandade nîmoise (alors que cela aurait pu être le contraire), on apprend encore le lien entre l’adoption du beurre comme matière grasse quotidienne et la réforme protestante, pourquoi et comment la patate a sauvé l’Europe au XIXe siècle, les conséquences gastronomiques de la grande peste noire de 1348.
      L’histoire de l’alimentation est étroitement liée à l’histoire économique et politique

      Présentées dans un ordre chronologique, ces « petites » histoires nous dessinent à grands traits le développement de l’agriculture en Europe, permettent de comprendre comment périodes de bombance et de disette se sont succédé, puis comment l’industrialisation et le marketing ont ces dernières décennies remodelé nos habitudes et notre culture alimentaires. Or, les décrire permet utilement de s’en détacher.

      Autre rappel salvateur : l’histoire de l’alimentation n’est pas secondaire, elle est étroitement liée à l’histoire économique et politique. Les aliments n’ont pas toujours été choisis pour leurs qualités nutritives ou la facilité avec laquelle on les obtient, tant s’en faut, mais aussi — et surtout ? — parce qu’ils sont faciles à taxer par le pouvoir, à transporter pour les armées, à cacher de l’ennemi, qu’ils permettent de se distinguer socialement, qu’ils sont rémunérateurs pour ceux qui les produisent, etc. Bref, chaque exemple nous rappelle à quel point l’alimentation est à la fois conditionnée par la société et source de liens sociaux.

      Facile à lire, l’ouvrage s’engloutit aussi vite que des petits fours. Mais, à la fin, ce que l’on prenait pour un apéritif se révèle nous avoir bien nourris, et nous avoir ouvert de nouvelles perspectives culinaires.

      #Alimentation

    • toujours intéressant d’apprendre que « Au XVIIe siècle, encore la moitié de la population vivait de chasse et cueillette ! ». Je me demande quel est le pourcentage actuel. Forcément pas autant mais sans doute plus que 0... j’avoue pratiquer la cueillette et le glanage régulièrement...

  • Comment une industrie a raté le virage des données et du numérique - Nicolas Kayser-Bril
    http://blog.nkb.fr/medias-numerique

    January 31, 2018

    Mai 1995 fut riche en évènements. Jacques Chirac a été élu président le 7 du mois, Mark Zuckerberg a fêté son 11e anniversaire le 14 et Libération a ouvert son site internet le 26.1 La plupart des grands noms de la presse quotidienne l’ont rejoint sur le web dans les mois qui suivirent, suivis quelques années plus tard par les radios et les télévisions.

    1995, c’est trois ans avant la création de Google, six ans avant Wikipedia, dix ans avant YouTube et Facebook, sans parler d’Instagram ou de Snapchat. Vingt ans plus tard ces médias, arrivés si tôt en ligne, sont devenus les prestataires de ces géants du web,2 quand les milliardaires des nouvelles technologies ne les ont pas tout simplement racheté à la manière de Niel (Le Monde) ou Bezos (Washington Post).

    Pourquoi, malgré ce départ sur les chapeaux de roues, les médias3 ont-ils glissés du haut en bas de l’échelle ? Ont-ils commis des erreurs ? Ou leur chute était-elle inexorable ?
    Des métiers contradictoires

    Avant internet, les médias fournissaient des services variés : petites annonces (emploi, rencontres etc.), information locale et nationale, divertissement et publicité. Pour exister, chacun de ces services nécessitait un considérable investissement en capital, que ce soit pour acquérir une imprimerie ou bien un studio et une licence de radio ou de télévision. Logiquement, quasiment tous les acteurs du secteur ont adopté un modèle d’affaire où le média utilise au maximum son investissement pour fournir le plus de services possibles. C’est pourquoi les journaux offrent une flopée de sections et de cahiers, libre aux lecteurs·trices de faire le tri après achat.

    Comme ce n’était pas rentable de publier un journal pour quelques centaines de lecteurs et qu’il était impossible de publier toutes les petites annonces sur un territoire trop étendu, ce modèle d’affaire avait une taille d’entreprise optimale. Cela aboutit à des fusions puis à des monopoles et à des excédents d’exploitation fantastiques. Pour Warren Buffet, un investisseur américain, “même avec un produit mauvais ou des dirigeants ineptes, aucun journal en situation de monopole dans sa ville ne pouvait éviter des profits débordants.”4

    Cette rente a duré jusqu’au milieu des années 2000. Avec internet, les petites annonces et les services associés se sont fait la belle. Craigslist, eBay ou Le Bon Coin sont mille fois plus efficaces qu’un journal pour revendre ses bibelots, tout comme Meetic ou Tinder le sont pour les rencontres. Puis vint la crise de 2008, qui a accéléré le passage des annonceurs en ligne. Or sur le web, le marché de la publicité est contrôlé par Google et Facebook, pas par les médias.

    En une dizaine d’années, entre 2005 et 2015, quasiment tous les médias ont subit des crises d’identités, des restructurations, voire des faillites comme celle de la Comareg (ParuVendu) en 2011 ou celle de France-Soir en 2012. Ces crises multiples ne sont pas directement dues à l’attentisme des entreprises - elles avaient toutes, après tout, un site internet. Ces sites auraient pu être mieux fait mais le problème était plus profond.

    La plupart des médias ont vu le web comme un espace où ils pouvaient calquer leur activité initiale. Ce fut fatal pour les journaux et les magazines qui virent dans les “pages” web une nouvelle version des “pages” en papier. Sans parler de la présentation du contenu, la numérisation a modifié l’essence même des métiers pratiqués par les médias.

    Les petites annonces ne doivent plus être rassemblées au même endroit sous une même marque mais au contraire divisées en segments correspondants à une communauté d’acheteurs et de vendeurs. La prime est à la spécialisation, y compris pour les contenus qui accompagnent les annonces. Caradisiac par exemple liste 28 personnes dans sa rédaction - à peu près autant que chez Auto Plus.

    Plus épineux est le lien entre information et publicité. Les annonceurs recherchent souvent les plus grandes audiences possibles. Or pour attirer de grandes audiences, rien ne vaut le spectaculaire, tant pis si l’information n’est pas vraie. Le glissement de l’information vers le divertissement a commencé en télévision avec l’arrivée du câble et du satellite dans les années 1980, quand les chaînes spécialisées ont commencé à empiéter sur le marché des chaînes généralistes.

    Sur le web, le phénomène a pris de l’ampleur, entraînant toutes les rédactions dans une course effrénée aux pages vues. La confusion est telle qu’il n’est pas rare de trouver au pied d’un article dénonçant les “fake news” écrit par un journaliste des liens vers des articles bidons chez Outbrain ou Taboola, deux sociétés spécialisées dans la génération de pages vues et la vente de publicité.5
    Les autruches, les cargo cultes et les autres

    Ensemble, les différents éléments constitutifs des médias n’avaient aucune chance de survivre sur le web. Pour autant, les groupes de presse auraient pu séparer leurs activités et adapter le modèle d’affaire de chacune d’entre elles. Certains l’ont fait, mais ils sont peu nombreux.

    La plupart ont fait l’autruche. En cela, ils ont été aidés par leurs employés, à commencer par les journalistes qui ont fait de l’ignorance de l’économie de leurs entreprise un signe de fierté (ils appellent la séparation entre l’éditorial et le reste la “muraille de Chine”). Le premier cours que j’ai donné dans une école de journalisme en 2007 à Paris, dans une école se présentant comme la meilleure du lot, portait sur les modèles d’affaires de la presse en ligne. Au bout de deux heures, la moitié des étudiants avait quitté la salle. Non pas, comme c’était sans doute le cas, parce que mon cours était mauvais, mais parce qu’ils trouvaient intolérable qu’on puissent leur expliquer que le journalisme pouvait avoir un lien avec l’argent.

    Dans ces conditions (qui ont un peu changé depuis mais pas trop), difficile de modifier quoi que ce soit en profondeur. Par ailleurs, en conservant à l’écart les équipes web, les médias ont créé un gouffre durable entre les journalistes papiers et ceux du web, moins bien payés, méprisés par leurs collègues et souvent hors des rédactions. Vu sous cet angle, le web était un repoussoir ; on comprend mieux pourquoi les rédactions ont freinés des quatre fers la transition numérique de leurs entreprises.

    Plus grave que les autruches sont les entreprises qui traitent le web comme un cargo culte.6 Pendant la seconde guerre mondiale, l’armée américaine a installé des bases dans certaines îles du Pacifique et fourni les habitants en nourriture et autres objets. En 1945, ces bases ont été abandonnées mais les Mélanésiens s’étaient habitués à être nourris et habillés par l’armée US. Ils ont cherché à faire revenir ces livraisons en construisant des pistes d’atterrissage, des avions et des tours de contrôle en bambou - en vain. Cela nous semble évident que la piste d’atterissage ne cause pas la livraison mais, vu de l’île, ce n’est pas une hypothèse absurde.

    En voyant des sociétés créées par des ados ou des jeunes adultes brasser des milliards à partir de rien, de nombreux dirigeants ont réagit comme les Mélanésiens. Plutôt que de chercher la cause de ces succès, ils ont voulu imiter.

    En juillet 2005, News Corp, alors l’un des plus gros conglomérats média du monde, achète MySpace, un réseau social, pour 580 millions de dollars. Six ans plus tard, le site est revendu pour un seizième de la somme.7 En Allemagne, le groupe Holtzbrinck a payé 85 millions d’euros en 2007 pour studiVZ, un réseau social aujourd’hui disparu.8 L’erreur de News Corp a été de traiter MySpace comme un journal disposant d’une audience captive. Le groupe de Murdoch a dégradé le site au maximum pour honorer un accord de publicité passé avec Google, poussant tous les utilisateurs dans les bras de Facebook. Quant à Holtzbrinck, ils n’ont pas compris que les effets de réseaux allaient favoriser Facebook sur le long terme.

    Au delà des réseaux sociaux et de ces deux naufrages, les médias ont regardé chaque nouveauté comme un Graal qui allait leur permettre de remonter la pente. Faites une requête sur la phrase “va-t-il sauver la presse” dans votre moteur de recherche favori pour vous en convaincre. On trouve, pêle-mèle, “Le Kindle va-t-il sauver la presse” (2009)9, “L’iPad va-t-il sauver la presse” (2010)10, “Snapchat va-t-il sauver la presse”11 ou encore, en 2017, “Le Bitcoin va-t-il sauver la presse ?”12 La liste est loin d’être exhaustive. Il y a eu la mode des blogs, celle de la personnalisation, celle des coupons,13 celle du big data, celle de la video, Instant Articles, les chatbots… La dernière tendance est au machine learning qui, on s’en doute, ne sauvera pas la presse.

    Rien ne sauvera la presse puisque, comme je l’ai dit plus haut, le concept de “la presse” sur internet est non seulement obsolète, il est contradictoire. Cependant, alors que les conférences professionnelles débattaient des stratégies à adopter pour mener cette mission impossible, certains groupes comprirent ce qui était en train de se passer et ont prirent les devants.

    Le groupe norvégien Schibsted, par exemple, a lancé son propre fournisseur d’accès à internet, Schibsted Nett, au début des années 1990, sur le modèle d’America On Line (AOL). En 1996, il l’a revendu à un concurrent pour se concentrer sur la fourniture de contenu, en créant un portail,14 avant d’investir dans des sites spécialisés dans les petites annonces.15 Dès l’arrivée du web en Scandinavie, Schibsted a compris que ce canal deviendrait incontournable et a tout mis en œuvre pour y conserver sa position de pilier de l’information et de la publicité. L’entreprise a investi considérablement et ne s’est pas laissée échauder par l’éclatement de la bulle du Nasdaq en 2001. Aujourd’hui, le groupe est leader des petites annonces dans 18 pays et s’est débarrassé de ses journaux partout sauf en Norvège et en Suède, où il continue à investir.16

    En Allemagne, le groupe Axel Springer, déjà numéro un des journaux dans les années 1990, a suivit le même parcours. Il est désormais organisé en trois pôles distincts : les petites annonces (LaCentrale en France, par exemple), le contenu payant (ses journaux sont tous passés au modèle payant sur abonnement) et la vente de publicité (auféminin en France17).18 Parmi les groupes français, seul Le Figaro a réussi à retrouver sur le web un équilibre entre la production de contenu, la publicité et les petites annonces (Figaro Classifieds est leader des petites annonces en France).19

    Pas besoin d’être un mastodonte pour réussir sa transition numérique. En Suède, le journal de la ville de Skellefteå (35 000 habitants) s’est repensé en pilier de la communauté et organise désormais des évènements en plus de son activité purement média. Médiapart ou Valeurs Actuelles sont différents en tout, sauf dans leur modèle d’affaire : les deux montrent que l’on peut vendre du contenu et en dégager un bénéfice si l’acte d’abonnement devient un acte d’adhésion à une vision politique.

    Le seul créneau sur lequel les médias n’ont pas investi sur le web est celui de l’information “pure”, celle qui, détachée de son contenant, sert de matière première aux analystes ou aux journalistes. Aucun média ne s’est transformé, passant d’un fournisseur d’articles à un fournisseur de données.20 Les spécialistes du secteur comme Thomson (aujourd’hui ThomsonReuters), The Economist Intelligence Unit ou Bloomberg existaient avant internet et n’ont pas été déstabilisé par les évolutions des deux dernières décennies. Il y avait pourtant des places à prendre, comme le montre l’histoire d’Opta Sports. Créé en 2001 (un an après que L’Equipe a ouvert son site web), Opta s’est donné pour mission de collecter toutes les données sur toutes les rencontres, dans tous les sports et en direct. Alors que L’Equipe possédait de vastes bases de données sur le même sujet, c’est Opta qui a raflé le marché. Si vous lisez des résultats sportifs dans un journal aujourd’hui, il y a de fortes chances qu’ils aient été vendu par Opta au journal que vous avez entre les mains (y compris si vous lisez L’Equipe).
    Une seule solution, la litigation

    La plupart des médias ne savent toujours pas s’ils sont là pour produire de l’information, vendre de la publicité à des annonceurs ou si leur mission se trouve ailleurs.

    Ils se retrouvent pourtant tous sur une stratégie depuis une vingtaine d’années, celle des poursuites judiciaires contre les nouveaux entrants. Les premiers à en faire les frais furent les sociétés de l’audiovisuel public. En Allemagne, les médias privés annoncent depuis presque vingt ans que la présence de la télévision publique sur internet met leur existence en danger.21 Ce n’est évidemment pas vrai, puisque la mission d’information de la télévision publique n’a pas grand chose à voir avec les métiers d’Axel Springer. Mais ces procès permettent aux médias privés d’afficher leur pouvoir.

    Les médias s’en prennent plus souvent à Google, accusé en général d’enfreindre les lois sur la propriété intellectuelle. Plusieurs éditeurs français ont lancé un procès en 2006 contre Google Books,22 en même temps que plusieurs titres de presse belges attaquaient Google News.23 Des médias allemands attaquent à leur tour en 2012.24

    L’histoire espagnole est la plus instructive. A la fin des années 2000, plusieurs éditeurs espagnols se liguent contre Google News. Une loi est votée, qui leur permet de réclamer à Google des royalties sur les liens affichés. Après un passage en justice, où Google perd, le moteur de recherche décide de supprimer Google News en Espagne. Cette fois-ci, les éditeurs dénoncent une grave menace pour la démocratie et demandent au gouvernement de faire revenir Google News !25 (Avertis de cette histoire, les médias allemands ont renoncé aux royalties que leur aurait permis d’obtenir la nouvelle loi sur le copyright votée en 2013.26)

    Google, suivi par Facebook, a réussi à monopoliser l’attention des Européens, que détenaient auparavant les médias, et, grâce aux données personnelles dont ils disposent, génèrent des milliards en revendant cette attention aux annonceurs. Pour ces GAFA,27 les médias sont des fournisseurs de contenus parmi une infinité d’autres. Ils sont aussi des empêcheurs de tourner en rond. Journalistes et patrons de presse ont l’oreille des politiques, via les jeux de pouvoir nationaux ou simplement parce qu’ils ont été à l’université ensemble.

    Face à ce problème, Google (suivi encore une fois de Facebook) a vite trouvé la parade. Chacune des procédures judiciaires que j’ai évoqué s’est terminée par la création d’un fonds mis à disposition des médias. Google finance ainsi certains projets du Syndicat national de l’édition. Il a créé en France le “Fonds pour l’Innovation Numérique de la Presse”, suivi au niveau Européen de la “Digital News Initiative”. Dans ce jeu de dupes, Google se présente comme le partenaire des médias et met en scène une relation d’égal à égal alors qu’il ne s’agit que de les diviser (chaque média doit candidater individuellement pour obtenir un subside de Google) et d’acheter leur complaisance.28 Les GAFA organisent ou financent (en tout ou en partie) les conférences professionelles des médias en Europe, comme le Global Editors Network Summit,29 le Newsgeist et le JournalismFest.
    La presse est sauvée !

    A l’exception de ceux qui ont suivi une véritable stratégie de long terme sur le web, les médias sont passé, en deux décennies, d’un rôle de monopoliste de l’attention et de la publicité à celui de fournisseurs de contenu vivants des largesses des GAFA.

    La dégringolade des médias va sans doute s’arrêter là. Je ne pense pas que “la presse” va disparaître car internet a, lui aussi, beaucoup changé.

    La mécanique des investisseurs web, qui financent à fonds perdu un champion jusqu’à ce qu’il soit en position de monopole et puisse augmenter ses marges, comme ils l’ont fait avec Google et Facebook (puis avec Uber, Delivery Hero etc.), a conduit au duopole actuel (Google/Facebook) sur le marché de l’attention et de la publicité. Alors qu’on pouvait, dans les années 2000, toucher une audience parce que son contenu était de meilleure qualité que celui des concurrents, on atteint aujourd’hui son audience en payant l’un des deux gardiens de l’attention. Impossible pour un nouvel entrant de se faire une place sans apport massif en capital. On est revenu à la situation qui prévalait avant internet.

    De l’autre côté, la neutralité du net n’existe plus. Les fournisseurs d’accès peuvent choisir ce que leurs clients consomment, ne serait-ce que grâce à la vente liée et au zero rating.30 SFR a besoin de médias (Libération, L’Express etc.) pour son offre SFR Play, Orange a besoin de Deezer, dans lequel il a largement investi,31 pour ses forfaits mobiles et Comcast, le plus gros fournisseur d’accès américain, a acheté NBCUniversal et Dreamworks pour les mêmes raisons.

    Et puis, les médias sont indispensables au système politique. Pas tant pour leur capacité à toucher une audience - Macron a quasiment autant de followers sur Facebook que Le Monde ou Le Figaro - mais dans leur rôle d’adversaire et de commentateur. Sans “les médias”, une bonne partie de la classe politique n’aurait plus de sujet sur lequel s’indigner et les autres n’auraient plus personne pour les écouter.

    A quelques exceptions près (France-Soir), les grands noms de la presse continueront à exister. Libération a sans doute de meilleures chances de survie au sein de SFR que Buzzfeed, par exemple. Même si la start-up américaine a tout compris du web des années 2000 et 2010, le web des années 2020 appartient aux fournisseurs d’accès, pas aux innovateurs.

  • Comment une industrie a raté le virage des données et du numérique - Nicolas Kayser-Bril

    http://blog.nkb.fr/medias-numerique

    Signalé par Jean Abbiateci

    Comment une industrie a raté le virage des données et du numérique
    Last updated on January 24, 2018

    Mai 1995 fut riche en évènements. Jacques Chirac a été élu président le 7 du mois, Mark Zuckerberg a fêté son 11e anniversaire le 14 et Libération a ouvert son site internet le 26.1 La plupart des grands noms de la presse quotidienne l’ont rejoint sur le web dans les mois qui suivirent, suivis quelques années plus tard par les radios et les télévisions.

    1995, c’est trois ans avant la création de Google, six ans avant Wikipedia, dix ans avant YouTube et Facebook, sans parler d’Instagram ou de Snapchat. Vingt ans plus tard ces médias, arrivés si tôt en ligne, sont devenus les prestataires de ces géants du web,2 quand les milliardaires des nouvelles technologies ne les ont pas tout simplement racheté à la manière de Niel (Le Monde) ou Bezos (Washington Post).

    Pourquoi, malgré ce départ sur les chapeaux de roues, les médias3 ont-ils glissés du haut en bas de l’échelle ? Ont-ils commis des erreurs ? Ou leur chute était-elle inexorable ?

  • Il ne faut pas ’libérer les données’. Il faut se libérer par les données. - Nicolas Kayser-Bril
    http://blog.nkb.fr/se-liberer-par-les-donnees

    Plutôt que de réutiliser les données de l’administration, il faut créer ses propres bases de données. C’est seulement en développant une statistique en dehors de l’état que l’on est capable de mesurer le monde - y compris l’action de l’état - en restant indépendant.

    #données #journalisme

  • Lettre à mes amis - Nicolas Kayser-Bril
    http://blog.nkb.fr/lettre-a-mes-amis-2

    Mon objectif pour les années qui viennent, c’est de conserver mes valeurs morales. Considérer la dignité des humains comme quelque chose d’intrinsèquement bien et la haine comme quelque chose d’intrinsèquement mal, ça ne va pas de soi. Ça ne va plus de soi depuis que le gouvernement a fait de l’humiliation (des pauvres, des Musulmans, des Noirs, des réfugiés) sa ligne directrice. Plutôt qu’une litanie d’exemples, je ne vous donne qu’un lien. Allez lire comment les CRS - agents de l’état - rigolent lorsqu’ils empêchent les hommes et les femmes qui fuient la guerre de manger, à Calais. Si vous avez suivi jusqu’à présent - je vous en félicite - vous devinez que de penser autrement que dans le sens voulu par le gouvernement n’ira plus de soi dans quelques mois ou quelques années, lorsque les policiers ou leurs sbires de Securitas vous feront sentir qu’ils savent très bien tout ce que vous faites sur vos appareils électroniques, lorsqu’ils vous contrôleront à l’aéroport ou ailleurs.

    (via Mika → https://twitter.com/DiabloRubio/status/839776142068445184)

  • Data-driven journalism in the post-truth public sphere - Nicolas Kayser-Bril
    http://blog.nkb.fr/datajournalism-in-the-posth-truth-public-sphere

    To ensure that academics worked on topics that are of interest to the industry, governments stopped funding scientists unconditionnaly. Instead, starting in the late 1990’s, they set up tenders on specific topics, to which scientists must apply if they want to receive funding. All major funding systems in Europe work like this, from the Framework Programme of the European Union (FP7, Horizon 2020) to the French Agence Nationale de la Recherche or the German Deutsche Forschungsgemeinschaft. The logical outcome of such processes is that scientists have to follow the trends set by politicians.

    #vérité #datajournalisme #recherche #académie #contrôle

  • 9e édition des Assises du #Journalisme les 9, 10 et 11 mars 2016 au Centre de congrès #Vinci de #Tours.

    Entre autre ce vendredi 11/03 :
    – 9h30 « Data Reporters, quelle plus-value pour une rédaction ? »
    – 9h30 « Actualité internationale : la nécessité de l’information citoyenne »
    – 11h00 « Médias des villes, médias des champs : les médias de proximité en zones urbaines et rurales »
    – 20h30 « Interview à front renversé : les politiques questionnent les journalistes »
    – ...

    https://www.tours.fr/TPL_CODE/TPL_DOSSIERDETAIL/PAR_TPL_IDENTIFIANT/304/29-a-la-une.htm

    #data #reporter #datareporter

    • Comment en est-on arrivé là ?

      Les attentats n’ont joué qu’un rôle de déclencheur dans la mise en place de l’autoritarisme. Le gouvernement français aurait tout à fait pu se comporter comme le gouvernement norvégien en 2011 et affirmer son attachement à l’état de droit et aux droits fondamentaux tout en cherchant à comprendre comment l’attentat avait pu se produire.

      Le corps politique français utilise les attentats du 13 novembre pour légitimer son pouvoir. La stratégie économique du gouvernement n’a pas fonctionné (le chômage augmente) et aucune de ses autres actions ne s’est soldée par une victoire concrète (ses actions militaires à l’étranger et sa politique sociale n’ont pas recueilli d’adhésion particulière). La défense des citoyens contre une menace - quelle qu’en soit la nature - devient naturellement le dernier moyen de légitimation disponible.

      Et une dernière salve pour la tombe

      L’installation d’un régime autoritaire en France est l’illustration d’une nouvelle période dans le combat qui oppose les Lumières à la Réaction depuis le 18e siècle[11]. La progression des Lumières depuis 300 ans n’a rien de linéaire. Entre les révolutions de 1789 et 1848, entre 1848 et 1945, on ne compte pas les pays et les périodes où les valeurs humanistes ont disparues.

      On peut imaginer que 2015 marque le début d’une nouvelle parenthèse réactionnaire. Même si c’est peu probable, gardez à l’esprit que les normes morales peuvent changer d’un mois, voire d’un jour à l’autre. Entre le 22 juin et le 10 juillet 1940 (19 jours), il est devenu normal de s’opposer à l’état de droit en France. Du 9 au 10 novembre 1989, la censure en RDA est devenue anormale. Un tel changement de norme pourrait tout à fait se produire en France si la police décidait de sanctionner massivement les actes de résistance au régime autoritaire[13].

      Si une telle évolution se produisait, les idées des Lumières devraient être conservées dans des bibliothèques d’opposition et des “universités volantes”. Compte-tenu de la facilité avec laquelle un gouvernement autoritaire peut censurer les services en ligne, il faut aujourd’hui s’assurer que les travaux à transmettre à la prochaine génération qui s’opposera à la Réaction sont disponibles hors-ligne, voire sur support physique, dans des formats ouverts.

    • es attentats du 13 novembre 2015 ont été menés par un groupe communiquant sans chiffrement après que leur coordinateur a annoncé l’attaque en février dans un magazine de Daesh[1]. Un service de renseignement efficace aurait dû lire Dabiq, le magazine en question, et placer le téléphone d’Abaaoud, le coordinateur, sous écoute. Ils ne l’ont pas fait.

    • la stagnation qui dure en Europe depuis six ans est surtout l’expression du retournement démographique. Avec une population active qui diminue et une population de pensionnés qui augmente, le niveau de vie doit nécessairement baisser, à moins d’augmenter la productivité de manière extraordinaire ou de recourir massivement à l’immigration.

      Heu, c’est juste moi, ou ce paragraphe a quelque chose qui cloche ? Il me semble que ce petit pavé étrange chaudement lové au coeur de cet article vindicatif (en une) est une bombe légèrement... Rétrograde... Non ?

      Quid de l’augmentation de la population en France, qui s’en sort plutôt bien de ce point de vue, si on admet qu’il faille que la population augmente (point de vue plutôt étato-capitaliste, soit dit en passant, il me semble) ? Quid du partage de l’emploi ? Quid du partage des richesses ? Quid du partage très inégal des fruits de l’augmentation de la productivité, entre capital et travail ?

      Le diagnostic me semble donc faux, et les « solutions » évoquées tout autant...

      Que vaut globalement cette opération de com masquée, du coup, à l’aune de ce « textum » (mon néologisme dérivé du concept de « punctum » de Barthes, utilisé pour la photo) ? Est-ce une tentative de retournement à bon compte ? Du « placement de produit intellectuel » ? (comme on place des marques dans les films grand public, on placerait des idées nauséeuses dans un texte revendicatif...)

      D’autant que ce monsieur fait dans le story-telling... Fondé sur des données... Mais justement, pas de sources pour ce paragraphe-là...

      Merci d’avance de vos éclairages sur cette (possible ?) petite manip’...

      Zoo.

    • ZooRouge,

      Merci de votre commentaire. J’ai été obligé de faire des raccourcis dans mon essai pour ne pas qu’il deviennent trop long.

      Cela étant, vous mélangez plusieurs choses. La première, c’est la différence entre population et population active. La population active est celle qui crée de la valeur. Cette valeur doit ensuite être partagée avec l’ensemble de la population. Si la population active diminue en proportion du reste de la population, il y a nécessairement moins de valeur à partager pour l’ensemble de la population.

      Sur ce sujet, lisez les publications de l’INSEE sur le taux de dépendance http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=18719

      Pour faire en sorte que la valeur disponible par personne ne diminue pas, on peut augmenter le nombre de personnes qui travaillent. Ca a déjà été fait une fois avec l’arrivée des femmes sur le marché du travail. Ca a été essayé une deuxième fois avec l’allongement des périodes de cotisation retraite, ce qui n’a pas fonctionné (on part toujours à la retraite vers 60/65 ans dans les pays de l’OCDE quel que soit l’âge légal. En revanche, les retraites ne sont plus complètes). La troisième solution, qui n’est pas sur la table en Europe aujourd’hui, est l’immigration de personnes en âge de travailler.

      L’autre possibilité pour que la valeur par personne ne diminue pas quand le taux de dépendance augmente, c’est de faire en sorte que chaque personne qui travaille produise plus de valeur : c’est l’augmentation de la productivité. Les gains de productivité dans l’industrie et l’agriculture ont été fait au 20e siècle. Depuis plusieurs décennies, la productivité n’augmente plus. On a attendu une hausse de la productivité dans les services grâce à l’informatique, mais elle n’est jamais arrivée. Les gains de productivité effectifs que l’on voit en Europe (surtout dans le textile), sont en fait dus au déplacement de la production dans des lieux à bas coûts salariaux.

      Vous mélangez aussi la création de valeur et son partage. Dans mon essai, je ne parle que de création de valeur. Et celle-ci, sans augmentation de la productivité ou immigration, ne peut que diminuer. L’augmentation des inégalités se rajoute à ce mécanisme. La valeur totale disponible diminue, et sa répartition devient de plus en plus inégalitaire (sur le sujet, Le Capital de Piketty est la référence — et vous verrez que je le site très souvent par ailleurs).

      En combinant les deux mécanismes (diminution de la valeur disponible et augmentation des inégalités), on comprend bien que le niveau de vie d’une grande majorité de la population, en France et en Europe, diminue. On peut apporter des solutions politiques à l’augmentation des inégalités, mais aucun gouvernement ne s’y est attelé.

    • Bonjour Nicolas.
      Je mélange peut-être, mais vos choix (qui séparent donc) ne me convainquent en rien... Vous faite l’économie de toute nuance, en adoptant un indicateur particulièrement peu profond ( le rapport démographique entre nombre de personnes en âge de travailler et nombre de personnes non actives, car trop jeunes ou trop vieilles)... Et en sautant de la variation de ce taux à celle de la valeur, en ne tenant aucun compte de l’ensemble des facteurs qui déterminent celle-ci... Et tout d’abord le taux d’emploi de la dite population active... Ce que je souligne avec mon rapport au partage du temps de travail... Car c’est exactement la voie que vous excluez tant dans votre article que dans votre commentaire... Qui donc à une posture idéologique par les raccourcis effectués. Bref, si je mélange trop (peut-être), vous sélectionnez tendancieusement, pour construire un raisonnement qui ne cherche qu’à se démontrer lui-même, et ne cherche pas à prendre en compte la réalité de la situation, et l’ensemble des solutions possibles... Donc à rebours de votre amical (mais un peu condescendant) conseil de me plonger dans les chiffres et les concepts de l’INSEE, je vous recommande d’en sortir un peu, et de prendre le temps de penser et observer humainement à ce sujet... Ou même de vous y plonger beaucoup plus... Et d’intégrer à votre raisonnement les chiffres du chômage (tant biaisés qu’ils soient), ou ceux de la précarité... Et par ailleurs, ceux des inégalités de revenus, car la redistribution entre pleinement, il me semble, dans la possibilité qu’une société reste bien vivante... Et à cela, Piketty ne me semble pas opposé !
      Bien à vous !
      Zoo

  • Des décisions de justice récentes menacent le datajournalisme explications chez Nicolas Kayser-Bril.
    “A few days later, a court of Cologne, Germany, addressed data dumps. In this case, the German state sued a local newspaper that published leaked documents from the ministry of Defense related to the war in Afghanistan. The documents had been published in full so that users could highlight the most interesting lines. The ministry sued on copyright grounds and the judges agreed, arguing that the journalists should have selected some excerpts from the documents to make their point and that publishing the data in its entirety was not necessary.”

    http://blog.nkb.fr/datajournalism-rulings

    #ddj #justice #média

  • Journalism schools must become information management schools - Nicolas Kayser-Bril
    http://blog.nkb.fr/journalism-schools

    One possibility for journalism schools would be to focus on (...) gathering and producing information in the public interest. This would imply a strong focus on news gathering on social media, digital forensics (to assess the veracity of a piece of content), data gathering and analysis and shoe-and-leather investigation.

    There are two problems with this approach. Not all journalism students like these topics. Some still associate journalism with fame (many want to become a news anchor) or travels. Most importantly, there is no market for professional information managers working exclusively in the public interest. (...)

    The other possibility for journalism schools is to focus on information management, the first part of the definition of journalism. They need to drop the pretense that they have anything to do with the balance of powers and focus exclusively on producing excellent information management professionals.

    #formation #journalistes #data-journalisme

    (@nkb ne cherche pas forcément à se faire des amis :)

  • Les migrants et réfugiés en Europe l’an dernier, c’est ce tout petit carré blanc

    On se demande parfois à quoi sert la visualisation de données.

    L’image publiée par Nicolas Kayser-Bril ce dimanche apporte une réponse : à faire apparaître des proportions dont les chiffres seuls ne rendent pas compte.


    http://rue89.nouvelobs.com/2015/03/08/les-migrants-refugies-europe-lan-dernier-cest-tout-petit-carre-blan

    #idées_reçues #préjugés #invasion #afflux #migration #asile #réfugiés #infographie #visualisation #Europe

  • Rencontre avec deux journalistes++ - Atelier des médias

    http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/rencontre-avec-deux-journalistes

    signalé sur FB par Jean Abbiateci

    Lancée en décembre 2011, la petite entreprise J++ (ou Journalism++ ou Jplusplus) s’est déjà distinguée par l’originalité et la diversité de ses projets. Notamment avec Feowl, une enquête crowdsourcée sur les coupures d’électricité au Cameroun ou Detective.io une plateforme pour organiser la collecte de données au cours d’une investigation journalistique. Ces réalisations, comme beaucoup d’autres qu’ils ont signées, ont en commun l’exploitation astucieuse de données et l’engagement dans un journalisme collaboratif.

    Nicolas et Pierre sont passés par Owni, un média qui s’est éteint il y a un peu plus d’un an après avoir marqué les esprits par son caractère innovant, notamment dans l’exploration de nouvelles formes de journalisme alliant le développement informatique, le design et l’enquête. J++ s’inscrit assurément dans la même veine. Chaque année, cette startup du journalisme basée à Paris et Berlin organise une université d’hiver pour regrouper ses équipes. Leur choix pour 2014 s’est porté sur Istanbul où nous les avons retrouvés.

    D’Owni à Journalism++

    Pierre Romera et Nicolas Kayser-Bril quittent Owni en 2011 pour travailler en binôme, journaliste (Nicolas) et développeur (Pierre). Plusieurs médias sont prêts à les embaucher mais “chacun dans son rôle”, chacun à sa place. “On nous a dit, raconte Nicolas Kayser-Bril, toi le journaliste tu vas aller travailler avec les journalistes et toi le développeur tu vas aller avec les développeurs. Ce n’était pas ça notre concept". Ils créent alors Journalism++ sans business model mais avec une idée forte, “travailler par projet, journaliste et développeur”.

    #owni

  • Spécialistes du datajournalisme - 26/04/2014 - 2ème Partie
    http://telechargement.rfi.fr/rfi/francais/audio/magazines/r171/atelier_des_medias_2_20140426_0833.mp3

    RFI - Atelier des médias // En ces temps de disette, de recherche de modèle économique et d’incertitude pour le journalisme, ils incarnent une nouvelle voie. Pierre Romera et Nicolas Kayser-Bril ont lancé, il y a deux ans, Journalisme++, une société internationale spécialisée dans le journalisme de (...)

  • Rencontre avec les deux journalistes++ - 26/04/2014 - 1ère Partie
    http://telechargement.rfi.fr/rfi/francais/audio/magazines/r171/atelier_des_medias_1_20140426_0810.mp3

    RFI - Atelier des médias // En ces temps de disette, de recherche de modèle économique et d’incertitude pour le journalisme, ils incarnent une nouvelle voie. Pierre Romera et Nicolas Kayser-Bril ont lancé, il y a deux ans, Journalisme++, une société internationale spécialisée dans le journalisme de (...)

  • Le “data-journalisme” ne va pas tuer les journalistes, enfin, pas tous…

    Bon, je me décide à le seenthiser. C’est intéressant, cette réflexion sur le data-journalisme, mais je trouve que ça manque de distance, de regard critique sur les données (données pour acquises) et les informations finalement traitées de la même manière que dans le journalisme "traditionnel". Ce qui change ici, ce n’est pas la méthode ni le fond pour "écrire" les histoires, mais l’utilisation d’un "nouvel" outil (en fait pas si nouveau puisqu’on l’utilise dans le presse depuis 20 ou 30 ans mais pas aussi systématiquement).
    Cette approche est trop "en dedans" pour mon goût, trop étroite. En même temps il aborde des sujets importants, qui mériteraient d’être traités de façon plus ouverte.

    http://www.mediaculture.fr/2013/01/20/data-journalisme-infographistes-danger

    Le “data-journalisme”, plus qu’un mot à la mode, n’est pas non plus la solution miracle aux problèmes de monétisation de la presse. Cette innovation bouleverse les métiers et contraint les rédactions à plus de polyvalence et de collaboration.

    Nicolas Kayser-Bril animait vendredi 18 janvier une conférence au Figaro présentant le data-journalisme et sa présentation a suscité intérêt, scepticisme et crainte tout à la fois. Des réactions qui résument assez bien la palette des sentiments qui émergent quand on évoque le “journalisme de données”.

    Mais, avec le “journalisme de données”, de quoi parle-t-on exactement ? Ce n’est pas de l’infographie, même si elle peut s’appuyer sur ce mode de représentation pour gagner en lisibilité et agrément.

    Ce qui est différent c’est l‘interactivité de l’information et la possibilité de naviguer dans le contenu pour y puiser ce qui nous concerne ou nous intéresse personnellement. Dans l’exemple ci-dessous, qui montre la densité de chômage par canton allemand depuis 2005, le lecteur a la possibilité d’indiquer son propre canton, dans la première zone de saisie. Le graphisme est au service de la lisibilité, car il permet de saisir immédiatement deux tendances : la nette amélioration de l’emploi pour une vingtaine de cantons. Et la forte disparité régionale, puisque les cantons du bas de l’infographie sont encore beaucoup plus clairs.

    #data-journalisme #cartographie #visualisation #journalisme #infographie

  • Après #Wikileaks, le Datalab du Guardian ou encore les différents lancements d’ @owni, comment se porte le #datajournalisme ? Paradoxalement, pas si bien que cela. Nicolas Kayser-Bril, datajournaliste, note qu’"

    on était radicaux l’année dernière, on avait des espoirs. On l’est peut-être moins un an après

    ". Une crise d’adolescence d’un encore bien jeune sillon journalistique ou une remise en question plus profonde ?
    http://www.internetactu.net/2011/07/19/les-donnees-pour-comprendre-le-monde
    #journalisme

  • Fillon entrouvre les données publiques | Nicolas Kayser-Bril
    http://owni.fr/2011/05/30/fillon-entrouvre-les-donnees-publiques

    François Fillon annonce la couleur de sa politique d’#opendata. Si la première mesure engagée vise à simplifier grandement la réutilisation des données, plusieurs éléments font craindre des mesures contre-productives pour la suite.

    #Cultures_numériques #Opendata #CADA #etalab #fillon #naudet

  • MediaShift . How French Site OWNI Profits by Giving Away Its Content | PBS
    http://www.pbs.org/mediashift/2011/03/how-french-site-owni-profits-by-giving-away-its-content070.html

    Grosse interview d’#OWNI. Un extrait à propos du business (mais il y a plein d’autres choses très intéressantes dans cet entretien : historique du site, position (a)politique…)

    So you are set up as a #non-profit or #for-profit company?

    Nicolas Kayser-Bril: 22Mars is for-profit, and we did not spin off OWNI as a non-profit organization from an accounting perspective. The website does not have to make a profit in the sense that we don’t make money from the #website. No subscriptions and no hidden advertisements. The value the website provides is in gaining expertise online that we can then share and sell to clients.

    So your model is basically making money by developing websites and custom social media solutions? The site is more of a testing lab?

    Kayser-Bril: Exactly. You could compare it to businesses in other industries. We might start selling online objects or other products in the coming months to have more high-margin products.

    We will start selling #ebooks, which is a big driving force of 22Mars — we don’t sell #content but we sell products, because everyone knows content is abundant. What’s missing is a way to properly browse through it and consume it.