Libération, Postel-Vinay et le climat
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Libération vient de publier une tribune d’Olivier Postel-Vinay sur le climat. Elle se termine ainsi : « Le Giec a admis s’être trompé sur l’évolution de la température moyenne globale de la Terre, qui aurait dû, selon les prévisions, continuer d’augmenter régulièrement après 1998, date d’un événement El Niño. Si l’on excepte le nouvel événement El Niño de 2015-2016, la température globale est restée pratiquement stable. Les scientifiques ignorent pourquoi l’activité cyclonique n’a pas augmenté. Ils ignorent pourquoi la température de la Terre est restée relativement stable entre 1998 et 2015. Ils ignorent aussi, soit dit en passant, la cause profonde des événements El Niño, qui viennent de temps à autre perturber le climat de la planète. »
Dans sa chronique, Olivier Postel-Vinay prétend faire oeuvre de journaliste spécialisé, capable de lire non seulement les rapports du Giec mais aussi les articles de Nature. Bon. En tous cas, s’il lit vraiment les rapports du Giec et les articles des revues scientifiques sur le climat, Postel-Vinay n’est pas un ignorant, c’est donc un menteur.
Il ment lorsqu’il écrit : « Le Giec a admis s’être trompé sur l’évolution de la température moyenne globale de la Terre, qui aurait dû, selon les prévisions, continuer d’augmenter régulièrement après 1998, date d’un événement El Niño ».
Aucun climatologue et aucun rapport du Giec n’a jamais émis l’idée stupide que la température moyenne de la planète devait augmenter « régulièrement« . Elle est en effet influencée sur le court terme – 15 ans – par des facteurs dont l’effet immédiat est plus puissant que l’augmentation régulière, elle, de l’effet de serre. Donc, n’importe quel climatologue débutant sait que la température moyenne de la Terre va d’une part suivre les évolutions de court terme des ces facteurs et d’autre part suivre sur le long terme, plus de 15 ans, l’effet dominant de l’intensification de l’effet de serre. C’est ce qui est écrit dans tous les rapports du Giec, ce qui est prédit par la modélisation du climat (lesquelles mon cher Olivier montrent des évolutions non régulières car elles simulent de mieux en mieux les fluctuations naturelles) et… ce qui est observé depuis 60 ans au moins .
Pourquoi Libération ouvre t-il ses colonnes à des textes aussi mensongers sur l’état de la science du climat ? C’est une question pour mes anciens collègues auxquels je souhaite bien du courage.