person:patrick cockburn

  • La prestation de Netanyahu prouve seulement pourquoi l’accord nucléaire iranien doit rester en place.
    Patrick Cockburn – 02 mai 2018 – Counterpunch.org – Traduction : Chronique de Palestine – MJB
    http://www.chroniquepalestine.com/la-prestation-de-netanyahu-prouve-seulement-pourquoi-laccord-nuc

    Patrick Cockburn – La mine de documents iraniens sur le programme nucléaire de l’Iran présentés par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu comme preuve de la duplicité de Téhéran ne contiennent rien de substantiel qui n’ait été connu auparavant.

    Bien que la divulgation ait été faite pour justifier le torpillage de l’accord sur le nucléaire iranien par le président Donald Trump le 12 mai prochain, M. Netanyahu n’a pu trouver aucune preuve que l’Iran ait violé l’accord signé en 2015. (...)

  • En désaccord avec le traitement médiatique du conflit syrien, Nöel Mamère quitte Le Média — RT en français
    https://francais.rt.com/international/48352-desaccord-traitement-conflit-syrien-depart-mamere-media

    Une première raison avancée qui est suivie par une seconde, d’une autre nature : « Je n’accepte pas qu’on établisse un parallèle dans le conflit syrien meurtrier, entre les responsabilités du "boucher de Damas" et celles de ses opposants. » Une attaque à peine voilée contre l’analyse du chroniqueur spécialiste du Moyen-Orient du Média, Claude El Khal, au sujet de la situation dans la région syrienne de la Ghouta orientale, thème principal du journal télévisé de 20h diffusé le 23 février.

    Etonnant cette soudaine hyper-sensibilité d’un homme qui a vécu, comme tout le monde, environ un demi-siècle avec le pouvoir Assad en Syrie sans que cela ne le bouleverse outre mesure... Je vois sur sa fiche Wikipedia qu’il est en politique depuis 1988 après avoir été journaliste. Il devait être au courant tout de même ! Par ailleurs, sa participation au « Média » doit-elle être remise en cause à cause d’un désaccord sur une chronique (pourtant fort prudente à mon avis) à propos d’une question qui n’est tout de même pas centrale par rapport à son engagement, enfin j’imagine. Etrange tout de même cette brusque passion de #syrie aujourd’hui...

    • J’ai assisté à cette chronique, exceptionnellement, chronique qui reprenait essentiellement les faits relatés par Robert Fisk.

      J’ai trouvé cette chronique vraiment équilibrée.

      Noël Mamère est bizarre, sur ce sujet. Je n’ai pas entendu son argumentation, mais bon sang, il lui faut quoi ? On n’a plus le droit de dire que Al Qaida, ce sont des gros méchants ? Finalement, Assad, c’est pire que Al Qaida ? Il est capable, lui, de faire un classement dans l’horreur ? 6 ans que ça dure, et que l’Occident entretient le conflit (en dépit des pertes humaines odieuses)... encore maintenant, par exemple en incitant les Kurdes Syriens à ne pas s’entendre avec Assad... Mais c’est toujours Assad le « méchââânt », et l’armée de Assad, y sont rien que des nazis méchants transformés en démons décérébrés pour conquérir le monde !...

      Ils sont désespérants. Noël Mamère aussi. Il va finir oublié, comme Cochet et quelques autres qui confondent équilibre et... sentimentalisme.

      Il était où Noël Mamère au moment de la destruction de Mossoul il y a quelques mois ? Pourquoi est-ce que l’OSDH n’a pas décompté les morts à Mossoul ? Parce que cépapareil ?

    • Il se trouve que je l’ai regardée aussi (grâce à SeenThis, signalé je crois me souvenir par @Palestine). Très équilibré, de fait, trop même à mon goût dans le genre si je dis du mal des Israéliens il faut tout de même que j’en dise un peu des Palestiniens. Mais, de fait, pas le gloubi-boulga qu’on martelle depuis des jours. Quiconque à jamais les pieds dans la région rigole quand on compare la densité d’Alep à celle de la Ghouta à cet endroit, après des années de guerre. M’enfin...

    • Très équilibré, de fait, trop même à mon goût dans le genre si je dis du mal des Israéliens il faut tout de même que j’en dise un peu des Palestiniens.

      J’y ai pensé à ce « renvoi dos à dos gage d’équilibre », mais ce n’est évidemment pas tout à fait pareil dans ce contexte. Les « pauvres-rebelles-syriens » sont tout de même bien mieux équipés et soutenus que les « palestiniens-pas-tout-a-fait-innocents ».
      L’équilibre du commentaire à mon sens était plutôt du type : « la guerre, c’est vraiment moche, et les deux partis participent à égalité dans cette guerre ».

    • Justement, ce matin, j’avais envie de poster un message sur le thème : « J’ai comme l’impression qu’une campagne va bientôt démarrer pour faire virer Claude El Khal de Le Média. » Parce que je voyais monter les messages indignés du fan club de la rébellitude syrienne après sa chronique, je sentais le truc monter.

      Ça n’aura donc pas traîné.

    • Article de Patrick Cockburn, avec témoignages des deux côtés

      Trapped in eastern Ghouta: How both sides are preventing civilians escaping the horror in Syria siege | The Independent
      http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/eastern-ghouta-syria-civilians-deaths-trapped-damascus-siege-assad-re

      What does emerge is that the armed opposition groups in Eastern Ghouta as well as the government have been stopping people leaving. This is confirmed by a UN-backed report called Reach, which says: “Women of all ages, and children, reportedly continued to be forbidden by local armed groups from leaving the area for security reasons.” This has been the pattern in all the many sieges in Syria conducted by all sides who do not want their own enclaves depopulated and wish to retain as much of the civilian population as possible as human shields.
      […]
      But there is another reason why people fleeing Eastern Ghouta might be in danger in government held-Damascus. Seven years of civil war has ensured that Syrians on different sides, many of whom will have lost relatives in the violence, regard each other with undiluted hatred. In Damascus, the shellfire and bombing are largely by the government into rebel areas, but there is also outgoing fire from Eastern Ghouta, mostly from mortars, into government-controlled districts.

    • @biggrizzly Non, tu n’as pas besoin d’avoir un CV impeccable pour l’ouvrir. Comme tu le sais, tu as besoin d’être impeccable si tu décides d’aborder la Syrie d’une manière à peine hétérodoxe. Autrement tout te sera pardonné.

      C’est le principe du character assassination. On lui reproche des choses qui n’ont rien à voir avec la Ghouta, alors qu’il est clair que c’est à cause de ce qu’il a dit sur la Ghouta qu’on veut le faire virer.

      Si on prend le CV de François Burgat et Romain Caillet, ils ont quand même pondu un texte utilisant leur vernis universitaire à l’époque, prétendant démontrer que Nusra n’existait pas, et que les attentats revendiqués par Nusra, en réalité, avaient été commis par le régime lui-même, sous faux-drapeau, pour accuser les rebelles.
      http://ifpo.hypotheses.org/3540
      Wladimir Glasman, Hénin et Filiu ont également largement joué de la corde paranoïaque sur la Syrie.

      Je veux dire : je ne crois pas avoir vu personne reprocher à Burgat et Caillet leurs « positions pour le moins… étranges » à propos de la Syrie à chaque fois qu’ils l’ouvrent. Bon, Colonel Salafi a eu droit à un traitement spécifique pour sa fiche S, mais personne ne lui avait alors reproché les positions complotistes de cet ancien article. Et aujourd’hui, Conspiracy Watch participe au character assassination d’El Khal directement dans le flux Tweeter de Caillet, comme quoi il y a du complotisme qu’on a le droit, même pour un sujet aussi sensible que le jihadisme en Syrie.

    • Claude El Khal
      ‏3 hours ago

      Quand autant de gens malhonnêtes s’emploient à vous lyncher, c’est que vous avez raison. Ils utilisent les méthodes les plus abjectes pour vous faire taire. Mais ce néo-maccarthysme ne passera pas. Et je ne me tairai pas. Merci à celles et ceux qui me soutiennent ! #NoPasaran

    • Lundi matin hurle avec la meute !

      Quand on en est à colporter les propos de Raphaël... Enthoven sur Twitter et à s’en faire le messager c’est qu’on est en plein « naufrage » dixit Sarah Kilani et Thomas Moreau sur Lundi matin . @colporteur
      Pour ma part il me semble qu’il y autant de fanatiques en ISraël qu’en ISIS ; et ceci ne relève pas de la théorie du complot :)

    • Comment Mathilde s’est pris les pieds dans le tapis...

      FranceQ a donc confié la tâche de l’estocade anti LeMedia à une jeune chroniqueuse des Matins, Mathilde Serrell.

      A priori, les vieux routiers de l’info FranceQ ont préféré s’abstenir, ... pour le moment.
      Cette jeune journaliste est donc revenue, ce matin, sur la « démission » de Noël Mamère, laquelle fut annoncée sur cette chaîne de radio publique.
      Et voilà que notre Mathilde s’est pris les pieds dans le tapis.
      Elle aussi, à son insu, est victime des techniques de persuasion clandestine utilisées par les « mass media indépendants ».
      En effet, pour défendre Noël Mamère et ses arguments, elle reprend la vision dichotomique du conflit syrien : le méchant dictateur qui bombarde les gentils « rebelles » encerclés dans la Ghouta. Et elle sous entend que Claude Elkhal se situerait plutôt du côté du fils Assad (dur, dur, pour quelqu’un qui combattit les armées du père Assad au sein de l’armée libanaise...).

      https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-culturel/le-billet-culturel-du-mercredi-28-fevrier-2018

      Claude Elkahl a bien pris soin de rappeler que les « rebelles » en question étaient des groupes affiliés au Djihad et à Al Quaïda. Et, (ne te vexe pas Mathilde), je fais davantage confiance à Claude Elkhal qu’à toi pour définir plus avant la véritable nature de ces « rebelles ».
      Donc, Claude ne veut point diffuser d’images se rapportant à ce conflit sans pouvoir vérifier l’origine de ces images vidéo. Il redoute de se faire manipuler tout autant par les media du complexe dictatorial russo-syrien que par ceux des groupes djihadistes
      Il ne prend pas parti pour un clan ou un autre, il en revient simplement aux fondamentaux de son métier de journaliste...

    • La nouvelle Inquisition et les moukhabarat parisianistes
      https://seenthis.net/messages/673469

      ISISRAEL et les articles sur la Daech conspiracy

      Avant tout, je me dois de préciser que le jeu de mots et les articles en question ne sont en rien liés. Le jeu de mots déniché par les inquisiteurs pour me faire passer pour un antisémite a été publié sur les réseaux sociaux pendant la guerre contre Gaza en 2014. Les massacres de civils commis par l’armée israélienne dans cette prison à ciel ouvert qu’est la bande de Gaza n’ont rien à envier, à mes yeux, aux méthodes barbares de Daech (ISIS). Les crimes commis par Tsahal contre la population civile palestinienne ont été documentés et dénoncés par tous les organismes internationaux, les organisations de défense des droits de l’homme, la presse de gauche israélienne et de nombreux citoyens et artistes israéliens, comme la regrettée Ronit Elkabetz.

      On peut trouver le jeu de mot excessif, on peut en débattre, mais l’utiliser pour m’accuser de telle ou telle chose n’est rien d’autre que de la diffamation. Ils auraient pu dénicher d’autres jeu de mots de la même facture qui dénonçaient les exactions du régime syrien, comme Bachar d’assaut ou Blood Baath, ou même Bilad el Shame. Mais non, ils ont précisément choisi ISISRAEL pour leur entreprise de character assassination.

      Par ailleurs, on peut se demander en quoi ce jeu de mots qui les choque tant est plus grave que le négationnisme de Benjamin Netanyahu qui a osé déclarer en octobre 2015 qu’Adolf Hitler ne voulait pas exterminer les Juifs. Curieusement, les hurleurs d’aujourd’hui n’ont pas poussé des hauts cris comme ils auraient dû le faire face aux propos scandaleux du Premier ministre israélien. Moi, par contre, je l’ai dénoncé avec force dans une note intitulée When Netanyahu absolves Hitler.

      Quant aux articles sur la Daech conspiracy, ils ont été écrits après que l’organisation terroriste s’est implantée au Liban, au su et au vu de toute la communauté internationale, sans que celle-ci ne bouge le petit doigt pour l’en empêcher. Si Daech, comme le prétendent encore certains, n’a existé que pour combattre le régime syrien, pourquoi s’est-il implanté au Liban ? Je me suis donc penché sur le sujet et cherché à comprendre.

      Le Liban est entouré par la Syrie et Israël, qui ont chacun de leur côté cherché à le dominer et à détruire tout ce qui leur résistait. Ils l’ont parfois fait de concert, comme le 13 octobre 1990, quand l’aviation syrienne, chapotée par l’aviation israélienne, a bombardé ce qu’on appelait alors le « réduit chrétien » et mis fin au rêve d’indépendance des Libanais.

      Israël n’est pas un ami du Liban – c’est le moins qu’on puisse dire. Depuis que je suis né, il y a déjà 50 ans, l’état hébreu bombarde régulièrement la population civile libanaise. Pendant les cinq décennies qui nous séparent de ma naissance, l’armée israélienne a envahi le pays des cèdres à plusieurs reprises, l’a occupé pendant plus de vingt ans, y a créé une milice qui n’avait rien à envier à celle qui a sévi en France durant l’occupation allemande (souvenez-vous de la prison de Khiam), y a commis de nombreux massacres (peut-on oublier Cana ?), a pillé ses ressources naturelles (notamment l’eau du Litani), et violé un nombre incalculable de fois sa souveraineté, ses eaux territoriales et son espace aérien.

      Les terroristes de Daech, venus de Syrie, sont entrés au Liban dans un silence international assourdissant. Et Israël, d’habitude si soucieux des organisations paramilitaires qui s’implantent au Liban, et qui n’hésite jamais à les dénoncer et à les attaquer, n’a ni moufté ni bronché. De quoi se poser des questions. Des questions légitimes que je me suis évidemment posé, tout comme bon nombre de Libanais.

      J’ai donc fait des recherches et posé la problématique dans un premier article : What’s Daech doing in Lebanon ? Dans cet article, j’ai cité, entre autres, une source attribuée à Edward Snowden (en précisant qu’elle n’était pas vérifiée), et une correspondance attribuée à David Ben Gourion et Moshe Sharett qui préconisait la division du Moyen-Orient en mini-états confessionnels, que Daech a mis en œuvre en créant un mini-état sunnite à cheval entre l’Irak et la Syrie. Dans un second article, qui faisait suite au premier, j’ai écarté ces deux éléments – la source attribuée à Snowden s’étant révélé être une fake news, et je n’avais pas pu vérifier la véracité de la correspondance entre Ben Gourion et Sharett.

      Ne pouvant, en toute honnêteté, rien affirmer, j’ai posé des questions légitimes et claires. Mais ma réflexion sur les origines de la création de Daech ne s’est pas limitée à ces questions auxquelles je n’ai pas encore trouvé de réponses, et à Israël. J’ai exploré d’autres possibilités et écrit plusieurs articles sur le sujet (Daech est sans doute le sujet que j’ai le plus traité sur mon blog), dont l’un s’interroge sur le parallèle géopolitique troublant entre la montée du nazisme en Europe et du daechisme au Moyen-Orient : History repeating ?

      Mais pour Éric Naulleau ou Raphaël Enthoven (pour ne citer qu’eux, le second étant plus fin que le premier qui a implicitement demandé mon renvoi du Média), la lecture ne peut être que franco-française, voire parisiano-parisienne. Leur monde, c’est Paris et ses plateaux télé. Pour eux, je ne suis peut-être qu’un Arabe sans grande importance, sans Histoire et sans passé. Qui n’a pas le droit à sa singularité, voire son individualité, et surement pas à sa liberté de penser, de s’interroger et de s’exprimer en dehors de leurs clous à eux.

      Je leur rappelle, ainsi qu’à tous les autres, que j’ai combattu l’occupation de mon pays par une armée étrangère, les milices totalitaires qui y régnaient en maître et le régime policier qui y sévissait, que j’ai risqué ma vie pour avoir le droit d’être libre et de m’exprimer comme bon me semble. Avant de m’interpeller du haut de leur célébrité et me jeter à la gueule toutes sortes d’anathèmes, qu’ils me montrent donc leur CV, qu’ils me fassent part de leurs combats et des risques qu’ils ont pris pour défendre leurs idées, qu’ils me démontrent ce qui leur donne le droit de me juger !

      Bref. Tout ce que j’ai écrit n’a rien à voir avec le complotisme (quel mot imbécile pour faire taire celles et ceux qui osent questionner les versions officielles des gouvernements, comme si ces derniers ne mentent jamais) et l’antisémitisme. Prétendre que je suis antisémite est aussi ridicule que d’affirmer que je mesure 1m90, que je suis blond aux yeux bleus et que je chausse du 54. Et surtout, de par mon passé, de par mes amitiés et mes amours, cette accusation m’est insupportable. Tout futur accusateur devra en répondre devant la justice française.

      Quant au complotisme, on m’accuse d’être un partisan de la théorie du complot liée aux attentats du 11 septembre (the 9/11 conspiracy explained in less than 5 minutes). Ils ont balayé d’un revers de main méprisant l’explication que j’ai donnée sur Twitter, qui disait que c’était de l’humour et du second degré. Mais si ces inquisiteurs à la petite semaine avaient fait correctement leur sale boulot, ils auraient trouvé d’autres notes de blog qui se moquent des théories du complots : The Gay conspiracy, The iPhone X anti-Lebanese conspiracy, Red Moon : the communists are taking over the heavens, sans oublier Le complot dont personne ne parle, celui de mes voisins du dessus qui ne font du bruit que lorsque je me mets à écrire !
      Claude El Khal

      @colporteur

    • Soutien et Total Respect à Claude El Khal ! Son intervention pour refuser la dictature si facile de l’opinion dominante m’a convaincue. Parce que je suis contre ceux @ colporteur « qui ont jeté aux chiens l’honneur d’un homme ».

      J’ai dit au cours d’un débat téléphonique sur France culture diffusé ce matin : « Il n’y a rien de plus similaire à une image de guerre qu’une autre image de guerre ». Voici un exemple en deux images, l’une a été prise en #Syrie et l’autre en #Irak (les deux nous viennent de l’AFP)


      Conclusion hallucinante de la présentatrice qui invitait Claude El khal ou plutôt le prenait en tenaille : "Faisons confiance aux journalistes...". Puis, juste après, le slogan de la station "FranceCulture, l’esprit d’ouverture"...
      sauf aux critiques du journalisme !

      #Syrie #meute_médiatique #character_assassination #attaques_en_diffamation #lynchage_médiatique_parisianiste
      #nouvelle_inquisition #police_de_la_pensée_dominante
      #bouffon_c'est_celui_qui_dit_qui_y_est !

    • « Le Média » est sur la bonne voie. Le journal du vendredi 2 mars était excellent, et en progrès sensible. Les interviews- chloroforme de Noël Mamère ne manqueront pas à la qualité de son contenu, et son départ, ainsi que les volte-face d’autres représentants de la mouvance ex-PS ne soulignent, une fois de plus, que l’instabilité de leurs opinions.

      Bon Vent ! aussi à

      – Aurélie Filippetti
      – Gérard Mordillat (dommage !)
      – Patrick Pelloux
      – François Morel et Judith Chemla
      – Cécile Amar de L’Obs
      – Edouard Perrin de Cash investigation
      – Giovanni Mirabassi et Médéric Collignon.

      Les rats quittent le navire ?
      La ligne de flottaison n’en sera que plus haute !  ;)

  • Media Lens - Mass Media Siege: Comparing Coverage Of Mosul and Aleppo
    http://www.medialens.org/index.php/alerts/alert-archive/2017/852-mass-media-siege-comparing-coverage-of-mosul-and-aleppo.html

    When Russian and Syrian forces were bombarding ’rebel’-held East Aleppo last year, newspapers and television screens were full of anguished reporting about the plight of civilians killed, injured, trapped, traumatised or desperately fleeing. Syrian President Bashar al-Assad and Russian leader Vladimir Putin, both Official Enemies, were denounced and demonised, in accordance with the usual propaganda script. One piece in the Evening Standard described Assad as a ’monster’ and a Boris Johnson column in the Telegraph referred to both Putin and Assad as ’the Devil’.

    As the respected veteran reporter Patrick Cockburn put it:

    ’The partisan reporting of the siege of East Aleppo presented it as a battle between good and evil: The Lord of the Rings, with Assad and Putin as Saruman and Sauron.’

    This, he said, was ’the nadir of Western media coverage of the wars in Iraq and Syria.’ Media reporting focused laser-like on ’Last calls (or messages or tweets) from Aleppo’. There were heart-breaking accounts of families, children, elderly people, all caught up in dreadful conditions that could be pinned on the ’brutal’ Assad and his ’regime’; endless photographs depicting grief and suffering that tore at one’s psyche.

    By contrast, there was little of this evident in media coverage as the Iraqi city of Mosul, with a population of around one million, was being pulverised by the US-led ’coalition’ from 2015; particularly since the massive assault launched last October to ’liberate’ the city from ISIS, with ’victory’ declared a few days ago. Most pointedly, western media coverage has not, of course, demonised the US for inflicting mass death and suffering.

    As Cockburn pointed out, there were ’many similarities between the sieges of Mosul and East Aleppo, but they were reported very differently’.

  • Donald Trump’s ‘Muslim ban’ will only make terrorist attacks, more, not less likely
    http://www.independent.co.uk/voices/trump-muslim-ban-terrorism-isis-only-make-it-worse-a7552776.html

    D’après Patrick Cockburn les agissements de Trump vont motiver les « salafo-jihadistes » à commettre des actes terroristes aux Etats-Unis dans l’espoir d’amener le potus à agir de manière plus stupide encore.

    The Trump administration is now sending a message to al-Qaeda and Isis that Washington is easily provoked into mindless and counter-productive repression targeting Muslims in general. Those affected so far are limited in number and about the last people likely to be engaged in terrorist plots. But the political impact is already immense. Salafi-jihadi leaders may be monsters of cruelty and bigotry, but they are not stupid. They will see that if Trump, unprovoked by any terrorist outrage, will act with such self-defeating vigour, then a few bombs or shootings directed at American targets will lead to more scatter-gun persecution of Muslims.

  • Who supplies the news?
    Patrick Cockburn on misreporting in Syria and Iraq
    http://www.lrb.co.uk/v39/n03/patrick-cockburn/who-supplies-the-news

    The murder of 85 civilians confirmed by multiple sources and the killing of an unknown number of people with bombs and shells were certainly atrocities. But it remains a gross exaggeration to compare the events in East Aleppo – as journalists and politicians on both sides of the Atlantic did in December – with the mass slaughter of 800,000 people in Rwanda in 1994 or more than 7000 in Srebrenica in 1995.

    [...]

    There are many similarities between the sieges of Mosul and East Aleppo, but they were reported very differently. When civilians are killed or their houses destroyed during the US-led bombardment of Mosul, it is Islamic State that is said to be responsible for their deaths: they were being deployed as human shields. When Russia or Syria targets buildings in East Aleppo, Russia or Syria is blamed: the rebels have nothing to do with it. Heartrending images from East Aleppo showing dead, wounded and shellshocked children were broadcast around the world. But when, on 12 January, a video was posted online showing people searching for bodies in the ruins of a building in Mosul that appeared to have been destroyed by a US-led coalition airstrike, no Western television station carried the pictures. ‘We have got out 14 bodies so far,’ a haggard-looking man facing the camera says, ‘and there are still nine under the rubble.’

    #désinformation #journalisme_lamentable #msm

    • Il y a beaucoup de similitudes entre les sièges de Mossoul et d’Alep oriental, mais ils ont été rapportés très différemment. Quand des civils sont tués ou leurs maisons détruites pendant le bombardement mené par les Etats-Unis à Mossoul, c’est l’État islamique qui est censé être responsable de leur mort : ils étaient déployés comme boucliers humains. Quand la Russie ou la Syrie vise des bâtiments à Aleppo Est, la Russie ou la Syrie est blâmée : les rebelles n’y ont rien à voir. Des images déchirantes d’East Aleppo montrant des enfants morts, blessés et coquilliers ont été diffusées dans le monde entier. Mais quand, le 12 janvier, une vidéo a été affichée en ligne montrant des personnes cherchant des corps dans les ruines d’un bâtiment à Mossoul qui semblait avoir été détruit par une attaque aérienne de la coalition dirigée par les États-Unis, aucune station de télévision occidentale n’a porté les images. « Nous avons sorti 14 corps jusqu’à présent », dit un homme hagard qui regarde la caméra, « et il y en a encore neuf sous les décombres »

      .

  • Saudi Arabia’s Dream of Domination Has Gone Up in Flames
    http://www.unz.com/pcockburn/saudi-arabias-dream-of-domination-has-gone-up-in-flames

    Pour Patrick Cockburn les dirigeants des pays du #Golfe sont beaucoup plus d’énormes #bouffons disposant de moyens énormément indus que des disciples de Machiavel,

    Critics of Saudi and Qatari policies often demonise them as cunning and effective, but their most striking characteristic is their extreme messiness and ignorance of real conditions on the ground. In 2011, Qatar believed that Assad could be quickly driven from power just like Muamar Gaddafi in Libya. When this did not happen they pumped in money and weapons willy-nilly while hoping that the US could be persuaded to intervene militarily to overthrow Assad as Nato had done in Libya.

    Experts on in Syria argue about the extent to which the Saudis and the Qataris knowingly funded Islamic State and various #al-Qaeda clones. The answer seems to be that they did not know, and often did not care, exactly who they were funding and that, in any case, it often came from wealthy individuals and not from the Saudi government or intelligence services.

    [...]

    The attempt by Saudi Arabia and Gulf oil states to achieve hegemony in the Arab and Sunni Muslim worlds has proved disastrous for almost everybody.

    #Syrie

    • @kassem ils me fichent la trouille, en plus de détruire les Lieux saint de la Mecque (patrimoine de l’humanité) ils importent leur secte le « wahhabisme » dans le monde entier et en Europe avec l’assentiment des élites européennes qu’ils peuvent acheter aisément. Cela a commencé lors de la guerre inique contre la Yougoslavie un complot des membres de l’Otan, Usa et Allemagne en particulier. Ce pays anciennement socialiste a éclaté en myriades de petits états conformément aux voeux américains. http://docslide.fr/documents/comment-le-djihad-est-arrive-en-europe.html
      Jurgen Elssasser a écrit ce livre préfacé par Mr Chevènement ou clairement il est dit qu’Al Qaida se trouvait en Serbie, Kovoso pour servir de mercenaires contre les communautés chrétiennes, roms et ré-islamiser la région pourtant la plus laique possible. Faite des recherches sur les anciennes images de ce pays (Yougoslavie) et ce qu’il est devenu maintenant effarant. Les madrasas financés par l’Arabie Saoudite, ont ré-islamisés la population, importé la « sharia » avec des bastions djihadistes, faits reconnus par Interpol, des kosovars sont partis en Lybie, Syrie comme mercenaires étant donné que l’économie laminée de ces petites nations est déliquescente seul comptait pour les Usa et l’OTAN d’avoir une base arrière vers le moyen orient et le Caucase, Afghanistan avec la base Us du Camps Bondsteel..Merci Madame Albright et Mr Clinton et Soros.

  • The Syrian ceasefire agreement has shifted the balance of power to Assad | Patrick Cockburn
    http://www.independent.co.uk/voices/syria-russia-turkey-ceasefire-agreement-bashar-al-assad-shifted-balan

    But the present ceasefire is not solely the result of Syrian and regional developments. The last hope of the non-Isis opposition in Syria and its foreign allies was that Hillary Clinton would win the presidential election and switch US policy to one more committed to getting rid of Assad and more hostile to Russia. Instead, they were horrified by the election of Donald Trump, a candidate even more dismissive of the non-Isis rebels, focused on destroying Isis and more favourable to a Russian alliance than President Obama. 

    Will the US acceptance of Russia playing a dominant role in Syria be capsized by new US sanctions against Moscow and the expulsion of 35 Russian diplomats? Probably not, because what Trump is proposing to do openly in Syria is not much different from what Obama was doing without publicity. It is a long time since the US was seriously interested in getting rid of Assad — it has instead been concentrating on defeating Isis. This is likely to continue under Trump and might even have done under Hillary Clinton, if she had become president. At this stage, US policy in Syria and Iraq would in any case be difficult to unglue.

  • If Assad takes eastern Aleppo he’ll think he’s won the war | Patrick Cockburn
    http://www.independent.co.uk/voices/aleppo-fall-latest-syria-civil-war-bombardment-bashar-al-assad-rebels

    There are so many players with such diverse agendas in the Syrian civil war that past “turning points” have turned out to be no such thing. But what is truly important about what we have just seen in Aleppo is that the outside allies of the armed opposition to Assad – Turkey, Saudi Arabia, Qatar and, in a somewhat different category, the US - have not come to the rescue of the rebels whom they have previously supported. 

    Over the last five years it has been foreign powers and not domestic parties in Syria who have dictated who is winning or losing at any particular moment. When Assad was losing he went to the Russians, Iranians, Iraqis and Hezbollah and asked for more support. Likewise, the insurgents looked to their external allies when they were on the retreat. This time round this has not happened. The Russian military intervention in September 2015 finally and permanently tipped the balance of power Assad’s favour. 

    […]

    In reality, Assad was always likely to stay in power because the upper ranks of his regime were united, he had a powerful army but, above all, because Russia and Iran were always more committed to his survival than Turkey, Saudi Arabia, Qatar and the US were to regime change.

  • Voici pourquoi tout ce que vous avez lu sur les guerres en #Syrie et en #Irak pourrait être faux
    http://www.larevuedesressources.org/voici-pourquoi-tout-ce-que-vous-avez-lu-sur-les-guerres-en-syr

    « Il est trop dangereux pour les journalistes d’opérer dans les zones contrôlées par les rebelles d’Alep et de #Mossoul ; mais il y a une soif énorme de nouvelles du Moyen-Orient, c’est dire la tentation pour les médias de créditer l’information obtenue en seconde main. » (Patrick Cockburn, « This is why everything you’ve read about the wars in Syria and Iraq could be wrong », à Beyrouth, #The_Independent, le vendredi 2 décembre 2016) L’armée irakienne, soutenue par des frappes aériennes menées par les (...)

    #Interventions

    / Irak, #Journalisme, Syrie, #Guerre_de_Syrie, #Patrick_Cockburn, #Information, #Propagande, The Independent, #Alep, (...)

  • This is why everything you’ve read about the wars in Syria and Iraq could be wrong - Patrick Cockburn
    http://www.independent.co.uk/voices/syria-aleppo-iraq-mosul-isis-middle-east-conflict-assad-war-everythin

    The Iraqi army, backed by US-led airstrikes, is trying to capture east Mosul at the same time as the Syrian army and its Shia paramilitary allies are fighting their way into east Aleppo. An estimated 300 civilians have been killed in Aleppo by government artillery and bombing in the last fortnight, and in Mosul there are reportedly some 600 civilian dead over a month.

    Despite these similarities, the reporting by the international media of these two sieges is radically different.

    In Mosul, civilian loss of life is blamed on Isis, with its indiscriminate use of mortars and suicide bombers, while the Iraqi army and their air support are largely given a free pass. Isis is accused of preventing civilians from leaving the city so they can be used as human shields.

    Contrast this with Western media descriptions of the inhuman savagery of President Assad’s forces indiscriminately slaughtering civilians regardless of whether they stay or try to flee. The UN chief of humanitarian affairs, Stephen O’Brien, suggested this week that the rebels in east Aleppo were stopping civilians departing – but unlike Mosul, the issue gets little coverage.

    One factor making the sieges of east Aleppo and east Mosul so similar, and different, from past sieges in the Middle East, such as the Israeli siege of Beirut in 1982 or of Gaza in 2014, is that there are no independent foreign journalists present. They are not there for the very good reason that Isis imprisons and beheads foreigners while Jabhat al-Nusra, until recently the al-Qaeda affiliate in Syria, is only a shade less bloodthirsty and generally holds them for ransom. 

    These are the two groups that dominate the armed opposition in Syria as a whole. In Aleppo, though only about 20 per cent of the 10,000 fighters are Nusra, it is they – along with their allies in Ahrar al-Sham – who are leading the resistance.

    Unsurprisingly, foreign journalists covering developments in east Aleppo and rebel-held areas of Syria overwhelmingly do so from Lebanon or Turkey. A number of intrepid correspondents who tried to do eyewitness reporting from rebel-held areas swiftly found themselves tipped into the boots of cars or otherwise incarcerated.

    Experience shows that foreign reporters are quite right not to trust their lives even to the most moderate of the armed opposition inside Syria. But, strangely enough, the same media organisations continue to put their trust in the veracity of information coming out of areas under the control of these same potential kidnappers and hostage takers.

  • The U.S. and Russia Ensure a Balance of Terror in Syria
    https://theintercept.com/2016/10/29/the-u-s-and-russia-ensure-a-balance-of-terror-in-syria

    Christopher Phillips’s brilliant analysis of the factors fueling the Syria war is a refreshing contrast to works by most ostensible experts, who are partis pris, ill-informed, or both. With his new book, “The Battle for Syria: International Rivalry in the New Middle East,” published by Yale this month, Phillips joins a short list of writers, among them Joshua Landis, Patrick Cockburn, Fawaz Gerges, and the late Anthony Shadid, who have made original contributions to understanding the Syria war’s causes and consequences. “The Battle for Syria” makes a determined and successful stab at apportioning responsibility to all the countries whose lavish provision of weapons and money have prolonged the war far longer than Syria’s own resources would have permitted. The deaths of more than 500,000 and the dispossession of almost half of Syria’s estimated 22 million inhabitants testify to the lack of interest these outsiders have in Syria itself and the priority they place on their own competing goals.

  • Cette révolution syrienne qui n’existe pas. Par Stephen Gowans Mondialisation.ca, 25 octobre 2016 - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2016/10/cette-revolution-syrienne-qui-n-existe-pas.html

    Note de la rédaction : l’article traduit ci-dessous est une dénonciation, en bonne et due forme, des mensonges de propagande qui empoisonnent « la gauche » aux USA concernant le conflit syrien, en l’occurrence sous le clavier d’Eric Draitser qui écrivait sur le site web Counterpunch. Il s’agissait pour l’auteur de démontrer que certains discours se disant « de gauche » cachent en réalité des projets inavouables et manipulateurs au service d’agendas impérialistes occidentaux, et sionistes. Dans le même temps, il offre au lecteur une chronologie très instructive sur le conflit syrien et ses origines cachées dans les ambitions post-coloniales des nations occidentales. De plus, c’est un excellent travail journalistique a posteriori de « débunkage » des manipulations oligarchiques (relayées par leurs médias aux ordres) par l’usage de leur propre travail « à contre-emploi ». Enfin, les reproches émis envers la distorsion du discours « de gauche » aux USA sont parfaitement transposables à la France (ainsi qu’à la plupart des pays francophones) et à ses partis « de gauche », qui diabolisent tous – et à tort – le régime syrien. – Will Summer

    Dans certains milieux circule une rengaine dans le vent qui veut que le soulèvement syrien, comme Eric Draitser l’écrivait dans un récent article de Counterpunch, « a commencé en réaction aux politiques néolibérales du gouvernement syrien et à sa brutalité », et que « le contenu révolutionnaire de la faction rebelle en Syrie a été mis sur la touche par un ramassis de djihadistes, financés par les Qataris et par les Saoudiens. » Cette théorie semble, à mon esprit défendant, reposer sur une logique de présomptions mais non de preuves.

    Une revue des dépêches médiatiques pendant les semaines précédant et suivant immédiatement l’éruption d’émeutes à Deraa, au milieu du mois de mars 2011 – généralement reconnues pour avoir marqué le début des troubles – ne fournit aucune indication que la Syrie ait été aux prises avec un empressement révolutionnaire, anti-néolibéral ou autre. Au contraire, des journalistes travaillant pour Time Magazine et pour le New York Times ont évoqué le large soutien dont bénéficiait le gouvernement, que les opposants d’Assad lui concédaient sa popularité et que les Syriens ne témoignaient guère d’intérêt à manifester. Dans le même temps, ils ont décrit les troubles comme une série d’émeutes concernant des centaines – et non pas des milliers ou des dizaines de milliers – de personnes, mues par un agenda principalement islamiste et exhibant un comportement violent.

    Time Magazine rapporta que deux groupes djihadistes, qui allaient plus tard jouer des rôles de premier plan dans l’insurrection, Jabhat al-Nusra et Ahrar al-Sham, étaient déjà en activité à la veille des émeutes alors que seulement trois mois auparavant des dirigeants des Frères Musulmans avaient exprimé « leur espoir d’une révolte civile en Syrie ». Les Frères Musulmans, qui avaient plusieurs décennies plus tôt déclaré la guerre au Parti Ba’as au pouvoir en Syrie par rejet du laïcisme du parti, étaient enferrés dans une lutte à mort avec les nationalistes arabes depuis les années 1960, et s’étaient engagés dans des bagarres de rue avec des partisans du Parti Ba’as depuis les années 1940. (dans l’une de ces bagarres Hafez al-Assad, père du Président actuel qui allait lui-même servir comme Président de 1970 à 2000, fut poignardé par un adversaire Frère Musulman.) Les dirigeants des Frères Musulmans ont fréquemment rencontré, à partir de 2007, des représentants du State Department US et du Conseil National de Sécurité US, ainsi que de la Middle East Partnership Initiative financée par le gouvernement US, qui endossait ouvertement le rôle de financement d’organisations putschistes à l’étranger – une tâche que la CIA avait jusqu’alors rempli clandestinement.

    Washington avait conspiré pour purger la Syrie de l’influence nationaliste arabe dès le milieu des années 1950 quand Kermit Roosevelt Jr., qui avait été le maître d’œuvre de l’éviction du Premier Ministre Mohammad Mossadegh en Iran, renversé pour avoir nationalisé l’industrie pétrolière de son pays, ourdit avec les renseignements britanniques d’exciter les Frères Musulmans pour renverser un triumvirat de dirigeants nationalistes arabes et communistes à Damas, considérés par Washington et Damas comme nuisibles aux intérêts économiques occidentaux dans le Moyen-Orient.

    Washington alimenta les combattants des Frères Musulmans en armes pendant les années 1980 pour mener une guérilla urbaine contre Hafez al-Assad, que les bellicistes à Washington traitaient de « Communiste arabe ». Son fils Bachar poursuivit l’attachement des nationalistes arabes à l’unité (de la nation arabe), à l’indépendance et au socialisme (arabe). Ces objectifs guidaient l’état syrien – comme ils avaient guidé les états nationalistes arabes de Libye sous Mouammar Qaddafi, et d’Irak sous Saddam Hussein. Ces trois états étaient les cibles de Washington pour la même raison : leurs principes nationalistes arabes s’opposaient fondamentalement à l’agenda impérialiste US d’hégémonie planétaire des États-Unis.

    Le refus par Bachar al-Assad de renoncer à l’idéologie nationaliste arabe consterna Washington qui se plaignit de son socialisme, la tierce partie de la sainte trinité des valeurs ba’athistes. Des plans pour évincer Assad – partiellement inspirés par son refus d’embrasser le néolibéralisme de Washington – étaient déjà en préparation à Washington en 2003, sinon plus tôt. Si Assad était un champion du néolibéralisme comme le prétendent Draitser et d’autres, cela a étrangement échappé à l’attention de Washington et de Wall Street, qui se plaignaient de la Syrie « socialiste » et de ses politiques économiques résolument anti-néolibérales.

    Un bain de sang déclenché avec l’aide des USA

    Fin janvier 2011, une page Facebook a été créée avec le titre « The Syrian Revolution 2011 ». Elle annonçait qu’un « Jour de Colère » serait tenu le 4, et le 5 février [1]. Les manifestations « s’évanouirent d’elles-mêmes », selon Time. Le Jour de Colère se solda par un Jour d’Indifférence. En plus, les liens avec la Syrie étaient ténus. La plupart des slogans scandés par les quelques manifestants présents concernaient la Libye, exigeant que Mouammar Qaddafi – dont le gouvernement était assiégé par des insurgés islamistes – quitte le pouvoir. Des projets pour de nouvelles manifestations furent faits pour le 4 et le 5 mars, mais elles n’attirèrent pas davantage de soutien [2].

    La correspondante de Time Rania Abouzeid attribua l’échec des organisateurs de ces manifestations pour attirer un soutien significatif au fait que la plupart des Syriens n’étaient pas opposés à leur gouvernement. Assad avait une réputation favorable, en particulier parmi les deux-tiers de la population âgée de moins de 30 ans, et les politiques de son gouvernement jouissaient d’un large soutien. « Même des opposants concèdent qu’Assad est populaire et jugé proche de l’énorme cohorte de jeunes du pays, à la fois émotionnellement, psychologiquement et, bien entendu, chronologiquement », rapportait Abouzeid en ajoutant qu’au contraire « des dirigeants pro-US renversés de Tunisie et d’Égypte, la politique étrangère d’Assad hostile envers Israël, son soutien acharné en faveur des Palestiniens et de groupes militants comme le Hamas et le Hezbollah sont en accord avec les sentiments du peuple syrien. » Assad, en d’autres termes, avait une légitimité. La correspondante de Time poursuivait pour écrire qu’Assad « conduisant lui-même jusqu’à la Mosquée des Omeyyades en février pour prendre part aux prières marquant l’anniversaire du Prophète Mohammed, et flânant parmi la foule du Souq Al-Hamidiyah entouré d’une garde restreinte » s’était « attiré, à titre personnel, l’affection du public » [3].

    Cette description du Président syrien – un dirigeant aimé de son peuple, idéologiquement en phase avec les sentiments syriens – s’érige en contraire du discours qui allait émerger peu de temps après l’éruption de manifestations violentes dans la ville syrienne de Deraa moins de deux semaines plus tard, et qui allait s’implanter dans celui des gauchistes US dont Draitser. Mais à la veille des événements déclencheurs de Deraa, la Syrie se faisait remarquer par sa quiétude. Personne ne « s’attend à un soulèvement de masse en Syrie », rapportait Abouzeid « et, malgré l’expression d’une dissidence une fois de temps en temps, il y en a très peu qui souhaitent y prendre part » [4]. Un jeune Syrien dit à Time : « Il y a beaucoup d’aides du gouvernement pour la jeunesse. Ils nous donnent des livres gratuits, des écoles gratuites, des universités gratuites. » (Pas trop l’image d’un état néolibéral comme dépeint par Draitser…) Elle continue : « Pourquoi y aurait-il une révolution ? La probabilité en est peut-être d’un pour cent. » [5] Le New York Times partageait cette opinion. La Syrie, rapportait le journal, « semblait immunisée contre la vague de révoltes frappant le monde arabe. » [6] La Syrie était libre de troubles.

    Mais le 17 mars, il y eut un violent soulèvement à Deraa. Il y a des récits contradictoires quant à qui, ou ce qui l’a déclenché. Time rapporta que la « révolte à Deraa a été provoquée par l’arrestation d’une poignée de jeunes pour avoir peint un mur avec des graffitis anti-régime. » [7] Robert Fisk de The Independent offrait une version légèrement différente. Il rapportait que « des agents des services de renseignement avaient tabassé et tué plusieurs garçons qui avaient tagué des graffitis sur les murs de la ville. » [8] Un autre récit soutient que le facteur ayant mis le feu aux poudres à Deraa ce jour-là, avait été l’usage extrême et disproportionné de la force par les services de sécurité syriens en réponse à des manifestations s’opposant à l’arrestation des garçons. Il y a eu « quelques jeunes dessinant des graffitis sur les murs, ils ont été mis en détention, et comme leurs parents voulaient les récupérer, les services de sécurité ont réagi de façon vraiment très, très brutale. » [9] Un autre récit, provenant du gouvernement syrien, affirme que rien de tout cela ne s’est produit. Cinq ans après les événements, Assad déclara lors d’une interview que cela « n’est pas arrivé. Ce n’était que de la propagande. En fait, nous en avons entendu parler, et nous n’avons jamais vu ces enfants ayant été emmenés en prison à l’époque. Donc, c’était une histoire fausse. » [10]

    Mais s’il y a eu des désaccords sur ce qui avait déclenché le soulèvement, il y en a eu peu pour dire qu’il était violent. Le New York Times rapporta que « les manifestants ont mis le feu au quartier-général du Parti Ba’as au pouvoir ainsi qu’à d’autres bâtiments gouvernementaux… et ont affronté la police… En plus du quartier-général du parti, les manifestants ont incendié le palais de justice de la ville et les bureaux locaux de la compagnie de téléphone SyriaTel. » [11] Time ajoutait que les manifestants avaient mis le feu au bureau du gouverneur, ainsi qu’à ceux de la succursale locale d’une deuxième compagnie de téléphonie mobile. [12] L’agence de presse du gouvernement syrien, SANA (Syrian Arab News Agency), publia des photographies de véhicules en flammes sur son site web. [13] Clairement il ne s’agissait pas là d’une manifestation pacifique, ainsi qu’elle serait décrite plus tard. Ce n’était pas non plus un soulèvement populaire. Time rapporta que les manifestants se dénombraient par centaines, et pas en milliers ou en dizaines de milliers. [14]

    Assad a immédiatement réagi aux troubles de Deraa, annonçant « une série de réformes, y compris une augmentation du salaire des fonctionnaires, une plus grande liberté pour les médias d’information et les partis politiques, et un réexamen de la loi sur l’état d’urgence, » [15] une restriction des libertés politiques et civiques de temps de guerre en vigueur parce que la Syrie était officiellement en guerre contre Israël. Avant la fin du mois d’avril, le gouvernement allait abroger « la loi sur l’état d’urgence du pays vieille de 48 ans » et abolir « la Cour Suprême de l’État sur la Sécurité. » [16]

    Pourquoi le gouvernement a-t-il fait ces concessions ? Parce que c’est ce qu’avaient demandé les manifestants de Deraa. Les manifestants se sont « rassemblés dans et autour de la Mosquée d’Omari à Deraa, scandant leurs exigences : la libération de tous les prisonniers politiques… l’abolition de la loi sur l’état d’urgence vieille de 48 ans ; davantage de libertés ; et la fin de la corruption endémique. » [17] Ces exigences étaient cohérentes avec l’appel, articulé début février sur la page Facebook « The Syrian Revolution 2011 », pour « mettre fin à l’état d’urgence et à la corruption en Syrie. » [18] Un appel exigeant la libération de tous les prisonniers politiques fut également rédigé dans une lettre signée par des religieux et posté sur Facebook. Les exigences des religieux incluaient l’abrogation de la « loi sur l’état d’urgence, la libération de tous les détenus pour des raisons politiques, la cessation du harcèlement par les services de sécurité du régime et un combat contre la corruption. » [19] Relâcher les détenus pour des raisons politiques équivalait à libérer des djihadistes ou, pour employer le terme communément usité en Occident, des « terroristes ». Le State Department US avait reconnu que l’Islam politique était la principale force d’opposition en Syrie [20] ; les djihadistes constituaient la majeure partie du corps des opposants à même d’être incarcérés. Que des religieux réclament que Damas libère tous ses prisonniers politiques est comparable à ce que l’État Islamique exige de Washington, Paris et Londres la libération tous les Islamistes détenus dans les prisons US, françaises et britanniques pour des affaires liées au terrorisme. Il ne s’agissait pas d’exigences pour des emplois ou davantage de démocratie, mais de l’issue de détention d’activistes inspirés par l’objectif d’instaurer un état islamique en Syrie. L’appel à lever l’état d’urgence, pareillement, semblait avoir peu de rapport avec la promotion de la démocratie et davantage avec l’amélioration de la mobilité des djihadistes et de leurs acolytes, pour organiser l’opposition à l’état laïc.

    Une semaine après l’explosion des violences à Deraa, Rania Abouzeid de Time rapportait qu’il « ne semble pas y avoir d’appels répandus pour la chute du régime ou pour l’éviction du Président, relativement populaire. » [21] Effectivement, les exigences émises par les manifestants et par les religieux ne comprenaient pas d’appel à la démission d’Assad. Et les Syriens se ralliaient à leur Président. « Il y a eu des contre-manifestations dans la capitale en soutien au Président, » [22] réunissant d’après les rapports beaucoup plus de monde que les quelques centaines de manifestants qui avaient pris les rues de Deraa pour incendier des bâtiments et des voitures, et affronter la police. [23]

    Le 9 avril – moins d’un mois après les événements de Deraa – Time rapportait qu’une série de manifestations avait été organisées et que l’Islam y jouait un rôle prééminent. Pour quiconque un tant soit peu familier avec l’enchaînement sur plusieurs décennies de grèves, de manifestations, d’émeutes et d’insurrections qu’avaient initié les Frères Musulmans contre ce qu’ils estimaient être le gouvernement « infidèle » ba’athiste, tout cela ressemblait à l’histoire qui se répétait. Les manifestations n’atteignaient pas la masse critique. Au contraire, le gouvernement continuait à bénéficier de « la loyauté » d’une « large partie de la population », selon Time. [24]

    Les Islamistes ont joué un rôle éminent dans la rédaction des Déclarations de Damas au milieu des années 2000, qui réclamaient le changement de régime. [25] En 2007 les Frères Musulmans, archétypes du mouvement politique islamiste sunnite, ayant inspiré al-Qaeda et sa progéniture de Jabhat al-Nusra à l’État Islamique, se sont mis en cheville avec un ancien vice-président syrien pour fonder le Front du Salut National. Cet organe a fait de fréquentes rencontres avec le State Department US et le Conseil National de Sécurité US, ainsi qu’avec la Middle East Partnership Initiative [Inititative de Partenariat au Moyen-Orient, NdT] financée par le gouvernement US, [26] qui accomplissait ouvertement ce que la CIA faisait naguère en secret, c’est-à-dire acheminer des fonds et de l’expertise aux cinquièmes colonnes des pays où Washington n’aimait pas le gouvernement.

    En 2009, juste deux ans avant l’éruption des troubles à travers le monde arabe, les Frères Musulmans de Syrie ont dénoncé le gouvernement nationaliste arabe de Bachar al-Assad comme élément exogène et hostile à la société syrienne, qui devait être éliminé. Selon la réflexion du groupe la communauté des Alaouïtes, à laquelle appartient Assad et que les Frères considéraient comme hérétiques, se servait du nationalisme arabe laïc comme couverture pour la progression d’un agenda sectaire, dont l’objectif était la destruction de la Syrie de l’intérieur par l’oppression des « vrais » Musulmans (c’est-à-dire des Sunnites). Au nom de l’Islam, il était nécessaire de renverser ce régime hérétique. [27]

    Seulement trois mois avant le début des violences de Syrie en 2011, l’érudit Liat Porat écrivit un billet pour le Crown Center for Middle East Studies, basé à l’Université de Brandeis. « Les dirigeants du mouvement, » concluait Porat, « continuent d’exprimer leur espoir d’une révolte civile en Syrie, dans laquelle ‘le peuple syrien remplira son devoir et libérera la Syrie du régime tyrannique et corrompu’. » Les Frères Musulmans stressaient le fait qu’ils étaient engagés dans une lutte à mort contre le gouvernement nationaliste arabe laïc de Bachar al-Assad. Il était impossible de trouver un arrangement politique avec ce gouvernement car ses dirigeants n’appartenaient pas à la nation syrienne, musulmane et sunnite. L’appartenance à la nation syrienne était réservée aux vrais Musulmans affirmaient les Frères, et pas aux hérétiques alaouïs qui embrassaient des croyances étrangères aussi anti-islamiques que le nationalisme arabe. [28]

    Que les Frères Musulmans syriens aient joué un rôle clé dans le soulèvement s’est vu confirmé en 2012 par la Defense Intelligence Agency US [renseignements militaires, NdT]. Un document ayant fuité de l’agence déclarait que l’insurrection était sectaire et emmenée par les Frères Musulmans et al-Qaeda en Irak, précurseur de l’État Islamique. Le document poursuivait pour dire que ces insurgés étaient soutenus par l’Occident, les pétromonarchies arabes du Golfe Persique et la Turquie. L’analyse prédisait correctement l’établissement d’une « principauté salafiste » – un état islamique – en Syrie orientale, soulignant que c’était là le souhait des appuis étrangers de l’insurrection, qui voulaient voir les nationalistes arabes isolés et coupés de l’Iran. [29]

    Des documents mis au point par des chercheurs du Congrès US en 2005 ont révélé que le gouvernement US envisageait activement le changement de régime en Syrie longtemps avant les soulèvements du Printemps Arabe de 2011, ce qui défie l’opinion que le soutien US en faveur des rebelles syriens reposait sur leur allégeance à un « soulèvement démocratique », et démontrent qu’il s’agissait de l’extension d’une politique de longue date visant à renverser le gouvernement de Damas. En effet, les chercheurs reconnaissaient que la motivation du gouvernement US pour renverser le gouvernement nationaliste arabe laïc à Damas n’avait rien à voir avec la promotion de la démocratie au Moyen-Orient. Pour être précis, ils relevaient que la préférence de Washington allait vers les dictatures laïques (Égypte) et les monarchies (Jordanie et Arabie Saoudite). Le moteur des efforts visant le changement de régime, selon les chercheurs, était le désir de balayer un obstacle à l’accomplissement des objectifs US au Moyen-Orient en lien avec : le renforcement d’Israël, la consolidation de la domination US en Irak et l’instauration d’économies de marché sur le mode néolibéral. La démocratie n’a jamais fait partie du décor. [30] Si Assad faisait la promotion de politiques néolibérales en Syrie comme le prétend Draitser, il est difficile de comprendre pourquoi Washington a pu citer le refus syrien d’épouser l’agenda US d’ouverture des marchés et de liberté des entreprises comme prétexte pour procéder au changement du gouvernement syrien.

    Afin de mettre un accent sur le fait que les manifestations manquaient de soutien populaire massif le 22 avril, plus d’un mois après le début des émeutes à Deraa, Anthony Shadid du New York Times rapportait que « les manifestations, jusqu’ici, ont semblé ne pas atteindre le niveau des soulèvements populaires des révolutions d’Égypte et de Tunisie. » En d’autres termes, plus d’un mois après que des centaines – et pas des milliers, ni des dizaines de milliers – de manifestants aient provoqué des émeutes à Deraa, il n’y avait pas de signes d’un soulèvement populaire de type Printemps Arabe en Syrie. La rébellion restait une affaire essentiellement circonscrite aux Islamistes. Par contraste, il y avait eu à Damas d’énormes manifestations en soutien – et non pas hostile – au gouvernement, Assad était toujours populaire et, selon Shadid, le gouvernement profitait de la loyauté des « sectes hétérodoxes chrétiennes et musulmanes. » [31] Shadid n’a pas été le seul journaliste occidental à rapporter que les Alaouïtes, les Ismaïliens, les Druzes et le Chrétiens soutenaient fortement le gouvernement. Rania Abouzeid de Timeobserva que les Ba’athistes « pouvaient compter sur le soutien des groupes minoritaires conséquents de Syrie. » [32]

    La réalité que le gouvernement syrien commandait la loyauté des sectes hétérodoxes chrétiennes et musulmanes, telle que rapportée par Anthony Shadid du New York Times, suggère que les minorités religieuses de Syrie décelaient dans ce soulèvement quelque chose qui n’a pas assez été rapporté par la presse occidentale (et que les socialistes révolutionnaires aux États-Unis ont manqué), c’est-à-dire qu’il était alimenté par un agenda sectaire sunnite islamiste qui, s’il devait porter ses fruits, aurait des conséquences désagréables pour tous ceux n’étant pas considérés comme de « vrais » Musulmans. Pour cette raison les Alaouïtes, les Ismaïliens, les Druzes et les Chrétiens s’alignaient avec les Ba’athistes qui cherchaient à réduire les clivages sectaires dans leur engagement programmatique de génération d’unité de la nation arabe. Le slogan « les Alaouïtes dans la tombe et les Chrétiens à Beyrouth ! » entonné pendant les manifestations des premiers jours [33] ne faisait que confirmer le fait que le soulèvement s’inscrivait dans la continuité de la lutte à mort proclamée par l’Islam politique sunnite contre le gouvernement nationaliste arabe laïc, et n’était nullement une révolte populaire en faveur de la démocratie ou contre le néolibéralisme. S’il s’était agi de l’une ou l’autre de ces choses, alors comment expliquer que la soif de démocratie et l’opposition au néolibéralisme n’aient été présentes qu’au sein de la communauté sunnite, et absentes dans les communautés des minorités religieuses ? Assurément, un déficit de démocratie et une tyrannie néolibérale auraient dépassé les frontières religieuses, si jamais ils avaient figuré parmi les facteurs déclencheurs d’un soulèvement révolutionnaire. Que les Alaouïtes, les Ismaïliens, les Druzes et les Chrétiens n’aient pas manifesté, et que les émeutes aient reposé sur les Sunnites avec un contenu islamiste suggère fortement que l’insurrection, dès le départ, constituait la recrudescence de la campagne djihadiste sunnite engagée de longue date contre la laïcité ba’athiste.

    « Dès le tout début le gouvernement Assad a déclaré qu’il était engagé dans un combat contre des militants islamistes. » [34] La longue histoire des soulèvements islamistes contre le Ba’athisme antérieurs à 2011 suggère certainement que c’était très probablement le cas, et la façon dont le soulèvement évolua par la suite, en tant que guerre emmenée par des Islamistes contre l’état laïc, ne fait que renforcer ce point de vue. D’autres preuves à la fois positives et négatives corroboraient l’affirmation d’Assad que l’état syrien subissait l’attaque de djihadistes (tout comme il l’avait déjà été maintes fois dans le passé). Les preuves négatives, que le soulèvement n’était pas une révolte populaire dirigée contre un gouvernement impopulaire, transpiraient des rapports médiatiques occidentaux qui démontraient que le gouvernement nationaliste arabe de Syrie était populaire et commandait la loyauté de la population.

    Les manifestations et les émeutes anti-gouvernementales à petite échelle ont attiré beaucoup moins de monde, par contraste, qu’une énorme manifestation à Damas en soutien au gouvernement et assurément, également beaucoup moins que les soulèvements populaires d’Égypte et de Tunisie. De plus, les exigences des manifestants étaient centrées sur la libération de prisonniers politiques (principalement des djihadistes) et sur la levée des restrictions de temps de guerre sur la dissidence politique, pas sur des appels à la démission d’Assad ou au changement des politiques économiques du gouvernement. Les preuves positives proviennent des rapports médiatiques occidentaux démontrant que l’Islam politique a joué un rôle prééminent dans les émeutes. En outre, alors qu’il était crédité que les groupes islamistes armés n’étaient entrés dans l’arène que dans le sillage des émeutes initiales du printemps 2011 – « piratant » ainsi un « soulèvement populaire » – en réalité, deux groupes ayant joué un grand rôle dans la révolte armée post-2011 contre le nationalisme arabe laïc, Ahrar al-Sham et Jabhat al-Nusra étaient tous les deux actifs, au début de cette année-là. Ahrar al-Sham « avait commencé à former des brigades […] bien avant la mi-mars 2011, » quand l’émeute de Deraa a eu lieu, selon Time. [35] Jabhat al-Nusra, franchise d’al-Qaeda en Syrie, « était inconnu jusqu’à fin janvier 2012 où le groupe a annoncé sa formation [… mais] il était déjà actif depuis des mois. » [36]

    Un autre élément de preuve corroborant l’idée que l’Islam militant a joué très tôt un rôle dans les soulèvements – ou du moins, que les manifestations ont tout de suite été violentes – est qu’il y « avait dès le départ des signes que des groupes armés étaient impliqués. » Le journaliste et écrivain Robert Fisk se souvient avoir vu un enregistrement des « tous premiers jours du ‘soulèvement’ montrant des hommes équipés d’armes de poing et de Kalashnikovs, pendant une manifestation à Deraa. » Il se souvient d’un autre événement survenu en mai 2011, où « une équipe d’Al Jazeera a filmé des hommes armés tirant sur des troupes syriennes à quelques centaines de mètres de la frontière du nord du Liban, mais la chaîne a décidé de ne pas diffuser l’enregistrement. » [37] Même des officiels US, qui étaient hostiles au gouvernement syrien et dont on aurait pu attendre qu’ils contestent la version de Damas selon laquelle la Syrie était engagée dans une lutte contre des rebelles armés, ont « concédé que les manifestations n’étaient pas pacifiques et que certains participants étaient armés. » [38] En septembre, les autorités syriennes faisaient savoir qu’elles déploraient la perte de plus de 500 policiers et soldats, tués par les insurgés. [39] À la fin du mois d’octobre ces chiffres avaient plus que doublé. [40] En moins d’un an, le soulèvement était parti de l’incendie de bâtiments du Parti Ba’as et de bureaux gouvernementaux avec des affrontements contre la police, à la guérilla comprenant des méthodes qui seraient plus tard définies de « terroristes », quand elles sont menées contre des cibles occidentales.

    Assad allait se plaindre plus tard que :

    Tout ce que nous avons dit depuis le début de la crise en Syrie, ils le disent plus tard. Ils ont dit que c’était pacifique, nous avons que ça ne l’était pas, ils tuent – ces manifestants, qu’ils ont appelé des manifestants pacifiques – ils ont tué des policiers. Et ce sont devenus des militants. Ils ont dit oui, ce sont des militants. Nous avons dit ce sont des militants, et c’est du terrorisme. Ils ont dit que non, ce n’est pas du terrorisme. Et ensuite, quand ils admettent que c’est du terrorisme nous disons que c’est al-Qaeda et ils disent non, ce n’est pas al-Qaeda. Alors quoique nous disions, ils le disent plus tard. [41]

    Le « soulèvement syrien », écrivait le spécialiste du Moyen-Orient Patrick Seale, « ne devrait être considéré que comme le dernier épisode, sans nul doute le plus violent, de la longue guerre entre Islamistes et Ba’athistes qui remonte à la fondation du Parti Ba’as laïc dans les années 1940. Le combat qui les oppose a désormais atteint le niveau de lutte à la mort. » [42] « Il est frappant, » poursuivait Seale en citant Aron Lund qui avait rédigé un rapport pour l’Institut Suédois des Affaires Internationales sur le djihadisme syrien, « que quasiment tous les membres des divers groupes armés sont des Arabes sunnites ; que les combats ont surtout été circonscrits uniquement dans les zones de peuplement arabes sunnites, tandis que les régions habitées par les Alaouïtes, les Druzes ou les Chrétiens sont demeurées passives ou ont soutenu le régime ; que les défections du régime sont sunnites presque à 100% ; que l’argent, les armes et les volontaires proviennent d’états islamistes ou d’organisations et d’individus pro-islamistes ; et que la religion soit le dénominateur commun le plus important du mouvement des insurgés. » [43]

    La brutalité qui met le feu aux poudres ?

    Est-il raisonnable de croire que l’usage de la force par l’état syrien ait enflammé la guérilla qui a commencé peu de temps après ?

    Cela défie le raisonnement, qu’une réaction excessive de la part des services de sécurité face au déni de l’autorité du gouvernement dans la ville syrienne de Deraa (s’il y a vraiment eu sur-réaction), puisse déclencher une guerre majeure impliquant une foule d’autres pays et mobilisant des djihadistes venant de dizaines de pays différents. Il aura fallu ignorer un éventail de faits discordants dès le départ, pour pouvoir donner à cette histoire le moindre soupçon de crédibilité.

    D’abord, il aura fallu passer outre la réalité que le gouvernement Assad était populaire et considéré comme légitime. Il est possible de plaider qu’une réaction trop excessive, issue d’un gouvernement hautement impopulaire en face d’un défi trivial à son autorité ait pu fournir la mèche indispensable à l’embrasement d’une insurrection populaire, mais malgré les insistances du Président Barack Obama selon lequel Assad manquait de légitimité, il n’existe aucune preuve que la Syrie, en mars 2011, ait été un baril de poudre de ressentiment anti-gouvernemental sur le point d’exploser. Comme Rania Abouzeid de Time le rapportait la veille des émeutes à Deraa, « même ses opposants concèdent qu’Assad est populaire » [44] et « personne ne s’attend à des soulèvements de masse en Syrie et, malgré l’expression d’une dissidence de temps en temps, il y en a très peu souhaitent y prendre part. » [45]

    Ensuite, il nous aura fallu délaisser le fait que les émeutes de Deraa impliquaient des centaines de participants, un piètre soulèvement de masse, et les manifestations qui ont suivi ont également échoué à atteindre une masse critique comme l’avait rapporté Nicholas Blanford, de Time. [46] De même, Anthony Shadid du New York Times n’a relevé aucune preuve révélant un soulèvement de masse en Syrie, plus d’un mois après les émeutes de Deraa. [47] Ce qui se passait vraiment, à l’inverse de la rhétorique propagée par Washington évoquant le Printemps Arabe qui aurait atteint la Syrie, c’était que des djihadistes étaient engagés dans une campagne de guérilla contre les forces de sécurité syriennes qui avait, déjà en octobre, pris les vies de plus d’un millier de policiers et de soldats.

    Enfin, il nous aura fallu fermer les yeux sur le fait que le gouvernement US, avec son allié britannique, avait concocté des plans en 1956 pour la création d’une guerre en Syrie par l’embrigadement des Frères Musulmans, devant provoquer des soulèvements intérieurs. [48] Les émeutes de Deraa et les affrontements qui ont suivi contre la police et les soldats ressemblent au plan qu’avait ourdi le spécialiste en changements de régimes, Kermit Roosevelt Jr. . Il ne s’agit pas d’affirmer que la CIA ait épousseté le projet de Roosevelt et l’ait recyclé pour être déployé en 2011 ; seulement que le complot démontre que Washington et Londres étaient capables de projeter une opération de déstabilisation impliquant une insurrection emmenée par les Frères Musulmans, afin d’obtenir le changement de régime en Syrie.

    Il nous aurait fallu également avoir ignoré les événements de février 1982 quand les Frères Musulmans ont pris le contrôle de Hama, la quatrième plus grande ville du pays. Hama était l’épicentre du fondamentalisme sunnite en Syrie, et une base importante pour les opérations des combattants djihadistes. Aiguillonnés par la fausse nouvelle du renversement d’Assad, les Frères Musulmans se livrèrent à un joyeux et sanglant saccage de la ville, prenant d’assaut les commissariats et assassinant les dirigeants du Parti Ba’as ainsi que leurs familles, et des fonctionnaires du gouvernement ainsi que des soldats. Dans certains cas les victimes étaient décapitées, [49] une pratique qui serait revigorée des décennies plus tard par les combattants de l’État Islamique. Chaque responsable du Parti Ba’as de la ville de Hama fut assassiné. [50]

    L’Occident se souvient davantage des événements de Hama en 1982 (s’il s’en souvient du tout) non pour les atrocités commises par les Islamistes, mais pour la réaction de l’armée syrienne qui, comme il faut s’y attendre de la part de n’importe quelle armée, a impliqué l’usage de la force pour restaurer la souveraineté de contrôle du territoire saisi par les insurgés. Des milliers de troupes furent déployées pour reprendre Hama aux Frères Musulmans. L’ancien responsable du State Department US William R. Polk a décrit les suites de l’assaut de l’armée syrienne sur Hama comme similaires à celles de l’assaut US contre la ville irakienne de Falloujah en 2004, [51] (à la différence évidemment que l’armée syrienne agissait de manière légitime à l’intérieur de son propre territoire, tandis que les militaires US agissaient de façon illégitime en tant que force d’occupation pour écraser l’opposition à leurs activités.) Le nombre de morts au cours de l’assaut contre Hama demeure encore disputé. Les chiffres varient. « Un rapport précoce paru dans Time affirmait que 1000 personnes y avaient trouvé la mort. La plupart des observateurs estimaient que 5000 personnes avaient été tuées. Des sources israéliennes et les Frères Musulmans – des ennemis jurés des nationalistes arabes laïcs qui avaient donc intérêt à exagérer le bilan des morts – « ont déclaré que le nombre de morts avait dépassé les 20 000 victimes. » [52] Robert Dreyfus, qui a écrit sur la collaboration de l’Occident avec l’Islam politique, plaide que les sources occidentales ont délibérément gonflé les chiffres du bilan des morts afin de diaboliser les Ba’athistes et les dépeindre en tueurs sans pitié, et que les Ba’athistes ont laissé courir ces histoires pour intimider les Frères Musulmans. [53]

    Alors que l’armée syrienne déblayait les décombres de Hama dans les suites de l’assaut, des preuves furent découvertes attestant que des gouvernements étrangers avaient fourni de l’argent, des armes et du matériel de communication aux insurgés dans Hama. Polk écrit que :

    Assad voyait bien les fauteurs de troubles à l’œuvre parmi son peuple. C’était, après tout, l’héritage émotionnel et politique du règne colonial – un héritage douloureusement évident pour la majeure partie du monde post-colonial, mais qui est passé presque inaperçu en Occident. Et cet héritage n’est pas un mythe. C’est une réalité que, souvent des années après les événements, nous pouvons vérifier d’après des documents officiels. Hafez al-Assad n’a pas eu besoin d’attendre des fuites de documents classés : ses services de renseignements et des journalistes internationaux ont dévoilé des douzaines de tentatives de subversion de son gouvernement par des pays arabes conservateurs et riches en pétrole, par les États-Unis et par Israël. La plupart s’étaient engagés dans des « sales tours », de la propagande ou des injections d’argent, mais il importe de relever que lors du soulèvement de Hama en 1982, plus de 15 000 fusils automatiques d’origine étrangère ont été capturés, ainsi que des prisonniers comprenant des éléments des forces paramilitaires jordaniennes, entraînés par la CIA (à peu près comme les djihadistes qui apparaissent si souvent dans les rapports médiatiques sur la Syrie en 2013). Et ce qu’il a vu en Syrie a été confirmé par ce qu’il a pu apprendre des changements de régime à l’occidentale en d’autres lieux. Il était informé de la tentative d’assassinat du Président Nasser d’Égypte par la CIA, ainsi que du renversement anglo-US du gouvernement du Premier Ministre d’Iran, Mohammad Mossadegh. [54]

    Dans son livre « De Beyrouth à Jérusalem », le chroniqueur du New York Times Thomas Friedman a écrit que « le massacre de Hama peut être considéré comme la réaction naturelle d’un politicien progressiste dans un état-nation relativement jeune, s’efforçant de réprimer des éléments rétrogrades – ici des fondamentalistes islamiques – cherchant à miner tout ce qu’il avait pu accomplir pour construire la Syrie en république laïque du vingtième siècle. C’est également pourquoi, » continuait Friedman, « s’il y avait eu quelqu’un pour faire un sondage d’opinion objectif en Syrie dans le sillage du massacre de Hama, le traitement par Assad de la rébellion y aurait reflété un assentiment significatif, même au sein des Musulmans sunnites. » [55]

    L’émergence d’un Djihad islamiste sunnite contre le gouvernement syrien pendant les années 1980 défie l’interprétation selon laquelle le militantisme islamiste sunnite au Levant est une conséquence de l’invasion par les USA de l’Irak en 2003, et des politiques sectaires pro-Chiites des autorités d’occupation US. Cette perspective est historiquement myope, et aveugle à l’existence d’un militantisme islamiste sunnite depuis plusieurs dizaines d’années comme force politique signifiante au Levant. Dès l’instant où la Syrie obtint formellement son indépendance de la France après la Seconde Guerre Mondiale, dans les décennies qui suivirent au cours du vingtième siècle et jusqu’au siècle suivant, les forces antagonistes présentes en Syrie ont été le nationalisme arabe laïc et l’Islam politique. Comme l’écrivait le journaliste Patrick Cockburn en 2016, « l’opposition armée syrienne est dominée par Da’esh, al-Nusra et Ahrar al-Sham. » La « seule alternative à ce règne (du nationalisme arabe laïc) est celui des Islamistes. » [56] C’est depuis longtemps le cas.

    Finalement, il nous aura fallu en plus ignorer le fait que les stratèges US avaient projeté depuis 2003 – et peut-être aussi tôt qu’en 2001 – de contraindre Assad et son idéologie nationaliste arabe laïque à quitter le pouvoir, et financé depuis 2005 l’opposition syrienne – y compris des groupes affiliés aux Frères Musulmans. Donc, Washington avait œuvré au renversement du gouvernement Assad dans le but de dé-ba’athifier la Syrie. Une lutte de guérilla dirigée contre les nationalistes arabes laïcs de Syrie se serait déployée, que la réaction du gouvernement syrien à Deraa ait été excessive ou pas. La partie était déjà lancée, et il ne fallait plus qu’un prétexte. Deraa l’a fourni. Ainsi, l’idée selon laquelle l’arrestation de deux garçons à Deraa, pour avoir peint des graffitis anti-gouvernementaux sur un mur, ait pu enflammer un conflit de cette ampleur est aussi crédible que la notion accréditant l’embrasement de la Première Guerre Mondiale, en tout et pour tout à l’assassinat de l’Archiduc François-Ferdinand.

    La Syrie socialiste

    Le socialisme peut être défini de plusieurs façons, mais s’il peut l’être par l’exercice de la propriété publique sur les mécanismes de l’économie de pair avec une planification économique étatique, alors la Syrie selon ses Constitutions de 1973 et 2012 en remplit clairement les critères. Toutefois, la République Arabe Syrienne n’a jamais été un état socialiste prolétarien selon les catégories reconnues par les Marxistes. C’était plutôt un état arabe socialiste, inspiré par l’objectif de réaliser l’indépendance politique arabe et de surmonter l’héritage de sous-développement de la nation arabe. Les concepteurs de la Constitution voyaient le socialisme comme un moyen d’accomplir la libération nationale et le développement économique. « La marche vers l’établissement d’un ordre socialiste, » ont écrit les rédacteurs de la Constitution de 1973, est une « nécessité fondamentale pour mobiliser les potentialités des masses arabes dans leur lutte contre le Sionisme et contre l’impérialisme. » Le socialisme marxiste se préoccupait de la lutte entre une classe nantie exploitante et une classe laborieuse exploitée, tandis que le socialisme arabe situait le combat entre nations exploitantes et nations exploitées. Bien que ces deux socialismes différents opéraient en fonction de niveaux d’exploitation différents, ces distinctions n’avaient aucune importance pour les banques, les multinationales et les gros investisseurs occidentaux tandis qu’ils scrutaient le monde à la recherche de bénéfices à leur portée. Le socialisme travaillait contre les intérêts commerciaux du capital industriel et financier US, qu’il soit orienté vers la fin de l’exploitation de la classe laborieuse ou le dépassement de l’oppression impérialiste de groupes nationaux.

    Le socialisme ba’athiste irritait Washington depuis longtemps. L’état ba’athiste avait exercé une influence considérable sur l’économie syrienne par le biais d’entreprises nationalisées, de subventions données à des entreprises nationales privées, de limites imposées à l’investissement extérieur et de restrictions appliquées aux importations. Les Ba’athistes considéraient ces mesures comme les outils économiques indispensables d’un état post-colonial, s’appliquant à arracher sa vie économique aux griffes d’anciennes puissances coloniales et à cartographier une voie de développement libre de la domination d’intérêts étrangers.

    Les objectifs de Washington, cependant, étaient évidemment antinomiques. Washington ne voulait pas que la Syrie nourrisse son industrie et conserve énergiquement son indépendance, mais qu’elle serve les intérêts des banquiers et des gros investisseurs qui comptaient vraiment aux États-Unis en ouvrant les forces vives de la Syrie à l’exploitation, ainsi que son territoire et ses ressources naturelles à la propriété étrangère. Notre agenda, déclarait l’Administration Obama en 2015, « se concentre sur l’abaissement des tarifs [douaniers] pour les produits américains, l’effacement des barrières à nos biens et services, et à l’application de normes plus draconiennes pour niveler le terrain à l’avantage des entreprises américaines. » [57] Ce n’était guère un nouvel agenda, c’était celui de la politique étrangère US depuis des décennies. Damas ne rentrait pas dans le rang dicté par Washington, qui insistait pouvoir et vouloir « diriger l’économie mondiale. » [58]

    Les partisans de la ligne dure à Washington avaient vu Hafez al-Assad comme un Communiste arabe, [59] et les responsables US considéraient son fils Bachar comme un idéologue incapable de se résoudre à délaisser le troisième pilier du programme du Parti Socialiste Arabe Ba’as : le socialisme. Le State Department US se plaignait que la Syrie avait « échoué à rejoindre une économie mondiale de plus en plus interconnectée, » ce qui revenait à dire qu’elle avait échoué à abandonner ses entreprises nationalisées entre les mains d’investisseurs privés comprenant des intérêts financiers de Wall Street. Le State Department US exprimait également sa déception que « des raisons idéologiques » avaient empêché Assad de libéraliser l’économie syrienne, que « la privatisation des entreprises n’est toujours pas très répandue, » et que l’économie « demeure hautement contrôlée par le gouvernement. » [60] Clairement, Assad n’avait pas appris ce que Washington avait appelé « les leçons de l’histoire, » c’est-à-dire, que « les économies de marché, pas les économies entièrement planifiées par la lourde main du gouvernement, sont les meilleures. » [61] En rédigeant une Constitution qui mandatait que le gouvernement maintienne un rôle dans l’orientation de l’économie pour le bien des intérêts syriens, et que le gouvernement ne ferait pas travailler les Syriens pour les intérêts des banques, des multinationales et des investisseurs occidentaux, Assad affermissait l’indépendance de la Syrie contre l’agenda de Washington visant à « ouvrir les marchés et niveler le terrain à l’avantage des entreprises américaines… à l’étranger. » [62]

    En sus de tout cela, Assad a souligné son allégeance aux valeurs socialistes contre ce que Washington avait naguère défini comme « l’impératif moral » de la « liberté économique » [63] en inscrivant les droits sociaux dans la Constitution : sécurité contre la maladie, le handicap et la vieillesse ; accès aux soins médicaux ; éducation gratuite à tous les niveaux. Ces droits vont continuer à être gardés hors d’atteinte des législateurs et des politiciens, qui auraient pu les sacrifier sur l’autel de la création d’un climat de basse fiscalité, attractif pour les affaires des investisseurs étrangers. Affront supplémentaire à l’encontre de l’orthodoxie pro-business de Washington, la Constitution contraignait l’état à pratiquer une fiscalité progressive.

    Enfin, le dirigeant ba’athiste a inclus dans sa Constitution mise à jour une provision qui avait été introduite par son père en 1973, un pas vers une démocratie réelle et authentique – une provision que les preneurs de décisions à Washington, avec leurs légions de connexions aux monde de la banque et de l’industrie, ne pouvaient pas supporter. La Constitution exigeait qu’au moins la moitié des membres de l’Assemblée Populaire soit tirée des rangs de la paysannerie et du prolétariat.

    Si Assad est un néolibéral c’est certainement au monde, l’un des adeptes les plus singuliers de cette idéologie.

    Sécheresse ?

    Un dernier point sur les origines du soulèvement violent de 2011 : quelques sociologues et analystes ont puisé dans une étude publiée dans les minutes [Proceedings] de la National Academy of Sciences pour suggérer que « la sécheresse a joué un rôle dans les troubles syriens. » Selon ce point de vue, la sécheresse a « provoqué la perte de récoltes qui ont mené à la migration d’au moins un million et demi de personnes, des zones rurales aux zones urbaines. » Ceci, en conjonction avec l’afflux de réfugiés venant d’Irak, a intensifié la compétition dans un bassin d’emplois limité dans ces zones urbaines, faisant de la Syrie un chaudron de tension économique et sociale sur le point d’entrer en ébullition. [64] L’argument semble raisonnable, même « scientifique », mais le phénomène qu’il cherche à expliquer – un soulèvement de masse en Syrie – n’a jamais eu lieu. Comme nous l’avons vu, une revue de la couverture médiatique occidentale n’a révélé aucune référence à un soulèvement de masse. Au contraire, les journalistes qui s’attendaient à trouver un soulèvement de masse ont été surpris de n’en déceler aucun. À la place, les journalistes occidentaux ont trouvé que la Syrie était étonnamment calme. Les manifestations organisées par les administrateurs de la page Facebook « The Syrian Revolution 2011 » ont été des pétards mouillés. Des opposants concédaient qu’Assad était populaire. Les journalistes n’ont pu trouver personne croyant qu’une révolte était imminente. Même un mois après les incidents de Deraa – qui ont impliqué des centaines de manifestants, éclipsés par les dizaines de milliers de Syriens qui ont défilé à Damas pour soutenir le gouvernement – le correspondant du New York Times sur place, Anthony Shadid, ne parvenait à trouver en Syrie aucun des signes des soulèvements de masse qu’avaient vécu la Tunisie ou l’Égypte. Au début du mois de février 2011, « Omar Nashabe, un observateur et correspondant de longue date du quotidien arabe Al-Akhbar, basé à Beyrouth » disait à Time que « les Syriens souffrent sans doute de la pauvreté qui afflige 14% de la population combinée à un taux de chômage estimé à 20%, mais Assad conserve sa crédibilité. » [65]

    Que le gouvernement commandait le soutien populaire a été confirmé quand l’entreprise britannique YouGov publia un sondage fin 2011, qui montrait que 55% des Syriens désiraient qu’Assad reste au pouvoir. Le sondage ne récolta presque aucune mention dans les médias occidentaux, poussant le journaliste britannique Jonathan Steele à poser la question : « Imaginez qu’un sondage d’opinion respectable découvre que la majorité des Syriens préfère que Bachar al-Assad demeure au pouvoir, est-ce que cela ne serait pas une nouvelle importante ? » Steele décrivit les résultats du sondage comme « des faits incommodes » qui ont « été étouffés » parce que la couverture médiatique des événements en Syrie avait « cessé d’être juste » et s’était transformée en « arme de propagande ». [66]

    De beaux slogans en lieu et place de politique et d’analyse

    Draitser peut être déclaré fautif non seulement pour avoir propagé un argument établi par présomption ne reposant sur aucune preuve, mais aussi pour avoir remplacé la politique et l’analyse par l’émission de slogans. Dans son article du 20 octobre sur Counterpunch, « Syria and the Left : Time to Break the Silence » [La Syrie et la Gauche : Il est Temps de Rompre le Silence, NdT], il affirme que les objectifs devant définir la Gauche sont la quête de paix et de justice comme si c’étaient des qualités inséparables, ne se trouvant jamais en opposition. Que la paix et la justice puissent parfois être antithétiques est illustré dans la conversation qui suit, entre le journaliste australien Richard Carleton et Ghassan Kanafani, un écrivain, romancier et révolutionnaire palestinien. [67]

    C : Pourquoi ton organisation n’entame-t-elle pas des pourparlers de paix avec les Israéliens ?

    K : Tu n’entends pas vraiment « pourparlers de paix ». Tu veux dire capituler. Abandonner.

    C : Pourquoi ne pas simplement parler ?

    K : Parler à qui ?

    C : Parler aux dirigeants israéliens.

    K : C’est comme une espèce de conversation entre l’épée et le cou, c’est ça ?

    C : Hé bien, s’il n’y a aucune épée ni aucun fusil dans la pièce, tu pourrais toujours parler.

    K : Non. Je n’ai jamais vu de conversation entre un colonialiste et un mouvement de libération nationale.

    C : Mais malgré tout ça, pourquoi ne pas parler ?

    K : Parler de quoi ?

    C : Parler de la possibilité de ne pas se battre.

    K : Ne pas se battre pour quoi ?

    C : Ne pas se battre du tout. Pour quoi que ce soit.

    K : D’habitude, les gens se battent pour quelque chose. Et ils arrêtent de le faire pour quelque chose. Alors tu ne peux même pas me dire pourquoi, et de quoi nous devrions parler. Pourquoi devrions-nous parler d’arrêter de nous battre ?

    C : Parler d’arrêter de se battre pour faire cesser la mort et la misère, la destruction et la douleur.

    K : La misère et la destruction, la douleur et la mort de qui ?

    C : Des Palestiniens. Des Israéliens. Des Arabes.

    K : Du peuple palestinien qui est déraciné, jeté dans des camps, qui souffre de la faim, assassiné pendant vingt ans et interdit d’employer son propre nom, « Palestiniens » ?

    C : Pourtant, mieux vaut ça plutôt qu’ils soient morts.

    K : Pour toi, peut-être. Mais pas pour nous. Pour nous, libérer notre pays, avoir notre dignité, le respect, posséder simplement des droits humains est une chose aussi essentielle que la vie elle-même.

    Draitser n’explique pas les valeurs auxquelles devrait se consacrer la Gauche aux USA quand la paix et la justice sont en conflit. Son invocation du slogan « paix et justice » en tant que mission d’élection pour la Gauche US semble n’être rien de plus qu’une invitation faite aux gauchistes d’abandonner la politique pour s’embarquer plutôt sur une mission les vouant à devenir de « belles âmes » se situant au-delà des conflits sordides qui empoisonnent l’humanité – sans jamais prendre parti, hormis celui des anges. Son affirmation comme quoi « aucun groupe n’a à cœur les meilleurs intérêts de la Syrie » est presque trop stupide pour mériter un commentaire. Comment le saurions-nous ? L’on ne peut s’empêcher d’avoir l’impression qu’il croit qu’il sait, et avec lui la Gauche US, seuls parmi tous les groupes et tous les états du monde, ce qui est le mieux pour « le peuple syrien ». C’est peut-être pourquoi il annone que la responsabilité de la gauche US est vouée « au peuple de Syrie, » comme si le peuple de Syrie était une masse indifférenciée dotée d’intérêts et d’aspirations identiques. Les Syriens dans leur ensemblecomprennent à la fois les républicains laïques et les Islamistes politiques, qui possèdent des opinions irréconciliables sur la manière d’organiser l’état, et qui ont été enferrés dans une lutte à mort pendant plus d’un demi-siècle – lutte entretenue, du côté islamiste, par son propre gouvernement. Les Syriens dans leur ensemble comprennent ceux qui sont en faveur de l’intégration dans l’Empire US et ceux qui s’y opposent ; ceux qui collaborent avec les impérialistes US et ceux qui s’y refusent. De cette perspective, que signifie donc l’affirmation que la gauche US ait une responsabilité envers le peuple de Syrie ? Quel peuple de Syrie ?

    Je pensais que la responsabilité de la gauche US se situait auprès des travailleurs des États-Unis, pas du peuple de Syrie. Et je pensais pareillement que la Gauche US aurait considéré que parmi ses responsabilités figure la diffusion d’analyses politiques rigoureuses et fondées sur des preuves, démontrant comment les élites économiques US utilisent l’appareil d’état US pour faire progresser leurs propres intérêts aux dépens des populations, domestiquement et à l’étranger. Comment la longue guerre de Washington contre la Syrie affecte-t-elle la classe laborieuse aux USA ? C’est ce dont Draitser devrait parler.

    Mon livre, « La Longue Guerre de Washington contre la Syrie », paraîtra en avril 2017.

    Stephen Gowans

     

    Article original en anglais :

  • Lire absolument: We finally know what Hillary Clinton knew all along – US allies Saudi Arabia and Qatar are funding Isis - Patrick Cockburn
    http://www.independent.co.uk/voices/hillary-clinton-wikileaks-email-isis-saudi-arabia-qatar-us-allies-fun

    The Hillary Clinton email of August 2014 takes for granted that Saudi Arabia and Qatar are funding Isis – but this was not the journalistic or academic conventional wisdom of the day. Instead, there was much assertion that the newly declared caliphate was self-supporting through the sale of oil, taxes and antiquities; it therefore followed that Isis did not need money from Saudi Arabia and the Gulf. The same argument could not be made to explain the funding of Jabhat al-Nusra, which controlled no oilfields, but even in the case of Isis the belief in its self-sufficiency was always shaky.

    […]

    Going by the latest leaked email, the State Department and US intelligence clearly had no doubt that Saudi Arabia and Qatar were funding Isis. But there has always been bizarre discontinuity between what the Obama administration knew about Saudi Arabia and the Gulf states and what they would say in public.

  • Dans un mail d’août 2014 à John Podesta, Hillary Clinton considère que ce sont les gouvernements de l’Arabie séoudite et du Qatar qui fournissent un soutien financier et logistique clandestin à Daesh et aux autres groupes radicaux sunnites.
    https://wikileaks.org/podesta-emails/emailid/3774

    On Aug 17, 2014 3:50 PM, “H” <hrod17@clintonemail.com> wrote:

    Note: Sources include Western intelligence, US intelligence and sources in the region.

    […]

    4. Armed with proper equipment, and working with U.S. advisors, the Peshmerga can attack the ISIL with a coordinated assault supported from the air. This effort will come as a surprise to the ISIL, whose leaders believe we will always stop with targeted bombing, and weaken them both in Iraq and inside of Syria. At the same time we should return to plans to provide the FSA, or some group of moderate forces, with equipment that will allow them to deal with a weakened ISIL, and stepped up operations against the Syrian regime. This entire effort should be done with a low profile, avoiding the massive traditional military operations that are at best temporary solutions. While this military/para-military operation is moving forward, we need to use our diplomatic and more traditional intelligence assets to bring pressure on the governments of Qatar and Saudi Arabia, which are providing clandestine financial and logistic support to ISIL and other radical Sunni groups in the region. This effort will be enhanced by the stepped up commitment in the KRG. The Qataris and Saudis will be put in a position of balancing policy between their ongoing competition to dominate the Sunni world and the consequences of serious U.S. pressure. By the same token, the threat of similar, realistic U.S. operations will serve to assist moderate forces in Libya, Lebanon, and even Jordan, where insurgents are increasingly fascinated by the ISIL success in Iraq.

    Important (1) : c’est un mail d’août 2014, c’est-à-dire que c’est très « tardif », le califat a été proclamé trois semaines plus tôt, et la prise de Mossoul a eu lieu plus de deux mois auparavant. Surtout, les raids aériens de la « coalition arabo-occidentale » contre l’EI en Irak ont débuté un peu plus d’une semaine auparavant. Concernant le soutien à Daesh, H. Clinton n’écrit pas au passé, mais au présent (« which are providing… ») et au futur (« will be put in a position… »).

    Important (2) : Hillary Clinton cette fois n’accuse pas des individus ni le laxisme de ces gouvernements, mais désigne les gouvernements directement.

    Note : voir aussi le flux de @kassem hier :
    https://seenthis.net/messages/532509

  • Torture, imprisonment and killing – so what would it take for Bahrain to be criticised by Philip Hammond?
    Once considered one of the more liberal Arab monarchies, Bahrain is turning into a police state as vicious and arbitrary as Egypt

    Patrick Cockburn @indyworld Friday 8 July 2016 The Independent
    http://www.independent.co.uk/voices/bahrain-torture-imprisonment-killing-philip-hammond-human-rights-a712

    Bahrainis are calling their government’s intensified repression of all opposition “the Egyptian strategy”, believing that it is modelled on the ruthless campaign by the Egyptian security forces to crush even the smallest signs of dissent.

    In recent weeks leading advocates of human rights in Bahrain have been jailed in conditions directed at breaking them physically and mentally, while others, already in prison, have been given longer sentences. The Bahraini citizenship of Sheikh Isa Qasim, the spiritual leader of the Shia majority in Bahrain, was revoked and the headquarters of the main opposition party, al-Wifaq, closed and its activities suspended.

    Bahrain, once considered one of the more liberal Arab monarchies, is turning into a police state as vicious and arbitrary as anywhere else in the region. Mass protests demanding an end to the Sunni al-Khalifa dynasty’s monopoly of power during the Arab Spring period in 2011 were violently suppressed with Saudi military and financial help. The authorities agreed to an international investigation into what had happened that revealed widespread use of torture, unjust imprisonment and killings of protesters. Repression continued over the following five years but failed to eliminate entirely the protest movement, despite imprisoning at least 3,500 Bahrainis.

  • Confused about the US response to Isis in Syria? Look to the CIA’s relationship with Saudi Arabia - Patrick Cockburn
    http://www.independent.co.uk/voices/confused-about-the-us-response-to-isis-in-syria-look-to-the-cias-rela

    But the important point is that in the 20 years between 1996 and 2016, the CIA and British security and foreign policy agencies have consistently given priority to maintaining their partnership with powerful Sunni states such as Saudi Arabia, the Gulf monarchies, Turkey and Pakistan over the elimination of terrorist organisations such as al-Qaeda, al-Nusra, Isis and the Taliban.

    This contradiction between what is required to destroy the Salafi-jihadi Sunni fundamentalist networks and the need to maintain the alliance with these Sunni states goes a long way to explain the failure of the vastly expensive “War on Terror”. Commentators focus their criticism on Saudi Arabia and with good reason, but it was Pakistan that was crucial to the rise of the Taliban and Turkey to that of the extreme Islamists in Syria.

  • L’Angleterre et la France ont ouvert la voie à l’État islamique
    Patrick Cockburn| lundi 21 mars 2016 -
    http://www.info-palestine.eu/spip.php?article15955

    La capture de Salah Abdeslam, vraisemblablement l’unique survivant et planificateur du massacre de Paris, fait que les médias se concentre à nouveau sur la menace d’une attaque terroriste par l’État Islamique (EI). Des questions sont posées sur pourquoi l’homme le plus recherché en Europe a pu tromper la police si longtemps, alors qu’il se cachait dans le district même de Molenbeek à Bruxelles. La télévision et les journaux s’interrogent avec nervosité sur la possibilités que l’EI commette une autre atrocité, pour se replacer à la pointe de l’actualité et prouver qu’il est toujours opérationnel.

    Le reportage sur les événements à Bruxelles est du même tonneau que ceux réalisés après les attaques de janvier (Charlie Hebdo), de novembre à Paris, et les massacres sur les plages en Tunisie commis par l’EI l’année dernière. Pendant plusieurs jours il y a une couverture dominante dans les médias, avec beaucoup plus de temps et d’espace que ce qui est nécessaire pour relater tous les développements. Puis soudainement l’attention se déplace ailleurs et l’EI devient une histoire qui date, traitée comme si le mouvement avait cessé d’exister ou a au moins perdu sa capacité de nous nuire.

    Cela ne signifie en rien que l’EI a cessé de tuer des gens - et en grand nombre - depuis le massacre à Paris le 13 novembre... Cela veut juste dire qu’il ne le fait pas en Europe. J’étais à Bagdad le 28 février dernier quand deux attaquants-suicide de l’EI, sur des motos, se sont faits exploser sur un marché en plein air de téléphones portables à Sadr City, tuant 73 personnes et en blessant plus de 100.

    Le même jour, des dizaines de combattants de l’EI, montés sur des pick-up et équipés de mitrailleuses lourdes, ont attaqué des avant-postes de l’armée et de la police à Abu Ghraib, le site de la prison tristement célèbre à l’ouest de Bagdad. Il y a eu un premier assaut mené par au moins quatre attaquants-suicide, l’un d’entre eux conduisant un véhicule chargé avec des explosifs jusque dans la caserne, et les combat ont duré pendant des heures autour d’un silo de grain en feu.

    Le monde extérieur a à peine noté ces événements sanglants, parce qu’ils semblent faire partie de l’ordre naturel en Irak et en Syrie. Mais le nombre total d’Irakiens tués dans ces deux attaques - avec encore un autre double attentat-suicide sur une mosquée chiite dans le secteur de Shuala à Bagdad quatre jours plus tôt - était à peu près équivalent à celui des 130 personnes qui sont mortes à Paris, tuées par l’EI en novembre dernier.

    Il y a toujours eu une déconnexion dans l’esprit du public en Europe entre les guerres en Irak et en Syrie, et les attaques terroristes contre des Européens. C’est en partie parce que Bagdad et Damas sont vus comme des endroits exotiques et effrayants, et les images d’attaques à la bombe sont la norme depuis l’invasion américaine de 2003. Mais il y a une raison plus insidieuse pour laquelle les Européens ne prennent pas suffisamment en considération la relation entre les guerres a Moyen-Orient et la menace à leur propre sécurité.(...)

    traduction de l’article cité par @souriyam
    http://seenthis.net/messages/471827

    • Cette séparation dans les esprits est pour beaucoup dans l’intérêt des responsables politiques occidentaux, parce qu’elle signifie que le public ne voit pas que leurs politiques désastreuses en Irak, en Afghanistan, en Libye et aencore ailleurs, créent les conditions requises pour le développement de l’EI et pour des bandes terroristes du même type que celle à laquelle appartenait Salah Abdeslam..

      Les démonstrations émotionnelles officielles qui suivent généralement ces atrocités, telles que la marche de 40 leaders mondiaux dans une rue de Paris après la tuerie de Charlie Hebdo l’année dernière, contribuent à neutraliser n’importe quelle idée que les échecs politiques de ces mêmes responsables pourraient bien être à un certain degré responsables de ces atrocités.

      Alors que ce genre de marche est habituellement organisé par ceux qui sont privés de pouvoir, pour protester et afficher leur défi, dans ce cas précis ce n’est qu’un coup de pub pour détourner l’attention sur l’incapacité de ces dirigeants à agir effectivement et à faire cesser les guerres - qu’ils ont pour beaucoup contribuées à provoquer - au Moyen-Orient.

      Un aspect étrange de ces conflits est que les dirigeants occidentaux n’ont jamais eu à payer le moindre prix politique pour leur responsabilité dans cette violence, ou pour la poursuite de politiques qui la favorisent. L’EI est une puissance montante en Libye, quelque chose qui ne se serait pas produit si David Cameron et Nicolas Sarkozy n’avaient pas tout fait pour détruire l’État libyen en renversant Gaddafi en 2011.

  • Excellent article de Patrick Cockburn dans The Independent qui analyse la déconnexion médiatique et politique entre les affaires de terrorisme en Europe et les politiques étrangères occidentales qui ont favorisé ces phénomènes au Moyen-Orient (surtout) et ici (un peu), de l’Irak en passant par la Libye, le Yémen et la Syrie :
    http://www.independent.co.uk/news/world/politics/how-politicians-duck-the-blame-for-terrorism-a6942016.html

    There has always been a disconnect in the minds of people in Europe between the wars in Iraq and Syria and terrorist attacks against Europeans. This is in part because Baghdad and Damascus are exotic and frightening places, and pictures of the aftermath of bombings have been the norm since the US invasion of 2003. But there is a more insidious reason why Europeans do not sufficiently take on board the connection between the wars in the Middle East and the threat to their own security. Separating the two is much in the interests of Western political leaders, because it means that the public does not see that their disastrous policies in Iraq, Afghanistan, Libya and beyond created the conditions for the rise of Isis and for terrorist gangs such as that to which Salah Abdeslam belonged.

    Suit le détail par Cockburn de ces conflits, dans lesquels les dirigeants occidentaux portent une lourde responsabilité et qui ont permis l’aggravation de ces phénomènes terroristes :

    A strange aspect of these conflicts is that Western leaders have never had to pay any political price for their role in initiating them or pursuing policies that effectively stoke the violence. Isis is a growing power in Libya, something that would not have happened had David Cameron and Nicolas Sarkozy not helped destroy the Libyan state by overthrowing Gaddafi in 2011. Al-Qaeda is expanding in Yemen, where Western leaders have given a free pass to Saudi Arabia to launch a bombing campaign that has wrecked the country.

    Suit le témoignage de Balanche sur sa censure dans les médias qui se plaint d’un mc carthysme intellectuel :

    It is worth quoting at length Fabrice Balanche , the French cartographer and expert on Syria who now works for the Washington Institute for Near East Policy, about these misperceptions in France, although they also apply to other countries. He told Aron Lund of the Carnegie Endowment for International Peace: “The media refused to see the Syrian revolt as anything other than the continuation of revolutions in Tunisia and Egypt, at a time of enthusiasm over the Arab Spring. Journalists didn’t understand the sectarian subtleties in Syria, or perhaps they didn’t want to understand; I was censored many times.
    “Syrian intellectuals in the opposition, many of whom had been in exile for decades, had a discourse similar to that of the Iraqi opposition during the US invasion of 2003. Some of them honestly confused their own hopes for a non-sectarian society with reality, but others – such as the Muslim Brotherhood – tried to obfuscate reality in order to gain the support of Western countries.
    In 2011–2012, we suffered a type of intellectual McCarthyism on the Syrian question: if you said that Assad was not about to fall within three months, you would be suspected of being paid by the Syrian regime. And with the French Ministry of Foreign Affairs having taken up the cause of the Syrian opposition, it would have been in bad taste to contradict its communiqués.
    By taking up the cause of the Syrian and Libyan opposition and destroying the Syrian and Libyan states, France and Britain opened the door to Isis and should share in the blame for the rise of Isis and terrorism in Europe. By refusing to admit to or learn from past mistakes, the West Europeans did little to lay the basis for the current, surprisingly successful “cessation of hostilities” in Syria which is almost entirely an US and Russian achievement.
    Britain and France have stuck close to Saudi Arabia and the Gulf monarchies in their policies towards Syria. I asked a former negotiator why this was so and he crisply replied: “Money. They wanted Saudi contracts.”

  • Quelques réactions à l’article de Goldberg #Obama_doctrine qui a été perçu par certains comme l’expression publique de la doctrine stratégique d’Obama pour les quelques mois restant de la fin de son mandat :
    http://www.theatlantic.com/magazine/archive/2016/04/the-obama-doctrine/471525

    A noter, par exemple un article de Patrick Cockburn dans The Independent titré « Comment Barack Obama a tourné le dos à l’Arabie saoudite et à ses alliés sunnites » manifestement content du tournant que cela semble annoncer dans la politique étrangère américaine :
    http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/barack-obama-saudi-arabia-us-foreign-policy-syria-jihadism-isis-a6927

    Commentators have missed the significance of President Barack Obama’s acerbic criticism of Saudi Arabia and Sunni states long allied to the US for fomenting sectarian hatred and seeking to lure the US into fighting regional wars on their behalf. In a series of lengthy interviews with Jeffrey Goldberg published in The Atlantic magazine, Mr Obama explains why it is not in the US’s interests to continue the tradition of the US foreign policy establishment, whose views he privately disdains, by giving automatic support to the Saudis and their allies.

    Et la conclusion :

    It will become clearer after November’s presidential election how far Obama’s realistic take on Saudi Arabia, Turkey, Pakistan and other US allies and his scepticism about the US foreign policy establishment will be shared by the new administration. The omens are not very good since Hillary Clinton supported the invasion of Iraq in 2003, intervention in Libya in 2011 and bombing Syria in 2013. If she wins the White House, then the Saudis and the US foreign policy establishment will breathe more easily.

    Et puis une réaction pour le moins agacée, celle du prince Turki bin Faysal, en personne, ancien chef des services de renseignement saoudiens et ex-ambassadeur de l’A.S. aux USA qui proteste de sa fidélité comme allié des USA et de la lutte implacable des saoudiens contre le terrorisme et tout ça et tout ça puisqu’il a armé les « combattants de la liberté » qui luttent contre Da’ich :
    http://www.arabnews.com/news/894826

    No, Mr. Obama. We are not “free riders.” We shared with you our intelligence that prevented deadly terrorist attacks on America.
    We initiated the meetings that led to the coalition that is fighting Fahish (ISIL), and we train and fund the Syrian freedom fighters, who fight the biggest terrorist, Bashar Assad and the other terrorists, Al-Nusrah and Fahish (ISIL). We offered boots on the ground to make that coalition more effective in eliminating the terrorists.
    We initiated the support — military, political and humanitarian — that is helping the Yemeni people reclaim their country from the murderous militia, the Houthis, who, with the support of the Iranian leadership, tried to occupy Yemen; without calling for American forces. We established a coalition of more than thirty Muslim countries to fight all shades of terrorism in the world.
    We are the biggest contributors to the humanitarian relief efforts to help refugees from Syria, Yemen and Iraq. We combat extremist ideology that attempts to hijack our religion, on all levels. We are the sole funders of the United Nations Counter-terrorism Center, which pools intelligence, political, economic, and human resources, worldwide. We buy US treasury bonds, with small interest returns, that help your country’s economy.

    Avec un jeu de mots « Da’ish »/"fahish" ("obscène" ai-je trouvé, mais les arabisants me corrigeront).

  • Saudi Arabia offers to send ground troops to Syria to fight Isis | World news | The Guardian

    http://www.theguardian.com/world/2016/feb/04/saudi-arabia-ground-troops-syria-fight-isis

    Saudi sources told the Guardian that thousands of special forces could be deployed, probably in coordination with Turkey

    Syrian government troops fire at Isis group positions near Mahin, Syria. Photograph: AP

    Ian Black Middle East editor
    @ian_black

    Thursday 4 February 2016 20.06 GMT
    Last modified on Thursday 4 February 2016 20.07 GMT

    Saudi Arabia has offered for the first time to send ground troops to Syria to fight Islamic State, its defence ministry said on Thursday.

    “The kingdom is ready to participate in any ground operations that the coalition (against Isis) may agree to carry out in Syria,” said military spokesman Brigadier General Ahmed al-Asiri during an interview with al-Arabiya TV news.

    #arabie_saoudite #syrie #ei #is #isis

    • Très sceptique sur les capacités militaires des forces, même spéciales, des Saoudiens. J’imagine que l’apport serait surtout financier et en termes de couverture politique.
      Reste que cela relance l’idée qu’il y a dans les cartons d’Erdogan un plan d’invasion du nord de la Syrie.
      Sur le site de l’influent think tank WINEP on trouvait déjà évoqué, il y a peu, un plan américano-turc pour contenir le PYD en prenant du territoire à Da’ich :
      http://seenthis.net/messages/450143
      Patrick Cockburn, il y a quelques jours, se demandait dans The Independent si Erdogan, étant ce qu’il est, ne serait pas tenté par un tel coup de force - avec ou sans l’aval de Washington -, malgré son caractère désormais extrêmement risqué, voire apocalyptique :
      http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/syrian-civil-war-could-turkey-be-gambling-on-an-invasion-a6844171.htm

      Il se pourrait bien que ce soit ce genre d’espérances, parmi d’autres et fondées ou pas, qui a fait que l’opposition de Ryadh s’est fait un devoir de multiplier les conditions à Genève, malgré la dynamique négative sur le terrain militaire pour eux. Question posée ici par : @nidal : http://seenthis.net/messages/455545#message455976

    • Et le point de vue de Pepe Escobar sur la question :
      http://seenthis.net/messages/457872

      Comme si les choses n’étaient pas assez confuses, tous ces think tanks formant le royaume du baratin aux USA nous rabâchent maintenant qu’il y a une entente entre Washington et Ankara pour ce qui sera, à toutes fins utiles, une invasion turque au nord de la Syrie, sous le prétexte d’écraser Daesh au nord d’Alep.
      C’est de la foutaise. Le jeu d’Ankara comprend trois volets : soutenir ses mandataires turkmènes lourdement meurtris ; assurer le maintien des activités dans le corridor menant à Alep (où passe la cruciale autoroute djihadiste liant la Turquie à la Syrie) ; et surtout empêcher par tous les moyens les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) de relier Afrin à Kobané et d’unir ainsi les trois cantons des Kurdes syriens à proximité de la frontière turque.
      Tout cela n’a rien à voir avec la lutte contre Daesh. Le plus dingue, c’est que Washington aide actuellement les Kurdes syriens en leur fournissant un appui aérien. Le Pentagone doit ou bien soutenir les Kurdes syriens, ou bien soutenir Erdogan dans son invasion du nord de la Syrie. La schizophrénie n’a pas sa place ici.
      Un Erdogan au désespoir pourrait être assez cinglé pour affronter l’Armée de l’air russe pendant sa supposée invasion. Poutine a dit officiellement que la réponse à toute provocation sera immédiate et fatale. Pour couronner le tout, les Russes et les Américains coordonnent maintenant leurs sorties aériennes au nord de la Syrie.

    •  :)

      Balanche, lui, semble se faire l’avocat d’un envoi de troupes occidentales au sol, pour éviter une escalade turco-russe :
      http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/the-struggle-for-azaz-corridor-could-spur-a-turkish-interventio

      TURKISH INTERVENTION?

      The Azaz corridor holds major strategic importance for Turkey, but will that be enough to spur direct intervention? If the corridor falls and Ankara fails to respond, rebel groups would interpret it as a sign of weakness, while the international community would view it as capitulation to Russia. With the Azaz border link closed, Russia could then help the Syrian army and its Shiite allies lock other Turkish crossing points between Bab al-Hawa and Jisr al-Shughour, effectively putting the entire province of Idlib in a net. This would mean a near total defeat for Ankara’s Syria policy. And if the corridor’s fall were accompanied by ethnic cleansing of the area’s large Turkmen population (who are ethnic kinsmen of the Turks) or IS violence against civilians, Turkish public opinion would be further riled up.

      Does Putin underestimate Turkey’s offensive capacity? Thus far, the Turkish army has refused to send ground troops into Syria; the National Intelligence Organization (MIT) is the agency in charge of Turkish operations there. Russia’s presence will remain the main deterrent to large-scale Turkish intervention, though Ankara would likely escalate indirectly to prevent the corridor’s fall. Then again, Putin may well want Turkey to intervene directly against the PYD, since that could force the Kurdish group to join the Russian alliance and deprive the West of its only efficient actor on the ground against IS. To avoid this disaster, Western countries should send ground troops to occupy strategic locations such as Azaz and fight IS directly.
      The Azaz corridor may or may not fall, but the bigger U.S.-Turkish goal remains securing the Marea-Jarabulus corridor from IS, and any future Azaz-Jarabulus corridor if Azaz falls to the group. In other words, if the corridor is overrun, broader US-Turkish policy in this area (backed by allies from Incirlik) would essentially become two steps forward, one step back.

    • @gonzo : ça renvoie à ta remarque sur le nouveau « statut » des chercheurs devenus militants/lobbyistes, qui se mettent à dire où et quand, à leur avis, il serait bon que nous bombardions. Si ces « experts » se mettaient à expliquer qui et quoi bombarder en Israël, où quelle partie de la Galilée il faudrait occuper stratégiquement, je ne doute pas qu’on se hâterait de les rappeler à un peu plus de sérieux dans leur travail académique.

      Mais p’têt que c’est ce qui est demandé quand on rejoint le WINEP (des conseils de trucs à occuper dans le monde arabe).

    • J’espère ne pas couper cette discussion qui s’amorce - ou plutôt reprend -, et m’intéresse, sur la question du statut des chercheurs.
      En incise donc, les déclarations officielles russes sur les suspicions de préparatifs d’invasion, les dénégations turques, et les Américains qui bottent en touche :
      http://edition.cnn.com/2016/02/04/middleeast/turkey-russia-syria-invasion-denial

      Turkish forces aren’t preparing to invade northern Syria — and Russia’s allegation that they are is an attempt to hide Moscow’s crimes in the war-ravaged nation, a source within the Turkish Prime Minister’s office told CNN on Thursday.
      “Simply they are diverting attention from their attacks on civilians as a country already invading Syria,” the source told CNN. “Turkey has all the rights to take any measures to protect its own security.”
      The comments come after Maj. Gen. Igor Konashenkov was quoted by Russian state news agency Ria Novosti as saying Moscow believes some activity on the Turkish side of the border with Syria indicates preparations for an incursion.
      “The signs of hidden preparation of Turkish armed forces for activities in the territory of Syria we notice more and more,” the general said.
      When asked about the Russian claim at a media briefing, John Kirby, a spokesman for the U.S. State Department, said: “I’m not certainly not going to get up here and speak to what the Turks are doing on that border on any given day.”

    • @Souriyâm @Nidal, c’est vrai qu’on marche encore et toujours sur des oeufs dès qu’il s’agit de Syrie mais l’intensité du barrage médiatique, quoi qu’on pense de ce p. de régime, est tout de même extraordinaire... Cela étant, je me demande vraiment comment les Turcs peuvent envisager d’entrer en Syrie, avec un soutien aussi flanchant que celui des USA et de l’Otan, et avec les Russes qui seraient assez heureux de venger l’affront subi avec leur pilote (et peut-être plus si ce qui se raconte sur l’avion dans le Sinaï est vrai). En même temps, mais je ne suis pas expert militaire, je ne sais pas si leur dispositif est adapté à ce type d’affrontement. En tout cas, si je ne vais pas pleurer pour les milliers de mercenaires, je voudrais bien espérer que le pire ne va pas arriver aux derniers « fidèles de la révolution syrienne » dont les Turcs vont faire tout ce qui est en leur pouvoir pour jouer les dernières cartes qui leur restent, à savoir fermer leur frontière pour justifier une éventuelle action internationale. Le montage médiatique a déjà commencé, il suffit de lire l’Orient-Le Jour pour le comprendre... Et l’expérience de Kobané, et de toute la guerre, aurait dû montrer aux plus lucides des « purs » qu’il ne fallait pas attendre beaucoup de soutiens désintéressés... Et comme on sait que le régime syrien va se faire un plaisir de donner la plus cruelle leçon possible aux « mutins », dans la bonne tradition familiale, l’avenir s’annonce très rose... Une diplomatie intelligente consisterait à soutenir à fond l’opposition interne, Manaa et Cie, seuls capables de minorer, au moins un tout petit peu, la répression qui s’annonce, ce que les Russes (et peut-être aussi les Iraniens) ne verraient pas forcément d’un mauvais oeil. Mais pour cela, il faudrait être intelligent, et surtout pragmatique. Je ne suis pas certain que Fabius soit l’homme de ce défi-là sur la Syrie en tout cas.

    • @gonzo : Pas grand chose à redire à ça, y compris sur le "p. de régime". Grosso modo sur la même ligne. Quelques remarques complémentaires comme hypothèses de prospective.

      Pour les Turcs et les Saoudiens il y a deux problèmes :
      1° - la tentative du régime et de ses alliés de fermer entièrement la frontière turco-syrienne au nord-ouest. Maintenant que la poche d’Azaz, avec son poste de Bab al-Salam, est isolée du reste des provinces d’Alep et de la province d’Idlib, il ne reste plus que le poste-frontière de Bab al-Hawa. Il existe certainement d’autres lieux de passage mais de moins grande ampleur et beaucoup plus incommode. Si cette tentative venait à réussir, non seulement Alep-est est menacée d‘encerclement mais aussi tous les gains obtenus en 2015 (Idlib, Jisr al-Shoughour, ...) par la coalition Jaysh al-Fatah qu’ils ont montée avec le Qatar. La conséquence serait une disparition complète de ces deux pays de l’équation syrienne.

      2° - La question de ce que deviendra le territoire syrien tenu par Da’ich à l’est. Sans que personne ne le remarque formellement, tout le monde parle et agit en ce moment comme s’ils considéraient qu’à terme il est destiné à disparaître de la région, au moins comme proto-Etat. On sait que les Turcs ne veulent pas voir le YPG kurde et leurs alliés au sein des SDF prendre la bande au nord que Da’ich tient et relier l’ensemble de leurs zones de contrôle. L’autre peur est qu’une fois la frontière nord-ouest sécurisée, l’effort du régime et de ses alliés ne se porte beaucoup plus massivement sur Da’ich en choisissant de laisser subsister des poches « rebelles » au nord-ouest - des chaudrons comme on dit à l’est de l’Ukraine - que l’armée syrienne réduirait au fil du temps, par exemple Idlib voire l’est d’Alep (Jisr al-Shoughour me paraissant, par sa position, plus stratégique qu’Idlib). Impossible alors de s’opposer à ces combats et à terme à la victoire complète du régime.
      Comment justifierait-on devant les opinions publiques occidentales les condamnations du régime et des opérations russes contre Da’ich au profit de « rebelles » qui ne le combattent pas, pour éviter cette victoire totale ? Comment éviter que le YPG ne passe entièrement dans l’orbite russe et ne devienne clairement l’allié du régime (Saleh Muslim avait déjà fait une proposition en ce sens évoquée ici) ? Comment à ce moment là la Turquie pourrait-elle envisager de s’ingérer directement pour écarter les options arrangées entre le régime et le YPG, qu’elles refusent à sa frontière, à part en se remettant directement à soutenir à Da’ich, alors que le contexte international s’y prête de moins en moins ?

      Conclusion :
      A - soit la Turquie tente un coup militaire insensé maintenant au nord-ouest - soit dans la poche d’Azaz, soit côté province d’Idlib - pour écarter le risque immédiat n°1 en profitant et organisant la mise en scène médiatique des souffrances des civils pour prétendre y créer une zone refuge (vieille idée du safe haven façon Benghazi). Il n’est pas sûr que les USA suivent et les machins militaires russes Sukhoï 35, S-400, … ont l’air d’être assez dissuasifs pour qui que ce soit de sensé…
      Un coup moins risqué serait peut-être l’envoi de missiles anti-aériens portatifs (façon afghane avec les Stinger) dans le cadre d’une nouvelle intensification de l’aide à Jaysh al-Fatah avec les Saoudiens.
      B – soit la Turquie abandonne l’idée de s’opposer autrement que par la parole au risque n°1 et s’organise avec les Saoudiens et leur « coalition islamique », en essayant d’y entraîner les USA, pour mettre des « boots on the ground » au nord-est, chez Da’ich, afin de rester dans l’équation syrienne et écarter au moins le risque n°2. C’est aussi très risqué mais les Russes auront plus de mal à s’y opposer.
      C - Soit ils reconnaissent leur défaite et soutiennent un vrai processus de négociations. Mais je n’y crois pas trop.

  • Iran nuclear deal leaves Tehran looking stronger as so many of its neighbours fall apart - Patrick Cockburn
    http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/iran-nuclear-deal-leaves-tehran-looking-stronger-as-so-many-of-its-ne

    In 2011 the West, led by the US and Sunni states, saw the popular uprisings throughout the Arab world as a chance to get rid of regimes with whom they were at odds. The war in Syria was an opportunity to weaken Iran by eliminating its biggest ally in the Arab world, but instead the war, and likewise that in Yemen, may end up doing more damage to Iran’s rivals such as Saudi Arabia, Turkey and the Gulf monarchies.

  • The most dangerous man in the world ? | Voices | The Independent

    http://www.independent.co.uk/voices/the-most-dangerous-man-in-the-world-a6803191.html

    When Mohammed bin Salman was just 12 he began sitting in on meetings led by his father Salman, the then governor of Saudi Arabia’s Riyadh Province. Some 17 years later, at 29 and already the world’s youngest defence minister, he plunged his country into a brutal war in Yemen with no end in sight.

    #arabie_saoudite

    • Toujours sur The Independent et sur le même Mohammed bin Salman, rhabillé pour l’hiver :
      Prince Mohammed bin Salman : Naive, arrogant Saudi prince is playing with fire par Patrick Cockburn :
      http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/prince-mohammed-bin-salman-naive-arrogant-saudi-prince-is-playing-wit

      At the end of last year the BND, the German intelligence agency, published a remarkable one-and-a-half-page memo saying that Saudi Arabia had adopted “an impulsive policy of intervention”. It portrayed Saudi defence minister and Deputy Crown Prince Mohammed bin Salman – the powerful 29-year-old favourite son of the ageing King Salman, who is suffering from dementia – as a political gambler who is destabilising the Arab world through proxy wars in Yemen and Syria.
      Spy agencies do not normally hand out such politically explosive documents to the press criticising the leadership of a close and powerful ally such as Saudi Arabia.