person:patrick deville

  • Le tour de la France par un vieil enfant - En attendant Nadeau

    https://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/09/06/taba-taba-deville

    Tout commence en 1860, l’année que Patrick Deville croit avoir vécue, point de départ d’une Histoire mondiale qui traverse l’Amérique centrale, le Mexique, l’Afrique et la péninsule indochinoise. On perce le canal de Suez, on songe à celui qui traversera l’Amérique centrale. C’est aussi le point de départ de l’histoire familiale, que raconte le romancier dans Taba-Taba.
    Patrick Deville, Taba-Taba. Seuil, coll. « Fiction et Cie », 448 p., 20 €
    Minuit. Points, coll. « Signatures », 560 p., 12 €

    « Taba-Taba » : cela revient comme une mélopée dans la bouche d’un malade, au lazaret de Mindin où vit, doublement enfermé, un enfant gracile, opéré de la hanche. Ce garçon tyrannique, c’est l’auteur-narrateur du roman, alias « le chevalier noir ». Emprisonné dans son corset, Patrick Deville lit ; c’est tout ce qu’il peut faire. Cela l’a rendu hypermnésique. Un avantage pour la suite.

    #littérature

  • Modiano, nouveau « contemporain capital »

    http://www.lemonde.fr/livres/article/2017/10/25/modiano-nouveau-contemporain-capital_5205806_3260.html

    Le Prix Nobel de littérature 2014 n’a pendant longtemps guère été pris au sérieux. Cela a bien changé, et il est même désormais une figure tutélaire pour de nombreux auteurs

    Vous rappelez-vous ce numéro historique d’« Apostrophes » ? Ce vendredi soir de janvier 1980, Bernard Pivot présente à Romain Gary un jeune invité surprise : Patrick Modiano. Gary dit son plaisir de rencontrer le « Saint-John Perse du roman », dont il apprécie les livres. « Et Modiano, demande Pivot, vous êtes lecteur de Gary ? » L’auteur de Rue des Boutiques obscures (Prix Goncourt 1978) modianise : « Oui, bien sûr, quand on le lit on est un peu comme, on ne sait pas très bien, et puis après, disons que, surtout quand ça nous rappelle, non, parce que les livres, enfin, c’est une sorte de, et alors c’est un peu comme si, enfin, tout cela est, comment dire, bizarre. »

    Savoureux tête-à-tête entre deux écrivains aujourd’hui considérés comme des monuments. François-Henri Désérable le rapporte avec précision dans Un certain M. Piekielny (Gallimard, 2017), son excellente enquête sur les traces de Gary et d’un de ses plus attachants personnages. Après sa parution, en août, plusieurs lecteurs lui ont confié combien cet « Apostrophes » avait laissé en eux un souvenir puissant. D’autres lui ont demandé où l’on pouvait visionner cette archive exceptionnelle. Déception : le face-à-face n’a jamais eu lieu. « Je n’en ai pas eu l’idée et c’est l’un de mes regrets les plus vifs. Une faute professionnelle ! », a reconnu Bernard Pivot, bon joueur, dans Le Journal du dimanche. Bonheur : cette émission de rêve, Désérable l’a créée de façon époustouflante, bien qu’il soit trop jeune pour avoir jamais suivi « Apostrophes » en direct.

    En 1924, l’écrivain André Rouveyre avait hissé André Gide au rang de « contemporain capital ». Depuis, le titre a été attribué à bien des auteurs, dont André Malraux ou Georges Perec. Il pourrait à présent être appliqué avec justesse à Patrick Modiano, tant l’auteur de La Place de l’Etoile (Gallimard, 1968) est devenu une référence majeure pour les écrivains d’aujourd’hui. Un phénomène particulièrement net dans les livres sortis ces derniers mois.

    Longtemps, Modiano a été considéré comme un auteur facile, un peu enfermé dans son obsession pour l’Occupation et les collabos. L’Université française le regardait de haut, et les premiers travaux solides sur son œuvre sont surtout venus de chercheurs anglo-saxons. La publication de Dora Bruder (Gallimard, 1997) et le retentissement de cette enquête sur une jeune fille inconnue assassinée à Auschwitz, puis le choc de son atypique autobiographie Un pedigree (Gallimard, 2005), ont changé la donne. Peu à peu, cet écrivain si à part a été pris au sérieux. Un mouvement consacré en 2014 par le prix Nobel de littérature.

    Désormais, Modiano figure logiquement dans les ouvrages d’histoire littéraire, comme la monumentale biographie d’Emmanuel Berl dans laquelle Olivier Philipponnat et Patrick Lienhardt détaillent la relation entre le vieil historien apparenté à Proust et l’écrivain débutant qui vient l’interroger dans son appartement du Palais-Royal (Emmanuel Berl. Cavalier seul, Vuibert, « Biographie », 498 p., 27 €).

    Mais il est aussi choisi comme figure tutélaire par de nombreux auteurs partis sur les traces d’une silhouette difficile à saisir. Marie Van Goethem, le modèle de Degas, « était devenue ma Dora Bruder », écrit Camille Laurens dans La Petite Danseuse de quatorze ans (Stock). « La lecture de Patrick Modiano m’accompagnait, ses phrases sues par cœur », ajoute-t-elle. Marie Charrel cite également Dora Bruder en exergue de son enquête sur la peintre Yo Laur (Je suis ici pour vaincre la nuit, Fleuve).

    François-Henri Désérable ne dit pas autre chose : « Modiano fait partie de ces quelques écrivains qui figurent dans mon panthéon personnel, confie-t-il. Au départ, j’ai voulu faire avec Piekielny ce qu’il a fait avec Dora Bruder : sortir son nom de l’oubli. Dora Bruder est donc en quelque sorte l’hypotexte d’Un certain M. Piekielny. »

    Sous la plume de Désérable et de quelques autres, Patrick Modiano devient à présent lui-même un personnage de roman, reconnaissable à son grand corps, ses promenades dans Paris, sa parole hésitante, ses silences. Dans Taba-Taba (Seuil), Patrick Deville dépeint son apparition soudaine rue de Rennes, comme une hallucination : « Il traversait la rue, vêtu d’un long manteau marron, si grand qu’une femme qui l’accompagnait semblait très petite à son côté. J’entendais ses souliers ferrés sur le trottoir. » Il se trouve aussi au centre du Déjeuner des barricades, de Pauline Dreyfus (Grasset, 234 p., 19 €), récit de l’épique journée de mai 1968 durant laquelle le jeune prodige reçoit son premier prix littéraire dans un hôtel de luxe paralysé par la grève générale. C’est encore lui que la dessinatrice Catherine Meurisse croque dans le recueil Franceinfo : 30 ans d’actualité (Futuropolis, 328 p., 29 €). Acclamé telle une star par une foule en liesse rassemblée sur les Champs-Elysées à l’occasion du Nobel, il balbutie : « Heu… Oui… Eh bien… C’est-à-dire que… »

    L’étape suivante se dessine déjà. Grâce au Nobel, l’aura de Modiano a commencé à dépasser la France. José Carlos Llop, le « Modiano espagnol », parle longuement de « son vaste catalogue de pertes, disparitions et faux passeports » dans Reyes de Alejandría (Alfaguara). L’Australien Barry Jones lui consacre plusieurs pages de The Shock of Recognition (Allen & Unwin). Quant à la très littéraire chanteuse américaine Patti Smith, qui représentait Bob Dylan à Stockholm pour la remise du Nobel de ce dernier, en 2016, elle décrit dans Devotion (Yale University Press) un Modiano capable de traverser tout Paris à la recherche d’un escalier perdu. Modianesque à souhait.

  • #Viva

    En brefs chapitres qui fourmillent d’anecdotes, de faits historiques et de rencontres ou de coïncidences, Patrick Deville peint la fresque de l’extraordinaire bouillonnement révolutionnaire dont le #Mexique et quelques-unes de ses villes (la capitale, mais aussi #Tampico ou #Cuernavaca) seront le chaudron dans les années 1930.

    Les deux figures majeures du roman sont #Trotsky, qui poursuit là-bas sa longue fuite et y organise la riposte aux procès de Moscou tout en fondant la IVe Internationale, et #Malcolm_Lowry, qui ébranle l’univers littéraire avec son vertigineux Au-dessous du volcan. Le second admire le premier : une #révolution politique et mondiale, ça impressionne. Mais Trotsky est lui aussi un grand écrivain, qui aurait pu transformer le monde des lettres si une mission plus vaste ne l’avait pas requis.

    On croise #Frida_Kahlo, #Diego_Rivera, #Tina_Modotti, l’énigmatique B. #Traven aux innombrables identités, ou encore #André_Breton et #Antonin_Artaud en quête des #Tarahumaras. Une sorte de formidable danse macabre où le génie conduit chacun à son tombeau. C’est tellement mieux que de renoncer à ses rêves.

    http://www.seuil.com/ouvrage/viva-patrick-deville/9782021135961

    –-> on en a parlé ce soir sur « En direct de Mediapart », et je me disais que des seenthisiens pouvaient être intéressés

    #livre

  • BHL encaisse un « sku(r)de » -

    http://www.rojbas.org/2016/06/02/bhl-encaisse-skurde

    L’ancien-nouveau “philosophe” à la chemise blanche fendue jusqu’à l’âme, a encaissé la semaine dernière un “sku(r)de” ou sévère camouflet détonnant dans les locaux de la toute nouvelle “représentation du Rojava en France” (Kurdistan de Syrie), en se pointant à l’esbrouffe et sans y être invité à l’inauguration de cette pré-ambassade à Paris des combattants Kurdes syriens contre Daech.
    150 invités dont plusieurs personnalités -Bernard Kouchner, les écrivains Pascal Bruckner et Patrick Deville, le géopolitotogue Gérard Chaliand pour ne citer qu’eux- avaient répondu à l’invitation conjointe du grand ordonnateur de l’évènement, l’écrivain-aventurier Patrice Franceschi (auteur de “mourir pour Kobané”) et très impliqué dans la cause des combattants kurdes du Rojava où il se rend régulièrement, et du PYD (parti de l’Union démocratique) kurde, branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) d’Abdullah Öcalan..
    Mais le Malraux du pauvre, quant à lui (qui vient de commettre un documentaire tout à sa propre gloire sur les Peshmergas d’Irak de Massoud Barzani, les cousins ennemis du PKK), n’avait évidemment pas reçu de bristol, compte tenu de toutes les casseroles et lessiveuses qu’il trimbale au long de son itinéraire erratique et égocentré.

    • https://blogs.mediapart.fr/patrick-gabriel/blog/010616/bhl-encaisse-un-skurde-0

      « Que venez-vous faire ici ? Vous n’êtes pas invité ! »
      Bhl, blanc comme une cuvette de lavabo et peu habitué à être morigéné de la sorte en public, a risqué pour tenter de se justifier de sa présence incongrue : « je viens de faire un film documentaire sur les Kurdes d’Irak…. »
      "Moi je m’occupe des Kurdes de Syrie !" a répondu fermement Patrice Franceschi qui a confié plus tard, « comme d’habitude, il a débarqué pour se faire valoir…. »

      Après quelques minutes, l’ex-maoïste copain de Sarkozy a taillé piteusement la route et refranchi sans un mot et toute honte bue la porte pallière.