person:patrick font

  • Patrick Font est mort ce matin à l’âge de 77 ans comme Jacques Higelin.
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/04/06/97001-20180406FILWWW00209-l-humoriste-et-chansonnier-patrick-font-est-mort.
    L’humoriste et chansonnier #Patrick_Font est mort ce matin à l’âge de 77 ans à l’hôpital de Chambéry, des suites d’une longue maladie du foie, a révélé son ami de scène, l’homme de théâtre Daniel Gros.

    https://www.youtube.com/watch?v=dH0Wmqyc3Rw

    • Gamin, mes parents m’emmenaient à la Fête du PSU. Je ne comprenais pas tout ce qui s’y passait, mais je me souviens très bien d’avoir vu, la même année, Font et son comparse dont on ne prononce pas le nom, et le grand Jacques Higelin... La nécro du Figaro est lapidaire, je suppose qu’il y aurait plus à dire...

  • « J’essaie de me rassurer en me disant que les gens pleurent davantage l’assassinat d’une partie de leur enfance (RécréA2) qu’un torchon réac »
    http://esquisses.clochix.net/2015/01/10/Charlie

    J’espérais me débarrasser de mon malaise en 140 caractère et pouvoir retourner à mon code, mais comme je vois que tout le monde a retrouvé aujourd’hui le mode d’emploi de son carnet, je m’en voudrais de ne pas apporter ma voix à la cacophonie.
    Les histoires d’A…

    J’ai commencé à acheter Charlie Hebdo et le Canard Enchainé un mercredi matin au printemps 1994. Une élection approchant, j’avais décidé de m’intéresser un peu à la politique. Je n’ai plus la moindre idée de pourquoi mon choix s’est porté sur ces deux titres. Je leur ai de ce jour été fidèle tous les mercredis pendant des années.

    J’ai acheté Charlie pour la dernière fois le 17 janvier 2001, date du mythique éditorial de Philippe Val décrivant les internautes comme « des tarés, des maniaques, des fanatiques, des mégalomanes, des paranoïaques, des nazis, des délateurs, qui trouvent là un moyen de diffuser mondialement leurs délires, leurs haines, ou leurs obsessions ».

    Entre les deux… Charlie a très largement contribué à l’éclosion de ma conscience politique. Je suis à peu près sûr que c’est grâce à lui que j’ai découvert les contacts qui m’ont mis sur la voie d’une grosse décennie de militantisme politique. Une vrai histoire d’amour qui s’est mal finie. À mesure que je me formais une conscience, les leçons serinées par Val à longueur d’édito me paraissaient de plus en plus pesantes. Il y eu son soutien à l’OTAN pendant la guerre du Kosovo. Son lâchage dégueulasse de Patrick Font (quels que soient les crimes que celui-ci ait commis). D’autres trucs que j’ai oubliés. Et bien sûr son aversion pour le Net alors que la blogosphère vivait son âge d’or.

    Un amour déçu, donc, par la faute d’un individu (je sais que toute le rédaction était loin de partager ses opinions, mais c’est lui qui tenait la barre et emmenait le navire vers des eaux qui ne m’intéressaient plus)

    • J’ai fait mon deuil de Charlie en 1995.

      Mais la tournure imprimée par Val ensuite m’a consterné, même si je n’attendais plus rien d’intéressant de leur part. Et les poignées de mains successives avec plusieurs ministres de l’intérieur m’on paru ensuite des signes bien plus radicaux d’égarement définitif.

      Il me semble des plus confusionnistes d’avoir prétendu alors continuer d’incarner quelque liberté de penser que ce soit en pareille compagnie.
      Pire, pour des antiracistes et critiques du colonialisme, de ne pas voir que leur rigidité de principe (On veut rire de tout, il faut rire de tout, rire c’est encore mieux que penser, ne nous demandons surtout pas trop pourquoi tout le monde, et surtout celleux que nous prétendons défendre, ne rient pas toujours comme et avec nous : rions !) les menait à contribuer, en dépit de leurs intentions, à faire le jeu d’une politique raciste et post-coloniale, en venant incarner, pour le nationalisme, cet « humour » et cet « esprit français » qui nous distingueraient des barbares mahométant.

    • Comme le signalent certains, Charlie se prenait ponctuellement encore quelques procès, comme quoi, oui, ils pouvaient en effet ponctuellement frôler certaines limites. N’empêche que s’ils n’en avaient pas plus, des procès, et des condamnations, surtout, c’est que finalement, leurs provocations rentraient dans le moule conformiste de l’époque. Et l’époque n’est pas reluisante.
      Il a d’ailleurs suffit d’une phrase détournée de Siné pour que Charlie même décide de le licencier (à tort et à leurs frais). La liberté de juger eux même les limites de la liberté d’expression, en somme...

    • Oui 1995, il me semble aussi que c’est une date qui compte en terme d’orientation de ce canard. Je ne réussi pas à me souvenir exactement de leur position sur la réforme Juppé et la grève générale qui s’y opposait, si quelqu’un ici à des éléments précis...

      Idem (et ça je m’en souviens mieux sans avoir de faits probants à l’appui), lors de la mobilisation (sous Jospin) des chômeurs et précaires de décembre 1997/ janvier 98, un papier (de Val, je crois), l’avait dénoncé comme faisant le jeu de la droite , et je n’arrive pas à le retrouver. Si vous avez des idées, merci de le faire savoir.

      #dans_le_sillage_de_Ration

    • @colporteur Dans mon souvenir et en ce qui me concerne, le tournant a commencé avec le soutien à l’intervention de l’OTAN en ex-Yougoslavie, donc en 1995. Le journal était partagé sur ce point, il me semble que c’était surtout Val qui était dans la ligne belliqueuse, tandis que d’autres y étaient tout à fait opposés.

    • Dernier point, je m’interroge sur l’ampleur des mobilisations en réaction au massacre du 7. Je ne comprend pas.

      Je ne crois pas que le massacre nous choque à ce point à cause de la proximité. Bien d’autres faits divers tragiques nous atteignent moins, alors qu’ils serait plus simple de s’identifier. N’importe quel accident impliquant des enfants devrait nous remuer en tant que parents. Ça n’est pas le cas. Je ne crois pas non plus qu’il s’agisse directement de défendre la liberté d’expression. D’abord parce que l’attaque du 7, pour horrible qu’elle soit, n’aura que très peu d’impact sur le degré de liberté d’expression dans ce pays. Elle aura une influence, je ne le nie pas, mais comme de nombreux autres faits. Chaque fois que la liberté d’expression est attaquée, par exemple parce que Facebook ou Apple censurent un contenu, notre réaction est dérisoire. Certes, les actions des GAFA sont moins horribles qu’un bain de sang, mais leurs conséquences sont bien plus surement funestes. J’ai l’impression que quelque chose d’autre se joue, mais je peine à l’identifier. Ou refuse de le faire.

      Nombre des personnes que j’ai vues dans la rue n’y étaient pas pour défendre la ligne éditoriale de Charlie Hebdo, encore moins pour répondre à l’appel des politiques à l’unité nationale. Elles clamaient « liberté ».

      Pour répondre à Clochix, sur le manque d’indignation quant aux actions des GAFA, il semble que la menace sur nos libertés n’est pas perçue, pas suffisamment, sans doute parce que le message des libristes, des hackers, de la quadrature… n’est pas audible.

      À choisir entre accorder crédit à une poignée de défenseurs de nos libertés, qui sont essentiellement des hommes blancs, c’est-à-dire non mixtes, c’est-à-dire discriminants dans leurs rangs, dont certains revendiquent même fièrement l’autisme de leur culture geeke, et une foule bigarrée, qui exprime son envie de vivre ensemble, toutes origines, confessions, etc. confondues… le choix est vite fait.

    • Pour prolonger la réflexion de @tetue, il me semble que naturellement on a tendance à vouloir lutter contre les formes d’oppression dont on est le plus directement victime. Donc quand on est soumis à des discriminations, à du flicage de la part des services sociaux, à de la violence symbolique et culturelle à l’école et ailleurs, etc., le risque que représente les GAFA peut sembler bien éloigné.

      Ça me fait penser à Danah Boyd qui explique que les ados sont réellement soucieux de leur vie privée et de ce qu’ils mettent en ligne sur le Web, mais que ceux dont ils cherchent à se protéger ce ne sont pas tant Facebook ou Google que ceux dont ils subissent le plus le contrôle et la violence, à savoir parents et éducateurs.

      En ce sens la lutte contre les GAFA pourrait être vu comme quelque chose émanant de personnes relativement privilégiées car non soumises à d’autres formes de domination ou de violence plus difficiles à supporter. Bon, je caricature un peu, et ça n’enlève évidemment rien à l’intérêt et à l’importance des luttes en question.

    • Entre les deux… Charlie a très largement contribué à l’éclosion de ma conscience politique.

      Pareil pour moi.
      Et je suis impressioné par le nombre de témoignages que je lis ces jours-ci et qui disent la même chose. Un hebdo qui dans les années 1990 a aidé plein de gens à poser les bases de leur pensée critique, puis dont ils se sont écartés ensuite à mesure de son naufrage intellectuel progressif.

    • Un peu tard, mais je rajoute mon grain de sel. Oui, tournant en 1995, mais qui restait supportable pour moi, lecteur, parce que (et c’est ce que j’adorais dans Charlie), il y avait plusieurs courants qui pouvaient s’affronter. Val pissait des éditoriaux réacs, et Charb et Siné (principalement) lui répondaient dans leurs zones. Du coup, même si Val défendait l’OTAN, Israel, Oriana Fallaci, le PS ou le traité européen, on ne pouvait pas dire que c’est ce que défendait Charlie. Parfois Val engueulait ses collaborateurs, mais il les laissait quand même s’exprimer (OK, pas tous, voir témoignage de Mona Chollet).

      Du coup (j’étais naïf peut-être), j’ai encore supporté Charlie jusqu’au caricatures de 2006. Là, j’ai arrêté, non pas parce que j’étais choqué, mais parce que tout à coup tout le monde est rentré dans le rang derrière Val, personne n’a utilisé sa zone (pas même Siné) pour exprimer une dissension...

    • Fin 2000, Mona Chollet avait été virée elle aussi pour délit d’opinion : lors d’une réunion interne, elle avait osé contester un édito de Val qui qualifiait les Palestiniens de « non-civilisés ». « Il est tellement ignorant des autres cultures qu’il n’imagine pas qu’on puisse être “civilisé” autrement qu’en lisant Spinoza avec ses chats sur les genoux », dit-elle :

      « Quelques jours après, il m’a convoquée, et il m’a annoncé qu’il arrêtait mon CDI après le mois d’essai, alors que j’étais pigiste depuis un an. Ça m’a sidérée. Il ne m’a pas dit pourquoi, mais ça crevait les yeux. Finalement il m’a dit : “je ne suis pas sûr que tu sois en accord avec la ligne que je veux donner au journal”. Je suis encore restée à Charlie quelque temps, mais en tant que pigiste, c’est-à-dire moins en position d’ouvrir ma gueule. »

      Dans :

      L’opinion du Patron
      Olivier Cyran, CQFD, 4 mars 2006
      http://lmsi.net/L-opinion-du-Patron

      Et sans doute ailleurs...

  • Avec les Amis du CRIF, venez rencontrer Philippe Val, le 29 avril prochain !
    | Crif - Conseil Représentatif des Institutions Juives de France

    http://www.crif.org/lecrifenaction/avec-les-amis-du-crif-venez-rencontrer-philippe-val-le-29-avril-prochain/50186

    Les Amis du Crif ont le plaisir de vous inviter à une rencontre avec :

    Philippe Val, directeur général de France Inter, ancien directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, auteur de « Reviens Voltaire, ils sont devenus fous » (Grasset 2008) publié à la suite de l’affaire des caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo, ancien partenaire de Patrick Font dans le duo Font et Val.

    Cette soirée aura lieu le mardi 29 avril 2014 de 19h30 à 21h30 dans les salons de l’hôtel Intercontinental le Grand, 2 rue Scribe, 75009 Paris (métro Opéra).

    L’évènement est ouvert à tous sur inscription ; l’entrée est gratuite pour les adhérents aux Amis du CRIF et payante (20€) pour les autres.