(...) Donc Ankara a pensé qu’un missile pourrait changer complètement le cours des événements.
Mais pas vraiment. Il suffit de suivre l’argent. Même aux États-Unis et en Europe le jeu turc est de plus en plus transparent. Un document de recherche de l’Université de Columbia détaille au moins une fraction des multiples collusions entre la Turquie et ISIS / ISIL / Daesh.
Bilal Erdogan, le fils du Sultan, est un profiteur majeur du trafic illégal de pétrole irakien et syrien volé. Imaginez sa terreur quand Poutine a révélé aux dirigeants du G20 à Antalya – en territoire turc ! – que les services de renseignements russes avaient identifié la plupart des connexions du labyrinthe de truands amenant directement à ISIS / ISIL / Daesh.
Imaginez les sentiments des trafiquants turcs à l’idée de perdre leur culotte en ne pouvant plus revendre le pétrole, volé à la Syrie, à hauteur de $50 millions par mois. Après tout la force aérienne russe avait déjà détruit les raffineries et la plupart des plus de 1 000 camions-citernes ; imaginez les truands – faisant leurs comptes – à la perspective de perdre la totalité du flux de pétrole, d’argent, et voyant leur entreprise Contrebande & Cie éparpillée dans le désert sans aucun endroit où aller.
Et nous pratiquons aussi l’extorsion
Le commandement de l’Otan nous prépare sûrement une bonne tranche de rigolade – rappelez-vous seulement les plus grands tubes du Dr Folamour-général Philip Breedlove et sa rengaine sur l’agression russe. Mais les généraux ne sont pas tous stupides. L’Otan n’ira pas en guerre contre la Russie pour un simple vassal. Et la Russie ne fournira pas de prétexte à l’Otan pour la guerre.
Dans l’arène du Grand Pouvoir Politique, nous assistons certainement maintenant au retour post-moderne de la tension historique entre les empires russe et ottoman. Mais qui va prendre son temps, lentement. La réponse russe sera directe, froide, calculée, vaste, rapide – et surtout inattendue. Aucune de ces réponses n’impliquera une carte blanche pour autoriser les rebelles modérés à s’armer en Syrie indéfiniment.
Ce qui est certain est que la Russie bombarde en mode turbo tous les couloirs d’approvisionnement d’ISIS / ISIL / Daesh de la Turquie vers le nord de la Syrie, ainsi que les filières de contrebande de pétrole volé du nord de la Syrie vers la Turquie. (...)