person:philippe de jonckheere

  • https://addict-culture.com/philippe-de-jonckheere-une-fuite-en-egypte-inculte

    Des ombres retournées à l’ombre – Une fuite en Egypte

    Le livre est un bloc mais entaillé partout par des points-virgules. Les autres signes de ponctuation sont absents. On se retrouve à mettre son propre rythme de lecteur dans les phrases de Philippe de Jonckheere. Ce qui pourrait apparaître comme une coquetterie de style produit un effet saisissant, comme si on contribuait en partie au livre par cette lecture forcément personnelle, tellement marquée par l’originalité de la structure rythmique. Tout cela laisse des traces et fait d’Une fuite en Egypte, un livre que l’on ne peut oublier. De ceux qui réussissent à faire coïncider la banalité des choses de la vie, ce qu’elles ont parfois aussi de plus extraordinairement terribles dans un équilibre pudique et en même temps bouleversant.

    The #shameless_autopromo never stops
    #une_fuite_en_egypte

  • http://remue.net/spip.php?article8946

    L’écriture de Philippe De Jonckheere impose immédiatement un univers, décrivant sans concession les soubresauts, les heurts d’une intimité meurtrie. Le livre est une implosion infinie, laissant le narrateur au milieu de ruines intérieures qu’il explore en aveugle, ou de constructions de mondes possibles qui surgissent violemment.

    Là franchement, Sébastien, je ne sais plus où me mettre. Sans compter que jusqu’à la lecture de cet article je n’avais aucune idée que je faisais, comme Monsieur Jourdain, de l’épanorthose, sans le savoir. Et sans en avoir l’air.

    #shameless_autopromo
    #une_fuite_en_egypte

  • http://www.humanite.fr/philippe-de-jonckheere-le-desordre-et-lecriture-du-deuil-636686

    Philippe de Jonckheere, par la violence même de son récit, par l’effet de masse du texte, joue subtilement sur la distance que le lecteur prendra avec lui. Le roman, en effet, ne mise pas tout sur la sidération. Les moments souriants, ironiques, voire comiques, ne manquent pas. Et l’émotion se fait parfois poignante par sa douceur même, comme ce moment où le narrateur prend conscience de la disparition progressive de l’odeur de sa femme, chassée par la sienne propre. Face à l’expérience de deuil, Philippe de Jonckheere pose celle de la littérature. Au lecteur de s’en saisir.

    Avec une entrée aussi fracassante dans la littérature , je ne coupe pas, je ne crois pas, au tag infamant #shameless_autopromo

    #une_fuite_en_egypte

  • J’ai besoin de repères.
    Fordisme - Toyotisme - Lean - Kanban - Agile - Scrum - Pomodoro

    Je suis très critique de la méthodologie Lean (comme sûrement plein de lecteurs ici), pret à les rejeter en bloc. À côté de ça, je trouve une grande utilité aux méthodes Agile et je ne saurais travailler sans. Pourtant le lien entre ces 2 approches est ténu, surtout lorsque qu’arrivent des « innovations » dans ces méthodologies. Je me pose des questions.

    Le retour des approches transversales (artisan développeur, supply chain…) montre combien les salariés veulent retrouver le sens de leur métier, on dit parfois complétude. Est-ce un plâtre sur une jambe de bois ?

    J’ai besoin de trier parmi ces méthodes, d’en reprendre le contrôle, de les déconstruire.
    Pouvez-vous m’y aider ?

    Un ensemble de définitions :
    https://earliz.com/fr/projects/gestion-de-projet-lean-agile

    Les méthodes Agiles sont des pratiques de gestion pouvant s’appliquer à tous les types de projets. Elles sont particulièrement développées dans le domaine de la conception logiciel.

    Les méthodes Agiles ont été définies et formalisées en 2001 par l’Agile Manifesto. Elles prônent une démarche plus pragmatique et itérative que les méthodes traditionnelles. L’implication de tous les acteurs du projet, dont le client final, est au cœur de cette logique, afin de permettre une plus grande réactivité au changement de la demande.

    Le mouvement plus large du management Lean couple les valeurs Agiles aux techniques d’amélioration continue de la qualité. L’Agilité s’inscrit alors dans l’ensemble des projets de l’entreprise.

    #travail

    • @sandburg

      Je te copie colle un truc que j’avais écrit il y a six ou sept ans, je crois que c’était à propos de ma première confrontation Lean, ça m’amuse de le lire aujourd’hui.

      Voilà bien, je crois, ce qui me dégoûte le plus dans la langue de la domination, c’est la phagocie pure et simple qu’elle fait de la langue de ce quelle asservit.

      Prenez par exemple cette nouvelle méthode que l’on nous impose en ce moment à mon travail. Je vais passer, parce qu’elles sont évidentes et si peu difficiles à relever, sur les étonnantes possibilités de flicage du labeur que permet l’outil qui sera désormais le notre. Non, ce qui me heurte, d’autant plus que je sens bien que je suis le seul que cela dérange, c’est cette notion de travail divisé en trois types de tâches. Les tâches les plus faciles (et souvent les plus nombreuses à exécuter). Les tâches qui demandent un peu de compétence, et les tâches qui requièrent une vraie compétence et de l’expérience, de par leur complexité et souvent leur rareté d’apparition.

      Ce que je viens de vous décrire vous paraît assez simple et compréhensible ? Donc il y a la routine, l’inhabituel et le très inattendu, ou toute forme de gradation que vous souhaiterez utiliser pour envisager les différentes tâches qui sont les vôtres à votre travail. Et bien dans mon entreprise, on a décidé de donner des noms à ces trois types de tâches. Les plus simples sont du rythme, ce qui est un peu plus compliqué du blues et le complexe relève du jazz.

      Et dans l’esprit de ces personnes qui se succèdent devant le rétroprojecteur pour nous expliquer cette méthode géniale dont ils sont devenues les apôtres dans la très grande société, tout ce qu’on fait relève obligatoirement de l’une de ces trois catégories. Ils n’en démordent pas. J’ai beau tenter, au cours de cette réunion, de leur expliquer que sans doute c’est un peu moins ternaire que cela, que le monde n’est pas divisé comme cela en deux types de catégories de personnes, celles qui pensent que pour tous les sujets il existe deux types de personnes et celles qui ne pensent pas pouvoir résumer ainsi l’humanité, que dans tout ce que nous faisons, surtout le week end, il y a une immense catégories d’OVNIs, de tâches qui nous incombent qui nous surprennent encore un peu tant elles paraissent très peu répertoriées dans nos procédures, ce sont mes préférées évidemment, parce que ce sont dans de telles situations que l’on doit faire preuve d’imagination pour s’en sortir.

      Rien à faire soit c’est du rythme, soit c’est du blues, soit c’est du jazz.

      Longtemps par ailleurs que j’ai fini par intégrer aussi que ce n’est pas si grave que cela que dans mon entreprise de broyage de l’intelligence, il soit fréquent que les projets sur lesquels nous travaillons reçoivent des noms d’artistes ou de poètes, Rodin, Verlaine, d’autres encore.

      Donc toi, m’interroge l’examinateur, tu es Philippe De Jonckheere, le chef d’équipe du week end c’est bien ça ?
      -- Oui, c’est bien ça.
      -- Et ce que tu fais cela relève plutôt du blues ou du jazz ?
      -- Non, moi c’est uniquement pour le free jazz qu’on m’appelle.

      Tête du responsable de la formation.

      -- Qu’est-ce que tu entends par free jazz ?
      -- Non rien, je disais juste cela pour rire (des fois je suis lâche au travail, d’un autre côté je ne me voyais pas expliquer à ce cadre en bois le principe du double quartet d’Ornette Coleman et sa pochette avec la reproduction de Pollock dessus, il ne pourrait pas comprendre).

      Et ça m’énerve. Ces types-là se sentent tellement dans leur bon droit.

    • Puisqu’on en est aux analogies foireuses : Agile, c’est un truc pour reprendre le contrôle sur la « tactique » (vocabulaire plutôt militaire), et c’est très utile au quotidien. Mais quand on en fait une fin en soit, on oublie la dimension « stratégique » (c’est Napoléon qui cause à nouveau).
      Des éditeurs (de logiciels) qui finissent par décevoir leurs clients, alors qu’ils ont mis l’Agile au cœur de leur organisation pour justement mieux coller aux désirs du client, j’en ai croisé un certain nombre : absence de vision à plus de 3 semaines, absence de pensée stratégique... j’allais écrire « absence de roadmap », mais à quoi bon vouloir utiliser d’autres termes, quand il en existe de très pertinents par défaut...

    • @philippe_de_jonckheere @biggrizzly Merci pour ces retours.

      Dernièrement, les seules ascendances positives qui ont guidé mon envie de pratiquer un métier plutôt qu’un emploi me sont venues de gens comme vous. De gens conscientisés, de mes copains déjà directeurs-trucs ou chefs-machin ayant dû soit se cacher à l’approche des obus, soit passer par l’hosto de la confiance en soi (vocable militaire à nouveau).
      Moi, j’ai fui la guerre, je suis parti en Suisse, mais j’y retourne après 4 ans de réflexions anarchistes, conscient, déterminé, expérimenté et j’espère inécrasable.

      Je vois les méthodes agiles comme des tentacules du lean, mais dont il est possible d’user au service des individus et pas uniquement du « projet ». Je me trompe ?

      Quand j’applique du pomodoro seul sur un truc en développement, c’est pour me cadrer, pas pour optimiser mon temps.

      Je n’ai pas envie de faire subir des outils à personne. Je ne veux pas manipuler, mais je veux savoir où on est.
      @aude_v me conseille de lire La dynamique des groupes pour achever ma quête de compréhension sur les fonctionnements de la décision et de l’action (autoritaire vs horizontal et autres modèles libéraux)
      https://fr.wikipedia.org/wiki/La_dynamique_des_groupes

    • Tout ça est très intéressant, et à propos de la démocratie en groupe restreint et des hiérarchies cachées ou pas, il faut absolument que j’arrive à trouver le temps de vous soumettre quelques réflexions sur la communauté SPIP qui sont en train de se discuter. Ça fait un mois que je veux demander ton avis @aude_v et je trouve pas le temps de faire un message-débat sur seenthis. :p
      Il y a quelque infos passées ici (des captations de mini confs faites en mai) sur le tag spip_blog, sinon sur contrib.spip.net. Mais je voudrais formaliser ça dans un seen exprès avec mes réflexions et questionnements.

      Je vais y arriver !

  • http://www.millepages.fr/-agenda-.html?jour=2017-05-16#Rencontre avec Philippe de Jonckheere

    Mardi 16 mai à 19h30, je suis invité à présenter, lire et signer Une fuite en Egypte à l’excellente libraire Mille pages de Vincennes (91 rue de Fontenay - Vincennes | 01 43 28 04 15 - Métro Château de Vincennes - RER A, arrêt Vincennes, bus 46, 56, 112, 114, 115, 118, 124, 210, 215, 318, 325). Ce sera également l’occasion de venir boire un verre une fois que j’aurais fini de faire mon intéressant, j’espère pas trop longtemps, histoire de fêter, dignement, la sortie de ce livre longtemps maudit, désormais auréolé de gloire.

    Venez nombreux, cela me fera plaisir de voir toutes et tous.

    Amicalement

    Phil

    http://desordre.net/blog/?debut=2017-05-07#3142

    #shameless_autopromo et tout le tintouin.
    #une_fuite_en_egypte

  • J – 60 : Le désordre dans le garage s’augmente parfois paradoxalement du désordre dans mon ordinateur. Je tente d’y remettre un peu de raison. Et je tombe par exemple sur le scan de ce dessin que j’avais fait pour le camarade @archiloque pour une page un peu curieuse du Désordre , l’Algorithme de la faim (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/bouquets/011.htm), un récit de science-fiction, pourtant pas mon genre, encore que je songe, de plus en plus, à écrire la Passagère , d’après Passengers — vous devinez sans mal que l’idée serait de reprendre ce film qui n’est fait ni à faire et prendre comme point de départ que ce soit une femme et non un homme qui soit accidentellement réveillée — et en même temps, dans une répertoire voisin je tombe sur des schémas que j’avais brouillonnés pour une demande de Barbara Crane (http://barbaracrane.desordre.net) qui souhaitait que je fasse une sorte de mini site à l’intérieur de son site et qui mette en avant un certaine nombre de ses si nombreux travaux. Les deux pensées se télescopent et je souris à l’idée de faire plus ou moins la même chose avec le Désordre , non pas nécessairement une compilation de ses réalisations les plus saillantes, non, plutôt le contraire, une ballade au travers de quelques pages oubliées, même par moi, et pour cela il me suffit de reprendre les pages d’archives de la nouveauté (sic). Et au passage, dans cet inventaire, si je vois des éléments qui pourraient être améliorés, je ne me gêne pas.

    Misfortune de mon ami Greg Ligman.
    Solo et 100 raisons de l’Ami des blés.
    Les Vœux de Georges Perec. Passez vite votre chemin si vous êtes allergique aux calembours.
    Mail Pornography (et je donnerai cher pour savoir où j’ai bien pu ranger les originaux — quelque part dans le garage n’en doutons pas).
    20030422.txt (sur le mode de l’Adam Project de Timothy Rolin
    Les jeux de Memory (première collaboration avec Julien — @archiloque)
    Les deux chroniques de deux concerts de l’ensemble du Ryôan-Ji
    Libre comme le plomb de Jacky Chriqui
    Finalement une nouvelle écrite sous vos yeux. Ce qui quelques années plus tard devient simplement une nouvelle, pas sûr d’ailleurs que quiconque l’ai vue écrite sous ses yeux. C’est l’intention qui compte.
    Le Wiki du Désordre et je devrais sans doute essayer de reprendre ce truc, c’était assez marrant à faire, en plus c’était un truc que je pouvais faire depuis n’importe où, par exemple depuis le travail.
    Ma modeste contribution de graphiste au projet des professeurs Harmuth et Sanders de l’Université de Carlisle dans l’Etat de New York
    La page de liens du Désordre. Sur une idée de Julien.
    L’Autoportrait en carrés (et le temps que j’ai pu y passer)
    Le plan du Désordre qui a longtemps servi de page d’accueil, je devrais peut-être l’inclure dans les possibilités de tirage au sort de la page actuelle.
    Je me souviens de Robert Heinecken , un hommage à mon maître. Un de mes maîtres. Comme j’étais triste d’apprendre sa mort.
    Trois girafes et deux limaces de Thomas Deschamps l’une des plus belles pages du Désordre n’est pas de moi.
    Quoi maintenant ?
    Surexposé.
    Le petit journal
    Formes d’une guerre , la partition visuelle.
    Pechakucha à la bibliothèque de Bagnolet
    Les Apnées
    La dernière debout , sur une idée jetée en l’air et reprise de volée par Julien
    L’Image enregitrée
    Les Fruits mûrs
    Considère la fin avec une musique de L.L. de Mars et C. de Trogoff
    Demain sera aujourd’hui même si tout s’arrête .
    Contre
    L’immuable en question
    Bataille avec Pierre Massaud
    Fracture d’âme avec Dominique Pifarély
    Le Quotidien (neuf années de photographies quotidiennes, cela fait 9X365 images que j’ai combinées de 365x364x363x362x361x360x359x358x357 manières différentes).
    Grille de lecture avec Daniel Van De Velde
    Carroussel
    Les Sillons , peut-être ce que je préfère dans tout le Désordre
    Les Images de l’accumulateur (avec L.L. de Mars)

    Tenez, je crois que je vais appeler cela le Tour du Désordre en 36 jours .

    http://www.desordre.net/labyrinthe/tour/index.htm

    #qui_ca

    • Cher Philippe de Jonckheere,

      Je me permets de vous contacter car dans le cadre de ma thèse (en littérature contemporaine - elle porte sur l’anarchie dans la création contemporaine ; vous pouvez voir différentes réflexions que j’ai menées sur ce site : https://uclouvain.academia.edu/CorentinLahouste) je travaille sur votre oeuvre (Désordre). Cela fait quelques mois que j’ai entamé une réflexion sur votre pratique artistique et, comme j’ai eu l’occasion de le faire avec les deux autres auteurs sur l’oeuvre desquels je travaille (Marcel Moreau et Yannick Haenel), je voulais savoir s’il était envisageable que l’on se rencontre afin que je puisse vous poser l’une ou l’autre question relative à Désordre et à votre travail artistique/littéraire.
      Rien ne presse quant à cette éventuelle rencontre (je suis de toute façon à Montréal jusque début juin), mais ça pourrait être vraiment super intéressant pour l’avancée de mes recherches que de pouvoir vous rencontrer et discuter avec vous.
      D’avance merci pour votre réponse,
      À bien vite j’espère !

      Corentin



  • Jeudi Apnées , 7 février 2017, 20H, médiathèque de Suresnes. Tout est un peu dit sur l’affichette, mais voilà autant souligner la chose.

    Apnées , spectacle de Dominique Pifarély (France, violon, traitement numérique du son, @dominique ), Michele Rabbia (Italie, percussions, traitement numérique du son), et Philippe De Jonckheere (France, images, traitement en direct de ces dernières), le 7 janvier 2017 à 20h à la médiathèque de Suresnes, 5 rue Ledru-Rollin à Suresnes (Transilien : Lignes L et U, arrêt Suresnes-Mont-Valérien, Tramway : T2, arrêt Belvédère ou Suresnes-Longchamp, Bus : lignes 144 (arrêt Pagès), 244, 241 (Suresnes-Longchamp), 175 (Nieuport), Tel. : 01 41 18 16 69), le spectacle est gratuit, en plus d’être très beau, vous n’avez aucune excuse pour ne pas aller le voir.

    La page de nos échanges pour la construction du spectacle se trouve ici ( http://www.desordre.net/spectacles/apnees/w/index.htm ), elle vous donne une idée de la narration, des images.

    Sur scène la rencontre toujours fructueuse, toujours surprenante, jamais sage et jamais écrite d’avance, de Dominique Pifarély et Michele Rabbia, l’un joue du violon comme personne et personne qui essaierait, et retraite numériquement en direct les sons qu’il en tire en orfèvre du truc, l’autre fait la même chose avec un set de percussions qui comprend un tom basse, des cymbales déchiquetées, et une multitude de petits objets trouvés en chemin, qu’il effleure, qu’il caresse, qu’il déchire, et pareillement retraite tout cela numériquement en direct, les deux musiciens se rejoignant dans un espace tiers dans lequel bien malin serait celui qui pourrait dire qui produit tel son et qui le modifie, à certaines de leurs expressions de surprise en concert, on comprend qu’eux-mêmes n’en sont pas toujours très sûrs, mais toujours réjouis, derrière eux un écran sur lequel sont projetées des images vidéos essentiellement produites par photographies, sorte de caméra du pauvre, animation, stop motion , time lapse , ellipses flagrantes, d’autres moins mais tout aussi coupables, mouvements de caméras énervés sur images fixes et placides, superpositions d’images à tout va, le tout mélangé et cuisiné sur place devant vous, sous vos yeux ébahis, pendant qu’on vous divertit les oreilles.

    Apnées est la mise en commun irrespirable de nos rêves et de nos actes manqués, images silencieuses qui crient, et musiciens qui jouent dans le noir. On retient le souffle des spectateurs et on leur fait faire rêves paradoxaux et cauchemars doux, une expérience unique dont on ne ressort pas pareil que quand on est entré, sinon à quoi cela servirait d’aller au spectacle, de sortir de « chez soi ».

    Et sinon en horizontal, l’affichette, elle donne ça :

  • #Samantha_Grey : Lettre ouverte aux hommes : la pornographie, c’est aussi votre problème.
    http://ressourcesprostitution.wordpress.com/2016/12/12/la-pornographie-investit-dans-la-deshumanisation-c

    J’ai été suffisamment choyée pour rencontrer plusieurs hommes ‘bons’ dans ma vie : amis, famille, amants, collègues d’études, alliés pro-féministes. Pourtant, peu importe combien ‘bons’ vous êtes et quelles sont vos habitudes de consommation pornographique (pour lesquelles je vous prie de m’épargner les détails), j’espère quand même que vous lirez cette lettre.

    Vous avez probablement remarqué que je m’oppose vivement à l’industrie de la pornographie. Peut-être en avons-nous discuté ensemble, peut-être avons-nous évité le sujet complètement. Bien qu’il ne soit pas facile pour moi de parler de pornographie avec des hommes – particulièrement avec ceux que j’aime – je vais tout de même essayer.

    La plupart de mes arguments contre la pornographie sont reliés aux impacts négatifs de celle-ci dans la vie des femmes. Ces effets vont beaucoup plus loin qu’un simple malaise devant des images pornographiques. La pornographie façonne la violence que nous vivons comme femmes dans les mains des hommes. En tant que militante contre les violences faites aux femmes, je sais que la pornographie est utilisée par les hommes pour nous attaquer. Des femmes m’ont raconté des cas d’hommes se servant de la pornographie pour préparer des jeunes filles aux actes qu’ils leur imposaient, des hommes qui contraignent leur copine/épouse à performer des actes qu’ils ont vu dans des films porno, des hommes qui utilisent la pornographie pour harceler sexuellement leurs collègues de travail, ainsi que des hommes qui demandent aux prostituées des actes de scènes vues dans la pornographie. Mais je vais laisser ces arguments de côté pour le moment pour m’attarder aux effets négatifs qu’a la pornographie sur vous les hommes.

    Version originale : http://www.feministcurrent.com/2016/08/25/letter-men-porn-not-just-womens-problem

    Samantha Grey est une des incroyables auteures invitées de Feminist Current’s ! Elle est travailleuse sociale dans une association de terrain contre les violences faites aux femmes à Vancouver, B.C, Canada.
    #violences_masculine #déshumanisation #pornographie

    • @aude_v Très belle lettre, rien à y redire en fait.

      Une réponse plus détaillée de ma part demanderait sans doute plus de temps que je n’en dispose aujourd’hui, mais elle s’articulerait autour de cette idée que je ne tromperais personne qu’avec la pulsion scopique d’un photographe je n’ai jamais été tenté de trouver mon content dans la pornographie, en revanche en de très très rares exceptions j’y ai trouvé mon plaisir, notamment parce que ce qui me fait habituellement craquer est imprévisible, telle façon de pincer sa cigarette entre ses dents de telle amie (elle serait contente de l’apprendre), telle façon de s’endormir d’une ancienne compagne, telle geste pour remettre son soutien gorge d’une autre, telle façon qu’a une voisine de remettre ses cheveux derrière ses oreilles (elle serait contente de l’apprendre aussi !), et pourtant il me semble que toutes les femmes qui sont coiffées comme elle ont le même geste, mais à elle ce geste lui va particulièrement bien, etc... qui ne sont naturellement jamais visibles dans la pornographie ou alors dans des recoins très reculés que l’on atteint seulement à la faveur d’une reptation au travers de couloirs visqueux et poisseux.

      En revanche, oui, ce qui est décrit dans l’article, et très bien, est infiniment problématique de ces images, du viol déguisé (tellement mal déguisé d’ailleurs que pour certaines vidéos, c’est à se demander si on n’est pas en train de regarder l’équivalent d’un snuff movie) quelle en veux tu en voilà, des caractères raciaux infiniment problématiques, de la violence de l’humiliation, et finalement l’absence quasi complète de caresses, d’hésitations, de petites hontes surmontées en rougissant de part et d’autre, de maladresses et d’accidents, de surprises finalement.

      J’ai un très vague souvenir d’une chronique de radio sur Arte radio de @mona dont la conclusion était magnifique, elle prônait, plutôt que d’être sollicitée selon des normes, d’être bousculée là où elle ne s’y attendait pas (mon dieu, Mona, elle est où cette chronique ? Et est-ce que tu vois seulemet de quelle chronique je veux parler ? Est-ce qu’elle est seulement de toi ? Rassure-moi, sinon c’est abominablement scabreux de ma part.)

      @aude_v, j’espère que tu n’es pas déçue par cette réponse de « copain » (ravi d’être considéré en tant que tel, honoré même) . En revanche je ne pense pas que tu devrais beaucoup te formaliser des interventions de @francoiscarmignola1, je serais surpris du nombre de personnes ici qui les lisent (je crois qu’on appelle une telle personne un troll ).

    • Si vous avez commencé à regarder de la pornographie à un bas âge (et plusieurs études à lire ici) démontrent qu’une accablante majorité de garçons commencent à utiliser la pornographie avant 18 ans – plusieurs alors même encore enfants), vos préférences sexuelles ont été façonnées par les images avec lesquelles vous vous êtes masturbés. Alors que votre habitude progressait, il en était de même pour vos comportements sexuels. Ceci a peut-être commencé par de la ‘porno soft’ en tant qu’adolescent. Par contre, pendant que votre esprit se désensibilisait à ces formes ‘douces’ de pornographie, vous avez graduellement recherché des formes plus frontales, plus extrêmes et plus violentes.

      J’ai été confronté à la fréquentation de la pornographie par les ados au cours d’une intervention dans un collège dont le thème était l’Internet. Effectivement, les adolescent-e-s fréquentent la pornographie de plus en plus jeune. C’est la réflexion d’une gamine de 12 ans qui m’ a fait prendre la juste dimension des dégâts (bien que j’en avais l’intuition depuis un moment). La pornographie eût été, d’après elle, une façon d’apprendre « les choses de la vie ». On appréciera déjà la pudeur de l’expression pour nommer la sexualité.
      La pornographie n’influence pas que le comportement des garçons mais aussi celui des filles à qui on enjoint de se soumettre et d’endurer les pires maux pour le bon plaisir de leur partenaire masculin.

      #coercition #prostitution

  • J-154 : Les dernières seront les premiers

    Un matin vous recevez un courriel d’une dame que vous ne connaissez pas, de nom seulement, elle vous a déjà fait le coup, il y a une demi-douzaine d’années, vous invitant à lui envoyer une image en haute définition du plan de votre site internet pour une collection de dessins dans le recueil Images de pensées. Vous vous retrouvez, bien malgré vous, vous qui n’avez pas eu une seule exposition majeure, pas la moindre monographie, même le plus petit (minable et mal imprimé) catalogue d’exposition, au milieu d’autres inconnus, Freud, Darwin, Perec, @reka, Goethe, vous trouvez la plaisanterie fort bonne, vous conservez soigneusement votre exemplaire d’auteur en vous disant que cela étonnera vos enfants, dans longtemps, lorsqu’ils feront le tri dans votre bibliothèque, tu savais que Papa était copain avec Nabokov et qu’il avait formé un collectif avec Klee ?

    Six ans plus tard la dame réitère sa blague désopilante et vous soumet, cette fois, une liste de collectifs fameux, vous demande d’en choisir un et d’écrire la fiche biographique, bibliographique et hagiographique du groupe de votre choix. Les gens parfois.

    Vous rédigez un courriel poli à cette dame pour lui expliquer que vraiment, les gens, vous êtes très touché, mais que, vous ne sauriez pas faire une chose pareille, vous n’êtes pas du tout celui qu’elle pense, qu’à l’école vous aviez de très mauvaises notes et qu’en général, quand vous écrivez, vous inventez du tout au tout, un spécialiste réputé du hors sujet, vous n’êtes pas l’homme de la situation. Ce refus poli ne fait qu’attiser le désir de la dame, vous êtes foutu et cerné.

    Vous ouvrez la pièce jointe, la liste des groupes, pris de vertige, les seuls groupes que vous connaissez sont les groupes les plus célèbres à propos desquels vous seriez bien en peine de dire quoi que ce soit qui ne soit pas scolaire, à peine rehaussé de quelques souvenirs de cours d’histoire de l’art, étudiant aux Arts Déco. Die Brücke , vous seriez naturellement plus disert à propos de l’expressionnisme américain, manque de chance, on vous interroge sur l’expressionisme allemand, autres temps autres mœurs. La NRF n’est pas du tout intimidante, pensez, pour un auteur qui n’a pas encore publié une ligne, facile. Le futurisme italien, ceux-là vous vous amuseriez bien à tenir leur tribunal, fascistes avant l’heure, mais cela serait à peu près du même niveau qu’un tribunal de la Libération. Passe. Le Groupe de Puteaux, le cubisme, pire le post cubisme, la poussière très peu pour vous. Dada, pour parler de Dada, il faut des gens sérieux, vous n’êtes pas sérieux. Les Surréalistes, vous auriez plaisir à rappeler que le Surréalisme est né d’un tas de cadavres de la guerre 14-18 à l’Hôpital de Saint-Dizier, Haute-Marne, qui est désormais l’Hôpital psychiatrique André Breton, mais les blagues potaches et autres concours de géolocalisation des éjaculations de ces messieurs sur le corps aimé, franchement, qui aurait envie de retourner dans un collège de vieux garçons ? Le nouveau roman, à peine moins intimidant que la NRF , bravache vous proposeriez bien une manière de nouveau roman-photo à partir de la fameuse photo du mur, vous imagineriez bien Pinget et Beckett avoir des discussions de bistro, Robbe-Grillet tirer la couverture à lui, Mauriac péter de trouille à l’idée que Beckett puisse lui adresser la parole et Nathalie Sarraute attendre éternellement, jambes croisés sous son manteau, qu’un de ces messieurs veuille bien lui adresser la parole. Vous bottez en touche, vous dites à la dame qu’elle devrait demander à un autre, un vrai écrivain, Chevillard pourquoi pas ? Au moins ce serait drôle. Si Chevillard fait les dialogues, vous voulez bien vous occuper de la réalisation graphique. Cobra , pourquoi pas, vous auriez un peu de plaisir à décrire comment vous voyez, employé d’une Très Grande Entreprise, plus souvent des lithographies d’Alechinsky dans les couloirs d’icelle sous prétexte de 1% culturel, qu’au musée. Ce serait petit mais cela ferait du bien. Les lettristes, pas trop votre tasse de thé. Et pas davantage tous les stridentistes, imaginistes, futuristes fussent-ils russes, imaginistes, simplistes, surréalistes, automatistes, nadaistes, elle pense à quoi cette dame, les gens vraiment, avant que vous ne tombiez sur les dernières de la liste, les Guerrilla Girls .

    Puisque vous êtes contraint et forcé, va pour les Guerrilla Girls . Les dernières de la liste.

    Sauf que. Les Guerrilla Girls ont-elles besoin qu’un homme, blanc de surcroît, un tâcheron cancre, se rabatte sur elles pour ce qui est de faire leur fiche ? Les Guerrilla Girls n’ont besoin de personne pour faire leur fiche, elles font très bien leurs fiches, et leurs affiches, toutes seules et elles n’ont pas besoin d’un petit écrivaillon qui cachetonne, d’un type épais, avec ses gros sabots, pour expliquer que, ben, justement, c’est bien cela le problème. Les Guerrilla girls n’ont pas besoin de 4000 signes pour décrire des siècles d’historicisation pendant lesquels leurs sœurs ont été maintenues, bien plus fermement encore que les refusés, éloignées des galeries, des musées, des maisons d’édition : elles font cela très bien en quelques lignes, en une centaine de signes, elles : « quand le racisme et le sexisme ne seront plus à la mode, quelle sera alors la valeur de votre collection d’œuvres d’art ? »

    Finalement ce n’est pas plus mal de finir avec les Guerrilla girls . Les Guerrilla girls c’est la fin de l’histoire de l’art. De cette histoire de l’art-là.

    Philippe De Jonckheere, Montreuil, le 29 novembre 2016

    Exercice #43 de Henry Carroll : Exemples d’arrière-plans intéressants qui pourront vous servir pour des portraits.

    #qui_ca

  • J-217 : Est-ce que je ne devrais pas tenter de faire l’inventaire, honnête, des quelques bribes d’informations que je ne suis pas parvenu à contenir et qui sont, malgré tout, arrivées jusqu’à moi, comme, ce matin, d’apprendre la mort de Shimon Peres ?

    Tentative de liste :
    Shimon Peres est mort.
    Patrick Buisson, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, fait des siennes, mais dès que j’ai vu le mot Sarkozy s’imprimer sur l’écran, j’ai détourné le regard immédiatement, je n’ai donc rien vu, et rien entendu. Mais j’en ai de nouveau entendu parler dans les couloirs de mon travail, Patrick Buisson aurait écrit un livre ― « Patrick Buisson », « écrire », « livre », cherchez, et chassez, l’intrus.
    Il y a eu un premier débat entre Hilary Clinton et Donald Trump, dont les médias semblent vouloir insister que Hilary Clinton en est sortie victorieuse. Peut-on sortir victorieux d’un débat, et est-ce alors un débat ? Je ne pense pas que je pourrais sortir, moi, victorieux de mon combat à propos de cette élection améri-caine, à savoir en ignorer le résultat, pour deux raisons, trop de correspondants américains, et tous ligués contre Donald Trump, anciens amis de l’ Art Institute , au-cun qui comprendrait mon raisonnement à propos de telles élections, à savoir que les finalistes se valent, de toute manière, que les solutions ne se trouveront jamais dans les urnes, eux me demanderont si je m’en fous tant que cela que mon ancienne [camarade] de classe soit élue l’année prochaine, ils ne comprendraient pas que je ne fasse plus la différence entre elle et un autre, que je ne fais plus de distinguo entre droite et extrême droite, et puis, seconde raison, il faudrait aussi que je boude de regarder les émissions Last Week Tonight de John Oliver, surtout celles dans lesquelles il fait l’exégèse des déclarations et des faits de campagne de Donald Trump. Ce serait comme d’exiger de moi que je fasse régime.
    Serge Squarcini est mis en examen pour trafic d’influence. Ça c’est drôle. Vraiment. Toutes les nouvelles du monde ne sont pas tristes.
    François Hollande a fait une visite à Calais, apparemment pas très convaincante. Mais, comme, quoi qu’il fasse, les médias s’accordent sur le fait que ses interventions ne sont pas convaincantes, on peut même penser qu’il a été brillant à Calais. Mais j’en doute, quand même un peu.
    Claude Guéant, plus proche ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy, a été mis en examen pour suspicion de financement de la campagne électorale de 2007 d’icelui, avec des fonds libyens, d’avant-guerre je présume. C’est quand même une destinée fréquente chez les anciens ministres de l’intérieur de droite de se retrouver quelques années plus tard chez le Juge. Guéant fils naturel de Pasqua ?
    36 avions Rafales de marque Dassault ont été vendus à l’Inde.
    Suite à l’assassinat d’un jeune Noir par des policiers, de graves émeutes ont lieu à Charlotte dans la Caroline du Nord aux Etats-Unis d’Amérique
    La Pologne va interdire les Interruptions Volontaires de Grossesse.
    Il y a eu une manifestation d’opposition à la loi Travaille ! le 17 septembre, elle n’a pas rencontré un très grand succès, mais, comme, quoi qu’il se passe dans la rue ― il s’passe quoi dans la rue ? , Paris, 1986, génération Oussekine ― les médias dominants s’accordent à penser qu’il ne se passe pas grand-chose, il est en fait possible que ce jour-là soit l’équivalent historique de la prise de la Bastille en 1789, mais j’en doute. Il y a eu des affrontements entre manifestants et forces du désordre sur la place de la République et à Paris, de même, naturellement, à Rennes et Nantes.

    Ça va, je m’en sors plutôt bien, il n’y a pas grand-chose qui filtre, ou qui soit poreux, en continuant de bien faire attention, je devrais pouvoir réussir. Mon premier test d’étanchéité est concluant. Si seulement le toit de ma maison pouvait sortir victorieux d’un tel test, la course d’escargot entre mon couvreur et la dégradation du beau temps en ce début d’automne me rend nerveux, on s’excuse pour cette parenthèse autocentrée.

    Je peux me tromper, bien évidemment, mais je serais étonné si on me di-sait qu’il s’était passé d’autres événements que ceux-là, d’autres qui mériteraient que j’en prenne connaissance, que je me renseigne à leur propos que je m’en fasse une opinion.

    Et est-ce que je ne devrais pas, pour mon plus simple amusement, mon divertissement à la fois en tant qu’émetteur et que récepteur, m’inventer une actualité purement fictive ? L’assassinat de Benjamin Netanyahou par un extrémiste du parti travailliste, pourtant moribond, lors du funérailles de Shimon Peres, l’infarctus simultané de Donald Trump et le trépas d’une crise d’étouffement de Hilary Clinton, lors du second débat télévisé, et ses conséquences invraisemblables, l’élection par défaut du candidat libertarien, Gary Johnson, un nouveau krach boursier, mais celui-là venant de la bourse de Pékin, principal créancier de l’économie américaine, ce qui est peu su, et donc, effet de domino oblige, l’effondrement des cours boursiers d’abord à Wall Street, puis dans le reste du monde, récession sans précédent, une nouvelle arme sol-air portative qui tombe aux mains de l’État Islamique, les avions de la coalition qui tombent comme des mouches dans les cieux syrien et irakien, Etats-Unis et Russie s’accusant mutuellement, escalade et provocations de part et d’autre, puis retrait gradué de ces positions hautes, nouveaux attentats en France, les terroristes fusillent des voitures et leurs passagers depuis des ponts enjambant les autoroutes, carambolages sans fin, massacres parmi les véhicules au fur et à mesure qu’ils arrivent à hauteur du carambolage, embrasement au napalm, empoisonnement massif de l’eau courante dans les stations d’épuration en périphérie des grandes villes, nombreuses explosions de véhicules piégés dans les parkings des sièges sociaux de toutes les entreprises du CAC40 ― la plupart de ces parkings ouvrant leur barrière et leurs portes par reconnaissance optique des plaques minéralo-giques, je ne vous ai rien dit ―, déclarations martiales du Premier Ministre et dé-pression nerveuse du Président, élections anticipées, décret de couvre-feu et autres mesures sécuritaires inutiles, affrontements extrêmement violents dans la ZAD de Notre Dame des Landes, des centaines de morts parmi les manifestants, condamnations unanimes à l’ONU, le Premier Ministre, droit dans ses bottes, martial, forcément martial, décès de Johnny Halliday d’une cirrhose du foie, obsèques nationales à Notre Dame de Paris, décès de Pierre Michon dans l’indifférence totale, on apprend sa disparition six mois après son décès, un mot de sport maintenant, résurrection du XV de France, qui inflige une très sévère défaite aux All blacks et, la semaine suivante, aux Wallabies , sous la réforme de Guy Novès, qui refuse la légion d’honneur pour des raisons de désaccord fondamental d’avec le premier sinistre, découverte d’un réseau général, s’étendant jusqu’aux amateurs, de dopage chez les manchots, le prix Pulitzer de la presse revient à la feuille de chou l’Équipe pour son patient travail d’investigation depuis plus de vingt ans dans le milieu mafieux des pousseurs de citrouille, Philippe De Jonckheere, remporte le prix Décembre , pour Une fuite en Égypte, qu’il refuse, en faisant un discours plagiaire de celui de Julien Gracq refusant le prix Goncourt, fortes ventes du livre malgré tout, Éric Chevillard entre à l’Académie Française, tous aux abris, immense rétrospective de Martin Bruneau à Beaubourg, la queue des visiteurs qui se forme dès le matin va jusqu’à la Fontaine aux Innocents, le film la Petite Fille qui sautait sur les genoux de Céline remporte la palme d’or à Cannes, premier film documentaire à remporter cette distinction, son réalisateur refuse d’aller chercher la palme, il a mauvais caractère et refuse de porter un costume, Tracé provisoire de @dominique Pifarély sacré meilleur disque de jazz de l’année 2016 par l’ensemble de la profession, résurrection de Pierre Boulez auquel on confie la direction de la Philharmonie , il ouvre une saison de musique con-temporaine, gratuité des places pour les moins de 77 ans, immense succès, salle comble quatre fois par jour, musiciens épuisés, épuisement subit et total des réserves pétrolifères dans le monde, découverte d’un processus de création d’énergie à partir des tempêtes de sable dans le désert et des orages dans le Pacifique Sud, les Aborigènes retrouvent un vieux sortilège et prennent le pouvoir en Australie, sans verser une goutte de sang, les côtes du pays sont désertées, à part quelques réserves de colons comme on appelle désormais les Blancs, les Anglo-Saxons, tout le centre du pays au contraire devient florissant ― grâce notamment au perfectionnement de la création d’énergie électrique avec les tempêtes du désert, et d’autres phénomènes propres au désert australien ―, immense famine en Amérique du Nord, le Mexique exige des Etats-Unis qu’ils prennent la charge financière la construction d’un mur entre leurs deux pays, le Canada envahit l’Alaska ― je trouve que cela sonne bien, même si cela ne sert à rien ― les services secrets indiens mettent à exécution un plan de longue date et prennent le contrôle de toutes les informatiques centrales des entreprises privées qui leur ont confié le plus petit développement, pendant les vingt dernières années, une jeune étudiante ivoirienne met au point un procédé de cerf-volant qui permet aux cargos, minéraliers et pétroliers, de naviguer quasiment sans apport énergétique en dehors des ports ― le port de Grand Bassam en Côte d’Ivoire, devient le centre mondial de maintenance des cerfs-volants géants, découverte, par une nutritionniste équatorienne, d’un remède exemplaire contre l’obésité à base de maïs et de haricots rouges, un jeune autiste francilien, défie le dernier supercalculateur d’IBM, Watson , aux échecs et remporte les cinq premières parties avec les Blancs en jouant 1.f4 et met en lumière les limites du calculateur en question, la Bird , comme on appelle 1.f4 dans le milieu échiquéen, étant très peu documentée, n’ayant pas accès à de très nombreuses données, l’ordinateur ne parvient pas à transposer et patine, avec les Noirs, pour les mêmes raisons, le jeune autiste obtient systématiquement la nulle en remettant la défense Alekhine au goût du jour, 1.e4 – Cf6, pour les mêmes raisons d’une faible documentation de cette ouverture antédiluvienne, Watson sans les données montre clairement ses limites, nouvel effondrement des cours boursiers à Wall street, un autiste pakistanais, étudiant en informatique, s’engouffrant dans la brèche créée par son homologue francilien, s’introduit dans les systèmes centraux de la Bourse de New York et détruit toutes les données des cours des dix dernières années, faillite de tous les établissements bancaires basant leur spéculation sur le paramétrage de leurs supercalculateurs d’anticipation, nouveaux soulèvements d’abord à Rennes, puis à Nantes et dans tout l’Ouest de la France, la Bretagne tout entière devient une ZAD et c’est tout l’Ouest qui passe à l’autonomie, tentative de putsch militaire à Paris écrasée, mais le gouvernement est contraint à la démission, malgré le premier sinistre martial, suicide du président dépressif, Donald Trump est élu, le reste du monde s’en cogne, il conduit le pays à la faillite et à la famine dans les états du Sud, de la Californie au Texas, un nouveau premier ministre travailliste est élu en Israël et entame immédiatement des pourparlers de paix avec son homologue palestinien. Mort de Sonny Rollins (pourvu que cela n’arrive pas, je ne me le pardonnerai jamais, sans parler de Pierre Michon plus haut).

    De toute manière, nulle crainte, je suis nul en anticipation, il n’y a qu’à lire mon récit Et dire que l’an 2000 c’est déjà du passé (http://www.desordre.net/textes/nouvelles/quoi_maintenant/(http://www.desordre.net/textes/nouvelles/quoi_maintenant/), pour s’en rendre compte.

    Exercice #5 de Henry Carroll : prendre une photo laide de quelque chose de beau : j’imagine que c’est le principe même de ma série des Croûtes dorées . Et l’utilisation de cette série d’images sous la forme d’une exploration à la lampe de poche, dans Apnées .

    #qui_ca

  • J – 236 : grand moment d’hésitation au moment de sauter. De sauter dans ce véhicule en marche qu’est mon idée d’un projet de film documentaire à propos de la mère de mon ami Diketi, Renée. La petite fille qui sautait sur les genoux de Céline . Quelle est la part de mon hésitation qui serait une forme de capitulation non pas devant l’effort à accomplir, mais surtout l’effort d’aller au-devant des producteurs et leur arracher une manière de conviction ?

    Je n’ai aucun talent dans ce domaine, quand j’explique on ne comprend rien et quand je tente de convaincre, on se dit que je ne suis pas très calme.

    Mon ami Diketi est mort d’un Arrêt Vasculo-Cérébral en août 2014, dans la Drôme, au milieu des siens.

    Diketi était le compagnon de mon amie Laurence que je connais depuis le lycée. Il était aussi, il a joué ce rôle pendant deux ans, l’éducateur spécialisé de mon fils Nathan, un éducateur musical. Un art thérapeute. Diketi était par ailleurs un musicien qui jouait de toutes sortes d’instruments de musique, notamment des percussions, dont les origines étaient africaines, ou encore sud-américaines, tel le berimbau , plus rarement asiatiques du Sud-Est. Il venait le mardi soir, j’allais le chercher en voiture à la bouche de métropolitain de Marie de Montreuil, le plus souvent en compagnie de Nathan et lorsque nous arrivions à la maison je n’avais généralement pas le temps de faire une tasse de thé à Diketi tant Nathan l’emmenait prestement dans sa chambre pour jouer de la musique avec un des nombreux instruments que Diketi avait emportés dans son sac de sport boursoufflé par tous ces instruments, opulence qui tranchait singulièrement avec le physique longiligne de Diketi et son visage aux traits sculptés avec des outils tranchants. Pendant deux heures le son d’une franche rigolade très bruyante emplissait le reste de la maison, il était manifeste que Nathan prenait beaucoup de plaisir à cette séance dont nous avions convenu avec Diketi qu’elle devrait durer une petite heure et, tel que j’en avais convenu avec Diketi, une séance d’une heure pour la somme de vingt-cinq euros. Pas une fois la séance a duré moins de deux heures et pas une fois Diketi n’a accepté que je le dédommage pour cette heure supplémentaire dans laquelle il trouvait lui aussi son content.

    Lorsque Diketi redescendait de la séance, souvent nous avions été rejoints par Laurence et souvent aussi par B., ma compagne. Et nous improvisions un dîner à la bonne franquette, je garde de ces mardis soirs un souvenir enchan-té. Plus tard je raccompagnais Diketi et Laurence à la bouche de métropolitain de la Croix de Chavaux à Montreuil qui les ramenait directement à République où ils habitaient. Je pense que je n’oublierai jamais le souvenir exact du visage de Diketi qui, chaque fois, retardait, jusqu’à l’ultime moment, sa disparition dans la bouche du métropolitain, c’est d’ailleurs de cette façon que je l’ai vu pour la dernière fois.

    Je sais que je dispose dans mes archives d’un enregistrement d’une des séances de Diketi à la maison avec Nathan, mais je n’ai pas encore rassemblé le courage de le réécouter. De même, je sais que j’ai une fois pris une photographie de Diketi, qui, à ma connaissance, est la seule photographie que j’ai prise de lui, on le voit dans un coin du salon chez Laurence penché sur un petit instrument de musique dont j’ai oublié le nom et dont il jouait des mélodies à l’incroyable douceur, en improvisant.

    Nathan, mon fils, est, légèrement, handicapé, mental.

    Lorsque Laurence m’a appelé pour m’annoncer le décès de Diketi, il m’a fallu beaucoup de courage pour réunir les enfants, et, en pleurs moi-même, leur annoncer la mort de Diketi, ce qui a foudroyé mes filles Madeleine et Adèle et a attristé grandement Nathan, difficilement capable d’extérioriser ses émotions et il n’était pas non plus certain que la tristesse, malgré tout visible sur le visage de Nathan, ne soit pas davantage plus causée par celle de ses sœurs que par cette funeste nouvelle dont je n’étais pas sûr qu’il la comprenait vraiment. J’ai offert aux enfants que chacun notre tour, nous racontions un souvenir heureux que nous avions de Diketi. Madeleine s’est souvenue d’un repas du mardi soir où j’avais oublié, complétement, que Diketi, et Laurence dans une moindre mesure, étaient végétariens et j’avais dû cuisiner une carbonnade flamande ou je ne sais quoi de ce tonneau. Ce qui nous avait tous bien faire rire. Adèle s’est souvenue qu’un jour elle avait été invitée par Diketi à venir jouer de la musique avec Nathan et lui et que c’était un désordre sans nom dans la chambre de Nathan et qu’ils s’étaient bien amusés. Nathan a dit qu’il se souvenait que Diketi était son pschyichologue de musique. Cela n’avait rien de spécifique, comme j’avais suggéré que nous fassions, mais de la part de Nathan c’était assez remarquable. Et toi Papa ?, ont demandé les filles. J’ai répondu qu’un jour chez Laurence, alors que j’étais sur le point de repartir de chez eux, je ne parvenais pas à remettre la fermeture éclair de mon pull que cette dernière était coincée et que cela commençait à m’énerver et que Diketi m’a invité à me rasseoir, à respirer un grand coup et que, plus calme, en restant assis, dans le canapé ? là même où je l’avais photographier jouant de ce petit instrument contenu dans une petite calebasse ?, à refermer ma fermeture éclair qui s’est refermée sans aucune difficulté jusqu’au col. Diketi était ce genre de grand magicien modeste.

    Laurence m’avait aussi dit qu’une manière de céré-monie du souvenir aurait lieu dans un endroit dont elle n’avait pas encore l’adresse, mais à laquelle elle aimerait beaucoup que je vienne avec les enfants. C’était mi-septembre, un samedi soir, il faisait, dans les locaux de je ne sais plus quel syndicat à Pantin, une chaleur moite, presque irrespirable, ce qui n’avait pas l’air de beaucoup déranger une bonne partie des convives qui, pour le plus grand nombre, étaient africains, les Blancs, comme nous, en revanche, mélangeaient copieusement leur sueur à leurs larmes.

    Les proches de Diketi, sa sœur, son beau-frère, sa fille et Laurence se sont courageusement succédés pour dire, modestement, la très grande perte qu’était pour eux celle de Diketi, des paroles tour à tour simples, parfois coupées par l’émotion, relancées par le courage seul, et sans doute aussi l’amour que toutes ces personnes vouaient à Diketi et dont elles n’auraient pas voulu trahir la confiance, même au-delà de la mort.

    Un plantureux buffet, où chacun avait apporté des mets souvent délicieux, nous attendait et fut l’occasion pour tous de reprendre des forces, d’échanger avec bienveillance, tandis qu’un petit trio se mettait en place pour jouer avec qui voulait bien (qui savait), la tension retombait.

    Plus tard, alors que nous étions sur le départ, je me suis enhardi à aborder la sœur de Diketi que je ne connais-sais pas, après une crise de larmes incontrôlable de ma part, je lui ai dit que je voulais lui expliquer qui était Diketi pour ma famille, un ami pas seulement, mais aussi l’éducateur spécialisé de Nathan, mon fils handicapé. Le visage de la sœur de Diketi s’est illuminé, vous êtes le père de Nathan ? Oui. Il faut absolument que vous rencontriez ma mère, Diketi nous parlait de Nathan tellement souvent, vous êtes venu avec lui ? Oui. Où est-il ? C’est le grand gaillard un peu égaré près du buffet. Mais vous alliez partir c’est ça ? Oui. Vous êtes l’ami d’enfance de Laurence ? Oui. Où est Laurence ?, Ah Laurence te voilà, ton ami vient de m’expliquer qu’il était le père de Nathan, mais il faudrait absolument que nous rencontrions tous Nathan, ils s’en vont, est-ce que tu peux arranger un dîner chez toi, on apporte chacun quelque chose, de telle sorte que nous puissions rencontrer Nathan. Laurence a naturellement accepté.

    Un mois et demi plus tard, un samedi soir, nous étions tous les quatre, Madeleine, Nathan, Adèle et moi, invités chez Laurence dans son minuscule appartement. Nous nous étions chargés des desserts, nous avions apporté un gâteau de châtaignes qui avait déjà rencontré un bon succès lors de la cérémonie commémorative, une mousse au chocolat pour faire plaisir à Laurence et un autre dessert, dont je ne me souviens plus. Étaient déjà là quand nous sommes arrivés la sœur de Diketi, et son mari, et la mère de Diketi, Renée. Eût égard à mes rotules douloureuses, j’ai eu droit à la deuxième meilleure place sur le canapé du salon en compagnie de Renée, doyenne de cette soirée, dans laquelle il était admirable qu’effectivement les proches de Diketi étaient vraiment venus pour faire la connaissance de Nathan, c’est tout juste si Madeleine, Adèle et moi n’étions pas secondaires, ce qui, étant donné la nature du handicap mental de Nathan, était à la fois surprenant et inhabituel. Nathan découvrait depuis peu le jeu d’échecs et tous se relayèrent pour disputer des parties avec Nathan, ce qui était à la fois ce qui pouvait faire le plus plaisir à Nathan alors, mais surtout ne manqua pas de me faire penser à cette citation que l’on attribue généralement à Socrate que l’on peut apprendre beaucoup plus d’une personne en jouant avec elle pendant une demi-heure que pendant dix ans de conversation, c’était donc la meilleure façon qui soit de rencontrer Nathan.

    Sirah, la fille de Diketi arriva un peu plus tard avec son compagnon, dont j’eus à apprendre qu’il était cévenol et qu’il connaissait très bien la vallée de la Cèze. C’était la deuxième fois que je voyais Sirah, la fille de Diketi, dont il m’avait parlé avec cette admiration benoîte des pères. Je sa-vais que Sirah était doctorante, mais je ne savais pas dans quelle matière, aussi, pour lancer la conversation, je le lui demandais et comme elle me répondit qu’elle était effecti-vement thésarde en littérature comparée, je me jetais sur l’occasion pour lui demander de m’expliquer en quoi consis-tait, dans les grandes lignes, la littérature comparée ce que j’ignorais tout à fait, ce dont je ne me vantais pas. Les expli-cations de Sirah étaient limpides et intelligentes, tout à fait compréhensibles par un quidam de mon espèce, du coup je lui demandais quel était le sujet de sa thèse, et comme elle me répondait qu’il s’agissait des œuvres de fiction à propos de la Shoah, j’enfourchais sans délai ma Rossinante de Don Quichotte du Val de Marne pour lui dire, par exemple, tout le mal que je pensais à la fois de ce sujet, mais aussi de cer-tains livres qui avaient fait grand bruit ces derniers temps parmi lesquels les Bienveillantes de Jonathan Littel, un de mes moulins à vent préférés.

    Avec beaucoup d’adresse Laurence parvint à détour-ner le sujet de la conversation, en revanche une personne vibrait terriblement de l’autre côté du canapé, Renée, la mère de Diketi. Qui me prit à part pour me dire, vous savez quand j’étais petite fille je sautais sur les genoux de Céline. Vous voulez dire Louis-Ferdinand Céline, l’auteur de Mort à Crédit ? Lui-même.

    En fait je comprenais rapidement que ma péroraison avait eu au moins le mérite d’éveiller l’intérêt de Renée, elle enchaîna donc en m’expliquant qu’elle était la fille d’un très sale type qui avait été un très bon ami de Céline et qu’effec-tivement enfant, elle avait de nombreuses fois rencontré le docteur Destouches et que ce dernier l’avait plus d’une fois fait sauter sur ses genoux. C’est une chose de serrer une fois la main de John Tchikaï en se disant qu’elle avait serré celle de John Coltrane, pour avoir joué avec lui, et de s’en émer-veiller, et de s’en amuser, c’en est une autre de se dire qu’on est assis sur un canapé que l’on partage avec une dame, un peu âgée tout de même qui, enfant, avait sauté sur les ge-noux de Céline.

    En fait Renée, comme elle me l’a dit, avait des choses à dire et elle se demandait si d’aventure, une intuition, je n’étais pas la bonne personne pour cela.

    Son père, m’expliqua Renée, était un très sale type et peut-être avez-vous déjà entendu parlé de lui, il s’agit de René Girard, connu pour avoir fait fortune dans le cinéma comme accessoiriste mais aussi pour avoir été le fondateur, dès 1941, de l’Institut d’Étude des Questions Juives auquel il avait versé sa très importante bibliothèque antisémite, une vraie marotte. Effectivement pas du tout un type recom-mandable.

    Renée a eu cette parole déconcertante et prévenante pour me dire que si je vérifiais ceci sur internet je verrais que ce fameux institut a été en fait fondé par un certain Paul Sézille, mais qu’en fait ce dernier avait été le bras droit de son père qui, sentant, dès le début de 1944, que peut-être le Reich millénaire allait, heureusement, durer moins longtemps, s’est arrangé pour étancher la soif d’ambition de son second, ce que ce dernier aurait sûrement eu à justifier devant quelque tribunal s’il n’était pas mort prématurément de maladie en 1944. Et que donc le véritable instigateur de cet institut nauséabond était bien le père de Renée, René Girard, qui, de fait, ne fut pas du tout inquiété à la libération et a pu reprendre ses activités d’accessoiriste de cinéma avec une certaine fortune.

    Ce n’était pas facile de se dire que l’on est la fille d’un salaud selon l’expression, apparemment sincère, de Renée, elle avait essayé toute sa vie de se défaire de cet encombrant héritage, elle ne savait pas si elle y était parvenue, mais que voilà, elle avait de temps en temps le besoin, et le désir, de parler de ce genre de choses et qu’elle avait l’impression qu’avec moi, elle pourrait le faire. C’était quelque chose qu’elle sentait. Elle me disait par exemple qu’elle avait essayé la psychanalyse mais que cela ne l’avait pas suffisamment aidée. Que toute sa vie elle serait taraudée par cette idée qu’elle était la fille d’un salaud. Et une grande tristesse se lisait alors sur son visage.

    Mais Renée, Diketi est bien né en 1959 (je me sou-venais du poster avec ses dates de naissance et de décès à l’entrée de la commémoration) ? Oui. Vous vous êtes mariée en quelle année ? 1955, je crois. Et donc Rénée, vous vous demandez encore si vous vous êtes suffisamment départie de l’héritage de votre père, vous, une femme blanche, qui s’est mariée en France, en 1955 avec un Camerounais ? Je crois que vous pouvez être tout à fait rassurée sur ce point. Vous vous êtes très largement émancipée de cet héritage célinien et maurassien.

    J’ai promis à Renée que j’allais réfléchir à tout cela.

    La soirée s’est terminée tard dans une chaleur amicale merveilleuse, j’étais par ailleurs admiratif de ce qu’il n’était pas de trop d’appeler un véritable travail de deuil collectif qu’étaient en train de produire les proches de Diketi, soudés dans cette épreuve de la perte d’une figure centrale de leur famille. Je suis reparti en métropolitain avec les enfants et tandis que nous remontions vers la porte de Bagnolet où j’avais laissé la voiture, je pensais aux formes que pourraient prendre la collaboration avec Renée, un livre, un entretien audio phonique, un site internet, il me semblait cependant que le film documentaire serait le vecteur idéal pour ce qui semblait être, de la part de Renée, un désir de déposition .

    M’est alors venue cette idée étonnante, telle une ful-gurance, Diketi, mon ami Diketi, grand Noir, aux immenses dreadlocks , à la démarche chaloupée, au visage de grand guerrier de tribu, Diketi était le petit fils d’un abominable et zélé collaborateur, petit Français blanc minable. Cela n’avait pas de sens. Il était donc urgent de retrouver ce sens.

    Le film que je voudrais faire s’interroge à propos de ce qui n’a pas de sens.

    Philippe De Jonckheere, le Bouchet de la Lauze, le 18 août 2016.

    #qui_ca

  • C’est à Autun. A la Folie. Chez Martin Et Isa (http://www.desordre.net/invites/martin_isa/001.htm). le 17 septembre 2016 à 19H45, un spectacle de Dominique Pifarély (http://www.pifarely.net) (@dominique) , Michele Rabbia (http://www.michelerabbia.com/index.php/en) et Philippe De Jonckheere, évenement culinaire d’Isa Bordat (http://www.isabordat.net).

    La Folie c’est 10 route de Chateau-Chinon, sur les bords de l’Arroux dans les faubourgs d’Autun. Dans l’ombre, presque, du temps de Janus.

  • http://www.desordre.net/musique/brahma.mp3

    C’est à Autun. A la Folie. Chez Martin Et Isa. le 25 juin 2016 à 20H, concert de Brahma , évenement culinaire d’Isa Bordat (http://www.isabordat.net), et deuxième partie du concert avec vidéo-projection de Philippe De Jonckheere. Brahma c’est Jacques Di Donato (batterie), Florent Pujuila, guitare, Nicolas Nageotte, saxophone baryton. La cuisine d’Isa, il n’y a pas de mot pour la décrire (http://www.desordre.net/bloc/images/photos/chaudrons/index.htm.htm). Quant à ma vidéo projection, ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance (Chris Marker).

    La Folie c’est 10 route de Chateau-Chinon, sur les bords de l’Arroux dans les faubourgs d’Autun. Dans l’ombre, presque, du temps de Janus.

  • L’orthographe, outil d’élite, ou quand la langue sert à l’exclusion.
    http://sansdeclinersnarclens.tumblr.com/post/110093077973/lorthographe-outil-d%C3%A9lite-ou-quand-la-langue

    « L’argument de l’orthographe, ou plutôt « l’outil de l’orthographe » est constamment mobilisé pour discréditer un texte. La forme plutôt que le fond, où la forme en plus du fond, pour appuyer le fait que « c’est mal pensé ». Certain-e-s trouvent ça bien normal, moi je trouve que c’est une manière de maintenir une chasse gardée sur la chose écrite. « Si tu veux écrire, il faut connaitre et respecter les règles », c’est un peu « bas d’bras, pas d’chocolat » surtout quand la langue est si finement règlementée et qu’elle exclue une partie des individu-e-s.

    Et l’alternative, de ceux et celles qui t’aiment et/ou aiment ce que t’écris c’est « fais-toi corriger ». Or, je n’ai aucune envie de me faire corriger. Premièrement parce que j’apprécie mon autonomie (merci) et deuxièmement parce que j’ai pas besoin de l’aval de (...)

    #orthographe #luttes

    • Je trouve ça ambivalent, ça dépend comment on le prend et jusqu’où on va dans cette direction-là… Il y a des manières de faire qui sont collectives et bienveillantes, pour relire et corriger un texte à plusieurs, quand bien même le texte de départ serait « personnel » (contrairement à un article plus journalistique).

      #langue #déconstructivisme (ouais je trouve que ça va là-dedans si on va trop loin dans cette direction, du coup :D)
      cc @aude_v @ari

    • Sans mots, pas de concept. Sans mots, c’est le tabou : le tabou crée la barrière (boundary)

      Déjà ça ne part pas très bien, personnellement je n’ai pas besoin qu’on m’explique que le mot barrière parfaitement en français se dit, dans ce contexte, boundary en anglais.

      (encore qu’aujourd’hui on filme et on enregistre plus facilement qu’il y a un siècle voir dix ans)

      Sur ce sujet il y aurait un peu plus à dire, ne serait-ce que l’énoncer un peu différémment, comme de dire que les images sont en train de devenir le langage, voire l’usage, et qu’en ce sens c’est un peu effrayant justement du fait de l’analphabétisme visuel de nos contemporains. Et il y aurait justement à dire sur le fait que c’est une porte ouverte à une toute autre forme de domination, plus puissante encore que celle du langage, parce que souterrain, et du coup à qui profite le crime ?

      Ca ne serait pas un problème si on ne demandait pas à celles et ceux qui ne savent pas écrire « juste » de ne pas écrire du tout (un peu comme on demande aux obèses de ne pas se mettre en maillot de bain, voire de rester chez eux-elles).

      Par exemple ça c’est un peu se tirer une balle dans le pied. En matière d’orthographe, de grammaire, les bons pédagogues encouragent la constance dans l’erreur, ce qui permet, quand on corrige l’erreur de la corriger uniformément sur la totalité du corpus. Une erreur de doublement de consonnes par exemple, c’est bien d’être constant dedans, pas écrire une fois courir, l’autre courrir, c’est courir avec un seul r, mais si on écrit courrir avec deux r, alors l’écrire constamment avec deux r et le jour où l’on découvre que c’est un seul r, on fait la correction de soi-même systématiquement et on ne l’écrit plus avec deux r. Dans la phrase que je cite, on ne peut pas faire cohabiter dans la même phrase « celles et ceux » et « eux-elles ». Personnellement c’est faire une faible confiance à la langue française de ne pas justement respecter le féminin, ce qu’elle fait infiniment plus que la langue anglaise incapable à deux ou trois exceptions près, comme ship, de ne pas abolir ce qui relève justement d’une structure respectueuse du genre féminin. Je renvoie ici à Par quel amour blessée d’Alain Borer qui est un texte magnifique et terriblement triste à la fois dans ce qu’il prédit d’une façon implacable la disparition d’une langue que jusqu’à présent nous partagions avec des auteurs aussi anciens que ceux du Moyen-Age. Se couper de cette langue par exemple ce serait se couper de ces auteurs, qui une fois la langue française ayant disparu ne pourront plus être traduits. Mais je m’égare. Ce que je voulais dire c’est qu’on ne peut pas faire coexister deux systèmes distcints dans la même phrase, sans y perdre du sens.

      « Si tu veux écrire, il faut connaitre et respecter les règles », c’est un peu « bas d’bras, pas d’chocolat » surtout quand la langue est si finement règlementée et qu’elle exclue une partie des individu-e-s.

      Alors ça c’est un argument très fréquent chez les adolescents, quand par exemple on leur oppose que l’on ne comprend pas ce qu’ils disent et qu’au contraire il est très important qu’on se comprenne bien et que pour cela on va devoir en passer par un tronc commun, une compréhension commune et que cette dernière, c’est terrible, mais son efficacité est prouvée, demande justement que l’on maîtrise plus qu’un seul niveau de langage. Ouis, mais tout le monde comprend ce que je veux dire ! ben non justement moi je ne comprends pas. Oui, mais toi tu es vieux. Certes, mais tu as besoin d’échanger avec moi et moi j’ai besoin d’échanger avec toi. D’ailleurs si tu veux, tu m’apprends à comprendre la façon dont tu parles et tu vas comprendre que ce sera plus facile d’apprendre à parler la même langue que la mienne que de m’apprendre ta langue qui justement n’en est pas une.

      Le passage sur la correction est vide de sens et se fait une drôle d’idée de ce que peut être la relation avec un, ou, plus souvent, une correctrice, relation dans laquelle ces derniers parviennent précisément à rendre accessible une pensée qui n’est pas complète, la preuve, elle s’exprime mal. Elle s’exprime mal parce qu’on ne peut pas être son propre lecteur. Noli me legere (voir le livre à venir de Maurice Blanchot). Les quelques fois où mes textes ont été corrigés par des correctrices, j’en ai conçu une reconnaissance sans bornes, j’étais même envouté par elles.

      Sinon c’est très courageux ce qui est exprimé dans les deux derniers paragraphes, mais justement ce n’est pas facile à comprendre et à lire, à cause de ce qui est structurellement fautif du point de vue de la grammaire. Mais cela vaut le coup, et très largement, de le lire. D’ailleurs je ne vois aps comment une personne, qui a un tel désir d’écrire, ne pas évoluer sur cette question, écrire davantage, lire, lire davantage jusqu’à ne plus avoir à espérer de tomber sur un esprit prisonier d’une bouteille et pouvoir justement faire d’autres voeux. Celui de l’orthgraphe parfaite étant exaucé depuis longtemps.

      Pour mieux écrire, une seule chose à faire finalement, se relire. Jusqu’à ne plus pouvoir le faire soi-même et s’en remettre à une correctrice.

      Donc ça finit mieux que cela n’avait commencé.

    • merci @rastapopoulos j’y cogite pas mal depuis un moment !

      Arriver à se faire comprendre, quand on publie quelque chose, c’est l’essentiel… Un texte rempli de fautes d’orthographe est bien plus compliqué à lire, cela peut même produire des contre-sens, chez les sachants comme chez les personnes les moins à l’aise avec la langue.

      Outre les soucis d’orthographe ou de syntaxe, la relecture permet d’éviter des problèmes bien plus graves : erreurs factuelles, d’argumentation, soucis de clarté ou de concision du propos… Un texte plein de fautes signale d’abord la présence possible d’autres problèmes.

      Clamer « on s’en fout de l’orthographe », ce n’est rendre service à personne et surtout pas à celles et ceux qui ont de réels soucis de lecture ou d’expression écrite (pas seulement oublier un « s » de temps en temps), qui en sont conscient·es et qui par conséquent n’ont certainement pas de blog.

      Par ailleurs, l’écriture « publique » a toujours été un processus collectif (avec l’imprimeur, l’éditeur·trice, la personne chargée de la correction), ce qu’on a trop tendance à oublier à l’heure d’Internet et du primat de « l’individu », y compris dans les rédactions, au détriment de ce qu’on donne à lire.

      Les blogs et les réseaux sociaux, parce qu’ils nient cette dimension collective nécessaire, donnent l’illusion d’un accès autonome à l’expression publique. Celle-ci est en réalité souvent restreinte à des personnes proches, déjà acquises au propos, qui vont réussir à passer au-delà des imperfections d’un écrit.

      Solliciter un regard extérieur sur son texte avant de le publier, c’est le minimum de respect qu’on doit aux personnes qui vont prendre le temps de le lire, d’une part, et aux idées qu’on tente de défendre d’autre part. Celles et ceux qui arrivent tout·e seul·e à le faire, y compris avec des fautes, devraient plutôt prêter attention à ceux qui n’y arrivent pas, et réfléchir à ce que signifie l’entraide et comment celle-ci est présente dans toutes les luttes contre la domination, même linguistique. C’est tout l’enjeu de « l’écriture collaborative » sur des sites comme Wikipedia ou Rebellyon, qui réimportent dans l’Internet amateur des pratiques déjà présentes chez les « professionnels » ou dans les revues papier.

      (réponse relue par une tierce personne avant de l’envoyer ^^)

    • Ce thème est important : je suis entièrement d’accord avec l’observation que l’orthographe, particulièrement en Français, est un outil très efficace de discrimination sociale.
      Rien que sur les forums sur Internet, ceux qui ne manient pas bien la langue se font rembarrer violemment.

      Il me semble que les américains n’ont pas la rigidité des Français sur les règles de l’orthographe. Les mots anglais peuvent être disorthographiés (ça se dit ?), notamment dans la publicité, sans que cela ne gêne personne. Pourquoi cette rigidité en France ? Surtout que le Français est très complexe : les conjugaisons diffèrent selon les groupes des verbes, et on peut presque dire qu’en Français, il y a presque autant d’exceptions aux règles, que de règles ...

      Pour moi, cette rigidité sur l’orthographe est un outil d’exclusion et c’est aussi un symptôme du blocage de notre société.

      J’aimerais savoir si l’orthographe dans d’autres pays, par exemple la Suède, est aussi complexe qu’en Français ? Et si on est dans ces pays, aussi rigide sur l’orthographe ?

      Cela a des conséquences sur l’enseignement : en France les écoliers passent beaucoup de temps à apprendre l’orthographe, temps qu’ils pourraient passer à explorer, expérimenter, créer ... faire autre chose que d’apprendre des normes sociales ...

      [Passé au correcteur d’orthographe de Word mais sans garanties … ;-) ]

    • Il y a aussi un malentendu je pense sur ce que l’on peu entendre par « autonomie », l’auteure dit qu’elle tient a son autonomie, ce qui visiblement, veux dire : solitude. Or l’autonomie, peut aussi être comprise comme des dépendances choisis, en conscience justement de leur conséquence. Évidemment, je vais essayé d’éviter de dépendre de telle grande industrie, mais si un-e ami-e me propose de m’aider, c’est hyper-sympa (oui parce que, c’est pas non plus la folie de faire ce genre de travail, alors c’est d’autant plus sympa).

    • il y a une logique dans l’analyse logique et il s’agit de ne jamais saboter le principe de non contradiction car le raisonnement nous contraint à admettre que tant qu’il sera là le ciel ne nous tombera pas sur la tête #contradiction

    • Clamer « on s’en fout de l’orthographe », ce n’est rendre service à personne et surtout pas à celles et ceux qui ont de réels soucis de lecture ou d’expression écrite (pas seulement oublier un « s » de temps en temps), qui en sont conscient·es et qui par conséquent n’ont certainement pas de blog.

      Je pense avoir un peu plus de problèmes à l’écrit que l’oublie de « s » et je suis de celleux qui s’en fichent de l’orthographe. J’ai pourtant deux blogs et j’écrit pas mal par ici et j’ai écrie un article plein de fautes sur le cinéma est politique (dans les commentaires il y a eu plusieurs échanges sur le sujet) http://www.lecinemaestpolitique.fr/8-femmes-creatures-createurs
      J’ai un handicape avec l’orthographe et je viens de loin car je sais qu’aujourd’hui on peu me lire (merci le correcteur automatique).
      Par rapport au fait que je ne « rend pas service » aux personnes telles que moi ca me chiffonne de lire ca. J’ai pas besoin qu’on me rende service a bien écrire vu que pour moi les fautes sont invisibles. et c’est assez injuste de mettre les personnes en handicape responsable du handicape des personnes qui souffrent du même handicape qu’elles. Si je m’en fiche de l’orthographe c’est parceque ca sert à rien de me faire du mal à moi même avec ces conventions idiotes dont on s’est servie pour me pourrir la vie scolaire (à la fac j’ai même eu -10 points sur mes notes de partiels a cause de l’orthographe ce qui m’a permis de raté une UV ou j’aurais du avoir 18/20 et je me suis retrouvé à 8/20...) On m’a toujours dit « il te suffit de lire beaucoup » et je lie je lie mais ca me fait pas progresser du tout de lire et quant je lie je ne m’intéresse pas à la forme mais au fond. Alors dire aux personnes disorthographiques « il faut lire et ça viendra » c’est faux, c’est pas comme ca que ca fonctionne.
      Je comprend un peu que les personnes bien conditionnées qui adorent les règles strictes de l’orthographe et de la grammaire soient heurtés dans leur raideur en me lisant. Mais cette souffrance n’est à mon avis pas si terrible et bien moindre par rapport à ce que ces personnes bien raides sur l’orthographes, bien ortho truc avec leurs règles bien droites infligent au personnes qui ont des handicapes face à ca. Les personnes qui ont des difficultées à l’écrit ne sont pas responsables des difficultées que d’autres personnes ont à l’écrit. Et les personnes qui ont des difficultées à l’ecrit le savent et n’ont pas besoin qu’on leur rappel les bons souvenirs d’humiliation scolaire en toute occasion.

      Par rapport à l’autonomie je rejoint @bug_in , quant j’ai besoin qu’un texte n’ai pas de fautes d’orthographe je le fait relire et corriger sans avoir l’impression de perdre en autonomie. On a tous besoin des autres, c’est pas une perte. Par exemple j’ai besoin des autres pour faire mon pain, mon ordinateur, mes habits, construire ma maison... y a plein de choses que je ne fait pas moi même et pourtant je me sent quant même autonome.

    • Un handicap, c’est autre chose qu’une maladie (c’est pour ça que ce sont deux mots différents à priori). Une maladie, on peut la guérir, que ce soit physiologique ou psychologique ou un mélange des deux. Un handicap, c’est une truc qu’on ne peut pas guérir, sauf avec des prothèses. Les problèmes d’orthographe ne sont pas un handicap, ok il y a la « prothèse » du correcteur orthographique, mais ce n’est pas quelque chose dont on ne peut pas guérir. Les méthodes ne sont pas les mêmes suivant les personnes et suivant les plus ou moins grands traumatismes qu’elles ont eu durant l’école etc (et juste lire ne suffit pas forcément ça c’est sûr), mais il y a de multiples méthodes pour y arriver. Après on peut ne pas vouloir, mais c’est alors autre chose qu’un vrai handicap totalement impossible à guérir, comme ne plus avoir de jambes par exemple.

      Ce ne sont pas des conventions idiotes : la majeure partie sert à juste bien comprendre un texte. Si tu fais des milliards de faute, que tes lecteurices soient super fortes ou pas en ortho, elles vont mettre 2 fois plus de temps à en comprendre le sens. Car il y a de nombreuses fautes qui changent le sens des phrases et des mots. Par ce que le sujet ne va plus avec le bon verbe, car pas accordé pareil, etc. Du coup pour arriver à comprendre le vrai sens qu’a voulu dire l’auteur⋅e au départ et bien soit on le comprend pas, soit on le comprend mais en re-lisant plusieurs fois chaque phrase, ce qui est une grosse perte de temps.

      Ce qui ne signifie pas que celleux qui ont des problèmes peuvent et doivent tout résoudre elleux-mêmes : il y a la relecture par des tierces personnes. Après le contexte change la donne, on peut se faire relire pour publier dans un média, mais pas forcément quand on répond à des commentaires sur un site… Mais quand on le peut, c’est juste une question de politesse, pour que les autres comprennent ce qu’on veut dire.

      Et j’insiste : c’est pas une question d’être « heurté » ou de « souffrance » ou je ne sais quoi : quand il y a vraiment de nombreuses grosses fautes, on ne comprend pas le sens du texte (ou seulement après un temps très très long). Or c’est un peu pour ça qu’on écrit souvent (pour la poésie c’est autre chose ok), pour que les gens comprennent le sens de ce qu’on voulait dire.

      Et tout cela n’empêche pas du tout d’être bienveillant⋅e et ne pas répondre à un texte sur son orthographe quand on est dans un débat sur le fond d’un propos (cf récemment). Tout en n’oubliant pas d’aider si possible la personne, hors du débat sur le fond.

      (Et souvent il y a des blocages mentaux parce qu’on a été traumatisé par des profs cons, exactement comme pour les mathématiques d’ailleurs. Et après tout sa vie on ne veut plus en entendre parler, alors qu’on aurait parfaitement les capacités d’apprendre tout ça, ortho ou mathématiques. Mais ça ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas des méthodes bienveillantes et multiples qui permettent de s’améliorer.)

    • @mad_meg : oui, tu as raison pour cette remarque crétine, dans le contexte de ce texte.

      Ca me rappelait les propos de personnes qui savent très bien écrire (et qui n’éprouvent aucun problème à se faire comprendre, elles), mais ce texte n’a pas grand chose à voir effectivement.

      Sinon, je ne me retrouve pas dans la description que tu fais des gens qui seraient « bien conditionnés » :

      Je comprend un peu que les personnes bien conditionnées qui adorent les règles strictes de l’orthographe et de la grammaire soient heurtés dans leur raideur en me lisant.

      J’aime pas les règles d’orthographe et de grammaire non plus d’ailleurs, elles sont délirantes et pourraient être largement simplifiées. Mais ça reste pour l’instant notre « code » de communication commun.

      Je remarque juste que de nombreuses fautes d’orthographe rendent la lecture et la compréhension d’un texte bien plus difficile, fatigante, davantage heurtée, pour tout le monde ou presque. Si quelqu’un·e connaît des études à ce sujet ?

    • @ari

      J’aime pas les règles d’orthographe et de grammaire non plus d’ailleurs, elles sont délirantes et pourraient être largement simplifiées.

      Là encore je te renvoie à Par quel amour blessée d’Alain Borer, ces règles ne sont pas délirantes, elles sont au contraire le fruit d’une très longue évolution et permettent précisément de penser, les simplifier ce serait détruire des évolutions heureuses qui ont permis d’aboutir à une pensée écrite en langue française des Essais de Montaigne à la Chambre claire de Barthes, justement en jouant avec cette construction de la langue.

      Ce que je trouve surprenant par exemple, c’est que l’on se vexe d’être rappelés à cette nécessité, et au contraire, dans le même temps, que l’on puisse accepter, pour ceux qui en font ici, qu’une construction entière de code informatique soit mise en péril pour une virgule manquante, une balise mal fermée ou que sais-je encore qui est incroyablement plus autoritaire et qui est à chaque fois sanctionné de façon très sévère.

      Et @rastapopoulos a raison, la compréhension souffre, souvent. Et c’est un réel effort pour comprendre, qui de fait, nécessité de relire, d’interpréter, de deviner et finalement de surtout courir le risque de mal comprendre Autrui, voire de lui prêter une pensée qui n’est pas la sienne.

    • Une petite étude comparative de la répartition du temps scolaire entre disciplines, entre les pays laxistes sur l’orthographe, comme les Etats-Unis, et un pays rigide ayant en plus une grammaire complexe comme la France, serait bienvenue.

      Les affirmations de Philippe De Jonckheere

      les simplifier ce serait détruire des évolutions heureuses qui ont permis d’aboutir à une pensée écrite en langue française des ...

      ne sont que des affirmations sans aucune preuve.

      Il y a beaucoup de grands penseurs dans le monde qui parlent des langues n’ayant pas des grammaires aussi complexes que celle du Français.

      Permettre d’écrire le Français avec une grammaire et une orthographe simplifiées, n’affaiblirait certainement pas la pensée. Et même très probablement, serait favorable à un meilleur fonctionnement de l’éducation et de l’ascenseur social.

    • @rastapopoulos me concernant c’est un handicape, ca se guérie pas et c’est lié au contexte incestueux de ma famille qui a mis ma cervelle dans une certaine configuration qui me rend inapte à l’orthographe, comme a d’autres trucs. Les cours supplémentaires dont j’ai bénéficié grâce à ma condition bourgeoise ont été des prothèses qui me permettent d’être lisible aujourd’hui. Mais ca me demande de gros efforts, par exemple avant d’écrire sur seenthis je passe un temps fou a effacer tout ce rouge que le correcteur orthographique me met partout. Et très souvent le correcteur ne reconnait même pas le mot que j’ai voulu écrire. là par exemple ca fait 2 à 3h que je suis à écrire ce commentaire que je n’ai pas encore envoyé.

      @ari
      Pour moi les personnes qui pinaillent sur des fautes alors que le texte reste lisible sont trop rigide. Je pense qu’il y a un moment ou ca deviens inutile de vouloir respecter toutes ces règles à tout prix. Et j’insiste sur le contexte

      @philippe_de_jonckheere
      La langue française est une langue sexiste, raciste, agiste, validiste, classiste, speciste et j’en passe. Les mots sont la plus part du temps des mensonges fabriqué par les dominants. J’ai toujours l’impression que le monde est à l’envers à cause des mots. D’ailleurs « orthographe » l’écriture droite, ca fait tout de même flipper, vouloir écrire droit c’est un objectif fasciste à mes yeux.
      Pour ta comparaison avec le code ; Dans le code informatique on parle à des machines qui sont incapable de comprendre le contexte et justement c’est important le contexte dans la communication interhumaine. On est pas des machines justement on a pas à se pourrir la vie avec des règles aussi contraignantes que celles qu’exige la « communication » avec des choses. C’est même pas de la communication le code, c’est des ordres donner par des humains à des non-humains.

      Je comprend qu’a un certain niveau on puisse avoir besoin de conventions, mais les conventions actuels de l’orthographe et de la grammaire française sont obsolète et élitistes. Elles servent uniquement les intérêts de vieux hommes blancs et il est temps que l’on réforme et simplifie toutes ces règles inventer par des vieux bitards qui nous pourrissent l’existence depuis des millénaires.

      @stephane_m
      Bien d’accord avec toi. Il y a un passage de Triste Tropique qui m’avais frappé a ce sujet. Levi-strauss raconte qu’un jour dans un village dans lequel l’écriture était inconnu, le chef du village a commencer à imiter le geste d’écrire en faisant un signe de connivence avec LS. Levi-Strauss a fait comme si il comprenait les petites vagues que le chef avait dessiner dans le sable. Après il est parti faire ces trucs de vieux macho d’académicien en France et quant il est revenu, le village était dans le chaos total. Le groupe s’était scinder en deux. Le chef qui avait fait croire qu’il savait écrire en avait profiter pour s’en servir comme outil vexatoire et discriminatoire et la moitié du village s’était barré pour avoir la paix. L’écriture (ou son simulacre) avait servie a exclure, chasser, dominer. Ca m’avais marqué car c’etait la première fois que j’entendais une critique de l’écriture qui m’avais toujours été présenté comme un truc bien de civilisés avec mes difficultés à l’écrit ca m’avait fait un bien fou de lire ca. Ca n’a pas empêcher Levi-Strauss de se servir de la langue et de sa place d’académicien pour opprimer et exclure vu qu’il a été un des opposants à la féminisation de la langue et qu’il en tenais une couche niveau masculinisme.

    • @philippe_de_jonckheere

      Il y a beaucoup de grands penseurs dans le monde qui parlent des langues n’ayant pas des grammaires aussi complexes que celle du Français.

      N’est pas une preuve, mais c’est un fait qui incite tout de même à se méfier sérieusement de tes affirmations.

      En toute sympathie ;-)

      @mad meg

      D’accord avec toi

      Amicalement

    • Il y a beaucoup de grands penseurs dans le monde qui parlent des langues n’ayant pas des grammaires aussi complexes que celle du Français.

      N’est pas une preuve, mais c’est un fait qui incite tout de même à se méfier sérieusement de tes affirmations

      .

      @stephane_m Si tu vas par là, tu remarques par exemple qu’en matière de philosophie, les Grecs anciens et les Allemands sont effectivement assez nombreux. Je doute qu’on puisse leur envier la simplicité de la langue.

      Im Freundschaft

      Sinon à propos de l’opposition entre les Grecs anciens et les Allemands, je te renvoie ce petit documentaire anglais :

      https://www.youtube.com/watch?v=ur5fGSBsfq8

    • « L’orthographe, outil d’élite, ou quand la langue sert à l’exclusion » ? mais sert plus souvent l’émancipation ! à µ% de la grammaire et l’analyse implicite du sens maitrisé ; en fait il y a le français ( même à réformer à adapter aux nouvelles nécessité par la verbocréation ) et alors ce qui ne l’est pas doit encore s’inventer , à défaut , l’accent est mis sur la casse , ça confère une aura de puissance facile , l’espoir de la prime de risque ,

    • Nestor est un troll.
      Pour les philosophes vu que c’est une invention des machos esclavagistes grec et que c’est le fondement de l’exclusion des femmes et de toute personne qui n’est pas un vieux tromblon décatit, c’est un mauvais exemple de pensée. La philosophe c’est justement l’exemple typique de la langue comme exclusion. C’est tellement excluant que chaque philosophe a sa propre définition de chaque mot et qu’il n’y a que tres très peu de philosophes hors des classes et catégories d’oppresseurs.

    • @rastapopoulos Tu as raison mais était-ce si difficile à prévoir ?

      @mad_meg tu as raison et ne nous arrêtons pas en si bon chemin, bazardons aussi donc la littérature, la sculpture parce que vraiment l’attitude de Rodin était intolérable vis-à-vis de Camille Claudel, la musique parce que Schubert était un dangereux fémicide, il va nous rester la peinture qui t’est sans doute chère, mais plutôt celle de Lascaux, parce que la perspective c’est un peu comme l’orthographe à tout vouloir mettre bien droit. Donc back to the trees pas sûr que ce grand et drastique retour en arrière aille vraiment dans le sens du progressisme, sans compter que dans les grottes, ça ne devait pas être hyper féministe comme ambiance.

    • Elle est belle ton humanité partagée entre tes idoles les vieux grecs misogynes et des macaques dans les arbres ... je te plains.
      Je pense qu’on ne sera d’accord sur rien. Je ne pense pas que les personnes qui vivent dans les grottes soient particulièrement machistes pas plus aujourd’hui qu’a l’époque de Lascaux. Ca c’est des idées toutes faites de masculinste. On n’est pas évolués ou plus avancé que les personnes qui ont peint Lascaux et savoir écrire ne fait pas de nous des sages capable de mieux pensé que des personnes illettrées. Et oui je crache sur Rodin pour ce qu’il a fait à Camille Claudel ( je crache aussi sur Gandhi, Einshtein, Freud, Picasso, Céline, Polansky et la liste est longue) et je n’ai pas plus d’affection pour les peintres misogynes que pour les sculpteurs, littérateurs et philosophes machistes ou racistes ou autres. Je ne rend pas un hommage a Bruegel ou Vinci (ou ces peintres qui ont servi les puissants de leur époques) dans mes dessins, bien au contraire.

      Et dire qu’il faut simplifié la langue, ne pas la respecté de manière stricte et rigide et ne pas s’en servir pour privé d’expression les groupes à qui on prive l’expression, c’est pas vouloir tout envoyer au feu. Vous plaindre de votre petit inconfort à devoir déchiffré les écrits d’une personne qui as des difficultés a écrire (que ca soit des raisons de milieu socio-culturel ou autres) c’est exactement comme si vous vous plaignez qu’on laisse parler les bègues car les entendre vous agace un peu.

    • La philosophie est une discipline, et comme beaucoup d’autres, elles a été employés par diverses classes. Si on retrouve des philosophes qui enseignaient au tirant, dans l’antiquité on en trouve aussi qui avait refusé ces choix (cyniques, diogène, qq.sophistes).
      Mais comme les historiens font avec ceux qui a été conservé, il est vrai que bien souvent, ces textes, critiques, ne sont pas les plus conservé (quand ils n’ont pas été volontairement détruit).
      Tu trouvera ensuite un développement de la philosophie ambigu. Et de même le peu nombre de femmes par ex. en philosophie est un problème, mais je ne pense pas qu’il faille rejeter la discipline a cause d’une élite qui tente d’en faire sa propriété.
      Le jargon est d’ailleurs aussi la source de critique dans la philosophie. Par ex. la philosophie pragmatique et analytique, a toujours cherché a le refuser, au contraire de la philosophie continentale et allemande en particulier.
      Mais en France, malheureusement on touche plus souvent les imbuvables que les compréhensibles.

    • les grandes lignes de la réforme de l’écriture des sons dans la préface : Jacob, Alexandre André : La France mistique [sic] : tableau des excentricités religieuses de ce temps

    • Je ne rejette pas la philosophie dans sa totalité tout comme je ne rejette pas l’orthographe dans sa totalité, pas plus que je ne rejette les artistes masculins dans leur totalité, mais quant on me sorte la philosophie comme le nec plus ultra de la culture civilisé et du progrès avec en plus cet affreux Platon comme exemple, je me sent obligé de faire du disempowerment. Je pense qu’il faut descendre les hommes qu’on dit grands de leur piedestal a grands coups dans le fondement. Et je m’y emploi avec amour, passion et dévouement.

      D’autre part, le fait de mettre les cultures de l’écrit, tel l’occident, comme modèle de progrès face aux peuples qui ne connaissent pas l’écriture et qui sont encore une fois comparés à des singes (back to the trees ) ca me rappel la mentalité raciste, colonialiste, ethnocentriste et j’en passe. Dire que les personnes illettrées ou que les peuples dont la langue est moins inaccessible que le français ont une pensé diminué ca me fait mal. Et aussi parce que ce coup là on me l’a fait souvent et de mon point de vue c’est juste de l’oppression en action.

      Encore une fois je ne dit pas qu’il faut abandonner toutes conventions orthographiques, je demande de la souplesse selon les contextes et je demande surtout a ce qu’on travaille a rendre la langue (écrite et orale) moins oppressive.

    • C’est déjà plus nuancé. J’ai posté mon commentaire parce que de ce que je lisais ici :

      Pour les philosophes vu que c’est une invention des machos esclavagistes grec et que c’est le fondement de l’exclusion des femmes et de toute personne qui n’est pas un vieux tromblon décatit, c’est un mauvais exemple de pensée. La philosophe c’est justement l’exemple typique de la langue comme exclusion. C’est tellement excluant que chaque philosophe a sa propre définition de chaque mot et qu’il n’y a que tres très peu de philosophes hors des classes et catégories d’oppresseurs.

      Tu ne dis pas « des » mais « les » :p Donc, j’ai compris « tous » et pas « certains ».
      Après je suis d’accord sur le problème de ce que l’on désigne comme le « progrès » et l’exclusion par ex. des cultures orales au détriment des cultures écrites, est un problème (un art. récent a montré que la culture des aborigènes australiens a conservé des histoires daté d’il y a 8000 ans, alors qu’elle est essentiellement orale, si tu n’as pas vu l’article).

      Personnellement dans mon travail, j’essaye d’indiquer d’autres penseuses et penseurs aux élèves (enfin qu’en j’en ai) ou au lectrices et lecteurs, mais c’est clairement un gros travail difficile car je dois tout relire, et trouver des indications qui ne sont pas référencés... sans parler du fait que le programme de philosophie lui-même n’inclus pas trop de femmes philosophes, ce qui ne facilite pas la tâche. Car je me retrouve a vouloir enseigner des choses a des élèves... qui ensuite pourrait me reprocher que ça n’a pas d’intérêt parce que c’est pas ce qu’on leur demande au bac. (oui parce que les élèves, souvent la philo et les autres matières ils en on rien a faire, c’est leur bac qui les inquiètes... [c’est souvent grâce aux parents...], après heureusement y’a des exceptions et aussi, en général ils s’en rendent compte plus tard, que ça aurait pu être intéressant... mais c’est trop tard pour moi :p ).

      Ah, et sinon, comme je suppose qu’on peu le voir, je fais énormément de fautes.

    • @philippe_de_jonckheere

      [...] ces règles ne sont pas délirantes, elles sont au contraire le fruit d’une très longue évolution et permettent précisément de penser, les simplifier ce serait détruire des évolutions heureuses qui ont permis d’aboutir à une pensée écrite en langue française des Essais de Montaigne à la Chambre claire de Barthes, justement en jouant avec cette construction de la langue.

      Je pense qu’on peut simplifier la langue, notamment là où elle a été sciemment et inutilement complexifiée. À ce sujet un livre comme « Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! Petite histoire des résistances de la langue française » d’Eliane Viennot montre bien ce phénomène, à travers la seule (mais vaste) question de la féminisation. L’italien par exemple (une langue très proche du français) n’a pas subi ces délires masculinistes et cette langue est sûrement plus simple à apprendre car elle ne souffre pas de trop d’illogismes (les fameuses exceptions à la règle ou simplement les règles tordues). La réforme de 1990 allait dans la bonne voie (suppression des circonflexes inutiles, adaptation à l’écrit de prononciations orales, + acceptation de la graphie traditionnelle et nouvelle ce qui réduit le risque de faire des fautes puisque pour beaucoup de mots 2 formes deviennent possibles), mais bien trop souvent celles et ceux qui sont chargés d’enseigner la langue, ou qui ont simplement un pouvoir de sanction sur la façon d’écrire, ne la connaissent pas ou même la rejettent ouvertement, ce qui fait que des fautes qui n’en sont « officiellement » pas sont relevées dans les copies (ou sur les forums et blogs).

    • La simplification de la langue ne serait pas sans danger pour la compréhension d’une part (pour moi cela reste important qu’une chose exprimée d’une certaine façon veuille effectivement dire ce qu’elle était sensée dire), mais aussi pour la beauté. La beauté peut paraître subjective, elle ne l’est pas du tout. Par exemple quand tu parles de la suppression de l’accent circonflexe, c’est perdre une très belle nuance d’accentuation, ce serait comme sur un violon, un violoncelle ou une contrebasse (encore que sur cette dernière cela ne s’entendrait pas forcément) d’amputer la possibilité de faire des quarts de ton. Perdre les accents aigus et graves pour le coup ce serait retirer toutes les touches noires d’un piano. Alors c’est sûr pour une grande partie de la production contemporaine de musique populaire (je ne donne pas d’exemple pour ne vexer personne), on doit pouvoir continuer de jouer sur un clavier sans touches noires, en revanche pour jouer Schöenberg, Berg et Webern, ben c’est foutu et en quelque sorte c’est foutu pour toujours. Ce qui est d’autant plus dommage sachant qu’on risque de continuer de trouver de la beauté à l’école de Vienne, alors que ce que l’on pourra encore jouer sur un instrument sans demi-ton sera passé de mode, depuis longtemps.

      On peut penser que c’est s’encombrer avec la beauté et agir comme les révolutionnaires de tous temps, défigurer le portail de la cathédrale de Bourges en décapitant toutes les têtes des très nombreuses sculptures qui l’ornent au motif que c’étaient des figures de la domination, ou, plus proche de nous, dynamiter le site archéologique de Palmyre, mais alors ce sont des générations et des générations qui sont privées de cette beauté et elles sont nombreuses les cathédrales gothiques en France à avoir été très sévèrement défigurées de la sorte. Dans un genre voisin, des personnes dont j’approuve pour une grande part l’oeuvre politique ont sacagé une installation d’art contemporain de Céleste Boursier-Mougenot, leurs motifs étaient excellents, s’attaquer à un édifice qui symbolisait la gentrification de leur quartier, en revanche le sacage de l’oeuvre est à mes yeux injustifiable.

      Il se trouve qu’historiquement les dominants du moment sont en train de se détourner de la beauté en se désintéressant de plus en plus de ce qui est culturel, de plus en plus jugé indigne de leur intérêt, précisément de plus en plus intéressé, profitons-en. Il y a des vertus admirables à la contemplation des oeuvres lesquelles, en passant par de nécessaires efforts d’éducation, peuvent conduire d’une part au plaisir, mais également à l’émancipation.

      Et il en va de même avec la langue française.

    • @bug_in

      Tu ne dis pas « des » mais « les » :p Donc, j’ai compris « tous » et pas « certains ».

      Les philosophes qui ne sont pas issu des classes dominantes sont marginales et marginaux et il y a tout de même un lien entre l’exclusion des femmes de l’agora et la philosophie des grecs. Je me permet de ne pas faire le détail pour ces exceptions. Il y a des philosophes qui ne sont pas des oppresseurs, ils sont à mon avis une anomalie au sein de la philosophie.
      Je ne participe pas plus sur le reste de la discussion.
      Bonne journée à tous et toutes.

    • @mad_meg Tu comprendra que je rejette complètement ta proposition et je suis sur que tu ferais de même si qq.un te disais cela :

      Je me permet de ne pas faire le détail pour ces exceptions. Il y a des philosophes qui ne sont pas des oppresseurs, ils sont à mon avis une anomalie au sein de la philosophie.

      et que tu étais directement concerné. Tu peux remplacer « philosophie » par toutes les minorités, ou personnes oppressées.

    • Les philosophes ne sont pas une catégorie d’opprimés bien au contraire. Je ne fait pas dans la dentelle avec les hommes cis heteros blancs et bourgeois car il faut leur retirer le pouvoir cf ce que j’essaye d’expliquer avec le Desempouvoirement ou disempowerment.
      les philosophes ne sont pas des « amis de la sagesse » il y a des sages qui ne se disent pas philosophes et la philosophie comme oppression des femmes c’est la base de mon travail dans la série des athéniennes. http://seenthis.net/messages/320273

      Pour le fait d’être parti prenante d’une catégorie que j’attaque. Je suis artiste plasticienne et ca ne m’empêche aucunement d’être tres critique sur cette profession de larbins qui servent les intérêts des tyrans de toute epoque. Il ne me semble pas avoir épargner les artistes par ici et perso je sais que je suis une petite bourgeoise blanche et que c’est pas pour rien dans le fait que je puisse me targuer de faire de « l’art ». Je vais pas perdre mon temps à rappeler qu’il y a des gentils blancs quant je denonce le racisme, tout comme j’ai pas de temps pour rappeler que certains hommes ne violent pas des que je parle de culture du viol. alors si ca vexe les vieux hommes blancs cis heteros c’est exprès car il est urgent et nécessaire de casser les couilles aux patriarches.

    • @aude_v Je tombe de mon placard, tu veux dire, qu’on ne peut pas, mais alors vraiment pas, insérer, et isoler, la moindre qualification d’un sujet avant l’arrivée du verbe. Je ne m’étais jamais rendu compte de ce truc-là, qui pourtant fait sens. Cela fait cinq minutes que j’essaye de produire un contre exemple et je n’y parviens pas du tout : encore une très bon exemple de la résistance de la langue pour préserver à la fois sa fluidité et sa beauté. Magnifique.

    • @mad_meg les philosophes, non, mais tout ceux qui justement essaye de proposer qq.chose d’autres dans un boulot particulier, qu’on les apellent lanceurs d’alerte ou autre, si.
      Et c’est aussi une question d’honêtteté de ne pas nier les efforts des uns et des autres précisément pour faire changer les choses. Après dans une perspective artistique, l’exactitude ou l’honêtteté ne fait effectivement pas parti de ce qui est demandé, donc de ce point de vue la ça ne m’étonne pas.
      Et comme je l’ai indiqué précédemment, perso, je passe mon temps a rappeler les faveurs a l’esclavagisme de tel ou tel philosophe (y compris Locke, ce « si bon libéral », qui écrit la constitution de la Floride, ou il est légal d’avoir des esclaves, ou encore Proudhon, un anarchiste... qui visiblement a un problème avec l’égalité des droits à l’endroit des femmes), donc ça m’empêche pas d’apprécier aussi leurs critiques.

      @aude_v Merci ! oui, j’y repense toujours un peu de temps a temps a ce sujet ;) mais je me suis dit que si vous donniez pas d’indications, c’est que pour l’instant, ce n’était pas encore prêt :)

    • Mais les lanceuses et lanceurs d’alerte n’ont rien à voire avec la philosophie, c’est pour ca qu’on les appellent « lanceur·euse·s d’alerte » et pas « philosophes ». Bon je vous laisse, j’ai dit tout ce que j’avais à dire sur le sujet et ca ne va rien changé à mon orthographe ni à ma position là dessus.
      Bonne continuation

    • @aude_v Curieux exemple celui de Napoléon en grand homme ! Une incise, oui, je vois bien.

      C’est plus quelque chose du genre : la remarquable Simone de Beauvoir, brillante, clairvoyante et courageuse a écrit le fameux Deuxième sexe. Faut-il metre une virgule, ou pas, derrière courageuse ?

      Ce qui est admirable dans cette règle c’est que c’est la première fois que j’en entends parler et pourtant elle est splendide, efficace et même indiscutable (implicite) au point que tous les mes efforts pour l’éprouver me montrent à quel point elle est incontournable.

    • @philippe_de_jonckheere D’après Jacques Drillon, oui, il faudrait mettre une virgule après « courageuse » (12e cas d’usage de la virgule, parmi les 140 détaillés par Drillon) :

      12. Après la dernière épithète (2/2) d’un sujet. De même, on sépare du verbe la dernière d’une laisse d’épithètes qui modifient le sujet du verbe :
      Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
      Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !

      Charles Baudelaire

      (Jacques Drillon, Traité de la ponctuation française, p. 169)

    • @aude_v CQFD oui, je crois aussi qu’incise oui, en dehors de cela, pas une chiure de mouche ne doit dépasser entre le sujet le verbe, sinon effectivement cela fait obstacle au sens.

      J’imagine que j’ai eu plus de chance que toi pour ce qui est des professeurs littéraires, notamment une prof d’allemand qui nous faisait plancher sur des sujets que l’on voyait dans d’autres matières, comme un texte sublime de Freud et là tu comprends à la fois l’allemand et la psychanalyse, les deux en même temps, un prof de philosophie, devenu un ami, qui lui nous emmenait voir En attendant Godot , en revanche c’est sur l’histoire que cela a été beaucoup mois bien, je pense notamment à un prof qui lui devait avoir l’armée allemande en entier en soldats de plastique dans son garage, pour lui, clairement certaines choses qui se sont passées pendant la seconde guerre mondiale devaient relever du détail.

    • @philippe_de_jonckheere Le Traité de ponctuation est magnifique de bout en bout. Drillon n’y consacre pas moins de cent dix pages à la seule virgule, avec des exemples tirés tout autant de Corneille, Flaubert et Baudelaire que de Guyotat, Debord ou Barthes.

      Pour en finir.
      Il ne faut pas donner aux choses plus qu’il ne leur revient. Faire le tout d’une partie, confondre la ponctuation et la langue, la langue et le langage.
      En revanche, il est indispensable d’établir avec un semblant de certitude la frontière entre le mystérieux et l’explicable. De respecter l’un et l’autre.
      Mais d’accroître autant que possible le champ du second - qui se confond avec celui de notre liberté.

      Drillon, Traité de ponctuation française, « (Péroraison) », p. 448

    • @aude_v J’ai un grand fils devenu instituteur, après avoir été juriste, dont le leitmotiv quand il sent que ses élèves faiblissent, c’est : « c’est avec ce que je vous apprends aujourd’hui que vous ne vous ferez pas avoir plus tard ».

      Je suis d’accord avec toi pour Entre les murs , ces passages-là sont vraiment démagogiques. Et donc dangereux.

      Quant au retournement du pouvoir (notamment en entreprise), grâce, notamment, aux connaissances littéraires, c’est parfois un peu à double tranchant, mais il arrive parfois que cela agisse vraiment en notre faveur (d’autres fois cela nous catalogue intello vite fait mal fait et donc nous disqualifie). Je n’oublierai jamais le jour où dans une réunion un chef a embrayé la conversation en anglais, sans doute dans l’espoir de perdre du monde en route, et la tête qu’il a faite quand je lui ai répondu dans un anglais tellement parfait qu’il a du me demander de répéter tellement il n’avait pas compris et tellement ça allait un peu trop vite pour lui.

      Sinon, oui, les méthodes pédagogiques de cette professeure d’Allemand étaient admirables, fin des années septante, elle était en train d’inventer un truc ultra puissant. Par exemple le texte de Freud portait sur sa découverte de l’auto-aveuglement, trente six ans plus tard, je sais encore que cela se dit Selbstverblindung et au passage, mes chers élèves vous notez le construction en pièces détachées selbst (soi), ver (qui désigne vers qui porte l’action), blind pour aveugle et le suffixe ung (féminin) qui désigne l’action, si après cela tu n’avais pas compris...

  • http://www.le-terrier.net/desordre/declencheur_sabot

    Tel que présenté par @l_l_de_mars sur la liste de discussion du Terrier : Les images de l’accumulateur , un ensemble de 75 montages
    photonumériques hors-série de Philippe De Jonckheere dans une petite
    mise en page Ikea sonorisée et liftée par le Terrier ."

  • [Reportage] Migrants : l’île grecque de #Lesbos ouvre son « #hotspot »

    Ouverture officielle du hotspot de Lesbos, en Grèce ce vendredi, avec la visite sur l’île du commissaire européen aux Migrations et Affaires intérieures Dimitris Avramopoulos. Les hotspots, définis par l’Union européenne, sont les principaux points d’arrivées de migrants en Europe, et en Grèce c’est en effet Lesbos qui accueille le plus grand nombre d’entre eux. L’île fait face avec difficultés à cet afflux.

    http://scd.rfi.fr/sites/filesrfi/dynimagecache/0/45/3422/1934/1024/578/sites/images.rfi.fr/files/aef_image/2015-10-11T115219Z_493273959_GF10000241002_RTRMADP_3_EUROPE-MIGRANTS-GREECE_
    http://www.rfi.fr/europe/20151016-migrants-ile-grecque-lesbos-ouvre-son-hotspot-union-europeenne?ns_campa
    #Grèce #Lesvos

  • La langue des maîtres et sa fabrique
    http://lmsi.net/La-langue-des-maitres-et-sa

    Après dix ans de travail critique au sein du collectif Les mots sont importants, si l’on doit caractériser à grand traits la langue des maîtres, on peut dire qu’elle repose sur une logique binaire au fond très ancienne, déjà à l’œuvre dans la novlangue totalitaire ou coloniale décrite par Orwell : euphémisation de la violence des dominants (État, patronat, pression sociale masculiniste, hétérosexiste et blanco-centriste), et hyperbolisation de la violence des dominé-e-s... (...) Source : Les mots sont importants

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/bouquets/027.htm

    C’est pas loin de dix mille photographies que j’aurais prises cet été à intervalles réguliers, le ciel s’y prêtant sans doute au-delà même de mes espérances. Naturellement quand on se lance dans ce genre de choses on fait semblant de ne pas savoir que par la suite, il n’y aura dix mille photographies à trier, à équilibrer, tailler aux bonnes dimensions, répartir dans des répertoires, un par séquence, renommer en masse les fichiers, vérifier qu’il n’y a pas d’images manquantes dans les séquences, puis animer les séquences en question — ce qui n’est pas le plus long ni le plus difficile à faire, et ce qui se fait avec un certain soulagement, oui, cela a l’air de fonctionner — pour, enfin, pouvoir, se lancer dans le montage, ce qui est l’occasion de vérifier une intuition première, oui, ces images animées fonctionnent bien quand elles sont accompagnées par la musique extraite du disque dit des maisons de mon ami Jean-Luc Guionnet, qui doit être ici remercié pour si souvent se prêter, et d’aussi bonne grâce, à mes intuitions.

    Et pourtant, comme l’indique le titre du film, c’est un peu comme si tout cela s’était fait en mon absence.

    Ces vingt minutes de film sont téléchargeables ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/bouquets/films/en_mon_absence.mp4

    clic droit, enregistrer sous) dans un format non compressé, enfin le moins possible, aussi peu pour que l’on puisse voir les étoiles tomber en pluie fine. Vous en prenez cependant pour huit cents et quelques méga-octets. Trois fois rien, le prix des étoiles

  • Des nouvelles du Terrier

    Le Fourbi que Philippe De Jonckheere et moi-même avions monté étant en rade, je viens d’ouvrir cet espace pour présenter plus rudimentairement quelques travaux vendables (bouquins et dessins surtout) des artistes du Terrier. Pour l’instant ça se remplit lentement, mais j’espère que ça vaudra rapidement le coup d’y faire quelques courses.

    http://www.le-terrier.net/boutique/livres.htm

    Sinon, histoire que je n’écrive pas que pour jouer à la marchande, sachez que le concours « Faire brailler Eustache » est toujours ouvert et que nous serions très heureux de mettre en ligne de nouvelles participations :

    http://www.le-terrier.net/collectif/eustache/index.htm

    Lancez-vous, nom de Dieu !

    Ceci également, je suis lancé : découvrez d’un même coup la Maison de la Grève ( http://maisondelagreve.boum.org ) , endroit passionnant, dont je cause parfois ici, qui réinvente le politique au quotidien à Rennes depuis maintenant deux ans, et le groupe Radikal Satan dont je ne saurais que trop vous recommander les incroyables concerts :

    http://interzones.free.fr/radikal-corbeck.htm

    (une affiche de votre serviteur)

    Ah, et encore ceci ; il faut vraiment encourager le créateur des petites éditions Factotum pour le travail très soigné qu’il fait sur ses micro publications ; son dernier fanzine, « Prurit » n°2 est une bien jolie sale chose.

    http://www.terricole.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=58&catid=1&Itemid=140

    voilà, c’est tout pour aujourd’hui

  • fracture d’âmes, work in progress avec Philippe de Jonckheere | Tracé provisoire
    http://pifarely.net/wordpress/?p=11476
    Projections, performances, installations : simplement des catégories vagues qui ne rendent pas bien compte des idées de dialogue que nous agitons, Philippe de Jonckheere et moi, depuis le spectacle « Formes d’une guerre » en compagnie de François Bon et Michele Rabbia.

    A la fois étape intermédiaire dont nous avons besoin pour un plus vaste projet, mais aussi dictionnaire bilingue (tentative de), « work in progress », et volonté de dialogue entre nos pratiques, nous présentons, « Fractures d’âmes » qui est donc un peu tout cela à la fois, et qui est amené à être développé dans des formes que nous ne connaissons pas encore mais que nous appelons de tous nos vœux.

    Fractures d’âme, une tentative de dialogue en 13 épisodes de Philippe de Jonckheere (images, création numérique) / Dominique Pifarély (violon, traitement numérique en temps réel).

  • http://www.du9.org/dossier/a-propos-de-lart-invisible-de-scott-mccloud

    Voici donc une voiture qui, selon son dessinateur, roule à 100 km/h. Regardez-la bien. Outre le fait qu’il s’agisse d’un profil égyptien, ce qui est probablement l’angle de vue le moins dynamique que l’on puisse imaginer pour donner une sensation de mouvement à quoi que ce soit, outre le fait que ce rigide profil ne roule pas mais vibre comme une corde de guitare, outre le fait que le dessinateur a l’idée judicieuse de contrecarrer le mouvement de gauche à droite de la voiture par un arbre qui en brise visuellement la course, eh bien ses roues voient se renforcer leur courbure par un trait appuyé du côté où la vitesse et le mouvement devraient la rendre diffuse ; et au cas où par distraction on corrigerait mentalement le tir en se disant que, raisonnablement, c’est bien en avant que ça roule, une voiture, à 100 km/h, McCloud a eu la bonne idée de doubler ce ratage, de l’assumer bien à fond par un fantôme de plomb un centimètre plus loin.
    Dans de telles conditions, plus aucune chance que cette chose avance, à quelque vitesse que ce soit. Et ça, c’est un problème théorique. C’est un problème dans la théorie-même de l’auteur de L’art invisible, qui, nous le verrons est une théorie de l’adéquation efficace du signe au message. C’est un problème dans sa propre théorie du sens.

    L.L. de Mars particulièrement disert sur le sujet, de tout cœur avec lui.

    • Mucho interesting, grazie ...
      – disert et touffu :

      Ce medium qui engloutit la discipline dans la machine communicante impeccable que Rey définit comme ensemble de l’émetteur, du canal et du récepteur — Sémiotique — est l’impensé de toute théorie qui, en conservant des théories de la communication le vocabulaire, en accepte la puissance noétique.

      Je sais pas si c’est parce qu’il est 01h00 passé - ou juste que ce texte ne s’adresse pas vraiment à moi, mais c’est, euh, rude, un peu. Rude mais interesting .

    • C’est un festin cette analyse de L.L. de Mars sur Scott McCould. Moi qui prennait cet ouvrage pour le must de la théorie sur la BD, je me rend compte que je n’avait pas fait le travail critique qui me semble désormais évident (enfin pour les deux premières parties de la démonstration du lagomorphe, car comme dit @bob_ardkor c’est plutôt rude :p et je me réserve le temps de la digestion pour passer aux plats suivants)
      En tout cas merci à toi @Philippe_De_Jonckheere et à toi bien sur @l_l_de_mars pour cette régalade de bon jus de cervelle.

    • Moui, enfin je ne connaissais pas le mot « noétique », non plus, entre autres concepts et références qui émaillent le texte. Une fois que j’aurai fini, il faudra sans doute que je le relise.
      (Ça et puis le bouquin de McCloud, peut-être, du coup. Mes souvenirs de ce truc commencent à furieusement dater)