person:philippe escande

  • « Google veut établir une véritable carte de la santé humaine »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/22/google-veut-etablir-une-veritable-carte-de-la-sante-humaine_5465486_3234.htm

    La firme s’allie avec quatre des plus grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux pour faciliter les essais de médicaments en s’appuyant sur les données des internautes. Une initiative qui devrait soulever de nombreuses questions étiques, estime Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ». Pertes & profits. En dépit des taxes et des amendes qui pleuvent sur sa tête, Google tient la santé. En décidant quasi unanimement d’approuver l’idée d’une imposition du chiffre d’affaires (...)

    #Alphabet #Google #Otsuka #Pfizer #Sanofi #Verily #algorithme #capteur #publicité #profiling #santé (...)

    ##publicité ##santé ##Novartis

  • Boeing : « Un régulateur cloué au sol »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/16/boeing-un-regulateur-cloue-au-sol_5462813_3234.html


    Des parents de victimes du crash du Boeing 737 d’Ethiopian Airlines à la Chambre des représentants lors d’une audition sur les crashes de l’avionneur, mercredi 15 mai, à Washington.
    NICHOLAS KAMM / AFP

    La responsabilité de l’Administration fédérale de l’aviation est pointée du doigt dans la catastrophe des 737 Max. Ressurgit le vieux débat de la #capture_du_régulateur par les industriels qu’il surveille, analyse l’éditorialiste économique du « Monde », Philippe Escande.

    Pertes et profits. Etrange ballet, mercredi 15 mai, sur la colline du Capitole à Washington. Les deux chambres du parlement américain parlaient avions. Dans les salles du Sénat, on procédait à l’audition de Stephen Dickson, le futur patron de l’Administration fédérale de l’aviation (FAA). Non loin de là, du côté de la Chambre des représentants, on a tenté, avec témoins et victimes, de refaire le film des événements qui ont conduit aux crashs successifs, à trois mois d’intervalle, d’un #Boeing_737_Max de la compagnie indonésienne Lion Air et d’un appareil équivalent d’Ethiopian Airlines. Bilan de ces deux catastrophes : 346 morts, 350 avions cloués au sol dans le monde, un effondrement des commandes de Boeing et des pertes en cascade dans tout le secteur mondial du transport aérien et du tourisme.

    Deux sujets majeurs sont soulevés. Le premier, très concret, est la responsabilité de Boeing, averti dès novembre 2018 par des pilotes d’Americain Airlines d’une défaillance du logiciel de pilotage de l’avion et qui n’avait toujours pas corrigé l’anomalie trois mois après quand l’avion éthiopien s’est écrasé. Le deuxième est celui de la responsabilité de l’instance de régulation, la FAA. Dina Titus, élue démocrate du Nevada, a résumé la situation. « Le public pense que vous étiez au lit avec ceux que vous étiez censé surveiller et que c’est pour cela que l’interdiction des vols de 737 Max a été si longue à venir », a-t-elle lancé à Daniel Elwel, l’actuel directeur de la FAA. La presse américaine a notamment révélé que les examens de certification étaient sous-traités à l’entreprise elle-même…

    Cette affaire soulève à nouveau la question d’un phénomène que les économistes connaissent bien et qu’ils appellent la capture du régulateur. Celle-ci est de deux ordres. D’abord matérielle, quand l’agence de surveillance manque de moyens face à des entreprises bien plus riches. Dans le cas de Boeing, Daniel Elwel a révélé que si la FAA devait faire les analyses demandées à l’avionneur, cela lui coûterait 1,8 milliard de dollars (1,6 milliard d’euros)

    #paywall

  • Facebook et Google : « Comment remettre le génie dans sa lampe ? »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/10/facebook-et-google-comment-remettre-le-genie-dans-sa-lampe_5460443_3234.html

    Les rois de l’Internet furent de grands moteurs d’innovation mais désormais leur puissance menace l’équilibre de nos économies et de nos sociétés, explique dans sa chronique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ». Pertes & profits. Facebook travaille ardemment au lancement de sa propre monnaie. Elle permettrait d’acheter des services, de transférer de l’argent, voire de se faire rémunérer. « Je pense qu’envoyer de l’argent à quelqu’un devrait être aussi simple que d’envoyer une photo (...)

    #Google #Amazon #Facebook #algorithme #domination #BigData #bénéfices #GAFAM #profiling

  • « La France, pays du chômage de masse, devient le pays de l’embauche », Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/04/12/la-france-pays-du-chomage-de-masse-devient-le-pays-de-l-embauche_5449168_323

    Pertes & profits. Nous l’avons tous remarqué, depuis quelques mois, de petits cartons discrets fleurissent dans les magasins, à l’entrée des usines ou des chantiers : employés demandés. Comme au bon vieux temps, la France, pays du chômage de masse, devient, d’un coup, le pays de l’embauche. Au vu de la formidable enquête 2019 de Pôle emploi sur les besoins de main-d’œuvre, l’entreprise France pourrait apposer un panneau géant devant sa porte : ici, on recrute un million d’employés dans les services aux particuliers, 700 000 dans les services aux entreprises, 325 000 dans le commerce, 178 000 dans la construction… Et même les secteurs moribonds cherchent des bras : 240 000 postes sont à pourvoir dans l’industrie et 250 000 dans l’agriculture !

    On ne sait pas si, comme l’a suggéré, en 2018, Emmanuel Macron, il suffit de traverser la rue pour trouver un job, mais le fait est que l’emploi est là. Et dans tous les domaines. La liste des métiers les plus recherchés par les entreprises en 2019 laisse rêveur : viticulteur, agent d’entretien, serveur, animateur socioculturel, aide ménagère, artiste, cuisinier, informaticien... Il y en a pour tous les goûts et toutes les compétences. Sachant que du côté des cadres (à partir de bac + 3), on approche le plein-emploi depuis plus d’un an.

    Problèmes de pénibilité, d’image du métier et de l’entreprise

    Cette embellie est spectaculaire. On n’avait pas vu un tel engouement depuis les années fastes 2006-2008, quand le taux de chômage était descendu aux alentours de 7 %. Il s’explique par la combinaison du retour de la croissance et de cinq ans de mesures en faveur des entreprises, tant sur le plan financier que social.

    Mais la résorption forte du chômage, qui est passé, en 2018, sous la barre des 9 %, n’est pas encore assurée. Car la face sombre de l’étude de Pôle emploi révèle une accentuation forte des difficultés d’embauche. Les entreprises prévoient 2,7 millions de recrutements cette année, mais une sur deux reconnaît que ce sera difficile, tant elles ont du mal à trouver le bon candidat. Dans certains métiers, comme les couvreurs, les charpentiers, les carrossiers, les mécaniciens auto ou les aides à domicile, plus de 80 % des employeurs interrogés peinent à recruter. Score presque identique du côté des chauffeurs routiers, des électriciens ou des plombiers. Depuis 2016, ce phénomène de pénurie s’amplifie et devient un vrai facteur de blocage. Dans la construction, les deux tiers des sociétés sont en difficulté de recrutement.

    Bien sûr, l’éternel problème de la formation refait surface, ainsi que le manque d’expérience. Mais d’autres critères apparaissent, tout aussi délicats à résoudre. Une entreprise sur trois reconnaît que la pénibilité, la difficulté d’accès au travail et l’image du métier ou de l’entreprise sont un frein à la motivation des candidats. Pas étonnant que des métiers pénibles et mal payés comme les aides soignantes, les chauffeurs routiers et les manutentionnaires n’attirent pas les foules et remplissent les ronds points de « gilets jaunes ». Car, ce que révèlent ces chiffres, c’est aussi une mutation de la France à la fois dans sa réalité postindustrielle et dans sa culture face au travail. Les métiers physiques n’attirent plus, quand les autres, ceux en bas de l’échelle, deviennent des trappes à solitude. Poser un écriteau à l’entrée de l’usine ou du restaurant ne suffit plus.

    Mauvaise image, conditions difficiles... Ces secteurs qui peinent à attirer des étudiants, Eric Nunès
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/02/16/mauvaise-image-conditions-difficiles-ces-secteurs-qui-peinent-a-attirer-des-

    Certaines formations courtes post-bac peinent à attirer des jeunes, en particulier dans le domaine de l’industrie.

    Gilet jaune ou orange sur le dos, ni le froid glaçant ni l’heure matinale ne les ont dissuadés de se retrouver, ce petit matin de janvier, sur le parking de Promeo, à Compiègne (Oise). Ils sont une douzaine de jeunes gens à taper des pieds pour faire circuler le sang. Il n’y a pas de pancarte, pas de slogan, et pas davantage de CRS. Face à eux, deux enseignants, un camion et quelques chariots élévateurs.
    Savoir conduire ce type d’engin et obtenir un certificat d’aptitude à la conduite et à la sécurité (CACES) est une des compétences enseignées par ce centre de formation en alternance de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). Ici, on répond aux besoins de l’industrie en matière de savoir-faire : usinage des pièces, chaudronnerie, maintenance de la chaîne de production… Sans oublier tous les métiers transversaux : comptabilité, vente, transports.

    Déficit de compétences

    Peu de chômage chez les futurs titulaires d’un brevet de technicien supérieur (BTS) ou d’une licence pro du secteur. « Nous sommes à 93 % d’insertion en entreprise à l’issue de la formation », annonce Carole Marigault, directrice générale du centre compiégnois. Les diplômés de l’industrie n’ont même pas à « traverser la rue » pour trouver un emploi, pour reprendre la formule lancée par Emmanuel Macron à un chômeur. « La métallurgie a 110 000 recrutements à faire par an, et ce chaque année jusqu’en 2025 », estime Hubert Mongon, délégué général de l’UIMM.

    En janvier, le chômage en France a connu une sensible décrue. Le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi sans aucune activité a baissé de 1,1 % au cours du dernier trimestre 2018. Il atteint tout de même le total de 3 676 000 individus. De plus en plus de projets d’embauche sont jugés « difficiles » par les entreprises, constate Pôle emploi. En 2018, 44,4 % des recrutements se font dans des secteurs dits « en tension », du fait notamment d’un déficit de compétences. Alors que les emplois sont là, les candidats qualifiés manquent.
    Plusieurs secteurs ont été identifiés par l’établissement public. Les métiers de la santé réclament des diplômés à bac + 2 ou bac + 3 dans les domaines de l’appareillage ou de la préparation médicale. Et dans les nouvelles technologies, les entreprises peinent à recruter des programmateurs, des techniciens de maintenance…

    Réputation de précarité

    Idem pour l’hôtellerie et la restauration. « Il y a dans nos métiers plus de 100 000 emplois à pourvoir », constate Jean-Luc Michaud, président de l’Institut français du tourisme, un observatoire du secteur. Mais c’est bien dans la métallurgie que la tension est la plus forte : 67 % des recrutements y sont « difficiles », selon les employeurs cités par Pôle emploi.

    Principale cause du manque de candidatures pour ces formations et leurs métiers : « le déficit d’attractivité », pointe l’établissement public. Dans l’hôtellerie-restauration, les emplois souffrent ainsi d’une réputation de précarité, en raison de la saisonnalité, des horaires décalés et de la faible qualification. « C’est une vision totalement erronée des métiers d’accueil, tempête Jean-Luc Michaud. Par exemple, un réceptionniste doit être un expert dans la relation client, maîtriser plusieurs langues et connaître parfaitement l’usage des outils numériques. Il doit au moins être titulaire d’une licence pro. »

    Le tourisme, « c’est 7 % du PIB, deux fois plus que l’automobile, et pour des emplois non délocalisables », aime à répéter Lionel Walker, délégué général de la Conférence des formations d’excellence au tourisme. C’est également 437 formations postbac disséminées sur l’ensemble du territoire. « Mais le secteur manque de visibilité, concède Lionel Walker. Au moment des choix d’orientation des lycéens, le tourisme subit une vision très éloignée de la réalité qu’ont les responsables d’orientation et les familles. »

    Désaffection de l’alternance

    L’image dévalorisée de l’apprentissage en France est également un des facteurs de la désaffection des formations en alternance. Alors que des milliers de lycéens ont passé l’été 2018 aux portes des universités ou des classes préparatoires en espérant qu’une place se libère, « certains de nos BTS ne sont pas pleins », constate Carole Marigault. Pourtant, le taux d’employabilité dépasse les 90 % six mois après l’obtention du diplôme, et le coût de la formation est nul pour l’étudiant. Au printemps 2018, quinze places étaient disponibles au sein du BTS conception des processus de réalisation de produit, mais seulement 8 candidatures ont été posées et 5 retenues. Paradoxe : alors que le secteur peine à recruter des étudiants, le ministère de l’éducation nationale souligne pour sa part que « les bacheliers des filières professionnelles et technologiques sont trop souvent évincés des formations auxquelles ils sont nombreux à aspirer : les sections de technicien supérieur et les instituts universitaires de technologie ».

    « Les filières des métiers de l’industrie sont peu connues par les élèves de terminale, reconnaît également Marie-Hélène Garcia, responsable du pôle alternance et formation initiale chez Campus Veolia Seine et Nord. Pourtant, un BTS métiers de l’eau ouvre à de belles carrières, d’importantes responsabilités et la possibilité de s’ouvrir à l’international. » L’industrie serait victime d’une image obsolète, « celle d’un travail à la chaîne, répétitif et polluant, loin de la réalité de la vie d’une usine moderne », poursuit Carole Marigault. Dans les faits les métiers de l’usinage ont profondément évolué, mais ils demeurent en tension. Les machines sont aujourd’hui de très haute technologie, conduites grâce à des tableaux de bord compliqués qui demandent une formation poussée.

    Sentiment d’échec

    Plus de dix ans après la crise, les fortes pertes d’emploi dans l’industrie n’ont pas été anticipées. « Alors que les carnets de commandes se remplissent, il y a urgence à restaurer l’attractivité et l’image des filières professionnelles dans le regard des lycéens », déclare Hubert Mongon. Carole Maringault abonde : « Nos difficultés de recrutement sont notamment liées à la régression du nombre de bacs pro dans nos filières. Ils ne constituent plus le vivier nécessaire pour remplir nos BTS. » Changer le regard des enseignants du secondaire, des conseillers d’orientation et des familles est un enjeu considérable pour toutes ces filières.

    Pour mesurer le travail qu’il reste à réaliser, la parole des intéressés est révélatrice. Interrogés sur leur parcours, plusieurs bacheliers pro, aujourd’hui élèves d’un BTS en maintenance industrielle, avouent avoir souffert du mépris « des bacs généraux » quand ils ont rejoint la voie professionnelle. Quand Damien Kluck, ancien élève de première S, a été réorienté en filière pro, il dit qu’il s’est « perdu ». Un sentiment d’échec avant même de commencer l’apprentissage. « Les autres lycéens nous jugeaient. Mais nous, on apprend un métier, défend Baptiste Padieu. Les bacs pro sont l’objet de plein de préjugés, comme s’ils étaient inférieurs. Alors que nous apprenons simplement des choses différentes. »

    #emploi #chômage #salaire

  • Airbnb joue la carte de « l’amazonisation »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/03/08/airbnb-joue-la-carte-de-l-amazonisation_5433193_3234.html

    En rachetant HotelTonight, la plate-forme américaine de location de logement adopte la même stratégie que le champion du e-commerce : l’extension sans limite de ses activités autour de son cœur de métier, observe Philippe Escande, éditorialiste économique du « Monde », dans sa chronique. Brian Chesky est un garçon consciencieux. Il a passé le mois dernier à changer régulièrement d’hôtel à San Francisco, ville où se trouve son entreprise. Le cofondateur d’Airbnb ne s’est pas disputé avec sa femme, mais il (...)

    #Airbnb #Amazon #domination #HotelTonight

  • Explosion des inégalités (Épisode 42)

    La fortune des milliardaires dans le monde a explosé en 2017 (Wladimir Garcin, Le Figaro Économie, 02/11/2018)
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/11/02/20002-20181102ARTFIG00105-la-fortune-des-milliardaires-dans-le-monde-a-expl

    Le dernier rapport UBS sur les #milliardaires dans le monde souligne la forte croissance des #fortunes des plus #riches, en particulier en Chine. Les 40 milliardaires français réunissent, quant à eux, 320 milliards de dollars.

    « La France est le pays d’Europe qui compte la plus forte progression de millionnaires en 2018 » (Philippe Escande, Le Monde, 19/10/2018)
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/10/19/la-france-est-le-pays-d-europe-qui-compte-la-plus-forte-progression-de-milli

    Le classement de la banque Crédit Suisse consacre l’enrichissement spectaculaire des Etats-Unis et de la Chine. Sur le Vieux Continent, l’Hexagone reste l’un des pays les moins #inégalitaires, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

    Pourquoi le nombre de millionnaires augmente-t-il en France ? (Thibaut Chéreau, Ouest France, 23/10/2018)
    https://www.ouest-france.fr/economie/pourquoi-le-nombre-de-millionnaires-augmente-t-il-en-france-6033015

    Selon le rapport annuel du Crédit Suisse, plus de deux millions de Français possèdent un #patrimoine supérieur à un million de dollars. Un résultat qui pose la question des #inégalités de #revenus dans la société française.

    Les inégalités de richesse explosent aux États-Unis, alimentant le populisme (Pierre Haski, France Inter, 01/11/2018)
    https://www.franceinter.fr/emissions/geopolitique/geopolitique-01-novembre-2018

    Selon un rapport, la #fortune des trois familles les plus riches des États-Unis a augmenté de 6 000% en trente-cinq ans, tandis que le #revenu_médian américain diminuait de 3% dans la même période. Un fossé croissant aux conséquences politiques évidentes.

    Toujours plus de richesse et plus de milliardaires dans le monde (Jérôme Porier, Le Monde, 30.10.2018)
    https://www.lemonde.fr/argent/article/2018/10/30/toujours-plus-de-richesse-et-plus-de-milliardaires-dans-le-monde_5376353_165

    Deux études, publiées respectivement par Credit Suisse et UBS, montrent un accroissement de la #richesse dans le monde.

    Les milliardaires sont de plus en plus riches (Sarah Ugolini, Capital, 27/10/2018)
    https://www.capital.fr/economie-politique/les-milliardaires-sont-de-plus-en-plus-riches-1313185

    Selon une étude publiée ce vendredi 26 octobre par la banque suisse UBS, la fortune globale des 2.158 milliardaires de la planète a augmenté de 19% en 2017. Une #croissance sans précédent.

    Un point technique sur ces études

    Comment mesurer les inégalités de revenus au niveau mondial ? (Anne Brunner, L’Observatoire des inégalités, 25/10/2018)
    https://www.inegalites.fr/Comment-mesurer-les-inegalites-de-revenus-au-niveau-mondial

    Il n’est pas simple de mesurer les inégalités de revenus au niveau mondial. Doit-on comparer les pays entre eux ? Les inégalités au sein de chaque pays ? Les inégalités entre l’ensemble des habitants de la planète sans tenir compte du pays où ils vivent ?

    Pour mémoire

    – Les 1% les plus fortunés ont accaparé 82% des richesses créées l’an dernier (Delphine Cuny, LaTribune, 22/01/2018)
    https://seenthis.net/messages/687546
    – Inégalités : les 1 % les plus riches du monde possèdent plus que le reste de la planète (Les Échos, 18/01/16)
    https://www.lesechos.fr/18/01/2016/lesechos.fr/021627401171_inegalites---les-1---les-plus-riches-du-monde-possedent-plus-q
    – La fortune des 500 Français les plus riches multipliée par sept en 20 ans (Aubin Laratte, Le Parisien, 27/06/2017)
    http://www.leparisien.fr/economie/la-fortune-des-500-francais-les-plus-riches-multipliee-par-sept-en-20-ans
    – Les 500 Français les plus riches sont encore plus riches (Olivier Bénis, France Inter, 27/06/2017)
    https://www.franceinter.fr/economie/les-500-francais-les-plus-riches-sont-encore-plus-riches
    – Inégalités : les 1 % les plus riches du monde possèdent plus que le reste de la planète (Claude Fouquet, Les Échos, 18/01/16)
    https://www.lesechos.fr/18/01/2016/lesechos.fr/021627401171_inegalites---les-1---les-plus-riches-du-monde-possedent-plus-q
    – Etats-Unis : en trois ans, les 1% les plus riches ont capté 95% des hausses de revenus (Caroline Piquet, Slate, 11/09/2013)
    http://www.slate.fr/monde/77574/reprise-revenus-menages-riches-etats-unis

  • Le big data face à ses premiers accidents industriels
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/03/20/le-big-data-face-a-ses-premiers-accidents-industriels_5273627_3234.html

    Passante tuée par une voiture autonome Uber, fuite massive de données d’utilisateurs de Facebook… Deux accidents industriels qui arrivent à point nommé pour infléchir le destin d’une technologie, explique Philippe Escande, éditorialiste au « Monde ». Le numérique compte ses victimes. Cette semaine, une voiture autonome Uber a causé la mort d’une passante aux Etats-Unis, tandis que l’on apprend qu’une entreprise britannique a siphonné à des fins politiques les données personnelles d’une cinquantaine de (...)

    #Facebook #Uber #algorithme #élections #manipulation #BigData #électeurs

    • Le numérique compte ses victimes. Cette semaine, une voiture autonome Uber a causé la mort d’une passante aux Etats-Unis, tandis que l’on apprend qu’une entreprise britannique a siphonné à des fins politiques les données personnelles d’une cinquantaine de millions de citoyens américains.

      Bien sûr, la marche du progrès, comme celle de l’histoire, s’accompagne toujours de martyrs. Et repose à chaque fois la question de son utilité. Le 8 mai 1842, le tout jeune train Paris-Versailles déraille à Meudon. On dénombre plus d’une centaine de victimes, dont l’explorateur Dumont d’Urville. La presse s’enflamme contre le train et Alfred de Vigny évoque « le sacrifice horrible fait à l’industrie ». La sécurité a été renforcée et le train a repris sa route à toute vapeur.

      Un modèle remis en cause

      Parfois pourtant, les accidents industriels arrivent à point nommé pour infléchir le destin d’une technologie. La catastrophe de Fukushima a provoqué un reflux mondial du nucléaire civil dans le monde entier, tandis que le scandale du dieselgate a sonné le glas, à terme, de la propulsion diesel dans les automobiles. Dans ces deux exemples, la défiance s’était installée, que ce soit pour des raisons économiques ou d’acceptation sociétale.

      Le cas d’Uber relève plus de l’exemple ferroviaire. L’essor de la voiture autonome semble suivre les rails du progrès, comme le train au XIXe siècle, quelles qu’en soient les conséquences à brève échéance.

      L’histoire de Facebook est différente car elle interroge à la fois une pratique et un modèle économique dont les fondements pourraient bien être remis en cause. Tout d’abord parce qu’elle concerne une industrie de réseau, ce qui potentiellement lui donne un pouvoir dévastateur.

      Un chercheur britannique obtient le consentement de 270 000 utilisateurs Facebook pour passer un test psychologique. Ce faisant, il aspire en même temps les données sur les « amis » de ces cobayes volontaires. Comme chaque usager possède en moyenne environ 200 amis sur Facebook, il se retrouve à la tête des données concernant près de 50 millions d’Américains. Informations qu’il a ensuite cédées à une entreprise « amie », qui les a utilisées à des fins politiques.

      Question de confiance

      Aucun piratage dans l’affaire : jusqu’en 2014 les conditions d’utilisation du réseau social stipulaient que l’accord d’un usager permettait d’accéder également aux données de ses amis sans avoir l’accord de ces derniers.

      Facebook a modifié ses règles et a demandé la destruction des données, ce qui n’a pas été fait. Le problème est que le modèle même d’un réseau social gratuit repose sur l’exploitation commerciale des données personnelles de ses membres. Il ne peut prendre de mesures draconiennes sans altérer la source de ses revenus.

      De plus, son existence repose sur la confiance. Lorsque celle-ci est brisée, le consommateur se fait vite volage et méfiant, comme on l’a vu dans le cas du diesel. L’étau se resserre, notamment en Europe, autour des usages débridés du « big data » et Facebook est en première ligne.

  • La fin du travail, le nerf de la guerre, Philippe Escande
    « Retours sur le futur (5/5). Des auteurs ont anticipé la société à venir dans des livres vendus à des milliers d’exemplaires. En 1997, Jeremy Rifkin théorisait ce qui allait inspirer la gauche française lors de nombreux débats politiques : la destruction des emplois par la technologie. »

    http://www.lemonde.fr/festival/article/2017/08/18/la-fin-du-travail-le-nerf-de-la-guerre_5174023_4415198.html

    Michel Rocard ne s’y était pas trompé : ce livre est « effrayant ». Dans la préface de l’édition française, il écrit qu’il est sidéré par l’ampleur du défi lancé par l’auteur de La Fin du travail (Jeremy Rifkin, La Découverte, 1997. Publication originale : The End of Work, 1995). Depuis plus de cinq mille ans, l’homme courbe l’échine sous le poids de ses obligations, et voilà que Jeremy Rifkin, spécialiste de prospective, annonce sa libération.

    Dans cet essai « torrentiel, déconcertant et parfois agaçant » – toujours selon Rocard –, l’auteur prédit que la technologie va progressivement faire disparaître la force de travail humaine et qu’il convient de s’y préparer en investissant massivement dans l’économie sociale. Il faut anticiper le chômage et l’extension de la misère, et aviver l’espoir de l’avènement d’une société moins marchande et plus solidaire.

    Il est déconcertant de constater qu’un débat lancé il y a plus de vingt ans ait refait surface, en France, lors de la campagne présidentielle de 2017. Bien des idées du candidat du Parti socialiste, Benoît Hamon, résonnent étrangement avec celles proposées par Rifkin : les robots vont tuer l’emploi, un revenu universel est nécessaire et il faut renforcer un tiers secteur non marchand. L’Américain a multiplié ses disciples.

    Vendu à 125 000 exemplaires aux Etats-Unis – ce qui est loin d’en faire un best-seller –, le livre a connu une belle carrière internationale. Traduit en dix-sept langues, il a lancé la carrière de son auteur et l’a installé dans le fauteuil confortable de prophète d’un monde nouveau, marqué par la triple révolution numérique, biologique et écologique. (

    Papy débonnaire
    Son ouvrage précédent, Au-delà du bœuf (Beyond Beef, Dutton Adult, 1992), plaidoyer d’un végétarien convaincu qui dénonce la consommation de viande et l’élevage bovin, ne laissait pas prévoir qu’il allait s’attaquer aussi abruptement à l’un des fondements de l’activité humaine. Douceur du regard, calvitie de notaire et moustache de sergent-major, on lui donnerait le Bon Dieu sans confession.

    Un révolutionnaire se cache pourtant derrière Jeremy Rifkin, ce papy débonnaire aux costumes soignés et aux pochettes de soie assorties. Son premier engagement, celui qui déterminera tout le reste, a lieu en 1967 quand, jeune diplômé en droit, il organise la première manifestation nationale contre la guerre au Vietnam. Plus tard, il épouse la cause de la lutte contre les manipulations génétiques. Il trouble, avec ses camarades, les cénacles de l’Académie des sciences, en déployant ses banderoles et en chantant « Nous ne voulons pas être clonés », sur l’air de l’hymne aux droits civiques (We Shall not Be Moved).

    En 1977, dans le Library Journal, le critique Ken Nash presse le destin de ce jeune homme qui n’avait pourtant produit qu’un seul livre (Own Your Own Job, Bantam Books, 1977) : « Le socialisme de Rifkin est aussi américain que la tarte aux pommes, écrit Nash. Il est peut-être notre plus talentueux vulgarisateur d’idées radicales. » La France va adorer.

    Multiples retirages

    Quelques mois après la publication de The End of Work, le sociologue français Alain Caillé dévore le livre et rêve d’une édition française. Théoricien du don et militant de l’anti-utilitarisme, alternative humaniste au libéralisme et au marxisme, il retrouve ses thèmes dans l’ouvrage de Rifkin : l’impasse de l’économie marchande qui exclut de l’emploi et la nécessité d’encourager l’économie solidaire.

    Il fait le siège de son éditeur, La Découverte, pour le convaincre de le publier. « Ça ne se vendra pas », le prévient François Gèze, le patron de la maison. A tort : il a vendu plus de 30 000 exemplaires la première année de sa sortie, sans compter les multiples retirages, qui élèvent le nombre à 57 000. « Et il s’en vend toujours aujourd’hui », pointe l’éditeur. Il faut dire qu’il avait réussi à convaincre son ami Michel Rocard de préfacer l’ouvrage.

    Philippe Séguin, à l’époque président de l’Assemblée nationale (1993-1997) et autre amoureux du débat sur le travail, avait décliné car Jeremy Rifkin exerce déjà sur le personnel politique, français comme européen, un attrait indéniable. Comme si ses idées originales ouvraient de nouveaux horizons à des décideurs en panne de solutions nouvelles. Avant la sortie de l’édition française, il était l’invité d’honneur d’une conférence de deux jours organisée par Philippe Séguin à Epinal, son fief des Vosges, rassemblant leaders syndicaux et chefs d’entreprise.

    « Nouvel esprit de paresse »

    Le succès de l’ouvrage est aussi dû à un concours de circonstances exceptionnel : rincés par une crise qui n’en finit pas en ce milieu des années 1990, les Français sont en proie au doute. « Contre le chômage, on a tout essayé », reconnaît, en 1993, le président François Mitterrand. On imagine alors la disparition de l’emploi. Un an avant la traduction de Rifkin, la sociologue et philosophe Dominique Méda publie Le Travail, une valeur en voie de disparition (Alto, 1995). Un tabou saute. La droite hurle à l’Assemblée face à ce « nouvel esprit de paresse ».

    Dans le même temps, la romancière Viviane Forrester fait un tabac avec son Horreur économique (Fayard, 350 000 exemplaires). L’entreprise n’est plus tendance, le débat s’installe à gauche. Mais nous sommes en France, et l’argumentaire économique promu par Rifkin vire à la controverse philosophique.

    Pour Méda, comme pour André Gorz et d’autres penseurs de gauche, la question du progrès technologique n’est pas centrale. Il s’agit d’affirmer que le travail, valeur réhabilitée au XVIIIe siècle avec les Lumières, ne constitue pas l’essence de l’homme et que l’entreprise ne doit pas être son seul horizon. Il convient d’en réduire la durée pour se consacrer à d’autres activités plus épanouissantes : la famille, la communauté, l’enrichissement intellectuel… La conclusion est identique à celle de l’Américain mais prend d’autres chemins.
    « Je ne dis pas que le travail va disparaître, assure la sociologue, mais je souhaite qu’il prenne moins de place. » Une idée que partage également l’économiste Gilbert Cette, professeur à l’université d’Aix-Marseille, et qu’il traduit en des termes plus économiques :
    « Augmenter le temps de loisirs est une forme de redistribution des gains de productivité. »

    Déprime des salariés

    A ces données s’ajoutent une déprime des salariés (le plus grand succès des éditions La Découverte à cette époque sera d’ailleurs Le Harcèlement moral, de Marie-France Hirigoyen, en 1998, vendu à 600 000 exemplaires…) et une réflexion à gauche qui s’oriente de plus en plus vers la réduction du temps de travail.

    A la faveur de la dissolution du Parlement par Jacques Chirac en 1997, la gauche, exsangue cinq ans plus tôt, revient au pouvoir. A court d’idées neuves, elle saute sur la réduction du temps de travail, soufflée à Martine Aubry par Dominique Strauss-Kahn. Gilbert Cette intègre le cabinet de la ministre et donne une réalité à ce vieux rêve.
    Jeremy Rifkin ne pouvait imaginer pareille consécration : la plus importante réforme sociale de l’après-guerre en France, mise en route deux ans après la parution de son livre qui en faisait l’apologie ! Pourtant, la destruction des emplois par la technologie, thèse principale du livre, n’a pas abouti à une disparition du travail mais à sa transformation. Le drame que décrivait si bien l’auteur n’était pas celui de la fin du salariat mais de la désindustrialisation.

    Légitimité du débat

    Et si le débat revient aujourd’hui avec la peur de l’avènement des robots, la plupart des spécialistes en rejettent l’idée, de surcroît contredite par les faits : vingt ans après sa prédiction funeste, le taux de chômage mondial est plus bas qu’à l’époque (1 % de moins) ! Vieille opposition du scientifique face au vulgarisateur qui noircit le trait pour mieux vendre son message au risque de le déformer…
    « Monsieur Rifkin est un charlatan ! C’est un consultant qui a eu le flair d’enfourcher, au bon moment, les grandes peurs collectives de notre fin de siècle : les risques liés au progrès technologique et le chômage », lançait Olivier Blanchard, ancien chef économiste au FMI et enseignant au MIT, l’un des rares de sa profession qui soit entré dans le débat. Les autres ont préféré l’ignorer.

    Jennifer Hunt est l’une des plus grands spécialistes du travail aux Etats-Unis. Elle fut chef économiste au ministère du travail américain pendant la mandature de Barack Obama. « J’étais professeure à l’université Yale à l’époque, dit-elle. Nous ne le connaissions même pas. En 1995, nous sortions de la récession, c’était le début de la nouvelle économie et la croissance de l’emploi était très rapide. » Tout juste reconnaît-elle qu’il est parfois utile « d’avoir des gens qui ne sont pas contraints par une discipline et par des faits scientifiques ». Pour l’économiste Daniel Cohen, « Ce livre est arrivé à un moment de grande fatigue. Il est faux de dire que le travail disparaît, mais le débat sur la finalité de celui-ci est légitime ».

    Conférences convoitées
    C’est finalement le destin des Rifkin, Attali ou Minc de saisir l’air du temps, de lire beaucoup et de former, à partir de cela, des idées bien plus audacieuses que celles de la communauté scientifique… Et d’en faire commerce. Les conférences de Jeremy Rifkin, réclamées par toutes les grandes entreprises et organisations mondiales, se monnayent entre 20 000 et 40 000 euros.

    Sa société de conseil enchaîne les contrats avec la Commission européenne, le gouvernement allemand, la ville de La Haye, le Luxembourg, la région des Hauts-de-France… Les missions sont facturées entre 350 000 et 450 000 euros – « Le prix d’un rond-point », tempère modestement le prospectiviste –. « Sa notoriété et son charisme nous ont permis de rassembler tous les acteurs de la région autour d’un projet mobilisateur », insiste l’ancien ministre Philippe Vasseur, qui a monté avec lui le projet de « Troisième révolution industrielle » pour les Hauts-de-France.

    La Fin du travail a permis à Rifkin de gagner ses galons de millénariste en chef. Après la fin du bœuf et celle du travail, sont intervenues celles de la propriété (L’Age de l’accès, La Découverte, 2005) et des énergies fossiles (La Troisième Révolution industrielle, Les Liens qui libèrent, 2012). Il prédit maintenant la fin du capitalisme par sa dissolution dans le collaboratif (La Nouvelle Société du coût marginal zéro, Babel, 2016), voire la fin de l’espèce humaine, si l’on ne prend pas de mesure contre le réchauffement climatique.

    Des idées fortes qui retentissent dans une Europe en proie aux doutes existentiels. « Si je devais renaître, j’aimerais que ce soit en France ou en Italie », a coutume de lancer Jeremy Rifkin. Il en est déjà le citoyen de cœur et, avec ses certitudes, il est au moins le prophète d’un monde incertain.

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    #Rifkin #Travail #emploi