person:philippe

  • Le président de la Loire-Atlantique réclame un référendum sur la réunification de la Bretagne
    https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-nazaire-44600/info-ouest-france-philippe-grosvalet-reclame-un-referendum-sur-le-reuni

    Il en appelle carrément à Emmanuel Macron. « Alors que la Loire-Atlantique est intégrée aux Pays de la Loire depuis plusieurs décennies, organiser une consultation sur son seul périmètre serait nier les partenariats très forts et les synergies nouvelles qu’elle a su construire. Ce périmètre dépasse la seule Loire-Atlantique. L’ensemble des habitants des deux régions concernées doit pouvoir se prononcer. »

    coucou @simplicissimus

  • « Le maintien de l’ordre à la française a explosé en vol » - Le Point
    https://www.lepoint.fr/societe/le-maintien-de-l-ordre-a-la-francaise-a-explose-en-vol-14-12-2018-2279276_23

    Le Point : Vous avez signalé sur Twitter plus de 120 potentiels abus de violence de la part des forces de l’ordre à la suite du mouvement des Gilets jaunes. Que souhaitez-vous montrer avec ces preuves ?

    David Dufresne : Cela fait 25 ans que je m’intéresse aux questions de police, et que j’écris des livres sur le maintien de l’ordre, sur l’affaire Tarnac, Tarnac, magasin général (Calmann-Lévy, prix des Assises du journalisme 2012). Quand j’ai commencé à voir apparaître des vidéos et photos sur Twitter, j’ai commencé à les pointer sans me douter que je rentrais dans un maelstrom de signalements. «  Allô Place Beauvau  » signifie «  chacun son rôle  ». Il y a les journalistes, les citoyens mais aussi la police, l’IGPN, le défenseur des droits, la justice. En ces temps troubles, je suis pour que chacun fasse son travail. Moi, je signale, recoupe, contextualise. C’est un travail de veille, de lanceur d’alerte, de citoyen. Pendant une semaine, il y a eu un déni politique et médiatique sur ces questions-là. Un déni qu’on a encore dans l’allocution d’Emmanuel Macron qui a dit « quand la violence se déchaîne, la liberté cesse. » Je ne sais pas de qui il parle, car la violence se déchaîne dans les deux sens. Il n’y a pas eu un mot sur les blessés, pas un mot sur ceux qui ont été mutilés, blessés à vie. Ce déni de démocratie est vraiment insupportable

    #Maintien_de_L'ordre #police #gilets_jaunes

    • Ce qui au départ était un bloc-note de réflexions et de liens devient en cette fin de journée un gros recoupement de vidéos pour comprendre comment un flic en est venu à sortir son flingue contre la foule, et, sans aucune surprise, constater que les motards ont balancé des grenades contre une foule qui passait ... sans les avoir calculés ! C’est encore plus flagrant grâce à la vidéo live de Remy Buisine qui était justement dans la foule à ce moment là.
      https://seenthis.net/messages/746539
      Effectivement le « maintient » de l’ordre a totalement explosé en vol...
      Cependant toutes ces vidéos me mettent très mal à l’aise car elle vont servir à inculper des gens alors qu’elles devraient servir à les disculper et à questionner les choix policiers...

    • Je crois que la séquence des motos de l’avenue Georges V est une indication forte que les tactiques agressives de maintien de l’ordre ont atteint leurs limites.

      L’emploi réglementaire des grenades dites de « désencerclement » ou du LBD, lanceur de balle dite de « défense » est censé être réservé à des situations critiques. Mais on voit bien que leur utilisation déborde de plus en plus largement de ce cadre, selon un principe qui veut que lorsqu’on dispose d’une arme, on s’en sert ; d’autant plus qu’à de très rares exceptions (cf. https://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN1JV1VY-OFRTP ) rien ne vient sanctionner l’usage disproportionné.

      Au fil des répétitions des confrontations hebdomadaires, les protestataires, et parmi eux des groupes déterminés, ont bien compris que leur mobilité couplée à la surprise tactique était leur meilleur atout face à une police en limite de capacité qui commence à ressentir une forme d’épuisement. Il est d’ailleurs probable que certains cadres commencent à douter très fortement des conditions de leur emploi tactique (cf. l’Arc de triomphe le 1er décembre ou la séquence de l’av. Georges V d’hier) et donc de leur commandement voire du bien-fondé des principes tactiques. Voire de la direction politique des opérations.

      Il serait grand temps qu’une logique « républicaine » reprenne le dessus (le maintien de l’ordre n’est pas la guerre !) et mettent enfin en place des méthodes de désescalade. Il y a peu de chances que ce soit dans ce sens que la situation évolue, d’une part parce que la base policière et, en particulier, sa composante « dure » est favorable à une option « musclée », que l’échelon politique n’est pas loin de ne plus la contrôler (les primes et augmentations ne sont pas du tout bon signe - ça a toujours été le réflexe des gouvernements non démocratiques face à des troubles) mais aussi parce que la répétition des affrontements fait qu’à chaque fois la barre est un peu plus haute (cf. toutes proportions gardées les manifestations de deuil tous les 40 jours en Iran en 1978).

      Enfin, avec un niveau politique qui, pataugeant dans les hésitations, commence à laisser percevoir les différends internes, dont la communication tourne à vide et, surtout, recourt à des habiletés de maquignon (les « 100 euros »…) propose une réponse véritablement indigente à la crise, l’exaspération des protestataires ne peut que croître.

      Au rythme où ça va, on peut s’attendre, sous peu, à des incidents dramatiques (des morts lors des affrontements, p. ex.)

    • Effectivement, leur comportement n’a aucun sens.
      Ne pas prévoir à ce point les conséquences de leurs actes me stupéfie.

      On se retrouve avec la bonne vieille question entre l’incompétence et la malhonnêteté. Et on sait qu’ils sont parfaitement malhonnêtes, puisqu’il ne se passe pas un jour sans qu’ils nous insultent ou nous mentent comme des arracheurs de dents, en nous prenant effectivement pour un ramassis de crétins.

      J’en déduis que c’est leur agenda qui leur dicte leurs actes, car personne n’est assez con pour penser qu’en tapant sur l’ennemi et en le traitant de nom d’oiseaux en permanence, il ne va rien se passer.

      Donc, ils nous provoquent depuis 18 mois à présent et je dirais plutôt qu’ils ont dû être terriblement dépités par notre absence de réaction en face. La colère qui éclate, elle couve depuis une trentaine d’années, mais ils l’excitent délibérément depuis l’élection de Macron, le candidat du capitalisme, un mec qui n’a pas une once de charisme et qui incarne tout ce qui est détestable dans ce pays → pourquoi ce choix de la caste des possédants… surtout d’un type qui n’est pas vraiment des leurs ?

      Je pense très sincèrement que la caste des possédants en a assez de nous faire les poches petit à petit, qu’elle s’impatiente, qu’elle a faim… de pouvoir absolu, de curée sans vergogne. Je pense qu’elle pousse à la roue pour que nous nous révoltions enfin d’une manière qui légitimera l’emploi de la force brute et absolue et la fin de la mascarade démocratique qui, même avec la séparation des pouvoirs aux chiottes comme nous le vivons depuis l’arrivée de Macron, ne va ni assez vite, ni assez loin à leurs yeux.

      Ils cherchent délibérément le fait émeutier suffisant pour déclencher la loi martiale. Je pense qu’à ce titre, Macron et ses élus sont totalement sacrifiables (même si, clairement, personne ne leur a dit en leur filant le job) et que les ordres donnés aux flics laissent penser que leurs commanditaires espèrent enfin avoir un lynchage.

      Si tu penses les derniers mois avec le filtre de la mise en place délibérée d’une dictature financière, alors, subitement, plus personne n’agit comme un con.
      Par défaut, c’est probablement l’explication la plus logique.

    • Un point pratique (y a pas que Macron dans la vie... de la police) : c’est depuis la mobilisation contre la loi Travaille en 2016 que les grenades « de désencerclement » sont utilisées de manière offensive, souvent par salve, complétant lacrymogènes propulsées et manuelles, LBD, tonfas, télescopiques et canon à eau pour tronçonner les cortèges et disperser les manifestants. En mars 2016, il y a eu tant de blessés à Paris que le gouvernement avait du craindre qu’il ya ait des tués, il y a même eu ensuite une manif et une seule, le 4 avril 206, ou les flics ont tout fait « à la main » (lacrymos, tonfa, télescopique, violente ratonnade d’un bout nassé du cortège de tête).

      Menace. L’une des différences c’est que entre le 1er et le 8 décembre 2018, généraux de gendarmerie, experts et médiatiques annonçaient tous qu’il pouvait, qu’il y aurait des morts.

    • Article du dimanche 16/12/2018 du Parisien, à relire après coup…

      Policiers armés à moto : les « voltigeurs » sont-ils de retour dans les rues ? - Le Parisien
      http://www.leparisien.fr/faits-divers/policiers-armes-a-moto-les-voltigeurs-sont-ils-de-retour-dans-les-rues-16

      Pour écarter tout risque de débordement ce week-end [15-16/12/2018], les autorités ont ratissé large et mobilisé presque autant d’effectifs que lors de l’acte 4, marqué par 1700 interpellations, soit pas loin de 90 000 policiers et gendarmes, dont 8000 à Paris.

      Cette mobilisation hors-norme a notamment eu pour effet d’affecter au maintien de l’ordre des unités habituellement chargées d’autres types de mission. Selon nos informations, c’est le cas des compagnies de sécurisation et d’intervention (CSI), les fonctionnaires filmés dans la vidéo incriminée.

      « Economie de moyens »
      Mises en place lorsque Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur, en 2003, les CSI officient surtout dans l’anti-criminalité en zone sensible et interviennent par exemple dans le cadre de filatures, de flagrants délits ou de délits de fuite.

      Elles disposent pour cela d’armes létales et non-létales, comme des lanceurs de balle de défense, de tenues anti-émeutes similaires à celles des CRS mais aussi d’unités à moto, généralement des Yamaha TDM 900, le modèle vu samedi à Paris.

      « Economie de moyens oblige, les motos de la CSI 75 sont moins nombreuses que les motards susceptibles de les utiliser, explique au Parisien Philippe Capon, secrétaire général de l’Unsa Police. Les effectifs fonctionnant par roulement, une moto peut servir 20 heures sur 24, sur trois services. »

      Blessures
      Cette situation n’est ponctuellement plus tenable si les effectifs sont surmobilisés, comme c’était le cas samedi. D’où ces images, inhabituelles, de motos transportant deux fonctionnaires à la fois. « Mais jamais ces duos de policiers ne sont intervenus sur le maintien de l’ordre, assure-t-il. Ils ont seulement pu effectuer du ravitaillement de matériel, en apportant par exemple des grenades de désencerclement à des unités à court de munitions. »

      L’utilisation de lanceurs de balle de défense à l’arrière d’une moto, à l’arrêt et plus encore en mouvement, paraît improbable. Elle serait en outre extrêmement dangereuse.

      Malgré des restrictions d’utilisation, cette arme de dissuasion est à l’origine de blessures graves et parfois mortelles. Dans un rapport remis en 2017, le Défenseur des droits estimait que cette arme devait « s’utiliser horizontalement, un genou à terre » pour viser les membres inférieurs, ou « debout et portée à l’épaule » pour viser le torse.

    • Je bisse…

      L’utilisation de lanceurs de balle de défense à l’arrière d’une moto, à l’arrêt et plus encore en mouvement, paraît improbable. Elle serait en outre extrêmement dangereuse.

      Alors, pourquoi les en équiper ? Quant aux armes létales dont ils sont aussi équipés, on a bien vu le pistolet, pour l’instant (?) simplement brandi …

      c’était le 16 décembre…

    • Policiers agressés aux Champs-Elysées : les motos de tous les dangers - Libération
      https://www.liberation.fr/france/2018/12/24/policiers-agresses-aux-champs-elysees-les-motos-de-tous-les-dangers_16995

      L’évolution de cette doctrine est résumée par un acronyme à la préfecture de police de Paris : DAR, pour dispositif d’action rapide. Ces groupes plus légers que les unités spécialistes du maintien de l’ordre (CRS et gendarmes mobiles) ont pour consigne d’aller justement au contact des manifestants pour disperser le plus vite possible et interpeller. Parmi ces DAR, on retrouve le groupe moto de la compagnie de sécurisation et d’intervention de Paris. L’utilisation de ces policiers à moto rappelle forcément les « voltigeurs », dissous après la mort de Malik Oussekine. D’autant plus qu’ils ont pour mission, comme leurs ancêtres, de disperser la manifestation. Avec une différence cependant, au lieu d’un « bidule », ces policiers sont désormais équipés de fusils à balles en caoutchouc (LBD40) et de grenades explosives. Ils ne foncent donc pas dans la foule mais peuvent se positionner à proximité d’un cortège pour tirer. Les samedis 8 et 15 décembre, ils étaient ainsi une cinquantaine, « destinés à pouvoir se rendre rapidement en tout point de la capitale pour intervenir en cas de troubles » avait expliqué la préfecture à Libération.

      Samedi dernier, ce sont donc quatre policiers à moto de la compagnie de sécurisation et d’intervention de Paris qui sont envoyés face aux « gilets jaunes ». Ces agents, rompus aux interventions de lutte contre la criminalité, ne sont pas du tout des spécialistes de la gestion de foule, un savoir-faire bien spécifique dans la police et la gendarmerie. La scène, filmée et largement relayée depuis, est un parfait exemple du risque pris par les autorités dans l’utilisation de telles unités pour intervenir lors de manifestations.

      Seul rempart : leur arme à feu

      A l’aide de grenades - trois détonations correspondant à des grenades de désencerclement sont audibles sur la vidéo, une arme qui propulse 18 galets en caoutchouc à très forte vitesse et peut gravement blesser au visage - ces policiers tentent de disperser la foule. Le samedi 8 décembre, David Dufresne, journaliste et auteur d’un livre référence sur le maintien de l’ordre, avait assisté à une scène similaire, où les policiers avaient cette fois réussi leur manœuvre : « Trois motos dont une avec deux policiers s’étaient arrêtées, ils avaient lancé des grenades de désencerclement, puis étaient partis tout aussi vite qu’ils étaient arrivés. » Mais ce samedi, les policiers ne parviennent pas à se replier assez rapidement. Les explosions des grenades provoquent une réaction d’hostilité des manifestants, qui fondent sur les fonctionnaires, peu nombreux. Les « unités constituées », capables de faire face sans tirer à balle réelle sont trop éloignées. Les quatre motards sont en danger, avec pour seul rempart leur arme à feu. Une situation redoutée par les forces de l’ordre et qui apparaît en contradiction avec la tradition du maintien de l’ordre en France.

      Interrogée à propos de cet événement, la préfecture de police de Paris n’a pas répondu à nos questions. « On considère que l’on est face à des violences urbaines et non plus une manifestation traditionnelle », expliquait récemment à Libération un haut gradé de la préfecture pour justifier cette nouvelle méthode. La scène des Champs-Élysées résonne désormais comme un avertissement pour les autorités.

      #Maintien_de_L'ordre #Police #Voltigeurs

    • Grenadocratie, affiche collée près de la station Anvers, à Paris
      https://twitter.com/Humaginaire/status/1077173221898809344

      Pourquoi, mais pourquoi ? Parce que en terme de com #violences_urbaines, de #casseurs et de #séditieux, en terme pénal aussi ça ratisse large et flou pour renouveler/étendre la fonction de la #justice en tant que service rendu à la police (cf. Michel Foucault, quand même) qui sait pouvoir compter sur la loi son application, ses catégories pour une légitimation permanente : #bandes #association_de_malfaiteurs #attroupement_en_vue_de_commettre_des_violences...etc.

  • Ce que rapporte l’éducation gratuite - La Vie des idées

    http://www.laviedesidees.fr/Ce-que-rapporte-l-education-gratuite.html

    https://laviedesidees.fr/IMG/arton4262.png?1544526697

    Professeur au Collège de France, spécialiste des théories de la croissance et auteur de plusieurs articles et rapports sur l’enseignement supérieur, Philippe Aghion défend la nécessité d’augmenter le financement de l’université sans avoir recours à une hausse des frais d’inscription.

    La Vie des idées : Un certain nombre d’économistes défendent des frais d’inscription élevés dans l’enseignement supérieur. L’argument en leur faveur est qu’ils permettraient une meilleure sélection et orientation des étudiants et les inciteraient à de meilleurs efforts. Ils pourraient par ailleurs être progressifs pour répondre à des critères de justice sociale. Que pensez-vous de ces arguments ? Peut-on penser au contraire que des frais d’inscription faibles à l’université seraient plus efficaces d’un point de vue économique ?

    #éducation #universités #savoir #connaissance #philippe_aghion

  • Bac : « L’Education nationale ne pourra pas assurer une offre raisonnable sur tout le territoire »

    Les nouvelles spécialités prévues dans le cadre du #bac_2021 ne seront pas accessibles à tous, faute d’un nombre suffisant d’enseignants, relève dans sa chronique le chercheur Philippe Askenazy. Cela va à l’encontre de l’#égalité_des_chances promise lors de la campagne du président Macron.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/13/bac-l-education-nationale-ne-pourra-pas-assurer-une-offre-raisonnable-sur-to
    #bac #lycée #réforme #éducation #éducation_nationale #égalité #inégalité #France

    • Et combien pour faire taire les syndicats ?
      –----
      « Paradis pour les uns, pas un radis pour les autres. » lu au dos d’un gilet jaune

    • https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/plans-sociaux/ford-annonce-un-plan-social-apres-avoir-ecarte-l-offre-de-reprise-pour-

      https://npa2009.org/communique/ford-blanquefort-meme-pas-mort

      Mais le scandale c’est sans doute aussi des pouvoirs publics (État, collectivités locales) qui ont déversé des millions d’euros d’argent public à Ford depuis son installation en 1974, sont aujourd’hui dépassés et condamnés à déplorer une décision qui révèle leur impuissance.

      Jour de victoire
      par Sorj Chalandon

      -- Ne fermez pas la fenêtre, s’il vous plaît.

      J’avais dit ça comme ça, doucement, un simple murmure. Mais Svetlana m’a foudroyé. L’infirmière, c’était elle. Elle avait tous les droits sur cette pièce et le malade qui l’occupait. Le nombre d’oreillers, leur position sous sa tête, la couverture en plus, le couvre-lit en moins, c’était elle. Cette chambre d’agonie était devenue la sienne. Elle décidait du jour et de la nuit. Elle qui allumait le plafonnier ou la lampe de chevet. Elle qui s’emparait de la chaleur ou du silence. Elle qui avait confisqué la télécommande de la télévision.

      -- Il y a trop de bruit dans la rue, a protesté Svetlana.

      -- Il n’y en a pas assez, j’ai souri.

      Cela faisait dix ans que la vieille Moldave s’occupait de mon père. Il l’aimait bien, elle le supportait. Elle s’en débrouillait, comme la tante d’un parent arrivé à son crépuscule.

      Elle et moi, c’était autre chose. J’étais le fils en trop. L’écervelé. L’inconscient qui servait un verre de blanc frais au mourant. Celui qui lui tendait une cigarette pour une seule bouffée. J’étais l’empêcheur de mourir tranquille. Qui ouvrait les rideaux quand le soleil le réclamait. Qui remontait l’hiver avec une boule de neige pour qu’il y frotte ses lèvres de vieil enfant. Qui lui parlait de l’usine, encore et encore, même lorsqu’il fermait les yeux.

      -- Vous le fatiguez, Henry !

      -- Je le distrais, Svetlana.

      Depuis le début de soirée, la ville chavirait sous la Coupe du monde de football. Bonheur, joie, liesse. À la radio, à la télé, les journalistes puisaient dans leur dictionnaire pour trouver un mot plus haut que l’autre. De Bordeaux à Lyon, de Paris à Clermont-Ferrand, de Bayonne au plus petit bourg de Mayenne, les familles étaient dans les rues. Les boulevards chantaient, les chemins de campagne, les balcons bourgeois, les cités, les terrasses, les bords de mer, les villages de montagne. Une joie bruyante, insouciante, de klaxons de voitures, de rires de femmes, de cris d’hommes et de hurlements enfantins.

      -- Je veux qu’il écoute ça, j’ai dit.

      Elle a lâché la poignée de la fenêtre. Et puis haussé les épaules avant de quitter la pièce.

      Je me suis assis sur le lit, penché sur mon père. Il fermait les yeux, respirait faiblement.

      -- Tu entends ?

      La ville devenue folle.

      Il a hoché la tête. Son maigre sourire.

      Ce matin, je lui ai dit que l’usine vivrait. Que le gouvernement avait été ferme et que Ford renonçait à quitter le site.

      -- Ferme ? Ferme comment ?, a demandé mon père.

      Je me suis rapproché de son oreille. Il avait les yeux fermés, alors j’ai fermé les miens. Deux aveugles lumineux. Et je lui ai raconté. Ce qu’il voulait croire, ce que j’aurais aimé entendre. Ford avait décidé de lancer la nouvelle boîte de vitesses chez nous, à Blanquefort.

      -- La 8F-MID ?

      Il a souri, les yeux clos.

      Il connaissait. Il ne connaissait que ça. Enfant, il ne me racontait ni les princes ni les chevaliers, mais la mécanique. Son héros s’appelait Henri Depasse, importateur exclusif de Ford en France. C’est lui, en 1913, au 63 de la rue Fondaudège, qui avait ouvert le premier atelier de montage français de la Ford T. Francis, mon grand-père, avait travaillé pour Depasse boulevard Albert-Ier. Avec trois copains d’atelier, ils avaient même fait le chemin de Paris, jusqu’au stand 21 du Salon de l’automobile, pour voir la Ford T, leur « bordelaise », souriant aux bourgeois qui n’osaient approcher le diamant.

      -- Henry ?

      Je me suis rapproché.

      Mon père m’avait donné tout à la fois les prénoms de Ford et de Depasse.

      -- Ils ont trouvé l’argent ?

      Il avait ouvert les yeux. Déjà, son regard était ailleurs.

      -- L’argent pour quoi ?

      -- La comptabilité…

      J’ai souri à mon tour. Il parlait de la compatibilité des chaînes. Passer de la boîte 6F35 à la nouvelle technologie. Des millions d’euros.

      -- Oui, bien sûr. Tout a été réglé.

      Il me regardait.

      -- Je crois même qu’on va pouvoir continuer la 6F15. Les syndicats ont parlé de cent cinquante mille unités pour l’Europe.

      Il a levé une main, à peine. Sa paume détachée du drap. Il me regardait toujours.

      -- Mais c’est sûr ? C’est certain ? L’usine est sauvée ?

      Je me suis levé, j’ai ouvert les fenêtres plus encore.

      -- Tu n’entends pas ?

      La France fêtait le sauvetage de mon usine. C’est ce que je lui avais dit. Et l’honneur de mon grand-père, ouvrier chez Depasse. De mon père, mécanicien auto à l’âge de 17 ans. L’honneur de son fils, entré à Blanquefort en 1974, un an après son inauguration par Jacques Chaban-Delmas et Henry Ford II. L’honneur des huit cent soixante-deux salariés en lutte qui seront bientôt rejoints par deux mille autres, comme dans les années 2000. L’honneur du grand parking qui va être de nouveau plein à craquer. L’honneur de tous les gars au pied de la chaîne de montage, l’honneur des compagnons des zones de production, de montage, du traitement thermique. L’honneur des régleurs, des contrôleurs, du service achat des matières premières. L’honneur de tous ceux qui croient que le travail est le lieu de la dignité. L’honneur de nos aînés, qui montraient leur badge Ford pour rassurer le banquier. L’honneur de ceux qui croyaient l’ovale bleu un talisman à vie, sans savoir que Henry Ford avait dit : « Les hommes travaillent pour deux raisons : le salaire et la peur de perdre leur emploi. »

      L’honneur des femmes et des hommes qui ont refusé le salaire de la peur.

      -- J’entends, a murmuré mon père.

      Il savourait les cris, les chants, les sifflets, les pétards.

      Une corne de brume l’a fait sursauter. Il a chuchoté. Mon front contre le sien.

      -- On en parle à la télé ?

      J’ai allumé le poste. Je redoutais le retour de Svetlana. J’ai mis une chaîne de sport, la première, n’importe laquelle. Les Champs-Élysées étaient embrasés. Des dizaines de milliers, bras levés, sourires victorieux, une France d’avant les tourments.

      Mon père a ouvert les yeux. À peine. J’avais coupé le son. Il a observé l’écran, la liesse, cet enfant en gros plan, sur des épaules adultes. Le visage de papa était douloureux. J’ai éteint la télévision. Il boudait. Je connaissais bien ce visage. Il avait cette même moue, lorsque j’étais enfant et que je n’arrivais pas à répéter les mots savants qu’il m’apprenait.

      -- Trains épicycloïdaux, c’est pas compliqué quand même !

      Comme son père avant lui, il m’avait élevé à la Ford T.

      -- L’ancêtre des boîtes automatiques !

      Son royaume était un monde de leviers, de pédales, de sangles de commande. Ses joyaux s’appelaient Consul, Zodiac, Zephyr, mais aucun d’entre nous n’a jamais pu s’offrir une voiture née de notre travail. « On trime pour les rupins », disait mon père.

      Ni amer, ni triste, ni en colère de rien. Ford était son travail, pas son loisir.

      Il avait refermé les yeux. Il boudait. Ses lèvres mortes retombées.

      -- Ça va, papa ?

      Vague haussement d’épaules. Sa voix, épuisée d’âge et de tabac.

      -- Il n’y a pas de drapeau rouge. Pas de banderoles syndicales. Ils se croient où ? À un match de foot ?

      Je lui ai caressé les cheveux. Ça, c’était Paris. Ils sont comme ça, à Paris. Dommage qu’il ne puisse se lever, venir jusqu’à la fenêtre, parce que chez nous, place Pey-Berland, il n’y avait que ça, des drapeaux rouges. De la joie ouvrière. De la fierté, de la dignité, de la beauté.

      Il a ouvert les yeux une dernière fois.

      -- Alors on a gagné, mon fils ?

      Je lui ai pris la main.

      -- On a gagné, papa.

      Et puis il s’est rendormi, le sourire aux lèvres.

      Lorsque Svetlana est arrivée, je prenais mon sac. Elle avait les yeux mauvais.

      -- Vous ne me l’avez pas fatigué, j’espère !

      Je l’ai embrassée sur la joue. Un geste comme ça, furtif, inhabituel. Le baiser d’un papillon. Elle a haussé les épaules en faisant du vent avec les mains. Je crois bien qu’elle a ri.

      Je suis sorti dans la foule. Les joues étaient peintes en tricolore, des gamins portaient des maillots aux couleurs de l’équipe de France. La ville dansait et chantait la victoire jusqu’au vertige. Alors voilà, j’ai plongé au milieu de cette joie qui n’était plus la mienne. J’ai marché jusqu’à la cathédrale, j’ai ouvert mon sac et enfilé le maillot blanc des copains de Ford sur ma chemise, « Luttons tous ensemble pour sauver les emplois ».

      Et puis je suis monté sur le socle de la statue de Chaban, poing levé.

      Un enfant m’a imité, sa mère avec lui.

      Puis un homme qui passait.

      Et puis un jeune.

      Et puis un autre…

      Sorj Chalandon
      Journaliste et écrivain. Ce texte est extrait du livre collectif Ford Blanquefort même pas mort !, publié aux éditions Libertalia (Montreuil, 2018) sous la direction de Béatrice Walylo et Philippe Poutou, en soutien à la lutte des ouvriers de l’usine automobile Ford de Blanquefort. Les droits d’auteur seront reversés à l’Association de défense des emplois Ford.

  • Ces souffrances, je les ressens profondément et je veux que tous les Français sachent bien que leur adoucissement est l’objet constant de mes pensées.

    Je veux qu’ils sachent aussi que je comprends leur impatience, leur exaspération même devant l’insuffisance trop fréquente des remèdes apportés à leurs maux.

    Philippe Pétain, 13 août 1940

    Et, pour ajouter aux malheurs du temps, le site maréchal-petain.com, où l’on pouvait trouver ces fortes paroles compassionnelles est à vendre ($499, le nom de domaine est enregistré à Osaka…) je me vois donc contraint de recopier à partir de mon exemplaire du recueil de ses discours…

    EDIT (pour référence ultérieure)
    les messages jusqu’à celui du 12/08/1941 (et donc, la reprise exacte (mais commentée) du recueil), manquent les suivants, ici
    http://pages.livresdeguerre.net/pages/sujet.php?id=docddp&su=48

  • VIDEO. Racisme, violence, salut nazi... Un journaliste a infiltré Génération identitaire et le bar La citadelle à Lille TM / EM - France 3 Régions - 10 Décembre 2018

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille/video-racisme-violence-salut-nazi-journaliste-infiltre-

    Al Jazeera a réalisé un documentaire sur "Génération identitaire" et le bar "La Citadelle" à Lille. Il y est question de propos racistes, de menace d’attentat, de violence assumée contre des personnes issues de l’immigration, de liens troubles avec le Rassemblement national...

    Génération haine" : c’est le nom du reportage diffusé depuis ce dimanche et dans les semaines qui viennent sur Al Jazeera, chaîne qatarie. Un reportage en grande partie tourné à Lille et en caméra cachée par "Louis", un journaliste qui a réussi à se faire accepter dans ce lieu très fermé. Notamment au bar "La Citadelle", lieu identitaire fréquenté par de nombreux membres du groupe politique "Génération identitaire". Racisme et violence sont omniprésents tout au long des 52 minutes de ce reportage, dont une 2ème partie sera diffusée prochainement..

    Éloge de la violence 

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=Il2GbD4mrrk

    Dans le documentaire d’Al Jazeera, on peut clairement voir des militants de "Génération identitaire" commettre et se vanter d’actes violents contre des "weshs" appelés également "sales bougnoules" ou carrément, frapper une jeune femme un soir d’hiver, dans une rue de Lille.

    " Heil Hitler Gros ! Troisième Reich ! ", s’exclame un individu appelé "Le Roux" accoudé à un comptoir d’un bar de la rue Massena. En sortant de l’établissement, ces hommes vêtus de noir ont une altercation avec une jeune Maghrébine : " Dégage bougnoule va ! ". Puis l’aspergent de gaz lacrymogène.

    L’un d’entre eux, paré de gants renforcés, frappe à coups de poing la jeune femme sur le crâne, devant tout le monde, et notamment un agent de sécurité qui n’intervient pas. L’auteur de l’agression, présenté dans le documentaire comme un proche d’Aurélien Verhassel, le patron du bar privé La Citadelle, se vante de ses actes : "Je lui ai mis une de ces droites ! Rien à foutre… meuf ou pas meuf, c’est des reubeus…. Une grosse choumette dans sa gueule. Elle a dû bien le sentir ".

    Cet homme, Rémi Falize, expliquera une semaine plus tard, dans l’arrière-boutique de "La Citadelle" qu’avec ses comparses, ils avaient eux-même provoqué les violences : " J’ai mis des droites à des meufs… C’est des reubeus, je m’en bats les c… ! "

     
    Projet d’attentat
    Ce même individu est également filmé en caméra cachée en train d’affirmer qu’il se verrait bien commettre un attentat. Il se dit capable de "faire un carnage" en utilisant une voiture bélier contre une mosquée ou le marché de Wazemmes, en laissant sa carte d’identité sur les lieux, "comme le font les djihadistes", dit-il. 

    "Le jour où je sais que j’ai une maladie incurable, mec… je m’achète une arme et je fais un carnage. Je me dis quitte à mourir de ma maladie, autant me faire fusiller par les flics (…) Une mosquée n’importe quoi… Même voiture bélier, je prends n’importe quoi »

    Il ciblerait notamment le marché de Wazemmes : "Maman tu ne vas pas au marché de Wazemmes, c’est moi qui y vais. Je vais là-bas, je te fais un carnage. Charlie Hebdo à côté, c’est de la pisse de chien ! Marché de Wazemmes, c’est là où il y a tous les « gnoules » de Lille qui y vont. Tu y vas un dimanche en voiture, mais tu fais un bordel ! Je laisserai ma carte d’identité sur la banquette, comme ils font les djihadistes (…) À fond de cinquième ! (Rires aux éclats). Pour le peu que je ne meure pas pendant le carnage… hop, j’en fais un autre, j’te jure ! "
     
    Des liens mal cachés avec le Front National / Rassemblement national

    Officiellement, Marine Le Pen a toujours dit vouloir prendre ses distances avec "Génération identitaire". Mais le reportage affirme vouloir montrer que "l’extrême droite française a des liens secrets avec des extrémistes violents ".

    On entend effectivement que le président d’"Organisation Citadelle", chef du mouvement Génération identitaire dans le Nord, Aurélien Verhassel, affirmer qu’il écrit des discours pour le Front National. En tant que "communicant politique".

    Le documentaire met en lumière notamment les liens resserrés entre Pierre Larti, leader parisien de Génération identitaire, et le parti de Marine Le Pen. "Mon employeur maintenant, c’est le Front. Ils savent ce que je suis. Le deal c’est : je ne me mets pas en en avant avec les identitaires, et je travaille pour le Front, voilà. Je suis chef de cabinet ", affirme Pierre Larti, filmé à son insu. En l’occurrence, chef de cabinet de Philippe Eymery, président du groupe Rassemblement National au conseil régional des Hauts-de-France.

    Les deux hommes sont filmés ensemble dans l’hémicycle du conseil régional. Avec un autre collaborateur identifié comme étant Rémi Meurin. Ce dernier, filmé dans le bar La Citadelle, explique qu’Aurélien Verhassel recrute des identitaires pour le compte du Rassemblement National.

     
    Que répondent La Citadelle et Genération identitaire à ce reportage ?
    Selon Al-Jazeera, l’avocat de Aurélien Verhassel, a répondu à la chaîne que la Citadelle ne représentait "pas Génération identitaire et (ne pouvait) à ce titre accueillir des personnes « de diverses sensibilités aux parcours variés ».

    Contacté par téléphone et par mail, Aurélien Verhassel a répondu d’abord sur la forme du reportage : "Au regard du procédé utilisé par l’infiltré, je m’interroge quant au sérieux de sa démarche et sa bonne foi. J’ai écrit à Al Jazeera pour prendre connaissance de l’intégralité des « rushes et apporter des réponses circonstanciées ; ces derniers n’ayant pas donné suite, cette fin de non-recevoir démontre le peu d’objectivité du reportage. Le reportage multiplie les amalgames et les raccourcis en évoquant des propos imputés à divers pseudonymes qui n’ont jamais mis les pieds à La Citadelle, mais que de plus, je n’ai jamais rencontrés. De plus, aucune demande de reportage n’a été réalisée, aucune possibilité de réponse dans des conditions acceptables n’était possible, le reportage étant réalisé uniquement à charge, d’ailleurs, les multiples montages me portent à m’interroger sur la présence d’autres comparses de l’infiltré, utiles à la réalisation et au contenu des captations."

    Sur les violences ou les propos racistes de certaines personnes, Aurélien Verhassel se désolidarise : "Aucun membre de Génération Identitaire n’est impliqué dans ce reportage, hormis ma personne et Cyril Wayenburg, quant aux autres ce sont des personnes de passage à La Citadelle – qui n’ont donc ni légitimité, ni un quelconque rôle - comme chaque lieu public en accueille des centaines chaque semaine. La Citadelle accueille des personnes de diverses sensibilités, aux parcours variés. À ce jour, La Citadelle compte plus de 1.000 adhérents, de milieux socio-professionnels divers allant de l’étudiant à la personne sans emploi, de l’ouvrier au chef d’entreprise, etc.
     
    La Citadelle étant un lieu convivial privé, les discussions strictement privées qui peuvent s’y dérouler relèvent de la stricte responsabilité de leurs auteurs, au même titre que celles qui peuvent se dérouler dans d’autres lieux privés, sans que les maîtres de maison soient responsables des propos tenus par leurs invités. Bien évidemment, en ma qualité de président de La Citadelle, je suis connu par les adhérents mais ne suis pas responsable de ceux qui, par souci de valorisation, prétendent être des proches ou allèguent d’échauffourées qui, au mieux, sont imaginaires, au pire, que je condamne avec la plus grande vigueur."

    Plus particulièrement, à propos de la bagarre filmée rue Massena, précédée de saluts nazis, il précise : "Ce monsieur, appelé « le roux » n’est contrairement à ce qu’indique l’intitulé de votre question, pas « membre » (ni de GI, de La Citadelle) et pour cause, je ne connais pas et n’ai jamais rencontré cette personne dont je condamne bien entendu les propos avec la plus grande vigueur. Il n’a, à plus forte raison, jamais mis les pieds à La Citadelle. Je m’étonne par ailleurs que la question me soit posée, les faits ne se passent pas à La Citadelle et je ne comprends pas bien le rapport car cette scène a visiblement été tournée dans le quartier Massena à L’imprévu !

    Il affirme également qu’"une procédure d’exclusion a d’ores et déjà été lancé concernant un membre, Rémi Falize et un refus d’adhésion concernant un autre en la personne de Charles Tessier."

    #génération_identitaire #fascisme #lille #la_citadelle #extrême_droite #Al-Jazeera#Canal_de_la_Deûle #France #skinheads #Troisième_voie #identitaires

  • Les Grands Turbulents. Portraits de groupes 1880-1980 - Médiapop Editions

    https://mediapop-editions.fr/catalogue/les-grands-turbulents-portraits-de-groupes-1880-1980

    Un nouveau livre. Dans la liste des auteurs se cache une personnalité brillante et connue. Sauras-tu la retrouver ?

    Présenté par Nicole Marchand-Zañartu

    Certains furent tapageurs, d’autres plus discrets, voire taciturnes. Les uns nous sont familiers, les autres inconnus ou peut-être les a-t-on oubliés. Tous ont eu un projet de résistance à l’ordre du monde tel qu’il allait ou tel qu’il s’annonçait. Unis par l’amitié, la proximité intellectuelle, l’activité collective, ils ont nom : Grand Jeu, Die Brücke, Stridentistes, CoBrA, Futuristes, Der blaue Reiter, Gutaï, OBeRIou, OHO, Zero, Dada… pour n’en citer que quelques-uns. Sur leur passage ils ont laissé une production surprenante : des manifestes, des revues, des œuvres collectives, des reliefs d’expositions qui montrent leur union sous les formes les plus inventives, voire les plus extrêmes, contre l’adversité. Témoignage tangible de leur aventure commune : une photographie, parfois de fortune. Les voici graves et joueurs, naturels et sophistiqués, provocateurs et moqueurs, astres majeurs ou étoiles filantes, ils posent devant l’objectif pour l’éternité. Pour esquisser les portraits de ces Grands Turbulents à l’aide d’une photographie et de son exploration, Nicole Marchand-Zañartu a réuni cinquante-quatre auteurs, hommes et femmes, écrivain, cinéaste, poète, chercheur, historien, musicien, philosophe…

    Alain Barandard, Christian Barani, Thierry Paul Benizeau, Albert Bensoussan, Eduardo Berti, André Bertrand, Micheline Bonnet, François Bordes, Patrick Bouchain, Nathalie Boulouch, Marianne Bujard, Anne Cartier-Bresson, Patrice Cazelles, Simone Christ, Rémy Collignon, Boris Czerny, Isabelle Després, Gloria-Cecilia Diaz-Ortiz, Jean-Baptiste Dusséaux, Bertrand Gauguet, Julien Gourbeix, Claude Guibert, Erell Guillemer, Édith Hallauer, Thomas Hippler, Véronique Huyghe, Laurence Imbernon, Jean-Philippe Jaccard, Philippe De Jonckheere, Valdo Kneubühler, Antje Kramer, Nelly Kuntzmann, Chantal Lachkar, Jean Lauxerois, Jacques Lèbre, Anne Longuet-Marx, Nicole Marchand-Zañartu, Jean-Baptiste Para, Julia Peslier, Jovana Petrović, Jean-Louis Peytavin, Catherine Phalippou, Elisabeth Pujol, Jean- Jacques Régnier, Françoise Rivière, Waldo Rojas, Eric Schmulevitch, Jean Seisser, Erik De Smedt, Salima Tenfiche, Yves Tenret, Emilie Vabre, Laurent Wolf, David Zerbib.

  • Gilets jaunes : une rupture culturelle autant que territoriale - Telos
    https://www.telos-eu.com/fr/societe/gilets-jaunes-une-rupture-culturelle-autant-que-te.html

    […] ce mouvement apparaît comme l’expression d’une rupture consommée depuis plusieurs décennies entre deux visions du monde contemporain et deux systèmes de motivations et d’aspirations, issues de deux expériences de la vie en société dans notre pays, étrangères et imperméables l’une à l’autre.

    La première vision, celle d’un monde social que l’on peut schématiquement dire dominant, appréhende son rapport à l’espace et au temps selon un large spectre et selon un imaginaire de l’équilibrage à l’échelle macroscopique (région, nation, voire Europe ou planète). Cette vision se veut surplombante et clairvoyante, elle est #presbyte : elle regarde au loin, en privilégiant la métropolisation dans la mondialisation et en concevant les politiques publiques en termes de compétitivité de l’appareil productif ou d’attractivité des territoires pour les investisseurs.

    À l’inverse la deuxième vision, plus populaire, se focalise sur l’échelle spatiale et temporelle de la proximité. Son appréhension du réel est empirique, individualiste et utilitariste, elle pourra être dite #myope, mais elle a sa logique propre, ses paramètres et ces critères de validation qui relèvent de la quotidienneté.
    […]
    Philippe Genestier
    Architecte-urbaniste en chef de l’Etat, professeur à l’ENTP, chercheur au Laboratoire Environnement, Ville, Société (CNRS)

  • Emmanuel Macron est bien mort politiquement - Boulevard Voltaire
    http://www.bvoltaire.fr/emmanuel-macron-est-bien-mort-politiquement

    « Il faut sauver le soldat Macron » : tel est le titre de l’édito de L’Obs. Et la nouvelle ligne de défense d’un pouvoir aux abois. Une ligne que vous pouvez suivre jusque sous la plume de Philippe Bilger qui, reconnaissant que le président ne pourra plus rassembler sur sa politique, devrait en appeler au peuple, façon De Gaulle 68, avec défilé sur les Champs pour sauver la République. Nous n’y sommes pas encore…

    Mais comparaison n’est pas raison. 2018 n’est pas 68. La situation est bien plus grave, les amortisseurs bien moins nombreux. Et, surtout, Macron n’est pas de Gaulle. Par ailleurs, si De Gaulle avait réussi le rétablissement que l’on sait, tout le monde savait – et lui le premier – qu’une page était tournée, qu’il était mort politiquement. Le « non » d’avril 1969 confirma cette mort. Si tel fut le destin de ce géant historique, la lucidité commande de reconnaître que ce nain politique qu’est Emmanuel Macron est bien mort politiquement.

    La mort politique d’Emmanuel Macron en décembre 2018 est un fait aussi évident que le débat raté de Marine Le Pen il y a 18 mois. Sa mort, ou sa destitution, car, qu’il finisse ou pas son mandat, la destitution est déjà actée, non seulement dans la partie de l’opinion qui lui est actuellement hostile – et c’est tout de même près de 80 %…-, mais aussi dans le dernier carré des 20 % de Français qui le soutiennent et qui ont intégré que l’aventure à laquelle ils avaient cru est bel et bien finie.

    Trois aspects majeurs doivent en être soulignés en guise de bilan – ou de solde de tous comptes avant licenciement.

    Première mort, peut-être la plus spectaculaire car à résonance mondiale : la mort d’Emmanuel Macron sur la scène internationale. Il faisait la leçon à la Terre entière : à Trump sur le climat, à Poutine sur le respect des manifestations de rue, à Salvini sur les migrants et le budget, à Orban sur les valeurs et l’Europe. Le mouvement des gilets jaunes a pulvérisé cette prétention, et justement sur tous ces sujets.

    Deuxième mort : le renversement de la « stature » présidentielle qu’avait voulu se donner Emmanuel Macron. Le peuple, la rue, la province l’ont pris au mot et sont venus se rappeler au souvenir de l’homme du Louvre qui agitait un peu trop légèrement des symboles monarchiques.

    Troisième mort qui, elle, dépasse sa personne : celle de l’idéologie qui inspire sa politique, et qui est celle des présidents précédents : le libéralisme culturel et économique, mâtiné de culpabilisation écologique. Les gilets jaunes en ont mis au jour les mensonges. Et cette destitution dialectique n’a pas fini de se propager dans le corps social français. La réussite d’Emmanuel Macron – ou son « coup » politique de 2017 – consista à présenter la continuation d’une politique classique sous le déguisement d’un changement radical. C’était de la poudre de perlimpinpin. Les gilets jaunes constituent le brusque retour du réel.

    Enfin, l’aspect le plus surprenant de cette mort est sa dimension suicidaire : Emmanuel Macron avait réellement de nombreux atouts dans son jeu. Mais en l’espace d’une saison estivale où l’arrogance l’a disputé à l’inconscience, il les a tous dilapidés, et d’abord par ses outrances indécentes de langage et d’image : fête de la musique, affaire Benalla, Saint-Martin, et enfin la « lèpre populiste ». La question que se posent de nombreux commentateurs très indulgents est : « Comment en est-on arrivé là ? » Mais ils n’osent formuler la véritable question : « Comment en est-il, lui, arrivé là ? »

    L’originalité d’Emmanuel Macron était d’apparaître comme un produit politique très structuré, très défini, très préparé. Cela impressionna. La révolution des gilets jaunes le laissent nu et brisé. Le logiciel a explosé. Et l’on voit mal le produit se réinventer. D’ailleurs, il a prévenu qu’il ne « détricoterait » rien de ce qui s’est fait depuis 18 mois… C’est encore le logiciel qui ânonne.

    Désormais s’ouvre une nouvelle page politique. Emmanuel Macron sera peut-être toujours là. Mais sa statue au plâtre encore frais est en mille morceaux.❞

  • Emmanuel Macron est bien mort politiquement - Boulevard Voltaire
    http://www.bvoltaire.fr/emmanuel-macron-est-bien-mort-politiquement

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    « Il faut sauver le soldat Macron » : tel est le titre de l’édito de L’Obs. Et la nouvelle ligne de défense d’un pouvoir aux abois. Une ligne que vous pouvez suivre jusque sous la plume de Philippe Bilger qui, reconnaissant que le président ne pourra plus rassembler sur sa politique, devrait en appeler au peuple, façon De Gaulle 68, avec défilé sur les Champs pour sauver la République. Nous n’y sommes pas encore…

    Mais comparaison n’est pas raison. 2018 n’est pas 68. La situation est bien plus grave, les amortisseurs bien moins nombreux. Et, surtout, Macron n’est pas de Gaulle. Par ailleurs, si De Gaulle avait réussi le rétablissement que l’on sait, tout le monde savait – et lui le premier – qu’une page était tournée, qu’il était mort politiquement. Le « non » d’avril 1969 confirma cette mort. Si tel fut le destin de ce géant historique, la lucidité commande de reconnaître que ce nain politique qu’est Emmanuel Macron est bien mort politiquement.

    La mort politique d’Emmanuel Macron en décembre 2018 est un fait aussi évident que le débat raté de Marine Le Pen il y a 18 mois. Sa mort, ou sa destitution, car, qu’il finisse ou pas son mandat, la destitution est déjà actée, non seulement dans la partie de l’opinion qui lui est actuellement hostile – et c’est tout de même près de 80 %…-, mais aussi dans le dernier carré des 20 % de Français qui le soutiennent et qui ont intégré que l’aventure à laquelle ils avaient cru est bel et bien finie.

    Trois aspects majeurs doivent en être soulignés en guise de bilan – ou de solde de tous comptes avant licenciement.

    Première mort, peut-être la plus spectaculaire car à résonance mondiale : la mort d’Emmanuel Macron sur la scène internationale. Il faisait la leçon à la Terre entière : à Trump sur le climat, à Poutine sur le respect des manifestations de rue, à Salvini sur les migrants et le budget, à Orban sur les valeurs et l’Europe. Le mouvement des gilets jaunes a pulvérisé cette prétention, et justement sur tous ces sujets.

    Deuxième mort : le renversement de la « stature » présidentielle qu’avait voulu se donner Emmanuel Macron. Le peuple, la rue, la province l’ont pris au mot et sont venus se rappeler au souvenir de l’homme du Louvre qui agitait un peu trop légèrement des symboles monarchiques.

    Troisième mort qui, elle, dépasse sa personne : celle de l’idéologie qui inspire sa politique, et qui est celle des présidents précédents : le libéralisme culturel et économique, mâtiné de culpabilisation écologique. Les gilets jaunes en ont mis au jour les mensonges. Et cette destitution dialectique n’a pas fini de se propager dans le corps social français. La réussite d’Emmanuel Macron – ou son « coup » politique de 2017 – consista à présenter la continuation d’une politique classique sous le déguisement d’un changement radical. C’était de la poudre de perlimpinpin. Les gilets jaunes constituent le brusque retour du réel.

    Enfin, l’aspect le plus surprenant de cette mort est sa dimension suicidaire : Emmanuel Macron avait réellement de nombreux atouts dans son jeu. Mais en l’espace d’une saison estivale où l’arrogance l’a disputé à l’inconscience, il les a tous dilapidés, et d’abord par ses outrances indécentes de langage et d’image : fête de la musique, affaire Benalla, Saint-Martin, et enfin la « lèpre populiste ». La question que se posent de nombreux commentateurs très indulgents est : « Comment en est-on arrivé là ? » Mais ils n’osent formuler la véritable question : « Comment en est-il, lui, arrivé là ? »

    L’originalité d’Emmanuel Macron était d’apparaître comme un produit politique très structuré, très défini, très préparé. Cela impressionna. La révolution des gilets jaunes le laissent nu et brisé. Le logiciel a explosé. Et l’on voit mal le produit se réinventer. D’ailleurs, il a prévenu qu’il ne « détricoterait » rien de ce qui s’est fait depuis 18 mois… C’est encore le logiciel qui ânonne.

    Désormais s’ouvre une nouvelle page politique. Emmanuel Macron sera peut-être toujours là. Mais sa statue au plâtre encore frais est en mille morceaux.

  • Acte IV : Gilets Jaunes des Luttes, via @paris
    https://paris-luttes.info/acte-iv-gilets-jaunes-des-luttes-11225

    Appel commun à un cortège massif des collectifs et des luttes pour un Acte IV, samedi 8 décembre, au départ de la Gare Saint Lazare et en direction des Champs-Élysées. Soyons plus nombreu.ses que jamais !

    Samedi 1er décembre, au milieu des nombreux affrontements entre Gilets jaunes et forces de police, un cortège hors du commun a vu le jour : à l’appel des Cheminots de l’Intergare, du Comité Adama, de la Plateforme d’Enquêtes Militantes, de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue et du Comité de Libération et d’Autonomie Queer, nous avons défilé ensemble au départ de Saint-Lazare, vers les Champs-Élysées.

    Samedi 8 décembre, nous appelons à reproduire ces alliances pour faire front commun...

    Les banlieues hésitent à rejoindre le mouvement des « gilets jaunes », Louise Couvelaire (mais les lycéens du 93 et bien d’autres avant eux dès le 24 novembre ont déjà tranché, ndc)
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/05/les-banlieues-hesitent-a-rejoindre-le-mouvement-des-gilets-jaunes_5392966_32

    Les #banlieues hésitent à rejoindre le mouvement des « gilets jaunes »
    Après être restées à l’écart des #manifestations, des associations des quartiers populaires tentent de mobiliser.

    Pendant plusieurs semaines, elles n’ont pas bougé. Elles ont pris soin de rester à l’écart, « par prudence », expliquent-elles. D’abord parce qu’elles ont pensé que le mouvement était principalement conduit par des groupes d’extrême droite. Ensuite parce qu’elles ne voulaient pas qu’on impute aux banlieues les violences lors des manifestations. « Heureusement que les Noirs et les Arabes des cités n’y étaient pas dès le départ ! On leur aurait tout mis sur le dos », lance un associatif.
    Passé les premières réticences, certaines associations de banlieue tentent désormais de mobiliser les troupes. L’objectif ? Que les quartiers populaires rejoignent les « gilets jaunes » « massivement ». Un scénario que redoutent les pouvoirs publics. D’autant plus que les lycéens ont commencé à s’arrimer au mouvement.

    Les académies de Créteil et Versailles, en région parisienne, ont été parmi les premières à être touchées par les blocages, vendredi 30 novembre, sur fond de contestation autour de la réforme du baccalauréat et de Parcoursup. Ils étaient plus nombreux ce lundi à Aubervilliers et à Gagny (Seine-Saint-Denis), et à Chelles (Seine-et-Marne). Mardi, la contestation s’est poursuivie en Ile-de-France ainsi que dans plusieurs agglomérations de province, dont Marseille, Toulouse et Lyon, où des affrontements ont eu lieu entre manifestants et forces de l’ordre.

    « Nous, ce qu’on veut surtout, avant de pouvoir faire un plein d’essence, c’est du travail », lâche un résident des Yvelines
    « L’idée que les banlieues puissent se mettre en mouvement inquiète tout le monde, commente Stéphane Peu, député PC de Seine-Saint-Denis, sollicité ces derniers jours par plusieurs ministères anxieux de l’état d’esprit des quartiers. Je constate un soutien aux “#gilets_jaunes” mais pas de connexion directe. »
    Jusqu’à présent, nombre d’habitants des quartiers populaires se sont contentés d’observer ou de soutenir le mouvement à distance. « Pour une fois qu’on ne se retrouve pas en première ligne, lâche un résident des Yvelines, âgé d’une trentaine d’années, qui a participé, plus jeune, à des échauffourées dans sa ville. Et puis nous, ce qu’on veut surtout, avant de pouvoir faire un plein d’essence, c’est du travail. » D’autres ont participé dès la première journée de mobilisation, le 17 novembre, à des blocages, mais sans se revendiquer des « banlieues ». Ils l’ont fait au titre de leur activité professionnelle (contrats précaires, chauffeur VTC…) ou de leur situation personnelle (mère célibataire, chômage…), comme tout autre manifestant. « Le mouvement est né dans les zones rurales et les villes moyennes, alors forcément, les habitants des cités étaient moins représentés », précise un « gilet jaune » de Seine-Saint-Denis.

    La semaine dernière, le comité Vérité pour Adama – du nom d’Adama Traoré, 24 ans, mort en juillet 2016 à la suite d’une interpellation par des gendarmes dans le Val-d’Oise – a lancé un premier appel à rejoindre la manifestation du samedi 1er décembre, à la gare Saint-Lazare, à Paris, où se sont retrouvés ses alliés habituels : cheminots, étudiants proches de l’ultragauche et antifascistes. Etaient aussi présents le député de La France insoumise de Seine-Saint-Denis, Eric Coquerel, et le porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Oliver Besancenot. « Du MIB [Mouvement de l’immigration et des banlieues] au Larzac… Au comité Adama. En jaune », était-il inscrit sur l’une des banderoles.

    Cette semaine, le comité Adama, qui appelle à une « alliance des luttes », veut passer à la vitesse supérieure en activant tous ses réseaux. « Nous ne sommes pas porte-parole des quartiers ni représentatifs, il est essentiel que d’autres acteurs viennent grossir les rangs, on ne peut pas le faire tout seul : nous sommes donc en lien avec des associations en Ile-de-France mais aussi en province prêtes à suivre », affirme Assa Traoré, sœur d’Adama et figure de la lutte contre les violences policières.
    « Grave erreur »
    « On se sent une lourde responsabilité par rapport aux risques de violences et c’est en partie pour cela que l’on a hésité à y aller, explique Almamy Kanouté, militant politique et membre du comité Vérité pour Adama. Mais si nous restons plus longtemps absents de cette révolte légitime, cela va nourrir encore un peu plus le sentiment d’exclusion des habitants des quartiers. » Pour l’association, il s’agit avant tout d’« emmerder l’Etat » en essayant de « canaliser les énergies » sur des opérations précises : sièges de bâtiments institutionnels, opérations de péages gratuits…
    « Inciter les jeunes des quartiers à se joindre aux manifestations est une grave erreur, tempête un associatif. On sait très bien que certains ne viendront pas pour marcher ni bloquer, et personne ne pourra rien maîtriser. » « Parce que des “gilets jaunes” ont été violents, alors les quartiers n’auraient plus le droit d’y aller, sous prétexte qu’ils le seront forcément ? Et encore une fois on serait mis de côté ! Non », s’insurge Assa Traoré.
    Lire aussi Face à la crise du mouvement des « gilets jaunes », les préfets sonnent l’alerte politique
    La contestation actuelle, « déstructurée », leur permet de se joindre au mouvement « sans avoir à demander l’autorisation ni à attendre une invitation ». Estimant que les quartiers populaires urbains sont confrontés aux mêmes problématiques que les territoires ruraux et périurbains – vie chère, fins de mois difficiles, injustice sociale… –, le comité Adama – associé au collectif des cheminots de l’Intergare, à l’Action antifasciste Paris-banlieue et au site Plate-forme d’enquêtes militantes –, veut également « faire remonter » certaines revendications propres aux habitants des banlieues, qui ne figurent, à l’heure actuelle, dans aucun des cahiers de doléances de « gilets jaunes », telle que la lutte contre le racisme, les discriminations et les violences policières.
    « L’enjeu pour les habitants des banlieues, c’est avant tout d’avoir un boulot, souligne Anasse Kazib, du collectif des cheminots de l’Intergare et militant à SUD-Rail. Il y a une rage dans les quartiers, mais ils ne se mobilisent pas facilement. » « Pour l’instant, ça n’a pas l’air de prendre, mais personne ne sait comment la situation peut évoluer, conclut Stéphane Peu. Les phénomènes déclencheurs sont toujours imprévisibles. »
    Louise Couvelaire

    « Les “gilets jaunes”, la mèche qui allume l’incendie », Bertrand Bissuel et Raphaëlle Besse Desmoulières
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/05/les-gilets-jaunes-la-meche-qui-allume-l-incendie_5392928_823448.html

    Alors que les lycéens et les routiers se mobilisent, historiens et observateurs analysent le risque de coagulation.

    Le mouvement des « gilets jaunes » va-t-il s’éteindre ou donner des idées à d’autres composantes du corps social ? La question reste totalement ouverte, en dépit des annonces faites, mardi 4 décembre, par Edouard Philippe pour répondre aux attentes de milliers de personnes, engagées dans la bataille depuis près d’un mois. « Je suis très inquiète », confie au Monde Danielle Tartakowsky, historienne et auteure de plusieurs ouvrages sur les manifestations de rue en France. Pour elle, les mesures dévoilées mardi ne sont pas de nature à faire retomber la tension : « Ça vient beaucoup trop tard, il aurait fallu faire ça au début. » Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’université de Bourgogne, n’est guère plus optimiste, et considère que « le gouvernement joue la montre en escomptant que la mobilisation pourrisse sur pied ».

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    Si le blocage des dépôts pétroliers de Lorient et de Brest a été levé après le discours de M. Philippe, les lycéens ont continué, mardi, à s’opposer à la réforme du lycée et à Parcoursup, avec plusieurs incidents à la clé. Deux sites d’universités parisiennes ont également été gagnés par le vent de fronde. Et l’UNEF appelle à défiler, le 13 décembre, contre l’augmentation des frais d’inscription infligée aux étudiants venus de pays extérieurs à l’Europe. La FNSEA, de son côté, brandit la menace de manifestations d’agriculteurs, la semaine prochaine.

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    Fronts ouverts
    A ce stade, la jonction n’a pas été établie entre ces nouveaux foyers de contestation. Mais ils représentent autant de fronts ouverts pour l’exécutif. D’autres pourraient surgir, à un échelon plus local. « Dans les entreprises, ça crée un appel d’air, avec une montée des revendications salariales, comme l’illustre le conflit en cours chez BNP Paribas », observe Jean-Dominique Simonpoli, directeur général de l’association Dialogues. Les « gilets jaunes » sont « la mèche qui allume l’incendie », déclare Yves Veyrier, numéro un de FO : « S’agrège dessus des mécontentements rentrés qui voient une opportunité de se faire entendre. » Espéré par la gauche de la gauche, dès le lendemain de la victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle, « le troisième tour social est là », considère un haut fonctionnaire, familier de ces problématiques. Et « la révolte vient de loin », ajoute-t-il, en faisant référence au titre d’un ouvrage de Charles Tillon, une figure du PCF au XXe siècle.

    Si la comparaison avec Mai-68 a pu être faite, Mme Tartakowsky ne la juge pas forcément pertinente. « A l’époque, il s’agissait de violences de la part d’étudiants qui défendaient leurs universités qu’ils considéraient comme leur territoire, dit-elle. Ça n’a rien à voir avec la violence de certains “gilets jaunes” qui est offensive et qui intervient sur le #territoire de l’autre – Paris et dans les quartiers riches. »

    L’issue du bras de fer est tributaire d’un élément : le soutien de l’opinion publique, resté élevé même après les violences de samedi. Un sondage BVA, réalisé lundi et mardi, révèle cependant que, pour près de sept personnes sur dix, un report de la hausse des prix des carburants justifierait l’arrêt de la confrontation.

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    « Ovni social »
    Mais personne ne peut prédire ce qui va se passer. « La forme du mouvement ne se prête pas à une sortie de crise classique car il n’y a pas d’interlocuteur, ce qui est désarmant », souligne un ex-conseiller de l’exécutif, qui a servi sous une précédente législature. « Les “gilets jaunes” représentent un phénomène que l’on n’a jamais connu, une sorte d’ovni social et politique qui a vu le jour à la faveur d’une #cyber-contestation, lancée sur les réseaux sociaux par des inconnus », complète Raymond Soubie, président de la société de conseil Alixio.

    Pour le moment, les organisations de salariés sont en dehors ou à côté des « gilets jaunes », mais elles peuvent difficilement rester spectatrices. Quelques-unes se mettent d’ailleurs en mouvement. Ainsi, les fédérations CGT et FO, dans le monde du transport, exhortent les salariés à cesser le travail, à partir du 9 décembre, estimant que les dispositions prises mardi en faveur du pouvoir d’achat sont trop faibles. La section cégétiste de l’entreprise Lafarge a de son côté annoncé qu’elle allait rejoindre les « gilets jaunes » samedi. A l’échelon confédéral, la CGT appelle à une « grande journée d’action », le 14 décembre « pour les salaires, les pensions et la protection sociale ». Mais les autres centrales, qui critiquent une façon de faire « unilatérale », ne semblent pas emballées.

    « L’ensemble des organisations syndicales ont un coup à jouer, il y a un espace à prendre face à un mouvement qui n’est pas parvenu à s’organiser, commente Jean-Marie Pernot, de l’Institut de recherches économiques et sociales. Mais chacun y allant de son couplet, elles sont inaudibles. » « La conjoncture devrait justifier un front commun et de s’entendre sur quelques propositions-clés », appuie M. Andolfatto, qui rappelle que la désunion ne date d’hier. C’est d’autant plus regrettable pour elles que le mouvement social actuel constitue « un moment unique », décrypte M. Pernot. Toutefois, les numéros uns des confédérations syndicales doivent se retrouver jeudi pour une réunion informelle au siège de la CFDT.

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    Mais la séquence d’aujourd’hui montre qu’une partie des actifs ne compte pas sur les corps intermédiaires pour exprimer leurs doléances. Un tel phénomène « commence à émerger dans certaines entreprises où il y a pourtant une présence syndicale », rapporte M. Simonpoli, en évoquant « des salariés qui s’organisent entre eux », sans passer par les canaux traditionnels. « C’est inquiétant pour les syndicats et les directeurs de ressources humaines, poursuit-il. Avec qui va s’organiser la négociation, en interne ? »
    Au fond, tout se passe comme si les « gilets jaunes » révélaient la fragile légitimité des #partenaires_sociaux « établis ». « La question se pose mais elle n’a pas été mise au jour par la mobilisation en cours, objecte Philippe Louis, le président de la CFTC. Nos organisations doivent faire leur mue, inventer de nouvelles méthodes pour aller au-devant des salariés et leur proposer d’autres services. »
    En attendant, des milliers de personnes crient leur colère et le rejet de nos institutions. Toutes sont jetées dans un même sac, aux yeux de M. Soubie : les partis politiques, les corps intermédiaires… « C’est très préoccupant pour le fonctionnement de notre démocratie », conclut-il

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  • « Gilets jaunes » : ce qu’attendent vraiment les Français
    https://www.latribune.fr/economie/france/gilets-jaunes-ce-qu-attendent-les-francais-799800.html

    SONDAGE. Au pied du mur, le gouvernement a annoncé, mardi 4 décembre, un « moratoire » de six mois sur les taxes sur les carburants et un gel des prix de l’énergie. Réalisé en pleine crise des Gilets Jaunes, le dernier baromètre BVA-La Tribune indique que les priorités d’une large majorité de Français sont plutôt une revalorisation des petites retraites, une hausse du salaire minimum et le rétablissement de l’ISF.

    Alors que le gouvernement a annoncé, mardi 4 décembre, un moratoire de six mois sur la hausse de la taxe sur les carburants, prévue le 1er janvier, ainsi que le gel des tarifs de l’électricité et du gaz, les attentes des Français vont bien au-delà de cette première réponse à la crise sociale des gilets jaunes. Selon le dernier baromètre BVA réalisé pour La Tribune avant les annonces d’Edouard Philippe ce mardi, 82% des Français attendent en priorité une revalorisation des petites retraites, 77% réclament une valorisation du SMIC et 71% le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF). Soit les revendications des gilets jaunes. Viennent ensuite, quand même, le report de la hausse des prix des carburants pour 70% des répondants et une revalorisation des aides au logement (59%).

    Si le gouvernement tente désespérément de désamorcer la crise, les mesures annoncées risquent pourtant d’aggraver la fracture entre les Français et le pouvoir. Déjà sous pression, l’exécutif semble toujours dans l’impasse et l’incompréhension alors que de multiples appels ont déjà été lancés sur Facebook par des membres des « gilets jaunes » pour se rassembler à nouveau pour un « acte IV » à Paris et en régions ce samedi 8 décembre et accentuer le rapport de forces.

    Parmi les mesures testées, la plus clivante au niveau des catégories sociales est la suppression de l’impôt sur la fortune. En effet, il y a 17 points d’écart entre les classes populaires (81%) et les classes aisées (64%). Cette mesure, hautement symbolique, fait partie des revendications exprimées par des membres des « gilets jaunes ». De nombreux messages « Paie ton ISF ! » ont ainsi circulé sur les réseaux sociaux.

    De son côté, l’opposition réclame le rétablissement de cette imposition pour financer des mesures en faveur du pouvoir d’achat et de la transition écologique. Mais l’exécutif continue pour le moment de défendre cette décision qui continue de nourrir le sentiment d’injustice fiscale. A ce sujet, l’économiste du Collège de France et conseiller d’Emmanuel Macron, Philippe Aghion, a proposé, dans les colonnes du Monde, un rétablissement temporaire « d’une taxe de solidarité sur les patrimoines mobiliers pour financer la transition écologique ».

    D’après les réponses collectées par BVA, 75% des Français jugent que la politique économique menée actuellement par le gouvernement est « mauvaise ». Cette désapprobation gagne 8 points par rapport au résultat à la même question posée cette-fois en septembre. A l’opposé, la part des répondants qui approuve ses réformes économiques est en chute libre. Elle est passée de 32% en septembre dernier à 24%. Chez les employés et ouvriers (85%), les classes moyennes modestes (79%) et chez les classes populaires (92%), ce sentiment de défiance est particulièrement marqué. Pour BVA, la comparaison avec les résultats de décembre 2017 illustre un vrai basculement de l’opinion publique. Il y a encore un an, 49% des Français estimaient que la politique économique était favorable contre 48% qui la jugeaient défavorable.

    Malgré la baisse des chiffres du nombre de « gilets jaunes » diffusés par le ministère de l’Intérieur chaque semaine, les Français approuvent de plus en plus ce mouvement. En effet, la part des répondants soutenant les « gilets jaunes » a grimpé de six points par rapport au début du mois de novembre dernier pour atteindre 71%.

    Dans le détail, les résultats mettent en évidence de véritables clivages au sein de la population française. Les « gilets jaunes » sont soutenus par 76% des moins de 35 ans, 78% des employés et ouvriers, 77% des habitants de communes rurales. Au niveau des catégories sociales, 75% des personnes interrogées appartenant aux classes moyennes modestes et 87% de ceux appartenant aux classes moyennes populaires adhèrent aux revendications de ce mouvement protéiforme.

    A l’inverse, le soutien aux protestations est bien en deça des niveaux précédents chez les 65 ans et plus (62%), dans l’agglomération parisienne (60%), chez les cadres (56%), auprès des Français des classes moyennes supérieures (54%) ou des classes aisées (52%).

  • Dick Annegarn - Acoustic

    De « Sacré géranium » (1974) à « Twist » (2016), Dick Annegarn a sorti dix-huit albums studio et quatre albums en public. Aujourd’hui, l’auteur-compositeur-interprète néerlandais présente « 12 Villes - 12 Chansons ». De Bruxelles à Karlsbad, en passant par Essaouira et Coutances, il revisite certains de ses titres emblématiques en version symphonique. Pour « Acoustic », avec une formation pop, Dick Annegarn chante « Maison rose », « Saint-André-des-Arts », « Tchernobyl blues » et « In New Orleans ».

    Présentation : Sébastien Folin ; réalisation : Philippe Sommet.

    https://culture.tv5monde.com/musique/dick-annegarn-11577
    #Dick_Annegarn

  • The entrepreneurs, the founders, and the tourists
    https://hackernoon.com/the-entrepreneurs-the-founders-and-the-tourists-a27448f8a6e9?source=rss-

    Cardinal de Richelieu by Philippe de Champaigne (1642)There are three types of VC-backed #startup founders: (1) The entrepreneurs, (2) The founders, and (3) The tourists.When three of them fundraise for seed money, it’s difficult to tell the difference. Their profiles, tractions, and plan can look similar.VCs can tell only after they write the checks:(1) are risk-averse. They take the seed money, hope to achieve small-scale controlled growth, and are happy to stop there.(2) are the epitome of what VCs actually mean when they say “think big”. This group tends to fundraise often early on. Outsiders think they burn too much cash. But they know why, when, and how to spend. They make mistakes. Yet they have crystal-clear vision that gives them the sense of comfort — the future plan to stop the (...)

    #entrepreneurship #fundraising #venture-capital #startup-lessons

  • Des arbres et des hommes (1/4) : L’homme de la forêt
    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/des-arbres-et-des-hommes-14-lhomme-de-la-foret

    C’est l’histoire d’une #forêt, qui selon les temps et les milieux, a été conçue de manières différentes et parfois contradictoires par les hommes. Gérée et entretenue, ou laissée en libre évolution, attaquée et dégradée ou perçue comme un lieu dangereux, une forêt fortement liée à l’homme où il se passe toujours quelque chose.

    Avec :

    – André Corvol Dessert, historienne

    – Claude Lagarde, agent forestier ONF

    – Jean-Baptiste Vidalou, bâtisseur en pierre sèche

    – Philippe Simon, cinéaste

    – Jacques Verseils, berger

    – Jeannine Bourrely, propriétaire forestière

    – Martine Chalvet, historienne

    – Christian Pinaudeau, ex-secrétaire général de la maison de la foret à Bordeaux

    – François-Xavier Drouet, réalisateur

  • Le message clair des gilets jaunes à BHL. Par Michel Onfray – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/12/03/le-message-clair-des-gilets-jaunes-a-bhl-par-michel-onfray

    A l’heure où la France pauvre et modeste des Gilets jaunes fait savoir ses difficultés à se nourrir, à se loger, à se vêtir et son impossibilité d’offrir des sorties, des loisirs ou des vacances à ses enfants, Carlos Ghosn, grand patron français (mais aussi brésilien et libanais, il a la triple nationalité), se fait arrêter au Japon parce qu’il fraude le fisc… Pauvre chéri : il ne gagnait que 16 millions d’euros par an ! Il lui fallait bien mettre un peu d’argent de côté s’il voulait survivre un peu…

    J’y vois un symbole de la paupérisation induite par ce libéralisme que Mitterrand fait entrer dans la bergerie française en 1983 avec les intellectuels médiatiques du moment, Nouveaux Philosophes en tête. Des pauvres de plus en plus pauvres et de plus en plus nombreux, puis des riches de plus en plus riches et de moins en moins nombreux : voilà ce qu’est la paupérisation. L’Empire maastrichtien est la créature des clones de Carlos Ghosn qui paupérisent à tour de bras. Macron est l’un d’entre eux.

    Les journalistes des médias dominants clament partout que le message des Gilets jaunes est confus, invisible, illisible, divers, diffus, multiple, contradictoire : non, il ne l’est pas. Il est même très clair : ce que dénoncent les Gilets jaunes, c’est tout simplement cela : la paupérisation.

    On le voit dans les reportages, ce peuple-là n’est pas doué pour la rhétorique et la sophistique, la dialectique et la parole. Il dit simplement et clairement des choses simples et claires que les diplômés des écoles de journalisme, de Science Po, de l’ENA ou de Normale Sup ne comprennent pas parce que ça dépasse leur entendement. Ils sont pauvres et l’engeance qui tient le pouvoir, politique, médiatique et économique, ne sait pas ce que signifie faire manger une famille avec 5 euros par repas. Ils ne le savent pas…

    Il est facile de salir ces gens modestes comme le font Libération et Le Monde, L’Obs (avec un article dégoûtant d’un nommé Courage, probablement un pseudonyme…), voire l’inénarrable BHL. “Ces pauvres qui disent qu’ils le sont et qu’ils n’en peuvent plus de l’être, quelle beaufitude, quelle grossièreté, quel manque de manière !”. Et ces journaux seraient des journaux de gauche ? Qui peut encore le croire ?

    “Salauds de pauvres !” disent Quatremer & Joffrin, Courage & Askolovitch (qui m’inonde de textos insultants en me disant que tout le monde “se fout” de ce que j’écris, sauf lui apparemment…), Xavier Gorce, dessinateur au quotidien du soir & BHL. Car tous souscrivent comme un seul homme à cette saillie qu’on entend dans la bouche de Gabin dans La Traversée de Paris, un film de Claude Autant-Lara, un ancien du Front national version Jean-Marie Le Pen : “Salauds de pauvres !” Le rideau se déchire enfin !

    BHL écrit : “Poujadisme des Gilets jaunes. Échec d’un mouvement qu’on nous annonçait massif. Irresponsabilité des chaînes d’info qui attisent et dramatisent. Soutien à Macron, à son combat contre les populismes et à la fiscalité écolo” (17 novembre 2018). Passons sur la rhétorique du personnage, il y a bien longtemps qu’il ne pense plus et qu’il ne fonctionne qu’aux anathèmes –peste brune, rouges-bruns, poujadistes, fascistes, nazis, staliniens, pétainistes, vichystes, maurrassiens sont ses arguties préférées pour clouer au pilori quiconque ne pense pas comme lui. BHL a le record mondial du point Godwin ! Chez lui l’insulte a depuis longtemps remplacé toute argumentation digne de ce nom. Dans le registre des insultes, on l’a oublié, il y avait aussi : “saddamite”…

    C’est le néologisme créé par lui pour insulter Jean-Pierre Chevènement lors de la guerre du Golfe. A cette époque, BHL ne s’est pas fait traiter d’homophobe ! Il est vrai que ses amis dans la presse sont nombreux et qu’il dispose d’un efficace pool qui nettoie le net de ses bêtises en les renvoyant dans les pages invisibles du net –vérifiez en tapant “BHL saddamite Chevènement” sur le net, plus rien, nettoyé… Étonnant ! Car dans Bloc-Notes. Questions de principe cinq, page 141 de l’édition du Livre de poche, on peut encore y lire : “Chevènement saddamite et philoserbe”. J’attends que, des Inrocks à Libération, du Monde à France-Inter, on dénonce cette homophobie qu’on m’a prêtée il y a peu parce que, moi, je ne souscrivais pas au doigt d’honneur antillais qui semblait ravir le président de la République, et que je l’ai fait savoir sur le mode ironique. Il est vrai que BHL et l’humour, ça fait deux…

    BHL qui fait tant pour qu’on parle de ses livres à chacune de ses parutions voudrait qu’on ne parle pas des Gilets jaunes dans les médias ! Comme si c’étaient les journalistes qui créaient l’actualité…

    La pauvreté existe parce qu’on la montre.

    Ne la montrons pas,

    De cette manière elle n’existera plus.

    C’est ainsi qu’on apprend à penser à l’Ecole normale supérieure ! Censurons ces Gilets jaunes à la télévision, demandons à France-Culture comment on s’y prend pour interdire de parole sur les radios du service public, et faisons taire cette racaille populiste, crypto-fasciste, lepeniste, vichyste, pétainiste, nazie –ne nous interdisons rien ! Car quiconque demande du pain pour ses enfants est une ordure populiste bien sûr…

    Que BHL soutienne Macron, il n’y a rien là que de très normal. Avec Stéphane Bern et les Bogdanoff, Line Renaud et Philippe Besson, ce qui se faisait de mieux chacun dans son domaine a offert ses courbettes au Prince. Il y en eut de plus malins qui vinrent manger la soupe payée par le contribuable à Bercy, qui servait à préparer la présidentielle. On n’y mangeait pas des repas à cinq euros…

    Enfin, que BHL soutienne “la fiscalité écolo”, comme son ami Cohn-Bendit, n’est pas non plus étonnant : il reprend l’élément de langage qui voudrait que ces taxes aillent à la fiscalité verte alors qu’elles vont majoritairement dans les caisses de l’Etat. La revue Que choisir l’a récemment montré dans l’un de ses articles [1].

    Pour salir les Gilets jaunes, des journalistes et des éditorialistes affirment qu’ils refusent la fiscalité, qu’ils sont contre les taxes, qu’ils refusent les impôts, qu’ils rechignent à payer des taxes écologiques. C’est faux. C’est Carlos Ghosn qui refuse de payer ses impôts, ainsi que les riches qui ont placé leur argent dans les paradis fiscaux avec l’assentiment de l’Etat français, pas les Gilets jaunes qui, eux, veulent bien payer des impôts directs et indirects, mais s’insurgent que ces impôts, qui doivent servir à payer le salaire des fonctionnaires, à faire fonctionner les écoles, les hôpitaux, les commissariats, les gendarmeries, soient accompagnés en province de suppressions de fonctionnaires et de fermetures d’écoles, d’hôpitaux, de commissariats, de gendarmeries.

    Revenons à BHL : s’il est tellement soucieux de l’état de la planète qu’il estime que l’Etat maastrichtien doive faire payer les pauvres avec leurs voitures de travail afin que les riches puissent polluer en se déplaçant en avion, alors qu’il cesse de passer son temps entre deux aéroports lui qui disait sans vergogne qu’il avait trop de maisons…

    On peut lire en effet dans L’Obs (5 juillet 2017) : “J’ai trop de maisons dans le monde” : Bernard-Henri Lévy se résout à vendre une de ses villas pour 6 millions d’euros. Lisons cet article : “Trop d’argent, pas assez de temps. Bernard-Henri Lévy a confié à Bloomberg dans un article publié ce lundi qu’il était contraint de vendre une de ses villas au Maroc, à Tanger, faute de pouvoir en profiter suffisamment : “Je partage mon temps entre Paris, New York et Marrakech. J’ai trop de maisons dans le monde et hélas, l’année ne dure que 52 semaines”. Prix de la demeure sacrifiée : 6 millions d’euros, en vente sur le site de Christie’s International Real Estate, pour 600 mètres carrés situés “au sommet d’une falaise, face à Gibraltar, au point précis où se côtoient l’Atlantique et la Méditerranée”, affirme BHL, bon vendeur. Bonjour la trace carbone du philosophe !

    On comprend que cet homme-là ignore quelle misère signifie un trou de cinquante euros dans le budget d’une famille vivant avec moins de mille euros par mois… “Salauds de pauvres !”, en effet.

    Michel Onfray
    ______________________________

    [1] : https://www.quechoisir.org/billet-du-president-fiscalite-ecologique-le-matraquage-fiscal-se-colore-

    Source : Michel Onfray, 18-11-2018

    https://www.les-crises.fr/le-message-clair-des-gilets-jaunes-a-bhl-par-michel-onfray

  • Feeling rapey hearing the lyrics...

    "We used to play the song ’Baby It’s Cold Outside,’ but you’re the Christmas Executive Officer at Star 102 and you told us it’s no longer appropriate," Anderson wrote Tuesday. “I gotta be honest, I didn’t understand why the lyrics were so bad ... Until I read them.”

    “Baby It’s Cold Outside” lyrics raise concerns: Cleveland radio station Star 102 stops playing popular Christmas song after listeners voice concerns about meaning in the “Me Too” era - CBS News

    Intéressante... prise de conscience (...)

    https://www.cbsnews.com/news/cleveland-radio-station-stops-playing-baby-its-cold-outside-after-listeners

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=268&v=7MFJ7ie_yGU

    Radio station stops playing “Baby It’s Cold Outside” after listeners voice concerns about lyrics in #MeToo era

    Criticism of the lyrics in “Baby It’s Cold Outside” actually has been building for several years. Some Twitter users called out the “date-rapey” undertones of the song in 2013, and a number of publications have run articles questioning the song’s meaning.

    I know “Baby it’s cold outside” is from another era but hearing it in 2013, the lyrics feel really date-rapey. Uncomfortable stuff.
    — Emily (@elusiveemily) January 1, 2013

    2013: The Year We All Independently Realized How Creepy And Rapey The Lyrics To “Baby, It’s Cold Outside” Are
    — len damico (@lendamico) December 11, 2013

    #harcèlement_sexuel #culture_du_viol #cinéma

  • Suisse La sécheresse menace la production des canons à neige en station Cécile Tran-Tien/kkub - 2 Décembre 2018 - RTS
    https://www.rts.ch/info/suisse/10036758-la-secheresse-menace-la-production-des-canons-a-neige-en-station.html

    Consommation d’eau pour la neige artificielle en 2017-2018
    Crans Montana (VS) : 380’000 m3
    Villars-Gryon-Les Diablerets (VD) : 216’000 m3
    Champéry (VS) : ne communique pas mais possède une retenue de 90’000m3
    Verbier (VS) : ne communique pas mais selon nos informations, 60’000 m3 fourni par la commune de Riddes et 100’000 m3 fourni par Bagnes
    La Berra (FR) : 30’000 m3

    Boire ou skier, il faudra peut-être un jour choisir. Après la sécheresse exceptionnelle qui a touché les Alpes cette année, la production de neige artificielle dans les stations de ski est menacée.
    La station de La Clusaz (France) a annoncé privilégier l’eau potable et l’agriculture aux dépens de la production de neige cet hiver. En Suisse, pas de pénurie, mais l’eau est devenue un défi majeur en station.


    Depuis deux semaines, les canons à neige tournent à plein régime à Crans-Montana (VS). Dès que le mercure le permet, la station produit de la neige 24h/24h sur 125 hectares pour accumuler un maximum de centimètres en quelques jours et garantir ainsi une sous-couche jusqu’au printemps.
    Un million de litre en une heure
    Pour Mehdi Djouad, responsable de l’enneigement mécanique de Crans-Montana, « tout se joue maintenant et il faut être à fond sur la production ».
    En une heure, un million de litres d’eau sont propulsés dans les airs pour produire la neige artificielle. A Crans-Montana, ces canons sont alimentés en eau pompée dans lac de Chermignon, situé à 1580 mètres d’altitude. Ce bassin est rempli artificiellement plusieurs fois par an par les communes de Lens et de Crans-Montana, via le réseau d’eau potable. « Il y a deux conduites : une pour nous, et l’autre pour l’alimentation en eau potable de la commune de Crans-Montana », explique Mehdi Djouad.

    Autant que Porrentruy en un an
    En moyenne, la station consomme 400’000 m3 en une saison, soit autant qu’une ville comme Porrentruy (JU) en une année. En Suisse, la consommation moyenne est de 160 litres par jour et par personne. Mais pour les responsables de la station, la question de l’eau ne se pose pas. « On n’a pas vraiment de problème d’eau, vu qu’on est directement branché sur le barrage de Tseuzier, avec sa réserve de 53 millions de m3 », expose Clément Crettaz, le directeur des pistes Crans-Montana.

    Pour Maurice Perraudin, directeur de production du barrage de Tseuzier, ces 400’000 m3 consommés par les canons à neige de Crans-Montana n’ont certes pas d’impact sur le niveau du lac, mais c’est un manque à gagner pour le barrage. « Quatre cent mille mètres cubes d’eau, cela représente à peu près 1,2 millions de kilowatts/heure, soit une quantité d’énergie qui a une valeur sur le marché. C’est l’équivalent de la consommation annuelle de 240 ménages ou de 7200m2 - un terrain de football - de panneaux solaires en Valais. »


    Mais toutes les stations n’ont pas la chance d’être reliées à un barrage. À La Berra, station familiale fribourgeoise, les canons sont alimentés par un petit bassin de 3000 m3, rempli dix fois au cours de l’hiver grâce la nappe phréatique. Mais cette année, la station devra faire attention, selon Philippe Gaillard, chef technique de la station.

    « Il y aura un manque d’eau, parce que les sources sont beaucoup plus basses que l’année passée », explique-t-il. Même s’il pleut beaucoup dans les prochains jours, la station n’a pas de moyens de stocker l’eau de pluie. La Berra peut néanmoins compter sur le réseau d’eau potable, puisqu’elle récupère le trop-plein de la commune pour alimenter son bassin. « Au lieu que cette eau aille au ruisseau, on la récupère pour la mettre dans notre bassin mécanique », indique Philippe Gaillard.

    Mais pomper dans les nappes, les torrents ou encore dans l’eau potable peut avoir des conséquences directes pour les alpages qui utilisent dans certains secteurs les mêmes sources d’eau. Dans la région du balcon du Jura, Jean-Bruno Wettstein, l’ingénieur agronome spécialisé depuis 40 ans dans la question de l’approvisionnement en eau à Sainte-Croix, constate que les pénuries sont de plus en plus préoccupantes.

    Entre neige artificielle et agriculture, il faudra un jour choisir : « Je ne suis pas sûr que tout le monde ait conscience de la gravité du problème par le simple fait que peu de gens sont touchés. Ce n’est pas impossible qu’un jour, on favorise la production de nourriture par rapport aux loisirs d’hiver. On n’en est pas encore là parce que les enjeux économiques des stations de ski sont énormes », explique-t-il.

    L’enjeu est de taille pour les stations romandes, qui restent très discrètes sur leur consommation (voir encadré). La station de Verbier (VS) n’a pas voulu communiquer de chiffres, tout comme celle de Champéry (VS), qui vient de construire une retenue gigantesque de 90’000 m3. Cette retenue doit être alimentée par deux torrents de montagne, La Naulaz et Le Seumon. Mais ces deux sources sont sèches, comme l’a constaté sur place l’hydrologue Elodie Magnier.

    « Il n’y a pas d’écoulement et nous entrons dans la saison hivernale, donc théoriquement les écoulements ne devraient pas augmenter dans les semaines à venir, ce qui peut poser un problème pour le remplissage de la retenue », indique-t-elle.

    L’eau, source de conflits
    Spécialisée dans les captages d’eau dans les Portes du Soleil, Elodie Magnier craint que les conflits autour de l’eau n’aillent crescendo dans les prochaines années. « On produit souvent la neige en début de saison hivernale, donc entre mi- et fin novembre. Or, la question de l’eau potable se pose plutôt en pleine saison au moment de la fréquentation touristique accrue dans les stations. Il est donc souvent trop tard quand on se rend compte que l’on a trop prélevé pour l’enneigement artificiel. »

    #neige #canons_à_neige #Eaux #Electricité #gaspillage pour une soit disant #élite

  • (6) Dans le combat final des gilets jaunes, Jupiter va affronter des modérateurs Facebook - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2018/11/30/dans-le-combat-final-des-gilets-jaunes-jupiter-va-affronter-des-moderateu

    Plusieurs des porte-parole du mouvement sont les administrateurs de groupes Facebook très influents. Ils conçoivent leur action dans une transparence totale et sont soumis en temps réel à la supervision et la critique de leurs congénères.

    Dans le combat final des gilets jaunes, Jupiter va affronter des modérateurs Facebook

    Dans un mouvement sans chef, qui est le patron ? A un moment, il faut bien une structure pour coordonner la lutte, déterminer une liste de revendications, répondre à la presse et négocier avec le gouvernement. Pour répondre à cette problématique, les gilets jaunes ont mis en place une « délégation » de huit « communicants officiels » chargés de prendre contact avec le gouvernement.

    Qui sont ces huit porte-parole ? Comment ont-ils été désignés ? Le sujet est inflammable au sein des gilets jaunes qui prônent une démocratie directe, un horizontalisme radical dans lequel chaque voix doit se faire entendre de la même manière. Ce n’est pas très démocratique mais l’équipe des huit s’est auto-nommée, autour d’un canal historique des gilets jaunes : Eric Drouet (qui a depuis annoncé se retirer de la délégation ce jeudi), créateur de l’événement Facebook du 17 novembre, et Priscillia Ludosky, créatrice de la pétition contre la hausse du prix du carburant qui a tout lancé.

    Dans ce nouveau genre de mobilisation, où la participation en ligne est toute aussi importante que les blocages sur les ronds-points, les chefs par défaut sont les admins des pages Facebook. Eric Drouet et Priscillia Ludosky sont maintenant tous les deux admins du groupe La France en colère !!!, qui comprend 250 000 personnes. Dans le groupe des huit, une troisième tête se dégage : le charismatique Maxime Nicolle aka Fly Rider, qui avait été invité chez Cyril Hanouna. Il gère Fly Rider infos blocages, un groupe de 62 000 personnes qui suivent ses Facebook live quotidiens.

    S’il fallait tracer les limites d’un ancien et d’un nouveau monde, Emmanuel Macron et Philippe Martinez apparaissent comparés à Eric Drouet et Maxime Nicolle comme la relique d’une époque révolue. Ces deux leaders des gilets jaunes renouvellent totalement la manière de gérer un mouvement social.

    Avec eux, tout se passe en direct sur Facebook, via des lives où les deux porte-parole se retrouvent sous un feu nourri de questions et de critiques, auxquels ils répondent toujours, avec un grand calme et une certaine responsabilité (malgré la diffusion parfois de fausses informations).

    On se demanderait presque pourquoi BFM TV ne les diffuse pas en direct à l’antenne. Ces lives n’ont pas moins de pertinence dans le conflit qu’un discours d’Emmanuel Macron ou Edouard Philippe. Alors que, parmi les gilets jaunes, plus personne ne croit au discours des médias traditionnels, ces Facebook live, et plus largement toutes les vidéos qui circulent sur le réseau, apparaissent comme le seul média fiable.

    Exemple de ces dialogues entre gilets jaunes et leurs leaders informels. Sur un live de Maxime Nicolle, un internaute lui écrit en commentaire : « Et après ça il faut accepter des milliers de jeunes migrants, j’en ai marre des gens qui se voilent la face et qui se demandent où part le fric des Français. » Très calme, sans cette panique typique du journaliste télé confronté à une question qui sort du cadre, Nicolle lit la question et répond du tac au tac : « L’immigration, elle est due à quoi ? A la France qui vend des armes à des pays qui bombardent les civils. Au lieu de traiter la conséquence en étant raciste contre les immigrés, si tu veux que ça change, faut s’attaquer à la source du problème et arrêter de vendre des armes à ces pays. »

    On peut évidemment douter de cette explication un peu simpliste, mais force est de constater que Maxime Nicolle joue là le rôle d’un corps intermédiaire – typiquement d’un leader syndical – en canalisant la colère populaire, en répondant aux inquiétudes des éléments les plus extrêmes de sa base. Dans les groupes de gilets jaunes, il y a une vraie différence entre le ton posé de ces Facebook lives, fascinants moments de débat public, et la violence parfois affligeante des commentaires.
    Démocratie de l’audience

    Nicolle et Drouet le répètent sans cesse, ils ne sont pas des chefs ou des porte-parole mais de simples « messagers » de la colère des gilets jaunes qu’ils répercutent sur les plateaux télé ou dans les palais de la République. « Il faut pouvoir informer les gens, expliquait Nicolle dans un Facebook live. Il y a des gens comme moi et d’autres qui font des vidéos parce qu’ils ont des facilités d’élocution, que d’autres n’ont pas. Si nous, on ne le fait pas, personne ne le fera à notre place. » C’est une démocratie de l’audience : le succès de leurs groupes et de leurs Facebook lives leur donne une mission d’information et de représentation par rapport aux autres gilets jaunes.

    Cela a été très peu relevé mais il s’est passé un événement considérable lors de la rencontre entre les deux représentants des gilets jaunes et François de Rugy mardi soir : la réunion a été diffusée en Facebook live par Eric Drouet, en caméra cachée, sans l’accord du ministre de l’Ecologie.

    Maxime Nicolle le disait dans une vidéo : « Je ne sais pas si je serai convoqué pour aller discuter à l’Elysée mais si c’est le cas, ce sera filmé en direct. Sinon ça ne vaut pas la peine. » Pour les gilets jaunes, une réunion avec le gouvernement ne peut qu’être diffusée en direct, sinon ils manqueraient à leur obligation de transparence et pourraient trahir, dans l’opacité des négociations politiques, les revendications de la base. La République en marche, le mouvement participatif le moins participatif de tous les temps, incapable de toute transparence, ferait bien de s’en inspirer.

    Sondage sur le groupe Facebook de Maxime Nicolle aka Fly Rider.

    La différence entre un élu politique et un représentant gilet jaune est que ces derniers sont soumis en temps réel à la supervision et à la critique de leurs congénères. On découvre là un séduisant modèle de démocratie directe.

    Commentaires les plus likés pendant le direct d’Eric Drouet au ministère de l’Ecologie.

    Contrairement à ce que pensent les gilets jaunes, persuadés que Macron les censure par l’entremise de Facebook, leur meilleur allié s’appelle Mark Zuckerberg. Le mouvement a été sans conteste aidé par le nouvel algorithme Facebook qui survalorise les contenus de groupes au détriment des contenus postés par des pages (et donc par les médias). Après quelques likes sur un groupe, on se retrouve submergé du contenu de ce groupe dans son fil d’actualités. Le nouvel algo a précipité les gilets jaunes dans une « bulle de filtre » où ils ne voient presque plus que du contenu jaune.

    Cette mise en avant des groupes résulte d’un changement de paradigme de Mark Zuckerberg, qui a décidé, à l’issue d’une tournée dans l’Amérique profonde, de développer la fonctionnalité Groupes du réseau.

    « Connecter ensemble les amis et la famille a été quelque chose très positif, déclarait Zuckerberg en 2017. Mais je pense qu’il y a ce sentiment général que nous avons une responsabilité pour faire plus que cela et pour aider les communautés et aider les gens à être exposé à de nouvelles perspectives et rencontrer de nouvelles personnes – pas seulement donner la parole aux gens, mais aussi aider à construire un terreau commun pour que les gens avancent ensemble. » Qui mieux que les groupes de gilets jaunes ont appliqué la doctrine de Zuckerberg ?

    Le patron de Facebook a pensé la fonctionnalité Groupes comme une manière de désenclaver l’Amérique périphérique : « Je vais aller dans une église et le prêtre va me dire : "Je sais que si une usine ferme dans ma ville, je vais faire de l’aide psychologique à de nombreuses personnes le mois suivant." Quelqu’un doit s’occuper de cela. Les structures qui aidaient les gens sont en train de disparaître. »

    Les admins de groupe Facebook, dont les prérogatives ne cessent d’être augmentées par Zuckerberg, sont les nouveaux corps intermédiaires, prospérant sur les ruines des syndicats, des associations ou des partis politiques. Ayant méticuleusement fait disparaître ces courroies de transmission entre lui et le peuple, Emmanuel Macron se retrouve maintenant en frontal face à des admins de page Facebook.

    Dans le combat final des gilets jaunes, Jupiter va affronter des modos. Qui vont le filmer en direct en vidéo verticale et n’hésiteront pas à le kickban s’il refuse de donner pièce à leurs revendications. Bonne chance, Manu.
    Vincent Glad auteur du blog l’An 2000 sur liberation.fr

    #Facebook #Gilets_jaunes #Mobilisation #Groupes_facebook

  • How Borders Are Constructed in West Africa

    The E.U. has led an expensive and often contradictory effort to modernize African borders. Author #Philippe_Frowd looks at the gap between policy and outcomes.

    Over the past 15 years there has been a surge in E.U. spending on borders outside Europe. The impact of this funding on West Africa has received little attention until recently.

    A new book by Philippe M. Frowd, an expert on the politics of borders, migration and security intervention, seeks to correct this. In “Security at the Borders: Transnational Practices and Technologies in West Africa,” Frowd details both the high politics and everyday culture clashes that have shaped European interventions and the way they have been received in countries like Senegal.

    An assistant professor in the School of Political Studies at the University of Ottawa, Frowd coins the term “border work” to denote how everything from training to technology to migration deals work in combination with each other. Here in conversation with Refugees Deeply, he shares some of his main observations.

    Refugees Deeply: You talk about tracing the “who” of border work in West Africa. Can you explain your findings?

    Philippe Frowd: One of my book’s points is to use the term “border work” to identify how seemingly disparate practices such as negotiating migrant readmission agreements, deploying citizen identification technologies, funding border management projects and routine police cooperation actually combine. To try and make sense of what seems to be a bewildering but also often opaque set of actors operating at the intersection of these fields in West Africa specifically.

    One of the most striking developments of the past 10-15 years has been the phenomenal growth of E.U. border security-related spending, much of it in “third countries,” mainly in Africa. This has gone hand in hand with a growing salience of “border security” on the part of many African states as a way of understanding flows at borders.

    One of my main findings was the sheer diversity of actors involved in determining policies, experiences and practices of borders in the region. The African Union is the successor to the Organisation of African Unity which accepted Africa’s inherited borders in 1964, and the A.U. continues to provide assistance for demarcation of borders and dispute resolution. The Economic Community of West African States (ECOWAS) is one of the guarantors of free movement in the region and generally pursues an ambitious agenda of greater harmonization (e.g., of visa policy).

    Yet other actors, such as the E.U. and U.N. specialized agencies (such as the U.N. Office on Drugs and Crime), tend to have agendas driven by primarily Western security concerns. Then there are the more immediately visible police and gendarmeries who directly enact border controls. More recently, the G5 Sahel force consistently invokes border security and transnational crime.

    Beyond simply tracing who does what, there is tracing the interconnections and tensions between these different institutions. Looking sociologically at the diverse range of actors, we can see how knowledge is a crucial part of the equation: What is the vision of borders, security and migration each actor puts forward? On one hand, institutions like ECOWAS are focused on legal mobility rights while those such as Interpol envision mobility as a regulated, digitally legible practice. The range of actors who contribute to this border work is often a patchwork in which uneasy bedfellows co-exist. E.U. funding, for instance, goes to supporting free movement projects at the ECOWAS level but also to train and equip the security forces of states like Niger to crack down on irregular migration routes. West African borders are the product of the balance of forces between this range of competing visions.

    Refugees Deeply: Can you talk us through the way in which border practices move between different regions. Is there a model for the process of emulation?

    Frowd: Border security is made up of everyday routines but also of various digital and other technologies, both of which are potentially mobile. I point to a couple of ways that these tools of doing border security can travel: One of these is emulation of existing (often Western) methods and standards, but this also goes alongside what I describe as “pedagogy” and the role of exemplars.

    “West African borders are the product of the balance of forces between this range of competing visions.”

    All of these interact in some way. As an example, a border management project led by the IOM [International Organization for Migration] might include training sessions during which members of the local police and gendarmerie learn about key principles of border management illustrated by best practices from elsewhere. Emulation is the desired outcome of many of these trainings, which are the backbone of international border security assistance. The EUCAP Sahel missions, for example, put a heavy emphasis on training rather than equipping so there is a strong faith that mentalities matter more than equipment.

    Equipment also matters and plays its part in shaping how border security works. Biometrics, which aim to verify identification using some kind of body measurement, require ways of reading the body and storing data about it. Senegal adopted, in one decade, a range of biometric technologies for national I.D. cards and controls at borders. There is a very obvious mobility of technology here (a Malaysian company providing e-Passport infrastructure, a Belgian company providing visa systems) but movement of border practices is also about ideas. The vision of biometrics as effective in the first place is one that I found, from interviews with Senegalese police commanders, was strongly tied to emulating ideals of modern and selective borders found elsewhere.

    Refugees Deeply: In your work you identify some of the gaps between policy goals and to actual outcomes and practices. Can you talk us through the greatest discrepancies?

    Frowd: Some of the discrepancies I found showed some interesting underlying factors. One of these was the shifting role of global private sector companies in frustrating public policy goals. Not through deliberate sabotage or state capture, but rather through the diverging incentives around doing border work. In the case of Senegal’s biometric systems, the state has been keen to make as coherent an infrastructure as possible, with connections between various elements such as biometric passport issuance, automated airport arrivals for holders of this passport and systems such as the national I.D. card. Given the need for private companies to compete based on technological advantage, rival systems made by rival companies could not interconnect and share data without sharing of valuable corporate information.

    Another underlying factor for the discrepancies I point to is that, once again, the sociological dynamics of the people doing the border work come into play. Many border management projects bring together a diverse range of actors who can have competing visions of how security is to be performed and achieved. For instance the ways police and gendarmerie competed over border post data in Mauritania leading to separate databases. It can also happen at a larger scale through the lack of integration across the donor community, which leads to a huge amount of duplication.

    Refugees Deeply: You spent a section of your book on Spanish-African police cooperation to show the limits of European knowledge and technology. You mention a clash of cultures, can you elaborate?

    Frowd: This is a particularly salient point today for two reasons. First because we are hearing more elite (e.g., Frontex) discourse about the “reopening” of a migration route to Spain. Second because Spain itself is increasingly active in E.U. projects across the Sahel. My book tells some of the story of Spanish security ambitions in Africa. But these ambitions, and those of other Western partners, have hard limits. Some of these limits are quite straightforward: Climate is often a barrier to the functioning of surveillance technologies and some countries (like Mauritania) are harder to recruit international experts for if they cannot or do not bring their families along.

    In terms of Spanish-African cooperation, much of the narrative about clashes of cultures comes down to perceptions. One of the elements of the clash is a temporal one, with Spanish security officials often considering local partners as existing at a completely different stage of progress.

    More broadly in terms of the limits of knowledge itself, the ambitions of experts to implicitly recreate aspects of European best practice are flawed. Part of this form of border security knowledge involves supporting technological solutions to make African mobility more legible to states. This comes up against the reality that movement in West Africa is already quite free but highly informalized. European experts are well aware of this reality but seek to formalize these flows. A police expert I spoke to recently suggested co-located border posts, and many international funders are supportive of specific I.D. cards for residents of border regions. This is not to impede movement, but rather to rationalize it – in much the same way that common I.D. standards and databases underpin free movement within Europe.

    https://www.newsdeeply.com/refugees/community/2018/07/18/how-borders-are-constructed-in-west-africa
    #externalisation #asile #migrations #réfugiés #frontières #Mauritanie #Sénégal

  • Du #droit_à_l’éducation ; de l’#éducation_aux_droits

    Débutée en 2008 suite à la rédaction d’un mémoire de Master 2 intitulé Le droit à l’éducation. Contribution à l’étude de la réception des droits-créances par le juge administratif, ma thèse a consisté à retracer l’émergence de ce droit à, envisagé comme un discours, dans le contexte des laïcités françaises ; je l’ai réalisée sous la direction de Xavier Dupré de Boulois et soutenue le 8 décembre 2017 à la faculté de droit de l’Université Grenoble Alpes (UGA), au sein de laquelle je suis rattaché au Centre de Recherches Juridiques (CRJ, EA 1965).

    Peu de temps après le commencement de mon parcours dans le cadre de l’Ecole Doctorale Sciences Juridiques (EDSJ), le Conseil d’Etat a rendu un important arrêt, le 8 avril 2009 (Laruelle, n° 311434). Je lui ai consacré des observations dans la revue Droit de la famille (juillet 2009, n° 7, comm. 97) puis une note, plus détaillée, à la Revue du droit public et de la science politique en France et à l’étranger (RDP 2010, n° 1, p. 197, intitulée « Education des enfants handicapés : droit-créance et carence de l’Etat »). Concluant sur la « contribution de l’action en responsabilité à la réalisation d’un droit-créance », je terminais en tissant un lien avec le « droit au logement opposable » (DALO).

    La réflexion a pu être prolongée à l’occasion d’une intervention d’Hafida Belrhali devant le Groupe de Recherches en Droit de la Famille (GRDF) le 8 juillet 2011 – « Suivi des enfants autistes : quelle responsabilité de l’Etat ? » –, à propos de l’arrêt qu’elle venait d’annoter à l’AJDA (CE, 16 mai 2011, Mme Beaufils, n° 318501). Largement renouvelée, l’analyse proposée dans ma thèse de ces deux arrêts doit beaucoup à ces échanges, tout comme à ceux consécutifs à deux autres manifestations : le 13 décembre 2011, une conférence sur le droit à l’éducation des personnes en situation de #handicap (disponible en ligne : http://videos.univ-grenoble-alpes.fr/video/1057-le-droit-a-leducation-des-personnes-en-situation-de-), à l’initiative de la mission « Université non discriminante » de Grenoble ; le 23 mai 2012, sur l’invitation de son responsable, Yann Echinard, une intervention relative au handicap à l’école lors d’une rencontre à l’antenne valentinoise de la Faculté de droit, avec des professionnels de l’Éducation nationale.
    #autisme

    En 2010, j’ai contribué au rapport réalisé sous la direction de Diane Roman pour la Mission de recherche Droit et Justice, « Droits des pauvres, Pauvres droits ? ». Recherches sur la justiciabilité des #droits_sociaux. Sortant de mon domaine de prédilection – l’éducation –, mon étude jurisprudentielle s’intitule « Comparaison du contentieux des droits de retrait et au respect de la vie personnelle en droit du travail » ; elle a été republiée par La Revue des Droits de l’Homme (juin 2012, n° 1, p. 371), sous le titre « Section 2-2. La protection juridictionnelle des droits sociaux comparée à celle des droits civils : existe-t-il une réelle différence de mise en œuvre des droits ? » (disponible en ligne). Le 19 décembre 2011, j’ai animé avec mon directeur de thèse un débat filmé entre Diane Roman et Philippe Warin (directeur de recherche au CNRS et de l’ODENORE, l’Observatoire DEs NOn-REcours aux droits et services) : intitulée « L’effectivité des droits sociaux », la vidéo est en ligne (http://www.revuedlf.com/videos/leffectivite-des-droits-sociaux-2) sur le site de la Revue des droits et libertés fondamentaux (RDLF).

    Le 12 juillet 2013, en binôme dans le cadre du Centre d’Études et de Recherches sur le Droit, l’Histoire et l’Administration Publique (CERDHAP), nous sommes intervenus à propos du colloque Le service public de l’Association Française pour la recherche en Droit Administratif (AFDA), avec Philippe Yolka et Xavier Dupré de Boulois pour discutants. Le titre 1 de ma thèse est précisément consacré au service public de l’enseignement, celle-ci ayant évolué au regard du lien entre éducation et laïcité(s) dans le contexte français ; au fil de la recherche, son sous-titre a changé (sachant que l’une des propositions formulées est l’abandon de la catégorie doctrinale des droits-créances) : Le droit à l’éducation. L’émergence d’un discours dans le contexte des laïcités françaises, thèse de l’Université Grenoble Alpes, 2017.

    http://www.thomasbompard.fr
    #éducation #droits #Thomas_Bompard

    Livret de #méthodologie :
    http://www.thomasbompard.fr/livret-methodologie

    • Journée des #droits_de_l’enfant

      « Le droit à l’éducation, c’est aussi le droit à un personnel enseignant qualifié ». Tel était le thème d’un rappel conjoint adressé « à la communauté internationale », le 5 octobre ; ce jour-là, « depuis 1994, la Journée mondiale des enseignant(e)s commémore la signature de la Recommandation OIT/UNESCO concernant la condition du personnel enseignant de 1966 ».

      Le message est-il bien reçu partout, en France ? En Seine-Saint-Denis, par exemple, il est permis d’en douter (plus largement, v. l’« appel au secours » lancé depuis le tribunal de Bobigny, « La grande misère de la protection de l’enfance en Seine-Saint-Denis », Le Monde 6 nov. 2018, p. 22 : « des enfants mal protégés, ce seront davantage d’adultes vulnérables » ; en ligne sur le site de Laurent Mucchielli). Le 15 novembre, il a été répété que la question de l’absentéisme enseignant « constitue une priorité majeure du ministère de l’éducation nationale puisqu’elle touche à la continuité et à la qualité du service public » ; dans cette réaffirmation volontariste (« notamment de pallier les absences prévisibles, comme celles liées aux stages de formation continue »), l’absence de référence au droit à l’éducation peut être relevée.


      http://www.thomasbompard.fr/journee-convention-droits-des-enfants
      #enfance #enfants

  • (20+) Dans le combat final des gilets jaunes, Jupiter va affronter des modérateurs Facebook - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2018/11/30/dans-le-combat-final-des-gilets-jaunes-jupiter-va-affronter-des-moderateu

    Dans ce nouveau genre de mobilisation, où la participation en ligne est toute aussi importante que les blocages sur les ronds-points, les chefs par défaut sont les admins des pages Facebook. Eric Drouet et Priscillia Ludosky sont maintenant tous les deux #admins du groupe La France en colère !!!, qui comprend 250 000 personnes. Dans le groupe des huit, une troisième tête se dégage : le charismatique Maxime Nicolle aka Fly Rider, qui avait été invité chez Cyril Hanouna. Il gère Fly Rider infos blocages, un groupe de 62 000 personnes qui suivent ses #Facebook_live quotidiens.

    S’il fallait tracer les limites d’un ancien et d’un nouveau monde, Emmanuel Macron et Philippe Martinez apparaissent comparés à Eric Drouet et Maxime Nicolle comme la relique d’une époque révolue. Ces deux leaders des #gilets_jaunes renouvellent totalement la manière de gérer un mouvement social.

    Avec eux, tout se passe en direct sur Facebook, via des lives où les deux porte-parole se retrouvent sous un feu nourri de questions et de critiques, auxquels ils répondent toujours, avec un grand calme et une certaine responsabilité (malgré la diffusion parfois de fausses informations).

    On se demanderait presque pourquoi BFM TV ne les diffuse pas en direct à l’antenne. Ces lives n’ont pas moins de pertinence dans le conflit qu’un discours d’Emmanuel Macron ou Edouard Philippe. Alors que, parmi les gilets jaunes, plus personne ne croit au discours des #médias traditionnels, ces Facebook live, et plus largement toutes les vidéos qui circulent sur le réseau, apparaissent comme le seul média fiable.

    Exemple de ces dialogues entre gilets jaunes et leurs #leaders informels. Sur un live de Maxime Nicolle, un internaute lui écrit en commentaire : « Et après ça il faut accepter des milliers de jeunes migrants, j’en ai marre des gens qui se voilent la face et qui se demandent où part le fric des Français. » Très calme, sans cette panique typique du journaliste télé confronté à une question qui sort du cadre, Nicolle lit la question et répond du tac au tac : « L’immigration, elle est due à quoi ? A la France qui vend des armes à des pays qui bombardent les civils. Au lieu de traiter la conséquence en étant raciste contre les immigrés, si tu veux que ça change, faut s’attaquer à la source du problème et arrêter de vendre des armes à ces pays. »

    On peut évidemment douter de cette explication un peu simpliste, mais force est de constater que Maxime Nicolle joue là le rôle d’un corps intermédiaire – typiquement d’un leader syndical – en canalisant la colère populaire, en répondant aux inquiétudes des éléments les plus extrêmes de sa base. Dans les groupes de gilets jaunes, il y a une vraie différence entre le ton posé de ces Facebook lives, fascinants moments de débat public, et la violence parfois affligeante des commentaires.

    Démocratie de l’audience
    Nicolle et Drouet le répètent sans cesse, ils ne sont pas des chefs ou des porte-parole mais de simples « #messagers » de la colère des gilets jaunes qu’ils répercutent sur les plateaux télé ou dans les palais de la République. « Il faut pouvoir informer les gens, expliquait Nicolle dans un Facebook live. Il y a des gens comme moi et d’autres qui font des vidéos parce qu’ils ont des facilités d’élocution, que d’autres n’ont pas. Si nous, on ne le fait pas, personne ne le fera à notre place. » C’est une démocratie de l’audience : le succès de leurs groupes et de leurs Facebook lives leur donne une mission d’information et de représentation par rapport aux autres gilets jaunes.

    Cela a été très peu relevé mais il s’est passé un événement considérable lors de la rencontre entre les deux #représentants des gilets jaunes et François de Rugy mardi soir : la réunion a été diffusée en Facebook live par Eric Drouet, en caméra cachée, sans l’accord du ministre de l’Ecologie.

    Maxime Nicolle le disait dans une vidéo : « Je ne sais pas si je serai convoqué pour aller discuter à l’Elysée mais si c’est le cas, ce sera filmé en direct. Sinon ça ne vaut pas la peine. » Pour les gilets jaunes, une réunion avec le gouvernement ne peut qu’être diffusée en #direct, sinon ils manqueraient à leur obligation de transparence et pourraient trahir, dans l’opacité des négociations politiques, les revendications de la base. La République en marche, le mouvement participatif le moins participatif de tous les temps, incapable de toute transparence, ferait bien de s’en inspirer.

    Sondage sur le groupe Facebook de Maxime Nicolle aka Fly Rider.

    La différence entre un élu politique et un représentant gilet jaune est que ces derniers sont soumis en temps réel à la supervision et à la critique de leurs congénères. On découvre là un séduisant modèle de démocratie directe.

    Contrairement à ce que pensent les gilets jaunes, persuadés que Macron les censure par l’entremise de Facebook, leur meilleur allié s’appelle Mark Zuckerberg. Le mouvement a été sans conteste aidé par le nouvel #algorithme Facebook qui survalorise les contenus de groupes au détriment des contenus postés par des pages (et donc par les médias). Après quelques likes sur un groupe, on se retrouve submergé du contenu de ce groupe dans son fil d’actualités. Le nouvel algo a précipité les gilets jaunes dans une « bulle de filtre » où ils ne voient presque plus que du contenu jaune.

    Cette mise en avant des groupes résulte d’un changement de paradigme de Mark Zuckerberg, qui a décidé, à l’issue d’une tournée dans l’Amérique profonde, de développer la fonctionnalité Groupes du réseau.

    « Connecter ensemble les amis et la famille a été quelque chose très positif, déclarait Zuckerberg en 2017. Mais je pense qu’il y a ce sentiment général que nous avons une responsabilité pour faire plus que cela et pour aider les communautés et aider les gens à être exposé à de nouvelles perspectives et rencontrer de nouvelles personnes – pas seulement donner la parole aux gens, mais aussi aider à construire un terreau commun pour que les gens avancent ensemble. » Qui mieux que les groupes de gilets jaunes ont appliqué la doctrine de Zuckerberg ?

    Le patron de Facebook a pensé la fonctionnalité Groupes comme une manière de désenclaver l’Amérique périphérique : « Je vais aller dans une église et le prêtre va me dire : "Je sais que si une usine ferme dans ma ville, je vais faire de l’aide psychologique à de nombreuses personnes le mois suivant." Quelqu’un doit s’occuper de cela. Les structures qui aidaient les gens sont en train de disparaître. »

    Les admins de #groupe Facebook, dont les prérogatives ne cessent d’être augmentées par Zuckerberg, sont les nouveaux corps intermédiaires, prospérant sur les ruines des syndicats, des associations ou des partis politiques. Ayant méticuleusement fait disparaître ces courroies de transmission entre lui et le peuple, Emmanuel Macron se retrouve maintenant en frontal face à des admins de page Facebook.

    Dans le combat final des gilets jaunes, Jupiter va affronter des modos. Qui vont le filmer en direct en vidéo verticale et n’hésiteront pas à le kickban s’il refuse de donner pièce à leurs revendications. Bonne chance, Manu.

    • La même info devient : « The “Yellow Jackets” Riots In France Are What Happens When Facebook Gets Involved With Local News » sur Buzzfeed News #clickbait
      https://www.buzzfeednews.com/article/ryanhatesthis/france-paris-yellow-jackets-facebook

      Cela dit on a peut-être pas fini d’entendre parler de ce changement d’algo au profit des « groupes » Facebook.

      Facebook Groups are “the greatest short-term threat to election news and information integrity” http://www.niemanlab.org/2018/11/facebook-groups-are-the-greatest-short-term-threat-to-election-news-and-i

      Intéressant O. Ertzscheid, comme d’hab.

      affordance.info: Après avoir Liké, les gilets jaunes vont-ils voter ?
      https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/12/les-gilets-jaunes-vont-ils-voter.html

      Difficile d’évoquer la mobilisation en ligne, Facebook et le mouvement des Gilets Jaunes sans convoquer en arrière-plan ce qui s’est passé dans le cadre de la campagne électorale de Trump ou du Brexit et de ce que l’on sait aujourd’hui de la manipulation de l’opinion orchestrée par Cambridge Analytica et du rôle que cela a joué (dans l’élection de Trump et dans le vote pour le Brexit donc). 

      Les Décodeurs du Monde ont repris les listes de revendications « officielles » des Gilets Jaunes et les ont complété par les mots d’ordre revenant régulièrement sur les réseaux sociaux ou dans les manifs pour obtenir une liste d’une cinquantaine de revendications, et les ont placées sur l’échiquier politique « de Mélenchon à Le Pen ». Vous pouvez vous-même voter « oui » ou « non » pour chacune des propositions et comparer cela avec la position des leaders des principaux partis politiques lors de la dernière campagne présidentielle. Bref c’est rigolo et assez instructif. 

      Naturellement, énormément de ces propositions sont apparues, dans Facebook, sous la forme de simples posts isolés et ont généré parfois des centaines de commentaires. Certaines ont aussi fait l’objet de points particuliers lors des différents Facebook Live de Fly Rider, ou d’Eric Drouet et de Priscilla Ludowsky qui sont les principaux « attracteurs » du mouvement sur Facebook depuis leurs comptes et pages respectives.

      Pour Facebook il est donc très facile de très précisément savoir, à l’échelle de chaque profil individuel, qui a liké, commenté, approuvé ou désapprouvé tout ou partie des revendications, et de le faire revendication par revendication, profil par profil, avec un niveau de granularité très fin. Non seulement c’est très facile mais en plus c’est la base de son modèle économique, de son architecture technique, et de ses récents et récurrents ennuis ...

      Ces informations, Facebook est en capacité de les « vendre », à tel ou tel parti politique dans le cadre de n’importe quelle élection. Pour être précis - c’est important - il ne « vendra » pas « le nom de Untel qui a liké telle proposition » mais il permettra à tel annonceur agissant pour tel parti politique ou tel lobby, d’afficher la bonne publicité ou le bon argument au bon moment sur le bon profil pour le convaincre que son candidat soutient cette idée. Bref très exactement ce qui s’est produit dans le cadre du scandale Cambridge Analytica (avec toute les histoires de « dark posts » et autres « shadow profiles ») et qui, sachons-le, va continuer de se produire puisque la seule décision de la plateforme après ledit scandale fut de promettre davantage de transparence.

      #OhWait.

      On a donc, une nouvelle fois un assez gros problème qui se profile à l’horizon pour autant que l’on soit attaché à une version républicaine de la démocratie. Parce que quelle que soit l’issue du mouvement des Gilets Jaunes et indépendamment de sa temporalité propre, il est absolument évident que les prochaines élections en France vont se jouer sur la cinquantaine de thèmes qui sont présentés ici. En commençant par ceux liés au pouvoir d’achat.

      Quelle que soit l’issue du mouvement, la base de donnée « opinion » qui restera aux mains de Facebook est une bombe démocratique à retardement ... Et nous n’avons à ce jour absolument aucune garantie qu’elle ne soit pas vendue à la découpe au(x) plus offrant(s). 

      Pour autant que l’hypothèse sociologique ramenant l’essentiel du mouvement des gilets jaunes aux classes populaires et aux professions intermédiaires soit valide (et je pense qu’elle l’est comme expliqué entre autres par ici), la suite est parfaitement connue, elle est même déjà écrite.

      Le discrédit actuel des partis politiques « non radicaux » étant ce qu’il est, l’espoir de ne pas voir la France basculer sous présidence FN ne repose plus que sur le nombre de faux pas ou d’erreurs de communication que feront les leaders de ce parti fasciste et sur le charisme d’huître de leurs potentiels alliés. La seule alternative possible étant aujourd’hui à chercher du côté de la France Insoumise, à la seule condition que son leader charismatique parvienne à redescendre un peu sur terre.

      Dans mon dernier article sur le sujet je concluais en soulignant la forme « d’émancipation paradoxale » que produisait Facebook en permettant aux Gilets Jaunes d’accéder à un espace, discursif, médiatique, organisationnel et situationnel dont ces gens-là se retrouvaient privés depuis l’effondrement des corps intermédiaires supposés les représenter. 

      Il n’est pas impossible que cette émancipation leur soit également volée parce qu’une nouvelle fois, il faut le dire, le répéter et le comprendre, Facebook facilite autant les révolutions sociales qu’il en compromet la victoire. Et qu’une plateforme commerciale privée se substituant à un espace de débat public a d’abord vocation à instrumentaliser toute forme d’expression singulière ou groupale au service de ses seuls intérêts économiques. 

      Ajoutez à cela le fait que voilà des décennies que l’action politique a privé et amputé les classes populaires et intermédiaires d’un peu de leur pouvoir d’achat et de beaucoup de leur dignité. Considérez également toutes ces années où la parole et la voix de ces mêmes classes populaires et intermédiaires, pour autant qu’on leur ait permis de l’exprimer, a été niée dans son expression même, notamment au moment du référendum européen de 2005. Et puis tant que vous y serez, n’oubliez pas d’ajouter aussi toutes ces années à refuser la proportionnelle et à déconnecter toujours davantage la votation de la représentation pour s’étonner ensuite de la montée des abstentions. 

      Ce que les Gilets Jaunes sont en train de tenter de rebâtir dans une errance politique qui n’est mesurable qu’à l’aune de leur désespérance idéologique c’est, simplement, fondamentalement et essentiellement, un espace réel de revendications. Rien d’autre. Autour de ronds-points qui sont leurs assemblées. Un espace réel de revendications toutes légitimes. Oui. Toutes légitimes car toutes relevant d’un sentiment d’urgence. Et cette urgence est moins celle des fins de mois difficiles que celle d’une dignité à reconstruire. 

      Que la rationalité politique classique et les alcôves classiques du compromis (la fameuse « table des négociations ») paraissent tout à fait inatteignables n’est une surprise que pour ceux qui ont laissé ce fiasco s’organiser tant qu’il leur permettait de préserver leurs intérêts. Chaque plateau télé, chaque débat radiophonique confrontant les moins radicaux des Gilets Jaunes aux plus modérés des représentants politiques l’affirme avec l’évidence d’une formidable claque dans la gueule.

  • Macron irrite Israël en n’honorant pas une visite qu’il avait promise
    Par Piotr Smolar Publié le 28 novembre 2018
    https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/28/macron-irrite-israel-en-n-honorant-pas-une-visite-qu-il-avait-promise_539001

    Emmanuel Macron et Benyamin Nétanyahou à Paris, le 11 novembre. PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

    Le gouvernement israélien est irrité contre Paris. Nulle crise ou tension majeure, mais une affaire de bienséance diplomatique et d’étiquette. Dans la soirée du jeudi 29 novembre aura lieu à Tel-Aviv, au Musée d’art, la cérémonie de clôture de la saison croisée entre les deux pays. Elle a permis l’organisation de nombreux événements culturels et scientifiques, en France comme en Israël, et avait été lancée en grande pompe.

    Or, contrairement à son engagement initial, Emmanuel Macron ne fera pas le déplacement cette fois-ci. Seul le ministre de la culture, Franck Riester, sera présent à Tel Aviv. Aucun officiel israélien de haut rang ne se trouvera à ses côtés.
    (...)
    Or, cette visite n’a pas eu lieu et n’est pas programmée pour l’instant. A cela s’ajoute l’annulation de la visite du premier ministre Edouard Philippe, les 31 mai et 1er juin, pour des « raisons d’agenda ». Le gouvernement gérait alors la réforme de la SNCF. Cette visite avait été ensuite envisagée au cours de l’automne, explique-t-on de source française, avant d’être encore reportée.

    D’où la mauvaise humeur du gouvernement israélien, d’autant que dans l’intervalle, M. Nétanyahou a effectué un second déplacement à Paris, à l’occasion du centenaire de l’armistice de 1918. En outre, le bilan de la saison croisée, sur le plan de l’impact politique et médiatique, est décevant, estime-t-on du côté israélien. « On espérait que la culture aurait un impact diplomatique. On a mis énormément d’argent dans cette opération pour zéro succès, en ce qui concerne l’image d’Israël en France et celle de la France ici » , explique une source diplomatique. (...)

    #BDS

  • L’honneur perdu d’une institution – hommage à Brigitte Lainé | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/opinion/2018/11/28/lhonneur-perdu-dune-institution-hommage-a-brigitte-laine

    Pour avoir témoigné en faveur de Jean-Luc Einaudi lors d’un procès intenté par Maurice Papon à propos de son rôle dans le massacre du 18 octobre 1961, et avoir confirmé à la barre l’existence de documents incommunicables attestant des ordres donnés directement par le préfet de police, Brigitte Lainé fut placardisée le restant de sa carrière. Elle est morte le 2 novembre dernier. Hommage à une archiviste héroïques et remarques vives sur son institution, les Archives.

    Rappelons les faits.

    Jean-Luc Einaudi avait consacré un livre à la répression policière de la manifestation des Algériens qui eût lieu à Paris le 17 octobre 1961. Un massacre. Des corps jetés dans la Seine. Officiellement trois ou quatre, sept tout au plus, et encore laissait-on entendre qu’il s’agissait de règlements de compte entre les combattants algériens. En réalité, des centaines. Le grand mérite de Jean-Luc Einaudi fut de sortir de l’oubli un événement sur lequel aucun historien professionnel ne s’était jusque-là penché. Il croisa pour cela quantité de témoignages, puis poursuivit son enquête, fréquenta les Archives de Paris, détentrices des archives judiciaires. Les dossiers de cette période n’étaient pas légalement communicables, sauf dérogation accordée individuellement après instruction du dossier du lecteur. Jean-Luc Einaudi n’essuya que des refus ou pire, ne fut même pas honoré d’une réponse.

    Le 20 mai 1998, il parla dans Le Monde du « massacre perpétré par une police aux ordres de Papon », alors préfet de Paris en 1961. Ce dernier, qui venait d’être condamné à Bordeaux pour son rôle dans la déportation des Juifs de la Gironde entre 1942 et 1944, se saisit de l’occasion. Il lui intente un procès en diffamation. Il sait que la loi sur l’accès aux archives le protège dès lors que les archives ne sont pas communicables : que Jean-Luc Einaudi apporte la preuve que la police a agi sous ses ordres ! C’est alors que l’avocat du chercheur va demander à Brigitte Lainé et Philippe Grand de venir corroborer, en tant que conservateurs de ces documents dont ils connaissent le contenu, les propos de Jean-Luc Einaudi. Le témoignage de Brigitte Lainé (Philippe Grand en fera un par écrit) sera décisif. Les centaines de morts, ils les ont sous les yeux. Papon sera débouté. Le soir même Brigitte Lainé et Philippe Grand seront accusés par leur hiérarchie de manquement au « devoir de réserve ». Ils encourent pour cela un an de prison et une lourde amende. Mais voilà : quiconque est régulièrement cité par un magistrat en qualité de témoin est relevé ipso facto de l’obligation au secret professionnel. Privée de poursuite pénale, l’administration n’a d’autres moyens de sévir que la persécution administrative. Alertés, les inspecteurs généraux des Archives de France déclenchent l’enquête administrative avec la perspective d’un conseil de discipline et de toute une série de sanctions allant jusqu’à la révocation. En attendant, Brigitte Lainé et Philippe Grand sont « placardisés ».

    #Archives #17_Octobre #Histoire

    Pour autant, rétive à la pensée réflexive, la corporation des archivistes, de même que celle des agents de l’Etat d’une manière générale, ne pourra faire longtemps l’économie d’un retour sur ses pratiques. Les scandales, qu’on transforme en « affaires » pour mieux les étouffer, ne cessent de s’accumuler. À la découverte du Fichier juif, par Serge Klarsfeld, en novembre 1991, a succédé celle de l’élimination d’archives concernant des biens juifs sous l’Occupation par les Archives de Paris en 1998 puis, comme le soulignèrent dans une lettre ouverte le 29 mai 2001 à Lionel Jospin, alors Premier ministre, Brigitte Lainé et Philippe Grand, la disparition de documents (toujours aux Archives de Paris) qui auraient permis l’enquête sur le massacre du 17 octobre 1961 (il n’existe plus un seul exemplaire du rapport du Préfet de police). On se demande encore où sont les rapports de la brigade fluviale qui pourraient contenir le nombre de manifestants noyés le soir du 17 octobre 1961. La « sale guerre » a du mal à émerger des archives lorsqu’elles existent encore. C’est seulement aujourd’hui que resurgit un fichier de mille et plus combattants algériens morts sous la torture à l’instar de Maurice Audin, alors que l’enquête sur la disparition de ce dernier n’a jamais été close !

    Dans chaque cas, on s’interroge sur la responsabilité de l’institution des Archives.