person:pierre assouline

  • Je tombe du lit littéralement
    Pour noter mon rêve, je fais bien
    Celui-là je vais l’oublier

    Sur les bords d’une rivière
    Aux eaux sombres
    Certains traversent, d’autres se noient

    Je compose des haikus
    Au bord d’une rivière
    Mes enfants sont ébahis

    Mais Seijiro Murayama
    Se moque de moi
    Et de mes haïkus

    Et au contraire
    Enseigne à mes enfants
    La beauté du trait sumi-e

    En revanche je remarque
    Qu’il triche un peu en ne faisant
    Que prolonger les traits de photographies

    Rentré à la maison
    J’explore les archives de mon père
    Et découvre tout un passé anarchiste

    Mon père avait fabriqué
    En ingénieur un code incassable
    Pour les échanges de ceux de Tarnac

    Au réveil cependant
    Je suis fort pâle
    Et me fait porter pâle

    Tellement concentré
    Sur la transcription de mon rêve
    Je remarque à peine mes enfants

    Tellement enchanté par hier soir
    J’en oublie presque de m’habiller
    Nu, j’écris en écoutant Seijiro Murayama

    Et m’amuse
    Qu’en rêve
    Il rît de mes haïkus

    Des macaronis
    Aux sardines
    Huile d’olive et sel

    Au BDP
    Je n’ai pas le temps de m’installer
    Arrivent Xavier et Hélène

    A Montreuil, un rapport d’expertise
    S’émeut qu’une usine polluante soit
    Sur le point d’exploser à côté d’une école

    L’école
    Et l’usine
    Restent ouvertes

    Autre exemple de principe de précaution
    Cinq centimètres de neige sur un terrain de rugby
    Les entraînements des enfants sont annulés

    Un jour je serai dictateur
    Et les jours de neige les enfants joueront au rugby
    Conséquence directe envisagée par moi : fin du terrorisme

    Un jour j’écrirai
    Cette démonstration
    Et je la gesticulerai

    Ego : je n’ai pas cessé
    De faire des rêves freudiens
    Cette semaine

    Psy (avisant mon tas de feuillets) :
    « - Vous n’en avez pas de lacaniens ?
    Ego : - Ne faites pas le difficile, attendez de voir »

    Ego : «  - Il y en a quatre
    Et ils se suivent »
    Psy s’arme pour noter, il piaffe, un feuilleton !

    Le premier lui donne déjà
    Du grain à moudre
    « - Le deuxième ? », demande-t-il timidement

    Le deuxième le fait noircir du papier
    « Quelle richesse de détails ! » fait-il, plaintif, presque
    La psychanalyse du type du Désordre !

    Ego : «  - Et il y a les deux autres épisodes »
    Psy fait de grands gestes de dénégation
    On dirait un noyé se débattant dans les vagues

    Le premier que je croyais
    Ne donner qu’une indication d’ambiance
    Me fait pleurer à mesure de l’autopsie

    Je blêmis à l’idée
    D’aborder les trois suivants
    «  - Vous pouvez laisser vos feuillets ici »

    Et Psy range mes rêves
    Dans sa bibliothèque
    Je vois qu’il tique sur le titre du tas

    Faire
    Du mur
    Avec McEnroe

    Dans l’ascenseur
    J’envoie traditionnel message à J.
    « - Des fois on doute de l’utilité, d’autres fois non »

    Sa réponse : « - C’est pour ça que je dis
    Qu’on peut penser arrêter
    Quand on a douté trois fois de suite »

    Je passe à La Friche et prévient que ma demande
    Va être d’une grande imprécision
    Livre écrit par une féministe américaine

    Traitant de la désobéissance civile
    L’auteure a un nom et pas de prénom
    Sur la couverture une manifestation bigarrée

    Le libraire de La Friche
    Starhawk, Chroniques altermondialistes
    Bonne lecture !

    Et j’achète
    Un peu de Poe
    Pour Zoé

    Un peu de Poe
    Pour Zoé
    Qui aimera ça

    Comme Madeleine
    Les frites
    Chez Eugène

    Retour autoradio
    Je me pisse de rire en écoutant
    Ono dit Biot recevant Assouline pour parler Simenon

    Christophe Ono dit Biot
    Pierre Assouline
    Georges Simenon, du lourd

    Ono dit Biot sert la soupe à Assouline
    Assouline nous vante Simenon en génie littéraire
    Une belle brochette de petits maîtres

    OdB : «  ? Vous avez lu tous les Simenon ?
    Assouline : ? Deux fois ! »
    Chuck Norris a compté jusqu’à l’infini, deux fois

    Ono dit Biot, Assouline et Simenon
    On se croirait revenus
    Aux temps de l’ORTF, c’est drôle !

    Rentré à la maison
    Je n’ai pas le temps de m’y mettre
    Émile m’appelle à la rescousse

    Son ton de voix est parfaitement posé et clair
    « J’ai eu une réunion d’orientation qui a dépassé
    Je vais être en retard chez l’orthophoniste »

    Et j’imagine que rien que de très normal
    Sauf que là on parle d’Émile-dans-la-lune
    Je fonce et vais le chercher il est là où il a dit !

    L’orthophoniste est aux anges
    Et elle est extatique quand par ailleurs
    Je lui montre les épreuves de Raffut composées

    « Je vais pouvoir le conseiller
    À mes patients dyslexiques adultes »
    Puis, elle rougit, non ça va, ce n’est pas la Fuite

    Je rentre
    Et je ne trouve toujours
    Pas le temps de plonger dans mes épreuves

    J’aimerais
    Tellement
    Pourtant !

    Nouilles sautées
    Un peu de fromage
    Des poires blettes

    Dans l’attente
    De mon deuxième jeu d’épreuves
    Je parcoure les informations

    Sur l’affaire de Tarnac
    La propension des médias à embrasser la cause
    Après avoir copieusement hurlé avec les loups

    Résistants du mois de septembre
    Féministes Post _#meetoo_
    Autonomes de 2018

    Demain
    Je range
    Le désordre

    #mon_oiseau_bleu

  • Je n’aurais jamais pensé que Pierre Assouline puisse me faire rire un jour et pourtant c’est arrivé cet après-midi, comble de l’étrangeté, dans une émission de Christophe Ono dit Biot, à propos de Simenon, (Ono dit Biot, Assouline, Simenon, belle brocette de petits maîtres tout de même), bref on aurait juré une archive de l’ORTF.

    Ono dit Biot : Vous avez lu tous les livres de Simenon ?
    Assouline : Deux fois !

    Chcuk Norris a compté jusqu’à l’infini, deux fois.

  • Et donc, dégoûté de ne pas avoir pu publier les dégueulis antijuifs de Céline, Antoine Gallimard se rattrape avec une belle dégueulasserie anti-musulmans dans le Monde :
    http://www.lemonde.fr/livres/article/2018/01/12/gallimard-renonce-a-publier-les-pamphlets-de-celine_5240776_3260.html

    « Aujourd’hui, l’antisémitisme n’est plus du côté des chrétiens mais des musulmans, et ils ne vont pas lire des textes de Céline. »

    Mais apparemment, il ne faisait là que reprendre les préoccupations répugnantes du très officiel Dilcrah :
    https://www.lexpress.fr/actualite/pourquoi-gallimard-recule-sur-les-pamphlets-de-celine_1975326.html

    Selon nos informations, le 19 décembre, la rencontre entre le délégué interministériel, Frédéric Potier, et Antoine Gallimard (qui était accompagné par Pierre Assouline, pressenti pour écrire la préface de cette réédition) s’est déroulée dans un climat tendu. Cette publication ne risque-t-elle pas d’alimenter une forme d’antisémitisme chez les jeunes musulmans, a notamment relevé le délégué interministériel ? Pierre Assouline fait remarquer que Céline est peu lu dans les banlieues.

    Puisqu’on te dit qu’il n’y a pas de racisme d’État…

  • Cashing In on Céline’s Anti-Semitism
    http://www.nybooks.com/daily/2018/01/12/cashing-in-on-celines-antisemitism

    Potier told Gallimard that the first French reprint of Céline’s anti-Semitic pamphlets in nearly eight decades should be done in the spirit of education, rather than in one of sensation; he proposed that the original texts should be accompanied by in-depth exegesis, and put into context by interdisciplinary scholars and historians. Potier had in mind, perhaps, the very scholarly “critical edition” of Mein Kampf that enabled the recent reissue of Hitler’s work in Germany for the first time since the war.

    Antoine Gallimard, accompanied by the Jewish writer and historian Pierre Assouline, who is writing a preface to the new edition, politely refused. For them, Céline’s texts belong to literature and do not need more than a literary critic’s preface and notes. In their eyes, the French-Canadian edition, which has notes by a Céline expert named Régis Tettamanzi, is sufficient.

    Although it is very unlikely that the French government will seek to ban the book, a growing chorus of prominent voices—among them, historians, politicians, and Holocaust survivors—have already threatened legal action against Gallimard. One of them, the well-known Nazi hunter and French lawyer Serge Klarsfeld, deemed Gallimard’s project “unbearable.” Other voices, though, argue that it is better to reprint the work with the addition of critical context than to let people access the plain texts online, where illicit versions are available.

  • Kaoutar Harchi : Je n’ai qu’une langue, ce n’est pas la mienne | Forum Recherche du CEFRES
    http://cefres.hypotheses.org/978

    Harchi envisage ensuite la perception de ces écrivains au sein du champ littéraire et distingue différentes situations. Ainsi Kateb Yacine fut-il considéré pendant son séjour en France comme « jeune poète musulman » ; « pas de nationalité », dit-il, « mais identifié par une religion » (p. 97). Assia Djebar, la première femme de lettres d’origine nord-africaine élue à l’Académie française en 2005, fut perçue par Pierre Assouline au prisme des problématiques postcoloniales comme l’écrivaine qui réussissait à « vilipender un pays tout en louant le génie de sa langue » (p. 136). Peut-être l’affaire la plus intéressante ici évoquée est-elle la plus récente : le retentissement du roman de Boualem Sansal, 2084, la fin du monde, paru en 2015, c’est-à-dire huit mois après Soumission de Michel Houellebecq. Harchi cite un entretien avec Michel Houellebecq qui rend hommage au livre de Boualem Sansal en ces termes : « 2084, c’est bien pire que mon livre[6] ! » (p. 264) Harchi montre, qu’interrogé plusieurs fois au sujet de cette affirmation, Sansal s’appliqua par la suite à se déprendre du cadre de réception de son livre imposé par Houellebecq – qui avait non seulement dominé la rentrée littéraire, mais avait aussi initié le succès du livre de Sansal. Ce dernier devenait, plus qu’auparavant, l’écrivain « à suivre », et 2084, La fin du monde, le livre « à lire ». (p. 268) Plus tard, le livre figurera sur la liste des nominés au Prix Goncourt 2015. Sansal n’eut de cesse de se justifier, à contre-courant de son succès, et de refuser l’étiquette d’islamophobe : « Le fait que Houellebecq, souvent classé islamophobe, me considère plus radical, c’est assez terrible. »

    Je n’ai qu’une langue, ce n’est pas la mienne n’est pas un ouvrage d’histoire mais de sociologie de la littérature. De ce point de vue, l’analyse y est accomplie. Elle donne en outre des clefs de compréhension pour aborder un terrain plus vaste, en premier lieu les oeuvres d’éminents écrivains nord-africains, comme le Marocain Mohamed Choukri, l’Égyptien Albert Cossery, ou Jean-Joseph Rabearivelo.

    #francophonie #maghreb

  • La vérité n’est qu’une option parmi d’autres | La République Des Livres par Pierre AssoulineLa République Des Livres par Pierre Assouline
    http://larepubliquedeslivres.com/loue-soit-donald-trump

    En vertu d’un réflexe éprouvé, lorsqu’il apparait vain de se retourner vers l’#histoire récente et les expériences passées, on cherche des solutions dans des #livres. Le public a faim de références, alors il se jette sur la #littérature passée, dystopique (récit fictionnel dans lequel l’utopie vire au cauchemar) ou uchronique (roman dans lequel l’Histoire officielle est réécrite après modification d’un événement notoire du passé). Sinclair Lewis, Georges Orwell, Philip Roth ont annoncé l’avènement de Donald Trump. A défaut de les avoir entendus, il semble que désormais on les écoute. Ce qui est arrivé aux Américains est tellement inédit qu’ils cherchent dans la littérature passée un reflet de ce qui va leur tomber dessus demain. On ne saurait mieux illustrer la notion de concordance des temps. Mais même si Les Origines du totalitarisme, publié en 1951 par la philosophe Hannah Arendt fait également depuis peu un retour remarqué dans liste des meilleures ventes d’Amazon, comment ne pas voir en creux dans ce triomphe de la fiction la faillite du #journalisme et l’échec des essayistes ?

    #dystopie #uchronie

  • Le Tweet d’ Edgar Morin

    « Les barbares tuent indistinctement par attentats suicides, les civilisés tuent indistinctement par missiles et drones. »

    Maurice Szafran, directeur éditorial du Magazine littéraire, dans un édito au vitriol le traite d’islamo-gauchisme pro-Daech

    Edgar Morin répond aux accusations d’islamo-gauchisme (...)

    lundi 5 septembre 2016, par Emmanuel Lemieux
    http://www.lesinfluences.fr/Edgar-Morin-repond-aux-accusations-d-islamo-gauchisme-pro-Daech.html

    Paris 04/09/2016

    Chers Pierre Assouline et Hervé Aubron,

    Auteur de La Rumeur d’Orléans, je sais comment une information sans fondement peut être tenue pour certitude et disposer de pseudos preuves. Je suis moi-même depuis que j’ai critiqué la politique répressive d’Israël à l’égard des Palestiniens, victime d’une rumeur calomniatrice qui assure que je souhaite l’élimination ou la destruction de l’État d’Israël. Or aucun propos, aucune déclaration, aucun écrit de ma part ne témoigne d’un tel souhait. À l’origine de cette rumeur, il y a sans doute des fanatiques pour qui la moindre critique d’Israël est antisémite, et qui attribuent au critique une idée ou pensée qui leur est étrangère mais permet de les lapider psychiquement.
    « J’en ai un peu assez d’être traître, je l’ai été sous Vichy, je l’ai été pendant la guerre d’Algérie, j’ai été traître au communisme, et depuis 15 ans je suis traitre au judaïsme. »

    Je vous serai donc reconnaissant, vue que l’article de Szafran a repris cette méchante rumeur, de faire état de mon démenti. Je souffre de ce que la calomnie, issue d’esprits fanatiques en état d’hystérie qui voient des ennemis dans des critiques et travestissent leur pensée, se soit répandue auprès de braves gens ignorants ou crédules et qui me considèrent non seulement comme antisémite, mais aussi, puisque d’origine juive, comme traître. J’en ai un peu assez d’être traître, je l’ai été sous Vichy, je l’ai été pendant la guerre d’Algérie, j’ai été traître au communisme, et depuis 15 ans je suis traitre au judaïsme.

    J’ai d’ailleurs donné mon point de vue sur la condition juive et sur Israël dans mon livre paru au Seuil, Le monde moderne et la condition juive que l’on pourrait facilement lire s’il se trouvait facilement en librairie, et auquel je renvoie pour tous ceux qui seraient intéressés sur ma vraie pensée sur ces problèmes.

    • Par ailleurs je reprends ici le courriel que je vous ai adressé quand j’ai pris connaissance de l’article me concernant de #Maurice_Szafran dans le Magazine Littéraire qui me stigmatise à partir d’un mien tweet :
      « Les barbares tuent indistinctement par attentats suicides, les civilisés tuent indistinctement par missiles et drones. »
      Sans doute les missiles et drones visent des objectifs de guerre, mais nos informations et le film américain
      #God_Killing nous montrent qu’ils font beaucoup plus de victimes civiles que militaires. Si le parallèle est abusif, il comporte à mon avis l’évocation de notre propre barbarie que l’on tend à occulter.
      D’où cet autre tweet :
      « Toute la barbarie est seulement chez l’ennemi, n’est-ce pas ? »
      Or je n’ai jamais pensé ni dit que « la barbarie première pèse davantage sur Bush et ses alliés que sur les émirs et califes de Daech », ni « renvoyé dos à dos bourreaux et victimes » et par là « dédouaner l’assassin ». Et l’hallucination atteint son comble quand Szafran assure que j’ai « accouru au secours des fanatiques musulmans et de leur communicants les #islamo-gauchistes ».

      http://www.magazine-litteraire.com/pol%C3%A9mique/edgar-morin-nous-%C3%A9crit

  • Un titre problématique de Giraudoux - Par JACQUES BODY | La République Des Livres par Pierre Assouline
    http://larepubliquedeslivres.com/la-guerre-de-troie-bien-lieu

    Ce titre [La guerre de Troie n’aura pas lieu], à peine trouvé, posa problème. D’abord parce qu’il est trop long, et Giraudoux et Jouvet entre eux disent La Guerre de Troie, et mieux : Troie. Trop long aussi pour les usages du temps, et pour la mise en page : renvoyé à la ligne suivante sur l’affiche du théâtre, « n’aura pas lieu » peut signifier « Relâche » ! Le premier manuscrit soumis à Jouvet propose deux titres en balance : « Prélude des préludes » et « Préface à l’Iliade », qui à l’automne se réduisent à « Prélude ». « J’ai voulu faire une modeste post-préface à l’Iliade », dit-il aussi.

    ...

    On n‘oubliera pas les paroles sobres et fortes qu’échangent Hector et Andromaque, couple exemplaire, ni l’anti-discours aux morts, ni le dialogue biaisé d’Hector et d’Ulysse. Persistent le refus du désespoir, et d’une pirouette de la pensée, cet élixir de sagesse :

    « Tu as vu le destin s’intéresser à des phrases négatives ? »

    Pour que la guerre n’ait pas lieu, peut-être faut-il plus que la volonté toute négative de l’empêcher : une volonté positive, des grands travaux, des projets plus grands qu’elle, et aussi, dans l’humilité, les petits actes quotidiens qui fondent la justice et la paix.

    #Giraudoux #théâtre #littérature

  • Traduire la poésie d’idées de Javed Akhtar | La République Des Livres par Pierre Assouline
    http://larepubliquedeslivres.com/traduire-la-poesie-didees-de-javed-akhtar

    « Il semble que/ tout le bidonville/ est un abcès douloureux/ Il semble que/ tout le bidonville/ est un chaudron brûlant/ Il semble que/ le Bon Dieu assis au coin de la rue/ vend des hommes brisés en morceaux/ pour trois fois rien. »

    Javed Akhtar,
    traduit par Vidya Vencatesan

    #Javed_Akhtar #Vidya_Vencatesan #poésie #littérature

  • Le cauchemar du traducteur de russe - par ANNE-MARIE TATSIS-BOTTON | La République Des Livres par Pierre Assouline
    http://larepubliquedeslivres.com/le-cauchemar-du-traducteur-de-russe

    Nous traiterons ici de deux domaines distincts, propres au russe et à son histoire : celui des slavonismes, et celui de l’ukrainien

    ...

    La fusion du vieux-slave avec le vieux-russe a donné le slavon russe, toujours employé par l’Église orthodoxe russe et par les Vieux-Croyants, qui ont fait schisme au XVIIe siècle et sont encore très nombreux et actifs.

    Au moyen âge, la littérature était essentiellement religieuse et s’exprimait en slavon. La langue parlée était elle aussi notée en caractères cyrilliques pour les besoins de la cité : textes juridiques, administratifs, commerciaux, correspondance diplomatique ou privée. C’est la deuxième langue écrite de l’ancienne Russie, appelée habituellement « langue des Bureaux ». Ce dualisme opposant le slavon littéraire au russe non littéraire a duré jusqu’à la fin du XVIIe siècle, puis, avec l’européanisation de la Russie, ni le slavon, ni la « langue des Bureaux » ne pouvait plus répondre aux besoins de la nouvelle civilisation. Le russe littéraire moderne sera l’amalgame entre les deux, une création qui doit beaucoup à Mikhaïl Lomonossov (1711-1765), et qui a trouvé son équilibre avec Alexandre Pouchkine.

    ...

    Langue de l’Église, le slavon a apporté des mots exprimant des notions abstraites, savantes, nobles, figurées, poétiques, ce qui fait qu’il existe un très grand nombre de « doublets » : beaucoup de mots ont une forme russe, usuelle, et une forme slavonne, poétique, solennelle, parfois un peu archaïsante. L’opposition sémantique entre ces deux « séries » ouvre des perspectives stylistiques extrêmement riches – et extrêmement difficiles à rendre en français, qui le plus souvent ne dispose que d’un seul mot. On peut bien sûr trouver des exceptions : main droite/dextre, tête/chef, jument/cavale, etc. Mais si l’on prend, par exemple, le poème de Pouchkine Le Prophète, on pourra y compter une bonne douzaine de mots slavons, dont la variante russe existe parfaitement dans la langue « courante » : doigt, œil, entendre, ouvrir, lèvres, voix, voir, etc., sans compter quelques formes archaïques de déclinaison. Le français n’a pas ces ressources, et il faudra pallier l’insuffisance lexicale par d’autres moyens : des figures, des contraintes de construction sémantique, une expressivité accrue dans les violations de normes. Bref, reconstituer un « style noble », qui, cela va de soi, n’est ni impossible, ni étranger à la littérature française. Il n’en demeure pas moins que les nombreuses traductions de ce poème (dont celles de Prosper Mérimée et d’Ivan Tourguéniev, en prose), laissent une impression d’insatisfaction, de perte de solennité et de grandeur.

    ...

    Ceux qui sont les plus soumis à l’influence prégnante du slavon sont les « gens d’Église » décrits, entre autres, par N. Leskov – les prêtres de campagne, les diacres, leurs femmes et leurs enfants, les habitants des monastères, les pèlerins. Ils transportaient inconsciemment le vocabulaire, les tournures, les images des textes liturgiques dans leur vie de tous les jours. Bien plus, et contrairement à ce qui s’est passé pour la langue écrite, leur langue parlée a intégré nombre de particularités de prononciation qui correspondent souvent à la phonétique des parlers des provinces du sud

    ...

    Pour un Russe cultivé, cette prononciation sent, au mieux, sa province, mais elle évoque plutôt l’inculture, l’arriération, parfois même la grossièreté et la crasse… car l’état du bas-clergé était assez déplorable au XIXe siècle. La littérature est riche en figures et caricatures de prêtres de campagne ignares, ivrognes et débauchés, pères d’une ribambelle de petits va-nu-pieds analphabètes. Même quand ils sont peints avec tendresse chez Leskov, ou dans la Colombe d’Argent d’André Biély, cette dimension d’inculture, ou au moins de refus des Lumières, est patente.

    ...

    Quelles sont les solutions qu’ont adoptées les traducteurs ? La plupart reculent devant les difficultés de la tâche et ils préfèrent choisir, parmi les abondants écrits de Leskov, des textes moins stylistiquement marqués. Henri Mongault a traduit Gens d’Église en 1937 et a choisi d’ignorer le problème. C’était d’ailleurs l’époque ou les plus grands traducteurs, comme Boris de Schloezer ou Pierre Pascal, traduisaient « en bon français », transmettant le contenu de l’œuvre avec une exactitude et une conscience exemplaires, dans un style coulant et lisse qui ne se souciait pas de retrouver « la voix » de l’auteur. Nous ne traduisons plus ainsi, mais nous butons sur nos limites.

    ...

    La question des ukrainismes ne semble pas se poser dans la littérature russe avant Nicolas Gogol (1809-1852).

    ...

    Mikhaïl Cholokhov (1905-1984) emploie aussi beaucoup d’ukrainismes dans le Don paisible. Son traducteur, Antoine Vitez à qui le théâtre doit tant, fut aussi un grand traducteur et un théoricien de la traduction. Lui aussi choisit de ne pas traduire les ukrainismes, en justifiant son choix. Le mot « khata », par exemple, désigne la maison paysanne ukrainienne. Si on le laisse ou si on explicite, on « sur-traduit » : on introduit un élément de folklore, d’ethnographie, qui n’existe pas dans la version originale car le mot ukrainien est connu par les Russes. Si on traduit par « maison », on « sous-traduit » – mais, comme dit Vitez, il faut « choisir ses infidélités ».

    ...

    Dans le catalogue des idées reçues, les Russes ont un stéréotype : l’Ukrainien est un joyeux méridional, plein de faconde, volontiers hâbleur et affligé d’un accent reconnaissable dès qu’il ouvre la bouche. Mais si on fait parler certains personnages de Mikhaïl Boulgakov comme ceux de Pagnol, le lecteur risque de se demander ce que Panisse fait au milieu du roman Le Maître et Marguerite…

    Antoine Vitez suggère d’indiquer la différence au lieu de la qualifier. Il s’agit de mettre en scène un effet d’étrangeté. J’ajouterai qu’avec un peu de chance et de patience, on peut « inventer » au personnage un accent plausible : les Ukrainiens, qui prononcent le /g/ comme une spirante, ont beaucoup de mots communs avec le russe, mais avec des /i/ à la place des /o/, (pourquoi ne pas dire « pisition » pour « position ») ; ils ont aussi des suffixes différents qui pourraient donner l’idée de dire « baignerie » pour baignade ; ils utilisent différemment les prépositions (en traduction littérale, « sur la rue » à la place de « dans la rue »), etc. On peut utiliser ce procédé avec prudence, sans viser à la systématisation, l’essentiel étant de faire de ces écarts de langage autant de « marqueurs », et de faire sourire, non d’accabler le lecteur.

    ...

    La seule conclusion que je peux tirer est que si solution il y a, elle n’est pas à être recherchée uniquement dans le lexique. Personnellement je n’hésite pas à introduire les noms de quelques objets usuels et caractéristiques, et d’en donner le sens à la première occurrence, soit par une note, soit le plus souvent dans le corps du texte. Mais cette solution « désespérée » doit être employée avec prudence, et rarement. Reste à trouver, au cas par cas, les procédés heureusement nombreux (grammaticaux, syntaxiques, stylistiques) qu’offre le français pour « dépayser » le lecteur, l’amener dans un monde différent.

    #traduction #linguistique #littérature #russe #ukrainien #français #Anne-Marie_Tatsis-Botton

  • Shakespeare, toujours aussi déconcertant | La République Des Livres par Pierre AssoulineLa République Des Livres par Pierre Assouline
    http://larepubliquedeslivres.com/shakespeare-toujours-aussi-deconcertant/#comment-142218

    Déconcertant : c’est le mot. Celui qui revient le plus souvent pour évoquer les comédies de Shakespeare. Leur interprétation y semble ad infinitum. On dit de cet univers qu’on peut s’y perdre comme dans l’ordonnancement labyrinthique d’un jardin anglais. Leur structure est pleine d’énigmes. Dès qu’en surgit la part dissimulée le doute envahit le lecteur/spectateur (la, précision s’impose car on en connaît qui n’apprécient pas Shakespeare au théâtre mais s’en régalent lorsqu’ils en tournent les pages). On aura beau ranger ces comédies sous l’étiquette bien commode de « maniériste », avec tout ce que cela suppose d’énergie dans le scepticisme, il en faudrait davantage pour dissiper la perplexité, d’autant que c’est une auberge espagnole (enfin, anglaise…) de l’humanisme....

    #Littérature-étrangères
    #Théâtre.

  • Feydeau à la folie ! | La République Des Livres par Pierre AssoulineLa République Des Livres par Pierre Assouline
    http://larepubliquedeslivres.com/feydeau-la-folie/#comment-130388

    Feydeau ? Adultères et portes qui claquent. Soit. Mais une fois qu’on a lancé ce lieu commun, on n’a rien dit. Car si son théâtre n’était réductible qu’à sa caricature, pas sûr qu’il ferait autant d’effet plus d’un siècle après. On le dirait daté, obsolète et on le remiserait au grenier. Or il suffisait l’autre soir de voir la salle bondée du Vieux-Colombier pliée de rire du début à la fin, et le large sourire des spectateurs à la sortie, pour imaginer qu’il n’en est rien et qu’il porte en 2013 comme en 1892, date de la création à Paris du Système Ribadier, pièce en trois actes de Georges Feydeau et Maurice Hennequin.

    Donc, le mari, la femme, l’amant. Comment s’y prendre pour en faire autre chose que ce que c’est ? Rester fidèle tant à la lettre qu’à l’esprit de Feydeau, le sel de son théâtre : l’absurde, le paradoxe, la fantaisie, la bizarrerie, le comique, la folie. Surtout la folie. Cette fois, c’est encore plus étrange. Influencé par les expériences de Charcot à la Salpêtrière auxquelles assistait le grand monde, le dramaturge a en effet introduit l’hypnose, et non plus la lettre ou le mot doux comme dans nombre de ses pièces, comme élément-clé sur lequel repose le fameux système mis au point par Ribadier lorsqu’il trompe sa femme : il l’endort le temps d’aller voir ailleurs. Sauf que tout ne marche pas toujours comme prévu, que des courts-circuits font disjoncter les personnages, empêtrés dans leurs stratagèmes mensongers. Confrontés à l’imprévisible, ils s’efforcent de s’en sortir individuellement en puisant dans leurs réserves d’imagination, d’invention, d’adaptation, de souplesse. Vieilles recettes ? Qu’importe si la cuisine est bonne. « Passé les bornes, il n’y a plus de limites ». C’est d’Alphonse mais cela aurait pu tout aussi bien allais ici....

    #Théâtre
    #Feydeau

  • Un pas de côté avec Régis Debray et Patrick Boucheron | La République Des Livres par Pierre AssoulineLa République Des Livres par Pierre Assouline
    http://larepubliquedeslivres.com/un-pas-de-cote-2/#comment-127046

    Que faire de toutes ces images qui nous tombent dessus et comment survivre à cette avalanche ? On analyse tant les métamorphoses que traverse le regard du lecteur qu’on en oublierait celles que connaît l’oeil du spectateur. Opportunément, Régis Debray nous invite à une méditation sur le temps dans Le stupéfiant image (400 pages, 30 euros, Gallimard), titre qu’il a emprunté au Paysan de Paris où Aragon présentait la chose comme un opium faisant fonction de madeleine. C’est une énigme lorsque le temps s’immobilise sur un plan fixe. Par un mystère face auquel l’historien rend les armes, les chefs d’œuvre de l’art nous apparaissent contemporains quand bien même auraient-ils été tracés il y trente cinq mille ans avant notre ère sous forme de félins sur la paroi d’une grotte.

    Même si nous les connaissons avant même de les avoir observés, le vu ne précédant pas toujours le su, un vertige nous saisit que Debray évoque comme « notre désarroi quasiment panique » face aux figures paléolithiques. Prudent, il se garde bien de parler peinture, ayant retenu de Francis Bacon que l’on peut juste parler autour de la peinture. Très illustré, on s’en doute, et traversant allègrement les siècles, son album, constitué d’articles, de préfaces et d’études ici rassemblés, tient que le roman national est fait d’images d’Epinal avant de l’être de mots d’auteurs. On aura compris qu’à ses yeux, le seul institut qui vaille est l’Institut du temps qui ne passe pas....

    #Régis-Debray
    #Patrick-Boucheron
    #art
    #histoire

  • Faut-il parier sur l’intelligence du lecteur ? - La République Des Livres par Pierre Assouline
    http://larepubliquedeslivres.com/faut-il-parier-sur-lintelligence-du-lecteur/#comment-105208

    Faut-il parier sur l’intelligence du lecteur ?
    LE 30 SEPTEMBRE 2013
    Mais oui, c’est possible : des traducteurs peuvent se réunir trois jours durant sans qu’il soit question de éternel dilemme « Fidélité ou trahison « , ou de « L’intraductibilité de la poésie », et sans que s’affrontent « ciblistes » et « sourcistes ». Ca change ! C’était ce week-end au Moulin de la Tuilerie sis à Gif-sur-Yvette (Essonne), la première édition du Festival VO-VF organisé par des libraires Sylvie Melchiori (La Vagabonde à Versailles), Hélène Pourquié et Pierre Morize (Liragif à Gif-sur-Yvette), avec une équipe de bénévoles constituée de leurs plus fidèles clients. Songez qu’à la table commune, parmi ceux qui avaient mis la main à la pâte, c’est le cas de le dire, un astrophysicien avait roulé la semoule du couscous du dîner samedi, ce qui ne fut certainement pas étranger à sa légèreté aérienne. Trois jours durant, si des traducteurs étaient bien à la tribune, ils étaient minoritaires dans le public constitué pour l’essentiel d’amateurs de littérature étrangère. A glaner des échanges d’un débat à l’autre des préoccupations communes surgissaient autour de quelques thèmes.

    Faut-il parier sur l’intelligence du lecteur ? Si c’est un problème pour l’auteur, ca l’est plus encore pour un traducteur. Alors vous imaginez si les deux se superposent. Un double pari. L’américaniste Claro avait déjà donné le ton la veille sur son blog Le Clavier cannibale par un billet consacré à l’angoisse du traducteur au moment de la note en bas de page : la mettre ou pas ? Il esquissait la remarque à propos d’un roman turc dans lequel sa consoeur se demandait s’il fallait traduire simit par une note indiquant qu’il s’agit d’un petit pain en couronne couvert de graines de sesame, ou s’abstenir et faire confiance à sa compétence ? Dès lors qu’il ne s’agit pas d’un hapax, et que le contexte peut à plusieurs reprises l’expliquer, pourquoi pas ?

    Johan-Frédérik El-Guedj, fut confronté à un problème semblable en traduisant de l’anglais Le seigneur de Bombay écrit en hindi par Vikram Chandra qui truffa sa langue d’argot pendjabi. Perplexe, le traducteur, qui n’hésita pas à trouver des mots que les Indiens souvent ignorent, usa alternativement de deux solutions : soit glisser une rapide périphrase au sein de la phrase, soit ne pas traduire et laisser le mot original en italiques : « Grâce à sa récurrence, le lecteur finit par le comprendre. Il faut parier sur son intelligence ». On peut en tout cas parier sur celle du traducteur qui, pour s’approprier le lexique argotique indien, s’est inspiré du lexique de cooptation mafieuse des films de Martin Scorcese, car les logiques claniques y sont les mêmes. A noter que rien ne vieillit comme l’argot, tous les traducteurs présents en convinrent ; c’est même ce qui date très vite un texte, lequel vieillit mal à cause de cette concession à l’air du temps. Cela dit, bien malin sera le lecteur qui décèlera dans trois chapitres du Seigneur de Bombay des références cryptées au Bruit et la fureur de Faulkner…

    #littérature
    #lecteur
    #intelligence
    #traducteurs
    #titre

  • Pardonnez Moix, sauvez Sureau ! - La République Des Livres par Pierre Assouline
    http://larepubliquedeslivres.com/ni-moix-ni-sureau-ne-sont-trop

    Une chose est sûre : celui-là est bien un écrivain qui ne place rien au-dessus de la littérature. Sans ses outrances, pas de fulgurances. Il est bien la somme des violences de toutes natures qu’il a subies. Naissance, on peut en dire ce qu’on veut, mais consacrer l’essentiel de son jugement critique à son poids dans le sac de plage et son encombrement au lit, comme on a entendu certaines le faire au Masque et à la plume, est un signe de plus de la décadence de ce métier.

    #littérature

  • David au Congo, Conrad en embuscade - La République Des Livres par Pierre Assouline
    http://larepubliquedeslivres.com/david-au-congo-conrad-en-embuscade

    Congo, une histoire de David van Reybrouck
    Un très bon livre que je vous conseille si vous souhaitez en avoir plus sur l’histoire de ce pays.

    L’auteur a voulu rendre la complexité de cette histoire dans une forme simple et accessible, en s’intéressant davantage aux ressources humaines qu’à celles du sous-sol, et en conservant à l’esprit un conseil de Gramsci : “Il faut combiner le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté.” Naïf, van Reybrouck ? Peut-être a-t-il un côté « David au Congo » dans certaines pages où l’Histoire est revisitée avec des bons sentiments et un prisme humanitaire. L’enquête n’en est pas moins impressionnante, et le récit, captivant. C’est si bien fait que c’est de nature à intéresser même ceux qui ne savent rien de toute l’affaire et n’auraient jamais crû qu’ils liraient un jour quelque sept cents pages sur le passé de cet immense pays dévasté

    Pierre Assouline

    #RDC #colonialisme #Belgique #Afrique #Littérature

  • Pour saluer Maurice Nadeau - La République Des Livres par Pierre Assouline
    http://larepubliquedeslivres.com/pour-saluer-maurice-nadeau

    Son père aussi, si le destin lui avait laissé le temps. Il avait 26 ans dont cinq de service militaire et de guerre : « C’est cela qui m’a fait, ma révolte face à cette injustice : il n’a pas eu le temps de vivre ». A la fin d’une permission en 1916, juste avant de rejoindre Verdun, il s’accouda à la fenêtre et dit à sa femme : « Ne t’en fais pas, je reviendrai ». Les derniers mots que l’enfant entendit de sa bouche, la dernière image qu’il conserva de lui. Il avait 5 ans mais en parlait à la veille de son centenaire comme si c’était hier.

    Pas complétement hors-sujet, car événement fondateur de la vie d’un homme, mais un peu annexe dans un article consacré à la vie d’un éditeur, ce passage me touche profondément.

  • A propos, pourquoi le rouge et pourquoi le noir ? - La République Des Livres par Pierre Assouline
    http://larepubliquedeslivres.com/a-propos-pourquoi-le-rouge-et-pourquoi-le-noir

    On y vient. Dominique Fernandez rappelle que Stendhal raffolait des couleurs et des jeux de mots qu’elles favorisaient. Des vêtements rouges sur fond noir lui ont souvent été inspirés par des tableaux, notamment ceux de Raphaël et du Corrège. Lucien Leuwen a failli s’appeler « Le Rouge et le Blanc ». Et quand il conçu le projet de développer sa nouvelle Mina de Vanghel pour en faire un roman, le titre devait en être « Le Rose et le Vert ». C’est dire ! Mais Le Rouge et le Noir ? La glose en est pleine. On a tout lu. Pour le noir : les milieux ecclésiastiques, le sombre des congrégations. Pour le rouge : le républicanisme, la toge des magistrats, les rideaux cramoisis avec effet de taches de sang, la couleur de la guerre avec en douce un hommage à Napoléon. Sans oublier cette dichotomie quand, dans la rêverie de Julien, le noir de la soutane se transforme en pourpre cardinalice. Et sans compter que le rouge et le noir sont les deux couleurs de la roulette.

    #rouge_et_noir #tm

  • Le #Livre de poche, un danger pour « l’aristocratie des lecteurs » | Big Browser
    http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/03/21/in-the-pocket-le-livre-de-poche-un-danger-pour-laristocratie

    En mettant au service de tous les grands textes classiques et modernes les techniques d’impression et de diffusion du roman populaire, Henri Filipacchi lance une révolution culturelle qui va marquer la seconde moitié du XXe siècle. Un débat a toutefois agité les sphères intellectuelles de l’époque. Alors que Jean Giono voyait dans le Livre de poche « le plus puissant instrument de culture de la civilisation moderne », Pierre Assouline rappelait dans « Le Monde des livres » que « la rentrée littéraire de 1964 fut marquée par une vive polémique. Engagé par la revue du Mercure de France, il était lancé par un philosophe, sémiologue et historien de l’art, Hubert Damisch, dans un article de seize pages intitulé ’La culture de poche’ ».

    L’Institut national de l’audiovisuel (INA) publie un témoignage édifiant illustrant parfaitement cette polémique. Dans cette vidéo extraite de l’émission de l’ORTF « L’avenir est à vous », un jeune étudiant en médecine critique, avec une pointe de mépris dans la voix, et une grosse dose de snobisme, les ravages du format poche, réaffirmant la nécessité d’une « aristocratie des lecteurs ».

    « Ça fait lire un tas de gens qui n’avaient pas besoin de lire, finalement. [...] Avant ils lisaient Nous deux ou La Vie en fleurs, et d’un seul coup ils se sont retrouvés avec Sartre dans les mains, ce qui leur a donné une espèce de prétention intellectuelle qu’ils n’avaient pas. C’est-à-dire qu’avant, les gens étaient humbles devant la littérature, alors que maintenant, ils se permettent de la prendre de haut. Les gens ont acquis le droit de mépris maintenant. »

    • Ça fait lire un tas de gens qui n’avaient pas besoin de lire, finalement. [...] Avant ils lisaient Nous deux ou La Vie en fleurs, et d’un seul coup ils se sont retrouvés avec Sartre dans les mains, ce qui leur a donné une espèce de prétention intellectuelle qu’ils n’avaient pas. C’est-à-dire qu’avant, les gens étaient humbles devant la littérature, alors que maintenant, ils se permettent de la prendre de haut. Les gens ont acquis le droit de mépris maintenant.

      Le mépris de classe contre le pseudo mépris de la littérature. L’article dit que ce « débat prête à sourire aujourd’hui ». J’en suis pas sur du tout, les conférences (In)culture de Franck Lepage me disent le contraire. Les polémiques sur les geeks en ce moment parlent de la même idée d’exclusion, d’élitisme autour de l’idée de fausse-fille-geek par exemple qui ne seraient pas assez calé sur starwar ou ce genre de sujets. Ou dans un autre registre, le mépris affiché dans l’expression « mom porn » qui montre un mépris de classe et un mépris de genre associé. La littérature, comme les arts sont toujours un enjeux l’appartenance, on fait encore la différence entre la littérature de gare, et la grande culture, celle sponsorisé par le ministère... Vaste sujet qui ne me fait pas sourire.

  • Pierre Assouline, chien de garde de l’édition | Mathias Reymond (Acrimed)
    http://www.acrimed.org/article3696.html

    Pierre Assouline est un critique littéraire. Il officie dans le très institutionnel Monde des Livres, pige pour Le Magazine Littéraire et le Nouvel Observateur, et a dirigé la revue Lire. Il est régulièrement sur France Culture et sur France Inter. Bref, c’est un incontournable de l’édition. Il n’est donc pas étonnant de le voir réagir quand celle-ci est vilipendée, critiquée ou simplement analysée. (...) Source : Acrimed

  • Joseph Macé-Scaron l’emprunteur | Henri Maler (Acrimed)
    http://www.acrimed.org/article3660.html

    Trancher quand on le peut est donc souvent affaire de critique littéraire et moins de critique des médias. Mais à lire les « emprunts » commis par Joseph Macé-Scaron, il est permis de douter de leur créativité et de souligner qu’il n’y a guère de trace d’un clin d’œil à ses lecteurs, fussent-ils aussi cultivés que Pierre Assouline ou Bruno-Roger Petit. À bien y regarder, les passages recopiés par Macé-Scaron n’ont rien d’extraordinaire : il ne s’agit ni de rendre hommage à des grands textes de la littérature, ni même d’emprunter une idée originale, en prenant, même discrètement, les lecteurs à témoin. (...)

  • Selon Que Vous Serez Macé-Scaron Ou Beyala, Les Jugements D’Assouline Vous Rendront Blanc Ou Noir | Sébastien Fontenelle (Vive le feu !)
    http://www.politis.fr/Selon-Que-Vous-Serez-Mace-Scaron,15060.html

    Car en effet, quand Joseph Macé-Scaron recopie dans un de ses livres des passages pris ailleurs, ce n’est pas (du tout) du plagiat, contrairement à ce que pourrait supputer un esprit borné : c’est (ne ris pas, Olga, ce n’est pas très sympa) de « l’innutrition ».
    Ou, si tu préfères (et je suis sûr qu’en effet, tu préfères) : de « l’intertextualité ».
    (Et c’est vrai que ça change carrément tout.)
    De qui Pierre Assouline tient-il cette révélation ? (...)

  • Pierre Assouline vous prie de bien vouloir comprendre qu’il ne vous recommande pas du tout le « Indignez-vous » de Stéphane Hessel :
    http://passouline.blog.lemonde.fr/2011/01/04/a-t-on-le-droit-de-ne-pas-sindigner-avec-stephane-hessel

    Long billet pour en arriver au dernier paragraphe dans lequel, enfin, on comprend que ce qui ne lui (vraiment) pas plu, c’est la critique d’#Israël. Ah ben ça alors.