person:pierre bourdieu

    • C’est pas nouveau :

      Le monopole de la violence (en allemand : Gewaltmonopol), plus précisément le monopole de la violence physique légitime (Monopol legitimer physischer Gewaltsamkeit), est une définition sociologique de l’État développée par Max Weber dans Le Savant et le politique qui a été important en sociologie mais aussi dans la philosophie du droit et la philosophie politique.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Monopole_de_la_violence

    • L’État et la Révolution, Lénine, 1917
      https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/08/er00t.htm

      Nous nous assignons comme but final la suppression de l’#État, c’est-à-dire de toute violence organisée et systématique , de toute violence exercée sur les hommes, en général. Nous n’attendons pas l’avènement d’un ordre social où le principe de la soumission de la minorité à la majorité ne serait pas observé. Mais, aspirant au socialisme, nous sommes convaincus que dans son évolution il aboutira au communisme et que, par suite, disparaîtra toute nécessité de recourir en général à la violence contre les hommes, toute nécessité de la soumission d’un homme à un autre, d’une partie de la population à une autre ; car les hommes s’habitueront à observer les conditions élémentaires de la vie en société, sans violence et sans soumission.

    • +1 @notabene
      Cette phrase à vomir postée sur twitter est de #chantal_jouanno, sénatrice de paris.

      On sait que tout exercice de la force s’accompagne d’un discours visant à légitimer la force de celui qui l’exerce ; on peut même dire que le propre de tout rapport de force, c’est de n’avoir toute sa force que dans la mesure où il se dissimule comme tel. Bref, pour parler simplement, l’homme politique est celui qui dit : « Dieu est avec nous ». L’équivalent de « Dieu est avec nous », c’est aujourd’hui « l’opinion publique est avec nous ». Tel est l’effet fondamental de l’enquête d’opinion : constituer l’idée qu’il existe une opinion publique unanime, donc légitimer une politique et renforcer les rapports de force qui la fondent ou la rendent possible.

      Pierre Bourdieu : L’opinion publique n’existe pas, 1972.
      http://www.homme-moderne.org/societe/socio/bourdieu/questions/opinionpub.html

      @moderne @obs_sondages

    • Le « dépérissement » de l’état, c’est plutôt la formule (promesse) socialiste, celui-ci étant conçu comme phase de transition vers le #communisme (on a vu ce qu’il en a résulté). La destruction de l’état en revanche n’est pas un objectif dont les anarchistes auraient l’exclusivité (voir L’état et la révolution de Lénine, cité plus haut, mais aussi les courants conseillistes et bien d’autres moments et pratiques #communistes).

      Pour revenir à la formule de cette UMP, c’est très souvent les patrons et la droite qui disent le vrai en ne s’embarrassant pas d’emballage cosmétique (humanitaire,compassionnel) et on a intérêt à prendre au mot ce que fréquement la gauche à bons sentiments ne sait pas formuler, occupée à préserver ses illusions et à les répandre. Avec l’émergence de la deuxième droite à la Hollande, Blair, Schroder, aura donc de plus en plus d’énoncés réalistes (descriptifs) à prendre au sérieux. Je me souviens par exemple que Sellières patron du Medef accusait les intermittents de faire la grève en s’appuyant sur les allocations chômage et qu’il avait raison, qu’il formulait publiquement le ressort d’une pratique qui le pus souvent ne s’énonçait comme telle que dans la proximité et l’interconnaissance. Quand W. Buffet dit, « il y a une lutte de classes et c’est la notre qui est en train de la gagner », il pipote pas sur le gagnant-gagnant.

    • @colporteur la formule communiste ce n’est pas le dépérissement de l’État, c’est un État + fort dans un premier temps, qui permet la dictature du prolétariat, et ce n’est qu’ensuite que serait observer la question de son abolition.

      Mais perso en tant qu’anarchiste, si l’on peu observer de manière sociologique que l’État se réclame de la seule violence légitime, ça ne signifie pas qu’il n’y a que ce type de violence. Non seulement il y a le patriarcat, mais surtout dans le cas ou nous parlons, il y a en même temps celle du patronat. Le chômage tue.

    • @bug_in Non, sauf à considérer que le socialisme dont c’est la seule justification politique « consistante »(une nécessaire période de transition vers le communisme) n’a jamais existé. C’est un peu dommage que les clichés sur le communisme (mouvement réel qui abolit l’état de choses présent, dont... l’État) comme totalitarisme ne soient pas confrontés à la lecture des textes. Dont L’état et la révolution de Lénine. Spécialement à un moment ou l’étatisme semble le dernier refuge, la dernière protection « possible ».

      "Le philistin social-démocrate a été récemment saisi d’une terreur salutaire en entendant prononcer le mot de #dictature_du_prolétariat. Eh bien, messieurs, voulez-vous savoir de quoi cette dictature a l’air ? Regardez la Commune de Paris. C’était la dictature du prolétariat." (F. Engels).

      "L’antithèse directe de l’Empire fut la Commune". « La Commune fut la forme positive » "d’une république qui ne devait pas seulement abolir la forme monarchique de la domination de classe, mais la domination de classe elle-même." La guerre civile en France, Karl Marx
      https://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530c.htm

      Sur la division anarchie/communisme, je crois très utile de lire, outre L’état et la révolution, L’émancipation des travailleurs, Une histoire de la Première Internationale, de Mathieu Léonard
      http://www.lafabrique.fr/catalogue.php?idArt=619&idMot=8
      qui montre entre autre chose que les lignes de fracture ne sont pas si nettes qu’on l’admet le plus souvent.

      Par ailleurs, le #travail, ses accidents, ses conditions, ses productions tue bien davantage que le chômage, quelque soit le degré de misère matérielle et morale auquel celui est destiné à conduire. Il serait quand même temps de mettre en cause non seulement le monopole de la violence légitime mais aussi celui de l’activité « légitime », le travail, et l’#idéologie qui la structure. Le chômage ce n’est seulement pas « le patronat » mais une construction sociale dans laquelle le patron des patrons, étatique et interétatique à toute sa part, une forme de #contrôle qui prend le relais du travail comme forme de contrôle, en alternance et simultanément.

      Arracher la chemise d’un DRH est un acte dictatorial (et c’est précisaient cette possibilité même qui aurait du rester discrète à Air France, que cela fasse irruption dans l’espace public par le bais de l’image voilà qui fait scandale et met « La France en état de choc »), séquestrer un patron c’est mettre en cause le monopole de la « privation de liberté » dont l’état se prévaut.

      Quant au patriarcat, je crois pas trop à une vision transhistorique de la notion. Il est devenu une fonction contradictoire du #capitalisme (celui des sociétés par actions et des états comme celui des mollahs et d’autres monothéismes, des monstres froids comme des monstres chauds), il structure des relations sociales qui sont elles mêmes prises dans des rapports sociaux dominants. Il est chaque jour recommancé (avec des manières spécifiques d’hériter de son passé) dans un contexte qui le qualifie. Et aussi chaque jour contredit, heureusement.

      La légitimité de la violence d’état n’est pas du même ordre et ne se situe pas au même niveau (macrosocial et macropolitique) que de trouver légitime telle ou telle violence (un chien qui mort qui le maltraite), ou illégitime telle ou telle autre (je bats ma femme), dans la vie quotidienne, les relations interpersonnelles.

      Je sais bien que je ne réponds pas à tes objections, voulais juste y revenir avec d’autres éléments, sans prétendre boucler quoi que ce soit.

      #abolition

    • @aude_v il faut être vil serviteur et écervelé pour affirmer la violence légitime de l’Etat, notamment pour une chemise déchirée, c’est surtout la preuve qui nous fait percevoir son inanité et la nécessité totalitaire de ceux qui se retranchent derrière pour exercer leurs abus. Inutile d’être anarchiste pour trouver cela pitoyable et à gerber. Ceux qui proposent autre chose que son combat frontal s’opposent plus intelligemment à la soumission et au discours de domination.

    • @touti de ce que je comprends de l’intervention d’@aude_v (sinon je le prends à mon compte), c’est que depuis l’origine, l’État c’est le monopole de la violence. Dès le départ il y a eu des milices pour protéger les stocks de grains ou les grandes infrastructures agricoles, monopoles des puissants.
      Et si je me souviens bien du dernier Jared Diamond, la légitimité de la violence d’état n’est pas saugrenue, c’est un contrat tacite qui permet de se balader au milieu d’inconnus.

    • @nicolasm je ne discute pas si cette affirmation (sur tweeter) est correcte, je ne donne pas non plus ma position politique, je dis qu’elle confirme la bêtise de celle qui l’émet.
      Ce serait comme d’affirmer que l’Etat est Dieu alors que l’on participe de ce pouvoir …

    • Derrière la bêtise de cette UMP il y a une réelle intelligence de classe, ce qui en face fait le plus souvent défaut dans les énoncés produits sur la question de « la violence », le plus souvent moraux, sauf lorsque les circonstances et le contexte s’y prêtent et que la classe parvient à renouer avec sa propre puissance, avec un savoir situé qui corresponde à cette puissance (et qui donc ne soit pas victimaire), parvient à parler vrai et à agir pour son compte, égoïstement (tiens ! bisounours n’est plus qu’un souvenir, comique).

    • @colporteur oui, tu m’indiques des choses que je ne connais pas (un texte d’Engels par ex.).
      Après je n’ai jamais dit que le travail était un truc gentil et mignon, mais vu qu’on parlais du chômage, j’ai répondu sur le chômage.

      Après perso, je jugerai pas l’action de ces militants en terme de « dictatorial »... je suis pas sur d’avoir compris ta remarque d’ailleurs. Mais pour moi, ils ont fait ce qu’ils pouvaient, qq.part cela montre aussi la faiblesse de nos moyens.

      Sur le patriarcat je vois pas en quoi il est contradictoire au capitalisme (ou je ne comprends pas), mais je crois que tout ceci nous amènerai sur d’autres discussions que nous pourrions avoir a l’occasion d’un autre sujet, histoire de conserver le fil de sens de ce sujet.

    • @aude_v

      ce tweet maladroit est une aubaine qui clarifie les choses !

      Oui c’est cela qui est surprenant, cet instant de clarté. Comme le discours racial (et raciste) de Morano. Qui n’est pas une bourde, qui n’est pas insincère.

      On peut cependant se demander si d’aventure ces (fausses ?) maladresses ne seraient pas volontaires. Pour en préparer d’autres plus grandes encore.

      Mais dans le cas présent on a vraiment le sentiment d’un impensé, Jouanno dit et écrit quelque chose dont elle ne mesure pas la portée. Je pense qu’il est raisonnable de penser par exemple qu’elle ne peut pas comprendre le concept de violence sociale ou que cette oppression sociale est déconnectée de la violence. Donc elle écrit de bonne foi, elle s’estime tout à fait dans son droit de penser cette énormité.

      Sans compter qu’il y a évidemment retournement du sens, cela c’est plus fréquent et sans doute très impensé aussi. Là tout de suite en emmenant Madeleine au basket, je lis, d’abord sans le comprendre le slogan de Pécresse pour les prochaines élections du conseil régionnal : le slogan est admirable, c’est : « nous vous devons beaucoup plus ». On pourrait le prendre une pour une promesse, même une promesse qui ne sera pas tenue, elle sous-entend, le service que vous rend le conseil en place est médiocre, vous allez voir ce que vous allez voir nous allons vous gérer cela aux petits oignons et le service public a reprendre de la valeur, mais en fait c’est juste un mensonge non déguisé : on ne peut pas être partisan de l’austérité budgétaire et promettre davantage. Donc promettons davantage.

      Donc la question revient, sont-ce des maladresses ou au contraire des sondes dans l’espoir de faire passer de plus grosses couleuvres encore ? Sachant naturellement que tout est mensonge et qu’on ne peut s’orienter dans le discours politique qu’au travers de ce que l’on estime être la part (de pourcentage de sel) de vraisemblable dans une mer de mensonges.

    • Je ne comprends pas pourquoi dire vrai (comme Morano dans ce cas, qui ne fait strictement rien d’autre que répéter la théorie et surenchérir sur la pratique effective du gvt, histoire d’essayer de garder un peu de place à la droite dans sa concurrence avec la deuxième droite) serait nécessairement une maladresse ou un ballon d’essai...
      À croire qu’on doive être surpris ou horrifié dès que les mots décrivent un tant soit peu les choses... Mais alors de quel élevage cette déréalisation de la langue serait-elle le nom ?
      En revanche, des ballons d’essai (et plus, La LR est passée, etc.), pour ce qui est de la manière dont l’État met en pratique ce monopole de la violence légitime, il y en a sans cesse. Le dernier en date :

      Bertrand (LR) pour « un ministère de l’Autorité de l’Etat » regroupant Intérieur et Justice
      http://www.lejdc.fr/page-10/france-monde/actualites/economie-politique/politique/2015/10/14/bertrand-lr-pour-un-ministere-de-l-autorite-de-l-etat-regroupant-interieur-et-

      Xavier Bertrand (Les Républicains) a prôné mercredi, alors que les syndicats de #policiers manifestent à Paris, la création d’"un ministère de l’Autorité de l’Etat" qui regrouperait les ministères de l’Intérieur et de la Justice.

      le 27/1/16, voyant que la ref presse citée ci-dessus n’existe plus je la remplace par une autre
      Bertrand a imaginé le ministère de l’Autorité
      http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/coulisses/2015/09/14/25006-20150914ARTFIG00044-comment-xavier-bertrand-a-imagine-le-ministere-de

    • @bug_in Je te rejoins sur un point, derrière cette violence (bousculer, déchirer), car c’en est une, il n’y a pas de #force. Cet acte « dictatorial » (une prise de pouvoir, ou l’émergence d’un double pouvoir, momentané) est à la mesure de la faiblesse du rapport, d’une classe décomposée par la restructuration, non celle pas de telle ou telle usine ou entreprise, mais de l’ensemble de la société.
      Ce qui a fait la force de ces actes violents, ce sont des images, c’est elles qui ont arraché les pauvre masque de la paix et du dialogue social. En face, (Valls, Morano, Air France, ...) essaient maintenant de tirer parti de ce manque de force pour aller plus loin. De notre côté, la question de la force reste entière, et ce qui a lieu la repose avec insistance. Et la déplace, par exemple, pour s’en tenir à la petite écume de l’actualité, on voit le très corpo et aristocratique SNPL signer avec les autres syndicats un communiqué réclamant l’abandon des poursuites ; on voit des militants CGT et d’autres accueillir dans leurs régions (Saint Nazaire et Lyon hier) les ministres quasiment comme il l’auraient fait hier de leurs patrons ou de membres d’un gouvernement de droite de droite.
      Je ne parierais pas sur la tranquillité du gouvernement jusqu’au procès du 2 décembre. Ce qui est bel et bon.

      (sur le patriarcat je voulais pas du tout dire qu’il est contradictoire avec le capitalisme ! mais que sa fonctionnalité pour le capitalisme comporte des contradictions).

    • @aude_v Oui, la mémoire en plein dedans. Tu as entièrement raison, mais je préfère te dire que c’est une force qui finit par décliner. Moi aussi j’avais à un moment le sentiment d’être capable de me rappeler la concomittance dans le temps de deux faits ou de deux discours, bref de deux événements et de savoir en tirer les enseignements, voire de faire des démonstrations. Aujourd’hui je peine parfois à me souvenir de ce que j’ai vu au cinéma la semaine dernière et chaque livre que je tirer au hasard dans ma bibliothèque, le prenant à n’importe quelle page, la lecture d’un paragraphe ne me rappelle rien de très précis, quand ça me rappelle quelque chose.

      Prendre des notes c’est ce qu’il faudrait faire, j’avais tenté de le faire, assez vainement il faut bien le dire, en 2007, j’ai tenu un an et encoreje faiblissais à la fin de cette année, entièrement dépassé par le rythme hallucinant de l’avalanche. Lorsque je relis ces lignes ( http://www.desordre.net/bloc/extreme_droite/index.htm ), j’ai le sentiment de tout redécouvrir. Et pourtant c’est important, oui, tu as raison, la mémoire.

  • De #Morano aux libertaires, #La_blancheur_est_toujours_borgne

    J’ai hésité à leur donner de la visibilité en les taguant ici, tant le simplisme haineux (et visiblement autosatisfait) de ce pauvre discours « libertaire » qui verse désormais ouvertement dans l’ornière d’un racisme crasse m’a révulsé, mais là aussi, la ligne de fracture est désormais profonde.

    Pour rappel, sont signataires de la Marche de la dignité, qui aura lieu le 31 octobre, d’éminentes pourritures telles que : Tariq Ramadan (que l’on ne présente plus), le rappeur Médine (qui est venu voir son pote Kémi Seba à la Main d’or), Houria Bouteldja (porte-parole du PIR, et accessoirement raciste et homophobe de service), des membres de la Brigade Anti-négrophobie, et une longue liste de personnes dont le discours nauséabond sera de circonstance pour Halloween.

    http://www.non-fides.fr/?Un-peu-d-agitation-contre-les

    #soliloque_blanc
    #racisme
    #PIR
    #marche_de_la_dignité
    #backlash_raciste
    #pattes_blanches_sous_drapeau_noir

    • Tags contre la #racialisation.

      Sont fêtés ce 8 mai 2015 les 10 ans d’un groupuscules d’universitaires #racialistes, le « Parti des Indigènes de la République », à la Bourse du travail de St Denis. Heureusement sans assises militantes et politiques concrètes, ce groupe bénéficie pourtant d’une visibilité assez importante et en tout cas disproportionnée. Pire, il profite d’une complicité larvée dans certains milieux politiques, malgré ses positions racialistes, racistes, homophobes et antisémites Ils sont également partisans du religieux, et défendent l’islam politique.
      Cette accointance avec des lambeaux de l’extrême gauche est sans doutes rendue possible du fait d’un certain vide politique, d’une culpabilisation importante à l’endroit de la banlieue et des immigrés ; tout cela prend place dans une période de confusion bien répandue. Au niveau international, générant encore d’autres effets de disproportion de visibilité, ils sont relayés par d’autres universitaires œuvrant dans les « post colonial » et « gender » studies.
      En réaction aux positions politiques du PIR on peut voir différents tags sur la Bourse du travail de St Denis et alentours.

      PIR dégage.

      Ni religion, ni racialisation, vive le communisme.

      Ni parti, ni indigène, ni république, vive la révolution.

      Nique la race, vive la lutte des classes, red panthers.

      Racialisteurs vous êtes des microfascistes

      Bouteldja, Soral, Dieudonné, Degagez

      http://seenthis.net/messages/412654

    • Les mouvements "libertaires" ou des mouvements "libertaires" essaient depuis une quinzaine d’année de s’implanter dans les banlieues. Évidement le PIR ou Ramadan représentent une belle épine dans le pied de l’offensive matérialiste dans les cités.

      La classe sans la race ?
      http://revueperiode.net/pour-deracialiser-il-faut-penser-la-race-et-la-classe
      Au vu de ce contexte, il est surprenant de constater que des secteurs de la gauche radicale comme de la gauche libérale tentent d’écarter la race de toute analyse de classe, et ce faisant, accordent à la classe une importance tellement plus grande qu’ils en viennent même à contester le recours à la race et au racisme comme catégories d’analyse.

      Le sociologue et activiste Pierre Bourdieu et son proche collaborateur Loïc Wacquant ont ainsi présenté une partie des analyses de la dimension raciale du pouvoir dans le monde, et en particulier le développement de l’action affirmative au Brésil, comme un désastre résultant de l’investissement massif des États-Unis dans l’exportation de certaines idées, relevant de la « ruse de la raison impérialiste ». Antonia Darder et Rodolfo Torres soutiennent quant à eux que le « problème du XXIe siècle » est l’utilisation de concepts tels que la « race » et la « blanchité » (whiteness), comme en écho aux positions du socialiste étatsunien Eugene V. Debs qui déclarait un siècle plus tôt que les socialistes – blancs, supposément – n’avaient « rien de particulier » à apporter aux Afro-américains, si ce n’est une place dans la lutte des classes.

      Ces observateurs considèrent toute focalisation sur la racialisation du pouvoir ou toute analyse structurelle de la blanchité comme autant d’« écrans de fumée », développés dans le seul but de « parvenir à masquer et brouiller les intérêts de classe ». Et si Darder et Torres concèdent encore que la question du « racisme » est digne d’intérêt, ce n’est même plus le cas du politiste critique Adolph Reed Jr. dans ses travaux récents. Ce dernier affirme que pour les militants, « la dénonciation du racisme est une sorte d’appendice politique : un vestige inusité d’un stade antérieur de l’évolution, le plus souvent inoffensif mais susceptible de s’enflammer dangereusement ». Pour Reed comme pour Debs, le « véritable clivage », c’est la classe.

      Ce rejet sans appel de la catégorie de race provient de tout ce qui en fait une catégorie d’un type différent de la classe : la déplorable tendance générale à l’associer à des considérations biologiques, qui se maintient en dépit de preuves scientifiques décisives ; l’acceptation tacite du nettoyage ethnique comme arme de guerre, les décennies de défaites des mouvements antiracistes dans certains pays, et les difficultés à rapprocher les différents combats au niveau international contre ce que leurs acteurs nomment le « racisme ». Ce contexte n’est pourtant pas une excuse pour un tel rejet.

      Il existe une forte tendance chez les marxistes à réduire les causes du racisme à la compétition sur le marché du travail. Pourtant, cette idée que le racisme n’est produit que par la compétition économique néglige cruellement le fait que les actes racistes sont parfois, peut-être même souvent, des actes de prise de pouvoir racial plutôt que de perte de pouvoir de classe (racial empowerment rather than class disempowerment). L’existence d’écoles et de quartiers exclusivement blancs s’explique moins que jamais par les discriminations structurelles à l’emploi, à l’heure où les lieux de résidence et de travail sont parfois très éloignés géographiquement. Et si l’on admet que certains des espaces les plus blancs de la société ne sont pas liés à la concurrence raciale au sein de la main d’œuvre, alors il faut comprendre que race et racisme se développent par-delà les rapports spécifiques de production et de reproduction.

      À partir des idées de Lénine sur la matérialité de l’idéologie, et de Du Bois sur le salaire psychologique que la race donne aux travailleurs blancs, nous comprenons que la race – comme le genre – configure les rapports de pouvoir de multiples façons. Comprendre le racisme implique de saisir les rapports de pouvoir existant séparément et au-delà des classes. L’histoire de la peine de mort aux États-Unis montre clairement que tuer un Blanc est considéré dans cette société comme un crime plus durement punissable que tuer un Noir, ce qui souligne la nécessité de comprendre que l’État joue non seulement un rôle de supervision, mais aussi de production de règles sociales fondées sur la race.

    • Je n’ai pas encore de position claire et définitive sur ce débat, mais nous sommes bien obligés d’admettre qu’une fois le racisme aboli, le dominé reste prisonnier de sa classe, et si l’on se contente des U.S.A, les problèmes d’une grande partie des non-blancs, n’en seront pas réglés pour autant.

      Au contraire, si les classes disparaissent, le racisme ne disparaitrait peut être pas, mais ses conséquences sur la vie des individus seraient, elles, nulles. A moins de recréer des classes fondées explicitement sur la « race », ce qui parait difficile au vue de nos connaissances scientifiques.

      Il apparait alors que la lutte contre le racisme n’a de sens, non pas « au-delà des classes », mais bel et bien au sein des classes opprimées.

      Il me semble, par ailleurs, que la critique du capitalisme, but avoué de Marx et Engels, n’a rien à voir avec la question des discriminations (surtout à l’embauche qui présuppose le salariat), si ce n’est dans l’allocation des richesses - mais peut-on alors parler de discrimination ? -, mais se réfère à l’exploitation des hommes par les hommes selon leur position dans le système de production (travailleurs et /ou propriétaires des moyens de production), cette dernière devant être abolie.

      En ce qui concerne l’utilisation du concept de race pour l’analyse des discriminations, est-il pertinent ou n’est-t-il pas, plutôt, l’expression d’une pensée a priori racisée, qui voit dans la pigmentation ce qui relève du territoire et des pratiques culturels qui s’y appliquent ?

      Et, pour finir, je me demande si les travailleurs non-blancs ont gagné plus grâce aux luttes universalistes de classe ou grâce aux luttes de races ?

      Je remercie par avance celles et ceux qui m’indiqueront des articles, des blogs, des livres, permettant d’avancer dans ma réflexion, en plus des arguments contradictoires, ou non, qu’ils pourront m’apporter.

    • @colporteur, merci, j’ai déjà lu ce texte, c’est d’ailleurs celui du message que tu as indiqué plus haut. C’est à partir de là que je me suis mis à réfléchir à ces sujets.

      Merci aussi @unagi je vais lire ça attentivement, et donc avec un regard critique.

      C’est marrant comme « race » et sexe/genre semblent liés. Ce n’a pourtant rien d’évident, si ce n’est chercher des discriminations sociales irréductibles à autre chose, et fondamentale dans nos sociétés. Il serait sans doute intéressant d’analyser pourquoi ce sont ces deux « concepts » qui sont privilégiés, et non, par exemple la « beauté », la pratique sportive (golf ou foot ?) ou, plus important pour moi - sans doute à cause de mon passage par l’anthropologie, mais aussi de ma condition de provincial né dans une petite ville - , la discrimination territoriale qui est aussi bien vrai pour les banlieues que pour les campagnes. Mais sans doute pour des raisons différentes : les campagnards, nous n’avons pas accès à beaucoup de pratiques culturelles, faisant de nous des imbéciles, car incultes, aux yeux des urbains tandis que ce serait plutôt la méfiance, la peur, qui poussent les bourgeois et petits bourgeois urbains à discriminer les banlieusards.
      Tout ceci est très vite dit, mais c’est juste pour aborder le sujet, histoire de donner du grain à moudre à nos cerveaux inquiets ;-)

      PS : Je devrais peut-être regarder de plus près la géographie. Comme d’hab, s’il y en a pour m’indiquer des sources (@reka ?), merci d’avance.

    • @PaulBétous
      Pour moi la ligne de fracture est claire :
      qui refuse que la race soit envisagée comme une catégorie politique, en se drapant ostensiblement et théâtralement, du haut de sa position de privilégié au sein des systèmes de rapports sociaux de domination de race, dans un discours « antiraciste » planant littéralement au dessus de la réalité,
      qui se permet, de surcroît, le coup de pied de l’âne en falsifiant et calomniant les tentatives de penser ces systèmes de rapports sociaux de domination de race par celleux-mêmes qui se trouvent infériorisé-e-s et l’objet de ce marquage politique, participe du maintien et de l’impossibilité de penser sérieusement le racisme, en prétendant avoir résolu la question avant même d’avoir admis qu’elle soit envisagée comme une question le ou la concernant ellui aussi.

      Quelques pistes à destination de lecteurs et lectrices de bonne volonté - ce que ne sont assurément pas les « libertaires » qui affectent de voir ici des « racialiseurs » ou de ne pas voir la race, puisque elle n’existe pas biologiquement - pour commencer de prendre conscience de l’existence de la race comme marqueur, comme catégorie politique, et sur la nécessité de devoir se salir les mains à la penser comme telle, plutôt que de refuser d’envisager nos (je présuppose que vous êtes blanc comme moi, je prends le risque de me tromper) privilèges et leurs conséquences sur notre propre pensée :

      Sur le racisme comme système : les écrits d’#Albert_Memmi (#Portrait_du_colonisé, Portait_d’un_juif, L’homme_dominé ont le mérite de dater de déjà 40 à 50 ans, et de renvoyer à leur complaisance les discours idéalistes moralistes des « antiracistes » qui prétendent pouvoir, sans avoir pris la peine de regarder de trop près leur propre situation, déjà se situer au-delà du racisme. En passant, l’auteur montre ce qu’il devenait des sincères prétentions humanistes des colons antiracistes, au sein du contexte colonial.
      Les écrits de #James_Baldwin, contemporains, en particulier invitent son lecteur antiraciste et ... blanc à commencer de prendre conscience, depuis la question du racisme anti-noir américain, de la nécessité dans laquelle il se trouve à se considérer comme partie prenante quoi qu’il s’imagine pouvoir penser contre lui, de ce système (je pense plus précisément à un entretien passionnant, « Le corps de John Brown : conversation entre James Baldwin et Frank Shatz », du 27 mars 1973. Il est disponible en ligne, ... sur le site du #Parti_des_Indigènes_de_la_République. Lequel comporte nombre de textes assurément critiquables, mais plus encore stimulants, pour un antiraciste blanc disposé à prendre le temps d’accorder un minimum de considération aux propos des #racisés.

      #Cases_rebelles est une radio et un site qui comporte plus d’une ressource qui invite là aussi à se fatiguer le cerveau à aller au delà des vieilles certitudes antiracistes blanches et à écouter ce que les racisé-e-s et autres infériorisé-e-s et minorisé-e-s ont à dire

      les travaux de #Louis_Sala-Molins sur le #Code_Noir (grassement calomniés par le milieu intellectuel blanc ces temps ci) et ceux, plus importants encore, de #Rosa_Amelia_Plumelle_Uribe (#La_férocité_blanche, "#Traite_des_noirs_traite_des_blancs, pour ne citer que ceux que j’ai lu), déconstruisent - un gros mot post-moderne, cheval de Troie libéral, vecteur d’impuissance, d’averses de grêle et de fin de la critique sociale, selon plus d’un « révolutionnaire » auto-proclamé - remarquablement les discours dominants sur l’esclavage, l’infériorité, et les explications racialistes partagées y compris par l’antiracisme quant à la situation présente de l’afrique , des africains, des afro-descendants.

      Sur le lien racisme/sexisme, des auteures matérialistes comme #Christine_Delphy (#Classer_dominer) ou #Nicole_Claude_Mathieu (#L'anatomie_politique) ou #Colette_Guillaumin (#L'idéologie_raciste) me semblent des plus stimulantes.

      Enfin, sur l’existence des privilèges, et la nécessité pour les privilégiés de les confronter, si vraiment ils veulent s’attaquer aux systèmes de rapports sociaux inégalitaires au sein desquels ils sont pris, des auteurs comme #Léo_Thiers_Vidal (#Rupture_anarchiste_et_trahison_pro-féministe, #De_l'ennemi_principal_aux_principaux_ennemis) ou #John_Stoltenberg (#refuser_d_être_un_homme) permettent de réaliser que, si l’on veut combattre le racisme, tenir un discours antiraciste en soi ne suffira jamais : il faudra à un moment ou à un autre chercher à se donner les moyens de _ refuser d’être un blanc - c’est à dire, avoir admis que l’on en est un, avoir pris conscience de la nécessité de se confronter à sa propre blancheur, c’est à dire à ces _privilèges de dominant dont aucun « antiracisme », peu importe qu’il soit libertaire, radical, révolutionnaire ou réformiste, ne nous privera jamais puisqu_’il prétend en avoir fini avant de les avoir pensés._

      Je n’ai pas inclus de liens, pas le temps de les rechercher, mais confier ces titres et nom à votre moteur de recherche favori vous permettra d’en savoir plus, et vous mènera aussi à plus d’un blog où ces auteur-e-s et leurs écrits et bien d’autres sont diffusés, discutés, critiqués (#nègre_inverti, #Mrs_Roots, etc.)

    • Merci @martin5 pour toutes ces références, il me faudra du temps pour m’imprégner de tout ça, car si j’ai bien une expérience vis à vis de l’immigration, mon épouse étant chilienne, et de la différence de traitement entre elle et moi de la part de la préfecture au moment de faire valoir ses droits, je n’en ai pas comme non-blanc, d’autant moins que, dans ma petite ville balnéaire, les individus non-blancs sont très peu représenter. La discrimination raciste la plus flagrante étant en relation avec les manouches (comme ils s’identifient eux-même, je le précise pour ne pas laisser penser qu’il s’agit de les stygmatiser par un terme péjoratif), mais il n’est jamais fait référence à leur couleur de peau.

      Nous verrons bien, à l’usage si je suis un lecteur de bonne volonté ;-)

    • @PaulBétous

      Mes excuses, je n’y reviens qu’aujourd’hui.

      le racisme ne disparaitrait peut être pas, mais ses conséquences sur la vie des individus seraient, elles, nulles.

      Je ne suis pas certain de vous comprendre.

      En fait, de mon point de vue, il me semble que c’est tout le contraire . Le racisme étant un système de hiérarchisation, un classisme pur, « aveugle à la race » pourrait très bien en apparences disparaître sous cette forme et ne subsister que comme « pur » racisme - qui, en tant que système de hiérarchisation sociale, serait évidemment lourd de conséquences très matérielles pour les individus s’y trouvant infériorisés. (D’une certaine façon, on pourrait peut-être argumenter que c’est à peu de choses près ce que le nazisme a prétendu être.)

      L’interpénétration des catégories politiques de race et de classe est plus qu’attestée au sein de la littérature socialiste dès le XIXème siècle (j’emploie évidemment ici le mot socialiste en un sens qui n’a plus cours depuis plus d’un siècle) : la racialisation du prolétariat européen a longtemps structuré le discours capitaliste (j’ai la flemme de retourner chercher des références ce matin). Pour ma part, j’en conclus - mais d’autres l’ont très bien fait avant moi - qu’on ne peut se permettre de prétendre penser trop longtemps indépendamment les uns des autres ces systèmes (classisme, racisme, sexisme,... liste non exhaustive) et les catégories qui les caractérisent.

      Par ailleurs, et ici je relate un petit peu une expérience de petit mec hétéro blanc et révolutionnaire libertaire si longtemps persuadé de détenir des outils dépassant d’avance les luttes (réputées « partielles, sociétales, particulières », etc.) antiracistes et féministes, des outils universels élaborés sans ces luttes « secondaires » : bien après des années de conflits répétés avec des féministes, la lecture de quelques textes en particulier m’a aidé à me faire éprouver cuisamment la nécessité de sortir sans regrets du bourbier idéaliste de telles prétentions.

      Je pense en particulier : Nos amis et nous de Christine Delphy ( Questions féministes , 1974 et 3975),
      Femmes et théories de la société : Remarques sur les effets théoriques de la colère des opprimés de Colette Guillaumin Sociologie et société,1981),
      (que j’ai lu des décennies après leur publication),
      et « Que vient faire l’amour là dedans ? Femmes blanches, femmes noires et féminisme des années mouvement » de Wini Breines (Cahiers du Genre, 2006).

      Je ne tiens pas à exagérer les effets possibles de la simple confrontation livresque, et je sais bien que ces lectures ont résonné avec ma propre histoire, faite d’une multitude d’autres expériences, lectures, disputes et discussions, mais il me semble que ces textes, de par les confrontations solidement argumentées qu’ils apportent, sont tout particulièrement propres - comme d’autres, assurément : c’est une nécessité que le PIR me semble assumer avec un courage et une ténacité admirables - à tester et tremper la bonne volonté des dominants.

      Aujourd’hui, je tiens que les écrits féministes et antiracistes sont riches d’analyses brillantes et éclairantes et irremplaçables. J’ai longtemps été un lecteur passionné de Marx et Bakounine, de Stirner, de Makhno, des Luxembourg, Pannekoek, Korsch et Rhüle, de Souvarine, des situs. Aujourd’hui, pour avoir appris entre temps que je n’avais jamais été indemne du racisme et du sexisme et que, bien que je ressente la nécessité de combattre racisme et sexisme, je ne l’étais toujours pas (indemne, exempt de racisme et de sexisme), ma weltanschauung n’est plus aussi simpliste et monolithique qu’autrefois. Je ne pense plus qu’il soit possible de prétendre penser le monde à partir des seuls outils forgés par l’expérience et les luttes « de classe » occidentales et masculines : non seulement aveugles aux autres expériences, mais aussi lourdement biaisés.

      Et je suis aussi un lecteur passionné d’Andréa Dworkin, de Christine Delphy, de Mona Chollet, d’Albert Memmi, de Franz Fanon, du PIR, d’une pléiade de blogs et d’auteures féministes et décoloniales, un auditeur passionné de Cases Rebelles, et j’en passe ; des personnes qui ne sont pas toujours d’accord, qui confrontent leurs analyses et leurs luttes. Cela dans la relative indifférence, quand ce n’est pas le mépris ouvert et face à l’hostilité déclarée d’une part conséquente d’un petit milieu d’héritiers actuels des mouvements ouvriers et révolutionnaires occidentaux qui se satisfait de végéter et de se racornir en pensant en quasi-autarcie, à qui les catégories de privilégiés blancs et masculins ne convient que trop bien.

      Et j’ai un peu mal à mon matérialisme quand je lis chez des « libertaires » des agressions et une imbécile hostilité telles que celle relatée ici.

    • @martin5, vous me dites :

      Je ne suis pas certain de vous comprendre

      C’est normal, car vous n’avez isolé qu’une petite partie du propos suivant :

      Je n’ai pas encore de position claire et définitive sur ce débat, mais nous sommes bien obligés d’admettre qu’une fois le racisme aboli, le dominé reste prisonnier de sa classe, et si l’on se contente des U.S.A, les problèmes d’une grande partie des non-blancs, n’en seront pas réglés pour autant.

      Au contraire, si les classes disparaissent , le racisme ne disparaitrait peut être pas, mais ses conséquences sur la vie des individus seraient, elles, nulles. A moins de recréer des classes fondées explicitement sur la « race », ce qui parait difficile au vue de nos connaissances scientifiques.

      Et vous le contredisez en rétorquant :

      En fait, de mon point de vue, il me semble que c’est tout le contraire . Le racisme étant un système de hiérarchisation, un classisme pur , « aveugle à la race » pourrait très bien en apparences disparaître sous cette forme et ne subsister que comme « pur » racisme - qui, en tant que système de hiérarchisation sociale, serait évidemment lourd de conséquences très matérielles pour les individus s’y trouvant infériorisés.

      Vous voyez bien que si je dis qu’une fois les classes disparues, le racisme n’a plus de prise sur les individus, vous ne pouvez élaborer votre réponse, en partant de l’idée qu’il y aurait des classes, à moins de penser qu’un monde sans classes est impossible.
      Votre commentaire ("il me semble que c’est tout le contraire") pourrait même laisser croire qu’une division de la société en classes économiques est un rempart contre une société divisée en classe selon la race.

      De mon côté, parmi les lectures conseillées, je n’ai lu pour l’instant que « Les femmes issues de l’immigration en Seine Saint-Denis » et « L’homme dominé » de Memmi. Et dans les deux, les auteurs notent l’importance primordiale de la domination économique, et notamment de la (sous ?) culture spécifique des classes opprimées, dans les rapports perçus comme racistes par celleux qui en sont victimes. Le premier explique clairement que ce n’est qu’avec la fin des usines que la « race » a pris le pas sur le statut économique. Et le second, nous parle bien plus de relations entre cultures différentes, notamment avec des religions différentes, que de luttes des races. Si ce n’est son affirmation, totalement erronée, voire préalablement raciste vous l’admettrez, selon laquelle il existerait une culture noire. Il suffit de regarder la multiplicités des cultures africaines subsahariennes pour se convaincre du contraire.
      Ces lectures me renforceraient plutôt sur la prépondérance de l’origine géographique (même fantasmée) et de la différence de coutumes, de pratiques, dans ce que l’on peut voir, et qui est nommé aujourd’hui, comme du racisme.

      Enfin l’article sur les femmes issues de l’immigration montre également que la discrimination de genre et la discrimination de race, ne fonctionnent pas de la même façon :

      Les jeunes femmes issues de l’immigration cumulent donc les discriminations dans l’accès à l’emploi comme l’ensemble des jeunes issus de l’immigration d’une part et les discriminations salariales comme l’ensemble des jeunes femmes. Au sein d’une même catégorie d’emploi la discrimination salariale liée à l’origine s’atténue, mais celle liée au genre ne diminue pas.

    • Vous voyez bien que si je dis qu’une fois les classes disparues, le racisme n’a plus de prise sur les individus, vous ne pouvez élaborer votre réponse, en partant de l’idée qu’il y aurait des classes, à moins de penser qu’un monde sans classes est impossible.
      Votre commentaire (« il me semble que c’est tout le contraire ») pourrait même laisser croire qu’une division de la société en classes économiques est un rempart contre une société divisée en classe selon la race.

      je me répète (je n’aurai pas l’occasion d’y revenir de quelques jours)

      _ L’interpénétration des catégories politiques de race et de classe est plus qu’attestée au sein de la littérature socialiste dès le XIXème siècle (j’emploie évidemment ici le mot socialiste en un sens qui n’a plus cours depuis plus d’un siècle) : la racialisation du prolétariat européen a longtemps structuré le discours capitaliste (j’ai la flemme de retourner chercher des références ce matin). Pour ma part, j’en conclus - mais d’autres l’ont très bien fait avant moi - qu’on ne peut se permettre de prétendre penser trop longtemps indépendamment les uns des autres ces systèmes (classisme, racisme, sexisme,... liste non exhaustive) et les catégories qui les caractérisent.

      Je ne peux faire mieux que vous inviter à envisager plus de complexité qu’il ne me semble en lire ici dans vos propos, et que cela puisse prendre du temps.
      Je n’ai pas cherché à vous _convaincre
      de quoi que ce soit.

      Si ce n’est peut-être de faire place à une chose : conçu comme universel, le modèle classiste issu des luttes révolutionnaires occidentales envisage pour des raisons historiques assez connues la société que les êtres humains - tou-te-s - se font depuis une position particulière : celle d’une chair à travail masculine, blanche. Aujourd’hui en panne, une partie des tenants de ce modèle, de ce paradigme, préfère jetter violemment l’opprobre (antisémites ! racialistes ! libéraux ! diviseurs ! déconstructivistes ! etc - la virulence est variable) sur celleux qui parlant depuis la position autre qui leur est faite au sein du même monde humain, ont aussi recours à d’autres outils pour le penser, et imposent, par leur simple accès à la parole, une conception plus complexe du même monde.

  • Fils et filles de... : les dessous d’une génération VIP
    Par Julien Bordier et Delphine Peras, publié le 11/09/2015

    Extraits, sur le site de L’Express, du livre « Fils et filles de... Enquête sur la nouvelle aristocratie française », par Anne-Noémie Dorion et Aurore Gorius. La Découverte, 208p.

    Enfants d’artistes, de politiques, de patrons, de sportifs aussi, ils bénéficient à plein de la notoriété et de la réussite de leurs parents. Les dynasties françaises ne se sont jamais aussi bien portées, comme le démontre une enquête édifiante sur les privilèges de ces nouvelles castes.

    On ne naît pas chanteur ni comédien, encore moins footballeur, réalisateur ou mannequin. On le devient. Mais quand on s’appelle Chedid, Zidane, Gainsbourg, Audiard ou Tapie, le chemin pour y parvenir est plus facile à emprunter. Combien d’"héritiers", pour reprendre le mot du sociologue Pierre Bourdieu, peuplent aujourd’hui le monde de la musique, du cinéma, de la mode ?

    Posséder un patronyme célèbre pour accéder aux loges VIP de la société française n’est plus seulement l’apanage des sphères politiques, économiques ou administratives. Même le football, terrain de jeu où l’on pensait que seule la méritocratie s’exerçait, est touché par le phénomène. Quand on parle de Thuram ou de Zidane, il s’agit désormais de Marcus, d’Enzo et de Luca, les fils des vainqueurs de la Coupe du monde de 1998 qui évoluent déjà à un haut niveau.

    Il y a cinquante ans, Pierre Bourdieu pointait la reproduction des élites. Au terme d’une enquête approfondie et difficile - sur le terrain -, les journalistes Aurore Gorius et Anne-Noémie Dorion détaillent de manière concrète le fonctionnement de cette nouvelle aristocratie française. Un ouvrage dense, qui questionne sérieusement le modèle républicain, où il est avéré que pour les « fils et filles de », l’entre-soi commence dès le plus jeune âge.

    http://www.lexpress.fr/culture/fils-et-filles-de-les-dessous-d-une-generation-vip_1713952.html

    #inégalités #classes-sociales #France #héritage

  • Griechenland : Das « System Schäuble » - Kultur - Süddeutsche.de
    http://www.sueddeutsche.de/kultur/zorneines-soziologen-mexikaner-europas-1.2582666

    @colporteur

    Les Grecs - les Mexicains de l’Europe ?

    (Un article de Stephan Lessenich, prof de sociologie à l’Université de Munich, publié par la Süddeutche Zeitung)

    "Ce qui est nouveau, c’est qu’avec « le sauvetage de la Grèce » le modèle de développement colonial revient en Europe, son lieu de naissance historique. Si le « modèle Tietmeyer » (comme l’avait appelé Pierre Bourdieu au sujet d’un président de la Bundesbank) se limitait encore à imposer une certaine forme de capitalisme débridé à l’espace européen, le « système Schäuble » annonce la phase suivante, ouvertement autoritaire, de transformation radicale de la société dans l’unique but de plaire aux marchés.

    Nous vivons en ce moment la colonisation intérieure de l’Europe : l’économie politique de l’impérialisme européen revient sur le vieux continent et, mieux encore, à l’intérieur des frontières de l’Union européenne. On pourrait aussi à bon droit parler d’un pas supplémentaire vers l’américanisation de l’Europe, car avec la Grèce - et une, deux,...beaucoup d’autres Grèces suivront - l’Union économique et monétaire européenne se fabrique une arrière-cour pour sa propre maison, une petite Amérique latine au bord de la Méditerranée.

    La population grecque fait à présent l’expérience sur son propre corps de ce que le colonialisme européen a fait subir pendant des siècles aux populations d’autres régions du monde que nous aimons tant aujourd’hui qualifier de « corrompues » ou d’économiquement « sous-développées ». La « politique de développement » qui caractérisait le régime colonial, à coup de perte de souveraineté étatique et d’appauvrissement voulu, revient à la maison - et ainsi l’Europe des Lumières, la si fameuse Europe des Lumières, si amoureuse d’elle-même, l’Europe d’une certaine façon fait retour vers elle-même.

    Mais cela passe par un détour via les Etats-Unis qui, en tant que démocratie post-coloniale, ont perfectionné le régime colonial : sous la forme des non moins célèbres « mesures d’ajustement structurel » dont les sociétés de l’autre côté du Rio Grande ont eu à se réjouir des décennies durant.

    Qui veut savoir ce qu’est une « mesure d’ajustement structurel » n’a plus à voyager dans des pays exotiques, il n’a qu’à lire ce que le premier ministre grec a dû avaler à Bruxelles : ouverture des marchés et grande braderie de la propriété publique, baisse des des allocations sociales et privatisation des infrastructures - le tout accompagné de l’humiliation du gouvernement national et d’une déstabilisation de la démocratie.
    (...)
    Les conséquences à prévoir sont évidentes - on a vu ce que la politique américaine a produit en Amérique latine : des millions de réfugiés économiques qui quittent leurs pays ruinés politiquement et saignés à blanc économiquement et s’aventurent sur une voie dangereuse pour atteindre les marges des sociétés riches et y tenter leur chance, au risque d’y être criminalisés comme « migrants illégaux » ou d’y être persécutés par une populace raciste.

    Les Grecs deviennent les Mexicains de l’Europe - et pendant que les Bulgares et les Roumains, tous soupçonnés d’être vaguement « Roms », sont encore une marche en-dessous d’eux, les Espagnols et Italiens « bien éduqués » tremblent déjà et se demandent combien de temps leur capital humain sera jugé utilisable dans les centres prospères du capitalisme européen.

    (traduction-minute I.B.)

    Das Neue ist, dass mit der „Griechenlandrettung“ das koloniale politisch-ökonomische Entwicklungsmodell endgültig nach Europa, an seine historische Geburtsstätte, zurückkehrt.

    #colonialisme #Grèce #Union_Européenne

  • Les Indigènes du Royaume : « Le harem de la taille 36 »
    http://bougnoulosophe.blogspot.fr/2015/06/le-harem-de-la-taille-36.html

    Naomi Wolf et Pierre Bourdieu en arrivent tous deux à la conclusion que ces « codes corporels » paralysent insidieusement l’aptitude des #femmes à entrer dans la course au pouvoir. même si le monde professionnel leur semble largement ouvert. Les règles du jeu sont différentes selon les sexes. Les ressources des femmes qui entrent dans la compétition sont à ce point dépendantes de leur aspect physique qu’on ne peut pas parler d’une #égalité des chances.

    « Une fixation culturelle sur la #minceur féminine n’est pas l’expression d’une obsession de la #beauté féminine. explique Wolf, mais d’une obsession de l’obéissance féminine. Le #régime est le plus puissant des sédatifs politiques qui ait jamais existé dans l’histoire de la femme ; une population qui reste calme dans sa folie est forcément docile. »

    La recherche, renchérit-elle, « confirme que la plupart des femmes savent trop bien qu’une surestimation de la minceur conduit à "la perte effective de toute estime personnelle et du sens de l’efficacité", et ( ...) qu’"une restriction calorique périodique ou prolongée" modèle une personnalité caractéristique dont les traits dominants sont la passivité, l’anxiété, et l’émotivité ».

  • La vie ratée de Philippe Val - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/La-vie-ratee-de-Philippe-Val

    Tel un Finkelkraut levé du mauvais pied, Philippe Val vient assurer, au micro de France Inter, la promotion de son dernier livre. Avec les mêmes hoquets d’indignation dans la voix, le voilà qui déverse sa haine contre la sociologie, ou plutôt contre le « sociologisme ».

    De Rousseau à Bourdieu, en passant par Lénine, Mao et Sartre (et pourquoi pas Staline et les goulags ?), la « gauche totalitaire » aurait imposé cette idée folle selon laquelle les individus ne sont pas que des êtres libres, tout entier responsables de leurs actes. Une idée criminelle diffusée par une discipline accusée de tous les maux : la sociologie, que notre valeureux défendeur de la liberté qualifie, n’ayons pas peur du ridicule, de « pensée totalitaire molle ». Déresponsabilisation des individus, négation du libre artibre, apologie des opprimés, voilà à quoi se réduirait, selon Philippe Val, la sociologie.

    Inutile de rappeler à Philippe Val que celle-ci s’est construite sur la réfutation d’un certain déterminisme pour montrer que les individus sont façonnés, ni par leurs gènes, ni par leur « race », mais par le social. Et que cette approche laisse justement entrevoir des marges de manœuvre et des possibilités de transformation là où le conservatisme ne cesse de rappeler les lois « naturelles ».

    Inutile de mentionner toutes les enquêtes, statistiques notamment, qui montrent comment le social, à travers le milieu d’origine ou encore le sexe, contraint les individus : non pas en leur assignant un destin à la naissance, mais en pesant sur leurs choix, en dessinant des trajectoires probables, bref en limitant les possibles.

    Non, les idées ne viennent pas du ciel ; les goûts ne sont pas « dans la nature », et le destin des individus ne dépend pas que de leurs efforts. Mais inutile d’expliquer tout cela à Philippe Val tant il semble pris (déterminé ?) par l’idéologie réactionnaire et, osons le mot, ses positions de pouvoir. De la chanson contestataire à la présidence de France Inter en passant par Charlie Hebdo, où il impose dans les années 2000 un violent tournant néo-conservateur : est-ce que son invocation grandiloquente de la Culture et de la Liberté et sa pseudo éthique de vie doublée d’une leçon de morale aux ratés n’auraient pas quelque chose à voir, justement, avec cette trajectoire sociale ?

    Mais arrêtons là le sociologisme ! Et revenons au plus grave dans cette diatribe en réalité aussi bête qu’ancienne. Etait-ce d’ailleurs la peine de la signaler ? Non sans doute, si ce n’est pour ce passage hallucinant dans lequel de « société » en « système », de « riches » en « juifs », Philippe Val finit tout bonnement par traiter les sociologues d’antisémites.

    « Accuser le système, la mécanique intellectuelle qui consiste à dire c’est la faute au système, ensuite c’est la faute à la société, ensuite c’est la faute à un bouc émissaire forcément, ensuite la faute aux riches, et ensuite d’avatar en avatar (sic), on arrive toujours à la faute aux juifs. »

    Cette accusation, seul Jean-Claude Milner jusque là l’avait glissée, dans une émission de Finkelkraut en 2009, à propos des Héritiers de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron. A l’époque même ce dernier avait, stupéfait, esquissé une protestation ; en 2015, Patrick Cohen ne dit mot. Au nom de la liberté ?

    #promo

  • « Coluche, un clown ennemi d’Etat » (2011)
    http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/05/02/coluche-un-clown-ennemi-d-etat_4406904_3246.html

    Conseillé par quelques amis issus de l’extrême gauche (Romain Goupil et Maurice Najman) et soutenu par l’équipe d’Hara Kiri, Coluche rallie une partie des intellectuels (Alain Touraine, Félix Guattari, Gilles Deleuze, Pierre Bourdieu) et de nombreux Français qui se reconnaissent dans sa gouaille et son franc-parler.

    En quelques mois, il est crédité de 16 % d’intentions de vote. Un score qui inquiète autant la droite que la gauche. Mais, en avril 1981, au grand dam de ses comités de soutien, il annonce son retrait de la course présidentielle.

    #film #documentaire #RG #surveillance #fichage #mai_68 “honneur de la police” #censure

  • « Thomas Piketty, la France et la méritocratie », par Jean-Pierre Dupuy (Le Monde, 10/03/2015)
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/10/thomas-piketty-la-france-et-la-meritocratie_4590638_3232.html

    Le succès quasi planétaire du livre de Thomas Piketty, Le #Capital au XXIe siècle (Seuil, 2013), a quelque chose de troublant. C’est comme si la simple publication de données statistiques sur les #inégalités de richesse et de revenu avait une portée morale et politique immédiate, comme si les faits pouvaient à eux seuls constituer des valeurs, ce qui, en bonne philosophie, est un passage indu.

    Des siècles de réflexions et de débats nous ont en effet appris que le sens attribué aux inégalités dépendait fortement du contexte social et moral dans lequel elles se situent. Opposant les sociétés démocratiques aux temps aristocratiques, Tocqueville écrivait ainsi dans De la démocratie en Amérique : « Quand l’inégalité est la loi commune d’une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l’œil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent. C’est pour cela que le désir de l’égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l’égalité est plus grande. »

    Au sujet de la #France, Piketty affirme trois choses : la méritocratie est une des valeurs phares de la République ; c’est pourquoi les inégalités sont le plus souvent justifiées par le mérite ; cette justification est un masque qui cache une réalité plus sordide.

    Sur les deux derniers points, on croirait lire du Pierre Bourdieu (La Reproduction, 1970), mais pas sur le premier point. Car, jamais Bourdieu n’aurait considéré le mérite comme une #valeur devant être récompensée !

    Nous avons tous appris de Bourdieu à suspecter le vernis hypocrite des légitimités qui masque les rapports de force. La priorité de la sociologie critique est de dénoncer la « transmutation de l’héritage social en grâce individuelle ou en mérite personnel ». Le système d’enseignement se dit capable de sélectionner « les meilleurs » (ceux que la nature a dotés largement en capacités et talents, et qui font l’effort de les développer) et d’assurer leur succès dans la vie, alors qu’il ne fait en réalité que reproduire le classement social de départ, tout en le consacrant au moyen de la fiction du mérite individuel.

    En vérité, la cible de la sociologie critique n’est pas tant la méritocratie que la #hiérarchie. Le voile qu’il s’agit de lever est moins celui de la bourgeoisie que celui de la société d’ordres et de castes.

    Et là on retrouve l’idée de #race (au sens de l’abbé Siéyès, confère le prochain numéro de @vacarme, mais aussi au sens de Nietzsche).

    Le bourgeois, c’est le « parvenu » - parvenu à se hisser au faîte de l’échelle sociale au prix d’efforts dont il va jusqu’à se flatter. Le grossier personnage. La méritocratie du travail et de la peine est surtout coupable de naïveté aux yeux de la sociologie critique : elle trahit la vérité honteuse de l’ordre social, faite de conflit et d’arbitraire.

    Non, c’est au noble, à celui qui possède sans jamais s’être donné la peine d’acquérir, qu’il s’agit d’abord de rabaisser le caquet. D’ailleurs, qui méprise qui ? Est-ce le bourgeois qui méprise l’aristocrate ? Dans la pièce inénarrable d’Octave Mirbeau, Les affaires sont les affaires (1903), le noble de Porcelet répond au bourgeois Lechat qui lui propose une alliance : « Vous pouvez tout nous acheter, nos biens, nos titres, nos filles, mais pas la manière de s’en servir ! »

    Entre les #valeurs de l’acquis et du faire et les valeurs de la naissance, de l’essence et de la nature, la hiérarchie propre aux sociétés aristocratiques a toujours placé les secondes au sommet. Mais c’est aussi le cas, par mimétisme, des sociétés bourgeoises qui ne sont pas en reste pour mépriser la « marque roturière de l’effort ». L’élève que l’on admire n’est pas celui qui réussit en se tuant à la tâche. C’est celui à qui tout est donné et qui caracole en tête les doigts dans le nez.

    Là l’auteur exagère. Philosophe et professeur à l’université Stanford, en #Californie, il devrait peut-être songer à prendre un peu l’air pour voir. Puisqu’on parle de valeurs, il y a là un un glissement de la France aux Etats-Unis (#idéologie_californienne ?).

    Le livre de Piketty montre bien que le #capitalisme redevient un monde d’héritiers. Mais il correspond en cela à l’#idéologie profonde des Français. Ceux-ci ne sont-ils pas bien davantage opposés aux droits de succession qu’à l’impôt sur le revenu ? Contrairement à ce que Piketty pense, les faits et les valeurs sont donc bien en phase. Même si cela ne veut évidemment pas dire que ces valeurs échappent à la critique.

    via @opironet

  • Les syncrétismes douteux

    "Les années 30 reviennent d’une certaine façon, partiellement, pas seulement, de manière déplacée, avec des inclinations plus soft, associées à des traits inédits de la période actuelle. Pour mieux nourrir l’analogie historique, il m’est paru utile de revenir sur quelques recherches que la sociologie et l’histoire leur ont consacrées.

    Nous en tirerons des repères comparatifs qui nous aideront à éclairer les quatre parties suivantes, focalisées quant à elles sur notre présent immédiat. Des ressemblances et des dissemblances commenceront à se faire jour.

    Chapitre 1 : Bourdieu et l’humeur idéologique « révolutionnaire conservatrice » de l’Allemagne de Weimar

    Le livre que Pierre Bourdieu a consacré à L’ontologie politique de Martin Heidegger [1] est le premier à nous orienter vers les années 30, dans l’Allemagne de Weimar, c’est-à-dire la République démocratique en place entre 1918 et 1933. Le premier chapitre de cet ouvrage de Bourdieu est à recommander à tous ceux qui s’alarment de la situation actuelle et sont en quête d’outils de compréhension.

    On y trouve tout d’abord des pistes quant à certaines ressemblances entre notre air du temps et celui de l’époque pré-nazie. Le plus frappant renvoie à la notion éclairante de « révolution conservatrice » afin de rendre compte des productions idéologiques décryptées par Bourdieu. Comme aujourd’hui en France, le conservatisme ne se présentait pas comme une défense pépère de l’ordre établi, un simple appel à la conservation de ce qui existait. Il se voulait au contraire « révolutionnaire », en butte avec l’ordre établi. Il s’agissait de retrouver et de restaurer des valeurs, des institutions et des sociabilités perdues, ou en crise, via un changement radical. Les « révolutionnaires conservateurs » occupaient alors le terrain de la critique du monde tel qu’il va. C’est pour souligner cette proximité que je parlerai pour la France d’aujourd’hui de néoconservatisme, et non pas simplement de conservatisme en un sens courant. On doit noter toutefois que l’accent « révolutionnaire » d’hier est affadi en rebellitude à double face (Alain Soral/Éric Zemmour) et mis en spectacle dans les médias (pourtant vitupérés !) et sur internet dans notre présent glauque.

    Cependant, plus encore que sur le contenu de cette variante « révolutionnaire » du conservatisme, l’apport principal de Bourdieu consiste dans le décryptage des mécanismes de production de ce qu’il nomme une « humeur idéologique » ; humeur idéologique « völkisch » (ou justement « révolutionnaire conservatrice »)[2]. Bourdieu décrit un « discours confus, syncrétique », doté de « "sources" innombrables, qui jaillissent de toutes parts », dans la logique « d’une configuration idéologique faite de mots fonctionnant comme des exclamations d’extase ou d’indignation et de thèmes demi-savants réinterprétés, produits "spontanés" d’inventions individuelles objectivement orchestrées »[3]. Ces origines multiples apparaissent objectivement orchestrées sans coordination consciente et associées à un « accord affectif des phantasmes partagés qui donnent l’apparence à la fois de l’unité et de l’infinie originalité »[4]. Malgré les différences et les oppositions dans l’espace de production idéologique du « conservatisme révolutionnaire » - ce qu’il appelle sa « diversité kaléidoscopique »[5] -, le sociologue note « ces innombrables rencontres thématiques et lexicologiques qui sont autant de renforcements mutuels »[6] ; l’ensemble se tenant « comme un château de cartes »[7].

    Cette galaxie diversifiée trouvait aussi des cohérences partielles dans l’opposition à ceux qu’elle avait pris pour cible dans la culture de Weimar :

    « Elle se déduit, par simple inversion de signe, des propriétés de ses adversaires : francophiles, juifs, progressistes, démocrates, rationalistes, socialistes, cosmopolites, les intellectuels de gauche (dont Heine constitue le symbole) appellent en quelque sorte leur négation dans une idéologie nationaliste »[8].

    Les cibles ont aujourd’hui, pour partie, changé – les « bobos de gauche », les antiracistes, les immigrés, les internationalistes, « la communauté homosexuelle », les journalistes,…encore les juifs pour certains (Alain Soral) ou les musulmans pour d’autres (Éric Zemmour)… -, mais les mécanismes restent similaires.

    Une des hypothèses principales de ce livre pose l’existence de logiques analogues à celles décryptées par Bourdieu dans la France d’aujourd’hui (mais cela pourrait être étendu à l’Europe, avec des spécifications, des décalages, des bémols ou des contre-exemples en fonction de l’histoire des différents pays). Ainsi une humeur néoconservatrice à tonalités xénophobes-machistes-homophobes-nationalistes se consoliderait aujourd’hui dans l’espace public, à travers un double canal plus officiel, dans les grands médias, et plus underground sur internet.

    Á la suite de Bourdieu, il ne s’agit pas de traiter le tissage en cours du néoconservatisme à la manière des théories du complot, c’est-à-dire comme le produit d’un plan concerté et caché de forces maléfiques. On doit plutôt l’envisager comme réalisé de manière éclatée dans différents secteurs de l’espace idéologique et politique, par des protagonistes qui peuvent être opposés entre eux, autant manipulés par les circonstances que manipulateurs. Ainsi pourrait être assurée la stabilisation de thèmes transversaux dans l’espace idéologique et politique, à travers des interférences entre droite et gauche, extrême droite et gauche radicale, nationalisme et anticapitalisme, sans que personne n’en ait organisé explicitement et consciemment la coordination, avec au mieux des protagonistes ayant une vision partielle du processus.

    Cette humeur idéologique néoconservatrice est susceptible de devenir un terreau culturel et intellectuel favorable à l’installation politique d’un « postfascisme » sous la forme partisane du Front national. Il faut ici être précis sur les mots : terreau culturel et intellectuel ne signifie ni cause, ni motivation. Je m’inspire, ce faisant, d’indications méthodologiques fournies par l’historien Roger Chartier à propos d’une autre période, la Révolution française :

    « Attribuer des "origines culturelles" à la Révolution n’est aucunement établir des causes, mais plutôt repérer certaines des conditions qui l’ont rendue possible, possible parce que pensable. »[9]

    Les causes et les motivations des résultats électoraux du FN sont diverses et mobiles selon les analyses disponibles depuis sa première percée à Dreux en 1983[10]. Un terreau culturel et intellectuel, c’est davantage une condition qu’une cause, et cela participe au processus d’homogénéisation idéologique partielle d’un vote et d’un militantisme fort polyphoniques. Or, les analyses de Jean-Claude Kaufmann dans Identités, la bombe à retardement[11] montrent que nos sociétés individualistes-capitalistes à idéaux démocratiques, alors qu’elles sont affectées par une « crise de civilisation », sont particulièrement vulnérables à l’action politique d’entrepreneurs en identités collectives fermées, et notamment à celles porteuses de ce que le sociologue nomme « le national-racisme »...."

    Philippe Corcuff

    [1] P. Bourdieu, L’ontologie politique de Martin Heidegger (version actualisée d’un article paru en 1975), Paris, Minuit, collection « Le sens commun », 1988.

    [2] Ibid., p.16 ; « völkisch » vient de volk, peuple ou nation en un sens ethnique.

    [3] Ibid., pp.16-17.

    [4] Ibid., p.17.

    [5] Ibid., p.36

    [6] Ibid., p.24.

    [7] Ibid., p.31.

    [8] Ibid., p.33.

    [9] R. Chartier, Les origines culturelles de la Révolution française, Paris, Seuil, collection « L’Univers Historique », 1990, p.10.

    [10] Pour une synthèse critique des travaux sociologiques et politologiques sur le Front national de Jean-Marie Le Pen, voir Jacques Le Bohec, Sociologie du phénomène Le Pen, Paris, La Découverte, collection « Repères », 2005.

    [11] J.-C. Kaufmann, Identités, la bombe à retardement, Paris, Textuel, collection « Petite Encyclopédie Critique », 2014.

    #Révolution_conservatrice
    #syncrétisme

  • Blâmer la victime

    « Et, par un simple renversement des causes et des effets, on peut « blâmer la victime » en imputant à sa nature la responsabilité des dépossessions, des mutilations ou des privations qu’on lui fait subir. Entre mille exemples, dont les plus remarquables sont sans doute ceux qu’engendraient la situation coloniale, on retiendra une perle empruntée à Otto Weininger qui, dans une œuvre se réclamant de la philosophie kantienne, décrivait les Juifs et les femmes comme les incarnations les plus pernicieuses de la menace d’hétéronomie et de désordre à laquelle le projet d’ Aufklärung est exposé : tenant le nom propre et l’attachement à ce nom pour une « dimension nécessaire de la personnalité humaine », il reprochait aux femmes la facilité avec laquelle elles abandonnent leur nom et prennent celui de leur mari, pour conclure, que « la femme est par essence sans nom et cela parce qu’elle manque, par nature, de personnalité ». On a là le paradigme de tous les paralogismes de la haine raciste, dont on pourra trouver des exemples chaque jour dans les discours et les pratiques à propos de tous les groupes dominés et stigmatisés, femmes, homosexuels, Noirs, immigrés, dépossédés, ainsi déclarés responsables du destin qui leur est fait ou rappelés à l’ordre de l’ « #universel » dés qu’ils se mobilisent pour revendiquer les droits à l’universalité qui leur sont, en fait, refusés... »

    [Pierre #Bourdieu, "Méditations pascaliennes"]

  • Philippe Val a déjoué un complot : Acrimed gangrène la formation des journalistes ! - Acrimed | Action Critique Médias
    http://www.acrimed.org/article4570.html#nh2

    Ayatollah en charge de l’épuration du journalisme, des médias et de la critique des médias, Philippe Val, patron licencieur (de Siné, Porte et Guillon) et chasseur de têtes, n’est jamais en panne d’inspiration : la liste est longue de ses mensonges et calomnies d’une insondable bêtise. Et elle vient de s’allonger…

    Il y a peu, parmi les facteurs qui expliqueraient selon lui « la crise que traverse le journalisme », Philippe Val avait découvert celui-ci, sans doute le principal : « On peut relever l’intérêt des jeunes journalistes pour l’idéologie de Bourdieu selon laquelle les dominants ont toujours tort et les dominés toujours raison » [1]. Pierre Bourdieu, c’est connu, a soutenu une pareille imbécilité ! Mais c’est dans le Causeur du mois de février que nous découvrons une nouvelle façon originale de présenter, toujours en le dénigrant, le rôle qu’a pu jouer la critique radicale des médias, et en particulier Acrimed. Élisabeth Lévy déclare (p. 93), non sans déploration sous-entendue, « [que] la dénonciation de "l’islamophobie" bat son plein » : une occasion pour Philippe Val d’affirmer avec un sens subtil de l’à-propos :

    Si elle n’était produite par un psychiatre [2], cette prose inquiéterait véritablement pour les capacités intellectuelles de son auteur. Mais, en grand penseur qu’il est [3], peut-être Philippe Val a-t-il été trop vite pour nous.

    #Philippe_Val #Inter #Charlie #Acrimed #théorie_du_complot

  • Devenir des femmes respectables, Classe et genre en milieu populaire
    http://agone.org/lordredeschoses/desfemmesrespectables

    « On est sorties à Manchester l’autre samedi, toutes les trois. C’était bien en fait, on s’est bien marrées. Mais à un moment on est allées dans le quartier bourge, et on se marrait devant les chocolats en se demandant combien on en aurait mangé si on avait pu se les payer, et il y a cette femme qui nous a lancé un regard. Si les regards pouvaient tuer. Genre, on était là, c’est tout, on faisait rien de mal, on n’était pas crades ni rien. Elle nous a juste regardées. On aurait dit que c’était chez elle et qu’on n’avait rien à faire là. Ben tu sais quoi, on est parties, on n’a plus rien dit pendant une demi-heure. T’imagines ? On s’est bien fait remettre à notre place. On aurait dû lui mettre notre poing dans la gueule. C’est des trucs comme ça qui te dégoûtent de sortir. Il vaut mieux rester chez soi. »

    La matière première de ce livre est une série d’entretiens menés par Beverley Skeggs avec quatre-vingt-trois jeunes femmes issues de la classe ouvrière anglaise, inscrites à une formation d’aide à la personne et travaillées par leur propre respectabilité. Abordant leur rapport à la sexualité, à la classe ou au féminisme, cet ouvrage vient apporter un prolongement essentiel aux travaux de Pierre Bourdieu et de Paul Willis.

    #femmes #genre #classe #féminisme #livre #sociologie #Agone

  • L’effet Manet, par Pierre Bourdieu
    http://www.monde-diplomatique.fr/2013/11/BOURDIEU/49770

    Le peintre Edouard Manet incarne la révolution esthétique qui, à la fin du XIXe siècle, vit le renversement de l’art académique au profit de formes et de règles nouvelles, moins imposées par l’Etat que par les artistes eux-mêmes. A cette transformation qui structure aujourd’hui encore notre regard, le sociologue Pierre Bourdieu a consacré deux années de cours au Collège de France.

  • Philippe Boula de Mareüil : « Les #accents participent à la richesse de notre #langue »
    http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/12/24/les-accents-participent-a-la-richesse-de-notre-langue_4545939_3246.html

    L’accent de #banlieue est l’un des plus stigmatisés, d’où le développement d’entreprises de « coaching » pour effacer une prononciation particulière que l’on relève chez certains jeunes de milieux défavorisés, vivant dans des cités de banlieues populaires. L’expression « accent de banlieue » vise une classe d’âge et une catégorie sociale précises. #Alain_Finkielkraut a récemment déploré cette façon de parler en ces termes : « Mes parents avaient un très fort accent, mais pas moi. Ce n’était pas possible que j’en aie un puisque j’étais né en #France. » Je m’inscris en faux par rapport à ce #raccourci simplificateur, qui ­concentre trop de #préjugés. »

  • 20 ans de critique des médias, avec Serge Halimi, Pierre Carles, Philippe Poutou, les cheminots...
    http://upbordeaux.fr/Evenements#ancre_189

    Une après-midi d’éducation populaire qui promet, avec @mdiplo en la personne de Serge Halimi lui-même, et son vieil ami Pierre Carles. :)

    C’est à Bordeaux, mardi 11 novembre après-midi, au centre social St-Michel.

    C’est l’heure du bilan (même un jour férié). L’heure du bilan critique. Cela va faire 20 ans que Pierre Bourdieu sortait « Sur la télévision », petit livre qui fit grands bruits, aussi bien dans la polémique qu’il provoqua que comme succès de librairie inattendu (100 000 exemplaires vendus et traduit en 26 langues). Le sociologue y prouvait une homogénéisation croissante de l’information soumise aux lois du marché et de la concurrence. Les légendes auto-satisfaisantes sur l’indépendance et la pluralité volaient en éclats au milieu des cris d’orfraie de quelques-uns.

    20 ans après qu’est-ce qui a changé ? Et surtout, le mouvement de critique des médias, où en-est-il aujourd’hui ? Qu’a t’il accompli ? Quelles ont été ses erreurs ? Quelles sont ses perspectives ?

    Nos deux invités participent de ce mouvement depuis longtemps. L’un, rescapé de la télévision avec ses documentaires montrant les coulisses du journalisme, l’autre au Monde Diplomatique se battant pour un journal indépendant d’analyses politiques et internationales choisissant le parti de l’émancipation.

    Nous creuserons ça trois heures durant avec eux. Mais pas qu’avec eux, avec vous aussi, comme le veulent nos habitudes d’éducation populaire politique à l’UPB. Donc pas de grande messe mais plutôt au menu des débats mouvants et autres ateliers où vous pourrez vous exprimez. Et s’il y a quelques motivés parmi nous, qui sait, peut-être envisagerons nous sérieusement des pistes concrètes d’actions locales liées à la critique des médias. Du moins c’est notre souhait.

    #agenda #2014-11 #2014-11-11 #Bordeaux #Serge_Halimi #Pierre_Carles #Pierre_Bourdieu #Bourdieu #critique_médias #éducation_populaire

    (promis, dans pas longtemps l’UP aura des meilleurs URL plus pérennes)

  • Transformer les hontes individuelles en hontes collectives (Intermedes)
    http://recherche-action.fr/intermedes/2014/10/16/transformer-les-hontes-individuelles-en-hontes-collectives

    [Pierre Bourdieu] nous livre ici un grand secret sur la honte. Sentiment individuel par excellence, la honte dissimule toujours à celui qui en souffre, celui qui en a fait les frais, la part qu’y a pris l’organisation sociale, qui l’entoure.

    La honte fonctionne ainsi comme un contre feu : elle replie sur soi même, invite au découragement, à l’abandon de toute lutte et revendication. Elle pousse à se retrancher , se cacher… celui qui serait d’abord fondé à réclamer des comptes à son entourage.

    Serge Tisseron, dans La Honte décrit cette même réalité sous un aspect plus psychologique et individuel : celui qui ressent la honte n’est jamais celui qui a eu le comportement honteux ; mais plutôt celui qui en a été victime : sali, humilié, ignoré, renvoyé.

    […]

    Mais Bourdieu va plus loin, il nous indique la issue seule possible : le renvoi et le partage de toutes ces hontes d’enfants vers le collectif, vers la société.

    Nous ne sortirons pas des situations honteuses de maltraitances, négligences, déscolarisations, errances, solitudes, absences et refus de soins tant que ceux qui sont chargés de les prodiguer, de les assurer ne dénonceront pas aussi la honte à laquelle ils contribuent malgré eux.

    […]

    C’est sur le terrain que nous apprenons et découvrons où se tiennent les vraies racines de la honte.

    #pédagogie_sociale #honte #collectif #contre_feu

  • 17 octobre 1961 - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/17-octobre-1961

    En guise d’appel au rassemblement qui aura lieu à Paris vendredi 17 octobre, à 18h au Pont Saint Michel, pour le cinquante-deuxième anniversaire du massacre d’octobre 1961, nous reproduisons ici une brève déclaration de Pierre Bourdieu qui réussit, en peu de mots, à résumer l’enjeu de cette commémoration. Elle a été écrite, initialement, pour un Colloque organisé en 2001 à l’Assemblée Nationale par l’association 17 Octobre 1961 Contre l’Oubli et intitulé « 17 octobre 1961 : massacres d’Algériens sur ordonnance ? ».

    Par Pierre Bourdieu
    J’ai maintes fois souhaité que la honte d’avoir été le témoin impuissant d’une violence d’État haineuse et organisée puisse se transformer en honte collective. Je voudrais aujourd’hui que le souvenir des crimes monstrueux du 17 octobre 1961, sorte de concentré de toutes les horreurs de la guerre d’Algérie, soit inscrit sur une stèle, en un haut lieu de toutes les villes de France, et aussi, à côté du portrait du Président de la République, dans tous les édifices publics, Mairies, Commissariats, Palais de justice, Écoles, à titre de mise en garde solennelle contre toute rechute dans la barbarie raciste.

    #racisme #17_Octobre_1961 #répression #crime_d'état #Pierre_Bourdieu #FLN

  • Pour y voir plus clair, le journalisme politique au prisme de la « lunettologie » - Acrimed | Action Critique Médias
    http://www.acrimed.org/article4395.html

    Reste qu’au terme des ces « analyses », on ne peut que souscrire – en le transposant à la presse écrite – au propos de Pierre Bourdieu qui dans son ouvrage Sur la télévision, soulignait que « si l’on emploie des minutes si précieuses pour dire des choses si futiles, c’est que ces choses si futiles sont en fait très importantes dans la mesure où elles cachent des choses précieuses. (…) en remplissant ce temps rare avec du vide, du rien ou du presque rien, on écarte les informations pertinentes que devrait posséder le citoyen pour exercer ses droits démocratiques. »

  • Il y a 20 ans : Discours aux cheminots grévistes, Paris, Gare de Lyon, 12 décembre 1995
    http://blog.europa-museum.org/post/2014/06/17/Il-y-a-20-ans-soutien-aux-cheminots

    Cette opposition entre la vision à long terme de « l’élite » éclairée et les pulsions à courte vue du peuple ou de ses représentants est typique de la pensée réactionnaire de tous les temps et de tous les pays ; mais elle prend aujourd’hui une forme nouvelle, avec la noblesse d’État, qui puise la conviction de sa légitimité dans le titre scolaire et dans l’autorité de la science, économique notamment : pour ces nouveaux gouvernants de droit divin, non seulement la raison et la modernité, mais aussi le mouvement, le changement, sont du côté des gouvernants, ministres, patrons ou « experts » ; la déraison et l’archaïsme, l’inertie et le conservatisme du côté du peuple, des syndicats, des intellectuels critiques. Source : Musée de l’Europe et de (...)

    • Pierre Bourdieu : Combattre la technocratie sur son terrain. - 12/12/95
      http://www.homme-moderne.org/societe/socio/bourdieu/Bcombtec.html

      Combattre la technocratie sur son terrain.
      pierre bourdieu
      Discours aux cheminots grèvistes, Paris, Gare de Lyon, 12 décembre 1995.

      Je suis ici pour dire notre soutien à tous ceux qui luttent, depuis trois semaines, contre la destruction d’une civilisation, associée à l’existence du service public, celle de l’égalite républicaine des droits, droits à l’éducation, à la sante, à la culture, à la recherche, à l’art, et, par-dessus tout, au travail. Je suis ici pour dire que nous comprenons ce mouvement profond, c’est-à-dire à la fois le désespoir et les espoirs qui s’y expriment, et que nous ressentons aussi ; pour dire que nous ne comprenons pas (ou que nous ne comprenons que trop ) ceux qui ne le comprennent pas, tel ce philosophe qui, dans le Journal du Dimanche du 10 décembre, découvre avec stupéfaction « le gouffre entre la compréhension rationnelle du monde », incarnée selon lui par Juppé - il le dit en toutes lettres -, « et le désir profond des gens ».

      pointg.gif (57 octets) Cette opposition entre la vision à long terme de « l’élite » éclairée et les pulsions à courte vue du peuple ou de ses représentants est typique de la pensée réactionnaire de tous les temps et de tous les pays ; mais elle prend aujourd’hui une forme nouvelle, avec la noblesse d’Etat, qui puise la conviction de sa légitimité dans le titre scolaire et dans l’autorité de la science, économique notamment : pour ces nouveaux gouvernants de droit divin, non seulement la raison et la modernité, mais aussi le mouvement, le changement, sont du côté des gouvernants, ministres, patrons ou « experts » ; la déraison et l’archaïsme, l’inertie et le conservatisme du côté du peuple, des syndicats, des intellectuels critiques.

  • Roland Gori : « La vie devient un mode d’emploi » - Libération
    L’apport essentiel de Roland Gori, c’est de lier psychanalyse et sociologie politique, de relire Hannah Arendt ou Pierre Bourdieu à la lumière de Freud et Lacan. Retour sur les notions de culpabilité, dépendance et obsession à l’ère pragmatique des « sociétés de la norme ».
    http://www.liberation.fr/livres/2014/02/05/la-vie-devient-un-mode-d-emploi_978135
    #Gori #psychanalyse #normes #évaluation #Arendt #sociologie #politique

  • Classes et #culture
    http://www.laviedesidees.fr/Classes-et-culture.html

    Il y a trente ans, La #distinction de Pierre #Bourdieu a posé les bases d’une réintégration des éléments culturels dans la réflexion sur le capital. Cette thèse reste-t-elle valide aujourd’hui ? Philippe Coulangeon évoque les métamorphoses de la distinction dans un monde marqué par les #inégalités de patrimoine et les mutations de la légitimité culturelle.

    Livres & études

    / Bourdieu, distinction, inégalités, culture, #sub-culture, légitimité

    #Livres_&_études #légitimité

  • Le capital culturel classe-t-il encore ?
    http://www.laviedesidees.fr/Le-capital-culturel-classe-t-il.html

    Un ouvrage collectif s’est penché sur la pertinence et les enjeux d’une relecture contemporaine du livre de Pierre #Bourdieu, La #distinction, publié en 1979. Il en ressort une discussion critique d’une grande vitalité, tant du point de vue des positions par rapport aux thèses de l’ouvrage, des thèmes ou de l’origine des chercheurs qui s’approprient ce livre.

    Livres & études

    / Bourdieu, distinction, #classes_sociales, #culture

    #Livres_&_études

  • #Bourdieu l’hérésiarque
    http://www.laviedesidees.fr/Bourdieu-l-heresiarque.html

    La #révolution symbolique opérée par Manet exige pour être comprise de rompre avec les représentations traditionnelles de l’histoire de l’art — ce qui implique une autre révolution dans les esprits. Derrière le portrait de Manet se profile un autre hérésiarque : Pierre Bourdieu lui-même.

    Livres & études

    / #histoire_de_l'art, #sociologie, révolution, Bourdieu

    #Livres_&_études

  • La grandeur de Manet
    http://www.laviedesidees.fr/La-grandeur-de-Manet.html

    Après les cours sur l’État, la publication des cours de Pierre #Bourdieu consacrés à Édouard Manet, suivis d’un manuscrit rédigé avec Marie-Claire Bourdieu, permet de voir le sociologue au travail. Introduction pédagogique aux finesses d’un édifice théorique dédié à l’enquête, loin de la dimension statique et close des synthèses abstraites, l’ouvrage étudie la « révolution symbolique » de Manet et son rôle de « créateur de champ ».

    Essais & débats

    / #sociologie, #art_moderne, Bourdieu

    #Essais_&_débats