person:pierre-andré

  • Trois ans après l’intox sur une pseudo attaque contre l’Hôpital Necker, il semblerait que #Martin_Hirsch n’ait pas compris la leçon. Il annonce ce soir :

    Plein soutien aux équipes de @HopPitieSalpe qui ont fait face à une bande de manifestants/casseurs dans une tentative d’intrusion violente dans le service de réanimation chirurgicale ! Et qui ont empêché la mise en danger de patients. Merci à la police. Plainte @APHP sera déposée.
    https://twitter.com/MartinHirsch/status/1123625089088532481

    Dans la foulée, le ministre de l’intérieur #Christophe_Castaner surenchéri :

    Ici, à la Pitié-Salpêtrière, on a attaqué un hôpital. On a agressé son personnel soignant. Et on a blessé un policier mobilisé pour le protéger. Indéfectible soutien à nos forces de l’ordre : elles sont la fierté de la République.
    https://twitter.com/CCastaner/status/1123664392011304961

    Sauf que très vite des vidéos et témoignages remontent. La première vidéo qui contredit la version d’une attaque a été publiée un peu avant 22h sur twitter. Et des témoignages écrits circulent sur facebook. J’ai tenté un suivi par ici et sur twitter le soir même (https://twitter.com/ValKphotos/status/1123711083229925377) mais le mieux est de suivre le signalement 746 de @davduf, vidéos à l’appui :

    allo @Place_Beauvau - c’est pour un signalement - 746 « J’ai vu ces manifestants à l’entrée de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière qui voulaient se réfugier parce que une colonne de CRS arrivait par le haut du boulevard (...) » Paris, #1erMai, 16h environ, source courriel
    https://twitter.com/davduf/status/1123717931655995393

    allo @Place_Beauvau - c’est pour un signalement - 746 (précisions 1) « (...) puis la commissaire a repéeré ces gens à l’entrée, elle ordonne à ses policiers de rentrer et de les dégager, et c’est là où la vidéo commence » Paris, #1erMai, 16h environ, source : courriel
    https://twitter.com/davduf/status/1123718112489234433

    allo @Place_Beauvau - c’est pour un signalement - 746 (précisions 2) Pitié-Salpêtrière, autre angle de vue. Paris, #1erMai, 16h environ, source : @happle26
    https://twitter.com/davduf/status/1123718404479815680

    @Place_Beauvau - c’est pour un signalement - 746 (précisions 3) Pitié-Salpêtrière, autre angle de vue, un peu plus tard Paris, #1erMai, 16h environ, source : @happle26
    https://twitter.com/davduf/status/1123718704565510145

    //edit : Pour retrouver l’ensemble des 23 « précisions », comme il les appelle, c’est par là : https://twitter.com/search?q=from%3A%40davduf%20%22allo%20%40Place_Beauvau%20-%20c%27est%20pour

    D’autres témoignages & vidéos suivent, y’aura sans doute un ou deux articles de médias libres qui raconteront plus en détail tout ça demain, mais il vaut mieux contrer l’intox au plus vite...
    D’après tous les témoignages que j’ai vu sur ce 1er mai à Paris, ça a été nasse générale et gazages non-stop avant même que le cortège démarre. Beaucoup de personnes ont paniqué, coincées entre les grenades lacrymo ou désencerclement sans avoir la moindre issue de sortie...

    @paris a lancé un appel : « 1er mai : appel à témoignage contre la propagande sur la Pitié-Salpétrière ! » : les contacter directement : https://paris-luttes.info/pour-un-premier-mai-rouge-et-un-12022
    //edit : les témoignages reçus sont à retrouver par ici : Des témoignages sur l’intox de la préfecture à propos de l’intrusion à la Pitié-Salpêtrière : https://paris-luttes.info/des-temoignages-sur-l-intox-de-la-12091

    Pour rappel, il y a trois ans, le débunkage autour de la pseudo attaque contre l’hôpital Necker avait donné ça : https://seenthis.net/messages/500286
    Pourtant, certains continuent d’utiliser cet exemple pour faire passer les manifestant-e-s pour des sauvages sanguinaires qu’iels n’ont JAMAIS été, contrairement à d’autres censés nous en protéger...

    //edit : le lendemain, je découvre aussi cet autre mensonge :

    WoW... en fait ce n’est pas un mais DEUX mensonges que vous avez proféré hier, @MartinHirsch, vous n’avez pas chômé ! Vous annoncez la fin de la grève du service des Urgences quand il n’en est rien et en plus vous faites retirer les banderoles revendicatives...


    Voir les réponses du collectif @InterUrg :

    _Nous avons annoncé lors de la dernière réunion de #négociations notre insatisfaction aux prémices de solutions proposées. La #grève continue !
    #InterUrgences #urgencesengreve #soutienalagrevedesurgences_
    https://twitter.com/InterUrg/status/1123622897765974016

    Inadmissible !! Mme Welty, directrice de l’@HopPitieSalpe demandant aux #CRS de décrocher les banderoles des #urgences en #grève, et qui s’exécutent, lors de la venue de @CCastaner !
    https://twitter.com/InterUrg/status/1123662488598405120

  • Nouvelle-Zélande : à Christchurch, un attentat islamophobe – International | L’Opinion
    https://www.lopinion.fr/edition/international/nouvelle-zelande-a-christchurch-attentat-islamophobe-181024

    Lorsque, le 27 octobre 2018, un extrémiste de droite tue 11 personnes dans une synagogue de Pittsburgh (Etats-Unis), la France avait condamné, par un tweet d’Emmanuel Macron, « un acte odieux d’antisémitisme ». Vendredi matin, après l’attaque terroriste contre deux mosquées de Christchurch (Nouvelle-Zélande), la France, via un communiqué du Quai d’Orsay, condamne un « odieux attentat ». Sans plus. Ce n’est pas suffisant.

    En France, le mot islamophobie suscite, il est vrai, polémiques et malaises. L’intellectuel Pierre-André Taguieff y voit par exemple « un mot qui tue », Pascal Bruckner « un racisme imaginaire », alors qu’Élisabeth Badinter assure qu’« il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe » en critiquant l’islam.

  • Lettre à Alain Finkielkraut, par Dominique EDDE (L’Orient-Le Jour), via @mona
    https://www.lorientlejour.com/article/1160808/lettre-a-alain-finkielkraut.html

    Cher Alain Finkielkraut, je vous demande et je demande aux responsables politiques de ne pas minorer ces petites victoires du bon sens sur la bêtise, de la banalité du bien sur la banalité du mal. Préférez les vrais adversaires qui vous parlent aux faux amis qui vous plaignent. Aidez-nous à vous aider dans le combat contre l’antisémitisme : ne le confinez pas au recours permanent à l’injonction, l’intimidation, la mise en demeure. Ceux qui se font traiter d’antisémites sans l’être ne sont pas moins insultés que vous. Ne tranchez pas à si bon compte dans le vécu de ceux qui ont une autre représentation du monde que vous. Si antisionisme n’est plus un mot adapté, donnez-nous-en un qui soit à la mesure de l’occupation, de la confiscation des terres et des maisons par Israël, et nous vous rendrons celui-ci. Il est vrai que beaucoup d’entre nous ont renoncé à parler. Mais ne faites pas confiance au silence quand il n’est qu’une absence provisoire de bruit. Un mutisme obligé peut accoucher de monstres. Je vous propose pour finir ce proverbe igbo : « Le monde est comme un masque qui danse : pour bien le voir, il ne faut pas rester au même endroit. »

    • Lettre à Alain #Finkielkraut - Dominique EDDE - L’Orient-Le Jour

      En général avec Finkielkraut ou BHL, je préfère quand on les ignore tant leur pensée est totalement oblitérée, mais la lettre de Dominique Edde est tellement belle (Merci @mona de me l’avoir fait connaître sur twitter) que ça méritait d’être dûment référencé ici, voire discuté. Je vous encourage chaudement à la lire avec attention.

      Morceaux choisis :

      « Vous êtes parti sans faire de place à ma colère. »

      « votre intelligence est décidément mieux disposée à se faire entendre qu’à entendre l’autre. »

      « nous sommes défaits. Oui, le monde arabe est mort. Oui, tous les pays de la région, où je vis, sont morcelés, en miettes. Oui, la résistance palestinienne a échoué. Oui, la plupart desdites révolutions arabes ont été confisquées. Mais le souvenir n’appartient pas que je sache au seul camp du pouvoir, du vainqueur. Il n’est pas encore interdit de penser quand on est à genoux. »

      « Ne faites pas confiance au silence quand il n’est qu’une absence provisoire de bruit. Un mutisme obligé peut accoucher de monstres. Je vous propose pour finir ce proverbe igbo : « Le monde est comme un masque qui danse : pour bien le voir, il ne faut pas rester au même endroit. »

      l’islam salafiste, notre ennemi commun et, pour des raisons d’expérience, le mien avant d’être le vôtre, vous a-t-il fait plus d’une fois confondre deux milliards de musulmans et une culture millénaire avec un livre, un verset, un slogan. Pour vous, le temps s’est arrêté au moment où le nazisme a décapité l’humanité.

      #antisémitisme #anisionisme #israël #palstine #occupation #démolition #colonisation #liban #humanité #extrémisme

    • Oui, le monde arabe est mort. Oui, tous les pays de la région, où je vis, sont morcelés, en miettes. Oui, la résistance palestinienne a échoué. Oui, la plupart desdites révolutions arabes ont été confisquées. Mais le souvenir n’appartient pas que je sache au seul camp du pouvoir, du vainqueur. Il n’est pas encore interdit de penser quand on est à genoux.

    • @val_k

      Cher Alain Finkielkraut,

      Permettez-moi de commencer par vous dire « salamtak », le mot qui s’emploie en arabe pour souhaiter le meilleur à qui échappe à un accident ou, dans votre cas, une agression. La violence et la haine qui vous ont été infligées ne m’ont pas seulement indignée, elles m’ont fait mal. Parviendrais-je, dans cette situation, à trouver les mots qui vous diront simultanément ma solidarité et le fond de ma pensée ? Je vais essayer. Car, en m’adressant à vous, je m’adresse aussi, à travers vous, à ceux qui ont envie de paix.

      Peut-être vous souvenez-vous. Nous nous sommes connus au début des années 1980 à Paris, aux éditions du Seuil, et soigneusement évités depuis. Lors de l’invasion du Liban par Israël, vous n’aviez pas supporté de m’entendre dire qu’un immeuble s’était effondré comme un château de cartes sous le coup d’une bombe à fragmentation israélienne. Cette vérité-là blessait trop la vôtre pour se frayer un chemin. C’est l’arrivée impromptue dans le bureau où nous nous trouvions, de l’historien israélien Saul Friedländer, qui permit de rétablir la vérité. Il connaissait les faits. J’ai respiré. Vous êtes parti sans faire de place à ma colère. Il n’y avait de place, en vous, que pour la vôtre. Durant les décennies qui ont suivi, le syndrome s’est accentué. Vous aviez beau aimer Levinas, penseur par excellence de l’altérité, il vous devenait de plus en plus difficile, voire impossible, de céder le moindre pouce de territoire à celle ou celui que vous ressentiez comme une menace. Cette mesure d’étanchéité, parfaitement compréhensible compte tenu de l’histoire qui est la vôtre, n’eût posé aucun problème si elle ne s’était transformée en croisade intellectuelle. Cette façon que vous avez de vous mettre dans tous vos états pour peu que survienne un désaccord n’a cessé de m’inspirer, chaque fois que je vous écoute, l’empathie et l’exaspération. L’empathie, car je vous sais sincère, l’exaspération, car votre intelligence est décidément mieux disposée à se faire entendre qu’à entendre l’autre.

      Le plus clair de vos raisonnements est de manière récurrente rattrapé en chemin par votre allergie à ce qui est de nature à le ralentir, à lui faire de l’ombre. Ainsi, l’islam salafiste, notre ennemi commun et, pour des raisons d’expérience, le mien avant d’être le vôtre, vous a-t-il fait plus d’une fois confondre deux milliards de musulmans et une culture millénaire avec un livre, un verset, un slogan. Pour vous, le temps s’est arrêté au moment où le nazisme a décapité l’humanité. Il n’y avait plus d’avenir et de chemin possible que dans l’antériorité. Dans le retour à une civilisation telle qu’un Européen pouvait la rêver avant la catastrophe. Cela, j’ai d’autant moins de mal à le comprendre que j’ai la même nostalgie que vous des chantiers intellectuels du début du siècle dernier. Mais vous vous êtes autorisé cette fusion de la nostalgie et de la pensée qui, au prix de la lucidité, met la seconde au service de la première. Plus inquiétant, vous avez renoncé dans ce « monde d’hier » à ce qu’il avait de plus réjouissant : son cosmopolitisme, son mélange. Les couleurs, les langues, les visages, les mémoires qui, venues d’ailleurs, polluent le monde que vous regrettez, sont assignées par vous à disparaître ou à se faire oublier. Vous dites que deux menaces pèsent sur la France : la judéophobie et la francophobie. Pourquoi refusez-vous obstinément d’inscrire l’islamophobie dans la liste de vos inquiétudes ? Ce n’est pas faire de la place à l’islamisme que d’en faire aux musulmans. C’est même le contraire. À ne vouloir, à ne pouvoir partager votre malaise avec celui d’un nombre considérable de musulmans français, vous faites ce que le sionisme a fait à ses débuts, lorsqu’il a prétendu que la terre d’Israël était « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Vous niez une partie de la réalité pour en faire exister une autre. Sans prendre la peine de vous représenter, au passage, la frustration, la rage muette de ceux qui, dans vos propos, passent à la trappe.

      Vous avez cédé à ce contre quoi Canetti nous avait brillamment mis en garde avec Masse et puissance. Vous avez développé la « phobie du contact » à partir de laquelle une communauté, repliée comme un poing fermé, se met en position de défense aveugle, n’a plus d’yeux pour voir hors d’elle-même. Cette posture typique d’une certaine politique israélienne, et non de la pensée juive, constitue, entre autre et au-delà de votre cas, la crispation qui rend impossible l’invention de la paix. C’est d’autant plus dommage qu’il y a fort à parier que le monde dont vous portez le deuil est très proche de celui d’un nombre considérable de gens qui vivent en pays arabes sous la coupe de régimes mafieux et/ou islamistes. Pourquoi ceux-là comptent-ils si peu pour vous ? Pourquoi préférez-vous mettre le paquet sur vos ennemis déclarés que donner leur chance à de potentiels amis ? Le renoncement à l’idéal, dont j’évoque longuement la nécessité dans mon dernier livre sur Edward Said, est un pas que vous ne voulez pas franchir. J’entends par idéal la projection de soi promue au rang de projet collectif. Or, le seul rêve politique qui vaille, on peut aussi l’appeler utopie, c’est celui qui prend acte de la réalité et se propose d’en tirer le meilleur et non de la mettre au pas d’un fantasme. C’est précisément le contraire de l’idéal en circuit fermé qui fonctionne sur le mode d’une fixation infantile et nous fait brusquement découvrir, à la faveur d’une mauvaise rencontre, qu’il nourrit la haine de ceux qui n’ont pas les moyens de ne pas haïr. Cet homme qui vous a injurié a tout injurié d’un coup : votre personne, les Juifs et ceux que cette ignominie écœure. Il ne suffit toutefois pas de le dire pour le combattre et moins encore pour épuiser le sujet. À cet égard, je vous remercie d’avoir précisé à la radio que l’antisémitisme et l’antisionisme ne pouvaient être confondus d’un trait.

      Peut-être aurez-vous l’oreille du pouvoir en leur faisant savoir qu’ils ne cloueront pas le bec des opposants au régime israélien en clouant le bec des enragés. On a trop l’habitude en France de prendre les mots et les esprits en otage, de privilégier l’affect au mépris de la raison chaque fois qu’est évoquée la question d’Israël et de la Palestine. On nous demande à présent de reconnaître, sans broncher, que l’antisémitisme et l’antisionisme sont des synonymes. Que l’on commence par nous dire ce que l’on entend par sionisme et donc par antisionisme. Si antisioniste signifie être contre l’existence d’Israël, je ne suis pas antisioniste. Si cela signifie, en revanche, être contre un État d’Israël, strictement juif, tel que le veulent Netanyahu et bien d’autres, alors oui, je le suis. Tout comme je suis contre toute purification ethnique. Mandela était-il antisémite au prétexte qu’il défendait des droits égaux pour les Palestiniens et les Israéliens ? L’antisémitisme et le négationnisme sont des plaies contre lesquelles je n’ai cessé de me battre comme bien d’autres intellectuels arabes. Que l’on ne nous demande pas à présent d’entériner un autre négationnisme – celui qui liquide notre mémoire – du seul fait que nous sommes défaits. Oui, le monde arabe est mort. Oui, tous les pays de la région, où je vis, sont morcelés, en miettes. Oui, la résistance palestinienne a échoué. Oui, la plupart desdites révolutions arabes ont été confisquées. Mais le souvenir n’appartient pas que je sache au seul camp du pouvoir, du vainqueur. Il n’est pas encore interdit de penser quand on est à genoux.

      Un dernier mot avant de vous quitter. Je travaille au Liban avec des femmes exilées par la guerre, de Syrie, de Palestine, d’Irak. Elles sont brodeuses. Quelques-unes sont chrétiennes, la plupart musulmanes. Parmi ces dernières, trois ont perdu un fils. Toutes sont pratiquantes. Dieu est pour ainsi dire leur seul recours, leur seule raison de vivre. Réunies autour d’une grande table, sur laquelle était posée une toile de chanvre, nous étions une douzaine à dessiner un cargo transportant un pays. Chacune y mettait un morceau du sien. L’une un tapis, l’autre une porte, une colonne romaine, un champ d’olivier, une roue à eau, un coin de mer, un village du bord de l’Euphrate. Le moment venu d’introduire ou pas un lieu de culte, la personne qui dirigeait l’atelier a souhaité qu’il n’y en ait pas. Face à la perplexité générale, il a été proposé que ces lieux, s’il devait y en avoir, soient discrets. À la suggestion d’ajouter une synagogue, l’une des femmes a aussitôt réagi par ces mots : « S’il y a une église et une mosquée, il faut mettre une synagogue pour que chacun puisse aller prier là où il veut. Et elle a ajouté avec le vocabulaire dont elle disposait : « Nous ne sommes pas antisémites, nous sommes antisionistes. » Toutes ont approuvé, faisant valoir que « dans le temps », tout ce monde-là vivait ensemble.

      Cher Alain Finkielkraut, je vous demande et je demande aux responsables politiques de ne pas minorer ces petites victoires du bon sens sur la bêtise, de la banalité du bien sur la banalité du mal. Préférez les vrais adversaires qui vous parlent aux faux amis qui vous plaignent. Aidez-nous à vous aider dans le combat contre l’antisémitisme : ne le confinez pas au recours permanent à l’injonction, l’intimidation, la mise en demeure. Ceux qui se font traiter d’antisémites sans l’être ne sont pas moins insultés que vous. Ne tranchez pas à si bon compte dans le vécu de ceux qui ont une autre représentation du monde que vous. Si antisionisme n’est plus un mot adapté, donnez-nous-en un qui soit à la mesure de l’occupation, de la confiscation des terres et des maisons par Israël, et nous vous rendrons celui-ci. Il est vrai que beaucoup d’entre nous ont renoncé à parler. Mais ne faites pas confiance au silence quand il n’est qu’une absence provisoire de bruit. Un mutisme obligé peut accoucher de monstres. Je vous propose pour finir ce proverbe igbo : « Le monde est comme un masque qui danse : pour bien le voir, il ne faut pas rester au même endroit. »

      Dominique EDDÉ est romancière et essayiste. Dernier ouvrage : « Edward Said. Le roman de sa pensée » (La Fabrique, 2017).

      –—
      Note de l’auteure

      Rédigée le 23 février dernier, cette lettre à Alain Finkielkraut a été acceptée par le journal Le Monde qui demandait qu’elle lui soit « réservée », puis elle a été recalée, sans préavis, 9 jours plus tard alors qu’elle était en route pour l’impression.

      L’article qui, en revanche, sera publié sans contrepoids ce même jour, le 5 mars, était signé par le sociologue Pierre-André Taguieff. Survol historique de la question du sionisme, de l’antisionisme et de « la diabolisation de l’État juif », il accomplit le tour de force de vider le passé et le présent de toute référence à la Palestine et aux Palestiniens. N’existe à ses yeux qu’un État juif innocent mis en péril par le Hamas. Quelques mois plus tôt, un article du sociologue Dany Trom (publié dans la revue en ligne AOC) dressait, lui aussi, un long bilan des 70 ans d’Israël, sans qu’y soient cités une seule fois, pas même par erreur, les Palestiniens.

      Cette nouvelle vague de négationnisme par omission ressemble étrangement à celle qui en 1948 installait le sionisme sur le principe d’une terre inhabitée. Derrière ce manque d’altérité ou cette manière de disposer, à sens unique, du passé et de la mémoire, se joue une partie très dangereuse. Elle est à l’origine de ma décision d’écrire cette lettre. Si j’ai choisi, après le curieux revirement du Monde, de solliciter L’Orient-Le Jour plutôt qu’un autre média français, c’est que le moment est sans doute venu pour moi de prendre la parole sur ces questions à partir du lieu qui est le mien et qui me permet de rappeler au passage que s’y trouvent par centaines de milliers les réfugiés palestiniens, victimes de 1948 et de 1967.

      Alors que j’écris ces lignes, j’apprends qu’a eu lieu, cette semaine, un défilé antisémite en Belgique, dans le cadre d’un carnaval à Alost. On peine à croire que la haine et la bêtise puissent franchir de telles bornes. On peine aussi à trouver les mots qui tiennent tous les bouts. Je ne cesserai, pour ma part, d’essayer de me battre avec le peu de moyens dont je dispose contre la haine des Juifs et le négationnisme, contre le fanatisme islamiste et les dictatures, contre la politique coloniale israélienne. De tels efforts s’avèrent de plus en plus dérisoires tant la brutalité ou la surdité ont partout des longueurs d’avance.

      Que les choses soient claires : l’antisémitisme n’est pas, de mon point de vue, un racisme comme un autre. Il est le mal qui signe la limite irrationnelle de l’humain dans notre humanité. Le combattre de toutes nos forces n’est pas affaiblir la Palestine, c’est la renforcer. Alerter un certain milieu intellectuel et politique sur les dangers d’une mémoire sioniste exclusive, c’est l’alerter sur la grave injustice qu’elle signifie, mais aussi sur le désastreux effet d’huile sur le feu antisémite que peut produire cette occultation de l’autre.

      D.E.

    • Et aussi

      Note de l’auteure

      Rédigée le 23 février dernier, cette lettre à Alain Finkielkraut a été acceptée par le journal Le Monde qui demandait qu’elle lui soit « réservée », puis elle a été recalée, sans préavis, 9 jours plus tard alors qu’elle était en route pour l’impression.

      L’article qui, en revanche, sera publié sans contrepoids ce même jour, le 5 mars, était signé par le sociologue Pierre-André Taguieff. Survol historique de la question du sionisme, de l’antisionisme et de « la diabolisation de l’État juif », il accomplit le tour de force de vider le passé et le présent de toute référence à la Palestine et aux Palestiniens. N’existe à ses yeux qu’un État juif innocent mis en péril par le Hamas. Quelques mois plus tôt, un article du sociologue Dany Trom (publié dans la revue en ligne AOC) dressait, lui aussi, un long bilan des 70 ans d’Israël, sans qu’y soient cités une seule fois, pas même par erreur, les Palestiniens.


      #le_monde

    • @touti : quand tu préconises Tor, c’est « Tor Browser » ou le réseau Tor ? J’ai pas encore osé me lancer dans ce truc car ça m’a l’air complexe.
      Sinon, j’utilise un service qui fournit des accès à des VPN, ce qui me permet de « délocaliser » mon IP, d’anonymiser mes connections et d’en crypter le contenu. Ça s’appelle « Cyberghost » et c’est payant aussi, mais bon ...

    • Oui TOR browser, et ça utilise le réseau TOR, faut arrêter d’avoir peur (les médias dominants ont bien travaillé avec le dark web, raaaa bouououuoouh TOR c’est le mal) , c’est aussi simple que n’importe quel navigateur.

    • Euh ... En fait, c’est pas le darquouèbe qui me fout les jetons, c’est la complexité technique du bouzin. Faudra que je teste sur une vieille machine sous Linux.
      Sinon, à propos de Cyberghost, un peu de doc ici même :
      https://www.tomsguide.com/us/cyberghost-vpn,review-4458.html

      Mais si j’arrive à maîtriser Tor (et son « brouteur »), j’abandonne derechef mon service payant. (Désolé @monolecte d’avoir squatté ton post avec mes angoisses techniques.)

    • Non mais ya rien à faire, tu ouvres TorBrowser et c’est fini. C’est juste un Firefox pré-configuré pour passer par Tor. Dès que tu l’allumes il fait un chemin au hasard dans les nœuds Tor, et du coup c’est comme si tu faisais ta requête depuis ailleurs (mais le nœud sortant est aussi en France). À tout moment t’as une entrée de menu « rouvrir avec un autre chemin » si tu veux le changer.

  • Comment la gauche israélienne et le Camp de la paix perpétuent l’occupation
    Armelle Laborie & Eyal Sivan, Etat d’Exception, le 2 octobre 2018
    http://www.etatdexception.net/quest-ce-que-la-gauche-israelienne-et-le-camp-de-la-paix

    À l’étranger, le Camp de la paix bénéficie d’un important réseau de soutien. En France par exemple, le comité de parrainage de La Paix maintenant compte des personnalités aussi pacifistes et prestigieuses qu’Élisabeth Badinter, Alain Finkielkraut, Élisabeth de Fontenay ou Pierre-André Taguieff.

    Bien plus que les atteintes aux libertés des Palestiniens, ce sont en fait leurs propres libertés que défendent les représentants de la gauche sioniste et qui mobilisent leurs amis à l’étranger. Le traitement que réserve l’État israélien au Camp de la paix devient le baromètre du niveau de la démocratie israélienne et c’est à la mesure des privilèges dont bénéficie ce groupe particulier qu’est évalué l’état du pays tout entier.

    Rappel : les fameux « israéliens juifs de gauche » dont on parle beaucoup, ne constituent que 7% des israéliens juifs
    https://seenthis.net/messages/701083

    #Palestine #BDS #boycott #sionisme de « #gauche »

  • Pourquoi le NPA refuse-t-il de répondre ? Michel Collon - 30 Août 2018 - Investigaction

    https://www.investigaction.net/fr/pourquoi-le-npa-refuse-t-il-de-repondre

    Texte de la lettre adressée en mars par Michel Collon à la direction du NPA et restée sans réponse. Sur son site, le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste français) publie un ramassis de calomnies signé Ornella Guyet contre Michel Collon, fondateur et directeur du site Investig’Action. Or, cette pseudo-journaliste s’est aussi acharnée contre Jeremy Corbyn, François Ruffin, Pierre Carles, Frédéric Lordon, Alain Gresh, Noam Chomsky… Toute ressemblance avec les campagnes de diabolisation menée par le lobby sioniste… n’est pas fortuite. Le NPA répondra-t-il enfin ?

    Au comité national dirigeant le NPA,

    Bonjour,

    Vous diffusez sur votre site un article fort long[1] qui me calomnie sur base de rumeurs, ragots et déformations. Vous m’accusez d’ « imposture journalistique », de « mercantilisme » et de complicité avec des dictatures. Vous me prêtez des amitiés avec des gens que je ne fréquente pas ou que je dénonce.

    L’auteur de ce torchon, véritable degré zéro du journalisme, s’appelle Ornella Guyet. J’y ai relevé 70 erreurs factuelles, fautes journalistiques grossières ou calomnies pures et simples. Si vous en doutez, je suis prêt à en discuter avec vous. Je me limiterai ici à vous poser cinq questions :

    Comptez-vous publier aussi les articles dans lesquels Ornella Guyet a agressé et calomnié d’autres progressistes : Jeremy Corbyn, François Ruffin, Pierre Carles, Frédéric Lordon, Hervé Kempf, Alain Gresh et Noam Chomsky ?

    Savez-vous que Guyet a répandu ses calomnies sous divers pseudonymes, destinés à faire croire qu’il s’agissait d’un mouvement d’opinion et non d’une seule personne ? Savez-vous qui finance toute cette activité ?

    Savez-vous que la source primaire de Guyet est le site Conspiracy Watch, tenu par Rudy Reichstadt, proche de Bernard Henri-Lévy ? Ce site se nourrit en permanence du théoricien islamophobe Pierre-André Taguieff et recopie les pires délires des néocons islamophobes US : Daniel Pipes, Norman Podhoretz et le site d’extrême droite MEMRI. Comment expliquez-vous que les critiques d’Ornella Guyet épargnent les Etats-Unis, Israël et leurs alliés des pétromonarchies réactionnaires ?

    Savez-vous que le travail « journalistique » de cette personne a été sévèrement critiqué par Le Monde Diplomatique, Acrimed et d’autres groupes ? Savez-vous qu’elle a toujours refusé tout débat public ? Parce que manifestement elle se sait incapable de répondre aux critiques sur ses méthodes tendancieuses, et a d’ailleurs fini par arrêter l’activité de son site.

    Sur votre site, vous affirmez « avoir reçu cette contribution » de Guyet et « la publier bien volontiers ». Mais d’après elle[2] c’est vous qui lui auriez commandé ce torchon. Qui dit vrai ?

    Beaucoup de gens me demandent comment il est possible qu’une organisation de gauche reprenne de telles calomnies. Et je vous le demande à mon tour. Votre publication me cause du tort ainsi qu’à toute l’équipe de jeunes journalistes d’Investig’Action qui travaille dur contre la pensée dominante et la désinformation. Héberger ce ramassis de mensonges alors qu’Investig’Action est déjà la cible des néocons, du lobby pro-Israël et de certains journalistes chiens de garde, qui répandent les mêmes attaques que Guyet, cela vous place dans un curieux voisinage, non ?

    Je vous demande donc de retirer cet article et d’en informer vos lecteurs. Je me tiens à votre disposition si vous souhaitez des éclaircissements quant aux accusations que cette personne porte contre moi. Si vous refusez, je vous demande d’en débattre publiquement avec moi.

    Je n’ai aucun problème avec le fait qu’on critique mes analyses en échangeant des arguments politiques. J’estime même que la gauche française devrait davantage discuter sereinement ses divergences. On reste trop entre soi. Mais remplacer ce débat par des insultes et calomnies, en recopiant les attaques de nos ennemis de classe, me semble le contraire du véritable débat politique et un signe de faiblesse.

    Bien à vous
    Michel Collon
    Investig’Action – Bruxelles

    Notes :

    [1] http://tantquillefaudra.org/debats/article/michel-collon-un-militant-de-la-347

    [2] « Le NPA, dont la Commission nationale anti-fasciste (Cnaf) m’a commandé il y a plusieurs mois… un dossier sur Michel Collon, qui a été l’article le plus abouti que j’ai publié à ce jour à son sujet. » http://www.confusionnisme.info/index.php/2015/10/05/le-martyre-de-saint-michel

    #ornella_guyet #NPA #Michel_Collon #Jeremy_Corbyn #François_Ruffin #Pierre_Carles #Frédéric_Lordon #Alain_Gresh #Noam_Chomsky #calomnies #information #débat #conspiracy_watch #rudy_reichstadt #bernard_henri-lévy #BHL #pierre-andré_taguieff #daniel_pipes #norman_Podhoretz #MEMRI

  • L’initiative « Fairfood » viole les règles de l’OMC, affirment les opposants Marc Menichini/oang - 13 Aout 2018 - RTS
    http://www.rts.ch/info/suisse/9768331-l-initiative-fairfood-viole-les-regles-de-l-omc-affirment-les-opposants.

    L’initiative pour des aliments #équitables, soumise à #votation le 23 septembre, viole les accords internationaux en matière de commerce, selon les opposants. Ses partisans contestent, avis juridique à l’appui.
    Le texte, intitulé « Pour des denrées alimentaires saines et produites dans des conditions équitables et écologiques », propose notamment que la Suisse importe de l’étranger des denrées alimentaires qui respectent certaines #normes_sociales et écologiques.
    http://www.rts.ch/2018/07/02/17/49/9690001.image?w=900&h=506
    Mais selon les opposants, l’initiative - une fois appliquée - pourrait contrevenir à de nombreuses règles de l’Organisation mondiale du commerce (#OMC). Les pays avec lesquels la #Suisse a conclu des accords commerciaux pourraient alors exiger des sanctions.

    « Avec les règles de l’OMC, on ne peut pas refuser d’importer ces produits », relève le conseiller national UDC fribourgeois Pierre-André Page. « Et en Suisse, si on commence à mettre des règles supplémentaires, on pourrait créer des problèmes avec d’autres entreprises. Des partenaires pourraient nous dire : ’Ecoutez, si vous ne prenez plus notre viande, nous, on ne prend plus vos montres, on ne prend plus votre chocolat ou votre lait.’ C’est un danger qui est vraiment présent. »

    Texte conforme aux engagements suisses
    Mais ce scénario est écarté par les partisans de l’initiative, qui s’appuient sur un avis juridique de l’Université de Berne. Sa conclusion est, à leurs yeux, sans appel : le texte peut être mis en œuvre conformément aux engagements internationaux de la Suisse - même en abaissant certains tarifs douaniers.

    « On peut jouer avec les droits de douane et les contingents douaniers pour favoriser les produits durables », souligne la conseillère nationale vaudoise Adèle Thorens (Verts). « Il y a un exemple dans le domaine des biocarburants qui entrent en Suisse : s’ils correspondent à un certain nombre de critères de durabilité, ils sont favorisés. Et c’est un succès que l’on pourrait reproduire notamment sur les denrées alimentaires. »

    Les partisans de cette initiative, si elle venait à être acceptée, comptent donc sur la sagesse et la créativité du Parlement pour élaborer de tels instruments. Il s’agira de trouver comment appliquer très concrètement les grands principes énoncés par le texte, tout en respectant le #droit_international. C’est justement ce chemin potentiellement tortueux que les opposants à l’initiative veulent à tout prix éviter. 

    • Si jamais, pour la petite histoire, j’y étais. J’étais dedans. J’ai vu les manifestants manifester, cagoulés, mais pacifiquement (et un tag « Frontex tue » sur les parois de la salle, seule « violence » de leur part). La violence, était ailleurs.
      Ce que j’ai vu aussi c’est que quand la police est rentrée, les matraques étaient déjà bien levées. Et que la police a frappé à l’aveugle et avec une violence inouïe. D’autant plus qu’il n’y avait pas vraiment de possibilité de fuite pour les manifestants, coincés entre les flics, les tables et les parois de la salle.
      Ce que j’ai vu aussi, c’est les organisateurs préoccupés de savoir si oui ou non ils allaient pouvoir « continuer les travaux » (je cite) et aller voir les intervenant pour les rassurer que ça allait le faire...
      #Grenoble #Université_de_grenoble #frontex #université_grenoble_alpes #colloque #De_Frontex_à_Frontex

    • Un rassemblement contre Frontex dispersé par la police sur le campus de Grenoble

      Les militants de divers syndicats, collectifs et associations de soutien aux migrants se sont rassemblés sur le campus de Saint-Martin-d’Hères, ce jeudi 22 mars dans l’après-midi. Leur objectif : protester contre la présence « d’acteurs de la militarisation des frontières » lors du colloque international sur Frontex qui se tient jusqu’à ce vendredi 23 mars à l’Université Grenoble-Alpes. Une mobilisation qui, commencée calmement, s’est vite terminée avec l’intervention de la police anti-émeute…

      « Frontières partout, justice nulle part », « tout le monde déteste les frontières », ou encore « Frontex expulse, expulsons Frontex ». Tels étaient les slogans scandés par la centaine de militants qui s’étaient réunis sur le campus de Saint-Martin-d’Hères, ce jeudi 22 mars, suite à l’appel lancé par différents syndicats, collectifs et associations* de soutien aux migrants.

      Mégaphone et banderoles à la main, ils s’étaient donné rendez-vous à 15 heures devant les portes verrouillées** du bâtiment d’Imag. C’est en effet dans cet édifice qu’en début d’après-midi le Centre d’études sur la sécurité internationale (Cesice) et le Centre de recherche juridique (CRJ) avaient inauguré la première journée du colloque international « De Frontex à Frontex : vers l’émergence d’un service européen de garde-côtes ». Le coup d’envoi d’une série de rencontres qui, entre conférences et débats, s’enchaîneront jusqu’à ce vendredi 23 mars au soir.

      « Des technocrates et policiers » invités sur le campus

      Parmi les invités ? Outre des enseignants et chercheurs provenant de toute la France, les organisateurs ont choisi « de faire intervenir des technocrates et policiers responsables de la militarisation des frontières », dénonce un jeune militant, en se faisant porte-parole de l’indignation collective. Et celui-ci d’étayer ses propos : « Frontex n’est qu’un moyen dont l’Europe se sert pour expérimenter les technologies de guerre sur les migrants. »

      L’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes disposerait en effet, selon les associations à la tête du rassemblement, « d’un arsenal militaire répressif et d’un outillage sécuritaire de haute technologie », souvent financés par « des sociétés privées ». Parmi celles-ci, Thalès, EADS, Finmeccanica, Lockheed Martin, ou encore Aerovision.

      Raison pour laquelle les syndicats et collectifs isérois ont décidé de faire entendre leur voix. En ligne de mire : la présence au colloque d’Hervé Yves Caniard, le directeur de l’Unité des affaires juridiques de Frontex, ainsi que « la venue de Michel Quillé », ancien commissaire de police aujourd’hui aux manettes du projet Euromed Police IV. Entendez par là un programme lancé en 2016 afin de renforcer la coopération « sur les questions de sécurité » entre les pays du sud de la Méditerranée et les États membres de l’Union européenne.

      Migrants et associations : les grands absents au colloque

      « On regrette que les personnes réellement concernées par ces questions ne soient pas invitées », remarque par ailleurs un autre militant. Les grands absents de l’évènement ? Non seulement « les migrants et réfugiés qui risquent leur vie en mer pour rejoindre les côtes de l’Europe », mais aussi les « acteurs de terrain » engagés dans des missions d’aide et soutien aux réfugiés.

      Seule l’intervention d’une représentante du monde associatif figure en effet dans le programme du colloque. En l’occurrence, celle d’une activiste de La Cimade (Comité inter-mouvements auprès des évacués) qui évoquera, ce vendredi après-midi, le rôle des ONG face au renforcement des contrôles aux frontières.

      « Notre objectif est de parler de Frontex sous l’angle du droit, tout en prenant en compte différents points de vue » déclare pour sa part Romain Tinière, professeur de droit public à l’UGA et coordinateur du colloque. Qui se défend : « En plus de traiter les aspects institutionnels et juridiques de la question, dont la protection des droits fondamentaux de l’homme, nous cherchons également à porter un regard critique sur les actions de Frontex. »

      Un propos contesté par l’un des militants. « Ce colloque peut servir à se questionner sur comment Frontex viole le droit, mais cela ne suffira pas, car il faut aussi dénoncer le problème politiquement », rétorque-t-il. Et une autre manifestante de renchérir : « Tant que l’Europe exportera la guerre, il y aura toujours des refoulements aux frontières, en rendant les passages de plus en plus dangereux et mortels pour les migrants. »

      Une protestation pacifique… face à la police

      « Comment cette université, qui accueille depuis décembre nombre de demandeurs d’asile aux Patio, peut en même temps accepter de dialoguer avec les responsables de Frontex ? », interrogent les manifestants. D’où leur décision de manifester leur dissentiment… en « s’invitant » dans la salle des conférences de l’Imag. Leur objectif : empêcher que le président d’Euromed Police ne prenne la parole.

      Une protestation non violente qui a duré juste le temps de scander quelques slogans… et de sortir une bombe de peinture pour écrire « Frontex tue » sur le mur. Quelques minutes après, l’action s’est en effet terminée avec l’intervention des forces de l’ordre en tenue anti-émeute.
      « Ils nous ont bousculés pour nous forcer à sortir. Certaines personnes ont pris un coup de matraque dans le dos pendant qu’elles évacuaient alors qu’il n’y avait aucune violence et aucune animosité de leur part », relate, indigné, un jeune témoin. Entre temps, à l’intérieur du bâtiment Imag, le colloque a repris son cours normal.

      Au total, quatre personnes auraient été blessées, dont deux – dénoncent les militants – « ayant eu besoin de points de suture à la tête ».

      Contactée, l’Université Grenoble Alpes a affirmé ne pas être responsable de l’envoi de la police. Une information démentie par la préfecture de l’Isère*** qui a tenu à préciser que cette intervention n’avait pas été faite à son initiative mais bien à la demande de l’UGA.



      https://www.placegrenet.fr/2018/03/23/rassemblement-contre-frontex-disperse-police-campus-de-grenoble/183160

    • Lettre ouverte aux organisateurs du colloque de « Frontex à Frontex »

      Reçue par email, le 30.03.2018.

      Vous avez décidé d’organiser un colloque sur Frontex, à l’IMAG (Université de Grenoble Alpes), les 22 et 23 mars 2018. Revendiquant une approche juridique, vous affirmez que votre but n’était pas de débattre des politiques migratoires*. C’est un choix. Il est contestable. Il est en effet tout à fait possible de traiter de questions juridiques sans évacuer l’analyse politique, en assumant un point de vue critique. Vous vous retranchez derrière l’argument qu’il n’était pas question de discuter des politiques migratoires. Or, vous présentez les choses avec les mots qu’utilise le pouvoir pour imposer sa vision et justifier ces politiques. Vous parlez de « crise migratoire », de « lutte contre l’immigration illégale », etc. C’est un choix. Il est contestable. Les mots ont un sens, ils véhiculent une façon de voir la réalité. Plutôt que de parler de « crise de l’accueil » et de « criminalisation des exilé.e.s » par le « bras armé de l’UE », vous préférez écrire que « la crise migratoire » a « amené » l’UE à « renforcer les pouvoirs de son agence, Frontex ». Et hop, le tour de magie est joué. Si Frontex doit se renforcer c’est à cause des migrant.e.s. S’il y a des enjeux migratoires, la seule réponse légitime, c’est la répression. Ce raisonnement implicite n’a rien à voir avec des questions juridiques. Il s’agit bien d’une vision politique. C’est la vôtre. Mais permettez-nous de la contester.

      Vous avez décidé d’inviter des représentants d’institutions (Frontex/Europol) qui font la guerre au migrant.e.s. Et pas les migrant.e.s, traqué.e.s, harcelé.e.s, arrêté.e.s, enfermé.e.s, expulsé.e.s, mutilé.e.s qui subissent dans leur chair et leur tête les effets de cette guerre. Là encore, c’est un choix. Il est contestable. Rien ne vous obligeait à offrir une tribune aux acteurs de la militarisation des frontières qui appliquent les politiques anti-migratoires racistes et criminelles de l’UE. Les chercheurs n’invitent pas toujours les personnes, les groupes et institutions sur lesquelles portent leur recherche. Parfois, c’est même préférable. Vous trouveriez sans doute désagréable qu’un membre d’un groupuscule d’extrême droite sur lequel porte le travail de votre laboratoire de recherche viennent s’exprimer à un colloque. Non ? Vous pouviez donc discourir doctement entre « scientifiques » de considérations juridiques sur Frontex, sans donner la parole à l’un de ses représentants. Votre « événement scientifique » n’aurait pas perdu de son intérêt ni de son crédit.

      Vous avez appris que des personnes, des associations, des syndicats, des collectifs ne souhaitaient pas que des responsables de Frontex et Europol viennent servir leur propagande et légitimer leur action à l’Université. C’est leur droit. Leurs arguments et revendications sont légitimes. Mais vous avez préféré les balayer avec morgue et indignation, vous efforçant de faire passer les contestataires pour des ignares qui se trompent de combat. Se pencher un peu plus sur les critiques qu’on nous adresse et accepter de se remettre en question, c’est souvent salutaire. Vous avez fait le choix de ne pas vous prêter à cet exercice. C’est votre choix. Il est contestable. Vous pensez avoir raison, que les autres ont tort. La preuve, vous aviez également invité quelqu’un de la Cimade pour servir de caution critique à votre colloque. On ne pourrait donc décemment pas vous reprocher d’être d’un côté ou de l’autre. Tout le monde peut s’exprimer. Une minute pour la défense, une minute pour l’accusation. Et le tour de passe passe est joué, la pilule prête à être avalée.

      Vous avez décidé que ce colloque aurait lieu comme prévu, coûte que coûte. Même si cela devait se passer sous haute protection policière. Avec 2 policiers en civil à l’intérieur filtrant au faciès les entrées et des fourgons faisant la ronde autour de l’IMAG. Encore une fois, c’est un choix. Il est contestable. Faire appel à la police pour étouffer la contestation sur un campus universitaire, c’est osé. Transformer un lieu où s’élabore le savoir en bunker, tout autant. Mais alors empêcher, au nom de la« Démocratie », de la « Science », et de la « Liberté d’expression » une action contre des institutions répressives (Frontex/Europol) , avouez que c’est carrément cocasse. Vous avez décidé de « protéger » la tribune offerte à des représentants d’institutions criminelles dont vous reprochez vous-même l’opacité. Les protéger de quoi ? De quelques militant.e.s contre l’Europe-forteresse, solidaires des migrant.e.s persécuté.e.s par ces mêmes institutions. Et venu.e.s joyeusement exprimer leur colère en scandant des slogans. C’est ça votre rôle ? Défendre la liberté de parole des puissants et étouffer les voix minoritaires qui tentent de résister à ces puissants. Vous êtes sérieux , là ?

      Vous avez décidé d’assister passivement à un passage à tabac extrêmement violent dans l’enceinte même où vous discutiez poliment avec Frontex et consort. Des dizaines de personnes se sont faites défoncer à l’aveugle et sans sommations par des flics déchaînés qui ont pénétré en furie dans la salle des débats. Une dizaine de personnes blessées. 4 hospitalisées. Tout ça sous vos yeux. Ne rien faire face à ce déchaînement de violences que vous avez encouragé en vous mettant sous protection de la police est un choix. Il est contestable. J’espère que vous en avez un minimum conscience… parce que la pilule est de moins en moins facile à avaler.

      Et enfin, vous avez décidé de reprendre rapidement les « travaux » sans même attendre que le sang des manifestant.e.s n’ait séché. Comme si rien ne s’était passé. Et en donnant la parole à un autre flic qui n’avait pas été invité, lui, pour taper des militant.e.s, mais pour faire la promo d’Euromed Police : Michel Quillé. Vous avez fait le choix de continuer. Sans rien dire. Sans dénoncer l’usage disproportionné de la force et les violences policières dans la salle de votre colloque. Sans exprimer la moindre solidarité avec les personnes blessées ni chercher à vous enquérir de leur santé. Sans me trahir la moindre émotion. Rien, silence et blagues gênées quand ce n’était pas pour rappeler votre désapprobation de cette action. C’est votre choix, là encore. Il est contestable… mais la pilule ne passe vraiment pas.

      Pour finir en beauté et montrer comme vous êtes cohérent.e.s jusqu’au bout, vous vous êtes plaint.e.s. Vous avez pris le temps de faire une « mise au point ». Vous présentant comme des victimes. Décrivant les contestataires comme une dangereuse menace contre les « libertés universitaires », des gens « tout sauf pacifiques » munis d’un terrible accoutrement (gants, cagoules...). Justifiant l’intervention policière (tiens, rien n’est dit sur leur accoutrement à eux, casques, boucliers, gazeuses, tonfas...). Taisant le déchaînement de violences des flics. Regrettant la « tournure violente » des événements sans en mentionner les véritables auteurs...mais en en faisant porter la responsabilité aux militant.e.s. Bref, racontant les faits avec une rigueur pas très « scientifique ». Mais ce n’est pas grave, vous avez le choix de pouvoir dire n’importe quoi. Et vous avez le droit avec vous, vous qui êtes des experts du droit.

      Un ex-universitaire repenti, déserteur du monde académique

      Article du Daubé du 23 mars 2018
      *
      Mise au point des organisateurs.

    • Frontex invité à l’université : Compte rendu des violences policières

      Indymedia Grenoble fonctionne selon le principe de la publication ouverte, c’est à dire que chacun·e peut y publier une contribution (textes photos, liens). Le collectif de modération n’est pas l’auteur des contributions. Celles-ci n’engagent que leurs auteur·e·s. L’équipe d’administration − comme indiqué dans la charte − n’a pas à porter de jugement collectif sur les contenus publiés.

      https://grenoble.indymedia.org/2018-03-22-Frontex-invite-a-l-universite

    • Communiqué de la FSU - UGA (30 mars 2018)

      L’intervention brutale des forces de l’ordre dans le bâtiment universitaire IMAG le 22 mars 2018 à l’occasion d’un rassemblement de contestation de la politique mise en œuvre par l’agence Frontex a suscité une émotion légitime dans la communauté universitaire. On dénombre une dizaine de blessés par la police, dont 2 lourdement touchés à la tête.

      Une délégation des participants au rassemblement anti Frontex a été entendue par le Conseil d’administration de l’UGA réuni le 23 mars. Il ressort de leurs témoignages que

      1 ) les forces de l’ordre étaient déjà présentes aux abords du bâtiment IMAG, bien avant toute entrée des manifestants dans celui-ci ;

      2) les manifestants n’ont pas pénétré dans les locaux par effraction, les portes étant ouvertes au moment de la pause, leur action consistant à lancer des slogans anti Frontex et à tagger un mur, sans violence physique à l’encontre de quiconque et sans même interrompre le déroulement du colloque, qui était alors en pause.

      3) l’irruption des forces de l’ordre dans le bâtiment IMAG a été totalement disproportionnée par rapport à la gêne occasionnée et a été effectuée avec une brutalité et une violence injustifiables (pas de sommation, pas d’invite à quitter les locaux, coups délibérés, y compris sur les personnes déjà au sol).

      Lors du conseil d’administration, la FSU a interpellé le président Lévy sur les circonstances dans lesquelles la police avait été amenée à stationner sur le campus puis à intervenir dans des locaux universitaires, et demandé que les témoignages soient recueillis le plus largement possible pour faire la clarté sur le déroulement des faits.

      Plus particulièrement, aux questions : la présidence a-t-elle sollicité la présence de la police sur le campus ? a –t-elle été informée de cette présence ? si oui a t-elle donné son accord ? La présidence a-t-elle demandé l’intervention de la police dans les locaux de l’IMAG et l’évacuation des manifestants ?

      Le Président Lévy a répondu :
      – ne pas être à l’origine de la demande d’une surveillance des forces de l’ordre sur le campus dont il ignorait la présence ;
      – ne pas être à l’origine de la demande d’évacuation des manifestants ;
      – être prêt à rappeler au Préfet ses prérogatives en tant que président d’université sur la question de la présence policière sur le campus et dans les bâtiments universitaires ;
      – être prêt à recueillir tous les témoignages et à faire la vérité sur ce qui s’est passé.

      Dans un courrier du 27 mars adressé à Mme la Ministre, le Président Lévy livre une version des faits dont la FSU s’étonne vivement.

      D’une part, cette lettre donne des événements un point de vue unilatéral qui ignore délibérément les nombreux témoignages entendus lors du CA de vendredi 23 mars ; or ces témoignages donnaient des événements une appréciation sensiblement différente, notamment en ce qui concerne la chronologie des faits et l’attitude des policiers.

      D’autre part, elle reste très évasive quant à l’autorisation qu’aurait ou non donnée l’UGA pour une présence massive de policiers sur le campus, le Président Lévy se bornant à évoquer son ignorance du « dimensionnement des moyens déployés » tout en reconnaissant avoir été informé la veille de cette présence policière, contredisant ainsi ses propos tenus devant le CA.

      Ce courrier ne dit pas non plus qui a requis, une fois les manifestants entrés dans le bâtiment IMAG, l’intervention des forces de l’ordre, laissant sous entendre qu’il s’agit là d’une initiative de la police ayant pénétré de son propre chef dans les locaux avant que la décision d’évacuation ait été prise par l’université et signifiée aux forces de l’ordre. Or, la préfecture de l’Isère a tenu à préciser que son intervention n’avait pas été faite à son initiative mais bien à la demande de l’UGA.

      La FSU attend de la Présidence qu’elle s’exprime devant l’ensemble de la communauté universitaire en faisant toute la clarté, grâce à la prise en compte de tous les témoignages, sur le déroulement précis de ces événements et sur sa responsabilité.

      La FSU demande à la Présidence qu’elle respecte les engagements pris devant le CA.

      La FSU s’associe à la condamnation de l’intervention de la police dans des locaux de l’université lors du colloque FRONTEX.

      La FSU condamne le recours à la police par la présidence de l’UGA, en particulier lors des réunions du conseil d’administration les 27 octobre 2017 et 16 février 2018.

    • #Lettre_ouverte Doyen, Présidence et Ministre

      À Mme Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche,
      À M. Lionel Beffre, Préfet de l’Isère,
      À Mme Claudine Schmidt-Lainé, Recteur de l’Académie de Grenoble,
      À Mme Isabelle Lauraire,Chef de Division Enseignement Supérieur, Rectorat d’Académie,
      À M. Patrick Lévy, Président de l’UGA,
      À M. David Dechenaud, Doyen de la Faculté de Droit de l’UGA,

      Grenoble, le vendredi 23 mars 2018

      Objet : Rappel du code de l’éducation et demande d’enquête de responsabilités sur la violente intervention policière au sein du bâtiment IMAG lors du colloque “De Frontex à Frontex” sur le campus de Grenoble

      Madame la Ministre,
      Monsieur le Préfet,
      Madame le Recteur,
      Madame la Chef de Division,
      Monsieur le Président,
      Monsieur le Doyen,

      Par la présente, nous, enseignant.e.s-chercheurs.ses, étudiant.e.s et personnels de l’Université Grenoble-Alpes, tenons à attirer votre attention sur les faits suivants :

      – Un colloque organisé par la faculté de droit de Grenoble s’est déroulé ce jeudi 22 mars à l’Université Grenoble Alpes autour du “service européen des garde-côtes et garde-frontières”. Cette agence est responsable de la répression à l’encontre des migrant-e-s aux frontières de l’Europe, entraînant des centaines de morts chaque année. Outre les enseignant.e.s-chercheurs.ses, des intervenant.e.s de Frontex étaient présent.e.s à ce colloque.
      – Une centaine de personnes, notamment lycéennes, étudiantes, doctorantes, personnels et syndicalistes s’était rassemblée devant le bâtiment où avait lieu ce colloque dans le cadre d’une manifestation pacifique contre cette manifestation scientifique (tract en PJ). Les portes du lieu ayant été ouvertes, les manifestants sont entrés, s’en est ensuivie une intervention policière très violente, de nombreuses personnes présentes subissant de sévères blessures (voir le rappel des faits ci-dessous).
      – L’intervention des forces de l’ordre sur un campus lors d’une rencontre universitaire est intolérable. Seul le président de l’université, garant du maintien de l’ordre, peut demander leur intervention (Code de l’Education, article L712-2 et R 712-1 et ss), ce que la présidence de l’UGA a nié avoir fait publiquement lors du Conseil d’Administration du 23 mars, avant de publier un communiqué de démenti la semaine suivante apprenant l’existence de cette lettre.
      – Cette intervention n’est pas unique mais s’inscrit dans un contexte marqué par des interventions policières violentes sur les campus de Bordeaux, Dijon, Strasbourg, et des menaces d’intervention policière sur le campus de Toulouse.

      En conséquence :
      Nous condamnons l’ensemble des violences policières commises à l’UGA le 22 mars et tenons également à condamner celles ayant eu lieu sur les autres campus.
      Nous demandons à tous les destinataires de cette lettre de se positionner publiquement sur les motifs et la manière dont a été conduite cette intervention policière dans l’enceinte de l’université.
      Nous exigeons de tous les destinataires de cette lettre qu’ils fassent la lumière sur les responsables de cette intervention et les faits susmentionnés.
      Nous exigeons de tous les destinataires de cette lettre qu’ils veillent à ce que les responsables des violences commises par les agents de police à l’encontre des personnes présentes ne restent pas impunis.

      Rappel des faits :
      – Pendant une pause, les portes de la salle étant ouvertes, les manifestant.e.s se sont déplacé.e.s à l’intérieur du bâtiment pour poursuivre pacifiquement leur manifestation.
      – Toutes les portes, à l’exception de celles par lesquelles les manifestant.e.s sont entré.e.s, étaient closes avant même l’entrée des manifestant.e.s. 6 camions de police étaient présents avant même le début de la manifestation convoquée à 15h.
      – L’entrée des manifestant.e.s s’est faite de manière pacifique, ceux-ci continuant, comme ils l’avaient fait dehors, à lancer des slogans contre Frontex. Néanmoins, elle a visiblement créé la panique chez les organisateurs du colloque, des participant.e.s au colloque se voyant refuser de sortir du bâtiment lors de la pause - et ce, avant l’entrée des manifestant.e.s - ayant entendu deux personnes de l’organisation dire “il faut appeler” lors de l’entrée des manifestant.e.s.
      – Dans les minutes suivantes, plusieurs policiers nationaux de la brigade anti-émeute sont entrés dans la salle de conférences. Aucune sommation n’a été formulée par les forces de l’ordre avant usage de la violence. Les policiers ont immédiatement frappé les personnes présentes - en visant particulièrement et clairement les têtes -, des manifestant-e-s, mais également des personnes participant au colloque. Plusieurs personnes - manifestant.e.s et participant.e.s au colloque s’identifiant comme tels - ont été violemment mises dehors, sans qu’elles n’opposent de résistance, sans qu’il ne leur soit demandé de sortir et sans qu’il ne leur soit permis de récupérer leurs affaires. Des personnes battues à coup de matraque ont continué à être frappées par les policiers alors qu’elles étaient à terre et n’opposaient aucune résistance. Une dizaine de personnes a été blessée par la police, dont 4 ont été transportées à l’hôpital et 2 lourdement touchées à la tête.
      – Alors que les manifestant.e.s étaient sorti.e.s, de même que des participant.e.s doctorant.e.s de l’UGA s’identifiant comme tel.le.s alors qu’ils se faisaient sortir violemment de l’amphithéâtre, ils se sont entendus répondre “Ferme ta gueule” à plusieurs reprises par les policiers. Les policiers se sont d’abord placés face à eux en continuant à les provoquer, en insultant plusieurs d’entre eux et en continuant à utiliser leur matraque, y compris à l’encontre d’une personne portant dans ses bras son enfant de 4 ans.

      Signataires (partiel : au 30/3)

      Université Grenoble-Alpes :

      Lauriane Bouvet, ATER, UGA
      Isabelle Krzywkowski, PR, UGA
      Alice Carette, MCF, UGA
      Federico Bellido, ATER, UGA
      Cyril Trimaille, MCF, UGA
      Catherine Frier, MCF, UGA
      Thierry Soubrié, MCF, UGA
      Nicolas Galy, Doctorant, UGA
      Amélie NUQ, MCF, UGA
      Marinette Matthey, PR, UGA
      Fabrice Gilles, docteur, Académie de Dijon
      Charlotte Dejean, MCF, UGA
      Debora Barattin, Doctorante, UGA
      Ulysse Coutaud, Doctorant, UGA
      Fabienne Agasse, MCF, UGA
      Marie Thirion, Etudiante, UGA
      Olga Bronnikova, MCF, UGA
      Sarah Mekdjian, MCF, UGA
      Laurent Gallardo, MCF, UGA
      Jean-Yves Tizot, MCF, UGA
      Cristina Del Biaggio, MCF, UGA
      Caroline Rossi, MCF, UGA
      Franck Gaudichaud, MCF, UGA
      Emmanuelle Eggers, PRAG, UGA
      Olga Lobo, MCF, UGA
      Anna Claudia Ticca, ATER, UGA
      Nina Soleymani, ATER, UGA
      Claire Wolfarth, Doctorante, UGA
      Emmanuelle Puissant, MCF, UGA
      Benjamin Levy, Doctorant, UGA
      Murielle Chatel, BIATSS, UGA
      Alexandre Demeure, MCF, : UGA
      Eva Deront, Doctorante, UGA
      Ricardo Salas Rivera, DCE, UGA
      Charlotte Imbert, Etudiante, IEPG
      Grange Julia, Etudiante, LCE UGA
      Anthony Pecqueux, CR CNRS, ENSAG
      Philippe Flory, Doctorant, UGA
      Frédéric Gonthier, MCF, IEPG
      Marie Ducruet, BIATSS, UGA
      Manon Dié , Étudiante , LCE UGA
      Hélène Caune, MCF, IEPG
      Carole Durand, BIATSs, UGA
      Alicia Oudaoud, ATER, UGA
      Anne Cayuela, PR, UGA
      Lison Leneveler, Doctorante, UGA
      Belen Molina Concha, CGT-Ferc Sup Grenoble, CGT UD38
      Maria Ferraro MCF retraitée UGA
      Oriane Sulpice, Doctorante, UGA
      Jérôme Ferrand, MCF, UGA
      Paul Bourgues, Doctorant, UGA
      Amélie Stoecklé, Doctorante, UGA
      Zérah Brémond, ATER, UGA
      Elsa Guillalot, MCF, UGA
      Gwenaël Delaval, MCF, UGA
      Claire Barraud, PRCE, UGA
      Aurore Meyfroidt, post-doctorante, UGA
      Laurent Terrier, IGE, G-INP
      Souad HOUAMA, UGA
      Mitra KAFAI
      Eric GUINET, UGA
      Benoît Rey, UGA
      Marta Ruiz Galbete, MCF, UGA
      M.-H. Lachaud, docteure, UGA
      Théa Manola, ENSAG/UGA
      Mathilde Piau, Etudiante, UGA
      Bénédicte Fischer, MCF, UGA
      Jean-François Carcelen, PR, UGA
      Cornillon Françoise, PRAG, UGA
      Pierre Badin, DR, CNRS
      Sofia Laviola, étudiante, UGA
      Amélie Imbert, MCF, UGA
      Léa Garénaux, Etudiante, UGA
      Salomé Pairone, Etudiante, UGA et IEPG
      Mathilde Regad, Doctorante, UGA
      Grégoire Charlot, MCF, UGA
      Ilaria Taddei, MCF, UGA
      Alain Drillat, PRAG, UGA
      Mathilde Noëlle Mougin, Doctorante, UGA
      Raphaël Rossignol, MCF, UGA
      Naïma Ghermani, MCF, UGA
      Ethlinn Weber, Etudiante, UGA
      Jean-Loup De Saint-Phalle, Etudiant, UGA
      Lucas Vandendriessche, Etudiant, IEPG
      Elisa Santalena, MCF, UGA
      Jean-François Massol, PR, UGA
      Audrey Dominguez, Doctorante, UGA
      Marianne Prévost, bibliothécaire, UGA
      Didier Piau, PR, UGA
      Clémentine Martin, Etudiante, UGA
      Viviane Clavier, MCF, UGA
      Pascale Roux, MCF, UGA
      Rémi Clot-Goudard, MCF, UGA
      Pierre-André Cheminant, doctorant, UGA

      Signataires des autres universités :

      Matthieu Renault, MCF, Université Paris Vincennes Saint-Denis
      Anna Zaytseva, MCF, Université Toulouse 2 Jean Jaurès
      Anna Shapovalova, ATER, Université Lyon 2 ; doctorante Sciences Po
      François Valegeas, MCF, Université Paul-Valéry Montpellier 3
      Benjamin Ferron, MCF, Université Paris-Est Créteil
      Jérôme Valluy, MCF, Université Panthéon-Sorbonne - Paris 1
      Daria Saburova, doctorante, Université Paris Nanterre
      Baptiste Kotras, postdoc, Université Paris-Est
      Wenceslas Lizé, MCF, Université de Poitiers
      Julien Leers, BIATSS, Université de Paris 1
      Daphné Le Roux, doctorante, Université Paris Nanterre
      Isabelle Désert, professeur EPS Université Paris 1
      Maud Benayoun, BIATSS, Université Paris 1
      Tom Goldman, doctorant, Université Paris-Dauphine
      Hayat Benkhelifa, MCF, AgroParisTech
      Sarah Leperchey, MCF, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
      Pierre Sauvêtre, MCF, Université Paris Nanterre
      Paul Guillibert, doctorant, Université Paris Nanterre
      Hugo Dumoulin, doctorant, Université Paris Nanterre
      Enrique Klaus, postdoctorant ERC-TARICA, IRMC, Tunis
      Guillaume Gourgues, MCF, Université de Franche-Comté
      Chantal Jaquet, Professeure, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
      Lucie Laplace, doctorante, Université Lumière Lyon 2
      Luc Vincenti, Université Paul Valéry Montpellier 3
      Morane Chavanon, ATER, Université Lyon 2
      Vaillant Zoé, MCF Paris Nanterre
      Garnoussi Nadia, MCF Université de Lille
      Cohen-Halimi Michèle, PR Université de Paris 8
      Victor Violier, doctorant, Université Paris Nanterre
      Iacopo Adda, doctorant, Université de Genève
      Bertrand Binoche, Professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
      Hélène Nessi, MCF Université Paris Nanterre
      Aurélie Quentin, MCF Université Paris Nanterre
      Hector Uniacke, Etudiant, Université Paris Vincennes Saint-Denis
      Aliènor Bertrand, CR, CNRS-Faculté de droit de Montpellier
      Sarah Sajn, doctorante, Sciences Po Aix / CHERPA
      Frédérique Leblanc, MCF, Université Paris Nanterre
      Camille Vergnaud, doctorante Université Paris Nanterre
      Pascal Bonnard, MCF, Université Jean Monnet de Saint-Etienne
      Hanna Perekhoda, étudiante, Université de Lausanne
      Raphaël Sablong, MCF, Université Lyon 1
      Sophie Roux, PR, Ecole normale supérieure
      Antoine Lévêque, Doctorant ATER, IEP de Lyon
      Antoine Renaud, Doctorant, ENS de Lyon
      Elena Smirnova, Doctorante, Université Paris Diderot - Paris 7
      Claire Thouvenot, Doctorante, Université Paris Nanterre
      Selim Nadi, Doctorant, Centre d’histoire de Sciences Po/Universität Bielefeld
      Selin Le Visage, Doctorante, Université Paris Nanterre
      Julie Marquet, Doctorante, Université Paris 7
      Soazig Le Bihan, Professeure Associée, Université du Montana
      Vinicius Kauê Ferreira, Doctorant, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
      Citlalli Dominguez, Doctorante, Sorbonne Université, Faculté des Lettres
      Anne Didelot, PRCE, Université de Lorraine
      Hélène Blaszkiewicz, Doctorante, Université de Lyon
      Jean-Pierre Terrail, professeur honoraire, université de Versailles-Saint-Quentin
      Sylvain Bertschy, Doctorant, Université Paul Valéry Montpellier III
      Sahar Aurore Saeidnia, Postdoctorante, IREMAM-MMSH, Aix-en-Provence
      Fanny Vincent, post-doctorante, CEET-CNAM
      Alice Simon, ATER, Université de Montpellier
      Tristan Poullaouec, MCF, Université de Nantes
      Julien O’Miel, MCF, Université de Lille
      Chowra Makaremi, CR, CNRS, IRIS
      David Do Paço, chercheur et enseignant, CHSP, Sciences Po
      Rachel Vanneuville, CR, CNRS, Triangle Lyon
      Antonio Ramos Ramírez, ATER, Université de Versailles-Saint-Quentin
      Kristina Kovalskaya, Doctorante, EPHE-PSL Paris
      Caroline Guibet Lafaye, directrice de recherche, Cnrs, Univ. de Bordeaux
      Dominique Glaymann, professeur de sociologie, Université d’Evry Paris-Saclay
      Grégoire Le Quang, ATER, Université Lyon 2
      Maria Emanovskaya, doctorante, INALCO
      Davide Gallo Lassere, postdoc, Sophiapol, Université Paris Ouest
      Tatyana Shukan, lectrice, Université Paris-Sorbonne
      Nataliya Puchenkina, doctorante, Université de Tours
      Josua Gräbener, chargé de cours, Université Lille 2 (docteur IEPG)

      Signataires citoyen.nes

      Pierre Gaillard LDH Délégué Régional
      Paola Bonilla, Isère
      Nathalie Durindel, enseignante dans le second degré, Isère
      Elsa Quintin, professeur agrégée Arts Plastiques
      Anaïs Coulin, enseignante dans le second degré, Isère
      Quentin Latasse, enseignant-stagiaire dans le second degré, Isère
      Marie Bouvet, adjoint du patrimoine, Rhône
      Hélène Bouvet, retraitée, Haute- Savoie
      Estelle Flory, éditrice, Seine-et-Marne
      Perrine Olff-Rastegar - UJFP Alsace - Strasbourg
      Christiane Vollaire - Programme Non-lieux de l’exil (EHESS-Inalco)

      https://docs.google.com/document/d/1bKh1uQqj83ZvmOBWhRsMK0nukhIJjb_oleft667f-ws/edit

    • Lettre ouverte aux organisateurs du colloque de « Frontex à Frontex »
      –-> résumé des faits et des opinions

      Pour faire suite à l’organisation de deux journées « Frontex » à l’université de Grenoble, leur perturbation et l’intervention des forces de l’ordre sur le campus...

      https://lundi.am/local/cache-vignettes/L1200xH554/arton1257-bd727.png?1522751525
      https://lundi.am/Lettre-ouverte-aux-organisateurs-du-colloque-de-Frontex-a-Frontex

    • Au-delà de la loi ORE, les étudiants grenoblois sont mobilisés contre Patrick Lévy et demandent sa démission. Ils lui reprochent d’avoir demandé à la préfecture de l’Isère, le 22 mars dernier, l’évacuation d’un colloque sur l’agence européenne de surveillance des frontières (Frontex), organisé sur le campus et envahis par des étudiants et militants protestataires. L’évacuation musclée par la police a été qualifiée de « violente » par les étudiants qui déplorent quatre blessés soignés à l’hôpital, dont deux pour des plaies ouvertes.

      http://www.liberation.fr/france/2018/04/05/grenoble-un-batiment-de-la-fac-bloque_1641355

  • Abécédaire (G à M)

    Composé de huit heures d’entretien avec le philosophe français #Gilles_Deleuze, l’#Abécédaire est le seul #film consacré à ce penseur qui a toujours refusé d’apparaître à la télévision. Il accepta pour cette unique fois une entrevue avec une équipe de télévision, à condition que ce film prenne la forme de conversations entre lui et son ancienne élève et amie Claire Parnet et qu’il soit diffusé après sa mort. L’Abécédaire a été produit et réalisé par Pierre-André Boutang et tourné en 1988. Sa première diffusion eut lieu sur Arte en 1996, dans l’émission du même Pierre-André Boutang intitulée Metropolis.

    https://www.sam-network.org/video/abecedaire-g-a-m?curation=4167
    #Deleuze #interview #philosophie
    via @isskein

  • #Gilles_Deleuze : I comme Idée | Abécédaire (G à M)
    https://www.sam-network.org/video/abecedaire-g-a-m?curation=4167

    Composé de huit heures d’entretien avec le philosophe français Gilles Deleuze, l’Abécédaire est le seul film consacré à ce penseur qui a toujours refusé d’apparaître à la télévision. Il accepta pour cette unique fois une entrevue avec une équipe de télévision, à condition que ce film prenne la forme de conversations entre lui et son ancienne élève et amie Claire Parnet et qu’il soit diffusé après sa mort. L’Abécédaire a été produit et réalisé par Pierre-André Boutang et tourné en 1988. Sa première diffusion eut lieu sur Arte en 1996, dans l’émission du même Pierre-André Boutang intitulée Metropolis.

    • Pétition pour la réouverture immédiate du carnet Russeurope, par Jacques Sapir
      Pour une science ouverte à la liberté d’expression des chercheurs.
      Demande de réouverture du Carnet en ligne de Jacques Sapir

      https://www.change.org/p/marin-dacos-demande-de-r%C3%A9ouverture-du-carnet-en-ligne-de-jacques-sapir?

      Le 26 septembre 2017, les responsables de la plateforme Hypotheses.org et de OpenEdition décidaient de suspendre le carnet de recherche (blog) de Jacques Sapir, Russeurope.

      Cette décision, que de nombreux juristes considèrent comme sans fondements et arbitraire, a immédiatement suscité une grande émotion dans le monde universitaire et au-delà. Cette décision met en cause le principe de la liberté des chercheurs.
      Elle s’avère contradictoire avec le fait que ces chercheurs, et en particulier dans les sciences humaines et sociales, sont directement et immédiatement insérés dans l’espace politique. Enfin, cette mesure est de nature à porter un immense préjudice aux institutions de recherches en France, et à les déconsidérer aux yeux des chercheurs étrangers.
      Des protestations très nombreuses ont été envoyées à M. Marin Dacos, responsable d’Hypotheses.org ainsi qu’à son supérieur au Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, M. Alain Beretz. Pour l’instant, M. Marin Dacos se refuse de répondre.

      Cette pétition sera remise à Marin Dacos, OpenEdition

      Premiers signataires
      *M. Denis Alland, Professeur en Droit Public, Université de Panthéon-Assas (Paris-2)

      *Bernard Cassen, Professeur émérite d’Anglais à l’Université de Paris-8.

      *David Cayla (Maître de Conférences en économie à l’université d’Angers).

      *Franck Collard, Professeur d’Histoire Médiévale à Paris-Ouest (Paris-10, Nanterre)

      *Daniel Bachet, Professeur des Universités, Sociologie, Université Paris-Saclay

      *Michel Bergès, Professeur de Sciences Politiques, Université de Bordeaux

      *Olivier Berruyer, actuaire et blogueur (Lescrises.fr)

      *Bernard Bourdin, Professeur à l’Institut Catholique de Paris, Historien des idées, philosophe politique.

      *Coralie Delaume, écrivain et blogueur (l-arene-nue.blogspot.fr)

      *Eric Desmons, Professeur de Droit Public, Université de Paris-XIII

      *Marcel Gaucher, Directeur d’études (retraité) à l’EHESS, Philosophe.

      *Jacques Généreux, économiste, maitre de conférences des Universités, professeur à l’IEPP – Sciences Po.

      *Jacques A. Gilbert, Professeur de Littérature comparée, Université de Nantes

      *Brigitte Granville, Professor of International Economics and Economic Policy, Chevalier des Palmes Academiques, Fellow of The Higher Education Academy (FHEA), School of Business and Management, Queen Mary University of London

      *Alain Guery, Directeur de recherche au CNRS, Historien.

      *Éric Guichard, Philosophe de l’internet et du numérique, Enssib-Ens, Ancien Directeur de programme au Collège international de philosophie

      *Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, université Paris 7.

      *Dominique Lecourt, Philosophe, professeur émérite des universités, ancien recteur d’académie, président d’honneur des Presses Universitaires de France.

      *Laurent Loty, Historien des imaginaires et des idées scientifiques et politiques au CNRS, Président d’honneur de la Société Française pour l’Histoire des Sciences de l’Homme

      *Roseline Letteron, Professeur des Universités, professeur de Droit à Paris-Sorbonne.

      *Laurent Loti, Chargé de recherche au Centre d’Étude de la Langue et des Littératures Françaises (CNRS—Université Paris-Sorbonne)

      *Jérôme Maucourant, Maître de conférences (HDR) en sciences économique à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne

      *Laurent Pinsolle, blogueur (gaullistelibre.com)

      *Nicolas Pons-Vignon, Senior researcher in development economics, University of the Witwatersrand, Afrique du Sud

      *Benedetto Ponti, professeur de Droit administratif au département de Science Politique de l’Université de Perugia, professeur de droit des médias numériques.

      *Bertrand Renouvin, Journaliste et écrivain.

      *Stéphane Rials, professeur de relations internationales et de philosophie politique à Panthéon-Assas (Paris 2).

      *Claude Roddier, Professeur des universités, retraitée depuis 2001. Professeur d’astronomie à l’université Aix-Marseille

      *François Roddier, Professeur des universités, retraité depuis 2001. Directeur du département d’Astrophysique de l’Université de Nice

      *Antoni Soy, Honorary Professor of Applied Economy, University of Barcelona. Former Deputy Minister of Industry and Business, Government of Catalonia. Former Mayor of Argentona

      *Serge Sur, Professeur émérite à l’Université Panthéon-Assas (Paris 2)

      *Pierre-André Taguieff, philosophe et historien des idées, directeur de recherche au CNRS

      *Véronique Taquin, écrivain, normalienne et agrégée de Lettres modernes, professeur de chaire supérieure en khâgne au lycée Condorcet.

      *Bruno Tinel, économiste, Maître de conférences, HDR, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

      *Michèle Tribalat, démographe

      *Jérôme Valluy, Maître de Conférences (HDR) de Sciences Politiques à Paris-1

      *Alain Venturini, archiviste-paléographe, conservateur général du patrimoine, directeur des Archives départementales de l’Aveyron

  • Macron au microscope
    http://www.dedefensa.org/article/macron-au-microscope

    Macron au microscope

    Nous nous sommes permis d’emprunter cette interview de Pierre-André Taguieff, par Alexandre Devecchio de Figaro-Vox, le 15 septembre 2017 parce que l’appréciation de Taguieff nous semble correspondre à une analyse tout à fait raisonnable et développée par un regard critique et extrêmement ferme, avec des jugements tranchants qui correspondent parfaitement à l’événement de Macron devenu président. C’est dire qu’il s’agit moins de mettre en cause une personne en tant que telle (Macron) que cette personne dans la représentation qu’on a faite d’elle et à laquelle elle s’est prêtée sans la moindre restriction (Macron-président).

    Macron est ce qu’il est en tant que personnalité propre et ce n’est pas là ce qui est en cause, – et peut-être est-ce d’ailleurs l’un des nœuds les plus serrés du (...)

  • Nouvelle loi travail : l’Elysée et le gouvernement en ordre de bataille
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/220517/nouvelle-loi-travail-lelysee-et-le-gouvernement-en-ordre-de-bataille

    Le trio de conseillers chargés de la réforme du code du travail à l’Élysée, à Matignon et au ministère du travail vient d’être nommé. Les trois hommes partagent la volonté de changer rapidement les règles, ce qui devrait être fait par le biais d’ordonnances d’ici à cet automne. Le Medef applaudit, les #syndicats sont plus circonspects.

    #Economie #Antoine_Foucher #conseillers_ministériels #Franck_Morel #loi_sur_le_travail #Pierre-André_Imbert

  • L’exécutif en ordre de bataille pour lancer sa #loi_sur_le_travail
    https://www.mediapart.fr/journal/france/220517/l-executif-en-ordre-de-bataille-pour-lancer-sa-loi-sur-le-travail

    Le trio de conseillers chargés de la réforme du code du travail à l’Élysée, à Matignon et au ministère du travail vient d’être nommé. Les trois hommes partagent la volonté de changer rapidement les règles, ce qui devrait être fait par le biais d’ordonnances d’ici à cet automne. Le Medef applaudit, les #syndicats sont plus circonspects.

    #France #Economie #Antoine_Foucher #conseillers_ministériels #Franck_Morel #Pierre-André_Imbert

  • CONTRE LA CONSTITUANTE
    La démocratie directe sans le peuple ?

    « C’est ainsi qu’avance l’histoire, en se bouchant la mémoire comme on se bouche les oreilles. (…) Mais quoi ? L’histoire n’est amère qu’à ceux qui l’attendent sucrée... »
    Sandor Krasna, Sans Soleil, Chris Marker, 1983

    Depuis quelques années, le relatif regain d’intérêt pour la démocratie directe a engendré une multitude d’initiatives, essentiellement par l’intermédiaire de sites web, de blogs, de forums ou de listes de diffusion indépendants des groupuscules et partis politiques. Ces individus ou collectifs, issus ou non du mouvement des « indignés » français du printemps 2011, pourraient à l’avenir former un milieu politique fertile, à condition de rompre leur isolement réciproque pour éprouver leurs positions1.
    Depuis peu s’y développe un courant d’idées bien particulier, gravitant autour d’une idée centrale : la voie vers la démocratie directe passerait par la convocation d’une assemblée Constituante composée de personnes tirées au sort parmi la population et chargées d’établir une nouvelle constitution française.
    Cette approche rompt, salutairement, mais sans le dire, avec de nombreux présupposés idéologiques hérités des mouvements politiques qui ont ravagé le XXe siècle et qui visaient, eux aussi, un changement radical de société. Mais c’est, nous semble-t-il, pour retomber dans d’autres illusions. C’est donc à la discussion de celles-ci que ce texte voudrait inviter.

    LE COURANT PRO-CONSTITUANTE

    La nébuleuse dont il est ici question paraît largement s’inspirer d’Étienne Chouard. Celui-ci s’est politisé et fait connaître lors du référendum pour le Traité Constitutionnel Européen de 2005. Il avait alors présenté un contre-argumentaire qui avait rencontré un écho important. Prenant acte de la victoire du « non », et à rebours du vide politico-intellectuel contemporain, il a depuis entrepris une réflexion visant à avancer une alternative à l’Europe techno-bureaucratique. Cela l’a amené, de manière très cohérente et en découvrant l’histoire politique de la Grèce Antique, à cette proposition de Constituante tirée au sort, moyennant un blog prolifique (« Le plan C » 2). Peu à peu, d’autres initiatives lui ont emboîté le pas (« Le Mes — sage », « Gentils Virus », etc.) ou s’en sont inspiré plus ou moins explicitement (« Vraie démocratie », « Objectif démocratie », « La Constituante en marche », « La démocratie », « Les citoyens constituants », etc.) 3.
    Ce courant nous est proche à trois égards : d’abord, il part d’une critique du régime actuel, du mode électoral et du gouvernement représentatif, perçus comme l’expression politique de l’oligarchie qui domine la société. Cette contestation se fait dans des termes très proches de ceux que nous employons depuis des années. De même, sa référence à la Grèce Antique lui fait très clairement concevoir la démocratie directe à travers des notions oubliées : assemblées générales souveraines, mandats impératifs, destitution des délégués, tirage au sort, rotation des siège ou reddition des comptes. Enfin, son approche détone d’avec l’encombrant héritage marxiste-léniniste qui imbibe toujours, mezzo voce, les franges gauchisantes rêvant d’un Grand Soir organisé pour porter au pouvoir quelques détenteurs de la Vérité historique – ou d’avec son symétrique, un spontanéisme anarchisant misant angéliquement sur le surgissement soudain de rapports sociaux harmonieux et apaisés. Ces formes de messianisme allant de pair avec le fait de remettre toujours à plus tard la conception d’une autre organisation de la société, leur refus permet donc – à nous comme au courant pro-Constituante – l’ouverture de véritables chantiers politiques.

    PROJET ET CRITIQUES

    Pour autant, à l’examen, le projet de ces militants pro-Constituante présente une multitude de lacunes, d’incohérences ou de contradictions – que les contre-argumentaires proposés ne font qu’approfondir et multiplier4 – et qui ne peuvent que discréditer leurs porteurs et notre visée politique. Ce sont elles que nous allons pointer en suivant, étape par étape, le protoscénario que l’on peut déduire de leurs écrits. Résumons celui-ci en quelques mots :
    1) La Constituante est convoquée par un moyen ou un autre (référendum, initiative du Chef de l’État...) ;
    2) les délégués sont tirés au sort parmi la population ;
    3) ils travaillent durant un temps déterminé à l’élaboration d’une nouvelle constitution française instaurant la démocratie directe ; 4) cette Constitution est soumise à ratification par référendum.

    Voilà le projet, tel qu’il se présente dans sa version la plus répandue, et la plus sérieuse. Mais avant d’entrer dans le détail, livrons d’emblée l’axe principal de notre critique : Les proConstituantes veulent la démocratie directe, mais sans l’activité foisonnante d’un peuple visant une transformation sociale, idée à laquelle ils associent sans doute le déchaînement de la violence, alors que nous y entendons toute autre chose : l’auto-organisation des gens, c’est-à-dire la formation d’institutions autonomes locales se substituant aux pyramides hiérarchiques actuelles. Ce refus du soulèvement populaire et de l’élaboration d’une autre société par les premiers concernés amène paradoxalement les pro-Constituante à évincer de leur scénario le principal acteur : le peuple. Option sans doute renforcée par la conscience, ou du moins l’intuition, que les aspirations de nos contemporains sont sensiblement éloignées de ces visées.
    Cette éviction tacite des gens ordinaires porte donc les pro-Constituante à viser une action uniquement institutionnelle, légaliste et technique, sans qu’il ne soit jamais exigé du peuple, relégué au statut d’entité abstraite, autre chose qu’une adhésion formelle à l’idée surplombante d’une Constituante tirée au sort5. Jamais, nulle part, n’est envisagée sérieusement une pratique autonome des gens telle qu’elle a pu se déployer dans toutes les révolutions depuis deux ou trois siècles, en s’opposant à d’autres forces sociales. C’est pourtant par ce processus constituant que la collectivité invente une autre organisation sociale, et se crée elle-même en tant que sujet politique.
    En ne citant qu’à titre d’illustration l’histoire, l’héritage et l’expérience de la démocratie directe léguée théoriquement par les Lumières, puis pratiquement par les révolutions, le mouvement ouvrier et ses suites, nos pro-Constituante en évacuent le trait essentiel : la praxis, ce lien indissoluble entre la pensée et l’action politique populaire, qui fonde la légitimité de chacun à s’occuper des affaires de tous. Leur approche, on le verra, ne protège des crises et de la violence qu’au prix de l’échec et de la récupération politique. Elle s’interdit de penser réellement une autotransformation radicale de la société, qui ne peut demeurer à cette heure, faut-il le préciser, qu’une interrogation ouverte.

    Avant d’avancer quelques pistes en conclusion, nous évoquerons les soubassements idéologiques de cette mouvance qui prône une « révolution par le haut », à l’instar des tenants du « revenu garanti », qui apporteront quelques éléments de compréhension quant à l’aveuglement d’É. Chouard et de ses plus proches défenseurs vis-à-vis des milieux d’extrême droite ou complotistes6.

    1 – Processus de convocation de la Constituante

    Tel que le présentent les pro-Constituante, le processus amenant à la formation de l’assemblée Constituante est très flou : il est question de « pression populaire » et/ou de l’élection d’un Président de la République qui s’engagerait à convoquer ladite Constituante, sans plus de détail, comme beaucoup l’ont fait depuis (Mélenchon, Montebourg,...). Un peu plus conséquents et sérieux, des sites évoquent, mais par des processus identiques, l’établissement préliminaire de Référendums d’Initiatives Populaires, consultations initiées par une part significative de l’électorat, dont le modèle suisse est le plus connu.

    Improbabilité du Référendum d’Initiative Populaire (RIP)
    Ce 19 novembre 2013, l’Assemblée Nationale a bel et bien adopté le RIP... mais en le rendant totalement inapplicable7 ! Cet épisode laisse entrevoir ce qu’une telle initiative peut devenir dans le contexte actuel, avec d’un côté un pouvoir en panne de légitimité et de l’autre une population marquée par le chacun-pour-soi et qu’aucun projet commun ne rassemble plus. Les dominants seront d’autant plus enclins à récupérer ce type de consultation que dans les années qui viennent, les réactions de la population vont aller croissant face à la dégradation permanente de ses conditions de vie. Ces référendums ne seront alors qu’un moyen d’acheter momentanément la paix sociale au prix de quelques concessions, au coup par coup et sans remettre en question l’ordre social existant. Cela peut aussi devenir un moyen efficace de s’allier la population par un chantage à « l’unanimisme républicain » face aux multiples crises qui convergent et commencent à faire sentir leurs effets très concrètement. De son côté, une population conservatrice et paniquée peut transformer ce genre de consultation populaire en instrument au service du maintien de ses privilèges ou à l’adoption de mesures réactionnaires. L’exemple suisse, sans être univoque, est tout de même instructif.
    C’est pourquoi faire du RIP un fétiche est particulièrement mal venu. L’essentiel ici est moins le dispositif en lui-même que l’état d’esprit de la population, qui s’en empare (ou pas) pour en faire en fait (ou pas) un instrument démocratique au service du bien commun.

    Improbabilité d’un référendum sur une Constituante tirée au sort
    Mais passons sur les modalités de déclenchement d’un tel référendum, et abordons la question des résistances que pourrait soulever une question référendaire ne portant sur rien moins qu’un changement de régime politique.
    Il semble évident que toute initiative mettant sérieusement en cause les échelles de souveraineté en place verra se mobiliser contre elle l’État et tous ses services officiels ou secrets, tous les lobbys économiques internationaux, les médias et les personnalités et bien entendu tous les appareils politiques et syndicaux qui ne peuvent être qu’oligarchiques par essence8. Si jamais une campagne de référendum pour la désignation d’une assemblée Constituante tirée au sort a lieu, elle subira une offensive de dénigrement telle qu’on en a rarement vu dans l’histoire, renouant avec des pratiques immémoriales, mais oubliées des Européens repus (à noter que la société est à ce point délabrée qu’il suffirait même au pouvoir de suspendre simplement ses activités de maintien de l’ordre pour voir s’instaurer une terreur par en bas et susciter une panique sociale). À moins qu’elle ne subisse un escamotage ultérieur : l’expérience, inaugurale pour certains, du référendum de 2005 sur la constitution européenne finalement imposée deux ans plus tard par le parlement parle est édifiante. Que la population se révolte alors et le pays se retrouvera dans une situation de crise politique inédite. Son issue est prévisible : l’oligarchie en sortira par la voie royale ouverte par les contestataires eux-mêmes en convoquant effectivement une Constituante, mais composée cette fois de personnalités nommées par élections.
    C’est ce que propose par exemple actuellement le Parti de Gauche, qui y trouvera l’occasion d’y placer de nouvelles têtes fraîchement encartées et fermement tenues par la nomenklatura. Rien n’en sortira hormis la consolidation du pouvoir de quelques-uns. L’exemple, tant vanté, de « la révolution islandaise », et notamment sa Constituante invalidée en 2011 après trois mois de travail, devrait servir de leçon tant le feuilleton des forfaitures des briscards de la politique y est paradigmatique.

    2 – Désignation des délégués

    Mais admettons que le principe initial d’une Constituante tirée au sort soit finalement adopté. Un tel mode de désignation, résolument novateur dans la France d’aujourd’hui, pose un certain nombre de problèmes, et notamment celui de la représentativité, qui est pourtant le principal argument de ses partisans.

    L’autosélectivité des délégués
    Soit ce tirage se fait a priori au sein du corps électoral, soit il se fait parmi une liste de volontaires. Plaçons-nous dans le second cas (ou dans les deux en admettant le refus de siéger serait scrupuleusement respecté et qu’il sera un recours d’autant plus utilisé que chacun saura qu’il s’agit d’une magistrature absolument déterminante pour l’histoire du pays et que chacun sera au centre de toutes les attentions) : le filtre de l’autodésignation sera un biais inévitable.
    Nous retrouverons donc ces biais déjà bien connus par les jurés d’assises, mais démultipliés au centuple : ne siégeront que ceux qui considèrent leurs opinions présentables et s’estiment aptes à siéger, c’est-à-dire à faire partie de l’élite qui de facto dessinera l’avenir pour des décennies. Faut-il alors préciser que l’assemblée sera en majorité composée par la classe moyenne, masculine, blanche, éduquée, insérée, valide, citadine, etc.9 ? Les exceptions seront ramenées à leurs statuts de déviants lors des toutes premières délibérations solennelles par les mécanismes bien connus de disqualification et de conformisme groupal. Telle est la société actuelle et telle sera l’assemblée Constituante, si aucun processus ne vient bousculer au sein du peuple lui-même les représentations sociales qui maintiennent l’organisation sociale telle qu’elle est.

    Représentativité problématique
    Mais faisons momentanément fi de ces considérations psychosociologiques, et admettons que les quelques milliers de délégués seront « représentatifs » de la société actuelle, au pourcentage près – on attendra pour savoir les critères de cette « représentativité »... Ils compteront alors, comme le pointe par exemple très pertinemment « Objectif Démocratie » sans y répondre convenablement, 7 % d’illettrés et près de 30 % ne maîtrisant pas la lecture, facteurs qui ne disqualifient certainement pas à l’exercice démocratique, mais qui rend éminemment problématique un travail constitutionnel de type parlementaire. Bien plus : la Constituante sera, à l’image du pays, profondément et irrécusablement divisée entre classes sociales, classes d’âge, affiliation idéologiques voire appartenances religieuses ou ethniques, corporations, lobbys, etc.

    Sans aucun remaniement des opinions provoqué, comme en mai 68, par la créativité collective d’un bouillonnement social de la société, d’un peuple expérimentant et mettant à l’épreuve par son action même les idées, les principes et les affiliations les plus diverses, sans l’immense effort populaire nécessaire pour sortir des impasses idéologiques en inventant des idées nouvelles et en se réappropriant les expériences du passé, les débats de l’assemblée Constituante ne pourront que s’embourber dans tous les faux clivages contemporains ou en créer de nouveaux dans lesquels la population ne se reconnaîtra pas.

    3 – Travail de la Constituante

    Mais passons outre une fois de plus : voilà nos délégués lambda assis sur leurs sièges de l’assemblée, travaillant pour le bien du peuple, mais sans aucun contrôle de celui-ci... La situation rappelle celle dénoncée : Car on retrouve ici intacte l’idée selon laquelle le pouvoir de décision repose toujours entre les mains de quelques-uns, tandis que le peuple est invité
    à perdurer dans sa passivité, selon le principe fondamental du système représentatif10.

    Des délégués incontrôlables
    Car que la population se passionne pour ces débats ou en attende patiemment des solutions à ses problèmes, elle n’a rien à en dire, ces tirés au sort étant absolument souverains de leur jugement, s’informant, délibérant et décidant en leur for intérieur. Il faut être clair : Ils ont été nommés, eux, pour élaborer une nouvelle constitution, et on ne voit pas au nom de quoi ils auraient des comptes à rendre quant à leurs choix, ni à qui, pendant leur mandat comme après. Certes, certains parlent « d’ateliers constituants locaux » composés de citoyens chargés d’épauler les délégués dans leur travail. Mais si ces délégués décident sous influence, alors ces « ateliers », qu’ils soient de gauche ou d’extrême droite, seront de bien peu de poids face aux pressions extraordinaires auxquelles seront soumis nos élus, de la part de tout ce que l’oligarchie compte de think tanks, de groupes d’intérêts, de réseaux d’influence, de lobbys plus ou moins officiels, de circuits de corruption, de pressions mafieuses, etc. C’est, très exactement, ce qu’ont vécu les Tunisiens, ou même les Français devant le spectacle régulier de l’ascension hiérarchique dans l’entreprise ou dans les institutions républicaines... À moins d’isoler totalement les délégués de toute influence, donc de les couper radicalement d’une vie sociale qui faisait d’eux autre chose que des professionnels de la politique.

    Une constitution enfin démocratique ?
    Ces quelques milliers de personnes chargées d’écrire « seules » une constitution pour la France ont été désignés parce qu’elles ne sont justement pas spécialistes de la politique. Sans aucune préparation et provenant d’un peuple vivant dans l’apathie depuis des générations, sans aucune expérience du pouvoir réellement démocratique, ni même de pratiques sociales ou politiques un tant soit peu dégagée de la mentalité oligarchique, elles auront à fixer l’organisation de la vie politique d’un pays habité par 70 millions d’habitants et comptant parmi les dix grandes puissances mondiales. Enfants de De Gaulle, de Mitterrand et de Sarkozy, on voit mal nos délégués systématiser l’amateurisme en politique, instituer des assemblées souveraines, et démanteler l’État comme organe séparé du corps social, requisit minima pour parler raisonnablement de démocratie directe.
    Il y a fort à parier que nos représentants ne façonneront qu’une constitution qui ressemblera fort à celles que nous avons connues, sans doute agrémentée de quelques organes consultatifs ou contre-pouvoirs citoyens – c’est d’ailleurs la perspective explicite d’E. Chouard lui-même11.

    4 – Résultats possibles de cette Constituante & ratification

    Mais passons là encore et imaginons qu’enfin l’assemblée soit parvenue à se mettre d’accord sur un texte, et que celui-ci soit soumis à ratification à la population par référendum. De quoi cette Constituante sans révolution peut-elle accoucher ?

    Une constitution parfaite, mais inapplicable
    Commençons par le meilleur des cas : la constitution finale pose les principes d’une véritable démocratie directe, prononçant la dissolution de tous les corps oligarchiques qui régissent le pays, des ministères aux médias en passant par les trusts, et instaurant assemblées générales, contrôle des délégations, tirage au sort, autonomies locales, tribunaux populaires, etc. Supposons que la population française l’adopte par référendum et voici donc nos 40 millions de citoyens,
    à qui l’on a demandé d’attendre patiemment depuis le début, se réveillant un beau matin, conviés par injonctions gouvernementales à intervenir dans des assemblées où ils n’ont jamais mis les pieds, à prendre en charge des tâches dont ils n’ont même jamais entendu parler, contrôlant des délégués à l’aide de dispositifs jamais expérimentés, invité à réinventer un travail qu’ils n’ont jamais osé remettre en cause, à appliquer des lois incompréhensibles, etc. sans même parler des conséquences concrètes, matérielles et économiques des choix faits par leurs délégués, si jamais ceux-ci avaient pris conscience de l’inéluctable déplétion énergétique et opté pour une décroissance...
    Évidence première : une constitution ne vaut que si elle répond, peu ou prou, aux aspirations du peuple – et une démocratie directe imposée par en haut rappellerait de bien mauvais souvenirs, celui de Khadafi et de son funeste Livre vert pour ne citer que le plus caricatural, et parmi les derniers d’une longue série. Il y aurait, bien sûr, la possibilité d’une ratification article par article. Mais en ce cas les débats, tardifs, mais passionnés, qui se dérouleront alors ne manqueront pas de pousser à la réécriture du texte final, ne serait-ce que pour lui donner une orientation cohérente et significative. Il ne serait pas étonnant qu’une majorité de la population renvoie plutôt une nouvelle Constituante au travail, et continue à vaquer à ses occupations – en espérant que tous ceux qui voient tout ce processus d’un mauvais œil depuis le début veuillent bien garder l’arme au pied.

    Une crise politique sans précédent
    Car tel est l’enjeu : si la nouvelle constitution opère un réel changement vers un partage élargi du pouvoir, il y a fort à parier que ses opposants n’en resteront pas là, et ouvriront une crise politique profonde, sinon un affrontement, que les proConstituantes cherchent justement à contourner. Un bref regard sur le déclenchement de la guerre civile espagnole à l’été 1936 montre que les puissants se laissent rarement déposséder avec le fair-play souhaité.
    Plus grave encore : cela fait des décennies que les crises multiples qui traversent nos sociétés s’amplifient et commencent à interagir dangereusement. Et cela fait des décennies que les populations demandent massivement à d’autres de les résoudre. Qu’il s’agisse du chaos économique, des tensions internationales, de la fragmentation des territoires12, d’émeutes nihilistes ou de retour aux archaïsmes religieux, le contexte inévitablement précaire dans lequel travaillera la Constituante sera extrêmement anxiogène. Ni la population, encore une fois dépossédée des moyens de s’approprier la situation, ni l’Assemblée Constituante, rivée à sa tâche, n’auront de marge de manœuvre. La magie qui nimbe aujourd’hui le terme de « démocratie » pourrait bien se dissiper au contact de réalités désagréables – sans même évoquer les « opérations Condor » que des puissances étrangères, les milieux militaires et autres « services » français pourraient bien déclencher. Avaliser la nouvelle constitution sera alors plutôt une manière de faire cesser une dangereuse instabilité. Le cas égyptien de ce mois de janvier 2014 est encore instructif de ce point de vue.

    Retour à la normale
    Mais les idéologies contemporaines n’ayant jamais été remises en causes et l’époque des « trente glorieuses » restant l’horizon implicite de tous les comportements, tout porte plutôt à croire que l’assemblée accouchera d’une constitution sans grandes ruptures avec les précédentes. Bien sûr seront insérés ici ou là des articles novateurs, contrebalançant quelques profondes régressions dont notre époque a le secret. Mais le but final, avoué ou non, n’est-il pas essentiellement la réconciliation du peuple avec lui-même et avec ses élites enfin « moralisées » ?

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    « Le véritable esprit de 1789 consiste à penser, non pas qu’une chose est juste parce que le peuple le veut, mais, qu’à certaines conditions, le vouloir du peuple a plus de chances qu’aucun autre vouloir d’être conforme à la justice. »
    Note sur la suppression générale des partis politiques, Simone Weil, 1940, Climats, 2006.

    On le voit, de la convocation de l’assemblée Constituante au texte final, ce protoscénario est grevé d’approximation, d’illusions et de problèmes insolubles dans le cadre dans lequel il est posé. Ces insuffisances nous semblent faire système et révéler des biais idéologiques dont il faudrait dégager la réflexion.

    LES BIAIS IDÉOLOGIQUES DE LA DÉMARCHE

    On pourrait résumer les critiques précédentes à travers trois contradictions.

    L’écriture d’une constitution n’est pas adaptée à la situation actuelle.
    La question d’une autre constitution peut être un processus invitant chacun à envisager une autre société, à partir des expériences concrètes de chacun, mais elle ne peut qu’être l’amorce d’une réflexion générale sur le monde que nous voulons, et, avant toute chose, sur le monde tel qu’il est. En désignant la constitution comme « la cause des causes » (n’ont-ils jamais entendu parler du Royaume-Uni ?), les proConstituantes relaient la mystification des Modernes qui veut que le fonctionnement d’un pays se résume à quelques pages imprimées, conjurant la réalité immaîtrisable d’une collectivité s’autodéfinissant perpétuellement dans les comportements quotidiens de tout-un-chacun13. Une constitution est le condensé d’une destinée qu’un peuple se donne, en acte, l’avenir qu’une population vit, sinon déjà, du moins en puissance. La confusion mentale actuelle, la sénilité sans fin des vieilles lunes idéologiques, les mirages consuméristes, l’interpénétration voulue de la vie avec les réseaux étatiques, la renaissance des peurs et des haines archaïques, tout cela forme une pensée éclatée très éloignée de ce que requiert un projet de société populaire et vivant. Maintenir, hic et nunc, que la priorité doit être l’écriture d’une Constitution, quelles qu’en soient les modalités, c’est le faire, inéluctablement par contumace du peuple.

    Le tirage au sort n’est pas adapté à la société telle qu’elle est. Dispositif égalitaire, le tirage au sort des délégués, plus que tout autre, sous-entend une collectivité entièrement travaillée par la perspective individuelle et collective de l’exercice du pouvoir. Alors que les proConstituantes ne l’entendent que comme un moyen de créer une représentation vraiment représentative, le tirage au sort est autant un processus de désignation qu’un moyen d’autoéducation d’un peuple : il nécessite la régularité, la rotation des mandats et la généralisation, non seulement pour être représentatif au fil du temps, mais surtout pour devenir mode de gouvernement, et culture particulière d’une société qui fait corps avec ses institutions et s’édifie par leur entremise. Sinon, il n’est que déguisement de l’autodésignation des plus aptes, paravent à l’influence déterminante de quelques « conseillers », c’est-à-dire maintien des mécanismes de domination sous couvert de nomination de « bons élus », jaillis miraculeusement d’une plèbe perpétuellement passive. La diversité de son usage dans l’histoire14, et l’intérêt que lui portent les apprentis oligarques contemporains devrait faire réfléchir15.

    Le tirage au sort pour l’écriture d’une constitution. L’importance écrasante qu’est l’écriture d’une constitution est difficilement compatible avec son écriture par quelques délégués tirés au hasard et non contrôlés. À moins de supposer, perspective cauchemardesque, une population homogène et unanime – auquel cas la Constituante est une formalité de quelques jours – la discussion des grands principes politiques et philosophiques, la décision des grandes orientations du pays, la prévision des macro-mécanismes organisant l’essentiel de la société, la mise au point des dispositifs d’exercice et de contrôle du pouvoir, tout cela ne peut qu’avoir eu lieu au sein du peuple lui-même, engageant la quasi-totalité des individus dans une confrontation tous azimuts d’opinions. Les grands clivages de celles-ci doivent alors pouvoir se retrouver dans l’organe constituant et les délégués le composant doivent pouvoir être sommés de rendre régulièrement des comptes, sans que le hasard puisse donner l’avantage aux uns ou aux autres contre l’argumentation rationnelle et la délibération collective. Lier tirage au sort et écriture d’une constitution c’est, quel que soit le contexte, livrer l’avenir d’un pays aux mains de quelques-uns, aussi bien intentionnés soient-ils.

    UNE DÉMOCRATIE DIRECTE SANS PEUPLE

    Les proconstituantes reprennent donc des éléments propres à la démocratie directe, mais sans les extirper des fondements de ce qu’on appelle la « philosophie politique » moderne, qui allie le formalisme juridique, le système représentatif et l’aphonie du peuple. Plus grave encore : ils avalisent l’amnésie du XIXe siècle et entérinent le déni du XXe, en ignorant l’histoire moderne des peuples en quête de liberté. L’image qui se dégage de tout cela est bien celle d’une révolution sans peuple, guidée pacifiquement par quelques bons élus garantis par la seule technique du tirage au sort16. C’est là la solution trouvée pour contourner deux obstacles qui se dressent inévitablement face à quiconque se réclame de l’émancipation de tous et de chacun.

    C’est d’abord l’héritage inassumable de tous les courants marxistes-léninistes du XXe siècle, qui ont noyé l’aspiration à l’autonomie dans l’autoritarisme, la logomachie et la fossilisation, rivalisant avec les barbaries17 nazies, empêchant toute réappropriation des expériences populaires d’auto-institution de la société. Mais l’oubli n’est pas le deuil, et cette occultation, on l’a vu, condamne les proconstituantes à une terrible cécité.

    C’est, ensuite, l’époque contemporaine où les tenants de la démocratie directe se trouvent face à un peuple qui n’en veut que dans la mesure où elle sera la garante de petites jouissances privées que la crise économique, le pillage de la planète et l’attrait du modèle occidental condamnent à plus ou moins long terme18. Les mouvements qui se sont produits, qu’il s’agisse des mouvements sociaux français ou des « indignés » français ou grecs, sont marqués par la réaction face à la disparition progressive d’un monde qui promettait abondance et sécurité19. Cette réaction prend parfois des formes démocratiques, mais peut aussi s’incarner – et c’est de plus en plus souvent le cas – dans des mouvements d’extrême droite, nationaliste comme en Grèce, ou religieuses comme en régions musulmanes. Face à ce fait massif, nos proConstituantes tentent de faire l’économie de ce peuple trop incertain, de la même manière qu’à l’opposé, les démagogues par vocation hallucinent une population idéalisée et sans contradictions20. Dans les deux cas, une question, primordiale à nos yeux, n’est pas posée : celle du type d’individu que forme la société, qu’elle exige pour son maintien, qu’il s’agisse de l’individu actuel, son comportement, sa mentalité, ses réflexes, ses désirs et ses représentations, ou de l’individu requis pour et par une société démocratique21.

    Finalement, on peut inscrire cette idée d’une Constituante tirée au sort dans le courant des doctrines réformistes qui émergent systématiquement en période d’oligarchie délégitimée et de risques de déclassements massifs pour les classes moyennes en plein désenchantement : il y est question, à chaque fois, d’aménager le cadre existant en empruntant froidement quelques techniques ou dispositifs démocratiques plus ou moins radicaux, pour que se dégage une élite responsable capable de remettre le pays dans le droit chemin du progrès et de maintenir le niveau de vie. Ainsi, il n’y aurait qu’a convaincre chacun de la pertinence d’une Constituante tirée au sort, la magie du dispositif fera le reste, et si débat, conflit, déchirure ou violence il y a, ce sera dans l’enceinte feutrée d’une assemblée rassemblant ce peuple miniature que l’on pourra toujours congédier si d’aventure la pièce tournait mal. De ce point de vue, il est possible de comprendre les relations baroques qu’É. Chouard entretient avec des milieux nationalistes, antisémites ou complotistes : elles relèvent sans doute moins d’une volonté confuse de renouer avec une population depuis longtemps abandonnée par la gauche et l’extrême-gauche22 ou de tendances personnelles inavouées que de l’idée que tous les clivages seront surplombés et transmués par les séances de l’Assemblée Constituante, véritable boîte noire chargée (et sans doute investie tel par la population) de résoudre par procuration les problèmes colossaux que nous posent un XXIe siècle qui ne s’annonce pas chantant.

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    « Lorsque les hommes se rassemblent constamment par petits groupes et se parlent à l’oreille, le général a perdu la confiance de l’armée »
    Sun Tzu, L’art de la guerre

    Le lecteur sera déçu : il n’y aura pas, en conclusion, de Grande Solution proposée. Non pas que la question de l’avenir souhaitée ne se poserait pas, ou que le chemin menant à des sociétés viables et vivables ne se pose pas : tout au contraire, nombre de nos écrits depuis des années insistent, et traitent, de l’importance de ces interrogations hier si décriées. C’est plutôt que les réalités contemporaines, hétérogènes, enchevêtrées, complexes et instables, ne permettent aucun raisonnement toutes choses égales par ailleurs. Notre seule certitude – qui traverse tout ce texte : la transformation de la société visant la démocratie directe ne peut être qu’une autotransformation des institutions comme de l’individu, indissolublement lié, par l’action autonome des gens, ce qui revient à dire qu’elle doit être désirée, travaillée, mûrie dans le quotidien de chacun, qu’elle exige la lente autoformation d’un peuple à travers une myriade de contre-institutions. C’est ce que montre l’histoire bien comprise de la Grèce Antique comme celle des révolutions de ces derniers siècles23, et c’est ce qui semble être le point aveugle des proconstituantes.

    Il n’y a pas de Solution. Mais il y a une foule d’expériences historiques qu’il nous est impossible d’ignorer. On peut évoquer les sections révolutionnaires de 1789 et la Commune de Paris, bien sûr, mais même si on s’en tient au XXe siècle, on peut citer les soviets russes de 1905 et 1917, les Rätes allemands de 1918-1919, les collectivités révolutionnaires de l’Espagne de 1936, les conseils d’insurgés hongrois de 195 624, les comités de quartiers de mai 68. Plus récemment, en 2011, il y a eu les comités de sécurité du soulèvement tunisien25, les assemblées générales grecques26, espagnoles et mêmes américaines27. Que nous disent ces expériences ? Que l’aspiration du peuple à l’autogouvernement part toujours de formes d’organisation élémentaires, que les gens commencent toujours par élaborer une société à leur échelle, avec leurs moyens et la réflexion pratique qui est la leur.

    Il s’agit alors, d’abord et avant tout, d’un vaste mouvement de (re) socialisation, de libération de la parole dans les espaces les plus quotidiens, la rue, le quartier, le travail, la famille. La formation spontanée de ces groupes restreints rompt avec l’ordre ancien, relations sociales, réflexes conformistes, automatismes mentaux. Elle permet de faire le point sur la situation, de discuter de la marche à suivre et d’assurer un minimum de sécurité physique et affective pour chacun. Si le mouvement s’étend et prend de l’ampleur, progressivement, la coalition de ces petits groupes en assemblées locales institue une auto-organisation qui conduit à une gestion matérielle, par les gens eux-mêmes, des lieux d’habitation, de travail et de ravitaillement. Ces assemblées deviennent alors également le lieu de la confrontation, de l’élaboration et de la diffusion des opinions de tous, de la mise au point de formes d’action visant partout la destitution des dirigeants, l’auto-organisation de la population et la protection des personnes. L’étape suivante, la révolution proprement dite, la rupture d’avec l’ordre institutionnel existant, prend des formes différentes en fonction des lieux et des époques : il s’agirait pour nous de regrouper d’abord toutes ces collectivités en assemblées communales souveraines puis de les articuler les unes aux autres à des échelles plus grandes sous forme de fédérations puis de confédérations, déposant un à un tous les pouvoirs en place et s’y substituant, selon les principes de contrôle des délégués et de rotation des tâches.
    Ce n’est qu’alors que la question d’une nouvelle constitution pourra se poser, entérinant un fonctionnement inventé, fondé, expérimenté, et compris par tous.

    Ce processus28 ne garantit certainement pas l’instauration d’une démocratie directe. Les problèmes qui surgiront face à une population s’engageant dans une telle voie sont énormes – mais ce seront les nôtres. Il dessine, selon nous, la possibilité pour le peuple de se reconstituer en tant que corps et que sujet politique, de changer ses institutions en même temps qu’il se change lui-même, autotransformation individuelle et collective sans laquelle la démocratie directe n’est qu’un vain mot.

    Collectif Lieux Communs juin 2013 - janvier 2014
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    1 On lira à ce propos l’Introduction générale dans la brochure Démocratie directe : principes, enjeux, perspectives, première partie : Contre l’oligarchie, ses fondements politiques, sociaux et idéologiques, Avril 2013, disponible sur note site : https://collectiflieuxcommuns.fr/spip/spip.php?article679

    2 cf. http://etienne.chouard.free.fr/Europe

    3 cf. Dans l’ordre http://www.le-message.org, http://projetgentilsvirus.ouvaton.org/index.php/Accueil, http://lavraiedemocratie.fr, http://objectifdemocratie.org/pages/03alhome.html, http://laConstituanteenmarche.net, http://www.la-democratie.fr, http://lescitoyensconstituants.com

    4 On lira par exemple « Objections contre une Assemblée Constituante tirée au sort »
    http://projetgentilsvirus.ouvaton.org/index.php/Affichage_Objections_contre_le_Tirage_au_Sort

    5 Un site calcule par exemple qu’il suffirait de moins d’un an et demi pour convaincre toute la population française, si chaque militant convertissait 4 personnes par mois... C’est aussi le sens de l’initiative « Gentils Virus » ainsi dénommée pour propager la bonne nouvelle, comme si devenir partisan de la démocratie directe ne demandait finalement aucune grande remise en question quant au mode de vie actuel, et pas plus de temps que celui d’une contagion.

    6 Même sans avaliser l’hystérie collective des prétendus « antifascistes » qu’unit la haine gauchiste pour les réalités populaires, il est difficile d’admettre que l’intéressé refuse explicitement de clarifier ses positions vis-à-vis de gens tels qu’Alain Soral, Robert Ménard, Yvan Blot ou encore Robert Faurisson, par exemple.

    7 cf. l’article de Hélène Bekmezian dans Le Monde du 19.11.13 (repris sur notre site : https://collectiflieuxcommuns.fr/spip/spip.php?article714), sobrement intitulé : « Le référendum d’initiative partagée, trop compliqué pour être vraiment efficace », et celui de Roseline Letteron du site Contrepoints.org dont l’intitulé est plus évocateur : « Adoption du référendum d’initiative populaire, sans initiative populaire ». La nouvelle n’a étrangement pas été relayée sur les sites en question.

    8 Voir l’inusable R. Michels Les partis politiques — Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, (1914, Flammarion,
    1971), dont un chapitre est disponible sur notre site.

    9 On lira par exemple avec intérêt « La Cour d’assises en examen. Réflexion-témoignage d’un juré sociologue » d’André-Marcel d’Ans, paru dans la revue Droit et Société n° 54, 2003, pp. 403 – 432, consultable ici : http://www.reds.msh-paris.fr/publications/revue/pdf/ds54/ds054-07.pdf

    10 On nous pardonnera de renvoyer les proConstituantes à leur bible, Principes du gouvernement représentatif de B. Manin (1995, Flammarion 1996), qui, rappelons-le, comporte plusieurs parties, dont certaines traitent de « la marge d’indépendance des gouvernements ».

    11 « Les grands principes d’une bonne Constitution, qui prouveraient la guérison de notre démocratie », octobre 2005 – 2007, pp.
    7 sqq. consultable ici : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Bonne_Constitution_Guerison_Democratie.pdf. Ou alors, comme l’intéressé l’envisage, nos délégués n’auront pas à se « renseigner » eux-mêmes sur toutes ces questions, mais seront
    « conseillés » par « des parlementaires et ministres » (id.)... Est-ce sérieux ?

    12 On lira par exemple le très stimulant Fractures françaises de C. Guilluy (Flammarion 2010), ou encore La crise qui vient, la nouvelle fracture territoriale de L. Davezies, (Seuil 2012), qui renouvellent l’approche de la « question sociale », cantonnée depuis des décennies, et à dessein par le pouvoir, à celle des « banlieues » et des critères ethno-raciaux.

    13 Ainsi, la constitution française de 1958 ne fait qu’entériner le déclin des conflits sociaux et politiques tels qu’ils ont bouleversé le continent depuis des siècles – et certainement pas le décréter. Le baptême du feu se fera dix ans plus tard, en mai 68, dont l’échec la consacrera.

    14 On lira par exemple de Yves Sintomer, « Petite histoire du tirage au sort en politique. D’Athènes à la Révolution française », La Vie des idées, 9 avril 2012. http://www.laviedesidees.fr/Petite-histoire-du-tirage-au-sort.html

    15 Voir par exemple « Au sort, citoyens ! », article de Pierre-André Achour (ancien secrétaire régional des Verts-Lorraine, président de Forum les débats) dans Libération du 11 avril 2013 (https://collectiflieuxcommuns.fr/spip/spip.php?article691) qui laisse imaginer une dérive à la florentine, où les dispositifs égalitaires comme le tirage au sort étaient l’objet de tous les soins
    de l’oligarchie qui en tirait sa légitimité. cf. sur ce point le clan des Médicis. Comment Florence perdit ses libertés
    (1200-1500) de J. Heers (Perrin 2008).

    16 Les variantes, comme l’organisation de constituantes départementales ou même municipales, maintiennent étrangement les mêmes principes, comme si c’était précisément la délibération populaire qu’il fallait éviter.

    17 cf. « Devant l’abîme de l’anéantissement, le pas de côté des hommes modernes », de L. Leylavergne, disponible sur le site.

    18 Voir à ce propos « Keynésianisme improbable » de Guy Fargette « Le Crépuscule du XXe siècle » n° 25, décembre 2012, disponible sur le site.

    19 Sur les premiers on lira « Notes sur le mouvement social d’octobre 2010 », brochure n° 16 une lutte à la croisée des chemins, mars 2011, sur les seconds notre tract « Mouvements des “’indignés”’ : potentialités, limite, perspectives », et sur les troisièmes :
    « Enjeux politiques et anthropologiques du mouvement grec pour la démocratie directe », dans la brochure n° 18bis le mouvement grec pour la démocratie directe. Octobre 2011, textes disponibles sur notre site.

    20 C’est ainsi qu’il faut comprendre le second volet de l’entreprise anxiolytique de E. Hazan & Kamo, Premières mesures révolutionnaires (La fabrique 2013), qui fait suite à l’antidépressif L’insurrection qui vient (La fabrique 2007). On s’interrogera au passage sur l’utilisation du pseudonyme Kamo, notoirement porté par un bolchévique compagnon de Staline.

    21 Et que laisse totalement dans l’ombre la formule de J.Rancière qui définit la démocratie comme « Le gouvernement de n’importe qui » : l’individu démocratique tel qu’il est apparu dans l’histoire, et tel qu’il disparaît sous nos yeux, n’est précisément pas n’importe qui.

    22 On lira à ce sujet l’œuvre de J.-C. Michéa, et notamment Les mystères de la gauche : de l’idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu (Climats 2013), ou C. Guilluy, op.cit., et particulièrement le chapitre « La gauche française dans le ghetto ».

    23 Sur le lien entre les deux on lira, largement inspirée de C. Castoriadis, « Les anciens et les modernes », p. 41 sqq. dans l’article
    « La démocratie directe contre la “’démocratie représentative”’ » de notre brochure Démocratie directe... op. cit.

    24 Sur cet événement méconnu et recouvert par les héritiers des régimes totalitaires « de Gauche », cf. La source hongroise, de C.
    Castoriadis (1976), ainsi que Sur les conseils ouvriers de Hongrie, de H. Arendt (1958), regroupés en brochure sur notre site, rubrique « Brochures ».

    25 Voir « Retours de Tunisie », dans la brochure n° 17bis, Les soulèvements arabes face au vide occidental, L’exemple tunisien, seconde partie, mai 2011. À noter l’initiative Doustourna, « Notre constitution » (http://doustourna.org), qui visait l’établisse — ment d’une constitution à partir de délégués relayant les avis de la population rencontrée à travers une multitude d’assemblées tenues dans le pays.

    26 Voir les brochures n° 18 & 18bis, Le mouvement grec... op.

    27 On lira à ce propos de très bon article de Thomas Frank « Occuper Wall Street, un mouvement tombé amoureux de lui-même.
    Le piège d’une contestation sans revendication » (Le Monde Diplomatique janvier 2013) qui montre très bien un autre exemple de fétichisme qui vient combler un vide culturel et politique, et sans doute plus grave, une absence déréelle volonté de transformer les choses. Texte disponible sur le site.

    28 Ce thème sera largement traité dans le troisième volet (à paraître courant 2014) de notre brochure Démocratie directe : Principes, enjeux et perspectives, troisième partie : Ce que serait une société démocratique.

    • Le problème de Soral, c’est qu’il est sur un fantasme de dévoilement. Le problème c’est que son dévoilement est totalement orienté. Ce mec est totalement obsédé par l’anti-sionisme. C’est n’importe quoi. Et son propos sur les femmes, c’est fou. On s’est engueulé avec un ami qui m’est cher, Etienne Chouard, à cause de son lien vers Egalité et Réconciliation [NDLR : le site d’Alain Soral]. On a discuté avec Etienne, avec Frédéric Lordon, Bernard Friot, François Ruffin. On a essayé de dire à Etienne d’enlever ses liens vers Egalité et Réconciliation. Mais Etienne, c’est un self made man. Il n’est dans aucune organisation politique, il n’a pas de base politique et il défend la liberté d’expression comme Chomsky qui disait « les négationnistes ont le droit de s’exprimer ». Et Etienne, qui est un type gentil, c’est aberant qu’il se prenne les anti-fas sur la gueule. Mais je comprends que ça lui arrive. Etienne dit « il y a certaines choses que dit Soral que les autres ne disent pas ». Donc il pointe des trucs très particuliers. Sur la critique de l’anti-sionisme, il va chercher des israëliens de gauche, d’extrême gauche qui sont anti-sionistes, mais il met Soral. Nous, on dit « Soral n’est pas un intellectuel ! C’est un chef de parti ! Dégage Soral de ton sôte ! » et lui nous répond « Je refuse ! D’abord, je ne veux pas m’adresser qu’à la gauche mais aussi aux gens d’extrême-droite ! » En même temps, ce que fait Etienne Chouard c’est magnifique ! Ce qu’il a fait avec le traité constitutionnel de 2005, puis sur le tirage au sort, puis sur les ateliers constituants. Il fait écrire des ateliers constituants. Il dit aux gens : « Vous prenez un article de la constitution, n’importe lequel et on l’écrit ensemble ! Une constitution, ça sert à limiter les pouvoirs. » Les gens écrivent les articles de la Consitution ! Ça c’est de l’éducation populaire ! Moi je tire mon chapeau à Etienne. Pour l’instant, il se prend tous les anti-fas sur la tronche à cause de Soral. Mais Soral c’est un piège. Qu’est-ce que tu veux dire d’un piège ? Le principe même de Soral est qu’il est piégeant. Quand je tractais sur les marchés contre le traité constitutionnel européen, il y avait aussi d’autres gens qui tractaient contre : c’était les fachos. On était tous les deux pour le non, mais pas pour les mêmes raisons. Ce qui me pose un autre problème, c’est que je suis associé parfois sur certain site à Dieudonné. Je ne tape plus jamais mon nom sur Internet, ça me fait peur ! On dit « Dieudonné, Lepage, deux humoristes politiques » ! Je ne suis pas humoriste. C’est là où le système est très fort car s’il me récupère comme humoriste, c’est que je ne suis plus dangereux. Je suis un mec qui raconte une expérience dans un ministère et je trouve ça subversif. Mais si tu dis humoriste alors ça va, c’est tranquille…

      Soral, c’est très efficace, c’est flippant et le problème de l’extrême-droite c’est qu’il joue avec des arguments simples qu’on ne peut contrer qu’avec des raisonnements compliqués. C’est pour ça que l’extrême-droite y arrive. L’extrême-droite dit : « trois millions d’arabes, trois millions de chômeurs. » Si tu veux prouver que c’est faux, il faut que tu expliques le marché du travail. Pour ça, il faut faire de l’éducation populaire. Et l’éducation populaire, c’est long ! C’est long ! Donc Soral ne fait pas de l’éducation populaire mais des raccourcis.

      https://nagerentredeuxchaises.wordpress.com/2014/02/03/franck-lepage-le-pave-soral-cest-un-piege-quest-ce-

  • Inquiétant le Ministère de la vérité inspirée par Najat Belkacem a crée un programme "d’hyigène mental", à l’éducation des "bons médias" face aux "médias alternatifs" ou russes accusés de véhiculer des fake news ou intox :http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1388914-theorie-du-complot-intox-j-eduque-mes-eleves-a-discerner-l
    http://www.ac-grenoble.fr/ien.cluses/spip.php?article583
    Mme Rose Farinella-Elkabbach explique son travail qui ressemble à du "bourrage de crâne" étant donné le succès des médias alternatifs face à la baisse importante des ventes de journaux, médias dominants subventionnés de surcroit.
    http://www.zdnet.fr/blogs/digital-home-revolution/tv-les-jeunes-une-veritable-menace-pour-l-avenir-des-cha-nes-39817774.htm
    C’est très politique selon moi et qu’en pense les parents ? ou est la laicité si on politise ces cours d’hygiène mentale comme ils les appellent. Un des commenteurs dit ceci ;
    ""On découvre pourtant des conspirations tous les jours.

    Hier encore, Sarko nous disait qu’il attaquait Khadafi pour protéger le peuple lybien des actes de son dictateur.
    Aujourd’hui, nous apprenons des mail d’Hillary Clinton que le petit homme n’a provoqué la guerre que pour des raisons économiques et militaires, que BHL était à la manœuvre avec la DGSE.
    Les "conspirationnistes" ne sont pas surpris et attendent la nouvelle qui annoncera qu’il a aussi voulu éliminer un créancier gênant.

    Alors, le doute n’est-il pas nécessaire ?""

    Un nouveau délit le complotisme ?? Un réaction d’un blog
    http://stopmensonges.com/manipulation-des-enfants-a-lecole-par-les-medias-officiels-de-propaga
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/06/A/53082
    Tentative de politisation des élèves au prétexte de lutter contre de méchants complotistes. Il va falloir que les parents agissent avant de se retrouver en ex-Urss ou Allemagne nazie ?? http://www.clemi.fr
    Les mêmes qui voulaient ré-éduquer les "je suis pas Charlie" comme le disant Mme de Saint-Criq ..
    ""Il y a ensuite une catégorie « Rumeurs et théories du complot » où l’on y découvre des liens vers de nombreux articles qui sont donc conseillés par ce CLEMI et qui présentent grosso modo le bagage « intellectuel » à avoir avant de se lancer avec sa classe dans un débat sur les médias.

    Dieudonné est évoqué directement sur le site mais E&R est aussi indirectement cité via des liens.

    Voici quelques perles trouvées dans les liens vers lesquels ce site de propagande renvoie :

    « Un exposé à faire sur l’égalité, et la première ressource proposée par votre moteur de recherche est le site "Égalité et Réconciliation". Pour l’instant, les robots des moteurs de recherche se contrefichent de la qualité ou de la validité d’une information. »

    « ...sans compter que si 20% des élèves croient à la théorie du complot, on ne connaît pas la proportion de profs qui y croient aussi. Il est vrai que tous les enseignants ne sont pas à l’aise avec Internet... »

    « Le "complot judéo-maçonnique" s’est transformé à la fin du XXe siècle en "complot américano-sioniste". Aujourd’hui, l’imaginaire politique du monde musulman, dans toutes ses composantes, en est saturé. »

    « La Fabrique du web » propose un démontage des manipulations de Dieudonné ou un « kit de détection des foutaises ».

    Parmi les auteurs des articles on retrouve parfois Pierre-André Taguieff ou Rose-Marie Farinella Elkabbach Danger l’école doit être protégée du monde politique et des manipulations politiciennes. Laicité en danger ..
    http://www.lectoro.com/index.php?action=search&ytq=Ep03%20L%E2%80%99Autod%C3%A9fense%20Intellectue

  • Loi travail, l’histoire d’une trahison - regards.fr
    http://www.regards.fr/web/article/petits-meurtres-entre-amis-de-la-finance

    Cette vue de l’intérieur est l’occasion d’apprendre que Myriam El Khomri n’a pas été associée à la définition des grands axes de la loi – hiérarchie des normes, licenciement économique, plafonnement des indemnités prud’homales... C’est son directeur de cabinet, Pierre-André Imbert, qui aurait « rédigé en chambre » le projet de loi, en étroite collaboration avec Manuel Valls. « Dévastée », Myriam El Khomri aurait songé à démissionner avant de faire volte-face et d’avaler un à un les boas.

    Très conne d’accepter de servir de femme de paille…

  • Du « judéo-bolchévisme » à « l’islamo-gauchisme » : une même tentative de faire diversion
    Publié le 08-06-2016 à 11h04 - Modifié le 09-06-2016 à 08h07
    Par Shlomo Sand - Historien
    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1524662-du-judeo-bolchevisme-a-l-islamo-gauchisme-une-meme-tentati

    (...)Les juifs survivants et les bolchéviks, quasiment disparus, ont cessé de constituer une menace pour la position et l’identité des élites dominantes, mais l’état de crise permanent du capitalisme, et l’ébranlement de la culture nationale, consécutif à la mondialisation, ont incité à la quête fébrile de nouveaux coupables.

    Une appellation qui émerge dès 2002

    La menace se situe désormais du côté des immigrés musulmans et de leurs descendants, qui submergent la civilisation « judéo-chrétienne ». Et voyez comme cela est étonnant : de nouveaux incitateurs propagandistes les ont rejoints ! Tous ces gens de gauche qui ont exprimé une solidarité avec les nouveaux « misérables » ont fini par s’éprendre ouvertement des invités indésirables venus du sud.

    Ces antipatriotes extrémistes trahissent une nouvelle fois la glorieuse tradition de la France dont ils préparent l’humiliante soumission « houellebecquienne ». L’appellation « islamo-gauchiste » a émergé parmi les intellectuels, avant de passer dans l’univers de la communication, pour, finalement, être récupérée par des politiciens empressés.

    Pierre-André Taguieff, futur conseiller du CRIF, fut, semble-t-il, le premier à recourir à la formule « islamo-gauchisme » (dans le sens actuel de terme), déjà en 2002. Caroline Fourest, Elisabeth Badinter, Alain Finkielkraut et Bernard-Henry Lévy s’emparèrent du terme et veillèrent à lui assurer une diffusion à longueur d’interviews et d’articles. Des figures comme Alain Gresh, Edwy Plenel, Michel Tubiana et Raphael Liogier devinrent des « islamo-gauchistes » archétypiques.

    Une marche supplémentaire vient cependant d’être franchie. Cela a commencé avec Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement, qui, au nom du républicanisme universel, dans un article intitulé : « La gauche qui vient », s’en est pris à la gauche de la gauche, accusée de soumission au pluralisme culturel. Il a particulièrement ciblé Clémentine Autain, la porte-parole d’Ensemble, l’une des composantes du Front de gauche.

    La lourde charge de Manuel Valls

    Mais c’est de Manuel Valls qu’est venue la charge la plus lourde, dans la vague de stigmatisation de « l’islamo-gauchisme ». À l’occasion d’une interview accordée, le 21 mai, à Radio J, une radio communautaire juive, n’a-t-il pas déclaré :

    « Il y a ces capitulations intellectuelles… Les discussions entre Madame Clémentine Autain et Tariq Ramadan, les ambiguïtés entretenues qui forment le terreau de cette violence et de cette radicalisation. »

    Et Manuel Valls de ne pas hésiter à ajouter : « Il n’y a aucune raison pour que M. Tariq Ramadan obtienne la nationalité française ».

  • Sisyphe - Cinéphiles, vos choix de films consacrés aux femmes !
    http://sisyphe.org/spip.php?article3731

    Films commentés dans Le féminin au cinéma

    Amerrika (v.o. Ameerka)
    À armes égales (v.o. G.I. Jane)
    Aimée et Jaguar (v.o. Aimée und Jaguar)
    Amour violé, L’,
    Antonia et ses filles (v.o. Antonia’s Line)
    Apocalypse : La 2e Guerre mondiale
    Appel à la justice (v.o. The Accused)
    Autopsie d’une crime (v.o. The Burning Bed)
    À vif (v.o. In the Cut)
    Baboussia
    Bel esprit (v.o. Wit)
    Belle verte, La
    Brodeuses
    Calendrier des girls, Le (v.o. Calendar Girls)
    Camilla
    Cercle, Le (version anglaise The Circle)
    Ces femmes qui tuent (v.o. When Women Kill)
    C’est surtout pas de l’amour : un film sur la pornographie (v.o. Not a Love Story : A Film about Pornography)
    Chaos
    Club de la chance, Le (v.o. The Joy Luck Club)
    Comment l’esprit vient aux femmes (v.o. Born Yesterday)
    Confidences trop intimes
    Couleur pourpre, La (v.o. The Color Purple)
    Dernière marche, La (v.o. Dead Man Walking)br>
    Devenir Colette (v.o. Becoming Colette)
    Du soleil plein la tête (v.o. Eternal Sunshine on the Spotless Mind)
    Earth
    Écoute-moi (v.o. Non ti muovere)
    Emporte-moi
    Étranger, L’ - Le huitième passager (v.o. Alien)
    Extremities
    Femmes de l’ombre, Les
    Feu sacré, Le (v.o. Holy Smoke)
    Filles, Les (v.o. Meisjes)
    Fire
    Fish Tank
    Frida
    Garçons ne pleurent pas, Les (v.o. Boys don’t cry)
    Gazon maudit
    Guerrières, Les (Born in Flames)
    Harold et Maude (v.o. Harold and Maude)
    Haut les coeurs !
    Hors-jeu (version anglaise Offside)
    Impromptu
    I Shot Andy Warhol
    Jardin oublié, Le : la vie et l’œuvre d’Alice Guy-Blaché
    Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles
    Joueuse
    Jour avant le lendemain, Le (v.o. Before Tomorrow)
    Julia
    Lady Chatterly
    Leçon de piano, La (v.o. Piano)
    Légende des baleines, La (v.o. Whale Rider)
    Lucie Aubrac
    Marche pour la liberté, La (v.o. The Long Walk Home)
    Mariages
    Millénium - Le film (v.o. Man Som Hatar Kvinnor)
    Millénium 3, La reine dans le palais des courants d’air (v.o. Luftslottet Som Sprangdes)
    Monster
    Moolaalé
    Mourir à tue-tête
    Notre univers impitoyable
    Nous étions guerriers (v.o. Once Were Warriors)
    Nuits avec mon ennemi, Les (v.o. Sleeping with the Enemy)
    Paradis sur terre, Le (v.o. Heaven on Earth)
    Plages d’Agnès, Les
    Polytechnique
    Portrait de femme (v.o. The Portrait of a Lady)
    Procès de Bobigny, Le
    Quatre minutes (v.o. Vier Minuten)
    Reine des bandits, La (v.o. Bandit Queen)
    Rosenstrasse
    Sarajevo, mon amour (v.o. Grbavica)
    Searching for Debra Winger
    Secret est dans la sauce, Le (v.o. Fried Green Tomatoes)
    Seins dans la tête, Les
    Septième ciel (v.o. Wolke 9)
    Sexe des étoiles, Le
    Sophie Scholl : Les derniers jours (v.o. Sophie Scholl - Die Letzten Tage)
    Soraida, Une femme de Palestine
    Souriante madame Beudet, La
    Souvenirs d’Afrique (v.o. Out of Africa)
    Stella
    Stoning of Soraya M., The (v. o. en farsi)
    Temps de l’avant, Le
    Thelma et Louise (v.o. Thelma and Louise)
    Trafic humain (v.o. Human Trafficking)
    Trois hommes et un couffin
    Trois sœurs (v.o. Paura e amore)
    Un ange à ma table (v.o. An Angel at My Table)
    Une affaire de femmes
    Vent du nord, Le (v.o. North Country)
    Vie secrète des mots, La (v.o. La vida secreta des las palabras)
    Village du péché, Le (autre titre Les bonnes femmes de Riazan)
    Volonté de fer (v.o. Iron Jawed Angels)
    War Zone, The
    Water
    Wendy et Lucy (v.o. Wendy and Lucy)
    4 mois, 3 semaines, 2 jours
    48 heures par jour

    #cinéma #femmes #féminisme

    • D’autres propositions de l’auteure

      Anne Trister, Léa Pool
      Années de plomb, Les, Margarethe von Trotta
      Bagdad Café, Percy Aldon
      Bons débarras, Les, Francis Mankiewicz
      Camille Claudel, Bruno Nuytten
      Chant des sirènes, Le, Patricia Rozema
      Cléo de 5 à 7, Agnès Varda
      Couvre-lit à l’américaine, Jocelyn Moorhouse
      De l’autre côté, Fati Akin
      Des marelles et des petites filles, Marquise Lepage
      Femme de l’hôtel, La, Léa Pool
      Fille à un million de dollars, Clint Easwood
      Gorilles dans la brume, Michael Apted
      Mais qu’est-ce qu’elles veulent ? Coline Serreau
      Ma vie sans moi, Isabel Coixet
      Norma Rae, Martin Ritt
      Petites marguerites, Les, Věra Chytilová
      Playing for Time, Daniel Mann et Joseph Sargent
      Quatre femmes d’Égypte, Tahani Rached
      Rosa Luxembourg, Margarethe von Trotta
      Sans toit ni loi, Agnès Varda
      Séraphine, Martin Provost
      Sonatine, Mireille Lanctôt
      Tout sur ma mère, Pedro Almodovar
      Une femme sous influence, John Cassavetes
      Vieille dame indigne, La, René Allio
      Wanda, Barbara Loden

    • Films proposés dans l’enquête réalisée par Thérèse Lamartine

      A Gun in the House, Ivan Nagy
      A Message from Holly, Rod Holcom
      A Mother’s Prayer, Larry Elikann
      Age of Innocence, The, Martin Scorcese
      Alice’s Restaurant, Arthur Penn
      Amelia Earhart, George Schaefer
      Années de plomb, Les, Margarethe von Trotta
      Baise-Majesté, Francine Pelletier
      Bal des actrices, Le, Maïwenn
      Beaches, Garry Marshall
      Blanche et Marie, Jacques Bernard
      Bleus au cœur, Les, Suzanne Guy
      Bostonniennes, Les, James Ivory
      Boys on the Side, Herbert Ross
      Burning Times, The, Donna Read
      Camille Claudel, Bruno Nuytten
      Carrington, Christopher Hampton
      Céline et Julie vont en bateau, Jacques Rivette
      Chant des mariées, Le, Karin Albou
      Cold Comfort Farm, John Schlesinger
      Comtesse blanche, La, James Ivory
      Coup de foudre, Diane Kurys
      Crimes of the Heart, Bruce Beresford
      Cris et chuchotements, Ingmar Bergman
      Cuisine rouge, La, Paule Baillargeon
      Des lumières dans la grande noirceur, Sophie Bissonnette
      Deux actrices, Micheline Lanctôt
      Du coeur à l’âme avec ou sans Dieu, Suzanne Guy
      Duo pour une soliste, Mireille Dansereau
      Eleonor in her Own Words, Mark Cullingham
      Entre elle et moi, Mireille Dansereau
      Erin Brokovich, Steven Soderbergh
      Eva, Joseph Losey
      Femme de Jean, La, Yannick Bellon
      Filles du Roy, Les, Anne-Claire Poirier
      Forbidden Love, Lynne Fernie et Aerlyn Weissman
      Frances, Graeme Clifford
      Gabrielle Roy, Léa Pool
      Garbo parle, Sydney Lumet
      Goddess Remembered, Donna Read
      Grand remue-ménage, Le, Sylvie Groulx
      Groupe, Le, Sydney Lumet
      Heavenly Creatures, Peter Jackson
      Home for the Holidays, Jody Foster
      Heures, Les , Stephen Daldry
      Howard’s End, James Ivory
      I Love you Alice B. Toklas, Hy Averback
      If These Walls Could Talk 1 et 2, N.Savoca, J. Anderson, M.Co.
      Il y a longtemps que je t’aime, Anne-Claire Poirier
      Isadora, Karel Reisz
      I’ve Heard the Mermaid Singing, Patricia Rozema
      Jamais plus toujours, Yannick Bellon
      Journée de la jupe, La, Jean-Paul Lilienfield
      Jupon rouge, Le, Geneviève Lefebvre
      L’amie, Margarethe von Trotta
      Leage of their Own, Penny Marshall
      Legacy of Pain, Francine Pelletier
      Lettre écarlate, La,Win Wenders
      Life and Time of Frieda Kahl, Amy Stechler et Ken Burns
      Lipstick, Lamont Johnson
      Little Women, Gilian Armstrong
      Long silence, Le, Margarethe von Trotta
      L’une chante, l’autre pas, Agnès Varda
      Madeleine Parent- Tisserande de solidarités, Sophie Bissonnette
      Maison des esprits, La, Bill August
      Maman est chez le coiffeur, Léa Pool
      Mansfield Park, Patricia Rozema
      Mon coeur est témoin, Louise Carré
      Moonlight & Valentino, David Anspaugh
      Mrs Dalloway, Marleen Gorris
      Orlando, Sally Potter
      Paradise Road, Bruce Beresford
      Partition pour voix de femmes, Sophie Bissonnette
      Passion Béatrice, La, Bertrand Tavernier
      Persona, Ingmar Bergman
      Plafond de verre, Le, (1992), Sophie Bissonnette
      Plafond de verre, Le, (2004), Yamina Benguigui
      Pour l’amour d’une femme, Luis Mandoki
      Pourvu que ce soit une fille, Mario Monicelli
      Prix d’une femme, Le, Gérard Krawczyk
      Rebelles ou la rage au cœur, Léa Pool
      Réjeanne Padovani, Denys Arcan
      Rumeur, La, William Wyler
      Salmonberries, Percy Adlon
      Sense and Sensibility, Ang Lee
      Sexy Inc., Sophie Bissonnette
      Sofie, Liv Ulmann
      Sonate d’automne, Ingmar Bergman
      Sonia, Paule Baillargeon
      Suzie, Micheline Lanctôt
      Tendre passion, James L. Brooks
      Trois princesses pour Roland, André-Line Beauparlant
      Un rêve japonais, Doris Dörie
      Veronica Guerin, Joel Schumacher
      Volver, Pedro Almodovar
      When Night is Falling, Patricia Rozema
      White Room, The, Patricia Rozema
      Women’s Room, The, Glenn Jordan
      Yentl, Barbra Streisand

    • Suggestions des cinéphiles

      À cinq heures de l’après-midi, Samira Makhamalbaf
      Amélia, Mira Nair
      Alice au pays des merveilles, Tim Burton
      Allemagne, mère blafarde, Helma Sanders-Brahms
      Amour nu, L’, Yannick Bellon
      À tout prendre, (1964), Claude Jutras
      Brick Lane, Sarah Gavron
      Bureaux de Dieu, Les, Claire Simon
      Caramel, Nadine Labaki
      Cherry Blossom, Doris Dörrie
      Choix de Sophie, Alan J. Pakula
      Christine, Christina, Stefania Sandrel
      Corne de chèvre, La, Koziat Rog
      Couleur, La, Tate Taylor
      Courage d’Irena Sendler, Le, John Kent Harrison
      Dame en couleurs, La, (1985), Claude Jutras
      Diablesse, La, Susan Seidelman
      Die Femde - When We Leave, (2010), Feo Aladag
      Donation, La, Bernard Émond
      Enfants du silence, Les, Randa Haines
      Fatma, Khaled Ghorbal
      Fausta, Claudia Llosa
      Femme aux cinq éléphants, La, Vadim Jendreyko
      Fleur de neige et l’éventail secret, Wayne Wang
      For Coloured Girls, Tyler Perry
      Frozen River, Courtney Hunt
      Grandes chaleurs, Les, Sophie Lorrain
      Hamsayeh, Nagmeh Shirkhan
      Helen, Sandra Nettlebeck
      Hérisson, Le, Mona Achache, 2009 (L’élégance du hérisson) Josiane Balasko
      Incendies, Denis Villeneuve
      India Song, Marguerite Duras
      Jeanne M., côté cour, côté coeur, Annie Chevallay, Josée Dayan et Pierre-André Bouta
      Joue-la comme Beckham, Gurinder Chadha
      Kamouraska, (1973), Claude Jutras
      Kids are All Right, The, Lisa Cholodenko
      L’aveuglement, Fernando Meirelles
      L’imposture, Ève Lamont.
      Loin d’elle, Sarah Polley
      Mariage de Rachel, Le, Jonathan Demme
      Mary Shelley, Guylaine Dionne
      Mères et filles, Julie Lopez-Curval
      My Brillant Carreer, Gillian Armstrong
      Nannerl, la soeur de Mozart, René Féret
      Osama, Siddik Barmak
      Palmes de M. Schutz, Les, Claude Pinoteau
      Pink Sari, Kim Longinotto
      Poème, Le, Chang-Dong Lee
      Première fois que j’ai eu vingt ans, La, Lorraine Lévy
      Rien que la vérité, Rod Lurie
      Runaways, The, Floria Sigismondi
      Serveuse, La, Adrienne Shelly
      Serveuses demandées, Guylaine Dionne
      Sur la route de Madison, Clint Easwood
      Source des femmes, La, Radu Mihaileanu
      Trois temps après la mort d’Anna, Catherine Martin
      Tromper le silence, Julie Hivon
      Trou noir (Rabbit Hole), John Cameron Mitchell
      Une journée particulière, Ettore Scolla
      Vie des autres, La, Florian Henckel von Donnersmarck
      Villa Amalia, Benoît Jacquot
      Vision - La vie d’Hildegarde von Bingen, Margarethe von Trotta
      Voleur de vie, Yves Angelo
      Virgin Suicides, The, Sofia Coppola
      Whistleblower, The, Larysa Kondracki
      Winter’s Bone, Debra Granik
      Women without Men, Shirin Neshat

  • Du Post-fascisme

    Vous avez proposé d’utiliser le concept de “post-fasciste” pour désigner la droite radicale de notre temps. En même temps, vous reconnaissez les limites de cette notion. Pouvez-vous en dire plus ?

    Le concept de “post-fascisme” désigne une transition en cours dont on ne connaît pas encore l’aboutissement. Les droites radicales demeurent marquées par leurs origines fascistes (en Europe centrale, elles revendiquent même cette continuité historique), mais essaient de s’émanciper de ce lourd héritage et de faire peau neuve, en modifiant en profondeur leur culture et leur idéologie. Leur filiation avec le fascisme classique devient de plus en plus problématique. Le cas français est particulièrement emblématique de cette mutation, illustrée par le conflit entre Jean-Marie et Marine Le Pen : un leadership dynastique, dans lequel le père incarne l’âme fasciste originelle et la fille une nouvelle âme qui voudrait transmigrer les valeurs anciennes (nationalisme, xénophobie, racisme, autoritarisme, protectionnisme économique) dans un cadre républicain et libéral- démocratique.

    « Lorsque l’ensemble de la classe politique française s’aligne sur les positions du FN, lutter contre ce dernier au nom de la République devient presque incompréhensible. »

    Peut-on appréhender les effets de cette transformation “post-fasciste” ?

    Cette mutation risque de dynamiter le cadre politique. Lorsque, après les attentats de janvier et surtout de novembre, c’est l’ensemble de la classe politique française qui s’aligne sur les positions du FN (du PS à la droite), lutter contre ce dernier au nom de la République devient presque incompréhensible. Le FN n’est pas une force “antirépublicaine” comme pouvait l’être l’Action française sous la IIIe République. Sa mutation révèle plutôt les contradictions intrinsèques du national-républicanisme. Il ne s’agit pas, sauf exception, d’une transition du fascisme vers la démocratie, mais vers quelque chose de nouveau, encore inconnu, qui remet en question en profondeur les démocraties réellement existantes. Non plus le fascisme classique, mais pas encore autre chose : c’est dans ce sens que je l’ai appelé post-fascisme.

    Dans l’univers mental du “post-fascisme”, la haine du musulman a pris la place de celle du juif, sans que s’efface le vieux fonds de l’antisémitisme. Comment cela fonctionne-t-il ?

    Historiquement, l’antisémitisme était un des piliers des nationalismes européens, notamment en France et en Allemagne. Il agissait comme un code culturel autour duquel on pouvait construire une idée d’“identité nationale” : le juif était l’“anti-France”, un corps étranger qui rongeait et affaiblissait la nation de l’intérieur. L’épilogue génocidaire du nazisme tend à singulariser la haine des juifs et à brouiller les analogies profondes qui existent entre l’antisémitisme européen d’avant la seconde guerre mondiale et l’islamophobie contemporaine. Comme le juif autrefois, aujourd’hui le musulman est devenu l’ennemi intérieur : inassimilable, porteur d’une religion et d’une culture étrangères aux valeurs occidentales, virus corrupteur des mœurs et menace permanente de l’ordre social… Le juif anarchiste ou bolchevik a été remplacé par le musulman djihadiste, le nez crochu par la barbe, le cosmopolitisme juif par le djihad international.

    Enzo Traverso

    http://www.regards.fr/web/article/enzo-traverso-la-mutation-post

  • Lettre ouverte à un ex-ami
    http://endehors.net/news/lettre-ouverte-a-un-ex-ami

    Lu sur Les invités de Médiapart : "L’historien israélien Shlomo Sand répond à la tribune de Pierre-André Taguieff publiée dans Le Monde, à propos de l’antisémitisme en France. « De mon point de vue, la principale caractéristique de la judéophobie parmi les groupes marginaux de banlieues est l (...) — Pour comprendre

  • Lettre ouverte à un ex-ami
    (Traduit de l’hébreu par Michel Bilis)
    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/290915/lettre-ouverte-un-ex-ami

    L’historien israélien Shlomo Sand répond à la tribune de Pierre-André Taguieff publiée dans Le Monde, à propos de l’antisémitisme en France. « De mon point de vue, la principale caractéristique de la judéophobie parmi les groupes marginaux de banlieues est l’identification dangereusement erronée entre : sionisme, Israël et juifs. Or, c’est précisément ce que font, sans relâche et sans distinction, les dirigeants d’Israël, le CRIF…. et toi. »

    • Après, je trouve dommage qu’un spécialiste comme Sclomo Sand utilise indifféremment les vocables « antisémitisme » et « judéophobie », alors qu’ils recouvrent précisément deux notions différentes, bien que connexes.
      Par contre, il a 100% raison pour ce qui est de la confusion entre les Juifs et Israël (et même entre le gouvernement et le peuple) et le problème de la politique d’apartheid de l’État d’Israël.
      Pareil pour l’effet substitutif entre antisémitisme et islamophobie, même s’il faut être attentif au fait que l’islamophobie tente d’être acceptable en prétendant rejeter des principes religieux antirépublicains, alors qu’en fait, c’est un faux nez pas bien fixé pour planquer un authentique racisme anti-arabes. Il suffit de rappeler à certains « laïcards new generation » que les majorités musulmanes dans le monde sont indiennes et asiatiques pour les voir faire des gueules de merlans frits. Ils s’en branlent de la réalité complexe de la religion musulmane et de son état géopolitique, ce qui les intéresse, c’est de pouvoir « légitimement » casser du « bougnoule », tout comme avant, bien ignorants de ce que peut être la réalité du monde juif (entre pratiquants et non croyants, sionistes et antisionistes, ashkénazes ou sépharades, etc.), ils pouvaient accuser le fameux « complot juif ».

      L’antisémitisme franchement assumé n’est plus acceptable. Il est même spécifiquement condamné par la loi. On pourrait penser le problème réglé, mais comme toutes les créatures de l’ombre, il continue d’avancer… masqué.
       
      L’une des formes d’antisémitisme masqué qui a le plus le vent en poupe actuellement, c’est l’antisionisme. Bien sûr, il ne s’agit pas de dire que tous les antisionistes sont des antisémites retors, mais la critique de la politique et de l’existence de l’État d’Israël permet de ramener sur la place publique des discours franchement antisémites.
       
      Cette situation est d’autant plus complexe que le radicalisme et le repli communautaire prospèrent dans une société mondiale profondément anomique. En l’absence de perspectives d’avenir, de projets de société progressistes et non excluants, comme toujours, les populations retrouvent leur cohésion en stigmatisant l’autre, le différent, l’ennemi intérieur et extérieur.
       
      Pour ce qui est de l’ennemi intérieur et du complot international, force est d’avouer que depuis le 11 septembre 2001, les Juifs ont largement laissé la place aux Arabes musulmans et l’antisémitisme a été largement éclipsé par l’islamophobie ordinaire qui s’étale complaisamment à la une des journaux, dans les diners en ville, dans les discours et les actes politiques, avec la même ferveur tranquille que l’antisémitisme de l’entre-deux-guerres. Qu’importe le bouc émissaire, du moment que les effets d’une crise économique majeure peuvent être imputés à une population donnée et facile à stigmatiser et à rendre coupable de tous les maux.

      http://www.amazon.fr/dp/295357011X

    • Je crois que les différences principales entre l’antisémitisme d’hier et celui d’aujourd’hui, ou entre l’antisémitisme d’aujourd’hui et l’islamophobie ou la romophobie d’aujourd’hui, résident d’une part dans les sphères où elles se développent, et d’autre part dans les conséquences qu’elles impliquent :

      1) l’antisémitisme d’hier était un antisémitisme d’Etat, porté, soutenu, défendu, argumenté par l’Etat qui votait des lois spéciales pour cette population, et cet antisémitisme jouait un rôle dans sa politique intérieure comme dans ses affaires extérieure. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais c’est, dans une certaine mesure, un peu le cas de l’islamophobie et de la romophobie.

      2) l’antisémitisme, comme tout racisme, a des conséquences dramatiques qui vont des insultes aux meurtres, et je n’insisterai pas sur le fait qu’on meurt beaucoup moins aujourd’hui qu’en 1940 du fait d’être juif, car même un mort est un mort de trop. A ces conséquences dramatiques, s’ajoutait un racisme systémique, un racisme qui faisait qu’un Juif était discriminé à l’immigration, à l’embauche, à l’obtention d’un logement, à l’éducation, à la représentation politique, à l’accès à tout un tas de services. Encore une fois, on peut se réjouir que ces discriminations là n’existent quasiment plus en France aujourd’hui, mais on constate néanmoins qu’elles frappent d’autres populations, et en particulier les Noirs, les Arabes, les Musulmans etc.

      Donc l’idée n’est pas à mon avis de nier l’existence ou l’importance de l’antisémitisme, mais de constater que si ce racisme existe toujours du point de vue individuel (même si ça peut concerner beaucoup d’individus), il a perdu son caractère étatique et son caractère systémique. En revanche, l’islamophobie dont on parle beaucoup en ce moment comporte ces caractères étatiques et systémiques, qui d’une part sont scandaleux et qui d’autre part rendent nécessaire une critique au niveau politique au delà du niveau individuel. Ce n’est donc pas un jugement de valeur, mais un constat qu’il s’agit de sphères différentes...

      Dror

  • +Entretien avec Ivan Segré
    La philosophie française et les « Juifs »+
    Basile Dewez et Ivan Segré
    http://labyrinthe.revues.org/4092

    L’apparition d’un courant intellectuel français qui, au nom de la « défense d’Israël » et de la « lutte contre l’antisémitisme », a développé un argumentaire réactionnaire, contre les Maghrébins ou les Noirs d’identité musulmane, plus largement contre les jeunes des quartiers populaires, et contre les progressistes, est un phénomène notoire. L’originalité de mon analyse, c’est de montrer que, à y bien regarder, ce courant intellectuel français n’est absolument pas le symptôme d’un « repli communautaire juif », comme on a pu le penser, mais plutôt l’avant-garde d’une réaction idéologique dont le mot d’ordre véritable est la défense de l’Occident, et non la défense des Juifs ou d’Israël.

    Des intellectuels comme Shmuel Trigano, Alexandre Adler, Alain Finkielkraut, Emmanuel Brenner (alias Georges Bensoussan) ou encore Pierre-André Taguieff, bien loin de s’inscrire dans une pensée sioniste ou de se soucier de la « lutte contre l’antisémitisme », renouent en fait avec le mot d’ordre réactionnaire et xénophobe de la « défense de l’Occident ». Car, comme je l’indiquais plus haut, la défense de l’État d’Israël ne comptera bientôt pour rien dans cette affaire, l’essentiel étant de produire une argumentation qui désigne le « musulman » et le « gauchiste » comme des ennemis de la démocratie occidentale. Pour exemple, je cite dans mon livre un texte d’Alexandre Adler qui, dans l’Odyssée américaine (Grasset, 2004), nous fait part de ses visions prophétiques sur l’avenir de l’État d’Israël, et conclut : « L’une des frontières de l’Amérique se situera bientôt sur le Jourdain, mais ce sera une frontière électronique, cybernétique, balistique, laissant aux gardes-frontières juifs et druzes le soin de faire la police au sol, face à un État palestinien qui, étroitement relié aux forces nationalistes et sunnites les plus résolues, fera toujours partie du problème et non de la solution, au Moyen-Orient. » Il me semble que les visions prophétiques d’Alexandre Adler font clairement apparaître qu’en guise de défense d’Israël, ces intellectuels défendent une conception du judaïsme qui n’a d’autre consistance que celle-ci : des « gardes frontières juifs et druzes » chargés de faire « la police au sol » sur la frontière américaine du Jourdain.

    « La réaction philosémite ». Entretien avec Ivan Segré
    http://indigenes-republique.fr/la-reaction-philosemite-entretien-avec-ivan-segre

    #racisme #antisémitisme #philosophie #histoire #anti_philosophie #Marx #juifs #Ivan_Segré

  • Les policiers demandent la fin des quotas de contraventions | Pierre-André Normandin |
    http://www.lapresse.ca/actualites/national/201411/19/01-4820513-les-policiers-demandent-la-fin-des-quotas-de-contraventions.php

    La Fédération des policiers du Québec réclame l’adoption d’une loi interdisant l’imposition de quotas de contraventions. Ils dénoncent que les agents aient l’obligation d’émettre 16 à 18 constats par jour.

    « Cessons de jouer avec les mots, les quotas de contraventions sont des taxes déguisées », a lancé Paulin Aubé, président de la Fédération des policiers du Québec. Celui-ci qualifie d’« intolérable » le double discours des politiciens qui limitent les hausses de taxes en disant vouloir respecter la capacité de payer des citoyens, mais réclament à leurs agents de distribuer davantage de constats.

    « Nos membres veulent intervenir en sécurité publique, pas collecter des taxes », a déploré pour sa part Yves Francoeur, président de la Fraternité des policiers de Montréal. « Il faut que le Québec roule vers la sécurité routière plutôt que la sécurité financière. »

  • Ces #intellectuels qui dédiabolisent le #FN
    http://www.lemonde.fr/livres/article/2014/05/29/ces-intellectuels-qui-dediabolisent-le-fn_4428431_3260.html

    Les #historiens retraceront un jour la résistible ascension du #Front_national. Ils devront alors étudier les intellectuels qui ont œuvré à sa « #dédiabolisation ».

    Ils constateront que ces intellectuels partageaient peu ou prou une même trajectoire : formés à l’école du progressisme, ils avaient commencé par souligner les points aveugles de l’antifascisme ; de livres en tribunes, et à juste titre, ils avaient démontré que la gauche imposait l’« obsession » antifasciste pour terroriser ses adversaires et pour ne pas affronter ses propres démons ; petit à petit, cependant, c’est leur propre rejet qui était devenu obsessionnel ; à force de déconstruire l’antifascisme mais aussi l’antiracisme, ils avaient fini par en faire les principaux fléaux de notre société ; à force de présenter la « bête immonde » comme un monstre imaginaire, ils l’avaient imposée comme un animal de bonne compagnie.

    Ainsi les chercheurs du futur se pencheront-ils sur l’œuvre de #Pierre-André_Taguieff. Ils liront Face au racisme (1993), ou Face au Front national (1998), ouvrages visant à dessiller les yeux des militants antiracistes en leur montrant les angles morts de leur discours. Et ils essaieront de comprendre.

    • Reste que vu le niveau général d’instruction et d’information de la population, je ne suis pas sûr qu’ils aient eu bcp d’influence dans l’ascension du FN. Je vois ces « intellectuels » comme des symptômes anecdotiques de la montée du FN, plus que comme des catalyseurs ou des pompiers pyromanes. Et à leur décharge je considère moi aussi que la stratégie de diabolisation a été contre-productive, voire nocive. Blessez l’orgueil des gens en leur faisant la morale avec condescendance, et vous dopez leur bêtise...

      Les gens qui votent FN lisent-ils Le Monde ? Je ne crois pas..
      Les Bruckner et cie sont typiquement des bobos (ascendant reacs certes) de l’intelligentsia parisienne qui semble plutôt irriter les gens à qui l’on prête le vote FN.

      Par contre qu’ils aient eu une influence chez les électeurs de droite pour décomplexer le discours raciste et les faire sortir du pacte républicain, c’est possible. Quand on voit le programme de Nadine Morano et celui du FN pour les européennes, dur de distinguer l’original et la copie. Et moi il me semble que si les chercheurs font bien leur boulot plus tard, au delà de Taguieff, ils révéleront que Sarkozy a été le premier président ouvertement anti-républicain de la Vème république..

  • La bibliothérapie, pratique médicale méconnue en France | Monde du Livre
    http://mondedulivre.hypotheses.org/1700

    Qu’est-ce que la bibliothérapie ? Aussi simplement que le mot se forme, il se définit : il s’agit de l’utilisation du livre comme outil de soin. Plus précisément, la lecture thérapeutique serait source d’apaisement des troubles de la santé mentale (à savoir troubles anxieux, troubles de l’humeur, angoisses, épisodes dépressifs, phobies, troubles du sommeil…) ou de renforcement du bien-être psychologique.

    En France, la bibliothérapie est très peu étudiée. Elle est pour ainsi dire ignorée en médecine générale, où ces fragilités psychologiques sont fréquemment rencontrées, et quasi-inexplorée en psychiatrie. Le docteur Pierre-André Bonnet, médecin généraliste, est l’auteur de la seule thèse portant sur la bibliothérapie produite dans nos frontières1. Solide source d’informations, ses recherches datant de 2009 proposent notamment une enquête d’opinion effectuée auprès d’une soixantaine de médecins généralistes et une étude qualitative des effets de la lecture, effectuée par questionnaire, à laquelle 590 personnes ont répondu. Nous aurons l’occasion d’observer de plus près les résultats de ces recherches.