Nantes : Petit récit instructif d’un contrôle de la CAF - Non Fides - Base de données anarchistes
▻http://www.non-fides.fr/?Nantes-Petit-recit-instructif-d-un-controle-de-la-CAF
Le contrôle a continué. Elle m’a demandé ce que j’avais fait les dernières années comme démarche de réinsertion. Je n’ai pas répondu et elle a insisté pour avoir une réponse. Puis, elle m’a dit qu’elle avait obtenu auprès de ma banque tous mes relevés de compte sur une période de trois ans. Elle m’a fait des remarques sur mes habitudes de vie, sur le fait que je retirais systématiquement mon RSA d’un seul coup au début de chaque mois. Je ne lui ai pas dit que c’était pour me protéger des huissiers. Puis, elle a commencé a énumérer toutes les rentrés d’argent sur mon compte en me demandant a chaque fois de les justifier. Genre, « le 3 septembre 2017, vous avez encaissé un chèque de 60 euros, a quoi correspond cette somme ? ». A chaque fois je lui répond « je ne sais pas, je ne m’en souviens plus ». Elle continue a énumérer les sommes et les dates, elle a trouvé 10 entrées suspects. Elle regarde aussi les dépenses, même s’il n’y en a pas beaucoup, vu que je retire la plupart de mon argent en liquide. Elle a remarqué un paiement au consulat d’Algérie, elle me demande si je suis parti en Algérie. Le paiement était bien pour un visa, mais pas pour moi, pour une copine. Je le lui dis. Plus tôt, elle avait examiné chaque page de mon passeport pour voir s’il y avait des tampons de voyage.
]]>Paris : des policiers du XVIIIe arrondissement au cœur d’une vaste affaire de corruption
►https://www.liberation.fr/france/2019/06/21/paris-des-policiers-du-xviiie-arrondissement-au-coeur-d-une-vaste-affaire
Le scandale policier révélé par le site les Jours continue de prendre de l’ampleur. En une semaine, pas moins de cinq policiers de la brigade anticriminalité (BAC) du XVIIIe arrondissement de Paris ont été mis en examen dans cette affaire, notamment pour « corruption », « faux en écriture publique » et « trafic de stupéfiants ». S’ils font l’objet de lourdes charges, seul Karim M. a été placé en détention provisoire par le juge d’instruction chargé de l’enquête. Connu dans le XVIIIe arrondissement sous le surnom de « Bylka », il est soupçonné d’avoir protégé et racketté des dealers, puis blanchi l’argent obtenu. Des investigations, parties d’une dénonciation, avaient conduit le parquet de Paris à ouvrir en 2018 une enquête préliminaire puis une information judiciaire, confiées à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices ». Les « bœufs-carottes » ont été jusqu’à sonoriser la voiture de service de deux suspects pour les confondre.
Selon les Jours, les habitants du quartier de la Goutte-d’Or attribuent à Bylka un système de « racket massif rodé » allant de vols réguliers d’argent et de stupéfiants au « paiement de l’assurance » nécessaire pour bénéficier de sa protection. Tout le monde connaissait les agissements du brigadier, qui officiait dans le secteur depuis de longues années. Décrit comme sûr de lui, avec une forte influence sur ses jeunes collègues, l’homme avait « instauré comme un droit de travail pour les dealers du secteur », affirme une source policière dans des propos rapportés par le JDD. « S’ils ne voulaient pas être arrêtés, les revendeurs étaient obligés de payer. Mais c’était devenu intenable avec des mecs qui menaçaient de tout balancer… »
Des propos confirmés par les habitants qui ont eu affaire de près ou de loin à Karim M., le « boss du quartier ». Nombreux sont ceux à avoir alerté l’IGPN à la suite de procès-verbaux falsifiés, d’arrestations violentes, de vols ou de rackets. « [Mes clients] me disaient que ce policier faisait la loi dans ce quartier, et qu’en échange d’une petite commission, on les laissait tranquilles. Ils ne voulaient pas dénoncer ces faits puisque c’était leur activité », assure aux Jours Keren Saffar, avocate de plusieurs habitants du quartier mis en cause dans des affaires de stupéfiants. Lors d’un procès, l’an dernier à Paris, Me Saffar avait émis des doutes sur plusieurs procès-verbaux dressés par les équipes de Karim M. La justice avait donné raison aux fonctionnaires de police, mais un procès en appel aura lieu en décembre.
Les mises en examen des trois collègues de Karim M. portent à sept le nombre de personnes poursuivies dans cette affaire, dont cinq policiers de la BAC du XVIIIe arrondissement. Et, au vu de la gravité des faits, le chiffre pourrait encore augmenter.
Sympa d’apprendre que le commissariat de la goute d’or est le centre névralgique du trafique de crack, heroïne, coke, shit... dans le nord parisien.
]]>En quatre articles, comment simplifier ta compréhension du monde (tldr : à la fin ça s’explique « en un tweet »).
18 juin : les prix du baril de pétrole s’envolent, et c’est à cause de la BCE :
Pétrole : la BCE fait décoller les prix du baril !
▻https://www.capital.fr/entreprises-marches/le-petrole-beneficie-du-retour-de-lappetit-pour-le-risque-1342303
Le pétrole relève la tête. Les cours du baril rebondissent nettement ce mardi, le prix du baril de WTI progressant de 4,28% à 54,10 dollars tandis que son homologue européen, le Brent de la mer du Nord, s’adjuge 2,77% à 62,62 dollars. L’or noir, comme la plupart des actifs jugés à risque (tels les actions), bénéficie de la perspective d’une possible baisse des taux de la BCE. Ce matin, le président de la banque centrale, Mario Draghi, a indiqué qu’il n’excluait aucune option pour soutenir une économie européenne vacillante. Cette annonce fait d’autant plus d’effet qu’elle intervient à la veille des conclusions de la réunion de la Fed.
20 juin : ah non, en fait c’est à cause de l’accord de l’OPEP, de la baisse de stocks américains et de la détente commerciale entre la Chine et les États-Unis :
Pétrole brent : L’Opep et ses partenaires ont fixé leur prochaine réunion, le prix du pétrole décolle
▻https://www.tradingsat.com/petrole-brent-MP0000000BRN/actualites/petrole-brent-l-opep-et-ses-partenaires-ont-fixe-leur-prochaine-reunion-
Le net rebond du jour est porté par plusieurs actualités concomitantes. Premièrement, les investisseurs ont appris mercredi après-midi que les pays membres de l’Opep et leurs partenaires parmi lesquels la Russie se sont accordés sur la date de leur prochaine réunion. Initialement prévue les 25 et 26 juin à Vienne, celle-ci a été décalée aux 1er et 2 juillet après plusieurs semaines de tractations, notamment entre la Russie, l’Arabie saoudite et l’Iran.
L’indécision de Téhéran avait auparavant provoqué quelques remous sur les marchés pétroliers, les opérateurs craignant que l’Opep+ ne parvienne à se mettre d’accord sur une prolongation de leur accord de limitation de la production. Depuis fin 2016, en effet, l’Opep+ s’accorde tous les six mois pour renouveler cet accord afin de compenser la hausse continue de la production américaine et de peser à la hausse sur les cours. De nombreux observateurs considèrent cet accord comme le principal facteur de stabilisation du marché de l’or noir.
Autre facteur haussier, la publication hebdomadaire des stocks US a de nouveau réservé une surprise, mercredi, avec une baisse plus forte que prévu des réserves commerciales de brut. Au cours de la semaine achevée vendredi 14 juin, celle-ci ont en effet diminué de 3,1 millions de barils pour s’établir à 482,4 millions, là où les analystes interrogés par Bloomberg tablaient sur une baisse plus modeste, de l’ordre de 1,2 million de barils.
Dernier élément mais pas des moindres, les cours de l’or noir profitent également des derniers propos du président américain, qui a annoncé mardi avoir eu « une très bonne conversation téléphonique » avec son homologue chinois Xi Jinping. Donald Trump a par ailleurs confirmé qu’il s’entretiendrait longuement avec le dirigeant chinois, en marge du G20 qui se tiendra à Osaka les 28 et 29 juin prochain. De fait, la guerre commerciale fait peser des craintes sur l’économie mondiale et conduit les économistes à réviser à la baisse leurs perspectives de croissance mondiale, donc de demande de pétrole. Une détente commerciale et des espoirs de règlement du différend commercial est donc porteur d’espoirs, à la fois sur la bonne tenue de l’économie mondiale, et sur la demande en hydrocarbures, ce qui pèse à la hausse sur les prix.
Le 20 juin toujours : en fait c’est à cause de la possible baisse des taux d’intérêt par la FED :
L’or au plus haut depuis 2014, le pétrole s’envole !
▻https://www.capital.fr/entreprises-marches/le-petrole-en-forte-hausse-1342480
Or, pétrole... Ces deux matières premières phares sont à la fête. Les cours du baril ont bondi ce matin, soutenus par l’appétit pour le risque. Hier soir, la Fed (Réserve fédérale, banque centrale des Etats-Unis) a laissé grande ouverte la porte à une baisse des taux dès le mois prochain, ce qui est positif pour la croissance économique et les actifs risqués. L’or noir est également soutenu par le regain de tensions au Moyen-Orient et l’évolution des stocks. […]
Par ailleurs, le prix de l’or flambe de près de 3%, à 1.380 dollars, soit un plus haut de 5 ans. Une dynamique attribuable, ici aussi, aux espoirs d’une baisse des taux de la Fed. En effet, l’or est un placement qui ne génère pas de revenu et bénéficie ainsi d’arbitrages favorables quand les taux d’intérêt réels - c’est-à-dire nets d’inflation - chutent...
Le 20 au soir, c’est plus simple : c’est « en un tweet » :
Iran : en un tweet, Donald Trump fait bondir le cours du pétrole
▻http://www.lefigaro.fr/flash-eco/iran-en-un-tweet-donald-trump-fait-bondir-le-cours-du-petrole-20190620
Alors que les tensions entre Washington et Téhéran ne cessent de s’accroître et inquiètent les marchés, un message menaçant du président américain a suffi pour que le cours du baril prenne plus de 6%.
]]>Ubu roi et la transformation du cheptel humain
▻https://www.dedefensa.org/article/ubu-roi-et-la-transformation-du-cheptel-humain
Ubu roi et la transformation du cheptel humain
Qu’il nous soit permis de rebondir à la suite d’un incident hautement anecdotique survenu tout dernièrement en terres de Nouvelle-Fronce. Un transsexuel qui préside aux destinées de la Fédération des femmes du Québec a tout récemment lancé sur Twitterqu’ « on devrait discuter de la vasectomie obligatoire à 18 ans ». Cette boutade aura contribué à attiser une fois de plus les eaux mortes de notre prison électronique : les bien-aimés réseaux sociaux.
Rattrapé par la police des ondes, le principal intéressé s’est justifié sur le plateau d’une émission d’affaires publiques québécoise en arguant avoir voulu faire la démonstration qu’il est plus facile de mener des débats publics sur la question de l’autonomie du corps des femmes qu’en ce qui a trait à celle du corps (...)
]]>« Ubérisation », taxi et capitalisme | L’Humanité
▻https://www.humanite.fr/uberisation-taxi-et-capitalisme-629816
Jeudi, 5 Janvier, 2017
Une tribune de Jean-Marc Domart, retraité CGT, ancien secrétaire de la Chambre Syndicale des Cochers-Chauffeurs (CGT-Taxis Paris), de 1993 à 2003.
La question du salaire et de la protection sociale du salarié est, depuis qu’existe le salariat, le point d’achoppement entre l’employé qui rend le service rémunéré et l’employeur qui y a recours, le bénéfice pour ce dernier étant d’autant plus important que la rémunération du premier est faible. La plus-value, dit-on...
Le terme d’ « ubérisation » est mis à la mode tel une « marque »(comme celui de « frigidaire » pour les réfrigérateurs) par l’apparition de cette société U.S. UBER qui « rationalise » la chose - et non seulement dans le Taxi (voir AirBNB en ce qui s’agit de l’immobilier, Deliveroo et Foodora dans le portage de repas) - par l’artifice juridique de la « mise en relation », via l’utilisation des nouvelles technologies (les « plateformes » numériques) et du camouflage qui permet au patronat de se défausser de ses responsabilités sociales, (salaire, protection sociale et fiscalité). Cependant, il ne faut pas croire que cette société soit pionnière en la matière. Car, dans le Taxi, le patronat n’a du reste jamais manqué d’imagination pour exploiter ses employés de cette manière, cela depuis plus d’un siècle, avec bien souvent, il faut l’avouer, l’assentiment des autorités officielles pour qui la délinquance en col blanc constitue un moindre mal en matière d’ordre public. Ce processus de désengagement de la puissance publique au profit du patronat est, dans ce registre, intéressant à décrire.
Le Taxi - en termes administratifs « voiture publique de 2ème classe » -, comme ses ancêtres les fiacres à chevaux, a quand même sa spécificité, c’est que, concessionnaire d’une autorisation délivrée par la puissance publique pour son exercice sur la voie publique, les tarifs de « louage » (par la clientèle, s’entend) sont fixés par l’autorité publique et non par le patronat, ce depuis fort longtemps (18ème siècle !), ce qui fait que les préfets contrôlent en partie la rémunération, notamment si le chauffeur (autrefois cocher) ose réclamer à son passager plus qu’il n’est dû…
De ce fait, l’employeur ne peut plus exploiter son employé que sur la part de la rémunération qu’il lui doit, à savoir sur le salaire net et différé (ou socialisé, = sa protection sociale). C’est ce qui se pratique toujours à l’heure actuelle dans les sociétés de Taxi – parisiens et autres - et peu importe la société et le mode de transport concurrentiel institué avec ce système (voitures de remise, VTC), le principe est le même : faire du profit en supprimant le salaire et la protection sociale, considérés comme des « coûts » et non comme des investissements, que cela s’appelle UBER, HEETCH ou autres d’autres domaines, avec des « travailleurs indépendants » ou « auto-entrepreneurs » (Deliveroo, « tuk-tuks » et « rickshaws » pour touristes...). C’est finalement, en fait de « progrès », le retour du tâcheron du 19ème siècle, le pétrole, la chaîne de vélo et les smartphones en plus (aux frais du travailleur, s’entend !).
Pourquoi cela s’est-il d’abord passé dans l’industrie du Taxi, « voiture de Place de 2ème classe » ? Le progrès technique ? Que nenni, car le radio-taxi, apparu dès 1956, n’avait pas entraîné pour ça un changement de statut des chauffeurs ! Simplement parce que le chauffeur (« cocher » autrefois,,,), dont l’exercice du métier est individuel, remet la recette à l’employeur, ou plutôt la part de la recette collectée qui lui revient (dans le cas, aujourd’hui plutôt rare, du salariat, c’est avec les cotisations sociales incluses), Cela a permis à une époque aux employeurs de proclamer que les chauffeurs ne sont pas des salariés, mais des « associés ». Mais cette apparence ne résiste pas à la réalité de la subordination, plusieurs arrêts de la Cour de Cassation l’ont attesté.
Deux choses sont venues changer la donne dans un sens de progrès pour cette profession, à savoir l’apparition du compteur horokilométrique, puis les débuts du syndicalisme et de la protection sociale,
Les tâcherons travaillent à la tâche, par définition rémunérée forfaitairement, mais au 19ème siècle, le besoin se faisait sentir de rémunération à la mesure de celle-ci, Différentes formes de rémunération existaient alors dans le « fiacre », toutes forfaitaires, mais vu que les patrons fixaient les forfaits trop hauts, donc laissant des rémunérations trop faibles, de nombreux conflits avaient lieu sur la voie publique, indisposant un régime (le Second Empire) où l’ordre public revêtait une importance primordiale, On peut lire dans une thèse sur la Voiture de Place soutenue en juin 1912 à l’Université de Dijon l’idée que tenta alors d’imposer le Conseil Municipal de Paris en 1867 :
Cela changeait effectivement beaucoup de choses, car un tel appareil permettait d’évaluer la somme à partager selon le travail effectué, dans un sens plus juste, D’autre part, Paris avait été agrandi en 1860 donc les distances allongées, la « loi sur les coalitions » (droit de grève) avait été votée le 25 mai 1864, et des grèves de cochers avaient eu lieu en 1865. D’autre part, la faisabilité d’un compteur étant établie, cela impliquait à terme le salariat, et on comprend que ce progrès-là n’arrangeait évidemment pas les affaires du patronat, Si des compteurs furent agréés et équipèrent des véhicules dès 1905, ils ne purent effectivement rendus obligatoires sur toutes les « voitures de place » qu’en 1912.
La loi Waldeck-Rousseau du 21 mars 1884 autorisa la constitution des syndicats professionnels, et le Syndicat des Cochers déposa ses statuts dès juillet 1884, fut membre fondateur de la CGT au congrès de Limoges de septembre 1895, et réclama vite le statut salarial.
Le 9 avril 1898 fut votée la loi sur les accidents de travail prévoyant la couverture par les soins de l’employeur de ses employés en cas d’accident du travail. Ce qui n’est cependant pas révolutionnaire dans sa logique, s’agissant en fin de compte de la responsabilité civile du propriétaire d’un outil pour les torts qu’il peut causer, Malheureusement, dès 1909, le patronat, pour se dégager de ses responsabilités, ne voulut pas, pour des questions de cautionnement, reconnaître la qualité de salariés de ses employés (« associés en parts » !), mais perdit la procédure. En 1928 et 1930, furent promulguées les lois sur les Assurances Sociales, où les employeurs et les employés devaient cotiser à des caisses d’assurance-maladie et maternité, et ce fut de nouveau l’occasion pour le patronat, qui régentait la profession depuis 1866, de sortir un règlement préludant à l’état de fait qui prévaut à l’heure actuelle, celui du « locataire », faux travailleur indépendant. Le Code Civil fut alors mis à contribution, par les articles 1709 (« louage de choses »), et 1713 qui permet de « louer toutes sortes de biens meubles ou immeubles ». De nombreuses manifestations eurent lieu contre cette forme d’exploitation, qui cessa lorsque sous le Front Populaire fut promulguée la loi du 13 mars 1937 reprenant l’économie de la Convention Collective du 24 juin 1936, puis l’ arrêté ministériel (Ministère du Travail dont dépendait le Taxi) du 31.12.1938. Entre temps, était paru au « J.O. » du 31 octobre 1935 un décret affiliant aux Assurances Sociales les chauffeurs de Taxi non-propriétaires des véhicules qu’ils conduisent, l’actuel article 311-3-7 du Code de la Sécurité Sociale . Mais si le patronat, sentant la guerre s’approcher, renia la Convention Collective, suivi de peu par les décrets-lois Daladier augmentant d’une heure quotidienne le temps de travail (26/8/1939) puis interdisant la CGT avec le PCF par le décret-loi du 26/9/1939, les textes originaux furent rétablis en 1945 lors du rétablissement du Taxi à Paris.
La recherche de rentabilité patronale s’accommode mal du progrès social, et ce n’est pas par hasard que c’est après 1968 que ce système du « locataire » fut remis sur le tapis, A la Commission (alors) Paritaire du 20 novembre 1969 fut déposée par la Société G7 la proposition du « Statut du travailleur indépendant », rejetée le jour-même par une motion de la CGT.
Cette société n’est pas non plus n’importe laquelle. Fondée en 1905 sous la dénomination de Compagnie Française des Automobiles de Places par le comte André Walewski, arrière-petit-fils de la comtesse polonaise Maria Walewska et d’un certain Napoléon 1er, très impliqué dans la haute finance et (déjà !) les pétroles, elle fut très tôt dans la sphère du pouvoir. Les Taxis de la Marne furent une bonne affaire pour elle, car les courses furent toutes payées au compteur, avec le carburant et même l’usure des pneus, par le ministère de la Guerre. Elle ne fut pas des dernières à pratiquer dans les années 30 le système du « locataire ». Passée dans l’après-guerre sous la coupe du constructeur automobile SIMCA - où, dans les années 60, il ne faisait pas bon d’être à la CGT du fait des milices patronales (pseudo-« syndicat » CFT) - elle fut reprise en 1962 par feu André Rousselet (ancien chef de cabinet du ministre Fr. Mitterrand entre 1954 et 1958) qui y travaillait, avec l’aide financière de F. Serfati, un riche rapatrié d’Algérie.
La Préfecture de Police, en charge depuis le décret du 12 mars 1970 de la réglementation du Taxi Parisien, allait donner en 1973 satisfaction au « lobbying » patronal, suivie d’un mois par le Ministère de l’Intérieur dirigé par l’ultra-droitier R. Marcellin. L’ordonnance n° 73-16079 du 1er février 1973 autorisa le rétablissement de ce mode d’exploitation des autorisations (les « licences »)…et des chauffeurs ! Avec toujours comme base juridique le Code Napoléon, articles 1708 (choix entre le louage de choses et du louage de services), et bien sûr le 1709 (« louage de choses »).
Les nombreuses manifestations et procédures organisées par la CGT n’aboutirent pas, mais les chauffeurs engagés dans ce système obtinrent par l’A. M. du 4 octobre 1976 la couverture sociale du Régime Général, cotisant sur la base forfaitaire de 70 % du plafond de la Sécurité Sociale, se référant, précisément, pour l ’affiliation à l’article du décret du 30.10.1935 concernant alors cette situation (actuellement nominé 311-3-7 du Code de la Sécurité Sociale, ci-dessous).
Sans le dire expressément, mais quand même, une responsablilité est de ce fait reconnue au propriétaire et loueur du véhicule Taxi. De plus, un courrier du Ministère des Affaires Sociales du 26 janvier 1995 reconnaissait que « les locataires étaient soumis à un lien de subordination très fort » et qu’ « au titre de l’article 241-8 du Code de la Sécurité Sociale, les cotisations sociales étaient à la seule charge de l’entreprise, toute convention contraire étant nulle de plein droit »,
Cela tombait fort bien, car la CGT-Taxis avait changé de tactique. Vu l’échec – jusqu’en Conseil d’État – des procédures du Syndicat contre l’autorité préfectorale, l’idée a été de s’en prendre, non plus à l’exécutant administratif qu’était la Préfecture de Police, mais au bénéficiaire qu’était le patronat. En conséquence, dès 1995, le Syndicat engagea des procédures en requalification des contrats de location en contrats de travail. Les bâtons dans les roues ne manquèrent pas, notamment de la part de la G7, mais le 19 décembre 2000, la décision tant attendue tomba : les contrats de locations Hatem et Labanne étaient reconnus comme des contrats de travail par la Cour de Cassation. De nombreux chauffeurs profitèrent alors de cette jurisprudence pour se faire rembourser les cotisations patronales induement payées, Cependant le Ministère s’arcboutait sur le maintien de ce système, précisant qu’« une Cassation n’était pas une loi » !
Une autre chose à remarquer, c’est que le Régime Général, à la différence du Régime Artisanal, comprend la couverture accident du travail, l’article 412-2 du Code de la Sécurité Sociale s’appliquant « aux travailleurs concernés par l’article 311-3 ». Et aussi que l’article R 312-5 du même code précise dans son alinéa 2 que : [en ce qui concerne les travailleurs concernés par l’art, 311-3, les obligations incombant à l’employeur sont mises : [§1…] - §2 : dans les cas prévus au 7° et 8° dudit article, à la charge des personnes et sociétés qui fournissent les voitures, des exploitations et des concessionnaires. Par conséquent la reconnaissance de la responsabilité du propriétaire de l’outil de travail quelque soit la personne morale !
Suite à cela, nouvelle offensive du patronat qui, sous l’influence de plusieurs rapports (Attali, Cahuc-Kramarz, Chassigneux), fit, malgré de nombreuses manifestations de Taxis, adopter par les pouvoirs publics en mai 2008 avec la signature des seules organisations patronales et sans la participation de celles des chauffeurs, un Protocole instaurant certains transports concurrentiels non-taxis - très prisés des médias (les motos- « taxis ») -, le rallongement d’une heure du temps de travail quotidien dans les entreprises, et la « sécurisation des relations juridiques entre loueurs et locataires », à savoir que – est-il précisé dans le rapport Chassigneux (§G (1) p. 22, du 20 mars 2008 - sont prévues des dispositions « afin d’éviter que le juge requalifie les contrats de locations en contrats de travail », Visiblement les arrêts de Cassation du 19 décembre 2000 avaient fortement traumatisé les « Loueurs »…
L’affaire n’allait pas s’arrêter là, car le 1.10.2014 fut promulguée la Loi Thévenoud qui, rajoutant des concurrences supplémentaires légales (VTC), instituait dans le Taxi les « locataires-gérants » (art 5-I, §2), précisant au III du même article que l’article 311-3-7 du Code de la Sécurité Sociale ne s’appliquait pas audit locataire gérant ! Cela, comme l’a dit Thévenoud lui-même, pour « humaniser le système de la location » !
Comme « humanisation », on pouvait trouver mieux. Ce système reste inhumain, car forfaitaire, indépendamment de la fluctation de la clientèle, et se base en réalité sur une forte dégradation de la protection sociale. Car si les cotisations sociales artisanales peuvent être (légèrement) moins chères que celles du Régime Général, elles ne comportent pas celles de l’accident de travail, ni le seul avantage final (cher payé) du système locatif « normal », celui de bonnes cotisations pour la retraite, Cela revient, en fin de compte, exactement à la proposition de la société G7 en 1969 ! Finalement, l’ « humanisation » en question sera pour le patronat, qui n’aura même plus à s’occuper du reversement des cotisations à l’URSSAF ni de la détaxation du carburant, et sera déresponsabilisé de l’accident de travail. Quant au public, le statut échappant toujours au contrat de travail, donc sans embauche de chauffeurs de relais dans les sociétés, le problème éternel de l’absence de taxis aux heures de pointe restera non résolu, avec la seule alternative du transport esclavagiste et sans garanties publiques du VTC. Car il faut savoir ce qu’implique le salariat conventionnel : 2 jours de repos consécutifs à 6 jours de travail, comblés par l’emploi d’un chauffeur de relais, par conséquent l’emploi de 4 chauffeurs pour 3 voitures, dans les sociétés, afin d’assurer la continuité du service Taxi. Ce qui, sur les plans de l’emploi (+ 2500) et du service, rend inutiles les VTC. Preuve que l’intérêt du patronat passe bien avant celui du service au public et des chauffeurs !
Enfin, dernière chose, et non des moindres, sur le plan des principes républicains. En plus de ce « statut » de tâcheron, au même titre que celui de l’auto-entrepreneur, s’ajoute la négation de la spécificité du Taxi, « voiture publique de 2ème classe ». L’autorisation de Taxi (improprement nommée « licence »), ne l’oublions pas, est un bien public, Depuis la loi du 13 mars 1937, il était précisé que la location de l’autorisation de Taxi était interdite sous peine de son retrait, Normal, depuis l’Abolition des Privilèges de 1789 (La « Nuit du 4 Août » 1789), les biens publics étaient devenus inaliénables, et à ce propos, pour ce qui s’agit de la profession, le privilège Perreau de la Voiture de Place avait été de ce fait résilié par l’Assemblée Nationale Constituante le 19 novembre 1790, et racheté par la Ville de Paris pour 420,000 livres, une somme importante à l’époque. En 1866, cela a a coûté bien plus cher encore, et pour la même raison (47 annuités de 360.000 francs/or) ! Curieux qu’une telle énormité ait échappé au législateur et à nombre d’organisations de la profession. Mais « plus c’est gros, plus ça passe » !
Cela va de pair avec la concurrence des VTC - d’ailleurs approuvée par J.-J. Augier, l’ex-PDG de la G7 et trésorier de campagne de F. Hollande (Paris-Match,19.6.2014) - la casse d’une profession de service au public, en tant que transport à garanties publiques, dont l’État démissionnaire se défausse par paliers, pour nous livrer à la voracité des multinationales, pour lesquelles la démocratie n’existe pas.
Raison intrinsèque qui a motivé les imposantes manifestations de la profession en février dernier, car c’était le prélude à ce qui était planifié pour le reste du monde du travail, à savoir permettre par les lois Macron et El Khomri le règne sans partage d’un patronat esclavagiste, accumulant des profits sans avoir aucun compte à rendre.
En guise de « transition énergétique », on peut toujours, en hauts lieux, se donner bonne conscience à dire aux travailleurs (surtout à eux !) de circuler à vélo, et à piétonniser des voies rapides. Mais quelle logique écologique y a-t-il de rajouter sur la voie publique sans véritable besoin - sinon idéologique - des transports non limités en nombre ni en heures de circulation ? « Y ’a comme un défaut ! » …
On n’arrête pas le « progrès », car nous avons actuellement un gouvernement – aux dires des médias - qui est contre « l’immobilisme ». Et qui bouge, c’est vrai ... mais en marche arrière accélérée !
Une publicité de la SNCF disait jadis que « le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous »,
La lutte n’est donc pas terminée,..
Jean-Marc Dommart, retraité CGT
]]>Le gouvernement veut sucrer les allocations d’au moins 11% des chômeurs indemnisés
▻https://www.marianne.net/societe/le-gouvernement-veut-sucrer-les-allocations-d-au-moins-11-des-chomeurs-ind
Au boulot les fainéants ! Selon Les Echos, le gouvernement envisage de durcir les conditions d’accès aux allocations chômage. Ce vendredi 7 juin, le quotidien économique dévoile une partie du contenu de la réforme de l’assurance chômage, que l’exécutif présentera la 17 juin prochain. Objectif du texte : réduire la voilure sur les dépenses sociales d’1 à 1,3 milliard d’euros, et donc tailler dans la masse des 3 millions de chômeurs indemnisés.
Pour toucher une allocation aujourd’hui, la règle est d’avoir travaillé l’équivalent de 4 mois dans les 28 mois précédant la fin de son contrat - et 36 mois au-delà de 53 ans. La piste envisagée serait de passer ce seuil à 6 mois sur 24. Un coup de fouet aux plus précaires, puisqu’il faudra donc avoir travaillé plus longtemps sur une période plus courte pour avoir droit au chômage. Toutefois, un jour travaillé donnera toujours lieu à un jour indemnisé. Ce qui signifie que la durée d’indemnisation sera de 6 mois minimum.
Combien de chômeurs seront concernés par ce coup de canif dans la protection sociale ? A la demande des syndicats, l’Unédic avait évalué plusieurs hypothèses de réformes. La plus proche de celle envisagée par le gouvernement, qui envisageait un passage à l’équivalent de 4 mois travaillés sur une période de 2 ans (donc 2 mois de moins que le projet gouvernemental sur une période équivalente), aboutissait déjà selon l’Unédic à une diminution de 11% du nombre de chômeurs indemnisés – 236.000 personnes -, pour une économie de 160 millions d’euros. Une économie insignifiante comparativement aux 4,5 milliards d’euros annuels de recettes auquel le gouvernement a renoncé en réformant l’ISF.
Les précaires en première ligne
Il y a de quoi se faire des cheveux blancs pour les travailleurs intermittents des services, de la construction, des transports ou de l’industrie : selon une étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail, en 2017, neuf embauches sur 10 ont été signées en CDD et en intérim dans ces secteurs « en surchauffe ». 80 % de ces CDD et de ces missions s’étendent sur moins d’un mois, leur durée médiane avoisinant… cinq jours. Les salariés de ces secteurs, sujets d’une extrême « flexibilité », pourraient donc être les premiers à trinquer en cas de durcissement des conditions d’accès aux allocations chômage.
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Parmi les autres pistes envisagées figure notamment une dégressivité des allocations au bout de six mois pour les très hauts revenus (seniors exclus). Le seuil à partir duquel cette mesure s’appliquera n’est toutefois pas encore connu. Les négociations entre partenaires sociaux ont en outre achoppé sur l’une des mesures phares soutenues par le gouvernement : l’instauration d’un mécanisme de « bonus-malus » pour les employeurs qui abusent des contrats court. Sans surprise, les représentants patronaux sont vent debout contre ce dispositif.
#guerre_aux_pauvre #régression #chômage #sexisme #domination_masculine (car les pauvres et précaires sont des femmes et non des hommes).
]]>#Mir_Streiked !
„Mir Streiked!“ ist die Hymne für der Schweizerischen Frauen*streiktag 2019. SASA, KimBo, Mer Ayang und Sascha Rijkeboer komponieren in ihrer musikalischen Unterschiedlichkeit ein Lied, das gleichzeitig bewegt, anklagt und mobilisiert.
▻https://www.youtube.com/watch?v=m001Efj0ymI&feature=share
#grève_féministe #14_juin #femmes #grève #Suisse #chanson #14_juin_2019 #hymne
#musique_et_politique (ping @sinehebdo)
v. aussi le #manifeste académique de la grève :
▻https://seenthis.net/messages/777511
et une tribune sur le #féminicide, tribune publiée en lien avec la grève :
▻https://seenthis.net/messages/780868
Crise environnementale : pourquoi il faut questionner les « appels à agir d’urgence »
►https://theconversation.com/crise-environnementale-pourquoi-il-faut-questionner-les-appels-a-ag
Un article de plus critiquant l’anthropocène et les appels de scientifiques sur le climat, qui appellent à l’État coercitif.
Leurs auteurs en appellent à l’autorité de l’État, voire à des mesures coercitives éventuellement impopulaires. Le politique devrait protéger les populations contre leur gré, Aurélien Barrau utilisant la métaphore de l’autorité parentale. Les politiques devraient limiter les libertés de leurs enfants pour les empêcher de casser leurs jouets.
L’imaginaire de ces appels est limpide : le sérieux n’a pas changé de camp, ou alors très brièvement car il est en effet vite relocalisé chez les politiciens, les populations étant irresponsables et infantiles.
Mais les politiques ont montré qu’ils n’étaient pas plus éclairés ni plus sages que ceux sur lesquels ils exercent leur pouvoir. Et s’il faut agir, ce n’est pas en renforçant des pouvoirs qui se sont disqualifiés. Il faut cesser de fantasmer un public infantile qui devrait être gouverné plus fermement.
#climat #anthropocène #capitalocène #anthropologie #Aurélien_Barrau #politique
]]>’Le Monstre’, by Serpent à Plumes - avec petite digression sur le Poulpe -
D’entrée de jeu, plût au ciel que le lecteur crédule, devenu hardi, et, le temps de sa lecture, féroce, à l’image de la puissance pharamineuse de mon verbe, s’accointe avec mon tempérament disputeux, verveux, rancuneux, et torrentueux, tempérament que j’hérite d’un atavisme de dérèglement pour le moins ancestral. Mais il n’est pas bon que celui qui promène un œil médusé sur cette page de plus en plus suppureuse s’en aille croire que j’impute en quoi que ce soit à l’hérédité les débordements que je suis à deux doigts de relater ; cela serait du goût le plus lâche. Non que la fougue exclue de quelque façon la lâcheté. Seulement, débuter avec une idée de quelque faiblesse chez moi, de quelque complaisance, ne conduirait le lecteur quand il aura fini de me lire qu’à réaliser qu’il est le pire fat qui se puisse concevoir.
Que mon lecteur me prête son oreille tandis que je lui sussure que mon désir le plus fébrile est d’expier mes vices passés, si tant est qu’expiation me soit encore possible, mais qu’il ne se complaigne pas davantage dans l’association trop facile des mots ’expier’, ’désir’ et ’relater’.
Toute cette sombre affaire débuta un sombre jour d’automne, saison de brumes et d’oisivetés, où je rendais péniblement à mon frère, le comte de M*****, une de mes rares visites. Comme j’approchais sa demeure, elle me parut, majestueuse, couronnée de pignons, et pour faire court, à l’image de la maison d’Usher. Je trouvai ma relation dans sa bibliothèque. La porte était entr’ouverte ; j’ai pénétré la pièce tout acajou. Je le trouvai penché à muser dessus un de ses ouvrages, le pied droit piétinant pour les soins du tableau un coussin à glands, la main droite quant à elle enlaçant amoureusement le pommeau d’une canne marbrée. De dos, je vis qu’il remâchait les cendres maternelles, sa face lugubre et noircie tournée vers la fenêtre comme s’il attendait la mort elle-même de surgir et de l’emporter comme une fleur fânée. Ainsi le trouvai-je prostré, à attendre sa fin, le coeur aussi vermoulu que ses meubles. Et si mon lecteur a les resources pour excuser mon outrageuse lévité sur le sujet, je coucherai la vérité nue sur ma page, terriblement offerte à ses entrailles joyeuses. Oui car mon parent souffrait de dyspepsie, grande évidence du tourment atrabilaire qui lui rongeait l’âme selon l’expression consacrée. En sa présence contristée je devins assidument muet, tout comme il était fatalement frappé de surdité ; autant dire que nous faisions bon ménage, ainsi celui qui écrit et celui qui le lit. Que mon lecteur n’attende aucunement donc d’assister à quelque dialogue. J’ai étudié ce sujet avant mon procès : les conversations sont des échanges de nouvelles (exemple : météorologiques), d’indignations ou de joies (exemple : intellectuelles) déjà connues ou éprouvées par les interlocuteurs.le moteur est toujours le goût de parler, d’exprimer des accords ou des désaccords. Et pour tout à fait déshabiller la vérité je dirais même que j’avais maille à partir avec mes créanciers, et que c’était bien là, plus qu’une quelconque amitié fraternelle, la seule rime et la seule raison à ma visite. Je n’avais cure de la société des quelques invités qui venaient hanter le château de mon fraternel de leur commotion pleurarde et servile. Je m’épanchais plutôt en promenade, espérant trouver dans le sein de la nature quelque secours à mes esprits discordants. Quelque chose de résolument sauvage et de fanatiquement aristocratique me tenait à l’écart des vagues humaines qui venaient parader un semblant de bonne santé et de bonne humeur à l’arrière-goût grinçant et morbide. Seule la nature avait assez de générosité et de grandeur pour que je puisse y épancher mes humeurs en un chapelet de pensées ou chaque pas foulé était une peau muée, une nouvelle lumière, un nouvel aplomb. Cependant, le feu qui se nourrissait de mes entrailles dansait de plus belle. J’attendais l’inattendu au détour d’une campagne rase. Je devenais au coeur de mon désœuvrement sans raison gai. Pur. Méchant. Quels idiots ils faisaient à feindre des civilités quand leure seule pensée est : hé quoi, vous, toujours en vie ? Et avec cela lâches, trop lâches pour se l’avouer sans avoir à taire cette vérité, la seule, dans un flot mensonger d’honteuses agaceries. Le vent. Le vent. Et venant de plus en plus loin. Avec le vent on quitte sa carcasse et on embrasse la substance de ce qui nous entoure. Il n y avait pas une note d’odeur de la terre retournée sans qu’elle ne se fut immiscée en mes veines. Le soleil, me dardait droit des yeux, branlant tout autour, d’une beauté convulsive. L’air même n’était plus qu’une aorte géante, qui tambourinait mon désir. Je rêvai d’être comme avec une femme. Aussitôt dit, une oasis s’écarquilla sans déciller, dans un coin de bourrasque. Un corps ferme se tenait, l’eau à la cheville. Ma première pensée fut de noyer cette insolence dans si peu d’eau. Cette pensée me rendit à fleur de nerfs. Je décidai de rester sec, prêt à faire feu de tout bois. Je me remémorai ces vers :
O temps, suspends ton vol ! Et vous heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices,
Des plus beaux de nos jours !
et les trouvai mauvais ; je les chassai d’un revers. Je flottai au bord de moi, ma petite musique aveugle emplissant peu à peu l’air virginal. L’aorte battait la chamade, à un doigt d’une plosion. Dans mon équippée de sang noir je me fis l’enfant de la géante. Et quant à moi, je ne m’endormis point. Elle, tout au contraire, se fendit en un rire. Comme qui dirait sardonique. Cruelle, je la vis se dissoudre dans l’onde. Des bois me poussèrent dessus les oreilles. Plus Actéon que moi-même – et qu’était-ce à présent qu’être moi-même ? - je marchai sur le retour, couronné de ce nouveau savoir.
Il coula de source que je me devais de retrouver la belle nymphe. J’en parlai d’abord à mon parent, qui n’eût pas l’air de comprendre.
Il ne me fallut pas moins d’un mois avant de connaître le vrai nom de la beauté. Nous convolâmes vite en noces, heureux en calèche bien avant que d’atteindre ma propriété nichée en haut d’un mont comme un nid d’aigle. Mon épousée respirait aussi bien que moi l’air des cimes. A deux, nous fûmes un moment heureux, comme un lac dessus une montagne, joyeux néant à l’abri des abattoirs. Nous n’avions cesse de lire, voix contre voix, fracas de rires. Mais comme dirait Villiam Shakespeare :
Momentary as a sound
Swift as a shadow
So quick do bright things come to confusion...
Ce qui voulait dire, que les femmes, quoiqu’on dise, aiment passionément à chier sur les tombes. J’avais engrossé la nature à force d’un regard. Un abîme s’ouvrit à mes pieds. Ma vie menaçait ruine. A quoi cela rimait-il que je crie nuit et jour ? Que je tende la voix comme pour être touché par la grâce ? C’en était fait de moi ; la géante allait m’enfanter dans le temps, après m’avoir volé mes traits les plus intimes. Que ne l’ai-je d’abord laissée noyer dans sa fange !
Les jours s’envolaient à tire d’aile et c’était bien une mort hideuse qui me souriait au bout. Mais il faut dire que la géante ne fut pas épargnée : d’heure en heure sa grâce cédait terrain à une protubérance assez monstrueuse qui lui arrondissait les boyaux. Un poulpe perfide y avait élu foyer.
Impossible de penser au poulpe sans que surgisse l’invocation de Maldoror comme si à jamais le comte de Lautréamont avait chargé le mot poulpe de cette acception désormais inévitable, du moins pour celui qui trace ces mots. Quant à celui qui penche à présent son visage sur ces lignes oisives, il ne saura tarder à les (re)lire : ’Ô poulpe, au regard de soie ! toi, dont l’âme est inséparable de la mienne ; toi, le plus beau des habitants du globe terrestre, et qui commandes à un sérail de quatre cents ventouses ; toi, en qui siègent noblement, comme dans leur résidence naturelle, par un commun accord, d’un lien indestructible, la douce vertu communicative et les grâces divines, pourquoi n’es-tu pas avec moi, ton ventre de mercure contre ma poitrine d’aluminium, assis tous les deux sur quelque rocher du rivage, pour contempler ce spectacle que j’adore !’. Une lecture biographique des Chants de Maldoror aurait fiché un prénom sur l’animal, qui ne serait autre que celui d’un intime d’Isidore Ducasse.
De toute évidence le poulpe intrigue, passionne, ne serait-ce que pour la façon dont il occupe la langue, à la fois masculin, poulpe, et féminin, pieuvre. Et si son nom scientifique augure de bonhommie, l’octopus vulgaris s’avère être d’une nature prédatrice et hautement carnivore. Gourmand de ses quelques deux cents ventouses le long de chaque bras – huit de leur nombre -, sa bouche, planquée dans un bec de perroquet au centre de ses tentacules, raffole de homards, de langoustes, et de crabes, tourteaux, cancers pagures, pouparts, ou encore de poing-clos. Et outre le vice de gourmandise, il partage avec le caméléon l’art du camouflage, capable qu’il est d’amonceller des objets chinés au fin fond de l’océan pour boucher son terrier, souvent un lieu creux,de grand aristocatique ; le poulpe aussi a sa petite musique solitaire. Nulle surprise si, ainsi tapi à l’abri des regards et hors de portée des dauphins, le cartilagineux de ses ganglions cérébraux muscle sa mémoire à long terme, aussi est-il, rare dans le règne animal pour ne pas dire humain, capable d’apprendre par l’observation. Car le poulpe jouit également d’un système d’accomodation tel que son acuité visuelle est pour le moins dite très bonne. De surcroît, pour peu qu’un trou présente un diamètre un tantinet supérieur à celui de son œil, orbicule légèrement placé dessus son siphon, le poulpe peut alors onduler son corps au travers l’orifice et le traverser devant le regard médusé de l’observateur. Tout chez lui atteint à une dimension esthétique qui confine à la cruauté. De cette même cruauté qui lui fait en toute lenteur infuser ses enzymes digestives qui ont pour but, venin redoutable, de lentement décomposer et digérer les corps de ses proies. Grand prince jusqu’en ses coïts, c’est sa troisième tentacule en partant de la droite qui va s’introduire en fine goutière pour injecter les spermatozoïdes dans l’orifice féminin. Quant à elle, quand elle accouche après une des plus longues périodes de gestation, la femelle meurt radicalement d’épuisement.
Pline l’Ancien, dans son Histoire Naturelle en fait l’éloge bien que sa conclusion semble mésestimer la bête : ’Le coquillage n’a ni la vue ni aucune autre sensation que celle qui lui fait connaître l’aliment et le danger. En conséquence, les poulpes guettent le moment où il est ouvert, et mettent un petit caillou entre les valves, mais en dehors du corps même de l’animal, de peur qu’il ne chasse le caillou par ses contractions : dès lors ils attaquent leur proie avec sécurité, et ils extraient les chairs ; l’animal se contracte, mais en vain ; un coin rend ses efforts inutiles. Tant est grande l’habileté des animaux même les plus stupides !’
Corrigeons le tir en exprimant toute la bravoure livresque de ce prince des ondes : car s’il est vrai que le poulpe soit allègrement porté sur le déguisement, une attaque frontale ne le laisse pas de marbre. C’est alors qu’il déploie son seul moyen de défense : une poche à encre qui trace à la portée de l’onde noire un nuage pétrole qui irrite non seulement la vue, mais terrasse aussi l’olfaction de ses prédateurs désormais comme anesthésiés.
Bref. En trois mots comme en mille : j’allais être père. Et ce monstre des bas-fonds non seulement empêchait mon sommeil, mais menaçait d’effilocher la santé de la voleuse des ténèbres. Je ne saurais dire par quelle raison perfide il tenait à cette proximité calculée. Je dis adieu à mes dernières illusions. L’éternité était un mot bien anémique. Je faiblissais de concert, enfin, jusqu’à cette nuit mémorable.
Que mon lecteur me laisse, sans trop tarder, courir à ma conclusion.
Une nuit, comme une insomnie téméraire me tenait éveillé par les bouts des cils aux confins de la conscience, les cris du monstre vinrent à se saccader outre mesure. Je décidai de me rendre chez la belle endormie, et ne pus, pénétrant son antre, interdire une grimace tant cela sentait le ranci, la bière et le cadavre. Je rampai jusqu’à son lit et entendit d’abord le souffle de la bête, bien avant de soupçonner la vie à travers ses tentacules. Le lâche se faisait silence en ma présence, ce qui ne m’empêcha pas de brandir mon glaive et de le planter en son siphon. Ni de renouveler l’entreprise tant que souffle se pouvait entendre.
Les lèvres de la géante bougèrent. Aucun mot n’a pu les franchir.
Quant à moi, enivré de vengeance, je sombrai dans un sommeil salutaire. Et je rêvai. D’une joyeuse confrérie qui vivait dans une région montagneuse sous l’égide d’un vieux sage et qui soignait ses disciples à coups de chants tyroliens.
Au réveil, la géante gisait dans sa flaque de sang. Mais il n y avait nulle trace de mon poulpe.
]]>Travail reproductif et oppression des mères isolées (suite)
Relevé sur twitter : ▻https://twitter.com/feeskellepeut/status/655732240207519744 et suivants
la notion de #travail_reproductif n’aura pas percé à temps il faudra inventer un autre concept, c’est tout.
« travail d’humain » ce serait pas mal. ou « travail de la vie ». un truc comme ça qui définira l’ensemble de ce qui n’est pas pour le moment
considéré comme une dépense ni de ressources ni d’#argent ni d’énergie alors que justement ce n’est que ça.
ce qu’on appelait #sécurité_sociale c’était juste la prise en charge collective de ce monceau de travail et de coûts mais bon.
c’était déjà pas à la hauteur en plus. on avait inventé les #allocations_familiales par exemple pour aider à assumer le coût de la #reproduction
je sais pas si t’imagines le coût REEL d’un gamin mais les allocs c’est JUSTE 125 euros par mois à partir du deuxième, quoi.
on n’a même pas eu le temps de dire que c’était pas assez que déjà faut entendre qu’on fait les gamins POUR cette aumône --
on n’a pas eu le temps de dire que l’#apl était trop basse pour soutenir l’accès au #logement des plus pauvres que déjà on la perd O.O
et qui a servi de cible à toute cette merde intellectuelle qui à terme brise le peu de #solidarité qu’on avait réussi à établir ?
les divorcées. les #mères célibataires. ces traîtresses à l’ordre du capital et du nom du père.
c’est pas nouveau ça fait des siècles que tout le monde cogne sur les « enfants illégitimes » et leurs génitrices « impures »
ça a toujours été comme ça. les filles mères. les veuves, un peu moins mal vues mais tout autant dans la merde. les divorcées.
on nous a toujours reproché la même chose : nos enfants. demande à un raciste il te dira pareil sur les étrangers. « ils font trop d’enfants »
ça a toujours été LE point care où il y avait une lacune et où on attaquait non pas sur des solutions mais sur des culpabilisations dégueu
je crois pas que le trip ait changé au fil des siècles. les pauvres on leur reproche essentiellement de se reproduire
parce que c’est facile ça les maintient pauvres et justement comme on en a besoin pour faire du bon larbin...voilà.
on parlait travail reproductif pour attirer l’attention sur ce mécanisme là qu’il aurait fallu enrayer mais bon. tant pis.
maintenant qu’il est établi que les mères sont des merdes, que la reproduction n’est pas un travail ni un coût mais juste une faute...
ça va pouvoir gentiment se répandre au reste du domaine de l’humain, le #handicap la #maladie la #vieillesse seront des fautes aussi
le #chômage en est déjà une, on va pas le compter ^^ (et comme toutes les autres « fautes » ce n’en est pas une on le subit)
à terme tous les maigres acquis vont sauter, petite consolation : les mères ne seront plus les seules fautives désignées
au moins on aura des copains au pays des fautifs ce sera plus juste la reproduction le problème.
tu mangeras un jour peut être un platane pleine gueule et toi aussi tu seras un méchant qu’avait qu’à pas. ou juste tu vieilliras. fallépa^^
on fera des échanges et des comparaisons comme les taulards
« et toi kestafé de mal pour arriver là ? »
« un gosse »
« un cancer »
« 75 ans »
c’est cool on pourra redécouvrir le concept de sécu et la re fabriquer tavu. ça fait un peu poison rouge mais bon. on assume.
oui tiens gestion de l’enfance un truc que vous avez pas repéré c’est les nouveaux rythmes scolaires
doucement mais sûrement privatiser le travail reproductif et réserver sa délégation à ceux qui peuvent se la payer
de ça aussi les mères ont essayé de vous parler mais vous étiez très occupés à leur chier dessus...
on pourra étendre ce truc à d’autres activités impondérables de gestion des improductifs. genre changer les horaires des hostos de jour
décider que l’accueil de jour ferme à 15h et qu’après c’est culture (c’est bien la culture, non ?), et l’année suivante rendre ça payant
les familles obligées de récupérer leur vieux/malade/handi pourront pas se plaindre, c’est passé crème pour l’enfance.
voilà comment en tapant prioritairement sur la reproduction (l’enfance, donc) on arrive à taper sur tout le reste derrière.
là on est bien, on tape dur sur les mères, les nouveau horaires scolaires sont super excluants pour le boulot (déjà que les anciens...)
et on entend déjà les premières accusations de privilège-daronnes sur le travail du dimanche en prime. on va morfler bien.
80% des patrons foutent direct le cv à la benne quand ils voient que c’est une femme avec des gosses, on n’a aucun relais ils le savent
mais socialement on va arriver à dire que les mères sont des planquées. isolée paupérisée désignée à l’opprobre : paie ta planque.
ça va remonter jusqu’aux autres après. au final tout ce qui a une charge vivante coûteuse nécessiteuse sera considéré comme privilégié
c’est juste un peu le monde à l’envers à part ça tout va bien.
mais politiquement c’est malin, en effet. culpabiliser pour des impondérables humains c’est pratique. c’est des impondérables. lol
ça me fout bien en vrac de voir que ça passe crème pr tout le monde et qu’on peut taper sur les plus affaiblis PAR DES CHOSES IMPONDERABLES
#école #éducation #care
#critique_de_la_valeur #guerre_aux_pauvres #femmes #patriarcat
►http://seenthis.net/messages/378617#message407092
et lien avec ▻http://seenthis.net/messages/383423 cc @chezsoi
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]]>FSP annonce leur alimentation 400W 80 PLUS Titanium | Monhardware.fr
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FSP a annoncé une nouvelle alimentation avec certification 80 Plus Titanium qui va s’ajouter à son catalogue parmi plus de 390 modèles. Nous parlons de la FSP400-60AGTAA, une alimentation destinée aux entreprises ayant un rendement plus efficace
Les Hashtag pour trouver l’information rapidement :
]]>PC GamerSpot: NVIDIA – LA GEFORCE GTX 750 TI EST 15% PLUS LENTE QUE LA GTX 660?
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]]>Déshabiller Job pour habiller Crésus : bienvenue dans l’#ékonomistan (Paul Jorion)
►http://www.pauljorion.com/blog/?p=43784
La dictature économique préfère les personnes morales aux personnes physiques !
Français et Belges se sont mis d’accord le 8 novembre pour recapitaliser Dexia de 5,5 milliards d’euros, en sus des 6,5 procurés en 2011. Pendant ce temps-là l’Europe a pris la décision d’abandonner définitivement en 2014 le Programme Européen d’Aide aux Plus Démunis, dont le budget annuel est de 500 millions.
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