Une ministre du gouvernement britannique était apparemment tellement dévouée à son travail qu’elle a passé ses “vacances familiales” en Israël à participer à douze rencontres secrètes avec des officiels israéliens, parmi lesquels le Premier ministre Benjamin Netanyahou lui-même.
Ces réunions secrètes ont provoqué la chute de Priti Patel. Elle a été contrainte de démissionner de son poste de secrétaire au développement international, responsable du budget de l’aide britannique à l’étranger, après avoir admis que ses actions “sont tombées en dessous des normes de transparence et d’ouverture” attendues d’un ministre britannique.
Sa position est devenue intenable lorsque de nouvelles révélations ont montré qu’elle avait tenu deux réunions supplémentaires non enregistrées avec des responsables israéliens à Londres et à New York en septembre, organisées et suivies par un éminent lobbyiste d’Israël.
Toutes les réunions auxquelles participent des ministres britanniques sont en effet supposées être répertoriées par les services du gouvernement.
Quoique le cabinet de Theresa May, le Premier ministre britannique, ait insisté sur le fait que celle-ci n’était pas au courant de ces réunions jusqu’à ce que la BBC les révèle le 3 novembre 2017, un reportage du journal britannique Jewish Chronicle a suggéré le contraire. Il a affirmé que, bien que ces réunions n’aient pas été préalablement autorisées, les responsables du cabinet de Theresa May en ont eu connaissance presque immédiatement par l’intermédiaire de leurs homologues israéliens.
Pendant ses vacances en Israël, Priti Patel a également visité le plateau du Golan, territoire syrien occupé 1 illégalement par Israël depuis 1967. L’armée israélienne l’a accompagnée et a eu l’occasion de lui expliquer en détail son “travail humanitaire”, à savoir un hôpital de campagne qui remet sur pieds les combattants blessés dans le sud de la Syrie, y compris ceux qui appartiennent à al-Qaïda.
Mme Patel aurait été si impressionnée qu’elle voulait donner à l’armée israélienne une partie de l’aide internationale de la Grande-Bretagne, alors que le budget de son département est apparemment si serré que, selon le journal The Independent, elle a approuvé l’an dernier des coupures de 17 millions de livres dans l’aide pour les Palestiniens, y compris des projets à Gaza.
En d’autres termes, Patel espérait détourner l’aide britannique destinée aux plus malheureux directement au bénéfice de l’une des armées les mieux financées et les mieux équipées du monde, qui reçoit déjà 4 milliards de dollars par an d’aide militaire des États-Unis, et qui a utilise ses moyens financiers gigantesques pour mener depuis cinq décennies, en violation de dizaines de résolutions de l’ONU, une occupation belliqueuse des Palestiniens et renforcer son occupation continue du Golan syrien.
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Priti Patel est un membre éminent des “Conservateurs amis d’Israël” (Conservative Friends of Israel – CFI), un groupe de pression pro-Israël auquel appartiennent 80% des membres du parti Conservateur au pouvoir, y compris la plupart des ministres du gouvernement.
De même qu’un groupe de députés travaillistes de l’opposition appartenant à “Labor Friends of Israel” (LFI), ils s’activent pour favoriser les intérêts d’Israël au parlement de Londres et dans la politique étrangère britannique.
Ces parlementaires sont invités à des voyages “éducatifs” officiels en Israël, où ils ont accès aux dirigeants israéliens et sont traités comme des hôtes de marque pour lesquels Israël met les petits plats dans les grands. L’influence néfaste de ces groupes de pression sur la politique britannique – et la nature secrète de leurs activités – ont été soulignées il y a quelques mois dans une enquête en quatre parties diffusée par Al Jazeera.(...)