person:proudhon

  • Paris révolutionnaire
    http://www.parisrevolutionnaire.com

    Ce site est totalement désintéressé et tient à le rester.
    Son seul but est de participer à transmettre, à partir des lieux parisiens les plus précis possible — c’est la règle du jeu qu’il s’est fixée — la mémoire de ce qui, au long des siècles, a œuvré au progrès ; et cela sous deux formes :

    ► celle d’une base de données constituée de mini-fiches consultables par arrondissements, par quartiers, par rues, par personnages, par évènements...
    ► ou celle de flâneries dans le dédale des rues de Paris.

    Au cours de ces balades, nous évoquerons bien sûr des événements et des personnages « révolutionnaires ». Révolutionnaires au sens politique du terme, mais aussi de tout ce qui a fait avancer l’Humanité dans les domaines les plus divers : celui des idées, celui des sciences, des techniques, des arts, de la culture en général… du progrès social en particulier.

    Or, comment évoquer celles et ceux qui ont fait « avancer le Monde » sans dresser leurs figures emblématiques face à des individus ou à des institutions qui se sont opposés à ce progrès, qui ont combattu et parfois martyrisé ceux qui le portaient, tout en se prétendant eux aussi parfois « révolutionnaires », tels Adolphe Thiers, ou les deux Napoléon ?...

    Et puis nous découvrirons ça et là, au fil des rues et du temps, toutes ces petites curiosités qui ne sont pas forcément en rapport avec l’"Histoire", mais qui font le charme de cette merveilleuse cité qu’est Paris.

    Nous tenons nos sources à la disposition de quiconque serait intéressé. En retour, si vous détenez des informations dans l’esprit de ce site ; ou si vous avez des compléments ou rectifications à y apporter, n’hésitez pas à nous les communiquer :

    parisrevolutionnaire@gmail.com

    « La propriété privée, c’est le vol ! », disait Proudhon.
    Celle des connaissances l’est en particulier.

  • Mathilde Larrère : « Les féministes actuelles devraient se revendiquer de la Commune »
    https://www.liberation.fr/debats/2019/03/22/mathilde-larrere-les-feministes-actuelles-devraient-se-revendiquer-de-la-

    L’enseignante-chercheuse à l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée déplore un manque d’intérêt, de la part des militantes d’aujourd’hui, pour les révolutions du XIXe siècle. Elle rappelle en quoi l’insurrection de 1871 a été un moment majeur de l’histoire des femmes. Source : Libération

    • Parce que semi #paywall :

      Mathilde Larrère : « Les féministes actuelles devraient se revendiquer de la Commune »
      Gabriel Pornet, Libération, le 22 mars 2019

      Pour l’historienne Mathilde Larrère (1), limiter le féminisme et la citoyenneté à la question du droit de vote est une erreur, conduisant à effacer des mémoires une partie essentielle de notre passé politique. Elle souligne l’importance des communardes et l’implication constante des femmes dans les révoltes populaires.

      Quelle est la différence entre le rôle joué par les femmes durant la Commune et durant les autres révolutions ?

      Ce qui progresse, avec la Commune, c’est qu’on les accepte plus comme combattantes. En 1830, il y avait quelques femmes sur les barricades, pas beaucoup, et certaines y allaient déguisées en hommes. C’était pareil en 1848 : elles préparaient les cartouches, jouaient un rôle à l’arrière. En 1871, elles réussissent à faire des bataillons de femmes et tiennent même quelques barricades. La plus célèbre est celle de la place Blanche, même si son existence est discutée.

      Certaines femmes portent un uniforme pendant la Commune ?

      Oui. Durant les procès, on leur reproche par exemple d’avoir été arrêtées avec un pantalon… Elles ne font pas partie de la garde nationale, mais le réclament, et certaines mettent un semblant d’uniforme, un pantalon, comme une revendication – sans compter que c’était effectivement plus pratique pour combattre.

      Selon Jacques Rougerie, sous la Commune, les préoccupations ne sont pas à proprement parler « féministes »… (2)

      Jacques Rougerie a fait l’erreur classique, à savoir réduire le féminisme à la question du droit de vote. Au XIXe siècle, le fait qu’on le leur refuse n’est pas le premier problème des femmes. La revendication n’est pas absente, mais elle n’est pas prioritaire. Elles se battent beaucoup plus pour le droit au travail, pour la suppression des dispositions inégalitaires du code civil et surtout pour la fin de l’incapacité civile des femmes mariées, mais aussi pour le droit à l’instruction, pour le droit d’avoir des armes… Si on prend ça en compte, alors on peut considérer qu’il y a des demandes féministes clairement formulées au cœur de la Commune. Simplement, elles ne réduisent pas le citoyen et le pouvoir politique au seul bulletin et demandent bien plus que l’accès aux urnes.

      Qu’obtiennent-elles concrètement ?

      Elles obtiennent une forme d’engagement, de la part de la Commune, à établir l’égalité salariale (difficile de savoir si ça a été mis en place ; cela semble avoir été le cas dans quelques ateliers associatifs). Elles acquièrent aussi, ce qui est très important dans leur esprit, la reconnaissance des concubines et des enfants illégitimes : les pensions pour les femmes de gardes nationaux tués doivent désormais être également versées aux femmes non mariées. C’est fondamental, surtout que dans le milieu ouvrier, on se marie très peu. Elles obtiennent aussi l’interdiction de la prostitution, un combat important contre la domination masculine : il y a de beaux textes de Louise Michel à ce sujet. Les femmes sont aussi très mobilisées dans le domaine de l’instruction. Elles créent notamment des écoles de filles et envisagent également une éducation beaucoup plus mixte.

      On connaît bien Louise Michel, mais qui sont les autres militantes sous la Commune ?

      Nathalie Le Mel, Elisabeth Dmitrieff, André Léo, Blanche Lefebvre, Victorine Brocher, Marguerite Tinayre, Aglaé Jarry… et toutes les militantes de l’Union pour la défense de Paris et les soins aux blessés, qui pour beaucoup n’ont laissé que leur nom au bas de deux affiches et dont on sait peu de choses. Sociologiquement, Dmitrieff, aristocrate russe immigrée, est une exception : s’il y a quelques institutrices, comme Louise Michel, la plupart sont des femmes du peuple, exercent des petits métiers, souvent dans le textile ou les « métiers de bouche » : blanchisseuses, couturières, chapelières, chocolatières, confiseuses…

      Les communardes ont-elles conscience d’être dominées, à l’intérieur même du mouvement, par les hommes ?

      Oui, en tout cas pour certaines, c’est clair. André Léo, par exemple, en a parfaitement conscience (3). Les hommes communards sont les produits d’une époque où l’on envisage difficilement, depuis un siècle, de donner la parole aux femmes.

      Le socialisme, sous la Commune, est moins tourné vers les femmes que ne l’étaient le saint-simonisme et le fouriérisme au début du siècle ?

      Pierre-Joseph Proudhon est passé par là… Même si c’est compliqué : on retient une phrase atroce de lui alors qu’avant, il a eu des propos beaucoup plus favorables à l’égalité. De toute façon, le mouvement ouvrier, en tout cas à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, est objectivement machiste. Au lieu de demander l’égalité, ils considèrent que les femmes sont responsables de la baisse des salaires, que ce sont des travailleuses concurrentielles, des briseuses de grève.

      Comment les communardes sont-elles traitées par les versaillais lors de la répression ?

      Dans les combats, elles sont tuées comme les hommes. Mais durant les procès, on commence par leur poser des questions différentes. On leur demande toujours, par exemple, si elles ont combattu parce qu’elles étaient amoureuses d’un homme. Impossible d’imaginer qu’elles aient pu se battre parce qu’elles en avaient envie. « Quelle était votre relation » sous-entendue sexuelle, « avec tel ou tel communard ? » etc. S’agissant des punitions prononcées par les conseils de guerre, la peine de mort reste une exception pour les femmes, et les rares peines capitales prononcées à leur encontre ont été commuées en travaux forcés. D’autre part, ce qui n’apparaît pas dans les archives des procès et qui est pourtant très présent dans la manière dont la population les voit, c’est la légende des « pétroleuses » : elles auraient provoqué les incendies à Paris, alors qu’aucune n’est inculpée pour ça.

      D’où vient cette image des « pétroleuses » ?

      Ça vient de la presse, beaucoup. Je pense qu’il y a un tel refus de la femme en politique, et pire, de la femme révolutionnaire, qu’on la rend responsable de tout. C’est une façon de leur refuser à nouveau le statut de combattante. Dans l’esprit des versaillais, ce sont les lâches qui allument les incendies. Pourtant, même Maxime Du Camp, qui est un anticommunard de première, ne reprend pas le mythe des « pétroleuses ». En revanche, c’est très présent dans l’iconographie. Ça fait aussi penser au vieux symbole de la « sorcière », d’une certaine manière. Ça fait longtemps qu’il y a cette association entre les « mauvaises femmes » et le « feu ». Surtout, les communardes sont considérées par les versaillais comme des prostituées, des femmes aux mœurs légères.

      Les féministes actuelles se revendiquent-elles de la Commune ?

      Non, mais elles devraient. Dans les milieux féministes, et même parmi les chercheuses en histoire de femmes, on s’intéresse plus à ce qui se passe après, à partir d’Hubertine Auclert : un féminisme plus bourgeois, tourné vers le droit de vote. Parmi les militantes d’aujourd’hui, pour schématiser, on garde Olympe de Gouges, et on oublie tout ce qu’il y a au milieu, toutes les femmes populaires et socialistes de 1830, de 1848 et de la Commune. Bon, il y a Louise Michel, mais enfin, c’est la seule, et encore… Pourtant, chaque révolution ouvre des possibles pour les femmes et elles s’en sont toujours saisi, notamment en s’organisant de manière non mixte, en écrivant, en prenant la parole… Les grandes revendications sociales du XIXe siècle ont été portées par les femmes autant que par les hommes, et on ne le dit pas assez. Quand les révolutions meurent, elles sont les premières victimes : il y a toujours un double retour à l’ordre, politique et sexiste.

      (1) Auteure de l’Histoire comme émancipation (avec Laurence De Cock et Guillaume Mazeau, Agone, 2019) et Des intrus en politique – Femmes et minorités : dominations et résistances (avec Aude Lorriaux, Editions du Détour, 2017).

      (2) Jacques Rougerie, Paris insurgé, la Commune de 1871, 1995, dans la Commune et les Communards, Gallimard, 2018, p.73.

      (3) André Léo dans la Sociale du 8 mai (via Jacques Rougerie, op.cit.) : « Beaucoup de républicains n’ont détrôné l’Empereur et le bon Dieu que pour se mettre à leur place. La femme […] doit demeurer neutre et passive sous la direction de l’homme : elle n’aura fait que changer de confesseur. »

    • C’est fatiguant ces « les féministes devraient faire comme ci ou comme ca ». Les féministes ne sont pas un troupeau d’ignorantes de l’histoire et les féministes font le travail d’historicisation. C’est aux non féministes de se mettre au boulot, chercheur·euses, enseignant·es, bibliothécaires.... En particulier aux spécialistes de la Commune qui en efface la portée féministe et méprise cet aspect de la période. C’est à ses collègues qu’elles devraient prodigué ses bons conseils, pas au féministes. C’est pas comme si les historiennes féministes n’avaient pas été l’objet de décrédibilisation, comme si c’était les féministes qui caricaturaient les luttes pour en évincé les femmes et en faire une réduction au suffragisme vis à vis de la Commune. D’ailleurs la période de la commune est bien connue aussi pour sa lutte sur l’éducation des filles et j’ai pas l’impression qu’on réduise cette période au suffragisme. Au XIXeme il y a aussi la lutte des pionnières dans les professions interdites aux femmes, médecines, avocates, jugesses, peintureuses... Celleux qui s’en tape et qui effacent l’histoire des femmes, est-ce vraiment les féministes ?

    • Les Louises - Femmes de la Commune
      https://macommunedeparis.com/2019/03/08/louises-les-femmes-de-la-commune-par-eloi-valat
      https://www.eloivalat.com

      Alphonsine, Rosine, Louise, Rosalie, Séraphine, Eulalie, Paule... couturière, ouvrière mécani­cienne, institutrice, lavandière, giletière, écrivaine... et ambulancière, cantinière, pointeuse d’artillerie, combattante... fusillée, emprisonnée, déportée... et salie, humiliée, oubliée...

      Les femmes de la Commune ont élevé le cœur de l’idéal des hommes de la Commune. Dès le 18 mars, premier jour de la révolution parisienne, au son du tocsin, les femmes et les enfants de Montmartre s’opposent vivement à l’enlèvement des canons de la butte par la troupe, obtiennent des soldats (“vous ne tirerez pas sur le peuple !”) la fraternisation avec la foule, entourent les soldats, arrêtent les chevaux, coupent les harnais…
      Privées du droit de vote et de représentation, elles ne participeront pas aux délibérations de la Commune. Organisées dans les comités d’arrondissement, les clubs, l’Union des femmes pour la dé­fense de Paris et les soins aux blessés, elles vont bousculer le paternalisme gouailleur de leurs compagnons révolutionnaires en réclamant la fin de l’exploitation, la part égale à travail égal, l’affranchissement de tous...

      Ce livre, chronique poétique en images, rend hommage aux Louises, citoyennes de la Commune qui ont voulu « considérer les douleurs générales de l’humanité comme rentrant dans la cause commune des déshérités » (Louise Michel)

  • David Harvey, géographie radicale - regards.fr
    http://www.regards.fr/idees/david-harvey-geographie-radicale,5443

    Le géographe a choisi de mettre l’accent sur ce double aspect, souvent sous-estimé, qui travaille pourtant en profondeur les deux décennies séparant l’arrivée d’Haussmann à Paris des événements de la Commune. « Comment, à cette époque précise et dans ce lieu particulier, le capital et la modernité se sont-ils agencés ? Et quel impact cette rencontre a-t-elle eu sur les rapports sociaux et l’imagination politique ? », s’interroge-t-il. « Tous appartenaient au même espace urbain », observe David Harvey, citant « Thiers et Varlin, Paul Minck et Jules Michelet, Haussmann et Louis Lazare, Louis Napoléon, Proudhon et Blanqui, les frères Pereire et la famille Rothschild », mais aussi les poètes, les chiffonniers, les artisans, les banquiers, les prostituées, les étudiants comme les spéculateurs. « Certains s’affrontèrent sur les boulevards ou les barricades, et tous cherchaient à leur façon à façonner et contrôler les conditions sociales de leur propre existence géographique et historique. » Avec Haussmann, « armé de ballons et d’instruments de triangulation », la lutte pour le contrôle de l’espace a pris une dimension étatique.

    Paris, capitale de la modernité
    #livre

    • Marx & the city
      entretien avec David Harvey

      « Géographie critique » est une dénomination plus tardive, contemporaine de l’émergence des problématiques féministe, queer ou écologiste, mais dont l’objet est vite devenu très diffus. Après 1989 — à une époque où il était de bon ton d’enterrer le marxisme — ceux qui, comme moi, réservaient une place centrale à la critique anti-capitaliste se sont vus de plus en plus marginalisés dans le champ de la « géographie critique ». Pour cette raison, je n’aime plus beaucoup cette expression. Il m’est souvent arrivé de demander de quoi la géographie critique fait désormais la critique… sinon celle des autres géographes. Je préfère en rester à l’idée de « géographie radicale ».

      http://www.vacarme.org/article2128.html