person:raúl zibechi

  • Acapatzingo, communauté autonome urbaine
    Un monde nouveau au cœur de l’ancien (II)

    Raúl Zibechi

    https://lavoiedujaguar.net/Acapatzingo-communaute-autonome-urbaine-Un-monde-nouveau-au-coeur-de

    Les pratiques qui constituent une communauté ont pour fondements l’assemblée pour la prise de décisions, la rotation des tâches, le contrôle des responsabilités par la base, un ensemble de manières de faire que les zapatistes ont synthétisées dans les sept principes du « commander en obéissant » : servir et non se servir ; représenter et non se substituer ; construire et non détruire ; obéir et non commander ; proposer et non imposer ; convaincre et non vaincre ; baisser et non monter. Cet ensemble de pratiques témoigne du fait que la communauté n’est pas une institution ou une organisation, mais avant tout des formes de travail, dont deux sont particulièrement intéressantes : les travaux collectifs et les accords.

    Les travaux collectifs constituent des pièces clés, le cœur de la communauté et, comme le soulignent les zapatistes, le moteur de l’autonomie. Je veux dire par là que la communauté ne peut se réduire à la propriété collective mais que la propriété ou les espaces communs doivent être maintenus par des activités permanentes, constantes, car ce sont elles qui peuvent changer les habitudes et les inerties individualistes et égocentriques. (...)

    #Mexique #communauté #autonomie #processus #collectif #subjectivité #réciprocité #propriété

  • Acapatzingo, communauté autonome urbaine
    Un monde nouveau au cœur de l’ancien (I)

    Raúl Zibechi

    https://lavoiedujaguar.net/Acapatzingo-communaute-autonome-urbaine-Un-monde-nouveau-au-coeur-de

    L’autonomie est la façon de faire utilisée par les communautés en résistance ; la communauté est la forme politique qu’adoptent les gens d’en bas pour changer le monde. Pour illustrer cette hypothèse, j’essaie de reconstruire une petite partie du vaste mouvement populaire urbain de Mexico après 1968, étant entendu que l’autonomie est un processus inachevé et inachevable, jamais un point d’arrivée, plutôt une série de passages et de devenirs, de parcours que l’on ne peut reconnaître à des déclarations ou des programmes mais aux traces laissées par les actes quotidiens.

    À mes yeux, la communauté d’habitations Acapatzingo constitue l’une des plus formidables expériences d’autonomie urbaine d’Amérique latine, tant par la profondeur de sa construction communautaire que par la durée de cette dernière, sa vocation à transformer l’ensemble de la société, et sa résistance obstinée au pouvoir des autorités fédérale et municipale. J’aimerais souligner certains aspects qui peuvent aider à appréhender cette expérience singulière, à comprendre son origine, le chemin parcouru, les solutions de facilité évitées et les options retenues. En résumé, le terrible effort que suppose tout processus d’autonomie impliquant, inévitablement, la volonté de ne pas se soumettre aux institutions. (...)

    #Amérique_latine #Mexique #Mexico #autonomie #expérience_urbaine #logement #caciquisme #Manuel_Castells #EZLN

  • Ce que j’ai appris du peuple mexicain
    Raul Zibechi - traduction du Serpent@Plumes

    J’ai eu l’immense fortune d’avoir été dans la ville de Mexico le 19 septembre. À 13h15 nous étions, avec le compagnon et ami Luis Hernandez Navarro, près du quartier Juarez. Les jours suivants j’étais avec des compañeros et compañeras à Ciudad Jardin et dans la rue Zapata, où s’étaient effondrés des immeubles quand d’autres présentaient de sérieux dommages, nous avons partagé avec les volontaires et les voisins leurs peines et efforts pour surmonter ces moments difficiles.
    Ce que nous avons vécu et partagé ces jours-là dans la capitale mexicaine, et plus tard dans l’état du Chiapas, m’a inspiré quatre réflexions, brèves et incomplètes.

    La première est de confirmer la solidarité du peuple mexicain. Massive, étendue, conséquente, totalement désintéressée, sans la moindre ambition de se mettre en avant. Il ne s’agit pas de charité mais de responsabilité, comme l’a signalé Gloria Munoz lors d’une brève conversation. Une attitude profondément politique, qui disait aux autorités quelque chose comme partez, nous nous en chargeons parce que nous ne vous croyons pas.
    Aux points d’effondrement que j’ai pu visiter il y avait jusqu’à trois mille volontaires qui avaient acheté leurs pelles, casques et gants, qui avaient parcouru des dizaines de kilomètres avec leurs motos, à pieds ou à vélo, apportant des couvertures, de l’eau, de la nourriture et tout ce qu’ils pouvaient. Il est possible que plus de 100 000 personnes se soient mobilisées, rien que dans la capitale. Quantité et qualité, énergie et don de soi qu’aucun parti politique ne peut égaler.
    J’interprète cette merveilleuse solidarité comme une faim de participation pour changer le pays, comme un désir profond de s’engager dans la construction d’un monde meilleur, comme une attitude politique de ne pas déléguer aux institutions ni aux représentants, mais d’aider en passant par le corps. Dans la culture politique dans laquelle s’est formée ma génération, cette attitude s’appelle militante, et c’est ce qui permet de pressentir qu’un pays aussi meurtri que le Mexique possède encore un futur lumineux.

    La deuxième c’est le rôle joué par l’État, depuis les institutions jusqu’aux forces armées et la police. Ils sont arrivés aux points critiques le jour suivant le séisme et ils le firent telles des machines à interdire, à bloquer la participation des volontaires, des les empêcher et de les envoyer vers d’autres sites. Cette tâche de dispersion de la solidarité ils la remplirent avec soin et avec cette discipline qui caractérise les corps armés, qui ne servent pas à sauver des vies mais à protéger les puissants et leurs biens matériels.
    Cela a profondément attiré mon attention que dans les quartiers pauvres, comme Ciudad Jardin, le déploiement des uniformes était bien plus important que dans les quartiers de la classe moyenne, bien que le drame humain face aux immeubles effondrés était le même. Je dirais que les classes dangereuses furent rigoureusement surveillées par les militaires, parce que leurs patrons savent qu’ici se niche la révolte.

    La troisième c’est le rôle du capital. Pendant que les forces armées s’employaient à disperser le peuple solidaire, les entreprises commencèrent à faire du fric. Deux milles édifices endommagés dans la capitale c’est un gâteau appétissant pour les entreprises du bâtiment et le capital financier. Les grandes entreprises se sont gargarisé de la solidarité. La vague de solidarité a été si importante que le capital du faire comme si il laissait de côté sa culture individualiste, pour se composer une culture qui lui est étrangère et le répugne.
    Il est intéressant de noter la division du travail entre l’État et le capital. Le premier disperse le peuple pour que le deuxième puisse faire ses affaires. Jouant avec les mots, nous pouvons dire que la solidarité est l’opium du capitalisme, puisqu’elle neutralise la culture de la consommation et freine l’accumulation. En ces jours de désespoir et de fraternisation, peu pensèrent à s’acheter le dernier modèle et tous se focalisèrent sur le soutien de la vie.

    La quatrième question c’est nous. L’attitude du peuple mexicain, cette générosité qui me fait encore frémir d’émotion, s’écrase contre les digues du système. Ceux d’en-haut ont saisi une bonne partie des dons concentrés dans les centres d’approvisionnement et détournèrent la solidarité : alors qu’il s’agissait d’une relation horizontale, l’investirent pour la convertir en charité verticale.
    Nous savons que le système tient en détruisant les relations entre ceux d’en-bas, parce qu’elles dynamitent le squelette de la domination construit sur les piliers de l’individualisme. Mais il nous manque encore beaucoup pou que les relations entre ceux d’en-bas se déploient avec toute sa puissance. C’est la question de l’autonomie.
    Les jours suivants le séisme j’ai eu de longues conversations avec deux organisations de la ville : la Brigada Calleja et l’Organisation Populaire Francisco Villa de la Gauche Indépendante. Dans les deux cas j’ai retrouvé une attitude similaire, consistant à éviter les centres d’approvisionnement pour travailler directement avec les personnes affectées. Nous nous tenons en réserve, dit une dirigeante de Los Panchos dans la communauté Acapatzingo, à Iztapalapa.
    La solidarité va vers qui en a besoin, mais fonctionne en couche ou cercles concentriques. Elle prend d’abord soin des membres de l’organisation. Puis des membres d’autres organisations amies ou alliées, et aussi des personnes qui ne sont pas organisées, mais dans ce cas elle est aussi directe, face à face, afin d’éviter les détournements.

    Le monde nouveau existe déjà. Il est petit si on le compare avec le monde du capital et de l’État. Il est relativement fragile, mais il fait preuve de résistance et de résilience. Notre solidarité doit parcourir les canaux de ce monde autre, couler par ses veines, parce que si elle ne le fait pas elle s’affaiblit. La tempête est un moment spécialement délicat, comme nous l’éprouvons depuis le 19 septembre. Le système est déterminé à nous détruire et pour ça il est prêt, même, à se faire un camouflage humanitariste.
    L’incroyable solidarité du peuple mexicain mérite un destin meilleur que de grossir les poches et le pouvoir des puissants. Mais ceci dépend de nous, parce que d’eux nous ne pouvons plus rien attendre. Si il est certain que la solidarité est la tendresse des peuples, comme l’a écrit Gioconda Belli, nous devons en prendre soin pour que les oppresseurs ne la salissent pas.

    http://www.jornada.unam.mx/2017/09/29/opinion/032a1pol

  • La lutte pour le territoire urbain
    Les mouvements de base à Córdoba, #Argentine

    par Raúl Zibechi

    Cela fait maintenant deux décennies que le cycle de #luttes des #piqueteros [les bloqueurs de routes] (1997- 2002) a commencé, ce qui semble un temps suffisant pour faire le point, évaluer notre position actuelle, ce qui est resté et ce qui s’est évaporé de cette expérience prometteuse, dans laquelle les #chômeurs occupèrent le centre de l’arène politique argentine et furent les protagonistes des journées des 19 et 20 décembre 2001, qui changèrent l’histoire du pays.

    Une des principales nouveautés introduites par le Mouvement #Piquetero consistait en un énorme saut en avant dans le domaine de l’organisation territoriale des périphéries urbaines, qui avaient souffert de la #désindustrialisation de la décennie néolibérale de 1990.

    L’impression est que le Mouvement Piquetero, loin de disparaître, s’est mué en un puissant #mouvement territorial urbain dont les sujets (en réalité les sujettes) sont les plus pauvres. Cari, une occupante du Parc Las Rosas, a synthétisé en une seule phrase les causes de la « quatrième guerre mondiale contre ceux d’en bas » : « Ils ne nous imposent plus comment vivre ».

    #néolibéralisme #précariat #organisation_de_base #territoire #local #ville #occupation #autonomie #autogestion #chômage

    http://tlaxcala-int.org/article.asp?reference=21447

  • La rue est à qui y travaille

    Raúl Zibechi

    http://lavoiedujaguar.net/La-rue-est-a-qui-y-travaille

    Au Mexique, des travailleuses sexuelles s’organisent et luttent de manière autonome, prennent la parole et affrontent les problèmes concrets qui sont les leurs.

    La semaine dernière j’ai été invité à participer à une rencontre de travailleuses du sexe dans le local de la Brigade de rue de soutien à la femme « Elisa Martínez », installée dans le marché de La Merced, au centre de Mexico. Je ne connaissais que trois de ses membres et fondatrices (Elvira Madrid, Jaime Montejo et Rosa Madrid) pour les avoir croisées dans des rencontres de mouvements populaires et des réunions organisées par les zapatistes. Plus de cinquante travailleuses du sexe ont participé à la réunion (...)

    #Mexique #femmes #travailleuses-sexuelles #auto-organisation

  • Lundimatin 25 mai | n°24

    "Il faut en finir avec le journalisme !"
    https://lundi.am/Il-faut-en-finir-avec-le-journalisme

    Lundimatin ouvre le débat.

    Le Perou contre l’extractivisme
    https://lundi.am/Le-Perou-contre-l-extractivisme

    Raul Zibechi

    Interview de Julien Coupat
    https://lundi.am/Interview-de-Julien-Coupat

    « Nos infinies réserves de lâcheté veulent toujours croire que nous pourrions abandonner à quelque force autre que nous, à quelque leader le soin de nous sauver. Mais il n’y a plus rien. Nous allons devoir faire nos affaires nous-mêmes. Le vent se lève. Il faut tenter de vivre. »

    Anecdotes ukrainiennes - De Maïdan au Donbass
    https://lundi.am/Anecdotes-ukrainiennes-De-Maidan-au-Donbass

    Depuis l’attaque des Mongols, il n’y avait pas eu un événement pareil à Kiev.

    Créer sa propre Caisse de Solidarité
    https://lundi.am/Creer-sa-propre-Caisse-de-Solidarite

    Depuis une petite dizaine d’années une « Caisse de Solidarité » existe sur l’agglomération lyonnaise. L’idée est assez sommaire : s’organiser et lutter contre la répression.

    Soralisme
    https://lundi.am/Soralisme

    Notes et morceaux choisis.

    Littérature
    https://lundi.am/Litterature-164

    Lou & Lou

  • Le ¡Ya basta ! latino-américain

    Raúl Zibechi

    http://www.lavoiedujaguar.net/Le-Ya-basta-latino-americain

    Les vingt ans qui ont suivi le soulèvement zapatiste du 1er janvier 1994 ont représenté pour les mouvements latino-américains l’un des cycles de luttes à la fois des plus intenses et des plus étendus qu’ils aient connus depuis longtemps. À partir du caracazo de 1989, les soulèvements et les insurrections se sont succédé, les mobilisations ont concerné tout le continent et elles ont largement décrédibilisé le modèle néolibéral. Ceux d’en bas se sont imposés en s’organisant dans des mouvements en tant qu’acteurs centraux de changement.

    Le #zapatisme est très vite devenu un référent incontournable de cette vague des années 1990, même pour ceux qui ne partagent pas leurs propositions et leurs formes d’action. Il serait presque impossible d’énumérer tout ce que les mouvements de ces deux dernières décennies ont réalisé. (...)

    #Amérique-latine #mouvements-sociaux #autonomie

  • Les petites écoles d’en bas

    Raúl Zibechi

    http://www.lavoiedujaguar.net/Les-petites-ecoles-d-en-bas

    Il y aura un avant et un après les petites écoles zapatistes. Pour celles d’aujourd’hui et celles de demain. Leur effet se diffusera lentement et ne sera sensible que dans quelques années, mais il marquera la vie de ceux d’en bas pour les décennies à venir. Nous y avons expérimenté une éducation non institutionnelle, pour laquelle la communauté est actrice de l’éducation. Une auto-éducation où l’on apprend d’égal à égal en s’investissant corps et âme, comme dirait le poète.

    Il s’agit d’une « non-pédagogie » qui s’inspire de la culture paysanne : on sélectionne les meilleures semences, on les sème en terre fertile et on arrose le sol afin de provoquer le miracle de la germination, toujours incertain et imprévisible. L’école zapatiste a représenté, pour plus de mille élèves, une forme différente d’apprentissage et d’enseignement, sans tableau ni salle de classe, sans maître ni professeur (...)

    #Mexique #zapatistes #éducation #pédagogie #communauté #autonomie

    • Le quatrième point, c’est cette nouvelle culture politique qui prend sa source dans les relations familiales et se divulgue dans toute la « société » zapatiste. Les hommes collaborent au travail domestique qui néanmoins reste dévolu aux femmes, ils gardent les enfants lorsqu’elles sortent de la communauté pour leur participation aux autorités. Les relations de respect et d’affection sont de mise entre parents et enfants, dans un climat d’harmonie et de bonne humeur. Je n’ai remarqué aucun geste de violence ou d’agressivité dans les foyers.

      Et voilà : ça a manqué être vraiment révolutionnaire et puis non : l’édifice reste construit sur l’#exploitation des #femmes. Il n’y a aucune raison valable pour que le travail domestique reste dévolu aux femmes.
      Voilà qui apporte de l’eau au moulin des #féministes quand elles disent que nulle avancée sociale ne peut se faire sans l’émancipation des femmes. Les Zappatistes racontent en gros qu’ils sont libéré tout le monde de la société d’exploitation... sauf les femmes. Donc, leur organisation porte en elle le noyau dur d’#inégalité à partir duquel tout l’arbre de la misère humaine pourra repousser joyeusement.

    • Je suis d’accord sur le but global, mais c’est un peu plus complexe je crois, car les zapatistes n’ont jamais dit que eux avaient libérés qui que ce soit.

      Dans toutes les explications qu’ils ont donné, et comptes-rendus de la Petit École, il a toujours été dit que c’était les villages autochtones qui participaient et prenaient les décisions, autant voire plus que l’armée zapatiste elle-même. Ce ne sont pas les zapatistes qui disent "allez, dans tel village il se passera ci, dans tel autre il se passera ça".

      De ce que je comprends, il s’agit déjà d’une net évolution par rapport à l’état précédent de comment étaient organisés les familles autochtones, puisque là – de ce que je comprends – il reste des tâches séparées, mais toutes les tâches qui sont collectives « sont le ciment de l’autonomie, dont les fruits sont dévolus aux hôpitaux, aux cliniques, à l’éducation primaire et secondaire, au renforcement des communes et des conseils de bon gouvernement ». Autrement dit, celles des tâches qui sont les plus importantes, éducation, santé, et décision en assemblée, sont toutes des tâches où il y a (apparemment) autant d’hommes que de femmes.

      Alors oui, c’est sûr, c’est pas la société idéale, on est d’accord, mais c’est un gros changement par rapport au fonctionnement traditionnel des peuples autochtones.

    • Merci, cher RastaPopoulos, d’avoir répondu à cette critique par trop générale et ne tenant aucun compte du chemin parcouru et de celui qui reste à parcourir.

      Cela permet d’annoncer la publication par les éditions Rue des Cascades, dans les mois à venir, de Femmes de maïs, ouvrage de Guiomar Rovira enfin traduit en français qui laisse la parole aux femmes zapatistes.

      La mise en cause de la division du travail domestique est très juste, mais on peut aller plus loin que ça dans la critique du capitalisme : « La chaîne de montage commence à la cuisine, au lavabo, dans nos corps », entretien avec Silvia Federici repris en juillet dernier sur “la voie du jaguar”

      http://www.lavoiedujaguar.net/Entretien-avec-Silvia-Federici-La

      L’essai de Silvia Federici Caliban et la sorcière. Femmes, corps et accumulation primitive doit paraître en 2013 aux éditions Senonevero.

  • La lente construction d’une nouvelle culture politique au Brésil

    entretien de Raúl Zibechi avec Paíque Duques Lima

    http://www.lavoiedujaguar.net/La-lente-construction-d-une

    Passé les mobilisations les plus massives au Brésil, il apparaît nécessaire de s’interroger sur les racines de la culture politique horizontale et autonome qui a surgi dans les rues mais qui a mûri au feu lent de la résistance quotidienne, sous l’impulsion d’une nouvelle génération d’activistes sociaux. Le meilleur moyen de comprendre, c’est de dialoguer avec eux.

    Les grandes manifestations de juin semblent avoir eu pour précédent les petits mouvements locaux qui ont créé les conditions subjectives et structurelles appropriées, comme les Comités populaires de la Coupe du monde. As-tu la même vision des choses ?

    Pendant toute la période du gouvernement Lula, mais déjà avant, il y a eu des mouvements alternatifs et des luttes plus ou moins importantes qui ont créé une nouvelle culture de la lutte, sans lien avec la droite ni avec les organisations traditionnelles de gauche. Avec les mobilisations contre la mondialisation, vers l’an 2000, est née une culture de l’action directe dans une grande partie de la jeunesse urbaine : les radios libres, le CMI (Centre des médias indépendants), les groupes de jeunes des partis politiques en lutte et rupture avec leurs propres partis politiques, et, en général, les jeunes qui rejettent les structures traditionnelles comme les syndicats et les bureaucraties estudiantines. (...)

    #Brésil #mouvement #social #culture #politique

  • Quelques éléments sur la situation au Brésil, Raúl Zibechi
    http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1394

    Les manifestations de masse qui ont secoué le #Brésil traduisent un mécontentement profond et grandissant de la population par rapport à ses conditions de vie. Dans un pays gouverné par la gauche depuis une décennie, c’est tout le panorama politique qui se trouver bouleversé.

    Avec aussi l’émergence de nouvelles #luttes_urbaines, l’irruption d’une nouvelle génération de mouvements et d’activistes, plus adeptes de l’action directe, du travail de proximité, des modes d’organisation souples et assembléaires que des structures bureaucratiques traditionnelles de la gauche qui, en outre, soutiennent ouvertement le gouvernement, se sont intégrées à l’appareil d’État et ont partie liée avec les multinationales brésiliennes.

    Au sommaire
    La rébellion des vingt centimes, 21 juin
    Pourquoi la Coupe du monde provoque l’indignation, 20 juin
    L’automne du progressisme, 1er juillet
    La fin du consensus luliste, 7 juillet
    La lente construction d’une nouvelle culture politique au Brésil, 10 juillet
    Le retour du mouvement social, 12 juillet
    Les multinationales brésiliennes et Lula, 7 avril

  • Résistance à l’exploitation minière dans les Andes

    Raúl Zibechi

    http://www.lavoiedujaguar.net/Resistance-a-l-exploitation

    « Nous avons été écrasés par vingt ans de guerre interne », dit Hugo Blanco, vétéran leader paysan quechua qui a mené la lutte pour la récupération des terres dans les années 1960 à Cusco. Maintenant, il est optimiste : « Le conflit Conga d’abord et maintenant celui de Kañaris nous montrent que la lutte sociale progresse, mais par d’autres moyens, par le biais de groupes locaux qui sont plus représentatifs des luttes réelles que les anciennes confédérations qui sont en faillite. »

    Le Pérou est un pays minier. Depuis l’époque de la colonie, les mines ont reconfiguré la carte sociale et politique des peuples indigènes qui habitaient la région andine. Au cours des dernières décennies, l’activité minière s’est reflétée jusque dans les arts et la littérature, sa marque a été particulièrement forte parmi les paysans, comme en témoignent les romans de Manuel Scorza, l’un des écrivains les plus renommés du Pérou. Malgré cela, la lutte contre l’exploitation minière n’a pas occupé une place importante dans l’imaginaire péruvien. Toutefois, ces dernières années, il y a eu un tournant majeur. L’année 2012 aura été celle de la plus forte conflictualité sociale. (...)

  • À la mapuche

    Raúl Zibechi

    http://www.lavoiedujaguar.net/A-la-mapuche

    Fin janvier, dans une commission de solidarité avec le peuple mapuche composée de Chiliens et de Latino-Américains, nous avons rendu visite aux prisonniers Héctor Llaitul et Ramón Llanquileo, au pénitencier d’El Manzano, dans les environs de Concepción, et à la prison d’Angol, une cinquantaine de kilomètres plus au sud. Le motif de la visite était de dénoncer la situation des prisonniers qui en étaient à soixante-dix-neuf jours de grève de la faim, ainsi que de rendre visible la situation d’un peuple persécuté dans une Araucanie militarisée.

    La commission était composée de cinq premiers prix nationaux, du président de l’Église évangélique luthérienne, du président du Collège médical, d’un ex-juge et d’un diplomate, de dirigeants étudiants et syndicaux, de divers intellectuels, de la Pastorale mapuche et de la Commission éthique contre la torture.

    Llaitul et Llanquileo appartiennent à la Coordination Arauco Malleco, créée en 1998, focalisée sur la récupération des terres ancestrales aux mains de sociétés forestières et de latifundiaires. (...)

  • Raúl Zibechi : La tenace persistance zapatiste - coco Magnanville
    http://cocomagnanville.over-blog.com/article-raul-zibechi-la-tenace-persistance-zapatiste-1143

    La mobilisation des communautés zapatistes le 21 décembre et les trois communiqués de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) le 30 du même mois ont été reçus avec joie et espérance par beaucoup de mouvements antisystème et de lutte anticapitaliste en Amérique Latine. Immédiatement, les médias de ces mouvements ont reflété dans leurs pages l’importance de la mobilisation massive, qui s’est produite en des moments difficiles pour ceux qui s’obstinent à résister au système de mort qui nous dégouverne.

    Les dernières années ont été particulièrement complexes pour les mouvements qui s’acharnent à construire un monde nouveau à partir d’en bas.

    #ezln #zapatisme #chiapas

  • « Géopolitique et lutte anti-systémique » Le danger d’un nouvel impérialisme, par Raul Zibechi (El Correo)
    http://www.elcorreo.eu.org/Geopolitique-et-lutte-anti-systemique-Le-danger-d-un-nouvel-imperialism

    Les gens du peuple appliquent dans leur vie quotidienne, dont les résistances et les soulèvements font partie, une toute autre rationalité, jalonnée d’indignations, de souffrances et de plaisirs, qui les amènent à agir mué par leur sens commun de la dignité et d’aide mutuelle. Les calculs rationnels, ce qu’une certaine gauche a dénomme « la corrélation des forces », ne font pas partie de la culture de ceux d’en bas. Mais ils ne se mettent pas non plus en action de façon mécanique, spontanée comme aiment à penser avec dédain les professionnels de la révolution, mais en concertation avec d’autres qui partagent les mêmes territoires de résistance. Là oui, ils évaluent et analysent, en prenant en compte si le moment de lancer de nouveaux défis est arrivé. Ce qui occupe généralement le centre de leurs analyses, c’est s’ils sont capables d’affronter les conséquences du défi, qui se soldent toujours avec des morts, des blessés et de la prison. En somme, ceux d’en bas se jettent à l’action après avoir soigneusement évalué la force intérieure, la situation de leurs propres forces et non tant les rapports de force entre ceux d’en haut et ceux d’en bas, sauf à quelques exceptions, qui sont toujours défavorables.

  • Gauche sociale et gauche politique - Raúl Zibechi - El Correo
    http://www.elcorreo.eu.org/?Gauche-sociale-et-gauche-politique

    La deuxième est que ce 99 % qu’on suppose que nous soyons, face à 1%qui détient le pouvoir et la richesse, a des intérêts divers et, dans cette étape du capitalisme, contradictoires. À grands traits, il y a deux en-bas, comme le disent les zapatistes. Ceux du plus en-bas, ou ceux du sous-sol – indiens, africains, immigrants, clandestins et chômeurs– composent le secteur le plus oppressé et exploité du vaste monde du travail. Ce monde est principalement composé par des femmes et des jeunes pauvres, en général à la peau obscure qui vivent dans des zones rurales et dans des périphéries urbaines. Ils sont les plus intéressés à changer le monde, parce que ce sont ceux qui n’ont rien à perdre.

    L’autre en-bas est différent. En 1929 seulement 1% des étasuniens avait des actions qui étaient cotées à la bourse de Wall Street. En 1965 c’était déjà 10 %, et à 1980, 14 %. Mais en 2010, 50 % des étasuniens était propriétaire d’actions. Avec la privatisation du système de retraite et la création des fonds de pension, tout un secteur de la classe laborieuse est resté cramponné au capital. Général Motors et Chrysler ont été sauvés de la faillite en 2009 par les apports des fonds contrôlés par les syndicats.

  • Extraction des ressources naturelles : du pain aujourd’hui, des incertitudes demain | Raúl Zibechi (Alter-Echos)
    http://alter-echos.org/extractivisme-ressources-naturelles/extraction-des-ressources-naturelles-du-pain-aujourdhui-des-incertitude

    Poursuivant notre travail d’information et de diffusion de réflexions, luttes et alternatives concernant l’extraction des ressources naturelles, nous publions ici une traduction d’un article de Raul Zibechi, journaliste et écrivain uruguayen. En s’appuyant sur les exemples boliviens et péruviens, il interroge ce qu’il appelle « l’extractivisme » en tant que « nouvelle étape de la financiarisation de l’économie ». A l’heure où les luttes et réflexions sur l’extraction des ressources naturelles prennent toujours plus d’importance dans de nombreux pays latino-américains, Bolivie et Equateur compris, cet article invite à s’interroger sur ce que serait un modèle de société post-extractiviste. Source : Alter-Echos