person:raphael enthoven

  • Quelle crise de la masculinité ?
    En accès libre
    #Francis_Dupuis-Déri
    https://www.hors-serie.net/En-acces-libre/2018-09-08/Quelle-crise-de-la-masculinite--id325
    En accès libre , émission publiée le 08/09/2018
    Durée de l’émission : 83 minutes

    Entretien visible en ligne ou à télécharger :
    – en vidéo :
    http://v42.hors-serie.net/telecharger/DLTDupuisD2.mp4


    – en #audio :
    https://www.hors-serie.net/medias/mp3/288783675.mp3

    (En suivant le tag, y’a deux entretiens récents écrits
    https://seenthis.net/messages/757145
    https://seenthis.net/messages/749037
    et audio
    https://seenthis.net/messages/751544)

    Le jeudi 7 février (hier), les Éditions du remue-ménage annoncent :

    Aujourd’hui paraissent en Europe francophone (France, Belgique, Suisse) LA CRISE DE LA MASCULINITÉ de Francis Dupuis-Déri et LES FILLES EN SÉRIE de @MartineDelvaux Grâce à Hobo Diffusion (Makassar), la présence outre-mer de notre maison d’édition féministe ne fera que croître.

    https://twitter.com/remue_menage/status/1093642964621033472

    Pour info, Dupuis-Déri sera en France en février :
    – Paris, librairie Violette and co, le jeudi 21, 19h
    http://www.violetteandco.com/librairie/spip.php?article1181
    – Rennes, librairie La Nuit des temps, mercredi 27, 19h
    "Si vous souhaitez réserver une place assise, vous pouvez nous envoyer un mail à librairielanuitdestemps/at/gmail.com ou nous appeler au 02 99 53 37 95 . Si toutes les places assises sont réservées, pas de panique, vous pouvez tout de même assister à la rencontre debout ou assis.e par terre.
    https://www.facebook.com/events/247047939553888
    – Ailleurs ?

    En attendant, Slate publie des extraits du bouquin :
    http://www.slate.fr/story/173145/crise-masculinite-mythe

    #fan-club

    • Présentation de l’entretien sur Hors-série :

      La Une de l’Obs cet été a tiré la sonnette d’alarme : « Etre un homme après #MeToo » serait une affaire compliquée - laissant les mecs, comme sur la photo qui illustrait cette couverture, hagards, démunis et esseulés. Que l’on ne s’inquiète pas trop, cependant : depuis l’Antiquité romaine, chaque fois que la moindre revendication féministe se fait entendre, l’alerte est sonnée et les masculinistes sont sur le pont, annonçant que la masculinité est en crise et la société en péril. Bien sûr, à l’époque de Caton l’Ancien ça ne s’appelle pas comme ça : « féminisme » et « masculinisme » ne sont pas encore des notions en vigueur, mais ça n’empêche pas le-dit Caton de penser le phénomène en une vision tout à fait analogue à celle d’un Eric Zemmour : « Les femmes, écrit-il en 195 avant J.C., sont devenues si puissantes que notre indépendance est compromise à l’intérieur même de nos foyers, qu’elle est ridiculisée et foulée aux pieds en public ».

      C’est le livre de Francis Dupuis-Déri qui nous l’apprend, en nous offrant une très précieuse mise en perspective historique : la prétendue « crise de la masculinité » est vieille comme le patriarcat, et son expression connaît des périodes de recrudescence à travers les siècles, non pas lorsque les rapports de sexe tendent vers des formes d’égalité (par exemple au Haut Moyen-Âge en Europe) mais lorsqu’au contraire la domination masculine a repris des formes si radicales et si spectaculaires que les protestations des femmes se font plus vives - suscitant, à chaque fois, ce qu’on pourrait appeler une « Réaction masculiniste ». Laquelle en général ne se contente pas de s’inquiéter qu’il ne soit plus possible d’être « un homme, un vrai » : c’est une rhétorique qui associe toujours la différenciation des sexes à leur hiérarchisation tacite (le masculin se caractérisant par des propriétés qui le vouent à une suprématie « naturelle ») et cette hiérarchisation à la bonne santé de la société. Dès le XVIIIème siècle, le masculinisme est un nationalisme, assignant les femmes aux seules tâches reproductives afin de soutenir une démographie assez tonique pour assurer la suprématie nationale sur les nations rivales. Et si par malheur les nations connaissent des crises économiques ou des défaites militaires, c’est bien sûr à cause des femmes, ou de la « féminisation de la société ».

      Il faut le lire pour le croire, et le livre du politiste québecois est une hallucinante somme de citations, dont la lecture est aussi cocasse que terrifiante : il s’est vraiment trouvé, à toutes les époques à peu près, des masculinistes pour expliquer les malheurs du monde par les trop voraces conquêtes des femmes. Le génocide au Rwanda, les attentats du 11 septembre 2001, l’échec scolaire des garçons, le taux de suicide des hommes, ne cherchez plus : c’est à cause de l’émancipation des femmes et de la féminisation de la société.

      On le comprend peu à peu, la soi disant « crise de la masculinité » a bon dos : c’est une arme de dépolitisation massive, qui permet de produire des pseudo-analyses du monde parfaitement aveugles aux rapports de violence et d’exploitation réels, et niant que la domination masculine est encore, factuellement, partout en vigueur. C’est aussi, tout bêtement, l’expression d’un anti-féminisme assez bas du front, qui s’invite ici et là - par exemple aux prochaines Universités d’été du féminisme, où s’exprimeront Raphaël Enthoven et Elizabeth Levy - en se faisant passer pour un art de la nuance ou un éloge de la différence dont il ne faut pas être dupe. Pour la paix des hommes et des femmes, pour leur émancipation respective et mutuelle, le masculinisme est le problème - ce n’est jamais la solution.

      NB : Le livre de Francis Dupuis-Déri, « La crise de la masculinité, autopsie d’un mythe tenace », sorti au Québec (Ed. Remue Ménage), ne sera disponible dans les librairies françaises qu’à partir de janvier 2019.

  • Dans le cadre du festival de radio brestois Longueur d’ondes était invité Raphaël Enthoven, prof de philo ultra médiatique, qui prend déjà beaucoup trop la parole à notre goût, et très souvent pour attaquer des féministes. Nous avons donc été lui faire un petit coucou.
    http://longueur-ondes.fr/le-festival-de-la-radio-et-de-l-ecoute/programmation/par-invites/raphael-enthoven

    https://bourrasque-info.org/spip.php?article1355
    #longueur_d'ondes #Brest

  • Astuce France 2 : comment taire un mouvement social ?
    https://grozeille.co/astuce-france-2-comment-taire-un-mouvement-social
    https://i0.wp.com/grozeille.co/wp-content/uploads/2018/12/Image-23-12-2018-à-14.11-1.jpg

    On connaissait les chiens de garde et on savait que ce n’était pas un phénomène nouveau. L’expression provient en fait d’un livre de Paul Nizan publié en 1932. À l’époque, des intellectuels et philosophes défendaient corps et âmes les valeurs des sociétés occidentales bourgeoises, sans le dire explicitement mais avec véhémence.

    Aujourd’hui, hormis les piteux Raphaël Enthoven et autres BHL, ce sont surtout les grands médias qui jouent le rôle de garde-fous dès que le système tangue. Importent alors surtout toutes les logiques et règles implicites qui structurent les relations entre les journalistes et le pouvoir. Il y a les têtes de Bolloré, Niel, Pigasse… Mais les collusions sont plus diffuses. Ce sont désormais des chiens de gaz à l’état gazeux qui veillent.

    • Autre exemple : Samedi matin, manifestation de gilets jaunes à Tourcoing, avant d’aller chez les émigrés fiscaux à Néchin Estaimpuis.

      Le policier le plus haut gradé allait parler aux manifestant.e.s, leur affirmant qu’il fallait se méfier des membres du front national infiltrés dans la manifestation, tous comme des membres de la CGT . . .

      Curieux qu’on retrouve cet enfumage dans certains articles de donneurs de leçons sur ce blog. Pas dans ton article, bien sur Riff Raff.

  • @raspa Une excellente réponse de Titiou Lecoq aux dernières conneries enthoviennes :

    Ses raisonnements sont logiques et pourtant, ils aboutissent souvent à un non-sens. Comment ce miracle rhétorique est-il possible ?

    http://www.slate.fr/story/166898/raphael-enthoven-homme-universel-raisonnement-rapports-domination-privileges

    Au-delà du minutieux décortiquage de ses derniers propos et d’autres plus anciens (et des hypnotiques illustrations), je trouve surtout que tout l’article constitue au final une excellente explication de la notion de privilège social.
    (c’est moi qui graisse)

    Sur la pensée « hors tout » :

    En fait, il y a un point de décrochage qu’on peut retrouver dans la plupart de ces raisonnements. Raphaël Enthoven pense hors de tout, en maniant de purs concepts hors situation, mais surtout hors historicité et donc hors rapport de force. Revenons sur l’écriture inclusive qu’il avait pourfendue partout. [... blablabla "lacération de la Joconde"], « penser qu’on va modifier la langue par un décret (et en vertu d’une morale) relève, à mon sens, d’une ambition totalitaire avantageusement recouverte par le souci de lutter pour l’égalité hommes-femmes ». Ses arguments oubliaient notoirement que ladite langue avait précédemment été nettoyée par les académiciens, passée au filtre de la misogynie avec décrets, ambition totalitaire et soucis d’ordre moral. Non seulement Raphaël Enthoven pense la langue comme un objet mémoriel, donc figé et atemporel, mais en prime, il ne connaît pas l’histoire de cette langue qu’il prétend défendre.

    Comme l’illusion d’optique fait fi de certaines réalités du monde physique.

    Sur l’illusion de l’égalité entre lui et l’ensemble des autres êtres humains :

    Je crois que quand [4consonnes&3voyelles] veut débattre avec [Rokhaya Diallo] en public sur Twitter, il est sincèrement convaincu qu’ils sont sur un pied d’égalité. Ce qui est faux en terme de situation. À chaque fois qu’il l’apostrophe, elle se prend des torrents de boue dont il n’a pas idée. Il n’a pas conscience que sur internet, il jouit d’un confort qu’elle n’a pas.

    Ça me rappelle une conversation avec mon père : on parlait d’une copine de mon frère bien connue par toute la famille qui avait bien galéré à une rencontre de boulot, (en gros personne l’écoutait alors qu’elle devait dire un truc pro important) : 25 ans tout juste, un petit mètre 60, dans la boîte depuis pas longtemps et en tant qu’alternante, avec son accent brésilien encore bien perceptible, sa voix toute petite minée par le manque de confiance en elle...
    Et mon père qui raconte la stratégie que lui a déployé avec ses collègues dans un cas similaire... et ma mère et moi qui lui rappelons la légère différence de positionnement social entre eux deux... Bon, il en avait un peu conscience, mais clairement pas assez.

    Mais le fait de penser de façon aussi abstraite n’est pas une simple erreur. C’est un choix philosophique. Raphaël Enthoven dénonce ce qu’il appelle « un tropisme contre-révolutionnaire qui nie tout homme universel et ne reconnaît d’existence qu’à des êtres enracinés dans une culture ». Eh bien, oui, je l’avoue. Je nie tout homme universel. Ce que je reconnais, ce sont des principes universels, les droits humains, comme la liberté, dont devraient bénéficier l’ensemble des êtres humains réels. Mais nous sommes tous et toutes enracinées, résultat du croisement d’une multitude de facteurs culturels, historiques, sociaux, économiques, biologiques, etc. Or Enthoven croit profondément que « les gens ne pensent pas seulement comme ils sont. Ils pensent aussi. Tout court. Loin de toute appartenance ».

    Deux choses là-dessus :
    – La distinction entre des principes universels et le fait qu’aucun être humain n’est universel (et que donc, toute application d’un principe universel ne peut, justement, se faire de façon universelle : on ne garantira pas la liberté de la même façon à une femme soudanaise réfugiée et analphabète qu’à notre ami Raphaël). C’est une formulation qui m’éclaire particulièrement.
    – Le « penser tout court et loin de toute appartenance » m’a immédiatement mis en tête tes vieux chercheurs qui t’ont pourri ton atelier avec leur incapacité à concevoir que tout point de vue est situé (et qu’eux, vieux hommes blancs, ont bien sûr La Vérité Pure et Parfaite et Objective). Cf la suite, qui s’applique parfaitement à eux :

    Et c’est d’autant plus difficile quand on jouit de privilèges parce que le privilégié croit toujours que son regard sur le monde est universel, la preuve : c’est sa vision du monde qui domine partout. Il se voit donc légitimé en permanence. Il peut traverser la vie et penser sans réfléchir à sa position dominante parce qu’il ne la ressent pas.

    Avec la conclusion, appel à la vigilance :

    Dire que toute pensée est forcément située, ce n’est pas abandonner l’idée de réfléchir mais au contraire, exiger une vigilance encore plus grande, un effort supplémentaire pour commencer par déconstruire ce qui, de notre point de vue, paraît évident. Cela implique parfois de penser contre soi-même, d’accepter qu’on a des privilèges, et d’écouter ceux qui n’en ont pas. On sera toujours le fruit d’appartenances, mais en multipliant l’écoute et les échanges avec d’autres, des autres qui ont des expériences différentes, on pourra espérer élaborer une pensée un peu plus universelle.

    Chose impossible tant qu’on reste arc-bouté à l’idée qu’on est déjà un homme universel.

    (promis, j’ai même pas copié tout l’article :-D )

  • « Il est plus qu’irresponsable de laisser #Rokhaya_Diallo être insultée chaque jour »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/09/03/il-est-plus-qu-irresponsable-de-laisser-rokhaya-diallo-etre-insultee-chaque-

    Un tour sur Twitter suffit pour voir la constance avec laquelle le philosophe Raphaël Enthoven, l’essayiste Laurent Bouvet et le préfet Gilles Clavreul (ces deux derniers étant membres du Printemps républicain) attaquent Rokhaya Diallo. De manière quasi quotidienne, avec une obsession qui frise la pathologie, ces hommes blancs, intellectuels médiatiques, la livrent en pâture à leurs « followers ». Ils savent qu’ils peuvent agir de la sorte sans devoir se justifier, surtout dans une période de libération de la parole raciste et d’excitation du phénomène identitaire.

  • Je n’irai pas chez Enthoven | Le Club de Mediapart
    1 juin 2018 Par Jeanne Guien Blog : Le blog de Jeanne Guien

    Lettre ouverte à M. Raphaël Enthoven, suite à mon invitation à son émission Philosophie(s).
    https://blogs.mediapart.fr/jeanne-guien/blog/010618/je-nirai-pas-chez-enthoven

    Monsieur Enthoven,

    je vous écris pour annuler ma venue à votre émission Philosophie(s) sur Arte, dont le tournage devait avoir lieu ce jour.

    Invitée par votre équipe en mars dernier à y discuter de mon sujet de recherche, la réduction de la durée de vie des objets, j’avais accepté dans l’espoir d’y trouver un espace de dialogue philosophique authentique, de production rigoureuse et collaborative d’un savoir critique utile. La lecture et l’écoute de vos diverses productions m’ont cependant convaincue que cet espoir était vain.

    Ne connaissant pas, il y a trois mois, votre travail, j’ai en effet découvert depuis qu’il était malheureusement semblable à celui des quelques rares autres « philosophes » représentés dans les médias dominants : un déploiement précieux et allusif de culture légitime, mis au service de la reproduction à l’identique des préjugés sociaux et politiques les plus caricaturaux. Immaturité du mouvement étudiant, mysandrie des féministes, paresse des abstentionnistes, communautarisme des anti-racistes ou encore antisémitisme des antisionistes : il n’est pas un seul des partis pris les plus réducteurs et abêtissants de la droite décomplexée auquel vous ne vous empressiez d’apporter votre soutien, à grand renfort de raccourcis historiques, de coupes et pseudo-concessions à l’adversaire, de citations à l’emporte-pièce et d’invocations toutes faites à la démocratie et la liberté de pensée - qu’il est peu étonnant de voir conduire, infailliblement, au moralisme le plus vide. (...)

  • Ecriture inclusive : de quoi parle-t-on ? Le débat sur TV5MONDE et Terriennes
    https://information.tv5monde.com/terriennes/ecriture-inclusive-de-quoi-parle-t-le-debat-sur-tv5monde-et-te

    Grand débat : « Pour ou contre l’écriture inclusive ? »
    1ère partie, avec : Raphaël Enthoven, Philosophe ; Marie-Estelle Pech, Journaliste au Figaro ; Eliane Viennot, Professeure émérite de Littérature française, autrice de "Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ; Raphaël Haddad, Docteur en communication et auteur du Manuel d’écriture inclusive
    Débat animé par Sylvie Braibant, rédactrice en chef de Terriennes.
    Durée : 50 ’
    2ème partie, avec : Bernard Cerquiglini, linguiste, recteur honoraire de l’Agence universitaire de la Francophonie et Ancien délégué général à la langue française et aux langues de France ; Claire Guiraud, Secrétaire générale du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes ; Kaoutar Harchi, Auteure, chercheure associée au Cerlis, Paris-Descartes ; Philippe Magnabosco, Chef de projet AFNOR en charge de la mise à jour du clavier français
    Débat animé par Sylvie Braibant, rédactrice en chef de Terriennes.

    La première partie est totalement insupportable. Je la déconseille. Enthoven, mérite bien son titre de #phallosophe. Les deux hommes du « débat » monopolisent la parole. Un petit correctif par rapport à ce que dit Viennot au sujet de prétendu 2 points médians, elle dit qu’il y a un gros et un petit point. C’est une confusion entre le point médian et la puce, la puce est le gros point qui n’est pas utilisé dans la #langue_inclusive pour l’instant.

    La seconde partie plus courte est très interessante je le recommande. Toustes les patricpant·es y sont d’accord et donnent des informations techniques et pratiques sur la question du point de vue de l’AFNOR, de linguistes, d’écrivaines, d’éditrice, d’enseignant·es. J’ai appris par exemple que le point médian viens du catalan.

    • L’ancien commissaire Darquier de Pellepoix osait avancer qu’à Auschwitz on n’a gazé que des poux, chevauchant l’hyper-criticisme de Robert Faurisson qu’a si justement déconstruit Pierre Vidal-Naquet dans Les Assassins de la mémoire. La rhétorique de M. el Khal, qui se situe dans le registre du premier pas vers le négationnisme - équivalence entre victimes et bourreaux - aboutira un jour à une ignominie semblable sur la Ghouta ou Alep si l’on n’y prend pas garde.

      Voilà qui habille Le Média pour l’hiver.

      #invectives

    • Ah ! mais oui chez Ballast c’est beaucoup mieux quand on enfonce ses consoeurs et confrères ! Bravo !

      Claude El Khal est notre correspondant au Moyen-Orient. Il a sa vision des événements et il affirme se méfier des manipulations provenant du régime syrien tout autant que des belligérants américains ou européens. Il a raison. Les guerres sont des moments où l’information est manipulée à des fins stratégiques. Le journalisme consiste à prendre ses distances avec les sources belligérantes. À rappeler que les civils sont des victimes innocentes. Sa position est raisonnable, et juste. Il ne choisit qu’un seul camp : celui de la paix et de la préservation des vies. Ceux qui attaquent sa position trouvent peut être qu’être tué par une bombe américaine est moins condamnable que par une bombe russe ? Pour moi, ceux qui bombardent sont tous coupables. On peut bien condamner le régime syrien soutenu par les Russes. On peut aussi condamner la Turquie d’Erdogan soutenue par les américains et les européens. On peut condamner l’Arabie saoudite armée par la France. On peut condamner l’Iran qui arme le Hezbollah. On peut condamner les djihadistes armés par les américains. On peut condamner la France, les européens, les USA qui organisent le chaos dans cette région du monde. On peut condamner les intérêts des multinationales de l’armement, du pétrole et du gaz qui tirent profit de la situation. Mais on ne peut pas condamner un journaliste comme Claude El Khal qui a le courage de dire tout haut que le seul camp qu’il fait sien est celui des civils, des enfants, qui vivent l’enfer. Claude El Khal a raison de refuser que l’on diffuse des images dont on ignore la provenance, dont on ignore la véracité. Chaque fois que vous voyez des vidéos sur la Ghouta : demandez-vous qui a filmé, sous la protection de qui, pour faire passer quel message, pour servir les intérêts de qui ? ce n’est pas la première guerre de communication, ce n’est pas la première fois que « l’opinion publique internationale » est soumise au matraquage et à la propagande des belligérants. Au Média, nous n’acceptons pas l’instrumentalisation. Nous disons clairement que les belligérants doivent cesser leurs bombardements que ce soit à Damas, la Ghouta, au Yémen. Qu’ils cessent de massacrer des civils. Si d’autres médias estiment qu’il faudrait prendre le parti des USA et des européens, qu’ils le fassent. mais ne rêvez pas : Le Média ne s’alignera sur aucun camp. Notre camp c’est la paix et la vie humaine. Ce sont vos guerres, pas les nôtres. Nous sommes avec les peuples. Et si vous trouvez nos positions angéliques, laissez nous penser que les vôtres sont belliqueuses, sources de haine, de souffrance. Nous ne faisons de mal à personne. Et vous ? Comme Jean Jaurès : nous défendrons la paix. Que ceux qui veulent la guerre y envoient leurs enfants.

    • Nous passerons sur le fait que les propos sur le conflit syrien de Robert Fisk - ne connaissant qu’un seul ennemi : l’Occident — ont été dénoncés non seulement par des confrères journalistes [16], mais aussi par les chercheurs et experts de la révolution syrienne.

      Fisk en prend lui aussi pour son grade. La note 16 sensée servir, j’imagine d’argument contre Fisk, pointe vers le Courrier International, article de 2007 (!) publié initialement dans Haaretz. On devra se contenter de cela pour conclure que Fisk n’est pas crédible (et négationniste, donc, cf. la conclusion).

    • Pour mieux comprendre son engagement au sein de la « résistance civile à l’occupation syrienne du Liban » évoqué dans l’article d’Audrey Kucinskas pour L’Express

      Je n’oublierai jamais le 13 Octobre 1990.

      Je n’oublierai jamais les avions syriens qui lançaient leurs missiles sur les dernières régions libres du Liban. Je n’oublierai jamais la terreur des femmes, des hommes et des enfants sous le feu aveugle des canons du régime baathiste. Je n’oublierai jamais les larmes des pères, des mères, des fils et des filles au moment de la reddition.

      Je n’oublierai jamais les soldats de l’armée libanaise massacrés alors qu’ils étaient prisonniers. Je n’oublierai jamais le silence de mort qui a accompagné l’entrée des troupes syriennes à Baabda. Je n’oublierai jamais les tirs de joie de la soldatesque d’occupation quand l’invasion fut achevée.

      Je n’oublierai jamais que parmi ceux qui se divisent aujourd’hui en 8 et 14 Mars beaucoup ont applaudi et crié victoire, certains après avoir pilonné sauvagement les régions libres, d’autres après avoir participé aux combats contre l’armée libanaise.

      Je n’oublierai jamais que tout ça s’est passé avec la bénédiction du monde entier, de ceux qui veulent aujourd’hui abattre le régime syrien, ceux qui le décrivent depuis si peu comme criminel et barbare : les Etats-Unis, l’Europe, la France socialiste à laquelle appartenaient déjà messieurs Fabius et Hollande, la Ligue Arabe, les monarchies du Golfe, la Turquie… Même l’Iran et Israël étaient à l’unisson.

      Je n’oublierai jamais les heures noires de ce jour funeste et la nuit sans étoiles qui s’est abattue sur nous. Je n’oublierai jamais les 15 ans qui ont suivis. 15 ans de répression, de pillage organisé, de corruption institutionnalisée. Je n’oublierai jamais la peur, la rage, la tristesse, la mort.

      https://claudeelkhal.blogspot.fr/2015/10/je-noublierai-jamais-le-13-octobre-1990.html

    • Je reviens à ma première question, et la chaleur de « nos » commentaires sur SeenThis me fait me la poser de manière encore plus lancinante : qu’y a-t-il dans la question syrienne pour susciter de telles passions au sein d’une certaine gauche (française et au-delà européenne) ? Sur le Chili, le Vietnam, d’autres conflits encore, à tort ou à raison, je peux m’expliquer la ferveur de certains engagements. Peut-on dire la même chose de la Syrie ? Une fois posé le despotisme très connu par un demi-siècle d’expérience du régime, on ne sort pas d’un constat assez simple à faire : la majorité de la population n’a pas vraiment rejoint le mouvement (y compris à ses débuts), par peur, par calcul, par expérience, etc., c’est un fait. Si la majorité silencieuse s’est exprimée en Syrie, c’est par le départ, dans les pays voisins, en Europe et ailleurs... Et du côté des adversaires du régime, quel est le poids de mouvements révolutionnaires qu’on peut raisonnablement soutenir quand on a précisément une sensibilité de gauche, par rapport à des milliers de « rebelles » puisque c’est le terme utilisé, mercenaires, pillards, fanatisés, manifestement à la tête des opérations à partir de l’été 2011 ?
      Je précise que ma question est aussi naïve que sincère et que je serai ravi d’entendre des explications qui tiennent...

    • Selon Le Courrier international : @gonzo

      Comme le rappelle Michael Jansen, spécialiste du Moyen-Orient au quotidien The Irish Times, « les villes […] de Ghouta orientale sont tombées sous le contrôle des combattants rebelles en 2013 et sont aujourd’hui le dernier refuge de fondamentalistes de la Faylaq Al-Rahman (Légion de Rahman) et de la Jaish Al-Islam ( Armée de l’islam ), soutenue par l’Arabie Saoudite , dans la région de Damas ». Le régime de Bachar El-Assad cherche actuellement à « exercer des pressions militaires » sur cette zone pour se débarrasser de ces combattants.

      https://www.courrierinternational.com/article/syrie-sous-les-bombardements-du-regime-la-ghouta-orientale-re

      Raisonnablement je ne peux soutenir aucun de ces mouvements fondamentalistes (Faylaq Al-Rahman), salafistes (Jaish Al-Islam) et djihadistes (Tahrir Al-cham) qui prennent la population en otage de même que le régime de Bachar et je continue de partager le point de vue de Claude El Khal et du Média :

      Au Média, nous n’acceptons pas l’instrumentalisation. Nous disons clairement que les belligérants doivent cesser leurs bombardements que ce soit à Damas, la Ghouta, au Yémen. Qu’ils cessent de massacrer des civils. Si d’autres médias estiment qu’il faudrait prendre le parti des USA et des européens, qu’ils le fassent. mais ne rêvez pas : Le Média ne s’alignera sur aucun camp. Notre camp c’est la paix et la vie humaine. Ce sont vos guerres, pas les nôtres. Nous sommes avec les peuples. Et si vous trouvez nos positions angéliques, laissez nous penser que les vôtres sont belliqueuses, sources de haine, de souffrance. Nous ne faisons de mal à personne. Et vous ? Comme Jean Jaurès : nous défendrons la paix. Que ceux qui veulent la guerre y envoient leurs enfants .

    • Sur un point qui a l’air important dans le débat, l’article de @lundimatin dit uniquement que « Faylaq al Rahman » est affilié à l’ASL et que d’autres groupes les considèrent comme « laïcs et apostats » (mais on ne sait pas ce qu’en pense réellement les auteurs de l’article). Du coup ce serait des « gentils » ?

      Mais en revanche la carte du Monde, elle, dit que « Faylaq al Rahman » se revendique de l’ASL, et surtout que c’est un groupe « à dominante islamiste » !
      (Et je suppute qu’il est possible et peut-être courant que des groupes islamistes traitent d’autres groupes islamistes de laïcs et apostats car ils ne sont pas d’accord, mais bon je n’y connais rien…)

      L’effectif d’environ 30% est le même dans les deux, mais par contre du coup ils disent donc plutôt l’inverse sur ce groupe :
      – Dans un cas le groupe EST affilié à l’ASL et est présenté comme pas islamiste du tout (mais c’est l’avis d’un autre groupe islamiste et non des auteurs eux-mêmes).
      – Dans l’autre, le groupe SERAIT affilié à l’ASL, au conditionnel car c’est le groupe lui-même qui se revendique, et il est présenté comme majoritairement islamiste.

      Je n’ai rien à en dire mais c’était juste pour souligner la différence.

    • @baroug : non. Burgat n’a pas attendu autant de morts avant de s’attaquer directement à la gauche anti-impérialiste (thème fondateur des fanboys de la révolution syrienne) dès août 2012 :
      https://www.facebook.com/francois.burgat/posts/318712458225901

      Rappel encore : 2 mois plus tôt il prétendait aussi avec Caillet que Nusra n’existait pas et était une invention du régime commentant des attentats false flag. Fadaise complotiste dont l’utilité est de maintenir la supériorité morale des partisans de la militarisation de la contestation syrienne.

      L’attaque contre Oumma par le même Burgat, c’est l’année d’après, juin 2013 :
      https://seenthis.net/messages/147381
      (l’attaque contre le nationalisme arabe classique étant aussi un thème favori de la part de fanboys).

    • Le pire dans toute cette histoire, c’est que la guerre idéologique, de la vérité ou des contre-vérités (peu importe) risque non seulement de masquer les réalités de ce conflit qui perdure depuis le printemps 2011 mais aussi de banaliser auprès de l’opinion ce genre de situation. Saura-t-on jamais combien de victimes aura fait cette guerre parmi les civils désarmés ? Combien de personnes ont fui devant ces atrocités (Syrie et pays voisins) ? La première erreur commise le fut (à mon avis) par le « camp occidental » qui décida de livrer des armes aux « rebelles » et d’envoyer des instructeurs auprès des factions belligérantes. On connait ensuite l’enchainement fatal : la Russie poutinienne intervint à son tour parce que, hein, on allait pas laisser les États-Uniens tripatouiller tout seul dans ce merdier, déjà que,avec les précédentes ingérences en Irak et en Afghanistan (depuis 1979, juste après l’invasion soviétique), ils avaient déjà bien pourri l’ambiance, sans compter le soutien inconditionnel qu’ils accordent à l’état d’Israël. La guerre des communiqués prit rapidement le relais. Chaque « camp » se dota d’alliés de circonstances (Turquie, Iran, n’oublions pas non plus les nations euro-atlantistes) qui en rajoutèrent dans la désinformation et le brouillage médiatique.
      Ce qui se passe au Proche-Orient (Moyen-Orient, Levant) depuis la fin de l’empire ottoman et surtout depuis la découverte de la manne pétrolière dans cette région est un naufrage de la soit-disant civilisation et, comparés à cela, les camions d’essence de « Mad Max Fury » ressemblent juste à une histoire de petit chaperon rouge pour faire frissonner les enfants avant qu’ils ne s’endorment. Bonne nuit ! Pour le brouillard, on a ce qu’il faut en magasin ...

      Et - pardonnez-moi si j’m’excuse, j’allais oublié un point TRÈS important dans la série des « on ne saura jamais » ; c’est le chiffre d’affaire des marchands d’armes (toutes catégories confondues) lié à ce conflit.

    • Non mais que certains, et Burgat et Filiu dont l’un est connu depuis longtemps pour croire et entretenir l’idée d’un islamisme « de gauche » et l’autre fétichise peut être les révolutions arabes en général, aient été en avance sur cette fracture c’est une chose. Mais de toute façon, elle est ancienne, et vous la connaissez tous puisque bien antérieure au conflit syrien ; vous en étiez déjà acteurs.
      Après, je pense que l’intensité du conflit, qui est le plus meurtrier de la décennie, doit jouer un rôle dans la généralisation de la fracture à gauche, si l’on peut dire.

    • Tout à fait @sombre

      @nidal La faute à la vieille gauche aveugle et égoïste !

      « C’est triste et cruel mais c’est comme ça : la force d’inertie intellectuelle d’un pan entier de cette bonne vieille gauche arabe et européenne est en train de l’empêcher de prendre un virage historique ! Son aveuglement dans le dossier syrien a plusieurs causes. L’une des toutes premières est une surenchère égoïste et intolérante dans l’appropriation privative du label anti-impérialiste :
      « Personne d’autre que nous, et surtout pas la génération de l’Islam politique ».

      Pour François Burgat, les islamistes ont toujours raison !
      https://mondafrique.com/francois-burgat-islamistes-ont-toujours-raison

      Peut on classer Burgat dans cette sphère de l’islamo-gauchisme dans le milieu intellectuel français, et qui joue le rôle des avocats du projets islamiste, d’une manière ou d’une autre ?

      Je n’aime pas du tout l’expression « islamo-gauchisme » qui est souvent employé par les islamophobes ou les milieux français islamophobes. Par ironie, je dirai, pour commencer, que F. Burgat n’est, de mon point de vue, certainement pas de gauche, si l’on se réfère simplement aux messages Facebook qu’il n’a cessé de diffuser au cours de la dernière campagne présidentielle française, dénigrant surtout Jean-Luc Mélenchon et ne manifestant pas, semble-t-il, beaucoup plus de sympathie politique ou électorale pour Benoît Hamon. Il est peut-être un peu plus « macroniste », une tendance plutôt sociale-libérale. Par certains côtés, j’ai l’impression que le politiste français veut être plus royaliste que le roi, soit en trouvant toujours de bonnes excuses aux islamistes légalistes dans leurs échecs, soit en étant encore plus optimiste qu’eux dans la capacité à mener à bien des combats politiques démocratiques et à gérer sans heurts des sociétés.

      Haoues Seniguer

    • Bon, si je résume ce que j’ai compris (pour @Baroug notamment) :
      – la gauche se mobilise parce qu’il y a beaucoup de victimes, ou encore la fracture devient plus importante du fait du nombre de morts : mais alors, pourquoi ce silence sur le Yémen ?)
      – on peut à la rigueur soutenir en fonction d’un pourcentage pas trop élevé d’islamistes vraiment méchants. En acceptant que ce soit possible, cela signifie qu’on se résigne à soutenir un truc qui ne sent pas très bon alors qu’on nous demande justement de ne pas nous poser de questions (et qu’on cloue au pilori celui qui le fait, El Khal en particulier)
      – le Moyen-Orient, terrain de jeu du capitalisme sauvage, OK @Sombre_Hermano mais pourquoi tant de personnes à gauche se sentent-elles obligées à coopérer ? Tout de même, et quelles que soient les souffrances passées, il y a (un peu) plus de lucidité sur le sionisme !
      _ quelques acteurs (Burgat, mais peut-être moi aussi, je ne m’exclus pas) ne seraient pas vraiment de gauche, d’où leurs positions étranges. Mais il ne s’agit pas de ces quelques exceptions, le nécessaire soutien aux types qui se battent dans la Ghouta est une opinion très largement majoritaire.
      Merci aux contributions, mais je reste avec mes questions :-(

    • Je peux parler de ce que j’en pense de mon côté :
      1) troubles internes (la « révolution »), dont à aucun moment il n’a été tout à fait possible de savoir si l’opération de « regime change » la récupérait ou l’initiait ;
      2) militarisation quasi-instantanée, daech simultanément en Irak et en Syrie, pertes gouvernementales très fortes ;
      3) on finit par avoir des informations sur daech et ses soutiens, et sur al qaida et ses soutiens, on apprend que les mécènes (comme l’article en parle sur Lundi Matin) sont la Turquie et quelques autres pays reconnus pour leur absence totale de respect de la vie humaine ;
      4) finalement, le régime s’en sort, et par force, c’est un carnage, les belligérants y jouant tous leur survie. On sait ce que c’est, on a quelques guerres derrière nous pour nous le rappeler.

      Je suis allé voir « Pentagon Papers », où on te rappelle obligeamment que dès 1954 des opérations de regime change et +++ étaient réalisées en sous main pour déstabiliser le Vietnam.

      Donc, il faudrait cesser de critiquer la couverture actuelle des évènements en Syrie au prétexte que les forces gouvernementales gagnent du terrain, parce que c’est bien de ça qu’il s’agit ?

      C’est une guerre à mort, entre deux armées visiblement de force plus ou moins équivalentes, les pertes équivalentes en nombre de chaque côté en attestent il me semble. Oui, les pertes civiles sont odieuses, un petit « Dresde » pour le moment. Je ne ferais pas de référence aux pertes de la Corée du Nord pour ne pas commettre de Point... CIA ?

      Deux armées bien équipées, qui font des massacres des deux côtés, des civils qui trinquent. Une documentation abondante sur les livraisons d’armes et sur les mécènes.

      Et donc, on reproche à certains que l’on dit « de gauche » de ne pas vouloir prendre parti dans ce tourbillon de propagande.

      Ce serait quoi le but ultime de cette prise de position que l’on devrait réaliser sans remettre en doute aucune des informations transmises ? De faire « encore plus de guerre » ?

      Notez que je n’ai pas encore parlé du droit international et de souveraineté. Je serais immédiatement accusé de parler comme Poutine. Mais... Bon... L’ONU, on lui demande beaucoup de juger si tel ou tel crime pris dans la multitude est un crime de guerre ou pas, mais on pourrait aussi l’utiliser pour dire si l’intervention de telle ou telle nation, en tant que « mécène » d’un des nombreux groupes anti-gouvernementaux, est légale ou pas, au regard du droit international. C’est moins vendeur que de laisser parler ses tripes en regardant des images de gamins ensanglantés, évidemment.

      Alors, 300000 morts, ça veut dire quoi ? Qu’on doit cesser tout esprit critique ? Ou ça veut juste dire que des deux côtés, aucun décideur n’a jugé nécessaire de cesser d’alimenter les belligérants ?

    • @biggrizzly, dans ton décompte, tu ne dis pas que sur les 100 000 civils tués, la très grande majorité l’a été par le régime. Je pense que c’est un des arguments majeurs de ceux qui considèrent que faire une équivalence entre les « camps » est problématique, pour le moins.

      Par ailleurs, je ne vais pas me faire l’avocat de la gauche anti-Assad (ou comme vous voudrez la nommer), je n’ai pas moi-même de position claire (et je vous lis tous avec intérêt pour essayer d’y comprendre quelque chose), mais il ne me semble pas qu’ils considèrent qu’il faut cesser d’exercer son esprit critique, mais encore une fois que renvoyer les deux camps dos à dos n’est pas une position tenable.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_civile_syrienne#Pertes_civiles

    • @gonzo Une de mes théories, est que justement sur la Syrie il y a eu une sorte de « résistance », ou méfiance, relativement large, et qu’elle s’est assez tôt exprimée contre la militarisation de l’opposition (donc début/mi-2012). Et ces résistances sur la Syrie ne se sont pas exprimées seulement dans les cercles militants de la gauche française, mais également dans les gauches arabes (article dès août 2012 dans le Diplo) :
      https://www.monde-diplomatique.fr/2012/08/DOT_POUILLARD/48029
      Les résistances et méfiances se sont plus largement exprimées assez tôt dans le monde arabe, notamment dans les milieux nationalistes arabes old school et leurs alliés (notamment en France) : Afrique-Asie, Labévière, toute la bande, désormais considérés comme de nouvelles incarnations du diable.

      Mais aussi dans des cercles officieux qui, normalement, doivent se taire. Je pense que, très tôt, les articles sceptiques de Malbrunot sur le sujet reflétaient, venant de ce bonhomme, le scepticisme des milieux du renseignement et de la défense en France.

      Et même chez les opposants syriens historiques, la militarisation n’a pas du tout fait l’unanimité. On a beaucoup cité ici Haytham Manna, et comment il a été largement mis sur la touche dès qu’il a dénoncé les dangers de la militarisation début 2012.

      Et plus largement, le sujet tabou que tu évoques de temps en temps : l’opinion syrienne n’a pas forcément basculé aussi unanimement qu’on a bien voulu se le raconter. Et surtout pas en faveur d’une escalade militaire à base de milices – pas par amour du régime, mais parce que ça ne s’était déjà pas bien passé à côté (Liban, Irak).

      Or, sur des révolutions précédentes, ça n’avait pas tellement moufté, ou pas aussi bruyamment. En particulier, la guerre sur la Libye, ça a été beaucoup plus discret. Il y a bien eu Herman (justement !) se payant la tête Gilbert Achkar (accusé de prétendre « micromanager » les bombardements de l’OTAN), mais ça doit être à peu près tout.

      Je pense que, notamment pour la Libye, il n’y a pas réellement eu besoin d’une bataille sur l’opinion publique ; on a eu du bombardement occidental old school, silence dans les rangs et le doigt sur la couture du pantalon. Sur la Syrie, ça n’a pas été le cas. Très rapidement il y a eu des résistances (voir ci-dessus), et cela par des gens très légitimes et ayant accès habituellement aux médias mainstream.

      Cette résistance inattendue, de la part de franges légitimes des militants, et de milieux acceptés dans les grands médias, je pense que c’est un des éléments qui ont rendu l’ambiance aussi féroce, parce que dès que la militarisation des « rebelles » se met en place, il y a un gros enjeu de conviction de la part de l’opinion publique. Et à ce moment on voit apparaître illico des attaques directes contre l’establishment du renseignement et de l’armée (un ramassis de fachos pro-Bachar), et contre la gauche pro-arabe (je te rappelle pas les délires). Parce qu’on n’est pas dans une discussion : il y a un besoin prioritaire de délégitimation de sources qui sont largement perçues, y compris dans les médias mainstream, comme usuellement légitimes et qui commencent à faire entendre leur opposition à la militarisation des « rebelles ».

    • @baroug Pour le Yémen, je pense comme toi que, comme personne ne France n’exige une intervention militaire dans le conflit au Yémen (ni dans un camp ni dans l’autre), c’est un gros élément qui évite qu’il y ait réellement des exclusions et des condamnations en hérésie.

      En revanche, pour le nombre de morts, la « comparaison » n’est pas si farfelue : mi-mars 2012, on évoque ici 8000 morts en Syrie :
      http://www.liberation.fr/planete/2012/03/14/quand-la-syrie-se-revolta_803029
      Or, la mi-mars 2012, c’est le fameux débat sur France 24 plein d’enthousiasme pour la militarisation de la rébellion, qu’Haytham Manna dénonce vigoureusement :
      https://seenthis.net/messages/225755

      Encore une fois : ce n’est pas pendant la première année que le débat s’envenime. C’est à partir de mi-2012 que les excommunications sont prononcées, et elles accompagnent la montée en puissance de la militarisation de l’opposition.

      Et puisque tu évoques la responsabilité de l’explosion du nombre de morts : c’est à partir de la militarisation, de la livraison d’armements (de la part de la France : en violation de l’embargo européen) et de l’alignement sur les partisans du renversement de régime par l’action militaire (et donc, l’exclusion à partir de ce moment des autres, tels Manna), que le nombre de morts explose. On part de 8000 la première année, on arrive à des dizaines de milliers l’année suivante, et des centaines de milliers ensuite.

      C’est bien l’aspect pervers de ce non-débat : c’est qu’on traite de paranoïaques, de pro-Bachar, de négationnistes, de mépris pour les civils, justement tous ceux qui, dès 2012, disent que si on militarise l’opposition et qu’on part dans une grande guerre civile en Syrie, ça ne va pas bien se passer du tout, que le régime n’est pas si faible, qu’il n’est pas isolé du tout et que ses alliés interviendront, et que les types qu’on arme sont extrêmement dangereux. Or, depuis ce moment, ce sont ceux qui soutiennent la militarisation et l’escalade qui ont causé des centaines de milliers de morts, en agonissant d’injures ceux qui ont mis en garde constamment, qui continuent à revendiquer la posture de supériorité morale.

    • Encore une remarque sur le Yémen. La question n’est pas sa savoir pourquoi les fanboys de la révolution syrienne ne dénonceraient pas la situation au Yémen – parce qu’en gros, ils condamnent.

      Mais plutôt pourquoi ils ne réclament pas la militarisation de la « rébellion yéménite », l’envoi d’armes et de financements, voire l’escalade contre le méchant agresseur qui massacre la population. Ailleurs, pourquoi on n’a jamais lu d’appels à armer, entraîner, financer, militariser, l’opposition égyptienne en réponse au coup de Sissi et au massacre du 14 août 2013 (on estime à plus de 800 morts en une journée).

    • Merci @nidal, je crois que tu as bien résumé notre (le mien en tout cas) malaise depuis le début :

      C’est bien l’aspect pervers de ce non-débat : c’est qu’on traite de paranoïaques, de pro-Bachar, de négationnistes, justement tous ceux qui, dès 2012, disent que si on militarise l’opposition et qu’on part dans une grande guerre civile en Syrie, ça ne va pas bien se passer du tout, que le régime n’est pas si faible, qu’il n’est pas isolé du tout et que ses alliés interviendront, et que les types qu’on arme sont extrêmement dangereux.

    • Sur la page Wikipédia, j’ai ce genre d’information que je ne sais pas trop comment interpréter... Le régime tue les alaouites aussi ?

      In May 2013, SOHR stated that at least 41,000 of those killed during the conflict were Alawites.[21] By April 2015, reportedly a third of the country’s 250,000 Alawites that were of fighting age had been killed.[22] In April 2017, a pro-opposition source claimed 150,000 young Alawites had died.[23]

    • @BigGrizzly ; Je me disais qu’il fallait grasser précisément les mêmes lignes !
      @baroug : faut-il faire des comptabilités entre les guerres ? Sinon, outre les remarques de Nidal sur le tournant de 2012, faut-il compter les 8 millions de Yéménites en urgence alimentaire selon l’ONU ?
      @nidal : merci de tes interventions mais, tout de même, on peut sérieusement continuer des années après (7 bientôt) à faire semblant de ne pas voir les problèmes ? J’ai du mal à y croire.
      Une petite question à la communauté SeenThis : pourquoi un taré des banlieues qui s’engage, non sans risques pour sa vie, en Syrie est un dangereux terroriste dont on espère qu’il sera vite tué pour qu’il n’aille même pas jusqu’à la prison, tandis que l’intello (de gauche) qui soutient (de tout son coeur mais sans trop de risques persos) la même révolution en Syrie est la coqueluche des plateaux télé ?

    • Oui, Gonzo, j’y pense régulièrement. Encore il y a quelques jours suite à un texte navrant de Lundi Machin, où l’on dit sa « honte » de l’inaction et de la complicité de la France en faveur de Bachar (on rêve).

      La tolérance pour la lecture confessionnelle des conflits de la région, la répétition systématique des foutaises à base de « sunnites humiliés » (qu’est-ce qu’on en a bouffé, de l’argumentaire à base de sunnite humilié), l’envoi de Colonel Salafi à Beyrouth pour donner un crédit universitaire à l’escroc salafiste al-Assir, retapissé en voix de la rue sunnite libanaise (humiliée, hein), les éructations de Leverrier et Filiu dans ce genre…

      Ces dénonciations systématiques (et volontairement fausses de la part d’individus directement impliqués dans la politique du Quai d’Orsay) de la « passivité » et de l’« inaction » de la France, associées à une tolérance quasi institutionnalisée pour l’excitation sectaire, effectivement je pense que ça pèse très lourd dans la décision de plusieurs centaines de jeunes français d’aller prendre les choses en main pour défendre les sunnites-humiliés avec Nusra et Daech.

    • La réponse de Claude El Khal @lundimatin

      La nouvelle Inquisition et les moukhabarat parisianistes

      Mon intervention consacrée à la Ghouta en Syrie dans le JT du Média du 23 février m’a valu un lynchage en règle sur les réseaux sociaux et dans plusieurs médias. Les amateurs de guerre ont sorti l’artillerie lourde. Il fallait s’y attendre. Mais comme ils n’avaient pas vraiment d’arguments à m’opposer, à part la traditionnelle propagande à laquelle plus grand monde ne croit, ils ont été fouiller mon compte Twitter à la recherche d’anciens péchés qu’ils pourraient utiliser pour me salir.

      Convaincus d’avoir trouvé les trésors d’infamie qu’ils cherchaient, ils les ont partagés sur les réseaux sociaux, essayant de me faire passer pour ce que je ne suis pas. En anglais on appelle ça character assassination . Il n’y a pas d’équivalent en français. Il faudrait en trouver un, ça éviterait à d’autres de subir le même sort.

      Le sentiment que j’ai eu ces derniers jours m’était familier, mais je pensais qu’il faisait partie du passé. Je pensais qu’il a avait été emporté dans les bagages des troupes d’occupation syriennes quand elles se sont retirées du Liban. Ce sentiment d’être traqué, épié, dénoncé, accusé puis jugé sans autre forme de procès était lié aux méthodes des moukhabarat syriens et de l’État policier qui a sévi entre 1990 et 2005. En 2018, les moukhabarat ne sont plus syriens mais parisianistes. Ils ne sont plus ces agents hirsutes et mal fagotés qui faisaient régner la terreur au Liban mais des bien-pensants propres sur eux qui règnent sur les plateaux de télévision et dans les médias mainstream.

      Ce n’est pas à eux que je m’adresse ici. Eux ne méritent que le mépris que tout homme ou femme libre a pour les totalitaristes en tout genre. Si j’ai décidé de m’expliquer, c’est pour certains de mes amis qui ont été affectés par la campagne de diffamation dont je suis la cible, pour les lecteurs qui me suivent, et pour les socios du Média qui me connaissaient depuis peu et qui me découvrent.

      Parmi les choses dénichées qu’on utilise pour me salir, trois articles ou notes de blog, et un jeu de mots...

      https://claudeelkhal.blogspot.fr/2018/03/la-nouvelle-inquisition-et-les.html

      character assassination = campagne de diffamation ou comme l’a bien expliqué @nidal :

      On lui reproche des choses qui n’ont rien à voir avec la Ghouta, alors qu’il est clair que c’est à cause de ce qu’il a dit sur la Ghouta qu’on veut le faire virer

      ou le salir.

    • Tandis que la Turquie, à l’aide des tanks allemands et le soutien de l’OTAN, écrase depuis des semaines Afrine sous les bombes, que l’Arabie Saoudite extermine les femmes et les enfants du Yemen avec des armes dont certaines livrées par la France, les médias en France n’ont d’inquiétude que pour “la Goutha” en Syrie. Une enclave majoritairement contrôlée par des milices islamistes soutenues par l’occident (Jaich al-Islam, Faylaq al–Rahmane et Ahrar al-Cham*), d’où ces derniers bombardent et mènent des attentats contre Damas et dont l’armée syrienne a entrepris de reprendre le contrôle.

      La machine médiatique à mentir pour mieux broyer tourne à nouveau à plein régime : TOUS les médias d’État, toute la presse oligarchique (du Figaro à Libé, huit milliardaires détiennent l’ensemble des journaux « qui comptent » !) accusent l’État syrien légal de crimes de guerre et s’emploient à l’unisson à vendre à l’opinion un nouveau prétexte pour relancer la guerre en Syrie. « Jupiter » Macron n’a-t-il pas récemment menacé la Syrie de « frappes » en vertu d’on ne sait quel mandat du Ciel accordé à la France pour faire la loi en Syrie (mais aussi en Libye, au Mali ou ailleurs !). En fait de « nouveau monde », la politique macroniste continue le vieux néocolonialisme français réduit désormais au rôle de valet d’armes de l’Oncle Sam. Étrangement, les arguments « humanitaires » mis en avant par les éditorialistes bien-pensants laissent ces mêmes journalistes « pacifistes » de marbre quand les armes françaises, vendues à l’Arabie saoudite, dévastent la population civile, femmes et enfants compris, au Yémen ou à Bahreïn…

      Il faut bien entendu que les armes, toutes les armes, celles de l’armée syrienne, mais celles aussi des milices intégristes qui utilisent les civils comme des boucliers humains, se taisent sur tout le territoire syrien. Il faut évidemment que les organisations humanitaires réellement indépendantes puissent au plus tôt intervenir en Syrie pour apporter sur place les vivres et les soins nécessaires. Mais pour cela, TOUTES les parties en conflit doivent faire preuve de retenue. Pour commencer, les États impérialistes occidentaux et pétro-monarchiques qui ont attisé la guerre civile en Syrie doivent revenir aux principes fondateurs de l’ONU : le respect de la souveraineté de chaque pays, de l’égalité entre les nations, le refus absolu des ingérences dans les affaires intérieures d’autrui.

      https://www.initiative-communiste.fr/articles/international/syrie-pyromanes-imperialistes-crient-de-nouveau-feu

    • Même les opposants historiques au régime syrien le disent : on ne peut pas faire comme si à la Ghouta une armée rebelle internationaliste résistait vaillamment à Bachar el-Assad, alors même qu’il s’agissait notoirement d’un nid d’islamistes et de djihadistes tenant en otage des civils. Tant pis pour Lundi matin, c’est le genre d’erreurs qui fait tache face à l’histoire. On imagine en tout cas assez mal Debord livrant clé en main un argumentaire à BHL et Raphaël Enthoven pour faire triompher les positions de l’Otan sur le cadavre de la gauche critique. Ou bien publiant dans l’Internationale situationniste des textes suitant de moraline commençant par « Je t’écris de la Ghouta… » C’est un peu triste, mais pas dramatique en soi. Foucault avait eu l’Iran, ils auront la Syrie.

      Ce qui est grave en revanche, c’est que cette publication irresponsable a offert à des dizaines d’éditorialistes, rédacteurs en chef et journalistes allant du Parisien au Monde en passant par Mediapart ou RTL, l’occasion de lyncher Le Média. Les réseaux sociaux offrent aujourd’hui aux lyncheurs des procédés discrets, ne nécessitant pas un grand courage. En l’occurrence, le retweet sournois d’un texte dont on ignore les sources, les états de service des auteurs, le tout sur un théâtre d’opérations dont on n’a pas la moindre connaissance, dont on n’a même que foutre la plupart du temps, et cela dans le seul but d’atteindre à la réputation d’un titre concurrent ou d’un adversaire idéologique. Et ce sont ces gens, oui ces journalistes, ceux-là mêmes qui se piquent ordinairement de fact checking, de neutralité et de rigueur journalistique, qui ont massivement utilisé comme texte de référence contre Le Média un fatras de mensonges grandiloquents publié par un site anarcho-autonome dont ils ignoraient hier jusqu’à l’existence. Le journalisme est décidément dans un état de déliquescence morale et intellectuelle très préoccupant. Je ne sais même pas à ce stade – plusieurs générations ayant été sacrifiées – à quel moment nous pourrons commencer à remonter la pente.

      https://comptoir.org/2018/04/06/aude-lancelin-la-deliquescence-morale-et-intellectuelle-du-journalisme-est

    • Chers lecteurs de lundi.am,

      Le Média a été gravement mis en cause dans un article paru sur le site lundi.am le 28 février dernier, sous le titre « Le Média sur la Syrie : naufrage du ‘journalisme alternatif’ » et portant la signature de Mme Sarah Kilani et M. Thomas Moreau. Si nous avons attendu avant de répondre aux contre-vérités et aux divagations qu’il contient, c’est que, tout d’abord, nous n’avons pas estimé qu’il s’agissait d’un travail sérieux.

      Mais nous avons été ensuite surpris par l’intérêt suscité par un agglomérat aussi peu solide et des critiques aussi infondées. En quelques jours, grâce au pouvoir multiplicateur des réseaux sociaux et à l’hostilité que Le Média inspirait avant même d’avoir produit le moindre programme, le texte des contributeurs de lundi.am a été largement diffusé par toutes sortes « d’autorités » de la presse française, disposant de puissants relais, à l’image de l’improbable Bernard-Henri Lévy qui, dans Le Point, a repris leur argumentaire. Que cette publication de la gauche critique, lundi.am, se soit alignée sur la position des néo-conservateurs atlantistes nous a d’abord étonné. Mais le pouvoir de nuisance de ce texte ayant propagé des mensonges, il faut nous résoudre à devoir défaire méthodiquement ses raisonnements spécieux, bien que nous aurions préféré utiliser notre énergie pour participer à un débat utile sur la couverture des conflits contemporains, plutôt que de perdre notre temps à dissiper des sottises. Mais enfin, la bulle médiatique unanime nous étant tombé dessus avec les armes que lundi.am lui a fournies, nous devons bien aujourd’hui nous efforcer de montrer que les attaques de leurs contributeurs sont aberrantes.

      Voici donc notre réponse à ce pamphlet bâclé qui a tant plu et tant servi à l’ordre médiatique dominant. Ordre dont lundi.am s’est fait, ironie de l’histoire pour des héritiers du situationnisme, le porte-flingue du moment (...)

      Enfin, la conclusion de l’article des contributeurs de lundi.am est d’une indécence rare, qui ne peut pas rester sans réponse. Dans un court paragraphe honteux, ils avancent le nom de l’immonde Darquier de Pellepoix et les mensonges ignobles de Robert Faurisson pour prétendre que « la rhétorique » de Claude El Khal « se situe dans le registre du premier pas vers le négationnisme ». Non seulement les contributeurs de lundi.am imputent à Claude El Khal, et par extension au Média, la commission d’un crime puni par le code pénal, mais ils ajoutent une injure infâme à la diffamation caractérisée en sous-entendant que le travail de l’un de nos collaborateurs pourrait aboutir « un jour à une ignominie semblable sur La Ghouta ou Alep si l’on n’y prend pas garde ». Eh bien non, c’est maintenant clair, ce n’est pas Le Média qui prône l’intensification de la guerre et l’aggravation des violences contre les civils.

      Au fond, chers lecteurs de lundi.am, vous le voyez : les contributeurs qui nous ont injurié ont pris leur désir pour des réalités et leurs préjugés pour des arguments. C’est pourquoi nous voulons faire connaître notre position, de manière à ne pas vous laisser être insultés par la médiocrité du travail fourni par ces personnages.

      https://lemediapresse.fr/syrie/lundi-am-et-bhl-convergence-des-luttes

  • En désaccord avec le traitement médiatique du conflit syrien, Nöel Mamère quitte Le Média — RT en français
    https://francais.rt.com/international/48352-desaccord-traitement-conflit-syrien-depart-mamere-media

    Une première raison avancée qui est suivie par une seconde, d’une autre nature : « Je n’accepte pas qu’on établisse un parallèle dans le conflit syrien meurtrier, entre les responsabilités du "boucher de Damas" et celles de ses opposants. » Une attaque à peine voilée contre l’analyse du chroniqueur spécialiste du Moyen-Orient du Média, Claude El Khal, au sujet de la situation dans la région syrienne de la Ghouta orientale, thème principal du journal télévisé de 20h diffusé le 23 février.

    Etonnant cette soudaine hyper-sensibilité d’un homme qui a vécu, comme tout le monde, environ un demi-siècle avec le pouvoir Assad en Syrie sans que cela ne le bouleverse outre mesure... Je vois sur sa fiche Wikipedia qu’il est en politique depuis 1988 après avoir été journaliste. Il devait être au courant tout de même ! Par ailleurs, sa participation au « Média » doit-elle être remise en cause à cause d’un désaccord sur une chronique (pourtant fort prudente à mon avis) à propos d’une question qui n’est tout de même pas centrale par rapport à son engagement, enfin j’imagine. Etrange tout de même cette brusque passion de #syrie aujourd’hui...

    • J’ai assisté à cette chronique, exceptionnellement, chronique qui reprenait essentiellement les faits relatés par Robert Fisk.

      J’ai trouvé cette chronique vraiment équilibrée.

      Noël Mamère est bizarre, sur ce sujet. Je n’ai pas entendu son argumentation, mais bon sang, il lui faut quoi ? On n’a plus le droit de dire que Al Qaida, ce sont des gros méchants ? Finalement, Assad, c’est pire que Al Qaida ? Il est capable, lui, de faire un classement dans l’horreur ? 6 ans que ça dure, et que l’Occident entretient le conflit (en dépit des pertes humaines odieuses)... encore maintenant, par exemple en incitant les Kurdes Syriens à ne pas s’entendre avec Assad... Mais c’est toujours Assad le « méchââânt », et l’armée de Assad, y sont rien que des nazis méchants transformés en démons décérébrés pour conquérir le monde !...

      Ils sont désespérants. Noël Mamère aussi. Il va finir oublié, comme Cochet et quelques autres qui confondent équilibre et... sentimentalisme.

      Il était où Noël Mamère au moment de la destruction de Mossoul il y a quelques mois ? Pourquoi est-ce que l’OSDH n’a pas décompté les morts à Mossoul ? Parce que cépapareil ?

    • Il se trouve que je l’ai regardée aussi (grâce à SeenThis, signalé je crois me souvenir par @Palestine). Très équilibré, de fait, trop même à mon goût dans le genre si je dis du mal des Israéliens il faut tout de même que j’en dise un peu des Palestiniens. Mais, de fait, pas le gloubi-boulga qu’on martelle depuis des jours. Quiconque à jamais les pieds dans la région rigole quand on compare la densité d’Alep à celle de la Ghouta à cet endroit, après des années de guerre. M’enfin...

    • Très équilibré, de fait, trop même à mon goût dans le genre si je dis du mal des Israéliens il faut tout de même que j’en dise un peu des Palestiniens.

      J’y ai pensé à ce « renvoi dos à dos gage d’équilibre », mais ce n’est évidemment pas tout à fait pareil dans ce contexte. Les « pauvres-rebelles-syriens » sont tout de même bien mieux équipés et soutenus que les « palestiniens-pas-tout-a-fait-innocents ».
      L’équilibre du commentaire à mon sens était plutôt du type : « la guerre, c’est vraiment moche, et les deux partis participent à égalité dans cette guerre ».

    • Justement, ce matin, j’avais envie de poster un message sur le thème : « J’ai comme l’impression qu’une campagne va bientôt démarrer pour faire virer Claude El Khal de Le Média. » Parce que je voyais monter les messages indignés du fan club de la rébellitude syrienne après sa chronique, je sentais le truc monter.

      Ça n’aura donc pas traîné.

    • Article de Patrick Cockburn, avec témoignages des deux côtés

      Trapped in eastern Ghouta: How both sides are preventing civilians escaping the horror in Syria siege | The Independent
      http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/eastern-ghouta-syria-civilians-deaths-trapped-damascus-siege-assad-re

      What does emerge is that the armed opposition groups in Eastern Ghouta as well as the government have been stopping people leaving. This is confirmed by a UN-backed report called Reach, which says: “Women of all ages, and children, reportedly continued to be forbidden by local armed groups from leaving the area for security reasons.” This has been the pattern in all the many sieges in Syria conducted by all sides who do not want their own enclaves depopulated and wish to retain as much of the civilian population as possible as human shields.
      […]
      But there is another reason why people fleeing Eastern Ghouta might be in danger in government held-Damascus. Seven years of civil war has ensured that Syrians on different sides, many of whom will have lost relatives in the violence, regard each other with undiluted hatred. In Damascus, the shellfire and bombing are largely by the government into rebel areas, but there is also outgoing fire from Eastern Ghouta, mostly from mortars, into government-controlled districts.

    • @biggrizzly Non, tu n’as pas besoin d’avoir un CV impeccable pour l’ouvrir. Comme tu le sais, tu as besoin d’être impeccable si tu décides d’aborder la Syrie d’une manière à peine hétérodoxe. Autrement tout te sera pardonné.

      C’est le principe du character assassination. On lui reproche des choses qui n’ont rien à voir avec la Ghouta, alors qu’il est clair que c’est à cause de ce qu’il a dit sur la Ghouta qu’on veut le faire virer.

      Si on prend le CV de François Burgat et Romain Caillet, ils ont quand même pondu un texte utilisant leur vernis universitaire à l’époque, prétendant démontrer que Nusra n’existait pas, et que les attentats revendiqués par Nusra, en réalité, avaient été commis par le régime lui-même, sous faux-drapeau, pour accuser les rebelles.
      http://ifpo.hypotheses.org/3540
      Wladimir Glasman, Hénin et Filiu ont également largement joué de la corde paranoïaque sur la Syrie.

      Je veux dire : je ne crois pas avoir vu personne reprocher à Burgat et Caillet leurs « positions pour le moins… étranges » à propos de la Syrie à chaque fois qu’ils l’ouvrent. Bon, Colonel Salafi a eu droit à un traitement spécifique pour sa fiche S, mais personne ne lui avait alors reproché les positions complotistes de cet ancien article. Et aujourd’hui, Conspiracy Watch participe au character assassination d’El Khal directement dans le flux Tweeter de Caillet, comme quoi il y a du complotisme qu’on a le droit, même pour un sujet aussi sensible que le jihadisme en Syrie.

    • Claude El Khal
      ‏3 hours ago

      Quand autant de gens malhonnêtes s’emploient à vous lyncher, c’est que vous avez raison. Ils utilisent les méthodes les plus abjectes pour vous faire taire. Mais ce néo-maccarthysme ne passera pas. Et je ne me tairai pas. Merci à celles et ceux qui me soutiennent ! #NoPasaran

    • Lundi matin hurle avec la meute !

      Quand on en est à colporter les propos de Raphaël... Enthoven sur Twitter et à s’en faire le messager c’est qu’on est en plein « naufrage » dixit Sarah Kilani et Thomas Moreau sur Lundi matin . @colporteur
      Pour ma part il me semble qu’il y autant de fanatiques en ISraël qu’en ISIS ; et ceci ne relève pas de la théorie du complot :)

    • Comment Mathilde s’est pris les pieds dans le tapis...

      FranceQ a donc confié la tâche de l’estocade anti LeMedia à une jeune chroniqueuse des Matins, Mathilde Serrell.

      A priori, les vieux routiers de l’info FranceQ ont préféré s’abstenir, ... pour le moment.
      Cette jeune journaliste est donc revenue, ce matin, sur la « démission » de Noël Mamère, laquelle fut annoncée sur cette chaîne de radio publique.
      Et voilà que notre Mathilde s’est pris les pieds dans le tapis.
      Elle aussi, à son insu, est victime des techniques de persuasion clandestine utilisées par les « mass media indépendants ».
      En effet, pour défendre Noël Mamère et ses arguments, elle reprend la vision dichotomique du conflit syrien : le méchant dictateur qui bombarde les gentils « rebelles » encerclés dans la Ghouta. Et elle sous entend que Claude Elkhal se situerait plutôt du côté du fils Assad (dur, dur, pour quelqu’un qui combattit les armées du père Assad au sein de l’armée libanaise...).

      https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-culturel/le-billet-culturel-du-mercredi-28-fevrier-2018

      Claude Elkahl a bien pris soin de rappeler que les « rebelles » en question étaient des groupes affiliés au Djihad et à Al Quaïda. Et, (ne te vexe pas Mathilde), je fais davantage confiance à Claude Elkhal qu’à toi pour définir plus avant la véritable nature de ces « rebelles ».
      Donc, Claude ne veut point diffuser d’images se rapportant à ce conflit sans pouvoir vérifier l’origine de ces images vidéo. Il redoute de se faire manipuler tout autant par les media du complexe dictatorial russo-syrien que par ceux des groupes djihadistes
      Il ne prend pas parti pour un clan ou un autre, il en revient simplement aux fondamentaux de son métier de journaliste...

    • La nouvelle Inquisition et les moukhabarat parisianistes
      https://seenthis.net/messages/673469

      ISISRAEL et les articles sur la Daech conspiracy

      Avant tout, je me dois de préciser que le jeu de mots et les articles en question ne sont en rien liés. Le jeu de mots déniché par les inquisiteurs pour me faire passer pour un antisémite a été publié sur les réseaux sociaux pendant la guerre contre Gaza en 2014. Les massacres de civils commis par l’armée israélienne dans cette prison à ciel ouvert qu’est la bande de Gaza n’ont rien à envier, à mes yeux, aux méthodes barbares de Daech (ISIS). Les crimes commis par Tsahal contre la population civile palestinienne ont été documentés et dénoncés par tous les organismes internationaux, les organisations de défense des droits de l’homme, la presse de gauche israélienne et de nombreux citoyens et artistes israéliens, comme la regrettée Ronit Elkabetz.

      On peut trouver le jeu de mot excessif, on peut en débattre, mais l’utiliser pour m’accuser de telle ou telle chose n’est rien d’autre que de la diffamation. Ils auraient pu dénicher d’autres jeu de mots de la même facture qui dénonçaient les exactions du régime syrien, comme Bachar d’assaut ou Blood Baath, ou même Bilad el Shame. Mais non, ils ont précisément choisi ISISRAEL pour leur entreprise de character assassination.

      Par ailleurs, on peut se demander en quoi ce jeu de mots qui les choque tant est plus grave que le négationnisme de Benjamin Netanyahu qui a osé déclarer en octobre 2015 qu’Adolf Hitler ne voulait pas exterminer les Juifs. Curieusement, les hurleurs d’aujourd’hui n’ont pas poussé des hauts cris comme ils auraient dû le faire face aux propos scandaleux du Premier ministre israélien. Moi, par contre, je l’ai dénoncé avec force dans une note intitulée When Netanyahu absolves Hitler.

      Quant aux articles sur la Daech conspiracy, ils ont été écrits après que l’organisation terroriste s’est implantée au Liban, au su et au vu de toute la communauté internationale, sans que celle-ci ne bouge le petit doigt pour l’en empêcher. Si Daech, comme le prétendent encore certains, n’a existé que pour combattre le régime syrien, pourquoi s’est-il implanté au Liban ? Je me suis donc penché sur le sujet et cherché à comprendre.

      Le Liban est entouré par la Syrie et Israël, qui ont chacun de leur côté cherché à le dominer et à détruire tout ce qui leur résistait. Ils l’ont parfois fait de concert, comme le 13 octobre 1990, quand l’aviation syrienne, chapotée par l’aviation israélienne, a bombardé ce qu’on appelait alors le « réduit chrétien » et mis fin au rêve d’indépendance des Libanais.

      Israël n’est pas un ami du Liban – c’est le moins qu’on puisse dire. Depuis que je suis né, il y a déjà 50 ans, l’état hébreu bombarde régulièrement la population civile libanaise. Pendant les cinq décennies qui nous séparent de ma naissance, l’armée israélienne a envahi le pays des cèdres à plusieurs reprises, l’a occupé pendant plus de vingt ans, y a créé une milice qui n’avait rien à envier à celle qui a sévi en France durant l’occupation allemande (souvenez-vous de la prison de Khiam), y a commis de nombreux massacres (peut-on oublier Cana ?), a pillé ses ressources naturelles (notamment l’eau du Litani), et violé un nombre incalculable de fois sa souveraineté, ses eaux territoriales et son espace aérien.

      Les terroristes de Daech, venus de Syrie, sont entrés au Liban dans un silence international assourdissant. Et Israël, d’habitude si soucieux des organisations paramilitaires qui s’implantent au Liban, et qui n’hésite jamais à les dénoncer et à les attaquer, n’a ni moufté ni bronché. De quoi se poser des questions. Des questions légitimes que je me suis évidemment posé, tout comme bon nombre de Libanais.

      J’ai donc fait des recherches et posé la problématique dans un premier article : What’s Daech doing in Lebanon ? Dans cet article, j’ai cité, entre autres, une source attribuée à Edward Snowden (en précisant qu’elle n’était pas vérifiée), et une correspondance attribuée à David Ben Gourion et Moshe Sharett qui préconisait la division du Moyen-Orient en mini-états confessionnels, que Daech a mis en œuvre en créant un mini-état sunnite à cheval entre l’Irak et la Syrie. Dans un second article, qui faisait suite au premier, j’ai écarté ces deux éléments – la source attribuée à Snowden s’étant révélé être une fake news, et je n’avais pas pu vérifier la véracité de la correspondance entre Ben Gourion et Sharett.

      Ne pouvant, en toute honnêteté, rien affirmer, j’ai posé des questions légitimes et claires. Mais ma réflexion sur les origines de la création de Daech ne s’est pas limitée à ces questions auxquelles je n’ai pas encore trouvé de réponses, et à Israël. J’ai exploré d’autres possibilités et écrit plusieurs articles sur le sujet (Daech est sans doute le sujet que j’ai le plus traité sur mon blog), dont l’un s’interroge sur le parallèle géopolitique troublant entre la montée du nazisme en Europe et du daechisme au Moyen-Orient : History repeating ?

      Mais pour Éric Naulleau ou Raphaël Enthoven (pour ne citer qu’eux, le second étant plus fin que le premier qui a implicitement demandé mon renvoi du Média), la lecture ne peut être que franco-française, voire parisiano-parisienne. Leur monde, c’est Paris et ses plateaux télé. Pour eux, je ne suis peut-être qu’un Arabe sans grande importance, sans Histoire et sans passé. Qui n’a pas le droit à sa singularité, voire son individualité, et surement pas à sa liberté de penser, de s’interroger et de s’exprimer en dehors de leurs clous à eux.

      Je leur rappelle, ainsi qu’à tous les autres, que j’ai combattu l’occupation de mon pays par une armée étrangère, les milices totalitaires qui y régnaient en maître et le régime policier qui y sévissait, que j’ai risqué ma vie pour avoir le droit d’être libre et de m’exprimer comme bon me semble. Avant de m’interpeller du haut de leur célébrité et me jeter à la gueule toutes sortes d’anathèmes, qu’ils me montrent donc leur CV, qu’ils me fassent part de leurs combats et des risques qu’ils ont pris pour défendre leurs idées, qu’ils me démontrent ce qui leur donne le droit de me juger !

      Bref. Tout ce que j’ai écrit n’a rien à voir avec le complotisme (quel mot imbécile pour faire taire celles et ceux qui osent questionner les versions officielles des gouvernements, comme si ces derniers ne mentent jamais) et l’antisémitisme. Prétendre que je suis antisémite est aussi ridicule que d’affirmer que je mesure 1m90, que je suis blond aux yeux bleus et que je chausse du 54. Et surtout, de par mon passé, de par mes amitiés et mes amours, cette accusation m’est insupportable. Tout futur accusateur devra en répondre devant la justice française.

      Quant au complotisme, on m’accuse d’être un partisan de la théorie du complot liée aux attentats du 11 septembre (the 9/11 conspiracy explained in less than 5 minutes). Ils ont balayé d’un revers de main méprisant l’explication que j’ai donnée sur Twitter, qui disait que c’était de l’humour et du second degré. Mais si ces inquisiteurs à la petite semaine avaient fait correctement leur sale boulot, ils auraient trouvé d’autres notes de blog qui se moquent des théories du complots : The Gay conspiracy, The iPhone X anti-Lebanese conspiracy, Red Moon : the communists are taking over the heavens, sans oublier Le complot dont personne ne parle, celui de mes voisins du dessus qui ne font du bruit que lorsque je me mets à écrire !
      Claude El Khal

      @colporteur

    • Soutien et Total Respect à Claude El Khal ! Son intervention pour refuser la dictature si facile de l’opinion dominante m’a convaincue. Parce que je suis contre ceux @ colporteur « qui ont jeté aux chiens l’honneur d’un homme ».

      J’ai dit au cours d’un débat téléphonique sur France culture diffusé ce matin : « Il n’y a rien de plus similaire à une image de guerre qu’une autre image de guerre ». Voici un exemple en deux images, l’une a été prise en #Syrie et l’autre en #Irak (les deux nous viennent de l’AFP)


      Conclusion hallucinante de la présentatrice qui invitait Claude El khal ou plutôt le prenait en tenaille : "Faisons confiance aux journalistes...". Puis, juste après, le slogan de la station "FranceCulture, l’esprit d’ouverture"...
      sauf aux critiques du journalisme !

      #Syrie #meute_médiatique #character_assassination #attaques_en_diffamation #lynchage_médiatique_parisianiste
      #nouvelle_inquisition #police_de_la_pensée_dominante
      #bouffon_c'est_celui_qui_dit_qui_y_est !

    • « Le Média » est sur la bonne voie. Le journal du vendredi 2 mars était excellent, et en progrès sensible. Les interviews- chloroforme de Noël Mamère ne manqueront pas à la qualité de son contenu, et son départ, ainsi que les volte-face d’autres représentants de la mouvance ex-PS ne soulignent, une fois de plus, que l’instabilité de leurs opinions.

      Bon Vent ! aussi à

      – Aurélie Filippetti
      – Gérard Mordillat (dommage !)
      – Patrick Pelloux
      – François Morel et Judith Chemla
      – Cécile Amar de L’Obs
      – Edouard Perrin de Cash investigation
      – Giovanni Mirabassi et Médéric Collignon.

      Les rats quittent le navire ?
      La ligne de flottaison n’en sera que plus haute !  ;)

  • Ecriture inclusive : « La langue façonne-t-elle les mentalités ou les mentalités façonnent-elles la langue ? » (une heure filmée, not bad)
    http://lemonde.fr/societe/article/2017/10/12/en-direct-qu-est-ce-que-l-ecriture-inclusive_5200044_3224.html

    Ses fervents défenseurs y voient une manière de respecter l’égalité entre les sexes. Ses opposants, eux, lui reprochent d’appauvrir la langue, de la rendre illisible. Depuis mars dernier et la parution d’un manuel scolaire aux éditions Hatier, l’écriture inclusive est revenue au centre de discussions entre linguistes et politiques et divise l’opinion, notamment sur les réseaux sociaux. Pourtant, si le débat s’est souvent concentré sur le « point médian », lequel permet l’emploi du masculin et du féminin dans un même mot, l’écriture inclusive repose sur d’autres principes, qui ouvrent un débat plus large : notre langage façonne-t-il le monde ou le monde façonne-t-il notre langage ?
    Richard Herlin, correcteur au Monde et coanimateur du compte Twitter@LeMonde_correct, a fait le point sur ce type d’écriture (...).

    Prêt.e.s. pour l’écriture inclusive ?
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/13/pret-e-s-pour-l-ecriture-inclusive_5200180_3232.html

    Sophie Le Callennec, professeure d’histoire-géographie, ne s’y attendait pas. Son nouvel ouvrage Questionner le monde (Hatier, 160 pages, 13,90 euros), destiné au cours élémentaire (CE2), a été éreinté à la rentrée dans plusieurs journaux, émissions et sites qui lui reprochent de féminiser les métiers et la syntaxe, et de pratiquer « l’écriture ­inclusive » – c’est-à-dire incluant des ­signes graphiques permettant de ­visualiser la présence des femmes.

    Le Figaro du 6 octobre a dénoncé en « une » un « délire » et parlé de « charabia ». Le collectif La Manif pour tous Paris a publié, le 25 septembre, un tweet féroce : « Après avoir tout détruit, les pédagogos tentèrent des expériences sur nos enfants… »

    Le 26 septembre, sur Europe 1, le philosophe Raphaël Enthoven avait pour sa part pourfendu une « agression de la syntaxe par l’égalitarisme » et une « novlangue » ­digne du roman 1984 : « Partant du principe qu’on pense comme on parle, c’est le cerveau qu’on vous lave quand on vous purge la langue. »

    Quid de l’apprentissage du français ?
    Ouvrons Questionner le monde… ­Didactique, illustré, l’ouvrage explique avec clarté, à travers des définitions courtes, des questionnements et des exercices, les attendus du programme du CE2 : initiation à l’histoire, à la géographie et au monde du vivant.
    Sophie Le Callennec le reconnaît, elle a pris soin de « respecter l’égalité de traitement entre les genres » pour répondre à la volonté de l’éducation nationale de développer un « enseignement moral et civique » qui soit « non sexiste ». Elle a donc « équilibré le nombre d’hommes et de femmes », écarté les « clichés sur les métiers masculins et féminins » et utilisé l’écriture inclusive.
    On croise ainsi dans le manuel Jeanne d’Arc et Marie Curie ; on voit des filles faisant du judo ; on signale l’existence des suffragettes et des « député.e.s » ; on feuillette des pages titrées « Les artisan.e.s » ou « Les savant.e.s au fil du temps » pour rappeler que les femmes travaillaient aussi.
    Si cette approche égalitaire peut être louable dans son intention, on éprouve une gêne à la lecture de certains passages
    Pourtant, si cette approche égalitaire peut être louable dans son intention, on éprouve une gêne à la lecture de certains passages. On trouve, par exemple, dans une « boîte à mots » destinée à enrichir le vocabulaire des élèves cette définition : « Un.e paysan.ne : un.e agriculteur.rice qui vit simplement ». Comment prononcer une telle phrase ? Ne va-t-elle pas compliquer l’apprentissage du français pour des enfants de 8 ans ?
    Sophie Le Callennec se défend. Pour écrire son manuel, à la demande de l’éditeur, elle a tenu compte des recommandations du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes publiées, en novembre 2015, dans un Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe.
    Il préconise dix règles, parmi lesquelles la féminisation des métiers, des titres et des grades (« madame la présidente »…), l’usage du féminin et du masculin dans les messages publics (« les électeurs et les électrices » plutôt que « les électeurs »…), l’utilisation du neutre dès que possible (« on », « le corps professoral »…), et de pratiquer des inclusions pour rappeler la présence sous-jacente des femmes (« les avocat.e.s »…).

    L’Académie française inquiète
    « Agriculteur.rice » s’explique par cette raison. L’écriture inclusive autorise de nouvelles formes d’abréviation. « Au lieu de répéter à chaque fois “les agriculteurs et les agricultrices”, explique Sophie Le Callennec, nous abrégeons. »
    Certaines expressions peuvent dérouter, admet-elle, tout en ­estimant qu’elles deviendront un jour naturelles : « Des journaux comme Les Inrockuptibles, de nombreuses associations, les textes officiels, les utilisent de plus en plus. Nous allons nous habituer, la langue va évoluer. Aujourd’hui, dire “une magistrate” ne dérange plus grand monde, demain on acceptera “magistrat.e.s”. »
    Cela inquiète l’Académie française. Dans un texte d’octobre 2014 intitulé « La féminisation des noms de métiers, fonctions, grades ou titres », elle rappelle qu’elle rejette tout « esprit de système » tendant à féminiser les professions, et qu’il existe en français un « genre marqué », le féminin, et un « genre non marqué », le masculin – à valeur générique.
    Voilà pourquoi, explique-t-elle dans ses « Questions de langue », où elle traite en ligne des litiges linguistiques, l’expression « groupe d’étudiants » – et non « d’étudiant.e.s » – peut désigner une réunion d’hommes et de femmes : elle n’est pas privative, comme l’est un « groupe d’étudiantes ». L’Académie ajoute qu’il est « redondant » d’écrire à chaque fois « les électeurs et les électrices », quand « les électeurs » suffit. Pour les mêmes raisons, l’écriture inclusive est inutile.

    Supériorité masculine
    L’Académie estime qu’une phrase comme « Les électeurs/électrices du boulevard Voltaire sont appelé(e)s à ­voter dans le bureau 14 » ne tient pas compte du genre marqué, alourdit la syntaxe et contrevient à « la règle traditionnelle de l’accord au pluriel » qui veut que le masculin l’emporte sur le féminin.
    Elle avance qu’une telle pratique « pourrait aboutir à de nombreuses ­incohérences linguistiques » – c’est ce qu’entend montrer cette version ­moqueuse de la fable Le Corbeau et le ­Renard qui circule sur le Net : « Maître.sse Corbe.au.lle sur un arbre perché.e. Tenait en son bec un fromage. Maître.sse Renard.e par l’odeur alléché.e… »
    Professeure émérite de littérature de la Renaissance, Eliane Viennot a dirigé l’ouvrage L’Académie contre la langue française (iXe, 2016), cosigné par plusieurs linguistes et sémiologues. Leur thèse : l’Académie nous trompe, le ­français n’a pas toujours valorisé la prédominance du masculin.
    « Jusqu’au XVIIe siècle, les noms des métiers et des dignités exercées par des femmes étaient au féminin », rappelle Eliane Viennot. On disait alors « charpentière », « prévôte » ou « moissonneuse ». La règle d’accord de proximité voulant que le dernier mot l’emporte, et non le masculin, était courante. Mais elle a finalement été ­remise en cause puis abolie par l’Académie au nom de la supériorité masculine. En 1651, le grammairien Scipion Dupleix, « conseiller du Roy », édicte : « Parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut seul contre deux ou plusieurs féminins. »

    Nombreux litiges
    « Depuis, alors que la société a changé, l’Académie résiste, et l’effacement du ­féminin continue. Elle voudrait qu’on dise “le juge est en congé maternité” ! », assure Eliane Viennot.
    Elle défend donc le retour à la féminisation des métiers, mais aussi un « usage restreint de l’écriture inclusive, au plus près de la langue. Je m’élève contre “agriculteur.rice” par exemple, le mot est trop compliqué. Il faut utiliser le point pour féminiser les terminaisons simples, et une seule fois. » Mais pour l’instant, plusieurs formes d’inclusion cohabitent, au risque d’y perdre son latin.
    Chez Act Up, par exemple, on utilise le E majuscule. On écrit : « SéropositifVEs et maladEs du sida, nous sommes de plus en plus nombreuxSES ». Jacques Pisarik, le cosecrétaire général de l’association, défend ce choix : « Nous avons utilisé le E majuscule pour prévenir que les femmes n’étaient pas à l’abri de l’épidémie. » Il reconnaît toutefois que cette féminisation ne va pas toujours de soi : « Nous nous sommes retrouvé.e.s avec des mots difficiles comme “sans-papièrEs” ! »
    De nombreux litiges subsistent sur les usages, comme le montre le docteur ès lettres de l’université de ­Genève Daniel Elmiger dans son article « Binarité du genre grammatical - binarité des écritures ? » (Mots. Ecrire le genre, 2017, n° 113). Faut-il utiliser le point, le point milieu, à mi-hauteur, ou le point médian, plus gras : c’est-à-dire écrire « les salarié.e.s », « les salarié·e·s » ou « les salarié.e.s » ? Certain.e.s utilisent la barre oblique (« / »), le trait d’union (« - ») ou la parenthèse au lieu du point, ce qui donne, au choix : ­élu/e/s, élu-e-s, élu-es, élu(e)s.
    Des linguistes soulignent une autre difficulté : « Au niveau textuel, les protocoles rédactionnels de féminisation sont plus retors encore : que faire des reprises pronominales (il/elle/s, ils/elles) ? des déterminants au singulier (le/la professeur) ? » La critique d’art Elisabeth Lebovici, qui a rédigé un essai ­entier en inclusif, Ce que le sida m’a fait (JRP Ringier, 320 pages, 19,50 euros), soulève la question des personnes qui ne se reconnaissent dans aucun genre : elle préconise d’utiliser alors les pronoms « iel » ou « ille » – au pluriel « iels » ou « illes ».

    Une « histoire de fous ! »
    Que pensent de l’écriture inclusive des écrivaines réputées pour leur style ? Nous avons posé la question à Catherine Millet et Cécile Guilbert.
    La première parle d’une « histoire de fous ! » : « Ils nous disent que le langage nous affecte inconsciemment, et qu’il faut le changer. Je dis : ne touchez pas à mon inconscient ! » A propos des inclusions dans les mots : « J’ai essayé d’en prononcer certains. C’est infernal ! La dictée devient impossible. Ce n’est pas un langage oral, or l’oralité vient avant l’écriture. » Sur les clichés et les mots ­féminins : « Allez savoir pourquoi certains mots sont ­féminins ou masculins ? Vous croyez qu’on dit “tablette” parce que c’est un petit ordinateur, donc elle est au féminin ? Et la loi, alors, pourquoi est-elle ­féminine ? »
    Pour Catherine Millet, quelques noms de métiers ­féminisés resteront peut-être, mais elle ne croit pas aux « directives linguistiques » : « Le langage se renouvelle à l’usage. Il tranchera. Cela ne se fait pas de manière autoritaire ! »
    Cécile Guilbert estime aussi que des règles imposées sont absurdes parce que la langue évolue d’elle-même, en liberté, mais aussi grâce aux écrivain.e.s. « Ce que perdent de vue les féministes à front de bœuf, les technocrates, les ­apprentis sorciers (sorry, je devrais écrire “sorcie.è.res”) du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, c’est que si le langage est l’affaire de tous, en tant qu’instrument de communication, la langue est celle de quelques-uns. En l’occurrence des écrivains qui – comme l’a écrit magistralement Proust pour ­ définir la littérature – écrivent “dans une sorte de langue étrangère” : manière de dire qu’ils s’en emparent et peuvent lui faire tout ce qu’ils veulent du moment qu’ils la font jouir. »
    Que répond Eliane Viennot à ces critiques ? « Pas de faux procès, nous ne voulons rien imposer en littérature ! Nous parlons des sciences humaines, des textes officiels, scolaires ou journalistiques, qui cherchent l’exactitude. Pour éviter la cacophonie, il faut établir des conventions, elles sont en cours d’élaboration, nous sommes encore en phase d’expérimentation… » Jusqu’où celle-ci ira-t-elle ? Catherine Millet nous met en garde : « Attention aux nouvelles “Précieuses ridicules” ! »

    #Écriture_inclusive #point_médian

  • De la philosophie des anagrammes
    https://www.franceculture.fr/theme/anagrammes

    Loin de secréter quelque sens caché du monde, les anagrammes consistent d’abord et avant tout à jouer avec la matrice orthographique des mots. Cette saine occupation ne donne pas toujours de bons résultats, mais il arrive qu’elle produise des pépites si fascinantes qu’elles nous rendent kabbalistes à l’insu de notre plein gré.

    Invités : Raphaël Enthoven et Jacques Perry-Salkow, auteurs de Anagrammes pour lire dans les pensées (Actes Sud, 2016).

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13957-08.07.2017-ITEMA_21381994-0.mp3

    #anagrammes #ironèmes #jeux_de_mots

  • Raphaël Enthoven s’inquiète des dérives de l’oligarque François Ruffin - SERPENT - LIBERTAIRE
    http://serpent-libertaire.over-blog.com/2017/07/raphael-enthoven-s-inquiete-des-derives-de-l-oligarque

    Raphaël Enthoven, professeur de philosophie médiatique, anime (entre autres) une chronique quotidienne sur Europe 1, « La morale de l’info ». Il est …

  • Explication de texte. Le 27 juin, jour de la rentrée parlementaire, un rassemblement contre le nouveau projet de « Loi travail » était organisé à proximité de l’Assemblée nationale, auquel ont participé les élus de la #France_insoumise, revêtus de leur écharpe de député. Parmi eux, #François_Ruffin, qui a, comme à son habitude lors des manifestations auxquelles il participe, vendu le journal #Fakir, dont il est rédacteur en chef, à la criée. C’est tout ? C’est tout.

    Taquiné, voire moqué sur #Twitter à propos de cette indignation pour le moins rocambolesque, Raphaël Enthoven, refusant de renoncer à sa posture de chevalier blanc de la lutte pour la transparence, s’est défendu dans de nombreux tweets, jusqu’à dénoncer, donc, un « conflit d’intérêt à la tête de l’État ».

    Qu’on se le dise : les oligarques des médias du type Ruffin, qui cumulent influence politique et influence médiatique, n’ont qu’à bien se tenir ! Raphaël Enthoven, salarié de la coopérative Lagardère, propriétaire des médias alternatifs Europe 1, le JDD et Paris Match, et dont l’indépendance, voire l’hostilité, à l’égard des pouvoirs publics n’est plus à prouver, veille au grain.

    Julien Salingue

    #éditocrate
    http://www.acrimed.org/Raphael-Enthoven-s-inquiete-des-derives-de-l

  • Anne Hidalgo et la Licra en croisade contre la non-mixité - regards.fr
    http://www.regards.fr/web/article/anne-hidalgo-et-la-licra-en-croisade-contre-la-non-mixite

    Certains, qui n’ont jamais eu besoin de lutter pour leur émancipation et pour l’égalité, ont trouvé un nouveau passe-temps : chercher quel événement organisé par et pour les personnes racisées ils vont pouvoir attaquer. L’été dernier, le camp décolonial de Reims avait donné des haut-le-cœur aux antiracistes spécialistes ès "racisme anti-blancs" (camp qui, au demeurant, avait réuni 170 personnes). Cette année, c’est donc au tour du collectif Mwasi d’en faire les frais. En cause : l’organisation du "Nyansapo Fest", un "festival afroféministe", à Paris du 28 au 30 juillet.
    Anne Hidalgo dans la foulée de la fachosphère

    Concrètement, ce festival se décompose en quatre espaces : un premier réservé aux femmes noires, un deuxième aux personnes noires, un troisième aux femmes racisées et un dernier ouvert à tout le monde, comme il est clairement indiqué sur la brochure du programme.

    Le 26 mai, sur le forum de jeuxvideo.com, la fachosphère organise la fronde pour dénoncer cet événement. Et les dominos tombent. Fdesouche et le FN d’abord. Puis la Licra s’en fait l’écho, osant sur Twitter un « Rosa Parks doit se retourner dans sa tombe ». Enfin viennent Ni putes ni soumises, SOS Racisme, la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH), Raphael Enthoven, Joann Sfar, etc.

    Mais c’est surtout la vive réaction d’Anne Hidalgo, en sa qualité de maire de Paris, qui a le plus surpris. Via Twitter, elle « condamne avec fermeté l’organisation à Paris de cet événement "interdit aux blancs" », en « demande l’interdiction », annonce « saisir le Préfet de police en ce sens » et se « réserve également la possibilité de poursuivre les initiateurs de ce festival pour discrimination ».

    • Arrêter Madame Hidalgo vous ne connaissez rien du racisme ordinaire qu’une femme noire - ou métis subit au quotidien à Paris et en IDF, et quand plusieurs femmes noires parlent ensembles on sent suinter un mépris des blancs et des blanches autour d’elles qui est insupportable. Alors posez vous les bonnes questions, ne jouez pas au jeu du FN et d’une LICRA radi-laïqualiser, laissez les s’exprimer sans contrainte, et méditez aussi la position du CRAN : « Quelle hypocrisie ! Personne n’est choqué par une autre non-mixité, celle qui est omniprésente dans les milieux des dominants. Ils cultivent l’entre-soi comme une stratégie de domination, en restant dans un monde d’énarques qui est masculin, quinquagénaire et bourgeois. Nous le faisons sur une autre logique, celle de l’ “empowerment”, en nous fondant sur le principe du “For us, by us”… et nous suscitons les critiques ! »

  • L’abstention : « Il va falloir que je pense à gouverner, un de ces jours »
    http://www.regards.fr/web/article/l-abstention-il-va-falloir-que-je-pense-a-gouverner-un-de-ces-jours

    C’est la grande inconnue d’une présidentielle dont elle devrait encore sortir gagnante… ou dont elle peut désigner le vainqueur. Qui est-elle, quelle est son analyse de la situation politique ? Confidences exclusives.

    « On me reproche de faire le jeu de Marine Le Pen, mais qui ne le fait pas, aujourd’hui ? »

    Macron vous inquiète ?

    Un peu, je l’admets. Il est tellement creux, avec ce discours d’étudiant en école de commerce exalté, qu’au départ je n’ai pas vu le danger. Pourtant, chez moi on entend souvent « Élections, piège à cons ! », cela aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Il ne faut pas s’étonner que la politique-marketing favorise le produit le mieux emballé. L’avantage de parler comme une publicité, c’est qu’on touche un vaste public. Et Macron, c’est une bonne marque. Moi, ma nature, c’est plutôt "No logo". Il séduit les indécis, mais j’ai bon espoir de les récupérer à l’arrivée...

    • « Certains de mes partisans disent "Plus rien à foutre", d’autres "Tout est possible". »

      Vous arrivez à vivre avec cette idée d’être complice de l’extrême droite ? C’est de la non-assistance à démocratie en danger…

      Remballez votre discours culpabilisateur : si je prospère, c’est aussi parce qu’il ne marche plus. Maintenant, ce sont les votants qui culpabilisent. Il faut les comprendre, avec tous les délinquants qui se présentent, avec toutes les trahisons qu’on leur promet… De toute façon, il est faux de dire que je profite au Front national. Encore une fois, je ne suis pas la cause de la crise démocratique, j’en suis le symptôme. Et que propose-t-on à un pays en manque de démocratie ? Une "dose de proportionnelle" ! En outre, élire un monarque républicain, je ne suis pas sûre que ce soit si démocratique que ça… Surtout quand le "tripartisme" ne laisse le choix qu’entre les lâches, les salauds et les fachos.

      C’est un discours d’extrême gauche, ça !

      C’est parce que je suis jeune (rires). Mon côté anar… Je suis peut-être une force politique qui s’ignore. N’oubliez pas que bien des révolutions ont été lancées par ceux qui ne votaient pas. Certes, ce fut souvent parce qu’ils n’avaient pas le droit de voter.

      Justement, des gens sont morts pour que nous ayons ce droit…

      Je l’attendais, celle-là (soupir). Ceux qui sont morts pour le droit de vote avaient en tête d’obtenir plus qu’une carte d’électeur. Et ils ne pensaient certainement pas mourir pour qu’aujourd’hui Christophe Barbier et Ruth Elkrief se pâment devant le « courage » de François Fillon. Les élections garantissent que rien ne change, sinon en pire. Beaucoup de mes partisans pensent que la révolution ne viendra pas par les urnes, ni par les armes, mais par le bas. Certains disent « Plus rien à foutre », d’autres « Tout est possible » et pour ceux-ci, il n’y aura pas d’élection présidentielle. En attendant ce non-événement, je dois vous laisser : j’ai des week-ends de printemps à organiser.

    • Alors que François Fillon s’écroule, Emmanuel Macron a encore le vent en poupe. Il ne vient pas des partis, se dit ni de gauche ni de droite et fait souffler un vent nouveau sur la politique si l’on en croit certains médias. Mais comment est-il monté si vite, et si haut ? Les vidéastes du collectif Osons Causer décryptent le parcours et l’ascension fulgurante de cet énarque et ancien banquier d’affaires. Ce que le candidat à la présidentielle rappelle, c’est qu’on peut être en dehors des partis et néanmoins au cœur du pouvoir. (Site Mediapart)
      https://youtu.be/V9LbK-QXdYA

    • S’abstenir ? « Aujourd’hui, on nous oblige à sauver la République »
      https://www.arretsurimages.net/emissions/2017-03-10/S-abstenir-Aujourd-hui-on-nous-oblige-a-sauver-la-Republique-id9640

      Coulisses de l’émission, par Anne-Sophie Jacques
      C’était une vieille idée. Une vieille envie. Une envie de novembre. Depuis cinq mois nous voulions disséquer sur notre plateau l’abstention. J’avais déjà repéré, et lu, en 2015 le livre au titre un brin provocateur Les citoyens ont de bonnes raisons de ne pas voter des jeunes sociologues Thomas Amadieu et Nicolas Framont. J’avais rencontré ce dernier autour d’une bière pour discuter de son travail et de son terrain de recherche. Selon lui, les observateurs – et au premier rang les médias – focalisent sur les citoyens qui ne votent pas pour mieux les disqualifier, plutôt que de s’interroger sur la qualité de l’offre politique.

      Framont cite d’ailleurs dans son livre une chronique de mars 2015 de Thomas Legrand : le journaliste de France Inter y juge l’abstention comme étant au mieux de la paresse, et au pire le témoignage d’une irresponsabilité individuelle. Le même Legrand poussera un plaidoyer pour le vote – ou plutôt un réquisitoire contre l’abstention – la veille du premier tour des élections régionales en admettant qu’il se prête au jeu de la leçon de morale ; mais quoi ? Le pays n’a-t-il pas connu les attentats du 13 novembre ? N’est-il pas temps de revenir aux « valeurs de la démocratie » en votant ?

      Au lendemain de ce premier tour, le chroniqueur Raphaël Enthoven s’en prend carrément aux abstentionnistes au micro d’Europe 1. Dans une chronique (qui vole le titre de celle de Legrand – à savoir « Abstention piège à cons ») le philosophe dresse le portrait de l’abstentionniste : « ingrat », « fainéant », « malhonnête », « enfant gâté », « irresponsable », « orgueilleux », « snob ». Cette culpabilisation de l’abstentionniste ne vient pas de nulle part. Il est vrai qu’on nous conditionne au vote depuis l’âge tendre. On ne compte plus les nombreuses campagnes nous invitant à voter, où on nous dit que si je ne vote pas je ne compte pas, ou que mon vote peut décider du destin d’une nation, ou encore que je ne dois laisser personne décider pour moi… c’est d’ailleurs le slogan d’une publicité (assez rigolote) réalisée par le Cidem – nouveau Centre d’information civique – en 2001.

      Notre idée de novembre a ressurgi avec la publication le mois dernier d’un manifeste rédigé par un abstentionniste en chair et en os : Antoine Buéno. Chargé de mission au Sénat auprès du groupe des centristes depuis 2003 – mais aussi une des plumes de François Bayrou pendant la campagne présidentielle de 2007, humoriste, chroniqueur de radio et télé et auteur du remarqué Petit livre bleu qui analyse (et critique) la société des schtroumpfs (ce qui inspira à Alain Korkos une chronique à lire ici) – Buéno ne cache pas militer pour l’abstention, qu’il considère comme une arme de protestation et une preuve d’engagement. Son livre No vote ! déplie ses nombreux arguments.

      Aux côtés de Buéno et Framont, nous avons cherché la voix d’une personnalité politique. Pourquoi Rama Yade ? Parce qu’elle se présente aux élections présidentielles et qu’elle s’adresse justement aux abstentionnistes – aux « oubliés de la démocratie », pour reprendre ses éléments de langage. De fait, pendant le premier quart d’heure de l’émission, Yade parle comme une candidate en campagne. Un peu langue de bois. Puis très vite elle redevient citoyenne et concède que oui, elle se pose également la question de l’abstention, dans l’hypothèse où arriverait en deuxième position n’importe quel candidat face à Marine Le Pen.

      Car ce candidat serait, selon elle, issu d’un parti politique qui justement a favorisé la montée de Le Pen. Des deux violences – la violence d’un Front national qui risque de lâcher des hordes de crânes rasés et provoquer dix, cent, mille Adama Traoré, ou la violence d’un parti qui ne changera strictement rien à la politique néolibérale entraînant de fait un peu plus la déliquescence de notre démocratie – laquelle choisir ? Buéno est clair : il choisit la première. Nos deux autres invités sont comme en suspension. Certes l’émission ressemble parfois à une discussion de café du commerce. Mais en même temps cette discussion nous semble nécessaire. Salutaire. On va devoir faire un choix. Trancher. Et avant cela s’interroger sur la portée de notre vote.

      A l’issue de l’émission, nos invités sont lessivés. Remués, d’avoir été poussés dans leurs retranchements. « A un moment je me suis demandé si on n’était pas en train de déconner » lâche Buéno. Il reste six semaines pour s’en faire une idée.

    • La question fondamentale est : « pourquoi des citoyens renoncent à exercer un droit pour lequel leurs ancêtres se sont souvent battus ? » et aussi « les campagnes institutionnelles qui font du markéting du vote prouvent bien que les responsables politiques savent que le vote n’est plus désiré sans vouloir se poser la question du pourquoi, une fois de plus ».

  • à propos de maillots de bain
    http://www.vacarme.org/article2929.html

    C’était dans la torpeur du quinze août, et Twitter vrombissait d’une question posée par Raphaël Enthoven : « Les partisans du #burkini défendent-ils, au nom de la tolérance qu’ils invoquent, le port du string sur les plages saoudiennes ? ». Je me sentais moins partisan qu’adversaire d’une interdiction dont on a amplement vérifié, depuis, la traduction policière et les effets politiques. Sans polémique, et sans faire bref, la réponse qui suit (à laquelle R.E. a depuis répondu, dans le Huffington Post) tente de déplier l’embarras de cette interpellation.

    Actualités / #Fronts, #Race, #islam, #Voile

  • A propos de maillots de bain. - Lettre ouverte de Matthieu Potte-Bonneville à Raphaël Enthoven

    https://docs.google.com/document/d/1uUKgvUUnqnWkLsem8ATXo2NDMC2Cs2v7KzNGjlyTiSw/edit?pref=2&pli=1

    Paris, le 14 août.

    Cher Raphaël,

    j’ai suivi sur Twitter les polémiques consécutives à la question que tu y as posée : “Les partisans du #burkini défendent-ils, au nom de la tolérance qu’ils invoquent, le port du string sur les plages saoudiennes ?”. Cette question m’ayant travaillé une partie de l’après-midi, je me permets de risquer une réponse, qui n’engage que moi ; tu la trouveras, je le crains, bien piétinante et longue, quand ta question était malicieuse et provocante - mais il est des embarras que cent quarante caractères ne suffisent pas à dissiper. Je tâche tout de même d’aller vite.

    /1/ Première réponse, simple, brève, lapidaire : oui, bien sûr. Oui, factuellement oui. Parmi mes exaspérations et mes colères récentes, figurent en désordre les arrêtés municipaux prescrivant, dans plusieurs villes du sud-est de la France, le port sur les plages de tenues “compatibles avec la laïcité”, mais aussi la confirmation en appel, par la cour d’appel du Caire, des deux ans de prison infligés à l’écrivain Ahmed Naji pour avoir publié les extraits de son roman “l’Usage de la vie”, tableau triste, beau et déchiré de la jeunesse cairote dans lequel figuraient plusieurs scènes sexuelles (on peut en lire un extrait ici : https://www.fidh.org/IMG/pdf/extrait_roman_egypte.pdf ) ; ou encore l’activité, au Maroc, du compte Facebook Aicha Jamal publiant, aux fins d’en dénoncer l’impudeur, les photographies des femmes qui osent bronzer en bikini. Dans ces derniers cas, la manière dont un pouvoir autoritaire s’autorise en Afrique du Nord et au Moyen-Orient d’une référence à la morale religieuse pour exercer sa répression sur ce qui peut être dit et montré des corps (ou la façon dont un groupe de pression tente de susciter pareille réaction) a suscité en moi rage et écoeurement.

    /2/ Tu me diras : c’est de la triche, et tu jugeras peut-être que je réponds à côté. Il n’est en effet question dans ma réponse ni de string, ni d’Arabie Saoudite. Ce, pour une raison simple : je ne connais personne qui se soit récemment risqué à s’afficher en string sur une plage saoudienne (peut-être fais-tu référence à un cas précis que j’ignore, mais m’étonnerait), ce qui ne veut pas dire bien entendu que l’Arabie saoudite ignore les strings et les dessous chics, mais c’est autre chose. Or, c’est ce qui me gêne dans ta question : le fait que celle-ci établisse un parallèle entre un cas empirique (avec son lieu, son temps, ses enjeux locaux, sa sociologie, etc) et un contre-exemple sinon imaginaire, du moins hyperbolique, extrapolé dans une démarche a fortiori - on peut en effet penser que l’obsession saoudienne bien connue pour l’effacement du corps féminin trouverait sa forme aiguë face à toute tentative de bronzer en string et en public.

    Cette abstraction et la double symétrie dont elle s’autorise (trop de tissu / pas assez ; ici / là-bas) me posent plusieurs problèmes. D’abord, elle transforme les décisions municipales récentes en “cas d’école” (ce qui revient à en gommer le contexte, les intentions, la dimension moins éthique que stratégique - j’y reviendrai). Ensuite, elle porte à se demander ce qui te porte au juste à construire pareille comparaison, ce qui ouvre la boîte de Pandore des interprétations. Pour le dire autrement ; tu indiques n’avoir introduit dans ta question aucun sous-entendu, et surtout pas de comparaison déplacée entre les régimes français et saoudiens, et je ne vois personnellement aucune raison de ne pas te faire ce crédit. Il n’en reste pas moins que, justement parce que ta question est à-demi artificielle, on ne peut éviter de se demander ce qui peut justifier de poser le problème ainsi.

    /3/ Le souci, c’est que j’ai beau chercher, aucune des justifications à cette manière de poser le problème ne me convient vraiment. Par exemple :

    S’agit-il de comprendre que la France a ses moeurs (on s’y balade en slip) et l’Arabie Saoudite les siennes (on y proscrit la nudité) ? Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà… J’adore, comme toi, l’isosthénie sceptique et le genre de retours à l’envoyeur que pratiquaient Pyrrhon ou Montaigne, mais en l’espèce cela ne me va pas : une telle lecture épinglerait à la géographie un fait d’histoire (malgré mon admiration pour Louis de Funès, je ne pense pas que croiser des gendarmes ait été très drôle, il y a encore peu de temps, pour une femme en monokini ; et la vidéo de Nasser riant à l’idée de voiler les femmes égyptiennes est fort connue). Surtout, cette lecture renverrait surtout chaque pays à l’homogénéité de ses moeurs (when in Rome, do as romans do) quand la question est aujourd’hui de prendre acte de la diversité, parmi celles et ceux qui vivent également ici, du rapport au corps, du souci des bonnes moeurs, etc. (Je ne dis pas que cette hantise de la pudeur m’est toujours sympathique ; je récuse seulement qu’elle soit étrangère, ou doive être verbalisée).

    S’agit-il alors, de suggérer qu’à tout prendre, il vaut mieux vivre dans un pays où l’on se chamaille sur le règlement des plages à l’ombre de la République, que dans un autre où l’on exécute les condamnés à mort à tour de bras ? J’en tombe radicalement d’accord - mais, une fois encore, je crois que ce “vaut-il mieux” a quelque chose d’abstrait. Le problème n’est pas (pour moi, aujourd’hui) de me demander si je troquerais un régime contre l’autre, mais de m’inquiéter de ce qui se tricote, dans mon pays, et dans des arrangements qui ont peu à voir avec la République : par exemple, la manière dont l’échelon municipal fonctionne à la fois comme vitrine et comme laboratoire pour une série de responsables politiques anxieux de démontrer la possibilité d’introduire dans le tissu du droit une série de petites dérogations complémentaires, qui sont autant de marges ouvertes pour la surveillance tatillonne, pour l’humiliation sûre de son bon droit, pour le développement de comportements passive-agressive vis-à-vis d’une partie de la population locale. J’évoquais tout à l’heure De Funès et la bonhomie en trompe-l’oeil du gendarme de Saint-Tropez ; mais je dois t’avouer qu’imaginer, à l’inverse, la lueur dans l’oeil d’un policier chargé, sur les plages, de vérifier que les dames sont suffisamment dévêtues ne me réjouit pas fort.

    /4/ Une incise, ici. Je n’ignore certainement pas, ni ne prescris d’ignorer, la manière dont la revendication de venir couverte à la plage peut se trouver enrôlée dans un agenda politique précis, de la part de groupes de pression et d’influence. De même, je pense qu’il ne faut pas ignorer non plus l’agenda politique qui, du côté de certains élus, amène à en faire une affaire - et le caractère autochtone de cet agenda-là ne me le rend pas plus séduisant. C’est l’un des problèmes aujourd’hui : les ennemis de mes ennemis ne sont pas mes amis. Raison supplémentaire, à mon avis, de ne manier les symétries qu’avec une extrême prudence.

    /4/ J’allais ici écrire qu’au fond, je ne comprends pas ta question, faute de pouvoir adosser son abstraction relative à un socle de présupposés avec lequel je pourrais me sentir en accord. En fait, ce n’est pas vrai : il y a au moins un point sur lequel cette symétrie semi-imaginaire me paraît convaincante. Le fait est que, si d’aventure quelqu’un portait le string sur une plage saoudienne, on ne pourrait manquer de le voir ; comme, sur les plages françaises, les femmes voilées suscitent apparemment le scandale par leur seule présence visible. Je me demande si la comparaison string-voile, qui est un trope assez récurrent maintenant (et a d’ailleurs suscité à l’occasion des allergies bien françaises, et chez les mêmes personnes, par exemple dans les collèges dont les règlements intérieurs finissent par se perdre dans les détails relatifs à la longueur des vêtements), si cette comparaison donc ne raconte pas quelque chose du scandale que suscite le corps, lorsque sa différence vis-à-vis de la norme commune l’expose à être vu, avec ce que cela comporte d’enjeux de reconnaissance, avec ce que cela implique aussi de violences liées au regard. A ce compte, le paradoxe fait qu’un corps couvert est, dans certaines circonstances, incroyablement visible, et que par un effet de vrille ceux qui s’inquiètent de la pudeur excessive requise des femmes musulmanes appellent les mêmes musulmans à être plus discrets… A l’heure où je t’écris, Twitter bruisse des rixes survenues en Corse, consécutives apparemment (vérifier, toujours vérifier) à ce que certains prenaient des photos des femmes voilées sur la plage - dans un geste pour le coup étrangement symétrique et inverse à celle des marocains du compte Aicha Jamal, que j’évoquais en commençant. Je pense que la tolérance, la mienne en tout cas, peut s’alarmer de l’un et l’autre gestes ; je pense surtout que la philosophie n’a pas fini d’interroger ce qui noue aujourd’hui, de part et d’autre de la Méditerranée, la politique au corps et au regard.

    Amitiés,

    Mathieu
    PS : je reste fidèle au boxer-short.

    • Dans les conflits qui viennent,les défenseurs de l’Islam évoqueront sans doute un racisme anti-islamique.A ce glissement sémantique,il n’y a qu’une réponse : l’Islam est une idéologie,au même titre que le capitalisme,le nazisme,l’hindouisme,ou le catholicisme.Or,il n’y a pas de racisme antinazi.
      En s’attaquant au fondamentalisme religieux,les luttes de l’antimondialisation doivent être dominées par un antiracisme radicale.Le combat implacable contre le fanatisme religieux doit être mené en solidarité avec ceux qui en subissent les ravages.La condamnation d’une idéologie religieuse redonne aux femmes et aux hommes qu’elle aliène leur statut,non plus de croyants,mais d’êtres humains.La violence faite aux immigrés et aux réfugiés est une violence faite à tous les hommes : elle ne supporte aucune excuse.Le ventre de la bête est toujours fécond.

      Jordi Vidal. -Résistance au chaos-2002
      http://www.editions-allia.com/fr/livre/450/resistance-au-chaos

    • Comment tout cela a-t-il commencé ? Il y a quelques semaines, avec des amis universitaires, nous sommes tombés sur une nouvelle tribune commise par l’écrivain Kamel Daoud dans Le Monde au sujet des violences de Cologne, qu’il attribuait exclusivement aux rapports pathologiques qu’un « monde d’Allah » fictif entretiendrait avec les femmes. Elle reproduisait un avis paru dans La Repubblica et précédait de peu un nouveau papier publié dans le New York Times1. Dans le contexte délétère caractérisant la France de 2016, le contenu de la tribune nous a paru suffisamment caricatural pour nécessiter une réponse déconstruisant la multitude de grossières généralités contenues dans le papier. Sans minimiser aucunement des violences sexuelles que nous qualifiions de « gravissimes », nous pensions qu’il fallait mettre l’auteur et le journal devant leurs responsabilités et poser la question de l’audience que ce type de discours racialisés rencontre de ce côté-ci de la Méditerranée. Las, notre tribune a été accueillie avec une franche hostilité.

    • Retour sur la fabrique intellectuelle, médiatique et politique d’une controverse si française, ses mots, ses acteurs, le malaise qu’elle traduit ou la vivacité des débats qu’elle suscite.
      Malgré les soutiens affichés de nos penseurs Pascal Bruckner, Michel Onfray, Raphaël Enthoven, Manuel #Valls qui se dit « indigné par les attaques et la hargne inouïe dont Kamel #Daoud fait l’objet », le Premier ministre très prompt en ce moment à se poser en arbitre du débat intellectuel français, a à son tour trempé sa plume. Celui pour qui

      « expliquer c’est déjà vouloir un peu excuser »

      défend cette fois sur Facebook la liberté d’expression, fustige ceux qui « condamnent de manière péremptoire » et « refusent le débat ».
      http://www.franceculture.fr/emissions/dimanche-et-apres/kamel-daoud-la-polemique-s-emballe-et-apres


      https://www.franceculture.fr/cruiser-production/2016/03/39c99f25-2789-4f98-8962-d71898a9ae74/x250_crieur3_illustrations.jpg.pagespeed.ic.jodCtBzykb.webp

  • Réponse du rappeur Kery James à Raphael Enthoven (1)

    Vous intitulez votre chronique « Le vrai respect à conquérir en république est l’indifférence de la couleur de la peau » Pourtant dès les premières secondes de cette même chronique vous posez la question suivante : « Que demande Kery James lorsque il demande le respect ? Qu’on le respecte en tant que noir ou qu’on le respecte en tant que citoyen français ».

    La question en elle même démontre que l’indifférence à la couleur de la peau n’est pas chose acquise en république. En effet, lorsqu’un homme noir vous demande le respect, il ne vous vient même pas à l’esprit qu’il puisse l’exiger en tant qu’être humain. Vous vous demandez immédiatement, si il l’exige en tant que Noir. Est-ce parce que vous le percevez en tant que Noir avant de le percevoir en tant qu’être humain ?

    En effet, je n’ai pas commencé ce texte en disant « J’écris ce texte en tant que noir ». Au contraire, je dis dans la même chanson « Il n’y a pas que les Noirs et les Arabes, ce sont tous les pauvres qu’ils méprisent ». C’est à dire que les pauvres, quelle que soit leur couleur de peau, sont souvent méprisés par ceux qui détiennent le pouvoir économique. Tout comme la couleur de peau de ceux qui sont riches ne dérange jamais ceux qui profitent de leur fortune. Et si je m’étais exprimé au nom d’une classe sociale et non en celui d’une race ? Pourquoi est-ce que cela ne vous a pas effleuré l’esprit ? Il est simple, mais malhonnête de ramener mon discours à des considérations raciales qui sont les vôtres, pas les miennes.

    Figurez vous que l’une des chansons les plus emblématiques de ma carrière et l’un de mes plus grands succès s’appelle justement « Y’a pas de couleur ». Cette chanson est un incontournable pour moi si bien que je l’interprète à chacun de mes concert alors qu’elle date de 2001. Je l’ai notamment interprété à Bercy le 21 Novembre 2013 devant près de 15000 personnes. Pour vous dire ô combien cette chanson et son message sont importants pour moi. La dernière fois que je l’ai interprété c’était en banlieue parisienne à saint-denis le 24 Octobre 2015. Si j’étais un raciste anti-Blanc et que ce racisme anti-Blanc avait un écho en banlieue, je n’aurai pas interprété cette chanson en seine saint-denis.

    Pour dissiper tout malentendu, si malentendu il y a, plutôt que volonté réfléchie et calculée de biaiser mon discours,laissez moi citer un court extrait de cette chanson : « Y’a pas de couleur pour être stupide, ignorant, raciste et borgne. Pas une couleur attitrée à l’absurdité. Pas une couleur qui prouve ton intelligence. Pas une couleur qui témoigne de ta tolérance ». Est-il nécessaire que je mentionne « Pleure en silence » une autre de mes chansons que j’interprète également à chacun de mes concerts en banlieue et ailleurs et dont voici un autre extrait : « La détresse n’a pas de couleur. Réveille-toi, sous combien de peaux blanches se cache la douleur ».

    A la lumière de ces deux extraits, il apparaît clairement que votre tentative de m’accuser de racisme anti-Blanc est infondée voir calomnieuse si cela est volontaire de votre part. Il en est de même pour votre rapprochement très douteux entre mes idées et celles du Front national. Prétendre que c’est ma chanson qui renforce le FN en France est un argument étonnant auquel n’adhéreront jamais ceux qui connaissent ma musique. Et moi qui pensais que c’était la crise économique et l’impuissance des gouvernements successifs à nous en sortir qui expliquait cette montée du FN. Moi qui pensais que cela s’expliquait aussi par la stigmatisation continue d’une certaine partie de la population française par la classe politique et les médias. Je vais même vous avouer un secret, leurs discours m’ont même parfois laissé penser qu’ils voulaient et organisaient la montée du FN .En fait, vous devez comprendre et accepter que quelqu’un puisse être un véritable anti-raciste tout en étant capable de dénoncer des injustices que seuls ceux qui y trouvent leurs intérêts voudraient passer sous silence.

    Vous avez également dérapé quand vous avez expliqué que lorsque je dis « J’ai abandonné l’idée qu’ils me perçoivent un jour comme un Français » cela signifie que « j’ai renoncé à l’intégration ». C’est très grave. Je suis né en Guadeloupe et je suis en métropole depuis 1985 et vous pensez encore que je dois « m’intégrer » ? Ce dérapage à lui seul justifie la totalité de mon texte auquel vous avez tenté maladroitement de vous opposer pour des raisons qui me paraissent obscures. En effet, comme vous en faîtes la démonstration, vous ne me considérez pas comme un Français puisque vous pensez que je ne devrais pas renoncer à "l’intégration".

    Vous auriez été plus pertinent et plus juste, si vous aviez fais une chronique sur l’action que je mène avec mon association ACES, comme Apprendre, Comprendre, Entreprendre et Servir. Dans ma chanson « Banlieusards » dont le leitmotiv est « On est pas condamnés à l’échec » j’écrivais « Une question reste en suspens qu’a t-on fait pour nous mêmes ? ». En effet, je refuse d’être de ceux qui pointent du doigt les problèmes et ne proposent aucune alternative. Comme je crois que la véritable révolution passe par l’éducation j’ai fondé l’ACES en 2008. Son objectif, faire du soutien scolaire et du financement d’études supérieures. Alors depuis près de 2 ans maintenant dans le cadre de l’action menée par mon association, je donne des concerts en France et même dans les départements d’outre-mer comme en Guyane par exemple. A chaque date, je reverse une partie de mon cachet personnel pour financer les études supérieures d’un jeune en difficultés économiques.

    Plus d’une dizaine d’étudiants, de toutes les couleurs ,ont bénéficié de cette bourse à ce jour. Pourquoi ne pas avoir fait une chronique sur cette tournée solidaire ? Pas assez sensationnel ? Est-ce parce que cela ne rentre pas dans le projet qui consiste à faire passe les banlieusards comme des terroristes potentiels et des délinquants ? Ou les deux à la fois ? Est-ce que c’est parce que cela contribuerai à montrer les jeunes de banlieue autrement que comme des prétendus paresseux qui ne font que se plaindre et sont incapables de se prendre en main ?

    J’essaie en ce moment de monter un documentaire sur les parcours de ces jeunes qui ont bénéficié de la bourse ACES. Ces jeunes qui, partis du plus bas, ne se contentent pas de pleurer sur leur sort. Ces jeunes qui ne s’arrêtent pas au simple constat des difficultés auxquelles ils doivent faire face mais qui se battent au quotidien. Nous avons démarché plusieurs chaînes de télévision et aucune d’entre elles ne souhaite diffuser ce documentaire. Pouvez-vous m’éclairer et me dire pourquoi ? Est-ce que vous pensez honnêtement que les émissions qui montrent une image positive des jeunes de banlieue sont assez nombreuses et que le pays n’en a pas besoin ? Est-ce que ce n’est pas plutôt l’absence de ce genre de documentaires à la télévision qui facilite la montée du FN ? Vous comprendrez peut-être en quelques mots les raisons de ma colère qui n’est pas et qui j’espère ne sera jamais une colère aveugle qui me fera sombrer dans l’idiotie et l’injustice.

    Vous ne pouvez pas prendre l’extrait d’une chanson qui n’est même pas terminée d’ailleurs et le brandir en occultant l’ensemble de ce que j’ai écris dans ma carrière discographique qui dure depuis 23 ans maintenant. Vous devez également être vigilant et faire attention à ne pas faire passer les conséquences pour les causes. Ce texte « 10 ans après » est une conséquence et non une cause. Tout comme les révoltes de 2005 étaient une conséquence et non une cause. Et pour information, lorsque j’ai écrit « Toute arrivée à son départ » cela signifiait pour moi que les conséquences ont souvent une cause connue. La phrase n’a jamais eu dans ma bouche le sens que vous lui prêtez. Heureusement, je ne suis pas encore mort et quelle interprétation peut-être plus précise que celle de l’auteur lui même ?

    Vous avez demandé sur Twitter à ce qu’on vous apporte des arguments qui vous démontrent que votre analyse est fausse et surtout qu’elle ne s’applique pas à ma personne. Vous avez dis que vous seriez ravi de vous être trompé. Je n’ai aucun doute que cette réponse brève contient non pas les arguments mais les preuves sans ambiguité que ni vous ni aucun autre média ne pourrez jamais m’accuser de racisme anti-blanc si ce n’est en ayant recours au mensonge, à la diffamation, à la déformation de mes propos et à la manipulation.

    Dans votre chronique vous nous sommez de choisir entre Malcolm X et Nelson Mandela. Si seulement vous pouviez me laisser choisir par moi même. Je pourrais peut-être me sentir inspiré par la détermination de Malcolm X tout comme par la capacité de Nelson Mandela à pardonner.

    Et puisque vous vous réclamez du pacifisme de Nelson Mandela je compte sur vous pour avoir l’honnêteté de lire cette réponse à l’antenne sans la dénaturer et de reconnaître qu’au minimum vous vous êtes hâté dans votre jugement à mon sujet. Si vous le faîtes alors là vous serez très proche du pacifisme de Nelson Mandela et vous démontrerez que le dialogue entre ce que j’appelle malgré moi les deux France est possible et n’est pas voué à l’échec.
    Je vous invite même à assister à mon prochain concert solidaire qui aura lieu à Vaux en Velin le 21 Novembre au centre culturel Charlie Chaplin à 20 heures. Concert autour duquel une bourse de 6000 euros sera attribuée à un ou plusieurs étudiants pour les aider à financer leurs études supérieures. Ce sera l’occasion pour vous de découvrir ma musique, de me rencontrer ainsi que de constater la grande diversité de mon public qui est loin, même très loin d’être composé uniquement d’Arabes et de Noirs. Vous pourrez voir par vous même, le bonheur, le courage et la détermination de certains lauréats et peut-être même la fierté et les larmes dans les yeux de leurs parents. Venez donc mettre un pied dans notre réalité et abandonnez le fantasme médiatique d’une banlieue anti-blanche.
    Si vous venez et si vous avez le courage de revenir sur vos dires, alors j’aurai la certitude que vous vous êtes simplement trompé à mon sujet et que vous êtes un homme qui sait reconnaître ses erreurs. Si vous ne le faîtes pas,ou pire encore surenchérissez, j’aurai alors la conviction que vous êtes profondément malhonnête et j’en serais peiné pour vous.

    Je souhaiterai conclure par une citation de Nelson Mandela que vous semblez chérir :

    « Je lisais beaucoup de journaux de toutes les régions, mais ils ne donnent qu’une pauvre image de la réalité, les informations qu’ils donnent sont importantes pour un combattant de la liberté non pas parce qu’elles disent la vérité, mais parce qu’elles révèlent les préjugés de ceux qui écrivent les articles et de ceux qui les lisent »
    L’aube est claire pour celui qui a des yeux.

    Kery James

    (1) http://www.europe1.fr/emissions/la-morale-de-linfo/le-vrai-respect-a-conquerir-en-republique-est-linfference-de-la-couleur-de-l

    • La réponse de Enthoven, nulle, à coté de la plaque, toujours aussi raciste.

      Et voici ma réponse à sa réponse... Je vous laisse le soin, cher ‪#‎keryjames‬, de la partager...

      Merci de cette lettre ! Vivent les désaccords.
      Un pays en paix et en bonne santé est un pays dont les citoyens peuvent s’engueuler sans se détester, et loyalement. Permettez-moi donc, sans revendiquer le dernier mot, de répondre à votre réponse.

      Que les choses soient claires : je ne vous fais aucun procès d’intention. Au contraire, je ne doute ni de la pureté de vos intentions, ni de la sincérité de vos engagements. Est-ce votre parcours qui vous a ouvert le coeur ? Peut-être. Le fait est qu’à vos yeux, et malgré votre succès, le monde n’est pas (seulement) un spectacle. Vous savez souffrir des douleurs que vous racontez. Vous êtes un homme politique, au sens noble du terme : les autres vous importent plus que vous-même, vous avez trop d’ambition pour n’être qu’un ambitieux. C’est de cette générosité-là, peut-être, que vient le talent.

      Mais (à mes yeux) la colère vous aveugle à l’instant où elle vous donne le sentiment de voir plus clair que les autres.
      Qu’il y ait des injustices, c’est un fait. Qu’il faille lutter contre, c’est une certitude, sinon le sens de la vie. Mais la France n’est pas coupée en deux. La France est coupée en mille. Le monde n’est pas seulement réparti en oppresseurs et en opprimés, ce serait trop facile. La lecture en termes de race ou de classe relève, à mon sens, d’une simplification abusive du monde. D’autant que la bonté n’est pas toujours du coté des victimes. Et la force n’est pas toujours une méchanceté. La vie n’est pas noire ou blanche, mais grise (ou marron, les jours de beaux temps).

      Contrairement à vous, je n’ai aucun message à faire passer, mon travail consiste à prélever des paradoxes dans l’actualité, et quand je tombe sur l’un d’entre eux, je suis heureux comme un chercheur d’or quand il met le doigt sur une pépite.

      Pour rédiger ma chronique, je me suis appuyé sur trois de vos textes : Banlieusards, Lettre à la République, et votre hommage (inachevé) à Zyed et Bouna. Et « je revendique » (avec votre permission) le droit d’être en désaccord frontal avec vous.
      La France a un affreux passé colonial, dont il faut enseigner les tortures. Et, sous l’alibi de valeurs universelles, le mal-nommé « pays des droits de l’homme » s’est parfois (pas toujours) conduit en bourreau. Mais la République est belle, malgré tout ; elle ne se confond pas toute entière avec cette histoire sinistre. Et rien n’est plus faux que de traquer dans ses lois le symptôme ou la puanteur d’un passé qui ne passe pas. Bien sûr, le racisme s’y porte bien (comme ailleurs en Europe) mais la France n’est pas l’Afrique du Sud (des années 80), ni l’Alabama.

      La France est un ancien empire, un géant fatigué, dont le déclin n’est plus couvert par le lyrisme d’un héros, et qui a la nostalgie de sa grandeur. Or, l’un des symptômes de cette nostalgie, c’est paradoxalement le discours même qui consiste à la prendre pour la cause de tous les maux ! Même si elle a des raisons d’être, rien n’est plus franchouillard que la détestation de la France. Rien n’est plus paternaliste (et colonial) que le discours qui tient la France pour ce qu’elle n’est plus : une grande puissance coloniale. Quand vous lisez l’actualité à l’aune d’un passé colonial, vous donnez à ce passé une force nouvelle. Et sous le déguisement d’une critique radicale, vous perpétuez l’orgueil des colons. De même que l’idée de « diversité » est une arnaque politique, un racisme à l’envers, une invention de la blancheur qui, sous couvert de respecter l’autre, l’enferme dans une certaine idée (faussement flatteuse) de lui-même, de même qu’il arrive que des débauchés deviennent des puritains sans pour autant changer de nature profonde, la métamorphose du discours colonisateur en discours pénitent ne doit pas nous induire en erreur. « L’odeur du sang, écrivez-vous, vous poursuit même si vous vous parfumez » ? Mais qui est ce « vous » ? Et quel est ce parfum ? Non, décidément. Le devoir de mémoire, ce n’est pas l’éternité d’une pénitence. Sinon, les Allemands, les Turcs, les Serbes et les Hutus seraient pour toujours en enfer.

      Dans la même chanson, vous parlez au nom de « Nous les Arabes et les Noirs » et vous demandez « comment aimer un pays qui refuse de NOUS respecter ? » Mais, encore une fois, qu’entendez-vous par là ? De quel respect parlez-vous ? de celui qu’on doit aux « arabes et aux noirs » ou de celui qu’on doit à tout individu ? Ce n’est pas moi qui réduis votre définition du respect. C’est vous-même ! Moi, je me contente de vous lire (et de vous écouter).Mon sentiment (mais je voudrais me tromper), c’est que, exacerbée par une infinité d’injustices, votre colère vous fait confondre l’universalité du respect avec le respect d’une différence. Et qu’au lieu de demander l’égalité, vous demandez réparation. Ce qui n’est pas pareil. C’est même toute la différence entre Martin Luther King et Malcolm X, entre Obama et Jeremiah Wright... C’est toute la différence entre le courage (de faire la paix) et la rage (qui prolonge une injustice en réclamant une vengeance). L’ennemi, ce n’est pas la pensée molle. L’ennemi, c’est la vengeance comme alibi d’un racisme inversé.

      Quand Mandela, au mépris de sa colère (Dieu sait s’il en avait en lui !), instaure la justice au lieu de satisfaire la vengeance, il crée les conditions de la paix. Parce que la grandeur consiste à être plus grand que soi-même, à dépasser sa propre cause et sa propre indignation pour servir la cause d’un avenir commun. Et que, comme dit Vladimir Jankélévitch, « la violence, c’est de la force faible ».

      Vous déclarez fièrement, à plusieurs reprises, que vous n’êtes pas une « victime ». Mais le ressassement, à longueur de chansons, des offenses de la colonisation, conduit à l’effet inverse : ceux dont vous prenez la défense, vous les enfermez précisément dans la catégorie de victimes. Et parler de « France d’en bas », c’est encore la regarder d’en-haut.

      De même que Marx voyait dans le prolétariat « une sphère qui possède un caractère d’universalité par l’universalité de ses souffrances » (et qui, à ce titre, incarne à elle seule l’injustice toute entière), vous semblez désigner les descendants des victimes de la colonisation comme seuls dépositaires de la souffrance légitime. Il en résulte une lecture raciale des comportements qui n’est pas toujours pertinente, et qui, le plus souvent, obscurcit les choses quand elle croit les éclaircir. C’est pour cela qu’il est si important que vous précisiez ce que vous entendez par « respect ». Encore une fois : est-ce le respect d’une différence, ou le respect indifféremment de celui dont on parle ? (Suis-je le seul à entendre cette ambivalence ?)

      De façon générale, il ne suffit pas de dénoncer le « système » pour ne plus lui appartenir. Au contraire (et votre succès, par exemple, en témoigne), le système adore les gens qui le combattent ! C’est son plat préféré. Croire qu’on est libre parce qu’on dénonce les tyrannies, c’est un péché d’orgueil. Les moutons noirs ne sont pas moins moutonniers que les autres. On est moins libre quand on croit qu’on l’est, que quand on sait qu’on ne l’est pas.

      Autre chose : je n’ai jamais assimilé vos idées à celles du FN ! Il faudrait être fou pour le faire. Mais il y a la matière et il y a la manière. Et des discours ouvertement antagonistes recouvrent parfois des proximités inattendues : Nadine Morano ne vous donne-t-elle pas raison quand elle déclare que la France est un « pays de race blanche » ? Je vous cite : « A tous ces racistes à la tolérance hypocrite / Qui ont bâti leur nation sur le sang /Maintenant s’érigent en donneurs de leçons/ Pilleurs de richesses, tueurs d’africains / Colonisateurs, tortionnaires d’algériens... » Mais qui, à part la droite de la droite de la droite, peut se reconnaître dans le portrait que vous faites de la France elle-même ? Comment entendre « Nous, les arabes et les noirs, on est pas là par hasard, toute arrivée a son départ... » autrement que comme l’autre versant de l’affreux « La France, tu l’aimes ou tu la quittes » ? Encore une fois, comment voulez-vous lutter contre le délit de facies et tous les clichés négrophobes, si vous vous dites « noir et fier de l’être » ?
      Si je me disais « blanc et fier de l’être », vous trouveriez que j’ai l’air con, n’est-ce pas ? Vous auriez raison.

      Enfin, l’essentiel. Zyed et Bouna. Leur mort est une tragédie. Et la preuve de bien des malaises qui asphyxient la société (à commencer par le délit de non-assistance à personne en danger). Mais leur mort n’est pas un assassinat. Quand j’entends certains (pas vous, il est vrai) confondre la mort des deux adolescents avec le meurtre de Malik Oussekine en 1986 (assassiné à la matraque par des policiers), je me dis qu’on a perdu en lucidité, qu’on mélange tout, que l’injustice (incontestable) empêche de voir des nuances essentielles, et que, comme chaque fois qu’on pratique les amalgames, les extrêmes ont gagné du terrain.

      La police française n’est pas parfaite. Heureusement. Mais ce n’est pas la police de Vichy, ni même celle de Charles Pasqua ! En vérité, il y a chez les flics la même proportion de connards, de racistes et d’abrutis que dans n’importe quel corps de métier. Mais on y trouve aussi d’authentiques républicains qui ne font aucune différence entre les citoyens, et qui font respecter la loi (c’est-à-dire la liberté de chacun). Ni plus, ni moins. La mort de Zyed et Bouna est une catastrophe, mais, si difficile que cette phrase soit à entendre, ce n’est pas un scandale d’Etat.

      Voilà. J’arrête ici cette réponse, dont la longueur vient uniquement de l’intérêt que je prends à discuter avec vous. Et puis, comme dit Maeterlinck, (un autre amoureux du silence) « les paroles passent entre les hommes, mais le silence, s’il a un moment l’occasion d’être actif, ne s’efface jamais. »

      Merci pour l’invitation. Je ne suis pas libre le 21 novembre.
      Mais une prochaine fois, avec plaisir. Et intérêt.

      Respectueusement.

    • Cette tendance à vouloir expliquer aux Autres, comment ils doivent se sentir et penser, c’est plus qu’usant, c’est épuisant. On a eu récemment un exemple sur un débat seenthis sur les femmes (je ne sais plus lequel - cela parlait d’une jeune fille courtoise au travail et de l’interprétation de sa gentillesse par un homme). C’est comme si l’homme blanc, puisque c’est de cela qu’il s’agit, qui n’expérimente aucune des oppressions sur lesquelles il s’exprime, détenait intrinsèquement le discours universel, ad nauseam sur l’expérience humaine et qu’aucune remise en cause de celui-ci n’était possible, à ses yeux. Cette position de "celui qui sait parce qu’il s’ait" s’accompagne d’une tare presque génétique, celle de la surdité sélective, car presque systématiquement la faconde s’accompagne d’un incapacité non seulement à écouter, mais surtout à entendre ce que disent ceux qu’IL disqualifie d’un revers de bras éditorial. Où sont les docteurs ?

    • Une transcription du rap de Kery James

      « Dix ans après tu peux faire le constat, très peu de choses ont changé.
      Rabsa et renoi on est toujours des étrangers.
      J’ai abandonné l’idée qu’ils nous perçoivent un jour comme un Français
      Mais je n’abandonne pas l’idée que l’Etat français me doit le respect
      Je l’ai déjà dit, le respect n’est pas une chose qui se mendie
      L’indépendance a un prix souvent trempée de sang sous des drapeaux brandis
      Val de Meurtre où j’ai grandi, la violence nous heurte on doit rester en vie
      On n’a jamais rien attendu de l’Etat, on ne va pas commencer aujourd’hui
      ( Zyed et Bouna )
      De la gauche à la droite, ils font du fric entre énarques
      De Sarkozy à Guéant en passant par ce gros mytho de Cahuzac
      Et c’est les mêmes qui font la leçon à nos petits frères qui sont dans l’arnaque
      Ils envoient les flics pour mater la rébelion à coup de matraques
      C’est nous qu’ils accusent sans cesse d’avoir pillé le pays
      Alors qu’ils tapent dans la caisse, ne font jamais ce qu’ils ont promis
      Six heures du mat, ils envoient les condés défoncer ta porte
      Eux se rendent au tribunal en voiture sous escorte
      Ils n’ont jamais connu la crise.
      Et ils s’étonnent que le peuple se rebelle, les pourchasse et arrache leur chemise
      Il n’y a pas que les noirs et les arabes, ce sont tous les pauvres qu’ils méprisent
      Lorsqu’ils nous parlent de l’Islam, ils espèrent que ca nous divise
      Quand vous chercherez des solutions ca se verra
      Pour l’instant, vous ne faites que fabriquer des futurs Merah
      Votre mépris du peuple, les patrons, il se paiera
      Pourquoi à l’Assemblée, on dirait un opéra ? »

    • Nouvelle réponse de Kery James

      RAPHAËL ENTHOVEN

      Je ne voudrais pas vous accuser de recourir à des sophismes mais je constate que vous n’avez pas répondu à mes interrogations et aux graves contradictions que j’ai pointées dans vos propos. La réponse que j’ai publiée hier reste donc la même et elle sera la seule.
      Je crains qu’il y ait toujours un fossé entre un discours fondé et ancré dans la réalité et un autre qui consiste à prétendre produire de la pensée coûte que coûte quitte à déformer ou nier le réel.
      Un fossé entre les acteurs et les spectateurs.
      Un fossé entre ceux qui subissent et ceux qui commentent, expliquant à ceux qui subissent avec quelle grandeur d’âme ils doivent subir.
      Néanmoins, mon invitation à l’un de mes concerts, celui de votre choix, car je vous sais très occupé à produire de la pensée, est toujours valable. Ce sera l’occasion de vous rencontrer et d’échanger. J’espère toujours en effet, voir une France unifiée et cela ne peut se faire que dans le réel.
      Je vous souhaite le meilleur.
      Humainement.

      Kery James

      https://www.facebook.com/keryjamesofficial/posts/10156292644535235

    • @biggrizzly Bien sur, mais dans ce cas cela s’applique bien. Il n’écoute clairement pas ce que dit Kery James, qu’il disqualifie par défaut... Je parlais plus que du biais du privilège surtout de la surdité selective de certains dominants.

    • Je parlais plus que du biais du privilège surtout de la surdité selective de certains dominants.

      C’est de cela dont il s’agit, une surdité sélective qui consiste à ne relever que les propos, les idées qui alimentent les à-priori.
      Donc une malhonnêteté patente vis à vis de l’auteur et de son message.
      Dans le but de faire de l’audience, de faire réagir ; sans aucun doute. Mais toutes ces « têtes pensantes » médiatiques contrôlent-elles les réactions qu’elles se flattent de provoquer ?
      Par contre, certaines personnalités politiques assoiffées de pouvoir et biberonnées à l’idéologie de la supprématie blanche trouveront là l’aubaine pour exploiter le filon de l’opinion.

      Gougueule est ton ami :
      https://www.google.fr/webhp?tab=mw&ei=F008Vtj-IIHd-QHUuIGAAg&ved=0CAQQqS4oAQ#q=rapha%C3%ABl+enthove

    • @aude_v Quant à moi, je suis un vieil homme blanc, avec quatre enfants métis. Le plus jeune en souffre déjà, car les cons l’entourent, ce que j’ai envisagé depuis très longtemps. Une vieille femme dans la rue m’a un jour soufflé à l’oreille, à propos du petit qui n’avait que trois ans « Petit bâtard ». Il faut un peu arrêter d’essentialiser l’homme blanc. J’ai connu un paquet de racistes pas blancs du tout, et une jeune noire en co-voiturage il y a deux mois m’a raconté son lot d’injures dans la cité face à d’autres minorités pas blanches non plus... Le manichéisme à l’américaine - celui qui est si souvent défendu ici - nous mène au gouffre : c’est son but. Et les rappeurs en sont les porte-voix, bien trop souvent.

    • je vois ce que tu veux dire , cependant je n’en pense pas moins à des formes d’illusions dans l’efficacité de la pensée magique ( malgré les univers parallèles) ; ainsi de la chansonnette !

    • @aude_v : merci, tu m’as compris. Exprimer ce point de vue est sensible, puisque évidemment, il peut être pris comme une forme de reprise de contrôle du débat de la part du/de la privilégié•e... et c’est alors sans fin... Quand les arguments des uns et des autres ne sont écoutés qu’à l’aune de la position de privilège de ceux qui les expriment, j’ai un petit peu l’impression que le dialogue devient impossible.

  • Raphaël Enthoven, l’immoralité de l’info
    https://blogs.mediapart.fr/blog/fabriceflipo/191015/raphael-enthoven-l-immoralite-de-l-info

    « Chacun est libre, a-t-il soutenu, d’avoir une opinion, et quiconque s’oppose à ce principe est un dangereux fanatique.

    Il y aurait donc les dogmatiques d’un côté et les partisans de Voltaire de l’autre, l’écrivain français ayant soutenu qu’il défendrait toujours le droit de ses adversaires à soutenir leur point de vue. La menace des autoritaires devrait être activement combattue, il en irait de la démocratie, rien moins.

    […]

    Qu’est-ce que l’opinion ? Quel est son rôle, en démocratie ? Peut-on soutenir tout ce qui nous passe par la tête, chercher à faire le buzz, à donner dans la provocation aussi bien qu’une information étayée ? Sur le principe, oui, bien entendu. Dans une démocratie on peut en effet dire ce qu’on veut.

    La limite est qu’on peut aussi être tenu pour responsable de ce qu’on affirme. »

    Ça vous (...)

    #luttes

  • PHILOSOPHIE - (Re)lire #Machiavel : actualité d’une pensée politique aussi incontournable que méconnue - Nonfiction.fr le portail des livres et des idées
    http://www.nonfiction.fr/article-7432-philosophie____relire_machiavel__actualite_dune_pensee_polit

    La pensée machiavélienne a été mise à l’honneur samedi 7 février 2015, au Théâtre de l’Odéon. « Machiavel : les vertus du cynisme » a été le thème de cette deuxième séance du cycle « politiques de la pensée » : une « rencontre philosophique » préparée et animée par Raphaël Enthoven, (assisté de Julien Tricard) et en présence de Jean-Louis Fournel. Cette « rencontre » nous invite à nous pencher sur l’œuvre d’un philosophe des plus influents mais sans doute aussi des plus méconnus, du fait d’une sédimentation d’interprétations diverses et successives.

  • Gilles Deleuze, « Pourparlers » (1972-1990)

    http://www.leseditionsdeminuit.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=2023

    En soutien au Collège International de Philosophie (dont tous les intervenants sont des bénévoles — la vraie philosophie, n’en déplaise aux BHL, Luc Ferry, Raphaël Enthoven et consorts, est fondée sur la gratuité du savoir), ces mots de Gilles Deleuze (1925-1995) qui font toujours écho, et dont la parole nous manque :

    « Il arrive que des pourparlers durent si longtemps qu’on ne sait plus s’ils font encore partie de la guerre ou déjà de la paix. Il est vrai que la philosophie ne se sépare pas d’une colère contre l’époque, mais aussi d’une sérénité qu’elle nous assure. La philosophie cependant n’est pas une Puissance. Les religions, les États, le capitalisme, la science, le droit, l’opinion, la télévision sont des puissances, mais pas la philosophie. La philosophie peut avoir de grandes batailles intérieures (idéalisme-réalisme, etc.), mais ce sont des batailles pour rire. N’étant pas une puissance, la philosophie ne peut pas engager de bataille avec les puissances, elle mène en revanche une guerre sans bataille, une guérilla contre elles. Et elle ne peut pas parler avec elles, elle n’a rien à leur dire, rien à communiquer, et mène seulement des pourparlers. Comme les puissances ne se contentent pas d’être extérieures, mais aussi passent en chacun de nous, c’est chacun de nous qui se trouve sans cesse en pourparlers et en guérilla avec lui-même, grâce à la philosophie. »

    #philosophie #Ciph #Deleuze #enseignement

  • bugbrother.blog.lemonde.fr | Les RG l’ont rêvé, Facebook l’a fait… #oupas
    http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2012/02/09/les-rg-lont-reve-facebook-la-fait-oupas

    Le ministère de l’Intérieur a dénombré moins de 1000 fausses cartes d’identité l’an passé. Ce pour quoi, et au motif de lutter contre l’usurpation d’identité, il a décidé de créer une nouvelle carte d’identité biométrique adossée à un fichier de 60 millions de « gens honnêtes ».

    Le caractère quelque peu disproportionné de ce projet n’a pas particulièrement choqué le philosophe Raphaël Enthoven et l’écrivain et journaliste Brice Couturier pour qui le problème, c’est l’Internet, cette « idéologie dominante » dont je serais l’incarnation...

    #gens_honnêtes #FUD #internet #libertés #orwell #vie_privée #fichés

    • Interrogé par Marc Voinchet qui voulait savoir pourquoi, à mes yeux, le débat ne prenait pas, j’ai répondu que c’était probablement parce que les gens ne savent pas que plus de la moitié des Français apparaissent dans les fichiers de police et que le STIC, a lui tout seul, fiche 44,5 millions d’individus, que les gens ne savent pas que 75% des gens dont l’ADN a été fiché ont certes été un jour suspectés, mais jamais condamnés, certains ayant même été blanchis depuis, qu’ils ne savent pas que 45% des fichiers de police utilisés sont hors la loi, ni qu’ils sont truffés d’erreurs, ni qu’un million de personnes, blanchies par la Justice, y figurent toujours comme « suspects » (les fameux « défavorablement connus des services de police »).