person:rené girard

  • Yockey et la machine américaine à uniformiser
    http://www.dedefensa.org/article/yockey-et-la-machine-americaine-a-uniformiser

    Yockey et la machine américaine à uniformiser

    René Girard a parlé de l’Amérique comme puissance mimétique. Sur cette planète de crétins en effet tout le monde veut devenir américain, y compris quand il s’agit de payer des études à quarante mille euros/an, des opérations à 200 000 euros, de devenir obèse et même abruti par la consommation de médias et d’opiacés...

    L’affaire est déjà ancienne et René Guénon a bien évoqué après Tocqueville ou Beaumont la médiocrité industrielle de la vie ordinaire/américanisée qu’on nous impose depuis les bourgeoises révolutions...

    Un des américains à avoir le mieux parlé de cette uniformisation, après Poe ou Hawthorne, fut Francis Parker Yockey. Je laisse de côté ses vues politiques totalement aberrantes et je prends en compte ses observations sociologiques qui, comme celles de (...)

  • Alep : la musique orientale de la propagande de l’Occident 14 déc. 2016 - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2016/12/alep-la-musique-orientale-de-la-propagande-de-l-occident-14-dec.20
    https://cdn.rt.com/french/images/2016.12/article/58516b45c461888f1f8b457f.JPG

    Tout le monde prend ce que racontent les médias pour argent comptant, sans s’interroger sur les sources. Or il n’y a pas un seul journaliste occidental sur place à Alep, s’indigne l’historien John Laughland.

    Dimanche à Paris, vers 7h30. Le parfum montant du café matinal est accompagné d’un air diffusé sur France Musique. Ces quelques moments de musique orientale sont dédiés, nous annonce doucement le présentateur, aux victimes du génocide qui est en train de se dérouler à Alep. Décidément, même les émissions de musique sont désormais pénétrées de propagande politique, comme au bon vieux temps soviétique !

    Le pauvre présentateur de radio ne fait que danser à la mélodie de tous les médias occidentaux. Qui paie les violons choisit la musique. Depuis le début de la bataille d’Alep, en effet, cette dure campagne militaire - la guerre urbaine est sans doute la plus atroce de toutes - est présentée par les médias occidentaux uniquement sous l’angle de la souffrance humaine. Ces médias répètent obsessionnellement que les civils en sont les victimes. A Alep-Est il ne semble y avoir que des hôpitaux, tellement on en a bombardé. Et parmi les « résidents » de cette ville, on a l’impression qu’il n’y a que des jardiniers et des filles de sept ans qui savent tweeter, à en croire au reportages de CNN.

    " Une image vaut mille mots et la guerre d’information est une guerre d’images "
    Et partout, les mêmes images de bébés portés dans les bras d’hommes, des clichés évidemment taillés sur mesure pour les caméras. Il y a un nombre quasiment infini de ces photos sur internet, comme on peut le constater en tapant « man carrying baby aleppo » dans Google images. De nombreuses vidéos montrent des personnes qui témoignent des pires atrocités mais qui n’ont pas la moindre tache de poussière sur leurs vêtements plutôt coûteux, et encore moins d’égratignure ou même de saleté sur leur visage. (Voir par exemple ce reportage de France Info, à partir de 0.40, mais il y en a tant d’autres.) Ont-ils vraiment vu ce qu’ils affirment ? Il est permis d’en douter.

    Deux choses sont particulièrement dérangeantes pour un citoyen de l’Occident dit démocratique. D’abord les deux poids, deux mesure qui consistent à évoquer Alep uniquement sous l’angle de la souffrance humaine - le fait que celle-ci soit sans doute exagérée ne veut pas dire, bien au contraire, qu’elle n’est pas aussi très réelle - mais la bataille simultanée de Mossoul uniquement sous l’angle des forces qui sont en train de prendre la ville. 

    D’Alep les médias racontent combien d’enfants blessés, combien d’hôpitaux touchés. On ne dit jamais combien de rebelles tués ou combien de civils en zone gouvernementale attaqués par ceux-ci. Il n’y a strictement rien sur les civils qui se réjouissent de leur sort, ayant pu quitter la prison des milices islamistes dans laquelle ils sont enfermés depuis des années. Il n’y a que des allusions très pudiques aux civils d’Alep Est qui cherchent refuge auprès des forces de l’armée syrienne. Il n’y a surtout rien sur les attaques d’obus lancés par les rebelles sur la population civile d’Alep Ouest, où les hôpitaux peuvent aussi être les cibles.

    " Il n’y a pas un seul journaliste occidental sur place à Alep, et pourtant le monde occidental se croit le mieux informé sur la situation dans cette ville "
    De Mossoul, c’est le contraire : les civils y sont les otages des rebelles ; ceux-ci y commettent des atrocités - ils mettent, par exemple, des bombes dans des jouets d’enfants ; la population ne rêve que de sa libération par l’armée irakienne soutenue par les Etats-Unis. On rend compte de cette bataille uniquement depuis la perspective des forces de libération. Samantha Power, faisant ce qui sera, on s’en réjouit, un de ses derniers numéros au Conseil de sécurité de l’ONU, demande aux Russes s’ils n’ont honte de rien. Mais c’est plutôt à soi-même, et à son propre gouvernement, qu’elle devrait poser cette question.

    Le deuxième élément, plus préoccupant encore, est la crédulité des élites occidentales. Tout le monde prend ce que racontent les médias pour argent comptant, sans s’interroger sur les sources. Or le New York Times envoie ses dépêches sur Alep depuis Beyrouth, The Guardian depuis Istanbul, la BBC depuis Londres, et ainsi de suite. Il n’y a pas un seul journaliste occidental sur place à Alep, et pourtant le monde occidental se croit le mieux informé sur la situation dans cette ville. L’ONU condamne des massacres mais elle ne dispose d’aucune source information fiable sur celles-ci. Tout ce que montrent les journalistes de RT, est balayé comme de la « propagande pro-Kremlin », pour reprendre le langage infantile et paranoïaque de l’officine bruxelloise, Stratcom.

    Cette crédulité dangereuse a deux causes. La première, ce sont les images dont les gens semblent être devenus les victimes passives. Une image vaut mille mots et la guerre d’information est une guerre d’images. Les fameux Casques blancs, depuis longtemps démasqués par Vanessa Beeley comme les récipients de centaines de millions de dollars occidentaux, ont surtout le rôle de produire des images. Avec leur vidéo promo confectionnée par une société américaine de communication, ce groupe semble ne disposer ni de brancards ni d’aucun matériel paramédical. Mais il y a toujours un photographe sur place pour filmer leurs prouesses.

     "Croire aux péchés de l’autre, c’est éprouver un sens intoxicant de sa propre supériorité "
    En octobre, un député britannique a même comparé la bataille d’Alep au bombardement de la ville espagnole de Guernica par les Nazis en 1937. En effet, une comparaison s’impose - mais non pas pour les raisons qu’a données cet ancien ministre. On se souvient de Guernica principalement à cause du tableau de Picasso, l’un des tableaux les plus connus de l’histoire de l’art - à cause d’une image, donc. Taper « Guernica » dans Google images et vous y trouverez essentiellement des images du tableau, mais non pas de la vraie ville. C’est l’image qui créé la réalité virtuelle, et qui par conséquent façonne la perception et la mémoire.

    Cette crédulité a une deuxième cause dont il ne faut sous-estimer l’importance. Croire aux péchés de l’autre, c’est éprouver un sens intoxicant de sa propre supériorité. La condamnation morale est contagieuse parce qu’elle flatte l’orgueil de celui qui condamne. On se lave de tout soupçon en projetant les maux de ce monde sur l’autre. Plus fort on tape, plus on se blanchit. C’est cela qui entraîne la spirale de la violence, contre laquelle nous prévenait le grand anthropologue, feu René Girard. La foule joue un rôle clé dans cette violence, les vraies foules comme les foules virtuelles qui sont créées par la pensée unique. La foule a tendance à se focaliser sur des individus considérés comme l’incarnation du mal, dans ce cas Bachar el-Assad ou Poutine. Voilà pourquoi le Christ avait raison de désamorcer la foule, et de la faire disparaître en identifiant les individus qui la composent, quand il a demandé à celui qui est sans péché de lancer la première pierre contre la femme adultère. C’est une leçon qui est plus actuelle que jamais.

     
    Par John Laughland                                    https://francais.rt.com

    • Les Russes sont tous honnêtes, transparents et ne font, eux, pas la moindre propagande. D’ailleurs leurs bombes ne tuent que les méchants.

      Russia Today est un média parfaitement neutre.

      Je ne fais pas confiance aux médias occidentaux (mais je fais confiance à certains journalistes occidentaux), mais je ne fais pas confiance non plus aux médias russes, ni aux sanguinaires Poutine et Bachar qui ont maintes fois fait leurs preuves en crimes de masse abominables.

    • Bombes et propagande
      http://www.politis.fr/articles/2016/12/bombes-et-propagande-35951

      Pourquoi les habitants d’Alep n’ont pas droit aux manifestations qui ont suivi le massacre de My Lai, la guerre d’Irak ou les bombes sur Gaza ? Sans doute parce que la propagande diffusée par le régime de Damas, reprise et amplifiée par Moscou, puis relayée dans nos régions, a été d’une redoutable efficacité. Et pourquoi donc ? Parce qu’elle est entrée en résonance avec nos doutes, nos peurs et nos confusions. Elle a atteint une société – la nôtre – meurtrie par les attentats de l’an dernier. Comme s’il suffisait aujourd’hui de dire « jihadistes » pour que la machine à comprendre s’enraye.

    • Je ne crois pas que la propagande russe ait quoi que ce soit à voir avec la supposée absence de réaction des populations.

      A moins que tu ne supposes que les occidentaux soient totalement innocents et absents dans ce qu’il se passe à Alep et en Syrie en général ? Comment les « rebelles » peuvent-ils encore se nourrir, avoir des munitions et se battre depuis 5 ans que la guerre dure ? Avec les armes des russes peut-être ?

  • J – 231 : Je reviens de chez le libraire où j’avais commandé deux livres, Vichy et les Juifs de Michael Marrus et Robert Paxton et la biographie de Céline par Henri Godard. Naturellement, je me jette sur les index de ces deux livres et suis assez déconfit de ne trouver aucune mention de René Girard dans le livre de Paxton, pas davantage dans la biographie de Céline, et surtout : même dans le livre de Paxton, que l’on ne peut pas soupçonner de minimiser les culpabilités des uns et des autres, à la lecture de son chapitre sur l’indifférence, on a principalement le sentiment qu’en dehors de l’exposition du Juif et de la France , rien de très important n’a été confié à l’Institut Aux Questions Juives, qui a surtout beaucoup déçu les Nazis pour son impuissance à rendre les Français aussi antisémites que les Allemands l’étaient devenus, après presque dix ans de propagande nazie.

    Du coup je ressens comme un aiguillon personnel à cette découverte, d’une part l’Institut aux Questions Juives n’était pas aussi central que son nom pouvait le laisser penser, et, d’autre part, aucune mention de René Girard dans le livre de Paxton et Marrus. Et je me souviens alors, de l’empressement de Renée, lors de notre première rencontre, à m’expliquer que, si je devais faire des recherches à propos de son père, je lirais en fait que L’Institut aux Questions Juives n’a pas été fondé par son père mais par un certain Paul Sézille, son second. Rénée m’avait expliqué que son père sentant le vent tourner, au début de 1944, avait étanché la soif de pouvoir de son second ― qui en fait a surtout l’air d’avoir été son premier ― en lui confiant la tête de cet institut des basses œuvres et lui, pouvoir fuir plus facilement les tribunaux à venir, ce qu’il semble avoir fait avec succès. En fait je découvre que même Paul Sézille n’a sans doute pas que l’importance en question et qu’il n’est pas non plus le fondateur de cet institut aux épouvantables missions.

    Je m’interroge beaucoup sur ce qui semble malgré tout être une manière de déception chez moi sur le sujet, et si l’histoire de Renée était trop belle pour être vraie, enfin trop belle, l’expression est mal choisie. Je pense à l’Ombre des femmes de Philippe Garrel. Film dans lequel le personnage principal, réalisateur de films do-cumentaires, et qui, dans le récit du film de Garrel, travaille sur des entretiens d’un résistant et a à découvrir, au décès de ce dernier, qu’il n’a jamais été résistant, et, bien pire, qu’il a, en fait, très largement collaboré, ce dont il se cache derrière ce personnage de résistant. Je dois le vérifier dans mon agenda de 2015, mais il me semble que je suis allé voir ce film peu de temps après avoir rencontré Renée et cette scène m’avait marqué alors qu’elle est tout à fait secondaire dans le reste de ce film, elle sert juste à camper, avec d’autres scènes, le déclin du personnage principal, interprété par Stanislas Mehrar. C’est comme si cette scène avait agi sur moi à la façon d’un avertisseur sonore, une alarme. De même, je peux comprendre que l’on exagère l’importance d’Untel ou de je ne sais quel événement qui a un retentissement avec soi-même, lorsqu’il s’agit de circonstances qui peuvent rejaillir de façon heureuse sur un historique familial ou une réputation, en revanche pourquoi cette insistance à vouloir être au cœur du mal ?

    Et puis, le soir, en allant me coucher, en remarquant la photographie de Céline de la couverture du livre d’Henri Godard posé sur ma table de chevet, je me demande si j’ai tellement envie que cela de plonger dans de si pesantes lectures, remuer la merde pour dire les choses de façon célinienne, et par là-même vivre dans les odeurs de cette dernière, avec la photographie de Céline tout près de mon lit. Qui pourrait avoir un tel appétit ?

    Entre aperçu les visages de Sarkozy et de Le Pen en regard l’un de l’autre sur la couverture d’un hebdomadaire au kiosque ― la presse s’emploierait-elle à nous annoncer dès maintenant avec plus de deux cents jours d’avance la catastrophe qui est déjà en cours ? ―, ces deux-là aussi sont les visages de l’extrême droite, de son retour qui nous est désormais présenté comme inéluctable. C’est comme si les présentateurs de télévision et de radio allaient bientôt parler de cette façon pincée et péremptoire, comme à la radio des années 40. Et entendant de telles voix ― que je sais très imiter ―, voyant les costumes, aux coupes croisées ou aux motifs Prince de Galles, de ces messieurs à l’époque sur les quelques photographies de la biographie de Céline, ce sont aussi des images et des odeurs de cave humide de mon enfance qui me reviennent en tête, oui dans mon esprit, la droite, et l’extrême droite ont cette odeur de cave humide, de rivages hivernaux de la Marne en crue, de pâté ardennais, mais aussi de carottes que l’on déterre par bottes entières en donnant un coup de bêche sur le haut de la botte et faire tomber la terre encore grasse autour des racines, quelle est la part de ma propre histoire familiale que je risque aussi de déterrer bien malgré moi, en travaillant sur la Petite fille qui sautait sur les genoux de Céline.

    #qui_ca

  • J – 236 : grand moment d’hésitation au moment de sauter. De sauter dans ce véhicule en marche qu’est mon idée d’un projet de film documentaire à propos de la mère de mon ami Diketi, Renée. La petite fille qui sautait sur les genoux de Céline . Quelle est la part de mon hésitation qui serait une forme de capitulation non pas devant l’effort à accomplir, mais surtout l’effort d’aller au-devant des producteurs et leur arracher une manière de conviction ?

    Je n’ai aucun talent dans ce domaine, quand j’explique on ne comprend rien et quand je tente de convaincre, on se dit que je ne suis pas très calme.

    Mon ami Diketi est mort d’un Arrêt Vasculo-Cérébral en août 2014, dans la Drôme, au milieu des siens.

    Diketi était le compagnon de mon amie Laurence que je connais depuis le lycée. Il était aussi, il a joué ce rôle pendant deux ans, l’éducateur spécialisé de mon fils Nathan, un éducateur musical. Un art thérapeute. Diketi était par ailleurs un musicien qui jouait de toutes sortes d’instruments de musique, notamment des percussions, dont les origines étaient africaines, ou encore sud-américaines, tel le berimbau , plus rarement asiatiques du Sud-Est. Il venait le mardi soir, j’allais le chercher en voiture à la bouche de métropolitain de Marie de Montreuil, le plus souvent en compagnie de Nathan et lorsque nous arrivions à la maison je n’avais généralement pas le temps de faire une tasse de thé à Diketi tant Nathan l’emmenait prestement dans sa chambre pour jouer de la musique avec un des nombreux instruments que Diketi avait emportés dans son sac de sport boursoufflé par tous ces instruments, opulence qui tranchait singulièrement avec le physique longiligne de Diketi et son visage aux traits sculptés avec des outils tranchants. Pendant deux heures le son d’une franche rigolade très bruyante emplissait le reste de la maison, il était manifeste que Nathan prenait beaucoup de plaisir à cette séance dont nous avions convenu avec Diketi qu’elle devrait durer une petite heure et, tel que j’en avais convenu avec Diketi, une séance d’une heure pour la somme de vingt-cinq euros. Pas une fois la séance a duré moins de deux heures et pas une fois Diketi n’a accepté que je le dédommage pour cette heure supplémentaire dans laquelle il trouvait lui aussi son content.

    Lorsque Diketi redescendait de la séance, souvent nous avions été rejoints par Laurence et souvent aussi par B., ma compagne. Et nous improvisions un dîner à la bonne franquette, je garde de ces mardis soirs un souvenir enchan-té. Plus tard je raccompagnais Diketi et Laurence à la bouche de métropolitain de la Croix de Chavaux à Montreuil qui les ramenait directement à République où ils habitaient. Je pense que je n’oublierai jamais le souvenir exact du visage de Diketi qui, chaque fois, retardait, jusqu’à l’ultime moment, sa disparition dans la bouche du métropolitain, c’est d’ailleurs de cette façon que je l’ai vu pour la dernière fois.

    Je sais que je dispose dans mes archives d’un enregistrement d’une des séances de Diketi à la maison avec Nathan, mais je n’ai pas encore rassemblé le courage de le réécouter. De même, je sais que j’ai une fois pris une photographie de Diketi, qui, à ma connaissance, est la seule photographie que j’ai prise de lui, on le voit dans un coin du salon chez Laurence penché sur un petit instrument de musique dont j’ai oublié le nom et dont il jouait des mélodies à l’incroyable douceur, en improvisant.

    Nathan, mon fils, est, légèrement, handicapé, mental.

    Lorsque Laurence m’a appelé pour m’annoncer le décès de Diketi, il m’a fallu beaucoup de courage pour réunir les enfants, et, en pleurs moi-même, leur annoncer la mort de Diketi, ce qui a foudroyé mes filles Madeleine et Adèle et a attristé grandement Nathan, difficilement capable d’extérioriser ses émotions et il n’était pas non plus certain que la tristesse, malgré tout visible sur le visage de Nathan, ne soit pas davantage plus causée par celle de ses sœurs que par cette funeste nouvelle dont je n’étais pas sûr qu’il la comprenait vraiment. J’ai offert aux enfants que chacun notre tour, nous racontions un souvenir heureux que nous avions de Diketi. Madeleine s’est souvenue d’un repas du mardi soir où j’avais oublié, complétement, que Diketi, et Laurence dans une moindre mesure, étaient végétariens et j’avais dû cuisiner une carbonnade flamande ou je ne sais quoi de ce tonneau. Ce qui nous avait tous bien faire rire. Adèle s’est souvenue qu’un jour elle avait été invitée par Diketi à venir jouer de la musique avec Nathan et lui et que c’était un désordre sans nom dans la chambre de Nathan et qu’ils s’étaient bien amusés. Nathan a dit qu’il se souvenait que Diketi était son pschyichologue de musique. Cela n’avait rien de spécifique, comme j’avais suggéré que nous fassions, mais de la part de Nathan c’était assez remarquable. Et toi Papa ?, ont demandé les filles. J’ai répondu qu’un jour chez Laurence, alors que j’étais sur le point de repartir de chez eux, je ne parvenais pas à remettre la fermeture éclair de mon pull que cette dernière était coincée et que cela commençait à m’énerver et que Diketi m’a invité à me rasseoir, à respirer un grand coup et que, plus calme, en restant assis, dans le canapé ? là même où je l’avais photographier jouant de ce petit instrument contenu dans une petite calebasse ?, à refermer ma fermeture éclair qui s’est refermée sans aucune difficulté jusqu’au col. Diketi était ce genre de grand magicien modeste.

    Laurence m’avait aussi dit qu’une manière de céré-monie du souvenir aurait lieu dans un endroit dont elle n’avait pas encore l’adresse, mais à laquelle elle aimerait beaucoup que je vienne avec les enfants. C’était mi-septembre, un samedi soir, il faisait, dans les locaux de je ne sais plus quel syndicat à Pantin, une chaleur moite, presque irrespirable, ce qui n’avait pas l’air de beaucoup déranger une bonne partie des convives qui, pour le plus grand nombre, étaient africains, les Blancs, comme nous, en revanche, mélangeaient copieusement leur sueur à leurs larmes.

    Les proches de Diketi, sa sœur, son beau-frère, sa fille et Laurence se sont courageusement succédés pour dire, modestement, la très grande perte qu’était pour eux celle de Diketi, des paroles tour à tour simples, parfois coupées par l’émotion, relancées par le courage seul, et sans doute aussi l’amour que toutes ces personnes vouaient à Diketi et dont elles n’auraient pas voulu trahir la confiance, même au-delà de la mort.

    Un plantureux buffet, où chacun avait apporté des mets souvent délicieux, nous attendait et fut l’occasion pour tous de reprendre des forces, d’échanger avec bienveillance, tandis qu’un petit trio se mettait en place pour jouer avec qui voulait bien (qui savait), la tension retombait.

    Plus tard, alors que nous étions sur le départ, je me suis enhardi à aborder la sœur de Diketi que je ne connais-sais pas, après une crise de larmes incontrôlable de ma part, je lui ai dit que je voulais lui expliquer qui était Diketi pour ma famille, un ami pas seulement, mais aussi l’éducateur spécialisé de Nathan, mon fils handicapé. Le visage de la sœur de Diketi s’est illuminé, vous êtes le père de Nathan ? Oui. Il faut absolument que vous rencontriez ma mère, Diketi nous parlait de Nathan tellement souvent, vous êtes venu avec lui ? Oui. Où est-il ? C’est le grand gaillard un peu égaré près du buffet. Mais vous alliez partir c’est ça ? Oui. Vous êtes l’ami d’enfance de Laurence ? Oui. Où est Laurence ?, Ah Laurence te voilà, ton ami vient de m’expliquer qu’il était le père de Nathan, mais il faudrait absolument que nous rencontrions tous Nathan, ils s’en vont, est-ce que tu peux arranger un dîner chez toi, on apporte chacun quelque chose, de telle sorte que nous puissions rencontrer Nathan. Laurence a naturellement accepté.

    Un mois et demi plus tard, un samedi soir, nous étions tous les quatre, Madeleine, Nathan, Adèle et moi, invités chez Laurence dans son minuscule appartement. Nous nous étions chargés des desserts, nous avions apporté un gâteau de châtaignes qui avait déjà rencontré un bon succès lors de la cérémonie commémorative, une mousse au chocolat pour faire plaisir à Laurence et un autre dessert, dont je ne me souviens plus. Étaient déjà là quand nous sommes arrivés la sœur de Diketi, et son mari, et la mère de Diketi, Renée. Eût égard à mes rotules douloureuses, j’ai eu droit à la deuxième meilleure place sur le canapé du salon en compagnie de Renée, doyenne de cette soirée, dans laquelle il était admirable qu’effectivement les proches de Diketi étaient vraiment venus pour faire la connaissance de Nathan, c’est tout juste si Madeleine, Adèle et moi n’étions pas secondaires, ce qui, étant donné la nature du handicap mental de Nathan, était à la fois surprenant et inhabituel. Nathan découvrait depuis peu le jeu d’échecs et tous se relayèrent pour disputer des parties avec Nathan, ce qui était à la fois ce qui pouvait faire le plus plaisir à Nathan alors, mais surtout ne manqua pas de me faire penser à cette citation que l’on attribue généralement à Socrate que l’on peut apprendre beaucoup plus d’une personne en jouant avec elle pendant une demi-heure que pendant dix ans de conversation, c’était donc la meilleure façon qui soit de rencontrer Nathan.

    Sirah, la fille de Diketi arriva un peu plus tard avec son compagnon, dont j’eus à apprendre qu’il était cévenol et qu’il connaissait très bien la vallée de la Cèze. C’était la deuxième fois que je voyais Sirah, la fille de Diketi, dont il m’avait parlé avec cette admiration benoîte des pères. Je sa-vais que Sirah était doctorante, mais je ne savais pas dans quelle matière, aussi, pour lancer la conversation, je le lui demandais et comme elle me répondit qu’elle était effecti-vement thésarde en littérature comparée, je me jetais sur l’occasion pour lui demander de m’expliquer en quoi consis-tait, dans les grandes lignes, la littérature comparée ce que j’ignorais tout à fait, ce dont je ne me vantais pas. Les expli-cations de Sirah étaient limpides et intelligentes, tout à fait compréhensibles par un quidam de mon espèce, du coup je lui demandais quel était le sujet de sa thèse, et comme elle me répondait qu’il s’agissait des œuvres de fiction à propos de la Shoah, j’enfourchais sans délai ma Rossinante de Don Quichotte du Val de Marne pour lui dire, par exemple, tout le mal que je pensais à la fois de ce sujet, mais aussi de cer-tains livres qui avaient fait grand bruit ces derniers temps parmi lesquels les Bienveillantes de Jonathan Littel, un de mes moulins à vent préférés.

    Avec beaucoup d’adresse Laurence parvint à détour-ner le sujet de la conversation, en revanche une personne vibrait terriblement de l’autre côté du canapé, Renée, la mère de Diketi. Qui me prit à part pour me dire, vous savez quand j’étais petite fille je sautais sur les genoux de Céline. Vous voulez dire Louis-Ferdinand Céline, l’auteur de Mort à Crédit ? Lui-même.

    En fait je comprenais rapidement que ma péroraison avait eu au moins le mérite d’éveiller l’intérêt de Renée, elle enchaîna donc en m’expliquant qu’elle était la fille d’un très sale type qui avait été un très bon ami de Céline et qu’effec-tivement enfant, elle avait de nombreuses fois rencontré le docteur Destouches et que ce dernier l’avait plus d’une fois fait sauter sur ses genoux. C’est une chose de serrer une fois la main de John Tchikaï en se disant qu’elle avait serré celle de John Coltrane, pour avoir joué avec lui, et de s’en émer-veiller, et de s’en amuser, c’en est une autre de se dire qu’on est assis sur un canapé que l’on partage avec une dame, un peu âgée tout de même qui, enfant, avait sauté sur les ge-noux de Céline.

    En fait Renée, comme elle me l’a dit, avait des choses à dire et elle se demandait si d’aventure, une intuition, je n’étais pas la bonne personne pour cela.

    Son père, m’expliqua Renée, était un très sale type et peut-être avez-vous déjà entendu parlé de lui, il s’agit de René Girard, connu pour avoir fait fortune dans le cinéma comme accessoiriste mais aussi pour avoir été le fondateur, dès 1941, de l’Institut d’Étude des Questions Juives auquel il avait versé sa très importante bibliothèque antisémite, une vraie marotte. Effectivement pas du tout un type recom-mandable.

    Renée a eu cette parole déconcertante et prévenante pour me dire que si je vérifiais ceci sur internet je verrais que ce fameux institut a été en fait fondé par un certain Paul Sézille, mais qu’en fait ce dernier avait été le bras droit de son père qui, sentant, dès le début de 1944, que peut-être le Reich millénaire allait, heureusement, durer moins longtemps, s’est arrangé pour étancher la soif d’ambition de son second, ce que ce dernier aurait sûrement eu à justifier devant quelque tribunal s’il n’était pas mort prématurément de maladie en 1944. Et que donc le véritable instigateur de cet institut nauséabond était bien le père de Renée, René Girard, qui, de fait, ne fut pas du tout inquiété à la libération et a pu reprendre ses activités d’accessoiriste de cinéma avec une certaine fortune.

    Ce n’était pas facile de se dire que l’on est la fille d’un salaud selon l’expression, apparemment sincère, de Renée, elle avait essayé toute sa vie de se défaire de cet encombrant héritage, elle ne savait pas si elle y était parvenue, mais que voilà, elle avait de temps en temps le besoin, et le désir, de parler de ce genre de choses et qu’elle avait l’impression qu’avec moi, elle pourrait le faire. C’était quelque chose qu’elle sentait. Elle me disait par exemple qu’elle avait essayé la psychanalyse mais que cela ne l’avait pas suffisamment aidée. Que toute sa vie elle serait taraudée par cette idée qu’elle était la fille d’un salaud. Et une grande tristesse se lisait alors sur son visage.

    Mais Renée, Diketi est bien né en 1959 (je me sou-venais du poster avec ses dates de naissance et de décès à l’entrée de la commémoration) ? Oui. Vous vous êtes mariée en quelle année ? 1955, je crois. Et donc Rénée, vous vous demandez encore si vous vous êtes suffisamment départie de l’héritage de votre père, vous, une femme blanche, qui s’est mariée en France, en 1955 avec un Camerounais ? Je crois que vous pouvez être tout à fait rassurée sur ce point. Vous vous êtes très largement émancipée de cet héritage célinien et maurassien.

    J’ai promis à Renée que j’allais réfléchir à tout cela.

    La soirée s’est terminée tard dans une chaleur amicale merveilleuse, j’étais par ailleurs admiratif de ce qu’il n’était pas de trop d’appeler un véritable travail de deuil collectif qu’étaient en train de produire les proches de Diketi, soudés dans cette épreuve de la perte d’une figure centrale de leur famille. Je suis reparti en métropolitain avec les enfants et tandis que nous remontions vers la porte de Bagnolet où j’avais laissé la voiture, je pensais aux formes que pourraient prendre la collaboration avec Renée, un livre, un entretien audio phonique, un site internet, il me semblait cependant que le film documentaire serait le vecteur idéal pour ce qui semblait être, de la part de Renée, un désir de déposition .

    M’est alors venue cette idée étonnante, telle une ful-gurance, Diketi, mon ami Diketi, grand Noir, aux immenses dreadlocks , à la démarche chaloupée, au visage de grand guerrier de tribu, Diketi était le petit fils d’un abominable et zélé collaborateur, petit Français blanc minable. Cela n’avait pas de sens. Il était donc urgent de retrouver ce sens.

    Le film que je voudrais faire s’interroge à propos de ce qui n’a pas de sens.

    Philippe De Jonckheere, le Bouchet de la Lauze, le 18 août 2016.

    #qui_ca

  • Philippe Grasset et le mystère de Verdun
    http://www.dedefensa.org/article/philippe-grasset-et-le-mystere-de-verdun

    Philippe Grasset et le mystère de Verdun

    Si nous avions dit que l’apocalypse avait commencé à Verdun... – René Girard

    Cent ans de Verdun cette année. Et si nous évoquions Verdun ? En évitant le stéréotype et en tentant de décrypter l’archétype qui se dégage du champ de bataille le plus terrible de l’Histoire ?

    Dans un livre lourd de pensées et de photographies (1), les Ames de Verdun, où il donne libre cours à son lyrisme savant de philosophe, l’historien Philippe Grasset nous propose une réflexion métaphysique sur Verdun, enluminée par les images noir et blanc de Michel Castermans et Bernard Plossu.

    Evoquer Verdun semble vain, deux mois après les profanations imbéciles de « nos dirigeants » (!) ou même les cérémonies nécromanciennes du tunnel du Gothard qui entachaient le symbole (...)

  • René Girard, le philosophe chrétiens auteur de la théorie du bouc émissaire est mort.

    Sa théorie était une proposition d’explication d’origine de la culture (qui tout le monde l’admet, est aussi une explication du christianisme), partant de l’idée qu’une victime innocente est « choisie » (à travers divers stratagème, mais pensez juste a ce qui se passe dans une partie du jeu de carte ’loup garou’) puis sacrifié (symboliquement ou non), et que c’est sur cette base, que se fonderai ensuite une culture.

    Le livre le plus accessible pour aborder sa pensée est probablement le recueil d’entretiens « les origines de la culture ».

    • lien avec #guerre_aux_pauvres, boucs émissaires modernes qualifiés de surnuméraires, qui viennent de se bouffer la réforme #apl dans l’indifférence générale du monde militant.
      EDIT

      partout et toujours, lorsque les hommes ne peuvent pas ou n’osent pas s’en prendre à l’objet qui motive leur colère, ils se cherchent inconsciemment des substituts, et le plus souvent ils en trouvent

      l’#invisibilisation est une forme de violence aussi, une des pires car elle se fait sans bruit, en négatif.

    • Le #désir, c’est le mal. Péché de luxure, péché d’envie, de lucre, partout, partout, et joie nulle part, sauf celle de dominer, ne serait-ce que imaginairement. Et tout continue jusqu’au jugement dernier.

      À cette omni-explicative théorie de et par la rivalité #mimétique, on pourra préférer les recherches, qui ont considéré l’#imitation comme processus créateur

      De ce fait, le collectif comme réalité structurée ne saurait être compris comme une entité subsistante, et son existence se confond avec le processus de structuration des parts de nature préindividuelle qui portent la vie affective des sujets. Mais la vie intime ne peut pas se révéler d’emblée commune sans que le collectif y gagne une dimension moléculaire. Et le transindividuel ne nomme en somme que cela : une zone impersonnelle des sujets qui est simultanément une dimension moléculaire ou intime du collectif même.

      Cette tentative pour penser la constitution du collectif à un niveau moléculaire, c’est-à-dire aussi bien infra-individuel qu’infra-social, rapproche #Simondon de #Tarde, qui désubstantialise pour sa part l’approche des phénomènes sociaux en les décrivant comme des #processus_d’imitation. Car ce que l’on imite, selon Tarde, ce ne sont jamais les individus, mais des flux qui traversent les individus, et qui sont toujours de croyance et de désir. De ce point de vue, même l’invention relève de l’imitation de flux qui se trouvent conjoints d’une manière nouvelle dans l’inventeur (et pas, à proprement parler, par lui, comme s’il en était l’auteur). On peut donc dire qu’une invention est toujours « un croisement heureux, dans un cerveau intelligent, d’un courant d’imitation, soit avec un autre courant d’imitation qui le renforce, soit avec une perception extérieure intense, qui fait paraître sous un jour imprévu une idée reçue » . D’où l’importance qu’accorde Tarde aux phénomènes de « suggestion à distance » et de « contagion » , qui définissent selon lui le mode sur lequel des esprits peuvent s’influencer à distance du seul fait d’avoir connaissance de l’existence d’autres esprits simultanément en contact avec les mêmes idées (comme c’est le cas, exemplairement, du public des lecteurs d’un même journal, et plus encore aujourd’hui du public des spectateurs de la télévision). On trouve chez Simondon un intérêt voisin pour les phénomènes de propagation affective par lesquels s’accomplissent, au sein du champ social considéré comme un champ métastable, des prises de forme imprévisibles, telle la propagation de la Grande Peur, susceptible à ses yeux d’être expliquée par une « théorie énergétique de la prise de forme dans un champ métastable » (IPC, note 18 p. 69).

      La théorie de l’#invention chez Tarde, aussi bien que la description simondonienne du champ social comme champ en tension où adviennent des prises de forme, proposent de concevoir l’émergence de nouveauté dans la société sans recourir à la figure de l’homme d’exception, génie politique capable de « donner forme » à la vie sociale. En effet, d’une manière proche de celle par laquelle l’invention naît chez Tarde de la conjonction de flux d’imitation et d’une série de petites différences qui finissent par produire de la nouveauté, on voit s’esquisser chez Simondon une énergétique sociale telle que « le hasard peut produire l’équivalent du #germe_structural » qui amorce une #transformation_du_champ_social. Car toute transformation est produite « soit par le fait qu’une idée tombe d’ailleurs — et immédiatement advient une structure qui passe partout, — soit peut-être par une rencontre fortuite » (IPC, p. 63). Une telle « énergétique humaine », qui s’intéresse aux potentiels dont l’écart jette la société dans un état métastable, est selon Simondon indispensable pour compléter le point de vue d’une « morphologie » sociale qui ne s’intéresserait qu’aux structures stables des groupes sociaux. Ainsi, si l’on peut dire que le collectif est en un sens déjà dans les sujets, c’est d’un point de vue « énergétique », sur le mode de potentiels susceptibles de conduire une individuation du champ social ; c’est donc comme collectif en devenir ou comme a(d)venir du collectif, et non pas, et surtout pas, comme germe structural préformé.

      Une scolie présente dans « Simondon-Individu et collectivité. Pour une philosophie du transindividuel » (disponible en ligne),de #Muriel_Combes : Intimité du commun
      http://entre-là.net/intimite-du-commun-par-muriel-combes

    • Un retour, adjacent, sur la notion de rivalité mimétique ou toute relation devrait être façonnée et lue à l’aune de la représentation...

      La peinture sera elle-même travaillée - exemplairement dans la pensée de Malevitch- par la volonté de ne plus renvoyer à une réalité extérieure à elle-même, de ne plus représenter. Mais ce rejet de la vocation représentative ou « mimétique » de la peinture est aussi la recherche d’une forme de présentation adéquate de la vie révolutionnaire - qui n’est telle justement que de pouvoir se soucier davantage de ce qui arrive à des surfaces colorées qu’à des personnages prisonniers de leur psychologie. Selon Rancière ce renversement de la mimesis picturale est déjà en jeu dans les analyses de Hegel. On y trouve en effet une sorte d’excès réciproque de la forme et du contenu qui annonce en réalité la dissolution de leur séparabilité.

      extrait de La révolution #sensible, #Partage de la nuit - Deux études sur Jacques Rancière, par Bernard Aspe
      http://seenthis.net/messages/417897

  • #Peter_Thiel, fondateur de PayPal et #libertarien, rêve d’un monde sans politique
    http://www.lemonde.fr/festival/article/2015/07/15/peter-thiel-fondateur-de-paypal-reve-d-un-monde-sans-politique_4683680_44151

    grand admirateur de l’Académicien français René Girard et de sa théorie du désir mimétique, il débat régulièrement avec des philosophes et a été, dans sa jeunesse, un des meilleurs joueurs d’échec des Etats-Unis.

  • La #Non-violence comme philosophie
    http://www.larevuedesressources.org/la-non-violence-comme-philosophie,2524.html

    Tout un chacun est prêt à reconnaître que notre monde est violent. Mais l’est-il davantage que les époques qui l’ont précédé ? La violence n’est-elle pas constitutive de toute société, comme René Girard l’a démontré ? Comment, dès lors, envisager de ne pas s’y résigner et lutter contre son empire ? Dans un diptyque dont voici le premier volet, le philosophe Jean-Marie Muller nous incite à l’optimisme, au pragmatisme et à la lutte. RP Il nous faut bien reconnaître que la non-violence est étrangère à notre (...)

    #Controverses

    / #Gandhi, #Simone_Weil, #Emmanuel_Lévinas, #Martin_Luther_King, Non-violence

    • http://classiques.uqac.ca/classiques/weil_simone/enracinement/weil_Enracinement.pdf

      Jamais on n’a osé nier l’obligation envers la patrie autrement qu’en niant la réalité de la patrie. Le pacifisme extrême selon la doctrine de Gandhi n’est pas une négation de cette obligation, mais une méthode particulière pour l’accomplir. Cette méthode n’a jamais été appliquée, que l’on sache ; notamment elle ne l’a pas été par Gandhi, qui est bien trop réaliste. Si elle avait été appliquée en France, les Français n’auraient opposé aucune arme à l’envahisseur ; mais ils n’auraient jamais consenti à rien faire, dans aucun domaine, qui pût aider l’armée occupante, ils auraient tout fait pour la gêner, et ils auraient persisté indéfiniment, inflexiblement dans cette attitude. Il est clair qu’ils auraient péri en bien plus grand nombre et bien plus douloureusement.

  • #Décroissance ou #développement-durable ?
    http://www.alternatives-economiques.fr/decroissance-ou-developpement-durab_fr_art_47_4909.html

    La critique de la société de consommation et les crises écologiques que nous traversons ont tordu le cou au scientisme positiviste hérité du XIXe siècle. Quasiment plus personne ne croit aujourd’hui que, grâce au progrès scientifique et technique, l’humanité se dirigerait mécaniquement vers un avenir radieux. Et c’est très bien ainsi. Ce n’est pas une raison pour inverser la proposition et idéaliser le passé. La relation à l’environnement ne peut être dissociée de l’ensemble des rapports sociaux qui caractérisent une société. Dans les sociétés traditionnelles, non seulement la vie matérielle était très difficile du fait de la faible productivité qu’entraînait une division du travail embryonnaire, mais les relations entre les différentes couches sociales ou encore entre les hommes et les femmes étaient marquées par de profondes inégalités, une très grande violence et le poids d’un obscurantisme omniprésent. Le côté folklorique de ces sociétés traditionnelles nous est aujourd’hui sympathique, mais c’est parce que nous ne comprenons plus comment fonctionnent réellement de telles sociétés : il faut lire les analyses d’auteurs comme René Girard pour saisir les ressorts violents que cachent les rituels colorés qui nous plaisent tant.

  • De la figure du Bouc émissaire

    "Le phénomène du bouc émissaire est un phénomène collectif. C’est la réponse inconsciente (René Girard utilise le terme de « méconnaissance ») d’une communauté à la violence endémique que ses propres membres ont générée au travers des rivalités mimétiques dues au triangle mimétique.

    Le phénomène du bouc émissaire est la loi du « tous contre un ». Il a pour fonction d’exclure la violence interne à la société (endémique) vers l’extérieur de cette société. Pour que ce phénomène soit effectif, il faut :

    – que la mise en œuvre du rituel du bouc émissaire reste cachée,
    – que la violence résultante de cet acte n’entraîne pas une esc alade de violence, d’où la nécessité d’un « typage » des victimes (elles ne sont pas choisies au hasard). C’est le principe de moindre violence,
    que les individus soient persuadés de la culpabilité du bouc émissaire,
    – et (dans une moindre mesure) que les victimes soient persuadées d’être coupables.

    Le problème de ce mécanisme régulateur de la violence est son caractère temporaire. En effet, la violence endémique générée par le désir mimétique ou mimésis se fait, tôt ou tard, ressentir. L’on a recours alors à un nouveau bouc émissaire.

    En résumé, pour René Girard, le bouc émissaire est le mécanisme collectif permettant à une communauté (archaïque) de survivre à la violence générée par le désir mimétique individuel de ses membres (même si la détermination des désirs est, pour une très large part, collective).

    Le bouc émissaire désigne également l’individu, nécessairement coupable pour ses accusateurs mais innocent du point de vue de la « vérité », par lequel le groupe, en s’unissant uniformément contre lui, va retrouver une paix éphémère."

  • L’homme d’une seule idée | Christophe Baconin
    http://www.monde-diplomatique.fr/2011/08/BACONIN/20863

    Si la grandeur d’une œuvre devait se mesurer à l’aune de sa notoriété médiatique, celle de René Girard mériterait sans doute de passer à la postérité. René Pommier semble bien seul à penser qu’il « peut très légitimement se flatter d’avoir battu, et pour longtemps sans doute, tous les records d’outrecuidance (...) / #Christianisme, #Culture, #Idées, #Religion, #Violence - 2011/08

    #2011/08