En fait cela fait un moment (quelques jours) que je me pose cette question.
Et si l’anti-antisionnisme n’était pas un antisémitisme ?
Je m’explique. Par exemple, je considère que Dieudonné est un abruti fini (pour base de ce jugement qui est moins péremptoire qu’on ne croit, je prends son sketch où il fait remettre je ne sais quelle récompense à Robert Faurisson par une personne habillé en détenu de camps de concentration nazi). Est-ce que cela fait de moi une personne raciste ? Non, dans la mesure où, évidemment, (pitié !), je considère que la stupidité de Dieudonné a à avoir avec sa bêtise crasse et est sans relation aucune avec le fait qu’il est Noir. Et à vrai dire si je m’empêchais de penser ou d’écrire que Dieudonné est un peigne-cul au motif qu’il est Noir et que je ne voudrais pas paraître raciste, cela ferait de moi, au contraire, un raciste, un raciste honteux.
Or, je constate, plus ou moins souterrainement, que les motivations étatiques à ne pas condamner la politique délétère d’Israël sont en fait l’effet d’une gêne et d’une mauvaise conscience internationales. On ne peut pas condamner la politique d’Israël (qui est pour ainsi dire génocidaire du peuple palestinien) au motif que toutes les puissances occidentales ont une dette morale inavouable vis-à-vis des Juifs à cause de la destruction des Juifs d’Europe par les Nazis (et ce n’est pas la même dette, le même remords ou la même culpabilité selon les pays, mais c’est toujours de la mauvaise conscience). En s’empêchant ce qui devrait être naturel, couler de source même, les preuves sont suffisamment nombreuses (à savoir condamner la politique d’Israël, singulièrement depuis 1995, depuis l’assassinat d’Yitzhak Rabin, dont il est tout à fait raisonnable de penser, c’est la thèse d’Amos Gitaï dans _Les Derniers Jours d’Yitzhak Rabin, que l’actuel Premier Ministre israëlien en porte la très lourde responsabilité), donc en ne se permettant pas cette pensée claire au motif d’une mauvaise conscience historique, cela revient à ne pas condamner cette politique parce qu’on ne peut pas décemment dire du mal de Juifs. C’est donc un raisonnement antisémite. Trempé dans la honte.
Et il est particulièrement tordu.
Attention, je ne fais pas d’Yitzhak Rabin un saint, tant s’en faut, ni des accords d’Oslo l’alpha et l’oméga de ce que devraient être les relations entre Palestiniens et Israéliens. En revanche l’assassinat d’Yitzhak Rabin semble marquer un point de non retour dans ce qui devrait être unanimement condamné dans la politique d’Israël, justement parce que c’est une relance sioniste.
Si je me trompe, et je pense la chose possible, et que justement vous pensez que je me trompe j’aimerais que vous l’exprimiez sans violence excessive, je m’engage à la même courtoisie, dans le cas présent j’essaye de comprendre, si possible avec l’aide de toutes et tous ici, ce qui me taraude depuis quelques jours.
]]>Robert Faurisson est mort, un antisémite de moins !
▻https://nantes.indymedia.org/articles/43476
lahorde.samizdat.net Le communiqué de l’Union Antifasciste Toulousaine suite à la mort de Robert Faurisson
]]>Faurisson, piège à cons ! — Retour aux sources « littéraires » d’un pseudo- faussaire
►http://www.archyves.net/html/Blog/?p=7505
Parcours d’un infatigable négationniste, de Rimbaud aux chambres à gaz, en passant par Lautréamont, Nerval et le « Journal d’Anne Frank ». Rappel salutaire et décorticage brillant par Yves Pagès
Bien avant de devenir l’éminence grise du négationnisme, l’ancien élève du petit séminaire de Versailles puis khâgneux au lycée Henri IV Robert Faurisson a commencé par défrayer la chronique… littéraire au début des années 60. Et, malgré les apparences, ses coups d’éclat en ce domaine étaient loin d’être anodins ; ils portaient en germe une torsion du raisonnement qui annonce, dans son hiatus logique initial, ses dénis ultérieurs concernant le gazage massif des Juifs sous le IIIe Reich ainsi que l’idée même d’une planification génocidaire du régime hitlérien. D’où l’intérêt de revenir plus en détail sur ces premiers travaux, sur leur axiome méthodologique, pour mieux comprendre la suite.
]]>Faurisson, piège à cons ! — Retour aux sources « littéraires » d’un pseudo-historien faussaire | Yves Pagès
►http://www.archyves.net/html/Blog/?p=7505
Bien avant de devenir l’éminence grise du négationnisme, l’ancien élève du petit séminaire de Versailles puis khâgneux au lycée Henri IV Robert Faurisson a commencé par défrayer la chronique… littéraire au début des années 60. Et, malgré les apparences, ses coups d’éclat en ce domaine étaient loin d’être anodins ; ils portaient en germe une torsion du raisonnement qui annonce, dans son hiatus logique initial, ses dénis ultérieurs concernant le gazage massif des Juifs sous le IIIe Reich ainsi que l’idée même d’une planification génocidaire du régime hitlérien. D’où l’intérêt de revenir plus en détail sur ces premiers travaux, sur leur axiome méthodologique, pour mieux comprendre la suite. Source : (...)
]]>Un salaud est mort, reste à tuer sa mémoire
▻https://www.lignes-de-cretes.org/un-salaud-est-mort-reste-a-tuer-sa-memoire
Dans ma mémoire politique, Robert Faurisson n’aurait pas du exister.
Il n’avait rien d’extraordinaire, au regard d’autres figures importantes de l’extrême-droite et du néo-nazisme.
Le négationnisme n’était qu’une branche de la haine antisémite, une forme du retournement victimaire particulièrement abjecte puisqu’elle visait cette fois à légitimer un génocide et des crimes contre l’humanité, mais tout à fait cohérente avec le récit général antisémite : ce ne sont pas les Juifs qui sont persécutés, puisqu’ils sont les maîtres du monde et les vrais bourreaux.
Dans ma mémoire politique de militante d’extrême-gauche, Robert Faurisson, pourtant, est une marque au fer rouge sur ma peau militante, la marque de l’infamie, gravée pour la vie.
Ces prochains jours, dans les nécrologies, on lira sans doute beaucoup de choses sur les liens entre Faurisson et les pays “arabes”, sur les complicités dont il a bénéficié en Iran.
Et naturellement, beaucoup parleront du “nouvel antisémitisme” à cette occasion et de la manière dont de jeunes musulmans issus de l’immigration et de vieux nazis ont pu trouver un terrain d’entente.
Issue de l’immigration musulmane, pourtant, si j’en étais restée au Coran, peut-être n’aurais-je jamais eu la honte d’avoir côtoyé, à deux périodes différentes de ma vie, des gens qui avaient trouvé un intérêt à propager le négationnisme. C’est bien l’ ancien antisémitisme européen qui a sali mon histoire militante.
]]>▻https://www.lemonde.fr/festival/article/2014/05/22/le-jour-ou-le-monde-a-publie-la-tribune-de-faurisson_4422239_4415198.html
Un article pour le coup assez équilibré qui revient sur la fameuse bourde du Monde publiant la tristement célèbre tribune de Faurisson intitulée le problème des chambres à gaz
Robert Faurisson connaît chaque signature du Monde, guette chaque promotion ou chaque disparition dans l’ours du journal. Il est venu, au début des années 1950, trouver Hubert Beuve-Méry, à l’issue d’une conférence en Isère, pour lui expliquer que, vraiment, ses colonnes donnaient trop de place aux communistes. Il n’hésite pas à se déplacer jusqu’à la rue des Italiens, se pointe à l’accueil, monte les vieux escaliers, demande le « rédacteur en chef, Bernard Lauzanne », ou un autre.
Et puis, évidemment, il abreuve le quotidien de courriers postés de Vichy. Des lettres tapées à la machine, avec son adresse et son numéro de téléphone, souvent précédées d’un « à publier » autoritaire. Sans succès. Les tribunes où il argue que « plus aucun institut historique ne persiste à dire qu’il a existé une seule chambre à gaz dans tout l’ancien Reich » atterrissent à la poubelle ou, au mieux, dans les archives de la « doc », comme la lettre jaunie de juin 1977. « En quatre ans, il a écrit vingt-neuf fois au Monde au sujet des chambres à gaz », recensera, en 1980, l’historienne Nadine Fresco dans un article fondateur des Temps modernes, « Les redresseurs de morts ».
]]>Professeure braquée par une « erreur » du médecin qui l’a examiné : l’affaire prend une dimension politique
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#de_la_dyslexie_créative
Le site Lundi Matin a publié, ce 8 octobre 2018, un texte du même Serge Quadruppani, ” Berlin 1933 vu de la Méditerranée 2018″. Un texte qui parle de Raymond Aron, du génocide des Juifs par les nazis, sur ce ton paisible et semi-mondain de la controverse entre gens de bonne compagnie, en l’occurrence, avec un autre éditorialiste, Daniel Schneidermann.
A part dans une sphère politique bouffée jusqu’à l’os par l’antisémitisme, où pourrait-on imaginer qu’un militant honnête, qui se serait corrompu avec Robert Faurisson en connaissance de cause, mais aurait finalement eu des regrets et de la honte, puisse de nouveau et comme si de rien n’était, disserter sur la Shoah et les mauvaises analyses des autres ?
A part dans une sphère politique dévorée par sa perversité totale, où ce genre de publications par un collectif peut-il susciter autre chose que la rupture la plus définitive et la plus visible qui soit ?
Depuis des dizaines d’années, les pro-négationnistes de gauche tentent de maintenir l’existence de cette sphère là, de cet astre mort toujours renaissant, qui pourrit et salit sans fin les idées révolutionnaires et les mouvements sociaux. Les cycles s’enchainent et la litanie des monstres dont accouche notre camp : Rassinier, La Vieille Taupe, et Garaudy et Dieudonné…
A propos des racines et des excroissances du négationnisme - Lignes de crêtes
▻https://www.lignes-de-cretes.org/a-propos-des-racines-et-des-excroissances-du-negationnisme
« Je ne prends pas la défense de l’Allemagne. Je prends la défense de la vérité (…) »
C’est par ces mots que s’ouvre le premier pamphlet de littérature négationniste publié en France, Nuremberg ou la Terre Promise, en 1947.
A l’époque, peu de lecteurs prendront la phrase au sérieux, son auteur Maurice Bardèche, beau-frère de Brasillach ayant entamé depuis l’exécution de celui-ci une entreprise de réhabilitation du nazisme et de la collaboration française sans équivoque, qui l’amène immédiatement à se lier avec l’ensemble des nazis encore actifs dans l’Europe de l’immédiate après-guerre.
Soixante-dix ans après, cependant, la posture d’objectivité de Bardèche, aussi grotesque soit-elle, est adoptée par ses héritiers avec un immense succès.
Hormis Vincent Reynouard, qui se dit ouvertement néo-nazi, la plupart des négationnistes et tous leurs soutiens se prétendent totalement neutres vis à vis du nazisme, et même pour beaucoup ses opposants. Dans le débat public, le négationnisme ne s’impose pas par une défense ouverte de ses thèses (de fait, très peu de gens parmi ceux qui défendent Faurisson connaissent les « arguments » qu’il invoque pour nier les chambres à gaz), mais toujours par le biais de débats sur la liberté d’expression ou la liberté de recherche historique soi-disant opposée à la main mise de l’Etat sur l’Histoire qu’incarneraient les lois qui pénalisent l’expression des thèses négationnistes. Les négationnistes seraient des chercheurs de vérité.
C’est le long aboutissement d’un combat fasciste pour dépolitiser l’image du négationnisme. La dépolitisation est ce processus par lequel le négationnisme parvient à apparaître dans le débat public comme une idéologie ou une démarche historique ou militante pas forcément liée à l’extrême-droite.
Ce combat a commencé par la mise en avant de certains parcours plutôt que d’autres : ainsi Bardèche, premier négationniste publié avec un tirage d’importance est généralement mis au second plan des récits négationnistes sur l’histoire de leur courant.
]]>Il est permis de dire qu’Emmanuel Macron est un « menteur professionnel »
ISF, pouvoir d’achat, SNCF : les arguments discutables de Robert Faurisson
Lundi.am et BHL : convergence des luttes ?
►https://lemediapresse.fr/syrie/lundi-am-et-bhl-convergence-des-luttes
▻https://i0.wp.com/lemediapresse.fr/wp-content/uploads/2018/03/Bernard-Henri_L%C3%A9vy-tau-2.jpg?resize=1280%2C640&ssl=1
Chers lecteurs de lundi.am,
Le Média a été gravement mis en cause dans un article paru sur le site lundi.am le 28 février dernier, sous le titre « Le Média sur la Syrie : naufrage du ‘journalisme alternatif’ » et portant la signature de Mme Sarah Kilani et M. Thomas Moreau. Si nous avons attendu avant de répondre aux contre-vérités et aux divagations qu’il contient, c’est que, tout d’abord, nous n’avons pas estimé qu’il s’agissait d’un travail sérieux.
Mais nous avons été ensuite surpris par l’intérêt suscité par un agglomérat aussi peu solide et des critiques aussi infondées. En quelques jours, grâce au pouvoir multiplicateur des réseaux sociaux et à l’hostilité que Le Média inspirait avant même d’avoir produit le moindre programme, le texte des contributeurs de lundi.am a été largement diffusé par toutes sortes « d’autorités » de la presse française, disposant de puissants relais, à l’image de l’improbable Bernard-Henri Lévy qui, dans Le Point, a repris leur argumentaire. Que cette publication de la gauche critique, lundi.am, se soit alignée sur la position des néo-conservateurs atlantistes nous a d’abord étonné. Mais le pouvoir de nuisance de ce texte ayant propagé des mensonges, il faut nous résoudre à devoir défaire méthodiquement ses raisonnements spécieux, bien que nous aurions préféré utiliser notre énergie pour participer à un débat utile sur la couverture des conflits contemporains, plutôt que de perdre notre temps à dissiper des sottises. Mais enfin, la bulle médiatique unanime nous étant tombé dessus avec les armes que lundi.am lui a fournies, nous devons bien aujourd’hui nous efforcer de montrer que les attaques de leurs contributeurs sont aberrantes.
Voici donc notre réponse à ce pamphlet bâclé qui a tant plu et tant servi à l’ordre médiatique dominant. Ordre dont lundi.am s’est fait, ironie de l’histoire pour des héritiers du situationnisme, le porte-flingue du moment (...)
Enfin, la conclusion de l’article des contributeurs de lundi.am est d’une indécence rare, qui ne peut pas rester sans réponse. Dans un court paragraphe honteux, ils avancent le nom de l’immonde Darquier de Pellepoix et les mensonges ignobles de Robert Faurisson pour prétendre que « la rhétorique » de Claude El Khal « se situe dans le registre du premier pas vers le négationnisme ». Non seulement les contributeurs de lundi.am imputent à Claude El Khal, et par extension au Média, la commission d’un crime puni par le code pénal, mais ils ajoutent une injure infâme à la diffamation caractérisée en sous-entendant que le travail de l’un de nos collaborateurs pourrait aboutir « un jour à une ignominie semblable sur La Ghouta ou Alep si l’on n’y prend pas garde ». Eh bien non, c’est maintenant clair, ce n’est pas Le Média qui prône l’intensification de la guerre et l’aggravation des violences contre les civils.
Au fond, chers lecteurs de lundi.am, vous le voyez : les contributeurs qui nous ont injurié ont pris leur désir pour des réalités et leurs préjugés pour des arguments. C’est pourquoi nous voulons faire connaître notre position, de manière à ne pas vous laisser être insultés par la médiocrité du travail fourni par ces personnages.
]]>ROBERT FAURISSON : Invité, mais censuré, par Radio Courtoisie (Paris)
▻http://robertfaurisson.blogspot.com/2008/05/invite-mais-censure-par-radio.html
Thursday, May 1, 2008
Invité, mais censuré, par Radio Courtoisie (Paris)
Le mercredi 9 avril, j’ai été invité par Martin Peltier à m’exprimer sur les ondes de Radio Courtoisie. Notre entretien était prévu pour durer de 19h30 à 21h mais il a été interrompu au bout de vingt-sept minutes. Il l’a été sans préavis et aucune explication n’a suivi. Radio Courtoisie est une modeste station, à but non lucratif, qui se présente en « radio de toutes les droites ». Elle est dirigée par Henry de Lesquen. Sur l’affaire, on trouvera ci-dessous une série d’éléments classés dans l’ordre chronologique.
1) Communiqué de « Bocage » (11 avril)
C’est dans le plus grand secret que Martin Peltier, pour son émission mensuelle de Radio Courtoisie, avant-hier, mercredi 9 avril, avait invité le professeur Faurisson. Tous deux s’étaient bien mis d’accord pour faire en sorte de ne jamais transgresser la loi Fabius-Gayssot, non seulement pour échapper eux-mêmes à toute poursuite, mais pour préserver la station radio mise, comme on le sait, par le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) en liberté surveillée.
L’émission a commencé à 19h 30 ; les deux interlocuteurs, avec d’infinies précautions, ont relaté les persécutions dont sont victimes les révisionnistes à travers le monde. Les correspondants qui le désireront pourront nous réclamer la transcription de cette émission.
Mais, au bout de 27 minutes, l’entretien a été coupé ... Motif invoqué sur place : « La coupure est faite à la demande du CSA ».
Or, voici ce qu’on pouvait lire sur le site du quotidien Le Parisien, avant-hier soir, à 22h 30 :
<▻http://www.no-media.info/834/radio-courtoisie-censure > ou encore
Etrange silence sur Radio Courtoisie
Brutale interruption des programmes ce mercredi soir sur Radio Courtoisie.
Alors que la station - qui se définit comme « la radio de toutes les droites » - diffusait une émission sur le révisionnisme, l’antenne a soudain été coupée. Sans préavis, « Le libre journal » présenté par Martin Peltier a laissé la place à de la musique classique. Il n’a pas repris.
Quant à l’émission du député européen Paul-Marie Coûteaux, qui devait commencer à 21h30, elle a été reportée à une date ultérieure.
Contacté, Henry de Lesquen, le responsable de la station, nous a expliqué que l’émission avait été interrompue vers 19h30 « par la déléguée aux questions éditoriales qui a considéré que l’un des invités tenait des propos inacceptables ».
Il n’a cependant pas indiqué de quels propos il s’agissait, ni pourquoi les programmes n’avaient toujours pas repris.
Non seulement il semble qu’il y ait eu censure de la part de la radio elle-même, mais il y a censure dans l’article ci-dessus faisant état de la censure, puisque le nom du professeur Faurisson n’est même pas mentionné !
2) Transcription, due à « Bocage », de l’entretien
Martin Peltier : Bonsoir, Professeur.
Je dois expliquer aux auditeurs pourquoi j’ai décidé d’inviter dans ce studio un repris de justice. Tout nous sépare : vous êtes professeur de faculté, j’ai toujours été un cancre ; vous êtes à moitié britannique et la Grande-Bretagne est ma bête noire politique ; vous êtes athée, je suis catholique. Alors pourquoi ?
Eh bien il y a des raisons inavouables – d’abord, on aime toujours faire le malin. Et puis il y a des raisons frivoles : vous êtes un amateur de Nerval et vous tenez Isidore Ducasse pour un farceur, ce qui est très sympathique.
Et puis il y a deux raisons avouables :
La première, d’abord, j’écoute l’Evangile : « Ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous le ferez », a dit le Christ. Or aujourd’hui, dans notre société, le plus petit ce n’est pas le chômeur, ce n’est pas non plus l’immigré clandestin, qui a bénéficié de la bienveillance et du soutien d’une foule d’associations bien-pensantes ; le plus petit c’est le révisionniste, ce pelé, ce galeux, de qui vient la pire des pestes : celle qui affecte la mémoire.
Et il y a une deuxième raison à cette invitation : nous ne parlerons pas aujourd’hui de vos idées ni de vos travaux, Professeur Faurisson, parce que c’est interdit par la loi. Mais la façon dont les médias et l’appareil d’Etat vous ont traité est dégoûtante et choquante. On peut très bien soutenir que la pensée et son expression doivent être limitées, doivent être dirigées – c’est peut-être même souhaitable, sait-on jamais ? Mais qu’une société, qui a fait du blasphème une vertu et qui proclame à tout va son désir de liberté totale, réprime avec la dernière férocité le délit d’opinion est insupportable, du point de vue de la logique et du point de vue de la morale. Il faut donc dénoncer ce fait avec force et précision : on ne peut pas rester toute sa vie couché devant les oukases des puissants et les [inaudible] qu’ils imposent. Pour l’honneur de la presse et pour celui du peuple français, il faut bien qu’on redresse de temps en temps ne serait-ce que le bout d’une oreille.
Alors nous allons faire aujourd’hui de l’histoire, un peu d’histoire du révisionnisme. Il ne s’agira absolument pas de justifier quelque thèse que ce soit mais de raconter ce qui s’est passé.
Cela dit, soyons clairs : nous ne parlerons pas des chambres à gaz ! La loi Gayssot de 1990 réprime la contestation du crime contre l’humanité tel que l’a défini le tribunal de Nuremberg en 1946. Et, si je ne me trompe, elle condamne cette contestation même par insinuation. Quel est le texte exact ? Vous pouvez me le citer, de mémoire ?
Robert Faurisson : Il est exact que cette loi du 13 juillet 1990, qu’on a pris l’habitude d’appeler la loi Fabius-Gayssot ou Gayssot, interdit la contestation de ce qu’on appelle les crimes contre l’humanité tels qu’ils ont été définis, jugés, condamnés, notamment par le tribunal militaire international de Nuremberg en 1945-46. Mais cette loi du 13 juillet 1990 a reçu des applications qui font qu’il existe aujourd’hui une jurisprudence qui fait que, non seulement vous n’avez pas le droit de contester mais, pour résumer, vous n’avez pas le droit de paraître contester. Il est dit exactement, dans le Code pénal, que vous n’avez pas le droit de procéder à une contestation, même par voie d’insinuation. Par conséquent tout peut, ou à peu près tout peut s’interpréter comme une contestation.
MP : Absolument. Et c’est là que – je reprends la parole – c’est un secret pour personne, professeur, que vous avez mis en doute l’existence des chambres à gaz homicides dans l’Europe occupée par Hitler et que vous révisez fortement à la baisse le nombre communément admis de six millions de juifs morts pendant la seconde guerre mondiale. Je ne vous interrogerai donc pas à ce sujet et si vous aviez envie d’y venir spontanément je vous couperais avec la dernière rigueur et sans la moindre courtoisie, je vous en préviens. Vous êtes ici en quelque sorte en liberté surveillée – c’est ce que je peux vous offrir de mieux – et nous nous en tiendrons à trois sujets strictement définis avant l’émission. D’ailleurs, pour vous faire une confidence, même sans la loi Gayssot, je ne vous aurais pas laissé développer vos thèses révisionnistes ; en dehors des sanctions légales prévues par le législateur et décidées par les juges il y en a d’autres, spontanément appliquées, tacitement ou hautement revendiquées : il y a les pressions sur les familles, les brimades dans le travail, les voies de fait qui s’exercent contre ceux qui pensent mal et ceux qui les laissent s’exprimer. Il y a des puissances para-légales qui s’exercent en toute tranquillité dans notre pays, il y a des milices au-dessus des lois et j’avoue que j’en ai peur ; j’ai la trouille de la puissance plus ou moins occulte que l’on voit au travail autour de la mémoire des années dites les plus sombres de notre histoire.
Et le premier sujet que je voudrais que vous abordiez est précisément la persécution contre les révisionnistes en France et dans le monde. Vous-même vous avez été battu et laissé pour mort par une bande de voyous que la police a préféré laisser courir en fin de compte. Vous avez perdu votre emploi et plusieurs procès vous ont ruiné. Mais finalement vous estimez avoir de la chance parce que vous n’avez jamais fait de prison pour révisionnisme, finalement. Quel est… comment vous jugez-vous vous-même dans cette affaire-là ?
RF : Pour répondre à votre question, « juger c’est comparer » ; je compare mon sort à celui de bien d’autres révisionnistes, notamment allemands ou autrichiens. Je juge la justice qui m’a condamné mais par rapport également à la justice allemande, la justice autrichienne, la justice suisse, la justice britannique, la justice canadienne anglophone, la justice américaine et d’autres justices encore, la justice australienne, par exemple. Et j’estime que j’ai de la chance de vivre dans un pays de cocagne qui s’appelle la France ; j’ajoute que pour moi la République est bonne fille quand elle n’est pas en guerre, en guerre civile, ouverte ou larvée ; et enfin, je dois le confesser, j’ai la baraka.
MP : Vous avez fait un petit tour d’horizon. J’aimerais qu’on revienne point par point sur… Est-ce que… Justement il faut faire de la pédagogie. Déjà l’histoire des différentes persécutions. Est-ce qu’on peut faire le point des différents pays avec vous ? Est-ce que vous pouvez me dire, par exemple, où on en est en Suisse ? Quels sont les procès qui ont eu lieu contre les révisionnistes, quelles sont les persécutions qu’ils ont subies ? Je pense à Amaudruz, peut-être ?
RF : Alors, il y a Amaudruz, qui, à l’âge, je crois, de 82 ans, a été en prison, peut-être pour 3 mois, mais il y a eu d’autres personnes – je vous avoue que c’est un sujet que je n’ai pas tellement envie de traiter parce que c’est une façon de se plaindre que de parler des persécutions qu’on a subies. Parce que la question est de savoir si sur le fond nous avons raison ou non, et là, vous m’interdisez de parler.
MP : Absolument. Là je suis très clair. Mais, par définition, on ne peut pas parler de choses dont on ne peut pas parler. C’est une tautologie. Mais j’adore la tautologie : c’est mon sport préféré. Alors je crois qu’il est quand même intéressant – vous n’avez pas envie d’en parler mais j’ai envie de vous en faire parler parce que je crois que le public, le public même cultivé n’a pas… – Vous, vous nagez dedans, un peu comme Obélix, depuis que vous êtes tout petit mais le grand public, même cultivé, même éclairé n’a pas pris la mesure de l’extrême, je ne dirai pas sévérité, mais de l’extrême bizarrerie des sanctions portées contre plusieurs personnes. Alors, bon, allons-y pour l’Autriche. Moi j’ai deux cas dont j’aimerais que vous parliez : c’est le cas de M. Honsik et le cas de M. Fröhlich. Je ne vous demande pas de m’en parler pendant trois heures mais en deux minutes, voilà, déjà, vous pouvez faire du bon travail.
RF : Gerd Honsik est effectivement un révisionniste et il a habité Vienne ; il a été condamné pour révisionnisme ; il s’est réfugié en Espagne et, il y a peu de temps, l’Espagne l’a extradé, rendu à l’Autriche et donc Honsik est en prison.
MP : On extrade, pour ce délit-là…
RF : Voilà !
MP : C’est un délit ou un crime ? C’est un délit, tout de même.
RF : Alors, « délit » ou « crime », tout dépend, n’est-ce pas ; par exemple, en justice anglo-saxonne, on parle de « crime » ; ça peut être un délit, c’est une question de vocabulaire, peu importe. Le fait, le fait important – vous avez raison de le souligner – c’est qu’on arrive à extrader. Alors, à ce propos, je vais continuer, donc, de répondre, puisque vous m’avez parlé de Honsik mais également de Fröhlich ; je vais donc rapidement parler de Fröhlich puis je reviendrai à cette affaire d’extradition car, vous avez raison, elle est importante. Fröhlich est un spécialiste des chambres à gaz de désinfection et il a dit que les chambres à gaz nazies, pour lui, étaient impossibles pour des raisons…
MP : Oui, mais, là on va vraiment…
RF : Attendez : voilà. Donc, en tant que révisionniste il a été condamné et je crois qu’il est condamné pour quelque chose comme six ans et cinq mois de prison.
MP : D’accord.
RF : J’en arrive à la question d’extradition. Vous savez, on fait valoir que la France possède des lois antirévisionnistes.
MP : Oui.
RF : C’est le cas également de la Suisse, de la Belgique, de l’Espagne, de l’Allemagne évidemment, d’autres pays encore. On fait valoir que dans les pays anglo-saxons il n’y a pas de loi antirévisionniste. Pure hypocrisie ! Et c’est là que j’en viens à la question d’extradition. Prenez les Etats-Unis. Voilà un pays où je dois dire que personnellement je me sentais libre. C’était à peu près le seul pays du monde où je me sentais libre. Eh bien, c’est fini. Puisque si nous prenons le cas d’un des principaux révisionnistes, Ernst Zündel, il vivait dans le Tennessee et un beau jour il a vu arriver cinq malabars de la police, qui l’ont menotté, qui l’ont conduit en prison puis qui l’ont livré au Canada ; le Canada – tenez-vous bien – l’a mis en prison pendant deux ans dans des conditions a-bo-mi-nables…
MP : C’est-à-dire ?
RF : C’est-à-dire : dans sa cellule, où en hiver il crevait de froid, pas le droit à une chaise, pas le droit à un oreiller, pas le droit à quoi que ce soit, des fouilles anales continuelles et intimidation en amenant des chiens – on le mettait à terre, lui, et les chiens, n’est-ce pas, lui bavaient dessus : voilà comment il a été traité pendant deux ans au Canada, puis…
MP : Une question technique, pendant que j’y pense : il avait été amené des Etats-Unis au Canada sur un mandat d’arrêt international, une demande d’extradition ?
RF : Même pas. Si, c’est une demande ; ce n’était pas international : c’est le Canada qui l’a réclamé et qui l’a obtenu, c’était d’accord entre les Etats-Unis et le Canada. Donc les Etats-Unis, où vous avez le Premier Amendement, où vous êtes censé pouvoir vous exprimer librement, traitent un révisionniste comme un gangster et avec des méthodes de gangster. Il a donc été livré. Bien. Et il est passé devant un tribunal spécial – je dis bien : spécial – dit « commission des droits de l’homme ». Et je sais d’expérience ce que c’est et je pense que les auditeurs vont quand même être intéressés par ce point.
MP. Alors qu’est-ce que c’est qu’une commission…
RF. Voici. On a dit, lorsqu’en 1992 Zündel a fini par gagner ses fantastiques procès de 1985 et de 1988 par une décision de 1992, certaines personnes – je ne les désigne pas – ont dit : c’est intolérable ; il faut faire quelque chose. Elles ont dit : il faut des commissions des droits de l’homme. Alors le bon peuple a dit Oui. Enfin, les parlementaires ont dit Oui. Puis, second pas : mais attendez : il faudrait des tribunaux des droits de l’homme, pas des tribunaux ordinaires, et on a créé des tribunaux spéciaux où les juges sont recrutés d’après leur sensitivity – je n’ai pas besoin de traduire – à un certain problème et vous arrivez devant ces tribunaux – moi ça m’est arrivé quand je suis venu défendre Ernst Zündel, on vous fait lever la main droite, on vous fait jurer de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, et, la minute d’après, si vous avez le malheur de dire « Mais, Ernst Zündel, on ne peut rien lui reprocher car ce qu’il dit est exact et peut se démontrer, et je me fais fort de le démontrer », à ce moment-là le tribunal intervient et vous dit : « Attention, here, Truth is no defence », c’est-à-dire qu’ici « la Vérité n’est pas défense. Il nous importe peu de savoir si ce que vous dites est exact ou non, ce qui nous intéresse c’est de savoir la douleur qu’éventuellement vous pouvez déclencher dans un segment de la société canadienne ».
MP. Très bien. Vous me disiez, la suite, donc il a été jugé au Canada, de cette façon…
RF : Et ensuite l’Allemagne l’a réclamé, et il a été livré à l’Allemagne, jugé dans des conditions épouvantables…
MP : Une deuxième extradition…
RF : Une deuxième extradition et, en Allemagne, non seulement il a été condamné à cinq ans mais on a refusé de tenir compte des deux ans qu’il avait passés au Canada et, en plus, une de ses avocates est maintenant en prison…
MP : Qui s’appelle ?
RF : Sylvia Stolz. « Stolz » en allemand veut dire « fier ». On l’appelle couramment « la Jeanne d’Arc allemande ». Et un autre de ses avocats va passer en jugement, il s’appelle Jürgen Rieger.
MP : Ça fait beaucoup, finalement.
RF : Oui. Mais, vous savez, si vous faites le compte des misères physiques qui sont arrivées aux révisionnistes, c’est finalement peu de chose !
MP : On y reviendra tout à l’heure…
RF : Je ne sais pas si c’est vraiment utile…
MP : Mais pour l’instant on est sur la question purement judiciaire. Il y a le cas de l’Australie, je crois, il y a un monsieur Töben, en [Belgique] il y a un ancien sénateur du Vlams [Blok], et en Grèce il y a un Constantinos Plevris… En dehors des questions purement judiciaires, pour en rester dans des sanctions qui ne sont pas des sanctions brutales et qui ne sont pas des sanctions légales, il y a des sanctions disciplinaires ou universitaires. Je pense, en France, à des gens comme Notin, Plantin, Bruno Gollnisch…
RF : Bien sûr !
MP : Pouvez-vous nous en dire quelques mots quand même ? Ça ne me semble pas du tout négligeable.
RF : Prenons le cas de Notin. Pour avoir, dans une revue scientifique vraiment confidentielle, glissé une toute petite réflexion où il manifestait son scepticisme quant à une question dont vous ne voulez pas que je vous parle, eh bien, Notin a connu l’enfer. Ça a commencé par l’exécution de ses animaux domestiques : on a tué ses chiens…
MP : Ses chats…
RF. Oui, ses chats, pardon. [Note : En fait, on a d’abord tenté de tuer son chien, puis on a réussi à tuer son chat]. Ensuite on s’en est pris à sa femme, à ses enfants, à lui-même, puis…
MP : Des insultes ? des menaces ?
RF : Tout ce que vous voudrez. Je dois aller vite ; je vous donne le résultat de ces courses : ses collègues se sont permis, bien sûr, de le juger, de le condamner. La malheureuse revue qui avait publié son article a été pilonnée : on est allé en rechercher les exemplaires dans toutes les bibliothèques ; ensuite, lui, n’a plus pu exercer son métier d’enseignant à Lyon-3 et, là-dessus, se voyant condamné, avec un procès sur le dos, eh bien il a eu le malheur de choisir un avocat – dont je ne donnerai pas le nom mais qui est un sacré farceur – et qui lui a fait signer une abjuration. J’aime autant vous dire que Notin – il ne s’en cache plus, je pense, aujourd’hui – m’a présenté ses excuses pour cette abjuration mais on lui conseillait ça : ça n’a servi à rien du tout : quand il a voulu obtenir un poste à l’étranger il a cru qu’il allait en obtenir un ; « on » l’a su, et, bien entendu, il n’en a plus été question. Ce devait être le Maroc. Finalement il s’est retrouvé au Mexique et, bien sûr, divorce : femme, quatre enfants, terminé. Et c’est un exemple.
Ensuite vous m’avez parlé d’un autre cas : le cas Plantin. Il est extraordinaire.
Plantin est un homme très sérieux et très prudent, très modéré. Il avait soutenu une thèse qui lui avait valu de la part d’un certain professeur du nom de Régis Ladous, L-A-D-O-U-S, la mention Très Bien. Ce n’était pas à proprement parler révisionniste mais enfin ça y touchait. Puis, il a eu, l’année d’après, un autre diplôme. Peu importe. Dix ans après on s’est avisé de cette affaire, alors que Plantin était parti dans la nature et qu’il y avait longtemps qu’il n’était plus à l’université. Voici ce qu’on a osé faire – écoutez ça, c’est absolument extraordinaire ; je pense que ça ne s’est jamais passé dans l’histoire mondiale, et ça s’est produit à Lyon, Rhône :
Eh bien on a inventé une soutenance fictive, dix ans après ! C’est-à-dire qu’on a obligé Ladous à venir, on a convoqué Plantin – qui, bien sûr, n’est pas venu – et, là, on a fait semblant de procéder à une soutenance de thèse ; ça a duré, je crois, dix minutes ; Ladous s’est retiré et puis il est venu déclarer que la thèse, à laquelle il avait donné la mention Très Bien, recevait maintenant, dix ans après, la mention… alors je ne me rappelle plus l’adjectif mais quelque chose comme « intolérable ». [Note : en fait, « inacceptable »].
Mais nous avons des exemples extravagants.
Je voudrais vous donner, puisque ça vous intéresse…
MP : Oui ça m’intéresse, ce sujet.
RF : Moi il ne m’intéresse pas spécialement, mais il vous intéresse vous, alors je vais vous faire plaisir : comme vous me menacez je vais vous faire plaisir !
MP : Eh bien voilà !
RF : Voilà. Eh bien, prenez ce qui m’est arrivé l’année dernière : je suis invité par un professeur italien prestigieux à venir enfin délivrer un petit cours – « délivrer » est un anglicisme, donner un petit cours…
MP : C’est mieux…
RF : N’est-ce pas que c’est mieux ? Je suis comme vous, là-dessus.
Et je vais donc à l’université de Teramo. Teramo : vous voyez Rome ? Bon, eh bien, vous tirez une flèche vers l’Adriatique, à cette hauteur-là, et vous avez Teramo. Je vais à l’université de Teramo et il est entendu que dès le matin je vais m’y rendre. Et que fait le président de l’université ? Je ne sais pas si un pareil précédent existe. Eh bien il a fait fermer l’université !
MP : C’est très italien. Ils sont très malins, parce qu’il fallait trouver une solution.
RF : (Riant) Vous approuvez presque !
MP : Non mais il faut avoir de l’imagination.
RF : Et alors, la suite est intéressante : eh bien nous nous sommes portés vers un hôtel où nous pensions pouvoir tenir cette petite conférence, et là j’ai trouvé un groupe de journalistes italiens. L’Italien, vous savez, a tendance à être subtil…
MP : Ça oui !
RF : … et il est humain. Je me suis trouvé, à la porte de l’hôtel qui a refusé de me recevoir et, là, au bord d’une de ces belles places italiennes, les journalistes m’ont interrogé, j’ai répondu, et pas comme avec vous : tout de suite sur le fond, j’ai sorti mon magnum, c’est-à-dire la phrase de soixante mots, que je ne vous dirai pas…
MP : Non !
RF : Et là-dessus je leur ai dit : « Mais vous savez, ce qui se passe en ce moment, c’est extraordinaire. Parce que c’est inconcevable en France que je puisse comme ça, quasiment sur la voie publique, et avec des journalistes, m’entretenir de ce sujet. » Je leur ai dit : « Jusqu’à présent ! Jusqu’ici ça s’est bien passé ». Je n’avais pas terminé cette phrase que j’entends un hourvari et c’est une bande de personnes particulières que je ne qualifierai pas, qui sont venues par train de Rome, avec à leur tête un garçon boucher particulièrement musculeux qui a porté un coup – mais un coup qui aurait pu être mortel – au professeur qui m’invitait et [coupure « à la demande du CSA » (?), puis musique en continu].
3) Message d’Eric et Monique Delcroix à Martin Peltier
Cher Ami,
Nous nous étions réjouis un peu trop tôt d’entendre votre dialogue avec le professeur Faurisson... La censure la plus brutale, soi-disant à la demande verbale du CSA, a mis fin à une ultime illusion... Pourtant vous aviez pris toutes les précautions pour ne pas transgresser la loi Fabius-Gayssot. Les vaticinations de feu l’humoriste Pierre Desproges se réalisent. Rappelez-vous son « Tribunal des flagrants délires », lorsqu’il fit annoncer le prévenu par l’huissier : « Monsieur Faurisson », provoquant la réponse du président : « Non, pas ce nom-là, c’est interdit ! » Nous n’aurons bientôt même plus de nom, plus d’existence. « Blow up » ! Orwell nous l’avait bien dit.
Bien amicalement. Éric et Monique Delcroix.
4) Trois jours après l’entretien du 9 avril
Martin Peltier a reçu d’Henry de Lesquen une lettre lui annonçant la suppression définitive de son émission et son renvoi de Radio Courtoisie où il travaillait bénévolement. Aux auditeurs qui avaient téléphoné pour s’en étonner, Radio Courtoisie avait expliqué que l’ordre d’arrêter l’entretien venait du CSA. Mais, à 19h30/20h, il est probable qu’au CSA les bureaux sont vides et que ne fonctionnent plus que les appareils d’enregistrement, qui seront consultés le lendemain par les censeurs. En réalité, la décision de censure paraît avoir été prise, au sein de Radio Courtoisie, par Madame Paoli, déléguée aux questions éditoriales, après consultation de M. Henry de Lesquen. A la décharge de Radio Courtoisie il faut admettre que l’intolérance en matière de presse est aujourd’hui telle que l’autocensure en est presque devenue une nécessité. Martin Peltier n’a écouté que son courage ; il se fera donc traiter d’irresponsable mettant toute une entreprise en péril. « Il aurait au moins dû demander à d’autres que Faurisson de venir parler de la répression du révisionnisme ! » Quels autres ?
Député européen de la tendance de Philippe de Villiers, Paul-Marie Coûteaux devait, à son tour, intervenir à Radio Courtoisie vers 21h, mais il a fait savoir qu’il refusait de prendre la parole après Faurisson. Il n’est donc pas venu. De leur côté, Emmanuel Ratier et Alain Sanders ont spontanément fait savoir à Henry de Lesquen qu’ils ignoraient que Faurisson allait s’exprimer après eux. Il est peu probable que, dans sa prochaine livraison de Faits & Documents, E. Ratier ose rapporter quoi que ce soit de toute cette affaire.
Rompant avec les usages, Radio Courtoisie n’a procédé le lendemain à aucune nouvelle diffusion de l’entretien. Elle n’a, par la suite, fourni aucune explication ni présenté d’excuses à ses auditeurs. Elle n’a pas même fait état d’un événement qui, dans les vingt années de son existence, n’a probablement pas connu de précédent.
5) Henry de Lesquen s’explique le 14 avril
Cinq jours après l’affaire du 9 avril, Henry de Lesquen s’explique enfin sur sa décision d’interrompre l’entretien. Il le fait sur un ton de satisfaction. Il présente Radio Courtoisie comme une radio libre où « la liberté d’émission est totale ». Il précise que les patrons de chaque émission sont libres et nullement tenus d’annoncer le contenu de leurs émissions respectives. Il déclare en passant que les auditeurs de Radio Courtoisie sont « fins et intelligents ». Mais, ajoute-t-il, Radio Courtoisie est soumise aux autorisations d’émission délivrées par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et, dans le passé, elle a eu à payer de lourdes amendes. Il explique que, le 9 avril, « un invité » (?) ayant tenu des propos (?) susceptibles de mettre Radio Courtoisie en péril, il avait rapidement décidé d’interrompre l’émission. Il dit que, par la suite, tous les responsables de Radio Courtoisie ont approuvé son initiative. Il qualifie l’affaire de « malheureux incident ». Il ne nomme ni Robert Faurisson ni Martin Peltier et il ne révèle pas qu’il a sanctionné ce dernier par une lettre lui signifiant son renvoi. Il ne prononce pas le mot de « révisionnisme » et ne donne aucune idée du contenu de l’émission. Il affirme que, si l’émission suivante, celle de Paul-Marie Coûteaux et de ses deux invités, prévue pour durer de 21h30 à minuit, a été, elle aussi, remplacée par de la musique, cela n’a été dû qu’à « un fâcheux concours de circonstances » et à la malencontreuse « indisponibilité » de certains des invités. La vérité est que P.-M. Coûteaux et ses invités, apprenant que le professeur les avait précédés dans le studio, ont refusé de s’exprimer « après Faurisson ».
6) Martin Peltier s’explique le 17 avril. Propos diffusés sous le titre « Survivre entre censure et autocensure »
Bocage : Que s’est-il passé à Radio Courtoisie le mercredi 9 avril ?
Martin Peltier : J’avais invité en deuxième partie de mon « Libre Journal », de 19h 30 à 21h, le professeur Faurisson. Un peu avant 20h, la musique a couvert nos voix et le technicien m’a signalé par geste que l’émission était finie. On nous a indiqué qu’un membre du CSA avait conseillé cette censure dans l’intérêt de la station, et c’est ce qui a été répété pendant une heure aux innombrables auditeurs qui téléphonaient pour la déplorer.
B : Le Parisien du lendemain 10 avril donne une autre version.
MP : En effet. Selon lui, l’un de ses journalistes, surpris par cette brusque interruption des programmes, a interrogé immédiatement Henry de Lesquen, le patron de Radio Courtoisie, qui lui aurait fait la réponse suivante : c’est la déléguée aux questions éditoriales, Mme Paoli, qui aurait pris la décision de couper parce que « l’un des invités aurait tenu des propos inacceptables », sans que soient précisés lesquels. Quelle que soit la version véritable, on doit remarquer la promptitude des réactions de tous. Mme Paoli, ou un membre du CSA à l’écoute de mon émission, n’a pas hésité à déranger Lesquen, qui présidait à ce moment une réunion. Le journaliste du Parisien a été encore plus réactif. Avant le bouclage, il a eu le temps de s’étonner, d’appeler, d’écrire et de caser son papier. C’est certainement un bon professionnel. Quoi qu’il en soit, vendredi 11 avril, j’ai reçu une lettre recommandée de Lesquen m’annonçant que mon "Libre Journal" était supprimé. L’après-midi, il me téléphonait pour s’expliquer, non pas tant sur les faits que sur la raison de la censure.
B : Elle est limpide : Robert Faurisson nie l’existence de chambres à gaz homicides dans l’Europe occupée par Hitler. Or c’est interdit par la loi Gayssot et il a été condamné plusieurs fois pour cela. Votre invitation était donc une provocation suicidaire.
MP : Non. J’avais formellement interdit à Faurisson d’aborder la chose. Nous étions convenus de nous cantonner à quatre thèmes. D’abord, la persécution des révisionnistes, judiciaire, disciplinaire et autre. Ensuite, la critique des lois restreignant la liberté de recherche, à la lumière des pétitions signées ces dernières années par des historiens français réputés. Troisièmement, l’examen des faussaires profiteurs de la Shoah, dont l’actualité récente offre de bons exemples. Enfin, à la suite de Raul Hilberg, principal historien de l’Holocauste, nous devions relever les progrès que l’hérésie révisionniste fait faire à l’histoire officielle.
B : Ces sujets, quoique un peu « borderline », peuvent en effet être abordés, mais pourquoi avec Faurisson ? Sa personne est elle-même devenue symbole de provocation.
MP : La question est de savoir si Robert Faurisson est un homme ou une bête. « Si c’est un homme », comme dirait Primo Levi, il a des droits. Certes, c’est un multirécidiviste, un repris de justice, mais il a payé ses dettes à la société ; il a donc droit de vivre et de s’exprimer comme tout autre, pourvu qu’il n’enfreigne pas la loi. Une comparaison va vous éclairer. La campagne pour la dépénalisation de l’avortement a culminé avec le « Manifeste des salopes » : des femmes en vue y revendiquaient leur crime pour obtenir l’abrogation de la loi qui le réprimait. Or, loin de les condamner, on les loue. Et l’on bâillonnerait Faurisson, même s’il s’engage à respecter la loi Gayssot ? Quel coeur normal, quel esprit droit, tolérerait ce « deux poids deux mesures » ?
B : Bien sûr, mais demeurer au niveau des principes peut être parfois enfantin. Lesquen est responsable de Radio Courtoisie, de sa survie. Vous auriez dû lui soumettre la liste de vos invités.
MP : Non. Lorsqu’il m’a demandé de venir à Radio Courtoisie, il m’a détaillé verbalement un cahier des charges contraignant, mais il m’a laissé libre de mes invités et de mes sujets. Ce qu’il me reproche est une erreur d’appréciation. Pour lui, Faurisson étant ce qu’il est et la jurisprudence en matière de révisionnisme ce que nous savons, aborder le sujet comme je l’ai fait était impossible. Il en voit une preuve surabondante dans le fait suivant : les invités de l’émission de Coûteaux, ayant appris que le professeur diabolique était passé avant eux dans le studio, se sont défilés et leur émission a dû être reportée. Ils « avaient des bouches à nourrir ».
B : Vous voyez, l’interdit porte sur Faurisson.
MP : Pas tout à fait. Henry fait une analyse plus subtile. Depuis trente ans que Robert Faurisson mène ses recherches révisionnistes, il a été l’objet de tant d’attaques qu’il se compare, d’une certaine manière, à Galilée. De toutes ses paroles sourdent, même quand il se domine, une révolte indomptable et la certitude d’avoir raison. Pendant ses vingt-cinq minutes d’antenne, il n’a tenu aucun propos révisionniste passible de la loi Gayssot mais, à plusieurs reprises, il a laissé entendre que, s’il pouvait parler, on verrait ce qu’on verrait... UN ESPRIT TORDU POURRAIT POURSUIVRE EN CONTESTATION DE CRIME CONTRE L’HUMANITÉ EN S’APPUYANT SUR LA SEULE CONVICTION IMPLICITE DU PRÉVENU ! Henry ne veut courir aucun risque et il a coupé. Si une telle procédure était menée, elle pourrait entraîner des dépenses de justice insupportables pour Radio Courtoisie, une réputation qui ferait fuir une part de ses invités et de ses auditeurs, et peut-être, à terme, supprimer l’autorisation d’émettre. Un chef responsable doit prendre sa décision en quelques secondes. Lesquen est d’une famille de marins. Il a préféré sacrifier une chaloupe en perdition pour préserver sa frégate.
B : Ainsi, vous approuvez ses décisions ?
MP : N’exagérons rien, mais je les comprends, surtout celle qu’il a prise à chaud. La suppression de mon « Libre Journal » me paraît, elle, inutile et risque de dégoûter une partie des auditeurs. Quant à moi, je la regrette un peu, car nous avions retrouvé, avec quelques amis de la presse nationale, un ton et une ambiance qui rappelaient de bonnes heures et qui pouvaient contribuer à maintenir l’unité de notre camp dans les passes difficiles que nous traversons. Mais, d’un autre côté, c’est un poids en moins : moins de travail et moins de dépenses, car vous savez que l’on n’est ni payé ni défrayé à Radio Courtoisie, et, n’habitant pas Paris, cela me faisait des frais chaque mois. Le journalisme à compte d’auteur, je ne sais pas si c’est encore de mon âge.
B : Et l’émission avec Faurisson, comment la jugez-vous ?
MP : Un peu courte, on en était au tour de chauffe, on n’a pas abordé les points les plus intéressants. Mais enfin ça a le mérite d’exister. Et les plus courtes sont parfois les meilleures. Nous avons fait la démonstration qu’un tabou interdit toute expression libre en France. Et qu’il impose l’autocensure aux plus intelligents et aux plus courageux ; car je ne tiens nullement Radio Courtoisie pour un ramassis de moules. Nous rappelons ainsi, de la manière la plus explicite, que notre pays est aujourd’hui un territoire occupé. Il est très difficile d’y survivre, entre censure et autocensure. C’est pourquoi je comprends si bien la position de Lesquen. Il y a deux armes pour servir l’information en France : l’épée et le bouclier.
J’ai choisi l’épée, Lesquen le bouclier.
B : Vous reprenez les mots du colonel Rémy, quand il pensait que De Gaulle et Pétain s’étaient partagé les rôles sous l’Occupation.
MP : Sauf qu’à la différence de De Gaulle, je ne souhaite pas diviser le camp des Français attachés à leur patrie. Je n’aimerais pas que certains se détachent de Radio Courtoisie à cause de je ne sais quelle tiédeur supposée. La comparaison avec l’Occupation me paraît fructueuse. Radio Courtoisie est une radio aussi libre que l’était la zone du même nom : libre, mais sous la menace permanente de l’occupant. C’est une radio « nono », non occupée, ce n’est déjà pas si mal. Le Maréchal ménage ce qui doit l’être pour sauver ce qui peut l’être.
B : Alors, pas de regrets ?
MP : Vous êtes devant un équilibriste qui vient de se casser la figure. Je regrette d’être tombé. Ma femme m’a dit : « Tu t’es cru plus malin que tout le monde et maintenant, tu te retrouves dans la m..., comme d’habitude. » Mais je préfère conclure autrement. C’est avec le temps qu’apparaissent les dernières conséquences et la portée finale d’un acte. Peut-être un jour Radio Courtoisie s’honorera-t-elle d’être la station qui a laissé parler Faurisson vingt-cinq minutes. Et il ne s’agit pas seulement de défendre l’honneur de la presse et des Français, il s’agit de ménager l’avenir. Je n’en veux pas à Lesquen de son réalisme, je m’occupe de réalités plus hautes. En refusant que l’on piétine le droit, la vérité, la liberté, la justice, je préserve les chances d’une jeunesse qui souffre sous le joug, et qui trouvera demain, n’en doutons pas, les moyens efficaces de la victoire.
Propos recueillis par Memona Pfennigstein
7) Un message de R. Faurisson, le 19 avril
Henry de Lesquen, directeur de Radio Courtoisie, a, vous le savez, ordonné l’arrêt immédiat d’une interview que j’étais en train de donner au journaliste Martin Peltier. Puis, il a envoyé une lettre recommandée à ce journaliste pour lui signifier son renvoi. J’ajoute que des personnes qui devaient participer le même soir à une autre émission ont refusé de s’exprimer « après Faurisson », dont ils avaient ignoré la venue.
Radio Courtoisie est une modeste st ation. Elle est proche à la fois de Jean-Marie Le Pen et des catholiques intégristes ; elle se définit comme la « radio de toutes les droites ». Elle est surveillée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui fonctionne comme une sorte de commission gouvernementale de la censure. Le CSA se vante de ne rien interdire à l’avance (c’est encore heureux !) mais, à tout moment, il peut, après l’audition d’une émission qui lui déplaît, retirer à une station le droit de continuer d’émettre.
En 34 ans, les grands médias français ne m’ont jamais donné la parole.
Aucune de nos chaînes de télévision ne m’a proposé de m’expliquer.
Aucune radio non plus sauf une fois. Le 17 décembre 1980, Ivan Levaï m’a fait venir dans son studio d’Europe n°1. Mais son invitation était due à la peur de poursuites judiciaires parce que, peu auparavant, il avait laissé dire à l’antenne par son coreligionnaire Jean Pierre-Bloch que Faurisson était payé par Khadafi. Mon ami Pierre Guillaume avait alors prévenu Ivan Levaï que je risquais de le poursuivre en justice s’il ne me permettait pas de m’exprimer à mon tour sur Europe n° 1.
Quant aux rares textes que je suis parvenu à faire paraître dans les grands journaux, en particulier dans Le Monde du 29 décembre 1978 et du 16 janvier 1979, je ne dois leur parution qu’au jeu de ce que la loi française appelle « le droit de réponse ».
Bilan à ce jour : pendant 34 années consécutives, un professeur est dénoncé par l’unanimité des grands médias de France comme l’auteur d’un crime inouï, bouleversant, incompréhensible (pour Le Monde, il est un « gangster de l’histoire ») et pas une fois on ne lui offre de s’expliquer (sinon une fois à la radio pour la raison que je viens de dire). Faut-il que soient remarquables en France à la fois le pouvoir du lobby juif et la crainte qu’il inspire !
8) Martin Peltier, à nouveau, le 29 avril
Jeanne d’Arc et Iéna
Quel réalisme pour aujourd’hui ?
Il y a quinze jours, j’invitais le professeur Faurisson sur Radio Courtoisie. Je fus censuré en direct et viré. Un ami (vrai) a soupiré :
-- « Quand tu vois un mur, il faut décidément que tu fonces dedans ! »
Je lui ai raconté que, ma tête ayant rencontré par inadvertance, naguère, une cheminée de pierre, celle-ci avait cassé. Il a répondu :
-- « Ça n’arrive pas tous les jours. »
Je le sentais retenir, par amitié, les innombrables reproches qu’appelait mon cas : entêtement, aveuglement, irresponsabilité n’étaient que les plus criantes de mes sottises. Je suis un peu responsable de cette façon de voir : quand on m’a coupé l’antenne, je suis parti avec le sourire, pour ne pas diviser ma famille politique. Ce silence a été mal interprété. On y a vu la gentillesse d’un benêt ou la résignation d’un honteux. C’est une erreur. J’ai ravalé ma colère mais ce n’était pas l’aveu d’une faute. Au contraire, je suis convaincu que ce fut une bonne chose d’inviter Faurisson, et je vais le montrer.
Appliquons d’abord à aujourd’hui une citation célèbre : « Lorsqu’ils sont venus chercher Faurisson, je n’ai pas bougé… » Les excès de la prudence ne nous soustrairont pas à la vindicte du totalitarisme et nous soumettront un jour aux reproches de notre conscience. Ce rappel moral fait, ne nous préoccupons plus que de politique, concrète et réaliste : l’invitation de Faurisson entre dans la meilleure stratégie possible aujourd’hui.
On a parlé de mur, parlons donc de murs, puisqu’il y a des murs et qu’il faut bien en faire quelque chose.
Prenons un premier cas : le mur de l’Atlantique. Si vous disposez des forces conjointes de l’Amérique et de l’Angleterre, vous débarquez le 6 juin 1944 et l’on n’en parle plus.
Examinons maintenant les murs de Jéricho. Chacun fera la lecture qui lui convient de la Bible, mais ce qu’elle dit, dans tous les cas, c’est que Jéricho est tombée et qu’elle est tombée d’une manière inhabituelle, alors que le rapport de forces apparent ne le laissait pas prévoir. Il est tout aussi clair que la ville serait restée intacte derrière ses remparts si Josué, découragé, s’était arrêté au quatrième ou au cinquième tour. Ce n’est qu’au sixième tour que les murailles se sont effondrées devant les trompettes sacrées. Quels enseignements en tirer ? Ceux-ci : lorsque, à vue humaine, le rapport des forces ne permet pas de solution satisfaisante, il convient d’utiliser des moyens qui sortent de l’ordinaire, et de persister avec détermination dans cette voie, quelle qu’en soit l’apparente absurdité.
Revenons à nos moutons, à Radio Courtoisie.
On me dit : la loi, la jurisprudence, les associations, les lobbies, la manipulation des esprits, les médias, la veulerie et les intérêts des hommes politiques font que parler de certaines choses ne sert à rien et met en danger le peu d’espace d’information qui nous reste. Il ne faut donc pas, pour une cause secondaire, d’ailleurs jugée d’avance, sacrifier l’une des rares armes qui nous permettent de défendre d’autres causes. Aussi limités que soient les moyens de Courtoisie, elle est utile à la France. Il faut donc la conserver à tout prix. Sacrifier des dizaines de journalistes bénévoles, souvent talentueux et courageux, leurs invités, non moins courageux, le réseau d’amis et d’informateurs tissé dans les médias, l’édition, toutes les branches de la société, et même parmi les hommes politiques, sacrifier des dizaines de milliers d’auditeurs, sacrifier tout cela sur l’autel du révisionnisme, n’aurait pas de sens.
J’entends ce message, et je ne puis m’empêcher d’en sourire. C’est vrai, il se trouve à Radio Courtoisie de vrais talents et de vrais caractères. Mais, puisque l’on parle politique, responsabilité, stratégie et rapport de forces, qu’y a-t-il derrière Courtoisie ? Jean Tibéri ? Marine et Louis Aliot ? Dupont Aignan, Catherine Mégret, les frères et sœurs de Philippe de Villiers ? Qui d’autre ? Qu’est-ce que cela pèse ? Combien de divisions ? Avons-nous de quoi monter une opération Overlord ? Non. En américain, on dirait que c’est peanuts. Même pas un bretzel liquide.
Alors, il ne reste de réaliste que la solution Jéricho. Nous ne comptons que par l’esprit, et seule une stratégie de l’esprit peut être efficace.
Il faut comprendre cela. Les notions mêmes de réalisme et de responsabilité dépendent de la situation historique où l’on se trouve. Peut-être, quand le Front national rassemblait entre 15 et 20 pour cent des électeurs, qu’il était bien encadré et qu’il y avait sur sa gauche une grosse réserve de voix et d’alliés potentiels, avant, d’ailleurs, que les prétoires et les médias ne soient complètement colonisés, avant qu’il faille plus des deux mains pour compter les millions d’immigrés, peut-être pouvait-on entretenir l’espoir, ou l’illusion, d’une politique classique des rapports de forces. Ce n’est plus qu’un rêve aujourd’hui, et s’y accrocher serait un signe de débilité mentale. La seule politique réaliste est de tenter une révolution spirituelle.
Retournons-nous vers l’histoire pour établir encore mieux cette évidence.
Que faire, quand on est vaincu par l’envahisseur, pour survivre et préparer la revanche ? Il y a, ce me semble, deux cas de figure radicalement différents.
– Le roi de Prusse après Iéna put collaborer avec Napoléon, le maréchal Pétain put finasser avec Hitler, parce que l’un et l’autre espéraient raisonnablement qu’en fin de compte leur vainqueur provisoire serait soumis à des forces supérieures aux siennes. L’Angleterre avide d’hégémonie saurait rallier à elle une Russie et une Autriche que la Révolution française révulsait. Le monde juif, que la révolution allemande épouvantait, saurait maintenir ensemble les ploutocraties anglo-saxonnes et la tyrannie soviétique, il suffisait de garder la Manche quelques mois. Dans le cas du Maréchal et du roi de Prusse, une politique de ménagement, une collaboration plus ou moins active se comprend donc, en attendant, en préparant le retournement de marée.
– Mais prenons maintenant le cas de Jeanne d’Arc. Là, si on regarde le rapport des forces, l’affaire est entendue. Il ne reste au dauphin Charles qu’un mouchoir de poche et quelques villes pas très fortes, avec des troupes médiocres, lasses et mal payées. La puissante Bourgogne, l’Angleterre, l’université de Paris, et la légalité du traité de Troyes sont contre lui. A terme, il n’a strictement rien à espérer, c’est plié. Et c’est pourquoi la stratégie de Jeanne d’Arc est nette et sans bavure : à la vérité, il n’y en a pas d’autre possible. Elle n’a pour elle, elle n’a pour Charles VII, que leur double légitimité : celle que la coutume du royaume donne au dauphin et celle dont Dieu a marqué sa mission de pucelle. Ce sont les seules forces qui puissent contrebalancer les puissances du monde, qui puissent inverser le rapport des forces. Si cette double légitimité est une foutaise, alors c’est terminé, et Jeanne d’Arc, et Charles VII, et la France que nous connaissons n’ont plus qu’à disparaître. Pourtant, finalement, ce sont les Anglais et leur bastringue qui finiront par aller se rhabiller. Cela me surprend toujours, et n’en finit pas de me rassurer.
Transposons à aujourd’hui. Il ne s’agit pas de sacrifier Radio Courtoisie sur l’autel du révisionnisme : ni l’un ni l’autre ne sont ici primordiaux. Radio Courtoisie n’est qu’un pion parmi d’autres sur l’échiquier de la France libre, et il n’est même pas question de défendre les révisionnistes. Il est question de juger la situation politique et historique où se trouve la France. Sommes-nous en 1429 ou en 1940 ? La réponse est facile. Nous n’avons aucune des immenses réserves qui justifiaient l’Appel du dix-huit juin et la politique de Vichy. Nous sommes même sensiblement plus atteints que ne l’étaient le roi de Bourges et ses sujets. Notre identité et notre souveraineté prennent l’eau. Nous n’avons donc d’autre stratégie possible que celle de Jeanne d’Arc. Le rapport de forces entre nous et d’éventuels alliés d’une part, l’occupant de l’autre, est du zéro à l’infini. Tout ménagement, tout calcul, toute alliance, toute collaboration, tout échafaudage tactique sont donc hors de portée, hors de propos, ils appartiennent à un monde plus virtuel que celui des jeux vidéos. Notre seul espoir est spirituel, notre seule force est la légitimité de notre cause.
Or, de quoi s’agit-il, avec Faurisson ? De chambres à gaz ? Pas du tout. Il s’agit qu’en ne dénonçant pas la façon dont le système le traite, nous acceptons d’être les esclaves de ce système, et ses complices. Nous bafouons avec lui le droit, la liberté, la vérité, la justice. Et nous nous prosternons devant le socle sur lequel se dresse l’idole dominatrice qui nous dévore. Nous piétinons donc notre propre cause, nous renonçons à notre légitimité, nous réduisons à rien notre force, nous brisons à jamais l’épée spirituelle, l’espoir que nous portons. A persister dans cette erreur, non seulement nous nous déshonorerions mais nous nous suiciderions par-dessus le marché.
Alors, je ne dis pas que donner de la tête dans le mur soit une stratégie bien agréable, ni bien délurée ; je ne sais pas du tout ce qu’elle va produire, je constate seulement qu’il n’y en a pas d’autre. Je ne me fais pas d’illusions. Sans doute joins-je l’inutile au désagréable et ne suis-je qu’un tout petit crachat dans l’océan, une goutte dérisoire. N’importe, je fais ce que je dois. J’espère que le Ciel nous aidera, faute de quoi nous passerions aux poubelles de l’histoire, comme c’est tranquillement programmé. Du moins aurons-nous fait ce qu’il fallait et gardé intacte la possibilité d’une victoire. A l’inverse, la soumission et la finasserie, qui paraissent subtiles et responsables, ne sont aujourd’hui que des illusions mortelles, en raison du moment historique où nous nous situons. La stratégie du sacrifice est la seule raisonnable.
9) Emmanuel Ratier, le 1er mai
Dans la livraison de Faits & Documents qui a suivi (1er au 31 mai 2008, p. 9), E. Ratier a passé sous silence aussi bien la censure de R. Faurisson que le limogeage de M. Peltier, patron d’émission, mais, en revanche, parlant de lui-même à la troisième personne, il a annoncé la nouvelle suivante : « Directeur de Faits & Documents, Emmanuel Ratier a été nommé patron d’émission à Radio Courtoisie (95,6Mhz en région parisienne), ‘la radio libre du pays réel et de la francophonie’ à laquelle il collaborait depuis une dizaine d’années dans le cadre du Libre Journal de Claude Giraud et dont il était devenu le suppléant depuis l’année dernière. Il animera désormais, un mercredi sur quatre, durant trois heures, Le Libre Journal de la résistance française […] ».
Les mots sonnent haut et fort : « courtoisie », « radio libre », « libre journal » (2 fois) et, enfin, « résistance ». Mais la réalité a été la suivante : censure, discourtoisie, limogeage et des comportements qui ont été à l’opposé du souci de la liberté et de la volonté de résistance à l’oppression. Pour couronner le tout, un petit camarade, Emmanuel Ratier, se fait nommer à la place de son collègue, Martin Peltier, dont il s’était, dès la nuit de l’incident, aussitôt désolidarisé, avec quelques autres, auprès du directeur de la station.
10) Conclusion : la preuve de l’existence d’un tabou et non d’un simple interdit.
La loi Fabius-Gayssot prononce un interdit et cet interdit, elle le formule. Un tabou, lui, ne se formule pas. Il n’en a que plus de force. La peur qu’il inspire est de caractère sacré. Le tabou crée un lien social à base de sous-entendus dans le langage et le comportement des individus d’un même groupe. Dans le microcosme de Radio Courtoisie il est des noms qu’on ne prononcera plus et des sujets qu’on proscrira sans qu’il soit besoin de dire lesquels. Quant à celui qui a enfreint le tabou, il a été mis au ban de la petite société qui l’employait, et ce dans la discrétion. Aucun détail, aucune précision n’ont été ni ne seront fournis aux auditeurs de Radio Courtoisie ou aux lecteurs de Faits & Documents. Dans ladite société qui, pendant un instant, s’est sentie en danger, la vie va donc reprendre son cours. Comme par le passé, on se targuera d’être indépendant, libre, courageux mais – c’est le grand mot, le mot magique – on se proclamera désormais plus que jamais « RESPONSABLE ». On le sera à la différence d’autres qui, eux, se sont montrés « IRRESPONSABLES » et dont on ne rappellera ni les noms ni les crimes. On criera victoire tout en cachant de quel prix on a payé cette victoire. Le seul authentique tabou du monde occidental, celui de « l’Holocauste », aura été ainsi respecté. Dans le monde environnant, la religion triomphante de « l’Holocauste » continuera d’être célébrée à grand fracas et le tabou qui la fonde restera puissant. Seuls des « irresponsables » continueront d’ouvrir par effraction la porte d’un tabernacle qui, censé contenir le fin mot des mystères holocaustiques, ne renferme en réalité que du vide et du vent. Au moins la petite histoire vécue par une modeste station de radio parisienne a-t-elle ainsi apporté sa contribution à la grande histoire de la plus mirifique imposture des temps modernes. Grâce à l’incident de Radio Courtoisie et à ses suites, un profane pourra comprendre ce qu’est un véritable tabou et comment un mythe gigantesque, celui de « l’Holocauste », qui s’est construit sur la peur ne peut se survivre que par la peur.
Complément (1er juillet)
Pour la première fois de ma vie, je reçois aujourd’hui un courrier de « Radio Courtoisie, la radio libre du pays réel et de la francophonie ». Il s’agit d’une lettre circulaire de quatre pages adressée aux « amis » de cette station par « Henry de Lesquen, président de radio Courtoisie ». La date en est du 3 juin mais le cachet porte celle du 24 juin. Il s’agit d’un appel de fonds. J’en extraie les passages suivants :
La famille des auditeurs de Radio Courtoisie est une élite à qui la France doit beaucoup. – Vous savez que Radio Courtoisie n’a pas d’équivalent en France. Vous savez quel est le rôle crucial qui est le sien pour sortir les Français de la confusion des esprits et pour leur faire découvrir les vraies valeurs. Ce rôle, elle est seule à le tenir, non seulement parmi toutes les autres radios, mais même parmi tous les autres moyens de communication audiovisuelle. Il suffit d’imaginer un seul instant que Radio Courtoisie n’existe plus pour mesurer la perte irréparable que ce serait pour notre pays. C’est bien pourquoi elle est portée par la ferveur de ses auditeurs. – « Oui. Il y a MIRACLE, écrivait autrefois Jean Cau à Jean Ferré : sans Radio Courtoisie, une lumière, la plus vive qui brille dans notre temps, s’éteindrait. Mais oui, Radio Courtoisie nous a aidés à marcher sur des chemins droits, à ne pas tâtonner, à recueillir les bons grains de la vérité et à jeter les ivraies du mensonge. – Où il y a miracle, c’est ici : le pluralisme d’expression s’exerce à Radio Courtoisie sur un tel ton de liberté, de politesse (et de courtoisie !) que l’on s’en frotte les oreilles d’étonnement ravi. Quoi ! Il existe encore, de nos jours, des exemplaires de l’Honnête Homme ? Et qui ne se pique de rien sauf de dire sinon sa vérité, du moins ce qu’il croit, en connaissance et bonne foi. Bref, à Radio Courtoisie, on entend des … VOIX ! » […] Radio Courtoisie est une oasis de santé morale dans un désert de désinformation et d’intoxication intellectuelle.
9 avril-1er mai 2008
Posted by N N
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]]>Oh, et remettons-en une couche sur Herman et Chomsky, tant qu’on y est… (Des fois qu’on douterait encore que « liquider la gauche anti-impérialiste » est un des thèmes centraux de l’ère contemporaine.)
La désinformation d’une partie de la gauche sur la guerre en Syrie
▻https://www.slate.fr/story/158272/desinformation-syrie-media-goutha
Certains, au sein de la gauche radicale, ont l’habitude de minorer les crimes de masse ou de critiquer leur traitement médiatique, estimant qu’ils servent de justification à des interventions militaires occidentales. Le parcours des intellectuels de gauche Noam Chomsky et Edward S. Herman, auteurs du best-seller La fabrique du consentement, est éclairant. Dans les années 70, Chomsky a critiqué le traitement médiatique du génocide au Cambodge, l’accusant d’exagérer les atrocités du régime de Pol Pot et de minorer la responsabilité des États-Unis, ce qui justifierait un durcissement de la guerre au Vietnam. Au cours des années 1990, Edward S. Herman co-écrit un essai, The politics of genocide, où sous couvert de dénoncer l’instrumentalisation de ces tragédies par les interventions occidentales, il flirte avec le négationnisme, affirmant notamment que la plupart des morts du massacre de Srebrenica sont morts de cause « indéterminée », et que la majorité des civils exterminés lors du génocide rwandais étaient hutus. En 2000, Chomsky publie un essai sur le Kosovo où il critique l’intervention de l’OTAN et dénonce la « diabolisation » de Slobodan Milosevic. Par ailleurs, il a préfacé un ouvrage négationniste de Robert Faurisson et défendu le droit de celui-ci à s’exprimer.
Il n’aura échappé à personne que Herman et Chomsky ont publiquement soutenu la présence de Claude El Khal à Le Média (au moins autant que celle de Faurisson et Milosevic, si tu suis un peu).
Le rapport de toute cette couillonnade avec la Syrie ? Si je comprends bien : « une certaine gauche » (anti-impérialiste) serait coupable de toujours se tromper. Et donc les pas-anti-impérialistes auraient, par opposition, raison, en particulier sur la Syrie ?
]]>Le Média sur la Syrie : naufrage du « journalisme alternatif »
▻https://lundi.am/Le-Media-sur-la-Syrie-naufrage-du-journalisme-alternatif
Par Sarah Kilani et Thomas Moreau
]]> Ce n’est plus vous qui êtes en marche, monsieur le Président, c’est la #vérité. Vous pouvez porter plainte contre moi pour #diffamation ; la postérité portera plainte contre vous pour #infamie."
dixit #Yann_Moix
« Monsieur le Président, vous avez instauré à Calais un protocole de la bavure »
L’écrivain Yann Moix fustige dans une #lettre_ouverte adressée à Emmanuel Macron la politique migratoire de la France, et plus particulièrement le traitement infligé aux migrants à Calais. Vidéo à l’appui, il affirme avoir filmé sur place des « actes de barbarie ».
Et sur la question de la #terminologie (#mots #vocabulaire) :
Vous les nommez « migrants » : ce sont des #exilés. La migration est un chiffre, l’exil est un #destin.
Ici le texte complet, pour ne pas le perdre :
Monsieur le président de la République, chaque jour, vous humiliez la France en humiliant les exilés. Vous les nommez « migrants » : ce sont des exilés. La migration est un chiffre, l’exil est un destin. Réchappés du pire, ils représentent cet avenir que vous leur obstruez, ils incarnent cet espoir que vous leur refusez. C’est à leur sujet que je vous écris.
Vous avez affirmé, dans votre discours de Calais, que « ceux qui ont quelque chose à reprocher au gouvernement s’attaquent à sa politique, mais qu’ils ne s’attaquent pas à ses fonctionnaires. » Je ne m’en prendrai ici qu’à vous. Et à vous seul.
Je ne suis pas, comme vous dites, un « commentateur du verbe » : je suis un témoin de vos actes. Quant à votre verbe, il est creux, comme votre parole est fausse et votre discours, double.
J’affirme, M. le Président, que vous laissez perpétrer à Calais des actes criminels envers les exilés. Je l’ai vu et je l’ai filmé.
J’affirme, M. le Président, que des fonctionnaires de la République française frappent, gazent, caillassent, briment, humilient des adolescents, des jeunes femmes et des jeunes hommes dans la #détresse et le #dénuement. Je l’ai vu et je l’ai filmé.
J’affirme, M. le Président, que des exilés non seulement innocents, mais inoffensifs, subissent sur notre territoire des atteintes aux #droits_fondamentaux de la personne. Je l’ai vu et je l’ai filmé.
Ces actes de #barbarie, soit vous les connaissiez et vous êtes indigne de votre fonction ; soit vous les ignoriez et vous êtes indigne de votre fonction. Ces preuves, si vous les demandez, les voici ; si vous faites semblant de les demander, les voici quand même. Les Français constateront ce que vous commettez en leur nom.
« Je ne peux pas laisser accréditer l’idée que les forces de l’ordre exercent des violences physiques », avez-vous dit. Ajoutant : « Si cela est fait et prouvé, cela sera sanctionné ». D’abord, vous menacez de procès en diffamation ceux qui démasquent votre politique ; ensuite, vous menacez de procédures de sanction ceux qui l’appliquent.
Journalistes, policiers : avec vous, tout le monde a tort à tour de rôle. Les uns d’avoir vu, les autres d’avoir fait. Tout le monde a tort sauf vous, qui êtes le seul à n’avoir rien vu et le seul à n’avoir rien fait. On attendait Bonaparte, arrive Tartuffe.
Soit les forces de l’ordre obéissent à des #ordres précis, et vous êtes impardonnable ; soit les forces de l’ordre obéissent à des ordres imprécis, et vous êtes incompétent. Ou bien les directives sont données par vous, et vous nous trahissez ; ou bien les directives sont données par d’autres, et l’on vous trahit.
Quand un policier, individuellement, dépasse les bornes, on appelle cela une #bavure. Quand des brigades entières, groupées, dépassent les bornes, on appelle cela un #protocole. Vous avez instauré à Calais, monsieur le Président, un #protocole_de_la_bavure.
Quand une #police agit aussi unie, pendant si longtemps, elle ne peut le faire sans se plier à un commandement. Est-ce bien vous, monsieur le Président, qui intimez aux policiers l’ordre de déclencher ces actions souillant la #dignité de l’homme ? Vous y avez répondu vous-même : « Dans la République, les fonctionnaires appliquent la politique du gouvernement. »
L’histoire a montré qu’on peut parfois reprocher à un policier de trop bien obéir. Mais elle a surtout montré qu’on doit toujours reprocher à un président de mal commander, précisément quand le respect humain est bafoué. En dénonçant les #violences_policières, en cherchant à savoir qui est le donneur de ces ordres, je ne fais que défendre la police, parce que lui donner de tels ordres, c’est justement porter atteinte à son honneur.
« La situation est ce qu’elle est par la #brutalité du monde qui est le nôtre », dites-vous. Peut-on attendre, monsieur le Président, qu’une situation aussi complexe soit démêlée par une pensée aussi simpliste ? Que des décisions si lourdes soient compatibles avec des propos si légers ? On attendait Bonaparte, arrive Lapalisse.
Serez-vous plus enclin à l’émotion qu’à la réflexion ? Ecoutez la voix de ces jeunes qui, fuyant les assassins et la dictature, rançonnés puis suppliciés en Libye, traversent la Méditerranée sur des embarcations douteuses pour accoster, à bout de forces, dans une Europe que vous défendez par vos formules et qu’ils atteignent par leur courage.
Vous avez osé dire : « Notre honneur est d’aider sur le terrain celles et ceux qui apportent l’humanité durable dans la République. » Au vu de ce qui semblerait être votre conception de « l’#humanité », les associations préfèrent l’aide que vous leur avez refusée à celle que vous leur promettez. A Calais, on vous trouve plus efficace dans la distribution des coups que dans la distribution des repas.
Ces associations, monsieur le Président, font non seulement le travail que vous ne faites pas, mais également le travail que vous défaites. Quant à votre promesse de prendre en charge la nourriture, elle n’est pas généreuse : elle est élémentaire. Vous nous vendez comme un progrès la fin d’une aberration.
La colonisation en Algérie, monsieur le Président, vous apparut un jour comme un « crime contre l’humanité ». Ne prenez pas la peine de vous rendre si loin dans l’espace et dans le temps, quand d’autres atrocités sont commises ici et maintenant, sous votre présidence. Sous votre responsabilité.
Faites, monsieur le Président, avant que l’avenir n’ait honte de vous, ce qui est en votre pouvoir pour que plus un seul de ces jeunes qui ne possèdent rien d’autre que leur vie ne soit jamais plus violenté par la République sur le sol de la nation. Mettez un terme à l’#ignominie. La décision est difficile à prendre ? On ne vous demande pas tant d’être courageux, que de cesser d’être lâche.
Saccages d’abris, confiscations d’effets personnels, pulvérisation de sacs de couchages, entraves à l’aide humanitaire. Tel est le quotidien des exilés à Calais, monsieur le Président. Hélas, vous ne connaissez rien de Calais. Le Calais que vous avez visité mardi dernier n’existe pas : c’était un Calais pipé ; c’était un Calais imaginaire et vide ; c’était un Calais sans « migrants ». Un Calais sur mesure, un Calais de carton-pâte. Le Calais que vous avez visité, monsieur le Président, ne se trouve pas à Calais.
Le Défenseur des droits a dénoncé, lui aussi, le « caractère exceptionnellement grave de la situation », qu’il n’hésite pas à décrire comme étant « de nature inédite dans l’histoire calaisienne ». Une instance de la République, monsieur le Président, donne ainsi raison à ceux à qui vous donnez tort. Mais je vous sais capable de ne pas croire vos propres services, tant vous donnez si souvent l’impression de ne pas croire vos propres propos.
Comme on se demande à partir de combien de pierres commence un tas, je vous demande, monsieur le Président, à partir de combien de preuves commence un #crime.
Je citerai enfin les conclusions de la « mission IGA-IGPN-IGGN relative à l’évaluation de l’action des forces de l’ordre à Calais et dans le Dunkerquois » d’octobre 2017 – mission qui dépend du ministère de l’Intérieur : « L’accumulation des témoignages écrits et oraux, bien que ne pouvant tenir lieu de #preuves formelles, conduit à considérer comme plausibles des manquements à la doctrine d’emploi de la force et à la #déontologie_policière, principalement à Calais. Ces manquements portent sur des faits de violences, sur un usage disproportionné des aérosols lacrymogènes, la destruction d’affaires appartenant aux migrants ainsi que le non-respect de l’obligation du matricule RIO [le référentiel des identités et de l’organisation]. »
Permettez-moi, monsieur le Président, de traduire cette phrase dans un français non-policier : « Nous croulons sous les preuves de violences policières, notamment de gazages, mais nous refusons de les considérer comme des preuves au sens strict, car cela risquerait de froisser monsieur le ministre de l’Intérieur, qui serait obligé d’enquêter sur l’épidémie d’anonymat qui saisit ses troupes au moment de l’assaut contre les migrants. »
Vous dites : « Je ne peux laisser accréditer l’idée que les forces de l’ordre utilisent la #violence. » Les violences vous dérangeraient-elles moins que le fait qu’on les laisse accréditer ?
A l’heure, monsieur le Président, où vous décrétez ce qui est, ou n’est pas, une « fake news », vous nous rappelez de manière salutaire que vous êtes prompt au mensonge éhonté. On attendait Bonaparte, arrive Pinocchio.
Je ne sais pas exactement de quoi vous êtes responsable ; je sais seulement en quoi vous êtes irresponsable. Le grand mérite de votre politique, c’est qu’on peut la voir à l’œil nu.
Surtout à Calais, où tout est fait pour rendre impossible aux exilés l’accès à l’Angleterre. Non seulement ils n’ont pas le droit de rester, mais ils n’ont pas la possibilité de partir. Que doivent-ils faire ? Attendre qu’on leur brûle la rétine ? Ou bien jouer leur destin en tentant la traversée ?
Vous menacez en tout, monsieur le Président, des gens qui ne nous menacent en rien. Votre politique ne fait pas que trahir nos #valeurs, elle les insulte. Les mesures antimigratoires sont toujours populaires. Mais voulant faire plaisir à la foule, vous trahissez le peuple.
Le préfet du Pas-de-Calais m’a appelé, furieux, osant se réclamer de Jean Moulin ; mais Jean Moulin s’est battu pour faire cesser la barbarie, non pour intimider ceux qui la dénoncent. Les exilés sont des victimes. Laissez les martyrs morts en paix ; cesse de faire la guerre aux martyrs vivants.
#Jean_Moulin fut supplicié pour une France qui accueille les hommes, pas pour une France qui les chasse. Dites à votre préfet que se réclamer d’un héros de la Résistance quand, dans sa sous-préfecture, Erythréens, Afghans et Soudanais sont harcelés, délogés, gazés nuit et jour, c’est prendre Jean Moulin en otage. Et c’est le trahir une deuxième fois.
Ce n’est plus vous qui êtes en marche, monsieur le Président, c’est la vérité. Vous pouvez porter plainte contre moi pour diffamation ; la postérité portera plainte contre vous pour infamie.
Quand un article sur les « bienfaits de la colonisation » fait imploser une revue scientifique | Slate.fr
▻http://www.slate.fr/story/152360/article-bienfaits-colonisation-revue-scientifique
Tout a commencé avec la publication par la revue universitaire Third World Quarterly, au début du mois de septembre, d’un article intitulé « The Case for Colonialism » (« Le bien-fondé du colonialisme »). L’auteur, Bruce Gilley, professeur de science politique à l’université de Portland, estime qu’il est « grand temps de réévaluer la signification péjorative » du mot « colonialisme » :
« La notion selon laquelle le colonialisme est toujours et partout une mauvaise chose nécessite d’être repensée au regard du grave coût humain d’un siècle de régimes et politiques anticoloniaux. »
Gilley estime que la pensée anticoloniale a surestimé les coûts et sous-estimé les bénéfices de la colonisation et a un peu vite écarté la légitimité politique des régimes coloniaux. Pour lui, les bases de cette pensée n’étaient pas scientifiques mais « politiques et idéologiques » : « Le but n’était pas l’exactitude historique mais un plaidoyer pour l’instant présent. » Il cite des exemples de pays qu’il juge détruits par la décolonisation, comme la Guinée-Bissau, et estime que « peut-être que les Belges devraient revenir » au Congo.
]]>Jean-François Jalkh, l’inventeur de la « machine à cash » du FN - Challenges.fr
▻https://www.challenges.fr/politique/jean-francois-jalkh-l-inventeur-de-la-machine-a-cash-du-fn_469792
Depuis plusieurs années, cet apparatchik à sang froid est l’homme des missions délicates. Début 2011, il est nommé secrétaire général du FN à la place de Louis Aliot, compagnon de Marine Le Pen, pour organiser la passation de pouvoir entre le père et la fille. En 2015, il préside le comité d’exclusion de Jean-Marie Le Pen, alors même qu’il a été son assistant au Parlement européen durant cinq ans... En privé, Frédéric Chatillon, le communicant officieux de Marine Le Pen, le surnomme en plaisantant « Grand maître SM » pour « grand maître sado-maso ». Le personnage est aussi sulfureux. Des journalistes ont en effet exhumé des déclarations dans lesquelles il cite le théoricien négationniste Robert Faurisson, notamment concernant l’usage du gaz Zyklon B dans les chambres à gaz nazies des camps d’extermination de juifs.
]]>Un documentaire fait ressurgir les vieux démons du Front national | Droite(s) extrême(s)
▻http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/2017/03/15/un-documentaire-fait-ressurgir-les-vieux-demons-du-fro
On voit Benoît Loeuillet, conseiller régional FN de PACA et responsable du parti à Nice, identitaire local bien connu, dans sa librairie du Paillon, vendre des ouvrages d’Adolf Hitler et de l’historien négationniste Robert Faurisson. Il reconnaît s’interroger sur les thèses de ce dernier, et assure à propos de la Shoah qu’« il n’y a pas eu de morts de masse comme ça a été dit ». « Il n’y a pas eu 6 millions [de morts] », lâche-t-il.
L’intéressé a été suspendu dès mercredi matin du FN. Il a aussi été exclu du groupe FN au conseil régional de PACA, présidé par Marion Maréchal-Le Pen. Les « idées » de Benoît Loueillet « n’ont pas leur place au Front national », a assuré Nicolas Bay, le secrétaire général du FN, dans un communiqué. « Les caméléons qui se cachent dans nos rangs et profitent de la réussite du FN en ayant des idées parfaitement détestables doivent dégager », a ajouté le vice-président du FN Louis Aliot dans un tweet lourd de sous-entendus.
Dans le documentaire, on observe aussi Philippe Vardon, fondateur du Bloc identitaire, devenu conseiller régional FN de PACA puis homme clé de l’équipe de campagne présidentielle de Marine Le Pen, tracter dans la rue, et lâcher à un de ses camarades : « ça va devenir inquiétant, tous les mecs qui me serrent la main, ils sont noirs ». Avant de poursuivre par une considération sur les chauffeurs de taxis : « ici les taxis c’est très blanc, très niçois, etc. », alors qu’à Paris ou à Lyon, « la moitié, ils ont les barbes comme ça ».
On voit Bryan Masson utiliser, sur ordre de sa hiérarchie, le prétexte de liens avec un frontiste banni pour exclure manu militari des militantes expérimentées, le tout dans des éclats de voix : « Allez, allez, ça dégage ! » Ou encore reconnaître utiliser un faux compte Twitter – une pratique très répandue au FN, y compris parmi ses plus hauts dirigeants – avec lequel il relaye des messages du romancier Renaud Camus, théoricien du grand remplacement, qui estime par exemple que la CAF (Caisse d’allocation familiale) est devenu le « troisième lieu saint de l’islam ».
]]>CONTRE LA CONSTITUANTE
La démocratie directe sans le peuple ?
« C’est ainsi qu’avance l’histoire, en se bouchant la mémoire comme on se bouche les oreilles. (…) Mais quoi ? L’histoire n’est amère qu’à ceux qui l’attendent sucrée... »
Sandor Krasna, Sans Soleil, Chris Marker, 1983
Depuis quelques années, le relatif regain d’intérêt pour la démocratie directe a engendré une multitude d’initiatives, essentiellement par l’intermédiaire de sites web, de blogs, de forums ou de listes de diffusion indépendants des groupuscules et partis politiques. Ces individus ou collectifs, issus ou non du mouvement des « indignés » français du printemps 2011, pourraient à l’avenir former un milieu politique fertile, à condition de rompre leur isolement réciproque pour éprouver leurs positions1.
Depuis peu s’y développe un courant d’idées bien particulier, gravitant autour d’une idée centrale : la voie vers la démocratie directe passerait par la convocation d’une assemblée Constituante composée de personnes tirées au sort parmi la population et chargées d’établir une nouvelle constitution française.
Cette approche rompt, salutairement, mais sans le dire, avec de nombreux présupposés idéologiques hérités des mouvements politiques qui ont ravagé le XXe siècle et qui visaient, eux aussi, un changement radical de société. Mais c’est, nous semble-t-il, pour retomber dans d’autres illusions. C’est donc à la discussion de celles-ci que ce texte voudrait inviter.
LE COURANT PRO-CONSTITUANTE
La nébuleuse dont il est ici question paraît largement s’inspirer d’Étienne Chouard. Celui-ci s’est politisé et fait connaître lors du référendum pour le Traité Constitutionnel Européen de 2005. Il avait alors présenté un contre-argumentaire qui avait rencontré un écho important. Prenant acte de la victoire du « non », et à rebours du vide politico-intellectuel contemporain, il a depuis entrepris une réflexion visant à avancer une alternative à l’Europe techno-bureaucratique. Cela l’a amené, de manière très cohérente et en découvrant l’histoire politique de la Grèce Antique, à cette proposition de Constituante tirée au sort, moyennant un blog prolifique (« Le plan C » 2). Peu à peu, d’autres initiatives lui ont emboîté le pas (« Le Mes — sage », « Gentils Virus », etc.) ou s’en sont inspiré plus ou moins explicitement (« Vraie démocratie », « Objectif démocratie », « La Constituante en marche », « La démocratie », « Les citoyens constituants », etc.) 3.
Ce courant nous est proche à trois égards : d’abord, il part d’une critique du régime actuel, du mode électoral et du gouvernement représentatif, perçus comme l’expression politique de l’oligarchie qui domine la société. Cette contestation se fait dans des termes très proches de ceux que nous employons depuis des années. De même, sa référence à la Grèce Antique lui fait très clairement concevoir la démocratie directe à travers des notions oubliées : assemblées générales souveraines, mandats impératifs, destitution des délégués, tirage au sort, rotation des siège ou reddition des comptes. Enfin, son approche détone d’avec l’encombrant héritage marxiste-léniniste qui imbibe toujours, mezzo voce, les franges gauchisantes rêvant d’un Grand Soir organisé pour porter au pouvoir quelques détenteurs de la Vérité historique – ou d’avec son symétrique, un spontanéisme anarchisant misant angéliquement sur le surgissement soudain de rapports sociaux harmonieux et apaisés. Ces formes de messianisme allant de pair avec le fait de remettre toujours à plus tard la conception d’une autre organisation de la société, leur refus permet donc – à nous comme au courant pro-Constituante – l’ouverture de véritables chantiers politiques.
PROJET ET CRITIQUES
Pour autant, à l’examen, le projet de ces militants pro-Constituante présente une multitude de lacunes, d’incohérences ou de contradictions – que les contre-argumentaires proposés ne font qu’approfondir et multiplier4 – et qui ne peuvent que discréditer leurs porteurs et notre visée politique. Ce sont elles que nous allons pointer en suivant, étape par étape, le protoscénario que l’on peut déduire de leurs écrits. Résumons celui-ci en quelques mots :
1) La Constituante est convoquée par un moyen ou un autre (référendum, initiative du Chef de l’État...) ;
2) les délégués sont tirés au sort parmi la population ;
3) ils travaillent durant un temps déterminé à l’élaboration d’une nouvelle constitution française instaurant la démocratie directe ; 4) cette Constitution est soumise à ratification par référendum.
Voilà le projet, tel qu’il se présente dans sa version la plus répandue, et la plus sérieuse. Mais avant d’entrer dans le détail, livrons d’emblée l’axe principal de notre critique : Les proConstituantes veulent la démocratie directe, mais sans l’activité foisonnante d’un peuple visant une transformation sociale, idée à laquelle ils associent sans doute le déchaînement de la violence, alors que nous y entendons toute autre chose : l’auto-organisation des gens, c’est-à-dire la formation d’institutions autonomes locales se substituant aux pyramides hiérarchiques actuelles. Ce refus du soulèvement populaire et de l’élaboration d’une autre société par les premiers concernés amène paradoxalement les pro-Constituante à évincer de leur scénario le principal acteur : le peuple. Option sans doute renforcée par la conscience, ou du moins l’intuition, que les aspirations de nos contemporains sont sensiblement éloignées de ces visées.
Cette éviction tacite des gens ordinaires porte donc les pro-Constituante à viser une action uniquement institutionnelle, légaliste et technique, sans qu’il ne soit jamais exigé du peuple, relégué au statut d’entité abstraite, autre chose qu’une adhésion formelle à l’idée surplombante d’une Constituante tirée au sort5. Jamais, nulle part, n’est envisagée sérieusement une pratique autonome des gens telle qu’elle a pu se déployer dans toutes les révolutions depuis deux ou trois siècles, en s’opposant à d’autres forces sociales. C’est pourtant par ce processus constituant que la collectivité invente une autre organisation sociale, et se crée elle-même en tant que sujet politique.
En ne citant qu’à titre d’illustration l’histoire, l’héritage et l’expérience de la démocratie directe léguée théoriquement par les Lumières, puis pratiquement par les révolutions, le mouvement ouvrier et ses suites, nos pro-Constituante en évacuent le trait essentiel : la praxis, ce lien indissoluble entre la pensée et l’action politique populaire, qui fonde la légitimité de chacun à s’occuper des affaires de tous. Leur approche, on le verra, ne protège des crises et de la violence qu’au prix de l’échec et de la récupération politique. Elle s’interdit de penser réellement une autotransformation radicale de la société, qui ne peut demeurer à cette heure, faut-il le préciser, qu’une interrogation ouverte.
Avant d’avancer quelques pistes en conclusion, nous évoquerons les soubassements idéologiques de cette mouvance qui prône une « révolution par le haut », à l’instar des tenants du « revenu garanti », qui apporteront quelques éléments de compréhension quant à l’aveuglement d’É. Chouard et de ses plus proches défenseurs vis-à-vis des milieux d’extrême droite ou complotistes6.
1 – Processus de convocation de la Constituante
Tel que le présentent les pro-Constituante, le processus amenant à la formation de l’assemblée Constituante est très flou : il est question de « pression populaire » et/ou de l’élection d’un Président de la République qui s’engagerait à convoquer ladite Constituante, sans plus de détail, comme beaucoup l’ont fait depuis (Mélenchon, Montebourg,...). Un peu plus conséquents et sérieux, des sites évoquent, mais par des processus identiques, l’établissement préliminaire de Référendums d’Initiatives Populaires, consultations initiées par une part significative de l’électorat, dont le modèle suisse est le plus connu.
Improbabilité du Référendum d’Initiative Populaire (RIP)
Ce 19 novembre 2013, l’Assemblée Nationale a bel et bien adopté le RIP... mais en le rendant totalement inapplicable7 ! Cet épisode laisse entrevoir ce qu’une telle initiative peut devenir dans le contexte actuel, avec d’un côté un pouvoir en panne de légitimité et de l’autre une population marquée par le chacun-pour-soi et qu’aucun projet commun ne rassemble plus. Les dominants seront d’autant plus enclins à récupérer ce type de consultation que dans les années qui viennent, les réactions de la population vont aller croissant face à la dégradation permanente de ses conditions de vie. Ces référendums ne seront alors qu’un moyen d’acheter momentanément la paix sociale au prix de quelques concessions, au coup par coup et sans remettre en question l’ordre social existant. Cela peut aussi devenir un moyen efficace de s’allier la population par un chantage à « l’unanimisme républicain » face aux multiples crises qui convergent et commencent à faire sentir leurs effets très concrètement. De son côté, une population conservatrice et paniquée peut transformer ce genre de consultation populaire en instrument au service du maintien de ses privilèges ou à l’adoption de mesures réactionnaires. L’exemple suisse, sans être univoque, est tout de même instructif.
C’est pourquoi faire du RIP un fétiche est particulièrement mal venu. L’essentiel ici est moins le dispositif en lui-même que l’état d’esprit de la population, qui s’en empare (ou pas) pour en faire en fait (ou pas) un instrument démocratique au service du bien commun.
Improbabilité d’un référendum sur une Constituante tirée au sort
Mais passons sur les modalités de déclenchement d’un tel référendum, et abordons la question des résistances que pourrait soulever une question référendaire ne portant sur rien moins qu’un changement de régime politique.
Il semble évident que toute initiative mettant sérieusement en cause les échelles de souveraineté en place verra se mobiliser contre elle l’État et tous ses services officiels ou secrets, tous les lobbys économiques internationaux, les médias et les personnalités et bien entendu tous les appareils politiques et syndicaux qui ne peuvent être qu’oligarchiques par essence8. Si jamais une campagne de référendum pour la désignation d’une assemblée Constituante tirée au sort a lieu, elle subira une offensive de dénigrement telle qu’on en a rarement vu dans l’histoire, renouant avec des pratiques immémoriales, mais oubliées des Européens repus (à noter que la société est à ce point délabrée qu’il suffirait même au pouvoir de suspendre simplement ses activités de maintien de l’ordre pour voir s’instaurer une terreur par en bas et susciter une panique sociale). À moins qu’elle ne subisse un escamotage ultérieur : l’expérience, inaugurale pour certains, du référendum de 2005 sur la constitution européenne finalement imposée deux ans plus tard par le parlement parle est édifiante. Que la population se révolte alors et le pays se retrouvera dans une situation de crise politique inédite. Son issue est prévisible : l’oligarchie en sortira par la voie royale ouverte par les contestataires eux-mêmes en convoquant effectivement une Constituante, mais composée cette fois de personnalités nommées par élections.
C’est ce que propose par exemple actuellement le Parti de Gauche, qui y trouvera l’occasion d’y placer de nouvelles têtes fraîchement encartées et fermement tenues par la nomenklatura. Rien n’en sortira hormis la consolidation du pouvoir de quelques-uns. L’exemple, tant vanté, de « la révolution islandaise », et notamment sa Constituante invalidée en 2011 après trois mois de travail, devrait servir de leçon tant le feuilleton des forfaitures des briscards de la politique y est paradigmatique.
2 – Désignation des délégués
Mais admettons que le principe initial d’une Constituante tirée au sort soit finalement adopté. Un tel mode de désignation, résolument novateur dans la France d’aujourd’hui, pose un certain nombre de problèmes, et notamment celui de la représentativité, qui est pourtant le principal argument de ses partisans.
L’autosélectivité des délégués
Soit ce tirage se fait a priori au sein du corps électoral, soit il se fait parmi une liste de volontaires. Plaçons-nous dans le second cas (ou dans les deux en admettant le refus de siéger serait scrupuleusement respecté et qu’il sera un recours d’autant plus utilisé que chacun saura qu’il s’agit d’une magistrature absolument déterminante pour l’histoire du pays et que chacun sera au centre de toutes les attentions) : le filtre de l’autodésignation sera un biais inévitable.
Nous retrouverons donc ces biais déjà bien connus par les jurés d’assises, mais démultipliés au centuple : ne siégeront que ceux qui considèrent leurs opinions présentables et s’estiment aptes à siéger, c’est-à-dire à faire partie de l’élite qui de facto dessinera l’avenir pour des décennies. Faut-il alors préciser que l’assemblée sera en majorité composée par la classe moyenne, masculine, blanche, éduquée, insérée, valide, citadine, etc.9 ? Les exceptions seront ramenées à leurs statuts de déviants lors des toutes premières délibérations solennelles par les mécanismes bien connus de disqualification et de conformisme groupal. Telle est la société actuelle et telle sera l’assemblée Constituante, si aucun processus ne vient bousculer au sein du peuple lui-même les représentations sociales qui maintiennent l’organisation sociale telle qu’elle est.
Représentativité problématique
Mais faisons momentanément fi de ces considérations psychosociologiques, et admettons que les quelques milliers de délégués seront « représentatifs » de la société actuelle, au pourcentage près – on attendra pour savoir les critères de cette « représentativité »... Ils compteront alors, comme le pointe par exemple très pertinemment « Objectif Démocratie » sans y répondre convenablement, 7 % d’illettrés et près de 30 % ne maîtrisant pas la lecture, facteurs qui ne disqualifient certainement pas à l’exercice démocratique, mais qui rend éminemment problématique un travail constitutionnel de type parlementaire. Bien plus : la Constituante sera, à l’image du pays, profondément et irrécusablement divisée entre classes sociales, classes d’âge, affiliation idéologiques voire appartenances religieuses ou ethniques, corporations, lobbys, etc.
Sans aucun remaniement des opinions provoqué, comme en mai 68, par la créativité collective d’un bouillonnement social de la société, d’un peuple expérimentant et mettant à l’épreuve par son action même les idées, les principes et les affiliations les plus diverses, sans l’immense effort populaire nécessaire pour sortir des impasses idéologiques en inventant des idées nouvelles et en se réappropriant les expériences du passé, les débats de l’assemblée Constituante ne pourront que s’embourber dans tous les faux clivages contemporains ou en créer de nouveaux dans lesquels la population ne se reconnaîtra pas.
3 – Travail de la Constituante
Mais passons outre une fois de plus : voilà nos délégués lambda assis sur leurs sièges de l’assemblée, travaillant pour le bien du peuple, mais sans aucun contrôle de celui-ci... La situation rappelle celle dénoncée : Car on retrouve ici intacte l’idée selon laquelle le pouvoir de décision repose toujours entre les mains de quelques-uns, tandis que le peuple est invité
à perdurer dans sa passivité, selon le principe fondamental du système représentatif10.
Des délégués incontrôlables
Car que la population se passionne pour ces débats ou en attende patiemment des solutions à ses problèmes, elle n’a rien à en dire, ces tirés au sort étant absolument souverains de leur jugement, s’informant, délibérant et décidant en leur for intérieur. Il faut être clair : Ils ont été nommés, eux, pour élaborer une nouvelle constitution, et on ne voit pas au nom de quoi ils auraient des comptes à rendre quant à leurs choix, ni à qui, pendant leur mandat comme après. Certes, certains parlent « d’ateliers constituants locaux » composés de citoyens chargés d’épauler les délégués dans leur travail. Mais si ces délégués décident sous influence, alors ces « ateliers », qu’ils soient de gauche ou d’extrême droite, seront de bien peu de poids face aux pressions extraordinaires auxquelles seront soumis nos élus, de la part de tout ce que l’oligarchie compte de think tanks, de groupes d’intérêts, de réseaux d’influence, de lobbys plus ou moins officiels, de circuits de corruption, de pressions mafieuses, etc. C’est, très exactement, ce qu’ont vécu les Tunisiens, ou même les Français devant le spectacle régulier de l’ascension hiérarchique dans l’entreprise ou dans les institutions républicaines... À moins d’isoler totalement les délégués de toute influence, donc de les couper radicalement d’une vie sociale qui faisait d’eux autre chose que des professionnels de la politique.
Une constitution enfin démocratique ?
Ces quelques milliers de personnes chargées d’écrire « seules » une constitution pour la France ont été désignés parce qu’elles ne sont justement pas spécialistes de la politique. Sans aucune préparation et provenant d’un peuple vivant dans l’apathie depuis des générations, sans aucune expérience du pouvoir réellement démocratique, ni même de pratiques sociales ou politiques un tant soit peu dégagée de la mentalité oligarchique, elles auront à fixer l’organisation de la vie politique d’un pays habité par 70 millions d’habitants et comptant parmi les dix grandes puissances mondiales. Enfants de De Gaulle, de Mitterrand et de Sarkozy, on voit mal nos délégués systématiser l’amateurisme en politique, instituer des assemblées souveraines, et démanteler l’État comme organe séparé du corps social, requisit minima pour parler raisonnablement de démocratie directe.
Il y a fort à parier que nos représentants ne façonneront qu’une constitution qui ressemblera fort à celles que nous avons connues, sans doute agrémentée de quelques organes consultatifs ou contre-pouvoirs citoyens – c’est d’ailleurs la perspective explicite d’E. Chouard lui-même11.
4 – Résultats possibles de cette Constituante & ratification
Mais passons là encore et imaginons qu’enfin l’assemblée soit parvenue à se mettre d’accord sur un texte, et que celui-ci soit soumis à ratification à la population par référendum. De quoi cette Constituante sans révolution peut-elle accoucher ?
Une constitution parfaite, mais inapplicable
Commençons par le meilleur des cas : la constitution finale pose les principes d’une véritable démocratie directe, prononçant la dissolution de tous les corps oligarchiques qui régissent le pays, des ministères aux médias en passant par les trusts, et instaurant assemblées générales, contrôle des délégations, tirage au sort, autonomies locales, tribunaux populaires, etc. Supposons que la population française l’adopte par référendum et voici donc nos 40 millions de citoyens,
à qui l’on a demandé d’attendre patiemment depuis le début, se réveillant un beau matin, conviés par injonctions gouvernementales à intervenir dans des assemblées où ils n’ont jamais mis les pieds, à prendre en charge des tâches dont ils n’ont même jamais entendu parler, contrôlant des délégués à l’aide de dispositifs jamais expérimentés, invité à réinventer un travail qu’ils n’ont jamais osé remettre en cause, à appliquer des lois incompréhensibles, etc. sans même parler des conséquences concrètes, matérielles et économiques des choix faits par leurs délégués, si jamais ceux-ci avaient pris conscience de l’inéluctable déplétion énergétique et opté pour une décroissance...
Évidence première : une constitution ne vaut que si elle répond, peu ou prou, aux aspirations du peuple – et une démocratie directe imposée par en haut rappellerait de bien mauvais souvenirs, celui de Khadafi et de son funeste Livre vert pour ne citer que le plus caricatural, et parmi les derniers d’une longue série. Il y aurait, bien sûr, la possibilité d’une ratification article par article. Mais en ce cas les débats, tardifs, mais passionnés, qui se dérouleront alors ne manqueront pas de pousser à la réécriture du texte final, ne serait-ce que pour lui donner une orientation cohérente et significative. Il ne serait pas étonnant qu’une majorité de la population renvoie plutôt une nouvelle Constituante au travail, et continue à vaquer à ses occupations – en espérant que tous ceux qui voient tout ce processus d’un mauvais œil depuis le début veuillent bien garder l’arme au pied.
Une crise politique sans précédent
Car tel est l’enjeu : si la nouvelle constitution opère un réel changement vers un partage élargi du pouvoir, il y a fort à parier que ses opposants n’en resteront pas là, et ouvriront une crise politique profonde, sinon un affrontement, que les proConstituantes cherchent justement à contourner. Un bref regard sur le déclenchement de la guerre civile espagnole à l’été 1936 montre que les puissants se laissent rarement déposséder avec le fair-play souhaité.
Plus grave encore : cela fait des décennies que les crises multiples qui traversent nos sociétés s’amplifient et commencent à interagir dangereusement. Et cela fait des décennies que les populations demandent massivement à d’autres de les résoudre. Qu’il s’agisse du chaos économique, des tensions internationales, de la fragmentation des territoires12, d’émeutes nihilistes ou de retour aux archaïsmes religieux, le contexte inévitablement précaire dans lequel travaillera la Constituante sera extrêmement anxiogène. Ni la population, encore une fois dépossédée des moyens de s’approprier la situation, ni l’Assemblée Constituante, rivée à sa tâche, n’auront de marge de manœuvre. La magie qui nimbe aujourd’hui le terme de « démocratie » pourrait bien se dissiper au contact de réalités désagréables – sans même évoquer les « opérations Condor » que des puissances étrangères, les milieux militaires et autres « services » français pourraient bien déclencher. Avaliser la nouvelle constitution sera alors plutôt une manière de faire cesser une dangereuse instabilité. Le cas égyptien de ce mois de janvier 2014 est encore instructif de ce point de vue.
Retour à la normale
Mais les idéologies contemporaines n’ayant jamais été remises en causes et l’époque des « trente glorieuses » restant l’horizon implicite de tous les comportements, tout porte plutôt à croire que l’assemblée accouchera d’une constitution sans grandes ruptures avec les précédentes. Bien sûr seront insérés ici ou là des articles novateurs, contrebalançant quelques profondes régressions dont notre époque a le secret. Mais le but final, avoué ou non, n’est-il pas essentiellement la réconciliation du peuple avec lui-même et avec ses élites enfin « moralisées » ?
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« Le véritable esprit de 1789 consiste à penser, non pas qu’une chose est juste parce que le peuple le veut, mais, qu’à certaines conditions, le vouloir du peuple a plus de chances qu’aucun autre vouloir d’être conforme à la justice. »
Note sur la suppression générale des partis politiques, Simone Weil, 1940, Climats, 2006.
On le voit, de la convocation de l’assemblée Constituante au texte final, ce protoscénario est grevé d’approximation, d’illusions et de problèmes insolubles dans le cadre dans lequel il est posé. Ces insuffisances nous semblent faire système et révéler des biais idéologiques dont il faudrait dégager la réflexion.
LES BIAIS IDÉOLOGIQUES DE LA DÉMARCHE
On pourrait résumer les critiques précédentes à travers trois contradictions.
L’écriture d’une constitution n’est pas adaptée à la situation actuelle.
La question d’une autre constitution peut être un processus invitant chacun à envisager une autre société, à partir des expériences concrètes de chacun, mais elle ne peut qu’être l’amorce d’une réflexion générale sur le monde que nous voulons, et, avant toute chose, sur le monde tel qu’il est. En désignant la constitution comme « la cause des causes » (n’ont-ils jamais entendu parler du Royaume-Uni ?), les proConstituantes relaient la mystification des Modernes qui veut que le fonctionnement d’un pays se résume à quelques pages imprimées, conjurant la réalité immaîtrisable d’une collectivité s’autodéfinissant perpétuellement dans les comportements quotidiens de tout-un-chacun13. Une constitution est le condensé d’une destinée qu’un peuple se donne, en acte, l’avenir qu’une population vit, sinon déjà, du moins en puissance. La confusion mentale actuelle, la sénilité sans fin des vieilles lunes idéologiques, les mirages consuméristes, l’interpénétration voulue de la vie avec les réseaux étatiques, la renaissance des peurs et des haines archaïques, tout cela forme une pensée éclatée très éloignée de ce que requiert un projet de société populaire et vivant. Maintenir, hic et nunc, que la priorité doit être l’écriture d’une Constitution, quelles qu’en soient les modalités, c’est le faire, inéluctablement par contumace du peuple.
Le tirage au sort n’est pas adapté à la société telle qu’elle est. Dispositif égalitaire, le tirage au sort des délégués, plus que tout autre, sous-entend une collectivité entièrement travaillée par la perspective individuelle et collective de l’exercice du pouvoir. Alors que les proConstituantes ne l’entendent que comme un moyen de créer une représentation vraiment représentative, le tirage au sort est autant un processus de désignation qu’un moyen d’autoéducation d’un peuple : il nécessite la régularité, la rotation des mandats et la généralisation, non seulement pour être représentatif au fil du temps, mais surtout pour devenir mode de gouvernement, et culture particulière d’une société qui fait corps avec ses institutions et s’édifie par leur entremise. Sinon, il n’est que déguisement de l’autodésignation des plus aptes, paravent à l’influence déterminante de quelques « conseillers », c’est-à-dire maintien des mécanismes de domination sous couvert de nomination de « bons élus », jaillis miraculeusement d’une plèbe perpétuellement passive. La diversité de son usage dans l’histoire14, et l’intérêt que lui portent les apprentis oligarques contemporains devrait faire réfléchir15.
Le tirage au sort pour l’écriture d’une constitution. L’importance écrasante qu’est l’écriture d’une constitution est difficilement compatible avec son écriture par quelques délégués tirés au hasard et non contrôlés. À moins de supposer, perspective cauchemardesque, une population homogène et unanime – auquel cas la Constituante est une formalité de quelques jours – la discussion des grands principes politiques et philosophiques, la décision des grandes orientations du pays, la prévision des macro-mécanismes organisant l’essentiel de la société, la mise au point des dispositifs d’exercice et de contrôle du pouvoir, tout cela ne peut qu’avoir eu lieu au sein du peuple lui-même, engageant la quasi-totalité des individus dans une confrontation tous azimuts d’opinions. Les grands clivages de celles-ci doivent alors pouvoir se retrouver dans l’organe constituant et les délégués le composant doivent pouvoir être sommés de rendre régulièrement des comptes, sans que le hasard puisse donner l’avantage aux uns ou aux autres contre l’argumentation rationnelle et la délibération collective. Lier tirage au sort et écriture d’une constitution c’est, quel que soit le contexte, livrer l’avenir d’un pays aux mains de quelques-uns, aussi bien intentionnés soient-ils.
UNE DÉMOCRATIE DIRECTE SANS PEUPLE
Les proconstituantes reprennent donc des éléments propres à la démocratie directe, mais sans les extirper des fondements de ce qu’on appelle la « philosophie politique » moderne, qui allie le formalisme juridique, le système représentatif et l’aphonie du peuple. Plus grave encore : ils avalisent l’amnésie du XIXe siècle et entérinent le déni du XXe, en ignorant l’histoire moderne des peuples en quête de liberté. L’image qui se dégage de tout cela est bien celle d’une révolution sans peuple, guidée pacifiquement par quelques bons élus garantis par la seule technique du tirage au sort16. C’est là la solution trouvée pour contourner deux obstacles qui se dressent inévitablement face à quiconque se réclame de l’émancipation de tous et de chacun.
C’est d’abord l’héritage inassumable de tous les courants marxistes-léninistes du XXe siècle, qui ont noyé l’aspiration à l’autonomie dans l’autoritarisme, la logomachie et la fossilisation, rivalisant avec les barbaries17 nazies, empêchant toute réappropriation des expériences populaires d’auto-institution de la société. Mais l’oubli n’est pas le deuil, et cette occultation, on l’a vu, condamne les proconstituantes à une terrible cécité.
C’est, ensuite, l’époque contemporaine où les tenants de la démocratie directe se trouvent face à un peuple qui n’en veut que dans la mesure où elle sera la garante de petites jouissances privées que la crise économique, le pillage de la planète et l’attrait du modèle occidental condamnent à plus ou moins long terme18. Les mouvements qui se sont produits, qu’il s’agisse des mouvements sociaux français ou des « indignés » français ou grecs, sont marqués par la réaction face à la disparition progressive d’un monde qui promettait abondance et sécurité19. Cette réaction prend parfois des formes démocratiques, mais peut aussi s’incarner – et c’est de plus en plus souvent le cas – dans des mouvements d’extrême droite, nationaliste comme en Grèce, ou religieuses comme en régions musulmanes. Face à ce fait massif, nos proConstituantes tentent de faire l’économie de ce peuple trop incertain, de la même manière qu’à l’opposé, les démagogues par vocation hallucinent une population idéalisée et sans contradictions20. Dans les deux cas, une question, primordiale à nos yeux, n’est pas posée : celle du type d’individu que forme la société, qu’elle exige pour son maintien, qu’il s’agisse de l’individu actuel, son comportement, sa mentalité, ses réflexes, ses désirs et ses représentations, ou de l’individu requis pour et par une société démocratique21.
Finalement, on peut inscrire cette idée d’une Constituante tirée au sort dans le courant des doctrines réformistes qui émergent systématiquement en période d’oligarchie délégitimée et de risques de déclassements massifs pour les classes moyennes en plein désenchantement : il y est question, à chaque fois, d’aménager le cadre existant en empruntant froidement quelques techniques ou dispositifs démocratiques plus ou moins radicaux, pour que se dégage une élite responsable capable de remettre le pays dans le droit chemin du progrès et de maintenir le niveau de vie. Ainsi, il n’y aurait qu’a convaincre chacun de la pertinence d’une Constituante tirée au sort, la magie du dispositif fera le reste, et si débat, conflit, déchirure ou violence il y a, ce sera dans l’enceinte feutrée d’une assemblée rassemblant ce peuple miniature que l’on pourra toujours congédier si d’aventure la pièce tournait mal. De ce point de vue, il est possible de comprendre les relations baroques qu’É. Chouard entretient avec des milieux nationalistes, antisémites ou complotistes : elles relèvent sans doute moins d’une volonté confuse de renouer avec une population depuis longtemps abandonnée par la gauche et l’extrême-gauche22 ou de tendances personnelles inavouées que de l’idée que tous les clivages seront surplombés et transmués par les séances de l’Assemblée Constituante, véritable boîte noire chargée (et sans doute investie tel par la population) de résoudre par procuration les problèmes colossaux que nous posent un XXIe siècle qui ne s’annonce pas chantant.
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« Lorsque les hommes se rassemblent constamment par petits groupes et se parlent à l’oreille, le général a perdu la confiance de l’armée »
Sun Tzu, L’art de la guerre
Le lecteur sera déçu : il n’y aura pas, en conclusion, de Grande Solution proposée. Non pas que la question de l’avenir souhaitée ne se poserait pas, ou que le chemin menant à des sociétés viables et vivables ne se pose pas : tout au contraire, nombre de nos écrits depuis des années insistent, et traitent, de l’importance de ces interrogations hier si décriées. C’est plutôt que les réalités contemporaines, hétérogènes, enchevêtrées, complexes et instables, ne permettent aucun raisonnement toutes choses égales par ailleurs. Notre seule certitude – qui traverse tout ce texte : la transformation de la société visant la démocratie directe ne peut être qu’une autotransformation des institutions comme de l’individu, indissolublement lié, par l’action autonome des gens, ce qui revient à dire qu’elle doit être désirée, travaillée, mûrie dans le quotidien de chacun, qu’elle exige la lente autoformation d’un peuple à travers une myriade de contre-institutions. C’est ce que montre l’histoire bien comprise de la Grèce Antique comme celle des révolutions de ces derniers siècles23, et c’est ce qui semble être le point aveugle des proconstituantes.
Il n’y a pas de Solution. Mais il y a une foule d’expériences historiques qu’il nous est impossible d’ignorer. On peut évoquer les sections révolutionnaires de 1789 et la Commune de Paris, bien sûr, mais même si on s’en tient au XXe siècle, on peut citer les soviets russes de 1905 et 1917, les Rätes allemands de 1918-1919, les collectivités révolutionnaires de l’Espagne de 1936, les conseils d’insurgés hongrois de 195 624, les comités de quartiers de mai 68. Plus récemment, en 2011, il y a eu les comités de sécurité du soulèvement tunisien25, les assemblées générales grecques26, espagnoles et mêmes américaines27. Que nous disent ces expériences ? Que l’aspiration du peuple à l’autogouvernement part toujours de formes d’organisation élémentaires, que les gens commencent toujours par élaborer une société à leur échelle, avec leurs moyens et la réflexion pratique qui est la leur.
Il s’agit alors, d’abord et avant tout, d’un vaste mouvement de (re) socialisation, de libération de la parole dans les espaces les plus quotidiens, la rue, le quartier, le travail, la famille. La formation spontanée de ces groupes restreints rompt avec l’ordre ancien, relations sociales, réflexes conformistes, automatismes mentaux. Elle permet de faire le point sur la situation, de discuter de la marche à suivre et d’assurer un minimum de sécurité physique et affective pour chacun. Si le mouvement s’étend et prend de l’ampleur, progressivement, la coalition de ces petits groupes en assemblées locales institue une auto-organisation qui conduit à une gestion matérielle, par les gens eux-mêmes, des lieux d’habitation, de travail et de ravitaillement. Ces assemblées deviennent alors également le lieu de la confrontation, de l’élaboration et de la diffusion des opinions de tous, de la mise au point de formes d’action visant partout la destitution des dirigeants, l’auto-organisation de la population et la protection des personnes. L’étape suivante, la révolution proprement dite, la rupture d’avec l’ordre institutionnel existant, prend des formes différentes en fonction des lieux et des époques : il s’agirait pour nous de regrouper d’abord toutes ces collectivités en assemblées communales souveraines puis de les articuler les unes aux autres à des échelles plus grandes sous forme de fédérations puis de confédérations, déposant un à un tous les pouvoirs en place et s’y substituant, selon les principes de contrôle des délégués et de rotation des tâches.
Ce n’est qu’alors que la question d’une nouvelle constitution pourra se poser, entérinant un fonctionnement inventé, fondé, expérimenté, et compris par tous.
Ce processus28 ne garantit certainement pas l’instauration d’une démocratie directe. Les problèmes qui surgiront face à une population s’engageant dans une telle voie sont énormes – mais ce seront les nôtres. Il dessine, selon nous, la possibilité pour le peuple de se reconstituer en tant que corps et que sujet politique, de changer ses institutions en même temps qu’il se change lui-même, autotransformation individuelle et collective sans laquelle la démocratie directe n’est qu’un vain mot.
Collectif Lieux Communs juin 2013 - janvier 2014
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1 On lira à ce propos l’Introduction générale dans la brochure Démocratie directe : principes, enjeux, perspectives, première partie : Contre l’oligarchie, ses fondements politiques, sociaux et idéologiques, Avril 2013, disponible sur note site : ►https://collectiflieuxcommuns.fr/spip/spip.php?article679
2 cf. ▻http://etienne.chouard.free.fr/Europe
3 cf. Dans l’ordre ▻http://www.le-message.org, ▻http://projetgentilsvirus.ouvaton.org/index.php/Accueil, ▻http://lavraiedemocratie.fr, ▻http://objectifdemocratie.org/pages/03alhome.html, ▻http://laConstituanteenmarche.net, ▻http://www.la-democratie.fr, ▻http://lescitoyensconstituants.com
4 On lira par exemple « Objections contre une Assemblée Constituante tirée au sort »
▻http://projetgentilsvirus.ouvaton.org/index.php/Affichage_Objections_contre_le_Tirage_au_Sort
5 Un site calcule par exemple qu’il suffirait de moins d’un an et demi pour convaincre toute la population française, si chaque militant convertissait 4 personnes par mois... C’est aussi le sens de l’initiative « Gentils Virus » ainsi dénommée pour propager la bonne nouvelle, comme si devenir partisan de la démocratie directe ne demandait finalement aucune grande remise en question quant au mode de vie actuel, et pas plus de temps que celui d’une contagion.
6 Même sans avaliser l’hystérie collective des prétendus « antifascistes » qu’unit la haine gauchiste pour les réalités populaires, il est difficile d’admettre que l’intéressé refuse explicitement de clarifier ses positions vis-à-vis de gens tels qu’Alain Soral, Robert Ménard, Yvan Blot ou encore Robert Faurisson, par exemple.
7 cf. l’article de Hélène Bekmezian dans Le Monde du 19.11.13 (repris sur notre site : ▻https://collectiflieuxcommuns.fr/spip/spip.php?article714), sobrement intitulé : « Le référendum d’initiative partagée, trop compliqué pour être vraiment efficace », et celui de Roseline Letteron du site Contrepoints.org dont l’intitulé est plus évocateur : « Adoption du référendum d’initiative populaire, sans initiative populaire ». La nouvelle n’a étrangement pas été relayée sur les sites en question.
8 Voir l’inusable R. Michels Les partis politiques — Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, (1914, Flammarion,
1971), dont un chapitre est disponible sur notre site.
9 On lira par exemple avec intérêt « La Cour d’assises en examen. Réflexion-témoignage d’un juré sociologue » d’André-Marcel d’Ans, paru dans la revue Droit et Société n° 54, 2003, pp. 403 – 432, consultable ici : ▻http://www.reds.msh-paris.fr/publications/revue/pdf/ds54/ds054-07.pdf
10 On nous pardonnera de renvoyer les proConstituantes à leur bible, Principes du gouvernement représentatif de B. Manin (1995, Flammarion 1996), qui, rappelons-le, comporte plusieurs parties, dont certaines traitent de « la marge d’indépendance des gouvernements ».
11 « Les grands principes d’une bonne Constitution, qui prouveraient la guérison de notre démocratie », octobre 2005 – 2007, pp.
7 sqq. consultable ici : ▻http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Bonne_Constitution_Guerison_Democratie.pdf. Ou alors, comme l’intéressé l’envisage, nos délégués n’auront pas à se « renseigner » eux-mêmes sur toutes ces questions, mais seront
« conseillés » par « des parlementaires et ministres » (id.)... Est-ce sérieux ?
12 On lira par exemple le très stimulant Fractures françaises de C. Guilluy (Flammarion 2010), ou encore La crise qui vient, la nouvelle fracture territoriale de L. Davezies, (Seuil 2012), qui renouvellent l’approche de la « question sociale », cantonnée depuis des décennies, et à dessein par le pouvoir, à celle des « banlieues » et des critères ethno-raciaux.
13 Ainsi, la constitution française de 1958 ne fait qu’entériner le déclin des conflits sociaux et politiques tels qu’ils ont bouleversé le continent depuis des siècles – et certainement pas le décréter. Le baptême du feu se fera dix ans plus tard, en mai 68, dont l’échec la consacrera.
14 On lira par exemple de Yves Sintomer, « Petite histoire du tirage au sort en politique. D’Athènes à la Révolution française », La Vie des idées, 9 avril 2012. ▻http://www.laviedesidees.fr/Petite-histoire-du-tirage-au-sort.html
15 Voir par exemple « Au sort, citoyens ! », article de Pierre-André Achour (ancien secrétaire régional des Verts-Lorraine, président de Forum les débats) dans Libération du 11 avril 2013 (▻https://collectiflieuxcommuns.fr/spip/spip.php?article691) qui laisse imaginer une dérive à la florentine, où les dispositifs égalitaires comme le tirage au sort étaient l’objet de tous les soins
de l’oligarchie qui en tirait sa légitimité. cf. sur ce point le clan des Médicis. Comment Florence perdit ses libertés
(1200-1500) de J. Heers (Perrin 2008).
16 Les variantes, comme l’organisation de constituantes départementales ou même municipales, maintiennent étrangement les mêmes principes, comme si c’était précisément la délibération populaire qu’il fallait éviter.
17 cf. « Devant l’abîme de l’anéantissement, le pas de côté des hommes modernes », de L. Leylavergne, disponible sur le site.
18 Voir à ce propos « Keynésianisme improbable » de Guy Fargette « Le Crépuscule du XXe siècle » n° 25, décembre 2012, disponible sur le site.
19 Sur les premiers on lira « Notes sur le mouvement social d’octobre 2010 », brochure n° 16 une lutte à la croisée des chemins, mars 2011, sur les seconds notre tract « Mouvements des “’indignés”’ : potentialités, limite, perspectives », et sur les troisièmes :
« Enjeux politiques et anthropologiques du mouvement grec pour la démocratie directe », dans la brochure n° 18bis le mouvement grec pour la démocratie directe. Octobre 2011, textes disponibles sur notre site.
20 C’est ainsi qu’il faut comprendre le second volet de l’entreprise anxiolytique de E. Hazan & Kamo, Premières mesures révolutionnaires (La fabrique 2013), qui fait suite à l’antidépressif L’insurrection qui vient (La fabrique 2007). On s’interrogera au passage sur l’utilisation du pseudonyme Kamo, notoirement porté par un bolchévique compagnon de Staline.
21 Et que laisse totalement dans l’ombre la formule de J.Rancière qui définit la démocratie comme « Le gouvernement de n’importe qui » : l’individu démocratique tel qu’il est apparu dans l’histoire, et tel qu’il disparaît sous nos yeux, n’est précisément pas n’importe qui.
22 On lira à ce sujet l’œuvre de J.-C. Michéa, et notamment Les mystères de la gauche : de l’idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu (Climats 2013), ou C. Guilluy, op.cit., et particulièrement le chapitre « La gauche française dans le ghetto ».
23 Sur le lien entre les deux on lira, largement inspirée de C. Castoriadis, « Les anciens et les modernes », p. 41 sqq. dans l’article
« La démocratie directe contre la “’démocratie représentative”’ » de notre brochure Démocratie directe... op. cit.
24 Sur cet événement méconnu et recouvert par les héritiers des régimes totalitaires « de Gauche », cf. La source hongroise, de C.
Castoriadis (1976), ainsi que Sur les conseils ouvriers de Hongrie, de H. Arendt (1958), regroupés en brochure sur notre site, rubrique « Brochures ».
25 Voir « Retours de Tunisie », dans la brochure n° 17bis, Les soulèvements arabes face au vide occidental, L’exemple tunisien, seconde partie, mai 2011. À noter l’initiative Doustourna, « Notre constitution » (▻http://doustourna.org), qui visait l’établisse — ment d’une constitution à partir de délégués relayant les avis de la population rencontrée à travers une multitude d’assemblées tenues dans le pays.
26 Voir les brochures n° 18 & 18bis, Le mouvement grec... op.
27 On lira à ce propos de très bon article de Thomas Frank « Occuper Wall Street, un mouvement tombé amoureux de lui-même.
Le piège d’une contestation sans revendication » (Le Monde Diplomatique janvier 2013) qui montre très bien un autre exemple de fétichisme qui vient combler un vide culturel et politique, et sans doute plus grave, une absence déréelle volonté de transformer les choses. Texte disponible sur le site.
28 Ce thème sera largement traité dans le troisième volet (à paraître courant 2014) de notre brochure Démocratie directe : Principes, enjeux et perspectives, troisième partie : Ce que serait une société démocratique.
]]>Les sites négationnistes, déclassés par Google en anglais, toujours mis en avant sur Google en français
▻http://www.lalibre.be/economie/digital/les-sites-negationnistes-declasses-par-google-en-anglais-toujours-mis-en-ava
Alors que Google a récemment modifié son algorithme pour déclasser les sites négationnistes sur sa version anglaise, Google France continue à les mettre en avant, avec en tête un blog dédié à l’historien révisionniste français Robert Faurisson. La semaine dernière, Google a annoncé des modifications de son algorithme de recherche pour écarter des informations « ne faisant pas autorité », comme celles d’un site négationniste qui arrivait en tête de recherches portant sur l’Holocauste. Cette décision a été (...)
]]>Daniel Schneidermann maintenant :
Une mésaventure nocturne
Daniel Schneidermann, Arret Sur Images, le 17 juin 2015
►http://www.arretsurimages.net/breves/2015-06-17/Une-mesaventure-nocturne-id18994
J’en profite pour noter que Ulcan (ou l’un de ses amis) a donc menacé de mort Stéphane Richard, PDG d’Orange...
#Ulcan #Orange #Daniel_Schneidermann
Rappel :
▻http://seenthis.net/messages/380425
Le rappeur Kamelancien, solidaire avec la Palestine :
La LDJ « tente » d’intimider le rappeur Kamelancien
Islam et Info, le 28 juillet 2014
►http://www.islametinfo.fr/2014/07/28/exclu-la-ldj-tente-dintimider-le-rappeur-kamelancien-video
Benoît Le Corre et Pierre Haski, journalistes à Rue89, à cause de leurs sujets sur le hacker Ulcan :
La vengeance d’un pseudo-hacker contre Rue89 vire au tragique
Pierre Haski , Rue89, le 14 août 2014
►http://rue89.nouvelobs.com/2014/08/14/vengeance-dun-pseudo-hacker-contre-rue89-vire-tragique-254205
Laurent Louis, homme politique belge :
La police débarque chez Laurent Louis à la suite d’un canular
Belga, le 17 août 2014
►http://www.dhnet.be/actu/belgique/la-police-debarque-chez-laurent-louis-a-la-suite-d-un-canular-53f0862f3570667a
Le joueur vidéo Bibix :
Le joueur Bibix victime de swatting : le phénomène américain fait ses premières victimes en France
Lauren Provost, Le HuffPost, le 11 février 2015
►http://www.huffingtonpost.fr/2015/02/11/bibix-swatting-video-stream-twitch-france-etats-unis_n_6662102.html
Jean-Guy Greilsamer, activiste solidaire avec la Palestine :
L’antisémitisme sioniste a encore voulu frapper ! Récit d’un après-midi très particulier.
Jean-Guy Greilsamer, UJFP, le 5 mars 2015
►http://www.ujfp.org/spip.php?article3966
Pessi Borell, activiste solidaire avec la Palestine :
Témoignage de Pessi Borell de l’UJFP : une nuit très agitée
UJFP, le 8 mars 2015
►http://www.ujfp.org/spip.php?article3979
Bénédicte Bauret, conseillère municipale (probablement à cause de sa solidarité avec la Palestine) :
Mantes-la-Ville : une élue d’opposition victime d’un « swatting »
Le Parisien, le 12 Mars 2015
►http://www.leparisien.fr/yvelines-78/mantes-la-ville-une-elue-d-opposition-victime-d-un-swatting-12-03-2015-45
Bertrand Chameroy et Enora Malagré, animateurs de télévision :
Deux chroniqueurs de "Touche pas à mon poste" visés par des canulars
Francetv info, le 12 mars 2015
►http://www.francetvinfo.fr/faits-divers/deux-chroniqueurs-de-touche-pas-a-mon-poste-vises-par-des-canulars_8470
Pierre Stambul, activiste solidaire avec la Palestine :
Pierre Stambul : « Une police entre incompétence et collusion »
Denis Sieffert, Politis, le 12 juin 2015
►http://www.politis.fr/Pierre-Stambul-Une-police-entre,31543.html
Jean-Claude Lefort, activiste solidaire avec la Palestine :
Intervention policière au domicile d’un ex-député pro-palestinien
Denis Sieffert, Politis, le 10 juin 2015
►http://www.politis.fr/Intervention-policiere-au-domicile,31469.html
Des sionislamistes qui envahissent la France, et autres dangereuses sornettes - Le blog de luftmenchen
▻http://luftmenschen.over-blog.com/m/article-124601155.html
« Il sera très peu question ici de la Palestine et d’Israel .Mais de la vision fantasmée et politiquement orientée qu’ont recrée une partie de l’extrême droite française et bien au delà, d’un imaginaire plus répandu qu’on ne le croit, un bestiaire allégorique où le « jeune lanceur de pierres », comme l’infâme « sioniste » ne sont évoqués que pour masquer la pensée réelle de ceux qui ne parlent jamais aussi clairement des Arabes et des Juifs d’ici que lorsqu’ils font mine d’évoquer le Moyen Orient. »
Ces quelques phrases ont cinq ans. Elles ouvraient le premier texte de ce blog collectif, au moment d’une autre offensive sur Gaza, au moment aussi où le négationniste Robert Faurisson montait sur la scène du Zénith avec Dieudonné.
Cinq ans plus tard, de nouveau , ce qui se passe en Israël et en Palestine donne l’occasion à de nombreuses forces politiques de laisser libre cours à l’#antisémitisme et à l’#islamophobie sous prétexte de prendre position sur une réalité internationale
]]>La Horde – #Dieudonné – La sinistre farce des #quenelles
►http://lahorde.samizdat.net/2013/11/23/5648
MDR. Dire qu’il y a des gens qui croient encore que Dieudonné est un comique, le « meilleur de sa génération » même, dont les provocations lui ont valu d’être ostracisé depuis une dizaine d’années aux marges du showbiz. Mais comment ne pas voir derrière ses mimiques l’expression achevée d’une dérive #antisémite et #homophobe (1) ?
Tout compte fait, Dieudo n’aura eu besoin de personne pour s’enfoncer dans son enfermement mental d’antisémite obsessionnel. Depuis 2004, il a eu néanmoins recours aux services de quelques éminences grises, déjà excommuniées du débat public, qui l’ont aiguillé vers l’irrémédiable : Serge Thion, ancien militant anticolonialiste passé à l’écurie négationniste (2)
puis Robert Faurisson lui-même qu’il fit monter sur scène et jouer dans des sketches ; et bien sûr son mentor : Alain #Soral, ancien ramasse miettes des plateaux télé et écrivain ambitionnant le statut d’intellectuel, devenu gourou du site égalité et réconciliation qui, se réclamant de la « droite des valeurs et de la gauche du travail », n’en oublie pas moins sa particule pour animer des conférences de l’Action française. Ultime mauvaise fréquentation, cet été, Dieudo a pu pactiser avec Serge Ayoub, chef des nationalistes révolutionnaires, autour du cadavre de Clément Méric en concluant, rictus aux lèvres : « Nous avons un même ennemi. » Même pour des admirateurs un peu myopes, il est devenu impossible de ne pas constater que, sur la photo de famille, il n’y a que des fachos, des conspis et autres amoureux de régimes autoritaires – la Libye de Khadafi, la Syrie de Bachar (dont l’ex-gudard Frédéric Chatillon est l’ambassadeur officieux) ou la Russie de Poutine (3)…
De façon incompréhensible, Dieudonné passe encore parfois chez certains pour un militant #antiraciste, un justicier de la #traite_négrière, un défenseur de la cause palestinienne… Illusion calamiteuse propre à notre époque de confusion, où la critique sociale se voit souvent réduite à un discours binaire anti-impérialiste, contre l’oligarchie financière mondialiste, discours simplifié et dévoyé à son tour par Dieudo et consorts sous l’appellation d’« antisionisme ». Il s’agit en l’espèce, le recyclage pur et simple des vieilles obsessions du complot « judéo-maçonnique », sataniste et pédophile sur les bords. Malgré le tour passe-passe consistant à faire passer pour révolutionnaire une pensée paranoïaque et réactionnaire, il n’y a aucun mystère sur cette filiation idéologique, comme en atteste la propagande diffusée par les éditions Kontre-kulture de Soral : Ils sont bien les héritiers de l’abbé Barruel, d’Édouard Drumont et d’Henri Coston (4).
Mais si l’ambiguïté sur le personnage persiste, cela est surtout dû à sa capacité, reliquat d’un savoir-faire de saltimbanque et de vedettariat, à mettre les ricaneurs de son côté. Pointer le doigt en l’air en plissant les yeux (« Au-dessus c’est le soleil ! ») ou faire le geste de la #quenelle suffit à faire croire à son fan-club – constitué de quantité de nerds, d’authentiques nazebroques, mais aussi d’un public arabe et noir (6) qui pense voir en Dieudonné et Soral des alliés antiracistes, là où il n’a que des rabatteurs pour le #Front_national – que s’accomplit un geste séditieux.
#extrême_droite #palestine #esclavage
#plo
]]>Les photos de vacances de Robert Faurisson en Iran
►http://www.conspiracywatch.info/Les-photos-de-vacances-de-Robert-Faurisson-en-Iran_a784.html
Le négationniste Robert Faurisson revient de Téhéran où il a reçu un « premier prix » des mains d’Ahmadinejad, en marge du Festival International du Film. Un séjour pendant lequel a régné une « bonne entente », nous confie une participante.
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