person:robert frank

  • http://www.desordre.net/photographie/numerique/quotidien/index.htm

    Je repasse en une (un bien grand mot) ce texte (un bien grand mot) de présentation des séries d’images du Quotidien (un bien grand mot aussi), parce qu’il fixait rendez-vous aux visiteurs et lectrices du Désordre début 2017 pour un nouveau tryptique, celui regroupant une image de l’année 2014, une de l’année 2015 et une de l’année 2016. C’est chose faite ( http://www.desordre.net/photographie/numerique/quotidien/index005.htm ). Et voilà donc comment je présentais cette série, début 2014.

    Chaque début d’année, je me livre à cet exercice : je choisis une et une seule photographie pour chaque journée de l’année tout juste écoulée. Donc à la question, mais alors tu prends au moins une photographie tous les jours ?, absolument tous les jours ?, la réponse est, ben oui, on pourra dire que j’aurais passé une grande partie de ma vie avec un gros truc noir qui me bouche la vue. Et naturellement c’est l’occasion de faire de cette rubrique, Tous les jours, un point d’entrée sur d’autres recherches en développement dans le reste du site dans le cours de l’année en question (l’image est parfois clicable qui permet justement cette ouverture).

    J’ai entamé cette série consciemment en 2007, on peut donc accéder aux séries de 2008, 2009, 2010, 2011, 2012 et donc 2013 que je viens de terminer.

    Cela ne s’arrête pas là. Fin 2007, j’ai eu l’idée d’un triptyque, que j’ai appelé le Quotidien (quand j’y pense je ne suis pas très fort pour les titres, les meilleurs titres ce sont souvent mes amis et mes proches qui me les soufflent, B. par exemple a eu l’idée lumineuse de Dans les lignes de sa main pour Robert Frank, là franchement elle m’a tiré d’un terrible embarrras, donc quand vous trouvez que le titre est bon, dites-vous que c’est sûrement parce que je n’y suis pour rien, sinon s’il est mauvais c’est qu’il est bien de moi). Ce triptyque prend au hasard une des photos de la série Tous les jours de 2005 pour l’associer avec une autre image tirée au hasard parmi les images de 2006 et une troisième au hasard parmi les images de 2007.

    Fin 2010, j’ai eu le plaisir de proposer un nouveau triptyque avec les années 2008, 2009 et 2010. Et, vous me connaissez, je me léchais déjà les babines à l’idée que fin 2013 je pourrai produire à la fois un nouveau triptyque et à la fois une page qui reprendrait un carré de neuf photographies prises au hasard parmi les années, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012 et 2013. Pour tout vous dire je piaffais d’une impatience un peu inquiète tout de même, parce que ce qui fonctionnait à l’état de triptyque, rien ne m’assurait que cela fonctionnerait aussi sous la forme de ce collage de neuf images.

    Et j’ai eu raison à la fois de piaffer et à la fois d’être inquiet, parce quand j’ai lancé la première sonde, le premier script, force est de constater que le résultat était plus souvent décevant que réjouissant. Certes, des fois le hasard faisait bien les choses, mais le plus souvent le hasard bâclait l’affaire, sans compter que la mise en page des neuf images, cela paraît idiot, mais était tout sauf une réussite (je fais statistiquement peu de photographies verticales, leur rareté pose justement un problème pour ce qui est de les accueillir souplement). Bref il a fallu resserrer les boulons ce qui fut fait de la façon suivante, une fois sur dix, une ou plusieurs images sont remplacées par des blancs, ce qui rend la mise en page moins monotone. La taille des images a été reprise de telle sorte que l’ensemble reste visible sur un écran qui ferait 1024 pixels de large. Les tailles des images ne sont pas les mêmes partout, il y a de petites variations sur lesquelles le hasard s’appuie pour construire des pages que l’on espère plus belles de cette façon, moins monotones. Et, last but not least, pour accéder au rafraîchissement de la page, il arrive de temps en temps que le lien actif soit placé sur une seulement des neuf images, pas toujours la même, ça c’est pour vous ralentir un peu, de telle sorte que vous ayez une vraie chance, pour chacune des 239 427 255 106 832 018 688 000 possibilités de pages (et pour les amateurs de réseaux asociaux, je vous enjoins d’attendre d’avoir vu TOUTES ces possibilités avant de vous empresser de signaler une telle page sur ce qui vous tient lieu de ligne de vie) de tisser une narration qui vous est personnelle pour lier entre elles les neuf images que le hasard s’ingénie à vous proposer de façon désordonnée. Au passage on note immodestement comment un certain Jean-Marie Queneau est littéralement enfoncé avec ses misérables cent mille milliards de petits bouts rimés.

    Sans compter qu’aussi nombreux que vous soyez à regarder cette page, et même plusieurs propositions de cette page, il est peu probable que deux visiteurs voient, ne serait-ce qu’une seule fois, la même combinaison. CQFD : cette page n’est pas partageable sur les réseaux asociaux, vous ne pourrez pas dire, tiens regarde-ça !, « ça » n’existe que par très faible intermittence. Et vous n’imaginez même pas à quel point cette pensée m’est agréable.

    Il ne me reste plus qu’à vous donner rendez-vous début 2017 pour un nouveau triptyque, début 2020 pour un autre triptyque encore, et fin 2020 pour un nouveau « carré » qui cette fois comportera seize images tirées au hasard. Je peux rêver d’être encore dans les parages fin 2029 pour un carré de 25, fin 2038 pour un carré de 36, fin 2053 pour un carré de 49 images, en aurais-je encore les forces alors ?, à l’âge de 89 ans tout de même, en revanche je déclare forfait pour 2068 pour un carré de 64 images, désolé, je m’y suis pris trop tard.

    Et puisqu’il est question d’un certain nombre de possibilités de lectures, vous êtes allé faire un tour sur les derniers mois de la Vie ? Parce que là autant vous le dire tout de suite avec 18.000 fichiers images (pour la seule année 2013) jetés sur la page avec autant de paramètres aléatoires, notamment l’emplacement de chaque image tirée au hasard et l’opacité déterminée de façon aléatoire également, le nombre de possibilités doit excéder, et de loin, le nombre de molécules présentes sur Terre. Et ce n’est que la première année. Dès le mois prochain j’entame une nouvelle page de la Vie, intitulé Toute la Vie, et qui amalgamera désormais toutes les photos de cette rubrique toutes années confondues. La page d’accueil du Désordre étant ce qu’elle est également, extrêmement résistante au calcul de probabilités, et qui envoie vers autant de pages qui sont faites de cette façon désormais curieuse et non fixe, autant vous dire que dorénavant plus personne ne voit la même chose sur le site du Désordre. On ne peut donc plus rien partager (signaler) dans le Désordre. Les réseaux asociaux sont enfoncés à leur tour, le nombre de leurs participants ne sera jamais suffisant pour produire des doublons du Désordre. On ne peut pas reproduire le Désordre. Le Désordre gagne.

    Bref en 2053 le Désordre régnera, je serai le maître incontesté d’Internet et du nombre de molécules présentes dans toute la galaxie.

    On se rassure comme on peut.

    J’imagine que c’est le moment où jamais, étant donné les considérations chiffrées du jour, de vous souhaiter une bonne année, comme dirait une connaissance, historien de son état, on est repartis comme en 14.

    Et sinon for something completely different , ce n’est pas tant que la rubrique Qui ça ? soit en berne mais disons que ses récentes chroniques sont pour le moment un peu trop personnelles pour être intégrées ici. Mais que @reka se rassure, je continue de prendre des produits, et de la bonne.

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/stooges.mp3

    J – 72 : Si je devais faire un film à propos d’une de mes idoles de jeunesse, qui choisirais-je ? Les Beatles ? est-ce que le film Let it be n’est pas déjà le film que j’aurais aimé faire, toutes proportions mal gardées. Frank Zappa ? mais alors je ne pense pas que j’aurais pu me mesurer au déluge visuel de certaines réalisations cinématographiques de Frank Zappa lui-même, du temps des Mothers Of Invention et de 200 Motels . Patti Smith ? là je crois que je n’aurais pas fait mieux que les films de dévotion déjà existants — à croire que je ne sois jamais entièrement revenu de l’érotisme d’ Easter finalement, à la fois la pochette et à la fois Redondo Beach et Kimberly , passons. Lou Reed ? ouh la et me mesurer au génie cinématographique de Warhol, même si les films de ce dernier en collaboration avec le Velvet Underground ne sont pas ses meilleurs, loin s’en faut. Et puis surtout, je crois que si je faisais un film à propos d’une de ces idoles, j’aurais aimé le faire sur le motif comme Robert Frank avec les Rolling Stones dans Cocksucker Blues , et ne pas faire de cadeau à ces idoles, il y serait peut-être même question d’une certaine forme de revanche si ce n’est de vengeance.

    Jim Jarmusch, oui, ce sont les Stooges. Ce qui est sans doute pour lui un choix tout à fait cohérent. Oui, mais les Stooges, comment dire, musicalement c’est quand même pas extraordinaire, à part, peut-être, comme j’en discutais avec Julien qui s’y connait nettement plus que moi en musique battue, l’album Fun House et encore c’est vraiment gratter la viande sur un os blanchi par la pluie dans l’écuelle de Médor. Donc je n’ai jamais été très fan des Stooges ou encore d’Iggy Pop dont j’aime malgré tout la chanson Passenger , mais comme on aime bien un tube d’été justement pour ce qu’il nous rappelle l’été en question, je viens d’aller vérifier la date de sortie de Passenger , septante sept, du coup cela ne doit pas nécessairement être un tube d’été. Je m’en doutais un peu. Mais pour Jim Jarmusch, les Stooges, cela paraît assez cohérent : dans Coffee & Cigarettes il y a le très beau duo entre Iggy Pop et Tom Waits qui installe bien l’ambiance de ce film très réussi.

    Et cela aurait pu être un film presque parfait, c’est même comme ça que cela part, à la fois pour une manière d’auto-inventaire qu’Iggy Pop réalise filmé assis dans la buanderie de chez lui, Regular Jim, guy next door, Joe Blow comme dit en américain pour désigner Monsieur-tout-le-monde, mais un monsieur-tout-le-monde qui aurait eu une destinée pas tout à fait comme celle de tous les messieurs-tout-le-monde-du-monde, mais dont on sentirait bien aujourd’hui qu’il aimerait bien revenir à cette vie de Monsieur-tout-le-monde qui vit toujours dans sa grande caravane, mais à la fois aussi par le très habile subterfuge de la part de Jim Jarmusch de compenser le manque d’images d’archives strictement relatives aux Stooges en employant force images du vernaculaire américain avec quelques effets de montage très réussis, en incrustation, en incise rapide ou encore en superposition, un véritable plaisir formel de montage qui aboutit à quelques images tierces très éloquentes. Par exemple, des images de l’Amérique de la fin des années 60 dans laquelle la consommation et la puissance économique sont nettement plus prégnantes que celles d’un début de contestation dont on comprend très bien comment elle sera vite assimilée par la culture dominante, Iggy Pop singeant Crosby, Stills & Nash fredonnant Marrakech Express dit, en une poignée de secondes, toute l’inanité de cette fausse révolte, oui, Iggy Pop comme il le revendique lui-même aura beaucoup contribué à balayer vers le seuil de la porte les dernières poussières des années 60 et ce n’était sans doute pas un mal.

    Et même il y a rapidement, trop rapidement, une photographie de James Williamson, le guitariste des Stooges, dans son costume de grand cadre chez Sony qui dit bien l’improbabilité complète de tout ce cirque.

    Mais il semble que là même où Jim Jarmusch aurait pu porter l’estocade finale à ce grand barouf, là où il aurait pu démontrer que les Stooges étaient surtout des suiveurs du MC5, qu’ils n’ont pas inventer grand-chose, ou encore que le seul hymne finalement c’est I Wanna Be Your Dog et qu’ils doivent leur destinée remarquable à la conjonction d’une chance insigne et d’hommes d’affaires à l’époque qui n’écoutaient même pas les disques qu’ils produisaient et donc pouvaient paraître jouer tout cet argent à une forme halluciné de poker, là où il aurait effectivement fallu envoyer valdinguer tout cela, Jim Jarmusch n’a pas su se départir de son idolâtrie adolescente, ce que je trouve toujours un peu suspect de la part des hommes de son (grand) âge. C’est d’autant plus dommage d’être passé à côté de cette opportunité qu’Iggy Pop semblait partant pour cet inventaire lucide, notamment quand il évoque l’enfer de la toxicomanie, se gardant bien d’y faire référence à la façon de ces habituels anciens combattants du truc. Et ce film Gimme Danger de Jim Jarmusch aurait pu être le véritable équivalent cinématographique du travail photographique de Jean-Marie Delbes et Hatim El Hihi qui, depuis une vingtaine d’années réactualisent avec force coups de tampons de clonage dans le logiciel de retouches d’images numériques les pochettes célèbres de l’histoire du rock, en supprimant les étoiles éteintes. Plutôt que cela Gimme Danger est un film de fan, certes un fan très adroit, notamment au montage, mais un fan. Un fan qui passe à côté d’un véritable documentaire.

    Et comme je le disais au début de cette chronique, je n’aurais pas fait mieux avec Patti Smith. Ou les autres précités.

    #qui_ca

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/agnel_minton.mp3

    J – 90 : C’est souvent que je pense et repense au livre de Peter Handke, Essai sur la journée réussie , qui pour moi aura longtemps été une manière de modus vivendi, peut-être pas autant que Mon Année dans la baie de personne , mais malgré tout une référence. J’aime, par-dessus tout, cette idée qu’il faut réussir sa journée. Que c’est une manière d’œuvre. Qu’il faut pour cela déployer les mêmes moyens que ceux que l’on met en branle qui pour un texte réussi, qui pour une sculpture réussie, qui pour une image réussie, qui pour une musique réussie et dans cette forme très singulière de la réussite que l’on soit son seul juge impartial. J’ai même essayé il y a un an, quand j’avais réarrangé ma chambre après le funeste été 2015 et son invasion de punaises de lit, de laisser le livre un peu en évidence, comme je le fais d’autres livres dont j’aime bien soit la couverture en elle-même, c’est par exemple le cas de la Perte de l’image de Peter Handke avec sa photographie d’Arnaud Class, effet de décoration un peu stupide dans mon cas puisque je dispose de l’originale, je sais c’est idiot, ou encore Breakdows d’Art Spiegelman, Les Américains de Robert Frank, Mon Année dans la baie de personne de Peter Handke, naturellement le Temps retrouvé de Marcel Proust, on ne se refait pas, mais aussi Les Saisons de Maurice Pons, La Chambre claire de Roland Barthes et en fait toutes sortes d’objets aussi, parmi lesquels, en plus des œuvres au mur, une immense tête de lièvre en céramique de Martin, et des ailerons de requins dont quelques-uns en céramique, les autres en pâte à modeler et j’espérais que la simple vue du titre de ce livre en me levant agirait chaque fois comme une admonestation à une telle réussite et tout ce que cela demandais finalement d’effort.

    Mais comme l’explique si clairement Peter Handke, c’est souvent le hasard qui réussit la journée pour nous, et ce n’est pas juste une manière d’enchainements heureux, de dispositions des petits astres de notre journée selon des alignements prometteurs qui est la traduction du hasard, je pense qu’au contraire il s’agit d’une disposition d’esprit, quelque chose qui aurait à voir avec notre capacité d’accueil de la nouveauté. Là c’est moi qui extrapole, Handke est plus engagé dans des enjeux littéraires notamment des ingrédients de la journée réussie.

    Par exemple, cela fait quelques temps que j’ai décidé de me moquer éperdument du jour de la semaine, non pas l’ignorer mais décider une mauvaise fois pour toutes qu’il n’y avait pas de journées noires parce qu’elles étaient mangées par le travail en open space ou encore qu’il pouvait se produire que je ne fasse pas grand-chose d’un samedi ou d’un dimanche au cours desquels j’étais seul et sans enfants à la maison et que si cela me chantait d’écouter de la musique ou de bouquiner tout du long du week-end en buvant des hectolitres de café, be it. Il importait en revanche que je sois accueillant de ce qui viendrait qu’un lundi matin en arrivant au travail, au lieu d’être morose de me réjouir d’une joie simple d’être parvenu à me garer dans la dernière place du parking, dans le troisième sous-sol tout au fond, sans manœuvre et en roue libre tout du long. Que cela en soi était une réussite exemplaire, de noter que j’y étais parvenu en écoutant les Variations Golberg de Bach, et du coup de me connecter un peu plus vaillant que d’autres fois à mon poste de travail, après tout pourquoi pas ? en soi ce n’était pas plus idiot comme désir d’une émancipation minuscule que cet autre chantier que je conduisais par ailleurs, à savoir tout ignorer de la campagne électorale en cours, désormais certain que ce qui serait présenté comme des faits immenses seraient en fait des taupinières et qu’au contraire rien de ce qui importe ne serait abordé, juste par acquis de conscience, rassurez-moi, est-ce que le moindre des candidats à cette mascarade aborde quotidiennement le sujet des réfugiés ou encore celui de la politique carcérale ou encore de l’évasion fiscale ou bien encore de la part de la dette odieuse qui écrase els fiances publiques ? non sans doute pas. Je fais donc bien de continuer à ignorer toutes ces gesticulations et à poursuivre mes petites expériences d’émancipation minuscule.

    Et à défaut de réussir toute la journée aujourd’hui, je pense que j’aurais au moins réussi ma pause méridienne, j’ai aimé, comme chaque midi arriver dans les tout premiers et bénéficier de ce fait d »un réfectoire encore calme et non saturé par la brouhaha de discussions qui toutes ne me font pas plaisir pour le peu que j’en capte, j’ai aimé mon filet de poisson et ses carottes bicolores, j’ai aimé la salade de cœurs d’artichaut et la part d’ananas, j’ai aimé ressortir de la cantine au moment même où cette dernière allait bientôt être saturée par le vacarme collectif, j’ai aimé le tour du pâté de maison que j’ai fait, en prenant quelques photographies à l’aide du téléphone de poche offert par Clémence pour mon anniversaire, j’ai aimé m’arrêter au Bistro du Marché pour prendre un café au comptoir, j’ai aimé tomber par hasard — c’est à cet endroit précis que le hasard a frappé avec grâce — lire cet article du journal Libération qui trainait sur le comptoir et que je n’ai pas eu à ouvrir puisque l’article que j’ai lu était le portrait en dernière page de Cédric Herrou, je n’ai pas aimé la photographie mise en scène de ce portrait, l’article lui était plus neutre et meilleur, mais j’ai aimé cette petite lecture le temps d’avaler mon café, j’ai aimé boucler le tour du pâté de maison en photographiant mes premières affiches détournées de cette campagne électorale, c’est idiot mais je ne demande pas de plus grande récréation visuelle que celle de quelques affiches arrachées t les formes qu’elles produisent par hasard à la manière des travaux de Raymond Hains et Jacques Villeglé. J’ai aimé échanger quelques messages textuels avec Madeleine qui m’informe qu’elle n’a pas trop mal réussi son épreuve de bac blanc d’histoire géo, non sans redouter un hors sujet, j’ai ironisé avec elle sur le faut que l’on ne pouvait pas être hors sujet en histoire que l’histoire n’avait ni de début ni de fin, cela nous a bien fait rire.

    Et je suis remonté au travail, prendre note de tout cela. J’ai un peu réfléchi à la question du repas de ce soir, je pense que je vais faire une quiche et je me suis fait toute une joie d’aller au concert ce soir aux Instants écouter Phil Minton, qui plus est en duo avec Sophie Agnel.

    Après tout ce n’était peut-être pas que la pause méridienne qui était réussie.

    #qui_ca

  • LUMIÈRES DU SUD… — 1/4
    http://www.larevuedesressources.org/LUMIERES-DU-SUD-1-4.html

    — — — LUMIÈRES DU SUD… (cahier du photographe) 83 poèmes… …en suivant 83 photographies de Robert Frank toutes tirées de son livre LES AMÉRICAINS THE AMERICANS 1958, 1985, 1993 pour les photographies de Robert Frank & Delpire Éditeur, 2009 N.b. le titre de chaque poème de Lionel Marchetti correspond à la légende de chaque photographie originale de Robert Frank ; l’ordre chronologique du livre est respecté ; lorsqu’une photographie est par contre ici absente — une cinquantaine de photographies sont (...)

    Poésie

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  • LUMIÈRES DU SUD… — 2/4
    http://www.larevuedesressources.org/LUMIERES-DU-SUD-2-4.html

    — — — LUMIÈRES DU SUD… (cahier du photographe) 83 poèmes… …en suivant 83 photographies de Robert Frank toutes tirées de son livre LES AMÉRICAINS THE AMERICANS 1958, 1985, 1993 pour les photographies de Robert Frank & Delpire Éditeur, 2009 N.b. le titre de chaque poème de Lionel Marchetti correspond à la légende de chaque photographie originale de Robert Frank ; l’ordre chronologique du livre est respecté ; lorsqu’une photographie est par contre ici absente — une cinquantaine de photographies sont (...)

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  • LUMIÈRES DE SUD… — 3/4
    http://www.larevuedesressources.org/LUMIERES-DE-SUD-3-4.html

    — — — LUMIÈRES DU SUD… (cahier du photographe) 83 poèmes… …en suivant 83 photographies de Robert Frank toutes tirées de son livre LES AMÉRICAINS THE AMERICANS 1958, 1985, 1993 pour les photographies de Robert Frank & Delpire Éditeur, 2009 N.b. le titre de chaque poème de Lionel Marchetti correspond à la légende de chaque photographie originale de Robert Frank ; l’ordre chronologique du livre est respecté ; lorsqu’une photographie est par contre ici absente — une cinquantaine de photographies sont (...)

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  • LUMIÈRES DU SUD… — 4/4
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  • LUMIÈRES DU SUD… — 4/4
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    LUMIÈRES DU SUD… (cahier du photographe) 83 poèmes… …en suivant 83 photographies de Robert Frank toutes tirées de son livre LES AMÉRICAINS THE AMERICANS 1958, 1985, 1993 pour les photographies de Robert Frank & Delpire Éditeur, 2009 N.b. le titre de chaque poème de Lionel Marchetti correspond à la légende de chaque photographie originale de Robert Frank ; l’ordre chronologique du livre est respecté ; lorsqu’une photographie est par contre ici absente — une cinquantaine de photographies sont (...)

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  • LUMIÈRES DU SUD… — 1/4
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    LUMIÈRES DU SUD… (cahier du photographe) 83 poèmes… …en suivant 83 photographies de Robert Frank toutes tirées de son livre LES AMÉRICAINS THE AMERICANS 1958, 1985, 1993 pour les photographies de Robert Frank & Delpire Éditeur, 2009 N.b. le titre de chaque poème de Lionel Marchetti correspond à la légende de chaque photographie originale de Robert Frank ; l’ordre chronologique du livre est respecté ; lorsqu’une photographie est par contre ici absente — une cinquantaine de photographies sont (...)

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  • Don’t Tell Your Friends They’re Lucky - Issue 44 : Luck
    http://nautil.us/issue/44/luck/dont-tell-your-friends-theyre-lucky

    Cornell professor of economics Robert Frank says he’s alive today because of “pure dumb luck.” In 2007, he collapsed on a tennis court, struck down by what was later diagnosed as a case of sudden cardiac death, something only 2 percent of victims survive. Frank survived because, even though the nearest hospital was 5 miles away, an ambulance just happened to be responding to another call a few hundred yards away at the time. Since the other call wasn’t as serious, the ambulance was able to change course and save Frank. Paddles were put on him in record time. He was rushed to the local hospital, then flown by helicopter to a larger one where he was put on ice overnight. Most survivors of similar episodes are left with significant cognitive and physical impairments. Frank was back on the (...)

  • Cinquante nuances de consentement ou le droit d’auteur revisité par la jurisprudence ReLIRE – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2016/11/23/cinquante-nuances-de-consentement-ou-le-droit-dauteur-revisite-par-la-jur

    Symboliquement, c’est aussi une immense gifle qui est assénée à la France par la CJUE. Les juges de Strasbourg viennent tout simplement de dire haut et fort que le « pays de Beaumarchais » s’est essuyé les pieds sur les droits des auteurs avec sa loi sur les livres indisponibles. Cela risque à présent de devenir un brin plus compliqué pour le gouvernement d’aller faire la morale à la Commission européenne à propos de la réforme du droit d’auteur ! La condamnation rejaillit aussi sur tous les membres de la belle « Union sacrée » qui a permis à la loi sur les indisponibles de passer en force, malgré les nombreuses mises en garde qu’elle avaient suscitées. Le SNE, le CNL, le Service du Livre et de la Lecture, le Commissariat général à l’investissement, le Conseil Constitutionnel, mais aussi la SGDL et la SCAM, deux sociétés sensées pourtant « défendre » les intérêts des auteurs : tous sont profondément désavoués dans cette affaire. Et je ne parle pas de la BnF, qui a mis d’importants moyens financier et humains au service de cette opération, en déshabillant au passage la numérisation du domaine public…

  • J – 179 : Les frères Dardenne sont des pervers.

    Cela fait des années qu’ils suivent obstinément des jeunes femmes, plutôt jolies d’ailleurs, caméra à l’épaule, jeunes femmes, personnages féminins, qui sont de tous les plans de Rosetta (Emilie Duquesnes), le Silence de Lorna (Arta Dobroshi), le Gamin au vélo (Cécile de France), Deux jours et une nuit (Marion Cotillard) et enfin la Fille inconnue (Adèle Haenel), on verra pour les suivants, — profitant, sournoisement, du petit verre sympathique post rencontre au Kosmos suite à la projection de la Fille inconnue , j’ai abusé de la situation pour leur glisser le nom de deux actrices que j’aime bien, Amira Casar et Vimala Pons, des fois que cela leur donne des idées, n’empêche Amira Casar faisant l’accent liégeois dans un film des frères Dardenne, cela aurait de la gueule, pour Vimala Pons ma fascination est toute récente, alors je ne sais pas encore, je visualise pas encore très bien, encore que pour Vimala Pons, je pense qu’elle ferait un très bon duo avec Jérémie Régnier, une autre constante des Dardenne Bros , des personnages masculins troubles, interprétés invariablement par Olivier Gourmet (qui pourrait cumuler dans le même film, son talent n’a pas de limite, d’être à la fois l’amant attentionné d’Amira Casar et le père abusif de Vimala Pons), Jérémie Régnier ou encore Fabrizio Rongione (qui lui ferait un duo impeccable avec Amira Casar) qui poursuivent, de surcroît, de leurs assiduités des personnages féminins qui ont déjà fort à faire pour se soustraire de la poursuite opiniâtre de la caméra. En revanche, passé les hauts de cœur que nécessairement provoque une telle perversion harcelante de ces jeunes comédiennes, on est obligé de se rendre compte, cette fois encore, qu’on peut raconter bien des récits, et une grande variété de ces récits, avec cette forme un peu particulière de cinéma harcelant de ses jeunes comédiennes. J’ai l’air de dire cela en rigolant — un peu quand même — mais chères Amira et Vimala, lorsque que vous allez bientôt recevoir, suite à mon insistance l’autre soir au Kosmos , les propositions de rôles des Dardenne, faudra être en forme, vous serez de tous les plans et tout le film reposera sur vos épaules — et d’ailleurs ils sont où les autres cinéastes contemporains qui misent pareillement tout sur leurs personnages féminins ?

    Et c’est quand même extraordinaire ce qu’ils arrivent à dire avec cette seule forme, ce qu’ils arrivent à dire du contrat social contemporain, de sa déliquescence, de la justice et de l’injustice, de la culpabilité et de la part de soi qui construit cette culpabilité, de la détermination de chacun, de son libre arbitre et des choix que l’on fait, de ce que c’est le vivre-ensemble et ce que cela suppose de renoncements, d’efforts mais aussi de pertes et de ce qu’on y gagne aussi, au-delà de la nécessité, de la différence aussi, c’est un vrai cours de philosophie en fait, sans avoir d’ailleurs à beaucoup apprendre la leçon, la leçon est tellement magistrale qu’elle agit quasiment à nos dépens, ce serait dangereux si cette leçon n’était pas profondément humaine et humaniste.

    Il y a décidément dans l’écriture des frères Dardenne une dramatique admirable dont la toile de fond, en plus de cette forme un peu particulière dans son point de vue harcelant du personnage principal, est constante, les faubourgs de Liège, dont, quand les frères Dardenne auront achevé leur carrière, le plus tard possible, leurs spectateurs disposerons d’une radiographie parfaite de cet environnement, les usines, ses marges, la pègre locale, les tribunaux, le salon de coiffure, l’orphelinat, la grande distribution et les grands ensembles qui accueillent les employés, le cabinet du médecin, le commissariat de police, et au-delà de cet environnement, les personnes qui le peuplent, tous irréductibles, aucun que l’on pourrait mettre de côté impunément, même pas une réfugiée condamnée à la prostitution, et dont personne ne connait l’identité, tous comptent, et d’une force, cette force qui est propre aux frères Dardenne qui ne néglige personne, chaque personnage fouillé, parfaitement justifié. Etonnant de voir à quel point une somme, un corpus, de fictions, finit par constituer une œuvre quasi documentaire, historique presque, ce qui n’est pas rien pour une œuvre de fiction.

    Exercice #28 de Henry Carroll : Ajoutez une photographie à la série les Américains de Robert Frank (sic)

    Ce n’est pas tellement le choix d’une telle image qui serait difficile à faire, j’ai, en effet, le sentiment que presque toutes les photographies que j’ai prises aux Etats-Unis répondent à cet exercice, j’imagine que la vraie difficulté ce serait de trouver à quel endroit de la séquence des Américains on peut intercaler de telles images.

    #qui_ca

  • Fake Images Are Getting Harder and Harder to Detect - Facts So Romantic
    http://nautil.us/blog/fake-images-are-getting-harder-and-harder-to-detect

    Images and videos usually serve as the most concrete, the most unarguable, and the most honest evidence of experiences and events we cannot witness ourselves. This is often the case in court, in the news, in scientific research, and in our daily lives. We trust images much more deeply and instinctively than we do words. Words, we know, can lie. But that trust makes it all the more shocking—and serious—when images lie to us, too. Photoshop isn’t entirely to blame. Doctoring photographs long predates software—Mussolini famously had his horse handler removed from a photograph taken in 1942 so it would appear he was able to control the horse himself—but software certainly makes altering images easier, cheaper, faster, more convincing, and much more widespread than ever before. (Thankfully, (...)

    • En 1986, déjà, Alain Jaubert sortait le Commisariat aux archives, dans lequel il réapariait les images originales et leurs retouches, parfois successives.

      Et puisqu’il est question d’images fausses (et que je mentionnais Alain Jaubert qui, avant de réaliser les films de « Palettes », avait réuni dans une très belle somme, le Commissariat aux archives — titre emprunté à George Orwell dans 1984 — toutes sortes de photographies, par couples, parfois même des triplets quand les aléas de l’histoire s’étaient faits particulièrement tumultueux, photographies dont les retouches avaient gommé des traces encombrantes du passé de nombre de dictateurs et de tortionnaires, Staline ayant été un des adeptes les plus assidus de cette réécriture photographique de l’histoire), je relis justement quelques documents que je possède sur le sujet (qui avait été une préoccupation à un moment) dont le livre d’Alain et je tombe sur cette photographie de Staline souriant (la bonhommie de ce sourire moustachu n’est, à mon sens, pas la moindre des tromperies dont Staline s’est rendu coupable) déambulant sur les bords de la Volga à Moscou. Staline est en compagnie, ce sont les légendes aidantes du livre d’Alain qui me le disent, je n’invente rien, d’un homme plus jeune, Nikolai Yezhov, commissaire aux transports fluviaux. L’infortuné Nikolai Yezhov entra en disgrâce auprès de Staline, ce qui évidemment n’était pas une chose recommandable et le signe patent d’une existence qui allait bientôt connaître son terme, et Nikolai Yezhov rejoignit le nombre hallucinant de tous les disparus des fameuses purges staliniennes. Et comme Staline était pour le moins vétilleux, non content de s’être arrangé de cette disparition du jeune Nikolai Yezhov, tel un écho à la disparition « dans la chair », il eut à coeur de faire également disparaître le pauvre Nikolai Yezhov du cliché qui jusqu’à présent l’avait accompagné dans cette promenade dont les sourires laissaient pourtant entendre qu’elle fut cordiale en son temps. Ce qui est assez troublant dans ces deux clichés mis côte à côte, c’est ce mouvement visuel inattendu ( et je vous engage vivement à manipuler l’ascenceur de votre navigateur pour faire apparaître la deuxième image rapidement après la première) qui donne cette illusion que la Volga a soudain connu une crue inopinée et qu’elle a emporté avec elle Nikolai Yezhov et que Staline ( dans la deuxième image ) est en fait photographié tandis qu’il ne s’est pas encore aperçu de cette disparition soudaine du jeune comissaire, et il y aurait matière à ironiser bien entendu sur le fait que Nikolai Yezhov était précisément commissaire préposé aux transports fluviaux, transports qui l’auraient précisément emporté dans cette crue capricieuse et soudaine de la Volga. Mais l’ironie n’est pas de mise ici tant l’abrupteté de cette disparition tient en elle toute la violence érigée en système qui a prévalu aux purges staliniennes. Un instant, l’on se faisait photographier aux côtés souriants et affables de Staline, la seconde suivante, seul Staline avait gardé sourire sous moustache, bonhomme, et qui aurait eu le courage de si’inquiéter alors auprès de Staline, Camarade Staline et ce jeune homme qui marchait à vos côtés, il y a un instant à peine ? Cette violence toute happée dans les eaux de la Volga me donne le vertige, pour le silence qu’elle impose implacablement, silence toujours plus touffu et augmenté par le nombre titanesque de toutes ces personnes qui ont expiré, souvent dans de macabres et très éprouvantes circonstances, les flots impétueux de la Volga couvrant, de leur vacarme, les cris de ces agonies.

    • Tu es sûr que les photos de Iejov viennent du Commissariat aux Archives ? Je ne les y trouve pas. Elles doivent plutôt provenir du livre de David King Le Commissaire disparaît (2005 en français, 1997 en anglais), où on les retrouve avec une légende similaire à celle que tu reproduis et commentes (et avec la transcription anglo-saxonne de son nom).

      Au passage, N. Iejov a certes été Commissaire du peuple au transport fluvial (du 8 avril 1938 au 9 avril 1939) mais il est surtout connu pour avoir été chef du NKVD et Commissaire du peuple à l’Intérieur. La période la plus noire des grandes purges est d’ailleurs surnommée la iejovtchina. Ce n’est pas forcément sur cet individu qu’il me viendrait à l’idée de m’apitoyer…

    • @simplicissimus Non, je ne suis pas sûr que ces deux images proviennent du livre d’Alain Jaubert que je n’ai pas sous les yeux (j’ai pris ces deux images parce que je savais vaguement où les retrouver dans mon petit bazar en ligne). Et tu vas rire, je ne connaissais pas le Commissaire disparaît sur lequel je sens que je vais me précipiter.

      Et je n’ai jamais douté que ceux qui avaient déplu à Staline, et en avaient fait les frais, aient pu déplaire, par exemple, par manque de zèle ou que sais-je encore ? En revanche je ne savais pas à propos de la iejovtchina

      A ma connaissance, le livre d’Alain Jaubert qui date de 86 est plus ou moins le premier de ce genre, et depuis je ne compte plus les expositions, notamment à Arles chaque été, où l’on retrouve une exposition sur ce thème de la recherche des originaux de photos truquées.

      Pour moi toute image est un mensonge par excellence. J’étais d’ailleurs parti pour faire un mémoire sur le sujet pour mon diplôme des Arts Déco avant de bifurquer vers Robert Frank, je me souviens qu’une de mes recommandations d’alors face au mensonge grandissant et l’arrivée toute récente des logiciels de retouche d’images numériques était de manipuler toutes les images, de les corrompre toutes pour rendre impossible qu’on y place la moindre foi, dans aucune.

      Par la suite j’ai regretté plus d’une fois de ne pas avoir choisi le sujet sur la manipulation des images pour mon mémoire, notamment en juin 1994 quand Newsweek et Time ont sorti leur deux unes différentes avec la même photo d’OJ Simpson, on avait montré du doigt Time et Newsweek était passé pour un paragon de vertu alors que son image était, en fait, plus adroitement traffiquée, et donc tout aussi mensongère (mais de façon moins outrancière).

    • Oui, le livre d’Alain Jaubert est le premier en français. Je pense qu’il a même été l’un des tout premiers à réunir des exemples provenant des différents « ministères de la Vérité » dans le monde.

      Sur les purges, il est très certainement redevable de l’énorme boulot de David King dont les photographies compilées dans les archives ont illustré un texte d’Isaac Deutscher de 1965 The Great Purges, publié par sa femme Tamara Deutscher en 1984. (il est cité dans la biblio du Commissariat aux Archives).

      Dans cette même biblio, juste après, je trouve un numéro (le 77 du 1er trimestre 1986) de Svědectví (Témoignages) dont tous les numéros sont accessibles en ligne… C’est long à charger, mais c’est p. 108 et suivantes.

      http://scriptum.cz/cs/periodika/svedectvi

  • Je n’écris pas, je ne parviens pas à écrire, quand cela me chante, quand je le voudrais. J’imagine qu’il faut que je sois traversé par je ne sais quoi d’ailleurs, et je me demande même si je ne préfère pas ne pas savoir. Quant à être traversé, c’est sans doute beaucoup dire.

    Mais je remarque une chose. J’écris sur toutes sortes de tables. Et il y a des bonnes et des mauvaises tables, des tables sur lesquelles j’écris bien, enfin bien, bien pour moi, et d’autres sur lesquelles je suis sec comme tout.

    Par exemple, la table du garage, je n’y écris généralement rien de bon. Quelles que soient les circonstances.

    La table de mon travail, de mon bureau, de l’ open space , de laquelle je devrais normalement y faire tout à fait autre chose, des choses d’ingénieur informaticien, de maîtrise d’ouvrage, et bien je n’y fais rien de bon dans le domaine de la maîtrise d’ouvrage, en revanche, je me demande si ce n’est pas la table de laquelle j’ai le plus écrit. Des romans entiers en fait. Nombre de fois d’ailleurs, mes collègues d’ open space constatant le caractère frénétique de ma frappe, m’ont demandé, en riant, si j’écrivais un roman, ou ont dit quelque chose comme, ma parole tu écris un roman. Raffut, le Jour des innocents, J.,Je ne me souviens plus, et Élever des chèvres en Ardèche (et autres logiques de tableur) ont été écrits presque entièrement sur cette table-là. Et il semble même que ce soit la destinée de Qui ça ? Et d’une bonne partie des différents écrits que je dois produire pour la Petite fille qui sautait sur les genoux de Céline . Encore que le premier jet de ce projet, je l’ai écrit sur ma table préférée.

    Ma table préféré pour écrire, c’est celle de ma chambre dans les Cévennes. Mais seulement le matin. L’après-midi cette table ne donne rien de bon et le soir non plus d’ailleurs. Cette table le matin est placée devant la fenêtre de ma chambre. De cette fenêtre j’embrasse toute la vallée de la Cèze et le versant oriental du Mont-Lozère. C’est de cette même table que j’ai écrit, pendant l’été 1989 mon mémoire de fin d’études aux Arts Déco à propos de Robert Frank. Il y avait dans la chambre un immense désordre de livres restés ouverts, des livres d’images, à certaines doubles pages, d’autres livres, des petits livres, essentiellement de théorie, en cavalier à même le sol, et sur la table, le tas de feuillets sur lesquels j’écrivais, à la main, ce mémoire, je m’étais donné un mois pour l’écrire, avant de repartir à Chicago fin août. A l’époque, je ne doutais de rien. De pas grand-chose en tout cas. Et je ne me serais jamais posé la question de la table sur laquelle j’écrivais.

    Il y a une table sur laquelle j’ai toujours très bien écrit, au point d’ailleurs d’y avoir eu recours consciemment au moins une fois, c’est la table dans l’atelier d’Isa (http://www.isabordat.net), à Autun, il suffit que j’y pose mon ordinateur de genoux et c’est parti, c’est sur cette table que j’ai fini d’écrire Portmsouth qui restait bloqué comme tout, et surtout c’est sur cette table, la table d’Isa que j’ai écrit le Déluge de Paques en quelques jours seulement.

    Depuis l’été dernier je dispose désormais d’une table dans ma chambre, laquelle s’est montrée être une très bonne table depuis, j’y ai écrit le deuxième moitié de Raffut , resté en suspens depuis plus d’un an, en l’espace de deux ou trois semaines, j’ai enchaîné avec Arthrose (spaghetti) , et c’est en alternance avec la table de mon bureau que j’ai écrit J. , et Je ne me souviens plus.

    C’est d’ailleurs dans cette alternance entre les deux tables, celle de l’ open space et celle de ma chambre que j’ai si bien écrit pendant tout l’automne, l’hiver et le printemps. C’est amusant d’ailleurs parce que j’ai entamé ce cycle d’écriture le 24 août 2015, c’était un dimanche soir, je venais de terminer l’installation de ma chambre, monter mon nouveau lit, entièrement réaménagé ma chambre, ses gères de livres, au point qu’il y avait assez de place pour y installer cette table, sur laquelle j’ai installé un sous-verre, comme j’aime à faire, et sous lequel j’ai fait une manière de pêle-mêle d’images comme j’aime à faire aussi, dans ce pêle-mêle se trouvent une lithographie de l’annonciation par L.L de Mars — remarquable représentation de l’envol de l’ange après l’annonce faite à Marie, laquelle se tient le ventre déjà rond, c’est comme si dans cet envol qui ressemble à une fuite par la fenêtre d’un amant, était contenu tout entier le mystère de l’immaculée conception enfin révélé — une sérigraphie de Doug Huston — au bas mot douze passages de couleurs parfaitement repérés — une photographie, une parmi des milliers de la pièce Inventory de Natalie Bookchin, une photographie de Karen Savage, un tract de Formes d’une guerre , une lithographie sur papier kraft d’un étudiant portoricain avec lequel je m’entendais à merveille à Chicago, Alejandro, mais je n’ai plus aucun souvenir de son nom de famille, un polaroid agrandi par mes soins de Jennifer Pilch, l’affichette annonçant la lecture débat avec @mona à la librairie Mille pages à Vincennes, un tirage numérique de Barbara Crane, un petit collage photographique de Hanno me représentant à la Garde de dieu, l’été 1989, un tirage par contact d’un négatif 20X25, photographie représentant un cercueil, photographie d’un étudiant dont j’ai oublié du tout au tout, et je ne connais personne qui pourrait le connaître — son sujet de prédilection, les entreprises funéraires l’a toujours un peu situé à la marge, il faisait grand cas de Nicholas Nixon, c’est bien tout ce dont je me souviens de lui — des billets de un dollar sur lesquels John Pearson avait imprimé des cyanotypes, une ancienne publicité pour les pneus de marque Dunlop , je ne sais pas pourquoi les couleurs de cette réclame font resurgir en moi des souvenirs des années septante, un petit dessin de L.L. de Mars, une photographie de Mouli et moi dans notre appartement au 943 North Wolcott, une de mes photographies de la Très Petite Bibliothèque et une autre de la série 22042003.txt et la photographie de Carlos Fadon Vicente dont j’ai déjà parlé et c’est donc à même ce pêle-mêle que je me suis photographié à l’intervallomètre en train d’écrire la deuxième partie de Raffut, indocte alors que ce serait sur ce sous verre que j’allais être tellement productif pour les prochaines semaines, et cela tout l’automne, tout l’hiver et tout le printemps.

    Mais je n’aurais jamais aussi bien écrit sur cette table seule, si l’écriture n’avait pas été entrecoupée par des moments d’écriture sur mon bureau d’ open space , c’est-à-dire, dans le pire contexte d’écriture que ce soit, un contexte dans lequel je risquais à tout moment d’être dérangé, voire surpris, en danger presque.

    Cela fait des années que je ne m’étonne plus qu’un certain inconfort est nécessaire à ma pratique de l’écriture, et qu’au contraire le confort, celui d’une belle table bien dégagée de tout désordre, la possibilité d’écouter de la musique dans de bonnes conditions, voire me verser un petit verre d’un excellent alcool , ou mieux encore celui du garage, avec tous les outils à portée de main, ce confort ne me vaut rien de bon, la preuve c’est dans les allers-retours en train entre Paris et Clermont-Ferrand que j’ai écrit la quasi intégralité du Bloc-notes du Désordre et pas seulement la rubrique, à quoi tu penses ?

    Et c’est ainsi qu’un lundi matin, au bureau, dans l’ open space , risquant d’être dérangé à tout moment, que j’ai eu l’idée de ce petit texte à propos des tables sur lesquelles j’écris, texte que je suis obligé d’interrompre parce que ma cheffe vient de rentrer dans l’ open space .

    Et si un jour je parviens à l’âge de la retraite, que je vive dans les Cévennes, il faudra sans doute que j’accentue la bancalité de la table de ma chambre pour la rendre productive.

    Exercice #6 de Henry Carroll : prendre une image politique de la nature.

    De la nature, je ne sais pas trop. Politique, oui, surement. Ne serait-ce que la légende de cette image : Ancien camp de Birkenau, Oświęcim, juin 2007.

    Ce sous-bois est celui dans lequel les victimes promises à l’asphyxie devaient se déshabiller, avant d’entrer, à leur tour, dans les chambres à gaz des crématoires 5 et 6 du fond du camp. La flèche, contemporaine, indique la prochaine station d’intérêt dans la visite du camp, c’est-à-dire, l’emplacement de ces deux crématoires.

    Il y a quelque chose de très déconcertant dans la visite que l’on peut faire aujourd’hui de ces camps. On peut voir, par exemple, des touristes en tenus de tourisme, c’est-à-dire, en été, short, chaussettes blanches, chaussures de sport et t-shirt aux différentes effigies, faire la queue, pour entrer dans la dernière chambre gaz, que les Nazis n’ont pas eu le temps de détruire dans l’ancien camp d’Auschwitz, les mêmes défiler devant des vitrines de la partie muséale du camp qui contiennent d’anciens boîtes de conserves de granulés de Zyklon B, et les mêmes également, se prenant en photo sous le portail qui indique Arbeit macht frei , à ma dernière visite, en juin 2007, les perches à selfie n’existaient pas encore.

    #qui_ca

  • J-219 : J’y vais, je n’y vais pas ? Mettre Qui ça ? en ligne, maintenant, ou, seulement quand ce sera fini ?

    A vrai dire je m’étais déjà posé la question, il y a plus de deux ans, quand j’avais commencé à construire Ursula . Et puis, après des années et des années de Bloc-notes du Désordre , je me suis dit qu’au contraire, je ferais bien de garder Ursula bien au chaud, de l’abriter des regards, de construire patiemment, d’autant que je n’étais sûr de rien. De rien. Je ne suis jamais sûr de rien. Là, je n’étais pas sûr que cela allait donner quelque chose ― et d’ailleurs je ne suis toujours pas très sûr que cela ait donné quelque chose. Et en fait, ici, avec Qui ça ? , non plus.

    Je pense qu’il y a quelques années, je me moquais bien de telles questions. Je faisais les choses et puis je les mettais en ligne, la distance entre le moment où je pensais à ce que je voulais faire et le moment où je mettais le résultat en ligne était aussi réduite que possible, en gros, le temps de faire les choses. Et puis cela n’a plus été, j’ai senti, il y a un lustre, que cela n’allait pas, que cela ne me laissait pas le loisir d’essayer, de rater, de recommencer et de rater mieux ( Ever tried. Ever failed. No matter. Try Again. Fail again. Fail better . Samuel Beckett). C’est curieux, cette phrase de Beckett, je la trouvais déjà très belle et puis, l’année dernière, j’ai eu l’occasion de remercier, ponctuellement, un simple geste, la psychologue d’Adèle, qui est irlandaise, je voulais un petit cadeau symbolique, je lui ai offert Molloy en français ― parce que Beckett avait écrit ce livre en français et que je me doutais que si elle l’avait déjà lu, elle avait dû le lire en anglais ―, elle avait souri, en me disant que c’était befitting ― entendre par là que je ne m’étais pas trompé en soupçonnant, au-delà de ses origines irlandaises, qu’elle puisse être une lectrice de Beckett ― et avait alors tenté de traduire, à la volée, cette merveilleuse formule de Beckett à Adèle en français, ce qu’elle avait très bien fait, en utilisant le verbe échouer , Essaie, échoue, essaie encore, échoue encore, qu’importe, échoue mieux. Je lui avais alors dit que dans la traduction française, aux éditions de Minuit , c’était le verbe rater qui avait été finalement choisi, mais que c’était très beau avec le verbe échouer, surtout quand on l’entend, aussi, dans son acceptation maritime.

    Il n’empêche, il s’agit bien de rater. De rater mieux. Mais de rater quand même. Et il s’agit de rater bien. De rater comme il faut. De rater en secret. De rater sans craindre le regard, et le jugement, d’autrui. Or, pendant des années, je ne me suis pas du tout préoccupé de rater en face de tous, cela ne me faisait ni chaud ni froid, en somme. J’aimais mieux réussir, mais cela arrivait quand même drôlement souvent que je rate.

    Alors qu’est-ce qui a changé ? Qu’est-ce qui a changé en moi ?

    C’est Ursula qui m’a changé.

    Ursula . En travaillant à Ursula , je n’ai pas eu peur d’échouer, à aucun moment, et même, je m’en rendais compte, si cela devait me coûter beaucoup de tra-vail, et cela m’en a coûté beaucoup, énormément, en fait, mais c’était comme de travailler à un jardin connu de moi seul, si ce que je plantais ne poussait pas, j’étais le seul à le savoir. Et de cette façon d’ailleurs, ce n’est pas le seul projet auquel j’ai travaillé de la sorte, j’ai bricolé un petit film d’animation de trois minutes, Philippe , ce que je n’avais jamais fait jusque-là, et il y avait toutes les raisons de penser que sans doute cela échouerait, par bonheur L.L. de Mars (http://www.le-terrier.net), nettement plus aguerri que moi avec ces choses animées, m’a mis le pied à l’étrier et a pris en charge le montage, voyant bien à quel point il était difficile pour moi de jeter des séquences sur lesquelles j’avais particulièrement transpiré, et cela a fini par donner ce petit film dont je suis finalement plutôt fier, je me suis lancé dans un petit film de time lapse ― un film d’intervalles ― et j’ai connu un plaisir extraordinaire à son montage en me fiant à la musique de Jean-Luc Guionnet, j’ai essayé des trucs qui ont plus ou moins bien fonctionné, comme de monter Film de Samuel Beckett sur une musique de Hubbub , et je continue de trouver le résultat de cette expérience étonnant, mais je peux difficilement m’en prévaloir (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/bouquets/017.htm), je me suis de nouveau essayé à écrire des romans ― j’imagine que l’on peut tapisser ses toilettes de lettres de refus des éditeurs en prétendant être fort détaché de ces correspondances, plein de morgue même, mais, ne plus rien écrire pendant presque dix ans n’est-ce pas le signe qu’un certain message, décourageant, est peut-être passé ―, et puis finalement, dans le giron d’ Ursula , je me suis rendu compte que je prenais beaucoup de plaisir à raconter de ces histoires, leur donner corps, j’ai d’abord écrit Raffut , puis Arthrose ― dont un jour il faudrait que je me prenne par la main pour en réaliser la version électronique, sa bande-son, ses extraits de film, notamment du Fils de Saul de Laslo Nemes, tant ce livre est une entreprise de sa destruction finalement, et cela je ne le fais toujours pas parce que je me demande si j’en ai le droit, puisque c’est l’histoire de ma chance, de ma très grande chance de ne pas être allé dîner au Petit Cambodge un 13 novembre, le 13 novembre 2015, et la dernière chose que je voudrais faire c’est quelque chose d’obscène ―, et puis J. , un livre de fantasmes, Je ne me souviens plus et, cet été, Élever des chèvres en Ardèche (et autres logiques de tableur) ― ah mon, absence de talent pour les titres, en tout cas les titres courts, je crois que j’ai tout donné avec Désordre ― et puis les ébauches de Punaise ! ou encore des Salauds ― j’aimerais tellement avoir la force d’écrire ce livre jusqu’au bout, après je peux crever, je serais définitivement vengé ―, et, depuis peu, de X. et de Qui ça ? , et puis ces derniers temps ce projet de film documentaire, la Petite Fille qui sautait sur les genoux de Céline , oui, tout cela j’ai finalement eu le courage de le faire parce que je l’avais abrité des regards, au moins le temps de la construction et je crois bien que ce sera désormais ma conduite.

    Donnez-moi le temps et l’espace pour rater encore, pour rater mieux.

    Donc Qui ça ? , pour le moment va rester dans le seul cadre de seenthis, à l’état de brouillon. Je suis content d’y avoir réfléchi par écrit, une mauvaise fois pour toutes, pour emprunter la formule, à nouveau, à Samuel Beckett.

    https://vimeo.com/48765699

    #qui_ca

    • Exercice #2 de Henry Carroll : Prenez des photographies non touristiques d’un lieu touristique.

      C’est étonnamment de cette façon que je suis devenu photographe. J’ai fait mon service militaire au Service d’Information et de Relations Publiques des Armées dans l’Armée de l’air, en tant que photographe, dans un petit service qui comptait trois sous-officiers, tous les trois parfaitement photographes, avec de sérieux bagages techniques ― je leur dois beaucoup de mes connaissances tech-niques ― et pour l’un d’eux, un véritable regard de photographe ― je lui dois beaucoup dans ma façon d’appréhender un sujet et de chercher à en faire une image, il faisait notamment de la perruque en tant que photographe de plateau de l’émission de télévision Apostrophes, il était remarquable de voir que de semaine en semaine, avec le même décor, le même arrière-plan et le même éclairage, il trouvait le moyen d’un renouvellement ―, et qui se sont d’abord montrés fort méfiants vis-à-vis du deuxième classe que j’étais. Et pour me tester, d’emblée, le chef de cette petite unité, et donc photographe de plateau sur Apostrophe , m’avait confié deux boîtiers Nikon, deux FM2 si mes souvenirs sont bons, deux ou trois optiques que j’avais eu le droit de choisir parmi pléthore d’objectifs, deux films de couleurs et trois de noir et blanc et la consigne, à la fois simple et piégeuse, d’aller photographier la tour Eiffel, qui avait l’avantage de se trouver à quelques stations de métro seulement du Ministère de l’Air. Il s’attendait à ce que je revienne de ce reportage, un bien grand mot, avec une très belle collection de cartes postales, il en fut pour ses frais, et en fus assez surpris, tant ce que je lui rapportais correspondait en rien à ses attentes, j’avais d’abord pris le parti de photographier la Tour Eiffel de plus loin possible, y compris depuis le balcon de chez mes parents à Garches, ce qui était encore possible à l’époque, puis j’avais également produit toute une série de photographies des boulons rouillés de la vieille dame d’acier et aussi quelques photographies à la dérobée des touristes serrés dans les ascenseurs ― avec le recul il est assez amusant pour moi de me dire que, si cela se trouve, ces photographies font partie des archives photographiques de l’Armée de l’Air, dûment répertoriées avec des numéros de film du genre 1985-0178 0179 et 0180, je n’avais utilisé qu’un film de couleur et deux de noir et blanc et c’était, de fait, au tout début de l’année 1985. C’est au prix de cette originalité, dont je me demande bien ce qui avait pu la provoquer à l’époque, j’avais tout juste vingt ans et une culture visuelle fort pauvre, à l’exception d’un stock d’anciens numéros du magazine Zoom que j’avais achetés aux Puces ― et comme je serais content par la suite de trouver dans la bibliothèque du labo photo du SIRPA de nombreux autres numéros de cette revue que l’adjudant tenait en grande estime, parmi lesquels un numéro spécial à propos des photographes brésiliens, dans lequel j’avais fini par isoler une image de piétons sur une rue de Sao Paolo, une vue au huitième de seconde, seuls les pieds des passants sont nets, le haut de leur corps fantomatique, et par je ne sais quel tour de magie que la vie a en stock, j’ai eu à rencontrer le photographe de cette image, qui a longtemps été punaisée dans ma chambre, étudiant lui-même de Barbara Crane à Chicago, c’est désormais le tirage qu’il m’a offert, après que je lui ai raconté l’histoire de cette image, qui orne un des murs de ma chambre ― c’est au prix donc de cette originalité que j’ai été accepté au purga-toire de ce petit labo, dans lequel j’ai appris, en tirant des centaines et des centaines de photographies d’avions, mais aussi de reportages à propos de troupes au sol, ou encore de défilés militaires et de portraits de généraux, le métier de photographe.

      La même histoire de l’origine en somme racontée différemment, dans Arthrose :

      J’ai appris le métier de photographe pendant mon service militaire au Service d’Informations et de Relations Publiques des Armées (SIRPA) au sein d’une petite équipe de photographes, trois sous-officiers et moi-même, l’Aviateur De Jonckheere, deuxième classe donc, homme du rang. Les trois sous-officiers étaient des photographes de reportage tout à fait accomplis, certes cantonnés dans ce travail de représentation, glorieuse si possible, de l’armée de l’air, il n’en est pas moins qu’ils avaient de robustes compétences de photographes de terrain, l’un d’eux, par ailleurs, en dehors de ses heures de travail, était passionné de littérature et était le photographe de plateau de l’émission de télévision Apostrophes et j’ai beaucoup appris de lui, notamment sur la nécessité de réfléchir à l’image que je voulais faire avant de braquer mon appareil-photo, d’en réfléchir aux paramètres techniques, son enseignement était que la plupart du temps on disposait tout de même d’une trentaine de secondes de réflexion avant de prendre une photographie de reportage. Ces trois sous-officiers photographes étaient des passionnés et parlaient de photographie du matin jusqu’au soir, ils étaient abonnés à toutes sortes de magazines spécialisés et un de leur jeu préféré, qui devenait rapidement une joute amicale, était de deviner les circonstances d’une image, ses paramètres et ses astuces techniques et ce qui avait sans doute été produit au laboratoire pour parvenir à une telle image. J’ai beaucoup appris de ces discussions auxquelles j’étais parfois invité à participer en fin d’année de service militaire, ayant désormais acquis un vrai bagage technique. Parmi les nombreuses revues de photographie il y en avait une qui avait ma prédilection, il s’agissait de la revue Zoom , depuis défunte, et dans laquelle on trouvait les photographies les plus esthétiques comparées aux autres magazines, notamment les photographies de mode, sans compter quelques photographies à l’érotisme très esthétisant dont je ne pourrais jamais dire que, jeune homme, elles ne m’aient pas questionné et, si je devais les retrouver aujourd’hui, à quel point elles me feraient sourire. Et une bibliothèque occupait le couloir central de cet atelier de photographie dans laquelle se trouvaient de pléthoriques archives de toutes ces revues. Je me souviens d’un numéro spécial de Zoom consacré à la photographie brésilienne. Dans ce numéro une photographie avait particulièrement retenu mon attention, il s’agissait d’une photographie de rue, carrée, au 6X6, en noir et blanc qui représentait des passants flous à l’exception de leurs pieds qui étaient restés à peu près nets, flou de mouvement qui avait été particulièrement heureux pour permettre la création de ces fantômes aux pieds nets posés sur un pavé dont le piqué était remarquable. J’avais demandé à l’adjudant Rullaud. ce qu’il pensait de la vitesse d’obturation de cette image, 1/15ème ?, avais-je hasardé, plutôt 1/8ème avait-il répondu, donc l’appareil est sur un trépied ?, et, comme toujours, l’ironie avait fusé, avec une petite trace d’accent du Sud-Ouest, et bien si vous tenez le 1/8ème de seconde à main levée avec un Hasselblad, vous pouvez revendre votre trépied. Cet après-midi les tâches en cours étaient peu nombreuses et je lui avais demandé la permission de me servir du banc de reproduction pour me faire un tirage de cette image que j’aimais beaucoup. Fait inhabituel, il avait montré de l’enthousiasme pour cette perruque et m’avait même proposé de me servir de l’Hasselblad pour un meilleur rendu, homothétique qui plus est. J’ai longtemps eu ce tirage au-dessus de ma table de dessin quand j’étais étudiant aux Arts Déco, dans mon appartement de l’avenue Daumesnil. Ce qui est étonnant c’est que je n’avais pas pensé à noter le nom du photographe brésilien qui avait pris cette photographie. Trois ans plus tard je partais étudier à Chicago. J’ai fait des pieds et des mains pour suivre les cours de Barbara Crane sur le bon conseil de mon ami Halley. J’avais fini par obtenir d’intégrer le groupe d’étudiants en Master qu’elle prenait en tutorat ce qui était beaucoup plus que je ne pouvais espérer. Au début de l’année scolaire nous avons eu une réunion de ses étudiants de Master au cours de laquelle nous devions apporter quelques images de nos travaux en cours, pour ma part j’avais montré ma série sur Berlin, dont je ne peux pas dire, qu’en dehors de Barbara Crane, elle ait beaucoup enthousiasmé les autres étudiants. Puis ce fut le tour des deux Gregs. Les deux Gregs c’était un peu une autre limonade. Après eux, un autre étudiant étranger présentait un portfolio de photographies en noir et blanc, toutes prises à l’Hasseblad, les tirages étaient somptueux et en grande majorité montraient des paysages urbains de nuit avec cette particularité intéressante que sur aucune de ces images nocturnes on ne pouvait voir la source d’éclairage public qui pourtant éclairait ce paysage urbain de São Paulo. Barbara Crane n’était pas avare de compliments pour cet étudiant un peu plus âgé que nous et qui, comme moi, s’exprimait dans un anglais maladroit. Lorsqu’il est arrivé à la dernière image de son portfolio de photographies nocturnes, il était sur le point de remettre tous ses magnifiques tirages dans leur boîte quand je remarquai au fond de la boîte cette image que je connaissais si bien des fantômes sombres sur le pavé net. J’ai eu du mal, dans mon anglais encore balbutiant à l’époque, à raconter à quel point il était extraordinaire que je me retrouve en présence de cette photographie qu’un mois auparavant je décrochais du mur de ma chambre avenue Daumesnil à Paris, empaquetant mes affaires pour les stocker dans la cave de mes parents à Garches, avant de prendre le départ pour Chicago où je me trouvais désormais en face de son photographe en chair et en os. Carlos Fadon Vicente. Qui le jour de son départ de Chicago, en fin de premier semestre, m’avait cherché dans le labo pour me remettre un tirage de cette image, j’étais très ému de ce cadeau et avait balbutié le seul mot de portugais que je connaisse, Obrigado , nous nous étions embrassés dans l’éclairage inactinique du laboratoire collectif des étudiants en Master ― parfois internet ce n’est pas si pratique que cela, ainsi j’avais oublié du tout au tout le nom de Carlos, d’ailleurs dans un premier temps je me souvenais de Ricardo, et pourtant je voulais absolument que son nom figure en toutes lettres dans ce texte, pas juste son prénom, dont justement je me rends compte que ce n’était même pas le sien, j’ai passé beaucoup de temps à tenter toutes sortes de recherches pour retrouver Carlos-Ricardo, j’ai fouillé dans des listes et des listes de noms dans les anciens étudiants de the School of the Art Institute of Chicago (parmi lesquels j’ai été très déçu de ne pas trouver le mien), ce qui ne risquait pas beaucoup de réussir si je continuais d’appeler Carlos Ricardo, j’ai tenté de faire des recherches sur les archives du magazine Zoom sur internet, dont force est de constater qu’il n’en reste pas grand-chose, ce que je trouve regrettable, j’ai tenté des recherches sur les projets d’urbanisme de São Paulo parce que je savais que cette photographie faisait partie d’un ensemble de photographies qui avaient été commandées par un des urbanistes d’un grand projet de cette mégapole bré-silienne, j’ai fait des recherches de plus en plus larges à propos de photographes brésiliens contemporains, j’ai découvert une multitude de photographes aux travaux admirables, mais je ne retrouvais toujours pas Carlos-Ricardo, j’ai sorti la photographie du sous-verre posé sur ma table de travail et sous lequel j’ai composé un pêle-mêle parmi lequel se trouve la photographie de Carlos (mais aussi une lithographie de L.L. de Mars, une sérigraphie de Doug Huston, un polaroid agrandi de Jennifer Pilch, dont j’étais fou amoureux, une petite photographie de Natalie Bookchin, une photographie de Karen Savage, un tract de Formes d’une guerre , une lithographie sur papier kraft d’un étudiant portoricain à Chicago dont je me souviens seulement du prénom, mais de façon certaine, Alejandro, l’affichette de la lecture de @mona à la librairie Mille Pages à Vincennes, un tirage numérique de Barbara Crane, un petit collage photographique de Hanno me représentant à la Garde de Dieu en 1989, des billets de un dollar sur lesquels John Pearson, un autre étudiant de Chicago, avait imprimé des cyanotypes, une ancienne publicité pour le pneus Dunlop, pour ses couleurs qui me rappellent des tas de souvenirs d’enfance, un dessin de L.L. de Mars, une photographie de Mouli et moi chez nous, 943N Wolcott avenue à Chicago, une de mes photographies de la Très Petite Bibliothèque et une autre de la série 20040322.txt , un collage de quatre photographies représentant B. et moi nous embrassant à la Garde de Dieu, et enfin la photographie de Carlos) dont je pensais toujours qu’il s’appelait Ricardo, dans l’idée de la scanner de tenter une recherche en utilisant l’option de recherche par image du moteur de recherche, et c’est à ce moment-là que je me suis rendu compte, comment n’y avais-je pas pensé plus tôt ?, surtout quand on connaissait un peu Carlos, le genre de photographe sérieux, que naturellement, non seulement son nom figurait au crayon à papier au dos du tirage, mais aussi toutes sortes d’indications, Da Paulista, 1983, (Sao Paulo) © Carlos Fadon Vicente ƒ8 1/8 93˝ D 288/12 , pas toutes compréhensibles même par un autre photographe, le D majuscule souligné voulait-il signifier que le film avait développé dans du D76 ?, en revanche je remarque, trente ans plus tard, que le pronostic de l’adjudant Rullaud. était juste, c’était bien au huitième de seconde qu’avait eu lieu cette affaire : c’est fi-nalement là qu’internet est le moins pratique, quand on y cherche des choses que l’on a sous le yeux. J’ai toujours peine à me dire que ce jeune homme que j’étais devenu, presque 24 ans d’arrogance et de sûreté de soi, parti conquérir rien moins que l’Amérique, s’imaginant rien moins que le nouveau Robert Frank, n’était distant que de trois années de celui peu assuré qui s’arrangeait surtout pour ne pas trop déplaire aux trois sous-officiers photographes du SIRPA, ce faisant, tirant le meilleur de leurs connaissances techniques fort sûres, mais surtout ne les contredisant pas sur tant et tant de sujets, surtout politiques, mais aussi à propos de certaines des légendes courantes dans le monde de la photographie de reportage et notamment ces histoires abracadabrantes de scoops qui constituaient pour eux une manière de Saint Graal, se trouver sur les lieux d’une catastrophe, d’un événement historique, d’un attentat, d’un accident, sur le chemin d’un homme politique pris la main dans le sac, d’être le témoin photographiant de toutes sortes de malversations, de délits, de petits scandales minables écla-boussant à peine des personnalités du monde du spectacle, que sais-je encore, toutes sortes de situations dans lesquelles je rêvais moi de ne surtout pas me trouver, quand bien même, et c’était cela qui me désolait de la part de ces instructeurs chevronnés, cette attirance, de tels scoops pourraient mériter toutes sortes de rétributions de la part des grands hebdomadaires de la presse. Et à ce sujet les légendes urbaines qui émaillaient leurs conversations étaient à la fois nombreuses et invraisemblables, tel organe de presse, en cas de grande catastrophe aérienne, capable d’acheter en liquide, pour de fortes sommes, des films qui n’étaient pas encore développés et c’était tout un monde qui miroitait dans les yeux de ces photographes pourtant aguerris mais crédules de ces histoires dont au contraire, moi, si jeune, tellement en attente de leur validation, de leur reconnaissance comme un des leurs, alors je lisais Ultramarine de Malcom Lowry, et comme tout cela résonnait fort en moi, moi, leur deuxième classe de corvée des trucs pas toujours très drôles à faire, de ces batchs de films à déve-lopper dans la journée avec des planches-contacts, nettoyer les cuves, faire les mélanges et les tirages en cinquante exemplaires, c’était finalement moi qui était le moins crédule de telles fables. D’ailleurs quand j’entends le mot scoop, dans tout ce qu’il ne contient pas, c’est souvent à ces lointaines discussions en prenant le café que je tenais prêt au moment où les sous-officiers rentraient du mess des sous-offs, que je repense, pour moi le scoop ce serait toujours ces effets de récit d’une vie, ces spaghetti ramassés en désordre dans une assiette, mais que l’on tire sur un seul et cela bouge de l’autre côté de l’assiette, disparaît sous la masse des autres spaghetti, pour réapparaitre, ces moments de vie souterraine à l’intérieur de la vie-même, la photographie du magazine Zoom isolée, reproduite, accrochée sur le mur de ma chambre et dont je rencontre le photographe à l’autre bout du monde, ces photographies d’une jeune ivoirienne ramassée dans un bar et qui reparaît en Alsace, cette chambre en Espagne où je séjourne chez l’Oncle de mon amie Laurence, juge, et dont la fille, qui est en photographie de mariée sur la table de chevet de cette chambre et qui un jour devient mon avocate, ceux-là sont les vrais scoops de l’existence. Passer tout près de l’explosion d’une bombe, d’un accident ou d’un attentat terroriste, quelle que soit la manière dont ensuite on tente de donner du sens à ce frôlement continue d’être, par définition, un non-événement, le contraire même d’un scoop.

      Avec le recul, j’en viens à réaliser qu’en matière de photographie j’aurais eu deux professeurs assez dissemblables, l’adjudant Rullaud et Barbara Crane.

  • J-220 : une jeune femme commande, dans la librairie où j’ai mes habitudes, la Chambre claire de Roland Barthes. Je l’envie. J’envie sa jeunesse. J’envie qu’elle va découvrir ce livre magnifique, dès mardi soir, date de réception de sa commande, elle ne le sait pas encore mais c’est comme de lire, pour la première fois, un Tintin qu’on n’a pas encore lu, ou d’écouter un disque des Beatles qu’on n’a pas encore dans ses galettes, j’envie qu’elle s’engage dans l’apprentissage de la photographie, elle a dans les mains quelques exemplaires de la collection des photo-poches . Je me retiens in extremis de lui conseiller celui de Robert Frank, je ne voudrais pas faire mon vieux con.

    Sur la table des nouveautés du rayon photo, je jette un rapide coup d’œil sur une nouvelle monographie de Diane Arbus, apparemment les années qui précédent les portraits au 6X6, très beau volume pour ce que je peux en juger rapidement, certaines images on dirait du Robert Frank, même grain, même sauvagerie, en plus sauvage encore, les freaks déjà, mais la rue, encore un peu, le prix de ce très beau livre m’indique que cela devra être mon cadeau de Noël ― à cinquante-deux ans je continue de donner des suggestions de ce genre à mes vieux parents !, il y a une vingtaine d’années cela avait valu beaucoup d’amusement à mon père dans un supermarché de produits culturels, ancienne fédération d’achats pour cadres : « la personne qui cherchait le livre de photographies de prostituées de la Nouvelle Orléans est attendue au rayon photo », j’y repense chaque fois que je vois la tranche du livre de Bellocq dans ma bibliothèque― et puis mon regard, vaguement amusé tombe sur un cahier intitulé Le Cahier qu’il vous faut pour réussir vos photos d’un certain Henry Carroll, dont je dois dire que je n’ai jamais entendu parler. Et de fait je suis assez diverti de feuilleter ce livre d’exercices plutôt bien pensés, cela ne vaut pas le questionnaire de Joyce Neimanas à ses jeunes étudiants de première année ― qu’est-ce que j’aimerais retrouver ce questionnaire dans lequel on lisait des questions du genre quel genre de drogues vous pensez devoir prendre pour suivre ce cours, quelle est la chose la plus dangereuse que vous ayez déjà faite et celle que vous aimeriez faire etc… ―, mais c’est déjà très bien.

    C’est sans doute d’avoir envié la jeunesse de cette jeune femme qui allait bientôt lire la Chambre claire de Roland Barthes, je me décide à acheter ce livre en me donnant deux contraintes, répondre à chaque exercice avec des images déjà faites et en faire une manière de feuilleton en images de Qui ça ?

    Mon père au téléphone, tu ne voudrais pas t’inscrire sur les listes des pri-maires de la droite, comme cela tu peux contribuer à faire barrage à Sarkozy à la source, cela ne coûte que deux euros, je les prends en charge, ah et aussi il faudra que tu signes un papier à ton nom pour dire que tu te reconnais dans les valeurs de la droite, ma mère explose de colère derrière lui, Guy ― mon père s’appelle Guy ― c’est de la provocation, tu ne viendras pas te plaindre après. Eclats de rire de part et d’autre de la ligne téléphonique.

    Premier exercice de Henry Carroll : photographiez votre premier souvenir.

    Mon tout premier souvenir est celui d’une voiture bleue azur au bord d’une piscine à Abidjan en 1967. Et c’est à ce souvenir, tellement imprécis, que j’ai repensé en voyant les vieilles trabans en République Tchèque, en 2005.

    #qui_ca

  • J-221 : C’est de nouveau le Désordre dans le garage. Et rien ne saurait me faire plus plaisir en somme. Il y a quelques jours mon ami L.L. de Mars (http://www.le-terrier.net) m’a invité à participer à une publication-luxueuse-pour-pas-cher dont il a le secret ― il est également l’inventeur du punk méticuleux ―, où il est question d’une édition de seize cyanotypes. L’idée étant de lui fournir une seizaine de transparents négatifs en 10x15 ― autant dire des 4’X5’ (pouces).

    Le cyanotype.

    Me sont alors revenus mille souvenirs, des odeurs notamment, de celles que je ne saurais pas décrire, sauf à nommer les produits nécessaires pour enduire les feuilles des tirages ― mais alors ce n’est pas décrire une odeur, c’est juste dire, mettez votre nez au-dessus d’une fiole contenant du citrate de fer ammoniacal, pas trop près non plus les narines, et pas trop concentré non plus, le citrate de fer ammoniacal, en fait, débouchez juste le flacon et laisser à l’air libre pendant cinq minutes ―, mais aussi l’éclairage inactinique jaune au sodium qui faisait croire, tant qu’on était dans cette lumière, que l’on faisait du noir et blanc, et en sortant les tirages du labo, pour vérifier la densité, cette surprise toujours, mais ils sont tout bleus !, l’aveuglement, et devoir lutter contre sa tentation, de la lampe aux ultraviolets. A Chicago, les non silver dudesles gars du non argentique , en français on aurait pu dire les types du non-A , du Ā , cela aurait été la classe, encore aurait-il fallu qu’aux Arts Déco, on se préoccupe de procédés non argentiques, et qu’un autre que moi ait lu A.E. Van Vogt, j’aurais donc été fort seul avec mes prédilections, surtout celles de l’époque, jusqu’à l’arrivée d’internet, finalement ― c’étaient nous. Essentiellement ceux qui n’étaient pas nécessairement portés sur la justesse, la propreté des tirages et qui, au contraire, accueillaient les accidents avec bonheur, les souhaitant presque. Pas étonnant d’ailleurs que mes deux amis Greg ― les frères jumeaux de mère différentes comme ils s’appelaient eux-mêmes et étaient connus comme tels dans l’école ―, Greg Ligman et Greg Williams étaient finalement les deux personnes auprès desquelles il fallait si souvent s’arranger pour réserver l’utilisation du banc. Et vu les formats dans lesquels ces deux-là travaillaient, il valait mieux ne pas être dans la même pièce quand ils insolaient, fuites de lumière garanties. Bref, vous dites cyanotype et c’est comme si une certaine pièce, pleine à craquer, du département photo de the School of the Art Institute of Chicago , à Chicago donc, agissait comme un aimant surpuissant de toutes mes pensées. De tous mes souvenirs.

    Et l’écueil de tout ceci est d’autant plus inévitable que passant au travers de quelques dizaines de boîtes contenant des négatifs 4’X5’ dans le garage, je tombe nécessairement sur des tas et des tas d’images prises à cette époque, pas nécessairement dans le but d’en faire des cyanotypes d’ailleurs et que je suis donc incapable de penser à quelle que série que ce soit, même aujourd’hui, qui ne serait pas un rappel à cette époque bénie de ma jeunesse ― je sens qu’il va râler le Lièvre.

    Nous sommes vendredi soir et les trois tables mises bout à bout dans le ga-rage dessinent un désordre exemplaire, mélange du matériel pas encore rangé de-puis le spectacle de samedi dernier ― le vidéo projecteur et ses dix mètres de câble RGA, le contrôleur MIDI ―, de quelques croquis pour la mise en page future de Qui ça ? ― et on y est presque, demeure la question de savoir si je dois ou non, rendre la chose publique en cours de réalisation, ou attendre que le projet soit fini, et ce n’est pas une petite question, croyez-moi ― et donc de quelques boîtes de négatifs 4’X5’ desquelles j’ai extrait, finalement, seize images qui composent une manière de chanson à celle qui aura illuminé ces années américaines, mon professeur, mon mentor, la très grande photographe Barbara Crane ― une photographe, cela dit en passant, qui mériterait très amplement sa place au panthéon de la photographie aux côtés de Robert Frank, Robert Heinecken, John Baldessari, Walker Evans, Eugène Atget, Henry Fox Talbot, Laslo Moholy-Nagy, et bien d’autres encore, place qui devrait lui revenir de droit, et plus j’y pense, et plus il me paraît évident que cette place lui aura été dérobée, toute sa vie, presque, pour la seule épouvantable raison qu’elle est une femme. Et quelle !

    This song’s for you Barbara.

    Et dire qu’alors, le visage de l’ennemi c’était celui de Bush-père.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/images/song_for_barbara/index.htm

    #qui_ca

  • Qu’est devenue la petite fille à la cigarette de #Mary_Ellen_Mark ?
    http://www.franceinter.fr/blog-autopsie-dune-photo-quest-devenue-la-petite-fille-a-la-cigarette-de

    Retour sur une célèbre image de la photographe Mary Ellen Mark représentant des jeunes filles dont l’une fumant une cigarette. Plus de 15 ans plus tard, qu’est devenue cette petite fille ? La National Public Radio (NPR) l’a retrouvée.


    Amanda Marie Ellison (9 ans, à droite) et sa cousine Amy Minton Velasquez (8 ans), à Valdese en Caroline du Nord, en 1990. © Courtesy of Mary Ellen Mark Studio and Library - 2016
    Et donc la page de la NPR :
    What Happened To The 9-Year-Old Smoking In Mary Ellen Mark’s Photo ?
    http://www.npr.org/2015/06/27/417782675/what-happened-to-the-9-year-old-smoking-in-mary-ellen-marks-photo
    #photographie
    via @MduqN

  • Pourquoi les amateurs énervent les pros ? | Mickaël Bonnami - Photographe
    http://mickaelbonnami.com/pourquoi-les-amateurs-enervent-les-pros

    La #photographie c’est un monde de mec , l’égoïsme y est roi et le collectif n’existe que trop rarement. Du coup, ça énerve pas mal les amateurs qui essayent d’obtenir de temps à autre quelques conseils ou des pistes de progression.

    Non, rien...
    #sexisme

    • D’après moi la raison number one du silence des photographes professionnles quand un amateur leur pose une question ou leur demande un conseil, c’est qu’ils n’ont pas la réponse à la question : ce qui fait la différence entre les deux c’est le matériel, et du temps de l’argentique, le labo qui assurait le développement et le tirage. L’arrivée du numérique est en train de mettre tout le monde d’accord et tout le monde au même niveau : photographe ce n’est pas un métier.

    • Étant le principal intéressé et auteur de l’article, je me permet un petit droit de réponse.
      Alors tout d’abord ma chère Agnès, c’est bien dommage de se permettre de m’affubler du hashtag #sexisme aussi facilement et gratuitement. ;)
      Il est évident que si on lit bêtement la phrase comme ça, on peut s’imaginer qu’il soit possible que je sois sexiste. Sauf que malheureusement, si le monde de la photo l’est assez largement, moi je fais plutôt partie de l’autre camp. Alors je ne vais pas me justifier en publiant ici différents liens pour me dédouaner. Je pense que si vous allez trainer un peu sur mon site, vous devriez revenir ici pour me présenter le hashtag suivant : #excuses
      Je les accepterais volontiers. ;)

      Pour ce qui est du message de Philippe, là aussi je trouve ça un peu gratuit. Donc en gros la seule différence entre les pros et les amateurs c’est le matériel ?
      Donc si je vous prête du matériel vous devenez pro et si vous me le rendez vous perdez votre titre ? Un peu simpliste non ? ;)
      La photographie c’est un métier, il existe encore quelques personnes qui en vivent, fort heureusement.

      Mais j’ai pour projet un article où je donne du matériel pro à des amateurs histoire de voir si le talent d’un photographe ou d’un photographe pro ne réside que dans l’achat de matériel. ;)
      Je vous invite à débattre si vous le souhaitez dans les commentaires de mon article. ;)

    • @mickael

      Donc en gros la seule différence entre les pros et les amateurs c’est le matériel ?

      C’est bien pire que cela : quel que soit le matériel dont il dispose un photographe professionnel n’a absolument aucune chance de me surprendre, au contraire de l’homme de la rue dont il m’arrive, quelque soit le matériel dont il dispose, d’être très étonné de ses images.

      Donc si je vous prête du matériel vous devenez pro et si vous me le rendez vous perdez votre titre ?

      Avec le mode d’emploi, oui. Et je me passe très bien du titre.

      Un peu simpliste non ? ;)

      Beaucoup moins que le travail habituel des photographes professionnels et son académisme conservateur par excellence.

      La photographie c’est un métier,

      Historiquement c’est le métier dans lequel les familles artistocratiques et grand bourgeoises orientaient les rejetons auxquelles elles ne pouvaient décemment pas confier le patrimoine (Lartigue, Cartier-Bresson etc...)

      Mais j’ai pour projet un article où je donne du matériel pro à des amateurs histoire de voir si le talent d’un photographe ou d’un photographe pro ne réside que dans l’achat de matériel. ;)

      Votre démarche comporte déjà un certain nombre de préjugés qui ne vont pas vous aider à la rendre très honnête. Quelque chose me dit qu’elle va produire exactement les résultats que vous souhaitez.

      En fait pour rendre ma position claire sur le sujet des photographes : ils ont historiquement dévoyé une invention géniale, celle de la photographie et de ses premiers photogrammes (voir Henry-Fox Talbot) en y ajoutant la camera obscura (Niepce et Daguerre), de 1839 jusqu’en 1955, il ne se passe rien, Robert Frank avec les Américains redonne une chance historique à la photographie pour qu’elle redevienne le poème qu’elle aurait toujours dû être, le miracle n’a cependant pas lieu, il est suivi par des armées de plagiaires, il arrive cependant que des non-photographes par désœuvrement sans doute, des peintres notamment, réussissent quelques beaux poèmes photographiques, Rauschenberg, Robert Heinecken, John Baldessari, Cy Twombly, mais généralement les photographes ne comprennent pas de telles images et les disqualifient, pour eux ce n’est pas de la photographie, cruellement cela en est et d’une force que les recettes dix neuvièmistes et très académiques des photographes ne parviendront jamais à égaler.

      C’est triste, une si belle invention.

    • Wouaou... Je plains un peu Philippe, parce que pour faire une telle réponse à priori un photographe a dû au moins manger vivant son meilleur animal de compagnie.
      Ce que je combat sur mon blog, c’est justement cette pensée morose et « ancienne » de la photo. Franchement, l’histoire de la photo ou de untel, je m’en fou un peu, je préfère juger sur pièce. Et je ne suis pas du genre à aimer les discussion où on part d’un débat simple pour en arriver à raconter l’histoire de la photo de jésus à nos jours avec des arguments longs et hors propos. lol

      Je ne sais pas où vous habitez Philippe, mais si vous êtes près de Bordeaux, je vous inclus dans mon article test, sans soucis. ;)
      Mon propos et mon but n’est pas de dire que les photographes pros sont les meilleurs où font de bonnes photos en toutes circonstance. Lisez mon blog pour vous en convaincre.

      Maintenant si vous pensez que mon test est biaisé d’avance, il y a 2 solutions à cela, ne le lisez pas le jour où il sort ou posez les conditions d’un test impartial à mettre en place. ;)
      Je vous garantis que si vos arguments ou solutions sont valables j’en tiendrais compte. ;)

    • @mickael C’est très gentil de m’inviter, je n’habite pas Bordeaux. Mais surtout je ne suis pas vraiment ce que l’on appelle un amateur (en fait j’y connais un peu quelque chose en photographie, ça fausserait grandement les résultats de votre étude). Je pense que nous ne parlons pas la même langue, ce qui d’ailleurs n’a pas d’importance. Et je manque d’entrain à l’idée du pont qu’il faudrait construire pour que nous nous comprenions.

      En fait je dois avouer que je ne comprends pas ce que vous essayez de démontrer. Restons-en là.

      Passez une excellente soirée.

    • J’ai bien compris que vous êtes photographe. Et votre discours je l’ai déjà lu pas mal de fois et il émane souvent de photographes d’un certain âge qui ont du mal avec les jeunes et le numérique.

      Je ne cherche pas à convaincre les gens pour ma part, j’essaye juste de transmettre un bout de passion de la photo au travers de mon blog et de ma petite expérience. Et si possible sur un ton amical et marrant, sinon on se fait vite chier et c’est pas intéressant.

      Perso, je suis ouvert au discours.

      Bonne soirée !!!

  • Finding Robert
    Frank, Online

    The cover image for the U.S. edition of “The Americans,” Robert Frank’s epochal #book, spoke volumes about the state of the nation in the mid-#1950s. The tightly-cropped photo shows passengers in the windows of a #New_Orleans trolley assuming their place in the social order of the Jim Crow South — progressing from a black woman in the rear to white children and adults up front (slide 4).

    The contact sheet that contained the image showed that Mr. Frank had photographed the city from multiple perspectives, but he ultimately selected the frame that most dramatically and symbolically captured New Orleans’ racial hierarchy. Learning this photo’s backstory would be impossible without the ability to view Mr. Frank’s contact sheet. Now, such important archival material, typically reserved for scholars and curators, is just a click away. Launched by the National Gallery of Art in time for photographer’s 90th birthday in November, the Robert Frank Collection Guide is an extraordinary resource for the general public and researchers alike.

    The online guide is a first for a photographer in the National Gallery collection. Mr. Frank’s work was selected because it constitutes the museum’s largest and most complex holding by a single photographer. Spanning his career from 1937 to 2005, the collection includes more than 8,000 items, including vintage and later prints, work prints, negatives, contact sheets, technical material, recordings, and ephemera. Nearly all of these artifacts were acquired from Mr. Frank in stages over the past twenty-five years.

    The guide’s production was overseen by Sarah Greenough, senior curator and head of the department of photography at the National Gallery, with a web team that included Sarah Gordon, who wrote most of site’s content, and John Gordy, who designed it.

    “Because of the size, scope, and complexity of our Frank Collection,” Ms. Greenough said, “I realized many years ago that we needed such a finding guide. Yet it was while I was working on our exhibition and publication ‘Looking In: Robert Frank’s The Americans’ that I fully understood how hard it could be determine all the different iterations — from contact sheets, to work prints, to finished exhibition prints — that we might have of any one image. From then on, I knew that it was a project we had to undertake.”

    Ms. Greenough would appear to be the perfect steward of Mr. Frank’s archive. She discovered “The Americans” in college and remembered being particularly fascinated by one photograph, “Canal Street, New Orleans,” especially by the expression on the face of a young girl being carried by her father.

    “The girl seemed to express all the confused, uncertain feelings I had as a young person about American society and culture,” Ms. Greenough said. “That picture, along with others in ‘The Americans,’ made me realize for the first time how profoundly moving and important photography could be when done by someone like Robert Frank.”

    Ms. Greenough’s scholarship on Mr. Frank reached its apex in “Looking In,” the traveling exhibition she organized for the National Gallery in 2009. The show was uncommonly rigorous, revealing myriad details about the conception and creation of “#The_Americans.” It was also visually bracing. Vintage photographs of differing sizes were arranged in groups that followed the sequencing of the book, producing dramatic shifts in scale, emphasis, and visual points of view.

    Contact sheets and work prints provided greater context for the exhibition, and contributed to a viewing experience that was wholly different from reading “The Americans,” yet offering an array of new facts and observations about it. One wall, for example, was covered with tattered work prints, yielding insights into Mr. Frank’s process of selecting and rejecting images for the final work.

    Like the exhibition, the catalog for “Looking in” was distinguished by its rigorous scholarship. Its expanded, special edition, which included the full contents of “The Americans,” as well as scholarly essays, facsimiles of contact sheets, photographer notes and correspondences, and other archival materials, functioned much like a massive and comprehensive finding guide, though limited to only one of Mr. Frank’s projects.

    The online collection guide captures much of this dynamism. While it includes only a modest portion of the museum’s holdings at this point, it provides access to a broad range of images and information. And like “Looking In,” it helps us to better understand the work of one of the most important and influential photographers of the past seventy-five years. It also serves as a template for the National Gallery’s next online guide, documenting its large collection of Alfred Stieglitz photographs.

    Ms. Greenough anticipates that the guide will serve a number of audiences and functions. “We hope that the general public will find it an informative overview of Frank’s work and his seminal contributions to American art and culture,” she said. “We also expect that scholars and photographers who want to study Frank’s work in-depth will discover vast amounts of information about him and his art that is not available anyplace else.”

    Maurice Berger is a research professor and the chief curator at the Center for Art Design and Visual Culture at the University of Maryland, Baltimore County, and a consulting curator at the Jewish Museum in New York.

    http://lens.blogs.nytimes.com/2015/01/14/finding-robert-frank-online/?module=BlogPost-Title&version=Blog%20Main&contentCollection=Mul

    #robert_frank #photo #photographie #photo #reportage #USA #Us

  • Robert Frank - In America


    Hardcover, cloth bound with dust jacket.
    Because of the importance of Robert Frank’s The Americans; because he turned to filmmaking in 1959, the same year the #book appeared in the United States; and because he made very different kinds of pictures when he returned to still #photography in the #1970s, most of Frank’s American work of the #1950s is poorly known. This book, based on the important Frank collection at the Cantor Arts Center at Stanford University, is the first to focus on that work. Its careful sequence of 131 plates integrates 22 photographs from The Americans with more than 100 unknown or unfamiliar images to chart the major themes and pictorial strategies of Frank’s work in the United States in the 1950s. Peter Galassi’s text presents a thorough reconsideration of Frank’s first photographic career and examines in detail how he used the full range of photography’s vital 35mm vocabulary to reclaim the medium’s artistic tradition from the hegemony of the magazines.

    Have a look on some pages: http://josefchladek.com/book/robert_frank_-_in_america#sample

    Order at Steidl.

    Pages: 196
    Place: Göttingen
    Year: 2014
    Publisher: Steidl
    Size: 24 x 25 cm (approx.)
    http://josefchladek.com/book/robert_frank_-_in_america
    #livre #reportage #photo #USA #US #beat_generation

  • Calenda - Musique et relations internationales
    http://calenda.org/249861

    Musique et relations internationales
    Music and international relations
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    Publié le lundi 27 mai 2013 par Elsa Zotian

    Résumé

    Colloque organisé par la revue Relations internationales et l’Institut d’histoire des relations internationales contemporaines avec le soutien de la Fondation Singer-Polignac, de l’UMR IRICE et de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

    Annonce

    Colloque organisé par la revue Relations internationales et l’Institut d’histoire des relations internationales contemporaines avec le soutien de la Fondation Singer-Polignac, de l’UMR IRICE et de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

    http://www.singer-polignac.org/missions/?view=evenement&task=edit&cid=906

    Entrée libre sur inscription : musique.ri@singer-polignac.org
    Comité scientifique

    Anaïs Fléchet (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines),
    Didier Francfort (Université de Lorraine),
    Robert Frank (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne),
    Antoine Marès (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, revue Relations internationales),
    Danièle Pistone (Université Paris-Sorbonne), François Vallotton (Université de Lausanne)

    #musique #relations_internationales