person:robert heinecken

  • Attribuée à 1,2 million d’euros, une œuvre de Banksy s’autodétruit en pleine vente
    https://www.lemonde.fr/arts/article/2018/10/06/attribuee-a-1-2-million-d-euros-une-uvre-de-banksy-se-detruit-en-pleine-vent

    La « Petite fille au ballon rouge » a été en partie découpée en morceaux juste après avoir été vendue, lors d’enchères organisées à Londres, vendredi. L’incident reste inexpliqué.

    Il pourrait s’agir du dernier canular mis en scène par l’artiste Banksy, célèbre pour ses pochoirs contestataires peints dans de nombreuses villes du monde. Lors d’une vente aux enchères organisée à Londres, vendredi 5 octobre, un tableau lui étant attribué, la « Petite fille au ballon rouge », a été vendu à 1,04 million de livres – près de 1,2 million d’euros en incluant la commission de la maison de vente.

    Une enchère exceptionnelle pour la maison Sotheby’s, à Londres – l’œuvre était estimée entre 230 000 et 341 000 euros –, mais qui ne s’est pas terminée comme prévu : un mécanisme caché dans le bas du cadre a commencé à broyer le tableau peu après la confirmation de l’enchère, ne s’arrêtant que pour laisser intact le ballon rouge en forme de cœur s’éloignant de la fillette, désormais découpée en plusieurs morceaux.

    La destruction pourrait être une bonne affaire

    Aucune explication n’a été fournie sur la destruction de l’œuvre, la maison de vente se disant incapable de confirmer si Banksy lui-même était impliqué. L’artiste a dans la nuit publié une photo de la vente – et de la surprise apparente du public – sur son compte Instagram, accompagné du commentaire : « En train de partir [allusion à la vente aux enchères], en train de partir, partie… » (« Going, going, gone… »).

    « Nous avons été “banksyé” », a de son côté ironisé Alex Branczik, directeur du département d’art contemporain à Sotheby’s, lors d’une conférence de presse après l’incident. « Nous n’avons jamais connu cette situation dans le passé, où une œuvre est découpée en morceaux, juste après avoir égalé un record de vente pour l’artiste. Nous travaillons à estimer ce que cela peut changer à la vente aux enchères », a-t-il expliqué.

    L’acheteur du tableau, contacté par la maison de vente, s’est dit « surpris » de la tournure des événements. Mais si la destruction de l’œuvre aurait pu mener à l’annulation de la vente, comme cela se ferait habituellement, l’opération pourrait se transformer en une bonne affaire, selon un analyse du Financial Times : « Il se pourrait que le tableau broyé prenne de la valeur, considérant qu’il est devenu l’objet de l’un des meilleurs canulars jamais organisés sur le marché de l’art. »

  • Cela arrive de plus en plus souvent et cela ne semble pas trouver de solutions. C’est un petit pro-blème, fort personnel en plus, mais je me demande s’il n’est pas la représentation de quelque pro-blématique plus vaste. De temps en temps, un peu plus souvent depuis la sortie d’Une fuite en Égypte, lorsque je participe à toutes sortes de manifestations, on me demande une biographie, ce qui semble aller de soi, ce qui ne devrait étonner personne et ce que je continue de ne pas comprendre. Et j’imagine que je ne peux pas le comprendre parce que je ne lis jamais de biographies. Je crois que la seule biographie, stricto sensu, que je n’ai jamais lue est celle de Marcel Proust par Harold Pinter et je l’ai lue juste après ma première lecture d’À la Recherche du temps perdu et je vois bien comment je tentais, par tous les moyens, de prolonger le plaisir de la lecture de La Recherche, avant d’affronter une autre lecture dont je pressentais qu’elle aurait du mal à faire le poids, d’autant que j’étais fort tenté de reprendre la lecture de La Recherche depuis le début, et finalement c’est la biographie de Proust qui a pu faire un trait d’union entre La Recherche et je ne sais plus quel livre - possiblement le Proust de Beckett, mais je n’en suis pas sûr, je ne me souviens plus. La biographie de Proust par Harold Pinter est plutôt un très bon livre qui, de fait, s’immisce dans les plis restés ouverts de la biographie fictive du Narrateur, ça peut fonctionner comme produit de substitution pour décrocher de la drogue pure de La Recherche. Un autre exemple qui lui montre que la biographie cela ne fonctionne pas pour moi, c’est celui de Beckett de Deidre Beir qui m’a instantanément laissé sur le côté, aucun intérêt. En fait dans le cas de Proust, il me semble que tout est dans le livre non ? Et dans Beckett, tout est dans les livres non ? Et le reste ne nous regarde pas, si ?

    Au siècle dernier, quand j’ai commencé à caresser l’idée de construire un site internet, dont l’idée de départ serait qu’il soit une sorte de portfolio de mon travail de photographe, je regardais ce que les collègues photographes avaient produit dans le genre et je dois dire que j’étais passablement déçu d’y trouver surreprésentée la forme dite de navigation par onglets - qui, dans son principe, continue d’être majoritaire - à savoir un onglet pour les travaux récents, un onglet pour les travaux les plus anciens, un onglet pour les expositions, un onglet pour la biographie, un onglet pour la bibliographie et un autre encore pour les coupures de presse. Et les quelques onglets de biographies que je consultais me donnaient une impression opaque d’ennui, peut-on vraiment s’intéresser à la liste des expositions de son prochain depuis qu’il ou elle est toute petite ? Et est-ce que cela ne relève pas plutôt du Curriculum Vitae ? Et qui peut trouver son content dans la lecture d’un C.V. ? En soi on ne sera pas surpris d’apprendre que la forme du site Désordre est une manière de réaction épidermique, un peu outrée, c’est vrai, au principe même de la biographie.

    À vrai dire ce que je devrais me contenter de répondre quand on me demande une biographie, c’est de répondre non, et plus poliment, que je n’en ai pas. Je pourrais même mentir et exagérer un peu, répondre à la personne qui me la demande que j’ai mené une existence à la fois ennuyeuse et vide et qu’il est impossible de lui donner le moindre relief rétrospectif, expliquer que, par ailleurs, je passe le plus clair de mon temps dans un open space ou dans les salles d’attente des différents intervenants thérapeutiques de mes enfants, ce ne serait pas mentir ni exagérer tant que cela. Et même quand je tente ce genre de réponses, vous seriez étonnés et étonnées de l’incompréhension de la personne demanderesse et de son incapacité à se contenter d’une telle réponse.

    Alors que me reste-t-il à faire ? Ce que je fais un peu tout le temps. Écrire ce qui me passe par la tête sur le sujet demandé. Je vous montre ce que cela donne :

    Philippe De Jonckheere (1964 - 2064)

    1944 Mon père voit passer un V1 dans le ciel à Lille
    1951 Robert Frank prend une fillette en photo à Paris. Ce sera ma mère
    Né le 1964ème anniversaire du massacre des innocents
    1986-91 Arts Déco et études à Chicago
    1990 Assistant de Robert Heineken, des miracles tous les jours
    1991 Retour, ça va mal
    1993 Mort de mon frère A.
    1991 Mai de la Photo à Reims, seule exposition d’envergure, censurée. Ça foire, toujours 1995-98 Exil à Portsmouth
    1999 Naissance de Madeleine
    2000 Désordre.net. Ça foire, m’entête
    2004 Naissance d’Adèle, Nathan diagnostiqué autiste et Papa opéré du cœur, le même jour
    2009 Manière de Voir : Internet, révolution culturelle
    2012 Robert Frank, dans les lignes de sa main
    2013 Rien
    2014 Rien
    2015 Frôle la catastrophe le 13 novembre. Apnées (PDJ, D. Pifarély, M. Rabbia)
    2016 Pas grand-chose
    2017 Une Fuite en Égypte
    2018 Raffut
    2019 Le Rapport sexuel existe
    2020 Élever des chèvres en open space
    2021 Frôlé par un V1
    2022 Les Anguilles les mains mouillées
    2024 Sur les genoux de Céline
    2025 - 2064 : étudie la contrebasse et rejoins la ZAD de la Cèze
    2064 Suicide.

    Vous aurez compris que c’est une version courte parce que naturellement mon premier jet était infiniment plus long et on m’a tout de suite fait comprendre que cela dépassait généralement les limites du genre. Ce que je n’ai pas toujours bien compris surtout quand la finalité c’était internet, médium pour lequel je ne comprends pas bien la notion de limite d’espace. En revanche pour ce qui est d’un imprimé, je peux comprendre qu’effectivement mon premier jet, un peu au-delà de 3000 signes, est excessif, je veux bien en rabattre un peu et d’ailleurs je trouve un certain plaisir dans cet exercice de sculpture textuelle presque, à savoir retirer des pans entiers de son existence, tel projet d’envergure mais dont je ne suis plus si fier, telle manifestation dont je pense que nous devions être dix ou vingt dans la salle pour le vernissage, et puis ensuite raboter et poncer les phrases une à une, tenter de gagner quelques misérables signes par ci par là - c’est d’ailleurs en travaillant à ce ponçage que je m’aperçois que Sur Les Genoux de Céline est, en fait, un bien meilleur titre que La Petite Fille qui sautait sur les genoux de Céline. Comme quoi, je suis nettement plus arrangeant qu’on ne croit et je ne néglige aucune piste.

    Des fois, quand on me demande de raccourcir, j’ai tellement le sentiment qu’on me demande de maigrir en somme, que je ne garde que ce qu’il y a de plus léger, c’est-à-dire la partie pour ainsi dire fictionnelle de ma biographie, dans laquelle tout est vrai, même les bouts qui sont inventés.

    Philippe De Jonckheere (1964 - 2064)

    1944 Mon père voit passer un V1 dans le ciel à Lille
    1951 Robert Frank prend une fillette en photo à Paris. Ce sera ma mère
    Né le 1964ème anniversaire du massacre des innocents
    1964 - 2012 pas grand-chose
    2013 Rien
    2014 Rien
    2015 Frôle la catastrophe le 13 novembre. Apnées (PDJ, D. Pifarély, M. Rabbia)
    2016 Pas grand-chose
    2017 Une Fuite en Égypte
    2018 Raffut
    2019 Le Rapport sexuel existe
    2020 Élever des chèvres en open space
    2021 Frôlé par un V1
    2022 Les Anguilles les mains mouillées
    2024 Sur Les Genoux de Céline
    2025 - 2064 : étudie la contrebasse et rejoins la ZAD de la Cèze
    2064 Suicide.

    Et parfois, même après de tels efforts, louables, de prendre moins de place, on trouve encore à redire, alors là, autant vous le dire tout de suite, je fais ma mauvaise tête et j’envoie la biographie définitive suivante :

    Philippe De Jonckheere (1964 - 2064)

    Et pour tout vous dire, c’est arrivé une fois, qu’on me cherche vraiment, à force d’insistance, j’ai fini par envoyer n’importe quoi, mon CV d’informaticien. Tête de la personne qui avait trop insisté (et qui ignorait, par ailleurs, que j’étais informaticien).

    Je n’ai aucune raison de me fâcher avec la dernière personne qui me demande ma biographie et qui est un peu embêtée avec mon premier, puis mon deuxième, envois, j’aime beaucoup cette personne et je lui dois beaucoup. De plus cette biographie doit rejoindre celle d’autres auteurs et auteures auxquelles a été demandée une participation textuelle à un très remarquable catalogue d’œuvres, contemporaines pour la plupart, la commande était passionnante, très libre, les conditions de rémunération à la fois généreuses et expéditives, je pense que c’est la première fois et sans doute la dernière que je sois payé AVANT le Bon-À-Tirer, autant vous dire mon embarras avec cette question de la biographie. D’autant que j’aimerais tellement contenter cette amie.

    Je tente de faire valoir que de reprendre une telle biographie ce serait comme de tenter de re-vivre une autre vie, que les items présents dans cette biographie appartiennent à un passé qui ne peut plus être altéré et croyez bien que pour certaines choses j’aimerais pouvoir changer le cours de certaines périodes de mon existence (et que me soit, par exemple, épargné les grandes douleurs de l’année 1993, si c’était si facile, aussi facile que la suppression d’une ligne dans une biographie), mais je vois bien que cet argument porte peu, on me soupçonne, peut-être pas à tort, d’avoir donné, par endroits, dans la fiction. Touché !

    Inventer du tout au tout - Il y a peu, dans un autre texte, Frôlé par un V1, dans lequel, pour les besoins de la narration, j’avais besoin de me composer une fausse biographie, j’avais écrit ceci :

    Philippe De Jonckheere, né en 1965 à Paris, de parents enseignants et syndica-listes, une enfance heureuse à Loos dans le Nord, puis une adolescence tumultueuse et accidentée à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), marquée par la toxicomanie. Après plusieurs cures de désintoxication, il reprend des études notamment au Lycée Autogéré de Paris et entre in extremis aux Arts Déco de Strasbourg en 1987 - bon dernier de sa promotion -, études qu’il abandonne vite, en 1988, pour partir en Allemagne fédérale, à Berlin, en grande partie pour fuir le service militaire et tenter de profiter des derniers soubresauts de l’école berlinoise de peinture, qu’en bon petit punk de banlieue il ido-lâtre. Il rencontre brièvement Nina Hagen qui l’encourage à rendre encore plus mau-vaise sa bad painting, qui ne s’encombrait déjà pas beaucoup d’élégance. La chute du mur de Berlin en 1989 le chasse, plus exactement l’ambiance de la ville devenue délétère, notamment ses loyers de plus en plus occidentaux, et il suit sa petite amie d’alors, une Allemande, Bettina, qui part chercher à Amsterdam une vie dans les marges, comparable à celle qui était la leur à Berlin. À Amsterdam, il s’intéresse de nouveau à la peinture, mais d’un point de vue historique, notamment, à la peinture flamande, mais surtout à Rembrandt (1606 - 1669) sur les autoportraits duquel il travaille, produisant notamment une très longue vidéo dans laquelle s’enchainent, en fondus très lents, les autoportraits de Rembrandt, donnant à voir, avec lenteur donc, le vieillissement du peintre. Avec l’arrivée du numérique dès le début des années nonante il propose une version programmatique de ce vieillissement, l’œuvre étant désormais ralentie à la vitesse réelle du vieillissement, le passage d’une image à l’autre, d’un autoportrait à l’autre, se faisant en autant de temps qu’il faut pour passer d’une date d’un autoportrait à l’autre. L’œuvre connait un retentissement singulier parce qu’elle est achetée par un collectionneur de renom à Los Angeles. Là où une voie toute tracée de plasticien s’ouvrait à lui, il décide de tourner le dos à cette célébrité qu’il juge à la fois frelatée et stérile - quel caractère ! - et de se consacrer désormais à des formes narratives dont la génération est partiellement conduite par des effets de programmation, reposant beaucoup sur le hasard - il prédéfinit des récits types et les organise en arborescences complexes au carrefour desquelles le hasard intervient de façon invisible. C’est une œuvre mal comprise, adulée par quelques fanatiques, notamment pour les traces qu’il existe de cette œuvre sur son site internet, Désordre, et qui lui valent, malgré tout - notamment le mauvais caractère -, de temps en temps de participer à des colloques à propos des nouvelles formes d’écriture, situation qu’il vit d’autant plus en imposture qu’il a désormais choisi de figer certains de ces récits numériquement générés et de les faire publier - chez Inculte -, citons Une fuite en Égypte, dont il reste des traces de code - les fameux points-virgules - et Raffut, qui est au contraire un récit dont la trame est avérée mais dont l’écriture a été confiée à un programme d’intelligence artificielle à partir de la déclaration de police qui figure en toutes lettres dans le texte. On perd sa trace en 2025, date à laquelle il semble rejoindre la résistance zadiste de la vallée de la Cèze dans les Cévennes. Sa date de décès est inconnue.

    Mais, en fait, qu’est-ce qui peut bien m’empêcher de composer une vraie biographie - Ne se-rait-ce que pour contenter cette amie que je suis peut-être en train de tourmenter inutilement, pensée qui m’est intolérable. Je pourrais indiquer que je suis né en 1964, que j’ai étudié aux Arts Déco puis à l’École de l’Art Institute de Chicago, que j’ai été l’assistant de Robert Heinecken et l’élève de Barbara Crane et qu’à partir de là tout a capoté et que je me suis retrouvé assis sur un siège à cinq roulettes dans un open space, que j’ai tenté de m’en sortir en construisant un œuvre sur Internet qui porte le nom de Désordre, qu’en dépit d’espoirs fous et d’un travail acharné, cela ne m’a pas libéré du siège à cinq roulettes, que j’ai écrit deux romans dont le dernier vient de sortir et on s’en tient à cela. En somme c’est un ratage - primo-romancier à 52 ans -, et je me demande si un peu d’orgueil n’est pas précisément ce qui me retient d’envoyer une véritable biographie, dans un fichier texte correctement calibré, à mon amie.

    Mais en fait non, ce n’est pas cela, c’est le caractère insignifiant d’une telle existence qui me retient, et finalement pas seulement de la mienne, de toutes nos existences, toutes insignifiantes, alors que je suis au contraire admiratif de nos réalisations qui elles ne sont pas insignifiantes, tant s’en faut. Et qu’il me semble justement qu’il y a là un enjeu d’émancipation. Il y a encore une dizaine d’années et un peu au-delà, j’étais, de temps en temps, invité à participer à des conférences à propos d’Internet, je disqualifiais souvent la chose en parlant de tables-rondes-derrière-une-table-rectangulaire, débats dans lesquels je tenais souvent le mauvais rôle, celui de l’envahisseur, du méchant internet qui allait faire mettre la clef sous la porte à toutes les maisons d’édition du royaume, et invariablement la question qu’on me posait systématiquement c’était de savoir quel était mon modèle économique ? Mon esprit d’escalier m’a souvent empêché de trouver la bonne réponse à cette question cocasse, à l’exception d’une fois où j’ai répondu, tandis que je partageais l’estrade avec deux éditeurs, que je répondrais à cette question, si et seulement si, les éditeurs répondaient à la question de savoir quel était leur modèle politique ? Tête des éditeurs.

    Avec l’âge, réalisant le caractère à la fois futile et passager d’une existence, la mienne, et celles de celles et ceux qui m’entourent d’une façon ou l’autre, je trouve de plus en plus dérisoire la question de la biographie, pour ne pas dire obscène et adverse, quand, au contraire, je trouve une beauté sans bords à nos inventions, nos œuvres et nos tentatives de modes de vie. Acculé, je me défends avec mes armes : la fiction.

    Inventons nos biographies à l’image de nos œuvres et de nos vies.

    #pendant_qu’il_est_trop_tard

  • Mathieu m’appelle, Inculte poursuivi en justice
    Par le syndicat des correcteurs payés à la virgule
    Et donc pas très contents d’Une Fuite en Égypte

    Je me pousse du col certainement
    Mais j’ai souvenir de Perec dans La Boutique obscure
    Qui cauchemarde d’un retour des e dans La Disparition

    Je pars en open space
    Avec le tapuscrit de Raffut
    Sous le bras. Ce n’est pas sérieux

    C’est tellement plus fluide
    Depuis les corrections de Mathieu
    Peine parfois à croire que c’est moi qui écris

    Au fur et à mesure de la relecture
    Je note des idées d’images
    Dans les marges

    Photographie de salle d’attente aux urgences
    Maison aux avions d’Arthur Vanabelle
    Mégots d’Irving Penn (on peut rêver !)

    Sushis en rayogrammes
    Plateaux-repas de Robert Heinecken
    Jouets épars dans salle d’attente orthophonie

    Jeu labyrinthe
    Anneau d’esclave
    Photographie du tribunal

    Photographies de Lynne Cohen
    Chemin d’accès au périphérique à Auteuil
    Parking à mon travail

    Plats de spaghetti façon Yves Trémorin
    Autoportrait filtre tournoyant
    Portraits de Martin

    Au BDP, je peine un peu sur Frôlé
    Depuis quelques temps le BDP
    N’est plus favorable à ma concentration

    Chez Psy
    Je bafouille
    Je raconte mal un rêve

    Et j’en viens à parler de mes filles
    Que j’aime tant et que peut-être
    J’étouffe ou peut-être je lance avec force dans la vie

    C’est le retour
    Du père anarchiste
    Et de la mère juive : moi. Ego

    L’après-midi mes collègues me prennent en pitié
    Je viens de leur expliquer que je devais rendre
    Mon manuscrit avant les douze coups de minuit

    Je passe prendre Émile chez l’orthophoniste
    Elle me réexplique ses recommandations
    Pour faciliter la lecture des dyslexiques

    En fin d’après-midi, mes enfants me prennent en pitié
    Je viens de leur expliquer que je devais rendre
    Mon manuscrit avant les douze coups de minuit

    Papa travaille
    Zoé cuisine
    Émile grommelle

    Après le repas
    Des spaghetti pour les photographier
    Je retourne travailler

    Je boucle texte
    Je boucle recommandations
    Je boucle images

    Il est tard
    Mais je m’octroie une pause
    L’Amérique dans le viseur de Laura Israel

    Etonnant film qui épouse son sujet
    Un film sur Robert Frank
    Avec et par Robert Frank, à la Robert Frank

    Les Américains remis à une plus juste place
    Au regard du reste, en fait pléthorique
    De l’œuvre, notamment cinéma, notamment collages

    #mon_oiseau_bleu

  • Catastrophe industrielle
    Dans le monde du modélisme
    Une maquette Tamiya est fausse

    Je suis devenu écrivain public
    Je dispose d’un petit bureau à la mairie
    On me commande des haïkus érotiques

    C’est ennuyeux
    C’est désastreux
    D’être amoureux

    Ecris-je
    Pour un amoureux
    Éconduit

    Je déjeune avec ma belle Sarah
    Je pense à laisser des tickets à Zoé
    Je téléphone à Émile

    J’ai deux amis
    Qui écrivent au milieu de la nuit
    J’ai une amie qui n’écrit plus

    Dans les ténèbres de l’open space
    Je reprends mon anguille de ce matin
    Je peine à lui donner de l’épaisseur

    Cette histoire de modélisme
    Cette histoire d’échelle au 1/32ème
    Cette histoire d’ingénieurs informaticiens

    Je fais prendre l’air
    A mon tapuscrit
    Je travaille en terrasse

    Passe une personne
    Prosopagnosique
    De ma connaissance

    Je fais une liste de sosies
    A la fin de Frôlé par un V1
    Handke, Topor, Heinecken, Guyotat

    Et j’allais ajouter à cette liste
    De sosies, par jeu
    Hélène Gaudy, qui arrive au BDP

    Chouette café avec Hélène
    Et son compagnon prosopagnosique
    On parle de leur lutte en cours

    De Corps et âme, eux aussi émus
    Mais l’autisme avait échappé
    À la lecture de Xavier

    Je leur parle du combat pour Émile
    De mes erreurs, Xavier va fumer
    On parle un peu boutique avec Hélène

    Tout juste le temps de filer
    Chez psy
    Et donc mon rêve de modélisme

    Auquel je ne parvenais
    Pas à donner d’épaisseur
    Disais-je

    En deux ou trois questions
    Psy remet Ego sur la piste
    Toute ma vie au 1/32ème

    C’est comme si toute ma vie
    Avait été maquettée
    Pour tenir dans ce petit rêve

    Psy : «  - en regardant le visage des femmes
    Dans le métropolitain, vous arrive-t-il
    De bâtir des fictions ? Ego : - c’est mon métier non ? »

    Ego : « - et vous savez cela m’arrive aussi
    D’en construire avec le visage des hommes
    Surtout ceux que je présume réfugiés »

    « Ces hommes et ces femmes
    Qui ont tant traversé
    Ont tellement plus de valeur que moi »

    Psy : « - Que vous ?
    Ego : - Que nous ?
    Psy : - Que nous ! »

    Psy : «  Et dans ce rêve de modélisme
    Etiez-vous jaloux que ce soit vos collègues
    Qui aient découvert le défaut ? »

    Ego : « - j’étais catastrophé
    Psy : - catastrophé
    Ego : - le défaut c’était moi ! »

    Psy : « - vous ?
    Ego : - non, mon père
    Psy : - Pas vous ? Votre père ? »

    Ego : « - c’est lui l’ingénieur
    Psy : - mais vous aussi êtes ingénieur
    Ego : - c’est vrai je l’oublie toujours »

    Psy : « - c’est vrai vous n’êtes pas ingénieur ?
    Ego : - non c’est un immense mensonge
    Psy : - c’est surtout que vous êtes écrivain »

    Ego : - oui, un menteur
    Psy : - vous préférez ingénieur ?
    Ego : - non je préfère menteur « 
    Psy : » - ce n’est pas moins de compétence
    Ego : - oui, cela demande aussi d’être
    Comptable. Je suis un auteur-comptable « 

    Psy : - nous allons peut-être…
    Ego : - nous arrêter là-dessus ?
    Psy : - oui !

    Après cela reprendre calmement
    Le métropolitain
    Retour en open space comme si de rien

    Par bonheur, j’ai un collègue
    Qui sait ne pas trop me demander
    Les c’est-mardis-c’est-psy

    Ma nouvelle cheffe appelle » Tes mails me font rire « , dit-elle » Cela ne va pas durer ", dis-je pour rassurer

    J’ai cinq jours devant moi
    Pour refaire le monde
    Commençons par un peu de ménage

    Tarte salée courgettes gorgonzola
    Tomates feta basilic
    Tarte aux pommes (je sais, deux tartes)

    Pieds de plomb
    Je ressors
    Réunion de parents d’élèves

    Echanges constructifs
    Pendant deux heures
    Puis fléchissement

    Cas personnels
    Attentes démesurées
    Implication personnelle déclinante

    Je rentre tard
    Dans une maison silencieuse
    J’avale mon propre bruit

    #mon_oiseau_bleu

  • Un balai tombe dans l’escalier du garage
    Et déclenche une suite curieuse
    Notamment une excursion en montagne entre urophiles

    Dimanche matin
    Café free jazz écrire
    On devrait toujours être dimanche

    La liste des morts
    Dans Fantômes
    Est encore longue

    François Morellet, Martin Gray, Guy Hamilton
    Ronit Elkabetz, Imre Kertèsz, Jim Harrison
    Johan Cruyff, oui, un manchot, fameux

    À la fin de Fantômes dans le fichier
    Les noms des morts que je dois encore évoquer
    Tels un réservoir de récits et de fictions

    Keith Emerson, Nana Vasconcelos, George Martin
    Raymond Samuel Tomlinson, Nancy Reagan,
    François Dupeyron, Umberto Eco, Jacques Rivette

    Ludovic Janvier, Ettore Scola, Glenn Frey
    David Bowie, Pierre Boulez, Paul Bley
    Vilmos Zsigmond, André Turcat, Michel Galabru

    Michel Galabru,
    Michel Delpech
    David Douche

    Et quand je gomme un nom de cette liste
    Après avoir écrit le paragraphe le concernant
    J’ai le sentiment d’une suppression terrible

    Je fais une pause pour aller au marché
    Je me garde Nana Vasconcelos
    Pour m’y remettre, en écoutant la Serpillère

    La wassingue de Vasconcelos
    Nancy Reagan me redonne des bribes
    De Robert Heinecken (1930-2005)

    Dupeyron me ramène dans le Bronx
    Umberto Eco à Chicago
    Éric Chevillard devient un tueur en série

    http://www.desordre.net/musique/jarrett_you_dont_know_what_love_is.mp3

    Moment ataraxique
    Plier le linge
    En écoutant Jarrett au Blue Note

    Après
    J’arrête
    Jarrett

    Salade de haricots plats et œufs
    Tomates-cerises mozzarelle
    Courgettes crues à la menthe

    Haïkus
    De salades !
    Annonce-je

    Émile revient avec une coupe de manchots
    Les filles protestent contre mes préjugés
    Même les All Blacks ont ce genre de coupe : on rit

    Mes filles aiment bien
    Quand je leur parle de rugby
    Ça les fait rire (ce sont de drôles de filles)

    Une partie d’échecs longtemps
    Tendue entre Emile et moi
    Et soudain, un déluge d’échanges

    Je pense y avoir gagné un pion
    Emile me crucifie d’une fourchette
    Sa pointe est remarquable, j’abaisse mon roi

    Il monte se coucher
    C’est quoi déjà mon code pin
    Joueur d’échecs avec mémoire atrophiée

    J’hésite un peu à regarder
    La fin de Ma Mère
    Pas envie de faire des cauchemars

    #mon_oiseau_bleu

  • Tôt ce matin
    Lumière sombre
    Sur la table du petit déjeuner

    Tôt ce matin
    La fenêtre de la cuisine
    Ouverte sur l’air frais et humide

    Tôt ce matin
    La grisaille dehors
    Mon jardin est tout vert

    Tôt ce matin
    Lumière grise
    Sur l’ open space désert

    Quel con ! j’ai bien noté mon rêve
    Mais je ne revois mon analyste
    Qu’en septembre. Perte d’actualité du rêve

    J’ai rêvé de Bart Parker cette nuit
    J’ai rêvé de sa barbe
    Et de sa voiture de sport

    J’ai rêvé d’un virage qu’il a pris
    À toute berzingue tout en m’expliquant
    Un truc qu’il venait de trouver dans le labo

    J’ai rêvé du homard
    Qu’il m’avait offert
    Mon premier homard

    J’ai rêvé d’une pince de homard
    Posée sur la tombe de Lovecraft
    Et de l’étreinte de Bart, au revoir

    J’ai rêvé de lire son
    A Close Brush With Reality
    Et ce matin je ne retrouve pas ce livre

    J’ai rêvé qu’il m’apportait un café
    Pour me réveiller de mon sac de couchage
    En travers du banc de repro

    J’ai rêvé qu’il mettait sous presse
    Mes tirages de la nuit
    Pendant que je buvais son mauvais café

    J’ai rêvé qu’il ramassait la spire
    Que j’avais jetée à terre de colère
    You should fix it anyway

    Ce jour-là
    J’en ai compris
    Des choses !

    J’ai rêvé de la quantité
    Astronomique de ketchup
    Qu’il a versée sur nos frites

    Et son air contrit
    Quand je lui ai dit
    Que je n’aimais pas le ketchup

    Et son empressement
    À sauvegarder toutes les frites
    Du fond du plat, indemnes

    J’ai rêvé que nous étions dos-à-dos
    Sur Monroe avenue à Chicago
    Photographiant les commuters

    J’ai rêvé que j’emmenais Bart
    Photographier la démolition
    D’un pâté de maison sur Grant Avenue

    J’ai rêvé aux premières photographies
    Que j’ai vues de Robert Heinecken
    Que Bart me montrait dans l’Illinois Center

    J’ai rêvé que Bart regardait les étoiles
    Du toit ouvert de sa voiture de sport
    Tout en conduisant à toute berzingue

    J’ai aimé cuisiner
    Des cailles aux raisins
    Pour Bart et Rita

    J’ai aimé la distinction admirable
    De Bart quand il a ôté son chapeau
    Quand je lui présentais mes parents

    J’aimais les gestes très vifs
    Et très précis de Bart
    Notamment avec son couteau

    J’ai aimé comme cet homme
    Incarnait à lui seul
    Tout ce que j’aime dans la photographie

    J’ai aimé, par-dessus tout,
    La nuit que nous avons passée
    De concert dans le labo

    Cette nuit-là
    J’en ai appris
    Des choses !

    Il paraît que
    Bart Parker est mort
    Je n’en crois rien

    Elevate
    Your sexual stamina
    & performance

    Trois secrets
    Pour mincir sans sport,
    Sans régime, sans effort

    Sex only
    On special dates ?
    Buy Cialis Soft ! Enjoy life.

    Pénibilité :
    Edouard Philippe
    Donne satisfaction au patronat

    Des « évolutions »
    Saluées
    Par le Medef

    Le mot « pénibilité »,
    Qui heurtait les organisations d’employeurs,
    Est donc rayé d’un trait de plume.

    « Une visite médicale de fin de carrière
    Permettra à ces personnes de faire valoir leurs droits »
    (Pendant qu’il est trop tard)

    Explique-t-on à Matignon.
    Prends ton explique-t-on à Matignon tout mignon
    Et fous-toi le au cul

    Sans surprise, le Medef considère
    Que les options proposées par l’exécutif
    « Fonctionnent, même si ce n’est pas exactement ce que nous voulions ».

    En ne faisant partir
    Que les malades,
    On confond pénibilité et incapacité.

    La sixième extinction
    De masse des animaux
    S’accélère

    Des experts révèlent
    Des lacunes dans la sûreté
    Du stockage radioactif de Bure

    Deux ouvriers portugais échangent vivement
    À propos de a conduite de leur chantier
    Ils parlent à une de ces vitesses !

    Chantiers que j’emmène dans les Cévennes
    Version courte d’ Une Fuite en Égypte
    Relire Élever des chèvres en open space à l’envers

    Je relis toujours une dernière fois
    Depuis la fin. Comme l’explique
    Javier Cercas dans L’Imposteur

    Chantiers qui m’attendent dans les Cévennes
    Repeindre toutes les huisseries
    Réparer le sous-plafond au-dessus du poêle

    Dans deux jours je bois mon café
    Devant le Mont-Lozère, ou aux Vans
    Ou à la Cézarenque, dans un mois, en Arles

    Repensant à ces décès que j’apprends
    Avec des années de retard
    Ces lantences rendent ces disparus immortels

    Ces immortels, Ray, Bart, Frank
    Etaient vivants dans mon esprit
    Des années après leur mort

    Lu sur les murs de la ville
    Finalement le Paradis
    Était fiscal

    Quand tu lances par erreur
    Une recherche sur Bart Parker
    Dans l’annuaire de la Très Grande Entreprise

    Comme elle va faire du bien
    La déconnexion annuelle
    D’un mois dans les Cévennes !

    Plus de 300.000 personnes
    Touchées par l’épidémie
    De choléra au Yemen

    Health and strength of a real man.
    Try our brand new Viagra Capsules.

    Me recommande Paul

    Here’s the dirty little secret
    About blood pressure

    Me conseille John

    Et puis arrive l’heure
    Où tu te lèves, libre
    Pendant un mois

    Et puis arrivera le jour
    Où tu te lèveras, libre
    Jusqu’à la mort

    Les vacances
    Avant
    La mort

    À peine en vacances
    Une montagne de corvées
    T’attend, linge, valises, etc…

    Tu confies l’arrosage de ton jardin
    À une voisine que tu connais mal
    Elle te confie des choses douloureuses

    Cette voisine, il y a 14 ans
    T’avait inspiré un peu
    Du personnage de Suzanne

    Tout à la conversation, elle te demande
    Ce que tu fais dans la vie, tu réponds
    Informaticien et que tu écris aussi

    Qu’est-ce que vous écrivez ?
    Je suis une grande lectrice
    Tu lui offres Une Fuite en Egypte

    Tu réalises après-coup
    Qu’elle ignorera tout
    De sa ressemblance avec Suzanne

    Tes consignes données
    Vous ressortez dans la rue
    Salués par son mari qui rentre

    À quoi bon écrire
    Des romans quand il suffit
    De décrire le plat de spaghetti ?

    Riz frit
    Courgette, poivrons
    Noix de cajou

    Deux belles parties d’échecs
    Avec Émile qui gagne la première
    Tandis que je gagne la seconde

    Demain
    C’est promis
    Je l’oublie

    Bart Parker en rêves
    Suzanne souffre
    Sauvegarde et déconnexion

    #mon_oiseau_bleu

  • J’ai rêvé de Bart Parker cette nuit
    J’ai rêvé de sa barbe
    Et de sa voiture de sport

    J’ai rêvé d’un virage qu’il a pris
    À toute berzingue tout en m’expliquant
    Un truc qu’il venait de trouver dans le labo

    J’ai rêvé du homard
    Qu’il m’avait offert
    Mon premier homard

    J’ai rêvé d’une pince de homard
    Posée sur la tombe de Lovecraft
    Et de l’étreinte de Bart, au revoir

    J’ai rêvé de lire son
    A Close Brush With Reality
    Et ce matin je ne retrouve pas ce livre

    J’ai rêvé qu’il m’apportait un café
    Pour me réveiller de mon sac de couchage
    En travers du banc de repro

    J’ai rêvé qu’il mettait sous presse
    Mes tirages de la nuit
    Pendant que je buvais son mauvais café

    J’ai rêvé qu’il ramassait la spire
    Que j’avais jetée à terre de colère
    You should fix it anyway

    Ce jour-là
    J’en ai compris
    Des choses !

    J’ai rêvé de la quantité
    Astronomique de ketchup
    Qu’il a versée sur nos frites

    Et son air contrit
    Quand je lui ai dit
    Que je n’aimais pas le ketchup

    Et son empressement
    À sauvegarder toutes les frites
    Du fond du plat, indemnes

    J’ai rêvé que nous étions dos-à-dos
    Sur Monroe avenue à Chicago
    Photographiant les commuters

    J’ai rêvé que j’emmenais Bart
    Photographier la démolition
    D’un pâté de maison sur Grant Avenue

    J’ai rêvé aux premières photographies
    Que j’ai vues de Robert Heinecken
    Que Bart me montrait dans l’Illinois Center

    J’ai rêvé que Bart regardait les étoiles
    Du toit ouvert de la voiture de sport
    Tout en conduisant à toute berzingue

    J’ai aimé cuisiner
    Des cailles aux raisins
    Pour Bart et Rita

    J’ai aimé la distinction admirable
    De Bart quand il a ôté son chapeau
    Quand je lui présentais mes parents



    J’aimais les gestes très vifs
    Et très précis de Bart
    Notamment avec son couteau

    J’ai aimé comme cet homme
    Incarnait à lui seul
    Tout ce que j’aime dans la photographie

    J’ai aimé, par-dessus tout,
    La nuit que nous avons passée
    De concert dans le labo

    Cette nuit-là
    J’en ai appris
    Des choses !

    Il paraît que
    Bart Parker est mort
    Je n’en crois rien

    Hommage à Bart Parker, à qui je dois tant.

    #bart_parker

  • Nuit sans rêves
    Le chuintement de la pluie
    C’est tout

    Orage du matin
    Chagrin
    Elle l’écoute aussi

    Avec
    Trois-quatre secondes
    D’écart

    Boner boosting
    Tablets
    On-line

    La Corée du Nord
    Cherche à s’inspirer
    Du tourisme de masse espagnol

    En partance avec Sarah
    Affronter les premiers pas
    De sa vie d’adulte, à Paris XIII

    Déluge, embouteillage, pollution
    Dangers divers, stress, attentes
    Et pourtant un moment fondateur

    Je me perds, comme chaque fois
    Dans le cul-de-sac de l’Île Saint-Denis
    Un jour je saurais les raisons de cet aimant

    Voilà ta maison pour les prochaines années
    Sarah devient toute pâle
    Non, tu verras, de belles années, vraiment

    Le trajet du retour est perclus d’autres bouchons
    J’écoute Adèle Van Reeth deviser sur le doute cartésien
    Je suis tellement heureux dans cet embouteillage

    Déjeuner avec de jeunes collègues
    Leurs plateaux-repas regorgent.
    Tellement peu de vitamines

    Le campement de migrants
    Évacué vendredi à Paris
    Commence à se reformer

    Est-il possible que mon café
    De la pause méridienne au BDM
    Me manque demain dans les Cévennes ?

    Quand tu découvres sur Internet
    Que Diane Arbus et ton frère
    Se sont tous les deux tués un 26 juillet

    Les proches de Diane Arbus et toi
    Avez donc en commun
    De pleurer tous les 26 juillet

    Je croque dans un abricot mûr
    Demain je te mangerai sur l’arbre
    Mais d’ici là une dernière journée d’ open space

    Les musiques que je ne voulais plus écouter
    Parce qu’elles me la rappeleraient de trop
    Se mélangent avec celles écoutées pour guérir

    Installez
    Une fontaine à eau
    Dans vos locaux

    Diane Arbus enseignait à RISD
    Un étudiant japonais enregistrait ses cours
    Pour tenter de les comprendre le soir chez lui

    Bart Parker avait un étudiant français à SAIC
    Qui ne comprenait pas un mot de ses cours
    Et s’endormait, épuisé de n’y rien comprendre

    Et donc Internet m’apprend aussi, quatre ans plus tard
    Que mon cher cher professeur adoré
    Bart Parker est parti rejoindre son pote Heinecken

    Je déteste
    Le mois
    De juillet

    Life work
    is drudgery
    unless done artfully

    Sometimes what you accomplish
    you then have to live up to,
    so be careful

    Frequently, you don’t really know
    what’s going on in your head
    – you have to picture it

    La dernière fois que j’ai vu Bart
    Il m’a dit au revoir en français
    Et il est parti en courant

    Nous nous sommes quittés
    Comme ça, dans le cimetière de Providence
    Devant la tombe de H.P. Lovecraft

    Sur la tombe de Lovecraft
    Les visiteurs déposent souvent
    De petits objets étranges

    Sur la tombe de Bart
    Je voudrais déposer
    Une belle histoire

    À je ne sais quelle convention de photographes
    Bart Parker et Robert Heinecken
    Avaient bu plus que de raison

    Rentrés tard bras dessus bras dessous
    Arrivés à leur étage sortant de l’ascenseur
    Ils découvrent les zigzags de la moquette très 70s

    Ils sont évidemment
    Trop saouls
    Pour se risquer sur pareil motif

    Robert Heinecken redescend à la réception
    Exiger le remplacement sine die
    De la moquette trop sinueuse

    Robert Heinecken et Bart Parker
    M’ont tous les deux raconté
    La même histoire

    Sauf que quand Robert me l’a racontée
    C’était Bart qui était allé
    Se plaindre à la réception

    Saint Pierre a dû piquer une crise de nerfs
    Quand ces deux-là sont arrivés
    À ses portes

    Je battais Bart
    À la boule
    Huit

    Robert
    Me battait
    À la boule neuf

    Je nageais plus vite que Robert
    Qui nageait plus vite
    Que Bart

    Mais ni Robert
    Ni moi n’aurions risqué
    De conduire aussi vite que Bart

    " L’homme vit dans une chambre d’écho visuel
    Depuis 1839 "

    Bart Parker

    Je vais me déconnecter
    D’Internet de peur
    De tuer encore quelqu’un

    Get that career
    You have always dreamed of...

    Gardien d’écluse ?

    Spaghetti au pesto
    Sale de tomates
    Tarte aux abricots

    Pignons de pin
    Fromage de feta
    Amandes

    Rue du Ruisseau, parc des Carrières, rue des Belles Vues
    Rue du Cheval-Rû, rue des Émeris, puis retour
    Rue de Neuilly, rue de Rosny et rue Charles Bassée

    Sarah
    Eden
    Yuma

    Sarah à Paris XIII, confiture de circulation
    Adèle Van Reeth et le doute cartésien, bouchons
    Bart Parker & Robert Heinecken à la réception

    #mon_oiseau_bleu

  • On m’aurait dit en février 1988 quand j’y habitais que le mur de Berlin tomberait l’hiver suivant ( http://www.desordre.net/photographie/berlin et http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine/pele-meles/022.htm )

    On m’aurait dit un jour que j’aurais cinquante ans. (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine )

    On m’aurait en 1989, quand je vivais à Chicago, qu’un jour le Président des Etats-Unis serait noir. ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine/pele-meles/045.htm )

    On m’aurait dit un jour que j’aurais cinq enfants (3+2). ( http://www.desordre.net/bloc/vie/reprise/avalanche.htm )

    On m’aurait dit, quand j’étais au lycée qu’un jour je travaillerais en République tchèque. ( http://www.desordre.net/textes/nouvelles/quoi_maintenant )

    On m’aurait dit un jour, en 1986, quand je suis rentré aux Arts Déco, que je serai informaticien plus tard ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/textes/extraits/chevres001.htm )

    On m’aurait dit un jour que je devrais me souvenir d’où se trouvent tous mes bulletins de salaire pour songer à la retraite.

    On m’aurait dit un jour qu’un jeune homme me laisserait poliment sa place assise dans le métropolitain

    On m’aurait un jour, le jour où j’ai contemplé tout Manhattan depuis les fenêtres de la cafétaria du World Trade Center, au dernier étage, en plein soleil couchant, que quinze ans plus tard c’est comme si je vivais en plein ciel plein ciel. ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine/pele-meles/037.htm )

    On m’aurait dit en 1987, alors que je voyais ma première connexion internet entre les Arts Déco et Cooper Union à New York, que je vivrais plus tard dans un tel monde, que je verrais un tel monde de mon vivant. Il n’a fallu attendre que sept ans ! ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/pages/020.htm )

    On m’aurait dit un jour surtout en décembre 1986 que je voterai Chirac une fois ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine/pele-meles/038.htm )

    On m’aurait dit un jour que je serrerai la main de Susan Sontag

    On m’aurait dit un jour que je serai l’assistant de Robert Heinecken ( http://www.desordre.net/photographie/photographes/heineken/hommage )

    On m’aurait dit un jour que l’an 2000 ce serait du passé. On m’aurait dit un jour que 1984 ce serait le présent

    On m’aurait dit un jour que je retournerai au Val André, 35 ans plus tard

    On m’aurait dit un jour que je serai tellement renseigné à propos de l’autisme

    On m’aurait dit un jour que je pleurerai comme un enfant d’un chagrin d’amour à cinquante deux ans

    On m’aurait dit que je ne voterai plus

    On m’aurait dit un jour que je passera (plusieurs fois) sur France Culture ( https://www.franceculture.fr/personne-philippe-de-jonckheere #shameless_autopromo )

    On m’aurait dit un jour que je serai marié avec une chanteuse de folk ( http://www.deezer.com/album/7827193 )

    On m’aurait dit un jour que je péserai jusqu’à 145 kilogrammes

    On m’aurait dit un jour que je serai grand-père (par adoption) ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/pages/206.htm )

    On m’aurait dit un jour que je serai invité dans une université américaine et que je refuserai d’y aller

    On m’aurait, quand je vivais à Chicago, que le fils Bush et que Trump seraient élus président des Etats-Unis

    On m’aurait un jour que je verrai Patti Smith en concert et qu’elle aurait 70 ans !

    On m’aurait un jour, en avril 1988, quand je jetais des tomates sur François Léotard, ministre de la culture en visite aux Arts Déco, qu’un jour en 1993 quand je me suis fait pousser de côté par les gardes du corps de Toubon, ministre de la culture pour que ce dernier puisse saluer Robert Doisneau avec lequel j’étais en train d’échanger gentiment, que je serrerai poliment la main d’une ministre de la Culture (l’actuelle, il y a deux mois au salon du livre).

    On m’aurait dit un jour que je serrerai la main de Fabien Galthier

    On m’aurait dit un jour qu’un ami cher qui venait de décéder était en fait le petit-fils du fondateur de l’Institut D’étude des questions Juives en 1941

    On m’aurait dit un jour que mon fils prendrait des cours de piano avec une vieille dame polonaise qui se cachait des Nazis dans la même cave humide que Simon Wiesenthal

    On m’aurait un jour que je passerai tout près de deux attentats terroristes (La Défense le 12 septembre 1986, rue d’Alibert, 13 novembre 2015) ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/arthrose )

    On m’aurait dit dans les années septante que nous ne mourrerions pas tous dans une apocalypse nucléaire.

    On m’aurait un jour que je serai plus vieux que le président de la république (mais ces dernières années je sentais le coup venir)

    On m’aurait un jour que j’écrirai des romans.

    Voilà, c’est un premier jet de #on_m_aurait_dit

  • J – 25 : Daniel,

    Admettons, pour commencer, que quand je dis Désordre , avec un D majuscule et en italique, je parle de mon travail, que quand j’écris « désordre » sans italique et sans majuscule, je parle d’une situation désordonnée et que quand j’écris « desordre » (sans accent et tout en minuscules), généralement à l’intérieur d’une graphie de ce genre http://www.desordre.net , je donne le chemin de quelques vérifications possibles en ligne. Le Désordre est curieusement affaire d’appeler les choses par leur nom, d’appeler un chat un chat.html.

    Daniel, tu me demandes un texte de quelques pages à propos du Désordre . Cela arrive de temps en temps que l’on me demande un telle chose, la dernière fois c’était pour le Festival de littérature de Solothurn en Suisse, d’où j’avais rapporté un très mauvais livre à propos de Proust, quelques secondes de films d’animation réalisées avec de la pâte à modeler dans le cadre luxueux de ma chambre d’hôtel dans laquelle je me suis ennuyé ferme pendant deux jours, et dans laquelle j’ai hérité d’une colonie de punaises de lit qui auront empoisonné mon existence pendant presque six mois. La Suisse. La semaine dernière j’ai reçu deux textes d’un jeune universitaire qui a décidé, il y a deux ans, d’étudier le Désordre , je pourrais être sans vergogne et tout pomper sur de telles études sérieuses, mais voilà elles sont exprimées dans une langue que ni toi ni moi ne parlons. Et puis ce serait ignorer que la générosité est le sentiment qui a le plus cours entre nous deux. Le Désordre est un flux, il se modifie sans cesse, il s’augmente sans cesse.

    Je pourrais, j’en suis sûr, écrire une fiction à propos de ce site, une sorte de nouvelle à tiroirs et il y en a quelques-uns, des tiroirs, dans ce site et dans son histoire périphérique, celle de mon existence finalement, quelques rebondissements ont connu leurs premières secousses à l’intérieur même du site, en les agençant un peu différemment de la façon dont ils se sont produits, je parviendrais bien à quelque chose, mais j’ai compris que ce n’était pas ce que tu attendais. Pourtant le Désordre est une fiction. La mienne.

    Je pourrais, je finirais par en trouver le moyen, créer une manière de site dans le site qui permettrait de canaliser, fixer, un parcours dans le site et qui serait, de ce fait, une sorte de fiction aussi, mais alors j’aurais le sentiment de trahir quelques-unes de mes intentions premières dès le début de la construction du site, à savoir rendre le parcours aussi chaotique, désordonné et aléatoire que possible, au point que, désormais, plus personne ne peut vraiment faire le même parcours dans ce fichu site et lorsque des personnes échangent à son propos, je ris sous cape qu’ils ne savent pas qu’ils ne peuvent pas parler de la même chose, qu’ils n’ont pas vu la même chose et pourtant ils semblent s’entendre. Ce sont les visiteurs du Désordre qui font le Désordre .

    Je pourrais à l’inverse, j’en ai les moyens, en programmation, rien de plus facile, ajouter du désordre au Désordre , donner à l’aléatoire une plus grande part encore, mais alors cela pourrait très bien être en vain, le nombre de possibilités existantes est déjà très grand, on parle de nombre gogol et de nombre gogolplex qui sont des nombres qui tutoient l’infini (un gogol est égale à 10 puissance 100, et un gogolplex est égale à 10 puissance gogol), en fait pour tout te dire, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le nombre de combinaisons possibles dans l’agencement des presque 300.000 fichiers du Désordre est pour ainsi dire aussi grand que le nombre d’atomes que l’on pourrait serrer dans l’univers connu. Personne ne s’apercevrait de cette aggravation du Désordre . C’est si grave que cela. Le Désordre est au-delà du vaste, il n’est pas infini, bien sûr, mais il est asymptotique à l’infini. Chuck Norris a compté jusqu’à l’infini. Deux fois.

    Je pourrais aussi, avec force copies d’écran te décrire le Désordre vu de l’intérieur et te montrer comment pour atteindre une telle dimension de Désordre , en donner le sentiment, il convient, pour moi, pour m’y retrouver, d’ordonner les choses avec un soin maniaque quand ce n’est pas totalitaire, il y a là un paradoxe très étonnant, bien que facile à comprendre, je pense que tu en as eu un aperçu quand nous avons travaillé ensemble dans le garage pour ton recueil du poèmes visuels dans le Désordre , sans doute l’une des plus belles réalisations du Désordre et quel plaisir c’était, pour moi, de t’offrir de telles possibilités, dans une confiance désormais acquise et mutuelle, même si de haute lutte par le passé. J’ai fait du chemin depuis Barjavel, non ? http://www.desordre.net est parfaitement rangé et ordonné, pour mieux donner une impression de désordre, laquelle est grandement obtenue par des effets de programmation. Le désordre est un programme en soi. Et il est paradoxal.

    Je pourrais, je vais le faire, c’est désormais un peu de cette manière que je procède en toutes chose, inclure ce texte, que tu me demandes, à l’intérieur même d’un projet en cours, qui est lui-même un projet qui surplombe le Désordre , Qui ça ? sorte de chronique de la catastrophe en cours et pour laquelle je refuse désormais d’avoir le moindre regard, elle est inévitable, avant qu’elle ne se produise, agissons et prenons l’habitude désormais d’agir selon notre guise, tout comme je le dédicace à cet ami poète, Laurent Grisel, nos agissements sont tellement plus précieux que les actes misérables qui nous gouvernent, et alors ce serait un tel plaisir de tisser depuis ce texte que je suis en train d’écrire le faisceau abondant des liens hypertextes qu’il suscite, et tu serais bien embêté plus tard pour tâcher de trouver le moyen d’accueillir tout cela dans la cadre restreint d’une revue papier, NUIRe. Plus j’y pense et plus je me dis que c’est ce que je devrais faire, rien que pour te mettre un peu dans l’embarras, pour t’embêter gentiment. Le Désordre n’est pas plat, il compte des épaisseurs, une profondeur qui doivent concourir au sentiment de désordre. Le Désordre est une mise en abyme. http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/index_186.htm

    Je pourrais, je dois le faire, rappeler utilement que je ne suis pas le seul contributeur du Désordre , par exemple il est important de savoir que j’ai commencé à travailler au Désordre en 1999, mais qu’à partir de 2003 j’ai reçu de temps en temps, à ma demande, l’aide précieuse de mon ami Julien Kirch - @archiloque - qui a su fabriquer pour moi des outils remarquables pour mieux semer le désordre. Que tout au long de la construction j’ai reçu les avis éclairés et avisés d’autres personnes, notamment L.L. de Mars, que j’ai fait partie de collectifs qui ont nourri mon travail, le Terrier , remue.net, Le Portillon , seenthis.net et que le Désordre m’a permis aussi de travailler (et de les rencontrer) avec des musiciens d’exception, Dominique Pifarély et Michele Rabbia, que le Désordre a connu un développement inattendu dans le numéro 109 de Manière de voir et quel plaisir cela a été de rencontrer et de travailler avec @fil, @mona et Alice, que d’une façon plus ou moins directe il m’a permis de trouver un éditeur, grâce soit rendue à Sarah Cillaire, Hélène Gaudy et Mathieu Larnaudie, les parrain et marraines d’ Une Fuite en Egypte et enfin, et surtout, que le Désordre accueille aussi en son sein les travaux remarquables d’amis, parmi lesquels, Jacky Chriqui, Hanno Baumfelder, L.L. de Mars, Martin Bruneau, Isa Bordat, Karen Sarvage, Ray Martin, Barbara Crane et Robert Heinecken, Thomas Deschamps (qui a composé l’une des plus belles pages du Désordre), Eric Loillieux, Vincent Matyn, Pierre Masseau, Jean-Luc Guionnet, Stéphane Rives, Lotus Edde Khouri et, donc, toi, Daniel, Daniel Van de Velde, devande. Le Désordre c’est aussi une histoire de mes amitiés et de ce qu’elles m’ont apporté d’immenses richesses et de communes préoccupations, regarde, en tête de ce texte, qui passait par l’infini, je n’ai pas hésité longtemps pour ce qui est du choix d’une image, pouvait-il y avoir de plus remarquable illustration, le mot est mal choisi, qu’une photographie de l’une de tes merveilleuses sculptures au travers desquelles on jurerait voir l’infini.

    Je pourrais rappeler que l’une des dimensions supérieures du Désordre c’est une manière de sauvegarde des joies et des beautés du quotidien. Tu as dit à propos de ce texte, que tu me demandes, que tu pourrais m’aider à y contribuer, je pense que sur le sujet de ce quotidien, de son ressassement heureux, enchanté par moments, et d’un certain arbre du bois de Vincennes, tu sauras dire quelques très belles choses, je laisse donc quelques lignes blanches pour toi.



















    Je pourrais faire la liste des erreurs et des ratages du Désordre , il y en a eu quelques-unes, et même quelques errements, et des obstinations de ma part qui ont parfois fait courir de grands périls à l’ensemble, des fois je suis allé trop loin, d’ailleurs rien ne m’assure que cela ne soit pas déjà le cas. En fait chaque fois que je travaille au Désordre je cours le risque de tout faire échouer ou encore d’ajouter des éléments faibles qui ne rendent pas justice aux autres réalisations, plus réussies, du Désordre et cela fait presque dix-huit ans maintenant que le Désordre menace presque tous les jours de s’effondrer. Le Désordre est fragile. Et il aura une fin. Elle ne sera pas nécessairement heureuse, ni réussie.

    Je pourrais écrire n’importe quoi, dire du Désordre des choses qui ne seraient pas vraies, qui ne seraient pas entièrement fausses non plus, en quelque sorte des choses qui ne me concerneraient pas. Et cela permettrait, nul doute, de faire diversion, d’attirer le regard vers des directions opposées à celles qui sont en fait au cœur du site, notamment le combat, le combat pour la vie, pour la survie, le combat pour Nathan, le combat pour les enfants, le combat pour faire accepter certaines manières de faire les choses, de voir le monde, d’y participer, le combat politique en somme, le combat ce n’est pas la partie la plus visible du Désordre et pourtant elle est là, jamais très loin, et jamais en grattant beaucoup, on y voit mon corps et mon cœur fatigués tous les deux par le combat, mais mon corps et mon cœur heureux, cela oui aussi. Le Désordre est un combat perdu d’avance, mais qu’on ne peut pas refuser. C’est mon côté Don Quichotte du Val-de-Marne.

    En tout cas c’est un combat qui me laisse désormais sans force. Un jour que des lycéens, dans le cadre de je ne sais plus quelle expérience de leur cursus - guidés en cela par leur excellent professeur de philosophie, mon ami Alain Poirson, qui a été, aussi, pour moi, un professeur de philosophie, et quel ! -, m’avaient soumis au questionnaire de Proust, à la question comment est-ce que j’aimerais mourir, j’avais répondu sans hésiter : épuisé. Ça finira par arriver un jour, c’est sûr.

    Im freundschaft, mein lieber Daniel, im Freundschaft.

    #qui_ca

  • J – 60 : Le désordre dans le garage s’augmente parfois paradoxalement du désordre dans mon ordinateur. Je tente d’y remettre un peu de raison. Et je tombe par exemple sur le scan de ce dessin que j’avais fait pour le camarade @archiloque pour une page un peu curieuse du Désordre , l’Algorithme de la faim (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/bouquets/011.htm), un récit de science-fiction, pourtant pas mon genre, encore que je songe, de plus en plus, à écrire la Passagère , d’après Passengers — vous devinez sans mal que l’idée serait de reprendre ce film qui n’est fait ni à faire et prendre comme point de départ que ce soit une femme et non un homme qui soit accidentellement réveillée — et en même temps, dans une répertoire voisin je tombe sur des schémas que j’avais brouillonnés pour une demande de Barbara Crane (http://barbaracrane.desordre.net) qui souhaitait que je fasse une sorte de mini site à l’intérieur de son site et qui mette en avant un certaine nombre de ses si nombreux travaux. Les deux pensées se télescopent et je souris à l’idée de faire plus ou moins la même chose avec le Désordre , non pas nécessairement une compilation de ses réalisations les plus saillantes, non, plutôt le contraire, une ballade au travers de quelques pages oubliées, même par moi, et pour cela il me suffit de reprendre les pages d’archives de la nouveauté (sic). Et au passage, dans cet inventaire, si je vois des éléments qui pourraient être améliorés, je ne me gêne pas.

    Misfortune de mon ami Greg Ligman.
    Solo et 100 raisons de l’Ami des blés.
    Les Vœux de Georges Perec. Passez vite votre chemin si vous êtes allergique aux calembours.
    Mail Pornography (et je donnerai cher pour savoir où j’ai bien pu ranger les originaux — quelque part dans le garage n’en doutons pas).
    20030422.txt (sur le mode de l’Adam Project de Timothy Rolin
    Les jeux de Memory (première collaboration avec Julien — @archiloque)
    Les deux chroniques de deux concerts de l’ensemble du Ryôan-Ji
    Libre comme le plomb de Jacky Chriqui
    Finalement une nouvelle écrite sous vos yeux. Ce qui quelques années plus tard devient simplement une nouvelle, pas sûr d’ailleurs que quiconque l’ai vue écrite sous ses yeux. C’est l’intention qui compte.
    Le Wiki du Désordre et je devrais sans doute essayer de reprendre ce truc, c’était assez marrant à faire, en plus c’était un truc que je pouvais faire depuis n’importe où, par exemple depuis le travail.
    Ma modeste contribution de graphiste au projet des professeurs Harmuth et Sanders de l’Université de Carlisle dans l’Etat de New York
    La page de liens du Désordre. Sur une idée de Julien.
    L’Autoportrait en carrés (et le temps que j’ai pu y passer)
    Le plan du Désordre qui a longtemps servi de page d’accueil, je devrais peut-être l’inclure dans les possibilités de tirage au sort de la page actuelle.
    Je me souviens de Robert Heinecken , un hommage à mon maître. Un de mes maîtres. Comme j’étais triste d’apprendre sa mort.
    Trois girafes et deux limaces de Thomas Deschamps l’une des plus belles pages du Désordre n’est pas de moi.
    Quoi maintenant ?
    Surexposé.
    Le petit journal
    Formes d’une guerre , la partition visuelle.
    Pechakucha à la bibliothèque de Bagnolet
    Les Apnées
    La dernière debout , sur une idée jetée en l’air et reprise de volée par Julien
    L’Image enregitrée
    Les Fruits mûrs
    Considère la fin avec une musique de L.L. de Mars et C. de Trogoff
    Demain sera aujourd’hui même si tout s’arrête .
    Contre
    L’immuable en question
    Bataille avec Pierre Massaud
    Fracture d’âme avec Dominique Pifarély
    Le Quotidien (neuf années de photographies quotidiennes, cela fait 9X365 images que j’ai combinées de 365x364x363x362x361x360x359x358x357 manières différentes).
    Grille de lecture avec Daniel Van De Velde
    Carroussel
    Les Sillons , peut-être ce que je préfère dans tout le Désordre
    Les Images de l’accumulateur (avec L.L. de Mars)

    Tenez, je crois que je vais appeler cela le Tour du Désordre en 36 jours .

    http://www.desordre.net/labyrinthe/tour/index.htm

    #qui_ca

    • Cher Philippe de Jonckheere,

      Je me permets de vous contacter car dans le cadre de ma thèse (en littérature contemporaine - elle porte sur l’anarchie dans la création contemporaine ; vous pouvez voir différentes réflexions que j’ai menées sur ce site : https://uclouvain.academia.edu/CorentinLahouste) je travaille sur votre oeuvre (Désordre). Cela fait quelques mois que j’ai entamé une réflexion sur votre pratique artistique et, comme j’ai eu l’occasion de le faire avec les deux autres auteurs sur l’oeuvre desquels je travaille (Marcel Moreau et Yannick Haenel), je voulais savoir s’il était envisageable que l’on se rencontre afin que je puisse vous poser l’une ou l’autre question relative à Désordre et à votre travail artistique/littéraire.
      Rien ne presse quant à cette éventuelle rencontre (je suis de toute façon à Montréal jusque début juin), mais ça pourrait être vraiment super intéressant pour l’avancée de mes recherches que de pouvoir vous rencontrer et discuter avec vous.
      D’avance merci pour votre réponse,
      À bien vite j’espère !

      Corentin

  • J – 143 : Je ne sais pas vous, mais cela fait des années qu’il m’arrive de mettre de côté un ticket de caisse ou l’autre, tant, chaque fois, à la relecture du dit ticket, je suis pris d’un peu de vertige à la liste de mes dépenses quand je fais les courses par exemple, mais aussi à tout le texte qui entoure, décore même, le ticket en question, le fait que je sois servi par une personne dont le prénom est indiqué, ce qui chaque fois me fait penser que ce n’est pas très respectueux de la personne en question, l’identifier par son prénom, elle qui ne pourrait jamais m’appeler par le mien et qui n’oserait pas le faire si elle le connaissait, par exemple en l’apprenant de la lecture de mon nom sur ma carte de crédit, ou encore que c’est par le prénom de cette personne, celui qui lui a été donné par ses parents dans ce qui reste un acte d’amour, que ce soit par ce prénom que l’on puisse remonter à elle pour toute réclamation, même polie et je me doute bien que l’employeur peut également tenir une manière de comptabilité de ces réclamations, ou encore que le ticket regorge de formules de politesse qui ne sont effectivement pas pensées, Bonjour !, Merci ! À bientôt ! Bon retour ! Et que naturellement tout ceci est enrobé par les formules de marketing et de slogans publicitaires de la société auprès de laquelle j’ai donc engagé des frais : et vos envies prennent vie, tous les jours sauvons la terre avec la banque d’un monde qui change. Et cela fait des années que je finis toujours pas jeter ces tickets amassés, certains même annotés ou à moitié triés, jamais sans une pensée pour Robert Heinecken pour lequel je triais des pages et des pages de magazine, et certaines fois en les faisant passer au-dessus d’une table lumineuse pour voir si des fois la superposition du recto et du verso ne donnait pas une forme tierce qu’ensuite je devais soumettre à sa considération, et alors après une quinte de toux, soit un désaccord, le plus souvent, soit un accord et le lendemain j’aurais à produire quelques tirages de lecture sur du Cibachrome . Oui, on doit pouvoir faire feu de tout bois, sauf que des fois cela demande un talent que je n’ai pas. Et pour ce qui est des tickets de caisse je continue de me dire qu’il faudrait quand même qu’un jour je trouve autre chose à en faire que ce que j’avais commencé à en faire, des boulettes que je scannais, mais j’ai vite été lassé. J’en concevrais une certaine gêne, de la honte presque, les tickets de caisse sont dans la tombe et me regardent et me demandent qu’as-tu fait de ton talent ? Pas grand-chose.

    Je suis désormais libéré des accusations tentaculaires des tickets de caisse qui lorsqu’ils rejoignent la corbeille me lancent ce regard accusateur que je n’aime pas du tout. Et j’en suis sauvé par un écrivain, Emmanuel Adely qui lui a su. Et a su de très belle manière.

    Dans Je paie , Emmanuel Adely reprend dans un invraisemblable détail l’intitulé in extenso de tous ses tickets de caisse sur les dix dernières années, et il ne fait presque que cela. Et vous avez déjà compris que tout est dans ce presque. Presque c’est-à-dire qu’il nous dit que certaines dépenses par exemple sont pour solal dont on comprend que c’est son fils, que les croquettes sont pour un animal domestique du nom de bartelby, de même certaines dépenses automatiques, prélèvements sont dûment répertoriés, et d’autres plus anecdotiques, telle danse dans un club gay au Québec, finissent par tisser un autoportrait assez curieux dans lequel tout est absolument avéré, je dépense tant pour un recommandé au Juge des tutelles pour ma mère, je paie les droits d’inscription de mon fils à tel concours d’entrée, mais dans lequel il est assez difficile de se faire une idée de la personne qui écrit toutes ces lignes de comptabilité, ce qui n’est pas sans rappeler Autoportrait d’Édouard Levé, ainsi la personne ici représentée n’est pas fondamentalement différente de telle ou telle autre, n’était-ce une inexplicable inclination pour le Freixenet et parfois un certain laisser-aller pour ce qu’il importerait qu’une alimentation pour un jeune homme, solal, soit autrement plus équilibrée et pas essentiellement constituée par des repas à réchauffer, l’homme aime bien les ravioles aussi, après tout, pour ma part, je goûte beaucoup les gnocchis, un homme que l’on sait partagé entre deux maisons, peut-être même deux sexualités, mais la comptabilité des tickets de caisse et l’enquête à laquelle le lecteur est astreint ne permet cependant pas d’aller jusque dans la description des sentiments. Ce serait déjà très fort en soi.

    Mais, en plus, à partir de la vingtième page de ce livre qui en compte sept cents, quelques ajouts d’abord très brefs, puis de plus en plus développés, l’évolution de l’écriture à l’intérieur du projet vieux de dix ans n’est pas la moindre des qualités de ce livre, des extraits de l’actualité du jour précèdent la liste des dépenses, ces extraits étant écrits d’une façon assez détachée, quelques traces d’ironie l’émaillent, mais le ton est journalistique, à la limite du copié collé si ce n’est de la transcription d’une annonce radiophonique ou télévisuelle.

    Très étonnant éclairage que celui, par exemple, des montants des sommes en jeu dans les actualités, notamment au moment du krach boursier de l’automne 2008, en comparaison ensuite du détail des dépenses d’un quidam pas spécialement argenté. Ou encore décalage absolu entre les dépenses de tous les jours et le détail par le menu, jour après jour de la progression de la catastrophe nucléaire de Fukushima, la vie continue, il faut bien, deux nouvelles bouteilles de Freixenet et quelques légumes pour les jours suivants, du riz même, pendant que celui de la région de Fukushima est irradié, les autorités ne peuvent plus le nier.

    Toutes les nouvelles qui sont donc mentionnées dans cet éclairage nous les avons lues, la plupart nous reviennent en mémoire, d’autres nous surprennent pour leur date, comme les signes avant-coureurs de cette fameuse crise boursière que personne ne pouvait prévoir mais que tout le monde avait sous les yeux, ou encore de constater qu’en 2005 et 2006 on se noyait déjà beaucoup en Méditérannée, n’en déplaise à Maryline Baumard, on ne l’apprend pas de son seul reportage interactif, je m’excuse, je ne peux pas m’en empêcher, de même que l’économie mondiale ne semble pas non plus aller vers un meilleur dix ans plus tard, c’est dans la lecture panoptique de ces dix dernières années que l’on réalise à quel point nous sommes sous l’avalanche, et la répétition, d’une part des sommes astronomiques et, d’autre part, des petites dépenses du quotidien d’un écrivain qui sillonne la France pour lire là un texte, là une pièce de théâtre, là encore signer les dédicaces d’un roman, ou encore là, aller présenter son dernier livre devant les représentants commerciaux de son distributeur à Arles, à quel point nous sommes dérisoires en regard de la mécanique folle du monde.

    solal a grandi, certains frais, de bricolage notamment, sont toujours partagés avec fred, le jambon du Rozier à l’épicerie des trois Causses, je vois bien quel goût il a, et il est fameux, la crise continue de faire rage, les réfugiés continuent de se noyer dans la Méditerranée, la guerre fait rage, elle fait désormais quelques victimes en Occident et c’est également entre les lignes que l’on lit que l’auteur a des revenus moindres, qu’il a un peu diversifié son alimentation, que ses lectures sont toujours aussi éclectiques, qu’il passe désormais plus de temps chaque année au Rozier, à la confluence du Tarn (froid) et de la Jonte (glaciale) et de plus en plus nombreux sont les jours, tels une résistance, une délivrance, une émancipation, pour lesquels il peut noter, triomphalement, presque, je n’achète rien.

    Tout cela pour 23,90€.

    #qui_ca

  • J-154 : Les dernières seront les premiers

    Un matin vous recevez un courriel d’une dame que vous ne connaissez pas, de nom seulement, elle vous a déjà fait le coup, il y a une demi-douzaine d’années, vous invitant à lui envoyer une image en haute définition du plan de votre site internet pour une collection de dessins dans le recueil Images de pensées. Vous vous retrouvez, bien malgré vous, vous qui n’avez pas eu une seule exposition majeure, pas la moindre monographie, même le plus petit (minable et mal imprimé) catalogue d’exposition, au milieu d’autres inconnus, Freud, Darwin, Perec, @reka, Goethe, vous trouvez la plaisanterie fort bonne, vous conservez soigneusement votre exemplaire d’auteur en vous disant que cela étonnera vos enfants, dans longtemps, lorsqu’ils feront le tri dans votre bibliothèque, tu savais que Papa était copain avec Nabokov et qu’il avait formé un collectif avec Klee ?

    Six ans plus tard la dame réitère sa blague désopilante et vous soumet, cette fois, une liste de collectifs fameux, vous demande d’en choisir un et d’écrire la fiche biographique, bibliographique et hagiographique du groupe de votre choix. Les gens parfois.

    Vous rédigez un courriel poli à cette dame pour lui expliquer que vraiment, les gens, vous êtes très touché, mais que, vous ne sauriez pas faire une chose pareille, vous n’êtes pas du tout celui qu’elle pense, qu’à l’école vous aviez de très mauvaises notes et qu’en général, quand vous écrivez, vous inventez du tout au tout, un spécialiste réputé du hors sujet, vous n’êtes pas l’homme de la situation. Ce refus poli ne fait qu’attiser le désir de la dame, vous êtes foutu et cerné.

    Vous ouvrez la pièce jointe, la liste des groupes, pris de vertige, les seuls groupes que vous connaissez sont les groupes les plus célèbres à propos desquels vous seriez bien en peine de dire quoi que ce soit qui ne soit pas scolaire, à peine rehaussé de quelques souvenirs de cours d’histoire de l’art, étudiant aux Arts Déco. Die Brücke , vous seriez naturellement plus disert à propos de l’expressionnisme américain, manque de chance, on vous interroge sur l’expressionisme allemand, autres temps autres mœurs. La NRF n’est pas du tout intimidante, pensez, pour un auteur qui n’a pas encore publié une ligne, facile. Le futurisme italien, ceux-là vous vous amuseriez bien à tenir leur tribunal, fascistes avant l’heure, mais cela serait à peu près du même niveau qu’un tribunal de la Libération. Passe. Le Groupe de Puteaux, le cubisme, pire le post cubisme, la poussière très peu pour vous. Dada, pour parler de Dada, il faut des gens sérieux, vous n’êtes pas sérieux. Les Surréalistes, vous auriez plaisir à rappeler que le Surréalisme est né d’un tas de cadavres de la guerre 14-18 à l’Hôpital de Saint-Dizier, Haute-Marne, qui est désormais l’Hôpital psychiatrique André Breton, mais les blagues potaches et autres concours de géolocalisation des éjaculations de ces messieurs sur le corps aimé, franchement, qui aurait envie de retourner dans un collège de vieux garçons ? Le nouveau roman, à peine moins intimidant que la NRF , bravache vous proposeriez bien une manière de nouveau roman-photo à partir de la fameuse photo du mur, vous imagineriez bien Pinget et Beckett avoir des discussions de bistro, Robbe-Grillet tirer la couverture à lui, Mauriac péter de trouille à l’idée que Beckett puisse lui adresser la parole et Nathalie Sarraute attendre éternellement, jambes croisés sous son manteau, qu’un de ces messieurs veuille bien lui adresser la parole. Vous bottez en touche, vous dites à la dame qu’elle devrait demander à un autre, un vrai écrivain, Chevillard pourquoi pas ? Au moins ce serait drôle. Si Chevillard fait les dialogues, vous voulez bien vous occuper de la réalisation graphique. Cobra , pourquoi pas, vous auriez un peu de plaisir à décrire comment vous voyez, employé d’une Très Grande Entreprise, plus souvent des lithographies d’Alechinsky dans les couloirs d’icelle sous prétexte de 1% culturel, qu’au musée. Ce serait petit mais cela ferait du bien. Les lettristes, pas trop votre tasse de thé. Et pas davantage tous les stridentistes, imaginistes, futuristes fussent-ils russes, imaginistes, simplistes, surréalistes, automatistes, nadaistes, elle pense à quoi cette dame, les gens vraiment, avant que vous ne tombiez sur les dernières de la liste, les Guerrilla Girls .

    Puisque vous êtes contraint et forcé, va pour les Guerrilla Girls . Les dernières de la liste.

    Sauf que. Les Guerrilla Girls ont-elles besoin qu’un homme, blanc de surcroît, un tâcheron cancre, se rabatte sur elles pour ce qui est de faire leur fiche ? Les Guerrilla Girls n’ont besoin de personne pour faire leur fiche, elles font très bien leurs fiches, et leurs affiches, toutes seules et elles n’ont pas besoin d’un petit écrivaillon qui cachetonne, d’un type épais, avec ses gros sabots, pour expliquer que, ben, justement, c’est bien cela le problème. Les Guerrilla girls n’ont pas besoin de 4000 signes pour décrire des siècles d’historicisation pendant lesquels leurs sœurs ont été maintenues, bien plus fermement encore que les refusés, éloignées des galeries, des musées, des maisons d’édition : elles font cela très bien en quelques lignes, en une centaine de signes, elles : « quand le racisme et le sexisme ne seront plus à la mode, quelle sera alors la valeur de votre collection d’œuvres d’art ? »

    Finalement ce n’est pas plus mal de finir avec les Guerrilla girls . Les Guerrilla girls c’est la fin de l’histoire de l’art. De cette histoire de l’art-là.

    Philippe De Jonckheere, Montreuil, le 29 novembre 2016

    Exercice #43 de Henry Carroll : Exemples d’arrière-plans intéressants qui pourront vous servir pour des portraits.

    #qui_ca

  • Nur Gürel : « j’ai un problème avec ce que les images des magazines m’infligent » - OAI13
    http://www.oai13.com/featured/nur-gurel-jai-un-probleme-avec-ce-que-les-images-des-magazines-minfligent

    « Memento Mori », cela veut dire « Rappelle toi que tu vas mourir », c’est une Vanité, un concept aussi courant dans la culture occidentale que dans l’Islam. L’entrée du Cimetière de Zincirlikuyu par exemple, un des plus grands d’Istanbul, comporte une citation du Coran à son entrée : « Toute âme doit goûter la mort. ». Ce travail fait interagir l’aspect transitoire de l’être humain, le passage, avec la pop culture. Les animaux morts, les crânes, les fleurs coupées sont les éléments iconographiques incontournables des Vanités. J’ai choisi les têtes d’agneaux, plutôt que les crânes, car elles sont courantes et très populaires dans la cuisine turque. Et ces crânes encore couverts de chair sont impressionnants de pornographie et de sauvagerie.

  • J-221 : C’est de nouveau le Désordre dans le garage. Et rien ne saurait me faire plus plaisir en somme. Il y a quelques jours mon ami L.L. de Mars (http://www.le-terrier.net) m’a invité à participer à une publication-luxueuse-pour-pas-cher dont il a le secret ― il est également l’inventeur du punk méticuleux ―, où il est question d’une édition de seize cyanotypes. L’idée étant de lui fournir une seizaine de transparents négatifs en 10x15 ― autant dire des 4’X5’ (pouces).

    Le cyanotype.

    Me sont alors revenus mille souvenirs, des odeurs notamment, de celles que je ne saurais pas décrire, sauf à nommer les produits nécessaires pour enduire les feuilles des tirages ― mais alors ce n’est pas décrire une odeur, c’est juste dire, mettez votre nez au-dessus d’une fiole contenant du citrate de fer ammoniacal, pas trop près non plus les narines, et pas trop concentré non plus, le citrate de fer ammoniacal, en fait, débouchez juste le flacon et laisser à l’air libre pendant cinq minutes ―, mais aussi l’éclairage inactinique jaune au sodium qui faisait croire, tant qu’on était dans cette lumière, que l’on faisait du noir et blanc, et en sortant les tirages du labo, pour vérifier la densité, cette surprise toujours, mais ils sont tout bleus !, l’aveuglement, et devoir lutter contre sa tentation, de la lampe aux ultraviolets. A Chicago, les non silver dudesles gars du non argentique , en français on aurait pu dire les types du non-A , du Ā , cela aurait été la classe, encore aurait-il fallu qu’aux Arts Déco, on se préoccupe de procédés non argentiques, et qu’un autre que moi ait lu A.E. Van Vogt, j’aurais donc été fort seul avec mes prédilections, surtout celles de l’époque, jusqu’à l’arrivée d’internet, finalement ― c’étaient nous. Essentiellement ceux qui n’étaient pas nécessairement portés sur la justesse, la propreté des tirages et qui, au contraire, accueillaient les accidents avec bonheur, les souhaitant presque. Pas étonnant d’ailleurs que mes deux amis Greg ― les frères jumeaux de mère différentes comme ils s’appelaient eux-mêmes et étaient connus comme tels dans l’école ―, Greg Ligman et Greg Williams étaient finalement les deux personnes auprès desquelles il fallait si souvent s’arranger pour réserver l’utilisation du banc. Et vu les formats dans lesquels ces deux-là travaillaient, il valait mieux ne pas être dans la même pièce quand ils insolaient, fuites de lumière garanties. Bref, vous dites cyanotype et c’est comme si une certaine pièce, pleine à craquer, du département photo de the School of the Art Institute of Chicago , à Chicago donc, agissait comme un aimant surpuissant de toutes mes pensées. De tous mes souvenirs.

    Et l’écueil de tout ceci est d’autant plus inévitable que passant au travers de quelques dizaines de boîtes contenant des négatifs 4’X5’ dans le garage, je tombe nécessairement sur des tas et des tas d’images prises à cette époque, pas nécessairement dans le but d’en faire des cyanotypes d’ailleurs et que je suis donc incapable de penser à quelle que série que ce soit, même aujourd’hui, qui ne serait pas un rappel à cette époque bénie de ma jeunesse ― je sens qu’il va râler le Lièvre.

    Nous sommes vendredi soir et les trois tables mises bout à bout dans le ga-rage dessinent un désordre exemplaire, mélange du matériel pas encore rangé de-puis le spectacle de samedi dernier ― le vidéo projecteur et ses dix mètres de câble RGA, le contrôleur MIDI ―, de quelques croquis pour la mise en page future de Qui ça ? ― et on y est presque, demeure la question de savoir si je dois ou non, rendre la chose publique en cours de réalisation, ou attendre que le projet soit fini, et ce n’est pas une petite question, croyez-moi ― et donc de quelques boîtes de négatifs 4’X5’ desquelles j’ai extrait, finalement, seize images qui composent une manière de chanson à celle qui aura illuminé ces années américaines, mon professeur, mon mentor, la très grande photographe Barbara Crane ― une photographe, cela dit en passant, qui mériterait très amplement sa place au panthéon de la photographie aux côtés de Robert Frank, Robert Heinecken, John Baldessari, Walker Evans, Eugène Atget, Henry Fox Talbot, Laslo Moholy-Nagy, et bien d’autres encore, place qui devrait lui revenir de droit, et plus j’y pense, et plus il me paraît évident que cette place lui aura été dérobée, toute sa vie, presque, pour la seule épouvantable raison qu’elle est une femme. Et quelle !

    This song’s for you Barbara.

    Et dire qu’alors, le visage de l’ennemi c’était celui de Bush-père.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/images/song_for_barbara/index.htm

    #qui_ca

  • J-233 : suis allé voir Rester vertical d’Alain Guéraudie hier soir au Kosmos . Je suis frappé par la force de ce cinéma. Déjà l’Inconnu du lac précédemment avait produit sur moi un effet terrible. J’aime dans ce cinéma qu’il soit ce que les Anglais appellent unapologetic , c’est-à-dire qu’il ne pense jamais à s’excuser de ce qu’il est. Et donc impose à ses spectateurs, surtout ceux hétérosexuels, une vue de la sexualité homosexuelle, dans ce qu’elle est à la fois crue, bancale, parfois maladroite, parfois sublime, d’autres fois misérable, comme l’est, finalement, la sexualité de tout un chacun, bien davantage affaire de routines que d’espaces sublimes volés à une certaine quotidienneté. J’aime, à cet effet, bien davantage dans Rester vertical que dans l’Inconnu du lac , que les corps engagés dans cette sexualité n’aient rien de très attirants, ce qui pourrait les rendre beaux, ce serait le désir de l’autre, et voilà ce dernier n’a rien de l’emportement : aimer c’est vaincre son dégoût, comme a écrit mon ami Jacky Chriqui.

    J’aime aussi que les rebondissements du récit soient autant de défis portés à notre jugement. Oui, bien des situations de ce film peuvent paraître inconcevables, une mère atteinte de baby blues qui abandonne son enfant à un homme qu’elle n’aime plus non plus, un vieil homosexuel qui décide d’en finir avec sa vie de grabataire esseulé en commettant une manière de suicide assisté par sodomie ― sur fond de Pink Floyd d’une autre époque, magnifique travail sonore que celui de ces extraits entièrement instrumentaux d’une musique des années septante, telle qu’on pouvait l’entendre dans les années septante, sur des chaînes qui poussaient du col en s’appelant haute-fidélité, et toute la très grande médiocrité prétentieuse de cette musique qui surgit, comment a-t-on pu penser, alors, qu’il s’agissait d’un renouveau musical, ces musiciens savaient à peine jouer de leurs instruments ―, le jeune protégé du vieil homosexuel qui devient à la fois le petit copain de la jeune mère déprimée et l’amant donc de son beau-père, oui, tout cela sans cesse nous chahute ― « Je ne peux quand même pas avoir envie de baiser avec le grand-père de mon fils » étant une réplique exceptionnelle ― nous pousse dans nos derniers retranchements, quelle part de nous indéniablement conservatrice, de droite ― voire homophobe ―, doit sans cesse être vaincue pour comprendre ce récit ?

    Du grand art.

    Je me souviens d’un article de critique des médias lu il y a des années et qui me revient en mémoire avec l’écriture de Qui ça ? L’article donnait comme exemple du conditionnement de l’information notamment dans les journaux télévisés la mort du saxophoniste Stan Getz, en 1991, je viens d’aller vérifier sur internet, ce qui n’était pas utile, tant j’avais le souvenir précis de la façon dont j’avais la chose, encore que je me demande si je ne suis pas en train de confondre avec celle d’Art Blackey, fin 1990. Toujours est-il que l’article s’interrogeait de savoir qu’est-ce qui avait été le plus important dans la journée funeste du 6 juin 1991, telle petite phrase assassine, ou voulue telle, par Jacques Chirac ou je ne sais quel autre très sale type de droite ou justement la mort de Stan Getz. Evidemment c’est faire des opérations mathématiques avec des carottes et des pommes, il n’empêche la longueur du développement s’agissant de tel rassemblement du RPR, un rassemblement comme mille autres, à l’époque rappelons utilement que l’homme de la rencontre des civilisations, ce saint du quai Branly aujourd’hui, non content d’avoir donné la troupe en Nouvelle Calédonie trois ans plus tôt, avait désormais des problèmes d’odeur avec la population française d’origine étrangère, singulièrement magrébine, cette longueur dans le traitement d’un fait minuscule dont plus personne ne se souvient aujourd’hui ― avouez que vous aviez un peu oublié cette histoire d’odeur ― était disproportionnée par rapport à ce qui était une simple manchette, un signalement, la mort d’une des légendes du jazz, un saxophoniste ténor au phrasé inouï.

    Vous allez rire, j’étais parti pour être assez paresseux pour ne pas tenter de retrouver sur internet quelle pouvait bien être le rassemblement du RPR en question, le 6 juin 1991, « « Jacques Chirac » + « 6 juin 1991 » », et, ce n’est pas tombé très loin, mais la célèbre saloperie du bruit et de l’odeur date du 19 juin 1991.

    Aujourd’hui Jacques Chirac est le saint de la rencontre des civilisations. Cela laisse songeur. J’imagine qu’à ce compte-là le rachat de Sarkozy sera de le sanctifier à la Cité de la Musique ou à la Philharmonie , Sarkozy ce sera l’homme de la musique, la preuve il a épousé une brailleuse.

    Ce dont je me souviens aussi, c’est qu’à l’époque ce qui avait retenu mon attention dans cet article de critique des médias, c’était toute une série de remarques et de descriptions critiques des images de plateau de télévision, ou encore d’analyses de quelques forfaitures et autres fabrications d’images mensongères, autant de pistes que j’avais tenté de mettre en pratique dans un projet de photographies d’écran de télévision, parmi lesquels des recadrages très serrés grâce à une petite fenêtre découpée dans un carton, des dérèglements du téléviseur avec des aimants, je n’avais pas été, pendant un an, l’assistant de Robert Heinecken pour rien. J’aimerais beaucoup retrouver certaines des images ainsi produites, si toutefois elles existent encore. En soi un projet à soi seul.

    Tiens je remarque que dans la même semaine, je suis allé voir deux films qui avaient pour point commun, Damien Bonnard, Léo dans Rester Vertical et le personnage du lieutenant qui n’a pas les cuisses propres dans Voir du pays , acteur dont je ne pense pas, je viens de le vérifier sur Internet, l’avoir déjà vu dans aucun autre film.

    #qui_ca

    • aux malades, elle a adressé ce message : « Il faut toujours avoir de l’espoir. Un jour les choses se réalisent… » Pensait-elle aussi à son époux ? « C’est un homme extraordinaire qui a eu une réussite exemplaire, qui a fait tellement de choses, pour tellement de gens, qui a réalisé tant de projets…
      Actuellement, il est à Agadir, au Palais Royal, reçu généreusement et très aimablement par sa Majesté, et il fait la navette entre la plage et la résidence, installé dans un véhicule destiné à le transporter… C’est un homme apaisé. Moi aussi… Mais je suis toujours inquiète du jour où il va disparaître… »

      http://www.nicematin.com/politique/bernadette-chirac-a-linstitut-claude-pompidou-de-nice-jacques-est-un-homm

      à la disparition de Jacques Chirac, écoutons du #saxophone.

  • Comme il y a une expo Gonzine au Shaff, place du Jeu de Balle, à Bruxelles, je reprends les ciseaux pour faire une nouvelle série !
    Vous pourrez y voir toutes ces images dès le 7 avril 2016 au soir :

    Le budget de tuer la nappe

    parle pas la bouche

    mon profil de rêve

    les grands hommes

    pature spectacle

  • désespérément monosémique | TANX
    http://tanx.free-h.fr/bloug/archives/8547#comment-189

    @soupherbe

    article publié en réponse à des remarques, pourtant, rendues absentes (ce qui permet de les altérer sans risque. Rien de plus facile que de prendre le dessus sur un adversaire imaginairement minuscule )

    à quoi, du coup, je répond, forcément, puisque tout est né ici, sur Seenthis, dans les commentaires à l’article http://seenthis.net/messages/446983

    «  Aussi quand on semble découvrir que je ne suis pas une imbécile parce que je me mets à écrire est assez révélateur : je suis une idiote par défaut, et je dois prouver que ça n’est pas le cas. [...] »

    Tu te trompes. Cette attaque violente contre un dessin instrumental et paresseux, je l’ai déjà servie, par exemple, à un parterre de dessinateurs masculins, pour les mêmes raisons, lors d’une table ronde à un festival ( Festival de bd engagée , à Cholet, je ne sais plus l’année mais Neaud et Willem étaient sur le même plateau), au cours de laquelle je démolissais le boulot d’une dizaine de dessinateurs satiriques, tous des hommes, et notamment parmi mes confrères, évidemment.
    C’est une affaire politique autour du dessin, ce n’est pas une question genrée.
    Ça t’arrange de croire qu’il s’agit d’un problème homme/femme, j’en suis désolé mais absolument pas. Je suis féministe, je n’ai aucune raison d’accepter cette lecture truquée de mes remarques.

    C’est bien ton dessin par lequel je t’avais supposée hâtivement imbécile ; un dessin imbécile, donc, en lui-même, un dessin sans finesse, démonstratif, une camelote — remarque que tu ne trouves « goujate » qu’à la condition de l’avoir genrée, justement, ce qui est une remarque sexiste de ta part à mon égard — tout comme il m’arrive de supposer, par le dessin également, imbéciles un bon paquet de dessinateurs. Pour lesquels je peux aussi me tromper. ils sont peut-être, comme toi, moins cons que leur dessin.

    Ton dessin n’est pas direct, contrairement à ce que tu dis. Il est lourd, académique, décoratif, poseur et donc, contrairement à toi, timide et sinueux. Tout sauf « direct ». Les conventions de ce fameux « alternatif » ne sont rien d’autre qu’un pompiérisme. Quand à ce que j’aurais à dire du dessin, ça ne tient pas en dix lignes, tant pis. Je t’invite à lire les trois derniers numéros de Pré Carré pour t’en convaincre. Tu peux aussi ignorer ce travail d’écriture sur le dessin, évidemment, et continuer à m’imaginer tel que ça t’arrange.

    Comme tu n’as pas supporté les commentaires sur ton propre site relativement au billet précédent, et ceci parce qu’ils écorchaient un peu trop lisiblement tes certitudes aprioriques que tu as de comprendre à qui tu as affaire, je double celui-ci sur Seenthis où tout ça est né, au fond, et ça ne disparaitra pas dans le cosmos : il n’est pas question que je me laisse implicitement instrumentaliser par un quelconque silence là-dessus.
    Je t’ai proposé de parler de ça en se rencontrant, ce qui est une proposition honnête, moins absurde qu’un fight dans des coms. C’est évidemment toujours valable. Je suis à Angoulême cette année, par exemple, on peut très bien s’engueuler à propos de dessin si tu le désires.

    Tanx, il va falloir te faire à l’idée que pour causer de ton dessin, je me fous absolument que tu sois une femme ou un homme. Aucun des hommes que j’ai envoyés chier à ce jour parce que je les prenais pour des rigolos en matière artistique n’a supposé que son sexe avait un rapport quelconque avec mes remarques. Je t’invite à en faire autant.

    –-----------------------
    Ça n’est pas la première fois qu’on me pense idiote (et à me le dire frontalement dans la plus parfaite goujaterie).
    cette remarque n’est pas QUE sexiste : elle vise aussi à t’autopersuader que tu me connais depuis toujours, que tu m’as déjà affronté sous d’autres formes, bref, à me nier.

    • Et sur twitwi :

      Et donc LL de mars poste un commentaire encore plus insultant et pense savoir mieux que moi comment je conduis mon taf.

      Aka : il n’a pas bien lu que mon texte ne parle pas que de lui => il illustre pile dans ce que je décrivais, qu’une femme ne peut pas réfléchir... et se contente de réagir.

      Et aussi, grand moment de LOL, il affirme être féministe. comme ça, easy, les doigts dans le nez

      bref, je vais finir mon dessin

    • Tant pis. On ne renonce pas si facilement à une certitude. Trouver de l’esprit à quelqu’un qu’on avait pris pour un imbécile, en être surpris, s’en vouloir de l’avoir rapidement enfermé dans un bloc sans complexité, c’est exactement ce qui m’est arrivé avec Tanx.
      Ce que je dis sur un dessin, qu’il s’agisse du sien ou d’autres qui s’engouffrent dans les mêmes impasses, n’est pas une « insulte ». Il y a une vraie bêtise du dessin politique à ne rien produire, il y a une vraie imbécilité du dessin de presse de gauche à se fourvoyer dans les modes de la communication efficace et immédiate et se rendre incapable d’inventer des mondes, de changer des formes. Mais je ne vais pas reproduire ici tout ce que j’ai pu déjà dire dans l’entretien avec le Monde Libertaire (lié dans l’autre article).
      Enfin bon, il reste toujours Twitter pour combattre des dragons qui n’existent pas...

    • Oui alors franchement je sais pas vraiment pourquoi je me mêle de ça en public, peut-être parce que des gens que j’aime bien s’engueulent. Pourquoi je mets mon nom officiel de dessinateur, je sais pas trop non plus, bref. Pour autant que ça vaille quelque chose, voici mon avis.

      Même si je connais LLdM, le ton « professoral » (je sais pas trop quoi mettre comme mot) du gars qui s’est fait une opinion définitive et totalement appuyée sur une réflexion sans faille et qui va t’expliquer derechef comment tel sujet doit être abordé (je caricature un peu), ce ton possède un potentiel d’agacement assez considérable en ce qui me concerne, et j’imagine que ça peut faire le même effet sur d’autres gens. Après je le connais, je sais que ses propos sont loin de ne contenir que du vent enrobé d’ourlets aux vocables choisis et que son but n’est pas de t’aplatir sous le flot de ses démonstrations et qu’il est ouvert à la discussion (aussi couillonnement cliché que l’expression puisse être) . Mais ça sonne quand-même souvent comme des démonstrations définitives et irréfutables et ça peut être très vexant.

      Tanxx elle se fait quand-même engueuler très souvent par tout un tas de gens qui n’ont (pour ce que je peux en juger) pas souvent raison et qui la prennent de haut sous divers prétextes, entre autres parce que c’est une femme féministe (et je pense vraiment que ce n’est pas le cas de LLdM). Je comprends assez bien qu’elle puisse en avoir pas mal raz la casquette des donneurs de leçons (réels ou présumés) et qu’elle ait pas trop envie de continuer à causer avec quelqu’un qui lui explique posément mais très brutalement que son dessin, dans lequel elle balance sûrement une bonne partie de son énergie, est un dessin imbécile.

      Dites à n’importe quelle personne qui met de l’énergie dans quelque chose depuis longtemps que le résultat est imbécile, ça ouvre pas des masses la porte au dialogue, même sur d’autres sujets. Evidemment on peut le penser et vouloir le dire, mais y a la manière. Enfin bref.

      Sinon, de manière plus globale, je pense que nous autres garçons devrions un peu plus la fermer et laisser causer les filles quand il s’agit de féminisme, même si ce qu’on a a dire n’est pas idiot, même si ça nous tient à cœur, même s’il est difficile de s’abstenir de briller. Et comme je suis conscient du paradoxe d’écrire un message pour m’enjoindre à ne plus en écrire, je cesse céans (donc j’essaierai de ne pas répondre aux éventuels autres commentaires, même si je suis souvent coupable de vouloir avoir raison).

    • @ibnalrabin

      Même si je connais LLdM, le ton « professoral » (je sais pas trop quoi mettre comme mot) du gars qui s’est fait une opinion définitive et totalement appuyée sur une réflexion sans faille et qui va t’expliquer derechef comment tel sujet doit être abordé (je caricature un peu), ce ton possède un potentiel d’agacement assez considérable en ce qui me concerne, et j’imagine que ça peut faire le même effet sur d’autres gens.

      Les formes sont une source infinie de malentendus, de toute façon. Mais une position tranchée, brutale, ne signifie pas qu’elle est surplombante (la guerre, pour moi, c’est le corps à corps, la hauteur des corps empoignés, ce n’est pas le ciel des idées lâchant ses petites bombes à la con). C’est d’autant malvenu pour juger de ma position qu’elle est, socialement, et très volontairement, désinstitutionnalisée, sans aucune forme d’autorité légitimante pour accompagnatrice. Disons que, pour la suite de ce que tu dis et qui, justement, considère le ton, il y a une petite chose éclairante, tout de même :

      Tanxx elle se fait quand-même engueuler très souvent par tout un tas de gens qui n’ont (pour ce que je peux en juger) pas souvent raison et qui la prennent de haut sous divers prétextes,

      précisément, à propos des formes de mélodies personnelles et de leur cause, et c’est peut-être la chose qui ne vient pas tout de suite à l’esprit tellement on imagine le planant intello si loin loin loin dans le ciel des idées que rien ne le touche, ne l’effleure, hé bien il se trouve que dans mon milieu de connards finis, d’analphabètes, de branleurs contents d’eux, celui de la bande dessinée, je me fade depuis toujours, tous les jours que Dieu fait, la bonne vieille haine anti intello contre laquelle j’ai pris l’habitude de me blinder à mort sans quoi je ne foutrais plus rien depuis longtemps.
      Il n’y a pas une parole de moi excédant les trois mots un peu longs, pas une planche un peu pas assez ceci, un peu trop cela, pas un dessin un peu trop indéchiffrable par une truite, qui ne vienne armer un jugement définitif sur ces saloperies de prétentieux qui viennent nous emmerder avec leurs théories compliquées et inutiles, alors que la bd et la vie, la vraie, c’est le rock’n’roll, les choses simples et les saucisses grillées. Mon ton, donc, ce fameux ton légèrement rugueux, il s’est poli le tranchant là-dessus depuis que j’ai rencontré l’adversité, la bonne vieille lourdeur des hommes, c’est-à dire depuis toujours.

      Dites à n’importe quelle personne qui met de l’énergie dans quelque chose depuis longtemps que le résultat est imbécile, ça ouvre pas des masses la porte au dialogue, même sur d’autres sujets. Evidemment on peut le penser et vouloir le dire, mais y a la manière. Enfin bref.

      oui.

      Sinon, de manière plus globale, je pense que nous autres garçons devrions un peu plus la fermer et laisser causer les filles quand il s’agit de féminisme,

      non
      même si on risque de se planter, même si on est aveugles à la plupart de nos propres comportements débiles, hautains, d’un vieux fond de pot misogyne qui colle toujours au fond, même si il est infiniment plus simples de minimiser les situations coercitives, violentes, quand on est né du bon côté de la domination, on a quand même le devoir de l’ouvrir et de soutenir nos camarades, parce que sinon, jamais ça ne marchera. Quitte à se faire engueuler si on est à côté.
      J’ai été guéri de toute tentation de laisser la lutte féministe aux femmes - ce serait quoi, une sorte de tact, de retrait poli, de sentiment d’illégitimité ? - en devant batailler dans d’autres circonstances, devant l’antisémitisme : j’ai vu pendant des années qu’à chaque fois qu’un juif relevait une évidence antisémite, il était renvoyé à la paranoïa du juif qui voit le mal partout. Et qu’un non-juif prenne ce type de position le renvoyait invariablement à la question de la légitimité sous la forme : pourquoi ça t’intéresse tant, t’es pas juif ? ou qu’est-ce que t’en sais, t’es pas juif ? Toute position, de toute façon, étant intenable, alors il n’y a rien à perdre à se placer du côté de la victime. Ne pas le faire serait se comporter comme une merde. Je vais pas me priver de soutenir mes potes kurdes sous le prétexte que je ne suis pas kurde. Et en l’occurrence, pour ce qui est du sexisme, ça me ferait bien chier de fermer les yeux sur les comportements sexistes que je rencontre sous le prétexte de... De quoi d’ailleurs, que ça me regarde pas ?
      Le féminisme séparé ? Bon sang mais si on n’a pas ça à faire ensemble, alors, qu’est-ce qu’on a à faire ensemble ?

      Et comme je suis conscient du paradoxe d’écrire un message pour m’enjoindre à ne plus en écrire, je cesse céans (donc j’essaierai de ne pas répondre aux éventuels autres commentaires, même si je suis souvent coupable de vouloir avoir raison).

      Merci d’être passé. On aurait sans doute des circonstances moins agonistiques de se rencontrer à nouveau ici. J’espère.

    • on a quand même le devoir de l’ouvrir et de soutenir nos camarades, parce que sinon, jamais ça ne marchera

      Cette phrase, toute seule, me parait plutôt vraie, et il me semble que les femmes féministes sont généralement contentes aussi quand elles rencontrent ce comportement.

      Le truc c’est qu’il y a une différence entre l’ouvrir pour soutenir (= pro-féminisme, ami, à côté dans la lutte), et l’ouvrir pour conseiller de comment les choses devraient être faites autrement (= mansplaining).

      Après bien sûr, je distingue le fait de donner des conseils/critiques autour du féminisme, et le fait de donner des conseils/critiques sur le travail de la personne en général. Mais des fois c’est lié, ou ça peut être perçu comme étant lié, de manière légitime.

      + la forme effectivement, et ça on pourrait en parler longtemps aussi : tout le monde n’a pas adopté de manière volontaire les Règles de Crocker : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lee_Daniel_Crocker#R.C3.A8gles_de_Crocker
      Ce n’est pas parce qu’on accepte possiblement pour soi-même ce genre de communication que c’est le cas pour les autres.
      Et donc en conséquence, je ne suis pas d’avis qu’on s’exprime de la même manière suivant les interlocuteurices : sans pour autant dénaturer le fond, il y a un certain nombre de choses (je ne suis pas présomptueux au point de dire « tout ») que l’on peut dire et exprimer de plusieurs manières différentes suivant à qui on s’adresse, si on connait bien la personne ou pas, si on connait sa manière à elle de communiquer ou pas, et suivant l’effet voulu aussi (choquer, informer, amorcer un réel dialogue, etc).

    • @rastapopoulos d’accord avec tout ça. Me faudrait beaucoup de temps pour détailler, pas à pas, notamment dans ce cas de figure - celui qui découle d’une prise personnelle de parole, publiquement, cherchant à superposer, comme un problème articulé, le phallocentrisme d’une institution et son conservatisme artistique et qui s’est développée peu à peu dans une attaque violente, par moi, de positions devant le dessin, qu’il s’agisse du cas particulier de Tanxx ou de n’importe quelle autre façon de redistribuer de la norme dans un cadre prétendument insoumis ; du temps parce qu’il recouvre plusieurs étapes dans la considération des uns par les autres et le déplacement de leurs positions, graduellement, à mesure que l’objet de la critique se déplace également (et que les sujets y sont pris, avec tout ce que ça implique d’affects). Je n’ai pas, là, dans les jours qui viennent, ce temps (ça ne veut pas dire que ça n’arrivera jamais, hein) mais je peux au moins dire ceci :
      Il n’y a rien dans ma position qui ressemble à un conseil donné sur le dessin et sur la façon de le considérer. Je marque sans détour mon adversité totale à une famille du dessin dans laquelle, que je le veuille ou non, tant que je travaillerai avec des groupes politiques, je baigne. Un conseil ne serait pas que patelin et salement condescendant, il serait - au moins fantasmatiquement - du même côté . Je n’ai laissé croire à aucun moment que j’étais du même côté du dessin. J’ai dit en revanche que dans la lutte, il y a un nombre considérable de choses qui nous réunit. Bon.
      Après ça, que Tanxx ne veuille plus entendre l’éventualité que je sois féministe parce qu’elle fait de ces attaques sur le dessin la conséquence d’une position séparée, qu’est-ce que je peux y faire ? C’est raté, c’est raté. Là-dessus, Ibn al rabin ne s’y trompe pas : la sécheresse de mes attaques sur quelque chose d’aussi viscéral que ce au service de quoi on met l’essentiel de sa vie rendrait bien compliquée une autre conversation... ll faudrait développer des trésors d’invention pour trouver un mode, à deux, de parole évacuant ce qui nous sépare au profit de ce qui nous rapproche. Elle ne le désire pas, je comprends très bien, je n’ai rien fait pour rendre ça franchement simple. Mais j’ai fait depuis quelques années de cette question du dessin comme sillage d’effectivité un point central de mes positions éthiques, politiques, artistiques. C’est ma forme de la guerre (et non pas la forme de ma guerre ).

    • Et encore Tanxxx, à ma connaissance, elle a encore jamais fait de time lapse , parce que là elle aurait pu entendre le @l_l_de_mars au sommet de sa forme. #private_joke

      Non ce qui m’interloque depuis le début de ce débat, c’est de constater à quel point un point de vue, certes exprimé de façon pas hypertendre (et encore il n’est pas question de time lapse), est à ce point inaudible. L’argument qui dit que quand on met ses tripes sur la table on n’a pas besoin d’entendre que les tripes en question elles ne sont pas fraîches n’est pas très sérieux je trouve. Si on met ses tripes sur la table, on s’en tape complètement que d’autres pensent qu’elles soient pas hyper fraîches ou pas.

      Et il n’est pas interdit non plus de se tromper, même si cela prend du temps. Cela fait déjà 14 ans que j’échange avec @l_l_de_mars et nous ne sommes tendres ni l’un avec l’autre, et je considère que je bénéficie beaucoup de cette discussion, quand bien même elle s’exprime parfois dans le cadre intraitable de la liste de discussion du Terrier, en comparaison duquel les épreuves digitales des Logos club, c’est vraiment de la petite mousse, et cela m’a amené un certain nombre de fois tout de même de prendre conscience de points aveugles dans mon travail, par exemple je ne serais jamais assez reconnaissant de @l_l_de_mars de m’avoir finalement fait admettre qu’il était urgent d’abandonner le bloc-notes du Désordre, et c’était tout particulièrement pas facile à attendre (et cela a de fait pris beaucoup de temps) que dans l’enceinte de droite j’entendais très bien le concert de louanges à propos d’un truc dont je comprends avec le recul que j’y perdais TOUT mon temps. Et il y d’autres exemples de cela.

      Et il y a d’autres exemples de cela en sens inverse, comme un certain dessin dont @l_l_de_mars ne se rendait pas compte qu’il fût potentiellement antisémite.

      Finalement Tanxxx pourrait comprendre que ses pires ennemis sont ceux qui lui chantent que non, vraiment ses dessins ils sont trop de la balle qui tue, ans comprendre que de tels concerts émanent de personnes qui chantent faux sans le savoir et qui en plus ne savent même pas lire la partition.

      Je dois avoir eu beaucoup de chance pour être tombé, dans ma formation, sur des professeurs qui ne me faisaient aucun cadeau (parmi lesquels le quatuor infernal Barbara Crane, Bart Parker, Robert Heinecken en peu de mots, mais tous très bien choisis et pas tous polis et Joyce Neimanas — tout en douceur, mais avec des déflagrations ultérieures impressionnantes)(et d’autres encore moins caustiques, mais qui tout de même me le servaient straight , Frank Barsotti, Rita De Witt, Karen Savage, Ray Martin...) , du coup quand je suis au travail, mes émotions restent au seuil du garage.

      Moi je dis, à Angoulème, allez prendre des cafés et des bières, parlez, et envoyez-moi la note des bières et des cafés.

  • Les herbiers en cyanotypes d’Anna Atkins - La boite verte
    http://www.laboiteverte.fr/les-herbiers-danna-atkins-en-cyanotypes

    Anna Atkins est une botaniste et photographe anglaise née en 1799, elle commence à utiliser un appareil photo dès 1841, devenant probablement la première* femme photographe.

    Comme elle était amie avec Herschel elle découvre très tôt le procédé du #cyanotype et l’utilise dans la conception du livre British Algae : Cyanotype Impressions qui devient le premier* livre publié étant illustré par des photographies.

    Pour réaliser les illustrations de ce livre qui ressemble à un #herbier elle fait des #photogrammes en plaçant des algues séchés directement sur des feuilles de papier sensibles et recueille sur le cyanotype l’ombre qu’elles créent au soleil.

    A l’origine en auto-édition, il ne reste plus qu’environ 15 exemplaires plus ou moins complets de ce livre dans le monde et ils sont pour la plupart dans des grand musées ou des institutions comme la New York Public Library d’où viennent ces images.

    Après son recueil d’algues elle publiera en 1853 et 1854 deux autres livres utilisant la même technique, Cyanotypes of British and Foreign Ferns et Cyanotypes of British and Foreign Flowering Plants and Ferns.


    #photographie #botanique #beau #bleu #cyan

  • Malheureux télescopage d’images sur une plage - Arts & Spectacles - France Culture
    http://www.franceculture.fr/emission-la-revue-des-images-malheureux-telescopage-d-images-sur-une-p

    Alors que le journal Le Monde publiait en Une la photo du corps du jeune Aylan Kurdi sur une plage turque, on trouvait plus loin, une publicité pour une marque de luxe mettant en scène une femme couchée sur le sable. Retour sur ce télescopage malheureux...

    #photographie #Aylan_Kurdi #presse #publicité

  • Pourquoi les amateurs énervent les pros ? | Mickaël Bonnami - Photographe
    http://mickaelbonnami.com/pourquoi-les-amateurs-enervent-les-pros

    La #photographie c’est un monde de mec , l’égoïsme y est roi et le collectif n’existe que trop rarement. Du coup, ça énerve pas mal les amateurs qui essayent d’obtenir de temps à autre quelques conseils ou des pistes de progression.

    Non, rien...
    #sexisme

    • D’après moi la raison number one du silence des photographes professionnles quand un amateur leur pose une question ou leur demande un conseil, c’est qu’ils n’ont pas la réponse à la question : ce qui fait la différence entre les deux c’est le matériel, et du temps de l’argentique, le labo qui assurait le développement et le tirage. L’arrivée du numérique est en train de mettre tout le monde d’accord et tout le monde au même niveau : photographe ce n’est pas un métier.

    • Étant le principal intéressé et auteur de l’article, je me permet un petit droit de réponse.
      Alors tout d’abord ma chère Agnès, c’est bien dommage de se permettre de m’affubler du hashtag #sexisme aussi facilement et gratuitement. ;)
      Il est évident que si on lit bêtement la phrase comme ça, on peut s’imaginer qu’il soit possible que je sois sexiste. Sauf que malheureusement, si le monde de la photo l’est assez largement, moi je fais plutôt partie de l’autre camp. Alors je ne vais pas me justifier en publiant ici différents liens pour me dédouaner. Je pense que si vous allez trainer un peu sur mon site, vous devriez revenir ici pour me présenter le hashtag suivant : #excuses
      Je les accepterais volontiers. ;)

      Pour ce qui est du message de Philippe, là aussi je trouve ça un peu gratuit. Donc en gros la seule différence entre les pros et les amateurs c’est le matériel ?
      Donc si je vous prête du matériel vous devenez pro et si vous me le rendez vous perdez votre titre ? Un peu simpliste non ? ;)
      La photographie c’est un métier, il existe encore quelques personnes qui en vivent, fort heureusement.

      Mais j’ai pour projet un article où je donne du matériel pro à des amateurs histoire de voir si le talent d’un photographe ou d’un photographe pro ne réside que dans l’achat de matériel. ;)
      Je vous invite à débattre si vous le souhaitez dans les commentaires de mon article. ;)

    • @mickael

      Donc en gros la seule différence entre les pros et les amateurs c’est le matériel ?

      C’est bien pire que cela : quel que soit le matériel dont il dispose un photographe professionnel n’a absolument aucune chance de me surprendre, au contraire de l’homme de la rue dont il m’arrive, quelque soit le matériel dont il dispose, d’être très étonné de ses images.

      Donc si je vous prête du matériel vous devenez pro et si vous me le rendez vous perdez votre titre ?

      Avec le mode d’emploi, oui. Et je me passe très bien du titre.

      Un peu simpliste non ? ;)

      Beaucoup moins que le travail habituel des photographes professionnels et son académisme conservateur par excellence.

      La photographie c’est un métier,

      Historiquement c’est le métier dans lequel les familles artistocratiques et grand bourgeoises orientaient les rejetons auxquelles elles ne pouvaient décemment pas confier le patrimoine (Lartigue, Cartier-Bresson etc...)

      Mais j’ai pour projet un article où je donne du matériel pro à des amateurs histoire de voir si le talent d’un photographe ou d’un photographe pro ne réside que dans l’achat de matériel. ;)

      Votre démarche comporte déjà un certain nombre de préjugés qui ne vont pas vous aider à la rendre très honnête. Quelque chose me dit qu’elle va produire exactement les résultats que vous souhaitez.

      En fait pour rendre ma position claire sur le sujet des photographes : ils ont historiquement dévoyé une invention géniale, celle de la photographie et de ses premiers photogrammes (voir Henry-Fox Talbot) en y ajoutant la camera obscura (Niepce et Daguerre), de 1839 jusqu’en 1955, il ne se passe rien, Robert Frank avec les Américains redonne une chance historique à la photographie pour qu’elle redevienne le poème qu’elle aurait toujours dû être, le miracle n’a cependant pas lieu, il est suivi par des armées de plagiaires, il arrive cependant que des non-photographes par désœuvrement sans doute, des peintres notamment, réussissent quelques beaux poèmes photographiques, Rauschenberg, Robert Heinecken, John Baldessari, Cy Twombly, mais généralement les photographes ne comprennent pas de telles images et les disqualifient, pour eux ce n’est pas de la photographie, cruellement cela en est et d’une force que les recettes dix neuvièmistes et très académiques des photographes ne parviendront jamais à égaler.

      C’est triste, une si belle invention.

    • Wouaou... Je plains un peu Philippe, parce que pour faire une telle réponse à priori un photographe a dû au moins manger vivant son meilleur animal de compagnie.
      Ce que je combat sur mon blog, c’est justement cette pensée morose et « ancienne » de la photo. Franchement, l’histoire de la photo ou de untel, je m’en fou un peu, je préfère juger sur pièce. Et je ne suis pas du genre à aimer les discussion où on part d’un débat simple pour en arriver à raconter l’histoire de la photo de jésus à nos jours avec des arguments longs et hors propos. lol

      Je ne sais pas où vous habitez Philippe, mais si vous êtes près de Bordeaux, je vous inclus dans mon article test, sans soucis. ;)
      Mon propos et mon but n’est pas de dire que les photographes pros sont les meilleurs où font de bonnes photos en toutes circonstance. Lisez mon blog pour vous en convaincre.

      Maintenant si vous pensez que mon test est biaisé d’avance, il y a 2 solutions à cela, ne le lisez pas le jour où il sort ou posez les conditions d’un test impartial à mettre en place. ;)
      Je vous garantis que si vos arguments ou solutions sont valables j’en tiendrais compte. ;)

    • @mickael C’est très gentil de m’inviter, je n’habite pas Bordeaux. Mais surtout je ne suis pas vraiment ce que l’on appelle un amateur (en fait j’y connais un peu quelque chose en photographie, ça fausserait grandement les résultats de votre étude). Je pense que nous ne parlons pas la même langue, ce qui d’ailleurs n’a pas d’importance. Et je manque d’entrain à l’idée du pont qu’il faudrait construire pour que nous nous comprenions.

      En fait je dois avouer que je ne comprends pas ce que vous essayez de démontrer. Restons-en là.

      Passez une excellente soirée.

    • J’ai bien compris que vous êtes photographe. Et votre discours je l’ai déjà lu pas mal de fois et il émane souvent de photographes d’un certain âge qui ont du mal avec les jeunes et le numérique.

      Je ne cherche pas à convaincre les gens pour ma part, j’essaye juste de transmettre un bout de passion de la photo au travers de mon blog et de ma petite expérience. Et si possible sur un ton amical et marrant, sinon on se fait vite chier et c’est pas intéressant.

      Perso, je suis ouvert au discours.

      Bonne soirée !!!

  • http://www.wiels.org/fr/exhibitions/566/Robert-Heinecken--Lessons-in-Posing-Subjects

    Alors là, c’est tellement rare en Europe (et ce n’est pas près d’arriver en France) : une exposition monographique de Robert Heinecken, père fondateur de la photographie plasticienne américaine, à la même époque en France on ne jurait que par un obscur géomètre gris, dont on expose pour la dernière fois, en ce moment à Beaubourg les fades clichés. C’est au Wiels à Brüssels. Et c’est obligatoire.

  • Robert Frank, dans les lignes de sa main (et un peu dans les miennes aussi) | Philippe De Jonckheere (Le Bloc-note du Désordre)
    http://www.desordre.net/blog/?debut=2012-09-16#3002

    L’été 1989, je suis descendu des Cévennes pour aller aux rencontres d’Arles visiter, principalement, l’exposition de Robert Frank. Il y avait deux expositions, une première exposition juste au dessus des arènes qui faisait la part belle, ce qui est rare, à quelques originaux de l’époque d’In lines of my hand, et une autre exposition dans laquelle on trouvait quelques images assez quelconques, il faut bien le dire, d’un récent reportage du vieux Maestro — c’est comme ça que j’ai toujours entendu dire Robert Heinecken et Joyce Neimanas, à propos de Robert Frank, the old maestro — qu’il avait reçu en commande de la ville de Birmingham en Géorgie, et dont on apprenait par lecture croisée d’autres articles que le vieux Maestro, donc, n’en avait pas pensé grand-chose lui-même, à la fois de la commande et des photographies qu’il avait prises pour cette dernière. Je ne me souviens plus exactement si je suis descendu à Arles des Cévennes avec mes parents ou si nous nous sommes donnés rendez-vous à Arles avant que je ne reparte aux Etats-Unis, en revanche j’ai le souvenir distinct d’un déjeuner dans un des restaurants de la place du forum, et puis, encouragé par moi, nous étions allés visiter l’exposition au dessus des Arènes ensemble. Source : Le Bloc-note du (...)