person:robert oppenheimer

  • Freeman Dyson on How Robert Oppenheimer Ran Hot and Cold - Facts So Romantic
    http://nautil.us/blog/freeman-dyson-on-how-robert-oppenheimer-ran-hot-and-cold

    Robert Oppenheimer could be extremely generous and friendly or he could be very harsh. He was very quick to judge and decide that somebody was no good, and then that was final.Photograph by Ed Westcott (U.S. Government photographer) / WikicommonsKai Bird is miffed. His 2005 Pulitzer Prize-winning book American Prometheus: The Triumph and Tragedy of J. Robert Oppenheimer was exhaustively researched, but not quite to his satisfaction. Bird’s co-author, Michael J. Sherwin, had hit up Freeman Dyson, a theoretical physicist and mathematician, to open up about his time working with and under Oppenheimer, who, after having given birth to the atomic bomb, began directing the Institute for Advanced Study, in Princeton. Dyson never let loose that he had a store of letters Bird and Sherwin could (...)

  • My Life with the Physics Dream Team - Issue 43: Heroes
    http://nautil.us/issue/43/heroes/my-life-with-the-physics-dream-team

    One gets the sense that Freeman Dyson has seen everything. It’s not just that at 92 he’s had a front row seat on scientific breakthroughs for the past century, or that he’s been friends and colleagues with many of the giants of 20th-century physics, from Hans Bethe and Wolfgang Pauli to Robert Oppenheimer and Richard Feynman. Dyson is one of the great sages of the science world. If you want to get a sense of where science has come from and where it might be headed, Dyson is your man. Dyson grew up in England with a gift for numbers and calculating. During World War II, he worked with the British Royal Air Force to pinpoint bombing targets in Germany. After the war, he moved to the United States where he got to know many of the physicists who’d built the atomic bomb. Like a lot of (...)

  • « Nous ne connaissons pas les effets à long terme des modifications génétiques »

    http://www.lemonde.fr/biologie/article/2015/08/12/nous-ne-connaissons-pas-les-effets-a-long-terme-des-modifications-genetiques

    Emmanuelle Charpentier, microbiologiste, est co-inventrice d’une récente technique d’édition du gène CRISPR-Cas9. Ces ciseaux moléculaires, capables de cibler spécifiquement une séquence d’ADN, permettent un bricolage extrêmement précis du génome, avec de nombreuses applications en recherche et en médecine.

    Professeure à l’école de médecine de Hanovre, en Allemagne, Emmanuelle Charpentier dirige un département du Centre Helmholtz. Elle est aussi professeure associée au Molecular Infection Medicine Sweden à l’université d’Umea, en Suède.

    Elle répond à nos questions dans le cadre des commémorations de la première bombe nucléaire ayant explosé sur la ville d’Hiroshima, le 6 août 1945.

    Le 16 juillet 1945, à l’issue du premier tir nucléaire grandeur nature, dit « Trinity », au Nouveau-Mexique, le physicien américain Kenneth Bainbridge, responsable de l’essai, a déclaré à Robert Oppenheimer, patron du projet Manhattan : « Maintenant nous sommes tous des fils de putes » (« Now we are all sons of bitches »). Trois semaines plus tard, le bombardier américain Enola-Gay larguait la bombe Little Boy sur Hiroshima.

    Dans votre discipline, avez-vous le sentiment que ce moment où des chercheurs pourraient avoir la même révélation que Kenneth Bainbridge a été atteint, ou est en passe de l’être ?

    En tant que scientifiques qui travaillons dans le but de faire une découverte importante, nous avons tendance à penser aux avantages que notre recherche peut apporter et à tout le bien qu’elle pourrait procurer. Penser à la façon dont la découverte pourrait être abusée est tout aussi important mais n’est généralement pas ce qu’un chercheur perçoit à première vue. Dans toute discipline, nous devons être conscients que de nouvelles découvertes sont toujours accompagnées d’une responsabilité.

    Dans mes domaines, la microbiologie et la génétique, j’ai récemment découvert une nouvelle technologie de l’édition du gène, CRISPR-Cas9. Je suis convaincue que ses avantages pour la recherche scientifique et la santé humaine sont extrêmement importants, par exemple pour développer de nouveaux traitements efficaces pour les maladies graves. Avec la communauté, nous travaillons sur des initiatives visant à établir une compréhension partagée de la technologie et l’établissement de directives collectives. Je suis encouragée par le travail préparatoire qui est mis en place pour assurer que la technologie sera utilisée avec responsabilité.

    Avez-vous ce sentiment concernant d’autres disciplines ? Lesquelles et pourquoi ?

    Beaucoup de nouvelles découvertes importantes s’accompagnent de risques potentiels et de responsabilités significatives pour leur développement et leur utilisation. L’ère nucléaire a également permis l’utilisation industrielle de composés et de produits radiopharmaceutiques pour traiter de nombreuses maladies. Malheureusement, c’est une question qui n’est pas spécifique à une discipline mais peut devenir une problématique dans presque tous les domaines.

    Quel pourrait être l’impact d’un Hiroshima issu de votre discipline ?

    Ma discipline est l’étude des bactéries, micro-organismes simples qui vivent autour de nous, peuvent provoquer des maladies et ont été largement étudiés comme organismes modèles pour comprendre la biologie. Ma recherche au niveau fondamental a conduit à la découverte de la technologie CRISPR-Cas9, qui permet une intervention chirurgicale précise du gène dans une cellule ou dans un organisme. Il existe d’autres technologies d’édition de gènes.

    Cependant, la technologie CRISPR-Cas9 a un énorme potentiel. Parce qu’elle est si efficace, simple et rentable, elle peut être utilisée dans un très large éventail d’applications, allant d’outil dans la recherche fondamentale à des applications potentielles dans des domaines comme l’agriculture et le développement de nouvelles options thérapeutiques pour les maladies génétiques.

    Récemment, il y a eu des rapports publiés sur l’utilisation de la technologie pour modifier l’ADN humain dans des cellules germinales, ce qui signifie que l’effet serait héréditaire, affectant ainsi potentiellement la prochaine génération et toutes les suivantes. Beaucoup ont fait valoir que l’utilisation clinique des modifications de la lignée germinale, chez les personnes, pourrait être très problématique, et cette question est actuellement au centre d’un débat éthique.

    Nous ne connaissons tout simplement pas les effets à long terme de modifications de la lignée germinale. Comme différents pays à travers le monde ont établi des règles éthiques différentes, il est très important de veiller à ce que tous appliquent une base standard, qui prévienne toute utilisation contraire à l’éthique de CRISPR-Cas9 ou autre technologie d’édition de gène. Ces initiatives ont déjà commencé et sont en cours au niveau mondial.

    Après 1945, des physiciens, comme Einstein, ont engagé une réflexion éthique sur leurs propres travaux. Votre discipline a-t-elle fait ou fait-elle de même ?

    Malgré les progrès et développements très rapides dans le domaine, le génie génétique par CRISPR-Cas9 est une très jeune technologie. Les découvertes centrales faites dans mon laboratoire avec mes collaborateurs ont été publiées récemment, en 2011 et 2012. La technologie CRISPR-Cas9 est très puissante, et mes collègues et moi sommes bien conscients de l’importance des considérations éthiques autour de la technologie et de ses applications dans le contexte de maladies humaines. Ces considérations ne sont pas spécifiques à CRISPR-Cas9, elles concernent d’autres technologies ayant aussi le potentiel de manipuler le génome humain.

    Je pense que la communauté scientifique mondiale a été influencée par les expériences passées de découvertes comme le clonage de gènes ou l’énergie atomique, et les discussions éthiques émergent de nos jours beaucoup plus tôt – à la découverte initiale de la technologie et en parallèle de son avancement. Des discussions et débats au niveau mondial autour des règles d’utilisation de CRISPR-Cas9 et d’autres technologies d’édition de gène dans un but bénéfique et éthique sont déjà en cours.

    Pensez-vous qu’il soit nécessaire que le public prenne conscience des enjeux liés à vos travaux ?

    Absolument. Nous avons besoin d’un débat large et global impliquant tous les acteurs, allant des scientifiques, dans des disciplines aussi diverses que l’agriculture et la biomédecine, aux législateurs, médecins, développeurs, patients et au grand public sur le plan mondial. Ceci est fondamental pour assurer que nous sommes en mesure de prévenir les abus de la technologie sans limiter et entraver la recherche et le développement dans des applications sûres et bénéfiques.

    Quelle est selon vous la marge de manœuvre des scientifiques face aux puissances politiques et industrielles qui commanditent et exploitent les résultats de ces travaux ?

    Le parrainage et le soutien de la recherche scientifique par les gouvernements et l’industrie sont d’une importance vitale pour faire des découvertes fondamentales et permettre leur traduction dans des nouveaux traitements, des services et des technologies dont nous pouvons tous profiter. Sans ce soutien, la plupart des découvertes qui changent notre vie et font maintenant partie de notre vie quotidienne n’auraient pas été faites. Le plus grand bien commun ne peut provenir que de collaborations et d’un dialogue ouvert et continu qui implique les parties prenantes à tous les niveaux.

    Pensez-vous à des mesures précises pour prévenir de nouveaux Hiroshima ?

    Les nouvelles découvertes dans toute discipline viennent toujours avec une responsabilité. Il est crucial d’initier et de maintenir des conversations ouvertes et transparentes à travers le monde sur l’utilisation éthique des technologies et de veiller à ce qu’il n’y ait aucun abus. Il faut des initiatives et des lignes directrices mondiales communes pour assurer que les utilisations sûres et éthiques des technologies soient promues et que les applications contraires à l’éthique ou nuisibles soient évitées.

  • « Une cyberattaque quantique aurait un effet dévastateur sur nos vies »

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2015/08/04/70-ans-apres-hiroshima-une-cyberattaque-quantique-aurait-un-effet-devastateu

    Chercheur en mathématiques, l’Italien Michele Mosca est fondateur de l’Institute for Quantum Computing à l’université de Waterloo (Canada). Il dirige depuis 2012 Cryptoworks21, une structure de recherche rassemblant les universités de Waterloo, de Montréal et de Calgary et consacrée aux outils cryptographiques du XXIe siècle. Michele Mosca figure sur la liste 2010 des 40 leaders de moins de 40 ans au Canada.

    Il répond à nos questions dans le cadre des commémorations de la première bombe nucléaire ayant explosé sur la ville d’Hiroshima, le 6 août 1945.

    1- Le 16 juillet 1945, à l’issue du premier essai nucléaire grandeur nature, dit « Trinity », au Nouveau-Mexique, le physicien américain Kenneth Bainbridge, responsable du tir, a déclaré à Robert Oppenheimer, patron du projet Manhattan : « Maintenant nous sommes tous des fils de putes » (« Now we are all sons of bitches »). Dans votre discipline avez-vous le sentiment que ce moment où les chercheurs pourraient avoir la même révélation a été atteint ?

    Il existe une grande différence entre l’informatique quantique, ma discipline, et l’arme nucléaire : son objectif est positif et non destructeur. Les ordinateurs quantiques font l’objet de recherches intenses, car ils sont censés être extrêmement bénéfiques pour la société.

    L’objectif est d’exploiter l’immense puissance de calcul de la mécanique quantique pour résoudre des problèmes importants de l’humanité : concevoir de nouveaux matériaux plus efficaces – pour capter, stocker ou transporter l’énergie par exemple –, découvrir de nouveaux médicaments, améliorer l’imagerie médicale et le diagnostic, optimiser l’allocation des ressources... La plupart de ces applications sont pacifiques et se concentrent sur l’amélioration de la condition humaine.

    Pour autant, il est vrai que l’utilisation de cette puissance de calcul a un effet secondaire négatif : une partie de la cryptographie utilisée pour notre cybersécurité pour protéger notre confidentialité sera un jour « cassée » par les ordinateurs quantiques. Il est donc nécessaire de développer d’ici là une nouvelle génération d’outils cryptographiques pour parer à d’éventuelles attaques. Ce risque, appelé « quantique », peut être éliminé par une bonne planification, alors qu’il n’existe aucune potion magique pour rendre inoffensives les armes nucléaires. Cependant, si le risque quantique n’est pas neutralisé à temps, son effet sera dévastateur.

    2 - Avez-vous ce sentiment dans d’autres disciplines ? Lesquelles et pourquoi ?

    On peut penser à d’autres armes de destruction massive, telles les armes biologiques. Mais il existe aussi des disciplines de recherche développant des technologies qui peuvent se transformer en armes. Ou dont l’usage peut avoir des conséquences négatives imprévues.
    La diffusion croissante du numérique dans nos vies, de la voiture sans chauffeur à la médecine en ligne, nous rend de plus en plus vulnérables à des cyberattaques. Autre exemple, les cyberoutils pour surveiller, extraire ou analyser des données, utilisés à bon escient, peuvent être détournés par des cybercriminels afin de contrôler certaines personnes ou organisations ou d’en profiter.

    Malheureusement, les mesures de sécurité et de confidentialité nécessaires ne sont pas, dans la plupart des cas, mises en place. Dans le milieu de la cybersécurité, les gens disent souvent qu’il faudrait, pour que cela soit fait de façon sérieuse, qu’advienne un « cyberéquivalent » de Pearl Harbor.

    3 - Quel pourrait être l’impact d’un « Hiroshima » dans votre discipline ?

    Si la cryptographie actuelle était « cassée » sans une solution de rechange, les conséquences seraient catastrophiques. Non seulement une vaste quantité d’informations privées (données de santé, situation financière...) perdraient leur caractère confidentiel, mais des systèmes globaux et critiques seraient anéantis. Pour ce faire, il suffirait qu’un ordinateur quantique soit possédé par une entité hostile, ou alors qu’il soit piraté par elle.

    Dans le cas d’Hiroshima, le terrible bilan a été à la fois immédiat (les conséquences directes de l’explosion) et sur le long terme (l’effet des rayonnements et l’impact culturel et économique). Concrètement, dans le cas d’une cyberattaque quantique, l’impact premier, l’atteinte à nos informations personnelles – nos économies, nos données sur la santé, nos communications – aurait un effet dévastateur sur nos vies. Quant aux conséquences sur les systèmes critiques, elles seraient également immédiates : le système financier mondial pourrait être paralysé, des infrastructures énergétiques deviendraient vulnérables à des attaques. On pourrait imaginer des crashs aériens et ferroviaires, la contamination de réserves d’eau. Sans compter les possibles effets induits sociétaux, tels des actes de violence, à la suite d’un effondrement du système financier.

    4 - Après 1945, les physiciens, notamment Einstein, ont engagé une réflexion éthique sur leurs propres travaux. Votre discipline a-t-elle fait de même ?

    Les risques quantiques ne sont pas encore pour demain et ils sont évitables. Nous pouvons neutraliser la menace avant que la technologie ne devienne disponible pour ceux qui voudraient en abuser.

    5 - Pensez-vous qu’il soit nécessaire que le public prenne conscience des enjeux liés à vos travaux ?

    Il est essentiel que les individus expriment leur désir d’être en cybersécurité. Pour empêcher une cybercatastrophe, nous avons besoin que gouvernements et industriels prennent des mesures dès à présent. Il va falloir des années pour rendre compatibles nos cyberinfrastructures avec la technologie quantique. Il ne s’agit pas d’attendre une catastrophe avant d’agir. Nous ne pouvons pas perdre de temps.

    Cependant, comme ni les conséquences ni les récompenses ne sont immédiates, les mesures nécessaires ne sont pas prises. Volonté politique et incitations commerciales font actuellement défaut. De telles prises de décision nécessitent une certaine clairvoyance, qui sera, à terme, récompensée incommensurablement.

    6 - Quelle est, selon vous, la marge de manœuvre des scientifiques face aux puissances politiques et industrielles qui exploiteront les résultats de ces travaux ?

    Cela varie d’une discipline à l’autre. Là où des antidotes existent à l’utilisation destructrice de leurs travaux, certains scientifiques peuvent travailler dur pour les développer et les diffuser. Le cas échéant, ils peuvent rendre publics de tels risques afin de créer une pression politique pour éviter une telle utilisation.

    En cryptographie, si un mathématicien découvre une façon de mettre en péril un encodage, il peut en faire la publicité sans expliquer la méthode pour « casser » le code. En attendant le temps nécessaire pour remplacer l’encodage.

    7 - Pensez-vous à des mesures précises pour prévenir de nouveaux Hiroshima ?

    Les armes actuelles sont encore plus dévastatrices que celle qui a été lâchée sur Hiroshima. Nous avons fondamentalement besoin de méthodes plus humaines pour résoudre des conflits à l’échelle mondiale.

    Il y a plusieurs années, alors que j’étudiais au Royaume-Uni, deux collègues européens m’ont fait remarquer qu’un aspect précieux des programmes d’échanges étudiants de l’Union européenne était la perspective de créer de « bons Européens » – une aide pour éviter la répétition des guerres dévastatrices que l’Europe a connue. Actuellement, les très nombreux échanges internationaux de jeunes favorisent une compréhension plus profonde des cultures mondiales, des relations se nouent et facilitent dialogue, négociation et coopération. Ce sont des outils inestimables pour conjurer de futures catastrophes.

    Pour d’autres menaces plus subtiles impliquant la morale à l’échelle mondiale, nous avons besoin d’une meilleure culture de la responsabilité. Qui, par exemple, est responsable en bout de chaîne pour faire en sorte que nos cybersystèmes soient protégés contre les menaces à venir ? Qui est responsable des dommages causés si ces cybersystèmes sont détruits ? Les gens devraient poser ces questions le plus souvent possible, et persister jusqu’à obtenir des réponses sérieuses. Ils devraient également vérifier qu’il y a bien une corrélation entre les deux réponses.

    Concernant spécifiquement le risque quantique, industriels et gouvernements du monde entier doivent concevoir, mettre en œuvre, déployer et standardiser de nouveaux outils cryptographiques interopérables et sûrs. La protection de la sécurité et de la vie privée est possible avec cette nouvelle génération de codes.

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    • Il existe une grande différence entre l’informatique quantique, ma discipline, et l’arme nucléaire : son objectif est positif et non destructeur.
      […]
      Les risques quantiques ne sont pas encore pour demain et ils sont évitables.
      […]
      Actuellement, les très nombreux échanges internationaux de jeunes favorisent une compréhension plus profonde des cultures mondiales, des relations se nouent et facilitent dialogue, négociation et coopération. Ce sont des outils inestimables pour conjurer de futures catastrophes.

      Je ne sais pas pourquoi, mais tout cela ne me rassure vraiment pas du tout…

    • Clair qu’il se fourre le doigt dans l’œil jusqu’à l’occiput :

      Nous pouvons neutraliser la menace avant que la technologie ne devienne disponible pour ceux qui voudraient en abuser.

      mais l’article a le mérite de dévoiler un nouveau pan de menaces venant de notre chère #silicon_army

  • Noel Sharkey : « Lorsque des machines répondront à des algorithmes secrets, personne ne pourra prédire l’issue d’un conflit »

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2015/08/03/noel-sharkey-lorsque-des-machines-repondront-a-des-algorithmes-secrets-perso

    Noel Sharkey, professeur émérite d’intelligence artificielle et de robotique de l’université britannique de Sheffield, est président de l’International Committee for Robot Arms Control (ICRAC). Il répond à nos questions dans le cadre des commémorations de la première bombe nucléaire ayant explosé sur la ville d’Hiroshima, le 6 août 1945.

    Le 16 juillet 1945, à l’issue du premier essai nucléaire grandeur nature, dit « Trinity », au Nouveau-Mexique, le physicien américain Kenneth Bainbridge, responsable du tir, a déclaré à Robert Oppenheimer, patron du projet « Manhattan » : « Maintenant nous sommes tous des fils de putes » (« Now we are all sons of bitches »). Dans votre discipline, avez-vous le sentiment que ce moment où les chercheurs pourraient avoir la même révélation a été atteint ?

    Il existe une inquiétude considérable, et grandissante, autour de l’automatisation totale. Ce moment précis où toute activité ou travail humain sera réalisé par des machines. Pour ce faire, celles-ci n’ont d’ailleurs pas besoin de devenir super-intelligentes, comme certains le suggèrent.

    Nous sommes à un moment-clé où nous assistons à une convergence de différentes technologies : le big data, le « machine learning », la vitesse de calcul, la robotique et l’Internet. Et nous semblons nous diriger inexorablement vers ce point imaginaire. Un certain nombre de livres et rapports récents analysent minutieusement les pertes d’emplois actuelles et le possible chômage de masse dans un avenir pas si lointain. La vraie question est de savoir quel niveau de contrôle nous, humains, sommes prêts à céder aux machines.

    La plus grande préoccupation de cette dernière décennie est la direction prise afin de donner aux machines le pouvoir de décider de tuer en temps de guerre. Les robots tueurs ou les systèmes d’armes autonomes sont conçus pour rechercher et trouver des cibles, puis les attaquer avec violence, sans que soit nécessaire une quelconque surveillance humaine. Ces robots ne sont pas des humanoïdes à l’image du personnage de science-fiction Terminator, mais de plus traditionnels tanks, sous-marins, avions de chasse et hélicoptères de combat. La finalité à atteindre est l’automatisation totale pour pouvoir tuer en temps de guerre, du moins pour ceux qui possèdent cette technologie. C’est peut-être la plus grave menace sur la sécurité mondiale qui fait de nous tous des « fils de putes ».

    3- Quel pourrait être l’impact d’un « Hiroshima » dans votre discipline ?

    L’automatisation totale de la guerre apporte tant de problèmes à l’humanité qu’on pourrait la considérer comme quelque chose de pire qu’Hiroshima, en pensant simplement au fait que ces systèmes d’armes autonomes peuvent être équipés d’armes nucléaires.
    Il suffirait qu’une nation décide d’atteindre ce point d’automatisation pour que d’autres suivent rapidement, entraînant une prolifération massive et une nouvelle course aux armements. L’utilisation d’armes autonomes facilite l’entrée dans un conflit et pourrait facilement créer des conflits accidentels qu’aucun humain ne pourrait arrêter. Certaines nations ont déjà discuté ensemble de l’utilisation d’essaims de robots tueurs afin de multiplier la force déployée.

    L’un des impacts les plus dangereux de cette automatisation est la rapidité d’action de plus en plus forte qu’elle procure. Les conseillers militaires disent déjà que la guerre est en train de devenir trop rapide pour que les humains réagissent ou prennent des décisions. Ces pourparlers actuels ouvrent la voie à une automatisation complète en laissant de côté un point important : lorsque des essaims de machines répondront à des algorithmes secrets, personne ne pourra prédire l’issue d’un conflit et l’impact sur le monde civil.

    4- Après 1945, les physiciens, notamment Einstein, ont engagé une réflexion éthique sur leurs propres travaux. Votre discipline a-t-elle fait de même ?

    On sent grandir, chez les roboticiens et chercheurs en intelligence artificielle, une volonté d’examiner les problèmes éthiques qui peuvent découler d’une utilisation de leurs travaux.

    Les grandes organisations professionnelles prennent conscience des problèmes potentiels futurs liés aux systèmes d’armes autonomes. Certaines consultent et sondent leurs membres. La protestation grandit.

    5- Pensez-vous qu’il soit nécessaire que le public prenne conscience des enjeux liés à vos travaux ?

    Cette prise de conscience est nécessaire. D’ailleurs, elle a déjà commencé. Nous sommes plusieurs à avoir écrit pour des publications nationales (magazines, journaux), à avoir donné des interviews... Cette campagne de sensibilisation pour arrêter les robots tueurs rencontre un intérêt croissant de la part du public. Les citoyens ont un pouvoir et ils doivent l’utiliser pour arrêter ces développements moralement odieux.

    7- Pensez-vous à des mesures précises pour prévenir de nouveaux Hiroshima ?

    Oui. Je fais partie de la direction d’une grande campagne internationale pour arrêter les robots tueurs. Elle rassemble 54 organisations non gouvernementales de 26 pays ainsi qu’un certain nombre de Prix Nobel de la paix. Nous venons de travailler à l’Organisation des Nations unies pendant deux années et demie afin d’obtenir un nouvel outil juridique contraignant et international. Ceci pour interdire le développement, les essais et la production de systèmes d’armes autonomes. La France nous a apporté une aide très utile, les progrès sont là mais il reste encore un long chemin à parcourir.

    Cependant, il est difficile de penser à la manière d’éviter l’automatisation complète qui rendra superflu le travail humain. C’est quelque chose à envisager ensemble. La question concerne le degré et les limites du pouvoir que nous voulons céder aux machines, sans perdre les formidables avantages qu’apporte la technologie.

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  • Démasquez les physiciens, videz les laboratoires ! - Lieux Communs
    http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article571

    Manifeste antinucléaire oublié que Breton et le groupe surréaliste publièrent en février 1958. Jean-Jacques Lebel, l’un des signataires, interrogé sur les circonstances de sa rédaction, indique : "[Ce manifeste] fut écrit et distribué à la Sorbonne (avec bagarre à la clé), à l’occasion d’une conférence de Robert Oppenheimer, qui se prétendait anti-militariste et que certains avaient même accusé d’être un « agent de Moscou », mais qui avait joué le rôle que l’on sait dans l’élaboration de la bombe A à Los Alamos."