person:robert

  • James Watson Won’t Stop Talking About Race - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2019/01/01/science/watson-dna-genetics-race.html

    It has been more than a decade since James D. Watson, a founder of modern genetics, landed in a kind of professional exile by suggesting that black people are intrinsically less intelligent than whites.

    In 2007, Dr. Watson, who shared a 1962 Nobel Prize for describing the double-helix structure of DNA, told a British journalist that he was “inherently gloomy about the prospect of Africa” because “all our social policies are based on the fact that their intelligence is the same as ours, whereas all the testing says, not really.”

    Moreover, he added, although he wished everyone were equal, “people who have to deal with black employees find this not true.”

    Some scientists said that Dr. Watson’s recent remarks are noteworthy less because they are his than because they signify misconceptions that may be on the rise, even among scientists, as ingrained racial biases collide with powerful advances in genetics that are enabling researchers to better explore the genetic underpinnings of behavior and cognition.

    “It’s not an old story of an old guy with old views,’’ said Andrea Morris, the director of career development at Rockefeller University, who served as a scientific consultant for the film. Dr. Morris said that, as an African-American scientist, “I would like to think that he has the minority view on who can do science and what a scientist should look like. But to me, it feels very current.’’

    David Reich, a geneticist at Harvard, has argued that new techniques for studying DNA show that some human populations were geographically separated for long enough that they plausibly could have evolved average genetic differences in cognition and behavior.

    But in his recent book, “Who We Are and How We Got Here,’’ he explicitly repudiates Dr. Watson’s presumption that such differences would “correspond to longstanding popular stereotypes’’ as “essentially guaranteed to be wrong.’’

    Even Robert Plomin, a prominent behavioral geneticist who argues that nature decisively trumps nurture when it comes to individuals, rejects speculation about average racial differences.

    “There are powerful methods for studying the genetic and environmental origins of individual differences, but not for studying the causes of average differences between groups,” Dr. Plomin writes in an afterword to be published this spring in the paperback edition of his book, “Blueprint: How DNA Makes Us Who We Are.”

    #Racisme #Génomique #Watson

  • J’aimerais revenir sur la polémique #Kanata / #Robert_Lepage qui n’a finalement presque pas été abordée sur Seenthis, et donc peut-être pas assez en France (pourtant ça rappelle une polémique en France, avec #Exhibit_B.), sauf ici :
    https://seenthis.net/messages/717781
    https://seenthis.net/messages/747168

    Robert Lepage a décidé dans cette dernière pièce de traiter de l’histoire du Canada, et donc des #autochtones, sans actrices ou acteurs autochtones, mais même sans consulter la ou le moindre autochtone pendant la genèse de la pièce.

    Alors, laissons d’abord la parole à Maya Cousineau-Mollen :

    Kanata : Maya Cousineau-Mollen, entre espoir et tristesse
    Radio Canada, le 17 décembre 2018
    https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/1142422/kanata-maya-cousineau-mollen-theatre-autochtone

    Elle s’explique aussi ici en vidéo sur Le Média, le 23 décembre 2018 :
    https://www.youtube.com/watch?v=lG5ptrcijdI

    Mais, avant de revenir là dessus, rajoutons le contexte qui manque un peu. Alors qu’il annonce la sortie de cette pièce à Montréal en été 2018, il vient de subir une autre controverse avec sa pièce #Slav, consacrée aux chants d’esclaves #noirs, avec aucun.e chanteu.se.r noir ni aucun.e noir.e consultée pendant la génèse de la pièce. Présentée pendant le Festival de Jazz de Montréal, un tonnerre de protestation a conduit le Festival à annuler la pièce après les quelques premières représentations. J’en avais un peu parlé ici :
    https://seenthis.net/messages/706476

    Peu de gens s’en souviennent, mais en 2001, Robert Lepage avait présenté sa pièce #Zulu_Time où des personnes de nombreuses origines sont représentées, mais où là encore, neuf des dix membres de la troupe étaient des Québécois blancs, le dixième étant d’origine péruvienne. De plus, les représentations étaient stéréotypées, en position d’infériorité par rapport aux personnages blancs. Des femmes provenant apparemment du Moyen-Orient ou du sous-continent indien étaient placés dans des rôles de servitude et d’assujettissement. Enfin, la seule représentation d’un homme noir, jouée par un comédien blanc, arborait un maquillage corporel noir, portant le costume traditionnel d’un guerrier zoulou, avec couvre-chef, torse nu, lance et bouclier, et dont la pièce établissait un parallèle avec le personnage du singe, joué par l’acteur d’origine péruvienne.

    Bref, pour en revenir à Kanata et à 2018, comme le rappelle Maya Cousineau-Mollen, bien qu’il y ait des critiques, il n’y a pas d’appel à l’annulation ou à la censure. Ce sont les producteurs de la pièce qui se retirent, ne voulant pas être mêlés à une telle controverse.

    C’est alors que dans sa grande mansuétude, qui démontre aussi à quel point le débat est en retard en #France sur ces questions, qu’ #Ariane_Mnouchkine décide d’offrir son #Théâtre_du_Soleil de la #Cartoucherie de Vincennes à Robert Lepage pour qu’il y monte une versions légèrement modifiée de sa pièce, et donc tout aussi critiquable. On en est là.

    #appropriation_culturelle #racisme #invisibilisation #Spectacle #Théâtre #Canada

  • Soit le film plébiscité par excellence, Pupille de Jeanne Herry, et comment ne pas aimer un tel film dans lequel un nouveau-né sous X finit par trouver une très jolie maman célibataire après avoir connu les trois premiers mois de sa vie dans les bras robustes et aimants d’un parent d’accueil au physique de troisième ligne de rugby, mais avec un cœur qui bat fort ? Oui, vraiment, et j’imagine qu’il faudrait être vraiment de très mauvais esprit, et ne pas avoir de cœur, pour trouver à redire dans ce concert de louanges, cet hymne à la vie, ce mélo calibré dans lequel il y a, pour toutes et tous, un personnage dans les habits duquel on peut se couler facilement.

    Une certaine détestation, par dessus tout, du comédien Gilles Lelouch m’a sans doute sauvé de cette inévitable identification et, du coup, zut ! encore raté, mon sens critique n’était pas en panne pendant la projection de ce film. Et du coup ben oui, je retrouve à redire. De toute façon je n’ai pas de cœur.

    Je trouve que c’est quand même drôlement pratique cette misère sociale qui est pourtant la graine du récit et qui, obéissante, reste aux frontières du film. La jeune mère étudiante qui n’a pas de place dans sa vie pour cet enfant qu’elle met au monde sans péridurale (parce qu’elle arrive trop tard aux urgences, ça aussi bien pratique de pouvoir lui infliger les douleurs de l’enfantement) et qui disparaît vite fait mal fait à la septième minute du film, et, pareillement, les jeunes gens qui foutent le Bronx dans leur famille d’accueil pour bien montrer que notre troisième ligne à sa barbe de trois jours au cœur gros comme ça il s’en envoie quand même pas mal, tout ce désordre social qui est raccompagné à la porte de film à peine commencé, c’est drôlement pratique (la disparition de TOUS les enfants à problème dans cette famille d’accueil d’un coup d’un seul est une énigme scénaristique opaque). Et, donc, désormais, les cas sociaux raccompagnés à la porte, laissez-nous, personnes bien élevées, jolies femmes et hommes bien de leur personnes, changer le destin de ce bébé et la face du monde à notre manière de personnes bien élevées et responsables.

    Et tout baigne merveilleusement, des services sociaux remplis à craquer d’un personnel à la fois compétent et dévoué, une assistante sociale efficace (Clotilde Mollet réalise un numéro d’actrice formidable, l’assistante sociale est d’une justesse remarquable, presque trop parfaite, même Sandrine Kimberlain et Elodie Bouchez qui sont des comédiennes de haut vol ne tiennent pas la route face au personnage de l’assistance sociale) et admirablement compréhensive de la décision de la jeune mère de faire naître son enfant sous X, un assistant maternel qui vit dans la maison dont tout le monde rêve, vieille maison de pierres battue par les embruns au bord de falaises du Finistère et, à la fin, c’est la jolie femme brune séduisante qui remporte le pompon, si j’ose dire, c’est à elle que l’on confie l’enfant à la fois blanc et en bonne santé, l’adoption c’est merveilleux et tous les personnages du film sablent le champagne et c’est merveilleux. There is not a dry eye in the movie house comme dit je ne sais plus quel personnage de The Player de Robert Altman

    Alors je dois être vraiment un très mauvais coucheur, en plus de ne pas avoir de cœur, mais je n’ose imaginer dans quel monde idéal la réalisatrice de cette affaire a vécu de sa naissance à la réalisation de ce film ou quelles puissantes œillères elle a eu le loisir de porter pour réaliser ce film transpirant de bons sentiments qui ne dépassent jamais, dans leur coloriage, les traits et les pointillés impartis, à propos d’un tel sujet, l’accouchement sous X ?

    Et je dois dire que trouve admirable cette nouvelle vague de jeunes réalisateurs et réalisatrices françaises dont on devine sans mal donc, les enfances choyées et passées en partie à rêver l’existence des pauvres au point, plus tard, de devenir des réalisateurs et réalisatrices qui se piquent d’être engagées.

    Oui, engagées à droite toute et dans la plus pure tradition de la reconduction d’un modèle social dont on devine bien qu’ils et elles ont toujours été du bon côté du manche. Ce cinéma-là est le lieu de tous les impensés sociaux de droite. Et ils sont puissants.

    • « Et je dois dire que trouve admirable cette nouvelle vague de jeunes réalisateurs et réalisatrices françaises dont on devine sans mal donc, les enfances choyées et passées en partie à rêver l’existence des pauvres au point, plus tard, de devenir des réalisateurs et réalisatrices qui se piquent d’être engagées. »
      # Excellent

  • (20+) Jack l’Eventreur, viscéralement misogyne - Libération
    https://www.liberation.fr/planete/2016/08/19/jack-l-eventreur-visceralement-misogyne_1473479

    En 2015, de nombreux habitants de l’East End ont très mal vécu l’érection d’un musée entièrement consacré à l’œuvre de Jack l’Eventreur - en l’occurrence le massacre, à l’automne 1888, de cinq prostituées et le vol de certains de leurs organes. Surtout qu’à l’origine, l’homme derrière le projet, Mark Palmer-Edgecumbe, ancien chef de la diversité chez Google, avait promis qu’on érigerait là « le premier musée dédié aux femmes » du Royaume-Uni - ce qui devait théoriquement inclure l’histoire des premières suffragettes. Cela doit être de l’humour anglais : en lieu et place de cartels sur des militantes féministes, les Londoniens se sont retrouvés avec des mannequins ensanglantés sur le sol, un large couteau, de l’hémoglobine factice, des ambiances brumeuses qui rappellent le fog local, ainsi que des répliques de missives écrites à l’encre rouge sang, alors même que la majorité des lettres attribuées à Jack l’Eventreur sont, rappelons-le, de notoires fumisteries écrites par des rigolos pathologiques en mal d’attention médiatique (déjà). Bref, le tout ressemble à un mauvais épisode de Faites entrer l’accusé, mais sans Christophe Hondelatte qui relève son col de manteau à la fin. Résumons ainsi cette mascarade ironico-sexiste : à un musée célébrant les femmes et leurs combats politiques, on a préféré ouvrir un lieu mettant en scène les forfaits d’un meurtrier en série, qui les tuait précisément parce qu’elles étaient des femmes.
    Un « folklore » macabre et navrant

    Cette grotesque histoire démontre une fois de plus que Jack l’Eventreur est, depuis son apparition sur les registres de Scotland Yard, l’objet d’une inépuisable fascination macabre en Angleterre - en témoignent les objets qu’on peut acquérir à la boutique de souvenirs du « musée » : tee-shirt blanc avec silhouette en haut-de-forme et traces de sang, sifflet estampillé « Jack the Ripper » (pour prévenir la police ?). Imaginerait-on, en France, l’ouverture d’un musée « Emile Louis », avec une réplique grandeur nature de son car de ramassage scolaire ?

    Les crimes de Jack l’Eventreur étaient-ils misogynes ? Indéniablement. C’est même l’une des seules choses dont on soit à peu près sûr. Les cinq victimes canoniques sont des femmes, toutes des prostituées ; certains de leurs organes sexuels, comme l’utérus ou le vagin, ont été prélevés par le tueur. C’est pourtant l’élément qui est le moins mis en avant dans la foultitude de publications qu’experts en criminologie et autre « ripperologues » autoproclamés publient chaque année dans toutes les maisons d’édition de la planète. On préfère se concentrer sur « l’enquête », pourtant lacunaire, mais surtout sur les théories autour de l’identité du meurtrier, alimentant ainsi la machine à fantasmes. Ne serait-il pas un barbier juif de Whitechapel (suspect idéal : Aaron Kosminski, qu’un Anglais richissime du nom de Russell Edwards a cru récemment confondre à l’aide de son ADN, ayant acheté pour une somme faramineuse un châle censément attribué à l’une de ses victimes) ? Le prince Albert Victor de Galles, petit-fils de la reine Victoria ? Le chef du département d’enquêtes criminelles de Scotland Yard ? Ou, mieux, le peintre impressionniste Walter Sickert, qui - attention, preuve à l’horizon - peignait des prostituées dans leur chambre, qui tiraient la gueule ? La polardeuse Patricia Cornwell a passé des années à zigzaguer sur cette piste, déboursant 6 millions de dollars (soit 5,3 millions d’euros) en achats de toiles et analyses ADN, et en a tiré en 2002 un pavé de 800 pages aussi indigeste qu’une tourte à la viande (tant qu’on y est, pourquoi ne pas accuser Egon Schiele ou Otto Dix ?). Lewis Carroll a été, lui aussi, suspecté un temps, par deux ou trois zozos pressés de pouvoir clamer « J’ai trouvé ».

    Les femmes semblent être les grandes absentes de cette histoire, qui les concerne pourtant au premier chef. Sophie Herfort est une « ripperologue » française. Elle a publié un ouvrage sur le sujet, Jack l’Eventreur démasqué, où elle dévoile « son » suspect : un policier de Scotland Yard du nom de Melville Macnaghten. Elle explique avoir peu abordé la question de la misogynie du tueur dans son livre, notamment parce que l’éditeur « préférait que je me concentre sur l’enquête ». Elle reconnaît pourtant que le contexte, dans cette affaire, est loin d’être une simple toile de fond : en 1888, les mutilations féminines étaient courantes à Londres. Les hystérectomies étaient un moyen de contrôler les naissances. Et on pratiquait volontiers l’excision, pour prévenir les femmes de cette maladie censément féminine qu’était l’hystérie ou pour les « soulager » de règles douloureuses. Dépression ? Langueur ? Appétit sexuel jugé démesuré ? Une seule réponse : l’ablation du clitoris.
    L’effrayante sexualité des femmes

    Sophie Herfort évoque le cas du docteur Isaac Baker Brown. Cofondateur du prestigieux Saint Mary’s Hospital (où les journalistes ont récemment fait le pied de grue lors des naissances de George et de Charlotte de Cambridge), ce chirurgien opérait à tour de bras les femmes de la haute bourgeoisie dans sa clinique privée, la London Surgical Home. Il y pratiquait avec enthousiasme l’ablation des ovaires, ainsi que l’hystérectomie. En 1866, il publie un livre où il prône la pratique de l’excision « préventive », afin de lutter contre les dangers de la masturbation. Il y explique avoir excisé une femme « malade » (en vérité, elle avait demandé le divorce à son mari, la loi l’y autorisant depuis 1857). Il décrit : « Il y avait la preuve d’une excitation périphérique [entendre masturbation, ndlr]. J’ai pratiqué mon opération comme à l’accoutumée et ma patiente s’est bien remise. Elle est devenue ensuite à tous égards une bonne épouse. » Il a également pratiqué l’ablation du clitoris sur une jeune femme de 20 ans car « elle ne répondait pas aux aspirations de sa mère, envoyait des cartes de visite à des hommes, et passait beaucoup de temps à lire ». Notons qu’en France, en 1882, le docteur Démétrius Zambaco, chef de clinique à la faculté de médecine de Paris, venait de décrire avec force détails, dans la revue scientifique l’Encéphale, comment il avait brûlé au fer rouge le clitoris de deux petites filles de 6 et 10 ans pour leur passer l’envie de se masturber.

    La sexualité des femmes terrorisait l’Albion de la reine Victoria, où l’on conseillait aux jeunes épouses effrayées par les futurs assauts du mari de « fermer les yeux et penser à l’Angleterre ». Les héroïnes de fiction du XIXe siècle avec un passé sexuel, celles des romans de Dickens par exemple, comme Nancy la prostituée d’Oliver Twist, mouraient immanquablement dans d’atroces souffrances. Tout cela n’empêchait pas (au contraire) Londres d’être un lupanar géant, propice aux trafics en tout genre : en 1885, un journaliste de la Pall Mall Gazette dévoila, dans un impressionnant reportage, un monumental trafic d’enfants, dans lequel les élites victoriennes étaient impliquées, ce qui poussa le législateur à relever l’âge de la majorité sexuelle à 16 ans (elle était fixée auparavant à 13). Londres était surnommé « the whoreshop of the world » (« le bordel du monde ») : en 1888, dans le simple quartier de Whitechapel, qui ne compte que quelques rues, Scotland Yard avait évalué le nombre de prostituées à 1 200. Les victimes furent faciles à trouver pour le tueur : elles étaient pauvres, alcooliques, sans famille, sans toit, à la merci des hommes qui sollicitaient leurs faveurs pour quelques shillings, vivant la nuit dans des quartiers mal famés et sans éclairage public.
    Un retour de bâton patriarcal

    Et pourtant, aussi, à l’époque de Jack l’Eventreur, l’on réforme - timidement - le divorce (en 1857) ; le médecin anglais Joseph Mortimer Granville invente le vibromasseur (en 1883) ; l’on pose enfin la question de l’égalité entre garçons et filles dans l’accès à l’éducation (en 1870) ; et puis celle de leur droit de vote (en 1867, avec John Stuart Mill). Dans son livre The Age of Sexcrime, l’historienne Jane Caputi interprète les meurtres de l’Eventreur comme une sorte de « backlash » misogyne, un retour de bâton anti-femmes, une résurgence de l’ordre patriarcal face à une condition féminine qui, très lentement, avance vers le chemin de l’émancipation. Les victimes massacrées sont les boucs émissaires, dit-elle, d’une société en train de changer, inéluctablement. D’où l’intense médiatisation des crimes, aussi atroces que spectaculaires. Le corps de la prostituée, considéré de son vivant comme un simple bien de consommation et désormais réduit en charpie, est, à sa mort, exposé au regard forcément horrifié du public. D’abord le cadavre est trouvé dans la rue. Puis il est photographié, et ces images sont abondamment diffusées par la presse - qui se délecte d’informer ses lecteurs de certains détails insoutenables, comme les intestins de Mary Jane Kelly, la cinquième victime de l’Eventreur, déposés par le tueur sur sa table de nuit. On peut encore contempler aujourd’hui, en un simple clic sur Wikipédia, les clichés mortuaires de Mary Jane Kelly, Annie Chapman, Catherine Eddowes, Elizabeth Stride, Mary Ann Nichols. On frissonne, on s’inquiète, on s’affole, et puis les crimes s’arrêtent, la vie reprend.

    Dans leur ouvrage Sex Crimes in History (1963), les historiens Robert E. L. Masters et Eduard Lea avaient évoqué une « infestation », entre 1885 et 1895, de ce type de criminels s’attaquant à des femmes dans le monde entier, avec sensiblement le même mode opératoire. L’Encyclopédie des serial killers, de Michael Newton (1999), en recense plusieurs : l’Eventreur de Moscou (1885), une affaire jamais élucidée, où plusieurs prostituées ont été éventrées ; l’Eventreur du Texas (1885, lire ci-contre) qui, lui, tuait des prostituées noires ; l’Eventreur du Nicaragua (1889) ; « Jack the Strangler » qui tuait des prostituées à Denver, dans le Colorado, en 1894 ; et en France, Joseph Vacher (« l’Eventreur du Sud-Est ») qui a sévi de 1894 à 1897, au gré de ses mortels vagabondages, non pas sur des prostituées, mais sur des jeunes femmes et des bergers isolés.

    Jack l’Eventreur est peut-être le premier serial killer « moderne », utilisant la presse à grand tirage pour médiatiser ses actes, se riant de la population effrayée, jouant à cache-cache avec Scotland Yard ; mais, avant tout, et c’est l’irréfutable point commun qu’on peut lui trouver avec la liste des tueurs énoncée plus haut : il haïssait les femmes, dont l’émancipation était pourtant, bien malgré lui, en marche.

    Bibliographie :

    The Age of Sexcrime, de Jane Caputi, UW Press (2000).

    Jack l’Eventreur démasqué, l’enquête définitive, de Sophie Herfort, éd. Points (2008), 320 pp., 7 €.

    Jack l’Eventreur démasqué, de Russell Edwards, éd. de l’Archipel (2016), 21 €.

    A Comparison of 19th Century and Current Attitudes to Female Sexuality, de John Studd, paru dans la revue Gynecological Endocrinology (2007).

    Pucelles à vendre, Londres 1885, de William Thomas Stead, éd. Alma (2013), 292 pp., 16 €.

    Vacher l’Eventreur , de Régis Descott, Grasset (2016), 288 pp., 19 €.

    #historicisation #excision #violence_masculine #misogynie #backlash #féminicide #violence_médicale #hystérie

    • @simplicissimus super désespérant, quand à la photo d’illustration d’une femme à terre la jupe relevée, ça permet à libé un double racolage de raclures de journalistes : montrer l’entrejambe d’une femme et se #divertir avec les crimes de ce tueur mysogine.

    • L’article est interessant pour l’histoire d’un certain nombre de violences faites aux femmes à cette époque en citant quelques noms de #grand_homme et sur le fait qu’il pointe la misogynie des crimes. Pour l’illustration je ne l’ai pas remise, je suis d’accord avec toi @touti et c’est vrai que le titre est un peu macabre mais je trouve que la mention de la misogynie est pertinente car c’est plutot de ca que parle le texte. Vicéralement misogyne ca me choque pas mais j’ai un gout prononcé pour le morbide.

  • Fixing React Native WebView’s postMessage for #ios.
    https://hackernoon.com/fixing-react-native-webviews-postmessage-for-ios-bf1961065b09?source=rss

    The error that should have never been.In 2016, GitHub user Robert Roskam (raiderrobert) opened an issue on the React Native repository reporting the error “Setting onMessage on a WebView overrides existing values of window.postMessage, but a previous value was defined”. In the two years since then, nothing has been done to resolve it within the internal React Native implementation of WebView.The React Native community has forked WebView specifically to maintain it as a third party package and fix many of these ongoing issues. However, in order to implement these third party packages, you must be able to link React Native packages — react-native link #react-native-webview. If you are able and willing to do this, your problem is solved. The installation instructions for the community edition of (...)

    #mobile-app-development #react-native-webview #ios-app-development

  • Aux États-Unis, les vétérinaires se suicident beaucoup plus que le reste de la population | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/171507/etats-unis-veterinaires-suicides

    En France, les agriculteurs sont la catégorie socioprofessionnelle la plus touchée par le suicide. Aux États-Unis, c’est chez les vétérinaires que l’on trouve un taux de suicide bien supérieur à la moyenne nationale, selon les statistiques publiées par l’American Veterinary Medical School. Ce journal a récemment publié une étude des Centers for Disease Control (CDC), qui ont analysé les circonstances de décès des 11.620 vétérinaires morts de 1979 à 2015.

    Sur cette période, les hommes vétérinaires se sont suicidés 2,1 fois plus que le reste de la population. Chez les femmes vétérinaires, le chiffres est encore plus dramatique : 3,5.

    Les raisons de cette sureprésentation des suicides dans la profession seraient liées au haut niveau de stress causé par le travail, à la dépression et aux burn-out. Selon les scientifiques des CDC, « le processus de sélection des écoles vétérinaires demande des compétences académiques très rigoureuses et sélectionne donc des personnes perfectionnistes. Sauf que les perfectionnistes sont une population à risque pour le développement de maladies mentales, y compris l’anxiété et la dépression ».

    À LIRE AUSSI Le lien entre réseaux sociaux et suicide n’est peut-être pas celui que vous croyez
    Moins peur de la mort

    L’équipe du CDC suggère aussi que les études de vétérinaire pourraient réduire la peur de la mort, puisque l’euthanasie est présentée comme une manière acceptable de mettre fin aux douleurs d’un animal. Les vétérinaires ont très facilement accès aux produits utilisés pour euthanasier les animaux de manière indolore.

    Ce pourrait d’ailleurs être l’une des raisons qui explique pourquoi les femmes vétérinaires se suicident plus que leurs collègues masculins –à l’inverse de ce que l’on observe au sein de la population globale. Les hommes sont classiquement plus susceptibles de se suicider par arme à feu, alors que les femmes s’empoisonnent. Chez les vétérinaires, deux tiers des femmes se sont suicidées avec du poison pharmaceutique, contre un tiers seulement des hommes.

    D’après le docteur Robert Redfield, directeur des CDC, toutes ces recherches fournissent des données qui s’avéreront précieuses pour la prévention contre le suicide chez cette catégorie professionnelle très particulière.

    #suicide #genre #sexe #euthanasie

  • Eau et assainissement : La mafia de Veolia et Suez remporte le match

    https://www.ladepeche.fr/article/2018/12/14/2924742-eau-et-assainissement-veolia-et-suez-remportent-le-match.html

    Toulouse Métropole a voté hier pour la délégation des services de l’eau et de l’assainissement respectivement à Veolia et Suez qui ont proposé « le prix le plus bas de France ».

    Pas facile en politique comme au football de sortir de l’angle du terrain où l’adversaire vous a coincé. Depuis juin 2017, pour choisir le mode de gestion de l’eau et de l’assainissement dans ses 37 communes, un enjeu technique mais aussi hautement politique, Toulouse Métropole s’est lancée dans la comparaison entre l’exploitation directe par ses agents et la délégation de ce service public à une entreprise privée. Les résultats sont tombés le 13 novembre : à cahier des charges équivalent, l’option Veolia pour l’eau et Suez pour l’assainissement est moins chère de 55 centimes par m3 que la régie directe (soit 2,91 € contre 3,46). C’est la préférence alors exprimée par Jean-Luc Moudenc, président de la Métropole.

    Hier, lors de l’assemblée des élus, qui a majoritairement approuvé les deux délégations, Pierre Trautmann, après le rappel de la procédure, a conclu sur ces mêmes chiffres : les délégations permettront une économie annuelle de 120 € en moyenne sur la facture pour une consommation de 120 m3 sur l’ensemble des 37 communes. Soit une économie de 49,70 € à 254,50 € par an selon les communes.

    Voilà, en ces temps de manif des Gilets jaunes, un « gain de pouvoir d’achat » ne s’est pas privé de marteler la majorité. Et un argument massue. « Nous avons le prix le plus bas de France », a répété, tableau à l’appui, Pierre Trautmann qui, dit-il, a été le premier surpris par les propositions de Veolia et Suez.
    Le poids de l’opinion

    Pour sortir du « corner », les quatre groupes minoritaires partisans de la gestion publique ont choisi la même tactique : contester la comparaison. « Les conditions des études ne sont pas égalitaires entre les deux modes de gestion », a résumé Martine Croquette (PCF). « Un prix en régie de 3 €, voire moins, c’est possible », a assuré François Lépineux (Métropole Citoyenne). Claude Raynal (PS) a jugé aussi que les écarts pouvaient être plus serrés. Et qu’il aurait été « utile de revisiter l’étude régie ». Sa préférence allant à une solution mixte : eau en régie, l’assainissement en délégation.

    Deuxième axe de la contre-attaque : rappeler pourquoi, à leurs yeux, la gestion directe est préférable. Ce qu’a fait Claude Touchefeu (Génération-s) : « il existe des domaines qui doivent être extraits de la logique marchande pour garantir transparence, qualité et contrôle. »

    La stratégie suffira-t-elle à emporter l’opinion ? Raymond-Roger Stramare (groupe des indépendants) a ramené la balle sur le terrain du prix : « Comment pourrions-nous expliquer à nos concitoyens le choix d’une régie plus chère ? » Jean-Luc Moudenc a lui enchaîné les tirs, ajoutant notamment « la hausse des investissements, le renforcement du contrôle par la puissance publique et l’instauration d’un contrôle citoyen ».
    Le groupe socialiste se divise

    À l’issue d’un débat qui n’a jamais dérapé, le vote, à main levée, a donné le résultat suivant : sur 134 élus, une élue ne prend pas part au vote (Dominique Faure, employée parle cabinet d’audit Grant Thornton qui intervient dans la procédure, et ex-de Veolia), 13 abstentions, 36 votes contre la délégation de service public et 84 pour. Les groupes Métropole citoyenne, PCF et Génération-s ont tous voté contre. Le groupe radical s’est partagé en deux, comme souvent, avec cinq voix pour. Et surtout le groupe socialiste a donné à voir l’image de la division. Sur 27 membres, 13 ont voté contre la délégation, comme le président du groupe Claude Raynal, 13 se sont abstenus et 1 a voté pour. Ce dernier, Jacques Sébi, maire de Montrabé, qui n’est plus au PS, a expliqué au micro : « on ne me demande pas si je suis pour la régie ou la délégation mais si je suis pour ce contrat ». Du côté des contre, on trouve deux maires, Karine Traval-Michelet (Colomiers) et Marie-Dominique Vézian (Saint-Jean). Du côté de l’abstention se range une majorité de maires. Ils sont huit : Gérard André (Aucamville), Brigitte Calvet (Aigrefeuille), Dominique Coquart (Villeneuve-Tolosane), Patrick Delpech (Gratentour), Robert Grimaud (Fontbeauzard), Lysiane Maurel (Aussonne), Patrice Rodrigues (Beauzelle) et Michel Rougé (Launaguet). Autant d’élus qui étaient même prêts à voter pour mais que leur président de groupe a ramenés, en partie, dans le droit chemin de la ligne politique.
    Le chiffre : 1, 3

    milliard d’€> Chiffre d’affaire. Les délégations de service public de l’eau et de l’assainissement représentent, sur douze ans, la durée du contrat, un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’€.
    Jean-Noël Gros

    #privatisation
    #services_publics
    #moudenc
    #eau
    et surtout #honte aux #socialistes qui n’ont même pas su voter contre

    Ce que ne disent pas les journalistes c’est qu’une fois les services revendus à ces prédateurs, la dépendance sera telle que les prix pour l’eau et l’assainissement vont flamber pour les particuliers. En pleine période Gilets Jaunes, Moudenc, le maire de Toulouse fait la preuve qu’il est un très mauvais gestionnaire pour sa ville, mais surement pas pour son porte monnaie.

  • Bread and Roses
    https://en.wikipedia.org/wiki/Bread_and_Roses

    “Bread and Roses” is a political slogan as well as the name of an associated poem and song. It originated from a speech given by Rose Schneiderman; a line in that speech ("The worker must have bread, but she must have roses, too.") inspired the title of the poem Bread and Roses by James Oppenheim.
    (...)
    The slogan pairing bread and roses, appealing for both fair wages and dignified conditions, found resonance as transcending “the sometimes tedious struggles for marginal economic advances” in the “light of labor struggles as based on striving for dignity and respect”, as Robert J. S. Ross wrote in 2013.

    Poem

    As we come marching, marching in the beauty of the day,
    A million darkened kitchens, a thousand mill lofts gray,
    Are touched with all the radiance that a sudden sun discloses,
    For the people hear us singing: “Bread and roses! Bread and roses!”

    As we come marching, marching, we battle too for men,
    For they are women’s children, and we mother them again.
    Our lives shall not be sweated from birth until life closes;
    Hearts starve as well as bodies; give us bread, but give us roses!

    As we come marching, marching, unnumbered women dead
    Go crying through our singing their ancient cry for bread.
    Small art and love and beauty their drudging spirits knew.
    Yes, it is bread we fight for — but we fight for roses, too!

    As we come marching, marching, we bring the greater days.
    The rising of the women means the rising of the race.
    No more the drudge and idler — ten that toil where one reposes,
    But a sharing of life’s glories: Bread and roses! Bread and roses!

    Bread And Roses, Joan Baez and Mimi Fariña
    https://www.youtube.com/watch?v=LWkVcaAGCi0

    Traduction
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Bread_and_Roses

    Alors que nous arrivons, marchant dans la beauté du jour,
    Un million de cuisines sombres, un millier de greniers sombres,
    Sont touchés par l’éclat d’un soleil radieux soudain,
    Car l’on nous entend chanter : « Du pain et des roses : du pain et des roses ! »

    Alors que nous arrivons, marchant, nous bataillons aussi pour les hommes,
    Car ils sont les enfants de femmes, et nous les engendrerons de nouveau.
    Nous ne suerons pas nos vies de ma naissance à la mort ;
    Les cœurs meurent de faim autant que les corps ; donnez nous du pain, mais donnez nous des roses !

    Alors que nous arrivons, marchant, d’innombrables femmes mortes
    Pleurent alors que nous chantons leur antique cri pour du pain.
    Leur esprit besogneux connaissait les petites œuvres d’art, l’amour et la beauté.
    Oui, c’est pour le pain que nous nous battons – mais nous nous battons pour les roses aussi !

    Alors que nous arrivons, marchant, nous apportons les jours meilleurs.
    L’insurrection des femmes signifie la révolte de l’espèce (humaine).
    Pas plus de bête de somme que de fainéant – dix qui peinent pour un qui se repose,
    Mais un partage des gloires de la vie : du pain et des roses ! du pain et des roses !

  • 20 minutes - « Il pourrait démissionner dans les semaines à venir » - Monde
    https://www.20min.ch/ro/news/monde/story/12981956

    Selon un éminent journaliste politique de la chaîne MSNBC, le président des Etats-Unis pourrait passer un accord avec le procureur Mueller pour éviter une inculpation.

    Le procureur spécial Robert Mueller, qui enquête depuis mai 2017 sur les liens entre Donald Trump et la Russie, serait à bout touchant. Aucune preuve n’a été dévoilée jusqu’ici, mais les semaines à venir s’annoncent explosives à Washington.

    Selon Chris Matthews, journaliste politique de la chaîne MSNBC, Donald Trump pourrait conclure un accord avec Robert Mueller afin d’éviter une inculpation, relève le Huffington Post. Le présentateur pense également que Donald Trump Jr. et Ivanka Trump pourraient être « les prochains dominos à tombe_r », qu’ils risquent des poursuites et des peines de prison. Chris Matthews verrait bien le procureur spécial proposer au président des Etats-Unis d’abandonner ses fonctions « _en échange d’une tournée d’acquittements, pas seulement pour lui, mais aussi pour ses enfants ».

  • USA : l’ingérence russe visait à inciter les Noirs à s’abstenir à la présidentielle
    https://www.linformaticien.com/actualites/id/51008/usa-l-ingerence-russe-visait-a-inciter-les-noirs-a-s-abstenir-a-la-p

    L’agence Internet Research Agency (IRA), basée à Saint-Pétersbourg et considérée par la justice américaine comme une ferme à « trolls » payée par le Kremlin, a cherché pendant la campagne présidentielle à dissuader des franges de la population plutôt proches des démocrates, comme les jeunes, les minorités ethniques et la communauté LGBT, de voter, selon ces textes.

    Elle a mis un accent particulier sur les électeurs noirs d’après l’analyse la plus complète à ce jour des milliers de messages et publications diffusés sur les réseaux sociaux par l’IRA, entre 2015 et 2017, menée conjointement par l’Université d’Oxford et des spécialistes des nouveaux médias Graphika.

    L’autre rapport commandé par le Sénat a lui été élaboré par la compagnie New Knowledge et l’université de Columbia notamment.

    L’IRA avait ainsi créé de nombreux comptes sous de faux profils américains destinés à la communauté noire. L’un d’eux, intitulé « Blacktivist », envoyait des messages négatifs sur la candidate démocrate Hillary Clinton, accusée d’être une opportuniste, seulement soucieuse de gagner des voix.

    « Cette campagne visait à convaincre que la meilleure manière d’améliorer la cause de la communauté afro-américaine était de boycotter les élections et de se concentrer sur d’autres sujets », écrivent les auteurs du rapport.

    Parallèlement, une partie des 3.841 comptes Facebook, Instagram, Twitter ou Youtube étudiés cherchait à pousser les électeurs blancs proches des républicains à participer au scrutin.

    Initialement, les messages soutenaient les thèses républicaines - la défense du port d’armes ou la lutte contre l’immigration - sans citer de favori. Une fois que la candidature de Donald Trump a pris de la consistance, les messages de l’IRA lui ont été clairement favorables, selon cette étude.

    Selon une étude du Pew Research Center, le taux de participation des électeurs blancs avait augmenté en 2016, alors que celui des Noirs, à 59,6%, était en recul de cinq points par rapport à 2012.

    Plusieurs employés de l’IRA, financée par l’oligarque Evguéni Prigojine, ont été inculpés par la justice américaine pour ingérence dans l’élection de 2016.

    La campagne de propagande a ensuite évolué pour se trouver une nouvelle cible après la victoire de Donald Trump : le procureur spécial Robert Mueller, chargé d’enquêter sur les soupçons de collusion entre l’équipe de campagne du républicain et la Russie, a indiqué lundi soir le Washington Post.

    Des comptes alimentés par des Russes sur les réseaux sociaux ont ainsi partagé des publications affirmant que M. Mueller était corrompu, un post sur Instagram allant jusqu’à prétendre qu’il avait par le passé travaillé avec « des groupes islamistes radicaux ».

    #Médias_sociaux #Politique #Russie #USA

  • How Russia Hacked U.S. Politics With Instagram Marketing – Foreign Policy
    https://foreignpolicy.com/2018/12/17/how-russia-hacked-us-politics-with-instagram-marketing

    The Internet Research Agency took to the photo-sharing network to boost Trump and depress voter turnout.

    Donald Trump as U.S. president, Kremlin operatives running a digital interference campaign in American politics scored a viral success with a post on Instagram.

    The post appeared on the account @blackstagram__, which was in fact being run by the Internet Research Agency, a Kremlin-linked troll farm that U.S. authorities say orchestrated an online campaign to boost Trump’s candidacy in 2016. It racked up 254,000 likes and nearly 7,000 comments—huge numbers for the Kremlin campaign.

    But oddly, the post contained no political content.

    Instead, it repurposed an ad for a women’s shoe, with a photo of women of different skin tones wearing the same strappy high heel in different colors. The caption pitched the shoes as a symbol of racial equality: “All the tones are nude! Get over it!

    While the message itself was not aimed at swaying voters in any direction, researchers now believe it served another purpose for the Russian group: It boosted the reach of its account, likely won it new followers, and tried to establish the account’s bona fides as an authentic voice for the black community.

    That advertising pitch was revealed in a report released Monday by the Senate Intelligence Committee and produced by the cybersecurity firm New Knowledge. The report provides the most comprehensive look to date at the Kremlin’s attempt to boost Trump’s candidacy and offers a surprising insight regarding that campaign: Moscow’s operatives operated much like digital marketers, making use of Instagram to reach a huge audience.

    By blending marketing tactics with political messaging, the Internet Research Agency (IRA) established a formidable online presence in the run-up to the 2016 election (and later), generating 264 million total engagements—a measure of activity such as liking and sharing content—and building a media ecosystem across Facebook and Instagram.

    That campaign sought to bring Russian political goals into the mainstream, exacerbate and inflame divisions in American society, and blur the line between truth and fiction, New Knowledge’s report concludes.

    Amid the intense discussion of Russian interference in the 2016 election, investigators probing that campaign had devoted relatively little attention to Instagram until now. But following their exposure in 2016 and early 2017, the IRA’s operatives shifted resources to Instagram, where their content often outperformed its postings on Facebook. (Instagram is owned by Facebook.)

    Of the 133 Instagram accounts created by the IRA, @blackstagram__ was arguably its most successful, with more than 300,000 followers. Its June 2017 ad for the shoe, made by Kahmune, was the most widely circulated post dreamed up by the Kremlin’s operatives—from a total of some 116,000. (The shoe continues to be marketed by Kahmune. Company officials did not respond to questions from Foreign Policy.)

    The authors of the report believe @blackstagram__ served as a vehicle for Kremlin propaganda targeting the American black community, skillfully adopting the language of Instagram, where viral marketing schemes exist side by side with artfully arranged photographs of toast.

    As Americans streamed to the polls on Nov. 8, 2016, @blackstagram__ offered its contribution to the Kremlin’s campaign to depress turnout, borrowing a line from a Michael Jackson song to tell African-Americans that their votes didn’t matter: “Think twice before you vote. All I wanna say is that they don’t really care about us. #Blacktivist #hotnews._

    Special counsel Robert Mueller and his team of investigators have secured indictments against the Internet Research Agency’s owner, Yevgeny Prigozhin, and a dozen of its employees.

    While the effect of the IRA’s coordinated campaign to depress voter turnout is difficult to assess, the evidence of the group’s online influence is stark. Of its 133 Instagram accounts, 12 racked up more than 100,000 followers—the typical threshold for being considered an online “_influencer” in the world of digital marketing. Around 50 amassed more than 10,000 followers, making them what marketers call “micro-influencers.”

    These accounts made savvy use of hashtags, built relationships with real people, promoted merchandise, and targeted niche communities. The IRA’s most popular Instagram accounts included pages devoted to veterans’ issues (@american.veterans), American Christianity (@army_of_jesus), and feminism (@feminism_tag).

    In a measure of the agency’s creativity, @army_of_jesus appears to have been launched in 2015 as a meme account featuring Kermit the Frog. It then switched subjects and began exclusively posting memes related to the television show The Simpsons. By January 2016, the account had amassed a significant following and reached its final iteration with a post making extensive use of religious hashtags: “#freedom #love #god #bible #trust #blessed #grateful. ” It later posted memes comparing Democratic presidential nominee Hillary Clinton to Satan.

    The Internet Research Agency operated like a digital marketing agency: develop a brand (both visual and voice), build presences on all channels across the entire social ecosystem, and grow an audience with paid ads as well as partnerships, influencers, and link-sharing,” the New Knowledge report concludes. “Instagram was perhaps the most effective platform.

    Monday’s report, which was published alongside another by researchers at the University of Oxford and the network analysis firm Graphika, is likely to increase scrutiny of social media platforms. The New Knowledge report accuses technology firms of possibly misleading Congress and says companies have not been sufficiently transparent in providing data related to the Russian campaign.

  • USA : l’ingérence russe visait à inciter les Noirs à s’abstenir à la présidentielle
    https://www.linformaticien.com/actualites/id/51008/usa-l-ingerence-russe-visait-a-inciter-les-noirs-a-s-abstenir-a-la-p

    La campagne de propagande menée par la Russie sur les réseaux sociaux avant la présidentielle américaine de 2016 a tenté d’inciter les Noirs à s’abstenir de voter, avant de prendre le procureur spécial Robert Mueller lui-même pour cible après la victoire de Donald Trump, selon des rapports commandés par le Sénat.

    L’agence Internet Research Agency (IRA), basée à Saint-Pétersbourg et considérée par la justice américaine comme une ferme à « trolls » payée par le Kremlin, a cherché pendant la campagne présidentielle à dissuader des franges de la population plutôt proches des démocrates, comme les jeunes, les minorités ethniques et la communauté LGBT, de voter, selon ces textes.

    Elle a mis un accent particulier sur les électeurs noirs d’après l’analyse la plus complète à ce jour des milliers de messages et publications diffusés sur les réseaux sociaux par l’IRA, entre 2015 et 2017, menée conjointement par l’Université d’Oxford et des spécialistes des nouveaux médias Graphika.

    L’autre rapport commandé par le Sénat a lui été élaboré par la compagnie New Knowledge et l’université de Columbia notamment.

    L’IRA avait ainsi créé de nombreux comptes sous de faux profils américains destinés à la communauté noire. L’un d’eux, intitulé « Blacktivist », envoyait des messages négatifs sur la candidate démocrate Hillary Clinton, accusée d’être une opportuniste, seulement soucieuse de gagner des voix.

    « Cette campagne visait à convaincre que la meilleure manière d’améliorer la cause de la communauté afro-américaine était de boycotter les élections et de se concentrer sur d’autres sujets », écrivent les auteurs du rapport.

    Parallèlement, une partie des 3.841 comptes Facebook, Instagram, Twitter ou Youtube étudiés cherchait à pousser les électeurs blancs proches des républicains à participer au scrutin.

    Initialement, les messages soutenaient les thèses républicaines - la défense du port d’armes ou la lutte contre l’immigration - sans citer de favori. Une fois que la candidature de Donald Trump a pris de la consistance, les messages de l’IRA lui ont été clairement favorables, selon cette étude. 

    Selon une étude du Pew Research Center, le taux de participation des électeurs blancs avait augmenté en 2016, alors que celui des Noirs, à 59,6%, était en recul de cinq points par rapport à 2012. 

    Plusieurs employés de l’IRA, financée par l’oligarque Evguéni Prigojine, ont été inculpés par la justice américaine pour ingérence dans l’élection de 2016.

    La campagne de propagande a ensuite évolué pour se trouver une nouvelle cible après la victoire de Donald Trump : le procureur spécial Robert Mueller, chargé d’enquêter sur les soupçons de collusion entre l’équipe de campagne du républicain et la Russie, a indiqué lundi soir le Washington Post.

    Des comptes alimentés par des Russes sur les réseaux sociaux ont ainsi partagé des publications affirmant que M. Mueller était corrompu, un post sur Instagram allant jusqu’à prétendre qu’il avait par le passé travaillé avec « des groupes islamistes radicaux ».

    (source : AFP)

  • Résultats du Prix Nobel 2018 de Sociologie
    https://zilsel.hypotheses.org/3560

    Le Comité Roberta Nobel est fier de récompenser cette année Yasmine Bouagga et Lisa Mandel, pour leur contribution à la diffusion de la sociologie par la création de l’excellente collection Sociorama chez Casterman, qui démontre à quel point il est possible, intellectuellement fécond et super cool d’associer restitution des résultats de la bonne sociologie et bande-dessinée. Source : Zilsel

  • The Most Powerful Gift, According To Science? An Authentic “Thank You” — Here’s Why
    https://hackernoon.com/the-most-powerful-gift-according-to-science-an-authentic-thank-you-heres

    The Most Powerful Gift, According To Science? An Authentic “Thank You” -Here’s WhyImage credit: rawpixel, via pixabayResearcher Robert Cialdini has studied the elements that comprise a powerful gift. From a scientific standpoint, the “power” of a gift is measured by the extent it triggers the reciprocity principle of persuasion. The greater the desire of the recipient to “repay” the gift, the greater its power. However, #gifts have another source of power, the impact they have on the giver.If your goal is to give a memorable business gift to your boss, customers, employees and other valued stakeholders, be prepared to put in some effort. Mr. Cialdini has concluded that the most effective gifts are: significant, unexpected, personalized and unconditional.Much ObligedModern and ancient societies (...)

    #entrepreneurship #mentorship #entrepreneur #startup

  • GILETS JAUNES : LE SENS DU FACE A FACE
    https://blogs.mediapart.fr/ebalibar/blog/131218/gilets-jaunes-le-sens-du-face-face

    Après le discours du président Macron – en vérité une dérobade, mais qui n’annonce rien de bon pour la démocratie – et alors que le Mouvement des Gilets Jaunes se poursuit, on tente ici d’en reconstituer la genèse et d’en examiner quelques-unes des implications politiques, afin de contribuer à l’élargissement de la discussion.

    Le Président, donc, a parlé. Mais à qui ? C’est la première question qu’on peut se poser. Sans jamais vouloir, sans oser nommer ceux qui l’y ont contraint – les fameux Gilets Jaunes –, il a prononcé des paroles de contrition mesurées au compte-goutte et, comme l’a aussitôt relevé la presse, « concédé » des mesures d’allègement du fardeau financier pesant sur la partie la plus pauvre de la population mais « sans rien céder » de ce qui aurait marqué un changement de cap, en donnant satisfaction au mouvement de révolte qui, depuis maintenant quatre semaines, ébranle en profondeur le pays. Dans les jours qui viennent, on fera les comptes pour voir qui gagne exactement quoi, tout de suite et à plus long terme, et qui peut s’en satisfaire. Une fois de plus, il a promis que les citoyens auraient leur mot à dire dans une « concertation » d’ampleur nationale qui le verrait aller lui-même au contact des élus locaux. Et il a assorti son discours de deux éléments de nature à inquiéter fortement tous les démocrates. D’abord une longue proclamation de sévérité contre « le désordre et l’anarchie » – « j’ai donné au gouvernement les instructions les plus rigoureuses » – ce qui veut dire en clair que les manifestations sont placées sous le régime d’une sorte d’état d’urgence préventif et que les brutalités policières ne feront l’objet d’aucune restriction. Ensuite le retour en force du thème de l’identité nationale, de nauséabonde mémoire, immédiatement traduit en « question de l’immigration », une « question » qui ne jouait aucun rôle dans le mouvement des Gilets, mais dont on sait les résonances à la droite et à l’extrême droite de l’échiquier politique…

    • Gilets jaunes : le sens du face à face
      #Etienne_Balibar, Médiapart, le 13 décembre 2018

      Un régime capitaliste sans doute n’est jamais égalitaire. Du moins peut-il se maintenir temporairement à l’intérieur de limites d’ #inégalités vivables si la conflictualité sociale – ce qu’on appelait autrefois « les luttes » - complétée par des politiques d’intérêt et de cohésion nationale (qu’il faudrait aujourd’hui repenser à l’échelle continentale et au-delà) freine la paupérisation et impose un certain degré de #redistribution, que ce soit par le biais de l’ #impôt ou par celui des #services_publics.

      Tout s’est passé au contraire comme si Emmanuel Macron avait vu dans son élection un mandat pour accélérer la « #casse » : celle du droit du travail, celle de la fiscalité progressive, celle des instances de négociation et de représentation professionnelle, celle du service public et des aides sociales. L’idée sous-jacente était sans doute qu’on compenserait la dévastation de la société « civile », avec ses conséquences potentiellement démoralisatrices et ses effets de « désaffiliation » ou d’« insécurité sociale » (Robert Castel), par un mélange de propagande « entrepreneuriale » et de moralisme bien-pensant, sans se douter qu’il puisse y avoir un #retour_de_flamme

      #Gilets_Jaunes #France

  • Decentralized censorship-resistant video will transform our society.
    https://hackernoon.com/decentralized-censorship-resistant-video-will-transform-our-society-b6ba

    Decentralized (censorship-resistant) video is about to transform our societyHow a new #blockchain project might free us from censorship“Two roads diverged in a [yellow] wood, and I, I took the one less traveled by…” — Robert FrostImagine two very different technology futures. In one, we continue on the same path of centralized video delivery platforms — a world where video is stored, transcoded, and distributed from mammoth data centers owned by Facebook, Amazon, and Google. Or another, where video is distributed across a network of decentralized nodes — a world where video (information) is not under the mercy of some single authority.The primary purpose behind this article — other than to present these two different futures — is to guide those readers unfamiliar with a new blockchain protocol, called (...)

    #government #politics #cryptocurrency #ethereum

  • Amazon, AI and Medical Records: Do the Benefits Outweigh the Risks? - Knowledge Wharton
    http://knowledge.wharton.upenn.edu/article/amazon-medical-records

    Last month, Amazon unveiled a service based on AI and machine-learning technology that could comb through patient medical records and extract valuable insights. It was seen as a game changer that could alleviate the administrative burden of doctors, introduce new treatments, empower patients and potentially lower health care costs. But it also carries risks to patient data privacy that calls for appropriate regulation, according to Wharton and other experts.

    Branded Comprehend Medical, the Amazon Web Services offering aims “to understand and analyze the information that is often trapped in free-form, unstructured medical text, such as hospital admission notes or patient medical histories.” Essentially, it is a natural language processing service that pores through medical text for insights into disease conditions, medications and treatment outcomes from patient notes and other electronic health records.

    The new service is Amazon’s latest foray into the health care sector. In June, the company paid $1 billion to buy online pharmacy PillPack, a Boston-based startup that specializes in packing monthly supplies of medicines to chronically ill patients. In January, Amazon teamed up with Berkshire Hathaway and JPMorgan Chase to form a health care alliance that aims to lower costs and improve the quality of medical care for their employees.

    “Health care, like everything else, is becoming more of an information-based industry, and data is the gold standard — and Amazon knows as well as anyone how to handle and analyze data,” said Robert Field, Wharton lecturer in health care management who is also professor of health management and policy at Drexel University. “It’s a $3.5 trillion industry and 18% of our economy, so who wouldn’t want a piece of that?”

    AI offers “enormous” promise when it comes to bringing in new and improved treatments for patient conditions, such as in the area of radiology, added Hempstead. Machine learning also potentially enables the continual improvement of treatment models, such as identifying people who could participate in clinical trials. Moreover, Amazon’s service could “empower a consumer to be more in charge of their own health and maybe be more active consumer of medical services that might be beneficial to their health,” she said.

    On the flip side, it also could enable insurers to refuse to enroll patients that they might see as too risky, Hempstead said. Insurers are already accessing medical data and using technology in pricing their products for specific markets, and the Amazon service might make it easier for them to have access to such data, she noted.

    #Santé_publique #Données_médicales #Amazon #Intelligence_artificielle

  • Un « principe d’innovation » porté par l’industrie chimique pourrait entrer dans le droit européen
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/10/un-principe-d-innovation-porte-par-l-industrie-chimique-pourrait-entrer-dans

    Instaurer un « principe d’innovation ». L’idée sonne comme une belle promesse, innocente comme le bon sens. Elle pourrait pourtant gravement saper la protection de l’environnement et de la santé publique. Car ce concept qui s’apprête à faire une entrée officielle dans la législation européenne n’a pas été élaboré par des responsables publics. Il a été imaginé par des industriels soumis à des réglementations très strictes : tabac, pesticides, substances chimiques ou pétrole.

    Ce « #principe_d’innovation » figure en effet en préambule du texte établissant le prochain programme de recherche de l’UE qui distribuera près de 100 milliards d’euros en six ans. Appelé « Horizon Europe », il doit être discuté et mis au vote mercredi 12 décembre au Parlement européen en séance plénière. Que dit ce « principe » ? En des termes très généraux, que « l’impact sur l’#innovation devrait être pleinement évalué et pris en compte » à l’occasion de chaque initiative législative.

    « Aucune personne sensée ne pourrait s’y opposer. C’est le génie de cette opération de lobbying », décrypte Kathleen Garnett, une chercheuse indépendante, coauteure d’un article sur le sujet dans une revue académique de droit. Mais ce que ce concept, flou et consensuel en apparence, cible en réalité, explique-t-elle, ce sont les réglementations environnementales de l’UE, et en particulier celles qui encadrent l’usage des produits chimiques – comme le règlement Reach –, des #pesticides, des #OGM ou encore des nano et biotechnologies. Intégré à la loi, le « principe d’innovation » permettrait de faire contrepoids à ce que ces industriels estiment être un obstacle majeur à leurs affaires : le principe de précaution.

    et #paywall

    https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/17579961.2018.1455023?journalCode=rlit20

    • Un « principe d’innovation » porté par l’industrie chimique pourrait entrer dans le droit européen

      En apparence anodin, le concept a été imaginé pour neutraliser le principe de précaution par un think tank issu de la pétrochimie et du tabac.

      Instaurer un « principe d’innovation ». L’idée sonne comme une belle promesse, innocente comme le bon sens. Elle pourrait pourtant gravement saper la protection de l’environnement et de la santé publique. Car ce concept qui s’apprête à faire une entrée officielle dans la législation européenne n’a pas été élaboré par des responsables publics. Il a été imaginé par des industriels soumis à des réglementations très strictes : tabac, pesticides, substances chimiques ou pétrole.

      Ce « principe d’innovation » figure en effet en préambule du texte établissant le prochain programme de recherche de l’UE qui distribuera près de 100 milliards d’euros en six ans. Appelé « Horizon Europe », il doit être discuté et mis au vote mercredi 12 décembre au Parlement européen en séance plénière. Que dit ce « principe » ? En des termes très généraux, que « l’impact sur l’innovation devrait être pleinement évalué et pris en compte » à l’occasion de chaque initiative législative.

      « Aucune personne sensée ne pourrait s’y opposer. C’est le génie de cette opération de lobbying », décrypte Kathleen Garnett, une chercheuse indépendante, coauteure d’un article sur le sujet dans une revue académique de droit. Mais ce que ce concept, flou et consensuel en apparence, cible en réalité, explique-t-elle, ce sont les réglementations environnementales de l’UE, et en particulier celles qui encadrent l’usage des produits chimiques – comme le règlement Reach –, des pesticides, des OGM ou encore des nano et biotechnologies. Intégré à la loi, le « principe d’innovation » permettrait de faire contrepoids à ce que ces industriels estiment être un obstacle majeur à leurs affaires : le principe de précaution.
      « Porte dérobée »

      Pour Geert Van Calster, professeur de droit à l’Université de Louvain (Belgique) et coauteur de l’article, « il est tout simplement extraordinaire de voir les institutions européennes se faire complètement avoir par un lobby de l’industrie pour introduire cela dans le droit communautaire ». A ce jour, ce « principe d’innovation » n’est rien qu’un slogan de lobbying : contrairement au principe de précaution, inscrit, lui, dans les traités européens, il n’a aucune existence légale. Or son entrée dans un texte officiel « par une porte dérobée » le « légitimerait ». « Et c’est là le véritable danger : si, en tant que fait accompli, il acquiert le statut de principe, il sera alors très difficile de revenir en arrière », déplore M. Van Calster.

      Le « cerveau » de cet outil d’influence est un think tank bruxellois au fonctionnement opaque, l’European Risk Forum. Créé en 1996 par British American Tobacco (Lucky Strike, Dunhill…), il avait pour objectif initial d’entraver la mise en place de l’interdiction de fumer dans les lieux publics, en intervenant sur la conception des politiques de gestion des risques par l’UE. La science documentait alors la nocivité du tabagisme passif. En 2010, le minutieux travail d’enquête d’une équipe de politologues de l’université de Bath (Grande-Bretagne) avait montré comment le cigarettier s’était entouré d’autres industriels, alliés naturels dans la vente de produits dangereux, en particulier le secteur chimique.

      Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment le lobby des implants médicaux a fait plier la Commission européenne
      Au début de l’année, le Risk Forum comptait une vingtaine de membres, comme le numéro un mondial de la chimie, BASF, Bayer (qui vient de racheter Monsanto), le fabricant de détergents Henkel, Philip Morris ou encore les organisations de lobbying des secteurs des énergies fossiles et du plastique. A ses membres, le Forum propose de « contribuer à l’élaboration des règles et procédures utilisées par les institutions de l’UE pour déterminer comment les décisions réglementaires sont prises », en ciblant « les leaders d’opinion et les décideurs » au sein des institutions, ainsi que l’indique son site.

      « Aversion au risque »

      L’histoire publique du « principe d’innovation » a commencé en octobre 2013, quand, à l’initiative du Risk Forum, une vingtaine de PDG de grandes firmes adressaient une lettre aux présidents de la Commission, du Parlement et du Conseil européen. Bruxelles était alors le théâtre d’une offensive de grande ampleur menée par les lobbys des pesticides et de la chimie contre la réglementation des perturbateurs endocriniens. Offensive à laquelle le think tank avait participé.
      Dans ses rapports et livrets publiés au fil des années, les mots du Risk Forum ne trompent pas. Il s’agit bien de systématiquement « soumettre le principe de précaution à une étude d’impact », expliquait-il en 2011. La manière de procéder en Europe actuellement, précisait-il quatre ans plus tard, est « empreinte d’une aversion au risque » et aurait empêché le développement de « la locomotives à vapeur, du four à micro-ondes, du téléphone mobile et de la radiographie ».
      Depuis 2013, le Risk Forum a multiplié les actions de lobbying pour imposer son idée dans les cercles du pouvoir européen. C’est ce que montre un rapport de recherche publié lundi 10 décembre par l’ONG Corporate Europe Observatory. Par le biais d’une demande d’accès aux documents administratifs à la Commission, cette ONG spécialisée dans la surveillance du lobbying à Bruxelles s’est procuré de nombreux documents que Le Monde a pu consulter. « Cet exemple montre bien de quelle manière les intérêts des firmes essaient de capturer les processus de décision européens, analyse Nina Holland, auteure de ce travail. Il fait ressortir un niveau exceptionnel d’accès privilégié » auprès des décideurs.

      « Evangéliste de l’innovation bien encadrée »

      Les courriels et notes internes ont permis à la chercheuse-militante de retracer précisément le parcours du « principe » : essentiellement des rendez-vous et interactions avec les hauts fonctionnaires de plusieurs directions générales (DG) de la Commission (recherche, industrie et santé). En juin 2015, la démarche était soutenue par Carlos Moedas, le commissaire à la recherche, et en février 2017 une « Task Force » dédiée était créée au sein de la DG recherche. Le Risk Forum a également ciblé les Etats membres ayant assumé la présidence de l’UE comme Malte, la Bulgarie ou les Pays-Bas. En janvier 2016, la présidence néerlandaise a même coorganisé une conférence sur le sujet avec le Risk Forum et les deux principales organisations industrielles, BusinessEurope et European Roundtable of Industrialists.

      Tous ces efforts d’influence ont également bénéficié de la bienveillance d’un homme-clé. Robert Madelin a exercé plusieurs fois la fonction de directeur général, poste parmi les plus importants dans la hiérarchie administrative de la Commission, avant de devenir conseiller spécial pour l’innovation du président Juncker en 2015. Le Britannique produisait l’année suivante une « note stratégique » faisant la promotion d’un « principe d’innovation ». Trois mois après sa publication, il basculait vers une activité de lobbyiste : M. Madelin est désormais consultant pour Fipra, un cabinet influent dont il est aussi président et qui est également… membre du Risk Forum. « Je suis un évangéliste de l’innovation bien encadrée, explique Robert Madelin, interrogé par Le Monde. Alors je pense que ce serait tragique d’oublier qu’on doit la soutenir en Europe à cause de l’historique d’un think tank. »

  • After the Quake

    #Gyumri, the city symbol of the quake that 21 years ago struck Armenia. The stories of the homeless, the #domiks, the migrants, waiting for the opening of the borders with Turkey. Reportage.

    December 7, 1988, 11.41 am – An earthquake measuring 6.9 on the Richter scale hits northern Armenia, killing 25,000 and leaving many more homeless. Mikhail Gorbachev, then General Secretary of the Communist Party of the U.S.S.R. cuts short an official visit to the United States to travel to the small South Caucasus Soviet republic as news of the catastrophe makes headlines the world over. Poverty skyrockets as a nation mourned its dead.

    Hundreds of millions of dollars flooded into the country for relief and reconstruction efforts, but two other events of as much significance soon frustrated efforts to rebuild the disaster zone. In 1991, Armenia declared independence from the former Soviet Union, and in 1993, in support of Azerbaijan during a de facto war with Armenia over the disputed territory of Nagorno Karabakh, Turkey closed the land border with its eastern neighbor.

    Meanwhile, as corruption skyrocketed, the conflict as well as two closed borders and an economic blockade by Azerbaijan and Turkey only added to Armenia’s woes. Yet, despite strong economic growth in the mid-2000s, albeit from a low base, and promises from then President Robert Kocharyan to completely rebuild Gyumri, Armenia’s second largest city and the main urban center to be hit by the earthquake, the outlook appears as bleak as ever.

    Once Gyumri had been known for its architecture, humor and cultural importance, but now it has become synonymous with the earthquake and domiks – “temporary” accommodation usually amounting to little more than metal containers or dilapidated shacks. Hot in the summer and bitterly cold in the winter, others more fortunate found refuge in abandoned buildings vacated during the economic collapse following independence.

    Vartik Ghukasyan, for example, is 71 and alone. An orphan, she never married and now struggles to survive on a pension of just 25,000 AMD (about $65) a month in a rundown former factory hostel in Gyumri. However, that might all change as more buildings are privatized or their existing owners seek to reclaim them.

    According to the 2001 census, the population of Gyumri stands at 150,000 although some claim that it has since grown to 160-170,000. Nevertheless, few local residents take such figures seriously. Pointing to low school attendance figures, they estimate the actual population might be no more than 70,000. Even so, despite the exodus, there are as many as 4-7,000 families still living in temporary shelter according to various estimates.

    Anush Babajanyan, a 26-year-old photojournalist from the Armenian capital, is one of just a few media professionals who remain concerned by their plight. Having spent the past year documenting the lives of those still waiting for proper housing, the anniversary might have been otherwise low-profile outside of Gyumri, but Babajanyan attempted to focus attention on the occasion by exhibiting her work in Yerevan.

    “When I started this project, 20 years had passed since the earthquake and there were families still living in domiks who were not receiving enough attention,” she told Osservatorio. “ The government and other organizations promised to solve the issue of their housing, but their actions were not enough. Since then I have seen very little improvement.”

    “If this issue wasn’t solved in 20 years, it probably isn’t surprising that not much has changed in just a year. However, it has been two years since Serge Sargsyan, then Armenian prime minister and now president, said that the issue of these residents will be solved by now. But, although some districts are being reconstructed, this is not enough to resolve the issue.”

    As the center of Shirak, an impoverished region that most in Armenia and its large Diaspora appear to have largely forgotten, Gyumri suffers from unemployment higher than the national average. Travel agents continue to advertise flights from the local airport to parts of Russia. As elsewhere in the region, the only hope for a better life lies outside. But, with a global economic crisis hitting the CIS hard, there are now also fewer opportunities even there.

    This year GDP per capita has already plummeted by over 14 percent nationwide, far in excess of the decline registered in Azerbaijan and Georgia, while poverty and extreme poverty - already calculated with a low yardstick - has reportedly increased from 25.6 and 3.6 percent respectively in 2008 to 28.4 and 6.9 percent today. Local civil society activists claim that the figures might be twice as high in Gyumri.

    But, some believe, the city could benefit greatly from an open border with Turkey , transforming itself into a major economic and transit hub for direct trade between the two countries. Just 8 km away lies the village of Akhurik, one of two closed border crossings. Repair work had been conducted on the railway connecting Gyumri to the Turkish city of Kars prior to last year’s World Cup qualifying match with Turkey held in Yerevan.

    With Turkish President Abdullah Gül making a historic visit to Armenia for the match, villagers were once again given hope that a border opening would be imminent. “It will be very good if it opens,” one resident told RFE/RL at the time. “We used to work in the past — 40 families benefited from work related to the railway. Now they sit idle without work or have to choose migrant work in Russia. It will be good when the line is opened.”

    But, with pressure from Azerbaijan on Turkey not to sign two protocols aimed at establishing diplomatic relations and opening the border until the Karabakh conflict is resolved, such a breakthrough appears as elusive as ever while unemployment and poverty increases. Nowhere is that more evident than the city of Ashotsk, just 30 minutes outside of Gyumri. Karine Mkrtchyan, public relations officer for the Caritas Armenia NGO says conditions are typical.

    “Everywhere you will see abandoned places, especially public spaces,” she says. “They are ruined. There are no facilities, there is a lack of drinking water, and irrigation. People are on their own to solve their problems. We had a loss of life during the earthquake and then massive migration which stopped in the late 1990s before starting again in early 2000. Now there are even more people who decide to migrate.”

    Last week, on the 21st anniversary of the earthquake, the government attempted to counter criticism of what many consider to be inaction and a lack of concern with the socioeconomic situation in Gyumri. Opening a sugar refinery owned by one of the country’s most notorious oligarchs at the same time, the Armenian president visited Gyumri and promised that 5,300 new homes would allocated to those still without by 2013.

    The $70 million construction project has been made possible through a $500 million anti-crisis loan from the Russian Federation.

    However, whether such promises come to fruition remains to be seen and government critics remain unimpressed. Indeed, they point out, even if the apartments are built and allocated on time, it would have taken a quarter of a century to do so. Moreover, for Gyumri natives such as Mkrtchyan, the need for economic investment and development in the regions of Armenia remains as urgent as ever.

    https://www.balcanicaucaso.org/eng/Areas/Armenia/After-the-Quake-55719
    #tremblement_de_terre #post-catastrophe #Arménie #histoire #logement #réfugiés_environnementaux #asile #migrations #réfugiés #frontières

    • C’est là que tu comprends l’immensité de la médiocrité du personnage, minable et tout petit, quii finira dans les poubelles de la politique et de l’Histoire (comme quelques un·es de ses copain·ines marcheuses·eurs

    • Mais oui Gérald ! Vous passez pour des glands, on dirait tes mocassins quand tu traînais dans les meetings de Fillon !!

      T’as les dents qui rayent la moquette !
      Ils ont du la changer à l’Elysée ! 300 000 boules !

      Ah oui le Liban, ça a du te rappeler Robert Bourgi ! Du temps où tu fricotais avec Sarko.

      L’intégrale des paroles sur le site de librairie Tropiques
      De la part des réfractaires factieux putschistes du 14ème et du nid d’espion des tropiques.
      http://www.librairie-tropiques.fr/2018/12/merci-charline-pour-ce-moment.html

      • Oh la la ! Quelle chienlit en ce moment Gérald !
      • On est venu pour te filer un coup de main ! On voit bien que vous ne vous en sortez pas !
      • C’est n’importe quoi ! Hier, vous avez envoyé De Rugy sur BFM ! Mais vous êtes cinglés non ?
      • C’est vrai ! La France est à feu et à sang vous envoyez De Rugy ! C’est quoi la prochaine étape ?
      • Pour défoncer les blacks-blocs vous envoyez qui ? Eddy De Pretto ? 
      • Mimie Mathy ?
      • Pour votre plan contre l’alcool, vous envoyez Jean Lassalle ??
      • Franchement ! De Rugy ! 
      • Même le vigile de BFM, il voulait pas le laisser rentrer ! 
      • Il pensait que c’était le mec du courrier qui avait oublié son charisme !
      • Ça va pas du tout là !!
      • Mais oui Gérald ! Vous passez pour des glands, on dirait tes mocassins quand tu traînais dans les meetings de Fillon !!
      • Faut tout revoir !
      • L’ISF on pige rien !
      • Oui ! Vous faites quoi, vous reculez ? Vous avancez ?
      • Parce que là, si i t’avances quand ils reculent comment veux-tu que…
      • Non, ça va !!
      • Non mais comment veux-tu que les économistes fassent le calcul.
      • Oui ça c’est pas faux… C’est angoissant de ne pas savoir.
      • Evidemment ! Regarde Dominique Seux ! Il met des miettes de petit four de côtés au cas où !
      • Bah oui regarde le, il est tout pâle d’angoisse !
      • Il est au fond du trou, on dirait Carlos Ghosn.
      • Il s’est fait tatouer le plan de la prison de Tokyo dans le dos, tellement il est désespéré !!
      • Ah oui ça va pas, faut prendre des décisions là !!
      • Et il n’y a qu’un mec qui peut faire ça, tu le sais aussi bien que nous : c’est toi Gégé !!
      • Allez Gégé !! Matignon te tend les bras.
      • La grande endive… Edouard Philippe, il est cramé !
      • L’endive braisée, nous on l’appelle !!
      • Mais oui ! Fonce mon pote !! T’as tes chances !
      • Et puis franchement tout est possible dans la vie ! Castaner il est ministre de l’intérieur ! Tout est possible !!
      • Demorand, il peut être prof de zumba !!
      • Thomas Legrand, il peut twerker si il veut !
      • Allez vas-y ! On voit que tu en rêves !
      • T’as les dents qui rayent la moquette !
      • Ils ont du la changer à l’Elysée ! 300 000 boules !
      • Et tu as les compétences ! L’interview de Salamé, t’as géré !
      • Pas évidente la Jean-Pierre El Kabbach de Beyrouth !
      • Ah oui le Liban, ça a du te rappeler Robert Bourgi ! Du temps où tu fricotais avec Sarko.
      • C’est vrai que t’as un super parcours.
      • T’as commencé au RPR !
      • Même jeune, t’étais déjà vieux !!
      • Et si y’a un vrai spécialiste de la politique du Président, c’est bien toi !
      • C’est vrai quoi, en 2017 tu disais encore de Macron : « Son élection précipitera la France dans l’instabilité institutionnelle et conduira à l’éclatement de notre vie politique ».
      • Putain t’es un visionnaire mon Gérald !
      • Elizabeth Teissier, on t’appelle entre nous !
      • Non mais regarde, il fait son gêné…
      • Ah oui !
      • Qu’est-ce qui te tracasse Gégé ? T’as des casseroles à nous avouer ?
      • Mais non : la plainte pour viol…
      • Non-lieu !
      • L’abus de faiblesse ?
      • Classé sans suite !
      • Ben c’est bon : fonce mon gars !
      • On est avec toi ! Et pour tous ces petits conseils, on va pas être vaches…
      • Comme t’es encore aux Comptes Publics, on te fait un rabais
      • Tu nous files 200 boules, de la main à la main…
      • Ça nous paye le resto et on est quittes !

  • En Macronie, le regard d’un ethnologue qui a réussi à pénétrer une tribu très exotique, aux mœurs inconnues.
    https://lemediapresse.fr/idees/demosthene-macron-est-desormais-percu-par-beaucoup-comme-un-pervers-ma

    Anonyme, « bien introduit dans les différents cercles de la macronie », selon ses propres mots, Démosthène est l’auteur du Code Jupiter : Philosophie de la ruse et de la démesure, qui vient de paraître aux Éditions des Équateurs. Il y dissèque la philosophie de Macron, libérale et machiavélique. Il revient avec nous sur son pamphlet.

    • Démosthène : Pour comprendre ces saillies de Macron, il faut en revenir à #Mandeville (1670-1733) que #Hayek, chef de file de l’école néo-libérale, présentait comme un « master mind » ― c’est vous dire l’importance de ce penseur mal connu du grand public, mais extrêmement apprécié dans la mouvance néo-libérale. Ces deux traits sont d’ailleurs complémentaires : c’est parce que Mandeville dit tout sans aucune circonlocution morale sur les mécanismes de l’appropriation privée qu’il faut le cacher au grand public. Mandeville est ainsi l’inventeur d’un redoutable art de gouverner fondé sur un habile dosage de la flatterie et du blâme. Cet art se présente comme une réponse à la question politique centrale : comment faire vivre les hommes ensemble sachant qu’ils sont égoïstes et que la contrainte n’est pas suffisante pour les soumettre ? Réponse de Mandeville : pour qu’ils consentent à obéir aux lois, il faut ― rançon de leur égoïsme ― les payer. Mais, comme ils sont nombreux et qu’il n’y aurait jamais assez d’argent pour tous les rémunérer, il faut les dédommager avec une monnaie… qui ne coûte rien ― sinon un peu de vent. C’est en effet en parole qu’on peut les payer, avec des flatteries célébrant l’étendue de leur entendement, leur merveilleux désintéressement personnel, leur noble souci de la chose publique et donc l’élévation de leurs âmes. Cette façon de circonvenir les hommes constitue, selon Mandeville, l’essence du Politique, le cœur de l’économie politique. Cette politique de la flatterie, menée par des politiques rusés est pour lui la seule susceptible de pouvoir faire vivre les hommes ensemble. On peut la mettre en œuvre en agissant sur deux leviers. D’une part, on désignera une classe d’individus dangereux constituée de « ceux qui aiment foutre le bordel », des « cyniques, » de « ceux qui ne sont rien et heureux de l’être », des « chômeurs multirécidivistes du refus d’embauche », des « pauvres qui coutent un pognon dingue » et autres amabilités. D’autre part, le fait de désigner à la vindicte publique cette basse classe d’irréductibles permet de poser en regard une large classe toute en dignité composée d’êtres travailleurs et obéissants à qui l’on dira qu’ils ont réussi là où les autres ont failli, ce qui permettra de les ériger en individus modèles capables de se modérer et de prendre autrui en considération. Le but, c’est non seulement de créer deux classes imaginaires opposées stabilisant le champ social, mais c’est aussi et surtout de donner libre cours à une troisième classe tirant les ficelles de l’ensemble. Cette troisième classe se caractérise de faire semblant d’obéir à la loi dans un double but : profiter du prestige des vertueux et, surtout, tenir tout le monde tranquille afin d’en tirer tous les bénéfices possibles. Nous sommes là au cœur de la politique du Capital qui intéresse aujourd’hui beaucoup le capitalisme financier d’où vient Macron.
      Or, pour mettre en œuvre cette politique, on peut être habile, semi-habile ou maladroit. Et Macron fut maladroit.

    • Éditions des Équateurs / à paraître / Le code Jupiter / Philosophie de la ruse et de la démesure
      http://editionsdesequateurs.fr/aParaitre/oo/LeCodeJupiter

      "J’ai écrit ce petit pamphlet parce que je désire expliciter ce « nouveau monde », son mystérieux projet dont les réformes en cours, nombreuses, ne laissent entrevoir que la pointe de l’iceberg. Je conçois mon rôle comme celui d’un ethnologue qui a réussi à pénétrer une tribu très exotique, aux moeurs inconnues, et à s’y fondre. À cela près que ce n’est pas des Nambikwara ou des Bonoros dont je vais parler. Mais du groupe qui a pris la direction de l’État français et que j’appellerais les Jupitériens. 

      De moi, je ne dirai rien, sinon que je suis bien introduit dans les différents cercles de la macronie. Et, comme je tiens à le rester, il ne me reste plus qu’à avancer masqué."

    • Quant à Ricœur, il ne retient que la division du sujet entre mêmeté (ce que le sujet a d’immuable dans la durée) et ipséité (ce qui renvoie à l’action instantanée dans ce qu’elle a d’unique). De sorte qu’autrui (dont Ricœur parle beaucoup) disparaît purement et simplement au profit d’une duplicité interne du soi, jouant de sa division entre mêmeté et ipséité ― ce qui fait alors apparaître Macron comme un personnage essentiellement intéressé à tisser sa propre légende.

    • D’autre part, le fait de désigner à la vindicte publique cette basse classe d’irréductibles permet de poser en regard une large classe toute en dignité composée d’êtres travailleurs et obéissants à qui l’on dira qu’ils ont réussi là où les autres ont failli, ce qui permettra de les ériger en individus modèles capables de se modérer et de prendre autrui en considération.

      Me/ se rappelle le mépris de classe du contrôleur des impôts lorsque dans son bureau il eut fini de lire ma lettre demandant annulation de ma dette :
      « Avec mon intelligence j’aurai pu faire beaucoup mieux que contrôleur des impôts, c’est pour ne pas tomber dans votre déchéance que j’ai accepté ce poste ».
      Je suis ressortie de là en comprenant que le rôle des pauvres était de faire peur et de rassurer les #honnêtes_gens sur leur soumission.
      #marché_des_pauvres