person:romain pudal

  • Contre une sélection brutale et de grande envergure à l’entrée à l’université

    Des sociologues appellent à la mobilisation. Matthieu Hély, professeur de sociologie, président de l’Association des sociologues enseignant.e.s du supérieur et Romain Pudal, sociologue, chargé de recherche au CNRS.

    « Il faut en finir avec le mythe de l’université pour tous », tels sont les mots du président de la République et le véritable sens politique de la loi d’orientation des lycéens – dit aussi « plan étudiant » – que le gouvernement tente de faire adopter à marche forcée, comme toutes ses réformes entérinant des régressions sociales sans précédent. Présenté parfois comme un remède au système APB ou, pire, au tirage au sort dont les injustices sont criantes, ce plan étudiant n’est pas fait pour assurer un suivi personnalisé des lycéens ou les aider à mieux s’y repérer dans leurs études ; ces mensonges répétés ad nauseam sont à mille lieues de ce qui risque de s’imposer dès cette année : une sélection brutale et de grande envergure. Aucun moyen n’a été donné aux universités pour traiter les demandes qui leur seront adressées, aucune feuille de route précise pour mener à bien cette réforme majeure de l’accès à l’université.

    Si jusqu’ici le bac, premier diplôme du supérieur, rappelons-le, donnait le droit de faire des études supérieures, dorénavant des « attendus » et autres « prérequis » pourront être exigés. Qu’est-ce à dire exactement ? Le guide national reste d’un flou artistique rarement atteint sur un sujet aussi grave : « ouverture sur le monde », « intérêt pour les questions de société », « maîtrise d’une langue étrangère », voilà quelques-uns des items avancés. On voit mal comment en juger d’après un dossier scolaire qui ne sera même pas examiné, faute de temps et de personnes pour le faire. Mais dans les universités appelées à décliner et préciser ces attendus, des idées émergent : ne pas accueillir ceux qui ont eu des « problèmes de discipline », décourager les bacheliers issus de filières non générales, exiger un Bafa, un engagement dans un service civique ou comme pompier volontaire pour certaines filières, tandis que d’autres verraient bien leurs étudiant-e-s de première année être bilingues en anglais ou maîtriser les statistiques ! En un mot, s’ils pouvaient avoir fini leurs études avant de les avoir commencées… Cette inflation autour des « attendus », cet irréalisme (on parle tout de même de jeunes de 17 ans !) sont encouragés par le plan étudiant, synonyme pour beaucoup de solution miracle face à la dégradation sans fin de l’université publique. Celle-ci est incontestable, qu’il s’agisse des capacités d’accueil, des infrastructures, des faillites à répétition, de la précarisation inouïe des personnels enseignant-e-s ou administratifs : il n’y a plus beaucoup de fonctionnaires titulaires dans les universités, il faut le savoir, et vouloir y travailler, c’est s’exposer à des années de galère. Dans un tel contexte dégradé, les titulaires font alors figure de « privilégiés », alors même qu’ils croulent sous les tâches de toute nature et font tourner le système à bout de souffle. Le plan étudiant apparaît alors comme la bouée de sauvetage : puisque nous coulons, pourquoi ne pas jeter par-dessus bord une partie des passagers ? ! On peut comprendre le sauve-qui-peut mais on ne peut l’accepter. Celles et ceux qui pâtiront de cette politique, ce sont les jeunes issus des milieux les moins favorisés, car la sélection scolaire qui se met en place sera avant tout une sélection sociale : venir des « bons » bahuts, des « bonnes » filières, bref des « bonnes » familles et des « bons » quartiers, telle sera la logique qui s’imposera et que certains assument, parlant sans vergogne de « filières poubelles pour le tout-venant », et assurer des formations de qualité à ceux qui pourront payer : soit leurs familles paieront, soit ils emprunteront. Pourtant l’argent ne manque pas : 5,5 milliards pour le crédit d’impôt recherche, véritable niche fiscale, 60 millions pour Polytechnique l’an dernier, alors même que ses résultats sont médiocres même face à des universités sous-dotées ! À quand donc un plan de financement majeur de l’université publique ?

    Face à une logique politique qui conduit à fermer la porte des universités publiques, l’Association des sociologues enseignant-e-s du supérieur a décidé de s’opposer fermement et elle appelle le plus grand nombre à se mobiliser dans cette lutte en signant la pétition La sélection n’est pas la solution .

    https://www.humanite.fr/contre-une-selection-brutale-et-de-grande-envergure-lentree-luniversite-647

    • Université : de la pénurie à la sélection

      30 ans après le projet de loi Devaquet, à l’époque battu par la mobilisation étudiante, la sélection à l’université revient en France, à travers la Loi Vidal votée à l’Assemblée nationale juste avant Noël.

      Avec une contradiction majeure en toile de fond : le besoin d’une élévation générale du niveau de connaissances se heurte à la compression des budgets gouvernementaux, à cause des politiques d’austérité. Au fond, on en revient toujours à la même question déjà posée par François Delapierre dans La bombe de la dette étudiante : qui doit en payer le prix financier et humain ?

      Pour justifier la loi Vidal, le gouvernement incrimine la plate-forme d’affectation dans le supérieur APB. Ce n’est pourtant pas un problème de procédure mais de pénurie d’offre de formation, avec 808 000 candidats inscrits en début de procédure sur APB, pour 654 000 places proposées dans l’ensemble des formations. Faute d’augmenter le budget, le gouvernement prévoit de remplacer le tirage au sort par un véritable tri social. Le cocktail des politiques des ministres Vidal (Enseignement supérieur) et Blanquer (Education) va en effet créer une sélection sociale. La mise en place du contrôle continu notamment va faire exploser la valeur nationale du baccalauréat. Les jeunes seront désormais surtout choisis par les universités selon leurs lycées d’origine. La réduction du nombre de voeux, la possibilité pour les universités d’infliger une année d’étude supplémentaire pour les étudiant•e•s ne remplissant pas les pré-requis, la volonté « d’orienter » les jeunes dès la seconde. Autant de mécanismes qui vont compartimenter les jeunes selon leur origine sociale en pariant sur la démotivation des moins bien lotis. L’étudiant•e en devenir sera ainsi encore moins maître de son avenir qu’avant.

      Le programme de la France Insoumise oppose une autre logique. Pour augmenter le niveau de qualification de tous il propose de doubler le budget de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en 5 ans. En réduisant en parallèle les inégalités sociales, par exemple avec une allocation d’autonomie versée aux étudiant•e•s. Pour les émanciper de leurs conditions économiques et de toutes les assignations à un parcours de vie, qu’elles viennent du gouvernement ou de leur propre famille. Car c’est aussi cela, faire confiance aux jeunes.

      David Guiraud

      http://www.gauchemip.org/spip.php?article30742
      #université #pénurie #sélection

  • L’élimination des sociologues au concours du CNRS, symptôme du management autoritaire de la recherche en sciences sociales | Zilsel
    https://zilsel.hypotheses.org/2857

    Dans l’article-billet substantiel qui suit, Stéphane Beaud (Professeur de science politique, Université de Paris-Nanterre), Valérie Boussard, Professeure de sociologie, Université de Paris-Nanterre), Romain Pudal (Chargé de recherches au CNRS), membres élus de la section 36 du Comité National du CNRS, ainsi que Christian Topalov (Directeur d’études à l’EHESS, directeur de recherches émérite au CNRS, ancien membre du Conseil scientifique de l’InSHS), proposent une analyse au scalpel de cette très dommageable affaire. Parce qu’il en va de l’autonomie scientifique et professionnelle de nos disciplines, parce qu’en outre – comme l’avancent les auteurs – ces déclassements révèlent l’arbitraire d’un « management autoritaire » et personnel de la recherche, le Carnet Zilsel ne pouvait pas ne pas contribuer à diffuser cette analyse critique qui a l’immense mérite d’exprimer de façon directe, transparente et informée une autre politique de la science : collégiale, appuyée sur des critères d’évaluation explicites et universalisables, indépendante, à distance de la fast science qui fait tant rêver les apparatchiks de la recherche.

    (...) Si l’on met bout à bout le fait que le jury d’admission a cherché à faire une évaluation scientifique sur les dossiers, tout en appliquant des critères d’excellence tels que définis ci-dessus, on comprend mieux l’ampleur de la crise. Des rapporteurs qui jugent du point de vue de leur position personnelle dans l’espace sociologique, à partir de critères qui n’ont pas été rendus publics par le CNRS et ne sont pas ceux de la section, ne peuvent pas avoir le même avis qu’un jury divers qui fonctionne de façon collégiale, en appliquant des critères qu’il a rendus publics et auxquels les candidats se sont préparés.

    En relisant les critères publiés sur le site du Comité national du CNRS par les sections 36 et 40, et servant de guide aux candidats (voir encadrés 1 et 2), on s’aperçoit que ni la bibliométrie, ni la publication dans des revues en anglais, ni l’obtention de bourses ERC ou autres ne sont mentionnées comme critères. Ces critères interviennent ex post, introduits en apparence par le jury d’admission, en réalité par la direction de l’InSHS. Cela pose une question juridique très importante dans le cas d’un concours de la fonction publique. Car il y a bien des critères cachés, manipulés de façon ad hoc par le jury d’admission, que la direction de l’INSHS ne peut pas écrire, car ce serait matière à annulation, mais qu’elle entend appliquer in fine. Les DAS ont pour fonction de relayer ces critères aux sections, tout en leur faisant comprendre qu’on ne peut pas les écrire. En plus des critères précédemment évoqués, il en est un autre, totalement choquant en ces temps de précarité dans l’ESR, l’âge. Oui, on ne doit pas le dire, mais il ne faut pas recruter des candidats trop vieux, ou depuis trop longtemps « dans le circuit ». Il paraît que le CNRS n’a pas vocation « à être la voiture-balai » de l’Université (entendez des comités de sélection). Concernant les concours de Directeurs de recherche, deux critères reviennent : avoir soutenu son habilitation au moment du concours, ne pas être extérieur au CNRS. La section est prévenue par son DAS : si elle s’avise de ne pas respecter ces critères, le jury d’admission cassera ses classements. Et M. Bourdelais d’expliciter dans sa lettre que ces échanges « avec les membres de la section permettront de préciser encore davantage quelles sont les attentes de notre organisme en termes de recrutements d’excellence des chercheurs. ». En d’autres termes, le directeur exige de la section qu’elle n’applique pas les critères qu’elle a elle-même définis et communiqués aux candidats sur le site. À bon entendeur salut ! Dans ces conditions, autant dire que pour réussir le concours d’entrée au CNRS, il vaut mieux être dans les réseaux de ceux qui vous expliqueront que les critères ne sont pas les vrais critères.

    #cnrs #recherche

  • Ce mardi 14 mars 2017, les sapeurs-pompiers professionnels sont en grève pour dénoncer le manque d’effectif et les baisses de budget alors que les interventions sont en hausse. « La question de la marchandisation de ce service public n’a pas manqué de se poser au cours des quinze dernières années », écrit le sociologue Romain Pudal, pompier volontaire dans une caserne de la grande banlieue parisienne depuis 2002, dans le numéro de mars. Les volontaires représentent près de 80 % des pompiers (193 700 en 2015).

    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/03/PUDAL/57272 #st

    http://zinc.mondediplo.net/messages/53237 via Le Monde diplomatique

  • Enquête chez les pompiers
    https://lejournal.cnrs.fr/articles/enquete-chez-les-pompiers

    Durant quinze ans, le sociologue Romain Pudal a également été pompier volontaire. De cette expérience, il a tiré une étude inédite sur l’univers des pompiers, qu’il vient de publier dans son livre « Retour de flammes ». Il y brosse un portrait passionnant de ces combattants du feu, aussi bien secouristes que créateurs de lien social.

  • Les pompiers en urgence
    http://www.laviedesidees.fr/Les-pompiers-en-urgence.html

    Fort de son expérience de sapeur-pompier, le sociologue Romain Pudal peint un métier traversé par de fortes tensions. Tiraillés entre l’image virile du pompier sauveur des flammes et un quotidien fait aussi d’assistance aux populations défavorisées, les pompiers s’interrogent sur le sens de leur #travail.

    Livres & études

    / travail, masculinité

    #Livres_&_études #masculinité

  • Un sociologue-pompier analyse les maux de la société française
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/290516/un-sociologue-pompier-analyse-les-maux-de-la-societe-francaise

    Romain Pudal, pompier et sociologue, livre une lecture édifiante des tensions politiques et sociales qui traversent la France contemporaine, et expliquent en partie la droitisation et la fragmentation de larges pans des #classes_populaires.

    #Culture-Idées #caserne #Emeutes_de_2005 #Essais #pompiers #Romain_Pudal #Service_public #Sociologie

  • Les maux de la société française analysés par un sociologue-pompier
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/290516/les-maux-de-la-societe-francaise-analyses-par-un-sociologue-pompier

    Romain Pudal, pompier et sociologue, livre une lecture édifiante des tensions politiques et sociales qui traversent la France contemporaine, et expliquent en partie la droitisation et la fragmentation de larges pans des #classes_populaires.

    #Culture-Idées #caserne #Emeutes_de_2005 #Essais #pompiers #Romain_Pudal #Service_public #Sociologie