person:sébastien rome

  • De l’École Maternelle aux jardins d’enfants ?

    Il y a quelques années l’école Maternelle, présentée comme une spécificité française, était reconnue comme un point fort de notre système éducatif.

    Ces dernières années, elle a servi de variable d’ajustement lors des suppressions de postes (les effectifs de certaines classes ne permettant plus d’atteindre les objectifs annoncés), elle a subi un recul de l’âge de la scolarisation (avec la disparition des classes de 2 ans ou TPS, préjudiciable notamment pour les élèves les plus fragiles) et elle a été isolée du reste de l’école primaire lors de la dernière réforme des programmes (rattachement de la GS au cycle 1, programmes spécifiques publiés symboliquement à part de ceux de l’élémentaire et du collège).
    Néanmoins ses objectifs, son rôle et son importance ont été réaffirmée.

    Jean-Michel Blanquer a annoncé lors de son arrivée au Ministère qu’il ne réformerait rien, c’est donc assez logiquement que depuis 6 mois, il a défait ce qui avait été mis en place lors du précédent quinquennat et que tous les dossiers imaginables sont aujourd’hui sur la table pour des changements en profondeur du système éducatif, changements qui orienteront durablement celui-ci pour les décennies à venir (à mon avis…).
    Il était donc prévisible qu’il s’attaque à l’école maternelle…

    Jean-Michel Blanquer veut transformer l’école maternelle
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/01/06/01016-20180106ARTFIG00055-jean-michel-blanquer-veut-transformer-l-ecole-mat

    Le ministre de l’Éducation nationale annonce samedi envisager une réforme des formations des enseignants afin notamment de développer le langage des enfants.

    Il a confié la réflexion au neuropsychiatre Boris Cyrulnik en axant la réforme sur l’épanouissement des élèves et de l’apprentissage du langage.

    Le ministre de l’Education s’appuie sur un neuropsychiatre pour « penser la maternelle de demain » (Ouest France)
    https://www.ouest-france.fr/education/ecole/entretien-blanquer-s-appuie-sur-un-neuropsychiatre-pour-penser-la-mater

    Jean-Michel Blanquer veut transformer l’école maternelle. Le ministre de l’Éducation nationale va s’appuyer sur l’expertise du neuropsychiatre Boris Cyrulnik, spécialiste de la petite enfance pour « penser la maternelle de demain ». Des assises réunissant les principaux acteurs de l’école maternelle se tiendront en mars prochain. Objectif : faire en sorte que la maternelle française soit, plus encore, l’école de l’épanouissement et de l’apprentissage du langage.

    Or, Boris Cyrulnik, qui peut tenir des propos très pertinents sur l’école et l’apprentissage (les notes, la bienveillance, les rythmes…), est pour retarder l’âge de scolarisation. Pourtant, les études disponibles montrent l’influence d’une scolarisation précoce sur les inégalités scolaires, notamment dans les quartiers populaires, notamment en langage.

    Boris Cyrulnik : « Peu d’enseignants ont conscience de leur impact affectif sur les enfants » (VousNousIls)
    http://www.vousnousils.fr/2015/06/08/boris-cyrulnik-peu-denseignants-ont-conscience-de-leur-impact-affectif-s

    Nous serions toutefois bien inspirés de prendre exemple sur les pays nordiques. Comme eux, il nous faudrait nous intéresser à la sécurisation des tout petits, retarder leur entrée à l’école, ne pas attribuer de notes en primaire, raccourcir la durée des cours, confier des activités éducatives à des tiers issus du monde de la culture ou du sport, etc.

    Retarder l’âge de scolarisation signifie par ailleurs concrètement la fin de l’école maternelle (publique) au profit de "jardin d’enfants" (privés). Cette idée est déjà dans les esprits voire dans les tuyaux de l’institution ministérielle.

    Haute-Loire : l’Education Nationale propose des jardins d’enfants pour soulager les classes uniques (France 3 Auvergne-Rhône-Alpes)
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/haute-loire/haute-loire-education-nationale-propose-jardins-enfants

    Dans les plus petites communes de Haute-Loire, il ne subsiste souvent qu’une école à classe unique. Difficile pour les enseignants d’y faire la classe de la maternelle au CM2 pour des enfants de 2 à 11 ans. L’inspection académique propose aux maires de créer des jardins d’enfants

    Les mauvais esprits diront que les économies de postes en maternelle financeront les promesses de Macron de dédoubler les CP et CE1… ou juste une réduction des postes dans un contexte d’économies budgétaires. D’autres esprit chagrins remarqueront, une nouvelle fois, que J.-M. Blanquer, cheville ouvrière des sombres années Darcos… fait du Darcos.

    X. Darcos va supprimer l’école maternelle ? (Sébastien Rome)
    https://blogs.mediapart.fr/sebastien-rome/blog/110708/x-darcos-va-supprimer-l-ecole-maternelle

    Le gouvernement va mettre en place un large plan d’économie dans l’Education nationale en réduisant la scolarité des élèves. Progressivement, les élèves de deux ans puis de trois ans et enfin de quatre ans ne seront plus accueillis à l’école maternelle. Le plan en préparation depuis plusieurs mois à Bercy sera bientôt mis en œuvre. En effet, la Caisse d’allocations familiales de Montpellier vient d’annoncer aux crèches et aux PMI qu’elles devraient s’apprêter à accueillir (ou plutôt garder en leur sein) les enfants de 2/3 ans à la rentrée 2009 puis, à terme, les enfants de 3/4 ans.

    #éducation #école_maternelle #cycle1 #réforme #jardin_d'enfants #privatisation

  • Enseignants du primaire : faut-il donc encore désobéir ? (Sébastien Rome)
    http://blogs.mediapart.fr/blog/sebastien-rome/080313/enseignants-du-primaire-faut-il-donc-encore-desobeir

    Mais l’école primaire n’est pas désarmée dans ce monde nouveau. On peut dire même que les plus vieux ont un coup d’avance, car il y a une longue tradition de la coopération dans les écoles communales. On pense à Célestin Freinet bien sûr, où la coopération entre élèves fait écho à la coopération entre « instituteurs-techniciens » (d’où les revues de pédagogies). Mais ce mouvement coopératif a des racines bien plus profondes et se nourrit aux sources de la IIIe République et du Socialisme du XIXe siècle. Que l’on songe aussi à l’implication qu’ont eue ? les instituteurs dans les mouvements d’éducation populaire. Cette culture n’a pas complètement disparu. Elle est un atout indéniable dans notre nouveau monde. C’est une carte à jouer, d’urgence.

    #éducation #réforme

  • De la "Refondation" de l’école aux rythmes scolaires (revue de web subjective)

    – Sur les rythmes scolaires, tout n’a pas été dit ! (Guillaume Hamon, Le Café Pédagogique)
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/02/Rythmesscolaires_toutnapasetedit.aspx

    Si on ne peut que souscrire au retour à 4 jours et demi d’école, on peut se demander pourquoi l’application de la réforme ne suscite pas l’adhésion de tous les acteurs et si elle respecte l’objectif d’allègement fixé au départ. Force est de constater que même chez les enseignants favorables à ce retour, de fortes réserves sont émises sur le projet actuel. En effet, celui-ci présente plusieurs défauts et soulève de nombreuses interrogations très concrètes.

    – Le temps de l’enfant ne se réduit pas à celui de l’école (Catherine Chabrun)
    http://seenthis.net/messages/114404

    Seulement, le décret de Vincent Peillon ne prend pas en compte le temps de l’enfant dans sa globalité, il le réduit au temps scolaire… et à la semaine scolaire.
    Le temps de l’enfant, c’est tous les jours, toutes les semaines, toute l’année. Ce temps devrait pouvoir s’étendre tranquillement sans pression, sans discordances avant, entre et après l’école (vacances comprises).

    – Rythmes scolaires : pourquoi je ne suis pas en grève (Sébastien Rome, blog Médiapart)
    http://blogs.mediapart.fr/blog/sebastien-rome/110213/rythmes-scolaires-pourquoi-je-ne-suis-pas-en-greve

    J’imaginais bien qu’avec l’arrivée au pouvoir du PS, tout ne serait pas réglé et que les réformes devraient être vues avec un œil critique. Mais je n’imaginais pas que je serais en opposition totale avec ceux avec qui je manifestais ces cinq dernières années. Ceux qui appellent à la grève mardi 12 février tirent une balle dans le pied des enseignants et donc dans mon pied : autant dire pourquoi cela me fait mal.

    – Refondation de l’école : c’est le pédagogique qui est urgent. (Éveline Charmeux)
    http://www.charmeux.fr/blog/index.php?2013%2F02%2F13%2F216-refondaton-de-l-ecole-c-est-le-pedagogique-q

    Bien plus que l’organisation des semaines, c’est celle des journées qui importe, ce qu’on met dedans et pourquoi on l’y met. Une autre manière de travailler, une autre manière de penser le travail, une autre manière d’accueillir les enfants, un autre regard sur leurs erreurs.

    – Sarko reviens, tout est devenu flou ! (Sylvain Grandserre)
    http://seenthis.net/messages/116569

    Historiquement, les rythmes de l’école n’eurent jamais l’élève pour principal souci. Les congés d’été avaient pour priorité, dans une France encore paysanne, de restituer à leur famille une jeune main d’œuvre bien utile en période de récolte et de vendange. Plus tard arrivèrent les congés payés, puis le tourisme de masse organisant de vastes transhumances vers les pentes enneigées et les plages
    surpeuplées. Certes, on convint tardivement qu’une alternance de 7 semaines de travail et de 2 semaines de vacances permettrait de ne pas faire n’importe quoi en la matière, mais même cette mesure resta pour l’essentiel lettre morte.

    – Rythmes scolaires : le ministre doit résister ! (Alain Refalo, blog Médiapart)
    http://blogs.mediapart.fr/blog/alain-refalo/191112/rythmes-scolaires-le-ministre-doit-resister

    Certes, la réforme des rythmes scolaires ne saurait résumer la refondation de l’école. Celle-ci doit se conjuguer notamment avec la refonte des programmes, un changement de paradigme dans l’évaluation des élèves et des enseignants, un renforcement de la formation pédagogique initiale et continue, la valorisation des méthodes participatives et coopératives au sein de la classe. Mais cette réforme est indispensable, y compris sur le plan symbolique car elle se heurte à des intérêts particuliers qui n’ont que faire de l’intérêt de l’enfant. Son aboutissement, malgré les réticences et les résistances, témoignera de la volonté du gouvernement de réellement refonder l’école de la République.

    – « Refondation » de l’École : erreurs et blocages (Philippe Watrelot, Les Cahiers pédagogiques)
    http://www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php?article8263

    Pour comprendre la situation, il faut analyser les erreurs commises par Peillon et son équipe mais il faut aussi se garder comme on le fait si souvent en France de juger et condamner une politique avant même qu’elle soit mise en œuvre. De nombreux blocages existent et il faut les mesurer.

    – Le projet de loi, faire l’abeille du coche (Catherine Chabrun, blog ICEM)
    http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/32705

    Je comprends et je partage l’inquiétude et la déception des différents acteurs de l’éducation suite à la parution du décret sur les rythmes. Mais je ne suis pas leur demande quant à l’abandon de la loi d’orientation et de programmation.
    Certes, cette loi n’est guère ambitieuse et encore moins bouleversante ; je dirai juste qu’elle est bienveillante, qu’elle contient quelques petites avancées et beaucoup de manques à combler.

    – Rythmes scolaires : pourquoi Vincent Peillon ne parvient pas à rassembler (L’instit’humeurs)
    http://seenthis.net/messages/114129

    Les années Sarkozy ont laissé des traces. Durant 5 ans, Xavier Darcos puis Luc Chatel ont mené une politique agressive envers les enseignants, les dévalorisant fréquemment, les stigmatisant souvent, les pointant du doigt comme responsables de tous les maux de l’école, ils ont abîmé leurs conditions de travail, organisé un caporalisme stérile et stressant, et surtout réformé en toute méconnaissance de l’école et des besoins des élèves. Cette période noire pour l’école peut être élargie à une dizaine d’année, période sur laquelle le niveau général des élèves a baissé sensiblement, à mesure que baissait le pouvoir d’achat des profs, - 14 % depuis 1999.
    […]
    Lassitude, démotivation, colère, rancœur se sont durablement emparés de nombreux collègues. Les troupes sont à fleur de peau, ne sont plus en mesure d’accepter quoique ce soit, se réfugient dans des réflexes de protection – donnez-nous d’abord, nous verrons ensuite ce qu’on pourra, éventuellement, donner.

    – « Rythmes » et « territorialisation » (Claude Lelièvre, blog Médiapart)
    http://blogs.mediapart.fr/blog/claude-lelievre/110213/rythmes-et-territorialisation

    De nombreuses organisations syndicales ou proches de l’École ont pris des positions communes à propos de ce sujet (controversé) dans le cadre de l’Appel de Bobigny.

    – Rythmes scolaires : un vrai-faux débat ? (L’Humanité)
    http://www.humanite.fr/societe/rythmes-scolaires-un-vrai-faux-debat-513736

    En l’espace de deux mois, le relatif consensus autour de la nécessité de réformer les rythmes scolaires en primaire, devenus intenables depuis le passage à la semaine de quatre jours, a volé en éclats. Devant le manque d’ambition et les incertitudes entourant ce projet, enseignants, parents d’élèves et collectivités locales s’en sont peu à peu détournés, allant jusqu’à rejeter le projet de décret présenté début janvier devant le Conseil supérieur de l’éducation.

    – Rythmes scolaires : le précédent de 2008 (LeMonde.fr)
    http://seenthis.net/messages/114149

    La suppression du samedi matin, en 2008, pourtant critiquée par des représentants syndicaux et des chronobiologistes, n’avait, elle, suscité ni grève ni manifestation. Comment ce changement s’était-il passé ? Retour en trois actes sur le passage à la semaine de quatre jours en 2008.

    – Vive l’école le mercredi ! (Thomas Piketty, Libération)
    http://www.liberation.fr/economie/2013/01/28/vive-l-ecole-le-mercredi_877408

    Voici maintenant venu le temps des réformes dans l’école, avec en particulier la question de l’école le mercredi dans le primaire. Que l’on ne s’y trompe pas : il s’agit d’une réforme fondamentale, sans doute l’une des plus importantes du quinquennat.

    #éducation #refondation #réforme_rythmes_scolaires

    • Un peu de pédagogie dans ce monde de brutes (ou de management pyramidal) :

      On a parfois l’impression que tout est fait pour que ça rate. La frénésie de textes ne peut rien y changer, au contraire. Tachant de rattraper le retard pris dans la communication au peuple et aux enseignants, on sort un projet de décret par jour alors que les fondations n’ont pas été reconstruites sur un modèle nouveau.
      Il aurait pourtant été facile d’annoncer la suspension des programmes de 2008 qui ont été imposés brutalement, sans la moindre concertation, avec un autoritarisme débridé, et de donner une grande liberté aux enseignants pour reprendre ceux de 2002, pour expérimenter de nouvelles approches du savoir et en rendre compte, pour expérimenter. Il aurait été facile de suspendre les évaluations stupides et de faire confiance aux enseignants...

  • Rythmes scolaires, une question à contretemps ? | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/24145373605/rythmes-scolaires#

    À l’instant même de sa nomination, le nouveau ministre de l’Éducation nationale annonçait vouloir revenir sur la semaine de quatre jours au premier degré et lancer une large consultation sur les rythmes scolaires.

    Depuis cette annonce, le microcosme ne parle que de ça, voir notamment les excellents commentaires d’Antoine Prost et de Sébastien Rome.

    On annonce par ailleurs çà et là, à grands frais, une refondation ou une reconstruction de l’école. Mais sur quelles bases ? À lire les articles de presse ou les points de vue sur le sujet, tout le monde semble convaincu qu’il s’agit là de l’un des chantiers prioritaires de l’État. On rappelle les grandes valeurs de l’école, la laïcité, l’égalité, on propose de changer l’enseignement professionnel, le baccalauréat, le lycée, l’orientation, on remet en question le collège unique, on annonce que le premier degré et la maternelle sont des priorités… Fort bien. Parlons-en.

    Mais rares sont les voix qui se font entendre à propos de ce qui me semble être le profond et fondamental défi qui est déjà et sera bientôt, de manière plus intense encore, proposé à l’école et à ses maîtres : celui de la nécessaire évolution des savoirs et donc des disciplines.❞