person:saddam hussein

  • A fine line between journalistic analysis and the “Islamic State” group’ propaganda | Elijah J M
    https://elijahjm.wordpress.com/2015/12/30/a-fine-line-between-journalistic-analysis-and-the-islamic-state-

    Media and analysts, who have little presence on the ground, depend on war correspondents covering the ongoing war in the Middle East, on informants and also on social media information. Widespread animosity for some belligerents is pushing media to abandon its unbiased conduct and take sides. Inevitably, almost no one is unbiased. None the less, some analysts, unaware, fall into the category of supporting terrorist groups as they simply take a position against a given opponent. In Iraq favourite targets are mainly al Hashd al-Sha’bi (or Popular Mobilisation Units made of Shia, Sunni and Iraqi minorities) and Iran’s support of it, and in Syria, Bashar al-Assad and more recently Russian intervention. This biased reporting omits to often ISIS that is mentioned en passant. To the point that, ISIS and Al-Qaeda (Jabhat al-Nusra) are no longer terrorist groups but, for many, too simply “the products of Assad and either Saddam Hussein or (the ex-Prime Minister Nuri) al-Maliki”.

  • Quand le cinéma témoigne de l’errance des migrants

    La huitième édition du Panorama du film européen s’est tenue au Caire du 25 novembre au 5 décembre. Organisé par Zawya, cinéma d’art et d’essai de la capitale égyptienne, cet événement est devenu le rendez-vous des professionnels et amateurs de cinéma indépendant. Une nouvelle section, « Crossroads », rassemble cette année des films issus d’une coopération entre pays européens et arabes qui ont pour sujet les migrants, questionnant l’identité et son rapport au cinéma.

    http://orientxxi.info/lu-vu-entendu/quand-le-cinema-temoigne-de-l-errance-des-migrants,1131
    #cinéma #migrations #film

    • Memories On Stone

      Hussein et Alan, deux amis d’enfance kurdes décident de tourner un film qui retracerait le génocide perpétré par Saddam Hussein et ses troupes dans les années 80 où près de 200’000 Kurdes furent massacrés. Mais tourner dans l’Irak de l’après-guerre ne s’avère pas une chose si facile. La plus grosse difficulté arrive lorsqu’il s’agit de trouver la femme qui devrait jouer le rôle principal. Toutes celles pressenties se désistent l’une après l’autre. Alors qu’Hussein voit le projet capoter pour cette seule raison, une jeune femme apparaît et se propose. Sinur correspond tout-à-fait à ce qu’ils espéraient, il reste maintenant un dernier obstacle à franchir : obtenir l’accord de sa famille, c’est-à-dire celui de son oncle Hamid et de son cousin Hiwar qui en est follement amoureux et voudrait l’épouser. Etrangement, Sinur, elle, est prête à tout pour jouer ce rôle. Cependant, les problèmes ne s’arrêtent pas là pour nos deux amis, l’argent vient à manquer, mais ils sont prêts pour pouvoir finir le tournage. Le dernier jour du tournage, un coup de feu se fait entendre, Hussein s’écroule sans connaissance. Le film pourra-t-il enfin être vu sur un écran ?


      https://www.trigon-film.org/fr/movies/Memories_on_Stone
      #kurdes #kurdistan

    • The Narrow Frame of Midnight

      A young orphan, Aïcha, is found alone in the forests of central Morocco. Taken and sold from her home in the hills of the Atlas mountains, Aïcha finds herself at the mercy of Abbas, a petty criminal, and his conflicted girlfriend, Nadia. They soon cross paths with Zacaria, a Moroccan/Iraqi writer, who has left everything behind- including a passionate relationship with a teacher, Judith- to follow in the path of and search for his missing brother. The group embarks on a journey that will lead them from Morocco, to Istanbul, across the plains of Kurdistan to Iraq and beyond.

      The Narrow Frame of Midnight charts the journeys of several characters as they struggle to find their place in the world; in search of the living and of the dead, of others and of themselves. The paths of these characters intersect at different points in the film and though their destinies eventually diverge, they are connected in profound ways. The arc of each respective journey reflects and informs the circuit of the other journeys. Three of the characters (Aïcha, Zacaria and Judith) are people who are searching; they are explorers who at different points decide to take the leap and embark on a voyage whose end is unknown. The Greeks believed, as writer Jeanette Winterson reminds us, that the hidden life demands invisible ink. And so in a way, the characters with whom we travel in The Narrow Frame of Midnight are people who have decided to discern the hidden story within themselves and to continue to write it at any cost.


      http://www.thenarrowframeofmidnight.com

    • Queens of Syria

      Queens of Syria tells the story of fifty women from Syria, all forced into exile in Jordan, who came together in Autumn 2013 to create and perform their own version of the Trojan Women, the timeless Ancient Greek tragedy all about the plight of women in war.

      What followed was an extraordinary moment of cross-cultural contact across millennia, in which women born in 20th century Syria found a blazingly vivid mirror of their own experiences in the stories of a queen, princesses and ordinary women like them, uprooted, enslaved,and bereaved by the Trojan War.

      Thanks to all the women who took part in this project and made this film possible.

      https://tellbrakfilms.files.wordpress.com/2014/07/queens-of-syria-still-website.jpg?w=1200
      http://tellbrakfilms.com/films/queens-of-syria
      #Syrie #femmes

  • How Saddam’s men help Islamic State rule
    http://www.reuters.com/investigates/special-report/mideast-crisis-iraq-islamicstate

    Baathists began collaborating with al Qaeda in Iraq – the early incarnation of what would become Islamic State – soon after Saddam Hussein was ousted in 2003. Saddam had run a brutal police state. The U.S. occupation dissolved the Baath Party and barred senior and even middling party officials from joining the new security services. Some left the country, others joined the anti-American insurgency.

    #Etats-Unis #Bremer #debaassification

  • Qui donc se souvient d’April ?
    http://www.dedefensa.org/article/qui-donc-se-souvient-dapril

    Qui donc se souvient d’April ?

    Nous étions en 1990, le 25 juillet, April Glaspie, première femme étasunienne ambassadeur dans un pays arabe, rencontrait Saddam Hussein en présence du ministre des affaires étrangères d’Irak, Tarik Aziz.

    Des troupes étaient concentrées en nombre anormalement élevé dans le Sud du pays, le long de la frontière avec le Koweït. Elle venait interroger l’homme qui fut l’allié des USA lors de la longue guerre Iran-Irak sur ses intentions, tout en lui donnant un signal explicite. James Baker lui faisait transmettre son message, les USA ne sont pas concernés par les conflits qui pourraient survenir entre des pays arabes. Ainsi encouragé, Saddam Hussein décida de réintégrer à l’Irak son ancienne province qui en avait été détachée par la vieille puissance (...)

  • En #Jordanie, l’exil sans fin des Syriens
    Kamel Doraï

    http://www.liberation.fr/auteur/16267-kamel-dorai

    La crise des réfugiés en Europe a eu tendance à éclipser la réalité vécue par ce pays qui accueille la très grande majorité des populations fuyant la guerre ou les conflits de la région. Comment continuer à vivre dans un camp de 80 000 personnes ?

    La Syrie, en proie à un conflit d’une violence et d’une intensité exceptionnelle, a donné naissance à l’un des mouvements de réfugiés les plus massifs au Moyen-Orient depuis la Seconde Guerre mondiale. Le Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) estime que plus de 4 millions de Syriens ont quitté leur pays depuis le début de la crise. Ironie de l’histoire, la Syrie avait été le principal pays d’accueil pour plusieurs centaines de milliers de réfugiés irakiens fuyant le chaos et la violence après la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, sans compter la présence sur son sol de près de 500 000 réfugiés palestiniens.

    Des pans entiers de la société syrienne se recomposent en exil, et la question de leur place dans leurs pays d’accueil respectifs est posée.

    La « crise des réfugiés » en Europe a eu tendance à éclipser la réalité vécue par la majeure partie de ces réfugiés, celle d’un exil à long terme dans les pays voisins de la Syrie. Ces derniers ont largement ouvert leurs frontières au début du conflit. Alors que celui-ci s’installe dans la durée, les gouvernements libanais, jordanien et turques imposent progressivement des restrictions à l’entrée de nouveaux réfugiés sur leurs sols. Les effets combinés de la multiplication des combats en Syrie et les difficultés croissantes auxquelles les réfugiés syriens doivent faire face dans leurs pays d’accueil contraignent aujourd’hui un nombre croissant d’entre eux à chercher asile en Europe.

    A ces réfugiés, il convient d’ajouter l’exil silencieux de plus de 70 000 réfugiés palestiniens de Syrie, forcés de quitter leur pays d’accueil. Les révolutions arabes, qui ont occupé le devant de la scène médiatique depuis 2011, ont eu tendance à marginaliser la question palestinienne, pourtant longtemps centrale dans le paysage politique arabe. Le conflit syrien a rappelé qu’elle était toujours d’actualité. Les Palestiniens de Syrie se voient renvoyés à leur statut d’apatrides, privés de protection, dépendants de l’aide humanitaire et sont contraints à chercher asile dans un des pays frontaliers qui, à l’exception du Liban jusqu’en 2013, leur ont fermé leurs portes. Plus de la moitié ont rejoint les camps de réfugiés palestiniens déjà existants, accroissant encore la pression sur ces espaces marqués par la pauvreté et l’exclusion qui accueillaient déjà pour certains des migrants venus d’horizons plus lointains.

    Alors que les pays européens éprouvent des difficultés à gérer l’arrivée de plusieurs centaines de milliers de réfugiés, qu’en est-il des pays voisins de la Syrie, qui accueillent l’écrasante majorité des réfugiés ? La Jordanie incarne, dans la composition même de sa population, tous les conflits de la région. Pays de refuge successivement pour les Palestiniens, les Irakiens et aujourd’hui les Syriens, la présence des migrants forcés marque profondément le paysage urbain du royaume hachémite. L’arrivée des Syriens a profondément changé le nord du pays, où la majeure partie des réfugiés se sont installés. Le camp de Zaatari, qui compte plus de 80 000 habitants, en est le symbole le plus connu. Véritable ville où se juxtaposent les préfabriqués et encore quelques tentes, cet espace concentre tous les paradoxes de la présence syrienne en Jordanie. Les organisations humanitaires y sont omniprésentes, symbole de la vulnérabilité d’une population exilée privée de ressources.

    A la différence des réfugiés irakiens, majoritairement issus des classes moyennes urbaines et qui s’étaient installés dans la capitale jordanienne, une large proportion des réfugiés syriens aujourd’hui est originaire de régions rurales, et donc plus vulnérables. Dans le même temps, les réfugiés ont su développer dans ce même espace, malgré les contraintes du gouvernement humanitaire, un espace de vie sociale et économique. Les réfugiés se sont regroupés par famille et villages d’origine. Préfabriqués et tentes ont été réagencés pour en faire des habitations, certes précaires, mais qui ont permis la recréation d’espaces privés. Des petits commerces et autres activités artisanales génératrices de maigres revenus parsèment le camp. Les réfugiés ont tenté de recréer un semblant de vie normale dans un contexte de dénuement presque total et soumis à de fortes contraintes. Les réfugiés syriens n’ont pas le droit de travailler et ceux qui résident dans les camps doivent obtenir une autorisation, attribuée pour une durée déterminée, pour en sortir.

    La physionomie des villages et villes du Nord a également été profondément bouleversée par l’installation des réfugiés, qui s’inscrit dans la durée. Il faut rappeler que les trois principaux camps de réfugiés syriens en Jordanie ne regroupent que 20 % du total des Syriens. La coexistence entre Jordaniens et Syriens, si elle est facilitée par les liens historiques qui lient le sud syrien et le nord du royaume, est aussi marquée par les difficultés partagées par les deux populations liées à la pression accrue sur le marché de l’emploi, du logement et des services publics.

    L’augmentation du nombre d’arrivées de réfugiés en Europe a contribué à rouvrir le débat sur l’aide à apporter aux pays frontaliers de la Syrie pour faire face aux défis posés par la présence prolongée de réfugiés sur leur sol. Mais, alors que le conflit se prolonge, la question de leur avenir reste en suspend.

    La situation actuelle est marquée par une triple contrainte : 1) si les voisins de la Syrie ont largement ouvert leurs portes aux réfugiés, la question de leur installation sur le long terme n’est pas envisagée par les Etats d’accueil ; 2) le retour rapide en Syrie n’est pas une option pour la majorité des réfugiés, alors que le pays est toujours en proie à un conflit violent qui touche en premier lieu les civils ; 3) la réinstallation par le HCR en Europe, en Amérique du Nord ou vers d’autres pays tiers ne concernera qu’une infime partie de cette population.

    S’il faut rappeler que tous les réfugiés ne souhaitent pas poursuivre leur route jusqu’en Europe, il est cependant nécessaire de réévaluer les politiques d’asile à l’échelle euroméditerranéenne afin que les personnes en besoin de protection puissent trouver refuge sans risquer leur vie sur les routes de l’exil.

    #réfugiés #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_Syriens

  • Former US Intelligence Chief Discusses Development of IS - SPIEGEL ONLINE
    29 novembre 2015 Interview Conducted By Matthias Gebauer and Holger Stark
    http://www.spiegel.de/international/world/former-us-intelligence-chief-discusses-development-of-is-a-1065131.html

    SPIEGEL ONLINE: In February 2004, you already had Abu Bakr al-Baghdadi in your hands — he was imprisoned in in a military camp, but got cleared later as harmless by a US military commission. How could that fatal mistake happen?

    Flynn: We were too dumb. We didn’t understand who we had there at that moment. When 9/11 occurred, all the emotions took over, and our response was, “Where did those bastards come from? Let’s go kill them. Let’s go get them.” Instead of asking why they attacked us, we asked where they came from. Then we strategically marched in the wrong direction.

    SPIEGEL ONLINE: The US invaded Iraq even though Saddam Hussein had nothing to do with 9/11.

    Flynn: First we went to Afghanistan, where al-Qaida was based. Then we went into Iraq. Instead of asking ourselves why the phenomenon of terror occurred, we were looking for locations. This is a major lesson we must learn in order not to make the same mistakes again.

    SPIEGEL ONLINE: The Islamic State wouldn’t be where it is now without the fall of Baghdad. Do you regret ...

    Flynn: ... yes, absolutely ...

    SPIEGEL ONLINE: ... the Iraq war?

    Flynn: It was huge error. As brutal as Saddam Hussein was, it was a mistake to just eliminate him. The same is true for Moammar Gadhafi and for Libya, which is now a failed state. The historic lesson is that it was a strategic failure to go into Iraq. History will not be and should not be kind with that decision.

    et ce n’est pas un rigolo qui le dit :

    US General Mike Flynn : The Iraq war « was a huge error. »

  • Lettre ouverte du père d’une des victimes du Bataclan :

    http://www.huffingtonpost.fr/eric-ouzounian/moi-pere-dune-victime-je-nirai-pas-aux-invalides_b_8653672.html

    Ma fille est morte au Bataclan le 13 Novembre, elle avait 17 ans.

    Je n’irai pas à l’hommage qui sera rendu aux victimes à 10h30 aux Invalides parce que je considère que l’État et ses derniers dirigeants en date portent une lourde responsabilité dans ce qui s’est passé.
    (...)
    Cette ingérence de la France dans les affaires intérieures de pays souverains a été menée avec l’argument selon lequel les dirigeants syriens et libyens massacraient leur peuple. Certes. Comme Saddam Hussein et Muammar Khadafi, Bachar el Assad est un dictateur sinistre de la pire espèce. Mais il n’est pas plus exécrable que ceux actuellement au pouvoir au Qatar et en Arabie Saoudite, avec lesquels la France entretient d’excellentes relations diplomatiques et commerciales, et qui ont financé Daesh.

  • La résistible ascension de Daech, par Jean-Pierre Filiu (L’Histoire, 23/11/2015). Une synthèse.
    http://www.histoire.presse.fr/actualite/infos/resistible-ascension-daech-23-11-2015-138984

    Daech, le bien mal nommé « Etat islamique », est apparu et s’est développé à la faveur de la désastreuse invasion de l’Irak par les Etats-Unis, au printemps 2003. Il n’y avait alors dans ce pays aucune présence jihadiste organisée, à l’exception du groupe « Unicité et jihad », dirigé par le Jordanien Abou Moussab Zarqaoui, implanté dans les montagnes kurdes, hors du contrôle du régime de Saddam Hussein. Or l’occupation américaine abolit les frontières intérieures de l’Irak, permettant à Zarqaoui d’étendre son influence jusqu’à Bagdad. Surtout, le proconsul nommé par Washington dissout l’armée irakienne et bannit tous les membres du parti Baas hors de la fonction publique, précipitant dans l’insurrection des milliers de militaires aguerris.

    Zarqaoui, servi par le ralliement d’anciens cadres de la dictature, conquiert progressivement une base territoriale dans la province occidentale d’Anbar. A l’automne 2004, Oussama Ben Laden l’adoube chef de la branche irakienne d’Al-Qaida. En novembre 2005, Zarqaoui parvient à projeter sa terreur depuis son sanctuaire irakien jusque dans son pays natal, avec un triple attentat-suicide à Amman (dont le dixième anniversaire a été marqué dans le sang par une fusillade meurtrière à l’intérieur même d’un centre de formation militaire en Jordanie).

    Lorsque Zarqaoui périt dans un bombardement américain, en juin 2006, une direction bicéphale se met en place : un « calife » originaire de Bagdad (en fait un ancien officier de Saddam) prend la tête d’un « Etat islamique en Irak », tandis qu’un envoyé de Ben Laden, de nationalité égyptienne, commande la structure proprement dite d’Al-Qaida. Les Etats-Unis, après avoir longtemps amalgamé Al-Qaida aux autres formations insurgées, décident enfin de se concentrer sur le seul « Etat islamique ». Ils enrôlent dans les milices dites du « Réveil » (Sahwa) tous les combattants arabes et sunnites déterminés à lutter contre « l’occupation » d’Al-Qaida, y compris d’anciens rebelles, amnistiés de fait.

    Cette politique permet d’endiguer, puis de refouler « l’Etat islamique ». Mais les partis kurdes, qui ont des visées sur Mossoul, refusent le déploiement de la Sahwa dans cette ville, ce qui permet aux jihadistes d’y préserver une infrastructure clandestine. En avril 2010, les deux dirigeants locaux d’Al-Qaida sont tués ensemble dans un raid irako-américain. Abou Bakr al-Baghdadi, un imam ultra-radical de Samarra, reprend en main l’organisation en multipliant les purges sanglantes. Il s’appuie plus que jamais sur des vétérans de la police politique de Saddam pour forger une phalange totalitaire à l’ambition implacable. Il peut aussi bénéficier de la protection accordée de longue date par Bachar al-Assad et les services de renseignement syriens à la guérilla anti-américaine dans l’Irak voisin.

    A la mort de Ben Laden, en mai 2011, Baghdadi refuse de prêter allégeance à son successeur, affirmant ainsi l’indépendance de son « Etat islamique ». C’est le début d’une spectaculaire montée en puissance, des deux côtés de la frontière syro-irakienne :
    – à l’Ouest de celle-ci, le régime Assad, confronté à une vague pacifique de contestation populaire, joue la politique du pire et libère des centaines de détenus jihadistes qui vont grossir les rangs de « l’Etat islamique ».
    – à l’Est, le Premier ministre Nouri al-Maliki, un fondamentaliste chiite, est d’un sectarisme si agressif qu’il démobilise la Sahwa et s’acharne contre les personnalités sunnites, ainsi rejetées dans une opposition de plus en plus radicale, ce qui fait aussi le jeu de « l’Etat islamique ».

    Assad et Maliki misent sur l’épouvantail jihadiste, le premier pour présenter sa dictature comme un « moindre mal », notamment auprès des Occidentaux, le second pour faire taire toute critique dans son propre camp chiite. Baghdadi en profite pour consolider ses réseaux, en Syrie dans la vallée de l’Euphrate, en Irak dans la province d’Anbar et à Mossoul. En mars 2013, Raqqa est la première capitale régionale de Syrie à tomber entre les mains de l’insurrection. Mais, dès le mois suivant, Baghdadi élimine les formations révolutionnaires de Raqqa pour y proclamer « l’Etat islamique en Irak et en Syrie », désigné sous son acronyme arabe de Daech.

    Assad et Maliki continuent à jouer les pompiers pyromanes. La dictature syrienne épargne ostensiblement Daech, qui grignote les positions tenues par l’opposition armée. Celle-ci lance en janvier 2014 sa « deuxième révolution », cette fois contre Daech, et parvient à l’expulser hors des provinces d’Alep et d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Le monde entier reste pourtant passif lorsqu’Assad déclenche une campagne de bombardements massifs contre la guérilla syrienne, ainsi contrainte de se battre sur deux fronts. Protégé par Assad, encouragé de fait par Maliki, Baghdadi compense ses pertes en Syrie en s’emparant en juin 2014 de Mossoul, la deuxième ville d’Irak. Il ne tarde pas à s’y déclarer « calife », à la tête d’un territoire dont la superficie équivaut à celle de la Jordanie.

    #OEI #ISIS

  • Daech, « un état en devenir, voire pratiquement constitué » (Olivier Weber) | France info

    Merci Paul Bremer

    Il y a, au sein de cette armée de Daech, des anciens officiers de Saddam Hussein qui ont été ’mis au chômage’ par le proconsul américain de l’époque, Paul Bremer.

    http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/daech-un-etat-en-devenir-voire-pratiquement-constitue-olivier-weber-74734

    L’armée de Daech est aujourd’hui estimée à 50.000 hommes. Olivier Weber, prix Albert Londres en 1992 et maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris, explique qu’elle est composée « d’une armée conventionnelle, classique, avec des centaines de tanks, des milliers de véhicules de type Jeep. C’est l’armée que s’est constituée côté Daech en juin 2014, depuis Mossoul, la deuxième ville d’Irak. Et il y a ces unités terroristes, combatives, se projetant de l’autre côté des frontières, en Europe et en France. Il y a, au sein de cette armée de Daech, des anciens officiers de Saddam Hussein qui ont été ’mis au chômage’ par le proconsul américain de l’époque, Paul Bremer. Il y a un troisième élément : la force de frappe financière, un trésor de guerre de deux milliards de dollars. »

    #Ei #isis #is #daech #syrie #irak

  • "Le Management de la Sauvagerie"

    "Les différentes déclinaisons du « jihad » diffusent aujourd’hui une avalanche d’images — photos et vidéos — extrêmement choquantes, qu’il s’agisse des conséquences d’un bombardement sur une population, de corps disloqués d’ennemis tués au combat qu’on enterre par bennes dans des fosses communes, de gens qu’on décapite, brûle vifs, lapide, précipite du haut d’immeubles… La guerre est quelque chose qui relève de l’entendement — un outil destiné à atteindre des buts politiques par usage de la violence. Elle est également animée par des ressorts de nature passionnelle — le déchaînement de violence sans passion, est-ce bien envisageable… ? Maîtriser l’art de la guerre pourrait d’ailleurs bien relever d’une exploitation habile et équilibrée de ses ressorts passionnels et rationnels. Or, ceci a été théorisé au profit du jihad. Un certain Abu Bakr Naji, membre du réseau Al Qaeda, a en effet publié sur Internet en 2004, en langue arabe, un livre intitulé Le Management de la Sauvagerie : l’étape la plus critique que franchira l’Oumma . L’ouvrage a été traduit en anglais par William Mc Cants au profit de l’institut d’études stratégiques John M. Olin de l’université de Harvard. C’est sur cette traduction qu’est fondé le présent billet. On a parfois l’impression d’y lire les enseignements de l’implantation de Jabhat al Nusra en Syrie, à ceci près qu’il a été écrit avant… Et l’on y découvre des théories auxquelles ont donné corps des gens comme Abu Mussab al Zarqaoui, ou les actuels décideurs de l’organisation Etat Islamique.

    La « sauvagerie » qu’il est ici question de manager n’est absolument pas celle qui consiste à brûler des prisonniers ou à leur couper la tête. Dès sa préface, et au fil de son ouvrage, Abu Bakr Naji définit la « sauvagerie » en question comme étant la situation qui prévaut après qu’un régime politique s’est effondré et qu’aucune forme d’autorité institutionnelle d’influence équivalente ne s’y est substituée pour faire régner l’état de droit. Une sorte de loi de la jungle, en somme. Avec un pragmatisme remarquable, ce djihadiste convaincu, dont l’ouvrage est méthodiquement constellé de références à la Sunna, considère la « sauvagerie » comme une ressource, un état à partir duquel on peut modeler une société pour en faire ce sur quoi reposera un califat islamique dont la loi soit la Charia. Le management de la sauvagerie est un recueil stratégique qui théorise finement l’exploitation coordonnée de ressorts cognitifs et émotionnels au profit d’un but politique d’essence religieuse. Sa lecture marginalise les commentaires qui tendraient à faire passer les acteurs du jihad pour des aliénés mentaux ou des êtres primaires incapables de comprendre les subtilités propres à l’être humain. Elle souligne à quel point la compréhension d’un belligérant est tronquée quand on ne condescend pas à jeter un coup d’œil dans sa littérature de référence. Car les mécanismes du jihad tel qu’il est livré aujourd’hui sont bel et bien contenus dans une littérature stratégique dédiée. Le présent billet va vous en présenter certaines grandes lignes. Je vous invite, à terme, à prendre le temps de lire l’ouvrage pour en appréhender tous les ressorts (lien fourni en bas de page)."

    http://kurultay.fr/blog/?p=187

  • Nicolas Dessaux : Qu’est-ce que l’Etat islamique ? Éléments d’analyse marxiste
    http://www.mondialisme.org/spip.php?article2385

    Extrait du site http://communisme-ouvrier.info/?Qu-est-ce-que-l-Etat-islamique * 20 novembre 2015 On lit souvent que l’État islamique est une création de l’Occident. Qu’en penses-tu ? Nicolas Dessaux : La genèse de l’État islamique, ou Daesh, en 2006, dans le contexte de la guerre civile en Irak, (...) — 52 (décembre 2015) Premiers questionnements sur les massacres du 13 novembre 2015 et leurs origines, http://communisme-ouvrier.info/?Qu-est-ce-que-l-Etat-islamique

    • Considérer l’État islamique comme une pure création occidentale, c’est considérer #Daesh comme une simple marionnette en se contentant de chercher qui tire les ficelles. La version atténuée de ce mode de pensée consiste à y voir le simple produit des circonstances, en pointant du doigt les puissances impérialistes ou des considérations géostratégiques selon les présupposés politiques de l’auteur. Ce qui est gênant dans ces analyses, même si elles peuvent signaler des déterminants intéressants de la situation, c’est qu’elles esquivent l’analyse de Daesh comme acteur autonome, comme sujet politique. Au fond, c’est une pensée teintée de colonialisme qui voit le Moyen-Orient comme le réceptacle passif des tensions impérialistes, seuls véritables sujets agissants. C’est un travers fréquent de sortir du cadre de l’analyse de classe pour s’en tenir à l’analyse géopolitique dès que l’on touche au Moyen-Orient.

      Comment, justement, analyser l’État islamique en termes de classe sociale ?

      Nicolas Dessaux : Daesh représente donc les intérêts d’une classe bien déterminée, la fraction évincée de deux États où la #bureaucratie et l’#armée jouaient un rôle essentiel, en l’absence d’une véritable bourgeoisie, d’une classe capitaliste au sens propre. Son insistance à se présenter comme un véritable Etat, comme l’État islamique, et à s’entourer de tous les attributs de la souveraineté, ne sont pas anecdotiques, mais expriment sa véritable nature de classe. Cela ne l’empêche pas d’entrer en relation avec le marché international, que ce soit pour vendre du pétrole, acheter des armes ou réaliser des opérations financières, comme d’autres bureaucraties avant elle, mais assimiler Daesh à « la bourgeoisie » de manière générique, comme on le lit parfois, est aussi trivial que d’en faire des « fous de dieu » sans base sociale. Au contraire, la place que l’État islamique a prise comme acteur régional est liée à sa situation de classe.

      L’État islamique est installé à cheval sur la frontière syro-irakienne. Ce sont deux pays dans lesquels l’économie est organisée par l’État. La classe bureaucratique qui domine l’État tire ses revenus de l’impôt, mais aussi du capital dont elle dispose à titre collectif, et enfin de la corruption, quasiment institutionnalisée. Les régimes baasistes de Saddam Hussein et d’Hafez El-Assad avaient nationalisé l’essentiel de la production pétrolière, minière et industrielle. Ils avaient imposé le monopole de l’État sur le commerce extérieur. Le secteur privé pesait moins de 10% de l’activité économique et concernait surtout les petites entreprises. La Bourse syrienne n’existe que depuis 2009, par exemple. Dans les années 1990, au cours de la vague néolibérale, la Syrie a privatisé une faible partie de son économie, mais les privatisations ont surtout profité aux enfants de bureaucrates. C’est la disposition de charges publiques qui permet d’accéder au capital et non le contraire. Cette nouvelle bourgeoisie est entièrement dépendante de l’Etat, c’est-à-dire de la bureaucratie et de l’armée. Son influence politique est donc très faible.

      Au Kurdistan d’Irak, une #classe de nouveaux riches, d’entrepreneurs privés, est apparue après la répression du soulèvement des conseils ouvriers en 1991. Elle est en grande partie formée par d’anciens émigrés aux Etats-Unis ou d’autres pays occidentaux, qui ont fait fortune là-bas et sont revenus investir dans leur région natale à la faveur de l’autonomie de fait qu’elle a connue pendant douze ans, entre les deux guerres du Golfe. Mais elle reste très liée à l’appareil des partis nationalistes qui se partagent le pouvoir, l’UPK et le PDK.

      Dans le reste de l’Irak, cette nouvelle bourgeoisie n’a commencé à se développer qu’avec l’occupation, à partir de 2003. Mais le rythme des privatisations est très lent. La guerre civile est un frein aux investissements, les infrastructures sont obsolètes et déliquescentes, la main-d’œuvre la plus qualifiée a quitte le pays. Si bien que l’État reste gestionnaire d’une grande partie de l’économie. Quand on parle de bourgeoisie dans ces pays, il faut donc être très prudent car c’est l’État qui est le principal détenteur de capitaux et le principal propriétaire foncier.

      Dans ces deux pays, la classe qui tient les rênes de l’État, la bureaucratie et l’armée, a éclaté. En Irak, dès les premières années de l’occupation les Américains ont mis en place la débaasisation de l’administration et de l’armée. Ils ont évincé systématiquement les membres du parti Baas, y compris dans la gestion des entreprises. Mais, dans ce régime totalitaire, la carte du parti était quasiment obligatoire pour obtenir une place dans l’appareil d’État ou dans l’économie, à quelque niveau que ce soit. La purge a profité à la clientèle des partis installés au pouvoir par les forces d’occupation, c’est-à-dire pour l’essentiel les partis islamistes chiites.

      Or, le #baasisme avait fini, surtout entre les deux dernières guerres du Golfe, par se muer en #islamo-nationalisme. Contrairement à une légende soigneusement entretenue en France, le baasisme n’as jamais été véritablement laïque, mais il s’est rapproché de la religion quand le socialisme a cessé d’être une référence mobilisatrice, après 1991. Le sunnisme était devenu sa base idéologique, d’autant plus que les chiites étaient considérés, depuis la guerre Iran-Irak, comme des ennemis de l’intérieur, une sorte de cinquième colonne toujours prête à trahir au profit de l’Iran chiite. L’armée américaine a simplement retourné le processus, en plaçant les partis islamistes chiites au pouvoir et les sunnites en suspicion, comme s’ils étaient forcement des partisans de Saddam Hussein. C’est sur la base de cet essentialisme ethnico-religieux que la guerre s’est développée.

      Pour les officiers et les administrateurs évincés du pouvoir, la lutte armée contre l’occupation et les attentats aveugles contre les chiites faisaient partie du même processus de reconquête de leur pouvoir perdu. Elle était préparée de longue date par le régime de Saddam Hussein. Après tout, ce dernier avait fait ses premières classes dans la lutte armée pour la prise du pouvoir par le parti Baas, dès la fin des années 1950. Dans la guerre civile, les groupes armés sunnites représentaient les intérêts de cette fraction évincée de l’armée et de l’administration.

      Lorsqu’ils ont compris où menait leur politique de débaasisation, les Etats-Unis ont infléchi leur politique et cherché à réintégrer les groupes armés sunnites, d’autant plus que cette politique les privait de nombre d’administrateurs compétents. Ils ont utilisé, avec un succès limité, certains de ces groupes comme mercenaires contre Al-Qaeda, en jouant sur l’opposition entre leur islamo-nationalisme et le djihadisme, très hostile au nationalisme. Mais la branche irakienne d’Al-Qaeda s’est spécialisée dans les attentats anti-chiites, contrairement aux habitudes du réseau international plus favorable à une vision plus unitaire de l’Oumma. Elle pouvait donc apparaître comme la seule à poursuivre à la fois le combat contre les Etats-Unis et contre les chiites, la seule à défendre vraiment les intérêts de la fraction évincée de l’État. Lorsque Al-Qaeda a dû se retirer en Syrie à la fin de la guerre civile, elle a conservé leur soutien. Aujourd’hui, l’encadrement militaire de l’État islamique est largement assuré par d’anciens officiers baasistes irakiens, tandis que son contrôle sur les villes s’appuie sur les administrations en place.

      En Syrie, le processus est un peu différent, mais convergent. Lors du printemps arabe du 2011, la machinerie de l’État s’est fractionnée jusqu’au plus haut niveau des ministères, de la diplomatie et de l’armée. Ceux qui dénonçaient Assad après l’avoir servi espéraient retrouver leur place privilégiée après sa chute, qui leur semblait inéluctable. C’était un choix intéressé, mais pas irrationnel. Une partie a rejoint l’Armée syrienne libre ou d’autres groupes d’opposition. Mais, contrairement aux dictatures égyptiennes ou tunisiennes, le régime d’Assad a résisté en n’hésitant pas à massacrer la population. La fraction de l’État qui avait misé sur la chute d’Assad s’est mise alors à chercher la force la plus susceptible de l’emporter. C’est dans ces circonstances qu’une partie s’est tournée vers l’État islamique, pour restaurer leur position dans la machinerie de l’État.

      Ce n’est pas la première fois qu’une classe enrobe dans l’idéologie religieuse sa lutte pour le pouvoir. Certains thèmes déployés par l’État islamique sont un simple décalque religieux du baasisme tardif. La mobilisation des foules par la religion remplace l’idéologie nationaliste dans le même rôle. La lutte contre « les juifs et les croisés » remplace celle contre le sionisme et l’impérialisme. La communauté sunnite remplace la nation arabe. Cela permet, comme le #panarabisme autrefois, de chercher des bases pour réaliser une unité politique dans un espace plus vaste que les Etats nationaux actuels. Cela ne signifie pas que les soldats de l’État islamique ne prennent pas leur propre idéologie très au sérieux, très au premier degré, bien au contraire : une idéologie est la projection mentale d’une forme sociale. On ne peut la réduire à une simple hypocrisie. De plus, le remplacement du nationalisme et de ses accents socialistes ou progressistes, par un discours religieux ouvertement #réactionnaire, n’est pas anodin.

  • #Pétrole, #taxes, #trafics_d'êtres_humains : comment Daech se finance

    LE SCAN ÉCO - Daech est l’organisation terroriste la plus riche de l’histoire et a réussi à se forger une indépendance financière. Son patrimoine est évalué à 2260 milliards d’euros et son budget 2015 à 2,6 milliards d’euros. Tous les détails sur l’« #économie » de l’autoproclamé État islamique.


    http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/dessous-chiffres/2015/11/19/29006-20151119ARTFIG00006-petrole-taxes-donations-trafics-d-humains-comment
    #ISIS #EI #Etat_islamique #financement #business #argent

    • Le territoire de l’Etat islamique, grand comme le Royaume-Uni, regorgerait de multiples ressources naturelles (pétrole, gaz, phosphate, blé et orge).

      Des impôts/taxes/pénalités frapperaient les 10 millions d’habitants (industrie, commerce, banques) qui sont sous son contrôle.

      Son patrimoine s’élèverait à 2260 milliards d’euros avec un revenu annuel en 2015 de 2,6 milliards d’euros, selon les toutes dernières estimations que Jean-Charles Brisard, expert en financement du terrorisme et président du Centre d’analyse du terrorisme.

      Cette richesse non négligeable permet d’ »armer, nourrir et payer les quelques 30.000 combattants environ 300 dollars par mois, verser des pensions aux familles des militants tués, entretenir les bases militaires, administrer les territoires nouvellement occupés,réaliser des clips de propagandes à la manière de Hollywood, « rééduquer » les enseignants avant de rouvrir les écoles, et embaucher des ingénieurs et des traders pour faire tourner leurs sites pétroliers et gaziers ».

      Selon M Brisard, le calcul du patrimoine de 2 ,26 trillions de dollars représente les installations pétrolières et gazières, des mines de phosphates, des terres agricoles, des sites culturels etc. situés sur le territoire contrôlé par l’État islamique.

    • Ca parait évident, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que ces milliards de dollars étaient donc disponibles, avant, aux gouvernants de Syrie et d’Irak, de Saddam Hussein à Hafez el Assad par exemple, et qu’ils l’ont bien mal re-distribué...

    • La disruption est un phénomène d’accélération de l’#innovation qui est à la base de la stratégie développée dans la Silicon Valley : il s’agit d’aller plus vite que les sociétés pour leur imposer des modèles qui détruisent les structures sociales et rendent la puissance publique impuissante. C’est une stratégie de tétanisation de l’adversaire.

      Dans mon ouvrage, j’analyse un texte signé Abu Bakr Al-Naji, tel que le résume Ignace Leverrier, qui désigne un collectif, dont d’anciens agents de Saddam Hussein devenus islamistes. C’est une sorte de « book » de Daech : à l’image des bibles d’entreprise qui détaillent les règles pour monter une concession, ce livre explique aux acteurs de Daech comment prendre le pouvoir. Il faut semer le chaos et à partir de là exploiter le besoin d’autorité.

      [...]

      C’est donc sur les ruines de l’#ultralibéralisme que se construit la radicalisation ?

      Oui. On ramène le radicalisme à une question de religion, et c’est scandaleux. La plupart des recrues de l’islam radical n’ont pas de culture religieuse. Ce n’est pas de religion dont il s’agit, mais de désespoir. Richard Durn, l’assassin de huit membres du conseil municipal de Nanterre en mars 2002, anticipe son acte en parlant de son sentiment de ne pas exister : il a voulu devenir quelqu’un par ce geste.

      #capitalisme

  • AMHA, très approximatif et confus, particulièrement en ce qui concerne le Baathisme.

    http://abonnes.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/17/l-etat-islamique-est-aussi-la-creature-du-baasisme_4811911_4809495.h

    L’État islamique est aussi la créature du baasisme.

    L’émergence de l’Etat islamique (Daech) tient directement à deux expériences récentes – la guerre civile irakienne et la révolution syrienne – et à une matrice commune – le règne du parti Baas pendant trente ans. Il n’est pas anodin que ce nouvel acteur politique soit apparu en Irak et en Syrie, deux pays marqués par l’expérience de trente ans de pouvoir autoritaire dominé par les Assad pour la Syrie et par Saddam Hussein pour l’Irak (1970-2000).

    Tous deux gouvernent au nom du baasisme, système autoritaire prônant le nationalisme arabe. Sans revenir en détail sur la nature de ce régime, ni minimiser les différences propres aux deux Etats, il demeure quelques traits communs à l’Irak et à la Syrie : l’Etat de droit a cédé la place à une nébuleuse de polices politiques en charge de réduire les populations à l’obéissance sous la conduite d’un chef. Dès lors, seuls les réseaux et les liens personnels peuvent préserver l’individu ou lui permettre de connaître une ascension sociale. La remise en cause des deux systèmes baasistes a favorisé l’émergence de l’Etat islamique.

    En Irak, berceau de l’Etat islamique, trois décennies de guerre et d’embargos expliquent son apparition. La société irakienne a été progressivement segmentée en groupes qui se revendiquent d’une confession ou d’une ethnie.
    Mise à l’écart des sunnites

    Ce processus n’a rien de naturel ou de logique. Il répond à une adaptation de la population pour survivre à des sanctions et à la répression du régime en place. Survient 2003 et la destruction de l’Etat baasiste. Une nouvelle formule politique s’impose rapidement : le détenteur du pouvoir central s’appuie sur une clientèle confessionnalisée (le pouvoir se fait chiite) au moyen de milices qui disposent du maximum de liberté, et marginalise les autres composantes de la nation, principalement les populations sunnites et leurs représentants. Le discours du pouvoir fonctionne adroitement.

    La mise à l’écart des populations sunnites les pousse à accepter le recours à la violence, comme seul moyen de contester un ordre central jugé injuste. Les groupes qui clament être des défenseurs du sunnisme sont rejoints par les populations locales qui les perçoivent comme des porte-parole par défaut. Au sein de la nébuleuse de combattants de la guerre civile irakienne, l’un émerge : l’Etat islamique.

    Pour le pouvoir central, l’usage de politiques confessionnelles, couvert sous le sceau de l’antiterrorisme, fonctionne à plein : à l’adresse des populations chiites, il devient leur sauveur devant la menace suprême et il obtient, par ce biais, leur soutien ; à l’adresse de la communauté internationale, il est aux prises avec des « terroristes ». Parmi les groupes combattus, un se renforce de cette dynamique de répression ciblée : l’Etat islamique, en recrutant notamment les anciens baasistes qui apportent leur savoir-faire en matière de surveillance et de quadrillage de la population.
    Une « révolution de la révolution »

    Mais cette première expérience ne suffit pas à donner tous les atouts à l’Etat islamique. Il lui faut la révolution syrienne pour devenir ce qu’il est. Après deux ans de protestations pacifiques (2011-2013), puis de « libération » de territoires sous la conduite de groupes armés dénonçant le régime de Bachar Al-Assad, qui, pour unique réponse, élève le niveau de la répression (armes à feu, artillerie lourde, aviation…), une mutation s’opère dans les zones libérées, toujours isolées les unes des autres par le déploiement de forces et soumises à d’intenses bombardements. Le régime en vient à se retirer de toute une zone jouxtant l’Irak, permettant à l’Etat islamique de s’installer.

    Prenons un exemple local pour comprendre son entrée en scène. A Jarablus, il recrute des sympathisants dans les familles anciennement proches du régime. Il offre aux nouveaux déclassés de la révolution (les oncles, cousins, etc., des baasistes chassés) un mot d’ordre unique : la vraie rupture avec tout ordre ancien. Contrairement à une révolution qui s’enlise faute de soutiens et d’aides après son deuxième hiver, l’Etat islamique, lui, propose une « révolution de la révolution ». A Tell Abyad, après avoir déposé des cadavres dans les espaces de loisirs à proximité de la ville, il convoque les notables et les somme de faire allégeance. Ils finissent par accepter. Coercition et nouvel ordre se croisent pour forger ce nouvel acteur politique.

    L’Etat islamique bénéficie de trois innovations grâce au terrain syrien. Tout d’abord, par le biais des réseaux sociaux, il peut apparaître aux populations extérieures à la Syrie comme celui qui défend les opprimés de la révolution : le régime massacre quotidiennement, affame, devant un Occident qui laisse faire. Il se proclame alors le défenseur des musulmans sunnites aux yeux de la communauté internationale. Il capte ainsi le discours de l’islam comme dénonciation humanitaire et le transforme en une réponse extrêmement violente.
    Populations marginalisées

    Ensuite, pour les Syriens, il devient celui qui apporte un ordre nouveau fondé sur la coercition et le fonctionnement des services publics. Il n’est pas sans rappeler les premiers temps des régimes baasistes faisant place aux populations marginalisées et qui s’attelaient non à promouvoir un discours politique clair, mais à répondre, au niveau microlocal, aux besoins immédiats.

    Pour l’ensemble, enfin, il joue des deux dynamiques qui lui ont donné naissance : à l’islam radical, il emprunte des modes de combat redoutables et parvient à les traduire dans un langage humanitaire ; du terreau baasiste, il puise la logique du trou noir – personne ne voit ce qu’il fait – et met en avant les contradictions de tous les autres systèmes.

    Il se présente ainsi comme l’agent à même de transformer une dénonciation locale, en Europe, de jeunes en mal de sens à un moment donné, en une quête humanitaire qu’il traduit dans une série d’actions d’une extrême violence. En d’autres termes, l’Etat islamique est susceptible de gagner à sa cause des populations périphériques qu’il attire et transforme à son contact, grâce à une situation régionale moyen-orientale devenue totalement injuste pour la majorité.

    L’Etat islamique croise donc trois caractères détonants : la force manipulatrice des régimes autoritaires baasistes, l’élan de l’islam radical et l’appel humanitaire détourné vers des violences extrêmes.

    Matthieu Rey (Maître de conférences au Collège de France, chaire d’histoire contemporaine du monde arabe)

    Agrégé d’histoire, arabisant, Matthieu Rey a soutenu une thèse portant sur une comparaison des systèmes parlementaires en Irak et en Syrie entre 1946 et 1963.

  • De Pol Pot à ISIS : les racines du #terrorisme (par John Pilger) | Le Partage
    http://partage-le.com/2015/11/de-pol-pot-a-isis-les-racines-du-terrorisme-par-john-pilger

    Presque tout ce qui servait au maintien de tout état moderne fut, dans leur jargon, « bloqué » — de la chlorine, pour rendre potable l’eau, aux stylos d’écoles, en passant par les pièces pour machines à rayons X, les antalgiques communs, et les médicaments pour combattre les cancers auparavant inconnus, nés de la poussière des champs de bataille du Sud, contaminée par l’uranium appauvri.

    Juste avant Noël 1999, le département du commerce et de l’industrie à Londres restreignit l’exportation de vaccins servant à protéger les enfants Irakiens de la diphtérie et de la fièvre jaune. Kim Howells, sous-secrétaire d’état parlementaire du gouvernement Blair, a expliqué pourquoi, « les vaccins pour enfants », dit-il, « étaient susceptibles d’être utilisés comme armes de destruction massive ».

    Le gouvernement britannique a pu éviter l’outrage en raison de la couverture médiatique de l’Irak — globalement manipulée par le ministère des affaires étrangères — qui blâmait Saddam Hussein pour tout.

    Sous couvert d’un programme « humanitaire » bidon, de pétrole contre nourriture, 100$ furent alloués à chaque Irakien, pour vivre pendant une année. Ce montant devait payer pour la totalité des infrastructures de la société, et pour les services essentiels, comme l’électricité et l’eau.

    « Imaginez… », m’a dit l’assistant secrétaire général de l’ONU, Hans Von Sponeck, « …que l’on oppose cette somme dérisoire au manque d’eau potable, au fait que la majorité des malades ne pouvaient pas se payer de traitement, et au simple traumatisme de devoir vous en sortir jour après jour, et vous aurez un aperçu du cauchemar. Et ne vous y trompez pas, tout cela était délibéré. Je ne voulais pas, auparavant, utiliser le mot génocide, mais c’est aujourd’hui inéluctable ».

    Ecœuré, Von Sponeck a démissionné de son poste de coordinateur humanitaire de l’ONU en Irak. Son prédécesseur, Denis Halliday, un membre distingué de l’ONU, avait également démissionné. « On m’a ordonné », dit Halliday, « de mettre en place une politique qui correspondait à la définition d’un #génocide : une politique délibérée qui a effectivement tué plus d’un million d’individus, enfants et adultes ».

    Une étude du Fonds des Nations Unies pour l’enfance, l’Unicef, a estimé qu’entre 1991 et 1998, l’apogée du blocus, il y eut 500 000 morts « en excès » d’enfants irakiens de moins de 5 ans. Un reporter TV états-unien rapporta cela à Madeleine Albright, ambassadeur des USA aux Nations Unies, en lui demandant, « le prix en valait-il la peine ? », Albright répondit, « nous pensons que le prix en valait la peine ».

    • on trouve dans le Mahabharata la description d’une opération terroriste conduite par Krisna contre un monarche boudhiste ; quant aux vaccins Msf , fondation Gates : conflit d’interets en promo de vaccin alors qu’il semble ne pas etre préconisé de mesures sanitaires

  • Quand la barbarie du monde nous rattrape | Editorial de Lutte Ouvrière (lundi 16 novembre 2015)
    http://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/quand-la-barbarie-du-monde-nous-rattrape-63151.html

    Au moins 129 morts et plus de 300 blessés ; les terroristes qui ont frappé vendredi soir ont tué froidement et méthodiquement le plus de femmes et d’hommes qu’ils ont pu : ceux qui étaient en terrasse, les spectateurs du Bataclan, ceux qui se trouvaient au Stade de France.

    Ils ont tué indistinctement, au hasard, pour terroriser. Face à un tel déferlement de barbarie, on ne peut être que saisi d’horreur. Rien ne peut justifier de telles tueries. Ces actes viennent d’ennemis de toute l’humanité et par conséquent d’ennemis des travailleurs.

    Alors que nous sommes tous bouleversés, les principaux dirigeants profitent de cette émotion pour que l’on se taise et se range derrière leur politique. Lundi après-midi, toute la classe politique s’est solennellement réunie en Congrès pour en appeler à l’unité nationale derrière elle. La veille, Hollande avait reçu Sarkozy et Le Pen à l’Élysée.

    Ils nous parlent d’unité, mais est-ce que la droite et le FN vont cesser leur surenchère nauséabonde contre les musulmans et les étrangers ? Est-ce que le gouvernement mettra fin à ce climat de méfiance généralisée ? Bien sûr que non ! Avec l’état d’urgence et le durcissement des mesures policières, il faut s’attendre à la multiplication des contrôles au faciès et à la suspicion généralisée qui fera le lit des pires racistes.

    Pour Hollande, Sarkozy et Marine Le Pen, « l’unité nationale » consiste à s’unir derrière eux pour faire la guerre. Même si la droite et le FN critiquent la politique de Hollande qui serait encore trop laxiste, ils nous ordonnent tous de faire bloc derrière l’État et de soutenir l’effort de guerre, d’accepter l’état d’urgence et la limitation des libertés. Et si on ne soutient pas cette voie guerrière, c’est qu’on est avec les djihadistes, accusent-ils !

    Eh bien, ne nous laissons pas impressionner par ce genre de chantage ! Il faut dénoncer ET les terroristes, ET les responsabilités de l’État français.

    Les djihadistes de Daech exercent une des dictatures les plus féroces qui soient dans les régions qu’ils dominent. Ils rackettent les populations, les forcent à vivre selon des préceptes moyenâgeux, réduisent les femmes en esclavage et liquident ceux qui ne pensent pas comme eux. Leurs victimes sont autant musulmanes que chrétiennes, preuve s’il en fallait qu’il ne s’agit ni d’un « choc des civilisations » ni « d’une guerre de religions » mais d’une lutte pour le pouvoir et pour les richesses de la région.

    Mais ces monstres ne sont pas sortis de rien. Pour maintenir leur domination dans cette région du Moyen-Orient qu’ils avaient colonisée, les dirigeants des pays impérialistes n’ont jamais hésité à s’appuyer sur les pires régimes, sur des dictatures moyenâgeuses comme l’Arabie saoudite ou sur l’État d’Israël qui opprime le peuple palestinien.

    Et lorsque cela les arrangeait, ils ont armé des groupes et manœuvré pour faire naître des oppositions. En Irak, les États-Unis ont renversé Saddam Hussein, détruit son armée et mis en place un régime qui a exclu les sunnites. On retrouve aujourd’hui ces derniers à la tête de Daech.

    Les grandes puissances ont déclenché la « guerre contre le terrorisme » il y a 14 ans, après l’attentat du World Trade Center. À l’époque, il y avait un ou deux foyers terroristes. Aujourd’hui, il y en a des dizaines. Loin d’éradiquer le terrorisme, ces interventions impérialistes les nourrissent.

    Il y a un mois, des terroristes frappaient en Turquie, faisant 97 morts. Il y a quinze jours, un avion russe se crashait sur le Sinaï : 224 morts. Jeudi dernier, à Beyrouth, une bombe a fauché 43 personnes. Quant à la guerre en Syrie, elle a déjà fait 250 000 morts. Alors, non, la barbarie n’est pas montée d’un cran depuis qu’elle a frappé Paris, elle nous a rattrapés.

    La France ne peut pas être un îlot de sécurité et de paix dans un océan de misère et de guerres. Un monde où 67 familles possèdent l’équivalent de ce qu’ont, pour survivre, 3,5 milliards d’êtres humains, un monde où l’Afrique et le Moyen-Orient sont des eldorados convoités par les capitalistes mais des enfers pour leurs populations, ne peut qu’engendrer des monstruosités. On ne s’en débarrassera qu’en prenant le mal à la racine, c’est-à-dire à la domination de ce système économique fou.

    Alors, ne nous laissons pas enrôler dans cette union sacrée des impérialistes ! Ne laissons ni Hollande, ni Sarkozy, ni Le Pen, parler en notre nom ! Il est vital que nous, les travailleurs, quelle que soit notre origine, nous nous sentions une classe unie par nos intérêts, pour nous défendre contre cette minorité qui nous exploite et plonge le monde dans la barbarie.

    • La situation est la suivante : nous sommes face à deux fondamentalismes – le fondamentalisme économique des gouvernements - de droite, de gauche, d’extrême droite ou d’extrême gauche, il n’y a dans tout le spectre politique que des partisans de l’économie, du calcul, du travail, de la mesure, de la comptabilité et de l’ingénierie sociale – et le fondamentalisme idéologique des tenants du Califat. L’un pas plus que l’autre n’est prêt à discuter le moindre de ses articles de foi, alors même que leurs religions sont également défuntes, ne survivant qu’à force de volontarisme, de massacres absurdes, de crises sans fin, d’acharnement thérapeutique. Il entre un fanatisme évident dans le fait de répondre à la crise du néo-libéralisme par un déchaînement de celui-ci. Si peu sont prêts à mourir pour l’économie, nul, en Occident, n’a jamais eu de scrupule à tuer, ou à laisser mourir, en son nom. Chaque jour de la vie en France en atteste suffisamment. L’effet de sidération qu’ont produit les attaques de vendredi tiennent au reste justement à leur caractère spectaculairement anti-économique : y a-t-il acte plus énigmatique, plus inexplicable pour le calculateur rationnel qui tente de maximiser son utilité et sa satisfaction, que cette bande de gars qui dézinguent à tout va des vies humaines pour finalement se donner la mort – du pur capital humain, culturel, social, accumulé patiemment, par des efforts quotidiens, parvenu à l’âge de sa productivité maximale et sacrifié pour rien, dirait l’économiste, atterré. Qu’ont-ils gagné là ? N’ont-ils pas tout perdu, sans raison valable ? Ceux qui parlent dans ce cas du « mystère du terrorisme » négligent de préciser que ce mystère n’existe en tant que tel que du point de vue de l’économie. Ils ne voient pas que cela est fait exprès : la jouissance du suicidaire qui tire dans la foule est justement de réduire l’arrogante créature économique occidentale au rang de rat, enjambant ses semblables gémissants pour survivre, de faire éclater la supériorité de sa fausse transcendance face à la misérable immanence du struggle for life. S’il y a là une attaque contre un certain bonheur, elle réside autant dans le massacre que dans le réflexe, après le carnage, de défendre ce bonheur – car un bonheur qui doit se défendre ne tarde jamais à devenir un mensonge.

      Puissent les attentats de vendredi, et ceux qui ne manqueront pas de suivre au vu de l’engrenage que les gouvernants ont délibérément choisi d’enclencher, nous rendre plus vrais et moins distraits, plus profonds et moins hypocrites, plus sérieux et plus communistes.

    • À propos du dessin de Johan Sfarr :

      On ne sait trop pourquoi, mais les massacres revendiqués par l’EI semblent avoir la vertu de déclencher, en réponse, des accès de confusion extrêmes, et chez beaucoup de rares crises d’hypocrisie. Comme si le règne effectif de l’hypocrisie en presque tous domaines dans les sociétés occidentales ne pouvait se défendre que par un surcroît de la même drogue - ce qui ne peut mener, à terme, qu’à une fatale overdose. Ainsi, on ne peut attribuer à un défaut d’information le fait qu’un dessinateur à la mode ait réagi aux attentats d’une bulle disant : « Les gens qui sont morts ce soir étaient dehors pour vivre, boire, chanter. Ils ne savaient pas qu’on leur avait déclaré la guerre. » À l’heure des réseaux sociaux, il faut être singulièrement ivre pour prétendre ignorer que les forces armées françaises sont projetés sur une bonne demi-douzaine de théâtres d’opérations extérieures, et que certaines interventions, notamment au Mali, en Syrie, en Irak ou encore en Afghanistan, ont passablement échauffé certains esprits bombardés. Nous ne mentionnons pas ici la militarisation du maintien de l’ordre, les morts de manifestants à coups de grenades offensives et autres éborgnés par des flashballs – que resterait-il du confort du dessinateur s’il s’avisait que tout gouvernement mène fondamentalement une guerre continue pour le contrôle de sa population ? Et que resterait-il de sa désinvolture revendiquée s’il s’avisait que son « champagne », sa « joie » et ses « baisers » sont quelque peu situés sociologiquement, culturellement, éthiquement – en un mot : que sa « liberté » est celle des vainqueurs.

    • À propos de la rengaine « et nous qu’on est libre et que même c’est ça qu’ils veulent attaquer chez nous » :

      Toute cette affaire de « liberté », que l’on trouve moulinée depuis trois jours à longueur de tweets, d’articles et de discours, sonne d’ailleurs bien faux. Cela sonne comme une grossière façon de se jeter des fleurs. D’abord parce que nous ne serons pas les premiers ici à défendre l’antique thèse que la liberté commence par le fait de ne pas redouter la mort, et qu’en la matière il semble que les assaillants de vendredi dernier soient un peu plus affranchis que « nous ». Ensuite, parce que la liberté dont chacun dispose sur le marché sexuel, professionnel, culturel ou simplement social est si strictement encadrée par la féroce concurrence qui y règne que cette liberté mériterait plutôt le nom de « terrible servitude ». Enfin parce que la liberté du « je fais ce que je veux avec mes cheveux/ avec mon cul / avec ma bite / avec ma langue, etc. » a quand même tout, le lendemain matin, une fois dégrisé, d’une parfaite dérision. L’adage bourgeois qui, du Moyen-Âge jusqu’à Michelet, n’a pas cessé de claironner que « l’air de la ville émancipe » (Stadtluft macht frei) est frappé de la même péremption qu’à peu près tout ce que la bourgeoisie a inventé : le travail non plus ne rend plus libre, et depuis bien longtemps. À l’épreuve, l’air de la métropole rend plutôt seul, connecté, déprimé, misérable, narcissique, sociable, compétitif, dur, opportuniste, baiseur, baisé, bref : tout ce que l’on veut, mais pas libre.

    • La petite-bourgeoisie cognitivo-communicationnelle, l’éclate, la drague, le salariat branché, l’hédonisme du trentenaire cool, n’arriveront pas à se faire passer pour « notre mode de vie », « nos valeurs », ni même pour « la culture ». C’est une certaine forme de vie, comme il y en a tant d’autres dans cette époque, dans ce pays, et qui ne suscite pas que de la tendresse. L’instrumentalisation des attentats par certains propagandistes afin d’assurer l’hégémonie morale de cette forme de vie-là ne peut que contribuer à la rendre haïssable.

      Les ascètes de @lundimatin, épris de vérité pratique, ne sont pas des petits bourgeois, ne vendent pas leur temps à un patron ou à un client, ne vont pas au troquet, ne boivent pas, ne vont pas au concert, y compris dans des salles marchandes. mais il savent revenir à leur théorie moralisatrice, celle du bloom par exemple.

    • Confusion (très foucaldienne, en l’occurence) entre « style de vie » et « forme de vie »...

      L’opposition entre « fondamentalisme économique » et « fondamentalisme idéologique » ou le soi-disant « caractère spectaculairement anti-économique » des attaques du 13 novembre tombent notamment dans ce travers.

      Il y a des styles de vie produisant du ressentiment ou du rejet réciproques, mais ils sont distillés à partir d’une forme de vie partagée, en cours de décomposition mais non dépassée, de part et d’autre.

    • je sais pas, le spectacle du refus de l’économie, il est bien là, en grand (quel soit par ailleurs la comptabilité avec la banque, la vente de pétrole, la rétribution des affidés dans les territoires de Daech), logé dans l’absence de critique en acte de l’économie.

      « Style de vie » c’est la saisie par l’esthétique (et le marketing) et il s’agit de les distinguer/différencier, si la forme de vie est partagée, ce ne peut être qu’aux deux sens de ce terme que Rancière s’obstine à mettre en rapport, le partage comme ce qui est commun, et le partage comme division.

      Ce qui est détestable dans ce texte publié par Lundi matin, c’est le #moralisme, l’injonction à un #devoir-être dont s’émancipe par avance l’énonciateur.

      Il en était de même avec la critique du garantisme en matière juridique, qui dû bien être mis en pratique lorsque la DCRI intervint, et du garantisme en matière salariale, dont ricanent à loisir des rentiers et des enfants de rentiers comme le peuvent aussi ceux qui jouissent des miettes (RSA, APL et CMU) concédées par l’État du capital, comportements qui loin de servir de sol à une politisation sont décrits comme de la débrouille, de la ruse. Des qualités personnelles (individuelles) et amicales (communautaire), de l’alternativisme où toute conflictualité est évacuée.

      En l’occurrence, ce discours moral contre les intégrés béats de la conso de loisir (et oui, leurs moeurs peuvent susciter l’hostilité, d’abord, on est plus chez nous à Paris, même par interstices, devenues fort rares, et toujours plus révocables, c’est d’un brutalité inouïe, le fric règne en maître par le bais de comportement massifs , pas seulement du fait d’une élite) n’aurait pas pu être tenu si le projet d’#attentat_massacre au stade n’avait pas échoué.

      Ambiance #mortifère. Tout ferait fasciser... La dictature de l’ordre public ne nous tombe pas seulement dessus d’en haut, elle est aussi désirée (réduire l’incertitude et le danger, déléguer, disposer d’hommes forts qui fassent exception à nos faiblesses). Et d’autre part, la glorification de la mort comme vérité et comme salut. On va voir comment, après les attaques meurtrières, l’assaut donné à Saint Denis va conforter la voie de la sortie de l’impuissance par la surpuissance assassine. On a encore rien vu.

      On peut accuser la gauche, ou la France, il y a matière. Mais dans ces évènements terribles, c’est plus encore qu’hier la faillite de l’émancipation, d’une perspective révolutionnaire qui est démontrée. Qu’avons nous fait de et avec le soulèvement de 2005, par exemple ?

    • Daesh, lundi matin...
      http://lemoinebleu.blogspot.fr/2015/11/daesh-lundi-matin.html

      Tu veux gerber un bon coup ?
      C’est là [url de "la guerre véritable].
      On en parlera pas plus, nous. Autre chose à foutre. Et puis on craindrait d’être grossier, de s’en prendre - de manière extrêmement non-chirurgicale - autant au style littérairement inimitable qu’aux habitudes annexes (habitus) pluri-séculaires de ces gens-là. On risquerait alors par trop de donner dans l’intime et, du coup, dans l’injuste. Un peu à la manière de ces fusilleurs fascistes, au fond, dont ils-et-elles célèbrent, dedans leur texte infâme, la « liberté anti-économique, affranchie de la peur de mourir »...
      Qu’ils crèvent, donc, et jusqu’au dernier : jusqu’à ce dernier des derniers formé par eux collectivement, en tant que très-débile et très-prophétophile organisme.
      Et que crèvent avec eux TOUS LES CURÉS du monde.

      #heideggeriens_de_gauche #philosophes

    • Ajoutons à cette crapulerie générale, la lâcheté spécifique de leurs précautions liminaires (allez-y voir, c’est ailleurs sur le même site) : « Nous aussi, COMME TOUT LE MONDE, vendredi 13 nous avons craint pour des proches, passé des coups de téléphone, etc ». Autrement dit : « nous aussi, étions susceptibles de fréquenter ces décadents méritant de crever pour n’avoir comme seuls horizons existentiels misérables que la bibine en terrasse ou le rock n roll... ». Faudrait savoir, poto ! Bref, comment vouloir gagner sur les deux tableaux. D’ailleurs, craignant sans doute la fureur de quelques individus étranges, suite à la publication de cette très objective saloperie, nos chevaliers du nihil s’équipent fissa d’autres précautions périphériques : « certains de nos amis (les fameux » à nos amis...") s’énerveront peut-être de nos remarques, etc « ... Tu m’étonnes. Nous pensons juste qu’il y a là-dedans la volonté toute pragmatique de jouer, une fois de plus, les Monsieur-Plus de la radicalité. Si l’esstrème-gôche, avec le NPA et toussa, dit que les massacrés de vendredi, eh ben c’est la faute à l’impérialisme, etc, alors et ben eux y diront que les massacrés, et ben, en vrai, y méritaient de l’être à cause de leur médiocrité d’enchaînés salariés soumis au spectacle. Car ça tient à ce genre de détail, la gloire théorique dans ce milieu-là. Ce sont les mêmes qui débarquaient sur les plages aux mois de Juillet-Août, voilà quelque temps, avec des banderoles guillerettes proclamant, à l’adresse du prolo ensablé, sous le soleil exactement : » Vous allez mourir, et toutes vos misérables vacances n’y changeront rien ".

    • "Toute cette affaire de « liberté », que l’on trouve moulinée depuis trois jours à longueur de tweets, d’articles et de discours, sonne d’ailleurs bien faux. Cela sonne comme une grossière façon de se jeter des fleurs."

      C’est vrai pour cette idée de "ils ont voulu s’attaquer à notre mode de vie", mais c’est vrai aussi pour "ce n’est pas ça qui va me faire renoncer à boire des coups". Les gens qui retournent boire des coups ne le font pas par courage, pas plus que les gens qui, au lendemain d’un attentat à Bagdad, retournent faire des courses. On continue de vivre, c’est tout...

    • Le GUÈRE VÉRITABLE ou : la pathétique quête de Monsieur Plus
      http://horslesclous.blogspot.fr/2015/11/le-guere-veritable-ou-la-pathetique.html

      Il y a d’un côté des poseurs de bombes (dont Monsieur Plus n’est pas) et de l’autre côté, des poseurs de l’ultra-gauche que seule, la posture – qui se voudrait l’étalon de la radicalité – intéresse, et là... Monsieur Plus apparaît !
      Entre les deux, tout le monde en prend pour son grade, dans un même vomi au sein duquel chacun est prié de se reconnaître, qu’on soit aux commandes des Rafale au-dessus des zones de guerre, caissière au supermarché, prolo à l’usine, étudiant en psycho, pute au bois de Vincennes, patron du CAC 40, adepte des ballons de rouge au bistrot ou du ballon de foot au stade ; le tout au milieu des morceaux de chair « United Colors of Benetton » des morts de tous genres, tous âges, toutes races et de toutes classes sociales, explosés façon puzzle, par ceux, qui – EUX – à n’en pas douter, ont fait preuve d’un véritable sens de la fête et du discernement...
      Le problème de Monsieur Plus, c’est qu’à force de vouloir – à défaut d’être le dernier des Mohicans – être le dernier néo-situationniste, il en perd l’essentiel, à savoir : la simple intelligence des situations. Il compare l’incomparable, selon la même vieille grille de lecture rouillée depuis 1914, qui ne lui sert plus, aujourd’hui, qu’à le protéger du monde, duquel il se retire volontiers pour distribuer, depuis quelque base de repli (pardon ! quelque haut lieu de la réflexion pré-insurrectionnelle), les bons et les mauvais points. Les mauvais points étant les « accès de confusion extrême » et « chez beaucoup, les rares crises d’hypocrisie » qui ont suivi le massacre du 13 novembre dernier.
      Il convient de relever que ces enfoirés mondains, de putains-d’enculés-de-leur-race-de-mort (qu’ils méritaient donc...) n’étaient pas – un vendredi soir – à la mosquée pour prier, à la maison en train de préparer les makrouds de Shabbat, ou de bouffer le vénéré pouascaille hebdomadaire, mais des salauds qui, au stade (il fut pourtant une époque où Monsieur Plus adorait les hooligans...), au bar (merde ! fait chier, Debord était alcolo ! Mais ça fait rien, les djeuns, ils le savent pas...), ou en train de draguer des salopes – forcément (sauf la mère, la soeur et la femme voilée de ces sympathiques djihadistes)...
      De ce merdier – sans nom (bien que celui de religion vienne spontanément à l’esprit de Lilith, qui doit, sans doute, être en plein délire) – il convient donc de traquer l’hypocrisie.
      Lilith ne s’attardera pas sur le fait que Monsieur Plus estime que cette jeunesse issue de l’immigration, en France ou en Belgique, a de bonnes raison de se sentir (puisqu’elle n’y vit pas) « bombardée » au Mali, en Syrie, en Irak, ou encore, en Afghanistan, et d’en être « passablement échauffée » (mystérieuse puissance de la sensation, légitimée – ici – par les habituels détracteurs – à juste titre – du foutu sentiment d’insécurité), là où elle n’a cure de la guerre sociale menée contre ses parents, prisonniers de guerre économique, contre celles et ceux qui luttent dans leurs usines, leurs quartiers ou dans les ZAD (liste non exhaustive), sur le territoire où elle a eu le grand malheur de voir le jour et de vivre quand – il faut bien le reconnaître – le territoire libéré de l’État Islamique serait de nature à lui assurer un plein épanouissement...
      Non, en revanche, Lilith s’interroge sur le point de savoir s’il n’y aurait pas une certaine hypocrisie à – ici-bas – proscrire l’alcool, la débauche, refuser même de connaître l’amour avant le mariage, et à se faire sauter le caisson – pourquoi ? Pour baiser 70 vierges et se prendre une murge de tous les diables, une fois arrivé au paradis. Monsieur Plus appelle ça : « ne pas redouter la mort » et être « plus affranchis que nous ». Monsieur Plus serait-il devenu boubourse, au point de ne pas voir la différence entre ne pas craindre de risquer sa vie pour une vie meilleure – sur Terre – et signer une pitoyable assurance-Mort avec l’au-delà ?

      Le premier sait qu’il n’a qu’une vie et que ce sera – ici et maintenant – ou jamais. Lui seul fait oeuvre de liberté en ne craignant pas la mort. Le second agit, au contraire, au service du « divin » et vit dans la crainte des représailles de son dieu s’il s’écarte du « droit chemin ». Il n’y a donc aucune liberté à respecter des principes édictés et à faire exactement ce à quoi on est destiné.

      Curieuse sincérité de l’engagement politique (tout de même !) de celui qui exige en retour, non seulement une contrepartie garantie, mais encore, que celle-ci soit l’exacte antinomie – pour l’éternité – des préceptes et des prêches qu’il aura dispensés – durant les quelques années qu’aura duré sa vie. De ce marché « gagnant-gagnant », Monsieur Plus, quant à lui, décèle un « caractère spectaculairement anti-économique », l’enjeu en terme de plus-value lui ayant totalement échappé.
      C’est ainsi que dans son impitoyable guerre véritable à l’hypocrisie ambiante, il valide donc toutes les traîtrises et autres promesses non tenues. Le voilà fin prêt à devenir chef de parti et à mener une brillante carrière politique. Ses disciples sont désormais prévenus : qu’ils ne viennent pas se plaindre – après – d’avoir été trompés sur la qualité d’un ennemi de la marchandise... Car, au terme de ce « second éditorial », Monsieur Plus s’est dit qu’il était temps de se définir ainsi et de glisser le mot de « communiste », avant que certains lecteurs(trices) ne soient tentés de déduire de ce texte, qu’il lui préfèrerait, peut-être, celui de « fasciste ».
      Mais si les religieux nous promettent le paradis, à quoi ressemblerait le « communisme » de Monsieur Plus ? À lire sa prose, il y a peu de chance qu’on y serait « joyeux », « libertin », « décomplexé », « athée », « festif », qu’on boirait du « champagne », qu’on se retrouverait au « bistrot », qu’on aimerait ou pratiquerait des jeux de balles, qu’on irait au « concert », qu’on jouerait ou écouterait « du rock ». Tout ceci n’étant que du « divertissement », auquel Tartuffe/Monsieur Plus ne s’adonne JAMAIS, et que le « communisme » proscrirait, cela va sans dire.
      Alors, c’est pourquoi les cacahouètes que, dans sa grande mansuétude, Monsieur Plus nous jette pour nourrir nos esprits défaillants, Lilith leur trouve un sale goût de rance, quand elles ne lui sont pas carrément restées coincées en travers de la gorge !

      #heideggeriendegauche #mektoub

    • Un post qui fait suite à « Le GUÈRE VÉRITABLE ou : la pathétique quête de Monsieur Plus »

      Ce texte de lundi matin se trompe sur tout. ça pourrait, aux yeux d’une âme charitable, le rendre touchant.
      Sans revenir sur tous les points – trop nombreux et qui forment au final un fatras, soyons honnête, plus qu’indigeste :

      1°. Les attentats seraient d’abord une réaction à la politique étrangère de la France ? C’est ce que sous-entend « À l’heure des réseaux sociaux, il faut être singulièrement ivre pour prétendre ignorer que les forces armées françaises sont projetés sur une bonne demi-douzaine de théâtres d’opérations extérieures, et que certaines interventions, notamment au Mali, en Syrie, en Irak ou encore en Afghanistan, ont passablement échauffé certains esprits bombardés. » Déjà c’est fascinant de tenter d’expliquer (justifier ?) le fondamentalisme religieux islamiste comme une réaction à l’impérialisme occidental. Les auteurs de lundi matin seraient-ils aussi cons que Julien Salingue ? Mais bon, c’est vrai qu’il est plus facile de branler du concept que d’ouvrir des livres d’histoire. Et l’anti-impérialisme primaire n’est pas la chasse gardée des staliniens, ni des trotskystes.

      Je rappellerais juste qu’en 2003, l’Etat français n’a pas participé à l’intervention de la coalition occidentale menée par les États-Unis contre Saddam Hussein. Que malgré les appels de l’ASL et des rebelles syriens, la France n’a rien fait en Syrie (malgré une tentative en 2013 à laquelle se sont opposés les Etats-Unis) dans les premières années du conflit. C’est pas le boucher Assad qui dirait le contraire (250 000 morts en 4 ans). Même au Mali, l’intervention militaire s’est faite sur demande des autorités maliennes, quand le risque était imminent de voir le pays tomber aux mains des tarés de Boko Haram (qui sont, au passage, davantage un produit des années GIA en Algérie, que celui d’un ressentiment à l’égard de "l’impérialisme islamophobe" occidental)). Il ne s’agit pas d’exonérer l’Etat français mais de considérer la complexité d’une situation qui dépasse, de loin, la seule question de l’interventionnisme occidental (antagonismes sociaux, conflits d’intérêts entre Etats de la région, etc. (Et puis que dire, de la guerre dans laquelle sont engagés les Kurdes contre Daesh ? Les Kurdes sont-ils aussi d’ »arrogantes créatures économiques occidentales » ?). Si le merdier qu’a engendré l’intervention américaine en 2003 a favorisé l’émergence de Daesh, il faut aussi rappeler aux philosophes du lundi matin que Daesh est la fusion d’Al Quaida (qui est apparu en Afghanistan avec l’invasion soviétique) et de hauts dignitaires du parti baasiste de Sadam Hussein. Reprendre les arguments des terroristes pour expliquer/justifier leurs actes c’est comme de croire les Nazis quand ils disent que c’est de la faute aux Juifs. Pour finir, il y a, semble-t-il un réflexe ethnocentré à analyser la situation moyen-orientale du point de vue du seul Occident et de sa seule responsabilité. J’invite les communistes du lundi matin à écouter davantage les communistes irakiens, syriens, iraniens. Ça ne peut pas leur faire de mal.

      2°. « il semble que les assaillants de vendredi dernier soient un peu plus affranchis que « nous » ». Persuadés qu’ils sont d’aller au paradis, d’obéir à Dieu et espérer se taper 72 vierges, les bouchers du 13 novembre seraient donc « plus affranchis » ? Les auteurs du lundi matin n’ont peut-être pas tort : c’est mieux que de ne croire en rien.

      3°. « parce que la liberté dont chacun dispose sur le marché sexuel, professionnel, culturel ou simplement social est si strictement encadrée par la féroce concurrence qui y règne que cette liberté mériterait plutôt le nom de « terrible servitude » ». Entre la « terrible servitude » occidentale et la « terrible servitude » d’une république islamique, j’avoue préféré la première, inch’ Allah.

      4°. « Si l’on voulait être plus cruel, et puiser dans un héritage plus indiscutable encore, il faudrait plutôt dire que les attaques de vendredi – contre un stade, des bistrots, une salle de concert – sont une offensive sanglante, et sans charité, contre le divertissement. Là, c’est carrément Pascal que l’on retrouverait dans le camp des « terroristes ». » Je croyais la race du pro-situ éteinte. J’ignorais en fait que le pro-situ était devenu djihadiste, suivant les gerbes de l’illuminé voyériste.

      5°. Enfin, je dirais aux écrivaillons du lundi matin que les formes-de-vie qu’ils proposent sont tout aussi mortifères et artificielles, si ce n’est plus, que celles qu’ils exècrent. Le programme du lundi matin fait autant rêver que la promesse d’un week end en kolkhoze. On trouvera toujours plus de vie dans n’importe quel bistrot embourgeoisé (même tenu par des hipsters !) que dans leur « communisme vécu ». C’est la triste réalité qu’ils se refusent à voir. Comme disait ma grand mère, y a pas plus falso que des gauchistes qui reprochent à tout bout de champs à la réalité d’être falso.

  • Il y a plus d’État que d’Islamisme dans l’État Islamique

    http://www.spiegel.de/international/world/islamic-state-files-show-structure-of-islamist-terror-group-a-1029274.html

    Cet article a fait l’objet d’une traduction partielle publiée dans « Le Monde » du 25 avril 2015 et reprise ici :

    https://larmurerie.wordpress.com/2015/04/26/a-lire-haji-bakr-le-cerveau-de-letat-islamique

    On a bien affaire à un phénomène « de notre époque » et non pas à la résurgence d’une barbarie d’un autre temps. Ce phénomène s’inscrit parfaitement dans la décomposition de toutes les catégories qui structure notre forme de vie globalisée (et dont la nostalgie forme le terreau des pires saloperies) : travail, valeur, marchandise, État...

    Si nous devons nous sentir concernés par la menace Daesh, ce n’est pas parce qu’ils nous agressent, ni même parce qu’ils seraient le produit de notre ingérence, mais parce qu’ils préfigurent une trajectoire de décomposition de la société capitaliste dans laquelle rien n’exclut que nous ne bifurquions.

    • Si les documents d’Haji Bakr ne contiennent aucun message sur la tradition des prophètes ou les promesses d’un « Etat islamique » prétendûment voulu par Dieu, la raison en est simple : son auteur était convaincu que l’on ne peut remporter aucune victoire avec des convictions religieuses, aussi fanatiques soient-elles. En revanche, on pouvait très bien mettre à profit la croyance des autres. C’est ainsi qu’Haji Bakr et un petit groupe d’anciens officiers des services secrets irakiens élurent en 2010 comme chef officiel de l’EI Abou Bakr Al-Baghdadi, émir et futur « calife ». Baghdadi, religieux et érudit, devait, selon leurs calculs, donner à ce groupe une apparence de religion.

      et

      En 2003, le pouvoir de Damas était paniqué à l’idée que le président américain de l’époque, George W. Bush, après sa victoire sur Saddam Hussein, puisse envahir la Syrie pour y changer de régime. Dans les années qui suivirent, les services syriens organisèrent le transfert de milliers d’extrémistes de Libye, d’Arabie saoudite et de Tunisie vers Al-Qaida en Irak : 90 % des aspirants kamikazes étrangers arrivèrent dans le pays en passant par la Syrie. Il s’ensuivit une étrange partie à trois entre les généraux syriens, les djihadistes venus du monde entier et les anciens officiers de Saddam Hussein : une joint-venture d’ennemis jurés pour rendre la vie des Américains en Irak infernale.
      Dix ans plus tard, Bachar Al-Assad avait une bonne raison de revitaliser cette alliance : il voulait montrer au monde qu’il était le moindre mal. Les relations du régime syrien avec l’EI étaient empreintes d’un pragmatisme tactique, chaque camp cherchant à utiliser l’autre. Dans les combats opposant l’EI et les rebelles, les avions d’Assad n’ont pendant longtemps bombardé que les positions rebelles, pendant que les émirs de l’EI donnaient l’ordre à leurs combattants de ne pas tirer sur l’armée gouvernementale.

    • Les documents retrouvés chez Haji Bakr permettent pour la première fois de mieux comprendre comment est organisée la direction de l’EI et quel rôle y jouent les anciens cadres du dictateur Saddam Hussein. (...)

      On a l’impression que George Orwell a porté sur les fonts baptismaux ce monstrueux rejeton de surveillance paranoïaque. Mais c’était en fait beaucoup plus simple. Haji Bakr se contentait d’adapter ce qu’il avait toujours connu : le service de renseignements tentaculaire de Saddam Hussein où personne, même un général des services de renseignement, ne pouvait être sûr de ne pas être surveillé à son tour. L’auteur irakien en exil Kanan Makiya a bien décrit cette « république de la peur » : un Etat où n’importe qui pouvait disparaître à tout moment et qui vit son avènement lorsque Saddam prit le pouvoir en 1979, en dévoilant un complot fictif.

      En pensant au mode opératoire de l’attaque du 13, me disait que la voiture piégée, ou l’explosion dans un lieu peuplé avait cédé la place à l’exécution en grand nombre par armes à feu, le tir dans les foules (bien qu’il semble que le projet mal ficelé était aussi de se faire sauter dans les tribunes du stade), ce qui est tout de même assez particulier et qui fut le mode opératoire dominant des première ripostes du régime syrien au soulèvement qui visait à le destituer.

      je crois utile de rappeler ici les entretiens avec Pierre Torres
      http://seenthis.net/messages/311579
      https://lundi.am/Pierre-Torres
      http://seenthis.net/messages/329636
      http://seenthis.net/messages/332937

    • @petit_ecran_de_fumee sans compter que face au soulèvement, Assad a fait de libérer grand nombre de prisonniers islamistes des geôles syriennes...
      C’est sans doute trop analogique pour être sérieux pour les bons connaisseurs de la région mais je persiste à penser que c’est l’invasion du Liban par Israel qui a enfanté le Hamas, c’est-à-dire l’émergence du « meilleur ennemi possible » pour Israel. Et que ce processus historique là est médité par tous les régimes qui peuvent faire usage de ses lignes de force.

    • Non, mais que Assad a joué de leur liberté pour écraser une révolte que son armée (aux nombreux déserteurs) à elle seule ne pouvait assurer, et que Daech fonctionne et agit pour partie en miroir avec le régime syrien (et pas tant selon un mode Stasi, comme le soutiens l’article allemand, pour se faire comprendre de ses lecteurs). Mais vous en savez plus que moi, n’hésitez pas à me dire en quoi ces approximations seraient fausses.

    • http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/maher-esber-ancien-chef-islamiste-627427

      Maher Esber estime que « le régime syrien savait très bien ce qu’il faisait. Dès les premières manifestations il a qualifié les protestataires d’extrémistes, de terroristes affiliés à Al Qaeda. En libérant ces djihadistes il n’a fait qu’accréditer ces accusations et cette stratégie a réussi ». Maher Esber reconnait qu’après avoir libéré des centaines de djihadistes le régime de Bachar Al Assad a su tirer profit de leur montée en puissance.

    • Les jeux de billards à 5 ou 6 bandes, rien de tel pour rendre la compréhension des évènements impossible.

      « Alors vous comprenez, si Al Qaeda et Daesh sont nés, c’est parce que Assad les détenaient dans ses prisons et qu’il les a libéré. Et s’ils possèdent des chars d’assaut américain de dernière génération, c’est parce que Assad les a entrainé à les utiliser pendant qu’ils étaient en prison et que Assad leur a ensuite donné les clefs. Et si Al Qaeda et Daesh vendent du pétrole à la Turquie et à qui en veut, c’est parce que Assad, par machiavélisme anti-américain, les a laissé passer la frontière. Et même que c’est Assad qui prête des camions pour le transporter ».

      Plus j’t’embrouille, mieux c’est. Et s’il te plait, oublie vite le rôle des Saoudiens et des Qataris. Ce ne sont que des second rôles dans l’histoire. Et encore. Comme ils donnent de l’argent à tout l’monde, c’est comme s’ils n’en donnaient à personne.

    • @colporteur : l’article comporte à mon sens effectivement plusieurs « approximations fausses ».

      Quelques remarques sur l’article lui-même:

      1° - Même si les circonstances de sa découverte sont évoquées, la source qui a donné la 1ère série de documents au Spiegel n’est pas mentionnée. Pas même le groupe qui l’aurait fait. Je ne prétends pas contester l’authenticité de ces documents qui, malgré ce bémol, et pour les parties strictement tirées des documents présente peut-être un intérêt, mais celui-ci est nettement contrebalancé par des omissions et des supputations du seul journaliste présentées fallacieusement comme tirées des documents.
      2° - Ainsi le passage que vous citez sur le fait que Assad aurait noué certaines alliances en 2003 qu’il aurait « revitalisé 10 ans plus tard » n’est manifestement pas tiré de la deuxième série de documents, ce qui n’est pas clairement indiqué dans l’article. Le procédé me paraît du coup un peu manipulatoire. Car d’une part le journaliste fait simplement écho aux déclarations de l’époque de l’administration Bush, sans les contextualiser, lorsqu’il évoque l’époque de 2003 – les choses ont probablement été bien plus complexes que cela. D’autre part il n’évoque aucun fait précis qui permettrait de justifier cette idée qu’Assad aurait ensuite directement contribué à créer Daesh "10 ans plus tard" si ce n’est que le journaliste pense être que ça aurait été l’"intérêt" d’Assad. J’insiste donc sur le fait que la thèse implicite de ce passage qui est qu’Assad a directement et délibérément créé ou contribué à créer Daesh ne repose sur rien d’autre que le sentiment du journaliste tout en étant dans l’article à la suite des révélations tirées de la 2e série de documents, sans que la séparation entre ce qui provient des documents et les seules supputations du journaliste ne soit marquée.
      3° - La deuxième série de documents a été donnée au Spiegel, de leur aveu, par le groupe Liwaa al-Tawhid. Or celui-ci est un groupe islamiste (de l’avis de beaucoup émanation des Frères musulmans) qui a initialement rejoint la fameuse armée syrienne libre avant d’adhérer au Front islamique (en 2013). Le but de ce « Front » était d’établir un Etat islamique reposant sur la charia, et rejettait l’établissement d’un Etat démocratique. Les deux principales organisations de ce Front islamique sont Ahrar al-Cham et Jaysh al-islam. Toutes les deux sont d’idéologie salafiste, la première soutenue par le Qatar et la Turquie, la seconde par l’Arabie saoudite. Ajoutons qu’Ahrar al-cham a depuis rejoint au Nord une coalition qu’il domine conjointement avec al-Qaïda en Syrie (Jabhat al-Nusra) au sein de la coalition nommée Jaysh al-Fateh. Quant à Liwaa al-Tawhid elle a largement depuis disparu des radars. Je dois donc en conclure que le journaliste du Spiegel considère qu’un groupe islamiste qui mène une lutte armée contre la dictature syrienne pour le remplacer par un Etat non-démocratique reposant la charia, allié à des groupes salafistes dont les chefs se proposent publiquement de massacrer tous les alaouites (voir les déclarations de Zahran Alloush) et qui sont financés par les pétromonarchies du Golfe constitue ceux que le journaliste du Spiegel appelle indistinctement « les rebelles « et vous - à moins que je n’ai mal compris ? - « la révolte ».
      4° - Ce point est fondamental. L’article occulte le fait que jusqu’à la scission al-Nusra/Etat islamique en Irak, le groupe d’al-Baghdadi a été considéré par les plus hauts représentants de l’Armée Syrienne Libre comme une composante de la rébellion syrienne et ce jusqu’en 2013. Contrairement à ce que dit l’article ce groupe n’était pas présent que sous la forme de cellules dormantes se cachant derrière des bureaux de Da3wah (prédication). Il a combattu auprès de l’ASL durant la période 2012-2013 qui lui en rendait grâce. Alors quoi l’ASL était aussi manipulée par Assad ?

      Quelques remarques plus générales:

      1° - Je vous demande le nom d’un des islamistes libérés dans le cadre de l’amnistie de 2011 d’Assad qui aurait ensuite tenu une position importante au sein de Daesh ce qui permettrait d’étayer votre thèse sous-entendue ici : « sans compter que face au soulèvement, Assad a fait de libérer grand nombre de prisonniers islamistes des geôles syriennes... » . En réalité ceux qui soutiennent cette thèse n’ont que 3 noms à donner : Hassan Aboud et Abou Khaled al-Souri d’une part, qui ont en fait tous deux fondé le groupe Ahrar al-Cham considéré par l’Armée syrienne Libre comme des gens très bien et que nos médias continuent à intituler la « rébellion », et Abou Moussab al-Souri d’autre part dont la libération est une rumeur infondée puisqu’il était censé avoir rejoint al-Qaïda et qu’al Dhawaïri en personne a démenti cette rumeur assurant qu’il était toujours emprisonné en Syrie.
      2° - Je vous fais remarquer par ailleurs qu’avec le même genre d’argument et en adoptant la même logique, mais cette fois-ci étayée sur des faits, on pourrait en venir à dire que Daesh est en fait une création des Etats-unis puisque le « calife » de l’Etat islamique a été détenu puis libéré du camp américain d’al-Bucca avant de devenir le chef de l’Etat islamique en Irak puis de l’EIIL (Daesh) et d’EI. J’ajoute que le commandant militaire de l’Etat islamique, Abu Omar al-Shishani, un géorgien d’origine tchétchène qui combattu les forces russes dans les forces spéciales de la Géorgie de Saakachvili, a reçu la formation militaire d’instructeurs américains.
      En passant, que Daesh soit une création des Etats-Unis, est, d’après un sondage, une opinion majoritaire en Syrie.
      3° - L’hypothèse selon laquelle Assad aurait « revitalisé son alliance » avec l’Etat islamique en Irak en 2013 ("10 ans plus tard") par intérêt perd de vue le fait qu’à la même époque Nouri al-Maliki en Irak se rapproche d’Assad, a poussé les soldats américains vers la sortie (en 2011) et se rapproche de la Russie à qui il se met à commander des armes. Il est par ailleurs très proche de l’Iran. Croit-on Assad assez sot pour aider l’Etat islamique en Irak au risque qu’il élimine le seul allié qu’il ait à ses frontières, et ce au moment même ou après des relations tendues il est justement en train de devenir son allié ? Croyez-vous par ailleurs que les services iraniens en savent moins que vous ou bien qu’ils auraient continué à soutenir à Assad alors que ce jeu comportait ce risque – qui a effectivement eu lieu puisqu’al-Maliki est tombé à la suite des conquêtes de Da3ich en Irak, permettant ainsi aux Américains d’imposer un al-Abadi plus souple envers eux et de se réimpliquer en Irak - alors que c’était, selon le Spiegel, la hantise d’Assad en 2003 ?
      4° - Puisque le texte du Spiegel fait remonter toute cette histoire à 2003 il aurait été bon qu’il mentionne l’organisation qui, par changement de noms et agrégation de forces, est devenue l’Etat islamique : le groupe al-Zarqawi. Celui-ci a été porté à la connaissance du monde et élevé au rang de menace mondiale par les Etats-Unis dans leur justification de l’invasion de l’Irak en prétextant que ce groupe, jusque là cantonné aux confins du Kurdistan irakien, était en fait al-Qaïda et lié à Saddam Hussein – vous ne voyez pas comme une analogie ? J’ajoute que ce groupe, du fait de sa stratégie ultrasectariste et ses massacres de chiites, me paraît être un candidat très improbable pour avoir reçu le soutien, même machiavélique et très intéressé, d’Assad.
      5 - Je vous invite vivement à consulter ce document de la DIA de 2012 (services secrets de l’armée américaine), authentifié dans deux émissions de télé (al-Jazeera english et RT) par le chef de la DIA de l’époque, Michael Flynn : http://seenthis.net/messages/372860

      Je me tiens prêt à faire le travail fastidieux de vous donner des sources consultables pour vérifier les faits que j’évoque ici si vous me le demandez.

    • @colporteur : Je ne suis pas là pour dire qu’Assad n’est responsable de rien dans cette guerre : c’est une ordure, rien à redire à cela... mais il a une armée et une population derrière lui qui représentent tous ensemble la Syrie légale : en face, des terroristes dans l’acception la plus stricte, telle que définie par la plupart des états dans le monde. Et ces terroristes, leur financement est connu et documenté, leurs soutiens sont connus et documentés ("ils font du bon boulot", comme on dit en langage diplomatique français).

      En somme mon seul propos était que les false flags de la part de journalistes manipulés, c’est lourd. Surtout quand c’est aussi stupide que « ça ».

      Comme dirait d’autres seenthisiens, quand y-a #un_complot_qu_on_a_le_droit_de, faut se demander pourquoi celui-là et pas les autres.

    • Merci pour ta contribution @souriyam, elle est effectivement beaucoup plus informée que je ne le suis. Sans plus d’ironie que précédemment. Tes remarques étayées sur les fragilités de l’article me paraissent recevables. Sur la libération d’islamistes par le régime d’Assad, je me fondais sur le souvenir de lectures
      http://seenthis.net/messages/357346
      http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/06/10/debut-de-la-liberation-de-prisonniers-en-syrie_4435430_3218.html
      http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/maher-esber-ancien-chef-islamiste-627427
      que parmi ces libérés il y en ait peu qui aient atteint ensuite une renommé comme membres importants de Daech ne me semble pas démontrer grand chose quant à leur implication effective, je peux me tromper.
      Ici même, je le retrouve maintenant, des posts ont contesté qu’il s’agisse dune manipulation d’Assad
      http://seenthis.net/messages/283373

      L’intérêt principal de cet article tient à ses sources (dont je ne sais si elles sont critiquables, ciritiquées) qui permettent de donner à voir comment se manage la construction d’une organisation fasciste, à quel type d’organisation étatique est-il fait recours pour battre une révolution (question déjà présente dans les entretiens avec Pierre Torres).
      Vous ne citez pas Haji Bakr, comment situeriez-vous son rôle ? Le journaliste allemand cite la Stasi, et pas les Moukhabarat... mais pour le coup, en ce qui concerne des méthodes d’organisation clanico-maffieuses, empreintes de toute la violence de sujétion interne et externe possible, on vérifierait, ici, que la rivalité conduit au mimétisme (pas besoin d’adhérer pour cela à une théorie générale de la rivalité mimétique).

      L’approximation grossière dont je me réclame est plus grossière encore que celle de l’article qui prétend lui s’appuyer sur de faits. Elle admet a priori que toutes le forces en présence ont des raisons et des possibilités de recourir à des manipulations, sans admettre pour autant que ces manipulations puissent à elles seules expliquer une situation ; d’admettre qu’un pouvoir a tout intérêt à se choisir le meilleur ennemi possible. Cela je le tiens de quelques exemples qui ne sont pas syriens, celui du PS jouant du FN depuis les années 80 (ce qui n’ôte rien à la dynamique propre de ce parti) ou de la politique israélienne de destruction de la résistance palestinienne qui a conduit l’essentiel de celle-ci à renaître depuis le repli sur le noyau de la foi.

      Pour ce qui est de la Syrie, j’ai l’impression que pendant que la population continue d’être décimée et alors que tout espoir d’émancipation (pour dire vite) semble désormais intenable on peut s’attendre à tout ... Depuis pas grand chose si ce n’est mon expérience d’ado ayant par le passé joué au Risk :) : puisque les américains ne se lanceront pas dans une intervention terrestre, la suite reste imprévisible. Un renversement d’alliances ne parait pas à exclure, la Russie et la France imposant conjointement à Assad et à l’ASL de coopérer pour endiguer ou « exterminer » (comme dit Valls) Daech...

    • @colporteur : pardon pour le ton inutilement véhément. Je m’emporte peut-être un peu vite quand il est question de la Syrie.
      Pour ce qui est de la libération par Assad dans le cadre de l’amnistie de 2011 d’un certain nombre d’islamistes, elle ne fait pas de doutes. Il n’est pas interdit de faire l’hypothèse d’une certaine manipulation du régime à cette occasion mais il faut bien voir tout de même que tous les noms qu’on nous cite n’accréditent pas la thèse d’une création de Da3ich par Assad. De plus beaucoup de ceux qui utilisent cet argument - je ne parle pas de vous - soutiennent par ailleurs que nous aurions dû armer ces groupes, dont Ahrar al-Cham voire al-Nusra. On ne peut pas d’un côté prétendre qu’Assad a libéré des monstres et d’un autre côté se proposer de soutenir les groupes que ces monstres ont fondé ! Ainsi Robert Ford, ambassadeur américain en Syrie de 2010 à 2014 a soutenu cette thèse et chantonne maintenant que l’Occident devrait soutenir Ahrar al-Sham : http://www.mei.edu/content/at/yes-talk-syria%E2%80%99s-ahrar-al-sham
      Quant à David Petraeus, directeur de la CIA de 2011 à 2012, il propose maintenant publiquement de soutenir certains éléments d’al-Nusra (soit al-Qaïda en Syrie) :
      http://edition.cnn.com/2015/09/01/politics/david-petraeus-al-qaeda-isis-nusra

      It was an arresting headline in The Daily Beast on Monday: “Petraeus: Use Al Qaeda Fighters to Beat ISIS.” The report didn’t quote retired Gen. David Petraeus directly, but suggested he had told associates that he supports using “so-called moderate members of al Qaeda’s Nusra Front to fight ISIS in Syria.”
      In an exclusive statement to CNN, Petraeus clearly feels that his view requires much more explanation, back story and nuance.
      “We should under no circumstances try to use or coopt Nusra, an Al Qaeda affiliate in Syria, as an organization against ISIL,” the retired general and former CIA director told CNN, using another name for ISIS. “But some individual fighters, and perhaps some elements, within Nusra today have undoubtedly joined for opportunistic rather than ideological reasons: they saw Nusra as a strong horse, and they haven’t seen a credible alternative, as the moderate opposition has yet to be adequately resourced.”

      Or ces gens là, Petraeus et Ford, pour ne prendre que ces deux là, ont piloté la politique américaine en Syrie. Cela devrait nous donner à penser sur les ambiguïtés - pour le dire gentiment - de la guerre clandestine que l’"Occident" (y compris l’Etat français) a mené contre le régime syrien.
      Vous dîtes :

      L’approximation grossière dont je me réclame est plus grossière encore que celle de l’article qui prétend lui s’appuyer sur de faits. Elle admet a priori que toutes le forces en présence ont des raisons et des possibilités de recourir à des manipulations, sans admettre pour autant que ces manipulations puissent à elles seules expliquer une situation ; d’admettre qu’un pouvoir a tout intérêt à se choisir le meilleur ennemi possible

      Je suis tout à fait d’accord avec vous à la condition d’admettre que cette remarque vaut à la fois pour le régime syrien, la soi-disant rébellion modérée et l’Etat islamique. Mais cela vaut aussi pour l’ensemble des forces régionales et internationales qui soutiennent l’un ou l’autre camp. Et cela fait vraiment beaucoup de monde...

      Pour ce qui est de l’intérêt factuel dans l’article du Spiegel de documents qu’il commente (ayant trait à l’organigramme d’EI, le contrôle des populations et le rôle d’anciens cadres de la dictature de Saddam Hussein), je serai plutôt d’accord. Dommage que le Spiegel n’ait pas rendu public l’ensemble des documents. Des ouvrages évoquent par ailleurs ces mêmes questions, notamment celui d’Haytham al-Manna « Daech, l’Etat de barbarie » : http://www.madaniya.info/2014/09/12/califat-daech-prologue
      et celui, à mon avis plus médiocre et discutable de Loretta Napoleoni : « l’Etat islamique, multinationale de la violence ».

      Cordialement.

      @odilon : malheureusement je suis bien incapable de réaliser un tel travail.

    • Je suis pas choqué @souriyam par vos remarques ni même le ton que vous avez employé, je précisais juste ne pas être ironique (pour l’être il faut se croire sachant). Sinon pour avoir un fréquenté des réfugiés syriens ici, je ne parlerais pas de « modération » à propos de la soif de liberté et des risques encourus qui ont caractérisés le soulèvement là-bas. Modération, c’est une catégorie médiatico journalistique qui ne me va pas. La vie n’est pas modérée. Pour voir connu aussi des Libanais contraints de fuir le Liban pour éviter un embrigadement forcé par les phalangistes en passant par la Syrie, il me semble que la barbarie de ce régime n’ pas à être démontrée. Peu importe, je vais lire le texte que vous conseillez dont le titre s’inspire de celui de Seurat.
      Ce qui reste surprenant, quand même, et qui m’intéresse, c’est comment on mate une révolution

    • @odilon et @rastapopoulos : pas de fausse modestie de ma part quand je dis que j’en suis incapable. Il me manque non seulement les compétences cartographiques mais aussi linguistiques. Baragouiner péniblement quelques mots d’arabe est un niveau très insuffisant pour lire et traiter des sources primaires ou simplement utiliser la presse arabe... Il me semble par ailleurs - mais je ne veux balancer personne ;) - qu’il y a quelques seenthissiens qui seraient beaucoup plus aptes que moi pour un tel travail.

      @colporteur : pour ce qui est de Hajji Bakr, dont je ne sais rien de plus que ce que dit wikipedia, pour une fois les commentaires de Romain Caillet, qui relativise lui aussi l’intérêt de cet article, sont peut-être éclairants :
      https://twitter.com/RomainCaillet/status/590469560303779840

  • The Saudis Are Stumbling. They May Take the Middle East with Them.
    http://fpif.org/the-saudis-are-stumbling-they-may-take-the-middle-east-with-them

    For the past eight decades Saudi Arabia has been careful.

    Using its vast oil wealth, it’s quietly spread its ultra-conservative brand of Islam throughout the Muslim world, secretly undermined secular regimes in its region, and prudently kept to the shadows while others did the fighting and dying. It was Saudi money that fueled the Mujahedeen in Afghanistan, underwrote Saddam Hussein’s invasion of Iran, and bankrolled Islamic movements and terrorist groups from the Caucasus to the Hindu Kush.

    It wasn’t a modest foreign policy, but it was a discreet one.

    #arabie_saoudite

    • Douze ans après, Tony Blair « s’excuse » pour l’invasion de l’Irak
      http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/tony-blair-s-excuse-pour-l-invasion-de-l-irak_1729167.html

      L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair a présenté des « excuses » pour l’invasion de l’Irak en 2003 par une coalition internationale, dont le Royaume-Uni était le fer de lance aux côtés des Etats-Unis.

      Dans un entretien à CNN diffusé le lundi 26 octobre, Tony Blair reconnaît plusieurs erreurs dans cette guerre menée sous le prétexte, erronée, que l’Irak de Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive.

      « Je m’excuse pour le fait que les renseignements étaient faux. Je m’excuse également, au passage, pour des erreurs de planification et pour notre erreur dans la compréhension de ce qu’il se passerait une fois le régime renversé », affirme Tony Blair, selon le Telegraph. Et l’ancien Premier ministre de tempérer son propos : « Mais il m’est difficile de présenter mes excuses pour avoir renversé Saddam ».

      Monsieur, mais ce n’est pas à vous de juger du bien-fondé de vos excuses mais à un tribunal international .

    • En revanche, j’imagine qu’il avait trouvé celle-ci très drôle !

      In the 2003 invasion of Iraq by a United States-led coalition, the U.S. military developed a set of playing cards to help troops identify the most-wanted members of President Saddam Hussein’s government, mostly high-ranking members of the Iraqi Regional Branch of the Arab Socialist Ba’ath Party or members of the Revolutionary Command Council. The cards were officially named the “personality identification playing cards”.

  • Le Rostropovitch irakien

    Un homme défie la violence quotidienne en Irak avec son #violoncelle. #Karim_Wasfi est revenu en #Irak après la chute de Saddam Hussein pour remettre sur pied l’#Orchestre_symphonique national. Cet homme joue dans la rue ou auprès de personnes déplacées par la guerre. Celui qu’on a surnommé « le Rostropovitch irakien » veut apporter un message de #paix.

    http://www.rfi.fr/emission/20150804-rostropovitch-irak-orchestre-paix-musique-conflit-karim-wasfi
    #musique
    @reka : tu vas adorer...

  • Ni patrie ni frontières n° 3 (mars 2003) en PDF : Que faire contre les guerres ? - mondialisme.org
    http://www.mondialisme.org/spip.php?article2333

    GUERRE, PATRIOTISME ET PACIFISME-

    E. Goldman : Le patriotisme, une menace contre la liberté (1911) (inédit) . P. Kropotkine : La guerre (1912). Extraits de La science moderne et l’anarchie. E. Goldman : L’alerte préventive conduit tout droit au massacre universel (1915) (inédit). E. Malatesta : Réponse au Manifeste des 16 (1916) L. Trotsky : Le pacifisme, supplétif de l’impérialisme (1917) L. Prouvost : Révolutionnaires et quakers devant la guerre (1924) L. Trotsky : La guerre et la Quatrième Internationale (1934) (extraits) B. De Light : Le problème de la guerre civile (1937) L. Trotsky : Après Munich une leçon toute fraîche. Sur le caractère de la guerre prochaine (1938) (extraits). Réponse à des questions concernant les Etats-Unis (1940) (extraits) —Manifeste de la Quatrième Internationale sur la guerre impérialiste et la révolution socialiste mondiale (1940) (extraits)

    DEUXIEME PARTIE : GUERRES DU GOLFE, IMPERIALISME ET PACIFISME

    R. Evans : Irak, trajectoire d’un État – FIDH : extraits de deux rapports. « Irak : une répression intolérable, oubliée et impunie » (2001) (88) et « Irak : une épuration ethnique continue et silencieuse »(2002) F. Sacher : Contre la guerre (2003) Article paru dans A contre courant N° 3, février 2003 FA : Irak, pétrole et géopolitique (2002) No pasaran : Guerre à la guerre (2001)
    Tracts contre la guerre : Mouvement communiste, Oiseau-Tempête, BIPR, CNT-FA-No pasaran, Scalp-Reflex

    Débats : alliances et divergences au sein du « mouvement antiguerre »
    A. Sofri : A Bagdad, le liberté (février 2003) Y.C. : Un bain de haine chauvine (février 2003) G. Fargette : Faiblesse des forces « antiguerre ».(2001) — Misère de l’antiguerre en Europe (2002) (123) — Débats stratégiques aux États-Unis (2002) — Faut-il confondre « choc » et « conflit » ? (2003)

    C. Foster : Treize questions sur le terrorisme, l’intégrisme et l’anti-impérialisme (octobre 2001). Y. C. : A propos des discours automatiques contre la guerre et l’impérialisme. Certitudes et questions (février 2003) E. Halberkern : Les causes profondes de l’ « affaire Lerner » (mars 2003) E. Krebbers et J. Tas : Amsterdam, avril 2002. La plus grande manifestation antisémite depuis 1945 ; Comment éviter quelques pièges antisémites.

    Chedid Khairy : Un titre et une illustration problématiques (février 2003) - Sacha Ismail : Qu’est-ce que la Muslim Association of Britain ? . Temps critiques : La guerre n’est plus le moteur de l’histoire (mars 2003). Solidarity : Soutenons les peuples d’Irak (février 2003) C. Bradley : Les travailleurs irakiens peuvent-ils changer le régime ? — Comment Saddam est parvenu au pouvoir (février 2003) Answer : Liste partielle des interventions de l’armée américaine à l’intérieur comme à l’extérieur des États-Unis de 1890 à 1999

    Ce numéro de Ni patrie ni frontières porte entièrement sur les guerres et leurs liens avec le fonctionnement du capitalisme et de l’impérialisme. Il rassemble des articles traduits et publiés pour la première fois, des extraits de textes révolutionnaires classiques déjà parus , des écrits de pacifistes radicaux, des tracts diffusés par différents groupes lors des récentes manifestations anti-guerre, etc. L’hétérogénéité de ce bulletin est évidemment délibérée et couvre presque un siècle du mouvement ouvrier, de 1911 jusqu’en 2003.

    Cette petite « anthologie » vise à passer en revue les différents arguments utilisés contre la guerre, voire en faveur de certaines guerres. Si ce numéro contient d’inévitables répétitions, il permet quand même au lecteur attentif de cerner certains des problèmes moraux et politiques posés la guerre, mais aussi de repérer les principales divergences qui séparent anarchistes, marxistes et pacifistes.

    Comme le dit l’un des auteurs, les militants révolutionnaires ne sont pas des avocats qui puisent dans n’importe quel argument pour faire triompher leur cause. Notre opposition à la guerre actuelle contre l’Irak doit être fondée sur des principes politiques solides.

    Cette minuscule revue a fait le pari (utopique ?) de stimuler l’esprit critique et de remettre en cause les « discours automatiques » de l’extrême gauche. Puisse la lecture de ce numéro donner envie au lecteur de combler ses lacunes, de remettre en cause ses a priori et… renforcer sa détermination à lutter pour la révolution socialiste !

    P.S. : La confection de ce numéro aurait été impossible sans l’aide d’Internet et surtout sans le travail des animateurs des sites : Alliance for Workers Liberty, Bibliolib (libertaire), BIPR, CNT, De Fabel van de illegaal, Fédération anarchiste, FIDH, Marxist Internet Archive, No Pasaran, Oiseau-Tempête qui mettent un nombre considérable de textes à la disposition de tous… ceux qui disposent d’un ordinateur. Qu’ils en soient donc chaleureusement remerciés, même s’ils ne partagent pas mes positions politiques et s’ils n’ont aucune responsabilité dans l’utilisation que je peux faire des textes disponibles sur leurs sites.

    Je tiens à remercier aussi Guy Fargette, Ernest Harberkern, Eric Krebbers, Chedid Khairy, Fabrice Sacher et Jan Tas, pour m’avoir permis de reproduire leurs textes, ainsi que tous ceux qui, par leurs critiques orales ou écrites, m’ont aidé à préciser mon point de vue. (Y.C.)

    Guerre, patriotisme et pacifisme

    Cette première partie de Ni patrie ni frontières rassemble des textes classiques écrits entre 1911 et 1940. Ceux-ci illustrent différents points de vue révolutionnaires — ou pas — sur le patriotisme, la guerre et le pacifisme.

    Emma Goldman ne s’est pas contentée d’écrire, elle a milité pendant toute la Première Guerre mondiale contre la guerre et pour la révolution, ce qui lui a valu de passer de nombreux mois en prison et finalement d’être expulsée vers l’URSS (avant de quitter à son tour ce pays, deux ans plus tard, mais ceci est une autre histoire).

    Le premier texte de Trotsky sur le pacifisme démonte avec férocité cette idéologie et ses ambiguïtés.

    Barthélemy de Vigt, militant pacifiste libertaire, montre (involontairement) comment le pacifisme radical tente de concilier l’inconciliable. Il faut souligner que cet homme a payé très cher sa fidélité à ses idées et pour cela, même si l’on ne partage pas ses positions, mérite au moins le respect. Trop souvent, les critiques du pacifisme oublient la détermination et le courage de ceux qui veulent atteindre le même but qu’eux mais avec des moyens différents.

    Dans ses différents textes écrits en 1934, 1938 et 1940 (1), Trotsky tente, face à la Seconde Guerre mondiale qui approche, de définir une stratégie révolutionnaire. Ceux qui liront ces quatre textes pour la première fois seront peut-être étonnés de découvrir ce que l’ex-dirigeant de l’Armée rouge pensait de l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1938 ou de l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1940. Précisons que plusieurs dizaines de militants du SWP (groupe trotskyste américain) passèrent la guerre sous les verrous pour avoir défendu courageusement leurs idées.

    Depuis cinquante ans, les massacres, les guerres civiles, les conflits directs et indirects entre les impérialismes russe et américain, etc., n’ont cessé d’ensanglanter la planète, épargnant seulement le territoire des Etats-Unis et une partie de l’Europe. Même si ces textes sont datés, ils ont le grand mérite de rappeler certains principes et de montrer que les problèmes complexes que nous affrontons aujourd’hui se sont déjà posés dans le passé.

    (1) Les passages consacrés à l’URSS (et à la défense de cet « Etat ouvrier dégénéré » selon Trotsky) ont été supprimés dans les extraits choisis, parce que l’Union soviétique a disparu. Il m’a semblé que les analyses de Trotsky sur l’impérialisme, les guerres, le pacifisme, la défense nationale, etc., gardent toujours leur pugnacité, quand ce n’est pas leur lucidité. Elles permettent également de comprendre les positions des groupes qui se réclament de son héritage aujourd’hui — l’original valant toujours mieux que la copie. Que les mânes de Lev Davidovitch Bronstein me pardonnent…

    ***

    Guerres du Golfe, Impérialisme et anti-impérialisme

    Les textes qui suivent rassemblent des points de vue révolutionnaires assez convergents sur certains points essentiels (l’opposition à l’intervention américaine) mais présentent aussi des divergences importantes. Nous avons également inclus, pour commencer, quelques extraits de deux rapports de la Fédération internationale des droits de l’homme rédigés en 2001 et 2002 à partir de témoignages recueillis parmi des réfugiés, politiques ou non, en Jordanie, en Syrie, etc. Il faut savoir que l’Irak compte actuellement 23 millions d’habitants et qu’au moins TROIS MILLIONS ont fui leur pays. Lorsque l’on parle de dictature en Irak, ce mot passe-partout n’a pour beaucoup pas grand sens. De l’extrême gauche tiers-mondiste aux chevènementistes qui admirent le grand républicain laïc que serait Saddam Hussein, en passant par certains pacifistes et les tiers-mondains du Monde diplomatique, on trouve beaucoup d’hypocrites ou d’ignorants.

    La description concrète des tortures, exécutions, assassinats et déportations de masse, etc., pratiquées par le régime irakien depuis plus de trente ans avec le soutien actif des Giscard, Mitterrand et Chirac, avec la complicité de tous les grands partis de gauche et de droite, devrait faire réfléchir un peu tous ces anti-impérialistes de pacotille qui passent l’essentiel de leur temps à dénoncer « les Américains » ou Bush, et oublient allégrement les responsabilités de leur classe dominante, donc notre responsabilité (à nous militants luttant en France) dans la perpétuation du sanguinaire régime irakien et de toutes les dictatures que soutient la République impérialiste et coloniale française.

    C’est seulement en dénonçant d’abord l’impérialisme français et notre propre bourgeoisie, en se réclamant du combat de la classe ouvrière contre tous les États et toutes les bourgeoisies, que l’on peut être crédible lorsque l’on dénonce l’impérialisme américain ou le sionisme. Dans le cas contraire, on n’est qu’un chauvin déguisé ou un internationaliste du samedi soir.

    http://www.mondialisme.org/IMG/pdf/no_3_-que_faire_contre_les_guerres_.pdf

  • 2015, réouverture de la « zone verte » à Bagdad - Le Monde

    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/08/28/irak-reouverture-de-la-zone-verte-a-bagdas_4739251_3218.html#vsytLvagmGzLQq5

    La « zone verte » est entourée de hauts murs de béton, protégée par des chars, des véhicules blindés et des membres des forces de sécurité d’élite. Avant l’invasion de l’Irak par la coalition emmenée par les Etats-Unis, en 2003, elle abritait les fastueux palais du président Saddam Hussein et d’autres responsables du régime. Après 2003, ces palais ont été occupés par les forces étrangères, puis par la nouvelle classe politique irakienne, qui est aujourd’hui accusée de corruption généralisée.