person:sadri khiari

  • Emigration clandestine, une forme de résistance
    https://nawaat.org/portail/2017/10/19/emigration-clandestine-une-forme-de-resistance

    La semaine dernière (ndlr : octobre 2017), j’ai parlé de cette affaire qui nous a tous révoltée : la mort et la disparition de plusieurs dizaines de jeunes qui avaient tenté de quitter le pays à bord d’une frêle embarcation. Ils seraient peut-être aujourd’hui heureux d’être ailleurs, triomphants mais inquiets, certes confrontés à de nouvelles incertitudes mais bien aises d’avoir réussi leur évasion si leur petit rafiot délabré n’avait étrangement été percuté par un navire militaire chargé de la surveillance des frontières maritimes.

    « Un oiseau fut abattu d’un coup de fusil. Il venait de franchir la frontière »
    Gonçalo M.Tavares, « Monsieur Brecht »

    Le drame a suscité de nombreux commentaires qui m’incitent à en dire encore un mot. Il est courant quand on évoque l’émigration clandestine de rappeler les conditions sociales, politiques, culturelles qui disposent tant de jeunes tunisiens à affronter une fois, deux fois, dix fois, l’aventure périlleuse de la « 7ar9a ». Le mot qui revient le plus souvent pour expliquer leur motivation est le « désespoir ». Je ne discuterai pas de la pertinence de ce type d’analyses, tout à fait opportunes pour pointer du doigt la responsabilité de nos gouvernants et sans doute pour une part justifiées. Elles tiennent plus cependant du genre de décryptages auxquels s’adonne (parfois utilement) la sociologie, voire la psychologie, que de l’analyse politique proprement dite, c’est-à-dire de l’analyse qui est au cœur du combat. Mais ce que je leur reprocherai surtout, c’est qu’en se concentrant sur les raisons qui s’imposent aux volontaires pour la « 7ar9a », en faisant de leur vouloir la simple expression du désespoir, on les ampute de leur dignité. Ces jeunes, prêts à traverser la Méditerranée sur de vieux Zodiacs de croisière complètement pourris, seraient finalement des êtres passifs, victimes du pouvoir, victimes des « passeurs », victimes de leur propre désespoir.

    J’affirme pour ma part qu’ils sont aussi des résistants. Leur fuite hors du pays est un acte de résistance. Oui, elle est aussi cela. Une fuite individuelle, un acte de résistance collective qui mobilise souvent aussi leurs proches, leurs réseaux de connaissance et des gens pour qui la solidarité n’est pas un vain mot. Fuir dans son sens habituel, c’est refuser l’affrontement. La fuite a généralement une connotation péjorative ; elle est souvent assimilée à un acte de lâcheté, d’évitement du danger. Fuir n’est pas considéré comme une action vers l’avant mais seulement vers l’arrière. Rien de volontaire, de positif, d’offensif, de digne, ne serait contenu dans la fuite et ne pourrait en sortir. C’est ce qu’on pense d’ordinaire. Et l’on a tort.

    Dans ma précédente chronique, j’ai employé un terme qui ne nous est pas très familier en Tunisie. J’ai parlé de marronnage. J’ai dit que ce type d’émigration irrégulière s’apparente au marronnage. Qu’est-ce donc que le marronnage ? Le marronnage est un terme utilisé en Amérique et dans les anciennes colonies européennes esclavagistes pour désigner la fuite des esclaves africains pour un avenir dont la liberté n’était qu’une mince hypothèse. Au risque d’une mort affreuse ou d’être capturés et de subir d’abominables supplices, nombreux, très nombreux mêmes, ont été les esclaves qui ont tenté malgré tout d’échapper, par la fuite, à la servitude, à la cruauté des maîtres et à la déshumanisation (avant d’être employé pour désigner les esclaves en fuite, le mot marronnage faisait d’ailleurs référence aux animaux domestiques retournés à l’état sauvage !). Révoltes, insurrections et marronnages ont usé, éreinté, érodé le système esclavagiste de type américain pour finir par l’anéantir. Voilà à très grands traits ce qu’a été le marronnage : une fuite de résistance.

    Le marronnage de nos jeunes compatriotes est également un acte de dissidence par rapport à la politique des classes qui les oppriment et les rejettent. Leur résolution opiniâtre à partir coûte que coûte, à brûler les frontières, toutes les frontières, à transgresser les lois, les nôtres et celles de l’Union européenne, leur ténacité face aux risques de tomber entre les mains de la police, de mourir peut-être, sont l’expression manifeste d’un choix de résistance contre le destin qui leur est imposé par les classes dominantes qu’on pourrait appeler aussi les classes méprisantes tant elles n’ont que mépris pour le peuple. Ces jeunes gens combattent la vie mortifère à laquelle on les a condamnés. Ils refusent de se laisser faire. Ils ne sont pas désespérés, ils maudissent l’espoir et le désespoir, ils agissent au-delà de l’espoir et du désespoir.

    Je ne dis pas que l’émigration clandestine est un modèle de résistance. Je dis que, tout comme le marronnage, avec ses contradictions et ses ambivalences, elle en est une forme. A mon avis, les mouvements de lutte et de solidarité sociale devraient l’aborder, intellectuellement et pratiquement, de ce point de vue et non de manière compassionnelle ou comme s’il s’agissait d’une pathologie du corps « national ».

    Pas plus que je ne saurais encourager ces jeunes qui veulent quitter le pays à prendre le risque de la « 7ar9a », je ne voudrais les en dissuader. Personne n’a le droit de leur dire ce qu’ils ont à faire. Si j’étais un parti politique fidèle à la révolution, une association de solidarité ou même une organisation humanitaire, je respecterais leur volonté de départ. Je ne me contenterais pas de condamner la politique sociale du gouvernement et les accords sécuritaires avec l’Union raciste européenne. Je ne me contenterais pas de dénoncer le cynisme criminel des « passeurs » sans offrir à ceux qui veulent partir d’autres moyens, plus sûrs, de traverser la Méditerranée. J’agirais évidemment pour protéger leur fuite.

    Nous aimons beaucoup, souvent à tort et à travers, parler de valeurs ou de principes universels. Eh bien, pour le coup, voici un vrai principe universel : lorsqu’un prisonnier enfermé par injustice creuse un tunnel pour s’évader, la solidarité consiste à lui fournir une pelle et une pioche.

    Article paru 19 octobre 2017 sur le blog Nawaat, signé Sadri Khiari.
    Nawaat est une plateforme collective indépendante fondée en avril 2004 et bloquée en Tunisie jusqu’au 13 janvier 2011.

    https://nawaat.org/portail/2017/10/19/emigration-clandestine-une-forme-de-resistance
    https://renverse.co/Emigration-clandestine-une-forme-de-resistance-1589

    #Europe_forteresse #migrants #marronnage #libre_circulation #évasion

  • Sadri Khiari – Il faut exclure la France de la francophonie
    http://nawaat.org/portail/2017/07/06/il-faut-exclure-la-france-de-la-francophonie

    Quant à la langue française, la langue française de France, ou, plus exactement la langue française d’un certain Paris, la langue française qui tire la langue française en arrière, elle a été et demeure – d’abord, avant tout, indiscutablement, politiquement – un instrument essentiel de l’oppression et de la hiérarchisation culturelles (et j’en parle d’expérience !).
    Tout cela, nous tous Tunisiens le savons parfaitement, toute l’Afrique le sait, mais Mme Jean feint de l’ignorer. A l’entendre, la Francophonie serait une organisation destinée à promouvoir la solidarité, la fraternité, l’entraide, la démocratie, la justice, le pluralisme et tant et tant de belles choses. Pour que ce soit le cas, pour que la #Francophonie soit ce qu’elle prétend être, il faudrait qu’elle ne soit plus ce qu’elle est. Autrement dit, il faudrait commencer par en exclure la France.

  • Grandeur et décadence des révolutions arabes - En attendant Nadeau
    http://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/02/05/revolutions-arabes-achcar

    ’agissant du désastre syrien dont il retrace les étapes, la cause, selon Achcar, en est double : d’une part, la politique américaine ; et de l’autre, un « intégrisme islamiste » tous azimuts. Ce schéma interprétatif, que l’on retrouve tout au long du livre, manque, pour le moins, de complexité. Il ne tient pas compte du fait que l’adhésion à des partis ou à des mouvements (différents les uns des autres et sujets à des divisions internes) se référant à l’islam a fait également partie du processus révolutionnaire. François Burgat ne cesse de le répéter et de le démontrer [2]. Dans un article récent (Nawaat.org, 9 janvier 2017), l’intellectuel tunisien Sadri Khiari observait que « l’enracinement populaire d’Ennahdha n’était pas qu’une histoire de ‟conservatisme religieux” ou de manipulation, qu’il était, que l’on s’y reconnaisse ou non, l’une des expressions de la révolution – la révolution réelle, belle et moche à la fois – et non de la contre-révolution ». Mais il n’est pas toujours facile d’admettre ces faits et d’en tirer les conséquences.

  • TUNISIE. Pour lutter contre l’endettement du pays, un chef de parti fait don du quart de sa pension retraite - Le blog de algerie-infos
    http://www.algerieinfos-saoudi.com/2016/10/tunisie.pour-lutter-contre-l-endettement-du-pays-un-chef-de-par

    25 Octobre 2016 Publié par Saoudi Abdelaziz
    TUNISIE. Pour lutter contre l’endettement du pays, un chef de parti fait don du quart de sa pension retraite

    © Sadri Khiari
    Jounaïdi Abdeljaoued, le secrétaire général du parti Al Massar s’engage sur sa page facebook « à faire don, pendant une année, de 25% de (sa) pension de retraite pour éviter au pays de s’endetter encore plus" . "Que fait le gouvernement, écrit-il encore, pour faire appel à des volontaires comme moi, et je suis sûr qu’ils sont nombreux, pour contribuer à sortir notre pays de la crise profonde et assurer un minimum de justice sociale ».

    Il faut interdire le parti El Massar de toute urgence !

    Je sais, Al Massar n’a aucune influence. Mais ce qui m’inquiète, ce n’est pas l’influence de ses positions politiques. C’est plutôt l’influence de ses positions a-politiques que je redoute.

    Par Sadri Khiari, 24 octobre 2016

    En mon âme et conscience, au nom des valeurs universelles du vivre ensemble, moi, l’auteur de ces lignes, sain d’esprit et de corps, je déclare solennellement la nécessité de dissoudre le parti Al Massar dans les plus brefs délais.

    J’ai réfléchis très longuement avant d’arriver à une telle conclusion et j’ai longuement hésité avant de me décider à la rendre publique. Ça n’a pas été facile. Je vais encore perdre des amis. J’en ai déjà perdu un paquet depuis la révolution. Mais une révolution où l’on ne perd pas ses amis n’est pas vraiment une révolution.

    Venons-en aux faits. Jounaïdi Abdeljaoued, le secrétaire général du parti Al Massar a fait une déclaration gravissime il y a quelques jours. Sur sa page facebook, il a affirmé être prêt « à faire don, pendant une année, de 25% de (sa) pension de retraite pour éviter au pays de s’endetter encore plus », s’étonnant par ailleurs que le gouvernement ne tente pas de susciter de semblables dispositions : « Que fait le gouvernement, écrit-il encore, pour faire appel à des volontaires comme moi, et je suis sûr qu’ils sont nombreux, pour contribuer à sortir notre pays de la crise profonde et assurer un minimum de justice sociale ».

    On pourrait faire de cette proposition une lecture politique. Une lecture politique critique, donc, sinon elle ne serait pas politique. Y voir notamment un appui implicite à la loi de finance actuellement en discussion à l’Assemblée. Une loi qui, de l’avis de tous ceux qui se soucient peu ou prou (moi, c’est plutôt prou) de ce « minimum » de justice sociale dont parle J. Abdeljaouad, est une loi inique et inefficiente qui repose sur le portefeuille déjà vide des salariés. Pourquoi le dirigeant d’Al Massar ne soutient pas explicitement la loi de finance ? C’est simple. Souvenez-vous : il y a quelques semaines, Samir Taïeb, ex-patron d’Al Massar, fraîchement nommé ministre de l’Agriculture, a fait une déclaration surprenante qui aurait dû provoquer l’hilarité générale.

    En substance, il a affirmé ainsi que, quoique membre du gouvernement, il était toujours dans l’opposition !

    Remarquons, en passant, que si le nouveau ministre a pu tenir des propos si incongrus sans susciter de polémique, c’est évidemment parce que pas grand monde n’attache d’importance à ce qu’il dit ni au micro-parti dont il est issu, un parti qui est d’ailleurs au gouvernement pour la seule raison qu’il ne représente rien.

    Jounaïdi, c’est pareil. Etant dans l’opposition, il ne peut décemment soutenir une loi de finance si justement décriée. Mais, étant également un parti du gouvernement, il est amené, vaille que vaille, à en appuyer au moins implicitement les projets les plus importants. Il ne peut pas défendre l’idée que soit imposé aux salariés et aux retraités, un gel ou une réduction de leurs déjà maigres revenus, alors, en s’érigeant lui-même en modèle, il en appelle au volontariat. C’est ainsi que, selon moi, doit être compris son post sur facebook.

    Cependant, cela ne saurait constituer une raison valable pour interdire Al Massar. Après tout, direz-vous, en démocratie, il est assez courant de voir des partis qui se réclament de la gauche soutenir un gouvernement patronal sans que cela ne justifie une interdiction.

    C’est regrettable mais c’est vrai. Aussi n’est-ce pas pour cela que j’en appelle à sa dissolution mais pour des raisons d’hygiène mentale nationale. Car ce qui caractérise avant tout la déclaration du camarade Abdeljaoued, dont je ne suis pas sûr qu’il perçoive lui-même la signification politique, c’est avant tout sa stupidité, sa grande stupidité, et je pèse mes mots. Comment le représentant numéro un d’un parti qui se targue (à tort, du reste) d’avoir trois quart de siècle d’existence peut-il en arriver à donner de telles inepties pour une orientation politique ? Comment, en ces temps de basculement, de crises et de violents conflits, le dirigeant officiel d’un parti n’a-t-il à proposer comme solution que de prendre pour modèle sa propre – et malvenue – générosité ? Al Massar est, comme chacun sait, un parti au fonctionnement démocratique où les décisions, qu’exprime publiquement son secrétaire général, sont prises collectivement à la suite d’une discussion plurielle entre ses membres.

    Vous vous imaginez les rapports, les exposés, les multiples débats en réunion, pour que finalement ce parti, par la voix de son principal dirigeant, accouche d’une telle stupidité ? C’est grave, non ?

    Je sais, Al Massar n’a aucune influence. Mais ce qui m’inquiète, ce n’est pas l’influence de ses positions politiques. C’est plutôt l’influence de ses positions a-politiques que je redoute. Je n’ai pas fait d’enquête mais un rapide coup d’œil sur la page facebook de Jounaïdi Abdeljaoued laisse penser qu’aucun de ses posts n’a eu autant de « partages », de « like » ni plus de commentaires laudatifs que la dernière ânerie qu’il a pondu. Bientôt, sur la page officielle d’Al Massar, on trouvera des photos de chats, de bébés qui ont une gueule de ftira et Jounaïdi Abdeljaoued demandera au gouvernement de faire de la Saint Valentin une fête nationale.

    Vous saisissez ? Non, répondrez-vous, sans doute plus raisonnables que moi, pourquoi songer à dissoudre Al Massar, il est en train de se dissoudre lui-même…

    Source : Nawaat-tunisia
    #MAGHREB-MACHREQ
    Mouvement social et partis politiques. Vers une nouvelle cohérence national

  • #Islamophobie ou #prolophobie ?, par Benoît Bréville (Le Monde diplomatique, février 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/02/BREVILLE/52625
    Très bonne réflexion. J’avais déjà noté l’étrange consensus autour du mépris du cassos

    Fréquemment attaqués par les médias et les dirigeants politiques, les étrangers et les Français musulmans ont peu d’armes pour se défendre dans l’arène publique, ce qui permet au discours raciste de fonctionner à plein régime. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les Roms, groupe le plus dépourvu de ressources pour s’opposer aux discours stigmatisants, font l’objet d’attaques plus rudes encore, depuis M. Jean-Marie Le Pen, qui juge leur « présence odorante et urticante », jusqu’à M. Manuel Valls, selon lequel « les Roms ne peuvent pas s’insérer en France, dans leur majorité » et ont donc « vocation à rentrer chez eux ».

    • quant aux roms et gens du voyage : la chronique du prétoire en pqr risque de couter cher aux malins qui voulaient rendre les poules volées : dab , ferrailles , bagnoles et engins , bijoux etc ; d’une autre manière que devient une cause juste quand elle ne l’est plus

    • L’idée que les populations arabe et noire posent un problème inédit dans l’histoire de l’#immigration a progressivement gagné l’ensemble du spectre politique. Elle divise même la #gauche radicale, dont certains courants postulent la singularité des immigrés « postcoloniaux » et de la manière dont ils seraient perçus par les « Blancs ». « Le traitement des populations issues de la colonisation prolonge, sans s’y réduire, la politique coloniale », indique l’appel des Indigènes de la République lancé en 2005. « C’est bien en tant qu’Arabes, que Noirs ou que musulmans que les populations issues des anciennes colonies sont discriminées et stigmatisées (11) », estime Sadri Khiari, l’un des fondateurs du mouvement. Selon lui, la « violence spécifique dont les Noirs et les Arabes sont l’objet ou qu’ils portent dans leur mémoire en tant que descendants de colonisés et émigrés-immigrés (...) détermine des revendications qui n’appartiennent qu’à eux, comme celles relatives aux discriminations raciales, au respect de leurs parents, à l’abrogation de la double peine ou, pour les musulmans, au droit d’avoir des lieux de prière dignes et de porter le voile. En réalité, même lorsque leurs exigences sont identiques à celles de leurs voisins blancs, eh bien elles sont différentes (12) ».

      Ce discours, qui contribue à mettre en #concurrence_des_causes_légitimes (celle des #classes_populaires « blanches » et celle des « #minorités ») en privilégiant ce qui les sépare au détriment de ce qui les rapproche, s’appuie sur un postulat discutable : si les Noirs et les Arabes sont discriminés, est-ce essentiellement en fonction de leur couleur de peau ou bien en tant que #pauvres ? L’exemple des « contrôles au faciès », à l’origine de fréquents affrontements entre jeunes et policiers, éclaire la problématique. En 2007-2008, deux sociologues ont suivi discrètement des patrouilles de police aux abords des stations de métro Gare-du-Nord et Châtelet - Les Halles, à Paris (13). Passant au crible cinq cent vingt-cinq contrôles, ils constatent que les personnes identifiées comme « noires » ou « arabes » ont respectivement 6 et 7,8 fois plus de risque d’être contrôlées que les Blancs. Mais une autre variable s’avère tout aussi déterminante : l’apparence vestimentaire. Les personnes vêtues d’une « tenue jeune », en particulier celles qui arboraient un « look hip-hop », présentent 11, fois plus de risque d’être contrôlées que celles portant une « tenue de ville » ou « décontractée ». Autrement dit, un « Blanc » avec un survêtement et une casquette — la panoplie de la jeunesse populaire de banlieue — est plus exposé à la répression policière qu’un « Noir » portant un costume et une cravate.

      Evidemment, la frontière entre ces variables n’est pas étanche. La jeunesse d’origine immigrée est nettement surreprésentée dans la population affichant un « look hip-hop ». Les discriminations raciales s’ajoutent aux inégalités sociales pour les renforcer, rendant ces deux problèmes indissociables. Le choix d’insister sur tel ou tel critère — la couleur de peau ou l’appartenance aux classes populaires — est à la fois politique et stratégique. Il participe de la définition des fractures de la société française. Souligner la composante sociale des inégalités permet de combattre l’idée que les populations d’origine maghrébine et africaine constitueraient un problème spécifique, totalement distinct des précédentes vagues migratoires et des classes populaires dans leur ensemble.

  • fondation birgitte bardo. Aïd el-Kebir : l’abattage clandestin ne doit plus être toléré !
    https://www.facebook.com/media/set/?set=a.1203866906295294.1073741899.660605300621460&type=3&pnref=story

    nous ne pouvons que constater l’organisation d’un lieu de sacrifice, saisir les moutons est malheureusement impossible, les autorités ne peuvent que négocier leur transport vers l’abattoir pour mettre fin à l’abattage clandestin.

    Nos rescapés sont désormais en sécurité…

  • Pour une approche matérialiste de la question raciale. Une réponse aux Indigènes de la République
    http://www.vacarme.org/article2778.html

    Les Indigènes de la République ont contribué à rendre visible un racisme de gauche, appuyé sur le racisme intégral consubstantiel à la société française, mais seraient-ils prisonniers de ces enjeux ? Une analyse systématique des champs de force qui s’exercent sur les plus précarisés permet de sortir de l’ornière : une critique conséquente de l’invisibilisation des questions raciales et de genre, échappant au grand jeu identitaire de l’extrême droite, ancrée dans la critique de l’économie politique.

    Lire aussi l’entretien que nous a accordé Houria Bouteldja dans le numéro 71 (printemps), « Revendiquer un monde décolonial »
    http://www.vacarme.org/article2738.html

    Le Parti des indigènes de la République, a adopté depuis longtemps un objectif de dénonciation de la racisation opérée en France. Il clive la gauche antiraciste. Notre sentiment est qu’il convient d’éclaircir la connaissance de cette formation à un moment où ses positions politiques heurtent notre logique aussi bien tactique que stratégique face à la montée des périls : puissance de l’extrême droite, de l’intégrisme identitaire et religieux, de l’antisémitisme et de l’islamophobie. Il nous semble dans ce contexte d’autant plus important d’être capable de nous parler, ne serait-ce que pour que chacun sache à qui il parle et mesurer les profonds désaccords qui nous séparent, certains irréconciliables, d’autres non.

    • Vacarme critique les Indigènes : la faillite du matérialisme abstrait
      http://indigenes-republique.fr/vacarme-critique-les-indigenes-la-faillite-du-materialisme-abst

      Le trio adopte l’idée anticapitaliste la plus classique selon laquelle le capitalisme aurait entraîné, au gré des besoins de l’accumulation, divers processus de racialisation (je ne m’attarderai pas sur sa tendance à appuyer lourdement sur l’origine sociale de la race comme sur une trouvaille brillante – dans un débat sur le PIR cela revient, en termes de pertinence, à rappeler que l’eau mouille ou que le soleil chauffe). Or il n’est pas absurde, dans une perspective décoloniale, de formuler exactement l’hypothèse inverse : c’est le capitalisme qui naît du racisme . J’ai évoqué plus haut la conquête des Amériques. L’étape historique suivante, celle de la traite transatlantique, est ici décisive. Ce ne sont pas de nébuleuses « dynamiques actuelles » qui lient le racisme aux échanges économiques globaux : il en va ainsi depuis le XVIe siècle ! Les remarques de CLR James selon lesquelles les plantations de la Caraïbe préfigurent les usines de l’ère industrielle sont aujourd’hui bien connues. L’historien Marcus Rediker va plus loin encore dans ses recherches sur le navire négrier qui, selon lui, fut « l’élément central d’un ensemble de bouleversements économiques profonds et interdépendants qui furent essentiels à l’essor du capitalisme »[5]. En effet, le négrier, liant intimement accumulation et répression, était à la fois une factory, c’est-à-dire un établissement commercial itinérant, et la première forme de prison moderne, en un temps où elle n’existait pas encore sur la terre ferme.

    • La philosophie des Indigènes cherche à s’épargner deux écueils, qui prennent la forme de deux injonctions. D’un côté, l’alliance de la contrainte et de l’essence (« Reste ce que tu es ! »), et de l’autre la contrainte d’être sans essence (« Deviens rien ! »). Le #PIR envisage une essence sans contrainte, c’est-à-dire la reconnaissance des attachements, des croyances dans lesquelles sont pris les individus et les groupes, la finitude de leur mémoire. Mais aussi la connaissance du fait que ces attachements eux-mêmes peuvent devenir mortifères, et ne méritent jamais d’être pris pour des fins en soi. Les temps, les circonstances changent, et il peut être nécessaire de se détacher, d’abandonner ce qu’autrefois l’on a cru ; mais il n’y a pas de révolution mémorielle. La transformation est possible, pas le devenir rien. Frantz Fanon comparait ce processus à l’émergence de la maturité. L’adolescent rêve d’échapper à toutes les règles, de tout tenir de lui-même. Mais l’erreur serait de s’imaginer, au contraire, que devenir adulte revient à suivre des règles définies, à savoir se conformer. En vérité, être adulte c’est connaître son héritage, mais savoir qu’il est possible de le trahir, c’est-à-dire d’enfreindre les règles pour en établir de nouvelles, pour faire advenir le mieux. Faire vivre son essence, c’est-à-dire sa mémoire, sans jamais en être l’esclave, voilà une position #décoloniale. La politique indigène, comme le souligne Sadri Khiari, ne vise pas l’homogénéité [21].

      Ce passage me rappelle l’ouverture du chantier #race du numéro 71, « la race n’existe pas, mais elle tue »
      http://www.vacarme.org/article2736.html

      Autre passage :

      Cette gauche-là hait le PIR parce qu’il existe. Sa rancune ne procède pas du mal qu’il lui fait, mais elle ne lui pardonne pas de ne pas lui vouer l’admiration qui lui fait tant défaut. Sa pratique religieuse et incantatoire de la politique se trouvant dans l’impasse, elle cherche des coupables. Or son erreur est d’avoir pris ses principes, sa morale généreuse, fondée sur la défense de tous les opprimés en vrac (prolos, femmes, homos, indigènes, etc.), pour une perspective et un projet politique. Cet idéalisme s’étant révélé impraticable sur le terrain, ceux qui le prônent en sont réduits à persifler sur quiconque privilégie la cohérence plutôt que l’orgueil. Cette frange de la gauche française crache sur le PIR comme elle retweet sur Podemos : pour oublier qu’elle ne peut pas. Au lieu de faire des Indigènes l’objet de sa colère, elle devrait chercher les causes de sa propre impuissance.

      Je ne sais pas si @Vacarme est cette « gauche qui hait le PIR » : les auteures de la réponse controversée ne sont pas membres du CR, et tout commence tout de même par un long entretien avec l’une de ses porte-paroles (histoire de nuancer l’accusation faite de "verrouiller le débat")… mais en tout cas, spécialiste de l’impuissance politique, c’est très clair !

      Cf. « Yes we can’t »
      http://www.vacarme.org/article2275.html

      cc @pguilli @caroiza @vally @baroug

  • Sur le trotskisme en Tunisie. Entretien avec Sadri Khiari | Contretemps
    http://www.contretemps.eu/interviews/sur-trotskisme-en-tunisie-entretien-sadri-khiari

    Sadri Khiari, l’un des anciens animateurs de la IVe Internationale en Tunisie et cofondateur du Parti des indigènes de la république en France, revient sur son parcours ainsi que sur les différentes phases du trotskisme en Tunisie. Ce retour permet de mettre en perspective les défis actuels de la révolution avec les anciens débats de la gauche tunisienne.

  • Les identitaires de gauche, généalogie d’une dérive, Germinal Pinalie
    http://blogs.mediapart.fr/blog/germinal-pinalie/150115/les-identitaires-de-gauche-genealogie-dune-derive

    Les identitaires de gauche ont en commun avec la droite et l’extrême-droite ce paradigme qui confère aux réalités que Marx avait désignées comme des constructions historiques le statut de caractéristiques intrinsèques, de véritables #essences des individus. Pour des raisons à chaque fois différentes qu’il faudra analyser, ils prennent pour argent comptant ce dont Marx a expliqué la valeur très relative. Afin d’ancrer cette analyse dans le réel le plus directement accessible, la première approche du paradigme portera sur les discours d’identitaires de gauche hexagonaux et contemporains, la « #Gauche_populaire » et les « Indigènes de la République », deux mouvements nés à Paris dans la deuxième moitié des années 2000 et réunissant des chercheurs et des militants issus de partis de gauche. Ces deux groupes sont à la fois très peu nombreux et particulièrement visibles médiatiquement. S’exprimant essentiellement à travers des livres et des tribunes dans la presse, ils ont développé deux discours en apparence très différents, mais qui, nous allons le montrer, fonctionnent en miroir dans le cadre du paradigme identitaire. #Christophe_Guilluy, géographe issu du chevènementisme et associé à la Gauche Populaire, a développé au cours des années 2000 un argumentaire à l’appui d’un appel au Parti Socialiste à se reconnecter avec les #classes_populaires « blanches » (c’est lui qui parle en termes de race) déclassées par la mondialisation en adoptant un discours et une pratique ferme vis-à-vis de l’#immigration, sous peine de les voir reporter leurs voix sur le Front National. Le #PS devrait donc selon lui s’adresser aux « autochtones » (c’est l’expression qu’il utilise) en tant que tels, et tenter de capter leur vote identitaire. Sadri Khiari, universitaire d’origine tunisienne et ancien militant trotskiste, a conçu autour de la création du mouvement (aujourd’hui « parti ») des Indigènes de la République un tout autre argumentaire qui s’adresse lui aux « non-blancs » en tant qu’ils sont placés en France dans un rapport colonial où ils ont le même statut « d’indigènes » que leurs parents dans les colonies. Le #PIR entend donc organiser ces « indigènes » dans un cadre débarrassé de la tutelle de la « gauche blanche ». Apparemment totalement opposées politiquement, ces deux tendances ont en fait tout un langage commun, des logiques d’assignation de statuts et de rôles exactement semblables qui déterminent leurs prises de position de façon symétrique. Les mots « #autochtones » et « #indigènes », par ailleurs parfaitement synonymes, sont les signes les plus visibles de l’existence du #paradigme_identitaire.

    #identitaires_de_gauche #métissage (refus du)

    • Les dangers des identités fermées de l’air du temps néoconservateur, Philippe Corcuff
      http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-corcuff/270314/les-dangers-des-identites-fermees-de-l-air-du-temps-neoconservateur

      Les pièges de l’#identité_culturelle (Berg International, février 2014, 128 p., 16 euros).
      L’anthropologue Régis Meyran et le sociologue Valéry Rasplus situent leurs analyses au croisement de l’épistémologie des sciences sociales et l’histoire des idées, en envisageant leur portée politique. La première partie du livre est consacrée à un panorama synthétique et international quant à l’histoire de la notion de culture dans les sciences sociales. La seconde partie décrypte certains effets politiques de cette notion en France. La logique principalement scientifique de la première partie vient éclairer la vigilance éthique et politique déployée dans la seconde. C’est là que les auteurs abordent frontalement ces zones troubles particulièrement travaillées aujourd’hui, selon des modalités à la fois différentes et convergentes, par la #lepénisation, la #zemmourisation, la #soralisation des esprits et même parfois…à gauche...

      #De_Benoist #Taguief #Laurent_Bouvet #Valls #Jean-Claude_Kaufmann

    • « Insécurité culturelle » et différentialisme de gauche
      Valéry Rasplus, Régis Meyran, juin 2012
      http://www.liberation.fr/societe/2012/06/04/insecurite-culturelle-et-differentialisme-de-gauche_823553

      Après la Droite populaire, c’est au tour aujourd’hui de la Gauche populaire d’utiliser des concepts socio-anthropologiques qui pourraient s’avérer glissants. La Gauche populaire est un jeune collectif d’intellectuels, initié par le politologue Laurent Bouvet, qui explique la montée du vote pour le Front national dans la récente élection présidentielle non seulement par « l’économique et le social » mais encore, et c’est là sa trouvaille, par des « variables culturelles » telles que « la peur de l’immigration, des transformations du "mode de vie", de l’effacement des frontières nationales ».

    • Je trouve très intéressante les analyses des Indigènes de la République. Pourtant je suis blanche.
      L’Union Française Juive pour la Paix (UFJP) dialogue manifestement aussi très bien avec les Indigènes de la République.

      Alors la « dérive » est peut-être chez Germinal Pinalie ...
      C’est évident qu’il y a des « minorités visibles » qui sont « racialisées » dans notre société. Et elles le sont particulièrement par le milieu politico-médiatique. Le dénoncer c’est faire avancer les choses.

      Bon j’ai lu que le résumé du billet. Pas le temps de lire l’intégrale du billet de Pinalie.

    • Le P.I.R en débat via @paris (luttes infos)
      http://luftmenschen.over-blog.com/article-les-effroyables-imposteurs-du-12-janvier-125634240.h


      Houria Bouteldja, quoi qu’elle en dise est une bonne réprésentante de cette gauche là. La porte-parole des #Indigènes de la République peut toujours prétendre se distinguer de la « gauche française » : mais au quotidien depuis dix ans, elle passe une bonne partie de sa vie politique dans les meetings de cette #gauche dont elle prétend être autonome . Il ne suffit pas d’y jouer le rôle de la « petite voix rebelle » pour faire oublier qu’elle y est à la tribune, applaudie par ses pairs universitaires. Il ne suffit pas de prétendre qu’on est une « bannie » et une « ostracisée » pour tromper celles et ceux qui le sont vraiment : des colloques à l’université de Berkeley aux plateaux de Ce Soir ou Jamais, Houria Bouteldja a la vie ordinaire d’une responsable de gauche radicale, avec ses tribunes médiatiques et politiques régulières ….tant qu’elle reste dans les clous que d’autres ont planté pour elle.

      Aujourd’hui, les Indigènes de la gauche radicale antisémite sont là pour dire tout le mal des Juifs que le militant franco-français ne veut pas exprimer en premier. Aussi bien depuis les attentats, on sent évidemment comme un flottement dans la partie de la gauche qui n’a jamais reconnu l’antisémitisme que du bout des lèvres, pour reprendre aussitôt ses diatribes contre le CRIF et l’ « instrumentalisation d’un antisémitisme résiduel ». Cette gauche qui a soutenu Dieudonné très, très tard, cette gauche qui voit des « sionistes » partout, le clame haut et fort, pour ensuite s’étonner qu’on la prenne au mot et qu’on attaque des synagogues ou des commerces Juifs.

    • J’aimerai bien avoir des exemples précis de l’antisémitisme du PIR. Ce texte défait le 2 poids 2 mesures ce qui me semble un peu léger, la concurrence mémorielle qui a de véritables causes et une littérature, plus une tartine sur le philométisme. Négation du poids de la race. Etc, etc...
      "Je pense aussi au Parti des Indigènes de la République, qui s’efforce de construire une stratégie politique ayant pour but l’accès à l’égalité des droits pour les descendant-e-s d’immigré-e-s, et qui a fait l’objet de ripostes assez violentes lors de sa création en 2005 sur le thème suivant (je résume grossièrement) : « mais pourquoi tou-te-s ces arabes se réunissent entre elleux, enfin, illes ne voient pas que cela dessert leur cause de se présenter de façon aussi sectaire ? »…

      Je pense que ces quelques problèmes qu’ont pu subir les tentatives d’auto-organisation des descendant-e-s d’immigré-e-s sont liés à la façon dont cet antiracisme « respectable » est conçu : vu qu’il ne s’agit que d’avoir la certitude individuelle que l’on est du bon côté, une lutte collective où des descendant-e-s d’immigré-e-s décideraient de se réunir pour lutter contre les oppressions dont illes sont victimes, ne peut être qu’un excès inutile que l’on pourrait légitimement taxer de « communautarisme »…"

      http://www.lecinemaestpolitique.fr/ma-colere-yannick-noah-2014-misere-de-lantiracisme

      Rapport colonial et mémoire de l’immigration
      Saïd Bouamama
      De la Visibilisation à la Suspicion : La fabrique républicaine d’une politisation
      http://www.lesfiguresdeladomination.org/index.php?id=313

    • @unagi, ce n’est pas "mon" texte, mais un extrait de texte que je propose ici dans un fil qui traite essentiellement de l’angle identitaire à gauche. Les questions que tu poses pourraient l’être au blog de luftmench. Et peut-être est il souhaitable à propos du P.I.R de lire le blog Pinalie dont un article ouvre ce fil.

      Je n’ai rien à faire de l’antiracisme de bonne conscience, l’antiracisme » qui m’intéresse est celui qui est de nature à mettre en cause l’ensemble de la société (quitte évidemment à mettre le pied dans la porte de la forteresse par un aspect partiel devenu soudain explicitement intolérable, problématique). C’est comme ça que j’ai plusieurs fois rappelé ici que le gouvernement socialiste à dès 1982/1983 dénoncé les grévistes arabes de l’automobile comme « musulmans » qui sabotaient la production nationale, a en 1988 instauré un RMI qui supposait deux ans de « séjour régulier » pour être obtenu par un étranger. Cette gauche est nationaliste, ex SFIO (Guerre d’Algérie), chauvine (le « produisons français du P« C »F), cette gauche gère le capitalisme français c’est à dire l’exploitation et la relégation des immigrés et des « issus de », quitte à intégrer la mondialisation néolibérale comme elle l’a fait depuis.

      Pour ce que je connais, l’autonomie des "issus de l’immigration" a été brisée durablement et sciemment par l’OPA politique SOS racisme pour le compte de l’état PS et de l’enseMble de la gauche « représentative ». La grille de lecture en terme de « communautarisme vient ensuite dénoncer nombre de reprises sur ces enjeux, ça il me semble que nus en sommes d’accord.

      Le choix de se dire « indigène » peut se lire de deux manières au moins. L’une m’agrée, c’est le « nous sommes d’ici » (quitte à ne pas pratiquer seulement la liberté d’installation, le refus des discriminations mais aussi d’exercer un « droit à la mobilité »), assertion féconde aux conséquences incalculables que je détaillerais pas. L’autre me parait plus problématique puisque de la nécessité de dire le caractère colonial de la société française, on tend à proposer une grille de lecture de celle ci où non seulement le passé n’est pas passé (ce qui est fondamentalement juste) mais où ce passé là serait l’explication centrale de la situation actuelle. Je préfère me souvenir que les interpellés et condamnés après les émeutes de 2005 n’étaient pas tous loin de là des « issus de l’immigration », tout comme ils n’étaient pas tous déjà du gibier à prison, déjà « connus des servies de police », comme le racontait la presse.

      Sinon pour ce qui est du rapport au « juif », je crois que le P.I.R est un bon symptôme d’une régression qui les tient plus qu’ils ne la déterminent. Je n’ai pas de « preuves » à fournir, juste un énorme malaise ressenti depuis longtemps, et aussi la fréquentation intermittente de quelques personnes qui les ont quitté suite à des désaccords idéologiques (essentialisme).
      Depuis les années 70’, c’est au plan mondial qu’un éloignement puis une rupture (dans bien des cas) intervient entre ces minorités (quantitatives et politiques) « ethniques » ou « raciales » (cf exemple des juifs et des noirs étasuniens). Les avatars de la révolution palestinienne, avec l’involution de nombre de forces impliquées vers l’islam (phénomène brillamment entretenu et suscité par la politique israélienne), c’est-à-dire pour partie vers le seul #internationalisme apparu comme praticable dans la conjoncture depuis le début des années 80, n’y sont pas pour rien non plus.

      Rien de bouclé... L’histoire continue. J’arrête là faute de temps et avec la crainte qu’une mienne propension à la maladresse d’expression et aux difficultés à déployer un tant soit peu un argumentaire (ce qui pousse tout lecteur à imaginer ce qui aurait pu être dit là où rien n’e l’est...) ait déjà compromis une suite éventuelle :)

    • Je lirai tout un peu plus tard et désolé pour « ton texte ».
      Les maladresse hors féminisme ^^ sont admises.
      Et je n’avais lu l’intitulé de l’article...
      Mon post car ca plusieurs fois que je lis PIR et anti sémitisme sans autre argument que le texte que tu présentes. La position du PIR vis à de l’homosexualité était autrement plus explicite ; il n’y a pas l’homosexualité dans les quartiers, l’homosexualité reste un trait culturel de la population blanche.

  • Intervention de Houria Bouteldja lors de la plénière de clôture « Au-delà de l’impérialisme » au colloque Penser l’émancipation http://penserlemancipation.net la semaine dernière à Nanterre.

    Dieudonné au prisme de la gauche blanche ou comment penser l’internationalisme domestique ? | Les Indigènes de la République
    http://indigenes-republique.fr/dieudonne-au-prisme-de-la-gauche-blanche-ou-comment-penser-lint

    Avant de commencer, permettez-moi de faire un petit préambule en quatre points :

    1/ Je voudrais prévenir que mon propos n’est pas de gauche. Il n’est pas de droite non plus. Mais il n’est pas extra-terrestre. Il est décolonial. J’ai envie de vous dire qu’à la fin de mon intervention, ce sera à vous de décider s’il est de #gauche ou pas ou en d’autres termes s’il pourrait vous appartenir, ou en d’autre terme si vous pensez qu’il pourrait s’intégrer au logiciel #politique de la gauche radicale.

    2/ Je vous invite également à garder en tête que je suis une indigène de la république, qu’il s’agit là d’un statut politique et social, que je parle à partir de l’expérience historique et sociale d’un sujet colonial. Cette positionnalité introduit dans le débat et dans la lutte une dialectique et des conflictualités paradoxales qui mettent en évidence un autre axe de clivage qui est la race et la colonialité du pouvoir et qui souvent brouillent le clivage gauche/droite. C’est ce brouillage que nous tentons d’expliquer par le concept d’ « espace/temps » mais que je n’ai pas le temps de développer ici.

    3/ J’ajoute que j’appartiens à une organisation politique et qu’au sein de celle-ci, nous réfléchissons principalement en termes d’enjeux politiques, de rapports de force, de pouvoir, de stratégie et non en terme de morale abstraite et de principe.

    4/ Enfin, retenez cette citation de Sadri Khiari : « Parce qu’elle est le partenaire indispensable des indigènes, la gauche est leur adversaire premier ».

    #race cc : @alaingresh @mona @isskein

    • De ce point de vue-là qui est un point de vue matérialiste, les populations issues de l’immigration et des quartiers n’ont aucune raison de rester fidèles à la gauche. Et ils ont raison. Leur tort n’est pas de se libérer de la gauche. Leur tort c’est de passer d’un maître à un autre. De changer de tuteur. Leur tort ici, c’est de choisir la facilité. De fuir les sentiers de l’autonomie.

      #émancipation #post-colonialisme #racisme #extrême-droite

    • C’est probablement ça leur « positionnalité » comme dit cet Houria. Pur baratin, sous-branche des études de genre, catégorie : je-réfléchis-blah-blah

    • tbn, comment construire une réflexion politique sans « principe » guidant ta recherche ?
      Ni « extra-terreste » mais « décolonial », dit le type dans sa 1° partie définissant les caractéristiques même de sa « pensée ». « Décolonial » ? c’est quoi ? Et la « colonialité » ? Charabia, verbosité d’une pensée absente, parlotte... Une confusion sans limite squatte cet esprit désespérément à la recherche d’un nouveau sens à donner à sa vie. « Matérialiste », propose généreusement Rasta, c’est bien aimable ; ce qui est incontestable c’est qu’il y a là un orphelin de la pensée, certes à la recherche d’un maître. Mais cela ne fait pas de lui et des siens un réaliste. Se définissant contre, ils imaginent maîtriser une démarche politique ( paragraphe 3) encore des mots ; ils sont dans le potage car (et parce que) ils refusent les nécessaires outils de toute pensée cohérente.
      Bon, j’en fais pas une affaire...

    • Perso, c’est plutôt tes phrases qui ne sont absolument pas claires et que je qualifierai de « charabia » @paulo. Ça parle dans le flou, on ne comprend pas vraiment de quel sujet tu parles, à quoi tu fais allusion, à quels outils, etc. Comme si tu ne parlais que par private joke, genre « ceux qui savent me comprennent hinhinhin ».

      Avant de dire que le PIR ne se base sur rien, sur du vide, que les luttes décoloniales ne sont que de la « verbiosité » (sic quoi !), peut-être faudrait-il lire un peu, je ne sais pas moi : Césaire, Frantz Fanon, James Baldwin, Edward Said… Que du charabia tout ça…

    • Bon, je vois que tu proposes des lectures. Elles ont été les miennes, il y a déjà longtemps. Avec d’ailleurs le tri que le temps a imposé.
      Quant à ceux-ci , les « PIR » que tu parais comprendre, je ne vois dans ces déclarations aucune cohérence, rien de l’exigence d’un Saïd, par exemple. Uniquement des tentatives pour se donner une ligne politique, bref un groupe à la recherche de son pouvoir.
      Non. Pas de private joke, surtout si l’humour manque.
      Je ne suis pas ici pour convaincre.

    • J’ajoute Rasta ( effet d’amour-propre : paulo est vexé) que je n’ai jamais lu chez Saïd, jamais , cette sorte de néologismes échangés entre des gus qui doivent pour le coup s’entendre à demi-mots.

    • D’ailleurs si Rasta. -ou d’autres- ont des références précises à proposer, je veux bien en échange bouffer mon chapeau. Faut pas jeter des bouquins à la tête du client.

    • Si c’est le néologisme « colonialité » qui te pose problème @paulo, on pourrait le définir par un état d’infériorité subi par des populations colonisées et par leur dépendance vis à vis de la puissance coloniale, dépendance d’ordres divers, de l’économique au psychologique en passant par le culturel.
      C’est marrant, j’étais prêt à te donner les références cités par @rastapopoulos mais il semble que tu aies le don de l’énerver. Me trompe-je ? :-D
      A la décharge de ce dernier, tu as une fâcheuse tendance à affirmer des positions qui mériteraient un tant soit peu d’être développées.
      Pour revenir au contenu, relis tout de même l’article de Houria Bouteldja et aussi (et surtout) les articles qui sont liés :
      http://indigenes-republique.fr/dieudonne-les-juifs-et-nous
      http://indigenes-republique.fr/pour-une-lecture-decoloniale-de-la-shoah avec ce passage qui pose une vraie question

      Des anticolonialistes comme Aimé Césaire à travers cette réflexion « où Hitler a-t-il appris le racisme ? » ont quant à eux établi une filiation nette entre la traite atlantique, le colonialisme occidental et le nazisme. Ces deux pistes de réflexion nous paraissent devoir être prolongées et approfondies dans le cadre de l’effort nécessaire pour déconstruire la Shoah comme « religion civile du monde occidental » (Enzo Traverso) et replacer la dénonciation du génocide nazi dans le cadre d’un projet décolonial, critique de la Modernité.

      En conclusion et pour faire bref, le PIR est contre l’intégrationnisme. Oui, je sais encore un mot en -isme mais qui définit bien la volonté d’assimilation de la part des élites politiques françaises à l’encontre des immigrés en général, comme si on voulait gommer l’identité ethnique et culturelle de tous ces gens qui ont choisi (ou pas) de venir en France. Peau noire, masque blanc, c’est bien cela que Fanon avait dénoncé en son temps.

    • Merci Hombre. Tu te trompes-je pas. J’ai en effet le don d’énerver quelques uns sur le circuit. Pourtant j’aime les lire, enfin, certains.
      C’est regrettable, ça joue des mauvais tours et ça fait mauvais effet.
      Je me souviens d’un gus qui s’était demandé sur ma page : « troll ? ». (Merde à l’unanimité.)

      « Brièveté des positions » ? Oui. C’est qu’il existe une culture ( et même plusieurs), des références et des lectures qui, me semble-t-il, n’ont pas besoin d’être claironnées, vu que le site a par lui-même clairement opéré un tri. Non ?

      ( Je me souviens d’une fille qui avait été jetée dehors d’ici. J’en avais été étonné. Elle était pas casher, loin de là, donc on lui avait coupé le sifflet)
      Puis d’autres accrochages encore, par exemple avec quelque féministe en fureur, avide donner des leçons de correction avec toute la brutalité qui trahissait le simple et dur désir de pouvoir.

      Alors les développements du PIR , ceux rapportés par tbn, faudrait détailler par le menu en quoi c’est une « pensée » d’ectoplasme ? un exposé sans contenu ?
      Ca me rappelle un texte théorique d’un groupe de réflexion communiste rapporté ici, il y a quelques mois. Pure compote de termes, aucun contenu, comique branlette née de l’entre-soi. Quasi-moisi par manque d’oxygène.

      Faudrait pas exagérer, du moins le croyais-je, la solidarité se mérite, et voilà que pas du tout. : je me trompe-je !
      ( re-merde)

      ( quant à « déconstruire » l’holocauste, sous le prétexte de « replacer la dénonciation du génocide nazi dans le cadre d’un projet décolonial, critique de la Modernité », ça me fait spontanément gerber ; je laisse ça à ceux-là qui ne comprennent pas qu’ils sont juifs et palestiniens. Ce qu’avait parfaitement énoncé E. Saïd. Faut dire qu’il ne manquait pas d’air, lui. Né palestinien, avec enfance en Egypte, puis devenu américain ( avec toutes les humiliations)... Ce qui crée des haines durables dans tous les camps.

      « Où Hitler a appris le racisme ? » Grand poète et tout, Aimé Césaire, pas de doute. sauf que cette question révèle une candeur sans fond.
      Ca me rappelle ma mère juive russe (et agnostique) en fuite qui me racontait l’antisémitisme des bolchos, la haine féroce du juif chez les Polonais de l’entre-deux guerres ( encore maintenant) et le mépris subi chez les Anglais, pour être enfin dénoncée en 1943 comme juive aux nazis d’Aloïs Brunner par les russes blancs de Nice. Où donc avaient-ils tous appris la même chose ?

      Déconstruisez moi ça, on va enfin comprendre.

      Comparer les souffrances afin d’en légitimer certaines qui seraient plus actuelles et pas d’autres est simplement abjecte. C’est la caractéristique d’apprentis politiques dévoyés, propagateurs de la confusion actuelle.
      Bon, voilà, tant pis c’est dit et c’est trop long, Hermano.

    • C’est long et rempli de colère. Mais ça donne quelques pistes pour approfondir : par exemple, je ne connais pas encore Edward Said.

      Le racisme est d’une telle complexité qu’on peut s’y perdre.
      La lecture de Lévi Strauss peut être également très éclairante. Surtout dans « Race et histoire »

      Il y a donc une pluralité de cultures. Mais comment les jugeons-nous ? Nous les cataloguons selon deux critères : stationnaires ou cumulatives. Nous considérons comme cumulative toute culture allant dans le même sens que la nôtre, tandis que nous considérons les autres comme stationnaires « non pas nécessairement parce qu’elles le sont, mais parce que leur ligne de développement ne signifie rien pour nous, n’est pas mesurable dans les termes du système de référence que nous utilisons. »

      Lévi-Strauss ajoute que le progrès n’est ni nécessaire ni continu. Il procède par bonds, par mutations. Ces bonds ne consistent pas à aller toujours plus loin dans la même direction. « L’humanité en progrès ne ressemble guère à un personnage gravissant un escalier, ajoutant par chacun de ses mouvements une marche nouvelle à toutes celles dont la conquête lui est acquise. » Une culture momentanément stationnaire nous paraît dépourvue d’intérêt simplement parce qu’elle ne nous ressemble pas.

      Dans http://fr.wikipedia.org/wiki/Race_et_Histoire

      Et le complément « Race et culture »

      Race et culture, commandée en 1971 par l’Unesco à l’occasion d’une Année internationale de lutte contre le racisme. On attendait de lui qu’il reproduise les analyses développées, en 1952, dans Race et histoire et fondées sur le principe fondamental de la connaissance ethnologique : la relativité des cultures et l’impossibilité d’établir entre elles une quelconque hiérarchie. Mais Lévi-Strauss n’aime pas se répéter. Et surtout, il ne voulut pas cautionner le catéchisme moral qui, au prix d’une dangereuse confusion, dénonce comme raciste tout propos ou attitude consistant à manifester une préférence pour la culture à laquelle on appartient. Or le racisme, doctrine qui enracine les particularités intellectuelles et morales dans le patrimoine génétique d’une supposée race, n’est pas l’ethnocentrisme, naïf sentiment de supériorité qui accompagne toute culture. Tout le péché de la conférence de 1971 consistait donc à ne pas faire allégeance à l’idéologie multiculturaliste dont l’auteur, vingt ans plus tôt, pointait pourtant déjà les dangers : car si les cultures renoncent à faire valoir leurs différences au nom du principe de l’égalité des hommes, elles risquent fort de s’engager sur la voie appauvrissante d’une civilisation mondiale homogène.
      Deux textes historiques donc, qui aideront à éclaircir un débat où les bons sentiments éclipsent souvent la rigueur intellectuelle. —Emilio Balturi

  • Tunisie : commentaires sur la révolution à l’occasion des élections | Contretemps
    http://www.contretemps.eu/interventions/tunisie-commentaires-sur-r%C3%A9volution-occasion-%C3%A9lections

    Un article de Sadri Khiari

    Les nombreux commentaires qui ont suivi ces élections interprètent les conflits politiques en Tunisie à travers une grille de lecture eurocentrée, en termes d’opposition droite/gauche, conservateurs/progressistes ou modernistes/islamistes. Or, ce qui caractérise la Tunisie actuelle ce n’est ni une simple opposition entre exploiteurs et exploités, ni la contemporanéité de sphères modernes et de sphères pré-modernes mais, constitutive d’une même modernité, la juxtaposition au sein des rapports sociaux de modalités de pouvoir capitalistes et de modalités de pouvoir inscrites dans la dépendance coloniale toujours réelle. Dans le cadre de cet article, je ne pourrai m’étendre davantage sur cette question.

    La majorité des commentaires qu’ont suscité les élections pèchent également d’un autre point de vue : ils évacuent le conflit politique, c’est-à-dire tout simplement la politique et la stratégie. Les stratégies des différents acteurs, que ce soit le pouvoir ou les forces politiques en compétition, me semblent, au contraire, avoir joué un rôle décisif dans leurs capacités respectives à obtenir les suffrages de la population. Construites dans l’urgence, souvent hésitantes, conditionnées en partie par la culture politique des différents partis et par leurs enracinements sociaux, ces stratégies ont largement déterminé l’évolution des rapports de force sur le terrain – favorisant les uns et sanctionnant les autres.