person:samuel huntington

  • Grégoire Chamayou : « Pour se défendre, le néolibéralisme a fait refluer le trop-plein de démocratie » - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2018/11/09/gregoire-chamayou-pour-se-defendre-le-neoliberalisme-a-fait-refluer-le-tr

    Confrontés à l’activisme des années 70 puis aux exigences éthiques des consommateurs, penseurs libéraux et directions d’entreprises ont mis au point des guides de management et des théories politiques pour défendre le capitalisme contesté. En disséquant ces discours, le philosophe dresse une brillante saga du libéralisme autoritaire.

    Dans sa Théorie du drone, parue il y a cinq ans aux éditions la Fabrique, le philosophe Grégoire Chamayou se penchait sur les enjeux éthiques de cette nouvelle arme de guerre. Avec la Société ingouvernable, une généalogie du libéralisme autoritaire (la Fabrique encore), il prend à nouveau de la hauteur pour dresser une saga du néolibéralisme « par en haut », du point de vue ceux qui ont défendu les intérêts du monde des affaires, aux Etats-Unis, à partir des années 70 : dirigeants d’entreprise, lobbyistes, théoriciens comme Milton Friedman et Friedrich Hayek… Chamayou a analysé les interviews des uns, les manuels de management des autres, les comptes rendus des assemblées générales, les textes de Prix Nobel comme les récits de briseurs de syndicats… « Une littérature grise, dit-il, qui n’est pas publiée en librairie. Les zones grises, aussi, des discours des économistes. Des textes disparates à considérer comme les éléments d’un même ensemble pratique. » Au terme de ce brillant panorama, la Société ingouvernable dresse un constat : le #néolibéralisme dans lequel nous évoluons n’a rien de naturel ni de pur. C’est un système chancelant qui s’est construit à hue et à dia, de manière pragmatique, en réaction à de multiples crises d’une société jamais totalement « gouvernable ».

    Politiquement autoritaires et économiquement libéraux, les gouvernements de Trump ou d’Orbán nous semblent des aberrations. Vous dites à l’inverse qu’ils n’ont rien de contradictoires, pourquoi ?

    On se fait souvent une idée fausse du néolibéralisme comme « phobie d’Etat », anti-étatisme unilatéral. L’actualité montre à l’inverse une nouvelle fois que libéralisme économique et autoritarisme politique peuvent s’unir : le conseiller économique de Bolsonaro, Paulo Guedes, est un « Chicago boy », un ultralibéral formé à l’École de Chicago, qui a enseigné au Chili sous Pinochet. La formule de « libéralisme autoritaire » a été employée dès 1933 par un juriste antifasciste, Hermann Heller, à propos d’un discours de Carl Schmitt face à une assemblée de patrons allemands. Schmitt y défendait un Etat extrêmement fort face aux revendications sociales mais renonçant à son autorité en matière économique. « Un Etat fort pour une économie saine », résumait-il. Cinquante ans plus tard, en pleine dictature Pinochet, le théoricien néolibéral Friedrich Hayek, qui a beaucoup lu Carl Schmitt, confie à un journal chilien : « Personnellement, je préfère un dictateur libéral à un gouvernement démocratique sans libéralisme. » Mais le libéralisme autoritaire a de multiples variantes. Thatcher, elle aussi, vise « un Etat fort pour une économie libre ». En pratique, cela suppose, à des degrés divers, de marginaliser la sphère parlementaire, restreindre les libertés syndicales, éroder les garanties judiciaires… A côté de ce renforcement de l’Etat, on limite, de manière paradoxale, son champ d’intervention. C’est le concept de libéralisme autoritaire : faible avec les forts et fort avec les faibles.

    Vous faites remonter cette forme abâtardie du libéralisme aux années 70, quand le monde des affaires doit réagir à une série de crises qui menacent le système…

    Au milieu des années 70, on pense assister à une crise de gouvernabilité. Dans un rapport de la Trilatérale (1), le néoconservateur Samuel Huntington s’inquiète d’un « déferlement démocratique ». A gauche, Michel Foucault écrit que l’ensemble des procédés par lesquels on conduit les hommes sont remis en question. Non seulement on se révolte partout, mais les techniques de gouvernement sont elles-mêmes en crise. L’Etat-providence qui devait avoir un effet pacificateur a mis le feu aux poudres. Avec le quasi-plein-emploi, les travailleurs ont un rapport de force favorable. Des activistes mettent en cause les pratiques des multinationales et l’État lui-même semble hors de contrôle… Les intellectuels conservateurs s’y résignent : « Il va falloir intervenir. » La « main invisible » ne réglera pas le problème toute seule… Dans ce livre, j’étudie comment ces stratégies se sont élaborées, ce qui ne veut pas dire qu’il y aurait quelque chose comme un « comité central de la classe capitaliste » qui tirerait les ficelles. Au contraire, ce que montrent les documents - articles d’économistes, mais aussi discours de PDG, guides de management… -, ce sont des formulations contradictoires, des réactions pragmatiques à chaque conflit qui surgit. Une pensée qui se cherche en colmatant les brèches.

    Comment le monde de l’entreprise va-t-il réagir à la remise en cause de l’entreprise qui émerge dans la société civile ?

    Le #management était habitué à gérer les conflits avec ses salariés. Il va devoir apprendre à répondre à des assauts externes. En 1970, l’activiste de la New Left mobilisée contre la guerre du Vietnam, Staughton Lynd, pose cette question : pourquoi continuons-nous à manifester à Washington comme si c’était là que se jouait la guerre du Vietnam ? Puisqu’elle est le produit d’un complexe militaro-industriel, il faut attaquer les grandes entreprises de l’armement, envahir les assemblées générales d’actionnaires. Les directions de ces entreprises sont d’abord démunies : des guides pratiques rédigés à l’attention des PDG leur conseillent de surtout rester cool en cas de débordements, on monte des sessions d’entraînement où les salariés jouent le rôle des activistes et soumettent les dirigeants à tous les outrages. « Ça a été l’une des épreuves les plus dures pour le PDG »,témoigne une secrétaire de direction dans l’un des documents que j’ai étudié. Et sans doute un moment jouissif pour les salariés…

    Nestlé, confronté, de 1977 à 1984, à un boycott international qui l’accuse de « tuer les bébés » avec son lait infantile vendu dans les pays du tiers-monde, opte vite pour une autre parade, laquelle ?

    La #multinationale recrute un conseiller en relations publiques venu du renseignement militaire, Rafael Pagan. La différence entre les activistes et vous, dit-il à Nestlé, c’est que les activistes, eux, savent qu’ils font de la politique. Avec sa cellule de crise, Pagan va s’appuyer sur la pensée de Clausewitz : priver l’adversaire de sa force morale. Il classe les militants en plusieurs profils : il faut isoler les « radicaux », avec lesquels il n’y a rien à faire, rééduquer les « idéalistes », sincères mais crédules. La tactique psychologique principale, c’est de les mettre en porte-à-faux, leur montrer qu’alors même ils croient défendre une cause juste, ils font du tort à d’autres groupes. Quant aux « réalistes », on parvient facilement à les coopter, à échanger un accord contre de la gloire ou de l’argent.

    Les années 80 voient émerger les discours sur la « responsabilité sociale » des entreprises. Le dialogue devient une arme dans la panoplie des firmes. Pourquoi ?

    Cela ne figure pas dans l’histoire officielle de la « responsabilité sociale des entreprises », mais une des premières publications sur le sujet a été parrainée aux Etats-Unis par Edward Bernays, l’auteur du fameux Propaganda. Or son modèle - fabriquer du consentement de manière verticale vers un public malléable, a trouvé ses limites. Bien sûr on continuera de faire de la pub, mais il faut recourir à des tactiques plus fines. C’est l’éloge d’une nouvelle idole : la communication dialogique, qu’on oppose à la manipulation. On vante la « coproduction de sens », la « communication éthique », « l’empathie entre les parties prenantes »… Un discours pseudo-philosophique qui masque une stratégie plus offensive. Lorsque Pagan dialogue avec les activistes de #Nestlé, il ne s’agit pas de négocier, c’est une ruse. Le dialogue permet de priver les militants d’une de leurs ressources les plus précieuses, la publicisation du conflit, puisqu’il doit être mené à huis clos. Il épuise l’adversaire dans d’interminables pourparlers, et en posant le consensus comme norme absolue, il permet de disqualifier ceux qui refusent le dialogue comme des irresponsables.

    En parallèle de ces tactiques pragmatiques mises en places par les firmes, les grands théoriciens du néolibéralisme, eux, vont mener une contre-offensive intellectuelle visant à « dépolitiser » l’entreprise afin de la faire échapper aux critiques des activistes.

    Dans les années 60, la pensée « managérialiste » admettait que la firme était un « gouvernement privé », un lieu de pouvoir, qu’il fallait bien tenter de légitimer : c’est notamment le rôle des discours sur la « responsabilité sociale » des entreprises ou le « managérialisme éthique ». Mais à partir des années 70 et 80, les théoriciens néolibéraux vont considérer qu’il est très dangereux de reconnaître ces rapports de pouvoir et de tenter de les justifier. C’est le cas de Milton Friedman qui critique ainsi le « greenwashing » naissant : « Peu de choses me soulèvent davantage l’estomac que de regarder ces spots télévisés qui voudraient nous faire croire que leur seule raison d’être est la préservation de l’environnement. » Pour ces économistes, il faut au contraire inventer une doctrine de l’entreprise qui la dépolitise. Pour cela, dans les années 70, les penseurs des « nouvelles théories de la firme » vont tâcher de déréaliser l’entreprise, dénier les rapports de force qui la constituent et la présenter comme une pure fiction juridique, un simple nœud de contrats. Aujourd’hui, dans les manuels d’économie, on présente ces thèses comme des doctrines neutres. Leurs auteurs, pourtant, les ont explicitement conçues comme des armes intellectuelles pour la défense d’un capitalisme contesté.

    Après les salariés, après les activistes, les néolibéraux s’attaquent à l’Etat lui-même, devenu « ingouvernable ». Comment s’y prennent-ils ?

    Face à l’inflation des revendications, on assiste à ce que Hayek appelle une « crise de gouvernite aiguë » de l’Etat. Ça régule, ça intervient… Comment faire refluer les demandes sociales, le trop-plein de démocratie ? Des économistes de l’université de Saint-Andrews, en Ecosse, proposent une nouvelle stratégie : la micropolitique de la privatisation. Cessons de nous focaliser sur la bataille des idées, disent-ils : conquérir les cœurs et les esprits ne suffit pas à changer les pratiques. C’est l’inverse : il faut changer pas à pas les comportements, et le reste suivra. Ouvrir progressivement les services publics à la concurrence, plutôt que privatiser brutalement, permet de dépolitiser la demande : tandis que l’usager insatisfait se retournait contre les pouvoirs publics, le client mécontent change de crémerie. Une fois la libéralisation actée, ce sont les individus eux-mêmes par leurs microchoix de consommateurs, qui deviennent les moteurs du changement. Le chef de file de ce courant, Madsen Pirie, cite l’exemple de la #dérégulation, par une Thatcher fraîchement élue, en 1980, du transport interurbain par bus - amorce pour la privatisation des chemins de fer britanniques…

    Votre livre approche l’entreprise par la philosophie. Pourquoi dites-vous que cette discipline tente trop rarement de saisir cet objet ?

    En philosophie, on a des théories de la souveraineté politique qui remontent au XVIIe siècle, mais peu de traités sur l’entreprise. Quand la philosophie intègre la question à ses enseignements, c’est trop souvent en reprenant les discours indigents produits dans les business schools. Il serait temps au contraire de développer des philosophies critiques de l’entreprise. Ce livre est un travail en ce sens, une enquête sur des catégories centrales de la pensée économique et managériale dominante. A la crise de gouvernabilité a répondu un contre-mouvement, une grande réaction où se sont inventés des nouveaux arts de gouverner, encore actifs aujourd’hui. Alors même que ces procédés de pouvoir nous sont appliqués en permanence, nous connaissons mal leur origine et leurs ressorts fondamentaux. Or, je crois que vendre la mèche, exposer leurs stratégies peut contribuer à mieux les contrer. Ce qui a été fait, on peut le défaire. Encore faut-il en connaître l’histoire.

    (1) Créée en 1973, la Commission trilatérale réunit des centaines de personnalités du monde des affaires et de la politique favorables à la globalisation économique.
    Sonya Faure

    Lien déjà cité par ailleurs mais sans l’interview en entier.

    #chamayou #capitalisme #entreprise #libéralisme #autoritarisme #état #privatisation

  • A propos de Bernard Lewis - Actuarabe
    http://actuarabe.com/a-propos-de-bernard-lewis

    Lewis a joué un rôle direct dans la politique américaine depuis son arrivée aux Etats-Unis en conseillant les preneurs de décisions. Il était considéré comme le « roi des historiens » du Moyen-Orient, avec son expérience sans pareille. Lewis est considéré comme le véritable auteur de la théorie du choc des civilisations, dont il a parlé dans un article publié en 1990 dans The Atlantic ayant pour titre « Les racines de la colère musulmane », soit deux ans avant la publication du fameux livre de Samuel Huntington.

    Il y parlait de l’inévitable choc des civilisations entre l’Islam et l’Occident car la pensée musulmane est réfractaire à la modernité et aux valeurs occidentales selon lui. Elle refuse de reconnaître la supériorité des valeurs occidentales et sa défaite. Lewis considère qu’il n’y a aucun lien entre la colère des musulmans d’un côté, l’injustice et la colonisation des mondes arabe et musulman de l’autre. Pour Lewis, le conflit israélo-arabe fait partie de la lutte entre la civilisation islamique et l’héritage judéo-chrétien.

  • She Left #Harvard. He Got to Stay.

    Did the university’s handling of one professor’s sexual-harassment complaint keep other women from coming forward for decades?

    Karl’s first semester at Harvard went well. Her course evaluations were excellent, she remembers. When Domínguez came by her office one day that summer, he wrapped her in his arms and tried to kiss her. She pulled away, though she didn’t make a scene. She didn’t want to offend him. Domínguez offered a parting suggestion: Don’t spend too much time on students, he said, because teaching is not what Harvard rewards.

    She mentioned the hug and kiss to some friends, but didn’t report him to administrators. She hoped it was an aberration.

    That fall, Harvard hosted a dinner that included, as a guest, the former president of Venezuela, Rafael Caldera. Karl had done research in Venezuela, and had gotten to know Caldera. When she arrived at the dinner, Domínguez greeted her then turned to Caldera and said, “Conoce a Terry. Ella es mi esclava.”

    Translation: “You know Terry. She is my slave.”

    Domínguez asked for a ride home that night, as he often did. She had come to dread those requests, but it was hard to say no. In the car, she confronted him about the comment. He told her he was surprised that she was offended. That’s when he kissed her and slid his hand up her skirt, telling her he would be the next department chairman, decide her promotion, review her book. Karl froze. She had never even heard the term “sexual harassment,” but she knew what was going on. “I’m feeling like somebody is asking for sexual favors in return for a good review,” she says.

    Later, she would scold herself for being naïve, for not recognizing what seemed, in retrospect, like an obvious ploy. She also told herself she could handle it. “You try to minimize it,” she says. “OK, this just happened in the hotel, and I’m going to lunch with him and I’m going to say ‘Don’t ever do this again’ and it’s going to be OK. You tell yourself over and over, ‘It’s going to be OK.’”

    Considering his previous behavior, Karl took the statement as a threat. “At this point, I became physically afraid of him,” she would later write when describing the incident in a complaint filed with the Equal Employment Opportunity Commission. She was determined never to be alone with him again.

    At the end of July 1983, Karl and Domínguez signed an agreement, one she hoped would offer some measure of protection. Domínguez promised to “conduct himself in the future at all times in a fashion respectful” of Karl. In August, Rosovsky wrote in a letter to Karl that Domínguez’s “repeated sexual advances and certain other deprecating actions” amounted to a “serious abuse of authority — for which he is fully responsible.” Along with being temporarily removed from administrative responsibilities, he was also forbidden from reviewing Karl’s work or taking part in discussions about her promotion. As for Karl, she was given three semesters of paid leave, and her tenure clock was put on hold for two years. In addition, Rosovsky said that administrators would talk more about sexual-harassment procedures and that the faculty council might address it.

    But the books weren’t closed yet. Karl was hearing rumors that made her worried about her reputation. In October Domínguez met with a number of graduate students, including Philip Oxhorn, now a professor of political science at McGill University. Oxhorn recalls that Domínguez told the students what happened was “a love affair gone bad, and that he was as much a victim as Terry, if not more so.” Another graduate student who was at that meeting, Cynthia Sanborn, now research vice president at the University of the Pacific, in Peru, later described it in a letter to Rosovsky: “[Domínguez] clearly implied that his harassment of the junior professor in this case was actually a ’misunderstanding,’ and if he could only tell us his side of the story we would see things differently,” she wrote.

    Meanwhile Domínguez steadily climbed the ladder at Harvard. In 1995, he was selected as director of the Weatherhead Center for International Affairs, a post previously occupied by scholarly heavyweights like Samuel Huntington and Robert Putnam. In 2006, he was made vice provost for international affairs, and, in 2014, he and Harvard’s president, Drew Gilpin Faust, traveled to Mexico City together as part of the university’s international outreach. In 2016, a dissertation prize was set up in Domínguez’s honor at the university’s Latin American-studies center. Originally the prize, and the $54,000 raised to support it, was to be given through the Latin American Studies Association, but when some who knew about Domínguez’s behavior, including Philip Oxhorn, caught wind of the plan, they worked behind the scenes to scuttle it. “This was not a man who deserved that kind of recognition,” Oxhorn says.

    Karl believes Harvard administrators played down her many complaints, attempting to mollify her rather than dealing with a difficult situation head-on. Harvard refused, as some universities still do, to publicly name the person responsible. They also let him stay, and promoted him, which sent a signal that Karl believes discouraged others from coming forward. If they hadn’t done that, "then these women who experienced harassment in the 1990s and 2000s, it wouldn’t have happened, or they would have known that someone would be punished if they were harassed,” she says. “That’s the great enabling. It’s why the silence is so terrible.”

    https://www.chronicle.com/interactives/harvard-harassment
    #université #harcèlement_sexuel #injustice #Teddy_Karl #témoignage

  • The Real History of Hindu-Muslim Relations Under Akbar | The Diplomat

    https://thediplomat.com/2017/12/the-real-history-of-hindu-muslim-relations-under-akbar

    In October this year, Sangeet Som, a member of the Uttar Pradesh (UP) legislative assembly from the ruling Bharatiya Janata Party (BJP) shocked the country by calling the Taj Mahal a blot on Indian culture. Built by the Mughal king Shah Jahan in memory of his wife Mumtaz Mahal, the Taj, situated in Agra in Western UP has for centuries been synonymous with India and Indian culture.

    I was born Agra and spent 18 years there. For as long as I can remember, this incredible monument has been a source of pride for a city that – thanks to rampant corruption, malfeasance, and public apathy –has little else to be proud of. Yet, on my latest visit, which happened to be a few days after Som’s remarks, I sensed a change. While not many were ready to disown the Taj as readily as the BJP’s Som, they agreed with the spirit of his argument.

    “Mughals were obviously traitors,” said my grandfather. “Don’t call it that!” admonished my aunt when a neighbor’s kid compared the marble on our courtyard floor to the Taj Mahal. “The BJP has put the Muslim in his place,” my childhood friend rejoiced. I was a foreigner in my own city.

    Enjoying this article? Click here to subscribe for full access. Just $5 a month.
    In hindsight, though, I should not have been surprised. Som’s statements are symptomatic of the communal malaise that has gripped India for centuries now. Since coming into power at the center and in various states the BJP has tapped into it and exacerbated it – but the blame for the malaise’s origin cannot be placed at its feet. Nor is the BJP original in using communalism as a political weapon. The Hindu-Muslim divide was fostered by the British to maintain the Raj, used by Mohammad Ali Jinnah to garner support for the creation of Pakistan, and then exploited by the Congress Party in India for the next 60 years to keep its hold on the reins of power.

    Centuries of Hindus and Muslims being pitted against each other does not make for a convivial relationship. Indeed, in his Clash of Civilizations, Samuel Huntington identified the Hindu-Muslim divide as one of the great civilizational fault-lines. To any reasonable observer then, it would appear that the Hindu and the Muslim are constituted in direct opposition to the other, destined to share a relationship characterized by intolerance and conflict. The observer would be wrong. The (admittedly distant) past sheds a very different light on relations between the two communities.

    Shah Jahan’s grandfather, Akbar, ruled almost all of India from 1556 to 1605. During this period, there did exist various areas of contestation between the two religions, but it was largely characterized by a syncretism that has few parallels in modern-day India. Akbar’s era represented the zenith of Islamic power in India and the zeitgeist was a reflection of the man himself – curious, open-minded, and pragmatic. He is quite possibly one of the first regents in the world to lend his support to regular state-sponsored inter-faith public dialogue, which brought together learned men from across the religious spectrum – Hindus, Muslims, Jews, Parsees, Jains, and even atheists from across the realm were invited to participate in what must surely have a unique event at the time.

    At the famed Ibadatkhana (House of Worship), which was completed in 1576, Akbar is said to have proclaimed that his sole aim was to lay bare the facts of any religion, “whether Hindu or Muslim.” Thanks partly to these dialogues, and partly to personal interactions with Hindu Brahmins, he acquired ever deepening knowledge of the various schools of Hindu thought. Thus, of the transmigration of the soul and divine reincarnation, he is believed to have said: “In India (Hind’) no one set forth a claim to Prophethood: this is because the claim to divinity has had precedence.”

    Upon consideration, this is a remarkable statement. For a Muslim ruler to even brook the idea of reincarnation, let alone to take to its logical conclusion — i.e. the inadmissibility of a Prophet — shows a startling level of open-mindedness. At the same time, he did not shy away from criticizing those sages who advocated that Hindus should do good deeds in order to reap the rewards in their next life: “To me it seems that in the pursuit of virtue, the idea of death should not be thought of, so that without any hope or fear, one should practice virtue simply because it is good.”

  • Bruxelles menace de sanctions les pays de l’UE n’accueillant pas de réfugiés
    http://www.brujitafr.fr/2017/03/bruxelles-menace-de-sanctions-les-pays-de-l-ue-n-accueillant-pas-de-refugi

    Dans « le Choc des civilisations » (1996), Samuel Huntington, professeur de science politique à Harvard, annonce la montée en puissance des sociétés islamiques et confucéennes face à un Occiden... La Commission européenne a durci le ton face aux Etats membres...

  • Un rapport allemand avertit qu’au moins six millions de migrants sont aux portes de l’Europe
    http://www.brujitafr.fr/2017/03/un-rapport-allemand-avertit-qu-au-moins-six-millions-de-migrants-sont-aux-

    * Dans « le Choc des civilisations » (1996), Samuel Huntington, professeur de science politique à Harvard, annonce la montée en puissance des sociétés islamiques et confucéennes face à un Occident déclinant http://www.liberation.fr/tribune/1998/01/06/dans-le-choc-des-civilisations-samuel-huntington-annonce-la-montee-en-pui...

  • "Syrie : le "réalisme" est le poison de notre temps"

    "L’hypothèse de l’Américain Samuel Huntington est devenue réalité. Il nous promettait la "guerre des civilisations" ; nous avons "l’état de guerre" tout court. Le problème est que, lorsqu’une guerre est déclarée, malheur aux tièdes ! La morale civique, qui se confond avec la Realpolitik, conduit à tout faire pour la gagner. Tout, même l’indéfendable... Or, en matière d’identité, de culture ou de civilisation, les guerres ne se gagnent pas.

    En pratique, la course à la tension, le jeu de la riposte et de la contre-riposte conduisent à l’abîme. Pour justifier la fermeté de "l’Occident" et de sa "civilisation", on évoque l’"ensauvagement" et le "retour de la barbarie" qu’alimentent sans fin nos images télévisuelles. Mais la barbarie ne fait-elle pas partie de notre monde depuis les conquêtes coloniales et les deux guerres mondiales ? N’avons-nous pas nous-mêmes pratiqué l’extermination massive de civils, le camp de concentration, le travail forcé, l’anéantissement des villes et l’assimilation brutale au nom de nos "valeurs", voire au nom de la République ? S’il y a un problème majeur, il tient en fait à ce que, jusqu’à ce jour, les puissances ont décidé du bien et du mal, de la guerre et de la paix, de la cruauté tenue pour nécessaire et du mal absolu qu’il faut éradiquer. Non pas les peuples, mais les puissances, c’est-à-dire des États.

    La guerre des identités est une guerre sans raison
    Au temps de la guerre froide, les deux camps ont pu penser, à un moment donné, que l’usage de la méfiance et de la violence était une nécessité. Le maccarthysme et le jdanovisme se faisaient écho, le général américain MacArthur demandait l’utilisation de la bombe atomique en Corée, et Mao Zedong expliquait qu’une guerre nucléaire pouvait provoquer un milliard de morts, mais que la population restante vivrait heureuse sous le communisme. Heureusement, aucune de ces logiques n’est allée jusqu’au bout, parce que, à chaque moment, dans chacun des deux camps, la raison a pu l’emporter. Mais, à l’époque, le conflit avait une rationalité fortement ancrée dans l’économique et le social, et la raison, au bout du compte, trouvait une base matérielle pour le réguler.

    Or, quand le conflit porte sur des identités, quand l’autre est supposé mettre en question un mode de vie, une manière d’être chez soi, quand le soubassement de l’affrontement oppose la richesse d’un côté et le ressentiment de l’autre, si des centaines de millions de déshérités se mettent à penser qu’ils n’ont plus rien à perdre, est-on sûr que la raison, in extremis, sera en état de jouer ?

    À ce jour domine le "paradigme réaliste", dont le politologue américain Hans Morgenthau, l’un des promoteurs de la doctrine américaine de l’"endiguement", a fourni la théorie la plus forte au début de la guerre froide. « La société en général, écrivait-il, est gouvernée par des lois objectives qui ont leur racine dans la nature humaine [autour] d’instincts biopsychologiques élémentaires tels que l’instinct de vie, de reproduction et de domination. [...] La politique internationale, comme toute politique, est une lutte pour la puissance. » Or rien n’est pire aujourd’hui que le "réalisme" de la puissance et de la guerre. Nul ne peut penser que la guerre disparaîtra de notre horizon d’un coup de baguette magique, que les stocks d’armement fondront comme la banquise et qu’il n’y a plus place nulle part pour des activités de défense des territoires. Mais la question qui nous est posée est toute simple : allons-nous longtemps laisser aller le monde tel qu’il va ?

    La logique de la guerre ne fait que préparer la victoire des puissants
    Comme au temps de la guerre froide, le monde semble relever d’une logique binaire : Islam et Occident, démocratie et terrorisme, mondialisation et souverainisme, impérialisme et anti-impérialisme. Qui n’est pas avec moi est contre moi ; les ennemis de mes ennemis sont mes amis… Il n’y a jamais eu autant d’esprit de guerre froide que depuis que le mur de Berlin et tombé. Beaucoup trop, à gauche comme à droite, nous expliquent qu’il faut en finir avec "l’angélisme". Être réaliste, ce serait désigner l’ennemi principal et tout faire pour le mettre à terre. Or se résigner à ce constat serait une folie.

    Combattre le pseudo-réalisme n’est pas s’enliser dans le verbiage des demi-mesures, ce n’est pas verser dans l’apologie dérisoire du consensus. C’est prendre la mesure de ce que, s’il y a lutte entre des conceptions antagoniques du monde, la logique de la guerre ne fait que préparer la victoire des puissants. Staline, en 1947, pensait qu’il n’avait pas d’autre choix réaliste que d’accepter le bras-de-fer avec les États-Unis. Il ne savait pas que, en mettant le doigt dans l’engrenage, il créait les conditions de l’échec global du système qu’il voulait officiellement préserver. La lutte démocratique de masse rend possible la perspective de l’émancipation ; la logique de la guerre crée les conditions de son impossibilité.

    Plutôt que le simplisme du choix binaire, il faut assumer des contradictions. Refuser le contournement ou l’humiliation de la Russie – dont les Occidentaux se rendent responsables depuis plus de trente ans – est juste ; ne pas accepter la brutalité cynique de l’État russe n’en est pas moins une nécessité. Vouloir éradiquer l’inhumanité de Daesh est un devoir ; penser que l’extension de la guerre et, pire encore, le bombardement de populations civiles en sont les conditions premières est une faute. Laisser faire l’inacceptable est impensable ; répondre à la barbarie par la violence aveugle est un gouffre." [Extrait]

    http://www.regards.fr/qui-veut-la-peau-de-roger-martelli/article/syrie-le-realisme-est-le-poison-de-notre-temps

    • Oh, une défense de Huntington sur Rezo…

      Je ne comprends pas bien ce texte. Il dit très clairement que la thèse de Huntington est :

      Telle est, n’en déplaise aux têtes plates, la seule interrogation du livre de Huntington, interrogation qui lui permet d’avancer la thèse selon laquelle, désormais, les nations ne s’entrechoqueront plus à cause de rivalités économiques ou territoriales mais à cause de différences culturelles — ou, inversement, les nations ne se regrouperont et ne s’allieront plus contre d’autres selon des convergences stratégiques mais par affinités de mœurs et de cultes.

      avant de donner une liste de contre-exemples à cette thèse « fantasque » :

      Quand on voit les rivalités intracontinentales des pays européens, africains, latino-américains, asiatiques, rien ne semble plus fantasque que la thèse de Huntington.

      Dans l’article initial de Huntington de 1993, dès l’introduction il explique très clairement sa thèse :

      It is my hypothesis that the fundamental source of conflict in this new world will not be primarily ideological or primarily economic. The great divisions among humankind and the dominating source of conflict will be cultural. Nation states will remain the most powerful actors in world affairs, but the principal conflicts of global politics will occur between nations and groups of different civilizations. The clash of civilizations will dominate global politics. The fault lines between civilizations will be the battle lines of the future.

      Je ne comprends pas bien ce que tente de démontrer Schiffter. Que le Clash n’est pas fondamentalement hostile à l’islam, qu’il n’apporte pas « la preuve scientifique du péril que l’islam représente pour la civilisation occidentale » ?

      L’auteur l’écrit lui-même, citant quasiment mot pour mot Huntington : « les nations […] s’entrechoqueront […] à cause de différences culturelles » (dans l’introduction de 1993 : “The great divisions among humankind and the dominating source of conflict will be cultural.”). Qu’est-ce qu’il y a là-dedans qui ne correspond pas exactement à l’idée raciste du rapport entre l’islam et l’« occident » que s’en font les « têtes plates » ?

      Dans le livre, par exemple, Huntington ne se contente pas d’évoquer les « grands blocs », mais aussi le « micro-level » et les « fault lines between civilizations » :

      The clash of civilizations thus occurs at two levels. At the micro-level, adjacent groups along the fault lines between civilizations struggle, often violently, over the control of territory and each other. At the macro-level, states from different civilizations compete for relative military and economic power, struggle over the control of international institutions and third parties, and competitively promote their particular political and religious values.

      Explicitement :

      On both sides the interaction between Islam and the West is seen as a clash of civilization. The West’s “next confrontation,” observes M. J. Akbar, an Indian Muslim author, “is definitely going to come from the Muslim world. It is in the sweep of the Islamic nations from the Maghreb to Pakistan that the struggle for a new world order will begin.” Bernard Lewis comes to a similar conclusion:

      We are facing a mood and a movement far transcending the level of issues and policies and the governments that pursue them. This is no less than a clash of civilizations—the perhaps irrational but surely historic reaction of an ancient rival against our Judeo-Christian heritage, our secular present, and the worldwide expansion of both.

      Je ne vois pas en quoi tout ceci contredirait (au contraire) l’idée raciste selon laquelle la France se trouverait sur l’une de ces « lignes de fracture » (désormais redéfinies comme essentiellement cultuelles et civilisationnelles) et que cela « menacerait » la civilisation occidentale. Ou alors, annoncer une « next confrontation » qui « viendra du monde musulman » est une notion que j’ai mal comprise…

      Et de manière particulièrement explicite, voici comment Huntington introduit le passage « Islam and The West » :

      Some Westerners, including President Bill Clinton, have argued that the West does not have problems with Islam but only with violent Islamist extremists. Fourteen hundred years of history demonstrate otherwise.

      et :

      The causes of this ongoing pattern of conflict lie not in transitory phenomena such as twelfth-century Christian passion or twentieth-century Muslim fundamentalism. They flow from the nature of the two religions and the civilizations based on them.

      et :

      So long as Islam remains Islam (which it will) and the West remains the West (which is more dubious), this fundamental conflict between two great civilizations and ways of life will continue to define their relations in the future even as it has defined them for the past fourteen centuries.

      Et Schiffter de suggérer que ceci devrait être titré : « Vers la paix entre les civilisations »…

      Il est certes facile de considérer qu’au bout de 20 ans, l’analyse de Huntington est devenue « réaliste » et bien plus « modérée » que nombre de discours d’aujourd’hui, notamment parce que la « résurgence du religieux » serait un fait explicatif central aujourd’hui. Mais il me semble bien plus crédible de considérer que, vues les évolutions géo-politiques et idéologiques depuis la fin du XXe siècle, il a bel et bien servi de boîte à outil idéologique et de propagande pour les politiques de l’Empire (et notamment le néoconservatisme), et qu’il est un des meilleurs exemples de prophétie auto-réalisatrice qui a contribué à façonner le monde dans lequel nous vivons, ainsi que (surtout ?) la perception que nous en avons.

    • Pour une analyse profane des conflits, par Georges Corm (Le Monde diplomatique, février 2013)
      http://www.monde-diplomatique.fr/2013/02/CORM/48760

      Cette nouvelle grille de lecture a acquis un crédit exceptionnel depuis que le politologue américain Samuel Huntington a popularisé, il y a plus de vingt ans, la notion de « choc des civilisations », expliquant que les différences de valeurs culturelles, religieuses et morales étaient à la source de nombreuses crises. Huntington ne faisait que redonner vie à la vieille dichotomie raciste, popularisée par Ernest Renan au XIXe siècle, entre le monde aryen, supposé civilisé et raffiné, et le monde sémite, considéré comme anarchique et violent.

    • Samuel Huntington dans l’univers stratégique américain
      https://www.cairn.info/revue-mouvements-2003-5-page-21.htm

      Il met en garde ses lecteurs contre la tentation, qu’il qualifie lui-même d’ethnocentrique, consistant à définir les valeurs occidentales comme « universelles » et à vouloir à tout prix les diffuser parmi tous les peuples de la planète. C’est précisément ce genre d’arrogance occidentale qui présente, selon Huntington, le risque le plus grave de clash intercivilisationnelle. Voilà pourquoi ses défenseurs veulent voir en lui un homme de tolérance, partisan éclairé d’un pluralisme culturel au service de la bonne entente dans un monde multipolaire. Loin de viser à dresser les peuples les uns contre les autres, n’aspire-t-il pas, au contraire, à prévenir le monde contre un danger de polarisation violente, qu’il affirme regretter ?

      Il faut bien voir, cependant, que les regrets exprimés par Huntington sont largement contrebalancés par le statut d’objectivité qu’il confère au danger que courrait actuellement, selon lui, l’« Occident » en tant qu’unité civilisationnelle. S’il donne souvent l’impression de prendre des distances critiques avec l’« Occident », son livre se lit néanmoins comme une incitation de ce même Occident à préparer d’urgence son autodéfense collective. Dans un monde de plus en plus multipolaire, l’Occident serait aujourd’hui en grave danger de perdre sa capacité à se défendre, par négligence de sa propre cohérence culturelle, par excès de timidité dans l’affirmation de son « identité » culturelle… et stratégique.

      Dès lors, la « critique » huntingtonienne de l’ethnocentrisme occidental apparaît comme une forme perverse d’ethnocentrisme, déguisée en pluralisme culturel. L’avertissement contre l’arrogance occidentale signifie surtout, en termes pratiques, qu’il faut atténuer les aspirations à promouvoir, hors de l’aire occidentale, la démocratisation politique. Certaines civilisations, proclame Huntington, sont culturellement mieux préparées à la démocratie que d’autres. Entendons par là – c’est l’un des principaux buts de la démonstration – que le monde islamique en particulier est bloqué dans sa quête démocratique d’abord et avant tout par ses propres traditions, par la confusion qu’il entretiendrait depuis toujours entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel. Nul ne s’étonnera d’apprendre que Huntington se réfère respectueusement aux travaux de Bernard Lewis, l’érudit islamologue anglophone connu depuis longtemps pour le regard dédaigneux qu’il porte sur son objet d’étude. Une commune lecture culturaliste de l’Islam permet à Lewis et à Huntington, en dépit de leurs abondantes références à l’Histoire, de décontextualiser le problème de l’autoritarisme dans le monde arabo-musulman. Ramener le problème des despotismes d’État contemporains à une sorte de complexe culturel, c’est faire abstraction des effets du système politique et économique mondial et dédouaner les puissances extérieures, les États-Unis notamment, de toute responsabilité dans le soutien aux régimes despotiques. Par le biais de ce culturalisme très politique, Huntington alimente, qu’il le veuille ou non, les courants d’intolérance qui démonisent l’Islam.

      [...] Le « pluralisme culturel » que Huntington revendique dans l’arène internationale n’est pas contradictoire, dans sa vision, avec un rejet quasi viscéral de toute affirmation de la diversité culturelle au sein des nations occidentales et tout particulièrement aux États-Unis. Les Musulmans d’Europe et les Mexicains-Américains aux États-Unis apparaissent dans son analyse comme étant enclins, presque par définition, en fonction de leurs origines, à bifurquer vers la construction d’identités séparées et donc à dévoyer les pays occidentaux de leur identité de base pour en faire des pays « déchirés » (cleft countries) – sort, selon Huntington, à éviter à tout prix. La meilleure façon de prévenir le « choc des cultures » consiste donc à laisser à chaque civilisation le soin d’affirmer son « identité » pour mieux se défendre. Ici, qu’il le veuille ou non, Huntington occupe le même terrain culturaliste que bon nombre d’idéologues d’extrême-droite.

  • http://www.franceculture.fr/emissions/une-semaine-dans-le-monde/choc-des-civilisations-histoire-d-une-theorie-controversee?xtmc=chocs%

    "Choc des civilisations", histoire d’une théorie controversée

    « Regard critique en première partie sur le mythe du choc des civilisations souvent évoqué pour expliquer le terrorisme »

    « Conceptualisée par l’américain Samuel Huntington dans son ouvrage désormais célèbre The Clash of Civilizations, paru en 1996, cette théorie a depuis été amplement critiquée. On lui reproche notamment de faire de la religion la seule explication des conflits, au détriment de la politique ou de l’économie.

    Pourtant, notamment depuis le 11 Septembre, l’idée continue d’imprégner les mentalités, des médias aux responsables politiques. Nous essaierons donc de comprendre pourquoi en retraçant l’histoire de cette théorie controversée. »

    #radio #audio #Samuel_Huntington #911 #Civilisation #Islam #Clash #chocs #identité #Etats-Unis #Irak #guerre #terrorisme #Occident #Orient

  • Il y a des actes barbares, il n’y a pas de Barbares
    http://reporterre.net/Il-y-a-des-actes-barbares-il-n-y-a-pas-de-Barbares

    Car si à l’évidence, nous sommes en présence d’un conflit mondial qui peut toucher n’importe quel pays à n’importe quel moment, qui concerne tout autant l’échelle planétaire que l’échelle locale de nos cités, il y a deux approches radicalement différentes de l’analyse et de la stratégie à mettre en œuvre.

    La première est celle de la guerre de civilisation théorisée il y a quelques années par le penseur conservateur américain Samuel Huntington. C’est celle qui a conduit le gouvernement Bush à réagir par la guerre, le mensonge, la torture, et la restriction massive des droits à travers le Patriot Act.

    Cette logique, si elle s’imposait aujourd’hui en Europe, nous mènerait droit vers des régressions comparables ou même pires et pourrait devenir source de guerre civile, ce qui signerait d’ailleurs la victoire de la logique terroriste dont c’est l’objectif à terme.

    L’autre voie c’est au contraire celle qu’avait indiquée le premier ministre norvégien après l’attentat meurtrier d’un fanatique d’extrême droite dans l’ile d’Utoya en juillet 2011 : « J’ai un message pour celui qui nous a attaqués et pour ceux qui sont derrière tout ça : vous ne détruirez pas la démocratie et notre travail pour rendre le monde meilleur (...) Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, d’ouverture et de tolérance. » Cette seconde voie est celle de la logique de vie, du dialogue de civilisation, du refus de confondre violence et conflit. C’est celle de la Liberté face aux régressions sécuritaires, de l’égalité face à l’explosion des inégalités et bien sûr de la fraternité, cette grande oubliée de la République, face aux fanatismes et aux racismes de toute nature.

  • Lenin Meets Corleone
    http://www.nationalreview.com/article/415027/lenin-meets-corleone-george-weigel


    Sean Gallup/Getty

    Attempts to understand Vladimir Putin and the Russian revanchism that now threatens to dismantle the basic security architecture of post–Cold War Europe ought to begin not with reference to Lenin and Stalin, or by digging into one’s dog-eared copies of books by Hans Morgenthau, Samuel Huntington, or George Kennan. To be sure, there is a Leninist component in Putin’s methods, but save that for a moment. At the outset, consider the possibility that the best literary guide to Putin, Putinism, and early-21st-century Russia is Mario Puzo.

    Russia is, in many respects, dying. Alcoholism is rampant. Life expectancy is sinking: Today, a 15-year-old Haitian boy has a longer life expectancy than his 15-year-old Russian counterpart. The economy is stagnant, and the ruble is cratering. Russia imports potatoes from Romania. Churches are largely empty. Yet atop this rotting body politic is an oligarchic elite that functions very much like the Mafia families depicted in Puzo’s novel The Godfather and the films spun off from it.

  • Le Choc de l’ignorance

    "L’article de Samuel Huntington, paru dans la livraison du printemps 1993 de la revue Foreign Affairs sous le titre “Le choc des civilisations”, a immédiatement concentré l’attention et suscité une surprenante vague de réactions. L’objectif de cet article étant de fournir aux Américains une thèse originale sur la “nouvelle phase” qu’allait connaître la politique mondiale après la fin de la guerre froide, l’argumentation développée par Huntington sembla d’une ampleur, d’une audace, voire d’une dimension visionnaire irrésistible.

    Il avait clairement dans son champ de mire plusieurs rivaux en politologie, des théoriciens tels que Francis Fukuyama et ses idées de fin de l’histoire, par exemple, mais également les légions de ceux qui avaient chanté l’avènement du mondialisme, du tribalisme et de la dissolution de l’Etat. Car, selon lui, ils n’avaient compris que certains aspects de cette période nouvelle. Lui allait annoncer “l’axe crucial, et véritablement central” de ce que “serait vraisemblablement la politique globale au cours des prochaines années”.

    Et de poursuivre sans hésiter : “Mon hypothèse est que, dans ce monde nouveau, la source fondamentale et première de conflit ne sera ni idéologique ni économique. Les grandes divisions au sein de l’humanité et la source principale de conflit seront culturelles. Les Etats-nations resteront les acteurs les plus puissants sur la scène internationale, mais les conflits centraux de la politique globale opposeront des nations et des groupes relevant de civilisations différentes. Le choc des civilisations dominera la politique à l’échelle planétaire. Les lignes de fracture entre civilisations seront les lignes de front des batailles du futur.”

    L’essentiel de l’argumentation occupant les pages suivantes reposait sur une notion floue de ce que Huntington appelle “identité liée à la civilisation”, et sur “les interactions entre sept ou huit (sic) civilisations majeures”, le conflit entre deux d’entre elles, l’islam et l’Occident, se taillant la part du lion dans son attention. Dans cette façon de penser en termes d’affrontement, il s’appuie lourdement sur un article publié en 1990 par l’orientaliste chevronné qu’est Bernard Lewis, dont la teinture idéologique est flagrante dans le titre de son ouvrage The Roots of Muslim Rage (Les Racines de la rage musulmane). Dans les deux textes, la reconnaissance de deux identités géantes, l’”Occident” et l’”islam”, est imprudemment posée, comme si des affaires d’une complexité aussi gigantesque qu’identité et culture existaient dans un monde de bande dessinée, avec Popeye et Bluto se cognant dessus dans un pugilat sans merci où toujours le combattant plus vertueux a le dessus sur son adversaire.

    Assurément, Huntington, pas plus que Lewis, n’a beaucoup de temps à consacrer à la dynamique et à la pluralité internes de chaque civilisation ni au fait que le principal débat dans la plupart des cultures modernes porte sur la définition et l’interprétation de chaque culture, ni à la déplaisante éventualité qu’une bonne part de démagogie et de franche ignorance signe la prétention à parler pour toute une religion ou toute une civilisation. Non, l’Occident est l’Occident, et l’islam est l’islam. Le défi à relever par les responsables politiques occidentaux, dit Huntington, est de garantir la suprématie de l’Occident et de la défendre contre tout le reste, l’islam en particulier. Plus gênant est le fait qu’il suppose que son ambition, qui est d’embrasser le monde entier du haut de son perchoir, étranger à toutes attaches ordinaires et loyautés cachées, est la seule correcte, comme si les autres s’agitaient partout pour trouver les réponses que lui possède déjà.

    En réalité, Huntington est un idéologue, quelqu’un qui veut faire des “civilisations” et des “identités” ce qu’elles ne sont pas : des entités fermées, hermétiques, purgées des multiples courants et contre-courants qui animent l’histoire humaine et, depuis des siècles, lui ont permis non seulement de contenir les guerres de religion et de conquête impériale, mais aussi d’être une histoire d’échanges, de métissage fécond et de partage. Cette histoire-là, beaucoup moins visible, est ignorée dans la hâte à mettre en valeur la guerre ridiculement restreinte et compressée, dont “le choc des civilisations” prétend établir qu’elle est la réalité.

    Lorsqu’il publia son livre du même titre, en 1996, Huntington tenta de donner un peu plus de finesse à sa démonstration et ajouta beaucoup, beaucoup de notes en bas de page mais il ne réussit qu’à s’embrouiller davantage, à montrer le piètre écrivain et le penseur inélégant qu’il était. Le paradigme de base de l’Occident contre le reste du monde, l’Occident contre ce qui n’est pas l’Occident (reformulation de la vieille dichotomie de la guerre froide), est demeuré intouché, et c’est ce qui perdure, de façon souvent insidieuse et implicite, dans les discussions qui ont suivi les terribles événements du 11 septembre. De ce massacre massif soigneusement planifié, de l’horreur de ces attaques suicides inspirées par des motivations pathologiques et exécutées par un petit groupe de militants au cerveau dérangé, on a fait une preuve de la thèse de Huntington....."

    Edward Said

    http://bougnoulosophe.blogspot.be/2015/02/le-choc-de-lignorance.html

    #Edward_Said
    #civilisation
    #Guerre
    #Islam

  • Politique : FN : le coup d’État rampant
    http://www.temoignagechretien.fr/ARTICLES/Politique/FN -le-coup-d%e2%80%99etat-rampant/Default-35-4699.xhtml

    Le programme actuel du FN contient de forts ferments anticapitalistes : refus du libéralisme, intervention de l’État. Son nationalisme agressif se traduit par une xénophobie anti-immigrés et une islamophobie virulente. Il reprend à son compte l’affrontement des civilisations promis par Samuel Huntington.

    Son hostilité contre la démocratie parlemen­taire « des notables » est virulente. La Révolution française, appelée à la rescousse, devient le symbole dévoyé de la lutte contre le système corrompu, les corps intermédiaires impuissants, l’hégé­monie allemande, la soumission à l’empire américain. Telles sont les nouvelles bastilles que le peuple est convié à prendre, les Lumières détestées en moins. Les nazis, ne l’oublions pas, se ­drapaient dans un vocable volontiers socialisant.

    On retrouve là toutes les caractéristiques idéologiques du #fascisme français de l’entre-deux-guerres, à la différence que le musulman a remplacé le juif. C’est ce parti-là qui se dirige tout droit vers le pouvoir.

    #extreme_droite #fn

  • Comprendre le pourquoi de nos malheurs socio-économiques : « The crisis of democracy » (1975) - El Correo
    http://www.elcorreo.eu.org/Comprendre-le-pourquoi-de-nos-malheurs-socio-economiques-The-crisis-of-

    En 1975 la « Commission Trilatérale » [1] fait paraître un ouvrage qui va devenir sa bible : « The crisis of democracy » » ] (« La crise de la démocratie »). « (...) Rédigé par trois auteurs, Samuel Huntington, Professeur à Harvard et membre du CFR, Joji Watanuki, de la Fondation Rockefeller et Michel Crozier, Professeur à Harvard et membre du Club Jean Moulin, donna lieu à plusieurs réunions à Palo-Alto, Londres, New-York et Kyoto.

    La bible en question est un pavé désormais numérisé en PDF de 227 pages.

    En savoir plus sur la Trilatérale : http://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_Trilat%C3%A9rale

    Et la page qui présente le rapport "Crisis of democracy" : http://www.trilateral.org/go.cfm?do=file.view&fid=8

    At the present time, a significant challenge comes from the intellectuals and related groups who assert their disgust with the corruption, materialism, and inefficiency of democracy and with the subservience of democratic government to “monopoly capitalism.” The development of an “adversary culture” among intellectuals has affected students, scholars, and the media. Intellectuals are, as Schumpeter put it, "people who wield the power of the spoken and the written word, and one of the touches that distinguish them from other people who do the same is the absence of direct responsibility for practical affairs,"3 In some measure, the advanced industrial societies have spawned a stratum of value-oriented intellectuals who often devote themselves to the derogation of leadership, the challenging of authority, and the unmasking and delegitimation of established institutions, their behavior contrasting with that of the also increasing numbers of technocratic and policy-oriented intellectuals. In an age of widespread secondary school and university education, the pervasiveness of the mass media, and the displacement of manual labor by clerical and professional employees, this development constitutes a challenge to democratic government which is, potentially at least, as serious as those posed in the past by the aristocratic cliques, fascist movements, and communist parties.