person:scott atran

  • L’Etat islamique est une révolution, par Scott Atran - L’Obs, via @le_bougnoulosophe
    http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20160129.OBS3681/l-etat-islamique-est-une-revolution-par-scott-atran.html

    Dans ce long texte, l’anthropologue Scott Atran, spécialiste du terrorisme, explique pourquoi, en fermant les yeux sur la capacité d’attraction de l’#EI, l’Occident commet une erreur stratégique majeure.

    La généalogie irakienne et carcérale (oubliée) de #Daech : Myriam BENRAAD, Irak, la revanche de l’histoire. De l’occupation étrangère à l’#Etat_Islamique, Paris, Vendémiaire, 2015, 288 p.
    http://historicoblog3.blogspot.be/2016/02/myriam-benraad-irak-la-revanche-de.html

    • Bien que complètement en retard sur plein de trucs j’ai pris le temps de lire ce long texte qui m’a terrifié. Je note juste un petit passage :

      Si nous n’ouvrons pas les yeux sur cette réalité et ces aspirations, et que nous refusons de les aborder autrement que par la force militaire, nous attiserons probablement ces passions et une nouvelle génération connaîtra la guerre, et pire encore.

      Je n’ose pas imaginer ce qui peut être pire que la guerre (et ce qui va avec, torture, sang, souffrance, exécution de masse, etc...).

      Ici aussi, une des portes d’entrée pour une réflexion sur la #terreur #barbarie #cruauté #révolution #force #puissance #guerre #organisation_politique

      Avec ce grand mystère qui reste, cette question à laquelle il faudra répondre : pourquoi l’EI a-t-elle cette formidable capacité d’attraction.

    • Noter tout de même que, après son signalement, @le_bougnoulosophe a posté toute une série de tweets, dont plusieurs critiquent vertement certains points :
      https://twitter.com/bougnoulosophe/status/694841673298345985

      1. Après lecture attentive de ce long article, quelques remarques :
      – On y trouve beaucoup d’approximations et d’affirmations gratuites.

      1.1. Dire que les quartiers pop. de France vibrent aux valeurs de Daech est une grosse (et dangereuse) imbécilité !

      1.2. Affirmer que le monde musulman et l’Europe ont des histoires distinctes et parallèles est une contre-vérité...

      1.3. La connaissance de l’histoire de l’Europe aussi laisse à désirer : Sait-il que l’Allemagne est devenue 1 « démocratie » en 1919 ? #Weimar

      1.4. Avoir le « Centre de Prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam » de Dounia Bouzar pour référence n’est pas 1 gage de sérieux

      1.5. La personne la plus crédible en France concernant le profil des jihadistes, c’est Farhad Khosrokhavar (personnage discret). #prisons

    • En effet, et je suis entièrement d’accord pour ces regards critiques. Il reste qu’il y a dans ce texte quelques pistes de réflexion à débattre et développer (c’est ce qui m’intéresse) à défaut de pouvoir prendre pour argent comptant tout ce qui peut s’écrire sur le sujet. Nous, qui ne sommes pas spécialistes, qui, intéressés par le sujet, cherchant des clés de lecture, des explications rationnelles, avons quand même un immense problème dans ce grand bazar de toute cette population d’expert/journalistes/chercheurs (ou pseudo) qui s’expriment et écrivent sur ce qui se passe en ce moment au Moyen-Orient. Nous sommes perdus dans cette autre bataille de la reconnaissance de qui dit que des conneries, ou un peu des conneries et beaucoup de trucs intelligents, ou beaucoup de conneries et un peu de trucs intelligents ou alors - mais j’ai l’impression que c’est très rare - que des trucs censés et intelligents. Comme en économie, il y a des grilles de lectures très différentes, ce qui est peut-être acceptable si on a derrière les arguments ou les données qui justifient ces grilles de lecture. Ce qui est impardonnable sans doute, c’est l’incompétence et le manque de savoir/culture sur ces sujets de personnalités qui malgré ces manques osent quand même s’exprimer publiquement. Il est très difficile de s’y retrouver, personne ne semble vraiment remporter une adhésion universelle.

      Je ne sais pas trop comment faire, mais pour le moment, je dois lire et rebondir sur les visions qui me semblent être sérieuses, solides et étayées - même dans des textes où il y a des réflexions à priori inacceptables. Le texte de Bradol que j’avais trouvé très puissant, très fort qui amenait un éclairage très particulier de ce qu’était l’EI n’est peut-être pas très solide sur certains points, mais l’année dernière, je n’avais pas les outils pour déceler les bugs.

      Il faut pourtant poursuivre nos efforts pour essayer de comprendre, visualiser, analyser, et réaliser la portée des transformations et développements géopolitiques (qui ont l’air d’être effrayants vu d’ici) en cours entre l’Afrique du Ouest et le Pakistan ; j’avoue que certains jours je suis complètement découragé et je pense que jamais je ne comprendrais quoique ce soit à cette histoire.

      Devant cette situation, Je pense à ce réalisateur de documentaire qui est parti six mois en Corée du Nord avec une bonne connaissance du pays et qui st rentré en disant qu’après six mois passé à y explorer ce qu’il pouvait, il avait l’impression de ne plus rien comprendre et que ce qu’il y avait vu invalidait tout ce qu’il avait appris avant son voyage !

    • Pour ma part :

      – toujours cet énorme problème qui consiste à réunir dans la même explication les combattants de l’EI, les habitants de Mossoul en Irak qui y seraient sympathiques, puis les Syriens et par je ne sais quelle extension les jeunes occidentaux qui rejoignent ces groupes (certain jihadologue de pacotille t’y mettant aussi la « rue sunnite » du Liban). Du coup le texte commence par critiquer la « naïveté » d’Olivier Roy, alors que celui-ci restreint clairement son éditorial de fin 2015 aux « jeunes Français, à savoir des “deuxième génération” musulmans et des convertis “de souche” », en lui opposant des citations d’habitants de Mossoul.

      – absence totale de questions géopolitiques (en général, quand on réclame la prise en compte des magouilles géopolitiques locales, régionales et globales, on se fait soit traiter de complotiste influencé par des complotistes arabes… ou alors on se fait imposer des lectures sur l’islam politique simplistes – se résumant régulièrement à la notion de « sunnites humiliés ») ; on reste au mythe du « mouvement grassroot », comme si aucun État local/régional/global n’avait soutenu, organisé, armé, manipulé ces groupes ou les groupes dont ils sont les héritiers ; (l’article, d’ailleurs, fait la comparaison avec une adhésion quasi-« spontanée » à un nazisme lui-même totalement déconnecté des enjeux politiques locaux, régionaux et internationaux de son époque) ;

      – l’aspect « mouvement révolutionnaire », pas faux sans doute, mais dans le même temps on rappelle que l’islam n’est pas l’explication, au motif que les jeunes occidentaux qui y vont n’ont qu’une connaissance très superficielle de l’islam (beaucoup n’ayant pas terminé « le Coran pour les nuls »). Du coup, pourquoi l’argument de l’adhésion à un projet révolutionnaire serait plus pertinente que l’autre, notamment avec cette façon de mettre dans le même sac les sunnites irakiens, les radicaux syriens et les jeunes occidentaux (dont une grosse partie de convertis et certains qui ont fait l’université) ? L’article fait des comparaisons historiques avec des mouvements politiques qui avaient soit une très lourde théorie à connaître (le texte prétendant d’ailleurs que les révolutions européennes, à partir d’un certain moment, n’étaient plus menées que par des jeunes intellectuels), soit l’immersion longue dans un environnement social et discursif explicatif… pour arriver à des jeunes pas foutus de connaître l’islam dont ils se revendiquent pourtant, qui vont imposer leur fantasme à la population d’un pays étranger, beaucoup n’étant pas baignés dans un environnement social et discursif en rapport avec la cause.

      – pas de mentions des processus de légitimation et de soutien dans nos propres sociétés, au sommet de nos propres États et par les puissances locales/régionales/globales, de cette « révolution ». Et cela aussi bien chez les « blogueurs influents » du réseau, chez les universitaires dont la narrative a dominé lourdement notre couverture des révolutions arabes, et chez nos gouvernants totalement alignés sur ces grandes démocraties exportatrices de pétrole et de wahhabisme ainsi que sur les intérêts et lubies israéliennes.

    • Je n’ai pas lu le texte de Scott Atran. Toutefois ce que je remarque, après avoir écouté le débat sur F2 hier soir : c’est que dans tous les cas - débats, écrits, interwiews, etc- où des propos pertinents voisinent avec des banalités et même des conneries, il n’est jamais question d’argent. Jamais !
      Ce qui m’amène à penser que, quand bien même les analyses réflexions sur le mécanisme d’attraction de l’EI sont très pertinentes - hier soir une femme responsable du service de « déradicalisation » a plutôt bien expliqué quels étaient les mécanismes psy mis en œuvre - et qui sont très élaborés, le système de recrutement est conçu par des types cultivés, formés à la manip - Enfermés que nous sommes du fait de la sidération provoquée par les images de violence, les attentats,.... nous restons à l’affût des seules réflexions sur l’attractivité.
      Si nous reconsidérons la période nazie : Avons nous conscience de l’investissement financier des élites économiques dans sa promotion ? La presse, la corruption des dirigeants politiques et syndicaux, le financement des milices..etc..etc.
      J’invite à écouter et lire Annie Lacroix Riz. Elle analyse très bien tout cela, à partir des faits.

    • Rémi, tu évoques l’argent, mais il y a un point très prosaïque que j’ai oublié (c’est étonnant, parce que c’est un point que j’aime toujours rappeler que les gens commencent à prendre une trop belle hauteur de vue sur les motivations des types d’ISIS). C’est-à-dire qu’on occulte systématiquement des motivations pourtant importantes : tu auras un salaire (pas minable pour la région), tu auras une maison (confisquée à quelqu’un, c’est toujours très pratique de se débarrasser d’une partie de sa propre population), tu auras une femme de ménage gratuite qui fera aussi office d’esclave sexuelle.

    • Tout à fait ! Et le caractère de masse que prend cette « mise en place » - c’est le cas de le dire- pour des milliers de types, ça se chiffre à combien, et...évidemment : d’où vient le financement ? Il serait intéressant de chiffrer tout ce qui a été investi : les salaires, l’armement, la logistique militaire - munitions, transports etc.. , la communication -ça ça coûte un brin- etc... je suis sûr qu’on serait écoeurés !!!

  • Les véritables effets du #Captagon, la “drogue des djihadistes”
    Pour faire la part des choses entre fantasme et réalité, nous avons interrogé Jean-Pol Tassin, le spécialiste français du Captagon, surnommée “la drogue des djihadistes”.

    Le Captagon a été synthétisé en 1961 avec l’idée de retrouver les propriétés de l’amphétamine et de la théophylline, qui a elle un effet broncho-dilatateur. Progressivement, le Captagon a montré des propriétés intéressantes en tant que stimulant aussi bien sur le plan intellectuel, pour les examens par exemple, que sur le plan physique, pour les sportifs ou ceux qui voudraient réaliser des exploits.

    On lit beaucoup de choses en ce moment sur cette substance. Notamment qu’elle prive celui qui la prend de toute forme d’empathie pour ses victimes.

    C’est un des effets mais qui n’est que la conséquence du mécanisme de base qui est la perte de toute forme d’homéostasie : cela signifie que le système de récompense, qui permet de savoir à tout instant dans quel état physique et psychique nous nous trouvons, est saturé de satisfactions. Ce circuit indique à notre cerveau que tout va bien, nous ne risquons rien, nous n’avons pas mal, nous n’avons pas soif, nous ne sommes pas fatigués… Même si, par ailleurs, tout va mal.

    http://www.konbini.com/fr/tendances-2/interview-specialiste-captagon

    Titre à la con et questions à la con.

    Si vous deviez conseiller à nos unités d’élite et à nos commandos d’intervention qui sont en première ligne pour nous protéger des terroristes de prendre une substance pour accroitre leur efficacité guerrière, quelle serait cette substance ?

    Si mon but était d’atteindre des terroristes sans tenir compte de la mort des civils, des otages et des membres du commando d’intervention, le Captagon pourrait être utilisé. Mais, évidemment, et c’est d’ailleurs ce qui rend la tâche des commandos d’intervention difficile, ils ne doivent atteindre que les terroristes.

    Dans l’état actuel des connaissances, ce n’est qu’une sélection physique et psychologique très sophistiquée et un entraînement permanent qui peut être la règle pour les commandos.

    En conclusion, le Captagon est-il un atout pour les terroristes ou c’est finalement une substance qui aurait plutôt tendance à les désavantager sur le long terme ?

    Il est clair que, pour les buts qu’ils se sont fixés, le Captagon est un atout pour les terroristes. C’est indéniable.