person:serge haroche

  • Au royaume des lumières
    https://lejournal.cnrs.fr/diaporamas/au-royaume-des-lumieres

    Véritable fabrique de prix Nobel, le laboratoire Kastler-Brossel voit se succéder des physiciens à l’origine de découvertes capitales. À l’image d’Alfred Kastler, de Claude Cohen-Tannoudji et de Serge Haroche, nobélisés respectivement en 1966, 1997 et 2012, les chercheurs ouvrent la voie à de nouvelles méthodes d’expérimentation afin de repousser les limites de la physique quantique.

  • Hallucinante tribune co-signée par des soutien de Hamon et Macron dans Le Monde :

    « Les projets de Le Pen et de Mélenchon nous font craindre le pire pour
    la recherche française »

    Jean Jouzel , Prix Vetlesen (sciences de la Terre) 2012 et membre de
    l’équipe de campagne de Benoît Hamon
    Cédric Villani , médaille Fields (mathématique) 2010 et membre du comité
    de soutien d’Emmanuel Macron.
    Françoise Barré-Sinoussi , Prix Nobel de médecine 2012
    Claude Cohen-Tannoudji , Prix Nobel de physique 1997
    Albert Fert , Prix Nobel de physique 2007
    Serge Haroche , Prix Nobel de physique 2012
    Jules Hoffmann , Prix Nobel de médecine 2011
    Jean-Marie Lhen , Prix Nobel de chimie 1987
    Jean-Pierre Sauvage est Prix Nobel de chimie (2016)

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/04/20/les-programmes-de-le-pen-et-melenchon-pourraient-nuire-gravement-a-la-scienc

    « Les programmes de Le Pen et Mélenchon pourraient nuire gravement à la
    science »

    Un collectif de chercheurs de renommée internationale s’alarme de certaines propositions de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon qui, si elles étaient appliquées, nuiraient, selon eux, au développement et au rayonnement de la recherche française.

    Il y a près d’un an, nous exprimions, dans les colonnes du Monde (daté du 24 mai 2016), notre indignation face au projet d’une coupe budgétaire qui aurait été désastreuse pour la recherche française, et finalement pour l’avenir de notre pays. Le large soutien dont avait bénéficié notre action nous avait permis d’obtenir rapidement gain de cause.

    Si, aujourd’hui, nous souhaitons nous exprimer de nouveau, c’est face à un autre danger qui, à l’occasion de l’élection, menace notre recherche.

    De multiples sondages montrent que cinq projets présidentiels sont susceptibles de rassembler au moins 10 % des suffrages au soir du 23 avril 2017. Parmi ceux-ci, les projets de François Fillon, Benoît Hamon et Emmanuel Macron accordent une place sérieuse à la recherche et à son organisation. On peut, à la lecture de leurs programmes, repérer des différences notables, mais ce n’est pas l’objet de cette tribune que de les départager ; au reste, certains d’entre nous se sont engagés publiquement pour l’un ou l’autre de ces candidats.

    En revanche, les deux autres projets nous font craindre le pire pour la recherche française.

    Une France qui serait coupée de ses partenaires

    C’est le cas d’abord de celui de Marine Le Pen, au demeurant extrêmement impopulaire dans le monde de la recherche. En stigmatisant l’Union européenne comme elle le fait, en appelant à un repli national, elle contribuerait à couper la France de ses partenaires étrangers, alors que la recherche est une activité fondamentalement internationale. L’un d’entre nous, directeur d’institut, doit signaler que certaines de ses subventions internationales sont déjà suspendues à l’élection, les bailleurs de fonds étant effrayés par la perspective d’une victoire de Marine Le Pen.

    C’est aussi le cas du projet de Jean-Luc Mélenchon. Ses promesses généreuses sont peut-être une raison du soutien dont il jouit auprès d’une partie de l’enseignement supérieur français : gratuité complète des diplômes universitaires, doublement des crédits en cinq ans…

    Cependant, à supposer que de telles promesses soient réalisables, si l’on entre dans les détails de son programme, on ne peut que déchanter devant la violence destructrice des réformes qu’il propose.

    On y trouve la suppression de l’Agence nationale de la recherche (ANR) et du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES) ; le financement sur projets et l’évaluation indépendante sont pourtant des fonctions vitales, parmi bien d’autres, de la recherche. L’interdiction pour les chercheurs de recevoir toute rémunération issue du secteur privé, et la suppression pure et simple du crédit d’impôt recherche (CIR), nuiront gravement aux liens entre recherche et industrie, à une époque où cette articulation, conçue dans le respect de l’indépendance scientifique, est pourtant jugée comme une priorité, en France et ailleurs.

    Fuite des cerveaux

    La disparition des primes au mérite aggravera le manque de reconnaissance des chercheurs et accélérera la fuite des cerveaux. L’homogénéisation des financements, en particulier celui des crédits de laboratoires qui seraient répartis uniformément, rendra encore plus difficile l’émergence des projets les plus originaux et internationalement compétitifs. Le probable désengagement de l’Union européenne annoncé va couper la recherche française des appels d’offres européens qui ont soutenu dans notre pays de nombreux projets de qualité.

    Mais la mesure la plus stupéfiante du programme de Jean-Luc Mélenchon est la suppression de l’autonomie des universités, venant avec l’instauration d’un concours de recrutement national et une planification globale de la mobilité des enseignants-chercheurs, niant aux universités toute possibilité de développer une quelconque politique scientifique dans la durée…

    Qu’il n’y ait pas de malentendu : le système actuel est très imparfait. Oui, le taux de succès de l’ANR est devenu insupportablement bas, et sa gouvernance scientifique doit être renforcée. Oui, il faut améliorer la procédure d’évaluation du HCERES et celle de l’attribution du CIR, dispositif fiscal dont l’efficacité laisse actuellement à désirer. Oui, certaines universités connaissent toujours précarité financière et souffrance administrative. Oui, il faut réaffirmer encore et toujours l’importance de la recherche fondamentale, des crédits de fonctionnement récurrents, et travailler à simplifier la vie des enseignants-chercheurs. Nous avons encore tant de progrès à faire !

    D’importantes avancées ces dernières années

    Cependant, regardons les choses avec un peu de recul. L’enseignement supérieur et la recherche française ont fait des efforts d’adaptation considérables durant la dernière décennie, afin de moderniser une organisation obsolète qui avait mené au délabrement de nos campus et à la dévalorisation de nos diplômes. Ces années de réformes ont été difficiles et marquées par des contestations ; certains bouleversements ne sont toujours pas achevés et le besoin d’amélioration se fait sentir partout.

    Mais cette période a finalement abouti à d’importantes avancées et certains consensus entre universités, gouvernements et syndicats. En témoignaient les Assises de l’enseignement supérieur, qui reconnaissaient la prise d’autonomie des universités comme une avancée majeure. En témoigne aussi la récente rédaction du Livre blanc sur l’enseignement supérieur et la recherche, sur une base consensuelle.

    L’équipe de Jean-Luc Mélenchon propose de détruire purement et simplement tous ces acquis, replongeant la recherche française dans l’illusion nachronique d’un Etat omniscient capable de planifier l’ensemble du monde universitaire dans son incroyable diversité.

    Pour une recherche de qualité, un financement généreux est nécessaire, mais ne suffit pas : l’ouverture internationale, le bon dosage des institutions, l’évaluation sans complaisance, la confiance accordée aux acteurs du système, sont tout aussi importants. Les institutions d’enseignement supérieur et de recherche françaises continuent, en dépit de bien des difficultés, à tenir leur rang de belle manière sur la scène internationale, pour la fierté de la nation et son bien-être à long terme : ce serait un cauchemar que de les voir soumises à une réforme autoritaire aux conséquences potentielles catastrophiques.

    • c’est vraiment pathétique !
      notre ami #Villani en remet une couche en signant cette tribune pour dire que #le_pen (3 phrases) et melenchon ( les 60 lignes d’après) feraient mal à « La #Science » (et l’on se demande pourquoi ils ont mentionné MLP alors que c’est évident qu’ils voulaient descendre JLM)(en fait, on le sait, c’est pour faire peuuuur !!!)

    • Au delà du modèle planifié ou neolibéral, il s’agit aussi d’une lutte de pouvoir. Les universités ont obtenu l’autonomie, elles ne veulent pas perdre le pouvoir que ça leur a donné. La défense de ce modèle se fait à mon avis plus pour ne pas perdre les nouveaux privilèges, avec les castes et la corruption que ça entraine, qu’en pensant à la qualité et l’utilité de la recherche.

  • Mettez un chat dans votre ordinateur

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/05/30/mettez-un-chat-dans-votre-ordinateur_4929176_1650684.html

    Coup double pour une équipe de physiciens de l’université Yale (Etats-Unis) en collaboration avec l’Institut national de recherche en informatique et automatique (Inria) en France, comme elle l’expose dans Science du 27 mai. Pour la première fois, un mariage a été réussi entre deux effets spectaculaires de la mécanique quantique, cette théorie qui décrit le monde des particules au comportement contre-intuitif : le paradoxe du chat de Schrödinger et l’interaction à distance.

    Superposition de deux états

    Le premier effet tire son nom d’une expérience de pensée, proposée dans les années 1930 par l’un des pères de la mécanique quantique, Erwin Schrödinger. Il imaginait un chat enfermé dans une boîte dans laquelle un marteau peut casser une fiole contenant un poison mortel pour l’animal. Le déclenchement a lieu lorsqu’un atome se ­désintègre. Le sort du chat est couplé à celui de l’atome.

    Question : tant que la boîte n’est pas ouverte, le chat est-il mort ou vivant ? ­Réponse quantique : les deux ! Aussi surprenant que cela puisse paraître, cette superposition de deux états discernables existe bel et bien. En 1996, deux équipes l’ont réalisée, en France et aux Etats-Unis, ce qui, ajouté à leurs réussites antérieures, vaudra à leurs auteurs, Serge Haroche et David Wineland, le prix Nobel de physique, en 2012.

    Le second effet, baptisé également « intrication », est aussi le fruit d’une expérience de pensée remontant à 1935. Cette année-là, Albert Einstein et deux de ses collègues se demandent ce qu’il se passe si l’on sépare à très grande distance deux photons (des particules de lumière) préparés ensemble. Comment leur comportement est-il corrélé ? Réponse quantique : instantanément ! Mesurer une propriété d’un membre de la paire transforme aussitôt l’autre membre. « Aussitôt » signifiant même… plus vite que la ­lumière. Là aussi, des expériences ont confirmé cette interaction à distance, comme celles réalisées par Alain Aspect en 1982 à Orsay.

    Désormais, une nouvelle expérience, réalisée à Yale, vient de ­marier les deux effets. « Nous avons fabriqué un gros chat mort et vivant et dans deux boîtes à la fois », explique Mazyar Mirrahimi, directeur de recherche à l’Inria. « Ou, ce qui est équivalent, nous avons intriqué deux chats chacun dans une boîte. »

    Finalement, caresser un chat dans le salon suscite un ronronnement chez un félin voisin dans la cuisine. Et, plus cruel, si on tue le chat du ­salon, alors celui de la cuisine meurt instantanément.

    En réalité, les bestioles des chercheurs sont des champs électromagnétiques micro-ondes, ou photons, qui font des millions d’allers-retours dans une cavité aux parois réfléchissantes. Plus précisément, un « chat » est une superposition entre une onde et sa jumelle décalée de telle sorte que, dans le monde classique, la somme des deux ­devrait s’annuler. Mais pas dans le monde quantique : il y a à la fois des photons et pas de photons… Une ­dizaine de photons sont concernés, et l’équipe a déjà fabriqué des « chats » dix fois plus gros.

    Pour créer cet état si étrange, un second objet est nécessaire. C’est une sorte d’atome artificiel, baptisé « transmon », qui possède lui aussi deux états distincts. Il ressemble à une lamelle dont une extrémité, telle une antenne, communique avec la boîte. Il joue le rôle de l’atome se désintégrant dans l’expérience de Schrödinger. En l’excitant, les physiciens influencent les ­micro-ondes jusqu’à réaliser la ­superposition paradoxale.

    En prenant un transmon en forme de Y, chaque branche pointant vers une boîte, l’intrication est réalisée entre les états des deux boîtes. « C’est une expérience originale et très bien faite. Elle constitue une étape remarquable car, pour la première fois, nous sondons cette notion de non-localité sur une plus grande échelle », salue Michel Brune (CNRS) du laboratoire Kastler Brossel de l’ENS, à Paris, et qui était dans l’équipe du premier chat de Schrödinger en 1996.

    De nouveaux transistors, les qubits

    Pour savoir que le monstre mi-mort, mi-vivant délocalisé dans deux pièces est bien là, les chercheurs ont mis au point une technique qui photographie patiemment leur créature, sans ouvrir les boîtes.

    A quoi bon torturer ces chatons ? Pour compter plus vite ! Depuis plusieurs années, les chercheurs ont réalisé que ces drôles de « bêtes » peuvent accélérer les ordinateurs. Jusqu’à présent, ces derniers utilisent des circuits à base de transistors à deux états, ou bits, soit 0, soit 1. Si au lieu d’un composant classique, on dispose d’un équivalent quantique, valant à la fois 0 et 1, alors, en théorie, on peut écrire un algorithme qui résout plus vite certains problèmes. Seul gros bémol, ces nouveaux transistors, ou qubits, ne durent pas longtemps, quelques dizaines de microsondes.

    « C’est insuffisant pour faire toutes les opérations nécessaires. D’où l’idée de corriger les erreurs… grâce à d’autres qubits », explique M. Mirrahimi, dont les collègues ont déjà conservé la superposition quantique pendant une milliseconde. Il faut plusieurs dizaines de qubits pour en corriger un… « L’intérêt de cette expérience est d’ouvrir la voie à une nouvelle architecture de correction d’erreurs », estime ­Daniel Esteve, chercheur au CEA en information quantique. En fait, les qubits américains sont plus gros que les ordinaires, ce qui permettrait de faire des corrections sans recourir à des composants supplémentaires. Dans un article à paraître, la même équipe estime avoir démontré son idée.

    « L’intérêt est également fondamental : on espère toujours prendre en défaut la mécanique quantique et tomber sur des situations où elle ne marche plus, indique Michel Brune. Mais jusqu’à présent, elle résiste ! »

  • Chercheurs, le CNRS continue de vendre cher nos articles gratuits | Rue89 Culture
    http://www.rue89.com/rue89-culture/2012/10/04/chercheurs-le-cnrs-continue-de-vendre-cher-nos-articles-gratuits-235860

    Si je te raconte tout ça, c’est parce qu’au vu de ce qui précède, il ne viendrait à l’idée de personne qu’un organisme comme l’Inist, fleuron de l’Information scientifique et technique (IST) dans l’Hexagone et au-delà, mette en place un outil (Refdoc) qui au mépris de toutes les règles en vigueur et à rebours de la volonté des auteurs (et d’un nombre de plus en plus important d’éditeurs).

    Il ne viendrait à l’idée de personne disais-je, que l’Inist vende, oui je dis bien VENDE à des prix exorbitants des copies (ou des photocopies) de documents scientifiques par ailleurs – et ailleurs – totalement libres et gratuits.

    C’est pourtant ce que fait depuis déjà très très très très longtemps (2009) le service Refdoc de l’Inist. Et franchement c’est juste insupportable moralement, pathétique scientifiquement, et révoltant juridiquement.

    #CNRS #science #publications #droit_d_auteur