person:sophia chikirou

  • Analyse de Mariane sur le quasi-départ de Charlotte Girard de #LFI.

    France insoumise : ce qui se cache derrière la prise de large de Charlotte Girard

    Par Hadrien Mathoux
    Publié le 30/04/2019 à 18:30

    Longtemps proche de Jean-Luc Mélenchon, la juriste Charlotte Girard a de longue date décidé de prendre du recul au sein du mouvement de la France insoumise. Ses critiques sur l’organisation interne rejoignent celles des nombreux membres ayant quitté LFI ces derniers mois.

    Le départ de Thomas Guénolé avait été tintamarresque, le retrait de Charlotte Girard est feutré et discret. Le 18 avril, le politologue annonçait par un communiqué fracassant qu’il quittait la France insoumise, dénonçant une « dictature » gouvernée par un Jean-Luc Mélenchon devenu « autocrate » ; ce 29 avril, c’est un article du Point qui nous a appris que Charlotte Girard se retirait « de la coresponsabilité de l’Avenir en commun », le programme de LFI. Une annonce aussitôt suivie d’un communiqué publié par l’intéressée sur sa page Facebook : protestant contre une publication n’ayant selon elle « qu’un but : nuire à la France insoumise et en particulier à Jean-Luc Mélenchon », la professeure de droit précise que la réorganisation interne du secteur du programme, et donc sa prise de distance, avait été annoncée dès la convention du mouvement à Bordeaux en décembre. Elle affirme avoir fait le « choix » d’être « moins visible dans les médias » et présente l’abandon de sa « fonction d’animation du travail programmatique » comme une conséquence de cette décision qui supposerait « une exposition médiatique ». Auprès de l’AFP, Charlotte Girard ajoute ne « pas avoir le temps de (s)’investir comme l’exigerait la fonction ».

    On n’a donc pas affaire ici à un claquement de porte spectaculaire, comme cela a été si souvent le cas ces derniers mois parmi les cadres de la France insoumise quand François Cocq, Djordje Kuzmanovic, Corinne Morel Darleux ou encore Liem Hoang Ngoc ont mis les voiles en critiquant sévèrement le mouvement. L’épisode Charlotte Girard est cependant loin d’être anodin. D’une part, la quadragénaire fait partie des très proches de Jean-Luc Mélenchon ; de surcroît, son éloignement progressif est loin de se résumer à des questions de vie privée mais fait écho aux difficultés soulevées par les autres exilés de LFI.

    Charlotte Girard, historique de LFI

    Cette spécialiste de droit public, très appréciée par les militants, est une historique au sein de LFI : entrée au Parti socialiste en 2002, elle y rencontre Jean-Luc Mélenchon par l’intermédiaire de François Delapierre. Ce dernier, décédé en 2015, est à la fois devenu le compagnon de Charlotte Girard et le « fils spirituel » de Mélenchon, qui le regardait comme son successeur. Après avoir participé à la fondation du Parti de gauche en 2008, cette juriste passionnée par la Révolution française devient la co-rédactrice du programme de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle 2017, intitulé L’Avenir en commun. Très présente pendant la campagne, elle était pressentie pour être la tête de liste de LFI aux élections européennes. Jusqu’à son recul progressif.

    L’effacement se produit en plusieurs étapes. A l’origine, Charlotte Girard s’inquiète de plus en plus des dérives d’organisation au sein de LFI. Censé se structurer après l’élection présidentielle, le mouvement reste « gazeux », selon la définition donnée par Jean-Luc Mélenchon… et trop opaque aux yeux de nombreux cadres. La veuve de François Delapierre désapprouve également l’importance croissante de Sophia Chikirou dans le dispositif, et le fait savoir en interne. Très proche de Mélenchon, la communicante a en effet quitté la tête du Média au début de l’été 2018 pour s’investir dans la campagne des européennes de LFI, au grand déplaisir de Charlotte Girard. En août dernier, fait rarissime, cette dernière exprime ses griefs dans la presse, auprès du Monde, en critiquant le retour de Sophia Chikirou : « J’ai une crainte de parasitage de la campagne, c’est vrai. Son arrivée n’a jamais été discutée, son poste n’est pas encore fixé », explique-t-elle.

    Eloignement de Mélenchon

    Signe de la difficulté d’émettre des critiques dans l’appareil de LFI, cette prise de parole médiatique marque l’accélération de la dégradation des rapports entre Jean-Luc Mélenchon et son ancienne protégée. En novembre 2018, Charlotte Girard indique qu’elle renonce à prendre la tête de la liste Insoumise aux européennes. Deux mois plus tard, elle envoie à LFI une lettre interne cosignée par trois camarades pour dénoncer la mise à l’écart brutale de François Cocq, qualifié de « nationaliste identitaire » par Jean-Luc Mélenchon. Cet épisode, d’après le courrier divulgué dans Le Monde, « pose à nouveau la question fondamentale de la structuration du mouvement qui, s’il doit demeurer distinct dans son principe d’un parti politique classique, ne doit pas se retourner contre les perspectives révolutionnaires qu’il s’est lui-même données. » En mars, la décision de Charlotte Girard de se retirer de la coresponsabilité du programme est actée.

    Bien qu’elle continue de rester solidaire de la France insoumise, les griefs exprimés par la juriste rappellent ceux formulés par Thomas Guénolé lors de son départ. Le politologue dénonçait un « fonctionnement autocratique », où les discussions ne seraient qu’"apparence", les prises de décision étant « cadrées et verrouillées » par Jean-Luc Mélenchon et Sophia Chikirou. Cette dernière était accusée de « faire peser sur le mouvement un risque judiciaire extrêmement grave », du fait de « sa proximité avec Jean-Luc Mélenchon » et de son implication dans les « campagnes électorales passées et actuelles de la France insoumise » via sa société Mediascop. Un signe que le manque de démocratie interne et le rôle de Sophia Chikirou sont ressentis comme des problèmes parmi de nombreux cadres du mouvement.

    Pourquoi Charlotte Girard ne quitte-t-elle pas LFI ?

    « Charlotte ne parvient pas à se décider, estime Djordje Kuzmanovic, proche de la veuve de François Delapierre, qui a lui annoncé son départ de LFI en novembre. Elle est déçue et partage mon ras-le-bol concernant les louvoiements programmatiques et l’organisation du mouvement mais a toujours de forts scrupules à exprimer publiquement ses désaccords ». Malgré les dérives, Charlotte Girard reste en effet fidèle à la cause portée par Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis, et s’inquiète des répercussions médiatiques provoquées par ses états d’âme. La dimension affective est également forte, dans un mouvement très soudé, pour une femme qui a longtemps été la compagne du « fils spirituel » du leader du mouvement. Lassée de ne pouvoir peser en interne, également désireuse de consacrer davantage de temps à sa famille, Charlotte Girard a donc décidé de prendre du champ, sans insulter l’avenir.

    https://www.marianne.net/politique/france-insoumise-derriere-distance-charlotte-girard-lfi

  • #s04e02
    #Affaire_Benalla : Matignon a provoqué l’enquête sur les sources de Mediapart - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/060219/affaire-benalla-matignon-provoque-l-enquete-sur-les-sources-de-mediapart

    Matignon répond au journaliste. « La chef du #GSPM dément être impliquée d’une quelconque façon dans la rupture du contrôle judiciaire de MM. #Benalla et Crase. Elle affirme connaître M. Benalla, mais ne jamais avoir rencontré M. Crase et qu’à sa connaissance celui-ci n’est jamais venu à son domicile. Elle dément également que son compagnon ait pu organiser cette rencontre chez elle en son absence », explique à Mediapart l’entourage d’Édouard Philippe. Matignon a aussi vérifié qu’aucune écoute administrative n’avait été autorisée concernant les protagonistes cités pendant la période des faits.

    Résultat : Valeurs actuelles ne publie rien. Contacté, le journaliste de l’hebdomadaire, Louis de Raguenel, confirme avoir envoyé des questions à Matignon. « S’il était avéré que ce sont mes questions qui ont entraîné la tentative de perquisition de Mediapart, je trouve cela choquant. Moi, j’ai fait mon travail de journaliste », a-t-il réagi.

    [...]

    Le procureur Heitz, qui pilote personnellement les investigations, n’est pas n’importe qui. Il a été nommé en octobre dernier par le pouvoir exécutif après un processus de désignation qui avait suscité une vive polémique, l’Élysée ayant retoqué les trois postulants retenus par le ministère de la justice et le Conseil supérieur de la magistrature.

    Les procureurs, « parce qu’ils sont porteurs d’une politique publique définie par notre gouvernement […], s’inscrivent dans une ligne de hiérarchie », avait estimé en octobre dernier la ministre de la justice, Nicole Belloubet, qui a couvert mardi 5 février, en mentant devant l’Assemblée nationale, la tentative de perquisition de Mediapart par le parquet de Paris.

    Le premier ministre Édouard Philippe a quant à lui dit assumer être intervenu, avec le président de la République, dans la nomination de Rémy Heitz, voulant « être certain » qu’il serait « parfaitement à l’aise » avec le nouveau procureur de Paris.

    papier de libé sur le journaliste en 2014 (suite révélation VA sur Davet / Lhomme)

    (1) « Valeurs actuelles » marche dans la #barbouze - Libération
    https://www.liberation.fr/ecrans/2014/10/28/valeurs-actuelles-marche-dans-la-barbouze_1131405

    Avant de devenir journaliste, ce militant UMP proche de la Droite forte a été le monsieur Communication numérique de Claude Guéant au ministère de l’Intérieur, entre 2011 et 2012. Puis il a été promu chef du groupe « nouvelles technologies et veille » au cabinet du directeur général de la Police nationale, Claude Balland. Très actif, le jeune community manager se fait vite remarquer par ses prises de position outrancières sur les réseaux sociaux, notamment contre le mariage gay.

    En mars 2013, comme l’a révélé l’Express à l’époque, il finit par être discrètement écarté par Manuel Valls, qui se méfie à juste titre de son activisme. A 26 ans, Louis de #Raguenel devient alors le nouveau rédacteur en chef Internet de Valeurs actuelles. Une reconversion éclair qui ne manque pas de faire jaser en interne. Aux côtés de quelques autres plumes fraîchement débauchées, la nouvelle recrue incarne le virage radical pris avec l’arrivée d’Yves de Kerdrel aux manettes, en octobre 2013. Depuis, de révélations anonymes en dossiers complaisants, l’hebdomadaire s’efforce de servir au mieux la cause sarkozyste. Une stratégie offensive dans laquelle Louis de Raguenel occupe une place discrète mais efficace. La semaine de son scoop, il s’est ouvertement targué d’avoir obtenu ses informations par l’intermédiaire d’un ancien policier proche de la galaxie sarkozyste, reconverti depuis dans le privé. Contacté par Libération, Louis de Raguenel n’a pas souhaité répondre à nos questions.

    La piste barbouzarde est aujourd’hui corroborée par les témoignages des policiers chargés d’assurer la sécurité de Gérard Davet et de Fabrice Lhomme, sous protection rapprochée depuis qu’ils ont reçu des menaces de mort. A deux reprises, tôt le matin, les hommes du SDLP (Service de la protection) ont identifié un véhicule dans lequel un photographe mitraillait méthodiquement ses cibles à l’aide d’un téléobjectif. A chaque fois, la plaque d’immatriculation a été relevée et passée aux cribles des fichiers de police. La première correspond au véhicule d’un particulier, la seconde à une voiture de location.

    Pour les deux journalistes du Monde, les menaces justifiant une protection policière remontent à la fin de l’été, quand Gérard Davet a reçu dans sa boîte aux lettres un courrier explicite (« on va te faire la peau »). Quelques jours plus tard, Fabrice Lhomme découvre sur son paillasson le dessin d’un cercueil, à l’intérieur duquel ont été notés les noms et dates de naissance de sa femme et de ses enfants. Une enquête préliminaire a été ouverte dans la foulée par le parquet de Paris, confiée aux policiers de la BRDP (Brigade de répression de la délinquance aux personnes).

    et plus recemment sur le mari de la cheffe du GSPM

    https://www.liberation.fr/france/2019/02/06/revelations-sur-un-nouveau-partenaire-de-benalla-qui-inquiete-matignon_17

    • #croustillant
      #pop_corn
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/02/06/la-perquisition-avortee-de-mediapart-a-ete-declenchee-par-des-informations-t

      « Je voulais savoir si des services étatiques avaient été mobilisés, explique M. de Raguenel. La bande provient-elle d’une écoute ou d’une sonorisation clandestine ? L’idée n’était aucunement d’enquêter sur les sources de Mediapart, ni de savoir comment le site a eu accès à l’enregistrement. »

      Lire aussi Les questions que pose la tentative de perquisition à « Mediapart »
      Après cet appel de M. de Raguenel, mais aussi d’autres médias, un courrier est adressé par le directeur de cabinet d’Edouard Philippe au procureur de Paris, dans un souci de « transparence », selon l’entourage du premier ministre.

      « Plusieurs journalistes nous ont contactés, jeudi et vendredi, pour tenter d’établir un lien entre la cheffe du GSPM, son conjoint, et la rupture du contrôle judiciaire de MM. Benalla et Crase. Matignon a donc procédé à de premières vérifications », écrit M. Ribadeau-Dumas dans ce courrier en date du 1er février, que Le Monde a pu consulter.

      Le bras droit de M. Philippe explique avoir « convoqué sans attendre » Marie-Elodie Poitout, cheffe du GSPM. Elle lui aurait alors expliqué avoir « reçu M. Benalla, qu’elle dit connaître depuis 2017, à son domicile, fin juillet, avec un ami commun », Chokri Wakrim, mais assure que M. Crase n’était pas présent. Enfin, M. Ribadeau-Dumas affirme dans cette lettre qu’aucun des protagonistes n’a fait l’objet « d’autorisation de techniques de renseignement », réfutant ainsi l’idée selon laquelle l’enregistrement aurait été réalisé par un service de renseignement.

      La brigade criminelle saisie du dossier
      Selon Le Parisien, la brigade criminelle, saisie du dossier, a procédé en début de semaine aux premières auditions. Marie-Elodie Poitout a été entendue mardi. Elle aurait confirmé avoir reçu M. Benalla à son domicile à la période indiquée, sans pouvoir préciser le jour, pour lui témoigner son soutien, tout en assurant ne pas avoir réalisé les fameux enregistrements.

      Elle aurait en outre affirmé ne pas se souvenir de la présence de M. Crase lors de cette rencontre mais a indiqué que son compagnon était présent. D’après Valeurs actuelles, ce dernier, militaire en activité, aurait été entendu par la direction du renseignement et de la sécurité de la défense pour son éventuelle implication dans le contrat de protection de l’oligarque russe Iskander Makhmudov que M. Benalla est soupçonné d’avoir négocié alors qu’il était encore en poste à l’Elysée.

      Selon Libération, Chokri Wakrim, présent au domicile de Mme Poitout, serait impliqué dans l’exécution de ce contrat. Le quotidien assure que M. Wakrim « a été sollicité quelques mois plus tôt par M. Benalla pour travailler sur le fameux contrat russe » puis « était notamment chargé, à Monaco, de la sécurité de la famille de M. Makhmudov ». Contactés, ni Alexandre Benalla, ni Vincent Crase n’ont donné suite aux sollicitations du Monde. M. Wakrim et Mme Poitout n’ont pu être joints.

      Reste à savoir pourquoi Matignon a alerté le parquet de la sorte, alors qu’aucune procédure judiciaire n’était ouverte. L’entourage de M. Philippe précise au Monde qu’« il ne s’agit en aucun cas d’un signalement ou d’un article 40 [du code pénal, qui impose aux agents publics le signalement des crimes ou délits dont ils ont connaissance]. Il s’agit simplement de partager en toute transparence avec la justice des éléments de réponse transmis à la presse et qui sont susceptibles de concerner une affaire judiciaire en cours. Qui comprendrait que Matignon réserve à la presse des informations que la justice pourrait estimer utiles ? »

      Une célérité qui interroge
      Toujours est-il que le parquet de Paris a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire – dont les bases judiciaires font débat, celle-ci ayant été lancée sans qu’aucune plainte ne soit déposée – dans la foulée de l’envoi de ce courrier et de diligenter les premiers actes avec une célérité qui interroge.

      Pour la première fois de son histoire, Mediapart a fait face à une tentative de perquisition. Comme il en avait la possibilité, le journal en ligne a refusé cet acte judiciaire. Depuis lundi, une trentaine de sociétés de journalistes ont apporté leur soutien à Mediapart en déclarant notamment que la perquisition qui avait visé le site fondé par Edwy Plenel « constitue une tentative particulièrement inquiétante d’attenter au secret de leurs sources. »

    • Révélations sur un nouveau partenaire de Benalla qui inquiète Matignon - Libération
      https://www.liberation.fr/france/2019/02/06/revelations-sur-un-nouveau-partenaire-de-benalla-qui-inquiete-matignon_17


      Alexandre Benalla et Chokri Wakrim en août 2018.
      Captures d’écran vidéo, DR

      C’est un personnage central de l’affaire Benalla, dont le nom n’est encore jamais apparu jusqu’ici. Chokri Wakrim, 34 ans, a pourtant tissé de nombreux liens avec l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron. Libération enquête depuis plusieurs semaines sur ce militaire au parcours opaque. Selon nos informations, il est impliqué dans un contrat de sécurité avec l’oligarque russe, Iskander #Makhmudov. L’homme est aussi le compagnon de Marie-Elodie Poitout, cheffe du groupe de sécurité du Premier ministre (GSPM), Edouard Philippe.
      […]
      Un attelage d’autant plus suspect que Wakrim a été sollicité quelques mois plus tôt par Alexandre Benalla pour travailler sur le fameux contrat russe. Il était notamment en charge, à Monaco, de la sécurité de la famille de Iskander Makhmudov. A l’époque, une partie de ce contrat avait été confiée à la société de sécurité privée Velours, qu’Alexandre Benalla connaît bien pour y avoir travaillé entre 2014 et 2015. Or il existe un autre lien entre cette entreprise et Chokri Wakrim. Selon nos informations, ce dernier a en effet créé une autre société avec un des fondateurs de Velours, dont les statuts datent du 9 juillet 2018, à peine dix jours avant les premières révélations du Monde à l’origine de l’affaire Benalla. Pourquoi avoir créé cette structure à l’objet social incongru (« entretien corporel »), sans lien apparent avec le milieu de la sécurité ? Toujours est-il que le patron de Velours a revendu toutes ses parts à Chokri Wakrim quelques semaines plus tard.

      Plusieurs documents consultés par Libération attestent par ailleurs de la proximité entre Chokri Wakrim et Alexandre Benalla. Le militaire l’a notamment accompagné cet été dans le château de l’homme d’affaires Vincent Miclet, en Dordogne. Dans une vidéo, il apparaît par exemple en pleine séance de tir à la carabine avec l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron, dans les jardins de la demeure. Une autre séquence le montre cette fois au domicile parisien de Mohamad Izzat Khatab, sulfureux homme d’affaires syrien soupçonné de nombreuses escroqueries, qui a hébergé Alexandre Benalla pendant plusieurs semaines après son son départ de l’Elysée, comme l’avait révélé Libération. Une proximité qui soulève de très nombreuses questions. Contacté à plusieurs reprises, Chokri Wakrim n’a pas répondu à nos sollicitations.

      #Izmaïlovo #Izmaïlovskaya

    • https://melenchon.fr/2019/02/04/perquisition-mediapart-letat-autoritaire-saffole

      Ce jour-là, Médiapart n’eut pas un mot pour s’étonner des 17 perquisitions contre les militants de « La France insoumise » et trois de leurs prestataires, ni pour les motifs, ni pour la méthode. Pas un mot d’étonnement sur le déploiement de cent policiers avec les méthodes réservées au grand banditisme, ni la perquisition au domicile du Président d’un groupe parlementaire d’opposition, de la saisie de tout le contenu de l’ordinateur de la Secrétaire Générale du groupe, pourtant aucunement concernée par les deux dossiers bizarrement joints qui servaient de prétexte à cette razzia. Pas un mot contre la confiscation d’ordinateurs ou de leur contenu intégral, rien contre la capture du fichier d’adhérents au Parti de Gauche, pas un mot contre l’interdiction faite aux responsables d’être présents pendant la perquisition du siège de « La France insoumise ». J’en passe et non des moindres.

      Médiapart ne s’étonna de rien, approuva tout, se tut sur tout ce qui à l’évidence sentait à plein nez l’instrumentalisation politique de la justice et de la police. Rien sur les liens politiques entre les décideurs de l’opération, rien sur l’anomalie d’une opération construite sur deux simples dénonciations et dont seul j’ai eu à pâtir parmi nombre d’autres cités dans ces deux domaines des assistants au Parlement européen et des comptes de campagnes pourtant validés. Rien. Au contraire Médiapart a organisé une croisade de presse contre moi le jour même pour crime de lèse-majesté médiatique. Mediapart a tout justifié, tout validé. Médiapart a couvert de boue dans des spasmes de rage misogyne Sophia Chikirou. Edwy Plenel a tellement dépassé les bornes qu’il a dû lui-même retirer un de ses tweets graveleux. Médiapart a claironné que « les hommes politiques n’ont pas de vie privée ». Médiapart a diffusé des mensonges délibérés comme celui d’après lequel nous aurions été prévenus de longue date de ces perquisitions. Médiapart a fait tout ce qui lui était possible pour salir nos personnes, notre honneur, nos vies personnelles. Médiapart a été dans cette circonstance le chien de garde zélé des basses besognes de la Macronie.

      Mais voilà que l’arroseur est arrosé. Médiapart est pris à son tour dans les manipulations de coups tordus entre divers étages de la police, et de la justice. Cela sous couvert d’une plainte de Benalla à propos d’un supposé viol du secret de l’instruction concernant sa vie privée. L’une d’entre nous a pourtant déposé une plainte de même nature. Bien sûr, elle n’a été suivie d’aucun effet d’aucune sorte. Alors que se passe-t-il ?

      Au-delà de tous les effets de manche et postures héroïques de défenseurs de la liberté de la presse, la réalité crue est d’une autre nature et d’une autre gravité. Les médias, la police et la justice fonctionnent en circuit fermé depuis des années. Les uns achètent des informations à certains des autres qui ne devraient pas les vendre. Parfois, la tractation est gratuite quand se produit un cas qu’ils appellent le « donnant-donnant ». On se demande ce que chacun donne et contre quoi. La preuve de ce trafic impuni : jamais aucune plainte pour violation du secret de l’instruction n’aboutit. Jamais. Au sujet de nos perquisitions, Médiapart publia dès le lendemain des « informations » en copié-collé (tendancieux) des procès-verbaux sans que le Parquet n’émette la moindre protestation ni velléité de réaction. Jubilant, Fabrice Arfi tweeta : « (Révélations) Les premières découvertes des perquisitions Mélenchon. Et c’est embarrassant… ». Mais tout a changé depuis peu.

      Le démarrage de l’affaire Benalla a ouvert une guerre sans merci entre services de police, également entre eux et le palais de l’Elysée, et entre magistrats et médias qui servent de relais d’habitude aux fuites organisées. Tout le monde est en embuscade autour d’un palais présidentiel en état de siège multiple. Tout est en cause dorénavant dans un régime aux abois. Les deux procureurs et les trois policiers venus perquisitionner savaient parfaitement que les dirigeants de Médiapart, sans doute prévenus de longue date, ne permettraient pas la perquisition. En effet celle-ci n’avait pas l’aval d’un juge, au contraire de mon invasion matinale. Ils savaient qu’ils exciperaient du secret des sources. Ce privilège réservé aux seuls journalistes, s’il est parfaitement compréhensible et nécessaire dans une enquête menée par un média, change de nature quand il concerne les affaires de justice. En effet il devient alors la négation des droits de la défense à une instruction sans publicité et donc sans pression. Le secret des sources dans le délit de violation du secret de l’instruction est tout simplement la porte ouverte à tous les abus et manœuvres puisque personne ne peut se défendre, ni contredire les informations publiées, ni solliciter personne pour faire cesser le trafic marchand de l’information. Il devient un droit à faire des piloris médiatiques.

      Ceux qui sont venus chez Médiapart avaient donc une autre intention évidente : intimider les sources d’informations policières à l’œuvre dans l’affaire Benalla auprès de Médiapart et auprès des autres médias qui attendent leur tour de balançoire. Une guerre de grande ampleur a donc lieu en ce moment au sommet des hiérarchies élyséenne, policière et judiciaire. Médiapart aurait dû comprendre à temps ce que signifiait l’agression contre « La France insoumise », les inquisitions sous prétexte de dossiers bidonnés. Médiapart aurait dû se rendre compte que le pouvoir macroniste voulait seulement ouvrir un feuilleton judiciaire à rebondissements contre moi comme cela se pratique dans beaucoup de pays contre les leaders de ma mouvance. Il aurait dû penser politiquement la situation au lieu de s’abandonner au joie du « Schadenfreude », joie à propos du malheur des autres.

      Voici ce que je crois : encouragé par la complicité de Médiapart contre nous, conscient de l’énorme discrédit des médias dans la période, le pouvoir aux abois se croit dorénavant tout permis. Sa tendance autoritaire est désormais en action la bride sur le cou. Si discutables que soient les pratiques de Médiapart et de ses dirigeants, si détestables que soient les méthodes utilisées par ce média contre nous, il ne faut pas se mettre à leur niveau. Ne soyons pas comme Fabrice Arfi quand il pérorait à mon sujet « Depuis deux jours les fausses nouvelles volent en escadrille. La première d’entre elles consiste à dire par un habile syllogisme que les procureurs de la république n’étant pas indépendants en France, la perquisition visant un membre de l’opposition est la preuve d’une justice aux ordres de l’Elysée. CQFD. C’est pourtant bien plus compliqué que cela. Mais que valent la complexité et la nuance quand il s’agit de s’ériger en martyr ? »

      Le danger du moment demande au contraire de prendre la mesure de ce qui se passe bien au-delà de nos mauvais souvenirs. Devant l’exigence d’une justice impartiale et juste, face à l’exigence de la liberté de la presse, on ne règle pas de compte avec ses adversaires politiques. Il faut donc comprendre que le coup porté contre la rédaction de Médiapart en annonce d’autres contre d’autres rédactions. Les perquisitions politiques contre « La France insoumise » ouvraient la porte à celle de Médiapart. Ce qui est fait à Médiapart prépare d’autres mauvais coup de même nature contre d’autres médias ou d’autres formations politiques. Une telle pente est sans retour quand elle est prise. Le silence moutonnier des députés macronistes montre qu’ils sont prêts à tout avaliser. La Macronie est devenue dangereuse pour la liberté. En attestent la violence de la répression contre les manifestants, les pressions sur la justice pour le prononcé de peines très lourdes contre les gilets jaunes. En attestent la série de lois liberticides de Belloubet et Castaner. En attestent les délires du Président de la République sur le rôle de Poutine dans l’insurrection des gilets jaunes et son mépris de classe devenu incoercible. En atteste l’état de siège dans lequel vit notre pays sous la main de cette équipe au pouvoir « par effraction » selon l’expression de son propre chef. Mais que Médiapart n’oublie pas ses erreurs s’il veut être utile au moment qui commence. Nous, nous n’oublierons pas que nos principes doivent profiter aussi à nos adversaires, même les moins sympathiques. La République, comme la liberté, ne se divise pas au gré des moments.

    • Juan Branco :

      « J’ai grand peine pour Mediapart qui se trouve complu en une situation que leur propre veulerie, lors des perquisitions d’octobre, aura autorisé. Je refuse de rendre héroïques des personnes qui s’étaient effacées lorsque la liberté des autres était en danger.

      Je ne recevrai aucun des arguments rhétoriques, notamment en ce qui concerne la saisine des JLD dont on sait tous l’inanité, pour tenter de distinguer les situations. Il y a une tendance grave en un pouvoir que ce media a contribué à enfanter, et celle-ci est là depuis le début.

      Mediapart y a cédé par habitus sociologique, bien plus que du fait des liens qu’il entretient par ailleurs avec certains de ses principaux soutiens (Niel, dont il est incompréhensible que Mediapart n’ait pas racheté la participation) ou Jean-Pierre Mignard.

      Ils ont voulu voir en Macron un bourgeois gentilhomme, là où il présentait de graves dangers : parce qu’ils leur ressemblait. Leur lecture de l’un des mouvements politiques les plus dangereux de notre temps a contribué à le légitimer et le normaliser au sein de la sphère publique.

      Un tel saccage de mois et de mois d’enquête menés par @fabricearfi, @MartineOrange et tant d’autres, un tel saccage d’années de lutte d’@edwyplenel en faveur des idées contre lesquelles s’est fondée la macronie, est chose qui ne peut que blesser. Voilà où nous nous trouvons.

      Alors je répète, une énième fois : cessons de vouloir nous distinguer en courant comme des lapins aveuglés derrière chacune des manifestations de l’autoritarisme de ce pouvoir. Car alors celui-ci en s’effondrant, nous écrasera. Lisons. Débattons. Et enfin, pensons. »

  • J’ai assisté complètement par inadvertance samedi soir dernier à cette prise de bec entre l’éditorialiste Bruno Jeudy et Christophe Couderc, invité sur le plateau de BFM-TV en tant que #Gilets_jaunes : un grand moment d’#abjection

    Bruno Jeudy traque les « faux » gilets jaunes (BFM-TV) - Acrimed | Action Critique Médias
    https://www.acrimed.org/Bruno-Jeudy-traque-les-faux-gilets-jaunes-BFM-TV

    Dans la soirée du samedi 8 décembre, l’éditorialiste Bruno Jeudy prend à partie un gilet jaune présent sur le plateau de BFM-TV. Alors que celui-ci vient de dénoncer les privatisations mises en œuvre par le gouvernement, Bruno Jeudy reproche à son invité ses « obsessions politiques » qui ne sont pas « démocratiques », et l’accuse de ne pas être « un vrai gilet jaune ». Il illustre ainsi une tendance de certains éditocrates à vouloir distribuer les rôles, entre les bons et les mauvais gilets jaunes.

    Le CV du "bonhomme Jeudy" : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bruno_Jeudy

    #puant #brouet_médiatique

    A rapprocher de ceci :
    http://cqfd-journal.org/Le-Chien-rouge-a-la-patee-BFM

    #pâtée_BFM

  • Macron s’effondre, et emporte les médias avec lui Mačko Dràgàn - 12 Novembre 2018 - Le blog de médiapart
    https://blogs.mediapart.fr/macko-dragan/blog/121118/macron-seffondre-et-emporte-les-medias-avec-lui

    Il règne une atmosphère de fin de règne en Macronie. Pourquoi cependant ne donne pas-t-elle pas lieu, dans les médias grand public, à un « Macron Bashing » semblable à celui subi par Hollande lors de son mandat ? Peut-être parce qu’il est la dernière chance, le dernier tour de piste, d’un système à bout de souffle, et qui refuse de mourir...

    C’est désormais officiel : Macron est dans les choux. Il serait laborieux de dresser l’inventaire exhaustif des symptôme de l’effondrement, car, de l’affaire Benalla jusqu’à la polémique sur Pétain en passant par la démission de Hulot et Collomb, la fronde contre la hausse du diesel et j’en passe, sur fond de résultats économiques décevants, voire catastrophiques, il est évident que plus rien ne va en Macronie. Notre monarque se retrouve à poil en tonneau à bretelle, seul au milieu des ruines. 

    Ceci est évident, mais pas pour tout le monde. Car il est un petit milieu qui continue à défendre le président envers et contre tout, quand même ses plus proches soutiens prennent leur distance et, en off, démontent l’ex roi-soleil, devenu crépusculaire : et ce milieu, c’est celui des médias (ou, pour le dire plus précisément, et pour ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, celui des éditorialistes).

    Il a suffit que la Méluche (quoiqu’on pense du personnage) se fasse tout rouge et hausse le ton le temps d’une vidéo devenue virale pour que le tempo d’une semaine de matraquage intensif soit lancé, sans que ne soient posés (y compris du côté de Mediapart, ce qui fut pour moi une déception) les questionnements cruciaux que pourtant cette affaire imposait. L’un des rares à avoir soulevé les lièvres les plus intéressants, à ce sujet, fut Daniel Schneidermann, dans ses chroniques matinales, que je me permets de citer avant de passer à autre chose : « De toute l’histoire des perquisitions dans des scandales de recettes ou de dépenses de campagnes électorales, c’est la première fois, assurent les Insoumis (et il me semble bien qu’ils ont raison) qu’un domicile personnel est perquisitionné. Pourquoi ? Que cherchait le parquet, hiérarchiquement soumis au gouvernement, qui dirige l’enquête ? […] A l’article de Mediapart, il ne manque qu’une chose : la description du piège dans lequel ils se sont eux-mêmes retrouvés. Et, éventuellement, sa dénonciation » ; « La double casquette de Sophia Chikirou, responsable de la campagne et prestataire, rendait cette campagne, d’emblée, légitimement soupçonnable (même s’il semble, d’après notre enquête auprès de professionnels, que cette campagne n’a nullement été surfacturée). Mais le très professionnel procureur de Paris, avec son bandeau d’aveugle sur les yeux, est, dans le système français de nomination, tout aussi légitimement soupçonnable ».

    Mais inutile de revenir plus encore sur cette affaire. Que la presse et les télévisions grand public n’aiment pas tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la gauche n’est plus une surprise. Ce qui stupéfie l’observateur même le mieux disposé, c’est la passion sans bornes qui continue, en pleine tourmente, d’unir nos éditorialistes à un président qui s’abîme pourtant dans un gouffre d’impopularité, massivement (il suffit de vivre dans le monde réel pour s’en rendre compte) rejeté par la société civile, et dont l’absence totale de compétence en terme de gestion de l’État est désormais plus que criante.

    En son temps, Pépère (Hollande) était rapidement devenu la risée de la quasi-intégralité des médias nationaux, qui le descendaient à coup de "unes" ravageuses avec un degré de mauvaise foi qui frôlait parfois les plus hautes cimes du ridicule –ce qui, à la longue, avait fini par me le rendre (presque) sympathique, malgré le caractère profondément détestable de sa politique.

    Pas Macron. Les médias mainstream, semble-t-il, le défendront jusqu’à leur dernier souffle, avec les dents s’il le faut. L’affaire Benalla ? Une dérive individuelle. La démission de Hulot ? Le pétage de plomb d’un homme sensible. Les improbables péripéties qui ont entouré le départ de Collomb ? C’est le vieux malappris qui est coupable de haute trahison, pas le président. La bêtise crasse de bon nombre de députés LREM ? R.A.S. Le pathétique remaniement ministériel, sans cesse ajourné en raison de manque d’effectif pour intégrer un gouvernement dont plus personne ne veut ? Un nouveau souffle, s’exclament-t-ils tous ébahis. La polémique sur Pétain ? Une fatigue passagère –qui n’a jamais vanté Vichy un soir de coup de mou ? Les sorties ineptes du président sur les chômeurs, et les français en général ? Le recul sur les lois environnementales ? Les prévisions économiques à la baisse ? Les mesures antisociales ? Les échecs diplomatiques ? Circulez, il n’y a rien à voir et tout va bien.

    Ceci est proprement hallucinant.

    Voir à ce point ce qu’il est impossible de désigner autrement que comme les représentants du système médiatique faire corps autour du leader qu’ils se sont choisi, au détriment de toute déontologie, sans même prendre la peine de mettre un vernis de neutralité sur le fanatisme idéologique néolibéral qui les anime a au moins un intérêt : mettre à nu les rouages éculés de la pensée dominante.

    Avec Hollande, les tenants de la pensée hégémonique pouvaient encore espérer plus à droite, plus libéral. Ils se sont comportés avec lui comme avec un domestique maladroit dont on attend la fin du contrat intérim pour le congédier. Avec Macron, la chose est différente : d’une certaine façon, alors que tout craque, que tout s’effondre, que le système est à nu, il est la dernière chance. Il va donc falloir le défendre jusqu’au bout, contre tout, même –et surtout- contre l’évidence. Parce qu’il n’est pas sûr qu’il sera possible, très bientôt, de remettre une pièce dans la machine. Frédéric Lordon l’avait bien vu, à l’époque, lors de la campagne du jeune prodige attalien :
    « Les riches veulent rester riches et les puissants puissants. C’est le seul projet de cette classe, et c’est la seule raison d’être de son Macron. En ce sens, il est le spasme d’un système qui repousse son trépas, sa dernière solution, l’unique moyen de déguiser une continuité devenue intolérable au reste de la société sous les apparences de la discontinuité la plus factice, enrobée de modernité compétitive à l’usage des éditorialistes demeurés. De là ce paradoxe, qui n’en est un que pour cette dernière catégorie : Macron, auto-proclamé « anti-système » est le point de ralliement où se précipitent, indifférenciés, tous les rebuts du système, tous les disqualifiés qui se voyaient sur le point d’être lessivés et n’en reviennent pas d’une telle faveur de la providence : la possibilité d’un tour supplémentaire de manège ».

    Et ce tour sera peut-être le dernier.

    Il y a de cela quelques jours, j’ai entendu #Léa_Salamé manquer de s’étouffer d’indignation chaque fois que son invité de ce jour-là, le jeune et par ailleurs plutôt sympathique #Quatennens, utilisait l’expression « les médias ». « Encore les médias ! Encore à critiquer les médias ! », s’exclamait-elle, comme si cela n’existait pas, comme si « les médias » n’était que le délire d’une bande d’illuminés dans laquelle les gauchistes crapotent aux côtés des soraliens et des complotistes. 

    « Les médias » existent. Nous ne parlons évidemment pas de la horde de pigistes précaires qui constituent le gros des rédactions, et qui, invisibles, n’ont pas voix au chapitre. Nous ne parlons pas non plus des quelques enclaves (notamment chez les humoristes de France Inter et dans la presse indépendante) où règne encore une totale liberté de ton. Mais les faiseurs d’opinion, ceux qui ont porté Macron au pouvoir après avoir lâché Juppé, sont une douloureuse réalité de notre société qui se voudrait pluraliste et démocratique. Il serait temps, en ces heures ce dévoilement et de dévoiement, de ne plus nier cet état de fait.

    Et il serait temps, surtout, de leur part, de songer à un mea culpa.

    Parce que le jour où le discrédit de médias trop visiblement aux ordres sera total et définitif, il ne faudra pas s’étonner si les citoyens s’en vont biberonner des sources plus fangeuses encore que celles de #BFMTV.

    J’en appelle donc à nos éditorialistes : sortez du manège, lâchez Macron ! Sinon, tel le joueur de flûte de Hamelin, il vous entraînera avec lui, droit dans le mur. Et personne, je le crains, ne sera gagnant dans ce désastre. 

    Quelque chose se prépare. Avec ou sans vous.

    Salut & fraternité,
    M.D.

    P.S. : je ne résiste pas à la tentation, tardive, de mentionner cet article affligeant pondu par les "décodeurs" du Monde ; ou quand la propagande prend les traits du fact-checking : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/10/17/non-la-perquisition-subie-par-jean-luc-melenchon-et-la-france-insoumise-n-es

    #journulliste #merdias #journullistes #medias #manu #émmanuel_macron #françois_hollande #décodex #fact-checking
     

  • De Jean-Luc Mélenchon à Daniel Kretinsky | Daniel chneidermann

    De la mêlée furieuse entre La France insoumise et les médias, énième épisode d’un feuilleton qui, en apparence, ne se renouvelle guère, tentons de dégager quelques leçons. D’abord, ça va sans dire mais rappelons-le, il n’est pas admissible, de la part d’un responsable politique, de traiter les journalistes d’abrutis ou d’inciter à les « pourrir », comme le fait Jean-Luc Mélenchon. Surtout dans le contexte. Le contexte ? Entre la guerre d’usure de Donald Trump, les ventes surprises de journaux et de magazines français à de mystérieux acquéreurs étrangers, et, tout dernièrement, l’exécution barbare d’un éditorialiste du Washington Post sur ordre de l’Arabie Saoudite, alliée fidèle de Washington, la presse occidentale en général et les journalistes en particulier tournent depuis deux ans dans une sorte de lessiveuse morale assez déprimante. Rien à voir ? Peut-être, sauf une dévalorisation accélérée de la notion même d’information professionnelle, cette information professionnelle qui a échoué à empêcher l’élection de l’outsider-bouffon Trump - lequel, circonstance aggravante, ne s’en sort pas trop mal jusqu’ici aux yeux de ses électeurs.

    Ce complexe obsidional, que développent aujourd’hui les journalistes, ne doit pas interdire de porter un regard critique sur les investigations journalistiques sur La France insoumise. D’abord sur le fond. Les turpitudes prêtées à la campagne Mélenchon valaient-elles vraiment cette avalanche de scoops ? On attend encore de vraies contre-expertises sur les prestations prétendument surfacturées par Sophia Chikirou. Elles seront utiles, mais n’épuiseront pas le sujet. Le sujet, l’éléphant dans le couloir, est de tenter de discerner si les mégaperquisitions à La France insoumise procèdent d’une dynamique policière ayant sa logique propre, ou du harcèlement politique d’un opposant. Pas la peine, pour répondre à cette question, de compter sur les médias qui relaient les découvertes policières, Mediapart au premier rang. De fait, ils se montrent aveugles au dispositif qui les enserre. Trop heureux d’être nourris par la police, ils sont structurellement incapables de se demander pourquoi cette main les nourrit.

    « Vous avez la preuve que Mme Belloubet est derrière ces perquisitions ? » demandait sur France Inter Léa Salamé à l’insoumis Alexis Corbière. La preuve ! Comme si la servilité de la haute magistrature française, de toute éternité, laissait des traces écrites. Et cette presse amnésique qui exigeait « des preuves », était la même qui, trois semaines plus tôt, s’alarmait de l’immixtion de l’exécutif dans la nomination du nouveau procureur de Paris : trois candidats au poste, excusez du peu, avaient été auditionnés, pour des entretiens d’embauche, par le Premier ministre en personne. La scène se serait déroulée en Russie, on l’aurait entendue, la presse, gloser sur « la justice poutinisée ». Ici, une vaguelette d’indignation, aussitôt oubliée. « Qu’on ne nous parle plus jamais de l’indépendance de la justice en France », tweetait Fabrice Arfi, investigateur en chef de Mediapart. Il n’aura fallu que trois semaines pour voir la même presse gober sans distance les contraventions de perquisition de l’enquête menée par le même parquet. Obligé par la bronca de ses abonnés insoumis à trouver une posture, Edwy Plenel expliquait que même dans un cadre de soumission absolue de la justice au pouvoir, peuvent subsister des oasis de pratique policière dévouée au bien commun. Acrobatique.

    Le journalisme d’investigation est indispensable. Il est légitime d’enquêter sur d’éventuelles surfacturations de Sophia Chikirou dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon, comme d’ailleurs sur les campagnes des autres candidats. Et, au lendemain d’une perquisition où la police a découvert Sophia Chikirou au domicile de Jean-Luc Mélenchon à 7 heures du matin, oui, il est d’intérêt public de révéler, comme Mediapart, que Mélenchon et Chikirou « entretiennent une relation extra-professionnelle de longue date ». Mais il présente un inconvénient : la dépendance aux sources, qui peuvent se montrer susceptibles.

    La presse a-t-elle le droit d’enquêter sur les surfacturations, les ristournes, et sur le reste ? Heureusement oui. Mais elle ferait bien, pour son propre salut, de tenter de rester lucide sur les dispositifs qui la déterminent. Et, dans la mesure du possible, sur tous ses points aveugles. Dans la dernière année, combien d’articles, dans la presse française, sur les soubresauts du malheureux Média de La France insoumise, ses querelles internes, ses excommunications spectaculaires ? Et en regard, combien d’enquêtes sur le mystérieux milliardaire tchèque des énergies polluantes Daniel Kretinsky, qui vient de racheter un gros morceau du Monde, après s’être fait les dents sur Marianne et les magazines Lagardère, et dont on commence seulement aujourd’hui à entrevoir qu’il cherche tout bonnement à se placer dans la course à la privatisation d’Engie ?

    Daniel Schneidermann

  • Perquisitions à la FI... et haine de classe
    http://la-sociale.viabloga.com/news/perquisitions-contre-la-fi-et-haine-de-classe

    Le jour même des perquisitions qui ont visé Jean Luc Mélenchon, 17 de ses collaborateurs, les locaux de la « France Insoumise », Sophia Chikirou et son entreprise Médiascop, la cause était entendue dans la plupart des médias où les éditorialistes s’en donnaient à coeur joie. « Détournements de fonds », « escroquerie », « bande organisée", tout était suggéré, sans oublier les considérations visant la vie privée, celle de Mélenchon et de Sophia Chikirou notamment. Il ne serait évidemment pas sérieux de prendre le contre pied sur des éléments que nul ne connait, même pas d’ailleurs les principaux visés qui à les entendre découvrent au jour le jour ce qui leur est reproché. Ce qui interroge, c’est plutôt la nature politique de cette vaste opération judiciaire.

    Jean Luc Mélenchon a occupé l’espace médiatique, revenant en boucle dans les escaliers de la « France Insoumise ». « Emportements », « violence dans le regard », « violences dans les gestes » , « corps à corps » avec un policier en faction… Son ton, son attitude devait prouver les doutes légitimes sur sa « présidentiabilité », sur sa capacité à garder son sang froid. Mais est-ce vraiment cette inquiétude qui dominait dans les propos de différents éditorialistes, Barbier et compagnie ? Ou bien plutôt l’expression d’une haine qui trouvait là un terrain idéal pour se déverser, tellement l’attitude du leader de la FI dénotait avec le fonctionnement feutré des élus mis en cause un jour pour attendre souvent des mois, sinon des années, pour voir leur cas réglés, pour se voir souvent blanchis.

    Cette haine ne porte-elle pas un nom ? Et s’il s’agissait de la « haine de classes » tout simplement, la haine de cette « intelligentsia » porte parole d’un pouvoir dont les orientations défendent les privilèges d’en haut au détriment de la souffrance d’en bas ? Ce sont les mêmes qui justifient toutes les décisions qui visent dans tous les domaines ouvriers, salariés, jeunes ou retraités. Ce sont les mêmes qui hier vantaient la « loi travail » de Hollande complétée par Macron, qui félicitent la réduction du bien commun, des services publics et du nombre de fonctionnaires au nom de la chasse aux déficits, qui comprennent pour mieux les encourager les restrictions qui visent les retraités au nom de l’équilibre des comptes sociaux, qui approuvent « chiffres à l’appui » les injonctions faites aux chômeurs, « fainéants » par nature, responsables de leur chômage, qui refusent de « traverser la route pour trouver un emploi », qui soutiennent l’Union Européenne dans ses décisions dirigées contre les peuples, qui éructent avec mépris contre les « souverainistes », les « populistes », les « nationalistes »…

    Pour qu’une telle opération contre Mélenchon et la FI ait pu se mener, il a fallu qu’elle soit préparée de loin, au plus profond de l’état. La faiblesse politique de Macron, le désaveu de ses décisions, la crise de régime et de gouvernement qui serait apparus plus encore, si le remaniement n’avait été fort à propos caché par l’opération politico-judiciaire contre la FI, mettent tout ce beau monde aux abois.
    Est-on bien sûr que les nerfs qui ont lâchés ne sont pas ceux qui ont ordonné de frapper ? Et si l’affolement dans le contexte politique d’ensemble était celui du pouvoir ?

    Jacques Cotta
    Le 24 octobre 2018

  • Contaminations à la source : de nombreuses filières sélectives lors de la phase d’essai
    Les irréversibles compromis de la planète
    Theresa May répète qu’elle ne fera aucun prélèvement pour Parcoursup
    Donald Trump : « J’ai les blockchain, je n’ai pas peur »
    Sophia Chikirou menace d’exclure le Canada de l’histoire
    La première preuve de l’Alena date de 1995, et elle est décalée
    Erreurs sur le Brexit : les craintes d’une rentrée imprimée sur papier s’estompent

    #de_la_dyslexie_créative

  • Aude Lancelin : « La déliquescence morale et intellectuelle du journalisme est très préoccupante »
    https://comptoir.org/2018/04/06/aude-lancelin-la-deliquescence-morale-et-intellectuelle-du-journalisme-est

    Agrégée de philosophie, Aude Lancelin est journaliste spécialisée dans le domaine des idées et de la culture depuis presque vingt ans. Elle a été directrice adjointe de la rédaction de « Marianne », puis de « L’Obs ». En 2016, elle est brutalement licenciée de ce dernier magazine. Une mésaventure qu’elle raconte dans « Le Monde libre » (Les Liens qui libèrent), pamphlet contre la dérive capitaliste d’un média social-démocrate, qui obtient le prix Renaudot de l’essai 2016. Début 2018, elle publie, à nouveau aux Liens qui libèrent, « La Pensée en otage ». Elle y analyse la crise de la presse en déconstruisant sept grandes idées reçues. Depuis le 15 janvier, elle travaille pour Le Média, web TV indépendante fondée par Sophia Chikirou, Gérard Miller et Henri Poulain, tous trois proches de La France insoumise*. Nous l’avons rencontrée afin de discuter de la presse et du Média, sous le feu de la critique depuis son lancement

    Le Comptoir : Dans La pensée en otage , vous fustigez l’idée que le web est « l’Eldorado de la diversité et de la liberté intellectuelle retrouvée ». Vous écrivez : « Comme si la création de petits sites reposant le plus souvent sur un semi-bénévolat, mêmes s’ils ont le mérite de valoriser utilement les travaux intellectuels méconnus ou pourchassés des grandes ondes, pouvait être une alternative suffisante ». Le Média peut-il suffire ? Comment avec une audience encore modeste peut-il incarner ce contre-pouvoir politique que vous appelez de vos vœux ?

    Aude Lancelin : Cette remarque s’adresse, dans La pensée en otage , à tous les naïfs, notamment à gauche, qui pensent que leur liberté d’expression n’est pas menacée du moment qu’on les autorise encore à poster toute sortes d’idioties antigouvernementales sans conséquence sur Facebook, ou qu’ils voient des sites d’obédience anticapitaliste se lancer, même si les contributeurs de ceux-ci sont payés au lance-pierre, voire ne sont tout simplement pas rémunérés. Je me suis donc attardée dans ce livre à montrer qu’il ne fallait pas se rassurer à bon compte dans ce domaine, et que l’univers du Net aussi, que d’aucuns voient comme un refuge pour leurs libertés, était de plus en plus dangereusement cadenassé, patrouillé par les puissances commerciales et étatiques, les mêmes que celles qui tiennent les médias mainstream au demeurant.

    L’existence de médias de niche à gauche, aussi précieux et louable que soit le travail de résistance de ceux-ci, ne règlera pas le problème global de la colonisation de l’espace public par les intérêts privés. Et la tendance s’aggrave, la neutralité des Gafa n’étant plus qu’une aimable farce, ainsi que de nombreuses affaires récentes le montrent, à commencer par les ambiguïtés de la prétendue chasse aux fake news déclenchée suite à l’élection de Trump, qui a terrorisé les “élites” occidentales. Par ailleurs, les deux quotidiens historiques de ce qu’on appelait hier encore la gauche française, Le Monde et Libération , sont passés en quelques années sous l’ombrelle des géants des télécoms, soit l’une des formes de capitalisme les plus violentes qui existent, et les plus dangereusement interdépendantes de l’État aussi. Il est inouï que cela n’ait longtemps suscité aucune inquiétude dans le milieu des journalistes – c’est du reste encore largement le cas. La prise de conscience est lente et très difficile...

  • Le Média, c’est fini ! posté par lemediapresse | Avr 1, 2018 |
    https://lemediapresse.fr/medias-fr/le-media-cest-fini

    Les équipes sont au regret de vous annoncer que l’aventure du Média prend fin.

    Sous le feu d’attaques incessantes, le Média n’a pas su trouver les ressources pour faire face à cette crise. Une dernière réunion s’est tenue dans ses locaux de Montreuil, lors de laquelle les équipes, dos au frigo, ont acté l’impossibilité de sauver le projet.

    Depuis plusieurs semaines, on le sait, le Média faisait face à des difficultés importantes. Le récent passage à l’antenne de François Asselineau a du reste provoqué le retrait des fonds fournis au Média par la France Insoumise. Des finances déjà bien entamées par les vacances luxueuses de Gérard Miller aux sports d’hiver, qui avaient provoqué un trou conséquent dans la comptabilité. Le réalisateur Henri Poulain a de son côté choisi de reprendre les caméras prêtées pour le lancement par sa société personnelle. A cela s’est ajouté un détournement d’argent important par un membre de l’équipe digitale, Mathias Enthoven, afin d’imprimer 500.000 autocollants « L’Avenir en commun ».

    A quoi bon continuer ce projet, alors que Jean-Luc Mélenchon lui-même n’assiste plus aux conférences de rédaction ?

    La directrice de publication, Sophia Chikirou, a annoncé son intention de quitter la France pour poursuivre sa carrière dans la communication politique au Venezuela. « Un pays où l’on peut vraiment faire de l’information », a-t-elle précisé non sans exprimer sa profonde tristesse. Une rupture conventionnelle collective est ouverte pour les salariés du Média grâce aux ordonnances Macron, même si elle ne concerne en réalité que 5 personnes, les autres ayant tous un statut d’autoentrepreneur.

    Un dernier espoir subsiste néanmoins pour les équipes dévouées au Média, des discussions étant ouvertes avec Xavier Niel, fondateur de Free et coactionnaire du groupe Le Monde, qui propose de racheter le titre au nom du « pluralisme démocratique ».

    Le Média

    • 1er Avril 2018.

      Je viens de prendre connaissance du message du Média de ce jour. « Les équipes sont au regret de vous annoncer que l’aventure du Média prend fin. » A vrai dire je ne suis pas étonné de cette fin d’une aventure qui était vouée à l’échec, selon les dires de la plus grande partie des médias en lesquels on peut avoir une confiance sans limite car financés par les meilleurs chefs de cordée jupitériens.

      Le modèle financier qui avait été choisi était pour le moins farfelu. Des actionnaires sans promesse de dividende, les banques, symbole d’honnêteté économique, empêchées de participer au capital, pas d’inscription à la bourse, ce phare de la civilisation moderne, bref tout concourrait à la fin du Média.

      Quant à la ligne éditoriale, elle étonnait chaque jour par son manque de propagande atlantiste, par son parti pris de défense des petites gens sans importance, par sa croyance en un monde meilleur possible, etc., il était temps que cela prenne fin.

      Amen.

  • Un troublant exercice de style !

    Ou comment dissimuler ses partis pris sous le masque trompeur d’une objectivité proclamée.
    A propos d’un article d’Ariane Chemin sur le Média (Le Monde, 3 mars 2018)

    Ariane Chemin est une journaliste que je connais bien. Nous ne sommes pas des amis, mais on discute de temps en temps, il nous est arrivé de déjeuner ensemble et quand l’un appelle l’autre sur son portable, l’autre répond aussitôt. Récemment encore, nous avons parlé de son métier, et comme la plupart de ses confrères qui ont le sentiment de faire honnêtement leur travail, Ariane trouvait fort injuste que les journalistes soient tellement décriés par nos concitoyens. Or il se trouve que le 1er mars dernier, dans le cadre de l’enquête qu’elle menait pour le Monde sur le Média dont je suis l’un des co-fondateurs, elle m’a téléphoné, me demandant de répondre à un certain nombre de ses questions, ce que j’ai fait longuement, sans en écarter aucune. Deux jours plus tard, je lisais son enquête qui me laissait — comment dire ? — perplexe. Ne voulant pas que cette perplexité m’encombre, je vais en rendre compte ici, souhaitant que cela serve éventuellement à expliquer ce qu’il n’est pas toujours illégitime de reprocher aux journalistes : la dissimulation de leurs présupposés et de leurs partis pris sous le masque trompeur d’une objectivité proclamée.

    Beaucoup d’entre nous ont déjà éprouvé ce sentiment étrange quand un article concerne des faits que l’on connaît personnellement. Très souvent, on y trouve un certain nombre d’imprécisions, de confusions, d’erreurs, et on se prend à penser que s’il en est de même pour tous les articles qui traitent de sujets qu’on ne connaît pas ou mal, ce ne serait guère rassurant. C’est assurément exagéré, mais en tout cas, dans l’article d’Ariane Chemin, je dois bien avouer n’avoir rien retrouvé de ce que j’ai vécu au Média et rien non plus de ce que je me suis efforcé de lui raconter pendant plus d’une heure. Pour ne pas infliger au lecteur la liste de tout ce qui cloche à mes yeux dans cet article et ne pas donner l’impression fâcheuse d’être un mauvais coucheur, voire un censeur, je me contenterai de prendre le début, les premières phrases, celles qui donnent le ton, créent l’ambiance et préparent psychologiquement le lecteur à adopter le point de vue spécieux de l’auteur. Car l’article d’Ariane Chemin est un modèle de ce qu’on pourrait appeler, en hommage à Raymond Queneau, un troublant exercice de style.

    Ariane Chemin commence par quelques mots aussi précis qu’un constat d’huissier : « Montreuil, métro Robespierre, lundi 19 février, 9 heures du matin. » Jusque là, rien à dire. Encore que souligner dans un article la station de métro la plus proche de l’endroit dont on parle doit avoir une utilité. Pour ma part, si j’écrivais un article sur BFM, je ne commencerai pas par ces mots : « Paris, métro Porte de Versailles, lundi 19 février, 9 heures du matin. » Evidemment, l’avantage avec la station Robespierre, c’est qu’on peut imaginer par exemple la guillotine et ça tombe bien. Car de quoi s’agit-il tout de suite après ? De décrire justement une scène inquiétante, une scène de procès comme les robespierristes, assoiffés de vengeance et de sang, sont supposés en avoir eu le goût à leur époque.

    Deuxième phrase : « La journaliste Aude Rossigneux a été convoquée la veille par un mail lapidaire. » Dès la deuxième phrase, pas d’hésitation, on comprend bien pourquoi le Média s’est installé à un jet de pierre de la station Robespierre : les mails qu’il envoie ne sont pas concis — ce qui est quand même le cas de bien des messages, textos et autres, que nous nous échangeons —, non, ils sont lapidaires, ce qui est déjà menaçant. Limite angoissant. On imagine le mail lapidaire en question : « Aude, descends à la station Robespierre, emprunte la rue Lénine, puis l’avenue Fidel Castro, et arrive jusqu’à nous. »

    La troisième phrase vaut son pesant de cacahuètes : « Dans la cuisine du Média, au sous-sol des nouveaux locaux de la télé proche des « insoumis », le dos au réfrigérateur, elle cherche à comprendre l’objet de cette réunion un brin solennelle. » Ça, je ne l’aurais pas inventé : « le dos au réfrigérateur ». Aude s’est assise où elle a voulu, on est dans une cuisine, il y a un frigo, et la voilà… le dos au mur, pardon, « le dos au réfrigérateur ». Si elle voulait s’enfuir par là, impossible — elle est prisonnière ! Et comme un lapin pris dans les phares d’une voiture, « elle cherche à comprendre l’objet de cette réunion. » Bon, la rédaction du Média était en ébullition depuis des semaines, Aude était au centre de très vives tensions — il est difficile de croire qu’elle tombait ce jour-là des nues, mais peu importe. Pour paraphraser Hitchcock, « demander à un journaliste qui veut raconter une histoire à sa façon de tenir compte de la vraisemblance est aussi ridicule que de demander à un peintre figuratif de représenter la réalité avec exactitude. » Poursuivons donc notre lecture.

    « De l’autre côté de la table en bois clair, trois hommes lui font face : le psychanalyste Gérard Miller, le réalisateur Henri Poulain, accompagné de son directeur de production et associé, Hervé Jacquet. » On n’est qu’à la quatrième phrase de l’article et j’espère que chacun apprécie le talent de l’auteur : l’angoisse est à son paroxysme, Ariane tient la scène. Aude est seule, alors que le nommé Henri est venu « accompagné » dont ne sait quelle âme damnée. Aude est seule, « le dos au réfrigérateur », alors que « trois hommes lui font face ». Aude est seule et, pétrifiée, « elle cherche à comprendre » ce qui se passe. Le grand Alfred, que je viens d’évoquer, appelait ça l’anticipation. Au cinéma, expliquait-il, un coup de fusil ne fait pas peur. Ce qui fiche la trouille au spectateur, c’est le fait de l’attendre. Et en moins de temps qu’il ne faut pour le lire, Ariane Chemin, en toute objectivité bien sûr, a fait le job : on sait de quel côté de la « table en bois clair » est le côté obscur de la force, on tremble, on s’attend au pire — il viendra.

    Cinquième et sixième phrases : « A quelques tasses de café, enfin, la réalisatrice Anaïs Feuillette, compagne de M. Miller, et tout au bout, Sophia Chikirou. « Comment dire tout ça ? » commence la directrice générale de la chaîne, avant de passer la parole au psychanalyste. » Là, plus de doute, on vit la scène comme si on y était et on entrevoit l’incroyable dispositif mis en place, digne des procès en sorcellerie : face à l’innocence persécutée, Savonarole et ses deux assesseurs, et loin sur le côté (à gauche ou à droite, on ne nous le précise pas) deux femmes, dissimulées derrière des « tasses de café », deux femmes dont l’une, « tout au bout » (curieuse indication : derrière elle, il y a quoi ? la porte de l’enfer ?), dont l’une, « tout au bout » ouvre le bal en prononçant une sentence elliptique, quasiment codée : « Comment dire tout ça ? », avant de replonger dans l’ombre et de céder la parole à l’un des trois hommes.

    Arrive la septième et dernière phrase de cette introduction si peu orientée : « L’ancien « mao » parle « d’embarras », de « mauvaise ambiance », de « quelque chose qui s’est mal emmanché », avant de lâcher : « Aude, on a en tête de te parler de la possibilité que tu quittes la rédaction ». Ah, c’était donc ça : on cherchait du côté de Florence (Savonarole), on était prêt à regarder vers Moscou (Vychinski), il fallait penser à Pékin (Mao). Un des trois hommes était un « ancien mao », reconverti donc dans les médias — tout un programme ! Bon, même dans la description peu flatteuse qui est faite de lui, le procureur rouge semble plutôt embêté et laisse même entendre qu’il s’agit pour Aude de quitter la rédaction, pas le Média, mais foin des nuances — Ariane Chemin peut être satisfaite, elle a produit son effet : en sept phrases, pas une de plus, son exercice de style atteint son but. Elle a décrit un « procès » (c’est le signifiant qu’elle n’hésitera pas à utiliser quelques lignes plus tard) et tout le reste de son article peut être à l’avenant. Partiel et partial, ne laissant entendre qu’un seul son de cloche et faisant le procès du Média tout en lui reprochant d’avoir fait celui d’Aude.

    Allez, je tire ici le rideau. Mais j’ajouterai encore une chose : cette scène mensongère et blessante par laquelle la journaliste-romancière a ouvert son papier, j’y étais — on l’aura deviné, pas elle. Comme Fabrice à Waterloo je n’y ai peut-être pas tout vu, mais je peux en tout cas affirmer que la description d’Ariane Chemin est absolument fausse. Comme elle n’a jamais parlé ni avec Anaïs, Henri, Hervé et Sophia (ont-ils eu tort de se méfier d’elle ?), et que je sais ne lui avoir rien dit qui puisse corroborer ses propos, ou elle a inventé ce qu’elle a décrit, ou elle a repris à son compte, sans recul, sans contre-champ, la description que lui en a faite la sixième personne présente, Aude Rossigneux. C’était tout à fait son droit, bien évidemment, et je ne saurais le lui reprocher. Mais alors, une question : est-ce qu’il n’aurait pas été préférable qu’elle prévienne ses lecteurs de son incroyable parti-pris ? Oh, pas grand chose, juste quelques mots, en petits caractères : « Attention, je vous ai décrit une scène à laquelle je n’ai jamais assisté, mais en faisant comme si j’y étais, et ce pour les besoins de ma démonstration. Je tiens à préciser que cinq sur six des participants présents l’ont vécue tout à fait autrement, mais je m’en fous, car je suis convaincue que j’ai raison et qu’eux ont tort. D’ailleurs, tout mon article est du même acabit. J’enquête, mais au final je juge autrui à mon aune, je n’entends que ce que je veux écouter et je n’écoute que ce qui me convient. Subjectif mon article ? Je l’assume. Honnête ? Je vous laisse juge. »

    Gérard Miller

    https://www.lemediatv.fr/articles/un-troublant-exercice-de-style

    #Ariane_Chemin #Le_Monde #L'Immonde #1er_média_du_système

  • #LE_MEDIA : C’EST PARTI | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/alberteins/blog/121017/le-media-cest-parti

    Il réunit d’ores et déjà des dizaines de youtubeurs comme #Usul, #Osons_causer, Mr Mondialisation, de blogs comme #Le_Vent_se_lève, lesCrises.fr et d’autres revues indépendantes comme #Ballast. Chacun dans son style et dans ses priorités, en toute indépendance et liberté. Qu’il est heureux de les retrouver tous fédérés pour faire vivre une culture commune.

    Tous les médias alternatifs étaient présents ainsi que #Marianne seul #Médiapart était absent [...]

    • Un nouveau média ? Pour liquider ceux qui font leur travail ?
      Rappelons, que le NON au référendum 2005 n’a pas eu besoin d’un nouveau média.

      Les personnalités sollicitées ne pouvaient donner leur approbation.
      Pour tenir quelques rubriques sur ce média, quelques signataires sont parfaitement à leur place :
      Laurent Baffie , rubrique Féminisme et la dignité.
      Marie-George Buffet , rubrique accords politiques locaux et l’affairisme des elus.
      Aurélie Filippetti , rubrique remplacement du social par la Culture.
      Pierre Joxe , rubrique trucage des budgets.
      Noël Mamère , rubrique l’écologie molle.
      Arnaud Montebourg , rubrique redressement français.
      Karl Zéro , rubrique, médias et affairisme.
      mariane , rubrique simulation, avec médiapart .
      . . . . . .

      Les cinquante premiers signataires du Manifeste pour un nouveau média citoyen
      https://www.legrandsoir.info/liste-des-premiers-signataires-du-manifeste-pour-un-nouveau-media-cito
      Cécile Amar (journaliste), Christian Audouin (directeur de rédaction), Laurent Baffie (chroniqueur), Josiane Balasko (comédienne), Blick Bassy (chanteur), Lucas Belvaux (réalisateur), Marie-George Buffet (députée), Bernard Cassen (président d’honneur d’Attac), Judith Chemla (comédienne), Sophia Chikirou (communicante), Antoine Comte (avocat), Jean-Pierre Darroussin (comédien), Antoine Deltour (lanceur d’alerte), Jack Dion (journaliste), Aurélie Filippetti (ancienne ministre), Bruno Gaccio (auteur), Raquel Garrido (avocate), Frédéric Gros (philosophe), Robert Guédiguian (réalisateur), Thomas Guénolé (politologue), Janette Habel (politologue), Cédric Herrou (agriculteur), Eva Joly (députée européenne), Pierre Joxe (ancien ministre), Jul (dessinateur), Juliette (chanteuse), Aude Lancelin (journaliste), Dany Lang (économiste), L.E.J (chanteuses), Philippe Lioret (réalisateur), Noël Mamère (ancien député), Jean Massiet (youtubeur), Guillaume Meurice (humoriste), Gérard Miller (psychanalyste), Giovanni Mirabassi (pianiste), Tania de Montaigne (écrivaine), Arnaud Montebourg (ancien ministre), Gérard Mordillat (écrivain), François Morel (comédien), Patrick Pelloux (médecin urgentiste), Edouard Perrin (journaliste), Philippe Poutou (ouvrier syndicaliste), Adrien Quatennens (député), François Ruffin (député), Bruno Solo (comédien), Jean Teulé (écrivain), Usul (youtubeur), Jacques Weber (comédien), Martin Winckler (écrivain), Karl Zéro (réalisateur).

    • Cher Le Média, les médias libres te souhaitent la bienvenue
      Reporterre - 13 octobre 2017 / Coordination permanente des médias libres
      https://reporterre.net/Cher-Le-Media-les-medias-libres-te-souhaitent-la-bienvenue


      L’appel à créer un « nouveau média collaboratif, pluraliste, culturel et francophone, humaniste et antiraciste, féministe et pro LGBTI, écologiste et progressif » prépare le lancement de « Le Média », proche de la France insoumise. Les auteurs de cette tribune rappellent que des médias correspondant à ces critères existent déjà partout en France.

      Soutenez les médias citoyens !
      . . . . .
      La suite : https://seenthis.net/messages/637583

    • Son modèle économique et sa gouvernance correspondent aux valeurs de solidarité et d’implication populaire qui font bouger les choses dans tous les domaines : culture, sport, divertissement, actualité. Il réunit d’ores et déjà des dizaines de youtubeurs comme Usul, Osons causer, Mr Mondialisation, de blogs comme Le Vent se lève, lesCrises.fr et d’autres revues indépendantes comme Ballast. Chacun dans son style et dans ses priorités, en toute indépendance et liberté. Qu’il est heureux de les retrouver tous fédérés pour faire vivre une culture commune.

      Tous les médias alternatifs étaient présents ainsi que Marianne seul Médiapart était absent, comme le disait David Koubbi normalement lorsqu’un nouveau média sort il est salué par l’ensemble de ses confrères mais là c’est l’inverse, il ironise sur l’Express notamment mais il aurait également pu citer Médiapart, Europe1 etc . Et de conclure «  si l’on critique autant cette alternative c’est qu’elle fait peur et donc qu’elle est bonne ».

  • Le ridicule.... « Manifeste pour un nouveau média citoyen » publié derrière un mur d’argent sur le média citoyen et combattant : Le Monde.

    La liste hétéroclite des signataires est affligeante et discrédites ceux qui ne l’étaient pas encore.

    Voir Philippe Poutou participer à un appel citoyenniste aux cotés d’Arnaud Montebourg, Noël Mamère, Eva Joly, Pierre Joxe, Aurélie Filippetti, Karl Zéro, Jack Dion etc. ça fait bien rire.

    Aux dernières nouvelles Philippe Poutou revendiquait, lors de sa participation à l’élection présidentielle, représenter (sic) des mouvements anarchistes présents au sein du NPA.

    Cécile Amar, Christian Audouin, Laurent Baffie, Josiane Balasko, Blick Bassy, Marie-George Buffet, Bernard Cassen, Judith Chemla, Sophia Chikirou, Antoine Comte, Jean-Pierre Darroussin, Antoine Deltour, Jack Dion, Aurélie Filippetti, Bruno Gaccio, Raquel Garrido, Frédéric Gros, Robert Guédiguian, Thomas Guénolé, Janette Habel, Cédric Herrou, Eva Joly, Pierre Joxe, Jul, Juliette, Aude Lancelin, Dany Lang, L.EJ., Philippe Lioret, Noël Mamère, Jean Massiet, Guillaume Meurice, Gérard Miller, Giovanni Mirabassi, Tania de Montaigne, Arnaud Montebourg, Gérard Mordillat, François Morel, Patrick Pelloux, Edouard Perrin, Philippe Poutou, Adrien Quatennens, François Ruffin, Bruno Solo, Jean Teulé, Usul, Jacques Weber, Martin Winckler, Karl Zéro

    Quand l’information et la culture sont trop souvent traitées comme des marchandises, quel rôle les citoyens peuvent-ils encore jouer pour faire vivre le pluralisme et le débat ? Cette question appelle une réponse qui ne saurait attendre.

    Un peu partout, des millions de gens s’investissent et agissent sur leur quotidien sans attendre le bon vouloir des pouvoirs publics et à contre-courant des puissances industrielles ou financières. Economie sociale et solidaire, écologie, humanitaire, progrès scientifique ou avancées technologiques – des millions de gens mettent désormais leurs moyens et leur volonté au service de projets alternatifs. Par leur succès et leur envergure, ces projets prouvent une chose simple : il est possible de faire autrement et dès maintenant.

    Aussi, à l’image de ces citoyens qui se sont, par exemple, organisés pour produire et commercialiser des aliments biologiques dans le respect de l’environnement, de la santé publique et de la dignité des producteurs, nous, signataires de ce manifeste, considérons qu’il est possible d’intervenir dans le domaine de l’information et de la culture.
    Des objectifs clairs

    C’est pourquoi, nous appelons à soutenir la création d’un nouveau média fondamentalement alternatif par sa gouvernance, son modèle économique et son fonctionnement. Généraliste, diffusé gratuitement sur Internet, audiovisuel et écrit, ses objectifs devront être clairs :

    – Ce média, coopératif, sera indépendant : sa gouvernance impliquera ses sociétaires, ses salarié(e)s et ses « bénéficiaires ».

    – Ce média sera collaboratif : s’appuyant sur un réseau de correspondants, d’associations, d’ONG, d’autres médias citoyens déjà actifs, il fera appel aux collaborations citoyennes.

    – Ce média sera pluraliste : s’affranchissant de la dictature de l’urgence, il laissera sa place à la confrontation des idées et aux débats de fond.

    – Ce média sera culturel et francophone : sans se limiter au seul hexagone, il contribuera...

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/09/25/manifeste-pour-un-media-citoyen_5190821_3232.html

    Pendant ce temps je continue à lire @cqfd @le_postillon , @rebellyon @paris Le Monde Libertaire, Alternative Libertaire, etc. et les suggestions de @rezo et de @seenthis :-)

  • D’abrutis à médiacrates : du calme !
    http://melenchon.fr/2017/09/04/dabrutis-a-mediacrates-calme

    La situation actuelle jette aux orties un secret de polichinelle. La caste politique, les médiacrates et l’oligarchie forment un seul bloc social que lie l’argent et les privilèges. Le plateau de « C dans l’air » l’autre soir, où l’on vit rivaliser de grossières et lourdasses bassines de fiel la totalité des participants, est un si bel exemple de cet entre-soi. L’énorme couche de discrédit supplémentaire que les nominations de chroniqueurs et les réactions de haine des médiacrates qu’elles entrainent font bien avancer dans la conscience collective notre travail de sape. Encore une fois, l’essentiel est de décrédibiliser le système du point de vue des valeurs qu’il prétend mettre en œuvre. Comme la dit le sociologue du « populisme de gauche », l’argentin Ernesto Laclau, « le seul parti effectif contre nous est le système médiatique ». Ni la droite, ni les « sociaux-démocrates » ne sont en état de faire leur travail tant la marchandise qu’ils ont à vendre est recrachée par tous. L’épisode d’auto-disqualification doit donc être replacé dans son contexte global en France. Il exprime quelque chose d’essentiel à propos de la crise du système de domination des puissants sur la société.

    • @marielle, tu t’imposes de ces lectures !

      La situation actuelle jette aux orties un secret de polichinelle. La caste politique, les médiacrates et l’oligarchie forment un seul bloc social que lie l’argent et les privilèges.

      Cette phrase ne veut rien dire, sauf à penser que ce sont l’argent et les privilèges qui lient (au pluriel)

      Dans la phrase suivante :

      Le plateau de « C dans l’air » l’autre soir, où l’on vit rivaliser de grossières et lourdasses bassines de fiel la totalité des participants, est un si bel exemple de cet entre-soi.

      Qui est sujet de « rivaliser » les bassines de fiel ou la totalité des participants ?

      Et la phrase suivante...

      L’énorme couche de discrédit supplémentaire que les nominations de chroniqueurs et les réactions de haine des médiacrates qu’elles entrainent font bien avancer dans la conscience collective notre travail de sape.

      ...n ’est pas exactement un hypallage, mais j’ai du la relire trois fois avant de comprendre.

      Un peu moins de fiel, fut-ce en bassines, ne nuirait pas à la bonne compréhension d’un propos auquel on pourrait par ailleurs parfaitement adhérer

    • Effectivement la forme est discutable @philippe_de_jonckheere mais le fond est tout à fait justifié, il faut avoir vu cette détestable émission pour ce rendre compte que tout est vrai, les médiacrates sur ce plateau ont déversé tout leur fiel sur Jean Luc Mélenchon, Ruffin, Raquel Garrido également. J’ai vraiment ressenti toute la haine de cette caste. C’était effarant ! Certes, je n’aurais jamais du m’infliger de telles images.
      Sincèrement désolée d’avoir heurté notre cher poète journalier...

    • @marielle C’est bien ça mon problème, ce n’est pas que je ne sois pas d’accord avec ce qui est dit (ce dont on se moque bine d’ailleurs), je ne regarde jamais la télévision, sauf dans la salle d’attente des urgences, mais j’imagine que cela devait être quelque chose, mais il me semble que cette expression d’une colère mal contenue au point de contaminer la langue nuit à la clarté de ce dont je ne doute pas par ailleurs. Et d’une certaine manière cela contribue à la disqualification a priori de la parole de FI dans les médias

      Ca va, tu n’as pas trop heurté le poète de plus de 120 kilos !

    • Les journalistes sont des saints. Pas une feuille d’impôt incomplète, pas une affaire de mœurs, pas une violence, pas un pot de vin, pas une conférence subventionnée, pas un emploi familial, pas un placard doré.
      D’abrutis à médiacrates : du calme !

      Eh beh monsieur Brunet ! Je suis tout espanté ! Abrutis ? Abrutis ? Carrément Brunet, là ! Allez, monsieur Brunet, c’est pas de votre faute ! C’est tous les autres qui vous ont fait boire tout ce fiel ! Et maintenant vous vous sentez tout bête, hein ! Allez monsieur Brunet, on vous comprend. On a bien vu. On le sait, monsieur Brunet : (presque ) toute la scène médiatique est en proie à un stupéfiant délire contre les Insoumis. On a vu aussi l’ambiance à « C’est dans l’Air » ! Les vaches sacrées de la scène politique sont devenues des vaches folles.
      Du calme s’il vous plaît !
      Cette fois-ci c’est la fin d’un Monde . On peut le penser en lisant leur prose en cette rentrée. Le Monde lui-même, parangon de toutes les vertus, consacre un éditorial à la menace que les insoumis font peser sur la démocratie et la liberté de la presse. Une fois encore, l’atelier aux Amfis d’été « Faut-il “dégager” les médias ? » sert de point de départ pour une indignation corporative en grand drapé et trémolos. Mais les lecteurs ne sauront pas davantage que dans toutes les autres critiques ce qui a pu se dire dans cette réunion animée par Sophia Chikirou avec la participation d’Aude Lancelin, Olivier Berruyer et Thomas Guénolé. Que ce soit trois gens de métier ne fait pas réfléchir. D’ailleurs rien ne fait réfléchir ces gens-là. Seul le titre de l’atelier compte. Ce pauvre Jean-Michel Aphatie s’est fait prendre la main dans le sac sur ce point : non il « n’a pas regardé la vidéo ». Il parle sans savoir. C’est cette pratique là que défend Le Monde  : le journalisme non comme pratique mais comme magistère. D’ailleurs Aphatie a immédiatement reçu l’appui de plusieurs confrères : « pas besoin de lire ! Avec les insoumis ce n’est pas la peine ! »


      Le Monde est plus raisonnable. Il ne s’abaisse pas à un tel fanatisme même s’il ne le condamne pas . Pour lui il y a plus grave. En effet nous pourrions profiter de l’opportunité que représente la nomination d’un éminent éditorialiste de leur confrère comme porte-parole du gouvernement. Bien sûr qu’on va le faire ! Car cet évènement met à nu à quel point les médiacrates sont une composante à part entière de la caste au pouvoir dans la Vème République. Le Monde défend donc avec ferveur l’honneur de 350 000 gens du métier qui ne lui ont pourtant rien demandé et que personne ne vise. C’est la technique FNSEA : les gros se cachent derrière les petits. Et ainsi de suite. D’un média à l’autre, c’est le même odieux « pilonnage du bourrin Mélenchon » et de ses amis, comme y a appelé le député « la République en Marche ».
      Tout cela n’est-il pas tout à fait excessif ? Pourquoi toute cette violence contre nous ? Et si les éditocrates retrouvaient leur sang-froid ? N’est-on pas en droit de l’attendre de ceux qui exercent un métier qu’ils prétendent assumer comme un magistère moral dans la société ? Les grandes consciences et autres ne devraient-elles pas se joindre à nous pour protester contre de tels débordements de langage ? Car avez-vous bien vu où nous en sommes rendus ? Mesdames, messieurs, il faut vous calmer ! Ce débordement dangereux de la hargne ordinaire du parti médiatique me conduit à le demander fermement. Non seulement pour notre sécurité, à nous insoumis, mais aussi pour l’honneur de la presse, perdu dans une telle vindicte.

      Ça va trop loin !
      « Abrutis » ? Vraiment ? Je connais, certes de loin, monsieur Brunet, éditorialiste que je croise dans les murs de BFM chaque fois que je m’y trouve et avec qui je bavarde le plus souvent avec plaisir. C’est certes un homme accorte mais un libéral obsessionnel. C’est bien son droit. Il nous régale à longueur d’antenne de ses certitudes en béton armé. C’est le choix de son employeur. Il nous tape sans relâche et avec méthode. Nous en sommes heureux car il nous fournit d’un bloc la liste des mots clefs que ses collègues vont ensuite répéter en boucle avec souvent moins de talent. Mais pourquoi traiter les sept millions d’électeurs de « La France insoumise » d’« abrutis ». Et pourquoi aggraver le tout en s’excusant « auprès de ceux que cela aurait pu blesser ». Comment ne pas être blessé quand on est traité d’« abruti » ?
      On attend encore les cris indignés des habituels gourous qui surplombent la profession dès qu’un mot leur paraît de trop à l’encontre d’un de leurs collègues du troupeau des vaches sacrées ! Muets, ces chroniqueurs venimeux qui nous demandaient si nos propos n’étaient pas responsables de la violence contre tel ou telle député alors pourtant que nous la dénoncions avec force ?
      En fait, monsieur Brunet s’est laissé entraîner. Il a perdu son sang-froid. C’est un effet de foule. Dans une horde médiatique glapissante écumante de haine, il a été emporté ! Je suis prêt à comprendre et même à pardonner puisqu’on ne doit pas excuser de tels comportements. Mais je mets en garde solennellement : la hargne contre les insoumis et leurs porte-paroles pourrait un jour mal tourner et inspirer des violents. Je suppose que les plus orduriers diront alors que nous l’aurons bien cherché. Mais je crois connaître assez bien nombre de ceux qui nous attaquent, et en ont bien le droit, pour savoir que ce n’est pas ce que tous veulent. Alors je leur dis : pas comme ça, pas avec ces mots, pas avec cette violence.
      Ça va trop loin ! Depuis la quinzaine qui a précédé le premier tour de l’élection présidentielle, tous les coups sont permis contre « La France Insoumise » dans les médias. Non seulement il n’y aura pas eu un jour de pause mais, dorénavant, non seulement la violence mais les provocations ont monté d’un cran.

      Des militants politiques honteux
      Il faut être tout le temps sur ses gardes, se méfier de tous, se protéger. Le caractère obsessionnel de la haine médiatique qui nous entoure est suffocant. Voyez ces centaines de tweets et retweets, parfois orduriers, qu’un Jean-Michel Aphatie déverse sur nous, par exemple ! Et il n’est pas le seul dans ce cas. Est-ce là du journalisme ? Ou bien juste du militantisme politique ? Et parmi les moins bons du genre. Seuls les trolls du FN font pire. Mais leur chef de rédaction ne les rappelle jamais à la mesure. Aucun droit de réponse n’est possible à l’antenne ni où que ce soit. Dans cette guerre qui nous est déclarée et menée sans trêve, le journalisme est seulement un prétexte pour mieux mener la charge. Tous ces gens-là sont des Bruno Roger-Petit, qui a souvent plus de talent qu’eux, raison pour laquelle il leur a été préféré. Mais eux sont des chiens de garde en version hypocrite et masquée.
      Il est d’ailleurs troublant de savoir que nos adversaires sont souvent d’anciens militants politiques qui ont renié leur engagement initial. On devine en les entendant toute la dose de mauvaise conscience que cela implique. Patrick Cohen militait au PCF de la Sorbonne, Aphatie, d’abord journaliste à Politis, était un ardent militant de l’indépendantisme basque, Guetta à la Ligue communiste révolutionnaire, combien d’autres au PS et ainsi de suite. La même chose à droite et chez les libéraux assumés. Et puisqu’il est tant question de Venezuela et d’Amérique latine ces jours-ci, et comme Le Monde se risque à donner des conseils de déontologie professionnelle, comment ne pas rappeler qui est Paolo Paranagua, grand reporter et star de la rubrique internationale du journal Le Monde qui accable de ses mensonges le commentaire de tous ses papiers sur l’Amérique latine progressiste ? Connu sous le nom de commandant « Samuel », il dirigeait dans les années 70 la « fraction rouge » de ERP (armée révolutionnaire du peuple) en Argentine. Il se vantait alors de nombreuses attaques de banques, séquestrations, tirs sur des policiers et ainsi de suite. Arrêté mais opportunément préservé, l’homme, dont tous les compagnons sont morts sous la torture, sort pourtant de prison en pleine dictature après un « arrangement ». Le journal Le Monde prétend que ce fut à la suite d’un non-lieu. Naturellement c’est impossible. Et c’est faux. Le journal n’a rien vérifié d’ailleurs. Car, par principe !
      Ni ce journal, ni aucun autre, n’admet la moindre mise en cause, quel qu’en soit le motif, de l’un quelconque de ses membres. Il est vrai qu’il s’agit d’une profession peuplée de saints. Au cours des trente dernières années (pour limiter le délai et rester raisonnable), pas une feuille d’impôt incomplète, pas une affaire de mœurs, pas une violence, pas un coup donné, pas un pot de vin, pas une conférence subventionnée, pas un emploi familial, pas un placard doré. Naturellement, là encore, c’est impossible. Et les cas éventuels ne nous apprendraient d’ailleurs rien d’autres sur la profession que ce que nous savons déjà : les journalistes sont des êtres humains. Ils partagent avec le reste de notre espèce la même proportion de défauts et de qualités. Mais en tant que vaches sacrées, il est interdit à toute personne non membre de la corporation de mettre en cause leur honnêteté intellectuelle, ni à titre individuel, ni à titre collectif, ni pour la qualité de leur travail, ni pour leur engagement politique, ni pour leurs activités annexes même cloisonnées, ni pour leurs liens familiaux, ni d’aucune façon, ni à aucun titre, même au prix de la vérité. Et c’est ce qui se passe.

      Les convictions ? Un abrutissement !
      Toutes ces caractéristiques mises bout à bout décrivent assez précisément ce qu’est une cléricature. Elle s’est même targuée au temps où le trio Colombani, Minc, Plenel dirigeait Le Monde de dire qui composait le « cercle de la raison » en politique. Tout ce qui n’entrait pas dans le champ de « la seule politique possible » était immédiatement expédié chez les malades mentaux. Rien n’a changé, tout s’est aggravé. Il est frappant de voir que c’est une nouvelle fois dans ce registre que monsieur Brunet s’exprime : « Tout le Monde sait ce qu’il faut faire pour la France sauf les “abrutis” de La France insoumise ». Tout le Monde sait, donc ceux qui ne savent pas sont des abrutis. Nous ne pouvons pas voir la vérité parce que nous sommes abrutis. D’alcool, de stupéfiants. Je veux croire que non. Nous sommes abrutis parce que nous avons des idées différentes et ces idées limitent notre entendement. CQFD.
      D’ailleurs, serions-nous capables de vérité ? Certainement pas puisque nous sommes des personnes engagées. La suspicion sur ce point est méthodiquement entretenue. Et jusque-là où on ne l’attendrait pas. Rappelant le piteux engagement du journaliste Bruno Roger-Petit, désormais porte-parole du gouvernement, aux côtés de Cahuzac ministre du fisc et voleur du fisc, Edwy Plenel, dans son édito du 2 septembre, tape dur. Mais il touche si juste dans sa dénonciation de « ces plumes mercenaires qui depuis que le journalisme existe, en illustrent la part de servilité ou d’aveuglement au service de puissances politiques étatiques ou économiques. N’ayant aucune information originale obtenue par le reportage ou l’enquête à son actif, il ne s’est vraiment fait connaitre que sur le seul registre de l’opinion, de l’éditorial ou du commentaire. Le qualificatif vieilli de “publiciste” lui convient bien désignant un journaliste qui ne fait commerce que de ses partis pris et des intérêts qu’ils servent de même que des publicitaires servent des annonceurs et leurs réclames ».
      Mais après cela, pourquoi se sentir obligé de faire un tacle qui pourrait pourtant bien le concerner aussi. En effet, sollicitant Nietzsche, Plenel assène : « les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges ». Ici le journalisme « sans conviction », qui « n’a pas d’autre carte que la carte de presse », remplit la fonction de l’avant-garde éclairée en vogue dans les groupuscule révolutionnaires d’hier. Ce n’est évidemment pas du tout la seule idée que l’on puisse se faire du métier de journaliste. On peut se sentir plus proche d’Albert Camus, philosophe et journaliste engagé à Combat : « L’engagement n’exclut pas le gout de la vérité », disait-il.
      Dirait-on du journal L’Humanité qu’il est plus dangereux qu’un mensonge parce qu’il affiche ses opinions favorables aux travailleurs ? Et de même pour Politis, Le Monde diplomatique, Reporterre et combien d’autres ? Pour moi, Le Figaro ne ment pas, ni Les Echos. Non seulement un certain nombre de leurs rubriques sont les meilleures du genre mais ils ne cherchent à tromper personne. Certes, leurs commentaires au sujet des insoumis et de leurs porte-paroles sont d’une juvénile mauvaise foi mensongère. Mais tout le monde sait de quel balcon parlent ces deux journaux. Personne n’est pris en traitre. Le pire n’est pas la presse ou les journalistes engagés. Le pire c’est celle qui fait semblant de ne pas l’être. Pour ne rien dire de ceux qui prétendent être engagés d’un côté et servent ligne après ligne l’idéologie adverse.

      La provocation comme méthode médiatique
      À présent, pire que l’engagement politique masqué vient le média de provocation. Quelle misère ! Exemple. Je venais d’achever mon discours sur la place du refuge à Marseille et je regagnais la petite loge où je comptais m’éponger le front et changer de chemise. Un micro se tend « vous vous méfiez des journalistes, n’est-ce pas ? ». Voilà tout ce qu’il y avait à me demander après une heure de discours ? Telle est la profondeur du nombrilisme qui défigure désormais ce métier. Voici quelle a été ma réponse : « les ouvriers de l’industrie d’armement ne sont pas responsables des bombardements ». Elle ne sera pas diffusée. Évidemment. La question n’était pas posée pour avoir une réponse mais pour déclencher un incident. C’était le but de quelques-uns d’obtenir un « incident », « une parole inadmissible », etc. pour y ramener toute l’actualité de notre rassemblement marseillais. Il va de soi que nous nous nous sommes organisés pour faire face et déjouer ces plans.
      Déjà la veille, pendant la déambulation, le micro de « C dans l’air » s’est tendu au moment où j’entrais dans le cortège : « vous verrouillez votre communication, pourquoi ? ». Les médias parlent des médias dans les médias à propos des médias. L’expérience montre que si je répondais, cette réponse deviendrait le sujet du compte rendu. Autrement dit, en un instant, l’agenda du micro tendu se serait substitué à celui du discours. Nous avons tiré la conclusion de cette situation en refusant dorénavant tout contact improvisé.
      Naturellement, je ne mets pas tout le monde dans le même sac ni tous les médias dans la même fournée. Je sais observer les différences de traitement. Mais une tendance lourde est à l’œuvre. Nous savons tous que dorénavant, les médias ont tendance à vouloir créer des évènements davantage que de rendre compte de ceux qu’il leur est proposé d’observer. Tout le mois de juillet a été employé à ce genre de méthodes contre les Insoumis pour tenter d’affaiblir (en vain) notre campagne parlementaire dans la session extraordinaire. Nous avons eu droit à la fabrication de l’incident à propos du « matheux », puis « vive la France » contre Danièle Obono, puis, puis, puis, chaque semaine, une ou deux trouvailles avant de finir par les lazzis sur ma défense du droit aux vacances.
      Méthodiquement, sans honte, il s’agissait de tout plutôt que du contenu de notre bataille. De ce que nous disions, du contenu de nos amendements. Et concernant nos propositions et nos votes, et ceux de nos contradicteurs : rien. Absolument rien. Tout pour la forme, l’apparence. Rien pour le fond. Ce n’est pas que les gens de métier soient tous ignorants ou qu’ils obéissent tous à une logique politique. La vérité est sociale : leurs conditions de recrutement, de travail et de rémunération condamnent chaque individu à un strict conformisme de moutons de Panurge. Il est donc absolument vain d’en attendre autre chose. Le combat contre le système médiatique doit donc faire évoluer ses formes.
      Dans l’immédiat évidemment, nous avons pris nos dispositions pour diminuer la prise sur nous, tout en essayant d’améliorer la portée des coups que nous voulons porter au système médiatique actuel. Je précise « actuel » parce qu’on aurait tort de croire que ce que l’on a sous les yeux est la seule manière possible de faire fonctionner un ensemble de moyens de communication et d’information. Le système dominant actuel est au service des dominants du moment. Il recourt aux formes d’expression et préoccupations qui sont celles des dominants. L’objectif pour nous reste de libérer aussi la société de cette prise en tenaille mentale. Car l’éducation et l’école sont les deux premiers outils qui rendent possible une citoyenneté véritable.

      Libérer les médias
      Nous connaissons les clefs du déverrouillage. La première concerne la propriété des médias. Car l’ordre médiatique part du sommet sur lequel s’alignent tous les compartiments. Que 90% des médias soient possédés par 9 milliardaires est une situation malsaine et dangereuse. La seconde concerne le statut social des gens qui y travaillent. La précarité de la masse des personnels, leur surexploitation et les cadences infernales sont des encouragements matériels très forts à la servilité politique et à la « pensée en boucle ». Moins d’écart de salaires, moins de précarité, moins de libre circulation du public vers le privé, ce serait déjà une respiration tellement oxygénante ! La troisième concerne l’organisation du travail. Il faut partout des comités de rédaction et quand il y en a, ils ne peuvent être de pures chambres d’enregistrement de caprices des chefferies. Les professionnels doivent avoir droit à des congés formations et de l’assistance tout au long de leur carrière et au fil de leur travail.
      Autrement dit, nous analysons le système médiatique à partir de ses formes de fonctionnement réelles. C’est-à-dire à partir des rapports de production qui le constituent et des rapports sociaux internes à l’aide desquels il obtient à la fois sa rentabilité économique et sa police de la pensée. Par exemple, il y a un rapport très direct entre la précarité de la plupart des gens des médias, leur surcharge de travail, et la violence de l’autocensure qu’ils s’imposent pour améliorer leurs situations personnelles.
      De bien des façons, le système médiatique est l’adversaire central de la bataille pour la révolution citoyenne. On a pu le voir pendant la campagne électorale de l’élection présidentielle. Ce n’est ni la droite, ni le PS qui nous ont affrontées sérieusement. Seul le fonctionnement en boucle et en écho de quelques éditorialistes a produit et reproduit sans cesse des thèmes de campagne permanente contre nous. Le lepénisme médiatique a plus fait pour renforcer les suffrages d’extrême droite que n’importe quelle campagne de la famille Le Pen. Encore aujourd’hui, une « experte », directrice de la Fondation Jean Jaurès, liée au PS, s’inquiète des risques que ferait peser « La France insoumise » dans un blog du Huffington Post sur la liberté de la presse et regrette que certains aient choisi de nous donner la parole plutôt qu’au Front national.
      De la même manière, les efforts acharnés pour me diaboliser, m’attribuer des positions politiques qui ne sont pas les miennes, ont été les seules vraies difficultés auxquelles nous nous sommes heurtés. Et ces difficultés ne venaient pas du contenu des attaques mais de leur incessante répétition. Il en va de même en cette rentrée où pour toute réponse à toute question ou toute initiative que nous prenons, le système médiatique nous renvoie à une réplique unique : « Venezuela » ! Le défi n’est donc pas tant de contre-attaquer. Parfois, cela revient à valider la charge de l’agresseur médiatique. Le défi est d’enlever son dentier au tigre de papier avant même qu’il ne morde. Il faut donc agir avec méthode, sans aucune naïveté ni illusion sur la nature de ce que nous affrontons.

      Décrédibiliser la cléricature
      Au demeurant, le problème posé n’est pas nouveau. Sous l’ancien régime monarchique aussi, l’hégémonie idéologique était la condition fondamentale de survie du système. Il en est ainsi à toutes les époques. Le consentement à l’autorité et l’évidence de celle-ci, reposent toujours sur des constructions idéologiques globales qui fondent leur légitimité. L’appareil qui produit et reproduit cette idéologie et l’injecte dans le sang du corps social doit donc être la première cible du combat contre l’ordre établi. C’est lui qui forme l’épiderme à franchir pour pouvoir atteindre les organes du pouvoir en place. C’est lui qui sécrète les anticorps destinés à détruire tout corps étranger à la logique du système dominant. Définir la meilleure forme d’action pour démanteler ce pouvoir d’auto-défense est la première tâche pour commencer la révolution des consciences. Les formes peuvent et doivent être aussi diverses que les époques et les cultures de références. Mais pour l’essentiel, elles imposent toujours une figure commune : vider l’émetteur de l’idéologie dominante de sa légitimité. Emetteurs : l’église à l’époque, les médias aujourd’hui, l’appareil ecclésiastique hier, les cléricatures médiatiques aujourd’hui.
      La bonne méthode dans ce domaine est la méthode efficace. Bien sûr, celle-ci peut varier avec le temps et les circonstances. Mais l’expérience montre que la méthode qui a toujours le mieux réussi joue un tableau central. Il faut ruiner la crédibilité de l’émetteur. Pour cela il faut frapper sans relâche sa prétention à être « sans parti pris », indépendant et soucieux d’éthique. Pour cela il faut souligner continuellement la différence entre les valeurs dont il se réclame et la pratique qui est la sienne. Ainsi a fonctionné la dénonciation de la pratique des ecclésiastiques d’ancien régime en contradiction avec la charité, la justice et la fraternité dont se réclamait la doctrine chrétienne. Choquante d’abord, cette critique devenue systématique a permis à des générations de libres-penseurs de construire une nouvelle conscience politique populaire. Nouvelle parce que débarrassée des auto-limitations que lui suggérait auparavant l’idéologie dominante fondée sur l’autorité du religieux.
      Il en va de même avec le système médiatique. Ses mensonges, ses abus, sa servilité une fois mis en lumière, exaspèrent définitivement ceux qu’il tente d’abasourdir. Une fois le seuil d’exaspération franchi, le retour en arrière devient impossible. Au contraire, l’esprit mis en alerte et en état de suspicion permanente à l’égard des médias s’enrage davantage à chaque occasion. Alors le mode opératoire est simple : railleries, humour, superposition, impertinence doivent être convoqués pour miner à la racine l’autorité religieuse que voudrait être le système médiatique et la cléricature arrogante qui le compose.
      La tâche est facilitée aujourd’hui. Comptons sur l’effet produit par le rabâchage des idées et des mots de la pensée dominante, en toutes circonstances et à tout propos ! Ce rabâchage est perçu en tant que tel par le public auquel il est infligé. Encouragées par leur hégémonie et le sentiment d’impunité, les récitants sont désormais profondément engagés dans la voie du jargon et de la psalmodie. Ils ne peuvent s’en rendre compte. Ils sont donc aussi vulnérables du fait de l’étrangeté qui s’en dégage que l’étaient les « vobiscum » de la messe en latin.

      Dénoncer ne suffit pas
      Naturellement, nous ne devons jamais cacher que nous combattons ce système. Mais la « dénonciation », si nécessaire qu’elle soit, ne saurait suffire. La stratégie de combat doit être à la mesure de ce que nous affrontons : totale et globale. Pendant la campagne présidentielle, nous avons montré comment les réseaux sociaux permettaient de contourner le système de l’officialité médiatique. Nous avons ainsi créé la première chaîne YouTube politique de masse. L’attention des commentateurs s’est concentrée sur le bénéficiaire de cette construction. J’invite plutôt à considérer les abonnés. Leur nombre et leur fidélité montre quelle disponibilité existe pour participer à une activité de contournement comme celle-ci. Il exprime donc une prise de conscience populaire massive. Nous allons tirer toute les leçons de ce fait et de la stratégie que nous avons menée. Il n’est pas besoin d’en dire davantage à cette heure. Pour le reste, il va de soi que la rentrée des médias nous a servi d’une façon inattendue mais incroyablement favorable.

      Bonne nouvelle : Raquel Garrido
      L’arrivée de Raquel Garrido sur C8 a polarisé la hargne de la caste. Ceux-là n’avaient bien-sûr rien à dire quand Cohn-Bendit nous agonisait de postillons sur Europe 1, ou que Roselyne Bachelot officiait ici et là. Leurs critiques restent d’ailleurs très évasives en ce qui concerne les autres militants politiques dorénavant installés à l’antenne : Raffarin, Guaino, Dray et compagnie.
      Raquel Garrido concentre leur haine de caste. D’abord parce que c’est une femme, donc les messieurs se lâchent plus facilement. Ensuite parce qu’elle a du talent. Ce qui risque de faire s’étioler quelques pots de fleurs des deux genres. De plus elle est cultivée. Elle parle aussi quatre langues, ce qui lui permet de boire d’autres potages informatifs que la seule soupe nationale. En outre, elle a une longue expérience de l’engagement intellectuel. Elle sait ordonner et exprimer un point de vue sans jargonner ou être pédante. Enfin elle est libre. En effet j’ai lu qu’on faisait des parallèles entre la situation de Bruno Roger-Petit et celle de Raquel Garrido. C’est tout à fait inapproprié. Lui est le porte-parole du gouvernement. Sa parole est soumise. Raquel Garrido est insoumise. Elle exprime son propre point de vue, comme elle l’entend. Elle n’est pas mandatée. Ni par moi ni par personne. Contrairement à ceux qui comme Le Canard enchaîné en font l’improbable « numéro 2 » du mouvement, elle n’y a aucun mandat. En fait personne n’en a ou presque dans le mouvement. Garrido est une figure de notre mouvance qu’elle a contribué à fonder. Elle est une proche compagne de mes combats depuis 30 ans et je suis flatté qu’on la dise mon porte-parole quand j’observe la qualité de ses interventions. C’est une personnalité au bon sens du terme. C’est toute la force de sa position : elle exprime une culture, un parti-pris intellectuel. Pas un une mission de parti. Et comme c’est une personne qui prend au sérieux le travail qui lui est demandé, elle sera une chroniqueuse brillante et percutante. C’est ce qu’a déjà montré sa question au Premier ministre en conférence de presse.
      Évidemment, j’ai noté la critique selon laquelle « elle travaille pour Bolloré ». Jaloux et sectaires aboient en cadence. Ce serait « un comble » aussi pour certains éditocrates de la bien-pensance. Ah ! Ah ! Il reste à tous ces pédants à aller voir tous ceux qui travaillent pour un capitaliste pour leur demander de renoncer à leur poste ! Quelle grossière manœuvre que cet argument. Toute personne qui va au travail fait un grand compromis avec le capital puisqu’elle lui cède gratuitement une part de la plus-value qu’elle crée. Un peu de marxisme aiderait certains à penser plus finement.
      Cependant, il faut ajouter autre chose. Ce qui vient de se passer en général, de l’affaire Bruno Roger-Petit à la nomination de tous ces chroniqueurs politiques, nous sert beaucoup dans notre combat contre le système médiatique. Que l’étau se soit desserré grâce à l’embauche d’une ou deux personnes proches de nous ne nous fait pas perdre de vue le tableau d’ensemble. La « confusion des genres » entre journalistes et militants politiques éclaire la situation générale. Car il n’y a pas de confusion. Tous les journalistes politiques sans exception ont un point de vue politique et c’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont recrutés plutôt que d’autres.
      La situation actuelle jette aux orties un secret de polichinelle. La caste politique, les médiacrates et l’oligarchie forment un seul bloc social que lie l’argent et les privilèges. Le plateau de « C dans l’air » l’autre soir, où l’on vit rivaliser de grossières et lourdasses bassines de fiel la totalité des participants, est un si bel exemple de cet entre-soi. L’énorme couche de discrédit supplémentaire que les nominations de chroniqueurs et les réactions de haine des médiacrates qu’elles entrainent font bien avancer dans la conscience collective notre travail de sape. Encore une fois, l’essentiel est de décrédibiliser le système du point de vue des valeurs qu’il prétend mettre en œuvre. Comme la dit le sociologue du « populisme de gauche », l’argentin Ernesto Laclau, « le seul parti effectif contre nous est le système médiatique ». Ni la droite, ni les « sociaux-démocrates » ne sont en état de faire leur travail tant la marchandise qu’ils ont à vendre est recrachée par tous. L’épisode d’auto-disqualification doit donc être replacé dans son contexte global en France. Il exprime quelque chose d’essentiel à propos de la crise du système de domination des puissants sur la société.
      Jean-Luc MELENCHON

    • Décidément, Macron n’aime pas les français !

      Maintenant c’est clair : le président Emmanuel Macron n’aime pas les Français. Il ne les aime vraiment pas. Attention, je ne parle pas ici de son mépris de caste lorsqu’il se moque des travailleuses illettrées, des nordistes tabagistes et alcoolisés ou de ceux qui vont en T-shirt au lieu de travailler pour se payer un costume ! Je ne parle pas non plus « du Comorien » que livrent les kwassas-kwassas ! Non, il s’agit des Français en général. Le chef de l’État a en effet pris l’habitude d’en dire du mal. Et de le faire devant des étrangers et depuis l’étranger ! Double impudence, double offense !

      Ce 8 septembre à Athènes, en Grèce, comme on l’interrogeait sur les mobilisations que les manants de son pays comptent organiser contre son coup d’État social, il a aussitôt craché tout son mépris pour le peuple qui lui tient tête : « Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes » ! Petit coup de menton injurieux qui sonne comme un défi. Nous qui sommes déjà des « abrutis », nous assistons les yeux grands ouverts à la mutation de l’état d’esprit de la caste des « très importants » face au peuple du commun. Emmanuel Macron fait sauter les digues. Il montre le mauvais exemple. Sa façon de parler lâche la bride qui obligeait toute la caste à faire preuve de retenue. On peut dire qu’Emmanuel Macron aura consciencieusement travaillé à créer ce style du management par le mépris public et la cravache.

      Les petites phrases depuis l’étranger se succèdent et se répètent dans ce même registre. Le 21 février à Londres, devant les expatriés français : « En France, on stigmatise l’échec et on n’aime pas le succès ». Le 24 août en Roumanie : « La France n’est pas un pays réformable, les Françaises et les Français détestent les réformes. Dès qu’on peut éviter les réformes, on ne les fait pas. C’est un peuple qui déteste cela. » À ces considérations méprisantes pour le peuple dont il est le président, Emmanuel Macron n’oublie jamais de rajouter des critiques contre le système de son pays. Ainsi à Londres : le système fiscal français « empêche les gens de réussir trop bien ». Et le 23 août en Autriche : « La réalité, c’est que la France est la seule grande économie européenne qui n’a pas gagné face au chômage de masse, c’est ça la réalité ». En l’occurrence cette « réalité » est un mensonge.

      Les Français ont d’ailleurs bien compris que le président de la République ne les aimait pas. C’est bien pourquoi de leur côté ils l’aiment de moins en moins. Le 23 septembre « les abrutis », « les fainéants », « les cyniques » mettront donc un point d’honneur à manifester ensemble contre le monarque présidentiel qui les cravache depuis l’étranger. Qui sait ? On se souvient de cet échange entre Louis XVI et le duc de la Rochefoucauld à propos des évènements du 14 juillet « Une révolte ? » « Non, sire, c’est une Révolution ».

      JLM