person:stéphane maugendre

  • Violences policières : la France condamnée par la CEDH pour « négligence » dans la mort d’Ali Ziri - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/06/21/violences-policieres-la-france-condamnee-par-la-cedh-pour-negligence-dans

    Dans un arrêt plutôt sévère de la Cour européenne des droits de l’homme, la France a notamment été condamnée à verser 30 000 euros pour « dommage moral » à la fille du retraité algérien mort en 2009 après une interpellation.

    « C’est une grande émotion », une « victoire », même, après neuf longues années de procédure judiciaire. Ce jeudi, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la France pour « négligence » dans le décès d’Ali Ziri, retraité algérien mort à la suite de son interpellation par la police à l’été 2009. Dans un communiqué, la Cour siégeant à Strasbourg déclare que « la situation de M. Ziri au commissariat d’Argenteuil a été traitée avec négligence par les autorités et retient que les autorités n’ont pas fait ce que l’on pouvait raisonnablement attendre d’elles pour prévenir le risque de décès auquel il était exposé. » L’Etat français devra verser à la famille d’Ali Ziri 30 000 euros pour « dommage moral » et 7 500 euros pour « frais et dépens ».

    « Le soulagement est immense. En particulier pour sa fille, Anissa, qui porte toute la famille, a réagi l’avocat Stéphane Maugendre auprès de Libération. La décision a été prise à l’unanimité par les juges, ce n’est pas rien dans ce genre de dossiers de violences policières. » Sa cliente avait saisi la #CEDH en juin 2016, après que l’affaire s’est soldée en France par un non-lieu, la justice estimant que les policiers avaient fait un usage « strictement nécessaire » de la force.

    Les faits remontent au 9 juin 2009. Ce soir-là, Ali Ziri, 69 ans, et son ami Arezki K., 60 ans, sont arrêtés par la police lors d’un contrôle routier. Fort alcoolisé, le duo est transporté au commissariat d’Argenteuil (Val d’Oise), puis placé en garde à vue. L’interpellation est musclée : face aux deux sexagénaires vraisemblablement agités, les policiers appliquent durant plusieurs minutes la technique dite du pliage, pratique d’immobilisation qui consiste à contenir de force un individu en lui appuyant la tête et le thorax sur les genoux.

    Au poste de #police, le retraité, arrivé en France en 1959, commence à vomir, mais reste sans soins, allongé et menotté au sol avec son ami. Deux heures plus tard, Ali Ziri est victime d’un arrêt cardiaque. Il meurt à l’hôpital d’Argenteuil, le 11 juin 2009. Si une première autopsie imputera le décès de ce chibani à son alcoolémie et à des problèmes cardiaques, une contre-expertise révélera pourtant la présence de plus de vingt hématomes - certains larges de 17 cm.

    Un manquement de l’Etat

    Dans son arrêt, la Cour condamne « l’attitude générale et le comportement des policiers », se félicite l’avocat Stéphane Maugendre. La juridiction européenne souligne notamment qu’Ali Ziri, « rudoyé lors de son arrestation », est « resté au commissariat d’Argenteuil sans assistance médicale dans des conditions lamentables durant une heure et quinze minutes. » Les sept juges de la CEDH poursuivent : « La Cour estime que les modalités de sa prise en charge dans ce commissariat caractérisent un manquement par l’État défendeur à l’obligation positive de prendre les mesures nécessaires à la protection de la vie. »

    Autrement dit, l’institution juge que l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme - « qui garantit le droit à la vie et définit les circonstances dans lesquelles il peut être légitime d’infliger la mort » - a été violé dans son volet matériel. « Négligence », « conditions lamentables »... Un ton « cinglant » et des termes « très forts, et assez peu habituels », selon Nicolas Hervieu, spécialiste de la Cour européenne des droits de l’homme. En ce sens, il qualifie l’arrêt rendu par la CEDH d’« important ». Pour autant, la décision de la Cour demeure plus « mitigée » sur d’autres points, nuance le juriste.

    En ce qui concerne la technique du #pliage, la CEDH juge en effet que celle-ci était « justifiée et strictement proportionnée au but poursuivi ». Pour les proches de la victime, celle-ci serait pourtant à l’origine de sa mort. « Susceptible de provoquer une asphyxie posturale », cette pratique d’interpellation policière « est responsable de plusieurs décès », selon l’Association chrétienne contre la torture et la peine de mort (#ACAT), qui a publié en 2017 un rapport très détaillé sur l’affaire. Ce geste d’immobilisation est d’ailleurs interdit dans plusieurs pays en raison de sa dangerosité, mais continue à être exercé en France.

    « Nous sommes déçus du donner quitus aux autorités françaises sur cette méthode. La vraie question, c’est : ’Pourquoi Ali Ziri arrivé dans un tel état au poste ?’ On parle d’un homme de 69 ans, et il représentait un danger pour les policiers ? Il y a une disproportion entre, d’un côté les insultes et les trois crachats que les policiers lui reprochent, et de l’autre, l’usage de la force employée », insiste Jean-Etienne de Linares, délégué général de l’association.

    « La France devrait s’interroger à chaque condamnation »

    Enfin, l’institution siégeant à Strasbourg note « quelques lacunes ponctuelles » dans le dossier, telles la lenteur de la procédure - « la Cour relève que l’enquête a quelque peu manqué de célérité », celle-ci ayant duré six ans et huit mois - ou l’absence de reconstitution des faits. Mais elle conclut que ces carences ne suffisent pas « à mettre en cause l’effectivité de l’enquête réalisée par les autorités dans son ensemble », notamment au regard des expertises médicales réalisées.

    « Or, le droit à la vie, ce n’est pas uniquement interdire de porter atteinte à la vie, c’est aussi enquêter sur des faits qui ont donné lieu à la mort, développe Nicolas Hervieu. On peut s’étonner que la CEDH ne soit pas allée plus loin. Il est très important de garantir les conditions effectives d’enquêtes sur ce type de faits. C’est uniquement par une exigence en matière procédurale que ces faits de violences policières ne se reproduiront pas. » L’ACAT aussi déplore que l’enquête ne soit pas remise en cause. « Au départ, les investigations ont même été menées par le commissariat d’#Argenteuil, par des policiers, juges et partis », pointe Jean-Etienne de Linares. Ce n’est que trois mois plus tard que la police des polices se saisira de l’affaire.

    En quinze jours, c’est la deuxième fois que l’État français est condamné par la CEDH sur un dossier de violences policières. « Chaque condamnation devrait amener la France à s’interroger », affirme Nicolas Hervieu. A la fois sur l’encadrement des techniques d’interpellation et des conditions d’enquête plus indépendantes.
    Chloé Pilorget-Rezzouk

    #violences_policières #ali_ziri #mort #racisme

  • Projection débat « Qui a tué #Ali_Ziri ? » - #violence_policière

    http://collectif-ali-ziri.over-blog.com

    Projection débat « Qui a tué Ali Ziri ? »

    7 octobre, 20h - sortie nationale au cinéma St Michel à Paris.
    Le film sera suivi d’une rencontre en présence de l’équipe du film et du collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri, de Monseigneur Gaillot, de Jessica Lefèvre, compagne d’Amadou Koumé, tué le 6 mars 2015 par la police à Paris.
    9 octobre en soirée - cinéma St Michel à Paris.
    rencontre avec Stéphane Maugendre, avocat de l’affaire Ali Ziri et président du Gisti (Groupe d’Information et de soutien des Immigrés).
    13 octobre en soirée - cinéma St Michel à Paris.
    rencontre avec Julie Heslouin d’Amnesty International ex chargée de campagne sur les violences policières en France.
    10 octobre, 20h30 - à Argenteuil au cinéma le Figuier Blanc, en partenariat avec l’Association pour la défense du cinéma indépendant des films d’auteurs et des salles arts et essai, de l’ATMF, Association des Travailleurs Maghrébins de France et le Collectif "Vérité et Justice pour Ali Ziri"

    http://paris.demosphere.eu/rv/41073

    Ali Ziri, un homme de 69 ans, décède le 11 juin 2009 après son interpellation par la police nationale à la suite d’un contrôle routier à Argenteuil. "Arrêt cardiaque d’un homme au cœur fragile", déclare le Procureur de Pontoise. Appuyant la famille qui vit en Algérie, un collectif d’Argenteuillais demande une contre-expertise. Deux mois plus tard l’institut médico-légal révèle 27 hématomes sur le corps d’Ali Ziri. Pendant cinq années, le cinéaste a suivi les pas de ceux qui demandent " Justice et vérité " après cette mort, ignorée des médias, mais que certains considèrent comme un lynchage digne des pires périodes de l’histoire. Au-delà d’une affaire de justice, Luc Decaster s’est attaché à représenter ce qu’une telle affaire suscite à l’intérieur d’une ville de banlieue ordinaire. Le cinéaste suit les échanges dans les rues de la ville, les entretiens avec les avocats dans les palais de justice, mais aussi les réunions internes du collectif " Vérité et justice pour Ali Ziri ". Au fil de la dramaturgie du film, des retournements de situations et de nouveaux espoirs, se révèlent des personnalités étonnantes d’ingéniosité. Par-delà les échanges, le film interroge la justice française et ses incohérences lorsque des policiers sont mis en cause.

  • Appel financier pour le film « Qui a tué Ali Ziri ? »
    http://collectif-ali-ziri.over-blog.com/2015/02/qui-a-tue-ali-ziri.html

    Le 11 juin 2009, Areski Kerfali, 61 ans et Ali Ziri, 69 ans sont interpellés par la police nationale d’Argenteuil, lors d’un contrôle routier. Ali Ziri quitte le commissariat dans le coma et décède à l’hôpital deux jours plus tard. L’explication donnée par la police et le procureur est : « décès suite à une malformation cardiaque ». Deux semaines après les faits, le juge d’instruction classe l’affaire sans suite. Un collectif d’habitants d’Argenteuil, Vérité et justice pour Ali Ziri se mobilise pour exiger une contre-expertise. L’autopsie révèle alors 27 hématomes et la mort par asphyxie suite à l’utilisation d’une technique d’immobilisation interdite depuis 2003.

    Durant cinq années, le cinéaste Luc Decaster a filmé le combat de tous ceux qui refusent le procès bâclé, après cette mort que certains considèrent comme un lynchage.

    Aujourd’hui, pour que le film arrive sur les écrans, il lui faut passer par trois étapes onéreuses mais indispensables : le mixage, l’étalonnage, et la distribution. Pour cela, il nous faut réunir la somme de 15000€. Nous aurions préféré obtenir un financement des institutions du cinéma et ne pas avoir à vous solliciter. Mais face à ces refus, nous avons besoin de vous pour que ce film, comme cette histoire, ne soit pas étouffé !

    #violences_d'état #police

    • http://collectif-ali-ziri.over-blog.com
      http://paris.demosphere.eu/rv/41073

      Projection débat « Qui a tué Ali Ziri ? »

      7 octobre, 20h - sortie nationale au cinéma St Michel à Paris.
      Le film sera suivi d’une rencontre en présence de l’équipe du film et du collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri, de Monseigneur Gaillot, de Jessica Lefèvre, compagne d’Amadou Koumé, tué le 6 mars 2015 par la police à Paris.
      9 octobre en soirée - cinéma St Michel à Paris.
      rencontre avec Stéphane Maugendre, avocat de l’affaire Ali Ziri et président du Gisti (Groupe d’Information et de soutien des Immigrés).
      13 octobre en soirée - cinéma St Michel à Paris.
      rencontre avec Julie Heslouin d’Amnesty International ex chargée de campagne sur les violences policières en France.
      10 octobre, 20h30 - à Argenteuil au cinéma le Figuier Blanc, en partenariat avec l’Association pour la défense du cinéma indépendant des films d’auteurs et des salles arts et essai, de l’ATMF, Association des Travailleurs Maghrébins de France et le Collectif "Vérité et Justice pour Ali Ziri"

  • Migrants morts en #Méditerranée : le parquet de Paris à la dérive

    Tribune de Françoise Martres et Stéphane Maugendre publiée sur Mediapart le 27 novembre 2013

    Le 25 mars 2011, un bateau quittait Tripoli avec à son bord 72 migrants fuyant la guerre et espérant rejoindre l’Italie. En panne de moteur, l’embarcation a dérivé avant d’être repérée et approchée par un ou deux hélicoptères militaires puis un bâtiment de marine militaire. L’un après l’autre sont repartis sans remplir leur obligation de secours, laissant à l’abandon, en mer, les migrants dont 63 mourront de faim et de soif. Aucun des messages de détresse pourtant reçus et relayés dans la zone maritime n’a suscité la réaction qui aurait pu et dû éviter ce drame.

    En avril 2012, quatre survivants réussirent à déposer plainte auprès du procureur de la République de Paris pour omission de porter secours à personne en péril, la plainte visant les militaires français qui étaient largement présents dans les eaux libyennes à l’époque et ne pouvaient ignorer l’existence du bateau laissé à la dérive. Il a fallu attendre décembre 2012 – et l’avis du ministère de la défense – pour obtenir une première décision du parquet classant l’affaire sans suite. Une nouvelle plainte avec constitution de partie civile est alors déposée entre les mains du doyen des juges d’instruction.

    À ce stade de la procédure, d’après la loi, le procureur doit requérir l’ouverture d’une information judiciaire sauf s’il est « manifeste que les faits dénoncés n’ont pas été commis ». Un an et demi après le dépôt de la plainte initiale, près de huit mois après le dépôt de la seconde plainte – dont les termes sont identiques – les victimes et les associations attendent toujours la décision du parquet.

    Dans une affaire dramatique ayant causé la mort de 63 personnes, où la préservation des preuves est délicate, où les plaignants, dans un état de grande précarité, ont dès l’origine un accès difficile aux juges et au droit, le parquet joue la montre. Fort de ce que le code de procédure pénale ne lui impose pas de délai pour rendre une décision, le procureur de la République diffère autant qu’il le peut l’ouverture de l’enquête.

    Pendant ce temps précieux, les drames semblables à celui de mars 2011 se succèdent. Une semaine après que les centaines de cadavres recueillis sur les côtes de Lampedusa aient suscité l’émotion bruyante de toute la classe politique à travers l’Europe, un autre naufrage, intervenu dans la même zone de la Méditerranée mais plus loin des caméras, a fait presque autant de victimes. Qui a relevé que ces morts auraient certainement pu être évitées si trois messages de détresse, envoyés à plusieurs heures d’intervalle grâce à un téléphone satellitaire, n’avaient pas été laissés sans suite par les autorités italiennes ? Les témoignages des rescapés syriens qui mettent en évidence leur coupable inertie sont pourtant lourds de sens : par un lâche consensus tacite, chacun s’accorde pour ne prêter attention à des désastres imminents que lorsqu’il est évident qu’il sera impossible de les laisser sous le boisseau médiatique.

    Que fait d’autre, aujourd’hui, le procureur de la République de Paris ? En différant toujours le risque de mettre à jour la responsabilité d’autorités militaires françaises qui auraient manqué aux impérieuses obligations du secours en mer, il choisit de laisser dans l’ombre les petites et grandes manœuvres qui font que des femmes, des hommes et des enfants seront ou ne seront pas sauvés de la noyade. Il doit savoir, pourtant, que tant que ces responsabilités restent dans l’ombre, l’impunité continuera de prévaloir pour tous ceux qui, surveillant ou sillonnant la Méditerranée avec des moyens considérables, y portent un regard borgne lorsque ce ne sont pas des touristes qui sont en péril.

    Chacun aura compris que la procédure en cours devant le TGI de Paris est davantage qu’une bataille juridique. Parce qu’elle interroge des responsabilités politiques, elle suscite un intolérable immobilisme du parquet que, techniquement, rien ne permet de justifier. Chaque minute compte pour sauver des vies. Chaque jour compte pour comprendre pourquoi certaines ne l’ont pas été et comment elles pourraient l’être à l’avenir.

    http://www.gisti.org/spip.php?article3306

    #migration #asile #réfugié #mourir_en_mer