person:stéphane rives

  • Je ne vois pas le moindre intérêt
    Au rêve de ce matin
    Aussi, consciemment, je l’oublie

    Après le rêve du lézard
    Mon inconscient est prié
    De hausser le niveau

    Au petit déjeuner
    Zoé n’a pas le temps d’avaler ses tartines
    Que je lui soumets la lecture de la première page

    La lecture à voix haute de Zoé
    Me révèle que les efforts de Mathilde
    Ont payé, mais me montre aussi l’entendue de la dyslexie

    Du coup Zoé a gagné
    De se faire emmener
    En voiture au collège

    Comme dans Raffut, tu vois ?
    Explose-t-on de rire
    Maintenant que Zoé a lu le début

    À l’autoradio
    Je découvre la voix
    De Valérie Igournet, à propos du FN

    Je suis toujours admiratif
    De celles et ceux qui étudient
    L’ennemi jusqu’à l’intimité

    Arrivé en open space
    Je lance en hâte une impression
    Du pdf de Raffut. Impressionné

    Ce qui m’est confirmé
    Par un mail de l’orthophoniste
    D’Émile et Zoé, c’est lisible !

    Je réponds sporadiquement
    À des mails plus professionnels
    Mais dans ma tête quel feu d’artifice de joie !

    J’emmène assez fièrement
    Mes épreuves au BDP et je relis
    Pensant à L’Homme qui aimait les femmes

    Et de fait je trouve encore
    Ici ou là, ici une couleur
    Là une longueur (en pieds)

    Réunion en début d’après-midi
    Où j’apprends qu’on apprécie mon travail
    J’en suis toujours incrédule

    Je reçois un mail de Mathilde
    Qui a trouvé une belle astuce de mise en page
    Pour la déclaration au commissariat

    Le texte a tellement bien évolué
    Avec le travail de Mathieu et celui de Mathilde
    Que j’ai le sentiment de lire le roman d’un tiers !

    Immodestement
    Je lui trouve
    Des qualités !

    Je rentre à la maison
    Et fais quelques courses
    Avec Émile, calme et même gentil

    Pendant qu’Émile part se promener
    Je m’octroie une pause
    De la lecture et de la musique, un lundi soir !

    Pendant qu’Emile cuisine des pâtes
    Je pars chercher Zoé au métropolitain
    « Comme dans Zazie dans le métro, tu vois ? »

    Des fois ça tombe bien tout seul
    L’accumulation de z
    Sur deux lignes, c’est joli, je me dis

    Phil
    Virgule
    N’écoutant que son courage

    N’écoutant que mon courage
    Je vais au concert de Stéphane Rives
    Avec Seijiro Murayama aux 26 chaises

    Aux 26 chaises rue Polonceau
    Bien rare sans doute que les musiciens
    Jouent seuls, sans camion de poubelle

    Stéphane Rives, saxophone
    Seijiro Murayama, voix percussive
    Et un camion de poubelle

    Les immenses pouvoirs
    De Seijiro Murayama
    Faire tout avec rien

    Avec
    Presque
    Rien

    Et la beauté d’un Stéphane Rives
    Accroché à son anche
    Tel un naufragé

    Et l’un et l’autre
    Dans cette écoute fondamentale
    De l’Autre

    Etre à moins de deux mètres
    De tant de magie
    De tant de puissance, pacifique

    Chaque fois que je croise
    Seijiro Murayama et sa musique
    Je ne suis plus tout à fait le même, après

    Le deuxième duo
    N’a aucune chance de capter
    Mon attention, après

    Après, un peu aidé
    Par Stéphane et Lotus
    Je m’enhardis à échanger avec Seijiro

    Je lui reparle de nos croisements précédents
    La chambre d’hôtel à Nantes
    La terrasse du BDP, les concerts avec Jean-Luc

    Il m’écoute avec grand intérêt
    Je lui redis mon souhait
    Qu’il écrive dans Frôlé par un V1

    Fût-ce en japonais non traduit
    Cette fois-ci il a compris
    Les yeux ouverts, il est d’accord

    Et il veut lire
    Une Fuite en Égypte
    Il a appris le français pour lire, dit-il

    On se donne rendez-vous
    A la fin d’un concert jeudi soir
    En concurrence avec performance de Pauline Simon

    Il éclate de rire
    Il connait Pauline Simon
    Il est le personnage principal du V1

    Je ressors
    Des 26 chaises
    Tourneboulé

    Sur le quai de la gare
    Je remarque une femme
    Dont j’ai le sentiment de l’avoir déjà vue

    Je cherche, je cherche
    Je trouve
    Il y a dix minutes aux 26 chaises

    Nous échangeons
    A propos du concert
    En montant dans la rame

    Elle écoutait
    Seijiro Murayama
    Pour la première fois

    Je la préviens
    Qu’elle n’est sans doute pas la même depuis
    Elle sourit et acquiesce, elle descend, changée

    Grands moments
    D’hésitation et de solitude, rentré
    Ce sont les Monarques de Phil qui me délivrent

    #mon_oiseau_bleu

  • J – 25 : Daniel,

    Admettons, pour commencer, que quand je dis Désordre , avec un D majuscule et en italique, je parle de mon travail, que quand j’écris « désordre » sans italique et sans majuscule, je parle d’une situation désordonnée et que quand j’écris « desordre » (sans accent et tout en minuscules), généralement à l’intérieur d’une graphie de ce genre http://www.desordre.net , je donne le chemin de quelques vérifications possibles en ligne. Le Désordre est curieusement affaire d’appeler les choses par leur nom, d’appeler un chat un chat.html.

    Daniel, tu me demandes un texte de quelques pages à propos du Désordre . Cela arrive de temps en temps que l’on me demande un telle chose, la dernière fois c’était pour le Festival de littérature de Solothurn en Suisse, d’où j’avais rapporté un très mauvais livre à propos de Proust, quelques secondes de films d’animation réalisées avec de la pâte à modeler dans le cadre luxueux de ma chambre d’hôtel dans laquelle je me suis ennuyé ferme pendant deux jours, et dans laquelle j’ai hérité d’une colonie de punaises de lit qui auront empoisonné mon existence pendant presque six mois. La Suisse. La semaine dernière j’ai reçu deux textes d’un jeune universitaire qui a décidé, il y a deux ans, d’étudier le Désordre , je pourrais être sans vergogne et tout pomper sur de telles études sérieuses, mais voilà elles sont exprimées dans une langue que ni toi ni moi ne parlons. Et puis ce serait ignorer que la générosité est le sentiment qui a le plus cours entre nous deux. Le Désordre est un flux, il se modifie sans cesse, il s’augmente sans cesse.

    Je pourrais, j’en suis sûr, écrire une fiction à propos de ce site, une sorte de nouvelle à tiroirs et il y en a quelques-uns, des tiroirs, dans ce site et dans son histoire périphérique, celle de mon existence finalement, quelques rebondissements ont connu leurs premières secousses à l’intérieur même du site, en les agençant un peu différemment de la façon dont ils se sont produits, je parviendrais bien à quelque chose, mais j’ai compris que ce n’était pas ce que tu attendais. Pourtant le Désordre est une fiction. La mienne.

    Je pourrais, je finirais par en trouver le moyen, créer une manière de site dans le site qui permettrait de canaliser, fixer, un parcours dans le site et qui serait, de ce fait, une sorte de fiction aussi, mais alors j’aurais le sentiment de trahir quelques-unes de mes intentions premières dès le début de la construction du site, à savoir rendre le parcours aussi chaotique, désordonné et aléatoire que possible, au point que, désormais, plus personne ne peut vraiment faire le même parcours dans ce fichu site et lorsque des personnes échangent à son propos, je ris sous cape qu’ils ne savent pas qu’ils ne peuvent pas parler de la même chose, qu’ils n’ont pas vu la même chose et pourtant ils semblent s’entendre. Ce sont les visiteurs du Désordre qui font le Désordre .

    Je pourrais à l’inverse, j’en ai les moyens, en programmation, rien de plus facile, ajouter du désordre au Désordre , donner à l’aléatoire une plus grande part encore, mais alors cela pourrait très bien être en vain, le nombre de possibilités existantes est déjà très grand, on parle de nombre gogol et de nombre gogolplex qui sont des nombres qui tutoient l’infini (un gogol est égale à 10 puissance 100, et un gogolplex est égale à 10 puissance gogol), en fait pour tout te dire, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le nombre de combinaisons possibles dans l’agencement des presque 300.000 fichiers du Désordre est pour ainsi dire aussi grand que le nombre d’atomes que l’on pourrait serrer dans l’univers connu. Personne ne s’apercevrait de cette aggravation du Désordre . C’est si grave que cela. Le Désordre est au-delà du vaste, il n’est pas infini, bien sûr, mais il est asymptotique à l’infini. Chuck Norris a compté jusqu’à l’infini. Deux fois.

    Je pourrais aussi, avec force copies d’écran te décrire le Désordre vu de l’intérieur et te montrer comment pour atteindre une telle dimension de Désordre , en donner le sentiment, il convient, pour moi, pour m’y retrouver, d’ordonner les choses avec un soin maniaque quand ce n’est pas totalitaire, il y a là un paradoxe très étonnant, bien que facile à comprendre, je pense que tu en as eu un aperçu quand nous avons travaillé ensemble dans le garage pour ton recueil du poèmes visuels dans le Désordre , sans doute l’une des plus belles réalisations du Désordre et quel plaisir c’était, pour moi, de t’offrir de telles possibilités, dans une confiance désormais acquise et mutuelle, même si de haute lutte par le passé. J’ai fait du chemin depuis Barjavel, non ? http://www.desordre.net est parfaitement rangé et ordonné, pour mieux donner une impression de désordre, laquelle est grandement obtenue par des effets de programmation. Le désordre est un programme en soi. Et il est paradoxal.

    Je pourrais, je vais le faire, c’est désormais un peu de cette manière que je procède en toutes chose, inclure ce texte, que tu me demandes, à l’intérieur même d’un projet en cours, qui est lui-même un projet qui surplombe le Désordre , Qui ça ? sorte de chronique de la catastrophe en cours et pour laquelle je refuse désormais d’avoir le moindre regard, elle est inévitable, avant qu’elle ne se produise, agissons et prenons l’habitude désormais d’agir selon notre guise, tout comme je le dédicace à cet ami poète, Laurent Grisel, nos agissements sont tellement plus précieux que les actes misérables qui nous gouvernent, et alors ce serait un tel plaisir de tisser depuis ce texte que je suis en train d’écrire le faisceau abondant des liens hypertextes qu’il suscite, et tu serais bien embêté plus tard pour tâcher de trouver le moyen d’accueillir tout cela dans la cadre restreint d’une revue papier, NUIRe. Plus j’y pense et plus je me dis que c’est ce que je devrais faire, rien que pour te mettre un peu dans l’embarras, pour t’embêter gentiment. Le Désordre n’est pas plat, il compte des épaisseurs, une profondeur qui doivent concourir au sentiment de désordre. Le Désordre est une mise en abyme. http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/index_186.htm

    Je pourrais, je dois le faire, rappeler utilement que je ne suis pas le seul contributeur du Désordre , par exemple il est important de savoir que j’ai commencé à travailler au Désordre en 1999, mais qu’à partir de 2003 j’ai reçu de temps en temps, à ma demande, l’aide précieuse de mon ami Julien Kirch - @archiloque - qui a su fabriquer pour moi des outils remarquables pour mieux semer le désordre. Que tout au long de la construction j’ai reçu les avis éclairés et avisés d’autres personnes, notamment L.L. de Mars, que j’ai fait partie de collectifs qui ont nourri mon travail, le Terrier , remue.net, Le Portillon , seenthis.net et que le Désordre m’a permis aussi de travailler (et de les rencontrer) avec des musiciens d’exception, Dominique Pifarély et Michele Rabbia, que le Désordre a connu un développement inattendu dans le numéro 109 de Manière de voir et quel plaisir cela a été de rencontrer et de travailler avec @fil, @mona et Alice, que d’une façon plus ou moins directe il m’a permis de trouver un éditeur, grâce soit rendue à Sarah Cillaire, Hélène Gaudy et Mathieu Larnaudie, les parrain et marraines d’ Une Fuite en Egypte et enfin, et surtout, que le Désordre accueille aussi en son sein les travaux remarquables d’amis, parmi lesquels, Jacky Chriqui, Hanno Baumfelder, L.L. de Mars, Martin Bruneau, Isa Bordat, Karen Sarvage, Ray Martin, Barbara Crane et Robert Heinecken, Thomas Deschamps (qui a composé l’une des plus belles pages du Désordre), Eric Loillieux, Vincent Matyn, Pierre Masseau, Jean-Luc Guionnet, Stéphane Rives, Lotus Edde Khouri et, donc, toi, Daniel, Daniel Van de Velde, devande. Le Désordre c’est aussi une histoire de mes amitiés et de ce qu’elles m’ont apporté d’immenses richesses et de communes préoccupations, regarde, en tête de ce texte, qui passait par l’infini, je n’ai pas hésité longtemps pour ce qui est du choix d’une image, pouvait-il y avoir de plus remarquable illustration, le mot est mal choisi, qu’une photographie de l’une de tes merveilleuses sculptures au travers desquelles on jurerait voir l’infini.

    Je pourrais rappeler que l’une des dimensions supérieures du Désordre c’est une manière de sauvegarde des joies et des beautés du quotidien. Tu as dit à propos de ce texte, que tu me demandes, que tu pourrais m’aider à y contribuer, je pense que sur le sujet de ce quotidien, de son ressassement heureux, enchanté par moments, et d’un certain arbre du bois de Vincennes, tu sauras dire quelques très belles choses, je laisse donc quelques lignes blanches pour toi.



















    Je pourrais faire la liste des erreurs et des ratages du Désordre , il y en a eu quelques-unes, et même quelques errements, et des obstinations de ma part qui ont parfois fait courir de grands périls à l’ensemble, des fois je suis allé trop loin, d’ailleurs rien ne m’assure que cela ne soit pas déjà le cas. En fait chaque fois que je travaille au Désordre je cours le risque de tout faire échouer ou encore d’ajouter des éléments faibles qui ne rendent pas justice aux autres réalisations, plus réussies, du Désordre et cela fait presque dix-huit ans maintenant que le Désordre menace presque tous les jours de s’effondrer. Le Désordre est fragile. Et il aura une fin. Elle ne sera pas nécessairement heureuse, ni réussie.

    Je pourrais écrire n’importe quoi, dire du Désordre des choses qui ne seraient pas vraies, qui ne seraient pas entièrement fausses non plus, en quelque sorte des choses qui ne me concerneraient pas. Et cela permettrait, nul doute, de faire diversion, d’attirer le regard vers des directions opposées à celles qui sont en fait au cœur du site, notamment le combat, le combat pour la vie, pour la survie, le combat pour Nathan, le combat pour les enfants, le combat pour faire accepter certaines manières de faire les choses, de voir le monde, d’y participer, le combat politique en somme, le combat ce n’est pas la partie la plus visible du Désordre et pourtant elle est là, jamais très loin, et jamais en grattant beaucoup, on y voit mon corps et mon cœur fatigués tous les deux par le combat, mais mon corps et mon cœur heureux, cela oui aussi. Le Désordre est un combat perdu d’avance, mais qu’on ne peut pas refuser. C’est mon côté Don Quichotte du Val-de-Marne.

    En tout cas c’est un combat qui me laisse désormais sans force. Un jour que des lycéens, dans le cadre de je ne sais plus quelle expérience de leur cursus - guidés en cela par leur excellent professeur de philosophie, mon ami Alain Poirson, qui a été, aussi, pour moi, un professeur de philosophie, et quel ! -, m’avaient soumis au questionnaire de Proust, à la question comment est-ce que j’aimerais mourir, j’avais répondu sans hésiter : épuisé. Ça finira par arriver un jour, c’est sûr.

    Im freundschaft, mein lieber Daniel, im Freundschaft.

    #qui_ca

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20130306_noble_o_malley.mp3

    J – 178 : Voilà un concert, la seconde partie tout du moins, dont je me faisais toute une joie et dont je suis sorti au bout d’une vingtaine de minutes de la seconde partie, m’infligeant toute la première partie que je n’aurais pas normalement supportée plus de dix minutes, dans l’attente de la seconde.

    Expédions gentiment la chronique du premier concert, Heather Leigh, brailleuse et joueuse de still guitar , sorte de guitare électrique à plat sans fret et dont les hauteurs de notes sont obtenues à l’aide d’un goulot de bouteille — je crois que l’on appelle cela un bottleneck —, confiez un tel instrument à un guitariste chevronné, comme Steve Howe, il en sortira effectivement quelque chose — encore que —, laissez un tel instrument dans les mains manifestement inexpertes de Heather Leigh et vous comprendrez instantanément que n’est pas musicien expérimental qui veut, et dans son cas, n’est pas chanteuse qui braille et n’est pas non plus poète qui écrit des lignes.

    Quand je pense que je reproche parfois à Fred Frith d’être peu soigneux dans ses transitions quand il est accompagné, solo au contraire, il est fort méticuleux de la chose, conscient que ce sont sur de telles articulations que sont construites les architectures de ses morceaux, dans le cas de Heather Leigh qui n’a apparemment aucune intelligence musicale, on peut même se demander si elle ne n’est pas un moment arrêtée pour réaccorder son instrument, encore que la justesse ne paraissait de toute façon pas une préoccupation.

    Et donc au bout de dix minutes de ce traitement, je voyais bien que cela irait nulle part très vite, c’en était pathétique, je concevais même de la gêne collective à être devant un tel naufrage, d’ailleurs on peut dire que les applaudissements du public des Instants chavirés furent des plus timides. Il n’empêche, hier soir il faisait froid dehors, j’ai préféré attendre la fin de cette première partie dedans, je me demande ce matin si je n’aurais pas dû fuir pour de bon.

    La seconde partie était celle qui m’avait motivé à venir aux Instants au-delà de la fatigue de fin de journée, Stephen O’Maley, solo, guitare électrique reliée à un mur d’enceintes, un peu à la façon des concerts de stades du Greatful Dead dans les années septante, sauf que les Instants c’est un mouchoir de poche, pas un stade. D’ailleurs, comme souvent, en pareil cas, on distribue des bouchons d’oreille, ce qui est extrêmement paradoxal — et qui habituellement m’amuse — pour une salle de concert, censée donner à entendre, écouter, mais aux Instants , parfois, on occulte.

    Je crois que j’entretiens une relation secrète de sado masochisme, à mon corps défendant si j’ose dire, avec Stephen O’Maley dont c’était pour moi le troisième concert aux Instants.

    Le premier concert j’y étais allé parce qu’il était accompagné à la batterie de Steve Nobles, je me suis dit que cela valait la peine d’essayer, j’aime bien le jeu décousu de Steve Nobles : première agression, assez radicale, je ne pense pas avoir été confronté à un tel niveau sonore que ce premier concert, mais en dépit de l’agression de laquelle j’ai fini par m’absenter au bout d’une demi-heure, dans cette masse, j’ai perçu une construction, une progression, c’était bâti, certes c’était agressif — voire dangereux, à l’époque, je ne connaissais pas encore ce concept de concert avec du persil dans les oreilles, naïf que j’étais — mais comme me le révéla mon enregistrement du concert, musicalement c’était nettement plus construit que ne le laissait supposer l’agression de premier plan. Je suis donc allé à un second concert de Stephen O’Maley, cette fois-ci, solo, jouant, encore que jouer, je n’en suis pas certain, de la guitare à trois amplificateurs en série, histoire de décoller le papier peint, et la peinture en dessous, des Instants , et sur ce second concert, en dépit des bouchons d’oreille, j’ai eu des doutes. Je n’entendais qu’un rugissement électrique, sans cesse renouvelé à espaces plus ou moins réguliers d’un nouvel accord lâché sur la gratte et de nouveau modelé, et encore, l’était-il vraiment ?, il semblait que la part aléatoire d’électricité dans cette œuvre avait en fait le dernier mot — entendons-nous bien, je ne suis pas l’ennemi de l’aléatoire, surtout pas en musique, mais je ne déteste pas que cette dernière soit un peu canalisée —, au-delà de toute maîtrise d’ailleurs de l’instrumentiste qui ne se donnait qu’une seule possibilité, relancer un nouvel accord, et il choisissait que ce soit chaque fois le même —je m’en veux d’avoir, à un moment de ce concert, pensé, par analogie, à mon ami Stéphane Rives, à cette manière extraordinaire qui est la sienne de jouer son solo de saxophone soprano, coinçant une note et la tenant en la modulant de façon parfois imperceptible, mais une écoute attentive décèle dans cette tenue la moindre aspérité sonore pour découvrir que ce sont toutes ces choses minuscules qui font le jeu de Stéphane, rien d’aussi intelligent chez Stephen O’Maley, hélas. Je ne dis pas que les modulations étaient inintéressantes, en revanche je me posais la question de l’absence d’une construction, d’une narration ou de je ne sais quel dessein un peu supérieur au service duquel le musicien aurait acheminé et agencé ses modulations terriblement électriques, mais force était de constater que pas du tout, cela restait une modulation, quelques variantes et le retour de l’accord sempiternel toutes les vingt secondes dont je doutais d’ailleurs qu’elles correspondaient, les vingt secondes, à quel que décompte de mesures ou de fractions de mesures que ce soit, est-ce qu’on n’était pas en train, des fois, de nous prendre pour des cons ou tout bonnement des sourds, ce que de toute manière nous ne tarderions pas à devenir en écoutant pareil tonnerre, de là à dire qu’il s’agissait d’une musique publicitaire en diable, nous habituant par la force au produit dont nous ne pourrions plus nous passer par la suite, sourds, seule la musique de Stephen O’Maley nous serait audible.

    Je me suis alors posé la question de la musique versus la performance, le socio-poème. Se pouvait-il que ce que je pensais, peut-être à tort, être un concert, un événement musical, soit, en fait, une performance ? Une performance dans laquelle seraient expérimentées la résistance des uns et l’adhésion des autres, puisque manifestement tout autour de moi aux Instants , il y avait autant de monde que pour les grands soirs, on ne jouait pas à guichets fermés, mais il paraissait improbable de faire tenir davantage de monde dans la fosse et ses à-côtés, une performance destinée à créer une manière d’inconfort chez le spectateur, ne serait-ce que pour cette seule notion d’inconfort justement, je n’en demandais pas plus d’ailleurs, je n’allais pas non plus, grand amateur que je suis des œuvres de Chris Burden, attendre, voire exiger, que la performance de Stephen O’Maley étende des tentacules de sens au-delà-même de ce qu’elle était, une manière d’agression.

    C’est donc pour cette hésitation que je suis retourné voir un nouveau concert, une nouvelle performance de Stephen O’Maley, hier soir donc. Décidé d’en découdre, une mauvaise fois pour toutes, avec les tenants et les aboutissants de la chose performée. Pour être tout à fait honnête les niaiseries de Heather Leigh en première partie ne m’ont sans doute pas aidé, plutôt insupporté en fait, mais je faisais confiance à mon jugement pour ne pas faire déteindre la faiblesse de la première partie sur la seconde.

    Le dispositif du concert d’hier soir était le même que le concert performance précédent, une muraille de trois amplis, l’agression dès le premier accord, le volume poussé au maximum de ce que sans doute les fondations des Instants sont à même de supporter sans s’écrouler sur nous, et, hélas, la même construction poussive, un accord, toujours le même, lâché à intervalles plus ou moins réguliers et entre les deux de l’électricité, une vibration mauvaise de l’air entre nous et la nécessité impérieuse de se protéger les oreilles avec des bouchons, en modulant soi-même, de temps en temps, le niveau d’enfoncement desdits bouchons pour tenter, de temps en temps, de percevoir un peu des aigus de cette affaire, mais à vrai dire, tout est agression, les aigus, les mediums, les basses tout, c’est brutal et en fait, à moins d’un désir masochiste, c’est surtout très con.

    Et donc pendant une vingtaine de minutes, assis dans un coin, les deux mains posées sur les bouchons d’oreille pour avoir la ressource éventuelle de me crever les tympans avec les bouchons pour justement les protéger, je me suis appliqué à trouver je ne sais quel élément qui tienne cet ensemble, une progression, un semblant de construction, un début de narration, n’importe quoi, même de pas très important, mais non, il n’y avait rien à faire. Ayant acquis que décidément non, Stephen O’Maley n’était pas le génie qu’il semblait vouloir incarner et auquel les uns et les autres, avant le concert avaient semblé adressé la parole avec une telle révérence, mais bien plutôt un faiseur, un crosseur, un petit joueur en somme, ayant désormais donc acquis cette conviction, j’étais captivé par le spectacle des quelques personnes qui m’entouraient et qui toutes semblaient dodeliner dans cette électricité ultra saturée comme dans un bain de jouvence, et comme chaque fois, en pareil cas, je me suis prononcé pour moi-même cette phrase, évidemment audible de personne, même pas de moi-même, dans un tel vacarme : le roi est nu.

    J’ai enfoncé mes bouchons d’oreilles jusqu’à la garde, j’ai ramassé mon appareil-photo et mon manteau et je suis sorti, retrouvant dans la rue, une demi-douzaine de personnes dont certaines avaient vomi, et toutes préféraient, de loin, le froid humide de l’automne et le spectacle pas très folichon de la rue Richard Lenoir à Montreuil, plutôt que le massacre en règle de leurs sens.

    Je suis rentré chez moi, je disposais désormais d’une dispense en bonne et due forme, je n’étais plus tenu, par rien, à assister à un concert de Stephen O’Maley. J’étais rassuré sur ce dernier point, je n’étais pas en train de passer à côté du dernier grand génie des Instants .

    Exercice #28 de Henry Carroll : Faites-nous voyager avec une photographie

    Série, Trajets (http://www.desordre.net/photographie/numerique/trajets/index.htm ), photographie numérique

    #qui_ca

    • Ce concert avec Noble j’y avais laissé un bout de mon oreille droite. J’étais sorti de là en titubant. Depuis j’ai acheté des bouchons d’oreille efficaces que j’oublie à chaque fois.

      Celui avec Heather Leigh j’aurais aimé pouvoir y être, en fait surtout avec Brotzmann, j’aime bien son I abused animal. Là aussi ça fait un peu amateur et maladroit, mais il y a un charme là-dedans qu’elle arrive à créer en équilibre instable.

      O’Malley, je me dis, en toute mauvaise foi, il a atteint une sorte de respectabilité qui pourrait jouer plus que la musique qu’il sort de sa guitare.

    • @lyco Normalement, si tu oublies tes bouchons, tu peux en avoir à l’entrée gratuitement, je ne serais pas étonné que ce soit une obligation légale.

      Ayant à ce point détesté le premier soir de Heather Leigh, je ne suis pas allé au second soir avc Brotzmann, mais j’ai dans l’idée que même avec un pareil musicien, elle doit être capable de tout gâcher.

      Elle a effectivement joué son I abused an animal, on ne peut pas dire que j’ai kiffé. J’ai même trouvé cela pathétique.

      Quant à O’Malley, oui, il y a une affaire de respectabilité indue, en fait c’est un branleur et le public refuse de voir que le roi est nu. Et je réalise rétrospectivement que jouant avec Steve Noble, la musique repose entièrement sur le jeu de Noble, c’est lui qui constuit et O’Malley qui fait la déco et le papier peint.

  • Je me demande si je ne vais pas finir par faire partie des meubles aux Instants chavirés , au même titre d’ailleurs que nombre de personnes que je reconnais chaque fois sans mal, et qui doivent être nettement plus assidues que moi, et je vois bien qu’eux ont leurs habitudes, tel type qui est toujours le premier arrivé, qui se rue au premier rang, n’en sera jamais délogeable, à l’entracte ou l’entre deux sets il ne quitte pas cette place du premier rang au centre, il enregistre tous les concerts à l’aide d’un petit enregistreur qu’il sort d’une chaussette noire et qu’il pose tel quel sur son genou, jambes croisées et il ne bouge pas, il doit disposer d’une discothèque extraordinaire des Instants, mais aussi de nombre d’autres lieux de concert, certains parmi les plus reculés, je pense par exemple au troisième sous-sol de la rue Polenceaux où j’ai écouté des concerts irrésistibles notamment de Jean-Luc Guionnet, et le type était là, au premier rang aussi, l’enregistreur posé sur son genou et il me semble que c’est toujours le même genou et donc la même façon de croiser les jambes, pour un encore jeune arthritique comme moi, c’est fascinant cette immobilité, ce confort dans la pause, ce type ferait un excellent modèle assis, son visage d’ailleurs n’est pas inintéressant, si cela se trouve c’est un frère. Dont j’ignore encore tout, mais dont je devine déjà qu’il est informaticien, qu’il s’ennuie toute la journée dans un vaste open space en attendant le soir ayant marqué dans son agenda, presque tous les soirs de la semaine, des dates de concert, aux Instants, mais aussi dans bien d’autres endroits de la région parisienne, enregistrant des heures et des heures de ces concerts de musique contemporaine improvisée et attendant in fine l’âge de la retraite pour se consacrer, enfin, à cette grand recherche d’historien de la musique contemporaine improvisée. Il y a cet autre type nettement plus effacé qui lui sirote des bières tout au fond de la salle, même quand cette dernière n’est pas très remplie, toujours l’épaule gauche appuyée contre le mur, une queue de cheval sur le côté gauche aussi. Et entre ces deux types, plein d’autres types, la moitié de la salle est remplie plus ou moins des mêmes personnes, les femmes ne sont pas très nombreuses, cela dépend un peu des soirs, mais des statistiques même empiriques tendraient à démontrer que la musique contemporaine improvisée est une affaire plutôt masculine, ce dont je doute.

    N’empêche hier soir c’était concert debout aux Instants , pas mes préférés, mais il m’arrive cependant d’y aller, tentant par là même de m’ouvrir à d’autres formes qui sont plus, davantage, les miennes, de la musique très électrifiée et très amplifiée, voire marquée lourdement pour le tempo — mais qu’a fait la musique pour être aussi sévèrement battue ?, pour employer l’expression de L.L. de Mars dans son Dialogues de morts à propos de la musique —, plutôt que ce que je préfère, et de loin, des recherches plus amples, partant d’une séparation ténue entre le silence et le son et progressant avec lenteur vers une complexité accrue, presque narrative par endroits. Et moi les concerts debout, ce n’est plus de mon âge, pas tant pour le volume — encore que je refuse rarement l’offre paradoxale des Instants qui fournissent des boules Quiès pour son public un peu moins jeune, au premier rang duquel on trouve quelque arthritique — mais davantage, parce que debout, ce sont les rotules qui prennent et elles sont, vous l’ai-je déjà dit ?, arthritique. Alors il y a bien, çà et là quelques endroits où l’on peut s’assoir, un peu à ses risques et périls, mais assis, alors on ne voit pas grand-chose des gestes des musiciens, ce qui, quand ils sont, de plus en plus nombreux, tripoteurs de boutons, ne revêt pas de gêne considérable, et pour tout dire j’en ai un peu pris mon parti. Et c’est souvent dans un des deux sièges dits de cinéma, près des toilettes que je finis par échouer, situation imparfaite par excellence, assis certes, mais de travers par rapport à la scène dont j’aperçois quelques extraits, avec force premiers plans obstrués, comme dans certaines de mes photographies de concert où je préfère jouer des premiers plans flous plutôt que de les subir, et surtout plus ou moins sous un des deux haut-parleurs, c’est-à-dire à un endroit où je ne reçois pas grand-chose des bains de pieds, des retours de scène et pas entièrement la sonorisation, mais la plupart du temps, qu’est-ce que j’y suis bien, et bien souvent, même pour les concerts assis, ceux où je peux voir tout aussi bien que tout un chacun dans la salle, la scène, qui, la plupart du temps, est plongée dans un éclairage très médiocre, quand il n’est pas inexistant, et bien je ferme les yeux, pour me concentrer sur la musique. Cela valait bien la peine.

    Et hier soir, concert de la Squadra Omega , jeunes gens italiens jouant fort et par nappes des mélopées pour beaucoup répétitives, pas du tout ma tasse de thé, puis Konstrukt , truc free jazz turc hyper électrifié, John Zorn, sans la virtuosité, l’agression oui, mais pas la maîtrise orchestrale, ni musicale, je me disais, les choses auxquelles on pense au concert, assis à côté de la porte d’entrée des toilettes, fermant les yeux, pas souvent, comprenant que je n’avais pas besoin de ce surcroît de concentration, cette musique ne me posait pas de problème de compréhension, qu’il m’arrivait d’écouter vraiment toutes sortes de choses aux Instants, des choses qui m’emballent, me transportent, me transforment même, la dernière fois Axel Dörner avec Jean-Philippe Gross mais aussi la première partie avec Stéphane Rives et d’autres fois pas du tout, mais alors pas du tout. Et le mieux quand pas du tout c’est encore que cela me laisse indifférent, car il m’est arrivé deux fois de ne pas rester jusqu’au bout du concert, les deux fois, agressé, Stephen O’Maley que j’ai fini par apprivoiser ou encore Otomo Yoshihide, dont j’avais le sentiment ce soir-là, qu’il jouait comme un pied et que tous ses effets échouaient, non sans causer des blessures potentiellement durables à mes oreilles et peut-être pas qu’aux miennes.

    Et hier soir, indifférence. Mais finalement content. J’étais sorti, j’en avais eu le courage, en dépit de la fatigue, j’avais écouté, pas aimé, pas détesté non plus et j’étais retourné chez moi, je m’étais couché en lisant Je Paie d’Emmanuel Adely, la vie est belle, pas toujours parfaitement réussie, mais belle. Dans toute son imperfection. Et une partie de cette vie se passait donc aux Instants Chavirés . Dans toute leur imperfection. Certains soirs sublimes Instants , d’autres soirs, indifférents Instants .

    #qui_ca

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/axel_dorner.mp3

    C’est un vrai plaisir de pouvoir emmener Michele et Raffaella, parisiens les prochains mois, aux Instants Chavirés et c’est amusant de constater la surprise de Michele, cette scène qu’il connait de nom, est en fait un tout petit local qui ne paie pas de mine, dans lequel, ce soir, ne se presse qu’une cinquantaine de personnes, bien avisées d’ailleurs parce que les deux concerts de ce soir sont un ravissement.

    En première partie Stéphane Rives joue du saxophone soprano et chacun de ses souffles est transmis à l’ordinateur de Rodolphe Alexis qui les module, les triture, les amplifie, les distend, rien ne se perd, tout se transforme, tout se gagne, par moments le saxophone tente de reprendre la main, il ne fait qu’alimenter une machinerie plus grande que lui qui, nourri de nouvelles notes, produit de nouveau de grandes plages de plus en plus sonores de plus en plus envahissantes, c’est un univers en quadrophonie de grande intensité qui est joué là sous nos yeux, par Stéphane Rives, vagabond de son propre instrument, itinérant dans les rangs des spectateurs et la silhouette sombre de Rodolphe Alexis, campé derrière un ordinateur de genou, un petit pad midi et une autre table, les deux éclairés à contre-jour par une tout petite lampe de chevet, la lampe de chevet des Instants qui fait de ces derniers la salle la plus sombre du monde, les photographes apprécient, nul doute.

    La deuxième partie n’est pas moche non plus. Jean-Philippe Gross aux boutons abrité derrière une forêt vierge de câbles fichés avec science dans un tableau digne du 22 à Asnières et Axel Dörner trompettiste démultiplié, jouant à la fois de la trompette donc, celle-ci étant munie d’une petite coulisse qui permet certains effets de trombone, mais aussi d’une parure de boutons et de tirettes, permettant l’obtention d’une palette improbable de sons allant du suraigu au souffle à peine audible tellement il est bas, le tout relié à un ordinateur de genou qui triture, module, amplifie et distend les sons reçus de cette trompette protéiforme. L’alliage entre ces deux musiciens est très surprenant, cérébral à bien des égards, on se demande un peu comment ils font pour y retrouver leurs petits dans pareil encombrement dédales de boutons, de fiches et de câbles, mais si vous perdez contact visuel avec ces deux-là, par exemple, en fermant les yeux, c’est un monde étrangement habité de sonorités, de craquements acousmatiques, de fulgurances, de souffles qui ouvrent des plages synthétiques, une musique d’une très grand beauté, architecturée dans les grandes lignes et peuplée d’endroits tout en improvisation. C’est beau c’est extrêmement beau, ça vous brasse de l’intérieur, ici il n’est pas question de s’abriter derrière des effets de crescendo quand on n’a plus rien à dire, pas davantage de faire la liste inventaire de toutes les choses que l’on peut produire avec pareil attirail, non, il est vraiment question de musique, de musique improvisée, mais pas sans l’épure, la beauté d’un dessin qui esquisse une construction même empirique et cela brasse, masse parfois les tympans ou crée encore des sensations purement physiques.

    Comme je suis content que cette première soirée aux Instants pour Michele et Rafaella soit à me mesure de ce qui est produit les grands soirs aux Instants .

    Exercice #14 de Henry Carroll : agrandissez quelque chose de petit.

    #qui_ca

  • http://seymourwright.com/#SEYMOUR WRITES BACK

    Seymour Wright, saxophoniste que j’ai écouté l’année dernière lors d’un très beau concert (il y avait aussi Jean-Luc Guionnet), que j’écoute de temps en temps, que j’ai écouté l’hiver dernier en duo avec Stéphane Rives, avec lequel j’échange par mail de temps en temps et qui me signale justement quatre nouvelles plages sur son site. Bon je préfère prévenir tout de suite, ce n’est pas la plus accessible des musiques contemporaines, pour amateurs dira-t-on.

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/index.htm

    Ce n’est pas pour me lancer des fleurs, mais tout de même, réussir à tenir à jour un journal pareil, cela tient, certains soirs, du tour de force. Du 32 au 59 Février, j’en aurais fait des choses, en plus de tenir à jour mon journal, j’aurais lu le Vertige danois de Paul Gauguin par Bertrand Leclair, je serais allé écouter Seymour Wright avec Stéphane Rives, et Jupiter Terminus un soir de grande fatigue, j’aurais essuyé les reproches de la hiérarchie, je serais allé passer un week end dinch’Nord, en passant par le Louvre à Lens, j’aurais gravi à la fois le Mont-Noir et le Mont-Rouge deux sommets dans la même journée, je ne suis pas n’importe quel alpiniste moi, j’aurais appris ce qu’est le gogol et le gogolplex, et cela va beaucoup m’aider pour le travail dans le Désordre, j’aurais découvert un nouveau texte de mon ami Daniel, j’aurais travaillé à une exposition pour les élèves du collège Jean Mermoz de Laon, en me disant qu’ils avaient bien de la chance, ces petits collégiens, d’avoir mon ami Eric comme professeur d’arts plastiques, je n’aurais pas joué de contrebasse, j’aurais téléphoné à ma fille Madeleine pour lui souhaiter un joyeux anniversaire, seize ans tout de même, je me serais promené dans les plaines ondulées de Montigny-sur-Crécy où le vent est fier, je me serais entièrement inventé une journée, j’aurais tenté de rattraper mon retard dans les tâches ménagères, j’aurais filmé une jeune femme à son insu dans le Réseau Express Régional, et je me serais posé pas mal de questions à son sujet, j’aurais dîné d’un repas iranien pour la première fois de ma vie, je serais allé voir l’exposition de Paola De Pietri et d’Alessandra Spranzi au CPIF, j’aurais dessiné beaucoup d’ailerons de requin dans les marges du cahier dans lequel je prends des notes dans les réunions à mon travail, j’aurais rêvé de faire l’amour avec Amira Casar, je n’en suis pas fier, mais c’est pourtant arrivé, je serais tombé sur une chronique d’Eric Chevillard dans le Monde des Livres, j’aurais mis en ligne le mois de novembre de la chronique de la Vie, j’aurais enfin découvert Erri De Luca, j’aurais enfin mis en ligne une série d’images et de textes qui s’intitule Et (Vacances), et je serais allé voir dans la même journée les expositions de Maison Européenne de la Photographie et du Jeu de Paume.

  • Dimanche 6 avril à 19H30, à ne pas manquer, Partis , le spectacle-performance de Stéphane Rives, Lotus Edde Khouri et Jean-Luc Guionnet au Kiosque flottant , bateau situé au 85 Quai de la Gare. Il y a une première partie dont j’ignore tout, par des personnes dont j’ignore également l’essentiel.

    Une chronique de ce spectacle par mes soins, avec enregistrements à la qualité aléatoire, vidéo montée avec les pieds et filmée faut voir comme, et phrases interminables et mal ponctuées, ici http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/bouquets/009.htm