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  • Au moins 25 000 ponts en France sont « en mauvais état structurel »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/27/au-moins-25-000-ponts-en-france-presentent-des-problemes-de-securite_5482062


    Le pont reliant La Rochelle à l’île de Ré, en mai 2018.
    XAVIER LEOTY / AFP

    Selon un rapport sénatorial, la dégradation de nombre d’ouvrages est le fruit d’un « sous-investissement chronique », posant « des problèmes de sécurité et de disponibilité pour les usagers ».

    Deux semaines avant l’effondrement meurtrier du viaduc Morandi, à Gênes, le maire de la petite commune de Beaumontel, dans l’Eure, a constaté au matin du 1er août 2018 qu’un des piliers du pont sur la Risle, entre la mairie et l’église, s’était affaissé et ne soutenait plus rien. Pont fermé, 250 000 euros de travaux. Un mois après la catastrophe italienne, c’est sur l’imposant viaduc de l’île de Ré qu’un câble précontraint rompait en raison de la corrosion. Circulation restreinte, 2 millions d’euros de réparations. La France n’est pas à l’abri d’un accident tragique : au moins 25 000 ponts sont « en mauvais état structurel » et « posent des problèmes de sécurité et de disponibilité pour les usagers », selon un rapport sénatorial rendu public jeudi 27 juin, qui réclame un « plan Marshall » pour « éviter le drame ».

    Dans la foulée de l’écroulement du viaduc italien, le Sénat avait lancé une mission d’information sur l’état des ponts en France, dirigée par le président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, le centriste Hervé Maurey, et dotée des moyens d’une commission d’enquête. Le nombre de ponts en France est évalué entre 200 000 et 250 000 – une fourchette étonnamment large. C’est la première surprise du rapport : personne n’est capable de donner le nombre exact de ces ponts routiers, faute d’un recensement du patrimoine des collectivités locales. Une inconnue révélatrice « des lacunes de la politique de surveillance et d’entretien », estime la mission.

    L’Etat possède 24 000 ponts. La moitié, gérée par les sociétés concessionnaires d’autoroutes, est sans problème. Pour le reste, 7 % présentent des défauts de sécurité et 2 800 d’entre eux, construits après-guerre, arrivent en « fin de vie » et nécessitent une chirurgie lourde. Un audit externe, remis en juin 2018 au ministère des transports, estimait qu’un tiers des ponts de l’Etat avaient besoin de travaux, dont 7 % présentaient « un risque d’effondrement ». Le tableau est plus sombre encore du côté des collectivités territoriales, qui gèrent 90 % des ouvrages : entre 100 000 et 120 000 pour les départements, dont 8,5 % en mauvais état, et de 80 000 à 100 000 pour les communes, dont 18 % à 20 % présentent des défaillances.

    #paywall

  • Le phénomène ThinkerView ou le triomphe de l’info non-formatée
    https://www.marianne.net/medias/le-phenomene-thinkerview-ou-le-triomphe-de-l-info-non-formatee

    Attirant des centaines de milliers d’internautes, ThinkerView se pose en "anti-chaîne info" et semble surtout répondre à un besoin inassouvi de comprendre la complexité du monde.

    C’est devenu une sorte de must de l’interview. Un endroit privilégié où l’on s’adresse à ceux qui ne regardent plus la télé. En témoigne le geste d’Edwy Plenel annonçant le 24 mai qu’il profite de son passage sur ThinkerView pour lancer une offre d’abonnement à Mediapart, avec un accès gratuit le week-end suivant son intervention en direct. Un signe marketing de l’intérêt porté à « la chaîne qui monte », comme l’a qualifiée l’ex-directeur de la rédaction du Monde. L’influence médiatique a dérivé vers le Web, et une chaîne YouTube peut connaître plus de retentissement que tout autre canal. Alain Juillet en fut sidéré après sa visite en 2018 dans le décor noir à la lumière soignée de ThinkerView. « J’ai été invité par l’intermédiaire d’amis qui travaillent dans l’intelligence économique et qui m’ont incité à accepter, confie cet ancien directeur du renseignement à la DGSE. En arrivant dans la cave faisant office de studio, je me suis demandé ce que je faisais là. Mais j’ai découvert un monde à l’impact effarant. J’avais déjà fait des passages télé, mais jamais connu ça. Des gens m’arrêtent depuis dans la rue parce qu’ils m’ont vu sur ThinkerView. »

    Son interview, un panorama de la géopolitique mondiale, approche les 900 000 vues. Pour plus de deux heures de décryptage, ce que l’on ne voit nulle part ailleurs. Un livre atteste l’effet ThinkerView : Crépuscule, de Juan Branco. Best-seller de ce printemps, il est numéro un des ventes dès sa sortie. Ignoré par les médias mainstream, ce pamphlet contre la Macronie est paru une semaine après que son auteur s’est retrouvé dans le fauteuil de l’interviewé. « Il est impossible de mesurer l’impact sur les ventes mais l’effet amplificateur paraît évident », remarque Florent Massot, coéditeur de Crépuscule. Branco a rapidement accumulé plus de 1 million de vues, l’audience record de la chaîne, supérieure à celle de bon nombre de programmes de télévision. Mais dans ce format long qui parvient à captiver l’auditoire. « Thinker view, c’est l’antichaîne info », estime Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense, invité pour des entretiens où il explique comment la propagande fausse notre vision des conflits. Avec une liberté de ton rare.

    « L’intervieweur pose des questions simples auxquelles on peut répondre de façon directe », résume l’analyste. ThinkerView, c’est d’abord cet intervieweur qui n’apparaît pas à l’écran et se fait appeler Sky. Il refuse de nous rencontrer et déclare quand on lui demande d’où il vient : « Tu ne vas rien savoir sur moi. » Pas même son identité. On découvrira toutefois qu’il est un fils de médecin, d’une quarantaine d’années, qui ne dément pas se prénommer Bertrand. La page Wikipédia de ThinkerView lui accole le nom de « Calinou », patronyme à l’imaginaire affectueux renvoyant à une culture revendiquée par Sky, celle des hackeurs.
    Rejet du journalisme du "star system"

    « Ce milieu écrit sous pseudo depuis que les journalistes de reflets.info ont été menacés de mort et convoqués à la DGSE pour avoir enquêté sur la surveillance numérique, rappelle Fabrice Epelboin, spécialiste du Web qui enseigne à Sciences-Po et publia sur Reflets. Je connais Bertrand depuis longtemps, mais, réflexe typique de hackeur pour ne pas mettre l’autre en danger, je ne veux pas savoir son nom. Il a raison de ne pas le divulguer, et ça s’inscrit dans son rejet en bloc du journalisme du star system. »

    Ledit Bertrand « n’aime pas les journalistes ». Du moins ceux d’aujourd’hui, car il « regrette le temps où les gens prenaient le temps de se parler », comme dans « Italiques », l’émission de l’ORTF à laquelle participait Marc Ullmann. Ce journaliste, décédé en 2014, apparaît comme son mentor. Il l’a accueilli au Club des vigilants, un think tank créé en 1999 avec le but d’apprivoiser l’avenir en agissant pour le mieux afin d’éviter le pire. Là où Bertrand imagina ThinkerView, lancé en 2013 avec l’aide d’amis travaillant comme lui dans la sécurité informatique et le soutien de Marc Ullmann.

    Le premier interviewé fut Jacques Blamont, pionnier de la recherche spatiale et auteur d’Introduction au siècle des menaces. Dans sa vidéo inaugurale, il parle d’ « une humanité qui va dans le mur » alors que la technologie avance à une vitesse exponentielle inédite. « Le genre de considérations qui échappe totalement au public », soulignait cet octogénaire, répondant aux objectifs de ThinkerView : « Ecouter les points de vue peu médiatisés afin d’élargir nos prismes de lecture » et « appréhender toute la complexité des enjeux actuels et futurs de notre monde. »

    « C’est une chaîne lanceuse d’alerte », considère Stéphanie Gibaud, qui a consacré un livre (la traque des lanceurs d’alerte, Max Milo Editions) aux poursuites dont sont victimes ceux qui ont déclenché l’alarme. Invitée à ThinkerView en juin 2017, elle appréciait déjà ce « média qui pousse à la réflexion en présentant des regards inhabituels. On y découvre la collapsologie, les dysfonctionnements de notre système économique, mais aussi des esquisses de solution pour le futur ». Depuis six ans, plus de 150 interviews ont été réalisées, avec dès la troisième, l’apparition d’un logo représentant un cygne noir. Une référence à la théorie selon laquelle un événement aussi rare qu’imprévisible peut avoir des conséquences colossales.
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    Comme à la recherche de ces tournants clés, ThinkerView accueille une large palette d’invités. Un banquier peut annoncer que « la réalité du risque est camouflée à tous les niveaux » d’un système financier où l’on joue déraisonnablement sur les effets de levier. Le ministre conseiller de l’ambassade de Russie se voit interroger sur l’usine à trolls qui s’activa depuis son pays à influencer des élections à l’étranger. Des experts en énergie nous informent sur la réalité du pétrole de schiste, et des hackeurs, sur la possibilité d’une cyberdictature. Un policier apporte son expérience dans la lutte contre le terrorisme, un ingénieur avertit de l’impasse écologique où nous mène le high-tech, un taxi dénonce le sacrifice de sa profession, un général explique pourquoi la guerre revient tandis qu’un illustre physicien livre un cours magistral sur le boson de Higgs. Autant d’intervenants qui font dire aux fidèles de la chaîne qu’elle relève du service public. « La diversité et la qualité des invités qui ont le temps de développer une pensée complexe me permettent de mieux saisir ce monde dans lequel on vit », note Jean-Philippe, un artisan de 52 ans.
    Démarche de hackeur

    On peut s’étonner que ThinkerView ait su attirer depuis ses débuts des personnalités qui vont de l’homme d’affaires libanais Michel Eléftériadès au professeur de l’université de Berkeley Peter Dale Scott, de l’activiste des mers Paul Watson au footballeur Lilian Thuram en passant par le philosophe Edgar Morin, le mathématicien Cédric Villani ou encore Marc Luyckx Ghisi, conseiller de Jacques Delors à la Commission européenne en charge de la prospective. « Bertrand a un gros carnet d’adresses et un culot qui lui permet de brancher n’importe qui », indique son ami Olivier Delamarche, analyste financier avec qui il a cofondé en 2014 Les Econoclastes, un think tank multidisciplinaire très porté sur la macroéconomie. Un des terrains de prédilection de ThinkerView qui a sollicité à maintes reprises des représentants de ces éconoclastes.

    Mais, « la plupart du temps, les invités nous sont proposés par la communauté qui nous suit comme on regarderait une série, avec des gens qui interagissent entre eux, explique Bertrand, pour signifier l’importance de la connectivité avec un public partie prenante du programme grâce à Internet. On est partout, du livreur de pizza au banquier international, et des poissons pilotes sortent du banc pour dénicher des auteurs ou des personnalités intéressantes. » En établissant éventuellement le contact. Avec cette méthode, ThinkerView, forte de sa communauté et de son audience, arrive aujourd’hui à recevoir à peu près qui elle veut.

    Tout a longtemps dépendu d’un engagement bénévole. Un précieux apport technique a été offert par Les Parasites, collectif de jeunes cinéastes qui réalisait les émissions et a aidé à concevoir ce décor graphique sur fond noir immédiatement reconnaissable. Il peut s’installer n’importe où, par exemple au ministère de Mounir Mahjoubi pour l’entretien de ce dernier. Les Parasites ont également permis d’obtenir en 2018 une subvention du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) de 50 000 €.

    “LA QUALITÉ A UN COÛT, MAIS IL EST ESSENTIEL DE RESTER GRATUIT. C’EST LA DÉMARCHE DU HACKEUR QUI MET TOUT SUR LA TABLE ET LAISSE FAIRE CE QU’ON VEUT.” BERTRAND

    « Sans cela on aurait arrêté, mais si la communauté arrive à nous faire tenir, on ne redemandera pas cette aide », signale Bertrand. Car un système de crowdfunding est utilisé depuis un an pour financer une équipe qui s’est professionnalisée. Et la communauté répond présente en apportant chaque mois de quoi payer les techniciens, le matériel, un studio, ainsi qu’un salaire pour Sky. En mai 20 000 € ont été récoltés grâce à plus de 2 000 donateurs. De quoi pérenniser un modèle économique où certains paient pour que chacun puisse en profiter. « La qualité a un coût, mais il est essentiel de rester gratuit, insiste Bertrand. C’est la démarche du hacker qui met tout sur la table et laisse faire ce qu’on veut. »
    Soupçons de conspirationnisme

    Depuis six mois, la presse se penche sur ce phénomène, avec des articles dans les Inrocks et sur Francetvinfo. A chaque fois, on cherche à percer ce mystère incarné par Sky, et on conclut sur un soupçon de conspirationnisme en s’appuyant sur Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, qui diagnostique chez ThinkerView « une culture complotico-compatible » ou un « tropisme procomplotiste ». Dans M, le magazine duMonde, un article a également été consacré à cette chaîne qui a connu une hausse significative de ses abonnées sur YouTube depuis le mouvement des « gilets jaunes ». « Il a été modifié dans la version Web après parution, relate Laureen Ortiz, son auteur, une journaliste qui a travaillé aux Etats-Unis pour Libération et l’AFP. Il a été ajouté que ThinkerView avait des relents conspirationnistes et que Les Econoclastes produisaient des analyses biaisées, sans dire en quoi. A mon sens, de l’idéologie est venue se mêler à l’affaire, alors que je me borne au terrain et me fie à mon instinct. Or, j’ai surtout senti chez Sky une sorte de résistance à l’esprit libre, voire anar. »

    Découvrant le relookage conspi de son article, Laureen a publié un commentaire toujours en ligne indiquant que des ajouts avaient été effectués sans son accord, et elle a réclamé que sa signature soit retirée. Cette suspicion de conspirationnisme repose sur le reproche fait à ThinkerView d’avoir invité une poignée d’individus catalogués dans une indéfinie mouvance complotiste, comme le sulfureux panafricaniste Kemi Seba ou le journaliste Laurent Obertone qui a publié des enquêtes sur la délinquance et l’immigration dont Marine Le Pen a fait la promotion.

    « Ils représentent des courants de pensée très importants dans la société, objecte Fabrice Epelboin. Même s’ils peuvent mettre mal à l’aise, ne pas leur donner la parole ne fait qu’accroître leur crédit en laissant monter le sentiment qu’il y a des choses à cacher. » « Appréhender la réalité, c’est la regarder intégralement, même quand ça dérange votre idéologie, ajoute Alain Juillet. Cela ne m’étonne pas que l’on taxe ThinkerView de conspirationnisme, car cet anathème tombe vite aujourd’hui pour qui sort de la pensée unique. Mais une autre perception se met en place chez un public qui ne veut plus se faire manipuler et préfère s’informer sans se limiter à une seule lorgnette ne proposant qu’une vision partielle et partiale. »

    Alors on peut toujours aller chercher des poux à ThinkerView, trouver que son intervieweur a laissé dérouler certains discours sans les contredire, ou qu’il ferait parfois mieux de se taire, mais cette chaîne comble un vide médiatique en répondant à un besoin de connaissance. Sans œillères, et en incitant à remettre en question ce qui se dit à l’écran grâce à la plate-forme Captain Fact qui offre la possibilité de réfuter les affirmations d’un intervenant. Le succès de ThinkerView devrait plutôt interpeller notre profession, que Sky fustige tout en l’idéalisant, lui qui a interviewé Denis Robert, Paul Moreira ou Elise Lucet, en partisan de l’investigation. « Je respecte la vraie presse et ceux qui ont dédié leur vie à ce boulot comme à une passion, mais la majorité des journalistes est tenue en laisse ou affamée », déplore l’homme dans l’ombre. À la profession de démontrer sa capacité à produire une info débridée.

    #masculinisme

  • Les emprunts d’État à 10 ans en territoire négatif (Le Figaro)
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/16156-les-emprunts-d-etat-a-10-ans-en-territoire-negatif-le-figaro

    La baisse du rendement des obligations françaises sur les marchés est une bonne nouvelle à court terme pour l’État.

    Une première historique ! Mardi, le rendement des emprunts d’État français à dix ans, les fameuses obligations assimilables du Trésor (OAT), est passé rapidement dans le rouge. Le taux est descendu en cours de journée légèrement en dessous de zéro, à - 0,002 %, avant de remonter. Parallèlement le rendement moyen des obligations allemandes, en territoire négatif depuis juin 2016, a dévissé à - 0,3 %.

    Les OAT sont émises régulièrement, selon les besoins de financement de l’État, par Bercy. Les grandes institutions financières qui achètent la dette lors de ces adjudications (enchères inversées) les échangent ensuite sur le marché secondaire.

    Classiquement, un investisseur est rémunéré pour la détention (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • Edgar Poe et la sécurité informatique
    http://www.dsih.fr/article/3414/edgar-poe-et-la-securite-informatique.html

    Un recensement du livre « Obfuscation » de Finn Brunton et Helen Nissenbaum.

    Cédric Cartau, LUNDI 17 JUIN 2019 Soyez le premier à réagirSoyez le premier à réagir

    On reconnaît les génies au fait que leurs œuvres peuvent être lues et relues, interprétées et réinterprétées au fil des modes et du temps, tout en restant les mêmes. Edgar Poe est de ceux-là. Que l’on en juge : avec le Double Assassinat dans la rue Morgue, le bonhomme a carrément inventé le genre policier, 50 ans ou presque avant Conan Doyle et son Sherlock Holmes, et quasiment un siècle avant Agatha Christie et ses Dix Petits Nègres. Respect.

    Dans La Lettre volée, l’une de ses plus célèbres nouvelles, l’un des personnages doit dissimuler un document compromettant pour la sécurité de la famille royale, document que les policiers et les services secrets recherchent par tous les moyens et sans succès : fouille au corps du personnage, perquisition à son domicile, faux cambriolage, rien n’est épargné, mais rien n’y fait. Et pour cause : partout où la lettre pourrait se trouver – dans son coffre-fort personnel, dans le tiroir secret d’un secrétaire, dans la poche de sa redingote –, impossible de mettre la main dessus. Car le personnage en question est malin ; il a justement dissimulé la lettre là où personne ne s’attend à la trouver et où personne ne la recherche : à la vue de tous, jetée négligemment sur son bureau au milieu du fatras habituel de la paperasse administrative et du courrier. Les policiers et autres agents secrets recherchent la lettre dans tous les recoins de l’appartement, et passent dix, cent fois devant sans la remarquer.

    Cette technique porte un nom : l’obfuscation. Elle fait d’ailleurs l’objet d’un ouvrage (Obfuscation, Helen Nissenbaum et Finn Brunton, C&F Éditions, mars 2019) qui tente un recensement des techniques et des outils pour cacher, masquer ou rendre illisible une information. L’ouvrage est évidemment connoté « mouvement de résistance à ce Big Brotherqui nous espionne », mais il peut être lu par tous car il mêle à la fois les techniques, les principes et des exemples de la vraie vie. Par exemple, on imagine évidemment qu’un certain nombre d’outils ont été utilisés par Julian Assange, mais on apprend aussi que les mouvements de résistance à l’apartheid dans l’Afrique du Sud des pires années ont fait appel à ce type de procédés.

    Il existe globalement quatre techniques pour rendre une information illisible à celui qui ne dispose pas du droit d’en connaître la teneur : la détruire (c’est radical), la chiffrer, la noyer au milieu d’informations anodines ou saturer la capacité de lecture et d’analyse de l’espion. Sur la question du chiffrement, nous ne reviendrons pas, si ce n’est pour signaler qu’il pose la question du stockage des clés, de la puissance des algorithmes choisis et de leurs éventuelles failles ainsi que d’autres difficultés très techniques. La noyer au milieu d’informations anodines (le thème de La Lettre volée) est en revanche beaucoup plus intéressant : les auteurs citent le cas d’une espèce particulière d’araignée qui, pour se prémunir des attaques de son prédateur naturel (la guêpe), parsème sa toile de cocons dont les reflets à la lumière les font apparaître comme le sosie de ladite araignée pour lesdites guêpes. Autre exemple du même genre : pour éviter le profilage effectué par les réseaux sociaux de type Facebook, il existe des outils qui inondent le profil d’un utilisateur d’informations, qui plus est contradictoires : a changé quatre fois de religion, multiplie les voyages aux quatre coins du monde, likeà peu près tout ce qui lui passe sous la souris, s’est formé dans 15 écoles, etc. Enfin, la saturation de la capacité de l’espion – équivalent d’une attaque DDoS – revient notamment à envoyer tellement d’informations qu’il devient impossible de les analyser : il s’agit d’une technique bien connue des avocats outre-Atlantique, qui adressent à la partie adverse des dossiers épais comme tous les annuaires réunis pour saturer sa capacité d’analyse.

    Globalement, dans le monde de la sécurité informatique et pour ce qui relève notamment de la confidentialité, seul le chiffrement est utilisé. Cette technique est parfaitement adaptée quand il s’agit, entre autres, d’envoyer un mail contenant des informations sensibles ou protéger un PC itinérant, mais ne sert à rien pour préserver un dossier médical contre une indiscrétion interne ou contre un scan de port externe en prélude à une attaque ciblée. Pourquoi ne pas imaginer, par exemple, que pour stocker le dossier patient d’un individu « sensible » (comme un VIP ou un agent de l’établissement) les DPI pourraient disposer d’une fonction permettant de créer des centaines de dossiers « leurres », seul un petit nombre d’utilisateurs sachant exactement lequel est le bon ? Pourquoi ne pas imaginer encore que, pour lutter contre les attaques externes, les pare-feu renvoient une masse énorme d’informations sur des serveurs n’existant pas, des middlewaresfictifs, dans une DMZ bien réelle, au milieu d’informations exactes ? Et que l’on ne vienne pas me dire que c’est impossible, en informatique TOUT est possible. Je connais un DIM qui crée volontairement de faux dossiers de patients bien réels – par exemple le DRH de l’établissement –, et attend le gourdin (virtuel) à la main qu’un agent ouvre ledit dossier : c’est un peu La Lettre voléeà l’envers.

    Bref, à la lecture d’Obfuscation, je trouve que les éditeurs et constructeurs dans le domaine de la SSI manquent singulièrement d’imagination. Certains ne manqueront pas, en parcourant ce billet sans prétention, de trouver des idées en tout genre auxquelles je n’ai pas du tout pensé. Et, à titre personnel, je suis persuadé que chacun de nous devra développer ce genre de techniques, dans l’utilisation personnelle de l’informatique, pour se cacher de mieux en mieux.

    #C&F éditions #Obfuscation

  • Quatre armoires relais d’opérateurs de téléphonie sabotées à Villeneveuve d’Ascq (59650). perturbations pour 15000 usagers, auchan France, l’hôpital privé de Villeneuve mardi 11 juin 2019 - Attaque noblogs

    Des individus, ont pris pour cible plusieurs postes-relais d’opérateurs de téléphonie dans la nuit de lundi à mardi. Quatre armoires ont été vandalisées, dont deux pour l’opérateur SFR qui déplore des perturbations pouvant affecter environ 15 000 clients.

    



    Un acte de vandalisme [joli, qu’on espère pourra servir de suggestion à d’autres ; NdAtt.] prive depuis le milieu de la nuit plus de 15 000 abonnés de leurs connexions internet et d’une partie des services mobiles. La plupart des personnes touchées sont basées à Villeneuve-d’Ascq et dans les communes alentour, puisque les actes de vandalisme ont été commis rue de la Recherche et dans la zone de la Cimaise, ce mardi peu après minuit. L’opérateur SFR a été le plus impacté, avec deux groupages de câbles de transports sectionnés, mais des dégâts ont également été constatés sur le réseau Bouygues et sur un poste d’Orange.

    « Nos équipes ont été envoyées sur place dès 3 heures du matin pour trouver les pannes et réparer ce qui peut l’être », explique Salvatore Tuttolomondo, directeur régional de SFR. Une opération qui peut être longue, car il faut d’abord identifier les postes concernés par les actes de vandalisme avant de réparer, une à une, les fibres optiques sectionnées. « Il peut y avoir plus de 280 fibres à ressouder une à une sur un seul câble », souligne le directeur de SFR, très agacé par ces actes qui provoquent d’importantes perturbations (l’hôpital privé de Villeneuve-d’Ascq est notamment touché en partie par ces coupures).
    Sur place, les équipes s’attachent à remettre aussi vite que possible le réseau en fonction, mais les techniciens préviennent : « Il faudra au moins attendre mardi soir pour retrouver un réseau fonctionnel… sous réserve d’autres dégâts ».

    Comme le fait justement remarquer André de Radio Campus, au 200 rue de la recherche à Villeneuve d’Ascq sied le siège d’Auchan France . Bien que cette honnête société doit disposer de lignes sécurisées, il y a du avoir des impacts, comme ils disent.

    Source : https://attaque.noblogs.org/post/2019/06/13/villeneuve-dascq-nord-quelques-cables-coupes-et-voila-15000-clients
     #téléphone #auchan #opérateurs #mobile #télécoms télécommunication #sabotage #enquête #mulliez

  • Une nouvelle technique d’édition génétique pour corriger les mutations inattendues (Futurascience)
    https://www.crashdebug.fr/sciencess/16135-une-nouvelle-technique-d-edition-genetique-pour-corriger-les-mutati

    Une nouvelle technique d’édition génétique évitant d’avoir à « couper » l’ADN, vient d’être mise au point. Elle corrige ainsi un défaut majeur des méthodes utilisées jusqu’à présent : l’apparition de mutations non désirées dans le génome.

    Cette nouvelle technologie « fonctionne plus comme une colle moléculaire que comme des ciseaux moléculaires », le surnom de la technique actuelle, résume dans un communiqué de presse l’université de Columbia (New York), dont est issue l’équipe de recherche.

    Développé depuis 2012 et maintenant utilisé dans des milliers de laboratoires de recherche du monde entier, l’outil Crispr-Cas9 a révolutionné l’édition génétique. Il permet de modifier de façon précise, rapide et à moindre coût une partie du génome, comme on corrigerait une faute (...)

    #En_vedette #Actualités_scientifiques #Sciences

  • * Marseille : Un sac-poubelle lancé du 3e étage lors de la visite de Brigitte Macron dans les quartiers Nord J.S.-M. - 20 minutes - 14 Juin 2019
    https://www.20minutes.fr/politique/2540059-20190614-marseille-sac-poubelle-lance-vers-brigitte-macron-lors-vi

    C’est un peu un classique de l’accueil marseillais. Le cortège qui accompagnait Jean-Luc Mélenchon à Frais-Vallon, en 2017, avait reçu un oignon… Celui qui accompagnait Brigitte Macron à Félix-Pyat, ce jeudi, a bien failli recevoir un sac-poubelle, lancé du troisième étage d’un des immeubles en mauvais état de cette cité défavorisée.

    La Provence, qui a assisté à la visite de la première dame, relate cette anecdote, précisant que l’incident n’a pas eu de conséquences : « Lorsqu’un sac-poubelle part d’une fenêtre du troisième étage, c’est une habitante d’en face qui, depuis son balcon, s’énerve d’un "vous n’avez pas honte ! ?" Incident clos », écrit le quotidien marseillais, qui a précisé ce vendredi dans un nouvel article que « Brigitte Macron n’a jamais reçu de sac-poubelle, ni été invectivée par les habitants de la cité ». « Ce sont les habitants eux-mêmes qui, lui réservant un accueil très souriant (…) ont remis de l’ordre », ajoute La Provence.

    La visite s’est globalement bien passée, indique à 20 Minutes une source policière. Elle précise que le dispositif sécuritaire était très important autour de Brigitte Macron : outre les policiers de la protection de la présidence de la République, plusieurs agents de la Direction départementale de la sécurité publique étaient présents.

    #France #macron #brigitte_macron et le #retour du #mépris #enMarche affiché trés haut, #poubelle #déchets #recyclage #tout_va_bien

    • Extrait de l’article de La Provence.
      https://www.laprovence.com/article/politique/5547078/brigitte-macron-dans-le-bain-politique-marseillais.html

      Les habitants commencent à s’invectiver dans l’escalier décrépi de la cité Félix-Pyat. Pas de lumière, ni d’ascenseur, mais des tensions qui émergent vite. Sur un petit palier, Brigitte Macron observe, un peu éberluée, avant que cela se calme. Elle était venue ici il y a deux ans. Début avril 2017, juste avant que son mari ne tienne un meeting de campagne présidentielle à Marseille. « Elle avait passé un moment intense et avait promis de revenir. Elle tient sa promesse », glisse Jean-Philippe Agresti. Il l’accompagnera ensuite dans une salle de boxe de la cité du Castellas. Le doyen de la faculté de Droit d’Aix était de la petite virée il y a deux ans. Avec son épouse, Sabrina Roubache.



      Dans une cage d’escalier de la cité Félix-Pyat avec Jean-Philippe Agresti, hier, Brigitte Macron a retrouvé des habitants dépités, croisés il y a deux ans. Photos david rossi

      Née dans cette cité des quartiers Nord, elle s’est liée d’amitié avec Brigitte Macron, au point d’avoir participé à l’élaboration du discours du futur président de la République. Le retour discret de Brigitte Macron, avant une visite officielle prévue aujourd’hui à Marseille, sonne comme un adoubement politique. Alors que La République en Marche cherche son candidat idéal pour les municipales, Jean-Philippe Agresti est dans la short-list. Avec un autre universitaire, Yvon Berland et un député qui s’est déclaré, Saïd Ahamada. Lui aussi est originaire de Félix-Pyat. Mais il n’était pas invité hier. Pas plus que les autres politiques marseillais…

      « Vous n’avez pas honte ! ? »
      La coupe blonde est parfaite, la veste ajustée sur un pantalon noir. Dans la petite artère en travaux qui séparent les immeubles décatis de la cité Félix-Pyat, en lisière des quartiers nord de Marseille, Brigitte Macron se prête au jeu des selfies. L’impressionnant dispositif policier est en civil, discret. Lorsqu’un sac-poubelle part d’une fenêtre du troisième étage, c’est une habitante d’en face qui, depuis son balcon, s’énerve d’un « vous n’avez pas honte ! ? » Incident clos. Curieux, les riverains s’approchent. Viennent parler de leur fils handicapé, des logements insalubres ou de l’école à laquelle il manque un préau, une salle de classe. Ce sont les parents d’élèves qui ont construit une cloison avec des briques de lait. La première dame écoute, se souvient de certains visages. « Vous n’avez pas changé », dit-elle à certains qui viennent l’embrasser. Pas d’engagement formel, pourtant. Brigitte Macron n’est pas au gouvernement et quand on lui parle de la loi Blanquer, elle promet simplement que le ministre concerné viendra.
      . . . . . .
      À ses côtés, la nouvelle présidente de l’organisation des Pièces jaunes ne dit rien. Elle multiplie les apartés avec les habitants de Félix-Pyat, puis de la cité du Castellas, où elle retrouve les boxeurs croisés il y a deux ans. Dans la délégation se trouve aussi Jacques-Henri Eyraud, le président de l’OM. "Je soutiens sans difficulté", sourit-il entre deux boutades sur le mercato et quelques frappes sur un sac de boxe. « Et si c’était lui, le candidat mystère ? », s’amusent certains. Brigitte Macron laissera son mari trancher.
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  • « Ubérisation », taxi et capitalisme | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/uberisation-taxi-et-capitalisme-629816

    Jeudi, 5 Janvier, 2017

    Une tribune de Jean-Marc Domart, retraité CGT, ancien secrétaire de la Chambre Syndicale des Cochers-Chauffeurs (CGT-Taxis Paris), de 1993 à 2003.

    La question du salaire et de la protection sociale du salarié est, depuis qu’existe le salariat, le point d’achoppement entre l’employé qui rend le service rémunéré et l’employeur qui y a recours, le bénéfice pour ce dernier étant d’autant plus important que la rémunération du premier est faible. La plus-value, dit-on...

    Le terme d’ « ubérisation » est mis à la mode tel une « marque »(comme celui de « frigidaire » pour les réfrigérateurs) par l’apparition de cette société U.S. UBER qui « rationalise » la chose - et non seulement dans le Taxi (voir AirBNB en ce qui s’agit de l’immobilier, Deliveroo et Foodora dans le portage de repas) - par l’artifice juridique de la « mise en relation », via l’utilisation des nouvelles technologies (les « plateformes » numériques) et du camouflage qui permet au patronat de se défausser de ses responsabilités sociales, (salaire, protection sociale et fiscalité). Cependant, il ne faut pas croire que cette société soit pionnière en la matière. Car, dans le Taxi, le patronat n’a du reste jamais manqué d’imagination pour exploiter ses employés de cette manière, cela depuis plus d’un siècle, avec bien souvent, il faut l’avouer, l’assentiment des autorités officielles pour qui la délinquance en col blanc constitue un moindre mal en matière d’ordre public. Ce processus de désengagement de la puissance publique au profit du patronat est, dans ce registre, intéressant à décrire.

    Le Taxi - en termes administratifs « voiture publique de 2ème classe » -, comme ses ancêtres les fiacres à chevaux, a quand même sa spécificité, c’est que, concessionnaire d’une autorisation délivrée par la puissance publique pour son exercice sur la voie publique, les tarifs de « louage » (par la clientèle, s’entend) sont fixés par l’autorité publique et non par le patronat, ce depuis fort longtemps (18ème siècle !), ce qui fait que les préfets contrôlent en partie la rémunération, notamment si le chauffeur (autrefois cocher) ose réclamer à son passager plus qu’il n’est dû…

    De ce fait, l’employeur ne peut plus exploiter son employé que sur la part de la rémunération qu’il lui doit, à savoir sur le salaire net et différé (ou socialisé, = sa protection sociale). C’est ce qui se pratique toujours à l’heure actuelle dans les sociétés de Taxi – parisiens et autres - et peu importe la société et le mode de transport concurrentiel institué avec ce système (voitures de remise, VTC), le principe est le même : faire du profit en supprimant le salaire et la protection sociale, considérés comme des « coûts » et non comme des investissements, que cela s’appelle UBER, HEETCH ou autres d’autres domaines, avec des « travailleurs indépendants » ou « auto-entrepreneurs » (Deliveroo, « tuk-tuks » et « rickshaws » pour touristes...). C’est finalement, en fait de « progrès », le retour du tâcheron du 19ème siècle, le pétrole, la chaîne de vélo et les smartphones en plus (aux frais du travailleur, s’entend !).

    Pourquoi cela s’est-il d’abord passé dans l’industrie du Taxi, « voiture de Place de 2ème classe » ? Le progrès technique ? Que nenni, car le radio-taxi, apparu dès 1956, n’avait pas entraîné pour ça un changement de statut des chauffeurs ! Simplement parce que le chauffeur (« cocher » autrefois,,,), dont l’exercice du métier est individuel, remet la recette à l’employeur, ou plutôt la part de la recette collectée qui lui revient (dans le cas, aujourd’hui plutôt rare, du salariat, c’est avec les cotisations sociales incluses), Cela a permis à une époque aux employeurs de proclamer que les chauffeurs ne sont pas des salariés, mais des « associés ». Mais cette apparence ne résiste pas à la réalité de la subordination, plusieurs arrêts de la Cour de Cassation l’ont attesté.

    Deux choses sont venues changer la donne dans un sens de progrès pour cette profession, à savoir l’apparition du compteur horokilométrique, puis les débuts du syndicalisme et de la protection sociale,

    Les tâcherons travaillent à la tâche, par définition rémunérée forfaitairement, mais au 19ème siècle, le besoin se faisait sentir de rémunération à la mesure de celle-ci, Différentes formes de rémunération existaient alors dans le « fiacre », toutes forfaitaires, mais vu que les patrons fixaient les forfaits trop hauts, donc laissant des rémunérations trop faibles, de nombreux conflits avaient lieu sur la voie publique, indisposant un régime (le Second Empire) où l’ordre public revêtait une importance primordiale, On peut lire dans une thèse sur la Voiture de Place soutenue en juin 1912 à l’Université de Dijon l’idée que tenta alors d’imposer le Conseil Municipal de Paris en 1867 :

    Cela changeait effectivement beaucoup de choses, car un tel appareil permettait d’évaluer la somme à partager selon le travail effectué, dans un sens plus juste, D’autre part, Paris avait été agrandi en 1860 donc les distances allongées, la « loi sur les coalitions » (droit de grève) avait été votée le 25 mai 1864, et des grèves de cochers avaient eu lieu en 1865. D’autre part, la faisabilité d’un compteur étant établie, cela impliquait à terme le salariat, et on comprend que ce progrès-là n’arrangeait évidemment pas les affaires du patronat, Si des compteurs furent agréés et équipèrent des véhicules dès 1905, ils ne purent effectivement rendus obligatoires sur toutes les « voitures de place » qu’en 1912.

    La loi Waldeck-Rousseau du 21 mars 1884 autorisa la constitution des syndicats professionnels, et le Syndicat des Cochers déposa ses statuts dès juillet 1884, fut membre fondateur de la CGT au congrès de Limoges de septembre 1895, et réclama vite le statut salarial.

    Le 9 avril 1898 fut votée la loi sur les accidents de travail prévoyant la couverture par les soins de l’employeur de ses employés en cas d’accident du travail. Ce qui n’est cependant pas révolutionnaire dans sa logique, s’agissant en fin de compte de la responsabilité civile du propriétaire d’un outil pour les torts qu’il peut causer, Malheureusement, dès 1909, le patronat, pour se dégager de ses responsabilités, ne voulut pas, pour des questions de cautionnement, reconnaître la qualité de salariés de ses employés (« associés en parts » !), mais perdit la procédure. En 1928 et 1930, furent promulguées les lois sur les Assurances Sociales, où les employeurs et les employés devaient cotiser à des caisses d’assurance-maladie et maternité, et ce fut de nouveau l’occasion pour le patronat, qui régentait la profession depuis 1866, de sortir un règlement préludant à l’état de fait qui prévaut à l’heure actuelle, celui du « locataire », faux travailleur indépendant. Le Code Civil fut alors mis à contribution, par les articles 1709 (« louage de choses »), et 1713 qui permet de « louer toutes sortes de biens meubles ou immeubles ». De nombreuses manifestations eurent lieu contre cette forme d’exploitation, qui cessa lorsque sous le Front Populaire fut promulguée la loi du 13 mars 1937 reprenant l’économie de la Convention Collective du 24 juin 1936, puis l’ arrêté ministériel (Ministère du Travail dont dépendait le Taxi) du 31.12.1938. Entre temps, était paru au « J.O. » du 31 octobre 1935 un décret affiliant aux Assurances Sociales les chauffeurs de Taxi non-propriétaires des véhicules qu’ils conduisent, l’actuel article 311-3-7 du Code de la Sécurité Sociale . Mais si le patronat, sentant la guerre s’approcher, renia la Convention Collective, suivi de peu par les décrets-lois Daladier augmentant d’une heure quotidienne le temps de travail (26/8/1939) puis interdisant la CGT avec le PCF par le décret-loi du 26/9/1939, les textes originaux furent rétablis en 1945 lors du rétablissement du Taxi à Paris.

    La recherche de rentabilité patronale s’accommode mal du progrès social, et ce n’est pas par hasard que c’est après 1968 que ce système du « locataire » fut remis sur le tapis, A la Commission (alors) Paritaire du 20 novembre 1969 fut déposée par la Société G7 la proposition du « Statut du travailleur indépendant », rejetée le jour-même par une motion de la CGT.

    Cette société n’est pas non plus n’importe laquelle. Fondée en 1905 sous la dénomination de Compagnie Française des Automobiles de Places par le comte André Walewski, arrière-petit-fils de la comtesse polonaise Maria Walewska et d’un certain Napoléon 1er, très impliqué dans la haute finance et (déjà !) les pétroles, elle fut très tôt dans la sphère du pouvoir. Les Taxis de la Marne furent une bonne affaire pour elle, car les courses furent toutes payées au compteur, avec le carburant et même l’usure des pneus, par le ministère de la Guerre. Elle ne fut pas des dernières à pratiquer dans les années 30 le système du « locataire ». Passée dans l’après-guerre sous la coupe du constructeur automobile SIMCA - où, dans les années 60, il ne faisait pas bon d’être à la CGT du fait des milices patronales (pseudo-« syndicat » CFT) - elle fut reprise en 1962 par feu André Rousselet (ancien chef de cabinet du ministre Fr. Mitterrand entre 1954 et 1958) qui y travaillait, avec l’aide financière de F. Serfati, un riche rapatrié d’Algérie.

    La Préfecture de Police, en charge depuis le décret du 12 mars 1970 de la réglementation du Taxi Parisien, allait donner en 1973 satisfaction au « lobbying » patronal, suivie d’un mois par le Ministère de l’Intérieur dirigé par l’ultra-droitier R. Marcellin. L’ordonnance n° 73-16079 du 1er février 1973 autorisa le rétablissement de ce mode d’exploitation des autorisations (les « licences »)…et des chauffeurs ! Avec toujours comme base juridique le Code Napoléon, articles 1708 (choix entre le louage de choses et du louage de services), et bien sûr le 1709 (« louage de choses »).

    Les nombreuses manifestations et procédures organisées par la CGT n’aboutirent pas, mais les chauffeurs engagés dans ce système obtinrent par l’A. M. du 4 octobre 1976 la couverture sociale du Régime Général, cotisant sur la base forfaitaire de 70 % du plafond de la Sécurité Sociale, se référant, précisément, pour l ’affiliation à l’article du décret du 30.10.1935 concernant alors cette situation (actuellement nominé 311-3-7 du Code de la Sécurité Sociale, ci-dessous).

    Sans le dire expressément, mais quand même, une responsablilité est de ce fait reconnue au propriétaire et loueur du véhicule Taxi. De plus, un courrier du Ministère des Affaires Sociales du 26 janvier 1995 reconnaissait que « les locataires étaient soumis à un lien de subordination très fort » et qu’ « au titre de l’article 241-8 du Code de la Sécurité Sociale, les cotisations sociales étaient à la seule charge de l’entreprise, toute convention contraire étant nulle de plein droit »,

    Cela tombait fort bien, car la CGT-Taxis avait changé de tactique. Vu l’échec – jusqu’en Conseil d’État – des procédures du Syndicat contre l’autorité préfectorale, l’idée a été de s’en prendre, non plus à l’exécutant administratif qu’était la Préfecture de Police, mais au bénéficiaire qu’était le patronat. En conséquence, dès 1995, le Syndicat engagea des procédures en requalification des contrats de location en contrats de travail. Les bâtons dans les roues ne manquèrent pas, notamment de la part de la G7, mais le 19 décembre 2000, la décision tant attendue tomba : les contrats de locations Hatem et Labanne étaient reconnus comme des contrats de travail par la Cour de Cassation. De nombreux chauffeurs profitèrent alors de cette jurisprudence pour se faire rembourser les cotisations patronales induement payées, Cependant le Ministère s’arcboutait sur le maintien de ce système, précisant qu’« une Cassation n’était pas une loi » !

    Une autre chose à remarquer, c’est que le Régime Général, à la différence du Régime Artisanal, comprend la couverture accident du travail, l’article 412-2 du Code de la Sécurité Sociale s’appliquant « aux travailleurs concernés par l’article 311-3 ». Et aussi que l’article R 312-5 du même code précise dans son alinéa 2 que : [en ce qui concerne les travailleurs concernés par l’art, 311-3, les obligations incombant à l’employeur sont mises : [§1…] - §2 : dans les cas prévus au 7° et 8° dudit article, à la charge des personnes et sociétés qui fournissent les voitures, des exploitations et des concessionnaires. Par conséquent la reconnaissance de la responsabilité du propriétaire de l’outil de travail quelque soit la personne morale !

    Suite à cela, nouvelle offensive du patronat qui, sous l’influence de plusieurs rapports (Attali, Cahuc-Kramarz, Chassigneux), fit, malgré de nombreuses manifestations de Taxis, adopter par les pouvoirs publics en mai 2008 avec la signature des seules organisations patronales et sans la participation de celles des chauffeurs, un Protocole instaurant certains transports concurrentiels non-taxis - très prisés des médias (les motos- « taxis ») -, le rallongement d’une heure du temps de travail quotidien dans les entreprises, et la « sécurisation des relations juridiques entre loueurs et locataires », à savoir que – est-il précisé dans le rapport Chassigneux (§G (1) p. 22, du 20 mars 2008 - sont prévues des dispositions « afin d’éviter que le juge requalifie les contrats de locations en contrats de travail », Visiblement les arrêts de Cassation du 19 décembre 2000 avaient fortement traumatisé les « Loueurs »…

    L’affaire n’allait pas s’arrêter là, car le 1.10.2014 fut promulguée la Loi Thévenoud qui, rajoutant des concurrences supplémentaires légales (VTC), instituait dans le Taxi les « locataires-gérants » (art 5-I, §2), précisant au III du même article que l’article 311-3-7 du Code de la Sécurité Sociale ne s’appliquait pas audit locataire gérant ! Cela, comme l’a dit Thévenoud lui-même, pour « humaniser le système de la location » !

    Comme « humanisation », on pouvait trouver mieux. Ce système reste inhumain, car forfaitaire, indépendamment de la fluctation de la clientèle, et se base en réalité sur une forte dégradation de la protection sociale. Car si les cotisations sociales artisanales peuvent être (légèrement) moins chères que celles du Régime Général, elles ne comportent pas celles de l’accident de travail, ni le seul avantage final (cher payé) du système locatif « normal », celui de bonnes cotisations pour la retraite, Cela revient, en fin de compte, exactement à la proposition de la société G7 en 1969 ! Finalement, l’ « humanisation » en question sera pour le patronat, qui n’aura même plus à s’occuper du reversement des cotisations à l’URSSAF ni de la détaxation du carburant, et sera déresponsabilisé de l’accident de travail. Quant au public, le statut échappant toujours au contrat de travail, donc sans embauche de chauffeurs de relais dans les sociétés, le problème éternel de l’absence de taxis aux heures de pointe restera non résolu, avec la seule alternative du transport esclavagiste et sans garanties publiques du VTC. Car il faut savoir ce qu’implique le salariat conventionnel : 2 jours de repos consécutifs à 6 jours de travail, comblés par l’emploi d’un chauffeur de relais, par conséquent l’emploi de 4 chauffeurs pour 3 voitures, dans les sociétés, afin d’assurer la continuité du service Taxi. Ce qui, sur les plans de l’emploi (+ 2500) et du service, rend inutiles les VTC. Preuve que l’intérêt du patronat passe bien avant celui du service au public et des chauffeurs !

    Enfin, dernière chose, et non des moindres, sur le plan des principes républicains. En plus de ce « statut » de tâcheron, au même titre que celui de l’auto-entrepreneur, s’ajoute la négation de la spécificité du Taxi, « voiture publique de 2ème classe ». L’autorisation de Taxi (improprement nommée « licence »), ne l’oublions pas, est un bien public, Depuis la loi du 13 mars 1937, il était précisé que la location de l’autorisation de Taxi était interdite sous peine de son retrait, Normal, depuis l’Abolition des Privilèges de 1789 (La « Nuit du 4 Août » 1789), les biens publics étaient devenus inaliénables, et à ce propos, pour ce qui s’agit de la profession, le privilège Perreau de la Voiture de Place avait été de ce fait résilié par l’Assemblée Nationale Constituante le 19 novembre 1790, et racheté par la Ville de Paris pour 420,000 livres, une somme importante à l’époque. En 1866, cela a a coûté bien plus cher encore, et pour la même raison (47 annuités de 360.000 francs/or) ! Curieux qu’une telle énormité ait échappé au législateur et à nombre d’organisations de la profession. Mais « plus c’est gros, plus ça passe » !

    Cela va de pair avec la concurrence des VTC - d’ailleurs approuvée par J.-J. Augier, l’ex-PDG de la G7 et trésorier de campagne de F. Hollande (Paris-Match,19.6.2014) - la casse d’une profession de service au public, en tant que transport à garanties publiques, dont l’État démissionnaire se défausse par paliers, pour nous livrer à la voracité des multinationales, pour lesquelles la démocratie n’existe pas.

    Raison intrinsèque qui a motivé les imposantes manifestations de la profession en février dernier, car c’était le prélude à ce qui était planifié pour le reste du monde du travail, à savoir permettre par les lois Macron et El Khomri le règne sans partage d’un patronat esclavagiste, accumulant des profits sans avoir aucun compte à rendre.

    En guise de « transition énergétique », on peut toujours, en hauts lieux, se donner bonne conscience à dire aux travailleurs (surtout à eux !) de circuler à vélo, et à piétonniser des voies rapides. Mais quelle logique écologique y a-t-il de rajouter sur la voie publique sans véritable besoin - sinon idéologique - des transports non limités en nombre ni en heures de circulation ? « Y ’a comme un défaut ! » …

    On n’arrête pas le « progrès », car nous avons actuellement un gouvernement – aux dires des médias - qui est contre « l’immobilisme ». Et qui bouge, c’est vrai ... mais en marche arrière accélérée !

    Une publicité de la SNCF disait jadis que « le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous »,

    La lutte n’est donc pas terminée,..
    Jean-Marc Dommart, retraité CGT

    #Frankreich #Taxi #Uber #Uberisation #Gewerkschaft

  • Documentation pour un prochain patriarche


    Prometheus (arbre) — Wikipédia
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Prometheus_(arbre)

    Prometheus (également connu sous le code WPN-114) est le surnom d’un pin de Bristlecone (Pinus longaeva) âgé probablement de plus de 5 000 ans et situé dans le Nevada au niveau de l’étage alpin. Il est abattu en 1964 dans le cadre d’une étude de la dynamique des climats du Petit âge glaciaire par dendrochronologie. Il était considéré comme le végétal le plus âgé de la planète jusqu’en 2008 où on a fait la découverte d’un bosquet d’épicéas âgé de 9 550 ans en Suède1, le Old Tjikko.

    Il est abattu le 6 août 1964 par Donald Rusk Currey (en), un doctorant et un membre du Service des forêts des États-Unis à des fins de recherche et alors que son âge n’était pas encore connu. Depuis lors, c’est l’arbre Mathusalem qui est considéré comme le Bristlecone le plus âgé au monde.

    Il doit son nom à Prométhée, qui d’après la Théogonie d’Hésiode, créa les hommes à partir d’une motte d’argile.
    Le bosquet où se trouvait Prometheus, avec le pic Wheeler au loin.
    Les restes du tronc coupé.
    La souche (en bas à gauche) et des restes de l’arbre (au centre).
    Étude de l’arbre

    Cet arbre appartenait à une population de pins de Bristlecone qui poussent à la limite de l’étage alpin sur la moraine latérale d’un ancien glacier sur le pic Wheeler, où, depuis 1986, se trouve le parc national de Great Basin, dans le Nevada oriental. Le pic Wheeler est la plus haute montagne du Snake Range et la plus haute montagne située entièrement dans l’État de Nevada. La population de pins de Bristlecone qui y pousse se divise en au moins deux sous-populations distinctes, dont l’une est accessible par un sentier d’interprétation très fréquenté. Prometheus pourtant, a grandi dans une région où l’on ne peut se rendre que par des randonnées à pied hors piste. En 1958 ou en 1961, un groupe de naturalistes qui avaient admiré le bosquet où l’arbre avait poussé a donné des noms à un certain nombre d’arbres, les plus grands ou les plus curieux, y compris Prometheus. La désignation comme WPN-114 a été donnée par le chercheur Donald R. Currey et vient du fait que c’est le 114e arbre qu’il a retenu pour ses recherches dans le comté de White Pine au Nevada.

    Le compte des anneaux effectué par Currey sur la section de l’arbre était de 4 844. Quelques années plus tard, il a été porté à 4862 par Donald Graybill, du Laboratoire de recherche sur les cernes des arbres (université d’Arizona). En 2010, Chris Baisan et Matthew Salzer du même laboratoire ont affiné la mesure de l’âge, par interdatation, ce qui permet de tenir compte des anneaux manquants (fréquents dans les arbres poussant à la limite de l’étage alpin). Ils obtiennent 4 900 ans très précisément. Cependant, le compte des anneaux a été fait sur une coupe transversale du tronc prise à environ 2,5 m au-dessus du point de germination original de l’arbre, parce que les anneaux les plus centraux manquaient au-dessous de ce point. En ajoutant les années nécessaires pour atteindre cette hauteur, il est probable que l’arbre ait eu près de 5 000 ans au moment de la coupe. Cela fait de lui le plus vieil organisme unitaire (c’est-à-dire non-clonal) qu’on ait jamais connu, dépassant d’environ 200 ans l’arbre Mathusalem du Bosquet Schulman dans les Montagnes Blanches en Californie.

    Que Prometheus soit considéré ou non comme l’organisme le plus ancien qu’on ait jamais connu dépend de la définition qu’on donne aux termes « le plus ancien » et « organisme ». Par exemple, certains organismes germinatifs ou clonaux, comme un buisson de créosote ou un tremble, pourraient avoir des individus plus âgés si l’organisme clonal est regardé comme un tout. En pareil cas, l’organisme vivant le plus ancien est un bosquet de Populus tremuloides dans l’Utah, connu sous le nom de Pando, avec 80 000 ans. Dans un organisme clonal, pourtant, les pieds clonaux individuels ne sont nulle part et de loin aussi anciens et aucune partie de l’organisme à aucun point dans le temps ne devient particulièrement vieille. Prometheus était ainsi l’organisme non-clonal le plus ancien qui ait été découvert, avec son bois le plus profond qui avait de 5 000 ans d’âge. Il est possible, pourtant, qu’il existe un exemplaire plus ancien dont l’âge n’ait pas encore été évalué. Les pins bristlecones sont connus pour la difficulté qu’on a à évaluer leur âge à cause de leur croissance particulièrement contorsionnée et l’abattage de très vieux arbres n’est plus autorisé.
    L’abattage de l’arbre

    Dans les années 1950 les dendrochronologistes ont fait de grands efforts pour découvrir les espèces d’arbres actuelles les plus anciennes ; ils comptaient utiliser l’analyse des anneaux pour différents objectifs de recherche, comme la reconstitution d’anciens climats, la datation de ruines archéologiques et cette question fondamentale qui est la recherche des créatures actuelles les plus anciennes. Edward Schulman a découvert alors que les pins bristlecones dans les Montagnes blanches de Californie et ailleurs étaient plus vieux que n’importe quelle espèce déjà datée. On a eu donc envie de trouver des bristlecones très âgés, plus âgés peut-être que l’arbre Mathusalem, estimé par Schulman en 1957 à plus de 4700 ans.

    Donald R. Currey était doctorant à l’université de Caroline du Nord à Chapel Hill, et il étudiait la dynamique des climats du Petit âge glaciaire en utilisant les techniques de la dendrochronologie. En 1963 son attention fut attirée par les populations de bristlecones dans le Snake Range, et sur le pic Wheeler en particulier. En se fondant sur la taille, le taux de croissance et les formes de croissance de certains des arbres, il se convainquit qu’il existait sur la montagne quelques exemplaires très anciens et il préleva une carotte sur certains d’entre eux, trouvant des arbres dépassant 3 000 ans. Currey ne réussit pourtant pas à obtenir une série continue de carottages avec chevauchement pour WPN-114. Ici, les histoires divergent. On ne sait pas bien si c’est Currey qui a demandé, ou si c’est le personnel du service forestier qui a suggéré que l’on coupât l’arbre au lieu d’y pratiquer un carottage. Il y a aussi quelque incertitude quant à la raison pour laquelle un carottage n’a pu être fait. Une version est qu’il a brisé son unique longue tarière d’accroissement ou n’arrivait pas à la retirer et qu’il ne pouvait pas en obtenir une autre avant la fin de la campagne sur le terrain, une autre version prétend qu’il avait cassé deux tarières, et une autre encore qu’un échantillon de base était trop difficile à obtenir par taraudage et qu’il n’aurait pas fourni autant de renseignements définitifs qu’une coupe transversale complète de l’arbre.

    Il s’y ajoute des différences d’opinion sur le caractère exceptionnel de Prométhée dans le bosquet du pic Wheeler. On a dit que Currey et/ou le personnel de service forestier qui a autorisé l’abattage croyaient que l’arbre était seulement un des arbres très grands et très vieux dans le bosquet, tandis que d’autres, parmi lesquels un au moins a été impliqué dans la prise de décision et l’abattage de l’arbre, croyaient que l’arbre était vraiment exceptionnel - manifestement plus vieux que les autres arbres du domaine. Au moins une des personnes impliquées assure que Currey savait la vérité à l’époque bien que lui-même ne l’ait jamais avoué ; d’autres au contraire ont contesté que l’arbre fût de façon évidente plus vieux que les autres.

    On ne voit pas bien non plus en quoi il était nécessaire d’abattre un arbre aussi vieux si l’on considère le sujet que Currey étudiait. Comme le petit âge glaciaire a commencé, il n’y a pas plus de 600 ans, bien des arbres sans doute auraient pu fournir les renseignements qu’il recherchait pour cette période de temps. Pourtant, dans son rapport original (Currey, 1965), Currey fait allusion au petit âge glaciaire comme embrassant une période allant de 2000 avant Jésus-Christ jusqu’à maintenant, définissant ainsi cet âge comme une période de temps beaucoup plus longue que selon le consensus habituel. Était-ce l’opinion ordinaire à ce moment-là, on ne le sait pas. Dans l’article, Currey indique qu’il avait fait abattre l’arbre autant pour savoir si les bristlecones les plus âgés ont été nécessairement confinés aux Montagnes Blanches de Californie (comme des dendrochronologistes lui en avaient fait la demande) que parce que c’était utile pour étudier le petit âge glaciaire.

    Quoi qu’il en soit, l’arbre a été abattu et sectionné en août 1964, et plusieurs morceaux ont été emportés pour être traités et analysés, d’abord par Currey, puis par d’autres dans les années suivantes. Des sections, ou des morceaux de sections ont abouti à différents endroits, dont certains sont ouverts au public, entre autres : le centre de visite du parc national de Great Basin (Baker, NV), le Convention Center d’Ely (Ely, NV), le Laboratoire de Recherche sur les anneaux des arbres de l’université d’Arizona (Tucson, AZ) et l’Institut de génétique forestière du Service forestier américain (Placerville, CA).
    Répercussions de l’abattage de l’arbre

    On a soutenu que l’abattage de l’arbre a été un facteur important pour le mouvement de protection des bristlecones en général et des bosquets du pic Wheeler en particulier. Avant que l’arbre eût été coupé il y avait déjà eu un mouvement pour protéger les zones montagneuses et contiguës à l’intérieur d’un parc national et 22 ans après l’incident la région a vraiment acquis le statut de parc national.

    L’endroit exact de l’arbre qui est maintenant le plus vieux, Mathusalem, est gardé secret par l’agence chargée de l’administration, le Service des forêts américain. À cause de l’importance de l’espèce dans les recherches de dendrochronologie, tous les pins bristlecones sont maintenant protégés, qu’ils soient debout ou tombés.

    #patriarche #arbre #hommerie #mad_meg

  • Le ministère de l’Intérieur commande en masse des munitions pour fusils d’assaut et des grenades de désencerclement _ par Jean-Marc Manach 12 juin 2019 BASTAMAG *
    http://www.bastamag.net/Beauvau-Castaner-violences-policieres-fusils-d-assaut-LBD-grenades-blesses

    Les nouvelles armes de maintien de l’ordre et de « gestion démocratique des foules » sont responsables de dizaines de mutilations à vie et de blessures graves. Qu’importe ! Le ministère de l’Intérieur vient d’entériner de nouvelles commandes massives : 10 000 grenades de désencerclement par an, qui s’ajoutent aux centaines de lanceurs de balles de défense (LBD) achetés en fin d’année dernière. Plus étonnant, la place Beauvau a acheté 25 millions de cartouches de fusils d’assaut pour les quatre prochaines années. « Allô, place Beauvau ? C’est pour une commande » : enquête sur ces étranges appels d’offres.


    Photo de Une : Le 1er mai 2019, à Paris / © Serge d’Ignazio

    Le ministère de l’Intérieur ne cesse d’étoffer son stock d’armes, non létales comme létales. Il avait déjà passé commande, le 23 décembre dernier, de 1280 nouveaux « lanceurs mono-coup » type LBD, principalement pour la gendarmerie, et de 450 LBD semi-automatiques – des « lanceurs multi-coups » (LMC) [1] pour les policiers. La place Beauvau vient successivement d’acheter 40 000 nouvelles grenades à main de désencerclement (GMD) à effet assourdissant, et de lancer un appel d’offres visant à acquérir, sur les quatre prochaines années, 25 millions de... cartouches de fusil d’assaut pour une valeur estimée à 11 millions d’euros [2].

    Ces armes de guerre ont longtemps été réservées aux seules unités d’élite de la police et de la gendarmerie. Dans la foulée des attentats de janvier et novembre 2015, Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur de l’époque, avait décidé d’équiper de fusils d’assaut les policiers des brigades anti-criminalités (Bac), les gendarmes des pelotons de surveillance et d’intervention (Psig) et autres « primo-intervenants ». L’objectif, avait-il alors expliqué, était de leur permettre de « répliquer aux tirs d’armes de type Kalachnikov que certains criminels n’hésitent désormais plus à utiliser contre vous ».

    Cette banalisation des fusils d’assaut n’est pas sans poser problème. En juillet 2017, une note de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) faisait état de sa « réelle inquiétude » : 18 des 19 tirs de ces armes enregistrés sur les six premiers mois de l’année avaient été « accidentels » ou commis « par imprudence », un pourcentage qualifié d’« alarmant ». « Une ou plusieurs erreurs, souvent cumulées dans les procédures de mise en sécurité, sont à l’origine des coups de feu », souligne la note, qui déplore « une méconnaissance bien plus étendue en matière de sécurité lors de la manipulation des armes », et un « défaut de maîtrise d’armes plus complexes et encombrantes » : sélecteur mis en position « rafale », chargeur non retiré, culasse bloquée à cause d’un mauvais geste, etc. Le constat était alors sans appel : « Les agents sont mal à l’aise avec ces armes. » [3]

    La majorité des policiers mal formés à l’usage de ces armes
    « Concernant les armes longues, nos collègues ne sont pas assez formés aux gestes techniques », décrivait Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat Alliance police nationale [4]. La formation initiale ne durait que deux jours, suivi d’un tir par an. Une situation qui peine à s’améliorer : en septembre 2018, la Cour des comptes déplore, dans un rapport consacré à l’équipement des forces de l’ordre, le nombre « globalement insuffisant » des stands de tir, leur répartition géographique « parfois inadaptée », leur vieillissement, « responsable d’indisponibilités récurrentes en raison de la fréquence des opérations de maintenance », et enfin « l’incapacité de la grande majorité d’entre eux à accepter des tirs de munition de calibre 5,56 mm, faute de pièges à balles adaptés » [5].

    La Cour des comptes regrette aussi que « la majorité des policiers (51%) n’avait pas bénéficié de ces trois séances réglementaires », en 2017, « ce qui traduit une dégradation par rapport aux années récentes ». Enfin, environ un policier sur cinq, sur les personnels « susceptibles de manier un HK G36 [un modèle de fusil d’assaut, ndlr] n’avait pas reçu les formations requises dans les délais réglementaires ».

    Jusqu’à 750 balles par minute, mortelles jusqu’à deux kilomètres
    Doté d’un chargeur trente coups, le HK G36 est une arme de guerre pouvant tirer, en rafale, jusqu’à 750 balles par minute, mortelles jusqu’à deux kilomètres. Au 1er janvier 2017, le ministère de l’Intérieur répertoriait 9469 fusils d’assaut de ce type, dont 8545 pour la police nationale, en augmentation de 68 % par rapport à 2012. Rapporté au chiffre de 6,25 millions de munitions commandées par an, chaque fusil d’assaut serait dès lors potentiellement doté de 22 chargeurs chaque année, alors que ces armes sont censées n’être utilisées qu’exceptionnellement ! [6

    Le Canard enchaîné a révélé qu’un télégramme du 10 janvier 2019 avait demandé aux CRS de déployer deux fusils d’assaut HK G36 lors des manifestations des gilets jaunes, au motif que « si nos hommes portent leurs fusils d’assaut, c’est pour ne pas se les faire voler dans le camion », comme cela est arrivé en décembre dernier.

    Basta ! a contacté le ministère de l’Intérieur pour savoir combien de fusils d’assaut sont aujourd’hui en dotation, et pour comprendre ce qui justifierait une commande de 6,25 millions de munitions par an. Le ministère a accusé réception de nos questions, sans daigner y répondre. L’appel d’offre concernant le marché de grenades de désencerclement suscite une autre interrogation : il comporte une clause qui, d’après un autre industriel, tendrait à privilégier la société Alsetex, qui a d’ailleurs emporté le marché.

    Alsetex, « leader des produits pour la gestion démocratique des foules »
    Filiale du groupe Étienne Lacroix, « acteur majeur de la pyrotechnie reconnu au niveau international », la société d’armement et d’études Alsetex est basée au Mans. Son usine, classée Seveso, dans la forêt de Malpaire à Précigné (entre Le Mans et Angers) employait l’an passé 160 personnes. L’entreprise s’est longtemps présentée comme le « leader des produits pour la gestion démocratique des foules ». Une expression qu’elle a cessé d’utiliser lorsque l’auteur de ces lignes a révélé, en 2013, que les grenades lacrymogènes d’Alsetex faisaient partie de celles utilisées pour réprimer le printemps arabe au Bahreïn. Or, à l’époque, des organisations indépendantes ont dénombré 43 personnes décédées au Bahreïn des suites de leur exposition aux gaz lacrymogènes, dont plusieurs nouveaux nés, enfants et personnes âgées.

    Alsetex est également connue pour sa grenade explosive GLI-F4 composée, notamment, de 26 grammes de TNT. Cette charge explosive a valu à un zadiste et, d’après le décompte du journaliste David Dufresne, à cinq gilets jaunes, de voir leurs mains arrachées. C’est également Alsetex qui a conçu la grenade offensive OF F1, que le gouvernement a interdit après qu’elle a été impliquée dans le décès de Rémi Fraisse lors de la répression d’une manifestation contre le barrage de Sivens.

    Des grenades de désencerclement classées « matériel de guerre »
    Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, le ministère de l’Intérieur a reconnu 4942 tirs de grenades de désencerclement (GMD), contre 866 pour toute l’année 2016. Comme le LBD, ces grenades sont une arme classée « matériel de guerre de catégorie A2 », ce qui interdit aux particuliers d’en faire l’acquisition. De son côté, le journaliste David Dufresne a collecté 99 signalements afférents, dont 27 blessures à la tête, quatre à l’œil et trois éborgnements. Les GMD doivent être lancées à la main et roulées au sol. Elles « projettent 18 plots de caoutchouc de 10 grammes sur un rayon de 30 mètres (…). Chaque plot est projeté avec une vitesse initiale de 472 km/h », rappelle le collectif Désarmons-les qui documente les armes utilisées en France pour le maintien de l’ordre et les blessures graves qu’elles causent.

    Un CRS vient par ailleurs d’être renvoyé aux assises pour avoir éborgné un syndicaliste en 2016 lors de la mobilisation contre la loi travail. Il n’avait pas été formé au maintien de l’ordre, n’était pas habilité à lancer de GMD, et le lancer de la grenade n’était pas légalement justifié : les CRS de sa compagnie n’étaient « ni assaillis, ni encerclés, ni même réellement pris à partie ». Étrangement, le ministère public avait soutenu pour sa défense que « la perte d’un œil n’était pas une infirmité permanente », car la victime pouvait se faire poser un implant (sic).

    40 000 nouvelles grenades commandées malgré les controverses
    Qu’importe ces dégâts collatéraux : le ministère de l’Intérieur vient de conclure une nouvelle commande, publiée le 1er mai au Journal officiel, de 10 000 grenades par an, « soit 40 000 sur la durée du marché » (ces quantités sont « estimatives ») [7]. C’est donc Alsetex qui a emporté le contrat, d’une valeur de 1,84 million d’euros.

    Outre l’incongruité de commander 40 000 nouvelles GMD en pleine polémique sur les « violences policières », ce sont les spécificités techniques de l’appel d’offres qui intriguent. Publié fin août 2018, l’appel d’offres présentait la GMD comme étant destinée à « permettre aux forces de l’ordre de déstabiliser un groupe d’agresseurs violents ou armés, en le faisant se replier ou se disperser », et précisait que « la grenade proscrit tout risque lésionnel lié à la pénétration d’un projectile (galet, bouchon allumeur à main - BAM -, élément de grenade) ou à la lésion interne d’un organe ». Rien sur les risques d’arrachement de mains.


    Manifestant dont la main a été arrachée, puis remplacée par une prothèse, lors de la manifestation des blessés et mutilés gilets jaunes, le 2 juin 2019 à Paris / © Serge d’Ignazio

    Entre autres exigences, le cahier des charges précisait qu’« après explosion, le BAM [le bouchon allumeur, ndlr] doit rester solidaire du corps de la grenade », et qu’il devait dès lors être « équipé d’un capot de protection », ce qui avait alors fait réagir plusieurs industriels. L’un d’entre eux s’interrogeait sur « la notion du "corps de la grenade", qui par principe n’existe plus après l’explosion ». Le ministère a répondu qu’« il faut comprendre que le bouchon allumeur ne doit en aucun cas se comporter comme un projectile au moment de l’explosion de la grenade ».

    Un modèle de grenade moins dangereux ? _
    Coïncidence ? Alsetex est justement titulaire d’un brevet intitulé « Grenade à éclats non létaux comprenant des moyens de maintien de bouchon allumeur ». Ce brevet correspond précisément aux exigences de l’appel d’offres. Malgré son explosion, cette grenade éviterait de « libérer inopinément les moyens allumeurs et ainsi par exemple de conduire à une projection du bouchon allumeur ». Cela réduirait en théorie le nombre d’éclats, responsables de nombreuses lésions sur des manifestants.

    Un autre industriel a demandé s’il serait « possible que cette exigence soit modifiée car elle conduit à privilégier le fournisseur historique de fourniture des grenades à main de désencerclement ». En réponse, le ministère de l’Intérieur a rétorqué que « le capot ou coiffe de protection du bouchon allumeur est destiné à minimiser le risque de blessure accidentelle lorsque la grenade est lancée par les forces de l’ordre ou si des éléments résiduels sont ensuite utilisés comme projectile. Il s’agit donc d’une exigence impérative de l’offre ».

    Contactées par Basta !, Alsetex et sa maison mère, le groupe Étienne Lacroix, n’ont pas davantage répondu à nos questions. Ce silence est d’autant plus étrange que, si l’on met de côté le risque des mains arrachées et le soupçon d’appel d’offres rédigé pour qu’Alsetex remporte le marché, l’exigence du ministère de l’Intérieur, ainsi que le brevet de l’artificier, viseraient précisément à faire en sorte que la GMD provoque un peu moins de lésions graves qu’auparavant, seuls les éclats de caoutchouc étant libérés.

    Une « précision optimale » est « souhaitée » pour les LBD...
    Fournisseur habituel de l’Intérieur, Alsetex avait également emporté, en janvier 2016, un marché de 115 000 « munitions de défense à courte portée » (MDCP) – une balle de plastique semi-rigide tirée à plus de 300 km/h – pour équiper le désormais célèbre lanceur de balles de défense (LBD). Beauvau avait alors prévu d’en doter 5000 à l’intention de la pénitentiaire, 10 000 à la gendarmerie, et 100 000 à la Police nationale. Le marché a été attribué pour 5,6 millions d’euros – soit près de 50 euros la munition !

    Autre bizarrerie : pourquoi avoir défini un périmètre plus important en hauteur qu’en largeur ? Cela pourrait en partie expliquer le nombre de blessures à la tête, les tirs étant censés viser le torse. Dans son bilan "Allô, Place Beauvau ?", David Dufresne a collecté 297 signalements liés à des tirs de LBD, dont 19 éborgnements. Dans la dernière mise à jour de sa brochure sur les armements et le maintien de l’ordre, le collectif Désarmons-les a répertorié, depuis l’instauration du Flash Ball en 1999 – progressivement remplacé par le LBD –, puis de la grenade de désencerclement en 2004, « près de 60 personnes qui ont été éborgnées ou gravement blessées à l’œil en l’espace de 20 ans ». La majorité l’a été lors des huit derniers mois, depuis le début du mouvement des gilets jaunes en novembre 2018.
    Jean-Marc Manach _

    Notes
    [1] 270 « lanceurs multi-coups » (LMC) "4 coups", et 180 "6 coups".
    [2] À raison de 6,25 millions de munitions par an pour le ministère de l’Intérieur, 130 000 pour la pénitentiaire, et 114 000 pour les douaniers.
    [3] Notes confidentielles révélées par la chaîne LCI en octobre 2017.
    [4] Dans cet article de 20 Minutes.
    [5] Voir le rapport de la Cour des comptes.
    [6] Pour exemple, lors de l’assaut donné le 18 novembre 2015 contre contre les auteurs présumés des attaques terroristes du 13 novembre, retranchés dans un immeuble de Saint-Denis, entre 1500 et 5000 munitions ont été tirées par les forces de l’ordre alors que l’opération est considérée comme étant d’une rare violence.
    [7] L’accord-cadre comporte « un minimum quantitatif correspondant au stock de sécurité, soit 2000 grenades à main de désencerclement », voir ici.

    #violence #enMarche #guerre #police #guerre_aux_pauvres #guerre_civile en préparation afin que l’on reste rassemblé nationalement pour enrichir encore plus les amis d’#emmanuel_macron

  • Seuils de pauvreté : le mauvais calcul de l’Observatoire des inégalités | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/pierre-concialdi/blog/080619/seuils-de-pauvrete-le-mauvais-calcul-de-l-observatoire-des-inegalite

    Dans le dossier consacré par Libération du 5 juin au dernier rapport de l’Observatoire des inégalités, une infographie donne des seuils de pauvreté et de richesse pour diverses situations familiales. Le même graphique est reproduit dans un billet publié le 6 juin sur le site de Mediapart[1]. Pour les familles nombreuses (couples avec 3 enfants et plus) le seuil de pauvreté est de 1928 €, soit environ 70€ de moins que le seuil défini pour les couples avec deux enfants (1999€). Autrement dit, il faut moins de ressources aux familles nombreuses qu’aux couples avec deux enfants pour « sortir », en quelque sorte, de la pauvreté alors que leurs besoins sont pourtant plus importants. L’écart est aussi frappant entre les familles monoparentales (dont plus de la moitié comporte 2 enfants ou plus) et les couples sans enfant. Ces derniers doivent disposer d’un peu plus de 1500 € par mois pour sortir de la pauvreté alors que leur voisine de palier qui élève seule 2 enfants n’aurait besoin que d’un peu plus de 1000€. Il n’y a pas d’erreur ni de coquille dans ces chiffres. L’observatoire des inégalités assume depuis longtemps le résultat paradoxal de ce calcul des seuils de pauvreté qui aboutit à en pervertir la signification.
    Pour calculer un seuil de pauvreté monétaire, on définit arbitrairement une norme en-dessous de laquelle les individus sont qualifiés de pauvres. Ce seuil équivaut à un certain pourcentage (50%, 60%...) du revenu médian, celui qui partage la population en deux parties égales (une moitié se situe au-dessus, l’autre moitié au-dessous). Le seuil retenu par l’observatoire est de 50% pour tous les ménages. Là n’est pas l’explication du paradoxe.

    Ce qui distingue le calcul de l’observatoire de toutes les approches existantes, c’est qu’il retient le revenu médian correspondant à chaque situation familiale prise isolément et non pas le revenu médian de l’ensemble de la population française comme on le fait habituellement. Le seuil de pauvreté des familles nombreuses est ainsi égal à la moitié du revenu médian de ces familles nombreuses ; le seuil de pauvreté des personnes seules est égal à moitié du revenu médian des personnes seules, etc. Comme le revenu des familles nombreuses est plus faible que celui des couples avec deux enfants, ce calcul aboutit à un seuil de pauvreté moins élevé pour les familles nombreuses.

    Le chiffrage du seuil de pauvreté dépend ainsi très fortement de la position de chaque type de ménage dans l’échelle des revenus. Les besoins des enfants de familles nombreuses sont évalués à l’aune de la condition sociale de ces familles aux revenus généralement modestes. Ils sont donc moins importants, dans l’optique de l’Observatoire, que ceux des enfants des familles de taille restreinte aux revenus plus élevés. En résumé, cette méthode de calcul considère que les besoins de toutes les personnes ne sont pas (ou ne devraient pas être ?) les mêmes. Dans ce schéma de pensée, il n’y a pas d’égalité face à la nécessité. D’où le paradoxe initial dont une autre lecture est de dire que, selon l’Observatoire, les besoins des familles nombreuses seraient moins importants que ceux des familles restreintes. Aucune analyse de la pauvreté ne permet de soutenir une telle conclusion.

    Ce mode de calcul aboutit à donner une représentation fragmentée de la réalité sociale. Il y a ainsi le monde des familles monoparentales, celui des couples sans enfant, celui des personnes seules…mais ces mondes sont étanches. Ils coexistent sans faire véritablement société par rapport à un repère commun. Mais comment progresser alors vers une société inclusive ?

    Dans des sociétés rongées par l’anomie, il est essentiel de pouvoir disposer de repères pertinents pour nourrir le débat public. Il est regrettable que sur une question aussi essentielle que celle de la pauvreté, l’Observatoire des inégalités continue d’entretenir une confusion qui ne peut qu’être nuisible à ce débat.

    Question @simplicissimus est-ce que ca veut dire que les mères célibataires sont en fait encore plus nombreuses et plus pauvres que ce que les statistiques montrent ?

    • À la lecture de l’article, avant d’arriver à ton questionnement, je me faisais la remarque – pour la énième fois ! – que le seuil et le taux de pauvreté sont toujours nommés de façon incomplète, ce induit à penser en terme de pauvreté absolue. Il s’agit toujours de (seuil et taux de) #pauvreté_relative ; relative à quoi ? À un groupe de référence.

      Le choix méthodologique discuté ici est de choisir comme groupe de référence la population tout entière, solution préconisée par PC, ou de rapporter à des sous-groupes déterminés par la composition familiale, option (très) violemment critiquée par le même.

      Or il y a un lien entre niveaux de revenus et composition familiale, ce que montre le graphique autour duquel a lieu la discussion


      (l’article de Libération est là :
      https://www.liberation.fr/france/2019/06/04/un-riche-peut-en-cacher-plein-d-autres_1731721 )
      version simplifiée de celui qu’on peut trouver dans le Rapport 2019

      (extrait des bonnes pages dudit Rapport consultées ici
      https://fr.calameo.com/read/0048113144955c7921fdc )

      Quand on se déplace vers la droite sur l’axe des types de famille les revenus augmentent à tous les étages de la distribution ( Ie quelque soit le décile). À l’exception de la dernière catégorie couple, + de 2 enfants où ça baisse légèrement.

      Je souligne (encore et toujours) ce que rappelle @aude_v, ci-dessus que le taux de pauvreté est essentiellement un indicateur de dispersion. Ainsi dans la méthodologie de l’OdI, si on augmente d’une somme fixe les revenus de toutes les personnes seules, leur seuil de pauvreté va s’élever mais le taux de pauvreté (relatif au groupe Personne seule) ne variera pas. Pour l’approche où la référence unique est l’ensemble de la population, l’effet n’est pas du tout aussi immédiat (il dépend des formes des répartitions et de la proportion du type de famille) mais devrait (sauf «  pathologie  ») aboutir à une augmentation du seuil de pauvreté global (puisque les revenus - du moins une partie d’entre eux - ont augmenté) et à une baisse du taux de pauvreté (global) des Personne seule ainsi qu’à une légère augmentation du taux de pauvreté des autres catégories (le revenu médian global a augmenté du fait des Personne seule mais pas le leur).

      Bref, je suis de l’avis de PC : un seuil de pauvreté global.

      Pour discuter du lien avec la composition familiale, il faudrait pouvoir disposer de l’analyse «  duale  », à savoir la répartition par type de famille des «  riches  » et des «  pauvres  ».

      Je bute enfin dans l’article de Libération sur le dernier graphique reproduit (dont je ne sais s’il vient du Rapport puisqu’il ne figure pas dans les quelques pages accessibles) qui utilise des sources complètement différentes et qui n’est d’ailleurs pas commenté dans l’article.

      Il laisse entendre que sur le long terme (depuis 1920…) ça va plutôt en s’améliorant pour les pauvres (enfin, par la moitié de la population aux revenus les plus bas) et qu’après une très mauvaise décennie des années 80 le balancier repart dans le « bon » sens. Je tique juste sur le fait qu’il s’agit des revenus avant impôts et prestations sociales, donc pas vraiment comparable avec les chiffres précédents…

    • C’est possible qu’il y ai de meilleurs procédés, mais cette méthode fait qu’on en discute ici et que j’ai appris deux ou trois trucs et pas compris d’autres aussi. Egoistement je le remercie de son bourrinage qui m’as attiré l’attention sur ce sujet de spécialistes.
      Ce qui me surprend et que j’ai peut être pas compris, c’est que j’ai l’impression que ce seuil de pauvreté est calculé en fonction de seuls revenus moyens de groupes et non selon un rapport entre les couts de la vie* et des revenus. Ca ferait que certains groupes pourraient avoir un revenu moyen qui ne permet pas l’accès à un logement ou autres besoins vitaux (ce qui les met dans la pauvreté à mes yeux) mais que ca serait pas considéré comme « pauvre » statistiquement car la moyenne du groupe est le référent et non pas un revenu minimum viable.

      *par là je veux dire une sorte de revenu minimum viable pour pourvoir aux besoins en logement, nourriture, vetements, énergie, santé, hygiène, assurance pour chaque citoyen·ne qui servirait de base ce calcule.

    • Ça revient plus ou moins au même : justement avec le ratio logement/transports. Le gros des factures est au même tarif partout, même si on n’a pas le même service en bout de ligne. Parfois, c’est plus cher (et moins bien) à la cambrousse, comme pour internet en zone définitivement non dégroupée. Et si les logements sur nettement moins chers au m², il faut bien comprendre qu’il y a très peu de toutes petites surfaces disponibles en cambrousse et que les grandes maisons qu’on y trouve sont très coûteuses à l’entretien, parce qu’il s’agit d’un parc vieillot à indigne. Donc, tu gagnes pas tant que ça sur le logement, sauf en terme d’espace, mais financièrement, c’est pas loin de se valoir.
      Par contre, on te demande rarement de présenter 4 générations de garants et 10 ans de salaires de riche pour y accéder. Sinon, ça resterait vide.

      Le souci, c’est précisément l’accès au non-marchand : plus trop de services publics, donc des frais et des problèmes en permanence, ce qui a un coût. Là, déjà, c’est 1500€ de frais en plus parce que ma fille est au lycée et en internat, faute de possibilité plus proche. Et encore, je suis contente, j’ai la prise en charge des 570€ de frais de transports qui vont avec par la région… sauf que, entre les jours fériés non desservis, les grèves, les retours directs pour maladie, j’ai quand même dû financer de ma poche une bonne dizaine d’A/R dans l’année, soit un total d’un peu plus de 2000km forcément en bagnole, plus le temps passé (si j’avais été en salariat, je pense que j’aurais dû laisser du salaire, là, à force !).

      Et on pense à la suite, c’est à dire au fait qu’on a aucune idée de la manière dont on va pouvoir financer le supérieur. Si tu es en ville, tu as toujours la ressource (un peu mesquine, mais non !) d’aller à la fac du coin. Mais là, ça veut dire… logement en ville, donc, on revient au problème de départ… mais avec des revenus de la campagne.

      Parce que voilà, ce que les minima sociaux ne reflètent pas non plus, ce sont les disparités d’accès au salaire : les postes à valeur ajoutée sont tous concentrés en ville. Les (très) bon salaires aussi. Les fonctionnaires permettaient de lisser un peu dans les sous-préfectures, mais le démontage des services publics fait disparaitre ses sources de revenus. Donc les perspectives d’emploi et de salaire sont toujours moins bonnes.

      Mais en même temps, pour de plus en plus de choses, nous devons nous rendre dans les villes… qui ne veulent pas de nous : pas de transports en commun périphéries→métropoles et nouvelle politique d’exclusion des voitures des métropoles = péage urbain.

      Donc, tu vois, je pense qu’avec les frais et avantages cachés, on peut s’en tenir à un seuil de vie unique… et par personne !

    • Mais il n’existe pas cet indicateur ? Ca me semble pas plus difficile à calculé que tous ces multiplicateurs et taux de moyennes de revenus par groupes. On doit avoir tous les détails dans les études de marché ou conso, alors je comprend pas comment ce chiffre est présenté avec ce genre de statistiques sur la pauvreté.

    • Sur gogol j’ai trouvé ceci qui est peut être un début - c’est une moyenne par pays par rapport au cout de la vie à new-york :
      https://planificateur.a-contresens.net/classement_par_pays/cout_de_la_vie.html

      ici une estimation par les gentes elles mêmes :
      1.490 euros par mois : le coût de la vie selon les Français

      https://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20140205trib000813704/1.490-euros-par-mois-le-cout-de-la-vie-selon-les-francais.html

    • Avant et dans d’autres pays ou à d’autres époque, on peut/pouvait toujours trouver une piaule quelque part : garni/meublé, comme dans Le jour se lève.

      @aude_v
      Sans remonter à l’époque du film Le jour se lève j’ai souvent loué des meublés (en France) dans les années 80/90 et pour moins de 150 euros. ça ne ressemblait pas à l’ambiance du film de Carné mais j’étais pas loin de celle du bouquin de Georges Orwell.


      https://www.curabooks.fr/l/george-orwell-dans-la-deche-a-paris-et-a-londres

    • Le voila cet indice :

      Pour l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES), qui publie ce vendredi son rapport annuel, ce revenu de référence s’élève à 1.424 euros par mois pour une personne seule sans enfant . Des chiffres obtenus par consensus, mêlant participation de citoyens et évaluations d’experts en vue de définir ce qu’est un revenu minimum permettant de « disposer des ressources suffisantes, non seulement pour faire face aux nécessités de la vie quotidienne (se loger, se nourrir, avoir accès à la santé…) mais aussi pour avoir la possibilité de participer à la vie sociale ».

      https://www.20minutes.fr/societe/1556807-20150306-quand-seul-comment-vit-1424-euros-mois

      C’est ici que devrait être le revenu minimum, RSA et autres seuils.

    • j’ai jamais eu de punaises dans mon lit @mad_meg parait que c’est horrible. Des poux, des morbacs... et les locataires de Gainsbourg me font penser que les bains-douches ont aussi pratiquement disparu des grandes villes.
      Je me souviens de partager une piaule, en 85, occupé par deux arabes dans le XI à Paris. Dont un me sous louait son lit (20 francs/jour) pendant qu’il était parti au bled quelques semaines. Son collègue faisait parfois un succulent couscous. La piaule était propre mais dans la cour il y avait des rats plus gros que le mickey-maousse de gainsbarre.

    • voici le détail du chiffre fournis plus haut :

      Pour en arriver à cette estimation mensuelle de 1.424 euros, l’ONPES a élaboré une liste de postes de dépenses dont elle a évalué puis additionné les coûts pour une personne vivant seule dans un logement social dans une ville moyenne comme Tours ou Dijon.

      Au premier rang des dépenses incompressibles, c’est sans surprise le loyer pèse le plus sur les finances. Un poste de dépenses qui représente 33% du budget, avec un coût moyen s’élevant à 471 euros. Viennent ensuite les frais transports (21%) et l’alimentation (15%).
      Participer à la vie sociale

      Partir en vacances une à deux semaines par an, pratiquer des activités culturelles et sportives, se faire un resto de temps en temps et pouvoir offrir des cadeaux : toutes ses dépenses ont été considérées par les personnes interrogées comme relevant d’un besoin minimum. Avec 150 euros, soit 11% du revenu total, un célibataire sans enfant pourrait s’offrir une vie sociale décente, selon l’estimation du rapport de l’ONPES.

      Et pour être bien dans ses pompes, ce budget de référence est aussi pensé pour s’octroyer chaque mois une enveloppe shopping d’une centaine d’euros pour les vêtements et les produits d’hygiène et de beauté.
      A chaque famille son budget

      En plus de celui des personnes seules, le document présente aussi des chiffres élaborés pour les autres configurations familiales. Le budget de référence d’une famille monoparentale avec deux enfants s’élève ainsi à 2.599 euros par mois, celui d’un couple avec deux enfants à 3.284 euros et celui d’un couple d’actifs sans enfant à 2.133 euros. Des chiffres majorés de 150 à 300 euros par mois lorsque le logement n’est pas social mais loué dans le parc privé.

      Dernier détail : ces frais, calculés sur la base de personnes vivant dans des villes de taille moyenne comme Tours et Dijon, ne s’appliquent pas aux millions de personnes qui vivent dans de grandes villes, où les prix, notamment ceux du marché immobilier, sont plus élevés.

    • Il s’agit pas d’un revenu pour urbain·nes mais une moyenne nationale et même pour les transports en commun certaines villes sont très chères :

      Côté transports, dix agglomérations (incluant l’Île-de-France) pratiquent des tarifs supérieurs à la moyenne nationale de 269,49 euros . À Tours, Rennes, Lyon, Dijon et Lille, l’abonnement avoisine ou dépasse les 300 euros

      https://etudiant.lefigaro.fr/article/cout-de-la-vie-etudiante-un-budget-moyen-de-837-72-eur-par-mois-se

      donc 280€ c’est pas mal et c’est pas un luxe de pollueur·euse en SUV. C’est le prix moyen des transports en commun dans les villes de ce pays.

    • 280€ ca doit comprendre effectivement les voitures et les déplacements des deux semaines de vacances. Je me déplace surtout à pied et je ne connais pas les tarifs des transports.

      @vanderling je croie pas que devoir frauder les transports ou être sous la surveillance des services sociaux ( par exemple les TCL sont connus pour humilier mensuellement les abonnées bénéficiant de tarifs sociaux). Il me semble qu’un indicateur de revenu décent devrait être au dessus des seuils de l’aide sociale.

      Il y a aussi le seuil d’imposition qui peu servir d’indicateur de niveau de vie décent.

      14 610 € : c’est le seuil du revenu net imposable d’une personne seule (célibataire, divorcé, séparé ou veuf) pour une part de quotient familial, au-dessous duquel un contribuable n’a à payer d’impôt en 2019 sur ses revenus perçus en 2018. Il s’agit d’une somme identique à celle de l’an dernier.7 janv. 2019

      Ca fait 1217,5€ par mois -14% d’impôts, (170,4€/mois)
      Au final les français imposables les moins riches disposent de 1047,1€ par mois et par personne une fois les impôts payés.

    • Ah, le calcul de l’impôt sur le revenu…
      Il est progressif et donc se calcule par tranche.

      La première tranche est celle qui est à 0%, elle doit être autour de 9700€.

      Donc, la seconde tranche est celle qui paie des impôts… effectivement à 14% au lieu de 5… mais à partir de 9700€.

      Donc, le gus imposable à 14610€ de revenu (aurait dû faire un don pour passer à la tranche en-dessous, mais bon !), il paie sur la partie qui dépasse la première tranche, soit 9700€.

      Donc la part de revenu taxée à 14% est de 14610-9700 : 4910€, soit 687,2€ (ce qui est beaucoup pour ce niveau de revenu, la tranche à 5% était tout de même plus appropriée !), c’est à dire 57€/mois, ce qui nous fait un revenu disponible de 1160€/mois, ce qui n’est quand même pas gras pour un gus qui doit en plus supporter un patron la moitié de son temps de veille.

      À noter que les types qui couinent qu’ils sont taxés à 45%, font l’impasse sur le fait que les 45% ne s’appliquent pas à l’ensemble des revenus qu’ils n’ont pas réussi à optimiser, mais bien sur la tranche de revenus où commencent les 45%. Leurs 9700 premiers euros sont taxés à 0% comme pour tout le monde, ils paient 14% sur le tranche suivante comme tout le monde, et ainsi de suite. Donc leur taux effectif de prélèvement n’est pas du tout de 45%, mais moins.

    • Ah, j’oubliais la déduction forfaitaire sur l’impôt à payer pour les petits revenus imposables.

      Réduction de l’impôt 2019
      Réduction forfaitaire de 20%

      Une réduction forfaitaire de 20% du montant théorique de l’impôt est accordée aux ménages dont le revenu fiscal de référence (RFR) est inférieur à 21 037 € (personne seule) ou 42 073 € (couple), augmenté de 3 797 € par demi-part.
      Réduction dégressive

      A partir de 18 985 € de RFR (personne seule) ou de 37 969 € (couple), majorés des éventuelles demi-parts (3 797 €), un dispositif de lissage est appliqué pour limiter les effets de seuil.

      soit R1 : le seuil de 21 037 € ou de 42 073 €, majoré des éventuelles demi-parts
      soit R2 : le revenu fiscal de référence du couple
      N = R1 moins R2
      D : 2 000 € pour les personnes seules et 4 000 € pour les couples.

      La réduction d’impôt ne sera pas de 20%, mais de 20% x N/D.

    • J’ai eu le nez fin cette semaine @mad_meg j’ai pris 10 tickets = 13.50 euros (dont 1 gratuit, merci la Star) un peu plus de 1 euro le transport de 30 mn pour me rendre dans le centre de Rennes, ça reste cher et un control. Tout ça pour gagner le smic, merde je vais finir par enfiler un gilet jaune.

    • Sinon, voilà les tranches 2019

      Le montant de l’impôt sur le revenu dépend des tranches et des taux d’imposition. Voici le barème 2019 sur les revenus 2018 tel que prévu par le projet de loi de finances.

      Jusqu’à 9 964 : 0% ;
      de 9 964 à 27 519 : 14,00% ;
      de 27 519 à 73 779 : 30,00% ;
      de 73 779 à 156 244 : 41,00% ;
      au-delà de 156 244 : 45%.

    • Sans compter les différents transferts sociaux dont, pour commencer la prime d’activité pour laquelle je vois que le plafond de revenu est cette année de 1,5 SMIC soit pour une pour personne seule, 1790€ nets/mois.

      Calcul complexe, le montant étant progressif puis dégressif,…

    • C’est parce que nous sommes dans un pays nataliste que le coût d’un enfant est largement sous-estimé ?

      Il n’y a pas beaucoup de moments dans la vie où un gosse ne coûte pas trop cher. En gros, il faut une pièce de plus, donc rien que cela tout les mois, sur le prix du logement ; il faut lea nourrir et il y a des âges où ielle mange plus qu’un adulte en pleine santé. Il y a les déplacements supplémentaires, les frais de scolarité, qui augmentent de façon exponentielle.

      Bref, je ne vois pas pourquoi le coût d’un enfant est si mal évalué.

    • Les femmes ont de 50% (les avocates) à 5% ( celles qui s’en sortent le mieux) de revenus en moins que les hommes pour un travail égal, imagine ce que ca laisse aux enfants. On arrive même pas a faire interdir de les frapper et les humilier alors une vie décente... C’est pas ce que parcoursup leur réserve. Dans ma recherche de cet indice de revenu décent je ne fait pas de distinction d’âge, revenu par personne ca comprend les enfants, comme les personnes adultes et personnes âgées aussi. C’est une moyenne par personnes qui comprendrait toutes les personnes. Les nuances sont apporter par les autres indices tel que l’étude de départ qui considere les enfants comme des animaux d’élevage dont le coût baisse quand tu les élèvent en batterie.

  • #Mir_Streiked !

    „Mir Streiked!“ ist die Hymne für der Schweizerischen Frauen*streiktag 2019. SASA, KimBo, Mer Ayang und Sascha Rijkeboer komponieren in ihrer musikalischen Unterschiedlichkeit ein Lied, das gleichzeitig bewegt, anklagt und mobilisiert.

    https://www.youtube.com/watch?v=m001Efj0ymI&feature=share


    #grève_féministe #14_juin #femmes #grève #Suisse #chanson #14_juin_2019 #hymne
    #musique_et_politique (ping @sinehebdo)

    v. aussi le #manifeste académique de la grève :
    https://seenthis.net/messages/777511

    et une tribune sur le #féminicide, tribune publiée en lien avec la grève :
    https://seenthis.net/messages/780868

    • "Les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes"

      Alors que l’égalité salariale est au coeur de la grève des femmes prévue le 14 juin, Manuela Honegger, politologue et politicienne indépendante, relève qu’en une année « les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes ».

      « L’écart de revenu entre l’homme et la femme reste notre préoccupation première », a affirmé dans La Matinale Manuela Honegger, membre du collectif genevois pour la grève des femmes. De plus, le travail domestique effectué par les femmes n’est toujours pas reconnu.

      « On estime aujourd’hui que faire à manger a plus de valeur en Suisse que ce que le secteur financier produit, la valeur que les femmes produisent tous les jours gratuitement et qui péjore leur vie est énorme. A la fin de l’année, les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes », a précisé la politicienne.

      De plus, « sur la base des différences salariales, les femmes devraient seulement travailler jusqu’à 57 ans et pas jusqu’à 64 ans », a-t-elle encore indiqué.
      Chiffre pas connu

      « La politique ne nous prend pas au sérieux, nous les femmes, et ne met pas nos préoccupations au centre », a encore souligné la politicienne. Alors que tout le monde connaît le nombre d’étrangers vivant en Suisse, « cela fait 25 ans que l’UDC martèle ces chiffres », combien de personnes connaissent le pourcentage des femmes qui font la lessive ou qui assument l’éducation des enfants ?

      « Les femmes accomplissent 80% de la lessive faite en Suisse et assument 70% de l’éducation des enfants. Ce sont des réalités à mettre sur l’agenda politique, c’est pourquoi nous avons choisi la grève. La grève est un moyen de pression pour dire stop », a conclu #Manuela_Honegger.

      https://www.rts.ch/info/suisse/10179694--les-femmes-gagnent-108-milliards-de-moins-que-les-hommes-.html

      #salaire

    • Vers la grève féministe en Suisse

      Dans cet entretien, Anouk (étudiante, investie dans les mouvements étudiants et de l’immigration coloniale et post-coloniale) et Maimouna (militante queer antiraciste « qui penche du côté marxiste de la force » et qui travaille dans un syndicat interprofessionnel du secteur public) nous livrent un récit du processus qui va porter nombreuses femmes* en Suisse à se mettre en grève pour la journée du 14 juin 2019. Nous saissons l’occasion pour relayer le manifeste de la grève, dont il est beaucoup question dans l’interview, et une émission radio sur cette lutte, dont le titre annonce : Ne changeons pas les femmes, changeons la société !

      – PEM : Le 14 juin se tiendra en Suisse une grève des femmes et féministe : Quel a été votre rapport à cette grève ?

      M : J’ai participé à cette grève surtout par l’organisation des travailleuses au sein de mon syndicat, mais également pendant une période par le biais de la coordination romande et du collectif genevois. Pour des raisons de santé, je n’ai pas pu participer à tout l’aspect collectif et de coordination des six derniers mois. Cette grève m’a accompagnée durant toute l’année et le fait de participer à sa construction sur les lieux de travail a sûrement été une des expériences militantes les plus intéressantes de ma vie.

      A : De mon côté, j’ai une position assez ambiguë par rapport à la grève. Rationnellement et politiquement, je suis super emballée par le processus. Je suis convaincue de la nécessité de s’y investir, et de la justesse d’organiser une grève générale à partir d’une position féministe. Mais d’un point de vue subjectif, j’arrive pas à me sentir concernée ou impliquée d’une quelconque manière. Pour plusieurs raisons, je n’arrive plus du tout à m’identifier aux discours du type “nous les femmes”, même si j’ai une compréhension du monde et des manières de me comporter profondément féministes. Du coup, je me suis tenue un peu à l’écart de tout le processus d’organisation de la grève, et j’ai juste participé aux débuts de la rédaction du manifeste, et j’ai été co-organisatrice de la journée du 10 février.

      – PEM : Pouvez-vous nous dire comment en Suisse on en est arrivé à organiser une grève féministe ? Quels ont été les éléments déclencheurs ?

      M : En Suisse, cette grève a été impulsée par des femmes syndicalistes après une énième discussion au parlement sur un projet de loi sur l’égalité salariale qui n’a abouti à rien. Je pense que c’est un aspect assez intéressant, notamment par rapport à d’autres endroits où ce genre de mobilisation a eu lieu, comme dans l’Etat espagnol, où le rôle des syndicats était beaucoup moins fort, voire un frein à l’organisation de cette mobilisation. Néanmoins, l’impulsion ne vient pas des directions syndicales mais plutôt de la base. Elles ont d’ailleurs plutôt été forcées à rejoindre le mouvement sous pression de leurs militantes. Je trouves aussi assez intéressant que ça vienne pas forcément de femmes très jeunes à la base, mais plutôt de militantes assez expérimentées, même si ça a très vite pris chez les femmes plus jeunes. Certaines étaient déjà là en 1991, lors de la première grève des femmes en Suisse d’ailleurs.

      A : Il y a une autre particularité par rapport à la Suisse. Ici, la construction de la grève s’appuie sur un réseau militant de syndicalistes féministes, de féministes organisées dans des partis de gauche radicale, et aussi de féministes autonomes, qui s’étaient toutes mobilisées contre cette loi sur l’augmentation de l’âge de la retraite - soutenue par les centrales syndicales au niveau national. Il y a donc une filiation entre cette opposition référendaire dans le champ institutionnel et l’impulsion de la grève féministe.

      – PEM : Pouvez-vous préciser quel a été le rôle des syndicats par rapport au mouvement ?

      M : Il faut bien comprendre que ce mouvement vient de la base. Il y a eu cette énorme manifestation à Berne qui a réuni 22 000 personnes en septembre 2018. Pour la petite histoire, chaque deux ans la plus grande organisation syndicale, l’USS [1], organise une manifestation nationale. Il s’agit avant tout d’une démonstration de force mais souvent avec un contenu politique très institutionnel. Donc du coup, comme chaque deux ans, l’USS a choisi un thème, et cette année-là c’était l’égalité salariale. Il n’y avait pas la volonté de parler de la grève qui se prépare aujourd’hui mais l’idée c’était simplement de mettre en avant cette revendication qui pouvait plaire à tout le monde. Le mouvement a fini par presque troller cette manifestation en créant un tronçon appelant à la grève féministe en 2019, ce qui a fait apparaître clairement nos revendications comme bien plus larges et radicales. Ça s’est fait littéralement aux nez et à la barbe des centrales syndicales qui ne voulaient parler que d’égalité salariale.

      A : Dès le début, et en raison de la manière dont le mouvement s’est structuré, il a appelé à aller plus loin qu’une grève « classique », qui reste contenue à un cadre de rapport salarié uniquement. Tout ceci ouvre des perspectives beaucoup plus larges, et ça remue le mouvement ouvrier dans son ensemble, notamment sur la question du travail reproductif, et de la grève politique (qui est d’ailleurs implicitement interdite par notre Constitution [2]).

      M : C’est vraiment important cette question de grève politique en Suisse. On a réussi à la rendre licite grâce à des mécanismes assez alambiqués, sachant que le droit de grève bien qu’inscrit dans notre constitution, est très limité.

      – PEM : Comment s’est organisé et structuré le mouvement pour la grève ? Quelles sont les formes d’organisation que vous vous êtes données et est-ce qu’elles sont présentes sur l’ensemble du territoire suisse (les différents cantons, dans les villes ou en campagne, etc.) ?

      M : En fait, le mouvement est né en Suisse romande et Suisse italienne et la Suisse allemande a rejoint le mouvement un peu plus tard. Actuellement, quasiment tous les cantons suisses et les grandes villes ont un collectif organisant la grève. Honnêtement, quand ça a commencé, ça aurait pu être ce genre d’initiatives super sympas lancées par dix meufs motivées qui aboutit à 5000 femmes dans la rue un an plus tard. Mais là, ça a pris bien plus d’ampleur ! Je pense que la manière dont le mouvement s’est construit, notamment la démocratie interne, la décentralisation, et surtout la totale liberté laissée aux collectifs - avec juste le Manifeste comme garde-fou - font que c’est un mouvement à la fois très large et radical.

      A : Oui, j’ai le souvenir d’une militante syndicale qui disait que ça avait impulsé la formation de collectifs sur plein de lieux de travail, ce qui en Suisse, est dingue ! En tous cas, je pensais pas que ça serait un truc aussi énorme, et que ça lancerait autant de personnes à s’organiser sur leur lieu de travail, de formation, etc. Au-delà même du 14 juin, ça ouvre des perspectives d’organisation beaucoup plus larges.

      M : La décentralisation du mouvement est très particulière mais aussi très adaptée à notre contexte fédéral. C’est vraiment une organisation décentralisée, qui part des collectifs locaux. C’est très difficile pour moi de parler de ce qui passe dans les cantons suisses alémaniques. Ce que je vois sur les réseaux sociaux (car le mouvement y est assez actif), c’est qu’en fait, finalement, dans des endroits où j’aurais pas pensé, il y a des choses qui se construisent.

      A : Le caractère de radicalité du mouvement est aussi lié au fait qu’il se construit au niveau national, au-delà des barrières linguistiques, mais d’une manière décentralisée comme tu l’as dit. C’est quand même très rare en Suisse. Mais l’organisation ne se fait pas uniquement selon des bases purement géographiques (ville, canton, etc.), mais aussi en fonction des lieux d’activité, sur les lieux de travail et de formation, etc.

      M : Je pense que c’est grâce aux organisatrices qui ont vraiment tout mis en place pour permettre la plus grande démocratie possible, ce qui est hallucinant et qui a représenté un travail phénoménal. S’assurer toujours qu’il existe des espaces de dialogues où les questions de contenu mais aussi de forme peuvent être entendues et discutées, ce qui a notamment permis de créer ce Manifeste avec une adhésion très large, a, d’après moi permis cette construction très large d’un mouvement.

      – PEM : Qu’est-ce qu’a apporté au mouvement la rédaction d’un manifeste ? Quels thèmes principaux en sont ressorti ?

      M : Alors, le manifeste regroupe dix-neuf revendications. Elles concernent tout : le rapport au corps, le rapport au travail, notamment l’inégalité salariale, mais la question du travail reproductif est également très développée. Je pense qu’on trouve pas le terme “anti-capitalisme” dans le texte (même si le terme capitalisme doit y apparaître), mais dans le fond, on est dans des revendications vraiment en rupture. Beaucoup de revendications tournent autour du monde du travail. Déjà parce que ce mouvement est très syndical mais aussi parce que les enjeux autour des inégalités sur les lieux de travail sont encore loin d’être résolus. Il n’y a pas de réelles protections contre les inégalités salariales, les protections contre le sexisme sur le lieu de travail sont peu ou mal mis en place, et la dévalorisation sociale et salariale des métiers typiquement féminins existe. On est quand même un pays où les personnes travaillant dans l’économie domestique ne sont même pas soumises à la loi sur le travail dont le texte est censé protéger les travailleuses et travailleurs.

      A : Oui, notamment celle de réduction du temps de travail ! Et la question des violences sexistes est aussi importante pour nous. C’est vrai qu’avec le Manifeste, on donne une vision d’unité, comme si tout le monde était d’accord sur tout, mais il y a quand même eu des grosses contradictions internes. D’ailleurs, la force du cas suisse, c’est d’avoir pu dépasser ces contradictions et de ne pas s’être scindé. C’est peut-être lié à la culture du compromis suisse [rires]. Dans tous les cas, il y a eu un travail politique phénoménal sur les sujets de dissension, pour aboutir à une orientation d’un féminisme de classe et anticapitaliste, et aussi sur la question de la pénalisation des violences de genre. À la première séance de rédaction du Manifeste en août passé, les nombreuses personnes présentes étaient réparties en groupes de travail « par thématique », où on discutait de nos revendications et leur articulation. Il se trouve que j’ai eu la bonne idée d’aller au groupe sur les violences faites aux femmes. C’était assez difficile, et il a fallu un travail important (que des camarades ont mené tout au long de l’année) pour éviter une orientation pro-punitive, et amener une vision globale sur les conséquences de ces orientations en termes de rapports sociaux de race, et plus largement de répression. Mais c’est une position qui est extrêmement ambivalente et compliquée à trouver et défendre, entre d’un côté dire que les violences de genre sont un sujet politique fondamental (et qu’on ne va pas s’en occuper « après » pour le dire vite), mais de l’autre, se demander comment on peut y répondre sans converger avec l’appareil répressif d’Etat. Il y a donc eu tout un travail : déjà, sur le moment même, et avec les relectures et amendements successifs du Manifeste. Plus largement, et dans un deuxième temps, on a organisé avec SolidaritéS [3] une journée d’étude qui a réuni des personnes actives dans les organisations qui luttent concrètement contre les violences de genre, pour essayer d’élaborer des pistes d’actions anti-punitives, mais concrètes et ancrées dans notre réalité. Il y avait beaucoup de personnes impliquées dans l’organisation de la grève, et l’idée était de revenir ensuite dans les différents collectifs et mettre ça en avant. Au final, quand on regarde le Manifeste maintenant, on remarque que ce travail collectif (qui prend différentes formes) a porté ses fruits.

      – PEM : Du coup, est-ce que vous diriez que le Manifeste, rédigé en août dernier, rend bien compte de la pluralité des composantes du mouvement tel qu’il est aujourd’hui ?

      M : Le mouvement s’est organisé en mixité choisie, sans hommes cisgenres. Pour la composante sociale, dans les collectifs que je connais, principalement en Suisse romande, on compte majoritairement des femmes* déjà militantes, peu de femmes non blanches, par contre plutôt très intergénérationnelle. Néanmoins, quelques femmes ayant un parcours migratoire ont été très actives, ce qui a permis d’amener des revendications concrètes et précises sur les questions d’asile et d’accueil. L’exemple qu’a donné Anouk, et il y en aurait d’autres, montre bien qu’en tant que minorités dans la minorité, c’est très dur de réussir à mettre en avant ses revendications s’il n’y a pas un vrai travail d’organisation en interne. On l’a notamment vu pour les questions LBTIQ, où finalement des revendications spécifiques n’ont pas été visibilisées et ce alors qu’en Suisse on serait dans un contexte assez propice à la mise en avant de revendications par exemple liées à la parentalité, aux parcours trans* ou encore d’égalité juridique. De ce que j’ai perçu, en tout cas en Romandie, il nous a été difficile de nous organiser entre nous pour faire émerger ces revendications. Par contre, le travail fait par les femmes migrantes et leurs alliées ont réussi à imposer des revendications puissantes sur cette question, autant dans le manifeste que dans l’organisation collective. Ces questions, par exemple le fait de ne pas avoir de permis de séjour ou juste un permis provisoire en tant que travailleuse – en lien avec tout le travail syndical qui est mené sur ce front depuis des années - sont bien comprises et intégrées. Par contre, on n’a pas constaté la même chose sur les questions de race. Pour être bien claire, quand on parle de femmes migrantes en Suisse, on parle de femmes qui viennent du troisième cercle (le Sud global) comme on dit, mais aussi d’Europe du Sud.

      A : C’est vrai qu’il y a eu un travail politique pour orienter ces revendications dans un sens émancipateur pour tout le monde. Donc le Manifeste n’est bien sûr pas parfait, mais c’est le fruit d’un travail politique de longue haleine, parfois éreintant, mené par un grand nombre de personnes. Au début, il y avait carrément des propositions islamophobes, ou abolitionnistes (du travail du sexe)… Le fait que ce genre de choses ne soient pas passées (même si le Manifeste n’est pas explicite sur ces questions), c’est aussi le fruit d’un travail. Ça permet de le garder ouvert à une organisation politique sur les rapports coloniaux, sur le travail du sexe, etc.

      M : Sur ces questions, on constate qu’il y avait cette peur au début, comme dans tout mouvement unitaire : « que vont faire les femmes qui ne sont pas organisées à gauche, et comment elles vont pouvoir adhérer à ce manifeste ? ». Finalement, on se rend compte que plus il y a de revendications, plus elles sont larges, plus elles sont radicales, et - c’est assez contre-intuitif - plus elles sont rassembleuses. En fait, ça a permis de créer un mouvement ultra large. La question des “femmes de droites” - doit-on les intégrer,, comment leur parler, est-ce qu’on les effraient ou pas - a souvent été posé, surtout au début dans les collectifs locaux. Je me souviens très clairement d’une femme qui disait « si les femmes de droite se reconnaissent dans le manifeste, elles viendront, et sinon tant pis ». Il faut juste imaginer que lors de l’appel de la première coordination nationale à Bienne, il devait y avoir 500 à 600 personnes, qui sont des personnes qui organisent activement cette grève.

      –PEM : Pourquoi est-il important de faire grève pour faire valoir ces raisons ?

      M : Il y a un truc que je trouve intéressant dans le droit suisse, la grève est considérée comme l’ultima ratio. Donc c’est le dernier outil que les travailleurs et travailleuses mettent en place pour obtenir leurs revendications, après que tout a échoué. Là, ça fait 38 ans qu’on a une égalité dans la constitution qui n’est pas appliquée, et tout part quand même de là ! On peut se dire que c’est très réformiste et partiel, mais littéralement, ça veut dire qu’en Suisse, il y a aucune possibilité de sanction ni de contrainte pour vraiment combattre l’égalité salariale même dans son sens le plus strict. Tu peux faire reconnaître - mais c’est très compliqué – que tu n’es pas payée la même chose que ton collègue masculin et toucher le différentiel ainsi qu’une indemnité représentant six mois de salaire et c’est la seule sanction que tu auras en tant qu’employeur. En gros, une mise en conformité plus une petite amende. De plus, ce n’est pas soumis à un contrôle régulier, sauf pour les entreprises de plus de 100 employé-e-s, ce qui représente environ 2% des employeurs en Suisse. On en est là. Donc c’est pour ça que c’est important de faire grève, c’est pour montrer qu’on en a marre du système suisse de la négociation et de la « paix du travail » et que oui, en tant que femmes ont a tout essayé mais que là ça suffit et que donc on utilise l’outil de l’ultima ratio.

      A : Pour moi, cette grève a permis de montrer, dans ce système suisse, qui est officiellement « pacifié » et qui jure que par cette fameuse « paix du travail », que la conflictualité sociale, elle existe ; que les antagonismes de classe, ils existent. La conflictualité, c’est pas nous qui l’inventons, elle est réelle. Du coup, l’analyse qu’on fait en étant marxistes et féministes, c’est de lier les raisons larges pour lesquelles on fait grève (qui ne concernent pas uniquement les inégalités dans le travail salarié), à ce mode de production particulier. Donc une fois qu’on a dit ça, notre mode d’action doit rendre compte de ça.

      M : Sur la question de la grève, ça a pas été sans tension, vraiment ! Évidemment, faire grève en Suisse en 2019, c’est aussi le rappel de la grève de 1991 [4], qui a été un des plus beaux moments de luttes en Suisse. C’est aussi le rappel de ces femmes qui se sont battues en 1971 pour obtenir le droit de vote [5]. Il y a des femmes qui ont fait grève en 1991, et nous en 2019, on lutte aussi !

      A : Il faut préciser que cette grève s’inscrit dans un renouveau de perspectives de luttes de la gauche politique et syndicale. Il faut rappeler brièvement que le système suisse permet de s’opposer à des projets du parlement (et d’en proposer) en récoltant un certain nombre de signatures. Les initiatives ou référendum sont ensuite soumises au vote de la population suisse. Je précise, car j’ai vu beaucoup de discussions sur ce système de démocratie semi-directe en France, en lien avec la revendication du RIC défendues par certain·es Gilets Jaunes. Or, un élément pour moi central est à chaque fois laissé de côté : le système suisse est fondé sur l’exclusion politique d’une partie importante (environ un cinquième) de la population et des classes populaires, à savoir la population “d’origine étrangère”. En effet, les droits politiques sont conditionnés à la possession de la nationalité suisse, qui est extrêmement difficile à obtenir. En l’espace d’un an, la gauche politique est parvenue à faire refuser un projet d’augmenter l’âge de la retraite des femmes (appelé PV2020), et une autre loi (appelée RIE3) sur la défiscalisation massive du capital des multinationales implantées en Suisse (ce qui représente un transfert massif de richesses des collectivités publiques, notamment du Sud global, vers les actionnaires de Nestlé, Glencore, etc.). J’ai l’impression que ça a vraiment créé une dynamique de gauche qui est de nouveau capable d’arracher des grandes victoires. En même temps, on a lancé tout récemment un référendum contre la soeur jumelle de la RIE3 , donc contre une loi qui prévoyait exactement les mêmes dispositifs fiscaux ; on a fait aboutir le référendum, mais on l’a perdu en votation car la réforme a été massivement approuvée. Et on a certes refusé l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, mais il y a déjà un projet au Parlement pour l’augmenter à nouveau. Cette question des initiatives et référendums constitue un grand débat au sein de nos organisations, et pour ma part, je ne crois pas qu’il faille rejeter une lutte institutionnelle par référendum en bloc, parce que comme on l’a vu, ça permet de lancer des dynamiques d’opposition substantielle. Par contre, sur la base de cette séquence politique, on voit que si on les considère comme une fin en soi, on n’a pas fini de s’opposer aux mêmes projets de loi, et on passe notre temps à récolter des signatures.

      M : Oui, au bout d’un moment, à ce jeu, ils gagnent en fait ! C’est d’ailleurs pour ça qu’il y a ce dessin qui tourne et qui montre une femme avec une batte de base-ball disant “j’ai décidé de changer de méthode”.

      – PEM : Quelles autres expériences de lutte à l’échelle globale ou dans l’histoire suisse sont importantes pour vous ?

      M : La grève générale de 1918 ! Parce que j’ai découvert cette grève il y a un an et demi au moment du centenaire, et parce que l’organisation des syndicats au niveau national, l’USS (Union syndicale suisse) qui a organisé une super journée de conférence [rires] avec des historien·nes où, littéralement, leur conclusion c’était que c’était pas si bien parce qu’au final, on n’a rien gagné. C’est les syndicats qui disent ça ! Ça m’a donné envie de creuser, j’ai découvert plein de trucs, notamment que c’était pas tant un échec que ça, et je pense que ça montre aussi à quel point en Suisse, on ne connaît pas l’histoire des luttes.

      A : Au centre des revendications de la grève générale de 1918, il y avait celle du droit de vote des femmes ! Cette revendication dont on dit souvent qu’elle apparaît beaucoup plus tard, a été portée par le mouvement ouvrier dès 1918. Face aux frappadingues pour qui la grève féministe divise la classe ouvrière – ce qui est une analyse complètement hors sol quand on voit le développement massif de collectifs sur les lieux de travail – on se rend compte que dès le début, il y a un lien organique entre les luttes féministes et le mouvement ouvrier, simplement parce que les femmes font partie du mouvement ouvrier ! Après personnellement, l’histoire des luttes des travailleurs immigrés, et notamment italiens est importante politiquement pour moi.

      M : Ce qui est terrible, c’est qu’on est hyper à la ramasse et qu’on ne connaît presque pas notre histoire, parce qu’on a vraiment un roman national très fort : en Suisse, on dit qu’on est riche parce qu’on sait faire des compromis, que les valeurs paysannes et protestantes sont celles qui assurent notre prospérité et qu’on obtient jamais rien par la force. Par exemple, sur l’obtention du droit de vote des femmes en 1971, ce que tout le monde croit, c’est que le gentil parlement a décidé d’autoriser les femmes à voter parce que c’était quand même un peu la honte d’avoir attendu si longtemps. Or j’ai appris cette année, en creusant un peu, qu’il y avait eu une énorme mobilisation populaire, notamment des femmes autour de cette question.

      – PEM : Les institutions semblent réagir de manière plutôt bienveillante voire encourager certaines initiatives qui vont se tenir à l’occasion du 14 Juin : comment expliquez-vous cette bienveillance (paternaliste ?), et comment, dans ce contexte, garantir une certaine offensivité lors de cette journée de grève ?

      M : On constate effectivement une offensive massive du Parti socialiste (gauche gouvernementale) et des directions syndicales pour essayer de récupérer et pacifier cette grève en en retirant les aspects les plus combatifs. En même temps, c’est vrai qu’en Suisse , où qu’on soit sur l’échiquier politique il devient compliqué de dire qu’on est contre l’égalité. Les solutions choisies, comme dans beaucoup d’autres endroits, c’est de dire qu’on utilise pas la bonne méthode ou que l’on a mal compris l’égalité. On l’a vu syndicalement avec la réaction des employeurs. D’abord, il y a eu une offensive pour dire que cette grève n’était pas licite. Puis, sous la pression des collectifs, les employeurs du publics - sur Genève et sur Vaud, en tout cas - ont fini par dire qu’il n’y aurait pas de sanction pour cette grève, tout en sous-entendant que ça en était pas vraiment une. Une conseillère d’état PLR [6] à Genève a même affirmé que le mot grève n’avait qu’une valeur historique, et qu’en réalité il s’agissait d’une grande fête. On passe évidemment notre temps à rappeler que nous avons des revendications de ruptures et que oui c’est bien une grève. Le problème c’est qu’on n’est pas toujours entendu, face au discours dominant, notamment des médias. C’est ce qui permet à des meufs de l’exécutif ou de droite de participer aux mobilisations, qu’elles essaient de vider de leur sens...

      A : Oui, mais en même temps, elles vont marcher derrière des syndicalistes et des féministes qui revendiquent la réduction générale du temps de travail, et qui refusent catégoriquement l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes ! D’une certaine manière, c’est bon signe, ça veut dire que les collectifs ont réussi à imposer un rapport de force qui fait que les autorités se sentent obligées d’y participer. Surtout, les dynamiques d’organisation que cette grève a impulsées sur les lieux de travail, de vie et de formation, c’est pas quelque chose qui est “récupérable”. Pour moi c’est ça le plus important : le 14 juin n’est pas une fin en soi, c’est un but qui permet à des collectifs d’essaimer un peu partout, et de développer ou renforcer notre organisation collective.

      M : Ce qui est complètement dingue avec cette grève, c’est que malgré la radicalité du Manifeste (et même grâce à cette radicalité), des dizaines de milliers de femmes vont se mobiliser ce 14 juin. Ça permet de contrer cette idée très répandue, selon laquelle il faudrait pas être trop radicale, ou faire trop de bruit, pour pouvoir mobiliser largement. Or ce qu’on a constaté c’est qu’en permettant aux femmes de s’exprimer et en ancrant les revendications dans une réalité, ça marche, et c’est énorme !❞


      http://www.platenqmil.com/blog/2019/06/13/vers-la-greve-feministe-en-suisse

    • Un « ras-le-bol général » : vendredi, c’est la grève des femmes en Suisse

      Vingt-huit ans après une première mobilisation nationale, syndicats et collectifs féministes appellent à la mobilisation pour mettre fin aux inégalités femmes/hommes.

      Le reste du monde a le 8 mars. La Suisse a son 14 juin. Vendredi 14 juin 2019, collectifs féministes et syndicats organisent une « grève des femmes », pour l’égalité avec les hommes, 28 ans après la première du nom, en 1991.

      Une grève que les organisateurs espèrent nationale et globale. « Il ne s’agit pas seulement d’une grève du travail rémunéré, explique au Parisien Anne Fritz, coordinatrice de la mobilisation à l’Union syndicale suisse, à l’origine de la mobilisation. Il y aura aussi une grève du ménage, du prendre soin, de la consommation… » De toutes ses tâches, encore majoritairement effectuée au quotidien par des femmes, peu reconnues et non rémunérées.
      Une date symbolique

      Un mot d’ordre, l’égalité, et plusieurs déclinaisons : égalité des salaires, fin des violences sexistes, fin de la précarité des femmes… Plusieurs manifestations seront organisées ce jour-là, dans tout le pays. « Le plus important, c’est que chaque femme puisse participer à son niveau, là où elle est », poursuit Anne Fritz.

      La date du 14 juin est hautement symbolique en Suisse. En 1981, était introduit dans la Constitution un article concernant l’égalité entre les femmes et les hommes. Dix ans plus tard, près de 500 000 personnes - pour un pays de 3,46 millions d’habitants - se mobilisaient pour dénoncer les inégalités toujours persistantes.

      Près de trois décennies plus tard, les femmes continuent de toucher 20 % de moins que les hommes, il n’existe pas de congé paternité et les places en crèche sont rares et chères, freinant la participation des femmes à la vie active.

      L’année dernière, une loi sur l’égalité salariale a été votée dans le pays. Mais la version adoptée en définitive était nettement édulcorée, par rapport au texte initial. La dernière version ne prévoit pas, par exemple, de sanction pour les entreprises discriminantes.
      Le patronat suisse grince des dents

      Un sentiment de trop peu, qui fait germer l’idée d’une nouvelle grève, à l’image de celle de 1991, dans les milieux féministes, et au sein de l’Union syndicale suisse. Le mouvement #MeToo, ainsi que diverses mobilisations internationales, pour défendre l’avortement ou critiquer certains dirigeants comme le président américain Donald Trump ou Jair Bolsonaro, le président brésilien, sont aussi passés par là.

      Pour Anne Fritz, c’est un « ras-le-bol général des femmes » qui a permis de concrétiser cette grève anniversaire. Elle est née en cette année symbolique de 1991. Aujourd’hui, elle estime que les femmes ne sont « pas entendues en manifestation. C’est la raison pour laquelle il faut faire grève ».

      Plusieurs entreprises et administrations ont affiché leur soutien à cette grève des femmes. À Genève par exemple, la ville fermera des crèches. Mais l’Union patronale essaie de contrer le mouvement. Le syndicat le considère comme « illicite », car ne visant « pas uniquement les conditions de travail », selon les propos Marco Taddei, un de ses représentants, à l’AFP.

      Difficile de prévoir l’ampleur du mouvement de vendredi, la grève ne faisant pas partie de la culture suisse. Depuis l’instauration en 1937 de la « paix du travail », une convention signée entre patronats et syndicats, la négociation est souvent préférée à la grève. Anne Fritz espère « énormément » de personnes. Ou au moins autant qu’en 1991.

      http://m.leparisien.fr/societe/un-ras-le-bol-general-vendredi-c-est-la-greve-des-femmes-en-suisse-13-0

    • Les guettes ont appelé Lausanne à une nuit mauve

      Du haut de la cathédrale, quatre femmes ont lancé la mobilisation du 14 juin. Un cri inédit, relayé une bonne partie de la nuit avant la grande journée de vendredi.

      l faut « garder le dos bien droit, mettre les mains en porte-voix et s’adresser à Lausanne ». Un rapide conseil, glissé par Renato Häusler, guet de la cathédrale de Lausanne, à celles qui s’apprêtent à prendre sa place. Pour la première fois depuis 614 ans, la voix d’une femme va donner l’heure à la ville. A 23 heures, ce jeudi 13 juin en guise d’échauffement, puis à minuit, 1 heure et 2 heures, avec en prime un appel à la grève des femmes, à la grève féministe.

      C’est ainsi qu’à minuit, Nadia Lamamra, représentante du collectif vaudois pour la grève, Nicole Christe, cheffe du Service de l’architecture de la Ville de Lausanne, Joëlle Moret, déléguée à l’égalité et la chanteuse Billie Bird crient de concert « C’est la grève, c’est la grève ! ». Et après un bref silence, les acclamations montent de l’esplanade où plusieurs centaines de personnes affluent depuis 22 heures. « Il y a enfin un peu de reconnaissance, même dans les professions très atypiques les bastions masculins finissent par tomber », apprécient les guettes en chœur. La grève nationale du 14 juin est lancée à Lausanne, la cathédrale peut s’enflammer et briller en mauve dans la nuit.

      « C’était un moment fou, j’en ai eu des frissons. Il y avait un grand silence, on entendait juste les tambours, il y avait quelque chose de mystique et, tout à coup, tout le monde a hurlé. J’ai failli pleurer », raconte Anne-Julie.

      Au pied de la cathédrale, en continu, il y a les banderoles et les pancartes, les danses et les accolades, les chants et les slogans comme autant de cris du cœur. Entres autres : « Fortes, fières et pas prêtes de se taire » ou « Patriarcat t’es foutu, les femmes sont dans la rue ». « Ça me rend euphorique cet engouement, j’espère que ce sera le début d’un vrai mouvement. Il faut que les gens comprennent ce que l’on vit, commente Charlotte. Je pense aussi à celles qui ont de grandes difficultés, les travailleuses pauvres, les mères isolées ou celles qui ne peuvent pas être là parce qu’elles sont empêchées par quelque chose ou quelqu’un. »

      Puis comme la cathédrale, la place de la Riponne s’embrase. Autour d’un feu de camp, la foule donne de la voix tandis que quelques objets volent au milieu des flammes. Du carton, un tee-shirt ou un soutien-gorge, avalés par les flammes sous les applaudissements. « Symboliquement c’est déjà très fort ce que l’on voit ce soir, observe Yesmine. J’ai vécu près de la cathédrale et tous les jours j’ai entendu un homme crier. Alors aujourd’hui c’est beaucoup d’émotions, quelque chose se concrétise. »


      Beaucoup d’émotions et pas mal d’actions, au moment de se disperser dans la ville aux alentours d’1h30. Un peu partout, l’eau des fontaines devient violette, comme la cheminée de Pierre-de-Plan. Les stickers militants fleurissent sur les murs et 56 rues sont même rebaptisées. C’est l’oeuvre du collectif ruElles, parti arpenter la ville toute la nuit avec de la colle et de faux panneaux en papier. « Une soixantaine de rues lausannoises portent le nom de personnes illustres ayant marqué l’histoire suisse. Trois d’entre elles seulement sont des femmes, explique les membres. Ce soir, les femmes sortent de l’ombre de l’Histoire et vont dans les rues. » Elles feront de même ce vendredi 14 juin, dès 8 heures et pour toute la journée.

      https://www.24heures.ch/vaud-regions/guettes-appele-lausanne-nuit-mauve/story/13485264

    • Toutes les femmes du Courrier…

      … se joignent aux revendications de la grève féministe / grève des femmes*. Toutes, nous croiserons les bras en ce vendredi 14 juin, vingt-huit ans après la journée historique qui avait vu 500 000 femmes s’unir à travers toute la Suisse pour exiger, enfin, l’égalité dans les faits.

      Car nous observons chaque jour l’ampleur du fossé qui nous sépare de l’égalité. Aujourd’hui comme hier, nous exigeons une meilleure reconnaissance de toutes les tâches que nous exécutons au quotidien ainsi que le respect de notre personne et de notre individualité. Par notre refus de travailler ou d’exécuter des travaux domestiques durant vingt-quatre heures, nous posons nos limites. 91-19… Et cette impression de tourner en rond.

      C’est ce que ressentent aussi les femmes du Courrier, qui se sont réunies pour énoncer leurs doléances. Notre cahier de revendications en cinq axes complète celles du manifeste de la grève et, surtout, rejoint l’expérience d’innombrables femmes, par-delà la branche économique du journalisme. Les problèmes soulevés touchent des facettes très différentes de nos vies et, pourtant, s’imbriquent pour former un continuum sexiste.

      Nous demandons la valorisation du travail des femmes. Comme tant de pairs, nous portons une immense partie de la charge émotionnelle au travail. Est attendu de nous que nous soyons patientes, à l’écoute, gestionnaires du quotidien. Quand on se tournera vers les hommes pour ce qui relève de compétences jugées plus techniques et mesurables. Invisibilisé, notre travail est pourtant essentiel à la bonne marche de toute entreprise.

      Nous attendons que notre parole soit écoutée, notre légitimité reconnue comme celle de nos collègues masculins.

      Nous voulons concilier vie privée et professionnelle sans nous épuiser dans de doubles journées, que nous soyons mères ou proches-aidantes. Cela passe par le respect de notre temps de repos, des congés (parentaux notamment) suffisants et la possibilité d’aménager notre temps de travail selon nos besoins. Il n’existe pas de recette magique applicable à toutes. Et nous méritons d’être considérées au-delà des stéréotypes de genre.

      Nous exigeons la parité à tous les niveaux de l’entreprise, de la base aux instances dirigeantes.

      Enfin, la lutte contre le sexisme doit s’appliquer à chacune de nos pages. Elle passe par la généralisation du langage épicène, des images non stéréotypées, des formulations s’abstenant de ramener les femmes à leur seul statut de mère, de fille ou d’épouse, sans cliché machiste.

      Le chantier ne fait que commencer. Et nous aurons toutes et tous à gagner de ce monde plus égalitaire. Solidaires, les hommes du Courrier nous soutiennent d’ailleurs dans notre lutte. Nous leur confions, l’espace d’une journée, la tâche de confectionner un journal spécial dédié à la grève, qui paraîtra samedi. Cette édition ancrera la date du 14 juin 2019 dans les mémoires. Pour qu’elle ne devienne pas une date anniversaire, mais une date charnière, le marqueur d’un changement de société dans toute sa profondeur.

      https://lecourrier.ch/2019/06/13/toutes-les-femmes-du-courrier

    • Swiss women strike for more money, time and respect

      Women across Switzerland are preparing for a nationwide strike in protest against what they say is the country’s unacceptably slow pace to equality.

      Friday’s protest comes 28 years after similar action saw half a million women take to the streets in 1991.

      Swiss women have long campaigned to accelerate the pace of gender equality.

      They joined millions of other women in Europe after World War One ended in 1918 in demanding the right to vote - but did not get it until 1971.

      At the time of the 1991 strike there were no women in the Swiss government, and there was no statutory maternity leave.

      Appenzell, the last Swiss canton to refuse women the right to vote, had just been ordered to change its policy by Switzerland’s Supreme Court.


      https://www.bbc.com/news/world-europe-48615911

    • Les journaux romands se mettent au violet

      Que ce soit sur un mode humoristique, ironique ou sérieux, la presse romande relate largement la grève des femmes vendredi.

      Les quotidiens romands parlent abondamment de la grève des femmes dans leurs éditions de vendredi. La plupart se sont parés de violet, la couleur du mouvement.

      « Suissesses en colère », écrit « 24 heures » en une. Le quotidien vaudois illustre sa première page avec le dessin d’une femme en violet sur fond jaune, poing dressé en l’air. Plus sobre, la « Tribune de Genève » titre « Une journée de grève pour exiger l’égalité » avec la photo de manifestantes vêtues en violet.

      « 20 Minutes » titre « Hall of femmes » en référence à l’expression anglophone « Hall of fame », temple de la renommée en français. Du côté de Neuchâtel, « Arcinfo » propose la photo d’une foule de femmes en première page avec le titre « Respect ».

      Le « Journal du Jura » opte lui pour un dessin de presse humoristique, montrant une mère en train d’accoucher à 15h24, heure symbolique à laquelle les femmes ne sont plus payées par rapport aux hommes. « L’étoffe des héroïnes » lance quant à lui le « Quotidien jurassien ».

      Un dessin orne également la une de « La Liberté », celui d’une femme en gants de boxe. « Pour que la lutte porte ses fruits », titre le journal fribourgeois. « Grève féministe Jour G », renchérit Le Courrier, qui a abandonné sa traditionnelle couleur rouge pour le violet.

      « Le Temps » montre un dessin où plusieurs hommes sont représentés, mais aucune femme. « Un genre vous manque, et tout un journal est dépeuplé », titre le quotidien. Son édition de vendredi est parsemée de cases blanches, là où une journaliste devait écrire un article.

      https://www.tdg.ch/suisse/suisse-romandejournaux-romands-mettent-violet/story/25605124

    • En Suisse, les femmes appelées à la grève pour dénoncer les inégalités

      Les organisateurs souhaitent mettre en lumière les différences salariales, mais aussi insister sur la reconnaissance du travail domestique et dénoncer les violences contre les femmes.


      https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/14/en-suisse-les-femmes-appelees-a-la-greve-pour-denoncer-les-inegalites_547605

    • Why Swiss women are back on strike today

      On June 14, 1991, half a million women in Switzerland joined the first women’s strike. Now, nearly 30 years later, they’re mobilising again.

      Many people in Switzerland were taken by surprise on that spring day in 1991. The idea came from a small group of women watchmakers in the Vaud and Jura regions. Organised by trade unionist Christiane Brunner, it became one of the biggest political demonstrations in Swiss history.

      About 500,000 women throughout the country joined in the women’s strike through various types of actions. They called for equal pay for equal work, equality under social insurance law, and for the end of discrimination and sexual harassment.
      Why 1991?

      The choice of date was not arbitrary: on June 14 a decade prior, Swiss voters had approved a new article in the constitution on equality of the sexesexternal link. But the principle laid down in the constitution had not been translated into concrete legislation. The gap between men’s and women’s pay was still glaring.

      The 1991 strike was also intended to mark the 20th anniversary of women getting the vote at the federal level, a goal achieved very late in Switzerland compared to all other countries in Europe and most of the world.
      Why a strike?

      The idea of presenting the mobilisation of 1991 as a strike at first struggled to find acceptance. “At the outset, the Swiss trade union congress was not enthusiastic,” recalls historian Elisabeth Joris, who specialises in women’s and gender history in Switzerland. “The word was going round: ‘This is a day of action, not a strike’, because the very notion of a strike was linked to paid work, while women worked in very varied settings and often not for a paycheque.”

      On the other hand, talking in terms of a strike took on a highly political significance. “Every social movement takes place in a historical context, it is linked to other events,” notes Joris. Declaring a nationwide political strike meant appealing to the precedent of the other great nationwide political strike in Swiss history: the general strike of 1918, which included women’s suffrage among its demands, and in which women played an important role.

      “Women were borrowing a tradition from the workers’ movement, but gave it a wider meaning, transforming and adapting it to the needs of the feminist movement,” explains Joris. The idea of a women’s strike was not new, either. In 1975 there was such a strike in Iceland, to mark International Women’s Year. Even the choice of March 8 as International Women’s Day commemorates the strike by New York garment workers in 1909 and 1910.

      A different kind of strike

      The 1991 strike movement had many obstacles to overcome. In the economic and political world, there was much opposition. At the time, Senate President Max Affolter urged women not to get involved in it and risk “forfeiting men’s goodwill towards their aspirations”.

      On the other hand, the varied working environment of women, often outside the realm of paid work, did not lend itself to traditional forms of mobilisation. “The 1991 women’s strike involved a wide range of actions,” points out Elisabeth Joris. “This was able to happen because the strike was organised on a decentralised basis, unlike traditional strikes.”
      Snowballs for politicians

      Even if its historical significance was not recognised at the outset, the 1991 strike had a decisive impact on progress regarding equality of the sexes and the struggle against discrimination in Switzerland. The newfound strength of the women’s movement showed itself in 1993, when the right-wing majority in parliament declined to elect the Social Democratic Party candidate Christiane Brunner to a seat in the Federal Council, preferring a man.

      “The majority in parliament thought it could do the same thing it had done ten years before with Lilian Uchtenhagen [another Social Democrat who failed to win the election]”, notes Joris. “But Christiane Brunner was the women’s strike. The reaction was immediate. A few hours later, the square in front of parliament was full of demonstrators. Some parliamentarians found themselves pelted with snowballs.”

      Francis Matthey, the candidate elected to the Swiss executive branch, came under such pressure from his own party as well as demonstrators that he felt obliged to resign. A week later Ruth Dreifuss was elected in his place. “Since that time, the idea of there being no women in cabinet is just not acceptable.”

      In 1996, legislation was brought in to ensure the equality of the sexes, which had been one of the demands of the strike. In 2002, Swiss voters approved legislation legalising abortion. In 2004, the article in the constitution on maternity leave, which had been in the constitution since 1945, was finally implemented in a piece of enabling legislation.
      ‘A new generation that favours feminism’

      And yet, in spite of the victories of the women’s movement, equality remains a burning issue. Pay gaps between women and men remain considerable. The #metoo movement has brought to the fore – like never before – the issue of sexual harassment and discrimination based on a person’s gender or sexual orientation.

      “Already around the 20th anniversary there was talk of another women’s strike, but the idea didn’t take hold,” notes Elisabeth Joris. “To succeed, a movement needs an emotional energy to it. This energy has now accumulated. There is a huge generation of young women in their 20s and 30s that favours feminism.”

      “In 2019, we are still looking for equality, and realise that there has to be a lot more than this – the culture of sexism is part of everyday life in Switzerland, it’s invisible, and we are so used to getting along that we hardly notice it is there,” says Clara Almeida Lozar, 20, who belongs to the collective organising the women’s strike at the Swiss Federal Institute of Technology Lausanne.

      https://www.swissinfo.ch/eng/feminism_why-swiss-women-are-back-on-strike-today/45025458

  • Faut pas retenir le titre.
    Si malgré ce qui s’est échangé, cette partie du texte de loi passe, c’est du déni de démocratie (mais ca ne serait pas une première).

    Ca fait des années que je trainouille dans le lobby du vélo (on dit association pour le droit au vélo), et ca m’irrite de voir apparaitre tous ces chiffres et ces arguments que je connais déjà.
    C’est comme si la décision finale, je la connaissais, et que je voyais des néophytes repasser par les même argumentaires et les même débats.

    Si vous ne connaissez pas déjà les 15 grandes idées qu’il faut retenir sur le vélo, lisez ce résumé (et c’est du Twitter recomposé par LeMonde).

    Pour ou contre le port obligatoire du casque à vélo ? Le débat résumé en une conversation SMS
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/05/16/pour-ou-contre-le-port-obligatoire-du-casque-a-velo-le-debat-resume-en-une-c

    #vélo

  • Indonesia: Polish Tourist Sentenced to 5 Years for Treason | News | teleSUR English
    https://www.telesurenglish.net/news/Indonesia-Polish-Tourist-Sentenced-to-5-Years-for-Treason-20190503-0

    Published 3 May 2019 Authorities accused Skrzypski of collaborating with members of the West Papua National Committee (KNPB), a separatist organization which advocates for a non-violent approach to gain independence.

    Polish tourist Jakub Skrzypski maintains his innocence as the first foreigner in Indonesia to be found guilty of treason and receive a sentence of five years in prison.

    Skrzypski was arrested in Papua, which is located on the far east of Indonesia, in August of last year. The 39-year-old plans to appeal the sentence, saying he was a victim of a politically motivated “show trial. I didn’t have the opportunity to speak in my defense or to present any favorable evidence. I reject the trial as well as the verdict,” he told reporters.

    Authorities accused Skrzypski of collaborating with members of the West Papua National Committee (KNPB), a separatist organization which advocates for a non-violent approach to gain independence. According to his lawyer, Latifah Anum Siregar, “he was a tourist and he was just visiting friends that he met over the internet and other people who he had been recommended to meet who turned out to be activists.”

    Along with Skrzypski, student Simon Magal, the nephew of a prominent West Papua activist Yosepha Alomang was also held. Magal had been jailed previously for a campaign against the Freeport McMoran goldmine in the province.

    While the organization is not outlawed in the country, public demonstrations in support of the movement are. It is also illegal to fly the Papua independence flag.

    Siregar pointed out at the trial that the grounds for accusing her client of treason are unfounded because the KNPB was not registered or classified as banned. The KNBP is one of four separatist campaigns in the region.

    Indonesian authorities also claim that Skrzypski attempted to arrange an arms deal for the group, but this accusation was not mentioned at the trial. According to Papua police spokesperson Suryadi Diaz, “he (Skrzypski) has been involved in buying ammunition for them.”

    Skrzypski denies all accusations, saying that he does not “even know [the conflict in Papua] very well” and reiterated that the “trip wasn’t a clandestine one. I was visiting friends.”

    The Indonesian military and police are documented as being suspicious of foreigners who communicate with Papuans. “The Skrzypski-Magal case is another example that the Indonesian government keeps blocking media access and deters independent reporting about Papua,” Indonesia’s representative for Human Rights Watch, Andreas Harsono, stated.

    Despite the country promising to allow access to the media, the territory has remained restricted to international journalists.

    #Indonésie #Pologne #tourisme #espionnage #trahison

    • « Mon silence blesse ma conscience. Nous avons plus de 23 sœurs qui, en un an, ont été renvoyées de la congrégation car elles ont été abusées sexuellement, il y a eu un abus d’autorité. » Le 24 juillet, sur le plateau de la TVN, la chaîne de télévision nationale du Chili, sœur Yolanda Tondreaux et cinq religieuses de la congrégation du Bon samaritain ont dénoncé la série d’abus sexuels commis par les prêtres qui rendaient visite à leur communauté de Molina, rattachée au diocèse chilien de Talca.

      De l’autre côté de l’Atlantique, c’est une autre religieuse qui brise le silence, vingt ans après son agression. Dans un article d’Associated Press publié le 28 juillet, une sœur italienne raconte l’abus sexuel dont elle a été victime alors qu’elle se confessait auprès d’un prêtre à Bologne. « Cela a ouvert une blessure en moi, raconte-t-elle. J’ai fait comme si rien ne s’était produit. » Le 29 juin, en Inde, une sœur indienne a porté plainte pour viol et plusieurs agressions sexuelles contre un évêque du diocèse de Jalhandar qui, pour sa part, nie les faits.
      Depuis quelques mois, des cas d’abus commis par des membres du clergé sur des religieuses émergent de tous les continents. La libération de la parole due au mouvement #MeToo, né dans le sillage de l’affaire Weinstein en octobre 2017, se répandrait dans les ordres. Ces religieuses témoignent aussi de l’inaction et du silence de l’Église face à des pratiques qui seraient connues depuis une vingtaine d’années.

      À la fin des années 1990, des rapports avaient été présentés au Vatican. Parmi eux, celui de la sœur Maura O’Donohue, médecin et coordinatrice pour le sida au sein du Fonds catholique de développement outre-mer de la Caritas. Elle avait réalisé un sondage auprès de religieuses dans 23 pays en 1994. Elle y dénonçait, au milieu d’autres situations tragiques, les viols commis par des prêtres sur des religieuses, considérées comme des partenaires « sûres », dans les pays gravement atteints par l’épidémie de sida. Ces enquêtes devaient rester privées, mais le journal américain National Catholic Reporter les avait mises en ligne en 2001.

      #viol #catholicisme

      ____

      La révolte des nonnes au Kerala
      https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2018/09/21/la-revolte-des-nonnes-au-kerala_5358317_4497186.html

      Les religieuses de la Congrégation des missionnaires de Jésus-Christ dénoncent l’inertie de l’Eglise et des autorités face aux accusations de viols d’une congréganiste par un évêque.

      Samedi 8 septembre, cinq religieuses vêtues de robes marron et coiffées d’un voile se sont installées sur une place de Kochi (Inde), dans l’Etat du Kerala, avec des pancartes sur les genoux et un micro.

      Jusqu’alors, personne n’avait voulu les entendre. Ni les responsables politiques, ni les médias, ni les autorités ecclésiastiques indiennes, et encore moins le Vatican. Alors depuis deux semaines, les cinq nonnes de la Congrégation des missionnaires de Jésus-Christ se relaient pour dénoncer l’inertie de l’Eglise et des autorités indiennes après les accusations de viol d’une congréganiste à l’encontre d’un évêque.
      « Nous nous battrons à l’intérieur de l’Eglise et de la congrégation. Nos supérieurs ont coupé tous les liens avec nous dès le moment où nous les avons questionnés. Mais nous continuerons à nous battre. » sœur Anupama

      Une religieuse de 44 ans accuse l’évêque Franco Mullackal de treize agressions sexuelles, entre 2014 et 2016. Après avoir alerté sa hiérarchie à plusieurs reprises, en vain, elle a finalement décidé de porter plainte, fin juin. La police a attendu près d’un mois et demi avant d’interroger le prélat qui est à la tête de la congrégation, basée à Jalandhar, dans l’Etat du Pendjab. Un délai inhabituellement long.
      Un geste de colère inouï en Inde

      L’évêque a finalement donné, le 16 septembre, sa démission temporaire au pape François pour se consacrer à sa défense, après avoir rejeté les accusations. Il a été arrêté et inculpé pour « viol », vendredi 22 septembre.

      La congrégation, de son côté, accuse la religieuse d’avoir « enfreint la discipline » de sa communauté et d’« avoir eu une liaison avec un chauffeur de taxi ».
      Monseigneur Franco Mullackal (en blanc), évêque de Jalandhar, est escorté par la police, près de Kochi, dans l’Etat du Kérala, le 21 septembre.

      Ce scandale éclate quelques semaines seulement après la publication, en août, d’une lettre du pape François dans laquelle ce dernier exprime « la honte et la repentance » de l’Eglise concernant les abus sexuels commis par des membres du clergé, et la passivité des responsables qui les ont couverts.

      Lire aussi : Violences sexuelles : le pape François condamne, les victimes demandent des actes

      « Nous nous battrons à l’intérieur de l’Eglise et de la congrégation, a déclaré la sœur Anupama, l’une des cinq religieuses à l’initiative du sit-in. Nos supérieurs ont coupé tous les liens avec nous dès le moment où nous les avons questionnés. Même les prêtres ont cessé de venir au couvent pour célébrer la messe. Mais nous continuerons à nous battre. »

      Ce geste de colère est inouï dans un pays où les nonnes n’ont pas l’habitude d’organiser des protestations, encore moins de dénoncer les agressions sexuelles. L’audace des cinq religieuses a pris de court le pays tout entier et, au fil des jours, le mouvement de soutien s’est amplifié. Des poètes, des acteurs de cinéma, des associations de résidents, des syndicats étudiants, de toutes les confessions, les ont rejointes sur le square de Kochi. « C’est le combat d’une religieuse sans argent ni pouvoir ni influence contre la puissante Eglise », explique Shyju Antony, l’un des leaders du mouvement.
      Le silence des responsables politiques

      Seuls absents : les responsables politiques de tous bords. Sauf un, P. C. George, député régional indépendant, qui a qualifié la religieuse de « prostituée ». « Douze fois, elle y a pris plaisir, et la treizième fois c’est un viol ? Pourquoi n’a-t-elle pas porté plainte la première fois ? », a-t-il déclaré à la presse locale.

      Dans un Etat où les chrétiens forment près de 19 % de la population, les partis hésitent à critiquer l’Eglise, y compris les communistes au pouvoir dans l’Etat du Kerala : « Même eux sont sous l’influence de l’Eglise », maugrée Shyju Antony.

      Des catholiques se sont pourtant mobilisés. Le père Augustine Vattoli, de l’Eglise catholique syro-malabare, a fondé le mouvement Save Our Sisters (SOS, Sauvez nos sœurs) pour venir en aide à la victime présumée de viols. « Bien sûr que ce scandale entache la réputation de l’Eglise, mais nous espérons qu’il va réveiller les consciences, explique-t-il. Le silence de l’Eglise est insupportable. »

      Sur le site d’informations India Currents, le prêtre capucin Suresh Mathew a également dénoncé en août les conditions de vie des religieuses. « En Inde, les nonnes de nombreuses congrégations ne sont pas autorisées à utiliser leur téléphone portable ou à envoyer des e-mails pour être en contact avec leurs proches », écrit-il, ajoutant qu’elles doivent « utiliser des vêtements pendant leurs règles car les serviettes hygiéniques sont interdites. »

      Par crainte que la révolte des sœurs ne se propage, plusieurs congrégations, dont celle de la mère du Carmel, ont demandé à leurs nonnes de ne surtout pas prendre part au débat, y compris sur Whatsapp ou sur les réseaux sociaux.

  • Alger sera doté de 5.000 nouvelles caméras de surveillance
    http://www.aps.dz/regions/72778-alger-sera-dote-de-5-000-nouvelles-cameras-de-surveillance

    La wilaya d’Alger sera dotée dans les prochaines années de 5000 nouvelles caméras de surveillance, permettant de couvrir davantage de points à travers les banlieues, les nouvelles agglomérations et les autoroutes, afin d’assurer la sécurité des citoyens et des biens, a affirmé mardi le responsable de la salle des opérations de la Sûreté d’Alger, le Commissaire principal Hachemi Cherif. En marge d’une visite pédagogique effectuée par les élèves du lycée sportif de Draria au Centre de commandement et de (...)

    #CCTV #vidéo-surveillance #surveillance

  • Je dois faire signer
    Des demandes d’autorisation
    À mes personnages de roman

    Le fils Obama est assassiné
    Un crime raciste
    Black lives matter

    Je présente mes condoléances
    Aux Obama venus incognito
    Je suis poursuivi par les services secrets

    Je trouve refuge chez une ancienne amante
    Qui voudrait remettre le couvert
    Les services secrets m’ont piqué mes préservatifs

    Un soleil autoritaire
    A commandé des bourrasques de mistral
    Pour assoir son règne

    Les réponses de mes enfants
    Sont assez divertissantes
    Surtout celle de Zoé, tendres aussi

    L’année 2018
    Sera l’année
    De Raffut

    Mais aussi Frôlé par un V1
    Mon Oiseau bleu
    Les Anguilles les mains mouillées

    Allez
    Du
    Nerf !

    Daniel connait un démarrage lent
    Je vais faire un tour à pied
    La lumière me démange, je photographie

    Nous partons visiter le domaine de Peyrassol
    J’ai mauvais esprit : l’argent ne peut pas tout acheter
    Les œuvres sont souvent faibles, même Long

    Même Richard Long
    Même Bertrand Lavier
    Surtout Robert Morris

    Reste un très beau Tapiès
    Un beau Lee Ufan
    Et une belle œuvre de Venet

    Compliments au paysagiste
    De cette affaire : belle promenade
    Dommage pour les œuvres, faibles

    On choppe un déjeuner
    Sur le pouce en voiture
    Et on va se perdre dans les Maures

    Roches grenat
    Pins parasol
    Paysage africain

    Marche sans but
    Chemin qui ne mène nulle part
    Lumière de fin de jour, début d’année

    On rentre saouls
    D’air
    Presque

    Dîner, tarte salée à la moutarde
    Parmesan exceptionnel
    Brioche de Noël italienne

    Je reçois un message d’elle
    J’aimerais bien ne plus être
    Désarçonné quand j’en reçois

    Quelques pages, une vingtaine
    De Churchill, Manitoba
    D’Anthony Poiraudeau

    Je pose le livre en cavalier
    Je me dis
    J’aimerais écrire comme ça

    #mon_oiseau_bleu

  • Je monte au plomb
    Une revue d’astrologie
    Désordre dans les caractères

    Désordre dans les caractères
    Les signes se mélangent
    Grand désordre dans les astres

    Le désordre dans le salon
    Après la répétition d’hier soir
    Je pousse le vidéo proj pour boire le café

    Un peu de musique
    Et c’est parti
    Je travaille tous azimuts

    Je tente de prendre contact
    Avec les personnes célèbres croisées
    Dans Frôlé par un V1

    Dans ma boîte de réception
    Je reçois des mails
    De musiciens, de quoi faire de beaux trios

    Jean-Luc Guionnet
    Sarah Murcia
    Régïs Boulard

    Chouette échange par mail
    Avec Régïs
    Découverte d’un ami commun

    Mail de B.
    Allons massacrer
    Quelques innocents !

    Ancien sillon
    Ruban Nord
    De la A86

    Sur la pelouse devant le château
    Une famille de quatre personnes
    Se fait prendre en photo

    Et je ris qu’ils ne sont que quatre
    Je pense au gang de mes cousins
    Sur la même pelouse, années 80

    Exposition du massacre des innocents
    De Poussin, le tableau point de départ
    Qui ne trouve pas grâce à nos yeux

    En revanche sa gravure préparatoire
    Toute petite mais grand moment
    De même un tableau plus petit

    Etonnante répétition de ces scènes
    De massacres, ici une tête coupée
    Là une main, des cadavres et tant de beauté !

    L’exposition passe sans souplesse
    Du XVIIIème pompeux, un peu
    Au XXème à Berlin

    Ernest Pignon-Ernest
    Se regarde peindre
    Tellement plus beau in situ

    Picasso convoqué
    Parce que Picasso
    Mais pas vraiment innocents

    Un tout petit tableau de Francis Bacon
    Et c’était presque sur la foi de ce seul nom
    Que nous étions venus : beau malgré tout

    Jérôme Zonder
    Tente un exercice difficile
    Collage pas entièrement réussi

    La partie des jardins anglais
    Du château tellement chaleureuse
    Des arbres en liberté, et quelle !

    Marchant dans les lumières d’automne
    Nous échangeons avec B.
    À propos de la Catalogne

    À peine rentrés nous nous jetons
    Sur le programme de l’Utopia
    Et partons en courant, juste à temps

    Logan Lucky de Steven Soderbergh
    Devrait être remboursé par le CPAM
    Thérapie par le rire tellement efficace

    Les soles de B.
    Gratin de potiron
    Poire

    Belle discussion
    Difficile de s’en aller
    Envie de rester

    Circulation
    Nocturne
    Fluide

    Je rentre à la maison
    Et vais me coucher
    Sans allumer une seule lampe

    Massacres d’innocents
    Logan Lucky
    Soles farinées

    #mon_oiseau_bleu

  • Enseignement public, 10 millions virés au privé
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/12/07122017Article636482283536652671.aspx

    Un décret publié au J.O. du 7 décembre prélève 20 millions sur les crédits du second degré pour les répartir entre enseignement scolaire et supérieur. Si 5 millions passent d’une caisse à l’autre de l’éducation nationale et 5 millions de l’éducation nationale vers l’enseignement supérieur, 10 millions sont prélevés sur les crédits de l’enseignement secondaire public et versés à l’enseignement privé.

    Décret n° 2017-1661 du 6 décembre 2017 portant virement de crédits
    https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000036156310&dateTexte=&categorieLie
    NOR : CPAB1734056D
    ELI : https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2017/12/6/CPAB1734056D/jo/texte
    Alias : https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2017/12/6/2017-1661/jo/texte

    Le Premier ministre,
    Sur le rapport du ministre de l’action et des comptes publics,
    Vu l’article 12-I de la loi n° 2001-692 du 1er août 2001 portant loi organique relative aux lois de finances ;
    Vu la loi de finances et les textes portant ouverture et annulation de crédits pour 2017,
    Décrète :

    Article 1

    Sont annulés, pour 2017, des crédits d’un montant de 20 000 000 € en autorisations d’engagement et en crédits de paiement applicables au programme du budget général mentionné dans le tableau 1 annexé au présent décret.

    Article 2

    Sont ouverts, pour 2017, des crédits d’un montant de 20 000 000 € en autorisations d’engagement et en crédits de paiement applicables aux programmes du budget général mentionnés dans le tableau 2 annexé au présent décret.

    Article 3

    Le ministre de l’action et des comptes publics est chargé de l’exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

  • Dans la tête de Macron : références et pensée-patchwork https://www.mediapart.fr/journal/france/130517/dans-la-tete-d-emmanuel-macron?onglet=full

    La passe-d’armes Macron / Balibar (« un cas presque psychiatrique ») est assez drôle. Pour le reste, c’est le portrait de Macron en intellectuel : il ne pourra que décevoir sur cette base !

    Enfin, je note que Magnaudeix, qui suivait En Marche ! pour @mediapart, s’est bien fait pigeonner tout au long de la campagne, jusqu’à l’émission d’entre-deux-tours (le 5 mai 2017) où il ne relance pas Macron sur son entourage, le laissant déverser son couplet sur l’homme « libre » qu’il serait — libre de devenir banquier d’affaires, libre de devenir conseiller du prince, puis calife à la place du calife : clair que le type a su éprouver sa liberté.

    Il s’est fait pigeonner mais il en a conscience.
    Cf. https://blogs.mediapart.fr/mathieu-magnaudeix/blog/030317/cher-ami

    La première est le legs du philosophe Paul Ricœur, rencontré par l’intermédiaire de son professeur François Dosse, et qu’il assista pour l’édition de l’ouvrage La Mémoire, l’histoire, l’oubli (Le Seuil, 2000). « Je donnais un cours d’historiographie à Sciences Po, se rappelle Dosse, auteur d’une biographie du philosophe parue en 1997. Ricœur, qui n’était pas historien, cherchait un étudiant pour aller en bibliothèque, monter l’index, chercher des références. Je lui ai dit que j’avais sous la main un étudiant fort brillant. »

    Emmanuel Macron s’est sans doute un peu poussé du col en suggérant qu’il avait « participé à l’accouchement de La Mémoire, l’histoire, l’oubli, livre qu’il venait de commencer lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois » et avait été l’assistant du philosophe, un terme qui n’existait déjà plus dans l’université à l’époque. Dosse, sollicité par Mediapart, assure pourtant avoir été témoin d’une « vraie relation, de plain-pied, quasi filiale », entre le vieil homme et le jeune étudiant, qui fut même invité aux 90 ans du philosophe en 2003. « Il avait 23 ans, mais avec Ricœur, il n’était pas un gamin : c’était un partenaire », confirme la philosophe Catherine Goldenstein, qui accompagna Ricœur jusqu’à son décès en 2005.

    Emmanuel Macron ne rate pas une occasion de rendre hommage au philosophe. Il juge que Paul Ricœur lui a amené une « culture politique » et « l’a poussé à faire de la politique », notamment grâce à sa réflexion « sur la possibilité de construire une action qui ne soit pas verticale (c’est-à-dire qui ne soit pas prise dans une relation de pouvoir), mais une action qui échappe dans le même temps aux allers-retours permanents de la délibération ». À travers Ricœur, Emmanuel Macron s’inscrit dans l’histoire de la revue Esprit, dont il a été longtemps membre du comité de rédaction, une revue créée par le philosophe Emmanuel Mounier, dont le courant d’idées, le personnalisme, recherchait, pour le dire vite, une troisième voie entre capitalisme et marxisme.

    Le philosophe Olivier Abel, spécialiste de Ricœur, se dit « embarrassé » lorsqu’on le questionne sur la proximité « philosophique » entre le nouveau président, qu’il n’a fait que croiser à l’époque où Ricœur rédigeait son ouvrage, et les usages qu’il fait d’une pensée « ample », dont « diverses lignes d’interprétations valables peuvent être tirées ».

    Il précise toutefois que « le point de plus grande proximité me semble résumé dans la fameuse formule “et en même temps” : vouloir par exemple en même temps la libération du travail et la protection des plus précaires, cette manière d’introduire une tension soutenable entre deux énoncés apparemment incompatibles, est vraiment très ricœurienne. Je dirai la même chose de l’antimachiavélisme de Macron, son refus de jouer sur les peurs et les ressentiments, ce désir d’orienter de l’intérieur la gouvernance vers le bien commun. Un troisième point que je relève, c’est une conception de la laïcité non pas identitaire mais strictement juridique, libérale, et faisant droit à la condition pluraliste de nos sociétés, des traditions inachevées qui les constituent. Un dernier point serait la priorité accordée à une éthique de la responsabilité, le refus des promesses fallacieuses, une sorte de “sagesse pratique” cherchant sans cesse à intégrer la pensée des conséquences au sens de l’initiative ».

    Abel précise toutefois, et aussitôt, que certains autres aspects, moins économicistes et pragmatiques, de la pensée de Ricœur, ont peut-être échappé au nouveau président : « La lecture de Ricœur pourrait apporter un contrepoint critique par son refus d’une apothéose du travail : les humains ont aussi besoin de parole, de libre conversation, de refaire cercle autour de toute question, de faire chœur pour s’émerveiller, d’habiter ensemble le monde. Du même mouvement, Ricœur résisterait à l’apothéose des questions économiques qui semblent aujourd’hui, comme dans le marxisme de jadis, la sphère des sphères, la sphère “totale” : il faut penser l’institution de la pluralité des sphères. Enfin, et surtout, il y a chez Ricœur une pensée de l’imagination instituante, ou de l’institution imaginante, qui prend la forme d’un éloge modéré mais résolu de l’utopie, à la fois comme critique de la réalité dominante et exploration du possible, qui fait que le monde n’est pas fini et que la radicale pluralité des formes de vie est désirable. »

    Chez Emmanuel Macron, l’utopie n’existe pas. En tout cas, elle passe inaperçue, car elle n’a pas de portée pratique. Pour lui, l’action politique se déploie au contraire dans le réel, le présent, le « faisable ». Macron refuse les « promesses qu’on ne peut pas tenir ». Il dit souvent « on ne va pas se mentir ». Il lui arrive de citer cet aphorisme qui douche les audaces : « Y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes. » La formule, qu’il a faussement attribuée au génial parolier de cinéma Michel Audiard, est en réalité un gimmick… des humoristes Chevallier et Laspalès.

    Le second legs explicitement revendiqué est celui du libéralisme, toute la question restant de savoir comment Macron investit ce terme dont le signifiant flotte selon les époques où il se déploie, les préfixes qu’on lui accole et l’objet, d’abord économique ou en priorité politique, sur lequel il se porte.

    Sur France Culture, le nouveau président expliquait à propos de Saint-Simon et des saint-simoniens : « C’est une des filiations que je peux accepter […], comme j’accepte la filiation avec un libéralisme politique français […], cette exigence dans le rapport à la liberté politique, aux libertés individuelles, et dans le rapport entre le politique et l’individu, dans laquelle je me retrouve. Et Benjamin Constant. » Ce libéralisme lui fait préférer Danton à Robespierre, « parce que je pense qu’il y a chez Robespierre un rapport de brutalité de l’État et de la chose publique dans le rapport à l’individu, dans lequel je ne me reconnais pas ».

    Reste à savoir si l’éloge constant de la « liberté », aussi bien en matière sociétale qu’économique, est, dans le cerveau d’Emmanuel Macron, autre chose que la liberté du renard dans le poulailler.

    À cet égard, la polémique qui a opposé, par voie de presse interposée, le nouveau président et son ancien professeur de philosophie, le penseur d’origine marxiste Étienne Balibar, est riche d’enseignements. Ce dernier affirme ne pas se souvenir de cet ancien élève et du travail de Macron, effectué à l’université Paris X-Nanterre sous sa direction, sur Hegel et Machiavel – contactée par Mediapart, l’université confirme que Macron a bien obtenu un DEA, mais ne peut communiquer le mémoire qu’avec l’autorisation de Macron, qui n’a pas fait suite à nos demandes.

    Questionné par Le Monde, Balibar juge « absolument obscène cette mise en scène de sa “formation philosophique” », apparentée à « de la “com” ». À plusieurs reprises, Macron a évoqué sa dette à l’égard de Balibar, aujourd’hui professeur à Columbia, dont les cours, dit-il, « étaient des exercices philosophiques assez uniques ». Macron, dont un ressort psychologique consiste à tirer une grande satisfaction de l’effet qu’il produit sur ses interlocuteurs, n’en revient pas que le maître l’ait oublié, ou en tout cas feigne de l’effacer de sa mémoire. « C’est un cas presque psychiatrique, dit-il dans L’Obs. Je m’étonne qu’il ait oublié le nombre de fois où j’allais chez lui, rue Gazan à Paris, travailler mes textes avec lui. Je trouve aujourd’hui son attitude offensante. »

    Derrière cette controverse personnelle se situe le véritable enjeu, celui de l’articulation entre liberté et égalité. Étienne Balibar est en effet le théoricien d’une « égaliberté » en forme de tension entre liberté et égalité, ou, si la liberté conserve une priorité, elle trouve à la fois sa limite et son effectivité dans l’égalité. Cette « égaliberté » serait seule à même de garantir la prise en compte de l’individu, contre tous les totalitarismes, les despotismes de la majorité, mais aussi les tyrannies des minorités dominantes du type oligarchique ou ploutocratique.

    Un papier du @mdiplo sur l’entregent très « antisystème » de Macron : www.monde-diplomatique.fr/2017/03/DENORD/57249

    cc @onecop

    • L’imaginaire intellectuel d’Emmanuel Macron
      https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/limaginaire-intellectuel-demmanuel-macron

      http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-15.05.2017-ITEMA_21324420-1.mp3 Aux sources d’Emmanuel Macron... Un président philosophe ? Qui sont ses penseurs-référents ? Quelles sont les idées qui structurent sa pensée ? Comment les traduire ? Avec une spécialiste du libéralisme et un biographe de Paul Ricoeur, la philosophe Catherine Audard et l’historien François Dosse

      En campagne, le fondateur d’En marche réfléchissait pour le 1 à son rapport à la philosophie : « elle aide à construire », disait-il. « Elle donne du sens à ce qui n’est sinon qu’un magma d’actes et de prises de parole. C’est une discipline qui ne vaut rien sans la confrontation au réel. Et le réel ne vaut rien sans la capacité qu’elle offre de remonter au concept. Il faut donc accepter de vivre dans une zone intermédiaire faite d’impuretés, où vous n’êtes jamais un assez bon penseur pour le philosophe, et toujours perçu comme trop abstrait pour affronter le réel. Il faut être dans cet entre-deux. Je crois que c’est là l’espace du politique . »

      « Macron est un représentant d’une vision raisonnable de la politique étrangère à la vie politique française : une philosophie du dialogue. »

      « Le libéralisme est indissociable de l’Etat de droit et ses régulations : de là naîtra l’efficacité économique. »

      Catherine Audard, La Grande Table

      « Il y a chez Ricoeur comme chez Macron la même notion d’éducateur politique, conjuguée à un pan inventif, créateur. C’est une pensée du paradoxe. »

      François Dosse, La Grande Table

      Une émission ridiculement macronolâtre, où s’ébroue la forme la plus désolante de macronolâtrie : la macronolâtrie cultivée (vous remarquerez qu’à plusieurs moments l’on ne sait plus très bien si l’on parle de Ricœur ou de Macron, peu importe de toutes façons vu qu’il paraît que c’est la même chose)

      #Macronolâtrie

  • Du mythe de la maîtrise de soi, à celui du bien-être et de la réussite individuelle
    http://www.internetactu.net/2016/12/09/du-mythe-de-la-maitrise-de-soi-a-celui-du-bien-etre-et-de-la-reussite-

    Sur Vox, le journaliste Brian Resnick revient sur le mythe, oh combien persistant, de la maîtrise de soi. Pourtant, rappelle-t-il, pour les psychologues il est clairement établi que notre volonté n’est pas suffisante pour atteindre les objectifs que l’on se fixe. Cela ne nous empêche pas, depuis Adam et Eve, (...)

    #Débats #Opinions #cognition #comportement #économie_de_l'attention #psychologie

    • « Le contrôle de soi n’est pas un muscle moral spécial », explique le psychologue Brian Galla. C’est une décision comme une autre, et pour l’améliorer, nous devons améliorer l’environnement, c’est-à-dire par exemple se donner les compétences nécessaires pour se détourner du Marshmallow tentateur. Ces recherches sur le contrôle de soi démontrent que manger une tranche de gâteau supplémentaire n’est pas un échec moral. C’est juste ce qui doit se passer quand quelqu’un se retrouve devant un gâteau. Tout l’enjeu consiste plutôt à apprendre à éviter le gâteau !

    • La culture du contrôle de soi, de la mesure, de l’amélioration personnelle, ne nous permet finalement que d’être mieux adaptés aux lois économiques du marché et à la compétition. Le politique s’inscrit dans l’intime. Notre existence devient notre entreprise. Notre corps devient notre capital, mais il ne nous appartient plus, car il est dirigé par des principes qui nous échappent, comme en a fait l’expérience Chris Dancy, l’homme qui mesurait tout de lui-même. Nous cherchons à améliorer notre productivité et notre performance sans plus rien produire et performer. La mesure de notre bien-être, de notre maîtrise est la nouvelle norme qui nous conduit à une terrible uniformité. Nos existences doivent se conformer aux exigences du système, même si cela tue notre propre existence en nous faisant remiser tout ce à quoi nous pouvons aspirer.

      Voilà ...

    • @aude_v vraiment super l’article de David Loy et Ron Purser Beyond Mcmindfulness. La préoccupation des pratiques spirituelles asiatiques pour le bien-être collectif (et l’élévation collective), est bien expliquée.

      #Krishnamurti, dans une vidéo youtube What is the right way to earn a living ?, pose la double question « What is right action ? - which must be right in all circumstances ». Et il dit ensuite que pour y répondre il faut s’intérroger sur quoi exactement nos actions reposent. Il rajoute que nos actions reposent essentiellement sur des idées/concepts et des principes/valeurs, ou encore (et là il sourit face à son auditoire) sur le principe du « I do whatever i want to do ! ». Et là il fait le lien avec le monde de la psycho, qui certainement a beaucoup fait pour aider à libérer ce « I do whatever i want to do ! » (ou redit différemment « The moment you want to do something, simply do it ! », qu’il qualifie aussi de « the latest cry of psychologists : don’t have inhibitions, do what you want ! » )

      https://www.youtube.com/watch?v=iIqVJaF4Gig&feature=youtu.be&t=2136

      PS : j’ai vu que ça pullule de vidéos de coatchs français sur Youtube, il me semble que le summum du coatch français en ce moment est David Laroche qui possède sa propre chaîne.

  • Over 1500 police personnel unleash brutal attack on peasants in Mekar Jaya village, Indonesia
    https://viacampesina.org/en/index.php/main-issues-mainmenu-27/human-rights-mainmenu-40/peasants-right-resources/2188-over-1500-police-personnel-unleash-brutal-attack-on-peasants-in-m

    Over 1500 police personnel launched a despicable attack on peasant members of SPI (Indonesian Peasants’ Union), in Langkat District of North Sumatra Province of Indonesia and exterminated hundreds of acres of peasant land, so as to favour a foreign plantation companies. Several protesting peasants were severly injured in this brutal attack that took place on the 18th of November in Mekar Jaya village.

    Suriono, from SPI Langkat explained, “Before the eviction and extermination, we asked the police to sit together and discuss this issue in the National Land Agency of Langkat District. But they refused it”. Suriono requested the large battalion of cops to leave the land as it would only frighten the peasants and local residents.

    “But instead of going away and regardless of our the explanation, they continued bulldozing and leveling agricultural land and peasant’s housing,” he said.

    “This brutality notwithstanding, police officers chased the peasants inside the village and Sadikun, a peasant member of SPI Mekar Jaya village was arrested by the police,” added Suriono.

    #indonésie #violences_policières #terres #plantations

  • Un syndicat de policiers dénonce les consignes reçues pendant les manifs

    http://www.bfmtv.com/societe/un-syndicat-de-policiers-denonce-les-consignes-recues-pendant-les-manifs-9720

    Le syndicat Alliance s’interroge sur les consignes de non-intervention reçues face aux casseurs. Et accuse le gouvernement de vouloir décrédibiliser les mouvements sociaux.

    La charge est inattendue. Sur France Info, le secrétaire général du syndicat policier majoritaire Alliance, Jean-Claude Delage, s’est interrogé sur les consignes reçues par les policiers pendant les manifestations. Il s’interroge notamment sur la passivité imposée aux forces de l’ordre lorsque des casseurs sont en action.

    Pour Alliance, la stratégie de laissez-faire du gouvernement n’a qu’un objectif, jeter le discrédit sur l’ensemble de la mobilisation contre la Loi Travail.

    « Je pense que ça vise aussi à discréditer le mouvement social et syndical parce qu’évidemment, lorsque des syndicalistes manifestent contre un texte et qu’il y a des casseurs qui cassent tout dans le quartier, que les riverains sont exaspérés et que la police ne peut pas rapidement intervenir, et bien ça discrédite aussi quelque part le mouvement social » estime Jean-Claude Delage.

  • Indigenous Dayak tribe pitted against palm oil giant in new film
    https://news.mongabay.com/2016/05/indigenous-tribe-pitted-palm-oil-giant-new-film

    A conflict between an indigenous group in Borneo and a major palm oil company is the subject of a new documentary by one of Indonesia’s most accomplished directors.

    The film depicts the Dayak Iban people of Semunying Jaya’s struggle against a subsidiary of the Darmex Agro Group, whose owner, Surya Darmadi, is one of Indonesia’s richest men.

    The case was one of those featured in the National Human Rights Commission’s inquiry into land conflicts affecting indigenous peoples. The community has separately sued the company for grabbing its land. Late last year, the lawsuit was dismissed on the grounds that there was no evidence the community was indigenous, a decision the plaintiffs have appealed.

    The film was directed by Nanang Sujana, a member of the Rejang indigenous group from Bengkulu in Indonesia’s Sumatra, as part of the “If Not Us Then Who” project, which explores issues facing the world’s forest-dwelling peoples under the rubric of climate change.

    #industrie_palmiste #Indonésie #peuples_autochtones #forêt #terres #documentaire

  • L’épilation des #poils sous les bras est le « #voile » de la #femme occidentale - La Libre.be
    http://www.lalibre.be/debats/opinions/l-epilation-des-poils-sous-les-bras-est-le-voile-de-la-femme-occidentale-570

    Bref, je me suis dit qu’il était temps de se (re) poser la question des poils et de l’#intolérance grandissante à leur égard. Cela vous semble anecdotique ? Pas à moi ! Si je me suis faite à l’idée que j’élève mes filles dans un monde où les femmes peuvent devenir présidente des Etats-Unis mais où les poils sous les bras condamnent irrémédiablement au #bannissement social, j’ai plus de mal à accepter, sans lutter, de les voir grandir dans celui où les femmes peuvent réussir dans tous les domaines mais où, dans l’#intimité de la chambre à coucher, il est indispensable de ressembler à une actrice de film X. Cela résume d’ailleurs bien le monde d’aujourd’hui : l’#égalité homme-femme progresse dans de nombreux domaines mais on n’arrive pas à faire diminuer toutes les "violences sexuelles (conjugales, harcèlement de rue, viols, etc.).