person:thomas bimai

  • Saint-Denis, Mercredi 28 mars : le groupe Saint-Ouen 93 se rend à la manif (autorisée) contre le mal-logement et organisée, entre autre, par le collectif « Plaie commune ». Sur place, une vingtaine de personnes. Départ de la manif devant le cinéma, arrivée de la manif devant la mairie, fermée, grilles tirées.
    En bas du parvis de la mairie, un barnum, une centaine de personnes qui écoutent le discours d’un représentant de la mairie, lequel encense les « performances » du breakdancer Thomas Bimai. Ce dernier monte ensuite sur scène, sans oublier de conseiller à son public de « ne pas regarder ce qui se passe autour » !

    Très rapidement nos slogans, nos revendications gênent le bon déroulement de ce rassemblement festif. « L’organisateur » de l’évènement vient nous demander de couper le mégaphone et de dégager les lieux. Nous tentons de lui expliquer les raisons de notre présence, nous lui demandons de prendre le micro quelques minutes pour expliquer aux dionysiens et dionysiennes ce qui ce passe dans leur ville : expulsions, campement en pleine rue, mal-logement, jeune mère de famille s’immolant dans le hall de la mairie, rendez-vous avec le responsable du logement de Saint-Denis non honoré la semaine précédente, et transformé en rendez-vous avec les flics, s’achevant sur deux gardes à vue… Nos arguments n’y feront rien, car rien ne doit venir perturber l’heure de gloire de monsieur l’organisateur.

    Le ton monte, Thomas Bimai lâche ses « fans » et vient nous engueuler, suivi de sa petite troupe. Une bousculade, puis deux, inévitables. Assiste à tout cela « impuissant » le représentant de la mairie, qui tente selon ses dires de joindre en vain le Maire, puis le conseiller au logement : au final, c’est la police qu’il réussit à joindre. Les flics arrivent, et sont très clairement venus pour assurer le bon déroulement du concert. C’est à nous qu’ils font face, ce sont nous les « perturbateurs ».

    Dès lors, une question : pourquoi autoriser un concert et une manif le même jour, à la même heure, au même endroit ?

    La lutte des classes affiche parfois un drôle de visage, par exemple quand elle voit s’opposer breakdancers égocentrés, avides de gloire et de fric, et militant.es luttant contre les inégalités sociales. Une fois de plus, ce mercredi, le Pouvoir, même municipal, a montré qu’il savait très bien comment faire pour monter les pauvres contre les pauvres !