person:thomas pierret

  • En #Syrie, les Américains n’ont plus « aucune carte en main »
    https://www.mediapart.fr/journal/international/050816/en-syrie-les-americains-n-ont-plus-aucune-carte-en-main

    Au cœur de la cité plurimillénaire, les rebelles syriens tentent de rompre le siège imposé depuis le printemps et ont lancé fin juillet une offensive d’ampleur sur la ville. Le conflit syrien, qui dure depuis mars 2011, peut-il se jouer cet été dans l’offensive d’Alep ? Entretien avec Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie et chercheur à l’université d’Édimbourg.

    #International #Alep #armée_syrienne_libre #Bachar_al-Assad #débat_vidéo #débats #Djihad #EI #Etat_islamique #Irak #Moyen-Orient #vidéo

  • Des rebelles syriens traversent la frontière turque pour combattre les Kurdes
    http://www.lorientlejour.com/article/970976/des-rebelles-syriens-en-renfort-depuis-la-turquie-pour-combattre-les-

    Selon l’OSDH, les nouveaux combattants munis d’armes appartiennent à une mosaïque de groupes rebelles et islamistes notamment à Faylaq al-Cham (Légion du Levant).

    « En fait ils sont venus de la province (mitoyenne) d’Idleb et de l’ouest de la province d’Alep. Ils ont pénétré en Turquie par le poste-frontière d’Atmé pour revenir en Syrie par Bab al-Salama afin d’éviter les territoires tenus par les kurdes ou le régime », a expliqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.

    Pour l’expert sur la Syrie, Thomas Pierret, Faylaq al-Cham est la « branche militaire officielle des Frères musulmans, proche de la Turquie ». Selon lui, ils vont pouvoir renforcer Azaz mais il leur sera difficile de reprendre les secteurs pris par les FDS.

    « Ces renforts peuvent contribuer à empêcher la chute d’Azaz, mais eu égard à l’appui aérien russe dont bénéficient les YPG, je doute que ces derniers puissent être chassés de l’essentiel des positions conquises ces derniers jours », a-t-il dit à l’AFP.

  • Je pense qu’on peut désormais renoncer à l’idée d’avoir des discussions rationnelles avec ces « experts de la Syrie » : ici Joshua Landis trouve « important » de lire le bobologue des jihadistes, « qui est toujours intelligent » :
    https://twitter.com/joshua_landis/status/693523119374360576

    Important to read @RomainCaillet who is always smart

    La référence, en l’occurence, est cette « Introduction à la jihadologie », dans laquelle l’un des points les plus intellectuellement ravigorants consiste à expliquer que les universitaires qui n’adhèreraient pas aux charmes de cette nouvelle discipline (collectionner les vignettes Panini de jihadistes, pour reprendre @le_bougnoulosophe) sont des complotistes influencés par des « intellectuels du monde arabe » (entre guillemets) eux-mêmes complotistes :
    http://www.terrorisme.net/p/article_260.shtml

    Autre raison d’éviter ce thème de recherche, la crainte de nombreux chercheurs de susciter la réprobation des « intellectuels du monde arabe », dont une bonne partie voit dans le jihadisme, non pas un courant politique minoritaire, mais un « complot occidental », financé par les pays du Golfe et dirigé par les services de renseignements israéliens (sic !). Sous une forme plus atténuée, ce complotisme touche aussi des universitaires parfois reconnus, dénigrant ces « jihadologues » incapables de comprendre que derrière ces « idiots utiles » de jihadistes se cachent un « État profond » ou d’autres « marionnettistes » régionaux.

    • Colère salutaire de Myriam Benraad :
      https://twitter.com/myriam_benraad/status/693210229786435584

      Pionnier de la « jihadologie » par dénigrement non étayé, non sourcé des « universitaires complotistes » : il fallait le faire. Bravo l’artiste.

      https://twitter.com/myriam_benraad/status/693591793397534720

      Expert en retweetage des vidéos de l’État islamique et vous voulez nous imposer « ça » comme monument de la pensée ? Allez vous faire foutre.

      https://twitter.com/myriam_benraad/status/693698006995091456

      RC, ne m’envoie pas tes employeurs « anciens de » pour me dire que mes livres sont mauvais. Raffine tes techniques stp. Petit monsieur va.

      https://twitter.com/myriam_benraad/status/693826874384998401

      Ca te fait de l’universitaire complotiste avec tout ca : va te faire foutre gros connard. C’est assez complotiste pour toi la j’espere ?

    • Également une série de @le_bougnoulosophe :

      https://twitter.com/bougnoulosophe/status/693529757628112900

      1. Je l’ai dit la « jihadologie » est le dernier avatar de l’orientalisme, comme ce dernier, elle a des fondements racistes...

      https://twitter.com/bougnoulosophe/status/693530174902657024

      2. Le petit escroc de Romain Caillet nous en donne la preuve, voici comment il voit les "intellectuels arabes"...
      [même citation que ci-dessus sur les « complotistes »]

      https://twitter.com/bougnoulosophe/status/693531734953050114

      3. S’il entendait ce monceau de conneries (arrogantes et diffamatoires) le pauvre Edward Said ferait des triples saltos dans sa tombe !

      https://twitter.com/bougnoulosophe/status/693533706817003521

      4. R.Caillet n’innove pas : une vieille lubie des orientalistes de prétendre connaître les « Arabes » mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes.

      https://twitter.com/bougnoulosophe/status/693534787642986496

      5. Déjà E.Renan expliquait que « l’oriental » n’était pas transparent à lui-même qu’il avait besoin de l’orientaliste pour se révéler à lui...

    • Oui assez étonnant, d’autant que depuis quelques temps, Landis qui avait toujours eu pour lui, malgré des analyses erratiques, une certaine honnêteté factuelle qui le distinguait de la plupart des « spécialistes » français de la Syrie, avait saisi qu’au-delà de la question du régime et de Bashar, l’option maximaliste de l’opposition et de ses sponsors portait la guerre à un niveau supérieur : celui de la viabilité de l’Etat. Il était aussi un des rares à noter que l’alternative régime/opposition n’habitait pas ou plus les esprits de la plupart des Syriens, d’abord pressé de voir finir cet interminable conflit - chose qui à mon avis est vraie depuis bien longtemps déjà.
      Illustration dans cette série de tweets échangés avec l’inénarrable Thomas Pierret :
      https://twitter.com/joshua_landis/status/691257067156312064
      https://twitter.com/joshua_landis/status/691261223959027712

      Caillet, lui, est une starlette médiatique avec un travail académique récent et encore maigre. Et ça me fait drôle de voir que Benraad, qui est dans la même catégorie de ce point de vue là, reprend comme il se doit notre Calimero de la jihadologie. Un bon point pour elle, je dois l’admettre.
      Car, à côté, sur l’Irak, elle a été l’invitée permanente, alors qu’on aurait attendu plutôt Luizard, étrangement absent des ondes. De surcroît, Benraad qui s’est faite la championne de la thèse des #sunnites_humiliés en Irak - mais sans épargner les Américains, il est vrai -, ce qui reste tout de même problématique, la projette sans plus de précaution que ça sur le terrain syrien quand elle s’est trouvée sur le plateau de Taddéi, ou d’autres.
      Pour avoir lu le « Piège Daech » de Luizard, pas très bon et probablement issu d’une commande éditoriale, Luizard ne commet pas ce genre de bêtises et quelques unes de ces pages où il compare le confessionnalisme du régime syrien et celui de l’Irak post-2003 montre qu’il a un peu plus le sens de la nuance que sa jeune collègue. On y trouve même quelques bonnes pages sur le deal Barzani-Daech qui mena à la prise de Kirkouk et de Mossoul par les deux contractants, avant que le deal ne soit rompu par la prise du Sinjar ; pages qui prennent tranquillement le risque de se faire traiter de « complotiste » dans l’atmosphère actuelle.

      Bon, bref, un peu déçu moi aussi.

      PS : Rigolo tout de même, une fois de plus, de voir comment les jugements symétriquement opposés des Burgat boys et de Kepel sur l’islamisme puis le jihadisme, reposent sur les mêmes analyses, les mêmes fascinations grossissantes et la même dénonciation du complotisme...

    • Sinon, assez amusant : personne ne semble avoir relevé que Caillet évoque (mais trop essayer de le réfuter) l’argument selon lequel la « jihadologie » ferait le jeu des tarés :
      http://www.terrorisme.net/p/article_260.shtml

      La principale raison de ce rejet demeure cependant idéologique : la crainte de donner des arguments à l’extrême-droite en plaçant sous les projecteurs un phénomène anxiogène, légitimant des sentiments xénophobes au sein de la population française.

      Or que disait l’article qui le présentait si positivement dans Libé ? Romain Caillet. Jihad geek
      http://www.liberation.fr/planete/2015/04/01/romain-caillet-jihad-geek_1233089

      Suivi principalement par des journalistes, des jihadistes et des identitaires d’extrême droite, Caillet tweete inlassablement entre 13 heures et 5 heures du matin.

      Hum… « C’est dur d’être aimé par des cons » ?

    • D’ailleurs vous avez des références sérieuses sur la question du « terrorisme international », ou plutôt « jihadisme armé » ? Il y a le bouquin d’Alain Chouet qui est extrêmement intéressant, mais parfois aussi idéologique (dans le mauvais sens du terme) et surtout date beaucoup (le monsieur est sorti des services en 2002 je crois..). Je suis donc à la recherche de sources sérieuses en anglais et français. Et Kepel, vous en pensez quoi ?

  • Cette étonnante mention au détour de l’article de RFI consacré à Madaya :
    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20160112-crise-madaya-onu-appelle-regime-syrien-lever-siege

    Privés d’électricité, de chauffage et de nourriture, les 40.000 habitants sont confrontés au siège des forces gouvernementales et aux exactions des rebelles, qui monopolisent toutes les ressources. Dans ce contexte, l’Observatoire syrien des droits de l’homme rapporte qu’une foule en colère a expulsé, lundi 11 janvier, de son lieu de résidence, le chef du Conseil militaire rebelle, qui voulait stocker dans des dépôts sous son contrôle l’aide acheminée. Les habitants exigeaient que les rations alimentaires soient directement distribuées aux familles et ils ont finalement obtenu gain de cause.

    Anecdote de l’Observatoire qui n’est pas reprise dans l’article du Monde :
    http://www.lemonde.fr/international/article/2016/01/11/assieges-et-epuises-les-habitants-de-madaya-voient-enfin-arriver-l-aide-huma
    Ni dans l’article de Libération (à la place, l’analyse militaire de Thomas Pierret) :
    http://www.liberation.fr/planete/2016/01/12/a-madaya-ce-que-nous-avons-vu-est-assez-horrible-il-n-y-avait-pas-de-vie_

    • Hizbullah hits back at starvation reports in Madaya, Syria
      https://mideastwire.wordpress.com/2016/01/08/hizbullah-hits-back-at-starvation-reports-in-madaya-syria

      Interesting response, not least because it does show that publicity, statements and reports over Madaya are clearly having an important impact on Hizbullah’s public stance.

      On January 8, the Qatari-owned Al-Quds al-Arabi daily carried the following report by its correspondent in Beirut: “It seems that Hezbollah was bewildered by the intensifying media campaign that shed light on the tragedy endured by the besieged Syrian town of Madaya, and had to clarify the situation, not through an official statement, but through Al-Manar’s newscast yesterday night. Indeed, the channel commented on what it dubbed a programed media campaign against the resistance regarding the town of Madaya in Rif Dimashq, quoting sources as saying: “Some visual and written media outlets with known inclinations have launched a wide-scale slander campaign against the resistance, and accused Hezbollah of starving the civilians in Madaya through its siege. But this is a programmed campaign aiming to ruin the image of the resistance.”

      “[It said:] “The armed groups that have taken Madaya hostage, and the foreign sides supporting them, are the only ones responsible for what is happening in the town. We have not seen a similar campaign regarding other Syrian towns that have been besieged by the armed terrorist groups for years, such as Kefraya and Al-Fou’a in Rif Adlib, Nebl and Az-Zahra’ in the countryside of Aleppo, Deir Ezzor and other regions, where babies are dying because of the shortage of milk and basic products, and disease is spreading due to the lack of medical supplies.” Al-Manar thus indicated: “Firstly, dozens of trucks loaded with food and medical supplies that could last many months were introduced to Madaya, Sarghaya and Baqin on October 18, 2015, and an equal quantity was introduced to Kefraya and Fou’a… More is expected to arrive in the coming days, after the injured armed men were evacuated from Az-Zabadani.”

    • Rien d’étonnant de la part des organes de la presse officielle que sont le monde et libération.

      Quand on regarde les images des villes libérées en Syrie, quand on lit les récits des rescapés de l’occupation de ce pays par daesh, une image vient immédiatement, #Stalingrad.

      Mais non, Laurent Fabius, qui affirmait que le groupe « An-nusrah, faisait du bon boulot en Syrie », c’était pour rire.

  • Ken Roth dans ses œuvres… Après avoir expliqué qu’Assad avait tué Zahran Alloush dans le but de réduire l’opposition à lui-même ou ISIS :
    http://seenthis.net/messages/443513#message443575

    Killing Zahran Alloush is part of Assad strategy of trying to reduce choice to him or ISIS.

    voilà qu’il répète la théorie selon laquelle Assad avait fait libérer Alloush pour « tenter de nuire à l’image de la révolution » :
    https://twitter.com/KenRoth/status/682115210845487104

    Assad released jihadist Zahran Alloush from jail June 2011—part of effort to taint uprising http://bit.ly/1mh542I

    Vraiment, ces gens n’essaient même plus d’être cohérents.

    Un autre aspect du message de Roth, c’est qu’il fait reposer sa théorie –
    « part of effort to taint uprising » – sur un lien vers un article d’Aron Lund publié chez Joshua Landis :
    http://www.joshualandis.com/blog/death-of-zahran-alloush-by-aron-lund

    Or l’article de Lund n’énonce pas cette théorie, mais un paragraphe qui ne se risque pas du tout à un tel jugement de valeur :

    Alloush was arrested several times before the uprising for his religious and political activism and sent to the ”Islamist wing” of the Seidnaia prison north of Damascus. There, he formed close connections to many other Syrian Islamists, including people who now run large rebel factions like Ahrar al-Sham. He was released from jail in June 2011 and quickly joined the armed uprising, eventually emerging as the strongman of his home region in the Eastern Ghouta and one of the most powerful rebel leaders in all of Syria.

    La manipulation de Roth est d’autant plus remarquable que, par ailleurs, Aron Lund et Joshua Landis ne sont pas adeptes de cette #théorie_du_complot, et qu’ils l’ont déjà expliqué en août 2014 (contredisant les affirmations péremptoires du fan boy de la rébellitude Thomas Pierret) :
    http://seenthis.net/messages/283373

    Aron Lund : On ne devrait probablement pas présumer de trop de plannification stratégique ni de contrôle, cependant. Certains islamistes ont peut-être été libérés dans le cadre d’une mesure d’administie plus large, d’autres spécifiquement pour semer la merde et radicaliser les rebelles, et il y a certainement aussi des éléments infiltrés. Mais il ne m’apparaît pas évident qu’il s’agit de quelque chose de plus planifié que cela.

    […]

    Joshua Landis. Prévisible, mais tous étaient des prisonniers politiques. Les militants des droits de l’Homme demandaient leur libération. Même moi j’étais en faveur de cette libération.

  • « WITH OR WITHOUT THE BROTHERS » un colloque à ne pas rater, aujourd’hui et demain à Sciences Po Paris.

    http://www.sciencespo.fr/ceri/evenements/#/?lang=fr&id=4225

    Organisé par Laurent Bonnefoy, François Burgat et Stéphane Lacroix, il réunit des chercheur-e-s français, arabes, etc dont les travaux sont des références.

    WITH OR WITHOUT THE BROTHERS. DOMESTIC, REGIONAL, AND INTERNATIONAL TRENDS IN ISLAMISM (2013-2015)
    du 29/10 | 09h30 au 30/10 | 18h00

    Dans le cadre du projet ERC When Authoritarianism Fails in the Arab World

    En partenariat avec l’IREMAM, l’IFPO, et l’Université d’Oslo


    Thursday 29th of October, 2015

    9:30-9:45 Opening address by Alain Dieckhoff, Sciences Po-CERI, CNRS

    9:45-10:30 Keynote address by François Burgat, WAFAW, IREMAM
    From Ghannouchi to al-Baghdadi: The ubiquitous diversity of the Islamic lexicon

    Panel 1: Linking political exclusion to violence?

    10:30-13:15

    Chair: Loulouwa Al-Rachid, WAFAW, Sciences Po-CERI

    Sari Hanafi, WAFAW, American University of Beirut
    Transnational movement of Islamic reform: New configurations

    Bjorn Olav Utvik, Oslo University
    Myths of Ikhwan disaster: Anatomy of the 2011-1013 power struggle in Egypt

    Amal-Fatiha Abbassi, IREMAM, Sciences Po Aix
    The Muslim Brotherhood and political disengagement. The consequences of an authoritarian situation

    11:45-12:00 Coffee break

    Monica Marks, WAFAW, Oxford University
    Survivalist club or dynamic movement? Generational politics in Ennahda today

    Joas Wagemakers, Utrecht University
    With or without the others: Consolidating divisions within the Jordanian Muslim Brotherhood (2013-2015)

    Amel Boubekeur, SWP, Berlin
    Algerian Islamists and Salafis after the Arab Spring: Eroding or reloading the regime?

    Panel 2: A Resilient Muslim Brotherhood?

    14:30-16:45

    Chair: Stéphane Lacroix, WAFAW, CERI-Sciences Po

    Rory McCarthy, Oxford University
    When Islamists lose an election

    Marc Lynch, George Washington University
    Evolving transnational networks and media strategies of the Muslim Brotherhood

    Marie Vannetzel, WAFAW, CURAPP
    #R4bia: The dynamics of the pro-Mursi mobilizations in Turkey

    Dilek Yankaya, WAFAW, IREMAM
    A “transnational Islamic business network”? Rethinking the connections between Turkish, Egyptian and Tunisian “Islamic businessmen” after the Arab Springs

    16:45-17:00 Coffee break

    17:00-17:45 Open discussion on contemporary Muslim Brotherhood dynamics

    *

    Friday 30th of October, 2015

    Panel 3: The Iraqi/Syrian matrix of violence

    9:30-11:30

    Chair: Bjorn Olav Utvik, Oslo University

    Loulouwa Al-Rachid, WAFAW, CERI-Sciences Po
    The Disarray of Iraqi Sunnis

    Truls Tonnesen, FFI, Oslo
    The Iraqi origins of the “Islamic State”

    Yahya Michot, Hartford Seminary
    Ibn Taymiyya in ’Dabiq’

    Thomas Pierret, Edinburgh University
    Farewell to the vanguard: Syria’s Ahrar al-Sham Islamic movement and wartime de-radicalisation

    Tine Gade, Oslo University
    Sunnism in Lebanon after the Syrian war

    11:30-11:45 Coffee break

    Panel 4: Al-Qaeda vs. the Islamic State

    11:45-13:30
    Chair: François Burgat, WAFAW, IREMAM

    Hasan Abu Hanieh, Independent researcher
    New Jihadism: From harassment to empowerment (In Arabic)

    Brynjar Lia, Oslo University
    The jihadi movement and rebel governance: A reassertion of a patriarchal order?

    Stéphane Lacroix, WAFAW, CERI-Sciences Po
    Saudi Arabia, the Brothers and the others: the ambiguities of a complex relationship

    Abdulsalam al-Rubaidi, Al-Baidha University
    Ansar al-Sharia in South Yemen: configuration, expansion and discourse (In Arabic)

    Ismail Alexandrani, Independent researcher
    Sinai with and without the Brothers: did it matter?

    Panel 5: Muslim Brothers and their Islamist competitors

    14:30-16:45
    Chair: Sari Hanafi, WAFAW, American University of Beirut

    Muhammad Abu Rumman, Jordanian University
    Dilemmas in Salafi dynamics in the wake of the Arab democratic revolutions (In Arabic)

    Stéphane Lacroix, WAFAW, CERI-Sciences Po
    Being Salafi under Sisi: Examining the post-coup strategy of the al-Nour party

    Ahmed Zaghlul, CEDEJ, Cairo
    The nationalization of the religious sphere in Egypt (In Arabic)

    Myriam Benraad, IREMAM
    Iraqi Muslim Brothers: Between the Islamic State and a hard place

    Nicolas Dot-Pouillard, WAFAW, IFPO
    Hizbullah and Muslims Brothers: A political rupture or a contract renegotiation?

    Laurent Bonnefoy, WAFAW, Sciences Po-CERI, CNRS)
    Islahis, Salafis, Huthis: reconfigurations of the Islamist field in war torn Yemen


    16:45-17:00 Coffee break

    17:00-18:00 Concluding remarks and discussion with François Burgat (WAFAW, IREMAM) and Bernard Rougier (Paris III University).

    Conference in English and Arabic (with translation)

    Responsables scientifiques: Laurent Bonnefoy (Sciences Po-CERI, CNRS), Stéphane Lacroix (Sciences Po-CERI),François Burgat (IREMAM), Bjorn Olav Utvik (Oslo University)

    Sciences Po-CERI: 56, rue Jacob 75006 Paris (salle de conférences)

    INSCRIPTION OBLIGATOIRE auprès de nathalie.tenenbaum@sciencespo.fr

    langueAnglaislieuSalle des conférences, Bâtiment SorganisateurCERI

  • Archives : en juillet 2013, Thomas Pierret prédit le recul des salafistes dans la rébellion syrienne : "En Syrie, des salafistes en recul"
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/07/11/en-syrie-des-salafistes-en-recul_3445998_3232.html

    Or, il semble aujourd’hui toucher à sa fin. Les salafistes ne vont pas être mis hors-jeu mais leur poids parmi les rebelles risque de diminuer ; un renforcement des éléments les plus pragmatiques au détriment des plus aventureux paraît probable.

    […]

    Ces développements surviennent à un moment où les groupes salafistes font face à de nouvelles difficultés. La principale est indubitablement la division du Front al-Nusra entre ceux qui souhaitent continuer à opérer en tant qu’organisation syrienne et les partisans d’une fusion avec l’État Islamique d’Irak, désormais renommé «  État Islamique d’Irak et du Levant ». À Raqqa, une ville libérée où les salafistes sont particulièrement forts en raison d’alliances passées avec certaines tribus locales, les plaintes de la population auraient contraint les factions concernées à limiter leurs interférences dans la vie quotidienne des habitants.

    Tout ceci permet d’entrevoir un avenir où, plutôt que d’être phagocytée par les plus radicaux, l’insurrection syrienne se diviserait de manière croissante, mais pas nécessairement conflictuelle, entre d’une part une aile islamo-nationaliste dominée par les officiers déserteurs et renforcée par l’aide logistique saoudienne, et d’autre part une aile salafiste poussée au pragmatisme par l’influence combinée des partenaires internationaux et des résistances civiles.

  • Moyen-Orient - Pour lutter contre les jihadistes, reste-t-il des alliés fiables en Syrie ? - France 24
    http://www.france24.com/fr/20150611-lutte-contre-etat-islamique-etats-unis-aide-al-qaida-rebelles-coa

    Face à la montée des jihadistes de l’EI et du Front al-Nosra, la coalition cherche en Syrie des rebelles modérés sur qui s’appuyer pour les contrer. Mais difficile de faire un choix parmi la multitude de factions. Analyse.

    #Moyen-Orient #Syrie #Jihadisme #EI #Front_al_Nosra

  • Et là, Lina Khatib vante la prestation du chef d’Al Qaeda comme « un exemple de pragmatisme », et Thomas Pierret l’« influence relativement modératrice sur Al-Nosra » du Qatar. Et « ce tournant a été initié […] par l’Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar ».

    Tout ce charabia (de l’AFP) signifierait qu’en pratique, quand on soutient, arme, organise ces groupes et qu’Al Qaeda progresse et risque de conquérir Damas, c’est un tournant vers la… modération et le pragmatisme. #moi_j'y_crois
    http://www.lepoint.fr/monde/al-qaida-en-syrie-veut-apparaitre-plus-presentable-28-05-2015-1931888_24.php

    Pour Lina Khatib, les messages de Jolani sont « un exemple de pragmatisme » qui démontrent qu’Al-Nosra « a des ambitions politiques » et ne veut pas seulement être considéré « comme une organisation extrémiste islamiste ».

    Ce tournant a été initié, selon les experts, par l’Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar en échange d’un appui plus fort aux groupes d’opposition syriens.

    Le Qatar, en particulier, « a une influence relativement modératrice sur Al-Nosra et cela était particulièrement clair dans l’interview », explique Thomas Pierret, expert de l’islam en Syrie à l’université d’Edimbourg.

    Je note à nouveau que l’article gomme totalement l’affreuse parlance religieuse pourtant omniprésente.

    • Rappel (parce que vraiment, hein, le tournant du pragmatisme et des ambitions politiques…) : en mai 2012, Burgat et Caillet expliquaient qu’Al Nusra était tellement radical que c’était certainement un faux-nez pour des actions false flag perpétrées par le régime syrien et attribuées faussement aux rebelles : Le groupe Jabhat an-Nusra ou la fabrique syrienne du « jihadisme »
      http://ifpo.hypotheses.org/3540

      Les communiqués, usant d’une rhétorique sectaire particulièrement radicale, confortent opportunément la thèse du régime. Ils ont logiquement suscité de multiples interrogations. Les milieux de l’opposition, rejoints par plusieurs analystes occidentaux, ont estimé que ce mode opératoire relevait d’une mise en scène du pouvoir. Les auteurs des premiers attentats ont, en effet, évité de causer de vrais dégâts à la cible sécuritaire supposée. Ils auraient utilisé, pour crédibiliser la tuerie, des corps de manifestants tombés plusieurs jours plus tôt en prenant soin de rendre impossible toute identification des victimes. Muhammad Abû Rumân, un spécialiste jordanien réputé des groupes jihadistes, a dit lui aussi son scepticisme.

  • Les enjeux de la bataille pour le Sud syrien
    http://www.lorientlejour.com/article/914635/les-enjeux-de-la-bataille-pour-le-sud-syrien.html

    Thomas Pierret et (versus le plus souvent) Fabrice Balanche

    La Jordanie est beaucoup plus sourcilleuse que la Turquie dans le contrôle de la frontière, ne serait-ce que pour des questions linguistiques et des aspects idéologiques. Le royaume hachémite cherche réellement à empêcher les islamistes de s’implanter dans la région. Et les bases d’entraînement des rebelles, financés par l’Arabie Saoudite et les États-Unis, se trouvent également en Jordanie. », analyse M. Pierret.

    M. Balanche est toutefois plus mesuré concernant l’allégeance des rebelles qui combattent dans la région. Ce dernier souligne qu’il existe des liens, surtout dans le Sud, entre le Front al-Nosra et l’ASL. Les armes qui sont données à l’ASL peuvent ainsi facilement se retrouver entre les mains d’al-Nosra. Concernant la présence de l’ASL dans la région, M. Balanche est également plus sceptique. « Quand on rencontre des réfugiés syriens, ils nous expliquent que c’est l’ASL qui combat dans leur région. Mais pour eux, tous les combattants qui ne sont pas affiliés à Daech (acronyme arabe de l’État islamique – EI) sont automatiquement affiliés à l’ASL, y compris des groupes comme Jaïsh al-islam ou al-Nosra. Cela crée évidemment la confusion. Aujourd’hui, l’ASL, à savoir les déserteurs de l’armée régulière ayant décidé de combattre le régime, ça n’existe plus. Soit ils sont morts, soit ils ont changé de groupe, soit ils sont réfugiés au Liban, en Jordanie ou en Turquie. Il reste à peine quelques centaines de combattants formés et financés par les Américains positionnés à des postes frontières clés. », explique M. Balanche.

    (...)

    Pour l’heure, la triade armée syrienne/pasdaran/Hezbollah n’a pas réalisé d’avancée spectaculaire, à part la prise de quelques villages, assure M. Pierret. Mais d’après lui, les objectifs réels de l’offensive sont différents des objectifs annoncés. « L’objectif est certainement d’éloigner le danger de Damas plutôt que de reprendre tout le Sud. Je ne suis pas sûr que l’Iran ait envie de reprendre tout le Sud et je ne vois pas trop ce qu’il en ferait. Les combattants sous commandement iranien chercheront à récupérer la zone à la frontière libanaise et à arriver jusqu’à la ligne d’armistice avec Israël », ajoute-t-il.

    Pour sa part, M. Blanche estime que les combattants loyalistes ont les moyens de réaliser les objectifs annoncés et de reprendre tout le Sud.

    (...)

  • Thomas Pierret spécialiste de la Syrie connu de tous les oulémas (savants) syriens répond aux lubies inopinées de Nir Rosen sur sa façon de concevoir la solution qui mettrait fin à la barbarie d’Assad, et qui est la suivante : laisser Assad au pouvoir et négocier avec lui. Assad ne négocie pas, il exécute tout mouvement d’opposition politique.

    http://pulsemedia.org/2014/12/23/on-nir-rosens-definitions-of-sectarian-and-secular
    #Syrie #embedded_journalism #nir_rosen #thomas_pierret

  • Archives : juin 2012, Max Blumenthal dénonce le Akhbar comme « propagandiste de Bachar Assad » et, en particulier, ridiculise l’idée que plusieurs milliers de combattants islamistes auraient pour but de « proclamer un caliphat islamique en Syrie ». (Dès novembre suivant, les « libérateurs » d’Alep annonçaient le désir d’établir un « État islamique juste », en posant devant un drapeau salafiste ; et évidemment Daech prétendra réaliser l’Émirat en juin 2014.)

    The right to resist is universal : A farewell to Al Akhbar and Assad’s apologists
    http://maxblumenthal.com/2012/06/the-right-to-resist-is-universal-a-farewell-to-al-akhbar-and-assads-a

    Echoing Assad, Ghorayeb has referred to the Syrian army’s pornographically violent crackdowns on what by all accounts is still a mostly homegrown resistance as “the regime’s war against the foreign sponsored terrorists and insurrectionists,” calling for “a security solution to root [them] out.” At the Al Akhbar’s Arabic site, Jean Aziz predicted a complete Salafi takeover of Syria if Assad falls. Meanwhile, Ibrahim al Amin claimed that the Syrian opposition “cop[ied] the modus operandi which was devised by the leadership of al-Qaeda,” then uncritically quoted an unnamed regime source who insisted that “a hardline majority of the armed groups have come to be led by non-Syrians.” Similarly, Narwani asserted that a shadowy 5000-man ultra-Islamist militia has been operating inside the city of Homs with “plans to declare an Islamic Caliphate in Syria” — Creeping Shariah! She based her remarkable assertion on a single conversation with an anonymous journalist.

    Le texte de Blumenthal contient en particulier une remarque d’une grande faiblesse, mais qui a cela d’intéressant qu’elle est reprise par les usual suspects (Thomas Pierret me l’a sortie) :

    (ironically, they seem to have little problem with Hezbollah’s core Islamist values)

  • En Syrie, la déroute des modérés - Le Point
    http://www.lepoint.fr/monde/en-syrie-la-deroute-des-moderes-03-11-2014-1878303_24.php

    « Depuis le début de l’intervention américaine en Syrie contre l’EI, être politiquement associés aux États-Unis est devenu un handicap majeur pour les groupes rebelles syriens », affirme Thomas Pierret, maître de conférences en islam contemporain à l’université d’Édimbourg. « Pourquoi en effet des combattants se sacrifieraient-ils pour des factions soutenues par une grande puissance dont il est évident qu’elle ne souhaite pas la défaite de Bachar el-Assad ? »

    Créé fin 2013 pour faire contrepoids à la formation du Front islamique syrien (rébellion salafiste et islamiste beaucoup plus performante), le Front révolutionnaire syrien regroupe une quinzaine de brigades rebelles modérées, reliquats de l’Armée syrienne libre (armée de l’opposition, créée en 2011, qui a éclaté à la suite du refus de Barack Obama de frapper le régime syrien après l’attaque chimique d’août 2013). Avec le mouvement Hazem, une formation laïque fondée en 2014, ils ont été désignés par l’administration Obama pour bénéficier d’un plan de 500 millions de dollars visant à entraîner, à armer et à financer la rébellion syrienne modérée afin qu’elle puisse à terme reconquérir les régions aux mains de l’EI.

    • Sans doute aujourd’hui plus qu’hier m’enfin, un des principaux reproches qu’on peut faire aux « rebelles » syriens, et qu’on leur fait sur place, c’est tout de même d’avoir choisi/accepté, dès le début, des alliés tels que le Qatar, les Saoudiens, les Ricains, les Turcs... (et je ne parle pas de la France pour faire poli).

  • Angry Arab : « Comment Anne Barnard couvre la Syrie depuis son bureau à Beyrouth, ou la propagande dans sa forme la plus vulgaire ». Je vous ai traduit le début du texte :
    http://angryarab.blogspot.fr/2014/10/scandalous-how-anne-barnard-covers.html

    J’étais en train de lire sur Twitter l’autre jour, et soudain j’ai remarqué que Thomas Pierret (un spécialiste de la Syrie qui est un défenseur ardent et dogmatique de l’Armée syrienne libre et des groupes islamistes en Syrie) insistait auprès d’Anne Barnard pour qu’elle couvre les atrocités commises par le régime (selon lui) à Saraqib. J’ai suivi comment Anne Barnard lui a demandé plus de détails, et comment Pierret lui a fourni des liens vers des sources de rebelles syriens et des vidéos. Je n’ai pas vraiment pensé à cela sur le coup, jusqu’à ce que, deux jours plus tard, je lise un très long article de Barnard reprenant exactement la démonstration que Pierret lui avait faite dans ses tweets (j’y suis retourné et les tweets n’étaient plus là). Et le résultat est l’une des pires œuvres de Barnard au sujet de la Syrie – et croyez-moi, elle fait face à sa propre concurrence pour ce qui est de couvrir un pays de la façon la plus anti-professionnelle possible (depuis un autre pays étranger, nonobstant ses visites d’une journée en Syrie).

    Ainsi cet article a été entièrement écrit suite à l’insistance d’un thuriféraire de l’Armée syrienne libre. Imaginez : si un champion du régime syrien lui avait demandé de manière pressante sur Twitter d’écrire une histoire sur les massacres commis par les rebelles syriens et lui avait envoyé quelques liens et des vidéos, et mis en rapport avec des « contacts » par Twitter et par téléphone pour écrire une histoire – pensez-vous qu’elle aurait accepté ?

    • Il y a une suite aujourd’hui : « Est-ce que Liz Sly a plagié l’article d’Anne Barnard ?
      http://angryarab.blogspot.fr/2014/10/did-liz-sly-plagiarize-her-article-from.html

      Maintenant cet article de Liz Sly, aujourd’hui dans le Washington Post, est étrangement proche, par son contenu et son angle, de l’article de l’autre jour par Anne Barnard dans le New York Times. Est-ce que l’une a plagié l’autre ? La réponse est non, mais cela souligne la tendance commune à ces deux correspondantes : en gros elles fondent leur couverture de la Syrie sur les affirmations de la propagande et des déclarations de l’Armée syrienne libre. Toutes deux se sentent obligées de simplement couvrir les angles fabriqués par l’ASL, et de ce fait leurs articles sont souvent trop semblables. Ce n’est donc pas du plagiat, à moins de considérer le plagiat comme le fait de se reposer paresseusement sur les groupes armés dont on partage l’idéologie.

  • Quand le front Al Nusra était « pathétique » ou pourrait être « une manipulation du régime » (archives mars 2012) : Les Echos - L’islam dans la révolution syrienne : 3 questions à Thomas Pierret
    http://archives.lesechos.fr/archives/cercle/2012/03/27/cercle_45041.htm

    Ayman al-Zawahiri a déclaré qu’il soutenait la révolution syrienne. En outre, un groupe djihadiste, Jabhat Al-Nusra Li-Ahl Al-Sham, s’est récemment constitué et des rumeurs circulent au sujet de la libération d’Abu Musab al-Suri. Faut-il craindre que la Syrie devienne un nouveau front d’Al-Qaida ?

    La question est éminemment politique puisque le régime syrien use de cette thématique pour délégitimer l’opposition. Après son échec en Irak, il est logique qu’Al-Qaida cherche en Syrie un nouveau terrain de djihad. De ce point de vue, le pays constitue une cible idéale puisqu’un mouvement de contestation majoritairement sunnite y est écrasé dans le sang par un régime alaouite et allié à l’Iran chiite, le tout sous le regard impuissant des pays occidentaux. Malgré cela, Al-Qaida n’est pas (encore ?) devenue un acteur significatif dans le conflit. L’écrasante majorité des opérations menées contre les forces du régime le sont par des brigades se réclamant de l’Armée syrienne libre. Or ces dernières usent d’une symbolique islamo-nationaliste très différente du salafisme-djihadisme d’Al-Qaida. Les efforts de Jabhat al-Nusra (« le Front du soutien ») pour se donner une présence médiatique sont pour l’instant pathétiques : il s’agit d’une une poignée de vidéos de mauvaise qualité et contenant peu d’images originales, si bien qu’elles ne permettent pas de lever les doutes concernant la réalité de cette organisation. L’administration américaine a pointé Al-Qaida du doigt suite aux attentats menés contre les sièges des renseignements syriens à Damas et Alep en décembre et janvier dernier. Les Américains ne savent en réalité pas grand-chose des responsables de ces attentats et l’accusation paraît surtout destinée à permettre à Washington de se laver les mains du dossier syrien. Al-Qaida est certes un coupable potentiel mais les attaques peuvent tout aussi bien être le fait d’opposants non djihadistes. On ne peut pas non plus exclure une manipulation du régime sur le modèle algérien.

    Utilisé dans la théorie du complot de Burgat/Caillet publiée par l’Ifpo en juin 2012, (re)signalée récemment par @souriyam :
    http://seenthis.net/messages/286112#message286294

  • Discussion entre Aron Lund, Joshua Landis et Thomas Pierret sur Twitter, démontant l’idée selon laquelle Assad aurait boosté ISIS en Syrie en libérant des salafistes en 2011 :
    https://twitter.com/aron_ld/status/497060184444133376

    Je vous ai fait une traduction de l’échange. J’ai mis en gras trois informations qui sont généralement évacuées des discussions en France, parce qu’elles contredisent justement l’idée d’une manipulation machiavélique :

    Aron Lund : Cette idée qu’Assad a volontairement renforcé ISIS en libérant des salafistes en 2011 semble idiote. La plupart de ceux que l’on sait avoir été graciés sont maintenant au Front islamique, combattant contre l’État islamique.

    Thomas Pierret : L’hypothèse faite par le régime en 2011 était qu’ils allaient rejoindre les réseaux État Islamique/Al Qaeda. Il n’a pas anticipé les groupes moins radicaux tels que Ahrar/Suqur.

    Joshua Landis : Thomas, est-ce nous sommes certains de cela ?

    Thomas Pierret : Les calculs étaient certainement basés sur des réseaux existants, pas sur de nouveaux concepts tels que Ahrar, que personne ne pouvait anticiper.

    Aron Lund : On ne devrait probablement pas présumer de trop de plannification stratégique ni de contrôle, cependant. Certains islamistes ont peut-être été libérés dans le cadre d’une mesure d’administie plus large, d’autres spécifiquement pour semer la merde et radicaliser les rebelles, et il y a certainement aussi des éléments infiltrés. Mais il ne m’apparaît pas évident qu’il s’agit de quelque chose de plus planifié que cela.

    Thomas Pierret : Pas besoin de planification ou d’infiltrateurs. Dans le contexte d’une guerre civile imminente, les conséquences de ces libérations étaient prévisibles et attendues.

    Joshua Landis. Prévisible, mais tous étaient des prisonniers politiques. Les militants des droits de l’Homme demandaient leur libération. Même moi j’étais en faveur de cette libération.

    Thomas Pierret : La nature sélective des libérations (relâcher les jihadistes mais pas quelqu’un d’innoffensif comme Tel Maluhi par exemple) montre que c’était totalement de mauvaise foi.

    Aron Lund : Mais ce n’étaient PAS QUE des jihadistes. Par exemple Ali al-Abdullah et Muhannad Al-Hassani ont tous les deux été libérés lors de l’amnestie de juin. Le point, c’est que tout tout semble être intervenu en même temps : les amnesties, les libérations sélectives, la politique chaotique et réactive.

    Joshua Landis : Je pense que c’est une erreur d’attribuer trop de clairvoyance et de prévoyance à Assad et ses hommes, qui se sont trompés si souvent. Je penche pour la politique réactive.

    (Avertissement : c’est une traduction, et j’ai tenté de rendre l’ensemble plus fluide que les messages en 140 caractères de Twitter. Le lecteur est donc invité à se baser sur les messages originaux référencés s’il veut reprendre ces messages.)

  • Tu as le choix, tu peux relire Thomas Pierret t’exposant les joies de la sharia appliquée à Alep :
    http://www.fljs.org/implementing-sharia-in-syria

    ou lire (et éviter de regarder les photos) comment ça se passe en pratique : Syrian extremists cut off man’s hand as punishment for stealing and post pictures on Twitter
    http://www.dailymail.co.uk/news/article-2570535/Syrian-extremists-cut-mans-hand-punishment-stealing-post-pictures-Twitt

    A group of Syrian Islamist militants posted a series of photographs of a man having his hand cut off in a live-update on Twitter.

    The live-feed of the amputation, which was carried out in the northern town of Maskanah, near Aleppo, was re-tweeted by several Jihadi social media channels.

    The group responsible, militant organisation ISIS - Islamist State in Iraq and Syria - claimed the man, an alleged thief, had requested to be punished in this way.

  • Tu as le choix : tu peux relire Thomas Pierret justifiant il y a quatre mois à peine l’application de la sharia à Alep et à Racca, cette forme de justice démocratique réclamée unanimement par les masses libérées : Implementing ‘Sharia’ in Syria’s Liberated Provinces
    http://www.fljs.org/content/implementing-%E2%80%98sharia%E2%80%99-syria%E2%80%99s-liberated-provinces

    Therefore, when Assad’s forces withdrew from large parts of the northern and eastern provinces (Idlib, Aleppo, Deir ez-Zor, Raqqa) from mid-2012 on, a wide consensus emerged among local communities upon the idea of rebuilding the judicial system on an Islamic basis. The unanimity of this project was all the more evident given the fact that these regions are the most conservative of the country and are very predominantly Sunni Muslim.

    Ou bien tu peux lire le rapport d’Amnesty International d’aujourd’hui qui dénonce la façon qu’ont les « rebelles » d’appliquer la sharia à… Racca et Alep : Syria : Harrowing torture, summary killings in secret ISIS detention centres
    http://www.amnesty.org/en/news/syria-harrowing-torture-summary-killings-secret-isis-detention-centres-2013

    Torture, flogging, and summary killings are rife in secret prisons run by the Islamic State in Iraq and al-Sham (ISIS), an armed group that controls large areas of northern Syria, said Amnesty International in a briefing published today.

    ISIS, which claims to apply strict Shari’a (Islamic law) in areas it controls, has ruthlessly flouted the rights of local people. In the 18-page briefing, Rule of fear: ISIS abuses in detention in northern Syria, Amnesty International identifies seven detention facilities that ISIS uses in al-Raqqa governorate and Aleppo.

    “Those abducted and detained by ISIS include children as young as eight who are held together with adults in the same cruel and inhuman conditions,” said Philip Luther, Amnesty International’s Director for the Middle East and North Africa.

    Former detainees describe a shocking catalogue of abuses in which they or others were flogged with rubber generator belts or cables, tortured with electric shocks or forced to adopt a painful stress position known as aqrab (scorpion), in which a detainee’s wrists are secured together over one shoulder.

    Some of those held by ISIS are suspected of theft or other crimes; others are accused of “crimes” against Islam, such as smoking cigarettes or zina, sex outside marriage. Others were seized for challenging ISIS’s rule or because they belonged to rival armed groups opposed to the Syrian government. ISIS is also suspected of abducting and detaining foreign nationals, including journalists covering the fighting in Syria.

  • Et maintenant, Thomas Pierret justifie les tribunaux islamiques et l’imposition de la « Sharia » en Syrie : Implementing ‘Sharia’ in Syria’s Liberated Provinces
    http://www.fljs.org/content/implementing-‘sharia’-syria’s-liberated-provinces

    Such developments seem to confirm the widespread Western perception of the implementation of sharia as a heavy-handed imposition of an Islamic lifestyle. This is undeniably part of the reality, but there is more to the establishment of Islamic jurisdictions in the rebel-held regions of Syria than a drive to impose public morality. Indeed, this is a marginal concern compared with more urgent issues such as the need to rebuild state institutions and to restore a minimal level of law and order.

    Je suppose que mes amis libanais sont eux-mêmes tous impatients de voir arriver ce genre de « libération » dans leur propre pays. (Vraiment, j’adorerais voir la tête d’un René Naba découvrant un tel texte.)

  • Quand les salafistes et Al Qaeda sont devenus ultra visibles en Syrie, le gars expliquait que c’était parce que les jeunes syriens trouvent que ça fait cool de s’habiller en noir (oui j’exagère). Maintenant que la planète est en train de se familiariser le terme « takfiriste » pour désigner cette horreur, il est donc urgent d’annoncer que les salafistes en Syrie, c’est bientôt fini. (Minorons, minorons, il en restera toujours quelque chose.) "En Syrie, des salafistes en recul", par Thomas Pierret
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/07/11/en-syrie-des-salafistes-en-recul_3445998_3232.html

    Tout ceci permet d’entrevoir un avenir où, plutôt que d’être phagocytée par les plus radicaux, l’insurrection syrienne se diviserait de manière croissante, mais pas nécessairement conflictuelle, entre d’une part une aile islamo-nationaliste dominée par les officiers déserteurs et renforcée par l’aide logistique saoudienne, et d’autre part une aile salafiste poussée au pragmatisme par l’influence combinée des partenaires internationaux et des résistances civiles.

    Si ça c’est pas des lendemains qui chantent…

    Curieusement, exactement le même jour, une longue dépêche AFP est sur le même axe : Syrie : les jihadistes coupés du peuple à cause de leurs abus
    http://www.liberation.fr/monde/2013/07/11/syrie-les-jihadistes-coupes-du-peuple-a-cause-de-leurs-abus_917579

    Au début de la révolte en Syrie, quand les insurgés cherchaient désespérément de l’aide, ils avaient accueilli les jihadistes à bras ouverts. Mais à force d’abus, ces derniers se sont aliénés une grande partie de la population.

    OK, tu as compris quel est l’axe de communication du moment ?

    • voici ce que retient un ami d’une conversation avec un ami syrien qui a été diplomate, et dont le propre frère était général dans la garde nationale syrienne.
      le problème, c’est que lorsqu’on reçoit çà, on est gêné, n’ayant pas d’interlocuteur d’aussi grande qualité ; il n’empêche, qu’en toute honnêteté, ils me paraissent loin des sentiments du peuple lui-même

      Résumé :
      "
      1.- L’origine du conflit est parfaitement datée : c’est le 13 mars 2011, dans la ville de Deraa (80 000 habitants au sud du pays vers la frontière avec la Jordanie), où 15 lycéens tagguent sur les murs des slogans favorables à la révolution égyptienne. Ces slogans ne sont pas de caractère religieux. Ces jeunes sont arrêtés et transférés à Damas. Leurs parents sont des paysans, des bédouins, qui se présentent au commissariat de police pour réclamer leurs enfants. On leur répond qu’ils ne verront plus leurs enfants. On leur dit aussi qu’ils n’ont cas faire de nouveaux enfants. On leur précise que s’ils sont trop vieux pour faire de nouveaux enfants, ils peuvent donner leurs femmes aux policiers qui s’en chargeront. La rumeur circule sur les réseaux sociaux, le 18 mars un « vendredi de la dignité » est organisé dans plusieurs villes. Plusieurs milliers de personnes défileront dans les grandes villes, le mouvement est lancé. Au départ il n’a rien à voir avec un conflit entre « modernistes » et « islamistes », même si les manifestants partent des mosquées.

      2.- Face à l’absence d’organisations libres et indépendantes, comme des associations, partis, syndicats – marques habituelles d’une dictature – les islamistes vont peu à peu récupérer la dynamique et assurer leur hégémonie sur le mouvement. Ils sont aidés par certains pays occidentaux et des pétromonarchies du golfe.

      3.- Aujourd’hui, pour la plus grande partie de la population, c’est une exigence de dignité qui domine. Tout le monde connaissait la corruption du régime, mais elle était acceptée dès lors que la population était respectée et qu’elle vivait relativement bien. Avec le cas des lycéens de Deraa, tout s’écroule. La population syrienne, selon mes amis, est largement contre le régime. Quant aux islamistes, qui contrôlent certaines villes, leur comportement suscite également un rejet croissant d’une partie de la population, qui n’en soutient pas pour autant le régime. Les opposants au régime qui ne sont pas islamistes sont des gens révoltés par le comportement de Bachar et de ses sbires.

      4.- Il y a des forces étrangères du côté des rebelles, mais la rébellion reste essentiellement nationale. Il ne s’agit absolument pas d’une intervention étrangère même s’il y a des forces étrangères. Des deux côtés d’ailleurs.

      5.- Il faut décrypter le jeu des autres pays. C’est Israël qui est à la manœuvre. Son intérêt est de faire durer le conflit syrien le plus longtemps possible. Le but est évident : ce conflit affaiblit la Syrie qui était un des pays les plus hostiles à Israël. L’affaiblissement concerne l’armée, les bases industrielles et économiques, le moral de la population. Israël, pour faire durer le conflit, aide tantôt les rebelles, tantôt le régime pour éviter qu’un camp prenne le dessus sur l’autre. Les Etats-Unis ont calqué leur position sur Israël, comme d’habitude. C’est pourquoi ils ne veulent pas intervenir ni armer sérieusement les rebelles afin d’éviter de leur donner un avantage qui mettrait un terme au conflit. Le gouvernement français connait tout cela et fait de la politique politicienne en organisant un faut pressing pour une intervention en Syrie alors qu’il sait qu’elle n’est pas possible. Il cherche à exister, sachant qu’il ne pourra rien faire, ni avec Israël et les Américains, ni avec les Européens qui ont d’autres chats à fouetter. Du côté des « soutiens » à Bachar il y a les Russes. Leur soutien est motivé, d’abord, par des raisons de politiques intérieure : il faut casser toute possibilité d’avancée des islamistes qui pourrait donner des idées aux propres islamistes qui existent dans différentes régions russes. Il existe aussi des raisons de politique étrangère : conserver la base militaire de Tartous, au nord de Lattaquié, la seule dont dispose la Russie en méditerranée ; conserver une influence dans la région ; prendre date, car si les Russes avaient à réprimer un soulèvement islamiste dans l’une de leurs régions, il ne faudrait pas qu’ils se soient mis en contradiction en soutenant une intervention militaire en Syrie que l’on pourrait leur rappeler. Les Iraniens aident militairement et financièrement Bachar, ils ont envoyé le Hezbollah. Les Iraniens sont chiites, comme les Syriens.

      Que retenir de la conversation que j’ai eue avec lui et sa femme pendant le repas ?

      1.- L’origine du conflit est parfaitement datée : c’est le 13 mars 2011, dans la ville de Deraa (80 000 habitants au sud du pays vers la frontière avec la Jordanie), où 15 lycéens tagguent sur les murs des slogans favorables à la révolution égyptienne. Ces slogans ne sont pas de caractère religieux. Ces jeunes sont arrêtés et transférés à Damas. Leurs parents sont des paysans, des bédouins, qui se présentent au commissariat de police pour réclamer leurs enfants. On leur répond qu’ils ne verront plus leurs enfants. On leur dit aussi qu’ils n’ont cas faire de nouveaux enfants. On leur précise que s’ils sont trop vieux pour faire de nouveaux enfants, ils peuvent donner leurs femmes aux policiers qui s’en chargeront. La rumeur circule sur les réseaux sociaux, le 18 mars un « vendredi de la dignité » est organisé dans plusieurs villes. Plusieurs milliers de personnes défileront dans les grandes villes, le mouvement est lancé. Au départ il n’a rien à voir avec un conflit entre « modernistes » et « islamistes », même si les manifestants partent des mosquées.

      2.- Face à l’absence d’organisations libres et indépendantes, comme des associations, partis, syndicats – marques habituelles d’une dictature – les islamistes vont peu à peu récupérer la dynamique et assurer leur hégémonie sur le mouvement. Ils sont aidés par certains pays occidentaux et des pétromonarchies du golfe.

      3.- Aujourd’hui, pour la plus grande partie de la population, c’est une exigence de dignité qui domine. Tout le monde connaissait la corruption du régime, mais elle était acceptée dès lors que la population était respectée et qu’elle vivait relativement bien. Avec le cas des lycéens de Deraa, tout s’écroule. La population syrienne, selon mes amis, est largement contre le régime. Quant aux islamistes, qui contrôlent certaines villes, leur comportement suscite également un rejet croissant d’une partie de la population, qui n’en soutient pas pour autant le régime. Les opposants au régime qui ne sont pas islamistes sont des gens révoltés par le comportement de Bachar et de ses sbires.

      4.- Il y a des forces étrangères du côté des rebelles, mais la rébellion reste essentiellement nationale. Il ne s’agit absolument pas d’une intervention étrangère même s’il y a des forces étrangères. Des deux côtés d’ailleurs.

      5.- Il faut décrypter le jeu des autres pays. C’est Israël qui est à la manœuvre. Son intérêt est de faire durer le conflit syrien le plus longtemps possible. Le but est évident : ce conflit affaiblit la Syrie qui était un des pays les plus hostiles à Israël. L’affaiblissement concerne l’armée, les bases industrielles et économiques, le moral de la population. Israël, pour faire durer le conflit, aide tantôt les rebelles, tantôt le régime pour éviter qu’un camp prenne le dessus sur l’autre. Les Etats-Unis ont calqué leur position sur Israël, comme d’habitude. C’est pourquoi ils ne veulent pas intervenir ni armer sérieusement les rebelles afin d’éviter de leur donner un avantage qui mettrait un terme au conflit. Le gouvernement français connait tout cela et fait de la politique politicienne en organisant un faut pressing pour une intervention en Syrie alors qu’il sait qu’elle n’est pas possible. Il cherche à exister, sachant qu’il ne pourra rien faire, ni avec Israël et les Américains, ni avec les Européens qui ont d’autres chats à fouetter. Du côté des « soutiens » à Bachar il y a les Russes. Leur soutien est motivé, d’abord, par des raisons de politiques intérieure : il faut casser toute possibilité d’avancée des islamistes qui pourrait donner des idées aux propres islamistes qui existent dans différentes régions russes. Il existe aussi des raisons de politique étrangère : conserver la base militaire de Tartous, au nord de Lattaquié, la seule dont dispose la Russie en méditerranée ; conserver une influence dans la région ; prendre date, car si les Russes avaient à réprimer un soulèvement islamiste dans l’une de leurs régions, il ne faudrait pas qu’ils se soient mis en contradiction en soutenant une intervention militaire en Syrie que l’on pourrait leur rappeler. Les Iraniens aident militairement et financièrement Bachar, ils ont envoyé le Hezbollah. Les Iraniens sont chiites, comme les Syriens. "

      j’attends vos réactions

    • Rémi : Point 1, oui (bien qu’ici agrémenté de rumeurs de Twitter, mais pour le gros de l’idée, oui). Je pense aussi, et on m’a raconté, que le régime a lui-même démontré son illégitimité, son incompétence et sa criminalité dans les premières semaines des manifestations.

      Le point 3, oui. Mais il minore le danger de la prise de contrôle par les radicaux. D’expérience, la population libanaise n’a jamais trop aimé les miliciens, mais les a subis (particulièrement dans une guerre milicienne, ce ne sont pas les miliciens qui souffrent le plus, mais les populations). Les irakiens n’ont pas aimé le régime, n’ont pas aimé l’occupation étrangère, mais n’ont pas apprécié particulièrement les bombes quotidiennes et les milices, et ils ont massivement quitté leur pays. Il suffit de peu de miliciens pour saborder totalement une société, même si « leur comportement suscite […] un rejet croissant ». Ces types sont sur-armés et particulièrement teigneux, rien n’indique qu’ils partiront gentiment parce que les gens ne sont pas très contents.

      Le point 4, selon quels critères ? Si des pays étrangers donnent cinq milliards de dollars à une rébellion armée, même « locale », dans un pays pauvre, est-ce encore une révolution, quelle est sa légitimité nationale ? Qui décide de la marche de la révolution ? Vers quelle forme de société va cette révolution ? Quel est le lien entre une population affamée et les sympathiques bailleurs de fonds étrangers ?

      Et outre les fonds étrangers, évidemment il y a les combattants étrangers. Phénomène qui commence à être bien connu, mais on peut continuer à faire semblant qu’ils sont une simple conséquence de la répression du régime après avoir prétendu qu’ils n’existaient pas, et plus largement que les salafistes armés sont un phénomène légitime (si vous me lisez sur le Liban, vous savez je pense qu’il ne s’agit ni d’un phénomène naturel, ni légitime).

      Le point 5 ne dit pas grand chose d’original, et se termine par la très rituelle assimilation des chiites iraniens et des alaouites syriens. C’est assez amusant, parce que quand la question se pose avec les druzes, la réponse est beaucoup plus fluctuante en fonction des intérêts et des alignements politiques.

      Le point 2 est problématique. Il part d’un constat évident, mais jusqu’à quel point on peut tirer ce point ? Je me souviens de Haytham Manna débattre avec les gentils journalistes de France 24 (il n’est plus invité sur France 24, désormais), leur reprochant de présenter comme des héros les premiers combattants de l’Armée syrienne libre, dont il disait qu’ils allaient tuer la révolution en la militarisant. Comme quoi la militarisation n’était pas inéluctable, et que cette militarisation est à la fois un choix et une fabrication, pas seulement une conséquence des actions du régime. Ensuite entre un islam local, qui peut se radicaliser, et l’arrivée des jihadistes brandissant les drapeaux d’Al Qaeda qui démembrent les gardes-frontière, il y a de la marge ; et ce qui est spectaculaire, c’est qu’à l’époque les médias français refusent de voir ces drapeaux (comme ils refusent de les voir depuis un an dans les manifestations du 14 Mars au Liban), et que Thomas Pierret est de ceux qui servent à minorer cette forme des combats en Syrie.

      Des gens comme Manna expliquaient des choses assez évidentes dès le début :
      – la militarisation de l’opposition est le meilleur service à rendre aux régime en donnant un alibi à la répression militaire (de fait, la répression militaire a remplacé la répression par les services de renseignement) ;
      – la militarisation va éloigner la population des aspirations démocratiques :
      – la destruction du régime ne doit pas être confondue avec la destruction de l’État syrien ; le chaos interdit la démocratie ;
      – la destruction de l’économie va éloigner la population de la révolution, parce que la lutte pour la survie tuera toute aspiration démocratique.

      Or, peu de gens ont accepté d’entendre ces évidences, systématiquement présentées comme « pro-russes » (si si), et quasiment toutes les actions soutenues par nos médias et nos politiciens ont conduit exactement à provoquer les catastrophes que Manna avait annoncées, et à étouffer la révolution démocratique.

      Instaurer une guerre civile permanente comme au Liban, et la destruction totale de la société elle-même comme en Irak, c’était prévisible, des gens l’ont prévu et ont prévenu, et on ne peut se draper dans sa bonne conscience sur le thème « c’est la faute à Bachar », alors que depuis deux ans on soutient toutes les politiques qui, de manière inévitable, conduisent à cela.

    • Merci Nidal, tes éclairages me sont précieux. j’espère qu’on pourra se rencontrer un jour. pour info : je serai à « Palestine en campagne » à la mi-aout. peut_être en as-tu entendu parler.

  • New Texts Out Now: Thomas Pierret, Religion and State in Syria
    http://www.jadaliyya.com/pages/index/12187/new-texts-out-now_thomas-pierret-religion-and-stat

    The conclusions I draw from my book lead me to take issue with widespread narratives about the current rise of Sunni Islamism, and in particular of Salafism in Syria. This phenomenon is usually perceived in a negative way, that is, as an expression of sectarian radicalization against religious communities. There is undeniably some truth in that, but it is a partial view of the problem. There is also a “positive” dimension to it: the expression of an identity that has been suppressed for decades, notably, as I show in the book, by imposing severe restrictions on religious practices and symbols that are considered as perfectly harmless in most other Muslim countries.

    In my view, this is one of the reasons that explains why several of the first insurgent battalions established by defector officers in 2011 were given Islamic names, despite the fact that they were not displaying any specifically Islamist agenda. The army is probably the most aggressively anti-religious institution in the Syrian regime, which means that for defectors, choosing religious names for their battalions was part of a paradigmatic, revolutionary break with the past. Later on, in liberated areas, growing a beard, adopting a Salafi style, and raising the black and white banner of the Prophet have been part of a process of self-assertion that does not necessarily amount to declaring war against those who do not share that religious identity, although of course this can be the case.

    The rise of Salafism is also part of what I would call the “religious empowerment” of the Syrian peripheries (suburbs, small towns, and villages). Until 2011, the religious center— that is, the scholarly elite I study in the book—was very much rooted in traditional-Sufi Islam, and this was the case for both pro-regime and independent ulama. As for Salafi Islam, including its dominant quietist wing, it suffered genuine persecution at the hands of the regime and only survived in a kind of semi-underground fashion, often in the peripheries mentioned above. Seen from that point of view, the current rise of Salafism is not only a revenge against the regime and/or Alawite domination, but also a revenge of the social and geographical margins against the center. To a large extent, this is what this uprising is about.

    #Syrie
    #Islam
    #salafisme
    #islamisme

  • Il y a un mois, cela enquiquinait visiblement Thomas Pierret d’apprendre que, selon l’Observatoire syrien des Droits de l’homme, presque la moitié des tués en Syrie seraient alaouites. Son argument était que, si cela était vrai, cela signifierait qu’il y a autant de morts dans les rangs de l’armée syrienne que parmi les rebelles, ce qu’il juge impossible.

    Pourtant, auparavant et depuis ce chiffre, l’Observatoire a régulièrement annoncé que les pertes de l’armée étaient au moins aussi élevées que celles des rebelles.

    http://blogs.mediapart.fr/blog/thomas-pierret/160513/syrian-observatory-probably-overestimated-alawite-casualties

    In such circumstances, it is likely that the largest share of Alawite victims are members of the military and pro-regime militias, since Alawites constitute most of the regime’s fighting units. Here again, however, the figure mentioned in the report is doubtful. Indeed, since it is likely that more than half of the estimated 80.000 Sunni victims are civilians, and since Sunni casualties also include soldiers who died while fighting on the regime’s side, the SOHR estimates imply that regime forces lost as many or even more men than the opposition. This is hard to believe given the massive imbalance between the two sides in terms of firepower and protection: contrary to loyalist forces, insurgents have no helicopters, no planes, no ballistic missiles, very few tanks and heavy artillery; they rarely wear helmets and body armors, and they totally lack decent medical infrastructures. In such circumstances, the weakest belligerent generally suffers considerably higher casualties, even when it wins in the end - the Vietnam war is a case in point, since the Viet Cong and North Vietnamese army lost two to four times more combatants than the South Vietnamese and US forces.

    In conclusion, the number of Alawite victims of the Syrian conflict was probably overestimated by the SOHR. If it is accurate, then it is likely that the total death toll is much, much higher than 120.000.

  • Oumma.com et la Syrie : quelques chiffres
    http://blogs.mediapart.fr/blog/thomas-pierret/120613/oummacom-et-la-syrie-quelques-chiffres
    Suite de la polémique ouverte par François Burgat au sujet de Ouma.com (http://seenthis.net/messages/147381) : Thomas Pierret, chiffre à l’appui, apporte son soutien à Burgat

    Sur 49 articles d’analyse et d’opinion publiés par le site sur la Syrie depuis mars 2011 (on exclut donc ici les textes de nature purement factuelle), 29 expriment des points de vue pro-régime tandis que 15 prennent leur contrepied (1). En d’autres termes, le ratio entre opinion favorables et hostiles au régime est de 2 contre 1. Soulignons que la tendance s’est très nettement accentuée après la publication par oumma.com de la dernière contribution en date de François Burgat sur le sujet syrien (9 août 2012), le ratio entre articles pro et anti-régime étant passé depuis lors à 5 contre 1 (10/2).

    #Syrie

    • Merci @rumor pour le lien. Il me confirme d’une part que Burgat est un opportuniste et que d’autre part, à la lecture des quelques papiers de notre nouvel ami Pierret, qu’il n’y a rien mais alors rien d’objectif dans son discours.

      De toutes façons comment peut-on imaginer que Burgat puisse se déclarer objectif dans cette affaire syrienne et siéger en même temps dans un think thank en compagnie de kouchner, moscovici, levitte et okrent ? C’est rigoureusement impossible, je dis bien impossible.

      Le côté positif du lien vers le papier de Pierret => à lire les commentaires j’ai l’impression de ne pas être le seul à penser que c’est un dude ;-)

    • Pour ce qui est de ce think tank en tout cas, Burgat revendique de n’avoir pas du tout les mêmes positions que les gens cités. De longue date, ses analyses sur l’islam politique (au sein duquel le Hezbollah) l’ont conduit à voir dans les partis islamiste une alternative démocratique aux régimes dictatoriaux. Ses positions actuelles à l’égard d’En Nahda en Tunisie (ou des Frères en Egypte) et d’une bonne partie de l’opposition islamiste en Syrie s’inscrivent dans cette perspective. Cette sympathie (ou du moins cette interprétation bienveillante) en faveur de ces partis n’était pas partagée, jusqu’en 2011, par les personnes citées ici.

    • Je ne jette pas la pierre @rumor car je sais combien il est dur de séparer le bon grain de l’ivraie.
      J’ai cru et défendu longtemps beaucoup de choses que je sais fausses aujourd’hui. Y’a deux mille ans un mec a dit de jeter la première pierre si on a rien à se reprocher, ben ... j’peux pas la jeter à Burgat :-(

      Par contre, le parcours de Burgat à fréquenter les « institutionnels » syriens quand il a quelque chose à gratter et bien sûr la fermer, et aujourd’hui l’ouvrir quand il est engagé nulle part, me laisse perplexe. Un autre truc me laisse également perplexe : nos deux amis n’ont rien à dire sur l’OSDH ? pas trouvé dans les papiers de Pierret et connais pas assez Burgat pour l’affirmer, mais je suis prêt à parier sur si Burgat devait demain sortir une diatribe (objective) sur l’OSDH et ses origines, il ne resterait pas longtemps dans son think thank de va-t-en guerre.

  • Ni Haytham Manna, ni Michel Kilo.
    http://www.lefigaro.fr/international/2012/11/11/01003-20121111ARTFIG00180-l-opposition-syrienne-se-rassemble.php

    En outre, la coalition risque de ne pas effacer le problème de la représentativité, affirment des opposants qui n’étaient pas à Doha. Parmi les absents, le Comité national de coordination des forces de changement démocratique de Haytham Manna, qui soutient les positions russes, et le Forum démocratique syrien de l’opposant historique Michel Kilo. « Le Forum ne se sent pas concerné par l’accord de Doha », dit Samir Aïta, un des dirigeants du mouvement, qui ajoute toutefois : « Nous invitons tous les opposants à se réunir au Caire pour approfondir les discussions. »

    et :

    Selon le politologue Salam Kawakibi, le CNS aurait réussi à prendre le contrôle de la nouvelle instance. « C’est eux qui ont imposé le terme de coalition, pour signifier qu’ils gardent leur identité. Ils auraient aussi exigé 40 % des postes. Ils devraient pouvoir contrôler la coalition à travers des alliances avec des groupes et des indépendants. »

    Curieux de voir qu’aussi peu d’articles font l’effort de dire quels sont exactement les groupes de l’opposition qui se seraient « unis » à Doha, et de préciser que des opposants historiques dénoncent la manœuvre.

  • Cedej : Compte rendu colloque Le monde arabe à l’âge des révolutions : une évaluation globale
    http://www.ifre.fr/index.php/actualites/actualite-moyen-orient/item/1064-cedej-compte-rendu-colloque-monde-arabe-revolutions

    Commentant l’évolution de la contestation en Syrie, Thomas Pierret (Université d’Edinburgh) a noté une « islamisation » de l’insurrection qui irait de pair avec la militarisation de son expression. Pour obtenir un soutien financier en provenance du Golfe, certains combattants n’hésiteraient pas à accentuer leur engagement religieux, ce qui expliquerait le rôle accru du référent islamique. Le comportement répressif des régimes a fait l’objet d’analyses séparées. Peter Harling (International Crisis Group) a regretté la « transformation », récente selon lui, du régime syrien, qui prétend parler comme un Etat mais agit, en réalité, comme une milice confessionnelle. La situation actuelle fait craindre l’installation du pays dans une économie de la violence.
    [...]
    Bernard Rougier (CEDEJ) est revenu sur la dimension régionale de la crise syrienne, en insistant sur le rapport entre la Syrie et l’Iran. Alors que Hafez al-Assad pouvait exploiter la menace irakienne pour équilibrer sa relation avec l’Iran, de même qu’il utilisait la menace iranienne pour négocier à son avantage avec les Etats du Golfe, Bachar al-Assad est dans l’impossibilité de résister à l’interventionnisme iranien dans son pays – antérieur au déclenchement de la crise en mars 2011 mais largement renforcé depuis lors. La crise syrienne fait aussi ressortir le rôle d’acteurs hybrides, mi-étatiques, mi-sociaux, tels que le Hezbollah libanais, tiraillé sur l’attitude à adopter sur la situation syrienne, ou le Hamas palestinien, qui a joué subtilement la carte de la neutralité critique après avoir tenté – sans succès – de s’imposer comme médiateur. Construit pendant – et par – la guerre du Liban, le régime syrien en reproduit les mécanismes en transformant les questions politiques en enjeux existentiels, empêchant ainsi la production d’un espace politique commun.

    #Iran
    #Liban
    #Hezbollah
    #Syrie
    #révolution
    #islamisation