person:victor hugo

  • Engie, inOui et autres idioties | Grise Bouille
    https://grisebouille.net/engie-inoui-et-autres-idioties

    Tout doit être une marque.

    Chaque aspect de nos vies doit être marketinguisé jusqu’à la moelle, sinon il ne vaut pas la peine d’être sauvé.

    Regardez ces stades que l’on est désormais sommés de nommer par le nom de leurs sponsors (pratique pudiquement vendue sous l’anglicisme naming) : au revoir le Palais Omnisport de Paris-Bercy, bonjour « AccordHotels Arena » (le nom le plus ridicule de la décennie, au passage) ; au revoir le Stade Vélodrome de Marseille, bonjour « Orange Vélodrome » ; bonjour encore le « Stade Allianz Riviera » à Nice… Parce qu’après tout, si même nos conversations autour d’événements sportifs ou de concerts peuvent se transformer en page de pub pour des compagnie d’assurance ou de télécom, c’est encore ça de gagné.

    Tout doit être un produit.

    Et encore, là, on s’échauffe. C’est qu’ils ne sont pas encore complètement décomplexés, les types. Mais attendez que l’on achève de solder l’école. Qu’est-ce que c’est que ces Collèges Victor Hugo et autres Lycées Henri Poincaré ? Alors que l’on pourrait avoir des Écoles Maternelles Danone et des Pepsi Schools ? Que d’espaces publicitaires perdus ! Et pleins de mômes, en plus, les plus réceptifs aux techniques de manipulation des pubards !

  • Allons-nous vivre 150 ans ? – Centre d’observation de la société
    http://www.observationsociete.fr/ages/allons-nous-vivre-150-ans.html

    La durée de vie est déterminée par le fonctionnement global de notre société. L’Insee a montré récemment, avec des données inédites, l’impact du revenu en matière d’espérance de vie, notamment pour les couches populaires ou moyennes jusqu’à 2 500 euros mensuels. Se doter d’un confort minimum en termes de logement, pouvoir s’alimenter ou se chauffer correctement, varier ses activités, jouent aussi. Au total, il y a sans doute plus à attendre de la façon dont sera partagé le progrès, qu’il s’agisse d’éducation, de travail ou de revenus, que des inventions technologiques miraculeuses.

  • Marée Populaire Grenoble
    https://grenoble.indymedia.org/2018-05-21-Maree-Populaire-Grenoble

    La marée populaire du 26 aura lieu sur Grenoble. RDV à 10h devant la gare Cortège avec les étudiants, lycéens, les secteurs en lutte, les services publics, les syndicats, les associations, les organisations politiques. Tous ensemble pour dire non à Macron ! Ensemble pour protester dans la bonne humeur, de façon festive, avec des animations dans le cortège, et finir place Victor Hugo avec un pique-nique partagé et des prises de paroles (inscriptions en amont..). Coorganisé par FRANCE INSOUMISE (...)

    #Agenda

  • Marche de commémoration de la Nakba (exode palestinien)
    https://grenoble.indymedia.org/2018-05-02-Marche-de-commemoration-de-la

    Marche de commémoration de la Nakba Soutien à la marche du retour 1948-2018 Samedi 12 mai, à 14 heures, place du marché de la Villeneuve à Grenoble, Tram A arrêt Arlequin. 14H30 : Départ de la marche direction Notre-Dame en passant par Village Olympique, MC2, Chavant, Victor Hugo. 17H30 : Arrivée place Victor Hugo. Solidarité avec la résistance du peuple palestinien Pour le droit au retour de tous les réfugiés palestiniens Marche de solidarité avec le peuple palestinien en lutte contre le (...)

    #Agenda

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Exode_palestinien_de_1948

  • Manif du premier mai à Grenoble (cortège de soutien à la Palestine, et appel à la commémoration de la Nakba)
    https://grenoble.indymedia.org/2018-05-02-Manif-du-1er-mai-a-Grenoble

    Dans le cortège sous la banderoles Palestine une prise de parole à écouter : Palestine Marche de commémoration de la Nakba Soutien à la marche du retour 1948-2018 Samedi 12 mai, à 14 heures, place du marché de la Villeneuve à Grenoble, Tram A arrêt Arlequin. 14H30 : Départ de la marche direction Notre-Dame en passant par Village Olympique, MC2, Chavant, Victor Hugo. 17H30 : Arrivée place Victor Hugo. Solidarité avec la résistance du peuple palestinien Pour le droit au retour de tous les (...)

    #Articles

    / #Infos_locales, Impérialismes / Solidarités internationales

    #Impérialismes_/_Solidarités_internationales
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Exode_palestinien_de_1948

  • [RussEurope-en-Exil] Un an de Macron par Jacques Sapir
    https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-un-an-de-macron-par-jacques-sapir

    Billet invité Emmanuel Macron va fêter le premier anniversaire de son élection au mois de mai. Cette élection, on s’en souvient, s’était déroulée dans un contexte plus que particulier. Le rejet par une fraction de l’électorat de Mme Marine le Pen, pour des raisons multiples dont en particulier sa performance exécrable lors du débat télévisé, […]

    #Économie #Russeurope_en_Exil

    • Emmanuel Macron brutalise, que ce soit symboliquement ou matériellement une bonne partie de l’opinion publique française. Cela laissera des traces.

      Les attaques contre les services publiques touchent, il convient de le rappeler, en premier lieu les plus défavorisés.
      De fait, nombre de ces réformes heurtent de plein fouet les classes populaires. A cela viennent s’ajouter des dérapages de langage qui révèlent une morgue profonde : parler de « gens qui ne sont rien » confirme qu’Emmanuel Macron a très peu d’empathie pour qui n’est pas issu du même milieu que lui. La familiarité qu’il entretient avec des personnes qui peuvent raisonnablement passer pour des « nantis » aggrave son cas. Cela, cependant, ne peut lui être reproché. Par contre, les mesures fiscales avantageant massivement les plus riches sont, elles, problématiques.

      Oubliées, les idées longtemps maitresses de la politique intérieure comme la politique industrielle et l’aménagement du territoire, des idées qui étaient en définitive profitables à tous.

      La France, selon Macron, n’a plus de projet ; elle n’a qu’un bilan et un compte d’exploitation. La France ne se conduit plus ; elle se gère. Peut-être la formule de la « start-up nation » n’était-elle pas une métaphore, mais la réalité la plus nue et la plus vraie de ce qu’est la conception de la France pour Emmanuel Macron. Ce n’est donc point un Président que nous avons élu, mais un chef d’entreprise, qui travaille pour le profit de ses actionnaires (les dirigeants de l’Union européenne) et qui n’hésitera pas à licencier le peuple si ce dernier ne lui convient pas. Alors, oui, à ce niveau de vacuité, on peut se permettre des choses indignes, comme de s’exprimer en une langue étrangère devant un parlement étranger ou de livrer à des embrassades grotesques. Quand on ne représente plus un pays, il n’y a plus de questions de dignité. Victor Hugo plaçait ainsi dans la bouche de Triboulet, le héros tragique de Le Roi s’amuse : “Sire, je ne viens pas demander ma fille / Quand on n’a plus d’honneur, on n’a plus de famille”.

      Ainsi se révèle de la manière la plus crue, mais aussi la plus véridique, la Présidence d’Emmanuel Macron, une Présidence qui se fait sans doute des idées sur la France mais qui a complètement oubliée une certaine idée de la France.

  • Macron, les fainéants et les philosophes
    https://lemediapresse.fr/politique-fr/macron-les-faineants-et-les-philosophes

    Agrégé et docteur en philosophie, Henri Peña-Ruiz est maître de conférences à Sciences Po Paris. Reconnu pour ses réflexions sur la laïcité, dont il est l’un des plus grands spécialistes, il a fait partie des vingt « sages » de la fameuse commission sur la laïcité présidée par Bernard Stasi en 2003. S’efforçant de lier laïcité, justice sociale et émancipation, Henri Peña-Ruiz est également l’auteur de nombreux ouvrages, dont « Dictionnaire amoureux de la laïcité » (Plon 2014), et publie bientôt chez Seuil « Karl Marx penseur de l’écologie ». Il décortique pour nous la « pensée » d’Emmanuel Macron.

    Les études philosophiques du Président de la République l’ont porté vers Paul Ricoeur et John Rawls. Mais ses propos récents et anciens concordent mal avec de tels penseurs. Depuis Kant, souvent cité par Paul Ricoeur, on sait qu’au cœur de l’éthique il y a le respect de l’humanité dans tout être humain. « Agis de telle façon que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne d’autrui toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. ». Une maxime oubliée quand le 29 Juin dernier Monsieur le Président Macron a osé dire : « Une gare c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien ». Après la référence à « l’alcoolisme » dans le bassin minier du Pas-de-Calais, et aux ouvrières bretonnes « illettrées », le propos est rude. Pourquoi tant de mépris pour ceux qui n’ont pas réussi selon ses critères ? Il est vrai que naguère, ministre de l’économie, il avait lancé, le 15 janvier 2015 : « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires. » Un étrange idéal, qui fait du moyen une fin. Passons. La richesse n’est pas coupable, tant qu’elle ne s’assortit pas de la pauvreté voire de la misère d’autres personnes. Victor Hugo dénonçait, dans Melancholia, un système « qui produit la richesse en créant la misère ». Tel était le cas du premier capitalisme, qui n’avait d’autre règle qu’un profit sans limites, quoi qu’il en coûte aux hommes et à la nature. Un capitalisme auquel nombre de chefs d’entreprise rêvent de revenir en raturant les conquêtes sociales qui tempérèrent la logique du profit par des considérations humaines, et par les règles qui les traduisent.

  • Rock Against Police - des lascars s’organisent écoute de l’épisode 4 : au Rémouleur jeudi 12 avril à 20h, les bandes sons de la révolte - 44 mn

    Entre 1980 et 1983, l’expression Rock Against Police donne son nom à une série de concerts organisés au beau milieu des cités. Cette expérience témoigne du bouillonnement “politico-culturel” qui caractérise alors la #jeunesse métropolitaine et la #banlieue. Autant de tentatives par des “jeunes immigrés et prolétaires” de se réapproprier leur “territoire social” quotidien et de se doter d’une “histoire politique propre”

    http://rapdocsonores.org
    https://seenthis.net/messages/616142
    Le Rémouleur est toujours au.. 106, rue Victor Hugo (93170 Bagnolet) M° Robespierre ou M° Gallieni

    https://seenthis.net/messages/599664
    https://seenthis.net/messages/655588

  • Rassemblement des collectifs de soutien aux familles sans abri le Mardi 13 mars
    https://rebellyon.info/Mardi-13-mars-18-h-Place-Sathonay-Lyon-18789

    A l’approche de fin de la trêve hivernale, les collectifs de soutien aux familles sans abri des écoles Robert Doisneau, Victor Hugo et Michel Servet des pentes de la Croix-Rousse (fédérées au collectif #Jamais_Sans_Toit) poursuivent activement leur mobilisation lors d’un grand rassemblement place Sathonay le mardi 13 mars à partir de 18 h. Le mot d’ordre est : pas de remise à la rue des familles hébergées.

    #Infos_locales

    / Une, #Logement_-_Squat, Jamais Sans Toit

  • De Victor Hugo à Jaurès et Matabiau, des chantiers à la pelle - 05/03/2018 - ladepeche.fr
    https://www.ladepeche.fr/article/2018/03/05/2753466-victor-hugo-jaures-matabiau-chantiers-pelle.html

    En plus de tous ces lieux où il y a des travaux à Toulouse, de nombreux autres espaces publics ont fermés leurs accès et on peut se poser la question de cette gestion des espaces normalement accessibles à tou·tes.
    Samedi et dimanche derniers les barrières de sécurité qui fermaient les quais de la Garonne et les digues ont été arrachées pour le bonheur des promenades sous le soleil. Sauf que ça risque d’être chaud, car ces bords de Garonne qui accueillent toute une foule dès qu’il fait beau sont signalés comme fermés pour travaux, certains pour deux ans et surtout tous en même temps - du Pont Saint Michel au Pont de Blagnac, presque 5km fermé d’un coup ! ça permet d’arracher les arbres qui formaient une petite forêt le long des berges et servaient de refuge sauvage aux oiseaux de toute sorte. Par ailleurs, des amis venus en visite m’ont demandé où passaient tous les beaux pavés qui étaient retirés pour être remplacés par du béton et combien ils étaient revendus.

    #urbanisme
    #écologie
    #toulouse

  • « Emmanuel Macron est capable d’audace et de transgression » ; une "révolution énergétique a commencé sous l’impulsion de Nicolas Hulot", nous dit une tribune d’Edgar Morin (Sociologue et philosophe), LE MONDE | 21.02.2018

    Chacun possède une dualité, voire une multiplicité intérieure, mais certains personnages historiques sont remarquables par une dualité politique étonnante. Ainsi de Gaulle, à la fois rebelle et rassembleur national pendant la guerre, porté au pouvoir par l’Algérie française et renversant ses géniteurs putschistes pour reconnaître l’Algérie algérienne, politiquement rénovateur et socialement conservateur durant sa présidence.

    Pour comprendre Macron, je partirais d’un fait de vie privée qui traduit un choix de vie audacieux et une capacité de transgression extraordinaire : contre vents et marées et plutôt contre les obstacles des milieux conformistes bourgeois de province, il épouse sa professeure de lycée plus âgée que lui et déjà mère de deux enfants, et il assume cette transgression ouvertement tout au long de sa carrière.

    QUAND IL SE LANCE DANS L’AVENTURE PRÉSIDENTIELLE, IL TRANSGRESSE TOUTES LES RÈGLES DU JEU APPAREMMENT INAMOVIBLES DE L’ADOUBEMENT PAR UN PARTI
    Quand il se lance dans l’aventure présidentielle, il transgresse toutes les règles du jeu apparemment inamovibles de l’adoubement par un parti et il part aventureusement, créant de toutes pièces un rassemblement dynamique d’éléments captés dans les partis, qui s’en disloquent, ce qui, évidemment dans des circonstances favorables, le conduit à la présidence de la République. On peut dire qu’il y a du Bonaparte, du Boulanger, du de Gaulle dans cela, mais la différence est qu’il n’y a au départ aucun prestige ni gloire militaire, mais un jeune civil audacieux.

    Par ailleurs, une autre étonnante dualité réside dans le fait d’être un intellectuel littérairement et philosophiquement cultivé et un homme qui fait carrière aux antipodes de la philosophie, dans la banque et la finance.

    Hulot ou l’antagonisme au gouvernement

    D’où une autre dualité. Il remet à l’actualité le souci du grand destin de la France, se hausse au niveau de l’intérêt national supérieur, mais, en même temps, sa pensée politico-économique demeure totalement conforme au néolibéralisme et plus encore à la vulgate technocratique économique régnante dans les classes dirigeantes, comme chez ses prédécesseurs, fondée sur la compétitivité, les économies budgétaires, les faveurs aux entrepreneurs et les restrictions aux salariés, et respectant comme évident le pouvoir financier. Et lui-même a plusieurs fois affirmé sa conviction que la richesse nationale vient principalement des riches.

    Les cabinets ministériels sont truffés plus que jamais de jeunes technocrates qui ne voient le réel qu’à travers les chiffres. On arrive même à une contradiction entre sa pensée humaniste affirmée et le comportement concret du ministre de l’intérieur, des instances policières et judiciaires à l’égard des réfugiés.

    SUR NOTRE-DAME-DES-LANDES, IL NE SE RALLIE PAS À LA CONCEPTION DES ZADISTES, MAIS IL TRANSGRESSE LA VISION TECHNO-ÉCONOMIQUE DOMINANTE
    Enfin, Emmanuel Macron a instauré de lui-même, sinon une contradiction, du moins un antagonisme, au sein de son gouvernement, non tant en mêlant ministres issus de la gauche et de la droite, mais en y installant à une place noble [ministre de la transition écologique] Nicolas Hulot, symbole des problèmes écologiques devenus vitaux et d’une nouvelle politique.

    Cela dit, deux actes macroniens témoignent d’un début de transgression de la vulgate techno-économique. Le premier est la riposte à la décision du président Trump de renoncer à l’accord international sur le réchauffement climatique, dans le discours où s’énonce pour la première fois une pensée planétaire, « Make our planet great again ». Le second est dans le renoncement à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes où s’étaient cristallisées et radicalisées deux conceptions de la société. Il ne se rallie certes pas à la conception des zadistes, mais il transgresse, dans ce cas symbolique, la vision techno-économique dominante dont il était le promoteur.

    Une autre pensée économico-politique

    Va-t-il évoluer et passer de la transgression au renoncement, du renoncement à l’adoption d’une autre pensée économico-politique ? Cette autre pensée a déjà été formulée. C’est celle d’une grande politique de salut public, dont la révolution énergétique (qui a commencé sous l’impulsion de Nicolas Hulot) serait un premier élément, et comporterait une grande politique des villes visant à dépolluer et déstresser la vie urbaine, une grande politique des campagnes faisant régresser l’agriculture et l’élevage industrialisés, ravageurs des terres, dont les produits standardisés sont insipides et insanes, au profit de l’agriculture fermière, raisonnée, et bio.

    Lire aussi : Petite philosophie du macronisme

    L’une et l’autre politique auront besoin de main-d’œuvre, fourniraient du travail, feraient régresser le chômage, l’une et l’autre auraient un apport décisif à la santé publique et susciteraient d’énormes réductions dans les dépenses de pharmacie, de médecine, des hôpitaux.

    Enfin, ces deux volets politiques auraient besoin d’être complétés par un grand projet de solidarité qui oriente le service national annoncé des jeunes en service national de solidarité, qui opère la création dans tout le tissu urbain français des maisons de solidarité, qui effectue prêts ou subventions favorisant et stimulant toutes entreprises ayant un caractère d’entraide de secours et de solidarité.

    La transgression peut être une progression

    La promotion conjointe de responsabilité et de solidarité seraient elles-mêmes favorisées par une réforme profonde de l’éducation dont est capable le ministre en exercice, Jean-Michel Blanquer, qui enseignerait le mieux-vivre. C’est bien là la nouvelle voie qui permettrait à M. Macron de réaliser son aspiration profonde, qui est d’inscrire sa marque historique dans le destin national et d’infléchir le destin planétaire. C’est à cette ultime transgression, qui serait alors une grande progression, que le convient les forces vives du pays.

    Emmanuel Macron ira-t-il soit progressivement, soit par conversion rapide, vers un grand destin national, lequel est inséparable d’une grande politique, pas seulement extérieure, mais intérieure ? Autrement, il n’y aura pas de grande présidence. Au moment de conclure, une voix me dit que j’ai aussi mon double « je » :
    « Cet espoir est-il crédible ? N’est-il pas déjà trop installé dans son credo techno-économique ? N’a-t-il pas acquis définitivement le culte de la réussite et le dédain pour les laissés-pour-compte ?
    – Peut-être, je ne sais pas… Mais je sais qu’il est capable d’audace et de transgression. »

    Après Emmanuel Carrère et François Dosse (j’ai du en louper), une autre présentation du énième président des riches en intellectuel "complexe", de quoi raffermir un anti intellectualisme déjà bien présent dans l’hexagone.

    #com' #présidentialisme #carpettes

    • Emmanuel Macron : « Paradoxalement, ce qui me rend optimiste, c’est que l’histoire en Europe redevient tragique »

      Le président de la République, qui polit son image intellectuelle, a accordé un entretien à « La Nouvelle Revue française », dans lequel il revient sur la littérature et l’exercice du pouvoir. Extraits.

      LE MONDE | 27.04.2018 à 12h02
      Y a-t-il encore dans la politique quelque chose de « romanesque » ? C’est la question que pose La NRF dans son 630e numéro, à paraître au mois de mai. Pour tenter de répondre à cette question, le rédacteur en chef, Michel Crépu, et l’avocat et écrivain Alexandre Duval-Stalla ont confronté le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, à son propre rapport à la littérature.

      Dans quelle mesure votre pratique de la littérature joue-t-elle avec votre travail de président de la République, concrètement, à travers vos contacts avec les dirigeants du monde entier ?

      Emmanuel Macron : Cela dépend des situations. Pour moi, le premier apport de la littérature est de m’avoir transmis certaines choses avant même que je les connaisse. J’ai connu les odeurs des fleurs d’abord chez Colette ou Giono avant de les respirer moi-même… Ma grand-mère m’a initié au premier Giono, celui de Regain et de Colline, au merveilleux Giraudoux que plus personne ne lit aujourd’hui, à Colette énormément. Ensuite, au cours de l’adolescence, il y a eu Gide et Camus. Proust et Céline sont venus après. Un livre comme Les Nourritures terrestres a été très important pour moi, en même temps que j’étais touché aussi par Camus. D’un côté, Gide l’intellectuel devenu sensuel, et de l’autre côté, Camus arrivant de la Méditerranée, avec son côté brut, minéral, devenant intellectuel engagé. Il y eut aussi René Char, pour la poésie.
      Ce que je veux dire, c’est que tout cela construit un cadre sensible et intellectuel qui demeure et qui influence le regard qu’on porte sur le monde. J’ai fait beaucoup de philosophie, mais c’est surtout la littérature qui m’a structuré, à la fois pour les « grands personnages » et le sens du détail. On se souvient de la phrase de Stendhal : « Au séminaire, il est une façon de manger un œuf à la coque qui annonce les progrès faits dans la vie dévote. » Cette façon d’esquisser à grands traits la fresque historique tout en étant capable soudain de ces détails minutieux qui disent tout de la grande aventure, voilà la littérature.
      Et les personnes ?

      Cela dépend. Avec un homme comme Vladimir Poutine, l’art, la musique, la littérature, l’histoire ont une résonance forte. Je l’ai constaté à Versailles récemment à travers la figure de Pierre le Grand. Angela Merkel est plus « scientifique » que littéraire dans son approche des choses, mais la musique a pour elle une grande importance. En Afrique, avec certains dirigeants ou dans certains cercles, cela joue un vrai rôle, car l’ombre de Senghor est toujours là et la francophonie nous questionne sur notre rapport avec le langage, donc avec les œuvres qui en sont faites.
      Mais en fait, l’aspect le plus décisif est le rapport aux Français. Il y a toujours deux choses au sein du pays, deux dimensions qui ne se confondent pas : l’exercice du pouvoir et l’incarnation du pays. Ces deux dimensions entrent en tension lorsque il n’y a pas une histoire, un drame, le sentiment pour la société d’une destinée qui se joue. Les Français sont malheureux quand la politique se réduit au technique, voire devient politicarde. Ils aiment qu’il y ait une histoire. J’en suis la preuve vivante ! Je suis très lucide sur le fait que ce sont les Français et eux seuls qui m’ont « fait » et non un parti politique.
      Du point de vue du système politique traditionnel, je suis une aberration. Si la politique se résumait à cette sorte de chimie qui fait son œuvre comme si de rien n’était, je ne serais pas là. En réalité, je ne suis que l’émanation du goût du peuple français pour le romanesque : cela ne se résume pas en formules, mais c’est bien cela le cœur de l’aventure politique. En somme, on est toujours l’instrument de quelque chose qui vous dépasse.
      Avez-vous ressenti cela au moment des funérailles de Johnny, qui incarnait symboliquement quasiment Victor Hugo, descendu de l’Arc de triomphe au Panthéon devant des millions de Parisiens ? Cela aurait amusé Jean d’Ormesson !

      Johnny, c’est encore autre chose que Jean d’Ormesson, où entrait la dimension d’hommage officiel. Johnny Hallyday, je le connaissais et je connais des admirateurs ; je savais qu’ils ne voulaient pas d’un discours. J’ai passé une nuit à l’écrire en sachant parfaitement que ce discours ne servirait à rien, que les gens n’en voulaient pas et surtout pas d’un discours du président de la République !
      Alors pourquoi ?

      Cela fait des décennies que le pouvoir politique est sorti de l’émotion populaire. Il faut considérer cela : l’émotion populaire se moque des discours. Le jour des obsèques, je savais très bien que la foule qui était là n’était pas acquise. Elle n’attendait pas un discours officiel. Elle était dans l’émotion brute du moment. C’est cette émotion que j’ai partagée avec la foule. Rien d’autre. Les gens ne vous reconnaissent comme un des leurs que si vous prouvez que vous êtes capable de partager leur émotion. Que vous ne les prenez pas de haut. Je ne sais pas si j’y suis arrivé, mais beaucoup sont venus me remercier pour ce que j’avais dit à ce moment-là. Encore une fois, il ne faut jamais oublier que vous représentez à la fois le pouvoir et la nation, ce sont deux choses qui vont de pair mais que l’on ne peut confondre. Cette dualité est constitutive de ma fonction.
      (…)
      Les intellectuels français éprouvent toujours à l’endroit du pouvoir une méfiance instinctive qui est tout à fait absente chez le Mauriac du « Bloc-notes » – il y a au contraire une jubilation à se confronter à la réalité politique…

      J’assume totalement la « verticalité » du pouvoir, qui croise l’horizontalité de l’action politique. J’assume les choix qui sont faits, et je hais l’exercice consistant à expliquer les leviers d’une décision : il y a un temps pour la délibération, un temps pour la décision, ils ne peuvent se confondre. Cela n’a rien à voir avec l’autoritarisme, car j’assume aussi de ne pas décider trop vite, de réfléchir, comme en ce moment sur les questions religieuses, par exemple. Il faut que les choses circulent. Que la société les mûrisse pour son compte. Mais il faut aussi faire attention à ce que le délibératif ne devienne pas de l’indéterminé. Le délibératif est une phase transitoire, il n’est pas le préalable au nihilisme.
      On a beaucoup accusé Mai 68 d’être à la source d’un mode d’indifférenciation…

      Mai 68 a été, voici cinquante ans, un moment de confrontation avec le pouvoir. Cela correspond à un instant historique qui avait ses fondements et son actualité alors. Aujourd’hui, nous vivons quelque chose de très différent dans le rapport entre la société et le pouvoir. Mai 68, ce fut un moment. Il est passé. Nous sommes dans une autre configuration.
      Quel est l’enjeu, aujourd’hui ? Quelle est la confrontation ?

      Le grand enjeu, c’est de sortir de l’insignifiance. Nous vivons depuis trente ans une forme de postmodernisme mal digéré. L’enjeu, c’est de retrouver la possibilité de construire, en assumant la part parfois univoque, unilatérale de toute décision.
      Qu’est-ce qui vous rend optimiste, si tel est bien le cas ? Et pessimiste ?

      Rien n’incite tant au pessimisme que le nihilisme qui partout menace, et qui conduit au cynisme, à l’absence de tout désir et de toute ambition. Paradoxalement, ce qui me rend optimiste, c’est que l’histoire que nous vivons en Europe redevient tragique. L’Europe ne sera plus protégée comme elle l’a été depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ce vieux continent de petits-bourgeois se sentant à l’abri dans le confort matériel entre dans une nouvelle aventure où le tragique s’invite. Notre paysage familier est en train de changer profondément sous l’effet de phénomènes multiples, implacables, radicaux. Il y a beaucoup à réinventer. Et dans cette aventure, nous pouvons renouer avec un souffle plus profond, dont la littérature ne saurait être absente.
      Propos recueillis par Michel Crépu et Alexandre Duval-Stalla

      « Politique et littérature, l’énigme Macron »
      Pour l’écrivain et rédacteur en chef de « La Nouvelle Revue française », Michel Crépu, la vie politique et la littérature vont de pair en France. Et c’est pour connaître le rapport qu’entretient le président Emmanuel Macron avec les lettres que « La NRF » l’a interrogé.

      LE MONDE | 27.04.2018 à 12h02 | Par Michel Crépu (écrivain, rédacteur en chef de « La Nouvelle Revue française »)

      Tribune. En Amérique, le président jure sur la Bible, en France il pose devant la bibliothèque. Les reliures pourpres sont là, personne ne les lit jamais, mais il est essentiel qu’elles soient dans le champ visuel. Que l’on sache que l’esprit des lettres imprègne invisiblement la conscience du nouvel élu. Pour la photo officielle, l’actuel président Macron a joué d’une certaine ambiguïté, en laissant traîner sur le guéridon quelques Pléiades à peine identifiables. C’était une façon désinvolte de ne pas insister sans oublier l’existence des grands auteurs.
      En France, pour ce qui est de la politique et de la littérature, les choses sont allées de pair, de Joinville au général de Gaulle, dans une relation d’intimité complice, jusqu’à ce que le lien se défasse, faute de personnel. François Mitterrand, nous le savons maintenant grâce à la publication de sa correspondance avec Anne Pingeot, a gardé la littérature pour l’amour plus que pour la politique. Ses successeurs n’ont pas fait montre, de leur côté, d’ambitions particulières. En un sens, cela valait mieux.
      Chirac n’y pensait tout bonnement pas, Sarkozy par foucades débridées, Giscard au retour de la chasse, Hollande préférant la lecture du journal. Il faut remonter à Pompidou avant Jésus-Christ pour entendre Eluard à l’Elysée. Et Macron ? C’est le travail d’une revue de chercher à le savoir. D’où cet entretien, qui paraît aujourd’hui dans La NRF de mai 2018, cinquante ans après les événements fameux.
      On ne jure pas sur la Bible mais on fait un peu son Montaigne
      Du temps, pas si éloigné, où le principe d’une conversation avec le pouvoir était voué sur-le-champ aux gémonies, une telle chose était impensable. L’histoire politique de La NRF, riche en bouleversements idéologiques, montre pourtant combien, de Gide et Rivière à Paulhan, la politique a fait l’objet d’un intérêt passionné. L’époque des années 1930 se cherchait un centre de gravité, La NRF y joua sa partie. On touche là au vif de ce que représente aujourd’hui une revue telle que La NRF, avec beaucoup d’autres : arriver à nommer son temps, les figures et les idées qui l’animent. Ainsi, dans ce même numéro, un journal de bord de tournage par l’acteur Melvil Poupaud, voisine-t-il avec les perplexités présidentielles sur la future destinée romanesque du continent européen.
      Le roman a-t-il encore ses chances dans la politique mondiale ? Que signifie faire du cinéma ? Sans faire la prophétesse de malheur ni la bonimenteuse de paradis, La NRF choisit de voyager avec ces questions. Car l’espace d’une revue sert précisément à cela : voyager avec certaines questions qui valent mieux que d’autres. On ne jure pas sur la Bible mais on fait un peu son Montaigne : c’est mieux que vivre sous l’hypnose du mage Houellebecq. Dévider la bobine sans s’obséder d’avoir le dernier mot. « Nonchalant » de lui comme Montaigne l’était de sa propre mort. Après tout, la politique n’est-elle pas un autre nom du réel ? C’est aussi bien le cas de la littérature, expérience délicieuse et douloureuse à la fois de la contradiction illimitée.

      Intello en carton qui, par exemple, confond langue et langage.

      https://seenthis.net/messages/598516

      Le philosophe et le président
      FRANÇOIS DOSSE
      http://www.editions-stock.fr/livres/essais-documents/le-philosophe-et-le-president-9782234084483

      François Dosse : « La métaphore de la cordée permet à Emmanuel Macron de définir une forme originale de libéralisme »
      https://www.lopinion.fr/edition/politique/francois-dosse-metaphore-cordee-permet-a-emmanuel-macron-definir-forme-1362

  • Manifestation de soutien aux soudain-e-s réduit-e-s en esclavage
    https://grenoble.indymedia.org/2018-01-26-Manifestation-de-soutien-aux,45604

    Manifestation Samedi 27 Janvier 2018 Place Victor Hugo, à 11H, En soutien aux Soudanais-es réduit-es en esclavages en Libye Et violemment réprimé-es Par la dictature au Soudan Il y a quelques mois, le monde découvrait avec stupeur la mise en esclavage de migrants africains en Libye. Suite à cela, des mobilisations citoyennes se sont déroulées dans de nombreux pays pour demander aux différents États et autorités d’intervenir pour mettre fin à ces exactions. De telles manifestations ont ensuite conduit (...)

    #Agenda

  • Ce n’est plus vous qui êtes en marche, monsieur le Président, c’est la #vérité. Vous pouvez porter plainte contre moi pour #diffamation  ; la postérité portera plainte ­contre vous pour #infamie."

    dixit #Yann_Moix
    « Monsieur le Président, vous avez instauré à Calais un protocole de la bavure »

    L’écrivain Yann Moix fustige dans une #lettre_ouverte adressée à Emmanuel Macron la politique migratoire de la France, et plus particulièrement le traitement infligé aux migrants à Calais. Vidéo à l’appui, il affirme avoir filmé sur place des « actes de barbarie ».


    http://www.liberation.fr/debats/2018/01/21/monsieur-le-president-vous-avez-instaure-a-calais-un-protocole-de-la-bavu
    #Calais #asile #migrations #EnMarcheVersLeFN (c’était cela le tag ?) #réfugiés #humiliation #espoir

    Et sur la question de la #terminologie (#mots #vocabulaire) :

    Vous les nommez « migrants » : ce sont des #exilés. La migration est un chiffre, l’exil est un #destin.

    ping @reka @sinehebdo

    Ici le texte complet, pour ne pas le perdre :

    Monsieur le président de la République, chaque jour, vous humiliez la France en humiliant les exilés. Vous les nommez « migrants » : ce sont des exilés. La migration est un chiffre, l’exil est un destin. Réchappés du pire, ils représentent cet avenir que vous leur obstruez, ils incarnent cet espoir que vous leur refusez. C’est à leur sujet que je vous écris.
    Vous avez affirmé, dans votre discours de Calais, que « ceux qui ont quelque chose à reprocher au gouvernement s’attaquent à sa politique, mais qu’ils ne s’attaquent pas à ses fonctionnaires. » Je ne m’en prendrai ici qu’à vous. Et à vous seul.

    Je ne suis pas, comme vous dites, un « commentateur du verbe » : je suis un témoin de vos actes. Quant à votre verbe, il est creux, comme votre parole est fausse et votre discours, double.

    J’affirme, M. le Président, que vous laissez perpétrer à Calais des actes criminels envers les exilés. Je l’ai vu et je l’ai filmé.

    J’affirme, M. le Président, que des fonctionnaires de la République française frappent, gazent, caillassent, briment, humilient des adolescents, des jeunes femmes et des jeunes hommes dans la #détresse et le #dénuement. Je l’ai vu et je l’ai filmé.

    J’affirme, M. le Président, que des exilés non seulement innocents, mais inoffensifs, subissent sur notre territoire des atteintes aux #droits_fondamentaux de la personne. Je l’ai vu et je l’ai filmé.

    Ces actes de #barbarie, soit vous les ­connaissiez et vous êtes indigne de votre fonction  ; soit vous les ignoriez et vous êtes indigne de votre fonction. Ces preuves, si vous les demandez, les voici  ; si vous faites semblant de les demander, les voici quand même. Les Français constateront ce que vous commettez en leur nom.

    « Je ne peux pas laisser accréditer l’idée que les forces de l’ordre exercent des violences physiques », avez-vous dit. Ajoutant  : « Si cela est fait et prouvé, cela sera sanctionné ». D’abord, vous menacez de procès en diffamation ceux qui démasquent ­votre politique  ; ensuite, vous menacez de procédures de sanction ceux qui l’appliquent.

    Journalistes, policiers  : avec vous, tout le monde a tort à tour de rôle. Les uns d’avoir vu, les autres d’avoir fait. Tout le monde a tort sauf vous, qui êtes le seul à n’avoir rien vu et le seul à n’avoir rien fait. On attendait Bonaparte, arrive Tartuffe.

    Soit les forces de l’ordre obéissent à des ­#ordres précis, et vous êtes impardonnable  ; soit les forces de l’ordre obéissent à des ­ordres imprécis, et vous êtes incompétent. Ou bien les directives sont données par vous, et vous nous trahissez  ; ou bien les directives sont données par d’autres, et l’on vous trahit.

    Quand un policier, individuellement, ­dépasse les bornes, on appelle cela une #bavure. Quand des brigades entières, groupées, dépassent les bornes, on ­appelle cela un #protocole. Vous avez ­instauré à Calais, monsieur le Président, un #protocole_de_la_bavure.

    Quand une #police agit aussi unie, pendant si longtemps, elle ne peut le faire sans se plier à un commandement. Est-ce bien vous, monsieur le Président, qui intimez aux policiers l’ordre de déclencher ces ­actions souillant la #dignité de l’homme   ? Vous y avez répondu vous-même  : « Dans la République, les fonctionnaires appliquent la politique du gouvernement. »

    L’histoire a montré qu’on peut parfois ­reprocher à un policier de trop bien obéir. Mais elle a surtout montré qu’on doit ­toujours reprocher à un président de mal commander, précisément quand le respect humain est bafoué. En dénonçant les #violences_policières, en cherchant à savoir qui est le donneur de ces ordres, je ne fais que défendre la police, parce que lui ­donner de tels ordres, c’est justement ­porter atteinte à son honneur.

    « La situation est ce qu’elle est par la #brutalité du monde qui est le nôtre », dites-vous. Peut-on attendre, monsieur le Président, qu’une situation aussi complexe soit ­démêlée par une pensée aussi simpliste  ? Que des décisions si lourdes soient ­compatibles avec des propos si légers  ? On attendait Bonaparte, arrive Lapalisse.

    Serez-vous plus enclin à l’émotion qu’à la réflexion   ? Ecoutez la voix de ces jeunes qui, fuyant les assassins et la dictature, rançonnés puis suppliciés en Libye, traversent la Méditerranée sur des embarcations douteuses pour accoster, à bout de forces, dans une Europe que vous défendez par vos formules et qu’ils atteignent par leur courage.

    Vous avez osé dire  : « Notre honneur est d’aider sur le terrain celles et ceux qui ­apportent l’humanité durable dans la ­République. » Au vu de ce qui semblerait être votre ­conception de « l’#humanité », les associations préfèrent l’aide que vous leur avez ­refusée à celle que vous leur promettez. A Calais, on vous trouve plus efficace dans la distribution des coups que dans la distribution des repas.

    Ces associations, monsieur le Président, font non seulement le travail que vous ne faites pas, mais également le travail que vous défaites. Quant à votre promesse de prendre en charge la nourriture, elle n’est pas généreuse  : elle est élémentaire. Vous nous vendez comme un progrès la fin d’une aberration.

    La colonisation en Algérie, monsieur le Président, vous apparut un jour comme un « crime contre l’humanité ». Ne prenez pas la peine de vous ­rendre si loin dans l’espace et dans le temps, quand d’autres atrocités sont commises ici et maintenant, sous votre présidence. Sous votre responsabilité.

    Faites, monsieur le Président, avant que l’avenir n’ait honte de vous, ce qui est en votre pouvoir pour que plus un seul de ces jeunes qui ne possèdent rien d’autre que leur vie ne soit jamais plus violenté par la République sur le sol de la nation. Mettez un terme à l’#ignominie. La décision est difficile à prendre  ? On ne vous demande pas tant d’être courageux, que de cesser d’être lâche.

    Saccages d’abris, confiscations ­d’effets personnels, pulvérisation de sacs de couchages, entraves à l’aide humanitaire. Tel est le quotidien des exilés à Calais, monsieur le Président. Hélas, vous ne ­connaissez rien de Calais. Le Calais que vous avez visité mardi dernier n’existe pas  : c’était un Calais pipé  ; c’était ­un Calais imaginaire et vide  ; c’était un ­Calais sans « migrants ». Un Calais sur mesure, un Calais de carton-pâte. Le Calais que vous avez visité, monsieur le Président, ne se trouve pas à Calais.

    Le Défenseur des droits a dénoncé, lui aussi, le « caractère exceptionnellement grave de la situation », qu’il n’hésite pas à décrire comme étant « de nature inédite dans l’histoire calaisienne ». Une instance de la République, monsieur le Président, donne ainsi raison à ceux à qui vous donnez tort. Mais je vous sais capable de ne pas croire vos propres services, tant vous ­donnez si souvent l’impression de ne pas croire vos propres propos.

    Comme on se demande à partir de combien de pierres commence un tas, je vous demande, monsieur le Président, à partir de combien de preuves commence un #crime.

    Je citerai enfin les conclusions de la « mission IGA-IGPN-IGGN relative à l’évaluation de l’action des forces de l’ordre à Calais et dans le Dunkerquois » d’octobre 2017 – mission qui dépend du ministère de l’Intérieur  : « L’accumulation des témoignages écrits et oraux, bien que ne pouvant tenir lieu de #preuves formelles, conduit à considérer comme plausibles des manquements à la doctrine d’emploi de la force et à la #déontologie_policière, principalement à Calais. Ces manquements portent sur des faits de violences, sur un usage ­disproportionné des aérosols lacrymogènes, la ­destruction d’affaires appartenant aux ­migrants ainsi que le non-respect de l’obligation du matricule RIO [le référentiel des identités et de l’organisation]. »

    Permettez-moi, monsieur le Président, de traduire cette phrase dans un français non-policier  : « Nous croulons sous les preuves de violences policières, notamment de gazages, mais nous refusons de les considérer comme des preuves au sens strict, car cela risquerait de froisser monsieur le ­ministre de l’Intérieur, qui serait obligé d’enquêter sur l’épidémie d’anonymat qui saisit ses troupes au moment de l’assaut contre les migrants. »

    Vous dites  : « Je ne peux laisser accréditer l’idée que les forces de l’ordre utilisent la #violence. » Les violences vous dérangeraient-elles moins que le fait qu’on les laisse accréditer ?

    A l’heure, monsieur le Président, où vous décrétez ce qui est, ou n’est pas, une « fake news », vous nous rappelez de manière ­salutaire que vous êtes prompt au mensonge éhonté. On attendait Bonaparte, ­arrive Pinocchio.

    Je ne sais pas exactement de quoi vous êtes responsable  ; je sais seulement en quoi vous êtes irresponsable. Le grand mérite de votre politique, c’est qu’on peut la voir à l’œil nu.

    Surtout à Calais, où tout est fait pour ­rendre impossible aux exilés l’accès à l’Angleterre. Non seulement ils n’ont pas le droit de rester, mais ils n’ont pas la possibilité de partir. Que doivent-ils faire   ? Attendre qu’on leur brûle la rétine  ? Ou bien jouer leur destin en tentant la traversée  ?

    Vous menacez en tout, monsieur le Président, des gens qui ne nous menacent en rien. Votre politique ne fait pas que trahir nos #valeurs, elle les insulte. Les mesures antimigratoires sont toujours populaires. Mais voulant faire plaisir à la foule, vous trahissez le peuple.

    Le préfet du Pas-de-Calais m’a appelé, ­furieux, osant se réclamer de Jean Moulin  ; mais Jean Moulin s’est battu pour faire cesser la barbarie, non pour intimider ceux qui la dénoncent. Les exilés sont des victimes. Laissez les martyrs morts en paix  ; cesse de faire la guerre aux martyrs vivants.

    #Jean_Moulin fut supplicié pour une France qui accueille les hommes, pas pour une France qui les chasse. Dites à votre préfet que se réclamer d’un héros de la ­Résistance quand, dans sa sous-préfecture, Erythréens, Afghans et Soudanais sont harcelés, délogés, gazés nuit et jour, c’est prendre Jean Moulin en otage. Et c’est le trahir une deuxième fois.

    Ce n’est plus vous qui êtes en marche, monsieur le Président, c’est la vérité. Vous pouvez porter plainte contre moi pour ­diffamation  ; la postérité portera plainte ­contre vous pour infamie.

    #responsabilité

    • À chaque chose, une place. Que ne fait on pas pour un petit rôle ? Faire partie de la bande à BHL et avoir fricoté avec quelques antisémites, être pro israélien et blablater à la tévé, faire le romancier et le réalisateur, même en période d’imbécilité soutenue, ça ne suffit pas à faire un #intellectuel selon le canon français. L’hagiographie de Macron a déjà été écrite par Emmanuel Carrère et étayée par un livre de François Dosse, alors on rédige un J’accuse de saison, et qui prend soin de défendre l’honneur de la police...
      Au moins 600 manifestants à Ouistreham contre les « traques » de migrants
      http://www.europe1.fr/societe/au-moins-600-manifestants-a-ouistreham-contre-les-traques-de-migrants-355139
      #placement #relooking #Ration

    • @touti, dénoncer, je sais pas. Je voulais juste rappeler de quelle étoffe est notre héros ("faites moi un procès, président !) de circonstances. La triste réalité c’est que pour moi aussi l’écho donné à ce texte, son existence même, peut malgré tout tenir lieu de bonne nouvelle, façon fragmentation de la domination (parmi les dominants et leurs alliés)... sur fond d’occupations d’écoles, d’aide au passage des Alpes, d’ouverture de squat ou de manif significative, comme à Ouistreham.

    • #Yann_Moix, comment dire... Je viens de parcourir l’article de Wikipédia à son sujet. J’y ai relevé quelques passages principalement dans le paragraphe « sujets polémiques » :

      1) Cinéma Utopia (2009)

      Dans Le Figaro du 10 août 200948, Yann Moix s’indigne d’un tract des cinémas Utopia présentant le film Le Temps qu’il reste. Il reproche notamment à ce tract de débuter par : « Les tragédies de l’histoire sont souvent grotesques. Les Palestiniens vivent depuis 1948 un cauchemar kafkaïen », puis il relève ceci : « Quelques massacres plus tard, perpétrés par les milices juives » et s’indigne de la formule « milices juives » qui, selon lui, « évacue Auschwitz d’un coup d’adjectif non seulement mal placé mais déplacé, un concept qui donnerait aussitôt vie, dans la foulée, à de jolis avatars, comme des nazis juifs, des fascistes juifs, des hitlériens juifs ». Il est aussi particulièrement frappé par cet autre extrait du tract : « Elia Suleiman revient sur son enfance dans une école juive où la lobotomisation sioniste des élèves filait bon train... ». Il compare l’auteur du tract à Robert Brasillach et avance que les gérants des cinémas Utopia ont « la haine des juifs » et seraient « le visage nouveau de l’antisémitisme contemporain », comparant leur gazette à Je suis partout, journal collaborationniste pendant la Seconde Guerre mondiale. La revue La Règle du jeu (fondée en 1990 par Bernard-Henri Lévy) lui apporte son soutien.
      Les cinémas d’art et d’essai du réseau Utopia portent plainte pour injure, et Yann Moix, ainsi que Le Figaro, défendu par Patrick Klugman, sont condamnés en 2010 pour « délit d’injure envers particuliers » le 19 octobre 2010. David Caviglioli, journaliste de L’Obs, relève que le jugement précise que le tract a été écrit avec « une tonalité militante et abrupte », et lui-même soupçonne un antisémitisme sous-jacent à ce tract, relevant par exemple que le sionisme y est décrit comme le « rêve fou d’un état religieux juif ».

      #sionisme

      2) Polanski et la Suisse

      Yann Moix crée la polémique le 1er février 2010 en publiant un extrait de son prochain livre La Meute dans La Règle du jeu sous le titre « J’aime Polanski et je hais la Suisse ». Selon Le Parisien, Yann Moix prend « prétexte » de l’assignation à résidence du cinéaste juif Roman Polanski par la Suisse, pour attaquer cette dernière en la traitant de « pute », de « Gestapoland » et de « pays inutile », « nul » et « fondamentalement antisémite », puis un jour plus tard dans le journal Le Matin ses citoyens de « mous salauds ». En date du 2 février 2010, le texte est retiré du site à la demande de l’auteur. La presse francophone de Belgique et de France commence à relater l’information et l’ambassade de France en Suisse diffuse un communiqué de presse se désolidarisant de l’auteur en estimant à propos de l’ouvrage : « […] on peut à bon droit penser qu’il eût mieux valu qu’il ne parût point ».

      #culture_du_viol

      3) Loi Gayssot (2010) :

      Fin 2010, il apparaît comme un des signataires d’une pétition pour l’abrogation de la loi Gayssot aux côtés de Robert Faurisson, Dieudonné et de militants d’extrême droite, initiative également soutenue par Noam Chomsky. Opposé à cette loi mémorielle, il se rétracte cependant après avoir découvert qu’un des signataires n’était pas Robert Badinter comme il le croyait, mais Robert Faurisson ), et il refuse que son nom soit associé à ce dernier. Paul-Éric Blanrue se déclare déçu de l’attitude de Yann Moix, qui avait préfacé son livre Le Monde contre soi : anthologie des propos contre les juifs, le judaïsme et le sionisme, jugeant « important de montrer que même les plus grands penseurs se sont trompés » ; les deux hommes, amis jusqu’ici et qui n’avaient « jamais parlé des Juifs ensemble » d’après Yann Moix, se séparent à cette occasion. Le blog du Monde.fr des droites extrêmes émet des doutes sur l’explication de Yann Moix, ayant relevé que l’explication initiale de Yann Moix quant à son soutien comportait la mention suivante, effacée par la suite : « J’ai signé une pétition en ce sens, sur laquelle figurent évidemment, figurent logiquement, mes pires ennemis et les ordures les plus avérées ».
      Selon le journaliste Nicolas d’Estienne d’Orves, Yann Moix est « un philosémite exacerbé, il a même appris l’hébreu ».

      #baltringue du #révisionisme

      Entre temps, Monsieur a eu le temps d’"être Charlie" :
      https://laregledujeu.org/2015/01/09/18656/le-pantheon-pour-charlie

      Monsieur le Président,
      Le Panthéon n’est pas un monument mort. Ce n’est pas, non plus, un monument aux morts : c’est le monument vivant de ceux qui ont rendu possibles la dignité et la pérennité de la République.
      Charb, Cabu, Wolinski et leurs camarades sont morts pour cette République, comme Jaurès en son temps. Et, comme Jean Moulin, ils ont été les héros d’une Résistance nouvelle : la Résistance à cette barbarie qu’est l’islamisme, ce fascisme du vingt-et-unième siècle. Ils sont les héritiers des Lumières. Le Panthéon fut inventé pour les accueillir, et, ainsi, souder la nation autour de ce qu’elle a d’essentiel : la liberté.
      Aussi, je vous demande, et au nom de tous les Français sans exception, de bien vouloir étudier ma demande : celle de faire entrer Charlie Hebdo au Panthéon.
      Yann Moix

      Je suis un charlot ...

      4) Accueil des migrants 2018 :

      Yann Moix le 6 janvier 2018, accuse les CRS d’exactions vis-à-vis des migrants de la Jungle de Calais. La préfecture du Pas-de-Calais dénonce, quant à elle, des informations erronées

      ... mais je continue de me rattraper aux branches.

    • « Il y a, parmi les afghans de Calais, des gens qui connaissent Victor Hugo sur le bout des doigts, ils arrivent en France et on les frappe ! » dit un Moix aussi élitiste que les récentes déclarations d’Aznavour (trier les meilleurs) avec sa confiance surjouée dans "la culture". Il utilisait il y a peu le faux argument de l’"appel d’air"... ; de plus :
      https://seenthis.net/messages/646690
      https://seenthis.net/messages/634053
      https://seenthis.net/messages/331825

    • @rastapopoulos oui c’était un peu provoc mais voir tant de monde sortir le CV de ce type (qui n’est qu’un dandy désinvolte aux convictions à mon avis peu profondes) comme s’il fallait à tout prix décrédibiliser ce qu’il dit, alors que pour une fois c’est assez pertinent, je trouve ça un peu désespérant (je lis même sur mondialisme.org que les gens qui reproduisent sa prose font le jeu de l’extrême droite car il a côtoyé des gens d’extrême droite... hum, j’ai hâte de voir Marine Le Pen ou des gudards soutenir le contenu de cette lettre). Finalement on lui donne peut-être encore plus d’importance qu’il n’en a.

  • The New Year’s Feast That Transformed Fools Into Popes and Kings - Atlas Obscura
    https://www.atlasobscura.com/articles/feast-of-fools-medieval-tradition


    A depiction of the Feast of Fools. Kim Støvring/CC BY 2.0

    The Feast of Fools, as described by the French theologians who condemned it in 1445, sounds like a ton of fun. This New Year’s Day celebration, they wrote, caught up high-ranking church officials in a bacchanal unworthy of their exalted positions.

    “Priests and clerks may be seen wearing masks and monstrous visages at the hours of office,” the theologians recounted, presumably with a sniff of horror. “They dance in the choir dressed as women, panders or minstrels. They sing wanton songs. They eat black puddings… while the celebrant is saying mass. They play at dice… They run and leap through the church, without a blush at their own shame.”

    Officially banned in the 15th century, the Feast of Fools had its origins 300 years before, in the 1100s, and continued as a tradition well into the 16th century. It was memorialized in church documents condemning its excesses and in paintings depicting streets full of merry chaos. It appears in Victor Hugo’s famous 19th century novel, The Hunchback of Notre Dame, when Quasimodo is swept up in the festivities and crowned King of Fools.

    This rowdy revelry may never has been quite as raucous as was rumored. It started out as a much tamer liturgical celebration, which accrued an outsized reputation for subversiveness. At its heart, though, the Feast of Fools always turned power on its head—a reversal that naturally made church leaders very nervous.


    A 14th century representation of a much tamer Feast of Fools. Public domain

    In the book Sacred Folly, independent scholar Max Harris traces the history of the Feast of Fools to three locations in northern France. There, on the first day of each year, lower members of the clergy would take on the duties of higher-ranking priests and bishops. (There was, for instance, a Pope of Fools.) This inversion of power, though, wasn’t meant to bring down the more powerful clergy so much as uplift the lower: The “fools” here were fools in a particular Biblical sense, people beloved of God precisely because they were of lower status.
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    There were some elements of merriment to these early Feasts of Fools, including a “song of the ass,” which “evoke[d] the beauty, strength, and virtues of an ass as it journey[ed] from the East, across the river Jordan, to Bethlehem,” and sometimes involved an actual donkey being led into church. And once, Harris reports, someone did use this celebration as an opportunity to hit a cleric with “an inflated and swollen hen’s bladder.”

    For the most part, though, he finds “no verifiable rowdiness,” only second- and third-hand reports from worrywarts distant from the actual celebrations.


    An engraving of the Feast of Fools, made in 1559, after it was banned. Pieter Van der Heyden

    But outside the church doors, concurrent celebrations were much more irreverent. In these medieval centuries, Harris writes, it became popular for students to parade through the streets with their faces blackened with mud (or even animal dung) to conceal their identities while they parodied clergy, doctors, civil officials, and rulers. These parades certainly featured cross-dressing, drinking, singing, and all manner of other mischief and behavior that usually wouldn’t be tolerated.

    Wintertime celebrations like these, where the less powerful parts of society had the chance to break loose for a day, trace their roots to Roman and other European pagan festivals of role-reversal. They weren’t always held on New Year’s Day, but in some places the New Year’s Feast of Fools took on a second, more secular meaning.

    Compared to other scholars, Harris goes unusually far in trying to distinguish the Feast of Fools inside the church from the revelry outside, a distinction that leads him perhaps too close to “the opposite statement of the Feast of Fools as lacking disarray,” as one reviewer wrote. Even if actual clergymen weren’t getting dressed up and rampaging through the streets, the reversal of power that they did indulge in was enough to make their leaders crack down on the tradition. People in power don’t always have a sense of humor about their power being questioned, even if this critique stops at donkey songs and hen bladders.

    It’s easy to imagine, too, that lower-ranking religious servants did occasionally get caught up in the madness going on in the streets. After all, if some strange behavior is banned, it’s usually because someone tried it.

  • « Les Champs, ce sera une première pour un chanteur. Mais Johnny, c’est Victor Hugo »
    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2017/12/08/les-champs-ce-sera-une-premiere-pour-un-chanteur-mais-johnny-c-est-v

    . C’est bien connu, une personnalité qui meurt devient un saint que l’on pare de toutes les vertus et de tous les talents. Prenez Johnny Hallyday. Peu importe qu’on l’aime ou pas, qu’on soit ému ou indifférent. Sa disparition devient dévotion.

    On le vérifie sur les réseaux sociaux. Mais aussi à travers les réactions des responsables politiques. Chacun, de gauche à droite, quoi qu’il en pense, doit se prosterner, avec plus ou moins d’inspiration et de poncifs – monument, totem, roi, héros, etc. Il doit y aller de son couplet, donner dans la surenchère, appeler aux obsèques nationales.

    Amusant aussi de voir tant de spécialistes de la musique qui avaient une vision, disons mitigée, de Johnny, devoir le louanger. La chroniqueuse de France Inter Charline Vanhoenacker a résumé l’affaire en disant que sa station avait « passé plus de chansons de Johnny en 2 h 57 d’émission spéciale qu’en vingt ans ». Un peu comme Le Monde, qui a consacré huit pages à la mort du chanteur après l’avoir plus égratigné que loué durant cinquante ans.

    L’explication est simple. Il est des artistes, des chanteurs, des écrivains, des cinéastes, qui sont bien plus que des artistes, des chanteurs, des écrivains, des cinéastes. C’est vrai pour Johnny, qui portait une plasticité, un talent fou pour accompagner les mutations de la société. « L’histoire est un clou auquel j’accroche mes romans », disait Alexandre Dumas. Johnny a accroché de multiples personnages et chansons au clou de l’époque.

    #Johnny_Hallyday

  • Aux origines du terme « casseurs »
    http://theconversation.com/aux-origines-du-terme-casseurs-88612

    Malgré les manifestations, les grèves, les occupations, bon nombre de médias n’ont retenu du mouvement social de ces derniers mois qu’une image et qu’un mot : les « casseurs ». Est-ce une première fois ? Certainement pas : ces dernières années, bien des manifestations n’ont été couvertes médiatiquement qu’au prisme de leurs affrontements. Mais d’où la représentation vient-elle exactement ?

    Nous sommes en 1832. Les 5 et 6 juin ont lieu les journées insurrectionnelles qui inspireront Victor Hugo dans Les Misérables. Les obsèques du général républicain Lamarque se transforment en manifestations et en protestation contre un régime qui a déçu. La monarchie de Juillet n’a pas tenu ses promesses ; deux ans à peine après l’épisode révolutionnaire, le pouvoir de Louis-Philippe est déjà devenu autoritaire – l’insurrection est réprimée dans le sang. Mais le régime est aux abois. Il se sent menacé de toutes parts, et notamment dans la presse satirique qui le harcèle de sa critique. Le Figaro est alors de ces journaux-là, de ceux qui pratiquent l’insolence politique à l’égard du gouvernement et revendiquent allègrement la liberté de pensée sans laquelle, on le sait, « il n’est point d’éloge flatteur ».

    Pour contrer la fronde, le pouvoir n’y va pas par quatre chemins. Son moyen de faire taire l’impertinent est en effet bien évident : il rachète Le Figaro, purement et simplement. Ses confrères et frères d’hier l’accablent de sarcasmes : voilà un « Figaro préfet ». Rien n’y fait. Le journal trempe désormais sa plume à l’éloge des gens établis. Et pour défendre leurs intérêts, il lui faut changer de cibles et d’adversaires. Ils sont tout trouvés : ce sont ces républicains qui viennent de mettre le régime en danger.

    C’est ici que l’image du « casseur » intervient. On en voit très précisément surgir l’occurrence à l’automne 1832.

  • L’imitation ratée de l’enterrement de Victor Hugo LGS - Théophraste R. - 10 décembre 2017
    https://www.legrandsoir.info/l-imitation-ratee-de-l-enterrement-de-victor-hugo.html

    #Aurore-Berger, la Nadine Morano de #LREM, affirmait que les obsèques de #Johnny-Halliday provoqueraient une émotion comparable à celles de #Victor-Hugo et elle prévoyait qu’il y aurait : « autant de monde si ce n’est plus dans la rue pour l’accompagner ».

    Informés sans #BFM-TV, venus de toutes les régions de France sans bus Macron, 2 millions de personnes ont donné le 1er juin 1885 une journée de travail (non récupérable en RTT) pour accompagner la dépouille de l’immense poète qui ne s’exila pas à cause des impôts, lui. Son testament disait qu’il donnait 50 000 francs aux pauvres et que son cercueil devait être transporté dans le corbillard des pauvres.

    Cependant, la cérémonie pour Johnny était impeccable, comme ordonnée par une entreprise d’événementiel. Des centaines de milliers de contribuables étaient là : les fans de toujours et d’autres que le matraquage médiatique avait conjurés de ne pas rater un « événement historique ».

    Je défie quiconque de ne pas avoir été ému à l’écoute de quelques discours ou lectures de texte ou par le visage de la veuve, si digne et si belle avec ses cheveux tirés en arrière, ses lunettes de soleil et, en sautoir, la croix que son homme portait. Et puis, patatras ! La voici qui se jette pour une longue, longue, longue étreinte dans les bras d’#Emmanuel-Macron, puis dans ceux de #Bri-bri-d’amour.

    La cérémonie pour Johnny fut soudain macronisée.
    L’exceptionnelle « bête de scène » était rapetissée à la taille de l’ancien banquier de chez Rothschild, du président des riches. L’incomparable rocker Johnny fit place à l’oncle Picsou-Halliday avec ses quarante années de démêles avec le fisc, sa condamnation pour fraude à 10 mois de prison avec sursis, son exil fiscal, ses négociations (fructueuses) au plus haut niveau pour des remises sur les sommes dues, des dégrèvements et des effacements de pénalités.

    En se blottissant dans les bras du président que la foule conspua dès les premiers mots de son discours (1), Laeticia Halliday a dit aux fans qu’ils étaient les invités d’un #dîner-de-cons, que l’irrationnelle réunion des torchons et des serviettes serait terminée dès que Johnny serait arrivé Saint-Barth.

    Le poignant concert de guitares devant l’église de la Madeleine fut couvert par cette grosse fausse note.

    Théophraste R. (Directeur de la thèse : « Récupération, #phagocytage et perversion d’un fils du peuple par son entourage et le pouvoir » ).

    (1) Toujours truqueur et tronqueur, le JT de #France-2 a gommé les sifflets et les cris de la foule pour couvrir sa voix (« John-ny, John-ny ! » en ne passant que l’épilogue du discours (à 5mn 52). Apprécions aussi la prudence de Macron qui, craignant de nouveaux sifflets, termina en invitant à « applaudir monsieur Johnny Halliday ».

  • À propos de l’hommage appuyé à Jean d’Ormesson :

    Ce long, très long mais très intéressant billet d’André Markowicz malheureusement sur FB et que je me permets de reproduire ici avec le lien pour celles et ceux qui ont encore un compte.

    https://www.facebook.com/photo.php?fbid=2053869168158718&set=a.1385294238349551.1073741827.10000606

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    André Markowicz

    Mireille aux Invalides, Macron, d’Ormesson et Johnny, images de la France

    Ça avait commencé le jour d’avant. J’avais vu passer une déclaration de Françoise Nyssen, mon éditrice, une personne que je connais depuis plus de ving-cinq ans, qui disait qu’il serait bon de rendre un hommage national à Jean d’Ormesson et à Johnny Hallyday. Sur le coup, j’ai cru que ça devait être un hommage conjoint, dans la même fournée, pour ainsi dire, et j’ai pensé, — qu’elle me pardonne — qu’elle déraillait. Et bon, vous savez comme c’est, il y a plein de choses qui se passent en l’espace d’une heure, j’ai oublié cette déclaration, j’avais d’autres choses à faire.

    Quand un ami m’a dit qu’il y aurait un hommage à Jean d’Ormesson aux Invalides, j’ai cru qu’il me faisait marcher. Bon, je l’avoue d’emblée, je n’ai jamais pu lire trois pages d’affilée de ses livres — et dire que je suis mort de honte à l’avouer serait mentir. J’en avais feuilleté quelques-uns, sur les tables de libraires, et c’était toujours, comme on dit en français (et seulement en français) « bien écrit », comme si ça voulait dire quelque chose, de bien écrire, pour un écrivain. Mon ami Armando, à la Sorbonne, faisait ça : il regardait systématiquement les premières pages des romans sur les tables des libraires, et il livrait son jugement : « Oui, c’est pas Dante ».

    Et donc oui, oui, oui, Jean d’Ormesson écrit bien. Il a une « belle langue ». Et non, Jean d’Ormesson, ce n’est pas Dante. Quand je traduisais « les Démons », ce sont des gens comme d’Ormesson qui m’ont servi d’images pour la figure de l’écrivain Karmazinov, qui, de fait, « écrit bien », et qui finit son œuvre en disant « merci ». Merci à ses lecteurs, merci à l’existence, merci à qui vous voulez — qui finit très content. Parce que c’est vrai que c’est très important, d’être content dans la vie. Parce que ça fait plaisir à tout le monde. D’abord à ceux qui vous lisent, et ensuite à soi-même. Et donc, bon, j’ai toujours pensé qu’il était, au mieux, l’exemple parfait du « petit maître », issu d’une tradition, là encore, bien française, qui date du XVIIe. C’est vrai, du coup, il représente une « certaine image de la France » — d’une certaine tradition française de la littérature, ridicule pour toute l’Europe depuis le romantisme — et qui n’est pas moins ridicule aujourd’hui.

    Ce n’était pas une blague. Il y a eu un hommage aux Invalides. Pourquoi aux Invalides ? Est-ce que d’Ormesson avait, je ne sais pas, accompli des actes héroïques au service de la France, ou est-ce qu’il avait été victime du terrorisme ? Etait-il une figure de l’ampleur de Simone Veil ? Et quel écrivain français a été l’objet d’un tel hommage avant lui ? — Il y avait eu Malraux, je crois. Mais Malraux avait été ministre, il était une figure du siècle. Mais qu’a-t-on fait à la mort de Claude Simon ou de Beckett ou, je ne sais pas, celle de Francis Ponge ou de René Char, sans parler de Foucault, de Barthes ou de Derrida — et même d’Yves Bonnefoy ? — Il y a eu des communiqués de l’Elysée (ce qui est bien normal), mais jamais un hommage aux Invalides, c’est-à-dire un hommage de la République, en présence, qui plus est, des deux anciens présidents de la République encore ingambes que nous avons, à savoir Nicolas Sarkozy et François Hollande. — Qu’est-ce que ça veut dire, qu’on rende hommage à d’Ormesson de cette façon ? C’était ça, ma question.

    Et puis, j’ai écouté le discours d’Emmanuel Macron. Et là, les choses ont commencé à se remettre en place : non, Françoise Nyssen n’avait pas déraillé du tout. Elle avait exprimé l’idée. Parce que ce discours est un moment majeur, pas seulement pour d’Ormesson, ou, plutôt, pas du tout pour d’Ormesson, mais pour la vision à long terme de la présidence de Macron — pour sa vision de la France. De sa France à lui.

    Objectivement, c’était un discours formidable. Un discours littéraire, qui multiplie les citations, qui est un hymne à « ce que la France a de plus beau, sa littérature »… Un discours formidable aussi parce que mimétique : on aurait dit que Macron (ou Sylvain Fort, mais ça n’a aucune importance — en l’occurrence, c’est Macron, je veux dire le Président de la République française) faisait un pastiche proustien du style de d’Ormesson lui-même pour prononcer son éloge funèbre, en construisant, avec des imparfaits du subjonctifs gaulliens (et grammaticalement indispensables) un éloge de la clarté, qualité essentielle du « génie national ». Et puis, j’ai entendu cette phrase : « La France est ce pays complexe où la gaieté, la quête du bonheur, l’allégresse, qui furent un temps les atours de notre génie national, furent un jour, on ne sait quand, comme frappés d’indignité. »

    Dites, — comment ça, « on ne sait pas quand » ? Si, on sait parfaitement quand : d’abord, — non pas en France, mais dans l’Europe entière, au moment du romantisme, et de la Révolution française. Quand, d’un seul coup, c’est le monde qui a fait irruption dans les livres, et pas seulement dans la beauté des salons. C’est le moment du grand débat entre Racine et Shakespeare, oui, dans l’Europe tout entière. Et la remise en cause de la « légèreté comme génie national de la France », c’est, par exemple, tout Victor Hugo. Et puis, il y a ce moment de désastre, d’éblouissement qui reste, jusqu’à nous, une déchirure « irréfragable », selon le beau mot employé par Macron, le moment de Rimbaud — qui trouve la légèreté verlainienne, sublime, à la limite extrême de l’indicible, et la transforme en cette légèreté atroce et impensable, « littéralement et dans tous les sens », des « Derniers vers », et qui le laisse dévasté, Verlaine, et qui s’en va, en nous laissant, oui, aujourd’hui encore, nous tous qui parlons français, béants et bouleversés : et c’est après la catastrophe de Rimbaud que viendra, par exemple, celle d’un poète comme Paul Celan (qui lui est si proche).

    Emmanuel Macron a cité les amis de Jean d’Ormesson : Berl, Caillois, Hersch, Mohrt, Déon, Marceau, Rheims, Sureau, Rouart, Deniau, Fumaroli, Nourissier, Orsenna, Lambron ou Baer… — Bon, Orsenna…
    Hersch… C’est Jeanne Hersch ? Et Sureau, c’est François Sureau (dont j’apprends qu’il écrivait les discours de Fillon) ? Et les autres… Berl, Mohrt, Déon, Marceau, Rheims, Rouart, Fumaroli, c’est, de fait, « une certaine idée de la France », — une idée dont je ne pourrais pas dire qu’elle est franchement de gauche. C’est de cette longue lignée dont parle le Président pour peindre, aux Invalides, dans le cadre le plus solennel de la République, la France qu’il veut construire. Et il le fait sans avoir besoin de dire l’essentiel, qui est compris par toute l’assistance : nous sommes dans le cercle du « Figaro », dans le cercle — très ancien — de la droite française la plus traditionnelle, celle des « Hussards », des nostalgiques de l’aristocratie. Parce qu’il faut bien le dire, quand même, non ? — la « légèreté » de Jean d’Ormesson, c’était quand bien ça qu’elle recouvrait : la réaction la plus franche — même si Dieu me préserve de mettre en cause son attachement à la démocratie parlementaire. —

    Michel Mohrt, Marceau (Félicien, pas Marcel…), Michel Déon, Paul Morand, toute, je le dis, cette crapulerie de l’élitisme de la vieille France, moi, je ne sais pas, ça ne me donne pas l’image d’une France dans laquelle je pourrais me reconnaître.

    L’impression que j’ai, c’est que par l’intermédiaire de Jean d’Ormesson, le Président rendait hommage à cette France-là, en l’appelant « la France », et c’est à propos de cette France-là qu’il parlait de son « génie national ». Et sans jamais employer de mot de « réaction », ou le mot « droite ».

    Les Invalides, c’était pour ça. Pour dire la France dans laquelle nous vivons, maintenant que la gauche n’existe plus. Depuis qu’il n’y a plus que la droite. Dans cette légèreté des beautés esthétiques — et cela, alors même, je le dis en passant (j’en ai parlé ailleurs) que la langue française disparaît, en France même, par les faillites de l’enseignement, et, à l’étranger, par les diminutions drastiques et successives du budget alloué à l’enseignement du français. On le sait, la littérature, la beauté, c’est, je le dis en français, l’affaire des « happy few ».

    Et puis, pour les « unhappy many », le lendemain, c’était l’hommage à une autre France, celle des milieux populaires, celle, censément, de Johnny Hallyday. Les deux faces du même.— En deux jours, les deux France étaient ainsi réconciliées par une seule voix, jupitérienne, celle des élites et celle du peuple. Je ne dirai rien de ce deuxième hommage, je ne me reconnais ni dans d’Ormesson, ni dans Johnny (que j’avais vu très grand acteur avec Godard). Mais paix à l’âme de Johnny, que la terre, comme on le dit en russe, lui soit « duvet », qu’elle lui soit, c’est le cas de le dire, « légère ».

    Il y a eu deux hommages, un appel aux applaudissements dans le second, un silence grandiose à la fin du premier, et, moi, parmi les citations que le Président, il y a en une sur laquelle j’ai tiqué, parce que, vraiment, je n’arrivais pas à la situer (je dois dire que je ne me souvenais pas de celle de « La Vie de Rancé », mais qu’elle est grande !..). Non, à un moment, Macron parle de Mireille.

    « C’est le moment de dire, comme Mireille à l’enterrement de Verlaine : « Regarde, tous tes amis sont là. »…

    C’est qui, Mireille ? Dois-je avoir peur d’afficher mon inculture ? J’ai fouillé tout Paul Fort (enfin, pas tout…), il y a un poème célèbre qui devenu une très belle chanson de Brassens sur l’enterrement de Verlaine (Paul Fort y avait assisté)… et pas de Mireille. Je demande autour de moi, je regarde sur Google, il y a une autre chanson de Paul Fort, à « Mireille, dite Petit-Verglas », — mais, là encore, cette citation n’y est pas. Est-ce une espèce de condensé d’une citation de Brassens ? Sur le coup, dans ma naïveté, je me suis demandé s’il ne voulait pas parler de Mireille, vous savez, qui avait fait « le petit conservatoire de la chanson » à l’ORTF… Je me demande d’ailleurs si le jeune Johnny n’est pas passé chez elle. — Je plaisante. Et puis, Mireille, même si quand j’étais enfant, elle était vieille, elle n’était pas vieille à ce point-là. Donc, je ne sais pas qui est Mireille.

    Je me demande ce qu’elle vient faire, cette Mireille, aux Invalides pour dire « tous tes amis sont là »… Si c’est une bourde (je ne vois pas laquelle), ou si, d’une façon plus bizarre, ce n’est pas comme une blague, procédé bien connu parmi les potaches, de fourrer au milieu d’une vingtaine de citations véritables, une citation totalement débile, que personne ne remarquera, histoire, justement, de ne pas se faire remarquer, parce qu’il ne faut pas dire que le roi est nu. — De mon temps, des copains khâgneux avaient fait une série de références à la pensée héraclitéenne de Jacob Delafond, auteur d’un « Tout s’écoule ». C’était, de la part de ces jeunes gens, un signe de mépris envers leur prof. De quoi serait-ce le signe ici ?...

    Quoi qu’il en soit, cette Mireille, aux Invalides, elle participe à la construction de l’image de la France du président Macron. — Non, non, notre roi n’est pas nu. Il porte les habits de la « vieille France ». Ils sont très beaux. Ils sont très vieux. Mais ce ne sont pas ceux des grands auteurs du classicisme, — ce sont plutôt ceux des petits marquis.

    *

    Et puis, enfin, bizarrement, je ne sais pas comment dire : j’ai le cœur serré en pensant à Verlaine.

  • Johnny Hallyday, l’inventeur du macronisme (sur BFMTV)
    http://www.telerama.fr/television/johnny-hallyday,-linventeur-du-macronisme-(sur-bfmtv),n5391392.php

    Si Jean-Jacques Bourdin s’emploie à établir la vérité, rien que la vérité sur la famille de Johnny et les sanglots de Michel Drucker, les experts s’accordent à comparer les obsèques du “héros national” à celles de Victor Hugo, avec des bikers en plus. Selon les éditorialistes, par sa capacité à transcender le clivage gauche-droite et les classes sociales, Johnny Hallyday est d’ailleurs le précurseur d’Emmanuel Macron.

    Ici, je tiens à insérer une parenthèse à propos de cet ignare de Donald Trump qui ne semble pas mieux connaître Johnny Hallyday que Victor Hugo. Je veux m’élever solennellement contre sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël. Quelle indécence ! Faire cette annonce le jour de la mort de Johnny ! Et à 18 heures, en plus, au moment même où Brigitte Macron, la Première Dame, se rend chez la défunte idole pour se recueillir sur la dépouille du héros national à peine refroidie ! Ne pouvait-il attendre avant d’allumer le feu au Proche-Orient ? Si Johnny doit beaucoup à Elvis, a-t-il oublié ce que les Etats-Unis doivent à La Fayette ? Son atteinte au deuil national risque de refroidir nos relations transatlantiques.

    A cause de ce goujat, les télés sont contraintes mercredi d’interrompre leurs éditions spéciales pendant quelquefois de longues minutes (jusqu’à cinq d’affilée, j’ai compté). Heureusement, la rédaction de BFMTV sait faire preuve de discernement. Ruth Elkrief attend 19h55 pour annoncer en moins d’une minute l’inopportune déclaration du malappris de la Maison Blanche aux fans, pardon, aux téléspectateurs de la chaîne. Aucun extrait n’en est diffusé, seul Emmanuel Macron a droit à la retransmission de sa réaction car « il s’inquiète ». Je le comprends. Il a autre chose à faire que d’empêcher la Troisième Guerre mondiale. Il a un hommage national à organiser.

  • Tambrouille exceptionelle !
    https://grenoble.indymedia.org/2017-11-30-Tambrouille-exceptionelle

    Bien le bonjour, camarades ! La Tambrouille a le plaisir de vous convier à une cantine exceptionelle ce lundi 4 décembre à midi devant le parvis de la BU Droit-lettres, autour du thème du (mal) logement à Grenoble. On compte sur votre présence, ramenez vos potes et à manger si ça vous dit ! PS : venez aussi nous aider pour la récup et la cuisine le dimanche : rdv 12h30 à Victor Hugo et à partir de 14h au Centre social Tchoukar, 38 rue d’Alembert. Croyez en l’expression de nos salutations sincères (...)

    #Agenda

  • Qui veut noyer Filoche l’accuse de la rage Le Grand Soir - Théophraste R. - 22 novembre 2017
    https://www.legrandsoir.info/qui-veut-noyer-filoche-l-accuse-de-la-rage.html

    Ah, Gérard Filoche ! Le fort en gueule, un des #éléphants du #PS engraissés au Bureau national, poste envié d’où sourdent les lois anti-pauvres contre lesquelles l’Inspecteur du travail Filoche Gérard a bataillé toute sa vie, avec fougue, en expert reconnu, défenseur des sans-dents que son président multipliait en se moquant.


    Schizophrène, le coeur chez les prolos, l’estomac chez ceux qui les oppriment, #Filoche donnait l’image du « pharisien hideux » dont Victor Hugo disait qu’il « trinque avec les riches et dit au pauvre : ami, viens jeûner avec moi » , tel un « simple jésuite et triple gueux » qui « ripaille à huis clos » et en public « sermonne ».

    Il a été complice jusqu’au bout des #Hollande, #Valls, #El_Khomri, #Cambadelis, etc. qu’il vilipendait en servant de caution morale au PS et à un ministre de l’économie nommé #Macron.

    Mais un Filoche poil à gratter n’avait pas droit à l’erreur, pas le droit de tweeter une image trouvée sur le site de Soral, qu’il a retirée dès qu’il a été alerté sur ce qu’elle était. Trop tard, il a failli : la meute est lâchée. Filoche est, comme disait Mitterrand en parlant de Beregovoy, « jeté aux chiens » qui piaffaient dans de nombreux chenils politico-médiatiques.

    Filoche aurait été grand s’il avait mis en accord ses actes et ses paroles, en cessant de pédaler sur un vélo sans chaîne ou d’imiter les pétarades d’un moteur en glissant dans les rayons une carte du PS tenue par une pince à linges, bref : en quittant ce repaire de félons avant qu’un ignominieux coup de pied au cul l’en sorte sans gloire par la porte des poubelles, lesquelles auraient dû être pleines si le PS y mettait tous les siens qui ont trahi Jaurès.

    Filoche n’est pas antisémite. Il serait judicieux de ne pas le pousser à le devenir par un long et injuste procès.

    Théophraste R. (Slogan qui n’a rien à voir : « Vive la Palestine ! »).

  • Le Maire et Macron, les deux papas Noël des riches Tanguy Pastureau maltraite l’info - France Inter - 19 octobre 2017

    https://www.dailymotion.com/video/x65989d

    La dette publique de la France est à 2209 millards d’euros. On a plus un radis en poche. Heureusement Macron et Le Maire ont un plan : rendre l’argent aux riches.

    Les finances de la France ne sont pas au beau fixe. On est fauché, on a plus un radis. Moi quand je suis à l’étranger et que je dis que je suis français, les gens me répondent : oh pardon, et me refilent un ticket resto. Notre dette publique, celle de l’ensemble des administrations, est de 2209 millards d’euros. Nous, pour acheter une voiture, on demande au petit buisson de Cetelem. La France, elle, s’adresse directement au baobab. La croissance est molle. Le chômage baisse pas. Il y a plus un sou qui entre dans les caisses. L’autre jour, au feu rouge, j’ai vu Bruno Le Maire qui passait avec un gobelet en disant :

    Pour le pays m’sieur dames, faut le sauver...
    On a eu Molière, on a eu Victor Hugo, on a eu Sartre... OK là on a Maitre Gims, mais c’est pas une raison !
    J’ai répondu : Yo soy espanol, et je me suis barré.
    . . . . . . . La suite :
    https://www.franceinter.fr/emissions/tanguy-pastureau-maltraite-l-info/tanguy-pastureau-maltraite-l-info-19-octobre-2017#xtor=EPR-5-%5BMeilleur

    #humour #Audio #France_Inter #Tanguy_Pastureau #dette_publique

  • Hot Potato Heritage: Heidelberg’s Nazi Amphitheatre
    https://www.failedarchitecture.com/hot-potato-heritage-heidelbergs-nazi-amphitheatre

    The National Socialist regime planned on building around four hundred amphitheatres in Germany. Those amphitheatres were called Thingstätte and the plays Thingspiele. The architectural purpose was to build these open-air theatres in cities and places that were meaningful to the National Socialist discourse. Heidelberg was chosen for three reasons.

    First for its romantic past, which matched the Nazi discourse of idealizing the German Nation. The myth of Heidelberg as the city of sanctioned German culture emerged in the 19th century,: the ruined castle was the subject of various writers’ works, as well as becoming a tourist attraction. The fact that Goethe and Victor Hugo in 1839 and 1842 went to Heidelberg also serves to nurture the idealisation of this city. The castle then became the symbol of Heidelberg.

    Secondly, the city developed this touristic image during the 1920s in connection with theatre. Indeed, a theatre festival was organized each year in the castle’s garden and Heidelberg quickly became a city renowned for theatre. Joseph Goebbels, for example, had been a student of the university in the 1920s and completed his PhD on the German romantic author Wilhelm von Schütz in 1922. As a former student of the university Joseph Goebbels was decorated honourable citizen of Heidelberg in 1939 and played a great role in the opening of the amphitheatre in Heidelberg. The National Socialist regime and the mayor of Heidelberg, Carl Neinhaus – who was the mayor of Heidelberg between 1929 and 1945 and between 1952 and 1958 – promoted the city’s romantic past and theatrical tradition because it was thought that the amphitheatre would appeal a great number of people, not only Germans but also foreign tourists.

  • SI BOUTEFLIKA M’AVAIT ECOUTE… - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2017/08/si-bouteflika-m-avait-ecoute.html

    Le jour de la proclamation des résultats officiels de l’élection présidentielle d’avril 1999 par le Conseil constitutionnel, j’ai fait remettre cette lettre en mains propres par le défunt Larbi Belkheir à M. Abdelaziz Bouteflika. Dix-huit ans après, ce message résonne dans sa conscience et dans la nôtre comme la preuve qu’il a fait le choix entre le bien qu’il pouvait faire au pays et le mal contre lequel je l’avais mis en garde. Voici le texte intégral de cette lettre datée du 20 avril 1999 :
    Monsieur le président de la République,
    A la veille de votre investiture, et alors que vous n’êtes pas encore entièrement happé par les nécessités de votre charge, je voudrais vous présenter mes sincères félicitations et mes meilleurs vœux de succès dans tout ce que vous entreprendrez pour le bien de notre pays et, par la même occasion, vous faire part de quelques réflexions destinées à l’homme, plus qu’au Président.
    Quelles que furent mes positions à l’égard de votre candidature vous êtes aujourd’hui le Président de tous les Algériens et, par conséquent, le mien. Cela est désormais une donnée de l’Histoire que je regarde avec un état d’esprit positif et bienveillant, et dont je puise par ailleurs le droit de vous adresser cette « naciha » (conseil) au sens noble et islamique du terme. Rien de ce que vous allez lire n’est étranger à votre culture et à votre connaissance du monde. Néanmoins, j’ai tenu à vous en entretenir ne serait-ce que pour satisfaire à l’impulsion qui m’a inspiré cette initiative.
    Il y a fort longtemps, le simple citoyen que vous étiez jusqu’à aujourd’hui 11h00 avait connu les splendeurs et les misères de la vie publique. Vous avez connu les joies de la vie et les honneurs du monde avant de connaître l’amertume de leur brusque privation. Vous avez connu le tumulte du succès et la solitude du pestiféré. Vous avez été porté aux nues puis traîné dans la boue. Vous avez donc eu tout loisir de mesurer la vanité des choses et la versatilité des hommes.
    Mais voilà que vous êtes de nouveau porté par un courant ascendant et que vous vous retrouvez entouré et adulé comme aux plus beaux jours. Ni les choses ni les hommes n’ont changé. Mais vous, avez-vous changé ?
    Le pouvoir, vous y étiez puis vous en avez été éloigné. Vous y revoilà derechef, pour vous ne savez combien de temps. Vous êtes appelé à le quitter une autre fois, mais en le quittant cette autre fois, et pour de bon, vous ne trouverez pas devant vous un désert à traverser, mais le tribunal de la postérité à affronter. Votre comptable et votre juge ne sera ni l’électorat ni l’opinion internationale, mais l’Histoire et Dieu.
    Votre parcours, vos souffrances d’hier, vos peines d’aujourd’hui devant la perfidie de vos concurrents, votre niveau intellectuel, votre expérience, votre sens de l’Etat, votre âge enfin ne vous prédisposent pas à un mandat terne et placide, à une figuration sans relief, à un accommodement pusillanime avec une situation où le sang et l’encanaillement généralisé font bon ménage.
    En revenant au pouvoir en 1958 au milieu d’une crise de la taille de celle que nous vivons actuellement, le général de Gaulle a eu ces mots : « C’est en un temps, de toutes parts sollicité par la médiocrité, que je devrais agir pour la grandeur ».
    Seul, âgé, navigant au milieu d’un océan d’hostilité, il était revenu au pouvoir avec à l’esprit un grand projet, celui de réconcilier son peuple, de tirer son pays des rets de la guerre d’Algérie et de réformer en profondeur les institutions françaises selon un plan dont il avait annoncé les grandes lignes à Bayeux douze ans plus tôt. Homme de mission et de devoir, visionnaire, il accomplit inexorablement sa tâche puis s’en alla prendre place dans la mémoire reconnaissante de son peuple.
    Il y a des attitudes et des gestes qui marquent la conscience humaine, fondent de nouvelles valeurs et fournissent des repères durables aux générations qui viennent après. Deux jours avant sa mort, malade et extrêmement affaibli, le Prophète fit une dernière apparition publique dans la mosquée de Médine pour dire ceci : « La mort est une nécessité, et aucun homme ne peut y échapper. Mais il y a après la mort un jour de justice et de réparation où les créatures réclameront les unes contre les autres ; les grands de la terre réclameront contre les petits, et les petits contre les grands ; il n’y aura pas plus de faveur pour moi que pour personne. Pendant que je suis encore avec vous, adressez-moi vos réclamations. Si j’ai frappé quelqu’un d’entre vous, qu’il me frappe. Si j’ai offensé quelqu’un, qu’il m’en fasse autant. Si j’ai pris le bien de quelqu’un, qu’il me le reprenne. Purifiez-moi de toute injustice afin que je puisse paraître devant Dieu ».
    De son côté, Salah-Eddine al-Ayyoubi a fait promener dans les rues de Damas à la veille de sa mort le drap blanc qui devait lui servir de linceul et fait crier par un héraut : « Voilà, de toutes ses richesses, ce que le grand Saladin, vainqueur de l’Orient et de l’Occident, emporte dans sa tombe ».
    A l’autre extrémité du registre des réactions humaines, on peut noter l’attitude d’un Napoléon qui, de retour au pouvoir après son exil sur l’île d’Elbe donna libre cours à l’immense orgueil qui l’habitait : « Des milliers de siècles s’écouleront avant que les circonstances accumulées sur ma tête aillent en puiser un autre dans la foule, pour reproduire le même spectacle. Mon nom durera autant que celui de Dieu… » Hitler, pour sa part, était assuré que le IIIe Reich durerait mille ans.
    Autrefois vous avez été, de l’avis général, un brillant ministre. A l’avenir, vous devrez avoir, outre la brillance, les autres qualités de l’or : la pureté et la valeur. En suivant à la télévision votre campagne électorale, j’ai tenté, à travers vos paroles et vos gestes, de décrypter votre pensée réelle. Par moments, je croyais voir et entendre Kadafi, Castro ou Saddam, et je me sentais alors pris de peur pour l’avenir de mon pays.
    Par contre, je n’ai pas été choqué par vos jugements désabusés sur l’état de notre pays et les reproches que vous adressiez à nos compatriotes. Cela donnait parfois l’impression que vous mettiez votre personnage sur un plateau de la balance et la nation toute entière sur l’autre, mais je n’ai pas pour autant pris cela pour l’expression d’un orgueil démesuré. Tandis que vos concurrents rivalisaient de populisme, d’hooliganisme et de niaiseries, vous vous distinguiez par l’effort de faire comprendre à vos compatriotes qu’ils avaient eux aussi leur part de responsabilité dans la crise.
    Les mots sont des êtres vivants, disait Victor Hugo. De son temps la science n’avait pas encore mis en évidence le rôle physico-chimique des idées, vraies ou fausses, et leur action sur le système neuro-cérébral. Les mots peuvent en effet tuer ou guérir.
    Il est vrai par exemple que notre peuple déteste la « hogra ». Mais en réalité il ne la déteste que quand il en est la victime car pris individuellement, chaque Algérien est un « haggar » en puissance, quand ce n’est pas en actes quotidiens dont il n’a pas conscience. Il est bon qu’il le sache afin qu’il s’améliore.
    Les mots, les discours véhiculent des idées, des modes de pensée, des directives d’action et, par leur référence à des idéaux ou à des systèmes de valeurs, deviennent de redoutables moyens d’opérer sur l’esprit et l’inconscient des gens. C’est dans ce sens que toute idéologie devient à la longue une psychologie. Or, le problème fondamental de l’Algérie dont tout découle est justement de nature psychologique.
    Les formes politiques, sociales et économiques que revêt notre crise ne sont que les effets d’une cause qui ressortit plus à la psychologie dans laquelle nous a formés le discours public depuis trente ans qu’aux données strictement politiques et économiques. En vertu des vicissitudes de son histoire, notre pays n’a pas définitivement cimenté son unité psychique et notre peuple, brave et candide au demeurant, ne s’est pas mué en société fonctionnelle et homogène.
    Nous n’avons pas suffisamment entrepris et agi ensemble à travers les âges, nous n’avons pas accumulé les réserves nécessaires en réflexes, mécanismes et habitudes de vivre ensemble, pour mûrir et nous établir définitivement comme nation au sens subjectif du terme. Si cela avait été, nos rangs ne se seraient pas disloqués sous les premiers coups de boutoir de l’idéologie islamiste ou de la politisation de la question amazighe. La force n’est pas un moyen de pallier durablement l’insuffisance de liant social et la quasi-inexistence de l’esprit civique. Les prodigalités économiques non plus.
    En déversant beaucoup d’argent sur un pays, en emplissant les ventres de ses habitants, on peut les maintenir dans un certain état de docilité et de stabilité, mais pas en faire un corps civique homogène. Une telle politique a un nom : « acheter la paix sociale ». De mon point de vue c’est pire, c’est de l’encanaillement ! A la première interruption du flot de la manne ainsi que cela s’est vu en 1988, l’unanimisme apparent se rompt et les rangs se dispersent. Le premier charlatan, le premier populiste, le premier nihiliste venu peut alors plonger le pays dans l’anarchie et la guerre civile.
    Dans les années 1960 et 1970 le liant social installé dans la psychologie des Algériens par la Révolution de Novembre avait tenu bon car il agissait encore sur les esprits d’un peuple réconcilié avec son histoire. Ce dernier était par ailleurs conforté par la certitude que son pouvoir travaillait à le doter d’un Etat pérenne et d’une économie de développement. Le contexte international, marqué par la rivalité Est-Ouest, la montée des nationalismes et le romantisme révolutionnaire baignait alors dans l’ambiance florissante des « Trente glorieuses ». Tout cela n’est plus aujourd’hui…
    En septembre 1972, au sommet des « Non-alignés » d’Alger feu le président Boumediene déclarait avec une sincère indignation : « Nous représentons les quatre-cinquièmes des populations du globe, nous possédons les trois-cinquièmes des richesses du globe, et pourtant nous ne sommes rien. C’est cela qui doit changer ». Trente ans après, cela a effectivement changé, mais dans le sens du pire. Une des deux superpuissances de l’époque – bipolarité par rapport à laquelle se justifiait le non-alignement — a été réduite à une complète impuissance. Le Tiers-Monde, comme unité distincte, n’existe plus.
    Dans son dernier livre, « Le grand échiquier : l’Amérique et le reste du monde », Zbinew Brzezinski désigne l’Eurasie comme le principal enjeu géopolitique des prochaines décennies et la décrit — ainsi que l’avait fait Boumediene pour le Tiers-Monde - avec pratiquement les mêmes termes : « Le plus grand continent à la surface du globe, 75% de la population mondiale, 60% du PNB mondial, les trois-quarts des ressources énergétiques connues… ».
    Le nouvel ordre international annoncé par G. Bush au début de cette décennie n’est certes pas celui auquel vous travailliez vous-même au début des années 1970 avec foi et acharnement. Dans la nouvelle configuration mondiale l’Afrique n’est plus qu’un appendice inerte du continent eurasien, tandis qu’un pays de la dimension de la Grande-Bretagne est néanmoins qualifié par Brzezinski d’« acteur géostratégique à la retraite ».
    Tout au plus, dans les nouvelles conditions et eu égard à sa situation objective, notre pays pourra-t-il prétendre à moyen terme au rang de « pivot géopolitique » (Etat dont l’importance tient moins à sa puissance qu’à sa situation géographique sensible) à l’instar de la Turquie, de l’Iran, de l’Ukraine, de l’Azerbaïdjan ou de la Corée du Sud…
    La politique internationale dans les années 1960 et 1970 se faisait plus avec les mots et les attroupements sur les places qu’avec les missiles guidés au laser. Aujourd’hui, même la possession d’un arsenal nucléaire ne sert à rien si elle n’est sous-tendue par la force économique, financière et technologique. Il reste heureusement Dieu comme on doit se dire dans les chaumières d’Irak ou de Serbie. Jésus disait aussi : « Dieu fait luire son soleil sur les bons et sur les méchants, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes ».
    Mais il reste que Dieu ayant décidé depuis la dernière Révélation faite à notre saint Prophète de ne plus intervenir directement dans les affaires humaines, c’est aux hommes, et dans notre cas particulier, c’est à vous, Monsieur le Président, qu’il incombe de conduire notre nation vers le salut.
    Notre pays a trop longtemps souffert de l’ignorance de ses dirigeants, lesquels ont, pour la plupart, consacré leurs maigres ressources mentales et intellectuelles à manigancer et à intriguer pour acquérir ou sauvegarder un statut illusoire, au lieu d’accomplir un rôle dont ils n’avaient aucune idée et pour lequel ils n’étaient assurément pas faits…
    Aujourd’hui que le sort vous a désigné pour présider à nos destinées à l’orée du troisième millénaire, il vous faudra mettre au service de cette mission votre conscience, votre expérience et vos compétences. Eduquez le peuple, éveillez-le, réformez son Etat, son école, son université ; frappez son imagination, secouez son esprit, soulevez son âme, donnez aux Algériens le sens du devoir, inculquez-les les notions de mérite et de dévouement ; nettoyez la justice et l’Administration, encouragez la culture (la vraie), éloignez les « baraghits » et la médiocrité !
    C’est de leur plus haut responsable que les citoyens d’un pays attendent d’habitude l’exemple et l’indication du chemin à suivre. Ils sont inconsciemment portés à attendre de lui les gestes symboliques, les preuves de sa sincérité et les manifestations de sa compétence. Vous avez parlé d’« esprit chevaleresque », donnez-en des illustrations concrètes, montrez que vous êtes magnanime tout en étant intraitable…
    Vous pouvez réaliser la « réconciliation » à condition qu’elle ne soit pas comprise comme une reconnaissance de l’efficacité du recours à la violence pour faire valoir des thèses car, sitôt la paix obtenue avec ceux-ci, ceux-là seront tentés de prendre leur place au maquis et d’attendre que vienne le président qui leur offrira « rahma » et « réconciliation ». Notre pays ne pourra pas survivre à une autre guerre civile et nul ne pourra alors éviter l’intervention armée de l’étranger pour nous aider à « régler » nos problèmes…
    Méditant sur son itinéraire politique avant sa chute Nixon écrit dans ses Mémoires : « Un ennemi est un ami que je n’ai pas rencontré ». Cette sentence vaut aussi bien pour vous qu’à votre propos. La majorité des Algériens actuels ne vous connaissent pas. Ils ne vous ont pas rencontré et ne savent de vous que ce qu’ils ont entendu ou lu sur vous. Vous êtes aujourd’hui en face d’eux, vous avez l’occasion de vous faire connaître d’eux pour ce que vous êtes réellement et, selon ce qu’ils découvriront, ils seront vos amis ou vos ennemis.
    Un homme d’Etat qui regarde vers le haut et non vers le bas, qui scrute l’horizon de l’Histoire au lieu des coulisses du pouvoir, qui n’agit pas en fonction du seul court terme, qui ne flatte pas l’ignorance et les défauts de ses concitoyens pour s’en faire aimer, finira par gagner l’affection de son peuple et forcer le respect de l’étranger. Ce que nous appelons dans le langage moderne la « légitimité par l’action », les anciens Chinois l’appelaient le « mandat du Ciel ».
    C’est ce qui est présentement entre vos mains. Que Dieu vous assiste dans l’accomplissement de cette haute et noble mission.
    Texte écrit par : Noureddine Boukrouh

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