person:vincent cespedes

  • Vincent Cespedes : « L’école dévitalise les enfants de leur envie de connaître, de lire et d’écrire » » (VousNousIls)
    http://www.vousnousils.fr/2015/09/04/vincent-cespedes-lecole-devitalise-les-enfants-de-leur-envie-de-connaitr

    Vous estimez donc que les professeurs sont davantage complices que victimes de ce que vous dénoncez ?

    Ils sont en grande partie complices, oui ! Un prof sur deux est pédagogiquement nul…. Je n’ai confiance que dans les rebelles. Je suis pour un sabotage d’un système éducatif qui est incapable de se renouveler lui-même. Les enseignants progressistes doivent s’emparer du pouvoir.

    Vous trouvez les enseignants trop conformistes ?

    Il faut des professeurs « désobéissants », des professeurs qui ne se réfugient pas derrière les règlements intérieurs et les programmes. Des professeurs qui, par exemple, comprennent que le bavardage est quelque chose de magnifique ; la soif de connaissances passe par le bavardage. Plutôt que de lutter contre ce « problème » pendant la moitié du cours, il faut utiliser cette envie de s’exprimer.

    Nous avons la jeunesse la plus dépressive d’Europe. Pourquoi ? Parce que notre société met l’obéissance au premier plan de ses valeurs. Dans une classe, les enfants devraient pouvoir se lever, bouger, contester… car lorsqu’elles sont intelligentes, argumentées, légitimes, toutes les désobéissances sont possibles. L’école devrait être ce lieu où l’on peut expliquer pourquoi on refuse d’appliquer un règlement, une consigne… La leçon du XXe siècle c’est qu’il faut se méfier des citoyens qui obéissent trop face à l’injustice.

    #éducation #école #enseignant.es #obéissance #dépression

    Il faut surtout lire l’entretien « L’école est une usine à normaliser, à légitimer les différences sociales » de Vincent Cespedes, tellement pertinent et percutant : http://seenthis.net/messages/404657

  • « Islamo-racaille » : le droit de haïr ? | Vincent Cespedes
    http://www.huffingtonpost.fr/vincent-cespedes/-islamo-racaille-le-droit-de-hair-charlie-hebdo_b_6434686.html

    L’expression « islamo-racaille » est fièrement revendiquée par le rappeur Médine, qui appelle à « [crucifier] les #laïcards » dans son titre Don’t Laïk. En livrant des noms en pâture (de Caroline #Fourest à Nadine Morano), sa plume trempe dans tous les encriers de l’intolérance : celui de la propagande djihadiste et des appels au meurtre de l’État islamiste ("J’mets des fatwas sur la tête des cons", « Au croisement entre le voyou et le révérend / Si j’te flingue dans mes rêves je te demande pardon en me réveillant », « On ira tous au #paradis, enfin seulement ceux qui y croient ») ; celui, insidieux, des doctrinaires qui donnent mine de rien des éléments d’explication-justification aux crimes fanatiques ("Pour repousser les nazislamistes, on ferme les portes de l’éducation", se plaint Médine).

    Au sortir de ce n’importe-quoi diabolisateur, un jeune exclu, mal dans sa vie et mal dans sa peau, a des chances de se sentir à la fois victime d’un vaste complot antimusulman fomenté par la #République (ça, c’est le côté « islamo »), et légitimé d’user de la violence et de la délinquance pour se défendre (ça, c’est le côté « racaille »). Le rappeur résume son prêche en une formule finale : « Islamo-racaille, c’est l’appel du muezzin ». Tout est là : le gangsterisme et le sacré, l’appel à la prière et l’appel à la violence, mixés en un flow assassin qui ne veut pas dire grand-chose, mais qui autorise de se réclamer de Dieu pour faire couler le sang.

    C’est pas, comme l’union nationale d’hier et de demain, l’#opium_du_peuple, mais une toute autre #chimie. Et celle là non plus n’est pas notre meilleure amie...

    #culture_populaire #rap #le_passé_ne_passe_pas #présent_néantifié #nihilisme_généralisé #analgésique #dopamine #épouvante

    • @mona, oui la période est et sera révélatrice. Pas seulement des positionnements (plus ou moins craignos), mais aussi de l’aptitude à prendre en compte une réalité profondément #contradictoire, et des différences, singulières, non dialectisables (?). Comment est on forcé à penser ?

      Je connais pas ce Cespedes, et ai pas d’a priori favorable, mais suis pas sûr qu’il s’agisse d’un glissement de sa part. Oui, il y a la laïcarde Fourest qui vend sa came raciste, et il y a d’autres marchands du temple, tel ce rapeur qui exploite un humus spirituel et une situation de relégation, la hogra (voir le Je suis l’ouest, http://seenthis.net/messages/329590).

      Un trait commun ? Il me semble que cela se fonde sur une #angoisse fondamentale, à la fois terrible et banale. Commune. le besoin de chercher à répondre (et donc de prétendre chercher à répondre) au nihilisme généralisé de « nos » sociétés.

      Autre cas : il y a (?) des pratiques islamiques révolutionnaires et démocratiques, et il y a, dans la révolution, une contre révolution islamiste, (voir l’entretien avec Pierre Torres sur Lundi matin http://lundi.am/spip.php?article27).

    • Je comprends pas @Mona. Il ne défend pas Fourest ou Morano, si ?

      En tous cas sinon je le rejoins sur la question de la responsabilité. La liberté d’expression est un concept creux qu’il va falloir remplir en réfléchissant à l’impact de l’expression publique, avant que la censure ne le fasse à notre place, et j’ai peur qu’on soit bien en retard...

      Six jours après l’arrivée de ce clip sur les réseaux surviennent les attentats à Charlie-Hebdo. Médine n’est bien sûr pas responsable de ces crimes. Mais Médine s’est justement montré irresponsable -en tant qu’artiste diffuseur de mots, d’idées, d’images et d’émotions saturés de rage et de glorifications du pire. De la même irresponsabilité que ces médias qui font tourner en boucle les prêcheurs de haine plutôt que de donner la parole aux jeunes, de contextualiser les enjeux, d’élever les débats au-delà des polémiques odieuses et des hystéries tueuses d’avenir.

    • Bon, mon premier message était un peu elliptique. J’observais simplement le subtil changement de positionnement de quelqu’un que j’ai connu proche de Rokhaya Diallo (il a été son éditeur) et qui semble décider tout à coup de changer de motifs d’indignation prioritaires. C’est très sage de sa part, je ne dis pas le contraire.