person:vladimir poutine

  • Au #Tatarstan, le Kremlin encourage un islam traditionnel et patriotique
    https://www.mediapart.fr/journal/international/150318/au-tatarstan-le-kremlin-encourage-un-islam-traditionnel-et-patriotique

    Vladimir Poutine rencontre les muftis de la région et les représentants de l’Académie islamique, le 25 janvier 2018 à Kazan. République musulmane à 54 %, le Tatarstan vante son modèle de coexistence pacifique, sous l’œil attentif de Moscou. Mais derrière la vitrine d’un islam traditionnel et tolérant, une répression féroce touche les musulmans les plus radicaux.

    #International #Islam_en_Russie #religion #Russie #Vladimir_Poutine

  • Empoisonnement d’un ex-espion russe : le Royaume-Uni expulse 23 diplomates russes
    https://www.crashdebug.fr/international/14614-empoisonnement-d-un-ex-espion-russe-le-royaume-uni-expulse-23-diplo

    Ca sent le coup monté à plein nez, surtout que d’après ce que j’ai lu les américains avaient récupéré de cet agent neurotoxique dans une ancienne base russe désaffecté, quoiqu’il en soit Vladimir Poutine a des nerfs d’acier, mais ça commence a faire beaucoup de mesures pour mettre la Russie au banc des nation, alors que ce pays ne le mérite pas, si la situation se stabilise en Syrie c’est bien par ce qu’ils y on mis beaucoup de moyen, moyen qui sont payé par le peuple russe. (Informations complémentaires)

    (c) HO / AFP | La Première ministre britannique, Theresa May, lors d’une déclaration devant la Chambre des

    communes le 14 mars 2014 à Londres.

    Le Royaume-Uni, qui tient Moscou pour responsable de l’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Krispal sur son sol, a annoncé mercredi (...)

  • Mercenaires russes : « C’est une catégorie de gens qui ne peuvent pas vivre sans la guerre » - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2018/03/12/mercenaires-russes-c-est-une-categorie-de-gens-qui-ne-peuvent-pas-vivre-s

    Un chef de guerre qui collabore avec la principale société de mercenaires russes témoigne sur leur présence en Syrie et justifie que les corps ne soient pas rendus aux familles. Un problème qui pourrait être réglé après la réélection de Poutine, dimanche prochain.

    Attirés par des salaires dix fois supérieurs à ceux des régions reculées de #Russie dans lesquelles ils vivent, des combattants désœuvrés, souvent vétérans des guerres du Donbass, de Tchétchénie ou d’Afghanistan s’enrôlent comme mercenaires pour combattre là où l’armée régulière russe ne peut pas apparaître. L’un des chefs recruteurs collaborant avec le groupe Wagner, principale société militaire privée, raconte à la correspondante de France 24 en Russie le fonctionnement de ces missions couvertes par le secret d’Etat. Car il faut cacher l’existence de ces entreprises illégales en Russie, les contrats signés avec elles par les compagnies pétrolières liées au Kremlin et la mort des combattants #mercenaires à leurs familles. Autant de petits cailloux dans la chaussure de Vladimir Poutine à quelques jours de sa réélection.

    Quel est le but principal de la présence de Wagner en Syrie ?
    C’est une lutte pour le régime d’Al-Assad. Une lutte pour le pétrole, pour gagner de l’argent. La raison d’être d’une société militaire privée, c’est de faire du profit. Ensuite, défendre les intérêts d’un Etat là où il ne peut pas faire usage de son armée régulière. Ce qui se passe en Syrie, d’un côté, c’est un combat contre le terrorisme mondial représenté par l’Etat islamique, et de l’autre, un engrangement de bénéfices au profit de notre pays, pour que la Russie puisse s’emparer d’un énorme marché de ressources pétrolières. Il faut lui en offrir le contrôle. J’estime que c’est juste. Cette guerre, ce n’est pas nous qui l’avons commencée, mais c’est à nous de finir le travail.

    Pourquoi est-ce secret ? La Russie mène pourtant ouvertement une opération aérienne et maritime en Syrie, alors pourquoi cacher l’opération au sol ?
    Parce qu’il s’agit avant tout d’intérêts commerciaux. Vous avez vu le battage médiatique que ces pertes de troupes au sol ont provoqué ? Et s’il s’était agi de troupes régulières ? Si les Etats-Unis avaient frappé l’armée russe au sol ? Qu’est-ce qu’on aurait ? Une troisième guerre mondiale.

    Wagner est-elle la seule société militaire privée en activité en ce moment ?
    Les premiers temps, on a vu apparaître d’autres entreprises de ce type en Russie. Mais elles ont vite été délogées du marché par Wagner. Il faut bien comprendre que pour survivre, n’importe quelle compagnie, n’importe quel business, a besoin d’un marché. Il y a eu quelques autres tentatives, mais la seule à avoir tenu et s’être développée, c’est Wagner, parce qu’elle a obtenu les contrats et qu’on l’a laissée entrer en Syrie.

    Comment est financée la société Wagner ?
    Elle signe des contrats avec les compagnies qui exploitent et raffinent le pétrole en Syrie pour la défense de leurs intérêts commerciaux. Pour ça, elle reçoit de l’argent. Sur le territoire syrien, les sociétés russes Lukoil et Gazprom Neft ont des usines. Mais Wagner travaille aussi avec des firmes étrangères. Engager Blackwater [SMP américaine qui s’est funestement illustrée en Irak, ndlr] - qui aujourd’hui, s’appelle autrement - ça coûte très cher. Notre entreprise militaire à nous coûte moins cher.

    Comment se passe la coopération avec le ministère russe de la Défense ?
    Le ministère de la Défense définit des objectifs de combat. Les mercenaires de Wagner agissent alors en tandem avec l’aviation russe, avec l’appui de l’artillerie, lors des missions communes. Mais, dans tous les cas, il y a une coopération. Ne serait-ce que pour l’aide matérielle. Le ministère de la Défense fournit aux mercenaires des armes, des munitions et des équipements. Mais cette coopération est hors la loi. Alors, officiellement, elle n’existe pas.

    Quand ils signent, est-ce qu’ils savent comment seront traités les corps… ou le fait que leurs familles seront laissées dans l’ignorance ?
    Si tu t’es enrôlé dans une société militaire privée, alors tu t’es vendu pour de l’argent à cette société. Elle peut t’utiliser comme bon lui semble. Tu n’as contractuellement pas le droit de désobéir. Ce qui va t’arriver après ta mort ? Tu seras réduit à l’état de viande hachée. Et les corps ? On les mettra dans un sac. On les scellera dans le zinc. On les enverra à la maison… dans le meilleur des cas. Dans le pire, on les enterrera sur place. Si tu n’as pas signé la clause comme quoi on ne doit rien dire à ta famille, on enverra de l’argent à tes proches avec un papier disant que tu es mort et enterré là ou là. Ou pas enterré du tout. Juste, « il est mort ». Tenez votre pognon.

    La société Wagner est-elle active dans d’autres pays à part la Syrie ?
    A l’étape suivante, on entrera probablement en Libye. Egalement pour combattre les terroristes et les extrémistes, ainsi que pour défendre les intérêts de notre pays. Il y aura peut-être aussi d’autres gens envoyés ailleurs en Afrique.

    Ce sont des informations vérifiées ou juste des rumeurs ?
    Vous comprenez, je ne peux pas vous dire que « Wagner » - le camarade Outkine - m’a appelé directement et m’a dit : « Frère, dans un an, on entre en #Libye ! » Ce n’est pas comme ça que ça se passe. Mais lorsqu’on recrute des gens et qu’on les vaccine contre des maladies africaines, faut pas être con, on comprend tout de suite où ils vont être envoyés !

    Vous, quel est votre sentiment par rapport à Wagner et la guerre en Syrie ?
    Ma position est claire. Notre guerre, c’est le Donbass [région de l’est de l’Ukraine revendiquée par des séparatistes prorusses, ndlr].Mais à ceux qui doutaient de la guerre en Syrie, du genre « idéologiquement, ce n’est pas la nôtre, c’est une guerre pour le fric », je peux leur dire qu’après ce qui est arrivé, après que les Amerloques ont dégommé nos gars, on est prêts à y aller pour les obliger à rendre des comptes.

    Est-ce souvent que des volontaires pour partir en Syrie viennent vous voir ?
    Très souvent. Cinq à six personnes par semaine. Des jeunes, des vieux, qui ont de l’expérience au combat, d’autres qui n’en ont pas. Des cosaques et des civils. Ils cherchent à rejoindre la SMP. Ils me demandent ce qui les attend là-bas. Je leur explique brièvement, que personne ne va leur courir après pour leur torcher le cul : « Vous vendez vos acquis, vos atouts, votre vie. »

    Est-ce qu’en ce moment, les combattants qui reviennent de la guerre dans le Donbass et ne parviennent pas à s’adapter à la vie ordinaire représentent un gros problème ?
    Quelqu’un qui revient de la guerre a toujours du mal à s’adapter à la vie ordinaire. Parce que le type a fait la guerre pendant un an et demi, et quand il revient ici, où ira-t-il travailler ? Il sera agent de sécurité dans une supérette ? Où un jeunot de 18 ans à moitié bourré va lui expliquer la vie et le rabaisser ? Lui qui a pris l’habitude de régler tous ses problèmes en appuyant sur la gâchette, il a les mains qui le démangent. C’est une catégorie de gens, qu’on appelle les « hommes-guerre ». Ils ne peuvent pas vivre sans la guerre. La société militaire privée les attend.

    Quels sont les salaires mensuels des mercenaires ?
    Les premiers gars qui ont été recrutés, c’était en 2015 si ma mémoire est bonne, les salaires allaient jusqu’à 450 000 roubles par mois (6 500 euros). En ce moment, les gens reçoivent 150 000 roubles et plus (2 100 euros), en fonction des missions effectuées. Certaines divisions sont des divisions de combat. Elles ont pris part aux assauts sur Deir El-Zor et Palmyre.

    Est-ce que quelque chose va changer après ce combat ?
    Un recrutement a été lancé pour compenser les pertes. D’abord, on a besoin de gens pour les rotations. Après trois mois de conflit, une partie du contingent doit rentrer à la maison. Il faut les remplacer. Ensuite, il faut remplacer les morts. Et enfin, il faut grossir les troupes, parce qu’on gagne du territoire. En avril, 500 à 600 personnes seront recrutées à coup sûr.

    Quand doit-on rendre les corps aux familles ?
    Sans doute après l’élection présidentielle du 18 mars. Et encore, par étapes. Pas tout d’un coup. Il y aura des petites cargaisons. Si dans une région, il y a 5, 6, 8 morts, on les rendra par un ou par deux aux familles. Si on les rend, bien sûr. Cacher les pertes ? Aucun problème. Là-bas, tous les moyens de communication sont coupés. De plus, les gens signent des contrats comme quoi ils ne doivent rien divulguer à personne. S’il y a des fuites, ils ne toucheront pas leur salaire. Leurs familles ne toucheront pas de compensation non plus. C’est pourquoi tous garderont le silence.
    Elena Volochine

    #guerre

  • Ces #autocrates qui organisent leur présidence à vie
    https://www.mediapart.fr/journal/international/110318/ces-autocrates-qui-organisent-leur-presidence-vie

    Vladimir Poutine et #Xi_Jinping, deux présidents “providentiels” qui jouent la même partition © Reuters Depuis une quinzaine d’années, de l’Afrique à l’Amérique latine, en passant par l’Asie et même l’Europe, des chefs d’État autoritaires font sauter les verrous de la limitation des mandats. Le dernier en date est le Chinois Xi Jinping, qui vient d’obtenir ce dimanche 11 mars l’aval du Parlement chinois. Face à ces « coups constitutionnels », les démocraties affaiblies se taisent.

    #International #Chine #Constitution #coup_constitutionnel #coups_d'Etat #démocratie #dictatures #Paul_Kagamé #Vladimir_Poutine

  • L’ère des #autocrates éternels ?
    https://www.mediapart.fr/journal/international/110318/l-ere-des-autocrates-eternels

    Vladimir Poutine et #Xi_Jinping, deux présidents “providentiels” qui jouent la même partition © Reuters Depuis une quinzaine d’années, de l’Afrique à l’Amérique latine, en passant par l’Asie et même l’Europe, des chefs d’État autoritaires font sauter les verrous de la limitation des mandats. Le dernier en date est le Chinois Xi Jinping, qui vient d’obtenir ce dimanche 11 mars l’aval du Parlement chinois. Face à ces « coups constitutionnels », les démocraties affaiblies se taisent.

    #International #Chine #Constitution #coup_constitutionnel #coups_d'Etat #démocratie #dictatures #Paul_Kagamé #Vladimir_Poutine

  • Le #Tatarstan, ce sultanat électoral au service de Poutine
    https://www.mediapart.fr/journal/international/100318/le-tatarstan-ce-sultanat-electoral-au-service-de-poutine

    Vladimir Poutine au Tatarstan. À droite, le président tatar Roustam Minnikhanov. 25 janvier 2018. Kazan © Kremlin.ru République frondeuse dans les années 1990, le Tatarstan s’est plié à la « verticale du pouvoir », renonçant à son statut spécial et devenant l’une des vitrines économiques russes. Ses dirigeants ont promis de faire un triomphe à #Vladimir_Poutine. Reportage à la veille de l’élection présidentielle, le 18 mars prochain, qui devrait sans surprise reconduire pour six ans l’actuel chef du Kremlin à la tête du pays.

    #International #Éléction_présidentielle_2018 #Russie

  • Juste avant la neige, avec les enfants, on a visité la Grotte des Demoiselles, à 35 minutes au nord de #Montpellier, à l’entrée (ou la sortie, comme tu veux) des gorges de l’Hérault.

    Hé ben c’est très recommandable. La visite, qui commence dans un funiculaire qui monte vers la grotte, dure environ une heure, et c’est carrément spectaculaire. Voilà encore une idée de visite que je me garde pour quand on aura de la visite. En plus, j’aime bien ces visites touristiques quand il n’y a pas beaucoup de touristes, hors-saison, ambiance bon enfant où tout le monde discute avec les gamins d’un peu tout le monde.

    Et puis l’accueil est très sympa, à la boutique c’est le monsieur qui a écrit le livre, si tu veux qu’il te cause des camisards, profites-en.

    Le bar-restaurant à l’entrée est fort bien installé sur la falaise, avec une immense terrasse protégée du vent, une vue magnifique sur la vallée (en fin d’après-midi, le soleil couchant qui se reflétait sur l’Hérault, très joli…). Il paraît qu’à la mi-saison c’est un coin sympa pour boire un verre tranquillement, et je veux bien le croire (là, tu as dû en entendre parler, Vladimir Poutine nous avait fait déferler sa vague de froid de Moscou pour nous gâcher l’ambiance, alors pour la terrasse, ce sera une autre fois).

    –----

    Au fait, y’a des gens qui font de la spéléologie, sur Seenthis ? @monolecte tu fais ça, toi ? Perso c’est pas mon truc. J’ai le vertige, déjà quand il faut que je descende d’une échelle les gamins se foutent de ma gueule, et l’idée d’aller m’enfoncer dans des boyaux du centre de la Terre, beuark… !

    • J’en avais fait un peu ado en mode sauvage mais c’etait des petits trous pas trop difficile (principalement des captages d’eau dans le mont d’or lyonnais qui sont des trous d’balle artificiels). Je rêve d’en refaire mais je voie pas trop comment ni avec qui.

    • Déjà que je fais (naturellement) des cauchemars dans lesquels je suis coincé la tête en bas dans un grand tuyau, et que donc j’arrive pas à m’en sortir… alors l’idée d’aller le faire volontairement, vraiment c’est pas possible. Regarder un documentaire sur la spéléologie (ça existe en encore, d’ailleurs, ce genre ? je pense que la dernière fois que j’en ai vu, c’était à l’école primaire quand un « aventurier » venait nous projeter son film dans le gymnase.), déjà je suis archi mal-à-l’aise.

      Le seul truc pour lequel j’aurais de vagues velléités, ce serait de la randonnée. Avec les gamins, profiter de la région, déjà ce serait trop kikou.

    • Déjà que je fais (naturellement) des cauchemars dans lesquels je suis coincé la tête en bas dans un grand tuyau, et que donc j’arrive pas à m’en sortir…

      #caca (c’est toi qui a dit que ça te manquait hein)

    • Dans le genre sympa, et pas si loin de Montpellier (bon ça reste en occitanie on va dire), j’avais visité avec ma môme de 9 ans le gouffre de Cabrespine
      http://www.gouffre-de-cabrespine.com/fr
      On était les seules, j’avais ri qu’elle pique une colère sous prétexte que ce n’était pas une vraie grotte sauvage mais un parcours bétonné balisé, éclairé ou tu peux te tenir debout avec mamie si tu as envie. Du coup, je pense que ça va te convenir @arno ;)

      Tiens, si il y en a que ça tente, on pourrait se faire un #safari_souterrain un de ces 4 :D
      http://www.gouffre-de-cabrespine.com/fr/info-pratiques/le-safari-souterrain

  • Éloge de Netanyahou ?
    http://www.dedefensa.org/article/eloge-de-netanyahou

    Éloge de Netanyahou ?

    Comme l’on sait ou disons comme l’on devrait le savoir, le premier ministre israélien est en grand danger de graves suites judiciaires concernant des affaires de corruption et d’obstruction à la justice. Israël Shamir, qui consacre son texte du 26 février 2018 à la situation de Netanyahou, présente cette affaire de cette façon abrupte :

    « “Le meilleur premier ministre du pays”, c’est ainsi que Benjamin Netanyahou est défini par ses nombreux partisans. Il est le plus ancien, depuis le fondateur de l’État juif, David Ben Gourion, il a servi dans sa fonction plus longtemps que Vladimir Poutine. Mais apparemment, il est sur le point de suivre la voie de son prédécesseur, le Premier ministre Ehud Olmert, c’est-à-dire la prison. Olmert a été libéré il y a six mois à peine après (...)

  • Syrie : Poutine ordonne une trêve humanitaire quotidienne à partir de mardi
    https://www.crashdebug.fr/international/14565-syrie-poutine-ordonne-une-treve-humanitaire-quotidienne-a-partir-de

    Les djihadistes dont c’est le dernier bastion ont refusé d’évacuer et se servent des civils comme bouclier humain.

    Les bombardements et les combats ont causé la mort plus de 500 civils en une semaine. - Crédits photo : A. EASSA/AF

    INFOGRAPHIE - Cette trêve quotidienne, instaurée de 9h à 14h, permettra la création de couloirs humanitaires pour évacuer les civils de la Ghouta orientale, alors que les combats se poursuivent lundi malgré la résolution de l’ONU.

    Vladimir Poutine a ordonné à partir de mardi l’instauration d’une « trêve humanitaire » quotidienne dans la Ghouta orientale en Syrie, fief rebelle sous le feu du régime. « Sur ordre du président russe et dans le but d’éviter les pertes parmi les civils de la Ghouta orientale, une trêve humanitaire quotidienne sera instaurée à (...)

    #En_vedette #Actualités_internationales #Actualités_Internationales

  • Syrie : les motifs et les enjeux de la bataille d’Afrin
    http://www.lemonde.fr/syrie/article/2018/02/21/syrie-les-motifs-et-les-enjeux-de-la-bataille-d-afrin_5260346_1618247.html

    Les Turcs veulent bloquer la montée en puissance des Kurdes, pourtant soutenus par la coalition internationale, dans cette région.

    L’entrée des forces syriennes favorables à Assad dans l’enclave d’Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie, pour appuyer les forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), aurait de « graves conséquences », a prévenu, mercredi 21 février, le porte-parole du président turc, Recep Tayyip Erdogan. « Toute tentative visant à soutenir (…) l’organisation terroriste YPG signifiera qu’ils se rangent directement au côté d’organisations terroristes et deviendront donc des cibles légitimes à nos yeux », a insisté Ibrahim Kalin lors d’une conférence de presse.
    […]
    La crise d’Afrin concentre sur un territoire réduit l’ensemble des acteurs du conflit syrien et leurs alliés. Enjeux locaux, régionaux et internationaux s’y télescopent. Pour les forces kurdes, la défense d’Afrin est une question vitale. Si elles cèdent et font aveu de faiblesse, c’est tout leur édifice dans l’Est syrien qui se trouve menacé. Il faut donc tenir et, à défaut d’autre soutien extérieur, tenter d’arracher au régime de Damas un accord qui permettrait de ralentir les avancées turques.

    L’envoi de détachements miliciens vers Afrin, mardi 20 février, est un signal allant en ce sens. Le régime syrien voit, en effet, d’un mauvais œil l’émergence d’une présence forte et durable de la Turquie à Afrin. Damas et Ankara partagent un passé lourd de disputes territoriales qui influence la position du régime.

    L’Iran est réputé avoir en la matière une position proche de celle de ses protégés syriens. La position de la Russie, autre alliée du régime, diverge cependant. Sans le feu vert tacite de Moscou, qui contrôle l’espace aérien syrien dans cette partie du pays, l’opération turque sur Afrin n’aurait pas pu voir le jour. En accédant aux velléités anciennes d’Ankara sur Afrin, Vladimir Poutine ménage sa relation avec le président Erdogan et fait d’une pierre deux coups, en prouvant aux Kurdes l’inefficacité de leur alliance avec Washington, tout en semant un peu plus la discorde entre les Etats-Unis et la Turquie, alliés au sein de l’OTAN.

    (fin de l’article)

    Ben, finalement, Afrin, c’est la faute à Poutine.

  • « Emmanuel Macron est capable d’audace et de transgression » ; une "révolution énergétique a commencé sous l’impulsion de Nicolas Hulot", nous dit une tribune d’Edgar Morin (Sociologue et philosophe), LE MONDE | 21.02.2018

    Chacun possède une dualité, voire une multiplicité intérieure, mais certains personnages historiques sont remarquables par une dualité politique étonnante. Ainsi de Gaulle, à la fois rebelle et rassembleur national pendant la guerre, porté au pouvoir par l’Algérie française et renversant ses géniteurs putschistes pour reconnaître l’Algérie algérienne, politiquement rénovateur et socialement conservateur durant sa présidence.

    Pour comprendre Macron, je partirais d’un fait de vie privée qui traduit un choix de vie audacieux et une capacité de transgression extraordinaire : contre vents et marées et plutôt contre les obstacles des milieux conformistes bourgeois de province, il épouse sa professeure de lycée plus âgée que lui et déjà mère de deux enfants, et il assume cette transgression ouvertement tout au long de sa carrière.

    QUAND IL SE LANCE DANS L’AVENTURE PRÉSIDENTIELLE, IL TRANSGRESSE TOUTES LES RÈGLES DU JEU APPAREMMENT INAMOVIBLES DE L’ADOUBEMENT PAR UN PARTI
    Quand il se lance dans l’aventure présidentielle, il transgresse toutes les règles du jeu apparemment inamovibles de l’adoubement par un parti et il part aventureusement, créant de toutes pièces un rassemblement dynamique d’éléments captés dans les partis, qui s’en disloquent, ce qui, évidemment dans des circonstances favorables, le conduit à la présidence de la République. On peut dire qu’il y a du Bonaparte, du Boulanger, du de Gaulle dans cela, mais la différence est qu’il n’y a au départ aucun prestige ni gloire militaire, mais un jeune civil audacieux.

    Par ailleurs, une autre étonnante dualité réside dans le fait d’être un intellectuel littérairement et philosophiquement cultivé et un homme qui fait carrière aux antipodes de la philosophie, dans la banque et la finance.

    Hulot ou l’antagonisme au gouvernement

    D’où une autre dualité. Il remet à l’actualité le souci du grand destin de la France, se hausse au niveau de l’intérêt national supérieur, mais, en même temps, sa pensée politico-économique demeure totalement conforme au néolibéralisme et plus encore à la vulgate technocratique économique régnante dans les classes dirigeantes, comme chez ses prédécesseurs, fondée sur la compétitivité, les économies budgétaires, les faveurs aux entrepreneurs et les restrictions aux salariés, et respectant comme évident le pouvoir financier. Et lui-même a plusieurs fois affirmé sa conviction que la richesse nationale vient principalement des riches.

    Les cabinets ministériels sont truffés plus que jamais de jeunes technocrates qui ne voient le réel qu’à travers les chiffres. On arrive même à une contradiction entre sa pensée humaniste affirmée et le comportement concret du ministre de l’intérieur, des instances policières et judiciaires à l’égard des réfugiés.

    SUR NOTRE-DAME-DES-LANDES, IL NE SE RALLIE PAS À LA CONCEPTION DES ZADISTES, MAIS IL TRANSGRESSE LA VISION TECHNO-ÉCONOMIQUE DOMINANTE
    Enfin, Emmanuel Macron a instauré de lui-même, sinon une contradiction, du moins un antagonisme, au sein de son gouvernement, non tant en mêlant ministres issus de la gauche et de la droite, mais en y installant à une place noble [ministre de la transition écologique] Nicolas Hulot, symbole des problèmes écologiques devenus vitaux et d’une nouvelle politique.

    Cela dit, deux actes macroniens témoignent d’un début de transgression de la vulgate techno-économique. Le premier est la riposte à la décision du président Trump de renoncer à l’accord international sur le réchauffement climatique, dans le discours où s’énonce pour la première fois une pensée planétaire, « Make our planet great again ». Le second est dans le renoncement à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes où s’étaient cristallisées et radicalisées deux conceptions de la société. Il ne se rallie certes pas à la conception des zadistes, mais il transgresse, dans ce cas symbolique, la vision techno-économique dominante dont il était le promoteur.

    Une autre pensée économico-politique

    Va-t-il évoluer et passer de la transgression au renoncement, du renoncement à l’adoption d’une autre pensée économico-politique ? Cette autre pensée a déjà été formulée. C’est celle d’une grande politique de salut public, dont la révolution énergétique (qui a commencé sous l’impulsion de Nicolas Hulot) serait un premier élément, et comporterait une grande politique des villes visant à dépolluer et déstresser la vie urbaine, une grande politique des campagnes faisant régresser l’agriculture et l’élevage industrialisés, ravageurs des terres, dont les produits standardisés sont insipides et insanes, au profit de l’agriculture fermière, raisonnée, et bio.

    Lire aussi : Petite philosophie du macronisme

    L’une et l’autre politique auront besoin de main-d’œuvre, fourniraient du travail, feraient régresser le chômage, l’une et l’autre auraient un apport décisif à la santé publique et susciteraient d’énormes réductions dans les dépenses de pharmacie, de médecine, des hôpitaux.

    Enfin, ces deux volets politiques auraient besoin d’être complétés par un grand projet de solidarité qui oriente le service national annoncé des jeunes en service national de solidarité, qui opère la création dans tout le tissu urbain français des maisons de solidarité, qui effectue prêts ou subventions favorisant et stimulant toutes entreprises ayant un caractère d’entraide de secours et de solidarité.

    La transgression peut être une progression

    La promotion conjointe de responsabilité et de solidarité seraient elles-mêmes favorisées par une réforme profonde de l’éducation dont est capable le ministre en exercice, Jean-Michel Blanquer, qui enseignerait le mieux-vivre. C’est bien là la nouvelle voie qui permettrait à M. Macron de réaliser son aspiration profonde, qui est d’inscrire sa marque historique dans le destin national et d’infléchir le destin planétaire. C’est à cette ultime transgression, qui serait alors une grande progression, que le convient les forces vives du pays.

    Emmanuel Macron ira-t-il soit progressivement, soit par conversion rapide, vers un grand destin national, lequel est inséparable d’une grande politique, pas seulement extérieure, mais intérieure ? Autrement, il n’y aura pas de grande présidence. Au moment de conclure, une voix me dit que j’ai aussi mon double « je » :
    « Cet espoir est-il crédible ? N’est-il pas déjà trop installé dans son credo techno-économique ? N’a-t-il pas acquis définitivement le culte de la réussite et le dédain pour les laissés-pour-compte ?
    – Peut-être, je ne sais pas… Mais je sais qu’il est capable d’audace et de transgression. »

    Après Emmanuel Carrère et François Dosse (j’ai du en louper), une autre présentation du énième président des riches en intellectuel "complexe", de quoi raffermir un anti intellectualisme déjà bien présent dans l’hexagone.

    #com' #présidentialisme #carpettes

    • Emmanuel Macron : « Paradoxalement, ce qui me rend optimiste, c’est que l’histoire en Europe redevient tragique »

      Le président de la République, qui polit son image intellectuelle, a accordé un entretien à « La Nouvelle Revue française », dans lequel il revient sur la littérature et l’exercice du pouvoir. Extraits.

      LE MONDE | 27.04.2018 à 12h02
      Y a-t-il encore dans la politique quelque chose de « romanesque » ? C’est la question que pose La NRF dans son 630e numéro, à paraître au mois de mai. Pour tenter de répondre à cette question, le rédacteur en chef, Michel Crépu, et l’avocat et écrivain Alexandre Duval-Stalla ont confronté le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, à son propre rapport à la littérature.

      Dans quelle mesure votre pratique de la littérature joue-t-elle avec votre travail de président de la République, concrètement, à travers vos contacts avec les dirigeants du monde entier ?

      Emmanuel Macron : Cela dépend des situations. Pour moi, le premier apport de la littérature est de m’avoir transmis certaines choses avant même que je les connaisse. J’ai connu les odeurs des fleurs d’abord chez Colette ou Giono avant de les respirer moi-même… Ma grand-mère m’a initié au premier Giono, celui de Regain et de Colline, au merveilleux Giraudoux que plus personne ne lit aujourd’hui, à Colette énormément. Ensuite, au cours de l’adolescence, il y a eu Gide et Camus. Proust et Céline sont venus après. Un livre comme Les Nourritures terrestres a été très important pour moi, en même temps que j’étais touché aussi par Camus. D’un côté, Gide l’intellectuel devenu sensuel, et de l’autre côté, Camus arrivant de la Méditerranée, avec son côté brut, minéral, devenant intellectuel engagé. Il y eut aussi René Char, pour la poésie.
      Ce que je veux dire, c’est que tout cela construit un cadre sensible et intellectuel qui demeure et qui influence le regard qu’on porte sur le monde. J’ai fait beaucoup de philosophie, mais c’est surtout la littérature qui m’a structuré, à la fois pour les « grands personnages » et le sens du détail. On se souvient de la phrase de Stendhal : « Au séminaire, il est une façon de manger un œuf à la coque qui annonce les progrès faits dans la vie dévote. » Cette façon d’esquisser à grands traits la fresque historique tout en étant capable soudain de ces détails minutieux qui disent tout de la grande aventure, voilà la littérature.
      Et les personnes ?

      Cela dépend. Avec un homme comme Vladimir Poutine, l’art, la musique, la littérature, l’histoire ont une résonance forte. Je l’ai constaté à Versailles récemment à travers la figure de Pierre le Grand. Angela Merkel est plus « scientifique » que littéraire dans son approche des choses, mais la musique a pour elle une grande importance. En Afrique, avec certains dirigeants ou dans certains cercles, cela joue un vrai rôle, car l’ombre de Senghor est toujours là et la francophonie nous questionne sur notre rapport avec le langage, donc avec les œuvres qui en sont faites.
      Mais en fait, l’aspect le plus décisif est le rapport aux Français. Il y a toujours deux choses au sein du pays, deux dimensions qui ne se confondent pas : l’exercice du pouvoir et l’incarnation du pays. Ces deux dimensions entrent en tension lorsque il n’y a pas une histoire, un drame, le sentiment pour la société d’une destinée qui se joue. Les Français sont malheureux quand la politique se réduit au technique, voire devient politicarde. Ils aiment qu’il y ait une histoire. J’en suis la preuve vivante ! Je suis très lucide sur le fait que ce sont les Français et eux seuls qui m’ont « fait » et non un parti politique.
      Du point de vue du système politique traditionnel, je suis une aberration. Si la politique se résumait à cette sorte de chimie qui fait son œuvre comme si de rien n’était, je ne serais pas là. En réalité, je ne suis que l’émanation du goût du peuple français pour le romanesque : cela ne se résume pas en formules, mais c’est bien cela le cœur de l’aventure politique. En somme, on est toujours l’instrument de quelque chose qui vous dépasse.
      Avez-vous ressenti cela au moment des funérailles de Johnny, qui incarnait symboliquement quasiment Victor Hugo, descendu de l’Arc de triomphe au Panthéon devant des millions de Parisiens ? Cela aurait amusé Jean d’Ormesson !

      Johnny, c’est encore autre chose que Jean d’Ormesson, où entrait la dimension d’hommage officiel. Johnny Hallyday, je le connaissais et je connais des admirateurs ; je savais qu’ils ne voulaient pas d’un discours. J’ai passé une nuit à l’écrire en sachant parfaitement que ce discours ne servirait à rien, que les gens n’en voulaient pas et surtout pas d’un discours du président de la République !
      Alors pourquoi ?

      Cela fait des décennies que le pouvoir politique est sorti de l’émotion populaire. Il faut considérer cela : l’émotion populaire se moque des discours. Le jour des obsèques, je savais très bien que la foule qui était là n’était pas acquise. Elle n’attendait pas un discours officiel. Elle était dans l’émotion brute du moment. C’est cette émotion que j’ai partagée avec la foule. Rien d’autre. Les gens ne vous reconnaissent comme un des leurs que si vous prouvez que vous êtes capable de partager leur émotion. Que vous ne les prenez pas de haut. Je ne sais pas si j’y suis arrivé, mais beaucoup sont venus me remercier pour ce que j’avais dit à ce moment-là. Encore une fois, il ne faut jamais oublier que vous représentez à la fois le pouvoir et la nation, ce sont deux choses qui vont de pair mais que l’on ne peut confondre. Cette dualité est constitutive de ma fonction.
      (…)
      Les intellectuels français éprouvent toujours à l’endroit du pouvoir une méfiance instinctive qui est tout à fait absente chez le Mauriac du « Bloc-notes » – il y a au contraire une jubilation à se confronter à la réalité politique…

      J’assume totalement la « verticalité » du pouvoir, qui croise l’horizontalité de l’action politique. J’assume les choix qui sont faits, et je hais l’exercice consistant à expliquer les leviers d’une décision : il y a un temps pour la délibération, un temps pour la décision, ils ne peuvent se confondre. Cela n’a rien à voir avec l’autoritarisme, car j’assume aussi de ne pas décider trop vite, de réfléchir, comme en ce moment sur les questions religieuses, par exemple. Il faut que les choses circulent. Que la société les mûrisse pour son compte. Mais il faut aussi faire attention à ce que le délibératif ne devienne pas de l’indéterminé. Le délibératif est une phase transitoire, il n’est pas le préalable au nihilisme.
      On a beaucoup accusé Mai 68 d’être à la source d’un mode d’indifférenciation…

      Mai 68 a été, voici cinquante ans, un moment de confrontation avec le pouvoir. Cela correspond à un instant historique qui avait ses fondements et son actualité alors. Aujourd’hui, nous vivons quelque chose de très différent dans le rapport entre la société et le pouvoir. Mai 68, ce fut un moment. Il est passé. Nous sommes dans une autre configuration.
      Quel est l’enjeu, aujourd’hui ? Quelle est la confrontation ?

      Le grand enjeu, c’est de sortir de l’insignifiance. Nous vivons depuis trente ans une forme de postmodernisme mal digéré. L’enjeu, c’est de retrouver la possibilité de construire, en assumant la part parfois univoque, unilatérale de toute décision.
      Qu’est-ce qui vous rend optimiste, si tel est bien le cas ? Et pessimiste ?

      Rien n’incite tant au pessimisme que le nihilisme qui partout menace, et qui conduit au cynisme, à l’absence de tout désir et de toute ambition. Paradoxalement, ce qui me rend optimiste, c’est que l’histoire que nous vivons en Europe redevient tragique. L’Europe ne sera plus protégée comme elle l’a été depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ce vieux continent de petits-bourgeois se sentant à l’abri dans le confort matériel entre dans une nouvelle aventure où le tragique s’invite. Notre paysage familier est en train de changer profondément sous l’effet de phénomènes multiples, implacables, radicaux. Il y a beaucoup à réinventer. Et dans cette aventure, nous pouvons renouer avec un souffle plus profond, dont la littérature ne saurait être absente.
      Propos recueillis par Michel Crépu et Alexandre Duval-Stalla

      « Politique et littérature, l’énigme Macron »
      Pour l’écrivain et rédacteur en chef de « La Nouvelle Revue française », Michel Crépu, la vie politique et la littérature vont de pair en France. Et c’est pour connaître le rapport qu’entretient le président Emmanuel Macron avec les lettres que « La NRF » l’a interrogé.

      LE MONDE | 27.04.2018 à 12h02 | Par Michel Crépu (écrivain, rédacteur en chef de « La Nouvelle Revue française »)

      Tribune. En Amérique, le président jure sur la Bible, en France il pose devant la bibliothèque. Les reliures pourpres sont là, personne ne les lit jamais, mais il est essentiel qu’elles soient dans le champ visuel. Que l’on sache que l’esprit des lettres imprègne invisiblement la conscience du nouvel élu. Pour la photo officielle, l’actuel président Macron a joué d’une certaine ambiguïté, en laissant traîner sur le guéridon quelques Pléiades à peine identifiables. C’était une façon désinvolte de ne pas insister sans oublier l’existence des grands auteurs.
      En France, pour ce qui est de la politique et de la littérature, les choses sont allées de pair, de Joinville au général de Gaulle, dans une relation d’intimité complice, jusqu’à ce que le lien se défasse, faute de personnel. François Mitterrand, nous le savons maintenant grâce à la publication de sa correspondance avec Anne Pingeot, a gardé la littérature pour l’amour plus que pour la politique. Ses successeurs n’ont pas fait montre, de leur côté, d’ambitions particulières. En un sens, cela valait mieux.
      Chirac n’y pensait tout bonnement pas, Sarkozy par foucades débridées, Giscard au retour de la chasse, Hollande préférant la lecture du journal. Il faut remonter à Pompidou avant Jésus-Christ pour entendre Eluard à l’Elysée. Et Macron ? C’est le travail d’une revue de chercher à le savoir. D’où cet entretien, qui paraît aujourd’hui dans La NRF de mai 2018, cinquante ans après les événements fameux.
      On ne jure pas sur la Bible mais on fait un peu son Montaigne
      Du temps, pas si éloigné, où le principe d’une conversation avec le pouvoir était voué sur-le-champ aux gémonies, une telle chose était impensable. L’histoire politique de La NRF, riche en bouleversements idéologiques, montre pourtant combien, de Gide et Rivière à Paulhan, la politique a fait l’objet d’un intérêt passionné. L’époque des années 1930 se cherchait un centre de gravité, La NRF y joua sa partie. On touche là au vif de ce que représente aujourd’hui une revue telle que La NRF, avec beaucoup d’autres : arriver à nommer son temps, les figures et les idées qui l’animent. Ainsi, dans ce même numéro, un journal de bord de tournage par l’acteur Melvil Poupaud, voisine-t-il avec les perplexités présidentielles sur la future destinée romanesque du continent européen.
      Le roman a-t-il encore ses chances dans la politique mondiale ? Que signifie faire du cinéma ? Sans faire la prophétesse de malheur ni la bonimenteuse de paradis, La NRF choisit de voyager avec ces questions. Car l’espace d’une revue sert précisément à cela : voyager avec certaines questions qui valent mieux que d’autres. On ne jure pas sur la Bible mais on fait un peu son Montaigne : c’est mieux que vivre sous l’hypnose du mage Houellebecq. Dévider la bobine sans s’obséder d’avoir le dernier mot. « Nonchalant » de lui comme Montaigne l’était de sa propre mort. Après tout, la politique n’est-elle pas un autre nom du réel ? C’est aussi bien le cas de la littérature, expérience délicieuse et douloureuse à la fois de la contradiction illimitée.

      Intello en carton qui, par exemple, confond langue et langage.

      https://seenthis.net/messages/598516

      Le philosophe et le président
      FRANÇOIS DOSSE
      http://www.editions-stock.fr/livres/essais-documents/le-philosophe-et-le-president-9782234084483

      François Dosse : « La métaphore de la cordée permet à Emmanuel Macron de définir une forme originale de libéralisme »
      https://www.lopinion.fr/edition/politique/francois-dosse-metaphore-cordee-permet-a-emmanuel-macron-definir-forme-1362

  • Le jeune geek qui concurrence le bitcoin

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/02/15/le-jeune-geek-qui-concurrence-le-bitcoin_5257146_3234.html

    Vitalik Buterin, un jeune Canadien d’origine russe, est l’inventeur de l’ether, une monnaie électronique qui connaît un succès planétaire dans l’ombre du bitcoin, dont il a amélioré le modèle.

    San Francisco, Moscou, Singapour, Paris, New Delhi, Bombay, Séoul, Londres, Tokyo, Haïfa, Hong­kong, Shanghaï, Cancun… Depuis un an, Vitalik Buterin, 23 ans, voyage beaucoup, et semble disposé à tenir ce rythme encore longtemps. A ceux qui veulent savoir dans quel pays il habite, ce Canadien d’origine russe explique, sur son site personnel, vivre « dans les avions de la compagnie Cathay Pacific ». Il parcourt le monde de conférences en séminaires, pour vanter les mérites de l’ether, la cryptomonnaie électronique qu’il a inventée à l’âge de 19 ans, et d’Ethereum, la plate-forme chargée de gérer les transactions en ethers et les applications liées à cette monnaie.

    Le jeune homme n’a pourtant rien d’un gourou charismatique. Visage d’adolescent, corps long et maigre, il apparaît toujours vêtu d’un jean et d’un tee-shirt bon marché – lui dont la fortune se compte en millions de dollars. Certains le trouvent parfois étrange et solitaire, voire un rien autiste, mais ceux qui ont travaillé avec lui sont unanimes : c’est un génie singulier, au QI exceptionnel. Il parle vite, sur un ton à la fois intense et décontracté, parfaitement à l’aise sur tous les sujets liés aux monnaies électroniques : technique, théorie, prospective… S’il s’exprime le plus souvent en anglais, il maîtrise le russe, un peu le français, et s’initie depuis quelque temps au chinois grâce à une appli sur son téléphone.

    Contrairement à l’inventeur du bitcoin, ­soucieux de rester anonyme, Vitalik Buterin assume sa célébrité. Il se pose même en leader intellectuel de la communauté Ethereum, un groupe sans frontières, fort de plusieurs dizaines de milliers de personnes, développeurs, entrepreneurs, ingénieurs, militants libertaires, spéculateurs, ainsi que des professionnels issus de la finance classique. Partout où il va, il fait salle comble. Ses interventions, diffusées sur YouTube et Facebook, sont analysées, commentées, car ses avis ont presque force de loi. Entre deux conférences, il trouve le temps de rencontrer des dirigeants mondiaux, y compris, en juin 2017, le président russe Vladimir Poutine, en marge du forum économique de Saint-Pétersbourg.

    Décentralisation générale, l’idéologie des hackers

    Né en 1994 en Russie, Vitalik Buterin arrive à Toronto (Canada) à l’âge de 6 ans, quand ses parents parviennent à émigrer. Dès l’enfance, grâce à son père informaticien, il se tourne vers les ordinateurs. Il pratique beaucoup le jeu en ligne World of Warcraft. Dans une mini-autobiographie humoristique publiée sur un site personnel, il confie d’ailleurs que la création d’Ethereum a germé dans son esprit à la suite d’un événement traumatisant pour lui : en 2010, la société propriétaire de World of Warcraft modifie la règle du jeu (en limitant les super-pouvoirs d’un sorcier), sans consulter les fans :

    « J’ai longuement pleuré avant de m’endormir, et ce jour-là j’ai découvert les horreurs provoquées par les systèmes centralisés. Peu après, j’ai décidé d’abandonner ce jeu. »

    En 2011, à 17 ans, il découvre le bitcoin, première monnaie électronique, et la technologie révolutionnaire qui le sous-tend : la « blockchain », répertoire unique de toutes les transactions, hébergée et gérée collectivement, de façon transparente et décentralisée, par la communauté des utilisateurs. Plus besoin de banques ou d’Etats, jugés encombrants et dominateurs : pour garantir la fiabilité des transactions, il suffit de « faire confiance aux mathématiques ».

    Devenu un expert dans ce domaine, Vitalik Buterin crée une publication intitulée Bitcoin Magazine, qui le fait connaître dans ce milieu. Très vite, il adopte les convictions des hackeurs et des pionniers de cryptomonnaies, selon lesquels le monde contemporain souffre d’une grave maladie : la centralisation des pouvoirs politique et économique, couplée à l’opacité des mécanismes de décision. Le remède serait donc la décentralisation générale – un mode de gouvernance participatif, transparent, plus efficace et plus équitable. Dans ce scénario, les Etats sont perçus comme des adversaires ou des obstacles à surmonter, jamais comme des alliés. Les militants de la décentralisation en réseau sont persuadés de pouvoir réaliser leur rêve grâce à une « arme » révolutionnaire, la block­chain.

    Une gamme étendue de services automatisés

    En 2012, Vitalik Buterin commence des études d’informatiques à l’université de Waterloo (Ontario), mais, au bout d’un an, il se dit qu’il progressera davantage en s’éduquant lui-même : « Mes projets de cryptomonnaie me prenaient trente heures par semaine, alors j’ai arrêté la fac. J’ai fait le tour du monde, j’ai exploré de nombreux projets de cryptomonnaie, et j’ai fini par comprendre qu’ils étaient tous trop centrés sur des applications spécifiques, pas assez généralistes. » C’est ainsi qu’il se lance dans la conception d’Ethereum, une blockchain multi-usage plus sophistiquée que celle du bitcoin, définie comme un « réseau de création de monnaie décentralisée combiné à une plate-forme de développement de logiciels ».

    Concrètement, Ethereum offre une gamme étendue de services automatisés fondés sur des « contrats intelligents », c’est-à-dire « des applications fonctionnant exactement comme elles ont été programmées, sans possibilité de panne, de censure, de fraude ni d’interférences ». Ainsi, on peut programmer des paiements pour une date ultérieure, lancer des campagnes de financement, gérer des titres de propriété, des places de marché, et même des sociétés par actions. Au-delà, Ethereum peut servir de plate-forme pour des élections en ligne, et devenir un outil de démocratie directe.

    Quand il publie une première ébauche de son projet, en 2014, il est aussitôt rejoint par des codeurs et des mathématiciens enthousiastes, prêts à l’aider à l’affiner et à le concrétiser. Des investisseurs issus de la finance classique et de la Silicon Valley décident également de s’associer à lui. Avant même d’exister, Ethereum repose ainsi sur des bases solides. La construction de la plate-forme se fera grâce à une campagne de financement en bitcoins.

    Les cours s’envolent

    A l’été 2015, les développeurs ayant travaillé à titre bénévole sur le projet reçoivent gratuitement des lots d’ethers. Les autres peuvent en acheter. Surprise : cette mystérieuse monnaie attire aussitôt toutes sortes de spéculateurs. Sa valeur atteint d’emblée 1,35 dollar. Pendant un an, la montée du cours est lente, mais, à compter du printemps 2017, tout s’accélère : en juin, l’ether vaut environ 400 dollars. Ensuite, le cours s’affole dans les deux sens, mais, à partir de décembre, il connaît une nouvelle flambée : à la mi-janvier 2018, il dépasse les 1 300 dollars, avant de retomber autour de 800 dollars (environ 650 euros) début février. Les 98 millions d’ethers en circulation sont déposés dans près de 25 millions de comptes anonymes, et les transactions quotidiennes dépassent les 3 milliards de dollars. L’ether a déjà fait des millionnaires, dont Buterin lui-même, qui assure son train de vie en vendant des lots d’ethers.

    Aujourd’hui, son Ethereum est hébergée de manière collective dans plus de 27 000 ordinateurs répartis dans le monde entier. Parallèlement, près de 20 000 nouveaux ethers sont fabriqués chaque jour par des « mineurs », des professionnels possédant des batteries d’ordinateurs dotés de cartes graphiques puissantes. Leur travail consiste à inscrire les transactions des utilisateurs sur la blockchain en résolvant des équations. Pour cela, ils sont rémunérés en ethers.

    Entre-temps, plusieurs compagnons de la première heure du jeune homme se sont impliqués dans le projet. Parmi eux, le Canadien Joseph Lubin, un roboticien reconverti dans la finance chez Goldman Sachs puis dans un hedge fund, un fonds spéculatif. Dès 2015, il a créé à New York la société ConsenSys, incubateur de start-up Ethereum et agence de conseil pour les entreprises et administrations désireuses de se lancer dans l’aventure de la blockchain.

    Il finance des start-up travaillant sur la « blockchain »

    Parallèlement, pour structurer le projet, ­Buterin et ses associés lancent la Fondation Ethereum. Afin d’échapper dès à présent à l’emprise des grands Etats fortement réglementés, ils décident de la domicilier en Suisse, dans le canton de Zug, connu pour offrir des conditions avantageuses aux sociétés financières internationales. Ils montent aussi l’association Enterprise Ethereum Alliance, chargée de nouer des partenariats avec des entreprises intéressées par la technologie de la blockchain. Par ailleurs, Buterin participe à la gestion de la société chinoise Fenbushi, un fonds d’investissement consacré au financement de start-up travaillant sur la blockchain.

    Grâce à ces diverses structures, des centaines de jeunes entrepreneurs lancent des opérations de financement participatif pour créer des start-up Ethereum. Certains projets sont sérieux et innovants. D’autres, farfelus ou carrément malhonnêtes, parviennent à gruger des novices. Depuis peu, certains Etats tentent de réglementer ou d’interdire ces levées de fonds sauvages mais, à ce jour, elles se poursuivent. La vie d’Ethereum n’est pas pour autant sans risque : la plate-forme a déjà été victime de piratages sophistiqués et de vols massifs. Heureusement, dans cet univers, tout est possible, y compris les voyages dans le temps : en remontant dans la blockchain jusqu’à la veille de la date d’un vol d’ethers, Buterin et ses codeurs ont réussi, en 2016, à restituer aux victimes une partie des fonds dérobés.

    Face aux tricheries, au déchaînement spéculatif et à la prolifération des applications dénuées de toute ambition « décentralisatrice », il tente d’abord de calmer le jeu, et d’encourager les start-upeurs à se tourner vers des applications utiles au public. Fin 2017, il se met à tirer le signal d’alarme, désolé de constater la cupidité, l’immaturité et l’arrogance de certains acteurs : « Si tout ce que nous accomplissons, ce sont des mèmes ­ [éléments propagés massivement sur le Net] sur les Lamborghini et des blagues infantiles sur les pets foireux, je m’en irai. »

    Cryptologie et thé vert

    Mais ce coup de blues semble passager. ­Début 2018, il est toujours aux commandes, et travaille à améliorer Ethereum, notamment la confidentialité des transactions et leur vitesse d’exécution. Il va aussi mettre fin au « minage » actuel, qui utilise trop de machines et d’électricité, et le remplacer par un système de création monétaire plus souple, cogéré par les principaux détenteurs d’ethers.

    En attendant, il demeure un geek authentique. Il n’a pas de temps à consacrer aux mondanités ni aux vieux médias, et discutera bien plus volontiers avec un codeur inconnu pour décortiquer, entre initiés, un problème technique. A l’entendre, sa vie est d’une absolue sagesse : sa « drogue » favorite serait le thé vert, sa religion la cryptologie. Côté politique, il se définit comme un cuckservative (terme inventé par les militants d’extrême droite américains pour désigner les conservateurs modérés contaminés par les idées libérales). Il pratique aussi l’autodérision : « Mon passe-temps préféré est le countersignalling », une attitude faussement humble consistant à se mettre en valeur en affichant une extrême simplicité. Autant dire qu’il devrait rester fidèle aux tee-shirts bariolés.

  • Erik Prince, un « chien de guerre » dans les arcanes de la Maison Blanche

    http://www.lemonde.fr/international/article/2018/02/09/erik-prince-un-chien-de-guerre-dans-les-arcanes-de-la-maison-blanche_5254319

    Cet ancien militaire et fondateur de la société privée de sécurité Blackwater, jugée responsable d’exactions en Irak, a désormais ses entrées à Washington et envisage de se lancer en politique.

    Certains épisodes d’une vie ont l’apparence d’une incroyable répétition. Le 30 novembre 2017, la fine fleur du renseignement américain a les yeux rivés sur le Congrès, à Washington. Erik Prince, costume sombre et cravate rouge, cheveux ras, est convoqué par une commission d’enquête de la Chambre des représentants. Le fondateur de société militaire privée Blackwater et frère de la ministre de l’éducation Betsy DeVos est soupçonné d’avoir rencontré un financier russe aux Seychelles, neuf jours avant l’investiture du président Donald Trump, dans le but de créer un canal de communication discret entre le nouveau président des Etats-Unis et Vladimir Poutine. Cette rencontre, révélée en avril 2017 par le Washington Post, a encore un peu plus épaissi la ténébreuse affaire dite du Russiagate, l’enquête sur les interférences russes durant la présidentielle américaine.

    Devant une vingtaine d’élus, Erik Prince apparaît droit dans ses bottes, raide dans ses commentaires, sûr de lui. Lui, le baroudeur, l’ex-commando du corps d’élite des Navy Seals, l’ancien patron de l’armée privée la plus puissante au monde, le généreux donateur du Parti républicain et conseiller officieux du président. Il arbore un léger sourire en coin, presque hautain, impatient. Devant les élus, il ne dira pas grand-chose. Erik Prince accusera l’administration Obama de l’avoir surveillé illégalement, sans donner ses sources, ni convaincre les congressistes.

    Le rendez-vous aux Seychelles n’aurait, lui, duré qu’une demi-heure, peut-être même moins. Le temps d’une bière au bar d’un hôtel de luxe, « quatre étoiles ou plus », mais dont le nom lui échappe. Une discussion banale en somme, entre deux hommes d’affaires : « Je me souviens lui avoir dit que si Franklin Roosevelt a pu travailler avec Joseph Staline pour battre les nazis, alors Trump pourrait certainement travailler avec Poutine pour vaincre le fascisme islamique. Il semblait d’accord. » Rien d’autre. Pas de deal, aucun autre rendez-vous. Il ne se souvient même pas avoir échangé une carte de visite.

    « Rencontre d’affaires informelle »

    Le fait que son interlocuteur, Kirill Dmitriev, soit le patron du Fonds russe d’investissements directs, un consortium sous le coup de sanctions américaines depuis 2015, n’a pas l’air de l’émouvoir. Tout comme le fait que ce même Dmitriev, issu des premiers cercles de Poutine, croisera à Davos, une semaine après leur rencontre, Anthony Scaramucci, alors conseiller du président Trump avant de devenir brièvement son porte-parole.

    Le feu roulant de questions n’a pas d’effet. Erik Prince reste flou sur l’initiateur de la rencontre, « un des frères », se souvient-il vaguement, du prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed. Un prince héritier présent lui aussi sur l’île des Seychelles le jour de la rencontre et avec lequel Prince dit s’être entretenu un peu plus tôt dans la soirée pour « parler affaires de manière informelle » et « partager quelques points de vue » sur le théâtre du monde, « ou ce genre de choses comme le terrorisme en Somalie, en Libye, au Nigeria ».

    Erik Prince restera tout aussi évasif sur une éventuelle intermédiation d’un de ses proches, Steve Bannon. L’éminence grise et directeur de campagne de Donald Trump avait rencontré discrètement l’homme fort d’Abou Dhabi en décembre 2016, à New York, dans la Trump Tower, en compagnie du gendre du président, Jared Kushner, et de Michael Flynn, alors futur conseiller à la sécurité nationale, aujourd’hui poursuivi dans l’enquête du Russiagate.

    Zones d’ombre

    Etrange prestation. L’audition aura duré plus de trois heures sans qu’Erik Prince ne dévoile quoi que ce soit. Trois heures pour protéger ses réseaux et défendre ses proches. Tout comme il l’avait fait il y a dix ans, ici même, au Capitole, devant une autre commission de la Chambre, le 2 octobre 2007. Ce jour-là, pour la première fois, le nom de M. Prince renvoyait à un visage. Et il affichait déjà un aplomb déconcertant. Jeremy Scahill, auteur à l’époque d’une somme sur le personnage (Blackwater : l’émergence de l’armée de mercenaires la plus puissante au monde, Actes Sud, 2008), dira même qu’il était « provocant ». Lui était là pour répondre sur les agissements de sa société Blackwater devenue le symbole d’une entreprise de cow-boys hors de contrôle et profiteurs de la guerre en Irak. Deux semaines plus tôt, le 16 septembre, une de ses équipes avait tué 17 civils irakiens place Nisour, en plein centre de Bagdad.

    Dix ans séparent les deux auditions. Dix années truffées de zones d’ombre. Comme si la vie d’Erik Prince n’était qu’une longue nage en eaux troubles, jalonnée de hauts et de bas, mais jamais terminée. Assis au bar du Mayflower, hôtel iconique de Washington, surchauffé en cette froide journée de janvier, l’homme sourit en attendant son rendez-vous avec Le Monde. Pendant tout l’entretien, il ne prononcera pas un mot de plus sur son escapade dans l’océan Indien. « Tenez-vous en au transcript de l’audition », conseille-t-il. Et puis ceci :

    « On me prête beaucoup, surtout les médias de gauche qui sont le plus grand fléau de notre démocratie. Ils cherchent à faire leurs choux gras sur mon nom depuis tant d’années. Oui, je représente tout ce que les démocrates aiment détester. »
    Pour comprendre ce qui anime Erik Prince, il faut explorer son histoire personnelle, démêler aussi les liens qu’il a tissés au fil de son ascension avec la frange la plus religieuse et conservatrice du Parti républicain, aujourd’hui au pouvoir. Né en 1969 à Holland, dans un quartier calme et tranquille, le jeune Prince appartient à une très riche et puissante famille de l’Etat du Michigan. Son père, Edgar, qui s’engagea deux ans dans l’US Air Force, fait fortune en créant une entreprise de pièces détachées pour automobiles, la Prince Manufacturing. Il sera l’inventeur du pare-soleil au miroir éclairé par un spot lumineux, un accessoire qui allait équiper pratiquement chaque voiture dans le monde et envoyer la famille Prince dans la sphère des milliardaires.

    Figure paternelle forte

    Les journées de seize à dix-huit heures ont raison de la santé du père, frappé au début des années 1970 par une crise cardiaque, à laquelle il survit. Déjà très croyant, Edgar Prince se rapproche encore un peu plus de Dieu. « C’est à ce moment-là, allongé dans son lit d’hôpital à méditer sur tout ce que son labeur lui avait apporté qu’il a renouvelé sa foi en Jésus-Christ », dira l’ami de la famille, Gary Bauer, un des leaders de la droite religieuse et fondateur du lobby chrétien de droite, le Family Research Council.

    Fidèle soutien du Parti républicain, adepte d’une économie de libre marché et désormais grand propagandiste des valeurs chrétiennes, l’industriel marie sa fille Betsy, sœur aînée d’Erik, à Dick DeVos. Le père du jeune homme, Richard DeVos, est le fondateur d’Amway, le géant de la vente directe en réseaux. Une entreprise qui deviendra dans les années 1990 une des sociétés les plus actives dans le processus électoral américain, en utilisant son infrastructure comme un réseau d’organisation politique. Unis, les clans DeVos et Prince deviennent également les principaux financiers du Forum familial du Michigan (MFF), la branche locale de Focus on the Family de James Dobson, une puissante organisation de la droite religieuse et des extrémistes chrétiens.

    Erik Prince est très proche de son père. Dès son enfance, il règle son pas sur le sien. « Je passais des heures à parler avec lui », se souvient-il. Jeune sportif, il joue au foot et au basket dans les écoles chrétiennes de Holland, soutenues financièrement par sa famille. Dans l’entreprise paternelle, il se familiarise avec les principes de la firme reproduits dans ses brochures : « Ce sont les gens qui font la différence » ou encore « l’excellence est le résultat de l’engagement et du dur labeur de personnes dévouées ». « Je crois que j’ai toujours sa voix au-dessus de ma tête, affirme Erik Prince. Cette idée d’être toujours le bon gars dans ce qu’on fait, faire le plus avec ce que l’on a. »

    « Vision du Bien et du Mal »

    Pour ses 7 ans, il s’envole avec ses parents en Europe. Au programme, les plages de Normandie, Munich et le camp de Dachau, Berlin et son Mur : « Cela a marqué le gamin que j’étais. Cette haute muraille, les champs de mines, les pièges à chars, les barbelés et tous ces fusils m’ont renvoyé l’image d’une nation devenue une gigantesque prison. La vision du Bien et du Mal s’est ancrée en moi, même si celle-ci s’est nourrie d’un peu de cynisme avec le temps. »

    Dans la maison des Prince, Erik croise régulièrement un nouvel ami de la famille, Chuck Colson, l’ancien conseiller spécial de Richard Nixon, perçu par beaucoup comme le « génie du mal » de l’ancien président. Colson fut la première personne à être condamnée dans l’affaire du Watergate après avoir plaidé coupable d’obstruction à la justice. Une fois sorti de prison, il écrivit Born Again, un livre évoquant sa conversion, et deviendra une des voix les plus influentes des mouvements évangéliques.

    Après le lycée, il rentre à l’Académie navale du Maryland. L’atmosphère ne lui plaît pas, trop dilettante et en même temps trop politiquement correcte à ses yeux. Il démissionne pour s’inscrire au Hillsdale College du Michigan, l’établissement le plus conservateur du pays d’après un classement de la Princeton Review. « Erik Prince était brillant et parlait bien, déclarera un de ses professeurs d’économie. Ce qui est bien chez lui, c’est qu’il comprend la relation entre le marché et le système politique. »

    Engagement politique

    Avec l’âge, Erik s’engage de plus en plus en politique. Il décroche un stage de six mois à la Maison Blanche sous George Bush père. Il a 19 ans et fait son premier don, d’un montant de 15 000 dollars, au Comité national républicain du Congrès. Un soir, sur une piste de bowling, il croise l’élu républicain californien Dana Rohrabacher. Prince lui fait part de ses critiques à l’égard d’une administration qu’il trouve trop peu conservatrice. Alors assistant spécial et rédacteur des discours de Ronald Reagan, il l’invite à travailler un temps dans son bureau. Les deux hommes ne se perdront plus de vue.

    Au cours de la première audition d’Erik Prince au Congrès, Dana Rohrabacher le soutiendra à sa manière, affirmant que son ami « était sur la voie pour devenir un héros américain tout comme l’était Oliver North », l’ancien colonel de l’armée américaine impliqué dans le scandale de l’Irangate au milieu des années 1980. L’élu ultraconservateur se rendra célèbre par la suite pour ses prises de position pro-russes. Plus récemment, il essaiera d’obtenir la grâce de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, auprès du président Trump. Depuis décembre 2017, Rohrabacher fait partie de la liste de personnalités interrogées dans le cadre de l’enquête russe.

    En 1992, Erik Prince s’emballe pour le candidat Pat Buchanan qui se présente avec un programme d’extrême droite, contre l’immigration, contre l’avortement et contre les homosexuels. La même année, il intègre les commandos Seals. Il servira en Haïti, en Bosnie et au Moyen-Orient, la plupart des points chauds du premier mandat Clinton. C’est durant ces quatre années, entre 1992 et 1996, qu’il rencontrera la plupart des personnes avec lesquelles il lancera Blackwater.

    Rester lié à l’armée

    Avec la mort de son père et un cancer en phase terminale diagnostiqué chez sa première femme, Erik Prince quitte les Seals en 1996 pour revenir auprès de sa famille. Celle-ci décide de vendre la société au groupe Johnson Controls pour 1,35 milliard de dollars, cash. « Je voulais rester lié à l’armée, expliquera Erik Prince quelques années plus tard. J’ai donc construit un complexe pour offrir un site de première classe aux militaires américains et aux alliés étrangers, ainsi qu’aux organismes de maintien de l’ordre, privés et gouvernementaux, qu’ils puissent se préparer à affronter le Mal. » En clair, un centre d’entraînement, qu’il inaugure en décembre 1996, à Moyock (Caroline du Nord), dans une immense tourbière située près de la base navale de Norfolk. L’année suivante, il acquiert plus de 2 000 hectares dans les comtés de Currituck et Camden voisins.

    L’époque est porteuse. Blackwater naît au moment d’une privatisation massive et sans précédent de l’armée, un mouvement lancé entre 1989 et 1993 par Dick Cheney du temps où il était le secrétaire à la défense de Bush père. Le budget de la défense est réduit de 10 milliards de dollars. Le nombre de soldats passe de 2,2 à 1,6 million. « L’idée était de réserver les troupes régulières pour le combat, tandis que les soldats privés s’occuperaient de la logistique à l’arrière-plan », écrit Dan Briody dans son livre The Halliburton Agenda (John Wiley and Sons Ltd, 2005, non traduit) sur l’entreprise Halliburton, premier fournisseur de matériel pour l’armée, que Cheney, futur vice-président de Bush fils, dirigea entre 1995 et 2000...

    Grâce à ses relations nouées dans l’armée, et aussi à celles tissées par son père et la famille DeVos au sein du Parti républicain, Erik Prince obtient rapidement des contrats avec le département de la défense, le renseignement et la police. En octobre 2000, l’attaque-suicide lancée par Al Qaida contre le destroyer USS Cole dans le port d’Aden (Yémen) jette une lumière crue sur les besoins en matière de protection de la marine américaine. Blackwater y gagne un contrat de 35,7 millions de dollars. Le 11-Septembre provoquera, lui, une nouvelle accélération cette privatisation de la chose militaire, reprise à son compte par le nouveau secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld.

    Proche d’une « société secrète »

    Prince est dans son élément. L’administration Bush fait appel à la droite la plus conservatrice et aux chantres du moins d’Etat. Le jeune homme d’affaires a maintenu des relations très proches avec certains acteurs du Conseil de la politique nationale (CNP), une organisation quasi secrète considérée comme l’un des piliers de la nouvelle droite, décrite par le New York Times comme « un club peu connu de quelques centaines des plus puissants conservateurs du pays qui se retrouvent derrières les portes fermées dans des lieux non divulgués pour une conférence confidentielle ».

    Le père Prince y avait exercé la fonction de vice-président. George W. Bush s’adressa au groupe en 1999, à la recherche de soutiens pour sa candidature. Dick Cheney, Donald Rumsfeld, John Bolton, ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, et John Ashcroft, procureur général, participent à ses réunions, tout comme un certain Dan Senor, qui deviendra le premier assistant de Paul Bremer, le « pro-consul » américain en Irak de 2003 à 2005.

    Erik Prince est également un proche d’Alvin « Buzzy » Krongard, le directeur exécutif de la CIA. A l’époque, l’agence a besoin de protection en Afghanistan. Elle manque de personnel, tout comme l’armée, qui manque d’agents de sécurité statiques. Krongard signera plusieurs contrats avec Blackwater pour la protection de sites secrets ou stratégiques de la CIA aux quatre coins du globe, en pleine « guerre contre la terreur ».

    « Mr. Fix-it »

    Dès 2001, Blackwater devient un des principaux supplétifs de l’armée en Afghanistan, puis en Irak deux ans plus tard. Erik Prince passera également de multiples contrats avec le département d’Etat pour assurer la sécurité de ses agents et diplomates. Dans l’administration, on le surnomme « Mr Fix-it » (M. Le Réparateur). Il trouve les failles, pointe les erreurs des déploiements militaires, formule des propositions clés en main.

    « Le Pentagone a construit une puissance militaire considérable ces soixante-dix dernières années pour vaincre l’URSS, explique-t-il. Mais utiliser ces tactiques, ces équipements, ce potentiel pour combattre des gars en pick-up chaussés en tongs, cela ne marche pas. Comment expliquer que, pour un soldat américain déployé en première ligne, il faut douze hommes derrière ? Qu’un ravitaillement opéré par des hélicoptères sur des navires nécessite 35 hommes de la Navy alors que nous le faisons avec huit ? Blackwater était là pour fournir des approches viables et à moindres coûts. Notre business avait l’avantage d’être un mélange de mentalité de commando et des meilleures pratiques commerciales existantes. »

    Jusqu’au point de rupture. En 2007, 177 « sociétés militaires privées » (SMP) exercent en Irak. Près de 48 000 contractuels y sont répertoriés, soit quasiment un privé pour un soldat. Blackwater fait alors partie des trois plus importants fournisseurs avec 1 200 hommes en permanence sur place, 155 véhicules et 26 aéronefs. Cette année-là, la société d’Erik Prince atteint le chiffre record d’un milliard de dollars de contrats signés avec le gouvernement, cinq fois plus qu’en 2000.

    La bavure de la place Nisour

    Le carnage du 16 septembre 2007 à Bagdad marquera le début de la fin. Blackwater est mis en cause dans une dizaine d’incidents meurtriers depuis son arrivée en Irak. Mais cette fusillade est le scandale de trop. L’audition au Congrès d’Erik Prince n’y changera rien. Tout comme sa tentative de rebaptiser la firme Xe en 2009. Outre l’impunité, le grand public a pris en aversion Blackwater pour s’être enrichi sur le dos du contribuable et avoir profité des guerres en Irak et en Afghanistan. « Une armée à ce point fidèle aux causes de l’extrême droite qu’elle en est devenue une garde du Parti républicain », écrit la journaliste et essayiste Naomi Klein. Pour l’ancien ambassadeur américain en Irak Joseph Wilson, « l’histoire de cette entreprise de mercenaires démontre clairement les graves dangers qu’entraîne la sous-traitance de l’usage de la force qui est un monopole de l’Etat. »

    En 2010, Erik Prince vend la société et ses filiales pour au moins 200 millions de dollars, selon différentes sources. Deux ans plus tard, il trouve un arrangement avec le gouvernement fédéral à hauteur de 50 millions de dollars pour une longue liste de violations commises entre 2005 et 2008 au regard du droit américain. S’ensuit une longue procédure durant laquelle quatre membres de son équipe responsable de la fusillade à Bagdad seront lourdement condamnés par un tribunal de Washington. Leurs peines sont en cours de révision.

    Lui n’en démord pas. « Il n’y avait aucune raison de s’en prendre ainsi à Blackwater », soutient-il, avant d’accuser les politiques. « Il fallait cibler Erik Prince. Dès que l’administration Obama a été mise en place, j’ai subi d’énormes pressions fiscales, des audits. La justice ici n’est pas aveugle, elle est politique, qu’elle aille au diable ! »

    Diversification

    Erik Prince prend le large. Il s’installera trois ans à Abou Dhabi. Le temps d’élargir ses réseaux et trouver de nouveaux ancrages. En 2011, le New York Times révèle qu’il a signé un contrat de 529 millions de dollars pour mettre sur pied une armée secrète de 800 mercenaires pour le compte des Emirats arabes unis. D’après le quotidien, ce bataillon est chargé de mener des opérations spéciales à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, de défendre les oléoducs et les gratte-ciel contre d’éventuels actes terroristes et de réprimer les révoltes intérieures. Les officiels émiratis confirmeront dans un communiqué l’existence d’un contrat, signé avec Prince, de « formation, d’entraînement et de soutien opérationnel » à leur armée.

    Lui investit, s’essaie à la finance, crée des holdings, plusieurs sociétés écrans aussi. D’Asie en Afrique, en passant par l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient, il se diversifie et brouille les pistes. En 2013, il crée Frontier Services Group (FSG), une société installée à Hongkong et spécialisée dans la logistique, les services de sécurité et d’aviation. Les premiers responsables sont, comme Prince, d’anciens soldats américains. Quelque 15 % du capital sont détenus par Citic, un important fonds d’investissement public chinois, très présent en Afrique. Dans la foulée, Prince achète des compagnies d’aviation au Kenya, des sociétés de transports au Congo.

    « Nous voulons être la première entreprise de logistique à couvrir l’ensemble du continent africain, même où cela semble dangereux », dit-il.
    En Autriche, il acquiert 25 % de la société d’aviation privée Airborne Technologies, spécialisée dans la transformation d’avions d’épandage agricole en vue d’une utilisation militaire ou de surveillance. Il acquiert encore 25 % encore des parts d’une entreprise chinoise ISDC, basée à Pékin, et présentée comme l’une des principales écoles de formation dans le domaine de la sécurité dans le monde.

    De nouveau, Prince est sur le devant de la scène. Le magazine Vanity Fair écrit qu’il travaille pour la CIA, Buzzfeed qu’il convoite les métaux rares en Afghanistan. Le quotidien espagnol ABC évoque un projet, financé par les Emirats arabes unis, d’invasion du Qatar, par l’armée privée de Prince. The Intercept, qui le suit à la trace, affirme que plusieurs enquêtes judiciaires américaines auraient été lancées contre lui pour avoir essayé de vendre des prestations militaires à des gouvernements étrangers. « Tout cela n’est que foutaises ! », écarte-t-il d’un revers de main. Il ne dira rien de plus.

    Le retour d’Erik Prince aux Etats-Unis correspond peu ou prou à la victoire de Donald Trump. Et visiblement, il fourmille d’idées. Au quotidien italien Corriere della Sera, il parle d’un projet destiné à résoudre la crise migratoire en Europe en créant une force de police de 650 hommes, formés par ses soins et postés à la frontière sud de la Libye. Dans un texte publié dans le Wall Street Journal, il expose un plan pour l’Afghanistan. « C’est la plus longue guerre de notre histoire, celle qui a coûté la vie à plus de 2 000 soldats américains et englouti près de 45 milliards de dollars de notre budget annuel pour un résultat désastreux », souligne-t-il. La solution passerait, selon lui, par le déploiement de moins 5 000 soldats contractuels, moins de 100 avions, pour un coût total d’à peine 10 milliards de dollars. Le pouvoir serait, lui, entre les mains un « vice-roi » américain nommé par l’administration Trump, à l’image des anciennes colonies britanniques.

    Candidat potentiel

    Le plan a été soumis à la Maison Blanche par l’entremise de Jared Kushner et Steve Bannon, qui y est très favorable. Les spécialistes l’ont vivement critiqué, le Pentagone l’a catégoriquement rejeté. « Les généraux sont très conventionnels », ironise l’homme d’affaires. De son côté, Donald Trump aurait dit à deux de ses conseillers d’examiner attentivement le projet. D’une source proche de la Maison Blanche, le secrétaire à la défense, le général issu des Marines James Mattis, aurait même apprécié l’état des lieux formulé par Prince, tout en écartant la solution proposée. « Ça viendra, glisse-t-il. La guerre a duré dix-sept ans, il faudra bien un jour ou l’autre explorer d’autres approches pour y mettre fin. »

    D’ici-là, Erik Prince dit ne pas écarter l’idée de se présenter à la primaire républicaine du Wyoming contre le sénateur sortant, le très populaire John Barrasso. Une candidature ardemment encouragée par l’ex-conseiller ultranationaliste Steven Bannon, inlassable pourfendeur de l’establishment républicain. « Le Wyoming est un des Etats les plus conservateurs du pays », explique l’ancien PDG de Blackwater, avant d’ajouter en forme d’autoportrait : « Il est composé d’hommes robustes. Les hivers y sont rudes. C’est un Etat qui a besoin d’un battant. » Les hostilités reprennent.

    • « La justice ne consiste pas à se soumettre à des lois injustes, il est temps de sortir de l’ombre et, dans la grande tradition de la désobéissance civile, d’affirmer notre opposition à la confiscation criminelle de la culture publique. Lorsque nous serons assez nombreux de part le monde, nous n’enverrons pas seulement un puissant message de l’opposition à la privatisation de la connaissance, nous ferons en sorte que cette privatisation appartienne au passé. Serez-vous des nôtres ? »

      #université #édition_scientifique #articles_scientifiques #sci-hub #inégalités #partage #vidéo #film #culture_publique #désobéissance_civile #injustice #open_access #résistance #Carl_Malamud #jstor #MIT

      –-

      ajouté à la métaliste sur l’éditions scientifique :
      https://seenthis.net/messages/1036396

    • Petit message à celles et ceux qui ont mis une petite étoile à ce post (grand #merci @val_k d’avoir signalé cette vidéo !)... j’ai moi-même (et d’autres bien entendu) pas mal posté d’articles et documents sur l’édition scientifique sur seenthis, vous les retrouvez avec le tag #édition_scientifique. J’ai aussi du matériel stocké dans mon ordi, si jamais quelqu’un a envie de se pencher sur cette question qui devrait plus largement être débattue publiquement... A bon entendeur...

    • #Guerilla_Open_Access_Manifesto

      Information is power. But like all power, there are those who want to keep it for
      themselves. The world’s entire scientific and cultural heritage, published over centuries
      in books and journals, is increasingly being digitized and locked up by a handful of
      private corporations. Want to read the papers featuring the most famous results of the
      sciences? You’ll need to send enormous amounts to publishers like Reed Elsevier.

      There are those struggling to change this. The Open Access Movement has fought
      valiantly to ensure that scientists do not sign their copyrights away but instead ensure
      their work is published on the Internet, under terms that allow anyone to access it. But
      even under the best scenarios, their work will only apply to things published in the future.
      Everything up until now will have been lost.

      That is too high a price to pay. Forcing academics to pay money to read the work of their
      colleagues? Scanning entire libraries but only allowing the folks at Google to read them?
      Providing scientific articles to those at elite universities in the First World, but not to
      children in the Global South? It’s outrageous and unacceptable.

      “I agree,” many say, “but what can we do? The companies hold the copyrights, they
      make enormous amounts of money by charging for access, and it’s perfectly legal —
      there’s nothing we can do to stop them.” But there is something we can, something that’s
      already being done: we can fight back.

      Those with access to these resources — students, librarians, scientists — you have been
      given a privilege. You get to feed at this banquet of knowledge while the rest of the world
      is locked out. But you need not — indeed, morally, you cannot — keep this privilege for
      yourselves. You have a duty to share it with the world. And you have: trading passwords
      with colleagues, filling download requests for friends.

      Meanwhile, those who have been locked out are not standing idly by. You have been
      sneaking through holes and climbing over fences, liberating the information locked up by
      the publishers and sharing them with your friends.

      But all of this action goes on in the dark, hidden underground. It’s called stealing or
      piracy, as if sharing a wealth of knowledge were the moral equivalent of plundering a
      ship and murdering its crew. But sharing isn’t immoral — it’s a moral imperative. Only
      those blinded by greed would refuse to let a friend make a copy.

      Large corporations, of course, are blinded by greed. The laws under which they operate
      require it — their shareholders would revolt at anything less. And the politicians they
      have bought off back them, passing laws giving them the exclusive power to decide who
      can make copies.

      There is no justice in following unjust laws. It’s time to come into the light and, in the
      grand tradition of civil disobedience, declare our opposition to this private theft of public
      culture.

      We need to take information, wherever it is stored, make our copies and share them with
      the world. We need to take stuff that’s out of copyright and add it to the archive. We need
      to buy secret databases and put them on the Web. We need to download scientific
      journals and upload them to file sharing networks. We need to fight for Guerilla Open
      Access.

      With enough of us, around the world, we’ll not just send a strong message opposing the
      privatization of knowledge — we’ll make it a thing of the past. Will you join us?

      Aaron Swartz

      July 2008, Eremo, Italy

      https://archive.org/stream/GuerillaOpenAccessManifesto/Goamjuly2008_djvu.txt

      En français, notamment ici:
      https://framablog.org/2013/01/14/manifeste-guerilla-libre-acces-aaron-swartz

    • #Celui_qui_pourrait_changer_le_monde

      Aaron Swartz (1986-2013) était programmeur informatique, essayiste et hacker-activiste. Convaincu que l’accès à la connaissance constitue le meilleur outil d’émancipation et de justice, il consacra sa vie à la défense de la « culture libre ». Il joua notamment un rôle décisif dans la création de Reddit, des flux RSS, dans le développement des licences Creative Commons ou encore lors des manifestations contre le projet de loi SOPA (Stop Online Piracy Act), qui visait à restreindre les libertés sur Internet. Au fil de ses différents combats, il rédigea une impressionnante quantité d’articles, de textes de conférences et de pamphlets politiques, dont une partie est rassemblée ici. L’adolescent, qui était déjà un libre-penseur brillant, laisse progressivement place à l’adulte, toujours plus engagé, se prononçant sur des sujets aussi variés que la politique, l’informatique, la culture ou l’éducation, et annonçant nombre de questions débattues aujourd’hui. Tiraillé entre ses idéaux et les lois relatives à la propriété intellectuelle aux États-Unis, harcelé par le FBI à la suite d’un procès intenté à son encontre, Aaron Swartz a mis fin à ses jours à l’âge de 26 ans.

      http://editions-b42.com/books/celui-qui-pourrait-changer-le-monde
      #livre

      Avec cet intéressant débat sur seenthis : pourquoi ce livre n’est pas en open access ? Débat introduit par la question de @supergeante : « ça ne choque personne ? »
      http://seen.li/cpal

    • #Alexandra_Elbakyan, la Kazakhe pirate d’articles scientifiques

      Rebelles high-tech (4/6). L’ancienne étudiante en neurosciences a créé un site Web de mise à disposition illégale de rapports de recherche. Le monde entier y a accès, au détriment des éditeurs.

      En ce jour ensoleillé de juin, le parc boisé du -musée Kolomenskoïe, à Moscou, accueille le Geek Picnic, un festival techno artistique en plein air. Parmi la foule, une jeune femme ronde et souriante, à l’allure sage et modeste, parle devant une caméra pour une interview qui sera diffusée sur YouTube. Elle explique, une fois de plus, le fonctionnement de Sci-Hub, son site Internet de publication d’articles scientifiques gratuit et ouvert à tous. Alexandra Elbakyan, 28 ans, originaire du Kazakhstan, est inconnue du grand public. Mais sur les campus et dans les labos de recherche de nombreux pays, c’est une star.
      Avec 62 millions d’articles stockés et référencés, près de 700 000 téléchargements quotidiens et des millions de visiteurs réguliers sur tous les continents, Sci-Hub s’est imposé comme une source majeure de documentation scientifique. Dans les pays pauvres, c’est un outil quotidien pour les chercheurs qui n’ont pas les moyens de se payer les abonnements coûteux des services des grands éditeurs. Dans les pays riches, des chercheurs ayant accès aux services payants utilisent Sci-Hub car il est simple et accessible de partout, sans formalités. Seul problème : Sci-Hub est un site pirate, qui vole les articles aux éditeurs et enfreint toute une série de lois sur la propriété intellectuelle et la sécurité des réseaux. Alexandra Elbakyan est poursuivie par la justice américaine.
      La création de Sci-Hub remonte à 2011. Alors étudiante en neuro-sciences, Alexandra se fait remarquer pour ses recherches sur les ondes cérébrales, ce qui lui vaut d’être invitée à aller étudier en Europe et en Amérique. Mais lorsqu’elle rentre au Kazakhstan, elle n’a plus accès aux textes scientifiques dont elle a besoin – un seul article peut coûter entre 30 et 40 dollars (entre 25 et 35 euros). Un jour, elle s’aperçoit que des biologistes russes s’entraident discrètement et s’échangent des articles sans se soucier des problèmes de copyright. Elle décide d’étendre et d’industrialiser cette pratique en créant un serveur de stockage et de distribution pour toutes les disciplines. Très vite, elle reçoit le soutien de chercheurs occidentaux : des partisans du mouvement « Open Access », militant pour la libre circulation intégrale de l’information scientifique, ainsi que des auteurs s’estimant victimes du modèle commercial dominant (dans le monde scientifique, les auteurs donnent leurs articles gratuitement aux éditeurs privés, qui les revendent très cher aux autres chercheurs).
      Complicités et marché noir
      Parmi les admirateurs d’Alexandra, beaucoup travaillent pour des universités abonnées aux services payants, et certains décident de transmettre discrètement leurs identifiants et leurs mots de passe à Sci-Hub, qui peut ainsi récupérer des articles en se faisant passer pour eux. Quand un lecteur demande un article présent dans ses serveurs, il le reçoit aussitôt. Si Sci-Hub ne possède pas l’article, il va le chercher chez un éditeur grâce à un complice, l’envoie au demandeur, puis l’archive dans la base. Bien sûr, rien n’est simple. Alexandra Elbakyan reconnaît que « Sci-Hub se procure des mots de passe de nombreuses sources différentes », ce qui laisse supposer qu’elle s’approvisionne aussi auprès de hackeurs, qui savent subtiliser des mots de passe sans l’accord de leur propriétaire… Elle a également travaillé en liaison avec un site russe, LibGen, qui distribue toutes sortes de produits piratés, mais elle affirme que, désormais, elle est autonome : « J’ai passé un temps considérable à monter mes propres serveurs, pour stocker et envoyer les articles. »
      Une fois son site lancé, Alexandra entame des études d’économie et de droit : « Un temps, j’ai envisagé de travailler pour le gouvernement, afin de changer les lois sur le copyright. » Puis elle se tourne vers l’informatique et décroche un poste de recherche qui lui laisse le temps de se consacrer à son site : « A partir de 2014, j’ai réécrit tout le code et analysé les statistiques (…). J’ai noté quels étaient les éditeurs les plus demandés, et j’ai chargé tout leur contenu. » Côté finances, Alexandra reçoit des dons anonymes de la part de lecteurs reconnaissants. Par ailleurs, elle a découvert très tôt le bitcoin, et a su spéculer sur cette nouvelle crypto-monnaie : « J’ai acheté des bitcoins quand ils valaient 20 dollars, et, aujourd’hui, ils valent cent fois plus. Cela me permet de me financer. »
      Cela dit, Sci-Hub suscite l’hostilité de nombreux universitaires, bibliothécaires ou conservateurs qui font la chasse aux tricheurs : quand un compte se met soudain à charger de gros volumes de documents, il attire l’attention des administrateurs, qui peuvent intervenir. D’autre part, et surtout, les éditeurs ont déclaré la guerre à Sci-Hub, devenu pour eux une menace existentielle. Le plus actif est le groupe anglo-hollandais Elsevier, leader mondial du secteur. En 2015, Elsevier porte plainte contre Sci-Hub devant un tribunal fédéral new-yorkais. Sans se soucier des questions de territorialité, la justice américaine s’empare de l’affaire et accuse Alexandra de piratage, un crime puni d’emprisonnement. Le juge commence par bloquer l’adresse Sci-hub.org, qui dépend d’un prestataire américain, ce qui oblige Alexandra Elbakyan à créer une série de nouvelles adresses.
      « Proche de l’idéal communiste »
      Convoquée à New York par le juge, elle refuse de s’y rendre. Elle envoie au tribunal une lettre provocatrice, et décide de ne plus aller dans les pays susceptibles de l’extrader vers les Etats-Unis. Elle cache son lieu de résidence, délaisse les réseaux sociaux américains comme Facebook et se rabat sur le réseau russe VKontakte. En revanche, elle participe, par Skype, à des colloques organisés par des universités occidentales. Peu à peu, elle en vient à contester la propriété sous toutes ses formes : « Je me sens proche de l’idéal communiste. Chez les scientifiques, on peut clairement distinguer deux classes : ceux qui travaillent, les chercheurs, et ceux qui les exploitent, les éditeurs. La théorie communiste explique comment cela fonctionne, et pourquoi une révolution est nécessaire. »
      Le procès décuple la célébrité d’Alexandra. Des universitaires consacrent des thèses à Sci-Hub, des comités de soutien se forment sur Internet, des députés européens prennent sa défense. En décembre 2016, la revue scientifique Nature publie une liste de dix jeunes gens exceptionnels ayant fait progresser la science au cours de l’année. Alexandra Elbakyan y figure en bonne place – un effort méritoire pour Nature, qui appartient au groupe d’édition allemand Holtzbrinck, et fait partie des victimes de Sci-Hub. Dans la foulée, The Custodians, un groupe international de militants de l’Internet libre et d’artistes numériques, lance une campagne pour la nomination d’Alexandra Elbakyan au « Disobedience Award » : ce prix de 250 000 dollars est décerné par le MIT de Boston à une personne qui aura fait progresser le bien commun en désobéissant à une loi injuste, tout en restant « efficace, responsable et éthique ». Pour les admirateurs de Sci-Hub, Alexandra Elbakyan est la lauréate idéale. En face, ses détracteurs, notamment américains, élargissent le débat en lui reprochant de vivre en Russie. Ils font valoir qu’elle ne désobéit pas vraiment aux lois de son pays, et sous-entendent qu’elle bénéficie en sous-main de la protection du régime de Vladimir Poutine.
      Le 21 juin 2017, le tribunal new-yorkais condamne Alexandra Elbakyan et ses complices éventuels à verser 15 millions de dollars de dommages et intérêts à Elsevier. Il exige aussi que Sci-Hub cesse toute activité et détruise ses fichiers. En réponse, Alexandra publie, sur VKontakte, un texte sarcastique, en russe : « Encore une victoire de la liberté américaine et de la démocratie… Comment la lecture gratuite d’articles scientifiques pourrait-elle causer des dommages à la société et violer les droits de l’homme ? »
      Après six années de stockage intensif, 95 % des articles demandés par les lecteurs sont déjà dans sa base – désormais, le piratage sert surtout pour les mises à jour. -Selon une étude menée en 2017 par le bio-informaticien allemand Bastian Greshake, les plus gros utilisateurs sont désormais l’Iran, isolé par les sanctions internationales, la Grèce, toujours en faillite financière, plusieurs pays d’Amérique latine, plus l’Inde et la Chine, en bonne place à cause de la taille de leur population. Cela dit, l’Allemagne est aussi très présente : fin 2016, soixante universités allemandes ont décidé de boycotter Elsevier pour protester contre l’augmentation du prix des abonnements, et d’autres sont en passe de les rejoindre. Désormais, leurs chercheurs se procurent les articles dont ils ont besoin par d’autres moyens…
      Parfois, la machine semble s’emballer, hors de tout contrôle. Dans certains pays comme l’Iran, des serveurs aspirent des gros volumes d’articles de Sci-Hub, pour créer leurs propres bases de données à usage local. Ailleurs, des groupes organisés téléchargent tous les articles consacrés à la chimie : selon Bastian Greshake, cette discipline est désormais la plus demandée sur Sci-Hub. Le 23 juin 2017, l’American Chemical Society (ACS), qui gère les intérêts des ayants droit des articles de chimie, porte plainte à son tour contre Sci-Hub devant un tribunal de Virginie.
      Imperturbable, Alexandra répète qu’elle est à l’abri, « quelque part dans l’ancienne Union soviétique ». Elle réaffirme qu’elle n’a aucune relation avec les autorités et assure que son site n’est pas en danger : « Il a été conçu pour résister à la pression. » Elle étudie à présent l’histoire des sciences et s’intéresse à l’hermétisme médiéval, mais promet que Sci-Hub va continuer à croître et embellir.

      https://www.lemonde.fr/festival/article/2017/07/27/alexandra-elbakyan-la-kazakhe-pirate-d-articles-scientifiques_5165479_441519

    • J’ajoute ici un long texte sur #Aaron_Swatrz écrit àla suite de l’attentat contre #Charlie_Hebdo et qui fait un rapprochement important sur le sujet des dommages « collatéraux » de l’anti-terrorisme :
      #JeSuisParsNaturae
      https://pascontent.sedrati-dinet.net/index.php/post/2015/02/09/JeSuisParsNaturae

      Avant tout, j’aimerais confier ici ce qui a occupé mon dimanche 11 janvier 2015, alors que près de quatre millions de personnes descendaient dans la rue à Paris, en France et ailleurs. Sans m’étendre plus en avant sur mes sentiments personnels, ce jour-là je pleurais la mort d’Aaron Swartz, qui s’est suicidé jour pour jour deux ans plus tôt, à l’âge de 26 ans, suite aux persécutions dont il faisait l’objet de la part du département de la justice des États-Unis[1], pour avoir téléchargé, caché dans un débarras du MIT, des millions d’articles scientifiques.

      L’histoire d’Aaron Swartz est documentée dans un film que j’ai donc regardé ce dimanche et qui montre – c’est tout ce qui nous intéressera ici – comment ce jeune homme, plus impliqué que quiconque dans la défense de la liberté d’expression et l’accès à l’information, a été l’objet d’un acharnement judiciaire dont à la fois les responsables, les causes et les motivations nous ramènent au terrorisme proclamé de la tuerie à Charlie Hebdo. Bien que le mot ne soit jamais prononcé dans ce documentaire, la question du terrorisme y est omniprésente et constitue en fait la principale clé de compréhension de ce drame.

  • La Russie a utilisé 150.000 comptes Twitter pour s’immiscer dans le référendum sur le Brexit - Business Insider France

    http://www.businessinsider.fr/russie-utilise-twitter-pour-influencer-brexit

    Finalement, j’aime bien l’idée que la Russie ait compris comment faire la pluie et le beau temps sur l’essentiel de la politique mondiale.

    De nouvelles informations sont les « preuves les plus significatives jusqu’à présent » que des comptes Twitter russes auraient influé sur le référendum du Brexit.
    Plus de 150.000 comptes Twitter basés en Russie ont tweeté à propos du Brexit pendant la campagne du référendum, d’après une enquête.
    Theresa May a dit au président russe Vladimir Poutine que le Royaume-Uni « sait » ce que fait la Russie.

    Des comptes Twitter basés en Russie ont posté 45.000 tweets à propos du Brexit en l’espace de 48 heures pendant le référendum l’année dernière sur la sortie de l’UE, d’après les résultats d’une enquête établie par le Times.

    Des data scientists de l’Université de Swansea et l’Université de Californie à Berkeley ont découvert que plus de 150.000 comptes basés en Russie ont posté du contenu en rapport avec le Brexit dans les jours précédant le jour du vote le 23 juin 2016.

    • Le chef du National Cyber Security Centre, Ciaran Martin, confirmera aujourd’hui que la Russie a hacké le réseau électrique britannique et que ses agents ont tenté de pénétrer les services de télécommunications anglais, comme BT.

      On pense que les hackers russes ont réussi à détourner le réseau électrique britannique cet été et auraient voulu le laisser inactif, ce qui aurait perturbé le réseau plus tard [† cf. infra].

      Il est prévu que Martin dise : "Je ne peux pas entrer dans les détails concernant les services de renseignements.

      « Mais je peux confirmer que l’ingérence de la Russie, constatée par le National Cyber Security Centre au cours de l’année passée, a inclut des attaques sur les secteurs britanniques des médias, télécommunication et de l’énergie. »

      † comprendre : y aurait laisser un dispositif dormant pouvant être activé ultérieurement.

    • Ce que j’adore, dans cette affaire, c’est que toutes les baltringues journalo-pseudo-intellos qui veulent « lutter contre la théorie du complot » croient dur comme fer au grand méchant complot russe.
      D’ailleurs, moi aussi je suis un troll du Kremlin, j’attends mon chèque de Poutine pour finir le mois. #complotisme

  • Emmanuel Macron annonce une loi anti « fake news »… avec Vladimir Poutine en ligne de mire
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/14369-emmanuel-macron-annonce-une-loi-anti-fake-news-avec-vladimir-poutin

    Le vernis de notre démocratie ploutocratie est en train de se fissurer....

    Emmanuel Macron a annoncé ce mercredi 3 janvier le dépôt prochain d’un projet de loi visant à lutter contre la diffusion de "fausses nouvelles" malveillantes. En pensant très fort à Poutine et aux médias en version française du gouvernement russe, Sputnik et Russia Today.

    Avec Emmanuel Macron, les annonces arrivent parfois quand on ne les attend pas. Alors qu’il s’en était tenu à des généralités pendant ses vœux aux Français, le président de la République a profité de ses vœux à la presse, ce mercredi 3 janvier, pour présenter une future loi anti « fake news ». Tel que le chef de l’Etat a présenté ce projet « prochainement déposé », il s’apparente à un signal envoyé directement au président russe Vladimir Poutine. (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • Alors que Trump s’emmêle les pinceaux, le maître d’échecs Poutine va au Caire
    Par M K Bhadrakumar – Le 12 décembre 2017 – Source Russia Insider | Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone
    http://lesakerfrancophone.fr/alors-que-trump-semmele-les-pinceaux-le-maitre-dechecs-poutine-va

    L’objectif personnel des États-Unis concernant Jérusalem ouvre une fenêtre pour que la Russie renforce son statut d’acteur le plus créatif et le plus positif dans la politique au Moyen-Orient. Quatre jours après l’annonce du président Trump sur Jérusalem, le président Vladimir Poutine entreprend des « visites de travail » imprévues en Égypte et en Turquie.

    Jeudi, le ministère russe des Affaires étrangères a publié une longue déclaration critiquant la décision américaine sur Jérusalem en affirmant :

    « Nous pensons qu’une solution juste et durable à l’interminable conflit israélo-palestinien devrait être fondée sur le droit international, y compris les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale qui règlent tous les aspects du statut final des territoires palestiniens, y compris la question extrêmement délicate de Jérusalem, par des négociations directes israélo-palestiniennes. La nouvelle position des États-Unis sur Jérusalem peut compliquer davantage les relations israélo-palestiniennes et la situation dans la région (…) La Russie considère Jérusalem-Est comme la capitale du futur État palestinien et Jérusalem-Ouest comme la capitale de l’État d’Israël. »

    La Russie s’est positionnée de manière appropriée avec la rue arabe. Mais la question de Jérusalem n’est pas ce qui amène Poutine au Caire. L’analyse du Kremlin signalait la nécessité d’« établir la stabilité et la sécurité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ». Ce qui signifie la Libye, le Sinaï et la Syrie et, dans une certaine mesure, le Yémen – dans cet ordre, peut-être.(...)

  • Lancement sous vigilance de la chaîne russe RT en France
    http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2017/12/18/lancement-sous-vigilance-de-la-chaine-russe-rt-en-france_5231583_3236.html

    Revue de presse...

    Le Monde : Lancement sous vigilance [il y a donc danger] de la chaîne russe RT en France

    20 minutes : VIDEO. La chaîne russe RT se lance en français dans la méfiance générale. [puisqu’on vous le disait]

    Pour Le Parisien, c’est la photo qui parle :

    RT, la nouvelle chaîne française financée par le Kremlin : ça c’est France Inter

    Télé Loisir est plus soft au début, mais finit très fort : "Dépendant directement du Kremlin, le site a été plusieurs fois accusé d’interférer dans les élections présidentielles françaises en relayant des « fake news ». Le Président de la République, Emmanuel Macron, avait même déclaré devant Vladimir Poutine, lors de sa visite en France, que RT était un « organe de propagande ». Si ses dirigeants se défendent de la moindre ingérence du Kremlin, le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), Olivier Schrameck, a prévenu que l’instance « observerait attentivement » la nouvelle venue du Paf.

    C’est aussi la technique Ouest France, qui a le bon goût d’en faire un encart : Un bras droit du Kremlin ?
    Russia Today est régulièrement accusée de servir la propagande de Vladimir Poutine. « C’est une chaîne qui, d’une certaine manière, développe bien davantage un discours négatif et relativiste sur les pays occidentaux qu’un discours positif sur la Russie, susceptible de renforcer son potentiel d’attractivité », explique dans L’Express Maxime Audinet, doctorant spécialisé de la politique d’influence russe. RT « n’a rien à voir avec un média traditionnel (…) C’est un véritable canal diplomatique », estime également le correspondant à Paris du quotidien russe Kommersant, Alexeï Tarkhanov, auprès de Courrier international. Des analyses fermement rejetées par la présidente de RT France : « Que la chaîne ait été financée par l’État ne veut pas dire qu’elle est une chaîne de propagande (…) Les décisions éditoriales sont prises par les journalistes en interne, en fonction du planning et de l’actualité. » De son côté, le CSA a assuré qu’il observera « constamment » les programmes de la chaîne et agira avec « promptitude » en cas d’"anomalies".

    #monocorde

    • (RT Bashing) L’angoisse de nos médias face à la perte de leur monopole de la propagande
      https://www.les-crises.fr/rt-bashing-l-angoisse-de-nos-medias-face-a-la-perte-de-leur-monopole-de-l

      Magazine Elle : lady famatrice !

      Comme à chaque fois que j’essaie de mettre en lumière les méthodes peu éthiques des journalistes, je me vois accuser de soutenir un camp au détriment de l’autre. C’est bien évidement une facilité de pensée, une forme de manichéisme nuisible au débat et à la réflexion.

      Je précise donc en des termes clairs et non équivoques que je ne cherche pas à défendre RT France, qui ne bénéficiera pour moi d’aucun traitement de faveur dans mon modeste exercice de critique des médias.
      Pour l’heure, je n’ai vu qu’un seul de leur JT, plutôt de qualité, qui affichait une ligne éditoriale propre à RT (tout comme France 24 ou CNN ont la leur).

      J’ai simplement des principes, tels que ne pas accuser sans preuve, ne pas encourager la paranoïa et la peur, éviter le deux poids deux mesures. Et ces principes, j’essaie de les appliquer au mieux quelles que soient les circonstances…

  • #Balancetonpauvre Le Courrier - Vendredi 15 décembre 2017
    Philippe Bach

    https://www.lecourrier.ch/155122/balancetonpauvre

    Mieux vaut être terroriste que pauvre en #Suisse. Vos droits seront mieux défendus. Le Conseil des Etats a voté jeudi un durcissement du droit fédéral qui permet d’espionner les personnes qui seraient au bénéfice des prestations d’une assurance sociale. Le dossier va maintenant être étudié au niveau du Conseil national.

    Le but est de permettre un #flicage-généralisé de ces assurés qui seront traités comme des criminels. La Chambre haute a ouvert la porte jeudi à des pratiques permettant aux assurances d’engager des détectives privés. Ces derniers auraient le droit d’utiliser des traceurs GPS ou des micros directionnels. Gare à qui se montrerait trop bavard sur son balcon. Et si l’on habite au rez-de-chaussée, il ne sera pas à l’abri d’une camera HD. Big Brother is watching you !

    Cette modification législative a été lancée précisément parce que la Cour européenne des droits de l’homme avait mis le holà à ces pratiques de fouines. Ceci en raison d’un manque de bases légales. Qu’à cela ne tienne, les sénateurs sont en train de combler le vide juridique plutôt que de s’interroger sur la pertinence de ces mesures.

    La gauche a bien tenté de mettre un semblant d’ordre juridique dans cet #arsenal-liberticide. Par exemple en prévoyant qu’elles soient conditionnées au feu vert d’un juge. En vain. Seul a été accepté un regard du pouvoir judiciaire lors de la pose d’un #mouchard-électronique sur le véhicule

    Ce sont des centaines de milliers de personnes qui sont concernées. Tous les bénéficiaires de l’AI, de l’ #assurance-chômage ou des prestations complémentaires. Et leurs proches. Une incroyable intrusion dans la #sphère-privée de ces personnes qui ne semble pas gêner grand monde sur les bancs bourgeois. Si cette loi passe, une personne soupçonnée de terrorisme ou un criminel auraient droit à davantage de garanties qu’un pauvre, relève le Parti socialiste...

    On a connu meilleure application du principe de proportionnalité. Et on relèvera que la #criminalisation-de-la-pauvreté induite par ce type de soupçon généralisé a un pendant : l’impunité accordée à la #fraude-fiscale. Mais cette dernière est jugée vertueuse par les mêmes qui veulent débusquer les pauvres jusqu’au fond des chiottes, pour paraphraser le président russe Vladimir Poutine. Les #Paradise-papers ? Des pratiques dignes de #Vichy, ont tonné ces vaillants défenseurs des droits fondamentaux. Pourtant, en France, des études ont montré que la #fraude-sociale représente quelque 300 millions d’euros de pertes par année, alors que les montants de la #fraude-fiscale avoisinent les 50 milliards. On a les priorités qu’on mérite.

  • L’avenir de la Syrie : de quoi ont convenu la Russie, la Turquie et l’Iran
    https://www.crashdebug.fr/international/14229-l-avenir-de-la-syrie-de-quoi-ont-convenu-la-russie-la-turquie-et-l-

    Lors du sommet tenu mercredi dans la ville russe de Sotchi, Vladimir Poutine, Recep Tayyip Erdogan et Hassan Rohani ont évoqué l’avenir de la Syrie d’après la guerre. Les points clés de cette rencontre à la loupe d’un politologue.

    Vacuum de la responsabilité

    Le monde actuel s’est habitué à une réflexion de blocs et d’« axes » dans la politique internationale, dont le fameux « axe du mal », dont les composantes n’ont pas cessé de changer. Moscou a appelé, au sens figuré du terme, à construire des « axes de l’ordre » partenaires au lieu de ces « axes du bien et du mal » antagonistes. Il s’agit de coopérer au niveau régional afin de maintenir conjointement la stabilité et le développement progressif dans leurs régions. Telle serait, selon Moscou, la structure d’un monde (...)

  • « Je ne dis pas que Trump est un agent du KGB, mais… »
    LE MONDE | 17.11.2017 à 20h47 • Mis à jour le 18.11.2017 à 14h16
    http://www.lemonde.fr/donald-trump/article/2017/11/17/je-ne-dis-pas-que-trump-est-un-agent-du-kgb-mais_5216721_4853715.html

    Luke Harding est grand reporter au quotidien britannique The Guardian. De 2007 à 2011, il a dirigé le bureau du journal à Moscou, avant d’être expulsé par le Kremlin à la suite de son enquête sur l’assassinat de l’opposant Alexandre Litvinenko. Il écrit ensuite plusieurs livres, dont Russie Etat-mafia (Original découverte, 2012) et Le Dossier Snowden (Belin, 2015).

    Il est le seul journaliste, avec son confrère Nick Hopkins, à avoir rencontré Christopher Steele, l’ex-agent des services secrets extérieurs britanniques reconverti dans le « conseil » et auteur d’un rapport de 35 pages révélant les liens présumés entre Donald Trump et le régime de Vladimir Poutine, mis en ligne en janvier par le site BuzzFeed. Son livre Collusion est sorti simultanément dans plus d’une dizaine de pays, jeudi 16 novembre. Traduit en français chez Flammarion, il porte un sous-titre qui ne laisse guère de place au doute : « Comment la Russie a fait élire Trump à la Maison Blanche. » (...)

  • Poutine mon amour
    http://www.laviedesidees.fr/Poutine-mon-amour.html

    Comment expliquer l’attirance de certaines élites politiques françaises pour la Russie de Vladimir Poutine ? De l’anti-américanisme à la russophilie, en passant par la défense de l’intérêt national français, Olivier Schmitt décrypte les arguments de la « poutinophilie française ».

    Livres & études

    / #discours

    #Livres_&_études

  • Lacs et mers intérieures (1/4) : Mers Noire, Baltique et Caspienne : cœur battant de l’expansionnisme russe

    https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/cultures-monde-lundi-23-octobre-2017

    De la mer Baltique à la mer Caspienne, les exercices militaires russes se multiplient dans ces zones stratégiques. Pourquoi Moscou effectue des manœuvres militaires dans ces régions ? Quels sont les enjeux géopolitiques de ces démonstrations de force ?

    #mer_noire #mer_baltique #mer_caspienne #mer

  • Un retour effarant sur le financement libyen de la campagne Sarkozy

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/16/retour-sur-le-financement-libyen-de-la-campagne-sarkozy_5201349_3232.html

    Les journalistes de « Mediapart » Fabrice Arfi et Karl Laske publient une synthèse serrée de six années d’enquête sur cette affaire.

    Il est difficile, en refermant le livre, d’avoir encore le moindre doute : le colonel Kadhafi a bien financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, même si l’ancien président, qui n’est pas poursuivi dans le dossier judiciaire, le conteste formellement. Lorsque les premiers éléments du financement libyen avaient été publiés, ils n’avaient soulevé qu’un intérêt poli et un peu d’incrédulité – l’affaire et la ficelle étaient un peu grosses.

    Aujourd’hui, Fabrice Arfi et Karl Laske, journalistes à Mediapart, publient Avec les compliments du Guide, une synthèse serrée de six années d’enquête. Une charge minutieuse, documentée, argumentée, qui laisse sans voix quant aux dessous nauséeux de la République : nombre de pièces du puzzle avaient déjà été publiées, mais le tableau qu’elles forment, une fois rassemblées, est effrayant.

    L’agence officielle libyenne JANA annonce, le 10 mars 2011, la révélation d’un secret qui « va entraîner la chute de Sarkozy, voire son jugement en lien avec le financement de sa campagne électorale ». Le même jour, Kadhafi assure à la télévision : « C’est moi qui ai aidé Sarkozy à prendre le pouvoir. Je lui ai donné de l’argent avant qu’il ne devienne président. » L’un de ses fils déclare ensuite à Euronews : « Tout d’abord, il faut que Sarkozy rende l’argent qu’il a accepté de la Libye pour financer sa compagne électorale. »

    Et devant une journaliste du Figaro, qui ne révélera ce passage que quatre mois plus tard, le colonel a insisté : « Nous lui avons donné le financement nécessaire pour qu’il puisse gagner les élections chez lui. » Certes, mais la guerre menace, et la parole du clan Kadhafi ne vaut déjà plus grand-chose.

    Circuits tortueux

    Plusieurs dignitaires du régime sont pourtant allés dans le même sens. Ainsi, dans son journal, l’ancien premier ministre, Choukri Ghanem, retrouvé noyé à Vienne : « Le 29 avril [2007], j’ai déjeuné chez Bachir Saleh [directeur de cabinet de Kadhafi], Al-Baghdadi [le premier ministre] était présent. Bachir a dit avoir payé 1,5 million d’euros à Sarkozy ; quant à Saïf [le fils de Kadhafi], il lui a envoyé 3 millions d’euros. Il semblerait que les émissaires aient empoché une partie des sommes avant de les remettre à destination. Abdallah Senoussi [beau-frère de Kadhafi] lui a également envoyé 2 millions d’euros. »

    Il semble qu’il n’ait pas tort : les intermédiaires Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri ont copieusement profité de la manne ; l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Boris Boillon, a été contrôlé gare du Nord, en 2013, avec 350 000 euros et 40 000 dollars ; Claude Guéant, l’ancien secrétaire général de l’Elysée, peine à justifier le demi-million d’euros perçu par l’intermédiaire de circuits panaméens tortueux ; l’ancien premier ministre Dominique de Villepin a touché la même somme, par les mêmes circuits, affirment les auteurs.

    Baghdadi a confirmé, en 2011, devant la cour d’appel de Tunis, qu’il avait lui-même « supervisé le dossier du financement de la campagne de Sarkozy depuis Tripoli ». Senoussi, devant la Cour pénale internationale en 2012, assure s’être occupé du versement de 5 millions d’euros « au directeur de cabinet du ministre de l’intérieur », Claude Guéant, par l’intermédiaire de Ziad Takieddine.

    Takieddine l’a avoué en 2016, « il s’agissait de billets en euros, neufs, des liasses de 500 euros, et quelques liasses de 200 euros. Les billets étaient enveloppés dans du film plastique ». Trois voyages, en 2006 et 2007, jusqu’au bureau de Guéant, le dernier en présence de Nicolas Sarkozy – qui juge « honteuses » les déclarations de l’intermédiaire. Le même Takieddine se fait bêtement pincer, en mars 2011, au Bourget avec 1,5 million d’euros en liquide.

    Mediapart a par ailleurs publié une note à en-tête du régime, datée du 9 décembre 2006, qui donne un accord de principe pour verser 50 millions d’euros « en soutien » à la campagne de Nicolas Sarkozy. Elle est signée de Moussa Koussa, le chef des services secrets. Après quatre ans d’expertises, la justice française a estimé que la note, très contestée, n’avait pas été « fabriquée par montage », ni « altérée ». Sur les 50 millions promis, 20 auraient été « donnés directement à Boris Boillon et à Claude Guéant » en espèces, selon un ancien cadre libyen qui a témoigné sous X devant les policiers.

    « Pourquoi mentir ou nier ? »

    Enfin, Mohammed Ismail, un proche de Kadhafi, a mis les enquêteurs sur la piste des circuits offshore : la société Rossfield Ltd de Takieddine, immatriculée aux îles Vierges britanniques et alimentée par la Libye, a transféré des fonds à la Deutsche Bank de Francfort en passant par l’Intercontinental Bank du Liban. L’ex-premier président de la Libye post-Kadhafi, Mohamed Al-Megarief, a lui même écrit dans ses Mémoires : « Pourquoi mentir ou le nier ? Oui, Kadhafi a financé la campagne électorale de Nicolas Sarkozy et a continué à le financer encore après 2007. » Le passage du manuscrit a été expurgé dans la version publiée.

    « Je ne veux être complice d’aucune dictature dans le monde », déclarait, le 14 janvier 2007, le candidat Sarkozy. Douze jours après sa prise de fonctions, le nouveau président téléphonait au dictateur libyen et lui disait : « Je garde un magnifique souvenir de la qualité des analyses que j’ai entendues de vous » et « Je compte sur votre prière, monsieur le Guide ». Avec la vague des « printemps arabes » de 2011, c’est pourtant la France qui prend l’initiative de la guerre contre « la malheureuse Libye », selon les mots du président français. Elle « a souffert pendant des décennies d’un des dictateurs les plus cruels qu’on ait jamais connus ».

    Mouammar Kadhafi est lynché par la foule le 20 octobre 2011, mais en sort vivant. Qui l’a tué ? Le premier ministre François Fillon a fait part d’une discussion orageuse avec Vladimir Poutine, qui accuse la France d’avoir liquidé le colonel. « Même si ce n’est pas nous qui avons appuyé sur la gâchette, l’honnêteté m’oblige à dire que ses arguments n’étaient pas tous fallacieux. » Nicolas Sarkozy n’a pas répondu aux soixante questions envoyées par les auteurs du livre.