person:walter benjamin

  • Paris, capitale du XIXᵉ siècle
    [Exposé de 1939]
    Walter Benjamin.

    http://dormirajamais.org/capitale

    C. Louis-Philippe ou l’intérieur
    (…)
    L’intérieur est l’asile où se réfugie l’art. Le collectionneur se trouve être le véritable occupant de l’intérieur. Il fait son affaire de l’idéalisation des objets. C’est à lui qu’incombe cette tâche sisyphéenne d’ôter aux choses, parce qu’il les possède, leur caractère de marchandise. Mais il ne saurait leur conférer que la valeur qu’elles ont pour l’amateur au lieu de la valeur d’usage. Le collec­tionneur se plaît à susciter un monde non seulement lointain et défunt mais en même temps meilleur ; un monde où l’homme est aussi peu pourvu à vrai dire de ce dont il a besoin que dans le monde réel, mais où les choses sont libérées de la servitude d’être utiles.

  • Nuit Debout n’existe pas. C’est un média, idiot ! - Musée de l’Europe et de l’Afrique
    http://blog.europa-museum.org/post/2016/04/14/La-nuit-debout-n-existe-pas

    Par Le concierge du Musée le jeudi 14 avril 2016, 19:21 - Grandes Conférences du Musée de l’Europe - Lien permanent

    Tous les observateurs disposant de quelques réflexes sociologiques auront remarqué qu’il existe au moins deux « Nuit Debout ».

    La première a une existence concrète sur la Place de la République où l’on peut espérer qu’il se passe quand même quelque chose. Oh, certainement pas une ZAD comme l’a déclaré pompeusement l’un des initiateurs, François Ruffin ! Enfin est-ce un lieu de rassemblement en attendant éventuellement d’être un lieu de convergence pour « ne pas rentrer chez soi » si le mouvement contre la loi Khomri débordait les syndicats. Ce qui est d’une importance vitale pour la sécurité (sociale, la seule, l’unique) de tous les habitants de ce pays, « présents et à venir » comme dit joliment le Roi des Belges lorsqu’il promulgue les lois au Journal Officiel. Et lorsque des gens se rassemblent, même dans un endroit où il n’y a plus que des bars branchés et où - à part effectivement les chauffeurs de taxi uberisés ou non (Lordon a de l’espoir !) - on ne risque pas de voir un travailleur après le boulot (à l’exclusion des graphistes et des publicitaires), des liens peuvent se lier qui faciliteraient grandement le sacerdoce du DAL pour obtenir le logement intra-muros de familles populaires (en réquisitionnant les surfaces vides du privé comme du public.) et empêcher les autres d’être virées par le Grand Paris jusqu’à Calais ! Et porter assistance et protection aux camps de réfugiés itinérants de Stalingrad et d’ailleurs traqués par le gouvernement le plus d’extrême-droite depuis 1944.

    Mais bon pour le moment, force est de constater que ce n’est pas grand monde, et comparer ce feu de paille aux places de Madrid et de Barcelone, c’est se payer de mots et d’images (il y a encore du peuple et des classes moyennes paupérisées dans ces deux villes, malgré tout, tandis qu’à Paris intra-muros, c’est mort.) Ça tombe bien, c’est de mots et d’images qu’il est question. Car la Nuit Debout n’existe pas. Ou plutôt seul son double, la Nuit Debout médiatique, a une quelconque ampleur. Et pour aller encore plus loin, la Nuit Debout EST un média. Et les seules questions politiques qui valent sont donc : à qui appartient ce média ? Quelles catégories de représentation du monde social véhicule-t-il ? Et que va-t-il réussir à nous vendre ?

    À qui appartient ce média ?

    Intéressons-nous à TV-Debout qui enregistre des records d’audience tous les soirs (« dignes des chaînes de télévisions » selon un Figaro tout autant en extase que l’ensemble de la presse mainstream totalement discréditée). De son animateur, Rémy Buisine, nous apprenons qu’il est « Community Manager » pour trois radios du groupe « 1981 » (Ado, Voltage et Latina). Le groupe fut le propriétaire de Sud-Radio (...)

    • Intéressant (et très ouvriériste => Agone, etc).

      Fait suite à :
      http://blog.europa-museum.org/post/2016/04/10/Thermidor-place-de-la-republique

      Qui se terminait par cette citation de Jean Giono :

      L’ouvrier des Trois Glorieuses chaloupait derrière les barricades et se foutait des professeurs ; il les acceptait dans ses rangs avec gentillesse, mais comme simples soldats. Maintenant, dès qu’il en apparaît un, on lui a appris à en baver et à se mettre au garde-à-vous. Il a confié les destinées de sa classe à quelqu’un qui n’en est pas et qui lui apprend tout de suite à douter. On le fait aller à l’école quand il est bien plus savant avec son instinct. Avant-même de s’être affranchi des maîtres dont il veut se débarrasser, il s’en est donné de nouveaux qui ne valent pas plus que les premiers. Il ne ne peut plus se libérer que par personnes interposées, c’est à dire qu’il ne peut plus se libérer du tout. De là toutes les interprétations du mot liberté, à quoi on lui dit de réfléchir et où il est comme une poule qui a trouvé un couteau. Comme il n’y comprend rien, il ne peut plus être généreux. C’est tout un profit pour ses chefs dont il fait l’établissement au lieu de s’établir lui-même.

      #nuit_debout #représentation #mouvement_social #luttes #local #global #médias

    • Quelles catégories de représentations du monde social véhicule-t-il ?

      Sur le plan public, on peut dire que cette médiatisation semble véhiculer un vide encore plus intersidérant que les medias mainstream. Car il n’y a à peu près aucun contenu ce qui n’empêche pas de mobiliser énormément de temps de cerveau disponible. Beaucoup moins cher que les médias classiques qui doivent quand même diffuser un contenu entre deux spots publicitaires qui peut s’avérer coûteux ! Ou plutôt, c’est un gigantesque spot publicitaire interactif pour le capitalisme ! Mais l’important « c’est le média », comme dirait l’autre. Croire à ce qui n’existe pas, se détourner de sources d’information et de réflexions fiables, croire que « la révolution, c’est ça », que « la politique c’est ça », que l’ « heure est venue », qu’on « en est », que ça se consomme encore plus facilement pour être « in » qu’une paire de Nike « Révolution ». Et qu’on est tous pareils, les mêmes produits marketing. Qu’il n’y a ni classes, ni rapports de production. Seulement les 1% qui sont un peu trop gourmands... Et qu’on est tous d’accord, qu’on a tous les mêmes intérêts. Et qu’on communie avec l’autre de toute la planète en une grande messe virtuelle qui se célèbre au détriment des relations et des solidarités réelles. La grande messe des avatars en l’Église du Capital où l’on se refile l’hostie twitter en se télétransportant par Periscope (qui porte bien son nom vu ce qu’on voit dans un périscope !).

    • Au passage, on accrédite à tout instant l’idée que la « démocratie » c’est ça, quelques centaines de personnes sur une place, échantillon absolument non-représentatif de la population, qui jouent à « l’Assemblée générale » comme on joue à la dînette... Et puisque le pouvoir fait semblant de l’empêcher en ne l’empêchant pas, c’est bien que nous sommes « very dangerous ».

      Et que la démocratie, c’est un salarié du groupe 1981 qui accapare les médias à lui tout seul en phase absolue avec le travail de la presse mainstream, Ce que tout le monde a l’air de trouver « génial » ! Se "réapproprier" la Place, génial ! Le Média de la Place, j’y avais pas pensé !

    • Pour le côté ouvriériste, vient de sortir chez Agone : les prolos
      http://agone.org/memoiressociales/lesprolos

      Les prolos est un témoignage d’apprentissage comme il en existe des romans. On y suit un très jeune apprenti, issu du monde agricole des régions rurales de la Loire, pour qui le passage par la condition ouvrière est une étape dans un parcours de promotion sociale. C’est à Saint-Nazaire, dans les chantiers navals, que le chaudronnier se rapproche d’une classe ouvrière nullement enchantée, dans une progression dramatique qui culmine avec la grande grève de 1955. Le monde des Prolos, immédiatement postérieur à la reconstruction, est celui de la guerre froide, d’écarts et d’affrontements sociaux qu’on peine aujourd’hui à se représenter. C’est un monde presque entièrement disparu, qui a inspiré à Louis Oury un des classiques majeurs du témoignage ouvrier.

      Né en 1933, Louis Oury est un des écrivains prolétariens de langue française majeurs de ces quarante dernières années. Après avoir été ouvrier puis ingénieur, il est devenu historien et romancier. “Les prolos” (1973, réédité aujourd’hui pour la cinquième fois) est son premier ouvrage publié.
      ça c’était avant l’offensive #néolibérale et l’exclusion politique des #classes_populaires.

      Pour ceux.celles qui sont en Bretagne la semaine prochaine,
      Auteur (et acteur) de "Précaire !", Mustapha Belhocine sera
      -- mercredi 20 avril, la librairie Vent d’Ouest (Nantes)
      -- jeudi 21 avril au bar-librairie La Cour des Miracles (Rennes)
      -- vendredi 22 avril à la librairie L’embarcadère (Saint-Nazaire)
      Mustapha Belhocine est ce qu’on appelle aujourd’hui un « précaire » : condamné aux contrats courts, il enchaîne des missions d’homme de ménage au pays de Mickey, de manutentionnaire dans un célèbre magasin de meubles ou de « gestionnaire de flux » chez Pôle Emploi - ce dernier poste consistant à renvoyer chez eux les impudents chômeurs venus faire leurs réclamations en direct plutôt que sur Internet.
      Armé des mots de Bourdieu, d’un bagout sans faille et de réflexes réfractaires aux ordres illégitimes, il opère de lucides coups de sonde dans les bas-fonds de l’exploitation moderne. Contrairement à Florence Aubenas ou à Günter Wallraff, journalistes s’étant glissés dans la peau de précaires, Belhocine est un précaire par nécessité économique, qui écrit ce qu’il vit pour consigner les cadences, les vexations et la pénibilité, mais aussi faire éclater le ridicule, jusque dans sa langue, d’une organisation sociale exigeant de ses « castmembers opérationnels et motivés » d’avoir le « sens du jeu ».
      À l’issue d’une dizaine d’années d’inscriptions chaotiques à l’université, Mustapha Belhocine est titulaire depuis 2012 d’un master de sociologie à l’EHESS. Il livre ici, à 42 ans, la synthèse de la succession picaresque des emplois à plein temps qui ont accompagné sa formation d’apprenti sociologue.
      Aujourd’hui les #prolos sont #précaires en bonne partie et même #prolos2.0 http://agone.org/centmillesignes/precaire
      Le mercredi 20 avril à 19h30 à la librairie Vent d’Ouest
      5, Place du Bon Pasteur (Nantes)
      Le jeudi 21 avril à 18h30 au bar-librairie La Cour des Miracles
      18, rue de Penhoët (Rennes)
      Le vendredi 22 avril à 19h à la librairie L’embarcadère
      41, avenue de la République (Saint-Nazaire)
      Je précise @rastapopoulos que je ne suis pas actionnaire des éditions agone.
      #littérature_prolétarienne

    • J’hésitais et puis j’ai transféré à une amie qui va régulièrement à République à Paris. Et quand elle me téléphone c’est pour m’engueuler, et elle a raison à vrai dire.
      Et je me dis qu’à force de ne pas soutenir ceux qui se bougent le cul, on joue ici et là les fines bouches, les vieux blasés qui regardent le spectacle dans les MuppetsShows à geindre que y’a pas grand chose qui se passe.
      Alors, oui, me dit-elle, il y aura toujours des crapules prêts à s’en mettre plein les poches, c’est bien le temps du capitalisme, à nous de les dénoncer et les mettre dehors.
      En attendant elle va porter ses légumes et ce qu’elle peut à la cantine qui prépare la bouffe commune servie pour tous. En attendant, elle, les autres, tentent de voir comment élargir le cercle aux ouvriers, à la banlieue et aux migrants et autres luttes.
      Alors oui, on n’y chantera pas les mêmes chansons aujourd’hui qu’hier et on a (peut-être) l’âge d’être fatigué des manifs qui ne mènent jamais où on voudrait. Mais bon, cracher sa morgue, ou mépriser des gamins qui fument du shit sous une yourte au capitole ou ailleurs parce que ce n’est pas politique, ou parce que la révolte serait web2 … 68 aurait été mieux qu’un lieu de rencontre pour libérer sa sexualité, c’est toujours ça à prendre, nous ne serons jamais demain, laissons les inventer, faire leurs tentatives politiques de reprendre le pouvoir et soutenons les. Bref, oui, je regrette de colporter ce post, qu’on essaie de se réjouir quand même, un petit peu, comme on peut.
      #non_non_non_au_dénigrement

    • Je suis assez d’accord avec @intempestive et @touti je trouve en plus qu’il est bien tôt pour tirer ainsi des conclusions alors qu’on ne sait évidemment rien sur la ou les tournures que ça peut prendre. Et tout cas moi ça me fait plaisir de voir ces groupes informels se mobiliser et se parler.

    • Au passage, on accrédite à tout instant l’idée que la « démocratie » c’est ça, quelques centaines de personnes sur une place, échantillon absolument non-représentatif de la population, qui jouent à « l’Assemblée générale » comme on joue à la dînette...

      Ce passage aussi, comme @intempestive m’a marqué… dans le sens où ces 100 personnes sont probablement déjà plus représentatives que l’élite gouvernante, bien moins diversifiée.

    • @intempestive c’est assez frappant la différence entre ce témoignage recueilli par Cyran et le résumé partagé par Brygo quasi en même temps de celleux qui tiennent le compte twitter nuitdebout, à propos de l’émission sur France2 :

      Et Brygo de commenter :

      De la volonté revendiquée de n’être « rien d’autre que du spectacle dans le spectacle »

      Il y a bien évidemment de multiples tendances, et là avec ces deux facettes on a un sacré écart. Différence entre actions sur le terrain en ville, et celleux qui cherchent à parler dans « les médias » (2.0 twitter, etc, ou France 2, peu importe) ? Oui ok j’extrapole à mort là :D

    • « Marx avait dit que les révolutions sont la locomotive de l’histoire mondiale. Mais peut-être les choses se présentent- elles autrement. Il se peut que les révolutions soient l’acte par lequel l’humanité qui voyage dans ce train tire le frein d’urgence. »

      Walter Benjamin
      Si #nuit_debout, OWS, la contestation en Grèce, en Espagne... n’est pas le grand soir ou la révolution avec un grand R. Les occupants.es de la place de la république, à Paris et ailleurs nous invitent à tirer le frein d’urgence avec eux. L’emballement de la machine est tellement violent que point trop nombreux nous seront à tirer sur ce frein.
      Reste la question de savoir, c’est comment qu’on freine !

      Tandis que les circuits financiers implosent, gestionnaires et gouvernants comptent bien faire payer l’addition aux pauvres. À contre-courant du discours économique ambiant, Paul Mattick souligne, dans ce bref rappel aux réalités, qu’une politique interventionniste ne suffira pas à résoudre les épineuses contradictions que la panique financière a révélées à tous. Car c’est la logique même de la quête du profit qui, de fuite en avant en fuite en avant, est arrivée à son point d’explosion. Tant que les êtres humains ne sauront pas la dépasser en actes, les aberrations du système s’aggraveront, ainsi que les calamités sociales, culturelles et environnementales. http://www.insomniaqueediteur.org/publications/le-jour-de-laddition

      Cette révolte ne s’arrêtera jamais. dans L’échaudée N°1
      Au début, les seigneurs de la finance dans les gratte-ciel autour de Zuccotti Park, qui jouent avec l’argent et les vies, qui font marcher à la baguette la classe politique, la presse et le système judiciaire, qui font des bénéfices en détruisant l’écosystème et puisent dans les caisses de l’Etat pour leur paris et leur spéculation, n’ont guère prêté attention aux activistes qui occupaient la place à leur pieds depuis près de trois semaines.
      Les élites regardent quiconque dépassant leur sphère immédiate comme marginal et invisible. Quelle importance peut avoir pour les puissants une jeune femme au nom de Ketchup, qui travaille dans un théâtre coopératif à Chicago et paie ses factures comme serveuse ? Pourquoi elle et ceux de Zuccotti Park compteraient-ils ? Quelle menace les faibles peuvent-ils représenter pour les forts ? Vouant un culte à l’argent, leur seaux débordant de sous, les puissants pensent qu’ils peuvent acheter puissance et sécurité à tout jamais. C’est ainsi que la banque Morgan Chase a octroyé 4,6 millions de dollars à la fondation de la police de la ville de New-York la semaine dernière. Agenouillés devant les idoles du marché, aveuglés par leur suffisance, insensibles à la souffrance humaine, bouffis d’avidité et de privilèges illimités, tous ces seigneurs allaient bientôt comprendre ce que signifie la folie d’un orgueil démesuré.
      [...] Voilà pourquoi les élites, et le système de pouvoir capitaliste pourri et dégénéré qu’elles soutiennent, ont de sérieux ennuis. Voilà pourquoi elles demandent sans cesse quelles sont les revendications. Elles ne savent pas ce qui se passe. Elles sont sourdes, muettes et aveugles.
      Chris Hedges. (The Occupied Wall Street Journal, 8/10/2011)
      http://occupywallst.org
      http://www.autrefutur.net/Retour-sur-Occupy-Wall-Street-quelles-lecons-en-tirer


      Ils ne font plus beaucoup parler d’eux, trêve hivernale oblige. Mais ils sont encore là - à preuve, les 68 arrestations réalisées par la police le soir du jour de l’an, quand des participants d’Occupy New York ont tenté de réoccuper Zuccotti Park. L’hibernation n’est pas totale, donc. Le bon moment pour revenir sur les racines, réussites et échec du mouvement Occupy aux États-Unis.
      http://www.article11.info/?Occupy-cette-agacante-interruption#a_titre

    • Nuit Debout : faire briller les pierres précieuses...

      http://www.contretemps.eu/interventions/nuit-debout-faire-briller-pierres-pr%C3%A9cieuses

      La question de l’extension

      Extension sociale par le développement de Nuit Debout parmi les couches populaires et les quartiers, ce qui passe autant par les thèmes et revendications abordés que par les lieux de développement. La préoccupation est présente place de la République à Paris, notamment, et c’est très positif. Mais cela ne pourra se faire qu’en rompant avec toute forme de paternalisme. Les quartiers populaires ne sont pas des « terres de mission » pour militant•e•s, des lieux sans politique. La connexion avec Nuit Debout ne pourra se faire qu’au travers le rôle moteur qu’auront les habitant•e•s de ces quartiers eux et elles-mêmes, et les réseaux existants dans ces quartiers. La question se pose dans des termes similaires en ce qui concerne la solidarité avec les sans-papiers et réfugié•e•s.

      Extension politique enfin par le refus de toute "institutionnalisation" de Nuit Debout et de ses objectifs. L’idée d’une nouvelle « Constitution » à rédiger, lancée au départ par Frédéric Lordon, a été rapidement reprise dans les assemblées. L’aspect séduisant de la démarche est le radicalisme qui la sous-tend. Il n’y aurait plus rien à tirer des cadres institutionnels existants, il s’agit de refonder une réelle légitimité démocratique « par en bas ». Mais les risques sont aussi grands d’un nouveau formalisme oubliant que les règles d’un nouveau monde ne peuvent être écrits par une minorité mais supposent l’insurrection de la majorité. D’où la nécessité de l’extension politique aux questions soulevées dans les quartiers, de l’antiracisme, l’internationalisme, les luttes contre le sexisme et la LGBTphobie, etc. D’où la nécessité des questions posées autour du rôle du travail, vecteur d’aliénation mais aussi potentiellement lieu collectif de lutte et de pouvoir social.

    • et aussi ce passage :

      Il ne faut pas oublier qu’aux dernières élections (régionales) le Front National a obtenu plus de 50% des voix au sein de la police et de l’armée, score qui atteint 70% chez les flics en activité. La police et l’armée sont au coeur du pouvoir et leur violence directe est l’expression pratique de la violence de la domination de la classe dirigeante. Sans stratégie de confrontation avec la police, le mouvement devra renoncer à ses acquis et, en premier lieu, aux places qu’il occupe. Par ailleurs, propager l’idée qu’il pourrait y avoir une alliance possible avec la police deviendrait un obstacle à l’extension nécessaire du mouvement aux quartiers populaires, aux migrant•e•s, réfugié•e•s et sans-papiers, aux syndicalistes radicaux, tou•te•s touché•e•s directement et très concrètement par la violence policière.

      #violence #violences_policières

    • Il y a clairement une tentative d’entrisme de la part d’une partie de la droite-ps-cfdt et de l’extrême droite d’étienne chouard. Baki Youssoufou a fait un vrai raid avec Raiz sur toute la com’ de la nuit debout et ce depuit le 1 avril (arf). Aujourd’hui (au moins) il y avait un stand des Citoyens Constituants, association qui multiplie les liens avec les fachos. En plus, sur son blog Étienne Chouard se réjouit que « Frédéric » (Lordon) rejoigne l’idée de constituante. Bref le confusionnisme à tous les étages.

    • Concernant #Baki_Youssoufou il semble être une figure de « pointe » des actions citoyennes en ligne : il est le co-fondateur de We Sign It : http://fr.gravatar.com/bakiyoussoufou
      http://www.franceinfo.fr/emission/itineraires/2013-2014/baki-youssoufou-we-sign-it-est-une-plateforme-de-petition-de-mobilisation
      Il a un CV plutôt rempli, il a été porte parole du mouvement « qui va payer » : http://www.franceinter.fr/personne-baki-youssoufou
      Il a été aussi porte parole de feu la confédération étudiante : https://www.linkedin.com/in/baki-youssoufou-81a85930
      Il a même été présenté comme anarcho-syndicaliste par Jeune Afrique : http://www.jeuneafrique.com/142725/politique/baki-youssoufou-anarcho-syndicaliste
      Ce n’est pas quelqu’un qui se cache, il a fait de nombreuses interview et se présente souvent comme activiste pour la révolution citoyenne en ligne : https://www.youtube.com/results?search_query=Baki+YOUSSOUFOU+
      Vu les bases qui ont fondé Nuit Debout, je ne suis donc pas étonnée de voir une personne comme lui déposer le nom, peut-être même sincèrement pour le protéger de toute récupération commerciale.
      Reste cependant ce goût amer d’un manque de transparence dans un tel mouvement. Et je comprends vraiment, je trouve même important, de se questionner sur l’horizontalité de #NuitDebout !

    • Question com et site internet, la quadrature et d’autres gens biens appellent à rejoindre le groupe numérique des nuits debouts, ça manque de techos web, notamment adminsys … et de formation au libre.

    • @val_k

      Vu les bases qui ont fondé Nuit Debout, je ne suis donc pas étonnée de voir une personne comme lui déposer le nom, peut-être même sincèrement pour le protéger de toute récupération commerciale.

      C’est tout l’inverse.

      D’une part la Confédération Étudiante, la CÉ, est la branche étudiante de la CFDT dont les pratiques et l’idéologie couchées devant le capitaliste sont justement combattus par Nuit Debout Convergence des Luttes.

      Ensuite Baki Youssoufou est lui-même patron-entrepreneur de WeSignIt et de Raiz. Il est toujours en lien avec la CFDT, une partie du patronat entrepreneurial comme Benoît Thieulin - proche du parti socialiste. Ou encore Bleu Blanc Zèbre d’Alexandre Jardin et Jean Paul Delevoye qui a notamment cassé les retraites des fonctionnaires en 2003 avec, oh hasard, le soutien de la CFDT http://www.monde-libertaire.fr/?page=archives&numarchive=11057

      Un de ses fidèle collègue est Benjamin Ball qui semble très conciliant envers la présence de l’extrême droite http://www.streetpress.com/sujet/1448648139-benjamin-ball-militant-jedi-indignes et qui travail pour Nouvel Donne (Tiens un autre parti proche du patronat) :

      http://lahorde.samizdat.net/2015/02/17/isere-nouvelle-donne-le-confusionnisme-participe-aux-listes-citoye
      On retrouve aussi comme salarié du parti, Benjamin Ball, en tant que coordinateur des actions de communication web de Nouvelle Donne, qui est un ancien des Indignés parisien, ce mouvement qui réunit des personnages comme Grégory Pasqueille (poursuivi par la justice pour antisémitisme, et grand défenseur de la Manif pour Tous), Raphaël Berland (animateur du site du Cercle des Volontaires), ou encore Jonathan Moadab (animateur du site confusionniste Agence Info Libre).

      Donc Baki Youssoufou est à l’opposé du ras-le-bol des politicards professionnels de la politique, proches du patronat, rois de l’entourloupe et à la politique fadasse.

      D’autre part la stratégie vise justement à étouffer le mouvement puisque pendant 2 semaines (il semble que cela ai changer hier) l’ensemble de la communication a étouffer les expressions et revendications politisées, très majoritairement de gauche rouge, présentes sur la place de la République.

      Un des rares messages politisés a été une photo où on voit un homme, que je ne connais pas, revendiquer une constituante - justement la thématique des chouaristes présents sur place : les Citoyens Constituants, le nom de domaine permet de voir que derrière il y a #Lionel_Kahan qui flirte avec l’extrême droite (dont le Cercle des Volontaires qui réalise des films sur place comme l’interview de Finkielkraut). http://confusionnisme.info/2015/04/11/des-membres-du-m6r-invites-du-cercle-des-volontaires

      Un autre message a justement été de lancer une pétition (par l’entreprise marchande de pétition dont Baki Youssoufou est propriétaire : WeSignIt) en soutien à la Nuit Debout - action ridicule au regard de ce qui est dit en AG et qui fait par ailleurs et même de l’objectif de Nuit Debout Convergence des Luttes : occuper l’espace, descendre dans la rue, ne pas rester chez soi, regrouper tout le monde dans les rues. Et donc ne surtout pas signer des pétitions inutiles.

      Donc oui c’est une récupération commerciale et politique.

    • Sur agoravox.tv, les fachos s’expriment ouvertement pour pleurer que Fkk et Chd ont été virés des nuits debouts par la gauche rouge qui donc ne serait pas démocratique en prenant pour preuve la vidéo relayée par @intempestive (le gag).
      Je ne sais pas où en est le rapport de force, mais je pense que le besoin de discréditer nuit debout vient aussi de là …

    • Bientôt Floréal et la récolte de la sédition du 31mars en Prairial ou en ce 27 (Ste Hure de Chasteté, pénitente) de Clinamen : http://www.college-de-pataphysique.org/college/accueil_files/calenpat.pdf
      soit 18 jours après la première #nuit_debout à la sainte trique, lunatique de ce même Clinamen.
      Pourquoi ne pas inventer un nouveau calendrier comme cet illustre pataphysicien. Après tout ce n’est pas plus utopiste qu’une nouvelle constitution.
      Suite aux différends billets précédent et les dernières infos de @gastlag, @Valk, @intempestive ; je propose, illégitimement, que les agioteurs.euses de wesignit et autres cousins de la tour pointue et grandes oreilles de la préfectance seront jugé sur la place de grève et condamné à écouter en boucle
      C.Fourest, A. Finkielkraut et P. Rosanvallon jusqu’au bon vouloir de leur juges.
      Que nuit debout tienne le cap jusqu’au 9 Palotin
      ( Sts Boleslas et Ladislas, polonais ) pour repartir
      jusqu’à ce que mort s’en suive de cette #loi_travail.
      Ensuite nous abolirons le travail lui-même et tout ce qui va avec. En définitive : une rupture historique. Ou C.Fourest, A. Finkielkraut et P. Rosanvallon seront privé de parole. Et que au cas ou ils enfreindraient cette décision sous quelques formes que ce soit, même écrite. Le tribunal de la sainte réprobation du travail, après tirage à la courte paille d’un condamné.e, procédera à l’ablation linguale du malchanceux.
      #Alfred_Jarry

    • @intempestive : alors que le 4 Tatane sera la fête de tous les êtres troublés par la réalité-télé, jeunes et vieux, hommes et femmes, couillons et membrus, pichoues et en formes, se rebellent donc contre le dictat de l’insignifiance et participent à l’instauration d’une ‘Pataphysique nouvelle qui refonde l’irrévérence et l’irrespect qui ont donné à l’histoire les Rabelais et autres grands débauchés lucides qui éclairent encore, à des siècles de distance, la voie de la saine folie.
      Qu’en ce jour d’ ascension du mouchard, statisticien, psychiatre et policier seront mis en orbite tous ces ennemis du FL’P http://www.pataphysiquelibre.org/manifeste.html
      qui prouvera une fois pour toute que les cons en orbite n’en finiront pas de tourner.

    • C’est beau comme du ...Yves Pagès en, brièvement,
      1293 caractères bien sentis et des photos de terrains de luttes en cours.

      Sur le rétropédalage de la #CGT et son affiche avec le slogan : « La police doit protéger les citoyens et non les frapper ! »
      http://www.20minutes.fr/insolite/1829767-20160419-affiche-cgt-contre-violence-policieres-dechaine-internaut
      De bien belles histoires en perspective ou les cogne-dur encartés de la maison bourreman et du SCSI-CFDT ne chasseront plus que les individus jeunes chevelus, avec des blousons noirs, des capuches. (dixit Bernard Blier dans Buffet Froid) mais aussi leur collègues de La cgt-police ou autres affidés.
      Une police réformiste dans un syndicat conciliateur :

      L’arrivée du SCSI est hautement symbolique pour la CFDT, qui était jusqu’à présent très peu présente dans la police nationale. L’objectif consiste à s’appuyer sur cette nouvelle force afin de convaincre l’ensemble des policiers de faire confiance à la #CFDT pour les représenter, quels que soient leur grade et fonction.

      http://www.cfdt.fr/portail/un-syndicat-de-policiers-rejoint-la-cfdt-srv1_215651
      SCSI-CFDT Le syndicalisme 360° #syndicat_de_policiers http://docs.google.com/viewerng/viewer?url=http://scsi-pn.fr/wp-content/uploads/2016/04/SYNTHESE_PPCR_PP.pdf&hl=fr
      http://scsi-pn.fr

      http://lignesdeforce.wordpress.com/2016/04/18/feu-a-volonte-et-que-la-guerre-des-polices-nous-debarrasse-

    • Le mieux pour le mouvement #nuit_debout c’est qu’il reste incontrôlable. Pour le site, je comprends l’embarras de Noémie qui a vu son nom cité dans le quotidien vespéral. Mais cela semble relever de l’#entropie. Même si quelques-uns.es ont créé wiki.nuitdebout.fr pour

      « On pense aux gens qui sont à la campagne, là où il ne se passe rien et où il n’y a pas de Nuit Debout. On reçoit aussi des messages sur FB de personnes qui sont handicapées et qui ne peuvent pas sortir de chez elles et qui sont heureuses de suivre le mouvement grâce à internet ».

      Il se passe toujours quelque chose à la cambrousse, ça va être l’ouverture de la pêche et même sans permis ; tu peux poser ou relever des collets pour attraper des lapins. Et voilà ! un bon civet de lièvre avec des pataches.
      De l’entropie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Entropie , on glisse à la #théorie_de_l'information : http://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_de_l%27information
      En théorie, l’information diminue l’incertitude. En théorie de la décision, on considère même qu’il ne faut appeler "information " que ce qui est " susceptible d’avoir un effet
      sur nos décisions." ( peu de choses dans un journal sont à ce compte des informations ...) En pratique l’excès d’information tel qu’il se présente dans les systèmes de #messagerie_électronique, peut aboutir à une #saturation, et empêcher la prise de décision. Canaliser les #mass_média et les laisser clapoter dans leur #soupe.
      En conclusion de Numerama : Ils voient tous à travers l’outil numérique « l’espoir d’une démocratie ouverte ». Pour eux le problème réside dans le fait que la politique et l’économie ont très peu innové en 200 ans. Pour Pierre, « c’est dingue de voir qu’on arrive à créer des #intelligences_artificielles et envoyer des trucs sur des planètes, alors qu’au niveau politico-économique c’est le #moyen-âge ». Pour Nuit Debout, les outils #numérique seraient donc une façon de relancer le #progrès.

      Comme la vie est lente et comme l’espérance est violente

      #Apollinaire

      et

      La vie sérieuse marche à 3 km/h. C’est à dire au pas d’une vache sur la route. Le danger d’une vie comme la nôtre, c’est de croire aux 1200 km/h de l’avion et que ce truc là change quoi que ce soit à la création, soit artistique, soit scientifique. Elle est contrainte par la règle des grandes forces naturelles ; un arbre met 10 ans à devenir un arbre. Et un grand tableau ? Et un beau roman ? Et une belle invention ? Du 3 km/h, Monsieur, et encore !

      #Fernand_Léger.

  • Je hais les indifférents, par Antonio Gramsci
    http://dormirajamais.org/gramsci

    Je hais les indifférents. Je crois comme Friedrich Hebbel que « vivre signifie être partisans ». Il ne peut exister seulement des hommes, des étrangers à la cité. Celui qui vit vraiment ne peut qu’être citoyen, et prendre parti. L’indifférence c’est l’aboulie, le parasitisme, la lâcheté, ce n’est pas la vie. C’est pourquoi je hais les indifférents.

    L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est le boulet de plomb pour le novateur, c’est la matière inerte où se noient souvent les enthousiasmes les plus resplendissants, c’est l’étang qui entoure la vieille ville et la défend mieux que les murs les plus solides, mieux que les poitrines de ses guerriers, parce qu’elle engloutit dans ses remous limoneux les assaillants, les décime et les décourage et quelquefois les fait renoncer à l’entreprise héroïque.

    #indifférence via @isskein qui a opportunément ressorti ce texte seenthisé plusieurs fois déjà.

    • Pourquoi je hais l’indifférence, d’Antonio Gramsci

      « Nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner pendant vingt ans », clama le procureur Isgro avant d’envoyer le militant communiste #AntonioGramsci en prison, le 8 novembre 1926. Il s’éteindra à sa sortie, en 1937, après avoir légué aux socialistes de tous les pays ses fameux Carnets de prison — travail d’orfèvre élaboré au rythme de ses allées et venues dans sa geôle. Le présent recueil d’articles, majoritairement écrits dans les années 1917 et 1918 (c’est-à-dire avant l’aventure conseilliste de Turin), est une belle clé d’entrée dans son oeuvre. On y saisit les germes des futurs apports conceptuels et pratiques du penseur. L’ouvrage est construit en cinq sections, montrant l’immersion de cet intellectuel dans le monde réel des exploités : l’indignation, la politique et les politiciens, l’éducation des Italiens, les maux de l’État italien et l’opposition à la guerre. Antonio Gramsci y aborde des notions ordinaires, telles que l’hôpital, la religion, la guerre, la propagande, la bureaucratie, l’éducation, la famille, le milieu carcéral, le productivisme ou encore la modernité technicienne… Il le fait avec le langage du cœur et de la camaraderie, jetant aux bûchers des vanités le jargon de la « science » révolutionnaire. Chaque page fait montre d’une empathie pour le commun — non pas comme masse laborieuse, mais comme genre humain qui survit déjà par la solidarité. À l’écoute du peuple tel qu’il est, le communiste n’hésite pas à puiser dans un référentiel chrétien et teinte son socialisme d’un romantisme qui n’est pas sans rappeler celui de Walter Benjamin ou de Rosa Luxemburg. Les exploités, écrit-il à grands traits, ne peuvent échapper au pouvoir qui impose son hégémonie. Pour ne pas sombrer dans l’indifférence — marqueur de la liberté des dégagés de la vie —, l’individu doit cheminer avec colère et indignation, sans jamais, toutefois, perdre de vue le sens de l’empathie. La destination ? Une sorte de confrérie guidée par la sensibilité (pour percevoir), l’intelligence (pour analyser) et l’imagination (pour trouver une solution). Et l’œuvre complète de Gramsci de passer de la seule dénonciation de l’indifférence à la promotion directe d’une organisation collective, arme de subversion contre l’hégémonie dominante et premier pas vers l’action.

      Éditions Payot Rivages, 2012

      http://www.revue-ballast.fr/cartouches-8
      http://www.revue-ballast.fr/gramsci-pasolini-recit-dune-fraternite

      Person:Antonio Gramsci

  • Argent, sexe et pouvoir
    http://inventin.lautre.net/contributions.html#sanguinetti

    Dans l’actuel Etat d’urgence permanent, il faut aux jaloux et aux réviseurs de l’histoire non seulement détruire tout vrai opposant, mais même tous ceux qui avaient pu exister auparavant, dont il est nécessaire effacer, démolir ou salir la mémoire et le modèle… Il faut prévenir toute éventuelle émulation. Il faut pousser tous les Walter Benjamin au suicide. Dresser des listes de proscription… Les vraies révoltes, ainsi que les vrais révoltés, doivent être anéantis à jamais, éliminés, censurés, calomniés, mis au pilori. C’est à cette nécessité incontournable et urgente que répond précisément le dernier travail de Jean-Marie Apostolidès, lequel vient de paraître chez Flammarion sous le titre Debord Le Naufrageur… L’auteur est animé par ce que Spinoza appelait « les passions tristes », et en ceci il est parfaitement en (...)

  • Refusons l’état d’urgence

    Sophie Wahnich

    Nous avons déjà assisté au rapatriement de la gendarmerie au sein du ministère de l’Intérieur, ce qui tend à brouiller la frontière entre police et armée, à faire rentrer la police dans un régime d’action militaire. C’était le cas à Sivens, avec pour conséquence l’issue tragique que chacun a encore en mémoire. Tout ceci contrevient à la logique historique du maintien de l’ordre républicain depuis la fusillade de Fourmies qui a toujours visé, malgré quelques écarts, la dissociation entre régime policier et régime militaire. Or, comme l’écrivait Walter Benjamin, lorsque la police n’applique plus la loi, mais la fait, le règne de l’arbitraire détruit toute fondation démocratique où la « force de loi » doit dépendre du peuple souverain, et non de la violence policière, qu’elle soit physique ou symbolique.

    http://www.regards.fr/web/article/sophie-wahnich-l-etat-d-urgence

    Fourmies, 1er mai 1891

    Le 1er mai 1891, les organisations ouvrières se préparent par différents moyens, dont la grève, à obtenir enfin la journée de 8 heures.
    A Fourmies, petite ville textile du Nord de la France, à 10 Heures du matin, Les délégués désignés en Assemblée Générale des Travailleurs et réunis au Café du Cygne, rue des Eliets, se rendent à la Mairie. Ils ont prévu d’y exposer leurs revendications :

    La journée de huit heures ;
    L’application de l’unification de l’heure pour la rentrée et sortie des fabriques et la même heure pour toutes, annoncée par la cloche locale ;
    Création d’une Bourse du Travail ;
    Révision générale des tarifs, suppression des règlements léonins, abrogation des amendes et des mal façons ;
    Fixation de la paie tous les huit jours, sans retard laissé dans la caisse des patrons au détriment de l’ouvrier, et l’obligation réciproque de prévenir 8 jours à l’avance en cas de cessation de travail ;
    Suppression des octrois ;
    Amélioration hygiénique à apporter dans certains ateliers en particulier à Fourmies et sa région ;
    Création de Caisses de retraites pour les ouvriers ;

    En réaction le patronat menace de licenciement celles et ceux qui arrêteront le travail. Pour lui venir en aide, il obtient du préfet la mobilisation de deux compagnies d’infanterie équipées du nouveau fusil Lebel ( 9 balles de calibre 8 mm).

    Ils avaient espéré épouvanter les ouvriers, mais ils ne purent que les exaspérer. Les plus indifférents furent pris de rage à cette menace qui les poussait à une cessation générale du travail. La quantité d’ouvriers qui ont été le 1er mai an travail fut si infime, que les fabricants durent les renvoyer chez eux. Paul Lafargue

    En fin de journée, face aux centaines de manifestants qui tentent d’obtenir la libération de grévistes interpellés dans la matinée et emprisonnés dans la mairie, le commandant Chapus crie : « Feu ! feu ! feu rapide ! Visez le porte-drapeau ! » La troupe s’exécute tuant en quelques dizaines de secondes 9 manifestants - dont 4 femmes et un enfant - et en blesse une quarantaine d’autres.

    Le Matin, du 5 mai 1891, dénonce les « responsables » du drame :

    Le crime vient de plus haut et de plus loin. Il vient de ces faux apôtres du progrès, philosophes de quatre sous et politiciens de pacotille, qui ont entrepris de réformer les mœurs politiques de la France, en la déshabituant de ses anciennes croyances. C’est l’enseignement matérialiste inauguré par eux dans nos écoles qui engendre ces revendications impatientes et brutales.

    Le Nouvel Éclaireur de l’Oise, du 9 mai juge les enragés :

    On a tué des femmes et des enfants ! crie-t-on. C’est vrai, c’est très fâcheux, soit ; mais qu’est-ce que ces femmes et ces enfants allaient faire là, s’il vous plaît ? Ils allaient porter aux hommes des pierres et des bâtons pour les jeter sur les soldats ; les femmes étaient là pour exciter les hommes et pour leur servir de bouclier. Tant pis pour eux. « Fallait pas qu’ils y aillent » dit la chanson, et ici la chanson dit vrai.

    Et L’Illustration, du 9 mai, ne cache pas son admiration pour le travail bien fait :

    C’est le fusil Lebel qui vient d’entrer en scène pour la première fois... Il ressort de ce nouveau fait à l’actif de la balle Lebel qu’elle peut très certainement traverser trois ou quatre personnes à la suite les uns des autres et les tuer.

    Suite aux massacre, un débat parlementaire s’ouvre à la Chambre des Députés tandis que Culine et Lafargue sont arrêtés. Clemenceau réclame une amnistie générale en s’écriant : « C’est le quatrième État qui se lève et qui arrive à la conquête du pouvoir ». L’amnistie est repoussée.

    > 1er Mai 1891 : la fusillade de Fourmies - Histoire par l’image
    http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=95

    > Sur le site marxists.org, le texte de Paul lafargue, « La boucherie de Fourmies du 1er mai 1891 »
    https://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1891/05/lafargue_18910500.htm

    #Sophie_Wahnich #1er_mai 1er_mai_1891 #Fourmies #sivens #arbitraire #régime_policier #violence_policière #patronat #revendications

  • Howard Zinn, une histoire populaire américaine
    http://www.nova-cinema.org/prog/2016/152/varia/article/howard-zinn-une-histoire-populaire

    Olivier Azam & Daniel Mermet, 2015, FR, video, vo en st fr, 105’ « Puisque l’état d’exception dans lequel nous vivons est la règle, notre tâche consiste à instaurer le véritable état d’exception : le rejet de toute norme historique ». C’est en 1980, 40 ans après ces lignes de Walter Benjamin, que sort « Une histoire populaire des États-Unis, de 1492 à nos jours » d’Howard Zinn. Avec ce livre, Zinn fait sauter le vernis de l’histoire officielle américaine en revendiquant de nouvelles Histoires, celles des populations les plus pauvres et les plus fragiles, celle des vaincus et des exploités : Amérindiens, esclaves, Noirs, immigrés, ouvriers… Après « Chomsky & cie » en 2008, Olivier Azam et Daniel Mermet réalisent le premier volet d’une trilogie consacrée à Zinn et son histoire (...)

    • Courrier du canada :
      J’espère que la folie qui s’est abattue de nouveau sur Paris aura épargné vos amis et vos proches. Une amie à moi, Kathleen, a eu moins de chance... j’ai trouvé la soirée très longue.
      ...
      Hier matin, après avoir entendu Hollande répéter son mantra « nous serons impitoyables... il faut les éliminer… grande coalition » etc… qui le fait se transformer sous nos yeux en hybride Bush/Blair, je poursuivais la lecture du livre excellent de Michael Löwy sur les thèses ( sur l’Histoire ) de Walter Benjamin. Les résultats de la pêche du jour :

      La rédemption/révolution n’aura pas lieu grâce au cours naturel des choses, le sens de l’histoire, le progrès inévitable. C’est à contre-courant qu’il faudra lutter. (…) La réflexion de Benjamin porte aussi sur le revers barbare de la médaille brillante et dorée de la culture, ce butin qui passe de vainqueur en vainqueur. Au lieu d’exposer la culture (ou la civilisation) et la barbarie comme deux pôles s’excluant mutuellement, ou comme des étapes différentes de l’évolution historique, Benjamin les présente comme unité contradictoire.

      Sur l’utopie et « l’état d’exception » ( à ne pas confondre... ) recherché par W.B. et l’incompréhension suscitée par ses positions chez les lecteurs de la « gauche classique » :

      L’objectif ultime de la lutte est de produire « le véritable état d’exception », c’est-à-dire l’abolition de la domination, la société sans classes. Benjamin aspire précisément, de toutes ses forces, à la véritable exception, la fin des pouvoirs autoritaires, aux antipodes de tous les « états d’exception » au sens de Carl Schmitt.
      ...
      Pour Benjamin, la quintessence de l’enfer est l’éternelle répétition du même.
      ...
      Puis, relecture de la Xe thèse, qui résonne ces jours, avec une presque affolante pertinence :
      À cet instant où gisent à terre les politiciens en qui les adversaires du fascisme avaient mis leur espoir, où ces politiciens aggravent leur défaite en trahissant leur propre cause, nous voudrions arracher l’enfant du siècle aux filets dans lesquels ils l’avaient enfermé. Le point de départ de notre réflexion est que l’attachement de ces politiciens au mythe du progrès, leur confiance dans la « masse » qui leur servait de « base », et finalement leur asservissement à un incontrôlable appareil ne furent que trois aspects d’une même réalité. Il s’agit de tenter de donner une idée de combien il coûte cher à notre façon de penser habituelle de mettre sur pied une conception de l’histoire qui ne se prête à aucune complicité avec celle à laquelle s’accrochent ces politiciens.

      Les barbares de Daech attaquent la Culture, cette dernière répond en envoyant un croiseur en Méditerranée… « nous serons impitoyable » … unité contradictoire…
      ...
      Bien amicalement,

      Benoit

  • LA VALEUR ESPRIT SACRIFIÉE À L’UTILE ?, par Vincent Teixeira | Blog de Paul Jorion
    http://www.pauljorion.com/blog/2015/09/26/la-valeur-esprit-sacrifiee-a-lutile-par-vincent-teixeira/#more-79110

    Face à certains outrages, aussi loin des illusions de l’angélisme que des poses du pessimisme, sans être ni pessimiste ni optimiste, sauf à se voiler la face, ou être dans l’auto-aveuglement, il est temps de sonner le tocsin, et comme disait Walter Benjamin , « il faut organiser le pessimisme »

    #sciences #sciences_humaines #capitalisme #utilité

  • In praise of dirty, sexy cities: the urban world according to Walter Benjamin | Cities | The Guardian

    http://www.theguardian.com/cities/2015/sep/21/walter-benjamin-marseille-moscow-cities?CMP=share_btn_tw

    via @isskein c’est un chouette texte !

    Marseille isn’t as wicked as it used to be. In 1929, the playwright and travel writer Basil Woon wrote From Deauville to Monte Carlo: a Guide to the Gay World of France, warning his respectable readers that, whatever they do, they should on no account visit France’s second city. “Thieves, cut-throats and other undesirables throng the narrow alleys and sisters of scarlet sit in the doorways of their places of business, catching you by the sleeve as you pass by. The dregs of the world are here unsifted … Marseille is the world’s wickedest port.”

  • " Thèses sur le concept d’histoire " par Walter Benjamin ( 1940 )

    http://enuncombatdouteux.blogspot.fr/2015/07/theses-sur-le-concept-dhistoire-par.html

    Il existe un tableau de Klee qui s’intitule « Angelus Novus ». Il représente un ange qui semble sur le point de s’éloigner de quelque chose qu’il fixe du regard. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. C’est à cela que doit ressembler l’Ange de l’Histoire. Son visage est tourné vers le passé. Là où nous apparaît une chaîne d’événements, il ne voit, lui, qu’une seule et unique catastrophe, qui sans cesse amoncelle ruines sur ruines et les précipite à ses pieds. Il voudrait bien s’attarder, réveiller les morts et rassembler ce qui a été démembré. Mais du paradis souffle une tempête qui s’est prise dans ses ailes, si violemment que l’ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse irrésistiblement vers l’avenir auquel il tourne le dos, tandis que le monceau de ruines devant lui s’élève jusqu’au ciel. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès.

  • Paris vu par Walter Benjamin
    http://plus.franceculture.fr/paris-vu-par-walter-benjamin

    Walter Benjamin décrit Paris au XIXe siècle comme un grand « désordre productif » faisant coexister la richesse et la pauvreté entre « promesses utopiques » et « fantasmagories oppressives ». Les Passages parisiens, représentent un extraordinaire hommage critique au Paris du XIXe siècle, brassant tous les thèmes (architecture, littérature, urbanisme, industrie, mode)... Comme Walter Benjamin, Jean Lacoste invite à comprendre notre époque de seuil entre deux siècles comme une « fantasmagorie »...

    #Paris #Représenter_l_Espace #Représenter_la_Ville #Géographie #Paris_au_19e_siècle #Walter_Benjamin #Représenter_Paris #Agrégation_de_Géographie #Littérature #Urbanisme #Géographie_et_Littérature #Géographie_Littéraire #Passages_Parisiens

  • CIP-IDF > Marcel Duchamp et le refus du travail
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=7151

    A une époque où le néo-libéralisme exige de chacun qu’il se fasse « entrepreneur de lui-même » et « capital humain », l’artiste sert de modèle à de nouveaux modes d’asservissement, fondés sur le contrôle, l’auto-exploitation, la course en avant productive, la soumission aux règles du marché. Pour rompre avec cette logique, Maurizio Lazzarato propose de se souvenir de Marcel Duchamp qui prônait le non-mouvement et l’action paresseuse.

    #refus_du_travail

    • Marx avait dit que les révolutions sont la locomotive de l’histoire mondiale. Mais peut-être les choses se présentent-elles tout autrement. Il se peut que les révolutions soient l’acte par lequel l’humanité qui voyage dans ce train tire le frein d’urgence.
      Walter Benjamin

      On ne peut plus se permettre d’être un jeune homme qui ne fait rien. Qui est-ce qui ne travaille pas ? On ne peut pas vivre sans travailler, c’est quelque chose d’affreux. Je me rappelle un livre qui s’appelait Le droit à la paresse ; ce droit n’existe plus.
      Marcel Duchamp

      « Vous préférez la vie au travail d’artiste ? » « Oui » répondit Marcel. Entretien avec Marcel Duchamp

      « John Cage se vante d’avoir introduit le silence dans la musique, moi je me targue d’avoir célébré la paresse dans les arts » dit quelque part Marcel Duchamp. La « grande paresse » de Marcel Duchamp a bouleversée l’art de façon plus radicale et durable que la débauche d’activité et de productivité d’un Picasso avec ses 50.000 œuvres.
      Duchamp pratique un refus obstiné du travail, qu’il s’agisse du travail salarié ou du travail artistique. Il refuse de se soumettre aux fonctions, aux rôles et aux normes de la société capitaliste. Ce refus n’interroge pas seulement l’artiste et l’art car, en se différenciant du « refus du travail des ouvriers » théorisé par l’#opéraïsme italien dans les années soixante, l’attitude de Duchamp peut nous aider à interroger les refus qui s’expriment depuis 2008 sur les places et dans les rues de la planète (Turquie, Brésil, Espagne, États-Unis, etc.).

      D’une part il élargit son domaine d’action, puisque ce refus concerne non seulement le travail salarié, mais toute fonction ou rôle auquel nous sommes assignés (femme/ homme, consommateur, usager, communicateur, chômeur, etc. ). Comme la grande majorité de ces fonctions, l’artiste n’est pas subordonné à un patron, mais à une panoplie de dispositifs de pouvoir. De la même manière que le « capital humain » dont l’artiste est devenu le modèle dans le néo-libéralisme, il doit se soustraire non seulement à ces pouvoirs « externes », mais aussi à l’emprise de son « égo » (créateur pour l’artiste ou entrepreneur pour le capital humain) qui donne à l’un et à l’autre l’illusion d’être libres.
      D’autre part, il permet de penser et de pratiquer un « refus du travail » en partant d’un principe éthico-politique qui n’est pas le travail. Il nous fait ainsi sortir du cercle enchanté de la production, de la productivité et des producteurs. Le travail a été à la fois la force et la faiblesse de la tradition communiste. Émancipation du travail ou émancipation par le travail ?
      Ambigüité sans issues.

      Le mouvement ouvrier a existé seulement parce que la grève était, en même temps, un refus, un non-mouvement, un désœuvrement radical, une inaction, un arrêt de la production qui suspendait les rôles, les fonctions et les hiérarchies de la division du travail dans l’usine. Le fait de problématiser un seul aspect de la lutte, la dimension du mouvement, a été un grand handicap qui a fait du mouvement ouvrier un accélérateur du productivisme, un accélérateur de l’industrialisation, le chantre du travail. L’autre dimension de la lutte, impliquant le « refus du travail », le non– mouvement ou la démobilisation a été délaissée ou insuffisamment problématisée dans le contexte du néolibéralisme.
      Le refus du travail ouvrier renvoie toujours, dans la perspective communiste, à quelque chose d’autre que lui-même. Il renvoie au politique, selon une double version, le parti ou l’État, tandis que Duchamp suggère de nous arrêter sur le refus, sur le non–mouvement, sur la démobilisation, et de déployer et expérimenter tout ce que l’action paresseuse crée comme possibles pour opérer une reconversion de la subjectivité, en inventant des nouvelles techniques d’existence et des nouvelles manière d’habiter le temps. Les mouvements féministes, après le refus d’exercer la fonction (et le travail de) « femme », semblent avoir suivie cette stratégie, plutôt que l’option politique classique.

      #artiste #capital_humain #livre_en_ligne

  • Fabula, la recherche en littérature
    http://www.fabula.org

    AUTOUR DE WALTER BENJAMIN

    Un philosophe-traducteur, un historien, un archiviste et une chercheuse en lettres se sont réunis pour discuter de l’enfance selon Walter Benjamin : que les textes du recueil Sens unique soient rendus à l’océan de tous les livres, c’est-à-dire à toute la littérature (c’est ce que Jacques Derrida — grand lecteur de Benjamin en son temps — désirait pour la philosophie). Pour tous les etudiants qui préparent l’agrégation de Lettres modernes, et pour tous ceux que la pensée de Benjamin continue d’inspirer, nous sommes heureux de publier la journée d’étude « Enfance. Autour de Walter Benjamin » dans les pages colloques en ligne de Fabula.

    (par DD, alias Arthemis Johnson)

    #colloque
    #Benjamin

  • Walter Benjamin : Fascism and Crisis | Ceasefire Magazine
    http://ceasefiremagazine.co.uk/walter-benjamin-fascism-crisis

    To outsiders, the national temperament seems to have become barbaric and violent in an incomprehensible way. According to Benjamin, this appearance – invisible to those within the process – occurs because people are wholly subordinated, to ‘circumstances, squalor and stupidity’, to collective forces. The sense of any right to live individually has disappeared. People also develop a ‘frenetic hatred of the life of the mind’. They annihilate it through forming ranks, counting bodies and advancing.

    #fascisme

  • #Walter_Benjamin et #Theodor_W._Adorno. Critique salvatrice et #Utopie.
    http://www.larevuedesressources.org/walter-benjamin-et-theodor-w-adorno-critique-salvatrice-et-uto

    Les grands novateurs de l’#Essai au #XXe_siècle qui influencèrent la postmodernité et renouvelèrent l’essai sur l’art, du moins ce qu’on en pense généralement, furent principalement, excepté Georg Lukács, les théoriciens sociologues du mouvement de l’école de Francfort, ainsi nommé à cause du projet marxiste de l’Institut de recherche sociale fondé en 1923 dans cette ville, qui les rassembla jusqu’à sa fermeture par le pouvoir nazi en 1933 (en fait un ajournement car le mouvement poursuivra son activité à (...)

    #Friedrich_Wilhelm_Nietzsche #Sociologie #Franz_Kafka #Millénarisme #Métaphysique #Christian_Schärf # Sonia_Goldblum #Traçés #École_de_Francfort #ENS_Éditions #Montaigne

  • Grèce : l’antisémitisme fait-il la loi ?
    http://blogs.mediapart.fr/blog/michael-lowy/020713/grece-l-antisemitisme-fait-il-la-loi

    A propos de Savas Mikhail, philosophe grec dans la lignée de Walter Benjamin et d’Ernst Bloch...Et les dernières turpitudes, parmi tant d’autres, de Samaras et de sa clique.

    L’affaire illustre non seulement l’extraordinaire culot des Messieurs de l’« Aube Dorée », mais aussi la complicité, de plus en plus évidente, de l’actuel gouvernement grec, présidé par Antonis Samaras, avec les fascistes grecs. Plusieurs Ministres de ce gouvernement de plus en plus autoritaire et répressif, sont originaires de l’extrême droite ; le secretaire d’Etat à l’immigration, Kostoulas, est l’auteur d’un ouvrage négationniste à la gloire du Troisième Reich, et son porte parole au Parlement, le député Makis Voridis, est un ami de Jean-Marie Le Pen et un ancien dirigeant du mouvement de jeunesse nationaliste promu par la dictature du Colonel Papadopoulos (1967-1974). Par ailleurs, la récente décision d’Antonis Samaras de fermer pure et simplement l’ERT, la radiotélévision publique grecque, en coupant le courant à ses antennes - décision qui a provoqué un crise gouvernementale, avec le départ du parti Gauche Démocratique - a été chaleureusement soutenue par Chryssi Avghi.

    #Grèce #Aube_dorée #fascisme

  • Tant qu’il y aura des dominants et des dominés « la lutte des classes » aura un avenir infini...
    À bientôt j’espère (1967-1968) un film de Chris Marker et Mariot Marret
    https://www.youtube.com/watch?v=pswaIh0Qa-g

    http://www.dvdclassik.com/critique/a-bientot-j-espere-marker-marret

    Marker filme la grève dans la filature de #Rhodiaceta (groupe Rhônes-Poulenc) de #Besançon en 1967, à la demande de #Pol_Cèbe, #bibliothécaire de l’usine. Cèbe envisage un projet où les ouvriers pourraient prendre en main leur #émancipation par la #réappropriation d’une #culture détenue par la #bourgeoisie. Ses préoccupations rencontrent celles de Marker et Marret qui désirent reproduire l’#expérience du ciné-train du cinéaste #Medvedkine. En 1932, le #réalisateur russe parcourait l’U.R.S.S. à bord d’un train, filmait les ouvriers et leur montrait juste après montage dans la journée le résultat. Application des théories de #Walter_Benjamin (1), l’idée était alors de permettre aux ouvriers de se #voir au #travail, de leur #donner les #outils pour l’#améliorer, bref #construire la nouvelle Russie. La méthode est directement issue de la première période du #cinéma où des #cinéastes itinérants allaient de ville en ville filmer les sorties d’usines et montrer le soir même aux habitants le résultat. Les gens se déplaçaient en masse, heureux de se voir, de voir leurs voisins, leurs amis. Medvedkine dépasse le simple #spectacle #mercantile dans une optique #politique et #sociale, un outil de #propagande au service d’un nouvel #idéal. Marker et Marret décident donc de prolonger cette expérience. Leur idée consiste à filmer au plus près le travail des ouvriers, leur mode de vie, de manière à leur faire #appréhender leurs #spécificités, leur culture, leur mode de vie. Et leur donner les outils pour changer leur condition. Tout commence avec un appel lancé à Marker par René Berchoud, secrétaire du CCPPO (voir bonus). Il l’enjoint de venir à #Rhodia car quelque chose s’y passe d’important. Déjà en #1936, les grandes #grèves démarrèrent dans les filatures du Jura et Berchoud sent qu’il n’assiste pas seulement à une grève, mais à une prise de #conscience. Une projection de Loin du Vietnam vient d’y être organisée, et ce pamphlet collectif a profondément marqué les ouvriers de l’usine. Pas seulement parce que c’est la première fois qu’une avant première est dédiée aux travailleurs, mais également car à travers ce travail, une idée se profile…

    Marker et Marret tournent alors #A_bientôt _j’espère, dont le titre même évoque quelque chose qui prend #corps. Dans ce #reportage sur la grève de la Rhodiaceta (groupe Rhônes-Poulec), les ouvriers se livrent, peut-être pour la première fois, devant la #caméra. Leurs revendications portent non sur les #salaires, mais plus généralement sur leur #qualité de #vie, et surtout sur l’accès à une #culture qui jusqu’ici leur paraissait impossible. Des paroles qui annoncent #Mai #68. A l’origine, le mouvement naît des menaces de licenciement qui pèsent sur les 14000 ouvriers du #groupe. Les paroles des #dirigeants résonnent bizarrement dans notre #société actuelle. Ils se réfugient déjà derrière le marché commun, expliquant que les #suppressions d’#emploi ne sont pas de leur fait, mais leur sont imposées par des forces extérieures. A bientôt j’espère s’ouvre sur l’image d’ouvriers qui, Noël approchant, choisissent des sapins. C’est bien en quelque sorte la #fête qui va marquer la fin du mouvement, les ouvriers voulant, malgré tout, pouvoir offrir des cadeaux à leurs enfants. Si l’ouverture annonce la fin du film, elle enchaîne immédiatement sur un #meeting qui s’improvise sous la neige, annonçant d’emblée que malgré la fin abrupte du mouvement, il y a quelque chose qui en naît et qui se poursuivra.

    #luttes_Des_classes #Usine #Taylorisme #Ouvriers#prolétariat #Capitalisme #Communisme #Culture #Peuples #Exploitation #Domination #Groupes_Medvedkine #Chris_Marker #Mario_Marret #Alexandre_Medvedkine #Pol_Cèbe #Documentaire #Vidéo

  • La culture du partage ou la revanche des foules « L’Atelier des icônes
    http://culturevisuelle.org/icones/2731

    Au cours des années 1920, il devint évident que le cinéma était en train de modifier en profondeur le rapport des contemporains à la culture. L’adaptation des pratiques du théâtre à une nouvelle technologie et le succès mondial d’œuvres originales, notamment les films de Chaplin, furent perçus comme l’installation d’un nouvel art des masses1. Nul mieux que Walter Benjamin, dans son célèbre article “L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique”, n’a dessiné l’opposition paradigmatique de l’ancienne culture bourgeoise, appuyée sur le modèle de l’unicité de l’œuvre d’art, avec les nouveaux médias d’enregistrement, imposant par la reproductibilité le règne des industries culturelles2. Le cinéma n’a pas fait disparaître l’œuvre d’art. Mais il a doté d’une légitimité inédite les expressions de la culture populaire, contribuant ainsi au renouvellement des formes artistiques et à l’hybridation des cultures.

    Au cours des années 2000, il est devenu évident qu’internet, et particulièrement le web interactif, était en train de modifier en profondeur les pratiques culturelles. Alors que la circulation réglée des œuvres de l’esprit permettait d’en préserver le contrôle, la nouvelle fluidité des biens culturels a favorisé leur appropriation en dehors de tout cadre juridique ou commercial, au point de faire de l’acte même du partage la signature de l’opération culturelle

  • Les mondes d’hier
    http://www.monde-diplomatique.fr/2013/01/BOUCHARDEAU/48615

    Pour épigraphe de sa dernière œuvre, cette Ville des anges parue en 2010 à Berlin, Christa Wolf (1929-2011) avait choisi une phrase de Walter Benjamin : « Les véritables souvenirs doivent donc, plutôt que procéder à un compte rendu, désigner avec précision le lieu où le chercheur s’en est emparé. » Née en (...) / #Allemagne, États-Unis, #Histoire, #Intellectuels, #Littérature, #Nazisme, #Police, #Seconde_guerre_mondiale_1939-1945, #Services_secrets, #RDA_1949-1990, #RFA_1949-1990 - (...)

    #États-Unis #2013/01

  • Walter Benjamin, l’art et l’émancipation

    http://zones-subversives.over-blog.com/article-walter-banjamin-et-l-art-entre-marchandise-et-e

    Walter Benjamin, un marxiste critique influencé par la littérature, se penche sur l’art et la culture. Il dénonce déjà une culture de masse marchandisée et aliénante. Mais il insiste également sur la dimension émancipatrice de la créativité.

    Walter Benjamin (1892-1940) apparaît comme une figure singulière de la pensée critique. Il se rattache notamment au romantisme révolutionnaire et concilie le communisme avec l’art et la littérature. Ce penseur refuse la pensée froide et mécanique du marxisme scientifique. Sa critique du capitalisme et de la civilisation marchande s’appuie sur une analyse mais se nourrit également d’une sensibilité artistique inspirée par les surréalistes.

    Sa réflexion permet de penser une émancipation à travers la créativité et l’esthétique.

  • Accueil | Archives Getaway
    http://getaway.eu.org/accueil

    Nous collectons des tracts, brochures, affiches, livres, objets, sons, images, films liés aux luttes sociales et groupes révolutionnaires. Notre intérêt se porte sur la période allant des années 60 à aujourd’hui, sur ce qui s’est produit au plus près des luttes, qui émane principalement de collectifs éphémères et de mouvements tendant à dépasser le cadre des partis et syndicats, et qui donc, bien plus que les livres édités, est amené à disparaître si on n’en organise pas la conservation.

    Ce pourrait être : le plan de tournage d’un ciné tract, un tract d’un collectif de mal logés de votre quartier, un carton de brochures de votre oncle qui a été maoïste dans les années 70, le compte rendu de réunion d’un comité de quartier post 68, un album photo d’un squat des années 80, la bibliothèque d’un syndicaliste révolutionnaire, l’ordinateur d’un anti-technologie en lutte, si vous en trouvez un, la banderole d’une occupation d’Anpe dans les années 90 par des jeunes précaires, le film super 8 d’une manifestation quelconque, un des djembés du collectif de sans papiers de la Maison des Ensembles, l’affiche d’appel à mobilisation pour Klaus Croissant, un enregistrement sur bande magnétique d’une assemblée générale d’occupation à Billancourt, la transcription d’une discussion entre Guattari, Foucault, Fritz Lang, Tronti, Walter Benjamin et la femme de ménage en lutte du collège de France, un exemplaire du guide juridique « s’évader sans peine », la maquette d’un cortège de l’autonomie organisée, le 33 tours d’un chant de lutte en français pas trop insupportable à écouter, des croquis d’un foyer Sonacotra en grève, la vraie recette de la composition de classe, le plan de tissage de votre grand-mère bigouden traditionnellement en lutte contre le folklore, le plateau repas d’un gréviste de la faim des QHS, un des chapeaux des bombeuses à chapeau, le cahier de slogans d’un comité de lycéens, le clic-clac d’un psychiatre de l’anti-psychiatrie, la mob d’un jeune prolétaire rebelle métropolitain, la gamelle d’un sidérurgiste en grève, un slogan intéressant avec son fragment de mur ou à défaut une photo, une carte postale opéraïste... On irait jusqu’à prendre une tasse dessinée par Rodchenko. Par contre nous ne prendrons ni le bol à cheveux de Bernard Thibault, ni la cravate de Georges Marchais, ni l’exemplaire rare du discours dactylographié d’André Malraux accueillant les cendres de Jean Moulin au Panthéon – sauf pour financer les archives.

    Remuer le passé, lui demander des réponses et des explications n’est pas une opération anodine, recueillir des documents, s’en faire les dépositaires c’est aussi contracter une dette, c’est s’engager à essayer d’être à la hauteur des événements, victoires et défaites, joies, espoirs et désillusions qu’ils peuvent contenir. Ce n’est pas une responsabilité que l’on peut endosser seul. C’est aussi pour éviter les écueils d’un regard inapproprié sur cette histoire que la forme collective nous semble le mieux répondre à ce rôle, c’est comme une sorte de garantie contre les analyses vaines, pour trouver de la bienveillance, de l’intelligence et de la perspicacité.
    Mais le passé est muet. Face à lui, pour éviter le soliloque, nouer le dialogue au présent, dégeler ces paroles qui nous parviennent comme prises dans la glace, il faut être plusieurs. D’autres part, pour lui redonner vie, nous avons besoin de formes collectives capables de recevoir ses traces, aussi parce que pour la plupart elles sont le reste d’une élaboration collective. En somme nous souhaitons inventer des formes de travail. Ça pourrait être : appeler largement à venir lire et réfléchir ensemble sur une partie des archives qui serait à cette occasion déplacée dans un lieu public, élaborer une réédition avec des vrais morceaux de présent dedans, à partir de matériaux issus du fond préparer une discussion, la transcrire puis la diffuser, enquêter en partant de documents pour mieux comprendre une situation de lutte, bref, créer l’occasion d’articuler du travail collectif et du travail public, à ciel ouvert.

  • Normalize, l’application qui dénonce sa propre bêtise
    http://neosting.net/art-photo-image/normalisze-filtre.html

    Le philosophe et Critique Walter Benjamin parlait d’Aura pour définir dans son essai, L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, le concept caractérisant la spécificité de l’œuvre d’art qui est unique, liée à un endroit précis et qui s’inscrit dans ...

    #filtre #instagram #normalize #photo

  • Le motif le plus caché de celui qui collectionne pourrait peut-être se circonscrire ainsi : il accepte d’engager le combat contre la dispersion <Zerstreuung>. Le grand collectionneur, tout à fait à l’origine, est touché par la confusion et l’éparpillement des choses dans le monde. C’est ce même spectacle qui a tant occupé les hommes de l’âge baroque ; on ne peut, en particulier, expliquer l’image du monde de l’allégoricien sans le bouleversement passionnel que provoque ce spectacle. L’allégoricien forme pour ainsi dire le pôle opposé du collectionneur. Il a renoncé à élucider les choses par la voie d’une étude de leurs propriétés et leurs affinités. Il les détache de leur contexte et se fie dès le début à sa pénétration• pour élucider leur signification. Le collectionneur, au contraire, réunit les choses qui vont ensemble ; il parvient ainsi à fournir des renseignements sur les choses grâce à leurs affinités ou leur succession dans le temps. Mais un allégoricien ne se cache pas moins dans chaque collectionneur, et un collectionneur dans chaque allégoricien – et cela est plus important que toutes le différences qu’il peut y avoir entre eux. En ce qui concerne le collectionneur, sa collection n’est jamais complète ; lui manque-t-il une seule pièce <Stück>, et tout ce qu’il a recueilli n’est qu’une œuvre fragmentaire <Stückwerk>, ce que sont depuis le début les choses pour l’allégorie. Pour l’allégoricien, d’autre part, les choses ne représentent que les rubriques d’un dictionnaire secret qui révélera leurs significations à l’initié. Il n’aura donc jamais accumulé assez de choses, car une chose peut d’autant moins suppléer l’autre qu’aucune espèce de réflexion ne permet de prévoir la signification que la pénétration peut revendiquer pour chacune d’elles. [H 4a, 1]

    Walter Benjamin, « Notes et matériaux. H [Le collectionneur] », Paris, capitale du XIXe siècle : le livre des Passages, traduction Jean Lacoste, Cerf, 1989, p. 228-229.
    –––––––––––––––––––––––––––––

    • « Pénétration » traduit Tiefsinn [NdT]

    #Walter_Benjamin

  • La #presse comme appareil d’hégémonie selon #Gramsci
    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_2005_num_57_1_1661

    On doit à deux penseurs marxistes des années 1930 des conceptions critiques concernant la communication et les médias modernes. Il s’agit de Walter Benjamin et d’Antonio Gramsci. La pensée du premier a fait date avec l’essai L’œuvre d’art à l’âge de sa reproductibilité technique (1936) qui a ouvert en quelque sorte la critique de la culture développée par Max Horkheimer et Theodor W. Adorno, les pères de l’École de Francfort. On connaît moins en France l’apport en la matière d’Antonio Gramsci, fondateur du parti communiste italien et l’un des tout premiers philosophes marxistes du XXe siècle, aujourd’hui tombé dans l’oubli.