person:xavier bonnefond

  • La vie et la bataille juridique de Philippe Lalouel, prisonnier longue peine, nous apprennent beaucoup sur les formes d’exécution encore en cours dans le système pénal français :

    « Ils voulaient éliminer Philippe socialement, mais c’est raté »
    Entretien croisé autour du film Faites sortir l’accusé

    http://jefklak.org/ils-voulaient-eliminer-philippe-socialement-mais-cest-rate

    Par Sandrine Lapuyade
    Propos retranscrits par Xavier Bonnefond

    Si la France ne guillotine plus, elle continue d’exécuter. En 1985, Philippe Lalouel, 21 ans, se fait arrêter pour un braquage. Il n’est plus sorti de prison depuis, mis à part le temps de quelques brèves évasions et d’une conditionnelle accordée en 2009. C’est alors qu’il rencontre Monique. Victime d’isolement et de conditions matérielles cauchemardesques, il se fait reprendre pour de nouveaux braquages. En 2014, Philippe est condamné à dix-sept ans de prison supplémentaires. C’est pour mieux se préparer à l’appel de ce nouveau procès que se forme alors un comité de soutien autour de Philippe et Monique. Dans Faites sortir l’accusé. Histoire d’une longue peine (Les films du bout de la ville), Pierre Guérinet a filmé cette lutte et son amitié avec Philippe et Monique. À l’occasion de la sortie du DVD de ce documentaire, Jef Klak propose un entretien croisé de Pierre Guérinet et Monique Lalouel et, en Bonus, republie Une brève histoire de ma vie de Philippe Lalouel.

  • Gidra vit encore
    1969 à 1974 : histoire des activistes asiatiques-américain·es et mythe de la « minorité modèle »

    Par Clio Chang

    Traduction par Elvina Le Poul et Xavier Bonnefond

    Texte original : « The Forgotten History of America’s Radical Asian Activists », Splinter News , 6 déc. 2017

    http://jefklak.org/gidra-vit-encore

    Aux États-Unis comme en France, la minorité asiatique est souvent décrite comme un véritable modèle d’intégration, fondée sur le travail et la discrétion. Cette représentation, si généreuse qu’elle se croit, occulte les discriminations dont cette minorité est l’objet, et exige qu’elle reste à sa place dans une hiérarchie raciale. Or, de nombreuses voix ont remis en cause de l’intérieur et montré le coût du mythe de la minorité modèle. Retour sur l’histoire de la revue Gidra qui, de 1969 à 1974, a servi de matrice à un activisme souvent méconnu, même chez les Asiatiques-Américain⋅es…

  • « La gamification, c’est la rationalisation du jeu à des fins capitalistes »

    Entretien avec Sébastien Genvo, game designer

    Par Xavier Bonnefond

    http://jefklak.org/la-gamification-cest-la-rationalisation-du-jeu-a-des-fins-capitalistes

    Dans les secteurs du management et du marketing, mais aussi à l’école ou sur nos écrans, le nombre d’applications utilisant les mécanismes du jeu va croissant. Game designer et professeur à l’université de Lorraine, Sébastien Genvo s’attache à mettre en lumière le fondement béhavioriste de ce phénomène de « gamification ». À cette capture capitaliste et néolibérale du game, il oppose une conception libératrice de play, fondée sur les notions d’expérimentation et de réappropriation.

  • L’esprit du Turc mécanique

    Moyen-Orient : les petites mains du capitalisme informatique

    Par Miranda Hall

    Traduit par Ferdinand Cazalis et Xavier Bonnefond

    Texte original : « The Ghost of the Mechanical Turk », Jacobin, 16 déc. 2017.

    http://jefklak.org/lesprit-du-turc-mecanique

    Au Moyen-Orient, et sous couvert de lutte contre la pauvreté, le néolibéralisme exploite l’occupation et la guerre pour en retirer une main-d’œuvre la moins chère possible. Dans les territoires occupés de Palestine ou les camps de réfugié·es syrien·nes, les plans de développement de la Banque mondiale n’hésitent plus à promouvoir la sous-traitance de microtâches numériques pour le compte de grandes firmes internationales. Pour des rémunérations de misère et sans protection sociale, les plus vulnérables sont aujourd’hui forcé·es de jouer le jeu du « Turc mécanique » : travailler dans l’ombre pour faire croire aux populations occidentales que les nouvelles technologies fonctionnent comme par magie.

    • Ces efforts non dissimulés pour passer outre les réglementations locales dans les pays du Sud, de manière à servir les plateformes occidentales, font partie d’un plan bien plus ambitieux : la « Technologie pour le Bien », selon les mots des chantres du développement. Mais les technologies ne sont pas bonnes en soi. La réalisatrice palestinienne Tawil-Souri nous presse de prendre la mesure du côté obscur du progrès, à l’œuvre dans le rôle joué par Internet dans les sociétés du Moyen-Orient, qui inclut de manière décisive « une consolidation avancée du capital d’entreprise et l’imposition de ses critères et priorités à l’État-nation ». Malgré toute la rhétorique lyrique de l’accès « à l’économie du savoir global », les lignes directrices de la Banque mondiale n’auront aucun impact sur les problèmes structurels sous-jacents qui sont la cause première du chômage dans ces régions. En Palestine, par exemple, depuis les années 1990, les politiques de la Banque mondiale pour la paix et la construction de l’État ont tout misé sur la croissance du secteur privé, ignorant les rapports montrant que si l’occupation était levée, le PIB doublerait. La notion de « Technologie pour le Bien » est la suite logique de ce type de raisonnement fallacieux.

      @sinehebdo @kassem @orientxxi @mona

  • La surproduction de l’intelligence

    Université, précariat, et reconfiguration des classes sociales aux États-Unis

    Par Gary Roth

    http://jefklak.org/?p=5598

    Traduit de l’anglais par Xavier Bonnefond et Emmanuel Broda-Morhange

    Article original : « The Overproduction of Intelligence », The Brooklyn Rail

    Aux États-Unis comme en France, le système éducatif est à la fois un acteur majeur de la reproduction des inégalités et un vecteur important d’ascension sociale pour les populations défavorisées. Dans les années 1960-70, décrocher son diplôme pouvait donner accès à la classe moyenne, à un emploi stable et bien payé, à la culture, à la consommation et au « confort moderne ». Cela permettait en tous cas d’espérer échapper à sa condition sociale. Mais, une fois les communautés ouvrières liquidées et la désindustrialisation réalisée, qu’advient-il aujourd’hui des diplômé⋅es du supérieur que le marché du travail ne peut plus absorber ? Le sociologue et anthropologue Gary Roth propose ici une histoire audacieuse de ces intérimaires, travailleurs et travailleuses à temps partiel et « freelances » états-unien⋅nes qui constituent ce nouveau précariat diplômé.

  • Politique du harcèlement sexuel
    Cadre juridique et autonomie du mouvement féministe

    Par Linda Gordon

    Traduction par Valentine Dervaux et Xavier Bonnefond

    http://jefklak.org/?p=5235

    Mis en ligne dernièrement par Viewpoint Magazine , ce texte est une version légèrement remaniée du discours d’ouverture d’un débat public sur le harcèlement sexuel, organisé par un groupe de militantes féministes à Boston en février 1981. Il avait été initialement publié dans un numéro spécial sur le harcèlement sexuel de la revue Radical America (1981). Sa republication aujourd’hui est un rappel douloureux non seulement des résistances aux campagnes féministes pour la désobjectification des femmes, mais également du retour en arrière concernant la liberté des femmes auxquels nous sommes confronté·es actuellement.

  • Le remonte-couilles toulousain | Xavier Bonnefond et Paulin Dardel
    http://jefklak.org/?p=2880

    Pour beaucoup, le projet de loi du 28 juin 1974 a réglé définitivement le problème de la contraception. Encore aujourd’hui, la pilule pour femmes apparaît souvent comme une solution incontournable, sinon unique. Pourtant, la maîtrise de la fertilité recouvre des pratiques très variées : médicalisées ou autonomes, individuelles ou collectives, etc. Et si les femmes sont les premières concernées par la contraception, elles n’ont pas à en rester les seules actrices. Source : Jef Klak

  • Nouvelle-Calédonie : Mémoires de colonisés

    par Xavier Bonnefond

    http://cqfd-journal.org/Nouvelle-Caledonie-Memoires-de

    En avril 1917, des Kanak du nord de la Grande-Terre se lancent dans une guerre contre les colons et les autorités françaises douze mois durant. Vaincus, c’est par la parole et l’écriture qu’ils prirent le soin de garder mémoire de cet événement essentiel dans l’affirmation de l’identité kanak. Depuis les années 1970, l’anthropologue français Alban Bensa s’attache à recueillir des récits, en langue paicî décrivant et interprétant la guerre de 1917 – dont des ténô, longs poèmes de tradition orale et écrite. Les textes polyphoniques qui composent le livre bilingue Les Sanglots de l’aigle-pêcheur (Anacharsis, 2015) donnent la voix aux récits des colonisés. Entretien avec Alban Bensa.

  • Logique marchande de guerre

    « Chaque intervention militaire est une campagne publicitaire »

    Entretien croisé avec Mathieu Rigouste et Rodrigo Nabuco de Araujo, respectivement chercheurs en sciences sociales et en histoire, sur les enjeux financiers de la guerre.

    par Xavier Bonnefond

    http://cqfd-journal.org/Chaque-intervention-militaire-est


    Illustré par Etienne Savoye

    Dans l’entre-deux-guerres, des industriels construisent leur dynastie sur des contrats publics, pour combler les besoins militaires ou policiers de l’État au service des classes dominantes. Après 1968, les lois qui encadrent les marchés internationaux de l’armement puis de la sécurité sont dès lors pensées en collaboration étroite avec les industriels privés. Le secrétariat général de la Défense nationale supervise et autorise les ventes d’armes mais des structures hybrides se mettent en place, comme la Cofras ou la Sofema à travers lesquelles l’État organise son retrait partiel. La Cofras est par exemple conçue par et pour l’exportation de matériels et de savoir-faire vers l’Arabie Saoudite, et constitue un marché fondamental de la restructuration sécuritaire de l’impérialisme français. L’exportation et le transfert d’armements et de savoir-faire sont justifiés comme permettant de compenser les dépenses internes permettant à la France de tenir son rang au niveau international (armement nucléaire, maintien d’une armée capable de « projection », etc.). En échange, l’État se met au service des monopoles commerciaux privés.

    Paru dans CQFD n°139 (janvier 2016)