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  • Checkpoint Charlie,qui va là ? - Libération
    http://www.liberation.fr/cahier-special/2004/07/27/checkpoint-charliequi-va-la_487601


    Wat die andern so über uns erzählen. Diesmal: Frankreusch. Scheckpoingscharlie.

    A Berlin, l’ancien poste frontière entre l’Est et l’Ouest est toujours un no man’s land.
    Checkpoint Charlie,qui va là ?
    Après 18 heures, c’est le désert. Les Berlinois ont fui les bureaux modernes de la Friedrichstrasse qui fut, avant-guerre, l’une des rues les plus vivantes de la capitale prussienne. Avant de tomber à Berlin-Est. Depuis la chute du Mur, la rue est à nouveau très fréquentée. Les Galeries Lafayette construites par l’architecte Jean Nouvel, « le quartier 207 » de la haute couture et le showroom de Volkswagen attirent du monde. Mais plus on s’éloigne de Unter den Linden (les Champs-Elysées berlinois), plus les trottoirs se vident. Juste avant le croisement avec la Kochstrasse, deux terrains vagues sont envahis par des étals où l’on trouve des petits bouts de Mur, des casquettes de militaire russe, des Trabant (voitures est-allemandes) en plastique ou des matriochkas. Encore cinq mètres et « on passe à l’ouest ». Sur le sol, l’ancien emplacement du Mur est marqué par une rangée de pavés. Une baraque en bois blanche est posée au milieu d’un terre-plein. Deux énormes photos de soldats, un Russe et un Américain (une installation signée Frank Thiel), signalent aux passants que c’est bien là : Checkpoint Charlie, le plus célèbre de tous les points de passage entre Berlin-Ouest et Berlin-Est.

    Alphabet. Après la capitulation de l’Allemagne, Berlin avait été divisée en quatre zones d’occupation. A l’est, les Russes, et à l’ouest les forces alliées (France, Grande-Bretagne et Etats-Unis). Dès 1952, le régime communiste est-allemand commença à échafauder l’« opération muraille de Chine ». Le soulèvement ouvrier du 17 juin 1953 avait convaincu les dirigeants de l’ex-RDA de la nécessité de soustraire ses concitoyens aux mauvaises influences capitalistes. Le 13 août 1961, à minuit, la construction du mur de Berlin démarra. Séparée du nord au sud par ce « rideau de fer » de quatre mètres de haut, les deux parties de la ville étaient accessibles en sept postes frontières. Selon l’alphabet britannique, le troisième check point devait s’appeler Charlie (pour C), après Alpha (pour A) et Bravo (pour B). Situé dans la zone américaine, à la frontière des quartiers de Kreuzberg (Ouest) et Mitte (Est), Checkpoint Charlie est rapidement devenu le symbole de la confrontation entre les deux superpuissances.

    Le 17 août 1962, il fut le théâtre d’une tragédie qui a glacé toute une génération. Peter Fechter, un maçon de 18 ans, qui tentait de s’enfuir, a été laissé à l’agonie pendant des heures après avoir été criblé de vingt et une balles par les gardes-frontières de l’Est. Un an plus tôt, « certains pensaient vraiment qu’il y avait un danger de Troisième Guerre mondiale », racontent Werner Sikorski et Rainer Laabs, auteurs d’un livre sur l’histoire de Checkpoint Charlie (1). Le 22 octobre 1961, le ministre plénipotentiaire américain, Allan Lightner, s’apprêtait à traverser en voiture Checkpoint Charlie avec son épouse pour se rendre à l’opéra à Berlin-Est, quand un soldat de la NVA (Nationale Volksarmee) lui réclama ses papiers. Ce qui était totalement contraire aux règles en vigueur. Seuls les diplomates et les soldats alliés étaient autorisés à traverser librement Checkpoint Charlie. Les Allemands devaient choisir un autre poste frontière. Redoutant une modification des contrôles d’accès aux autoroutes reliant l’Allemagne de l’Ouest à Berlin, le gouvernement américain autorisa le général Clay à déployer des chars de protection. Une heure plus tard, les Soviétiques expédiaient trente chars T 54. Le 28 octobre, après quatre jours d’angoisse, la raison l’emporta. Checkpoint Charlie était entré dans l’histoire.

    1 008 morts. En 1963, on y vit s’y promener tour à tour le chef du Parti communiste soviétique Nikita Khrouchtchev (le 17 janvier) et le président américain John Kennedy (26 juin). Le poste frontière était désormais une station pour les visites officielles. Au même titre que la porte de Brandebourg.

    « ACHTUNG ! You are leaving the american sector » (Attention ! Vous quittez le secteur américain), indique encore un panneau d’époque. « Quand j’entends parler d’÷stalgie (nostalgie de l’Est), cela me révulse, s’exaspère Alexandra Hildebrandt, directrice du Musée du Mur baptisé Maison Checkpoint Charlie. 1 008 personnes sont mortes en tentant de s’évader d’Allemagne de l’Est. 270 000 personnes ont été emprisonnées pour des motifs politiques. La RDA était une dictature. Il ne faudrait pas l’oublier ! » Anticommuniste viscéral, Rainer Hildebrandt, son époux, mort l’été dernier, a ouvert ses premières salles d’exposition en 1963. Au fil du temps, il a pris possession de tous les bâtiments de la Friedrichstrasse, du numéro 43 au numéro 45. Son obsession : être le plus près possible du Mur.

    Pour pouvoir mieux observer le poste frontière, Rainer Hildebrandt avait même fini par prendre un appartement au-dessus du café Adler, le vieux café situé juste au coin de Checkpoint Charlie. « Souvent les photographes venaient dans le musée ou chez nous pour prendre des photos, raconte Alexandra. Après la guerre, tout n’était que ruines à Berlin, et l’un de leurs collègues avait eu un accident mortel en voulant prendre des clichés depuis un immeuble branlant. » Chaque année, 700 000 visiteurs arpentent l’exposition un brin poussiéreuse, consacrée aux diverses tentatives de fuite des Allemands de l’Est. Voiture-bélier, ballon, sac de courses... tout est là. Parfois, les réfugiés viennent raconter in vivo leurs histoires incroyables.

    « Foire ». En mai, la directrice du musée a eu un coup au coeur lorsqu’elle a vu deux personnages, déguisés en gardes-frontières de l’ex-RDA, s’installer devant la baraque de l’US Army. Se prétendant acteurs, ils proposent aux touristes de se faire photographier avec eux pour 1 euro. « Une atteinte insupportable à la mémoire des victimes du Mur », s’écrie Alexandra Hildebrandt qui rêvait de transformer cette place en « un lieu de recueillement » et non pas de « foire ». Les visiteurs, eux, sont enchantés. C’est la seule animation du quartier. Ici tout est gris, triste et moche. Comme si, le 9 novembre 1989, des milliers d’Est-Allemands n’étaient pas passés par là en hurlant de joie. Comme si Checkpoint Charlie avait gardé son côté no man’s land.

    #DDR #Geschichte #USA #Berlin #Mitte #Kreuzberg #Friedrichstraße #Kochstraße #Tourismus

  • Le grand Jacques est mort, qui qui dit mieux ?

    C’est le premier artiste dont j’ai été fan, celui qui m’a appris à être fan, à apprendre les paroles par coeur, à guetter les sorties de disque, les concerts, les festivals ou même les émissions de radio qu’on enregistrait ou même où l’on pouvait avoir l’occasion de le croiser et d’assister à l’une de ses imprévisibles performances, un de ses monologues drolatiques, une de ses improvisations interminable, et rater encore une fois le dernier métro...

    J’ai raté ses débuts au cinéma (dans Bébert et l’Omnibus, il jouait le grand frère de Bébert, je me souviens très bien de la scène) et son premier disque avec du jazz et des reprises de Boris Vian (de cette époque : les deux premières chansons fantastiques du best-of de l’INA que vous pouvez voir tout en bas de ce message).

    En revanche, à la maison on avait le disque Crabouif (1971), avec son pote Areski. Et c’est ainsi que je découvre un chanteur qui se permettait de déconner sur un disque (avec le jeune Arthur H.!) : Tiens j’ai dit tiens
    https://www.youtube.com/watch?v=dRjozdfB2xE

    Mais aussi la très jolie ballade, que j’ai déjà écoutée 14 fois aujourd’hui (faudra pas oublier de déposer des bottes de roses sur sa tombe) : Je suis mort qui qui dit mieux (...) Ceux qui ont jamais croqué d’la veuve (...), peuvent pas savoir ce qui gigote dans les trous du défunt cerveau quand sa moitié dépose une botte de rose sur l’chardon du terreau
    https://www.youtube.com/watch?v=RIgl2DioD7U

    Dans une France yéyé où la musique ne faisait pas le poids avec celle du reste du monde, la révolution Higelin s’appelait BBH75, qui fut peut-être le premier vrai disque de rock de ce pays, un trio sans concessions, comme avec ce Mona Lisa Klaxon psychédélique que je connaissais par coeur sans rien y comprendre (comme tout le reste du disque d’ailleurs, et des autres disques aussi !) :
    https://www.youtube.com/watch?v=iNEELFhPpdQ

    Et s’il se calmait, c’était quand même pour flatter le vice, Cigarette, dont on voit aussi une version dans la compilation de l’INA (je crois aussi me souvenir d’une excellente version du concert de Bercy en 1985, pas son meilleur par ailleurs, avec Pierre Chéreze à la guitare électrique, mais elle est introuvable sur youtube...).

    Mon disque préféré, il en faut bien un, c’était Alertez les Bébés (1976). La musique est plus sophistiquée, avec toujours de bons musiciens, comme Pierre Chéreze toujours, dans Le Minimum :
    https://www.youtube.com/watch?v=EWt7yrg9-9E

    Et il ose même me faire aimer l’accordéon dans un blues révolutionnaire, Coup de Blues :
    https://www.youtube.com/watch?v=hmvUZgRlhLg

    Mon frère avait acheté un 45 tours qui contenait une chanson inédite, Jaloux d’un Rêve, dont on peut voir un clip sur le best-of de l’INA (décidément très sympathique !). Et Vague à l’âme, qu’est-ce que je l’aimais cette chanson...
    https://www.youtube.com/watch?v=3G6cMwPVrdE

    A la sortie du triple album live à Mogador en 1981 (aussi mon préféré !), je suis dégoûté d’être trop jeune pour avoir raté ces concerts drôles et interminables. Sur la compile de l’INA on voit une version de Hold Tight, de Fats Waller s’il vous plaît, proche de qu’il faisait à l’époque. Mais écoutez ce Je Veux Cette Fille de 16 minutes, avec cette longue digression de blues de 13 minutes, Alain Guillard au sax...
    http://www.dailymotion.com/video/x2qgu8f

    Alors de fin 1981 à 1989, je pense que je n’ai raté quasiment aucun de ses passages à Paris. En plus, ce sont mes années lycée et, le chanteur dont on est fan au lycée correspond à une certaine identité. J’avais choisi Higelin quand d’autres avaient choisi Renaud ou Thiéfaine, c’était mon destin ! Dans cette décennie synthétique, l’humour, la sincérité et la générosité d’Higelin sont comme des bouffées d’air frais. C’est aussi Higelin qui m’a fait découvrir Youssou N’Dour, Mory Kanté, Ray Léma... et peut-être une ouverture vers d’autres musiques ?

    En 1988 sort Tombé du Ciel, un de ses plus grands succès, mais là c’est moi qui tombait du ciel. Higelin qui dans les annés 1970 s’adressait à des adultes pendant que la France entière s’adressait à des adolescents, retombait en enfance avec des chansonnettes, alors que moi j’allais bientôt rentrer à la fac... C’est là que nos chemins se sont séparés, et je réalise aujourd’hui qu’il n’en était alors qu’à la moitié de sa carrière, même si de l’avis de tous (et la compilation de l’INA en témoigne), le meilleur était déjà passé...

    J’ai continué à en entendre parler, et jamais je n’ai eu honte de mon idole passée (alors que Renaud...). Contrairement à ce que j’ai lu ici ou là, il n’a pas très longtemps été ni d’extrême gauche, ni très militant, ni très politisé, mais je l’ai quand même vu aux côtés des mal-logés ou des sans-papiers dans les années 1990 et 2000. A propos des flics, en 2000 :
    https://www.youtube.com/watch?v=2zCG29Tkguk

    Juste pour boucler la boucle, je vois qu’en 2015 il appelle son dernier disque Higelin75, et qu’il comporte une chanson testament, une réponse à Cigarette, 40 ans plus tard. Alors on va le laisser partir comme ça, en fumée : En attendant que le fossoyeur me creuse une tombe au père Lachaise (...) en attendant qu’le temps s’arrête et qu’le ciel me tombe sur la tête, je tire ma révérence, J’fume, une dernière taffe de provoque
    https://www.youtube.com/watch?v=0fCb7NwnLKY

    Autres liens :

    Jacques Higelin, le best of des Archives de l’INA
    https://www.youtube.com/watch?v=ExLnkqXCBYI

    Sur Arte, le film que Sandrine Bonnaire a tourné sur lui en 2014 :
    https://www.arte.tv/fr/videos/052426-000-A/jacques-higelin-par-sandrine-bonnaire

    A cette occasion, elle l’avait rejoint lors d’un de ses concerts, et on peut assister à son humour et à son talent d’improvisateur :
    https://www.youtube.com/watch?v=E_P7UwLYuDg

    Sur Arte, Higelin à la Philarmonie en 2015 (il a pris un sacré coup de vieux, là) :
    https://www.arte.tv/fr/videos/063875-000-A/higelin-symphonique-a-la-philharmonie-de-paris

    Et après ce concert, Higelin ne veut plus quitter la scène et remercie le public pendant 10 minutes, ému :
    https://www.youtube.com/watch?v=I6RXcI-zHLU

    Sur France Inter, du 15 au 26 aout 2016, 10 émissions d’une heure pour raconter l’histoire du Grand Jacques. Voici la première si ça vous dit, vous trouverez les autres ensuite :
    https://www.franceinter.fr/emissions/les-feuilletons-radiophoniques-des-mfp/les-feuilletons-radiophoniques-des-mfp-15-aout-2016

    Le message de @philippe_de_jonckheere et d’autres :
    https://seenthis.net/messages/683610

    #Jacques_Higelin #Higelin #Musique #Chanson #RIP #fan #concerts #mort_en_2018

  • Notes sur le chaos-Trumpiste
    http://www.dedefensa.org/article/notes-sur-le-chaos-trumpiste

    Notes sur le chaos-Trumpiste

    3 avril 2018 – Il s’agit de la dernière nouvelle de ce que nous nommons volontiers, pour ces Notes d’analyse, le “chaos-Trumpiste” (majuscule respectueuse), disons comme une sorte de version updatedde notre “chaos-nouveau” (“chaos-nouveau.2.0” ?) ... La “nouvelle” est celle de la proposition, encore informelle mais déjà assez précise, de ce qu’on nomme également un “sommet“, comme aux temps bénis de la Guerre Froide historique, première du nom.

    « Le président américain Donald Trump a suggéré de rencontrer le dirigeant russe Vladimir Poutine à Washington, DC. Trump a fait cette offre lors d’un appel téléphonique entre les deux dirigeants, a confirmé l’assistant du président russe Youri Ouchakov. “Quand les présidents se sont parlés au téléphone, Trump a suggéré de tenir une (...)

  • L’héritier séoudien dans son meilleur sketch: «What is Wahhabism? We’re not familiar with it. We don’t know about it. No one can define Wahhabism. There is no Wahhabism. We don’t believe we have Wahhabism»
    https://www.theatlantic.com/international/archive/2018/04/mohammed-bin-salman-iran-israel/557036

    MbS: First of all, this Wahhabism—please define it for us. We’re not familiar with it. We don’t know about it.

    Goldberg: What do you mean you don’t know about it?

    MbS: What is Wahhabism?

    Goldberg: You’re the crown prince of Saudi Arabia. You know what Wahhabism is.

    MbS: No one can define this Wahhabism.

    Goldberg: It’s a movement founded by Ibn abd al-Wahhab in the 1700s, very fundamentalist in nature, an austere Salafist-style interpretation—

    MbS: No one can define Wahhabism. There is no Wahhabism. We don’t believe we have Wahhabism. We believe we have, in Saudi Arabia, Sunni and Shiite.

  • Are you ready? This is all the data Facebook and Google have on you | Dylan Curran | Opinion | The Guardian

    https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/mar/28/all-the-data-facebook-google-has-on-you-privacy

    Want to freak yourself out? I’m going to show just how much of your information the likes of Facebook and Google store about you without you even realising it.
    Google knows where you’ve been

    Google stores your location (if you have location tracking turned on) every time you turn on your phone. You can see a timeline of where you’ve been from the very first day you started using Google on your phone.

    Click on this link to see your own data: google.com/maps/timeline?…

    #réseaux_sociaux #big_brother #données_personnelles #contrôle #surveillance

    • @intempestive apparemment, on peut déjà en restreindre assez drastiquement la récolte même en les utilisant : j’ai au moins deux adresses en gmail pour des usages courants, et du coup j’ai vérifié, avec les liens donnés par l’article, ce qui était stocké comme données. En fait, étonnamment, rien (je m’attendais à prendre une fessée méritée, ça fait de années que je suis trop feignasse pour me débarrasser de mon adresse principale en gmail, et du coup je fais ce truc idiot que nous sommes sûrement assez nombreux à faire, je partitionne mes courriers en diverses adresses de fournisseurs différents, selon les usages. Très pratique, vraiment. Quelle buse...). Bon, en tout cas, pour un utilisateur de ces cochonneries, ça peut quand même donner ça : pas une donnée géo, pas une donnée de recherche, rien. Et pourtant, l’un des comptes est lié à un youtube. Sans doute que mes usages m’en préservent (par exemple, il ne m’est jamais venu à l’idée de faire des recherches - quand j’utilise google - en restant connecté à un compte. Mais probablement que mes paramétrages de ces services également).
      Je m’étonne autant que toi de la floraison d’articles, depuis tant d’années, d’utilisateurs de FB offusqués de la façon dont sont traitées leurs données. Mystère total pour moi. Qu’il existe aussi, sur FB, des comptes de groupes de plaignants, est tout aussi mystérieux. Bon. On connait si bien la chanson que je doute qu’on puisse en dire encore quoi que ce soit de nouveau, mais le mystère reste entier pour moi...

  • Trouble Fait - 2 Juillet 2017 Tipeee

    On a élu Emmanuel Le Pen !
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=424&v=4-7njjII9Kg

    Depuis son élection #Emmanuel_Macron se comporte comme une version caricaturé de #Marine_Le_Pen. Il applique un programme d’extrême droite qui se caractérise par un recul des droits sociaux, des libertés fondamentale et du débat démocratique (même minimal). Etrangement une telle situation ne suscite aucune indignation dans les « milieux autorisé à penser », qui se mobilise pourtant à chaque élection contre le #FN et appel à faire #barrage contre l’extrême droite.

    Tipeee : https://www.tipeee.com/troublefait
    Facebook : https://www.facebook.com/pages/Trouble-Fait/382734941937313

    Voir les sources sous la vidéo You tube

    • Le déclin économique et politique de la ville d’Aden après la guerre de 1994, provoquée par la première contestation de l’unification, est un évènement significatif de l’évolution de ce rapport au monde dégradé à partir de 1990, dans une ville qui a longtemps été un carrefour mondial et cosmopolite (p. 67-70). La logique de l’antiterrorisme qui s’est imposée depuis les années 2000 dans les rapports internationaux a favorisé plus que limité l’insécurité croissante du pays en installant un climat de guerre aveugle et permanente, et en facilitant l’assimilation de toute contestation de l’État central à un mouvement terroriste. Elle a progressivement déformé la lecture des évènements par les chercheurs et les diplomates en imposant des prismes sécuritaires et en limitant les contacts avec la société et les groupes en question.
      […]
      Seule manque, dans cette lecture des réalités du Yémen contemporain, une analyse de sa démographie, marquée par la persistance d’un indice de fécondité très élevé (près de 6 enfants par femme). Brièvement évoquée, elle constitue à n’en pas douter un des traits distinctifs du pays, que Youssef Courbage et Emmanuel Todd décrivaient, avant la révolution de 2011, comme un « diplodocus démographique ».

  • Betty Davis - If I’m In Luck I Might Get Picked Up
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=35&v=b2B0FBdzGis&feature=emb_logo

    Diva survoltée du Black Power et épouse éphémère du grand Miles, la très funky Betty Davis reste une énigme de la musique afro-américaine. Retour sur le parcours météorique d’une femme libre et artiste magnétique.
    www.arte.tv/fr/videos/070808-000-A/betty-davis/

    https://www.discogs.com/artist/29922-Betty-Davis
    #Betty_Davis

    • Lui, il dit être venu afin de pouvoir regarder les accusés dans les yeux et leur demander s’ils savaient qu’ils hébergeaient des terroristes. Son témoignage a suscité un échange surréaliste avec les prévenus qui avait jusque là gardé le silence face aux récits des victimes. Aux questions de Billal, Jawad Bendaoud répond : « Même si je vais en prison, je veux que tu saches que je savais pas ». Youssef Aït Boulhacen, recroquevillé derrière sa capuche pour ne pas qu’on le dessine, crie « On ne choisi pas sa famille ! Je ne savais pas. » Billal est presque le seul à s’adresser directement aux accusés. Pendant quelques minutes, c’est tout le dispositif et le rituel du tribunal qui a semblé s’effacer pour laisser place à une confrontation sans médiation, entre personnes égales. Billal, fût d’ailleurs la seule victime à demander la relaxe de Jawad Bendaoud, convaincu que ce dernier ne savait pas qu’il hébergeait les tueurs du Bataclan.

  • The University and Its Worlds : A Panel Discussion

    The #Flagship_on_Critical_Thought in African Humanities hosted a panel discussion on The University and its Worlds with #Achille_Mbembe, #Judith_Butler, #Wendy_Brown and #David_Theo_Goldberg on 26 May 2016 at the University of the Western Cape. This is part of a lecture series on the Idea of the University in Africa. www.chrflagship.uwc.ac.za


    https://www.youtube.com/watch?v=s07xFdD-ivQ


    #Afrique #université #conférence

    Ce qui est le plus intéressant dans cette conférence/discussion qui a réuni autour d’une table les plus grands penseurs du #décolonialisme (#décolonisation #post-colonialisme), n’est pas les mots et discours que ces intellectuels ont prononcés (et que, j’avoue, je n’ai pas écouté), mais la prise de parole du public (étudiants sud-africains noirs), une prise de parole très critique vis-à-vis de ce qui a été dit pendant le panel.

    Deux moments de réactions à regarder :
    A partir de 1’21’48, où un étudiant commence sa prise de parole en parlant de la violence de la #police contre les #étudiants (#violence_policière). Et puis il reproche au panel qu’alors qu’eux ils se prennent des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc dans la tranche, les intellectuels et académiciens ne font rien, ils restent des académiciens et intellectuels. « You talk radical language and you do nothing in action ». « Vos paroles n’arrivent pas dans les townships que vous les blancs avez créé », continue-t-il.

    1’48’44 quand une jeune étudiante noire parle des #corps_noirs, de la #violence et de la #décolonisation de l’espace universitaire et espace public.
    Elle refuse de dire son dernier point qu’elle voulait dire quand le modérateur lui demande de terminer. Et elle justifie son geste sur la base d’une volonté de décoloniser l’espace universitaire...

  • Batailles commerciales pour éclairer l’#Afrique, par Aurélien Bernier (Le Monde diplomatique, février 2018)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/02/BERNIER/58354

    Derrière les discours généreux...
    Passée relativement inaperçue lors de la #COP21, qui s’est tenue fin 2015, l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables (IAER) rassemble les cinquante-quatre pays du continent. L’objectif affiché par cette coalition, pilotée par l’Union africaine, est « d’atteindre au moins 10 gigawatts [GW] de capacité nouvelle et additionnelle de production d’énergie à partir de sources d’énergies renouvelables d’ici à 2020, et de mobiliser le potentiel africain pour produire au moins 300 GW d’ici à 2030 ». Cela reviendrait à multiplier par près de dix la production actuelle d’énergie renouvelable (cette augmentation devant contribuer à 50 % de la croissance totale de la production d’ici à 2040). Et à augmenter, sans recourir aux énergies fossiles, le taux d’électrification du continent (lire « Alimenter l’Europe ? »).

    Le Japon, l’Union européenne et huit pays occidentaux (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède) ont promis de consacrer 9,4 milliards d’euros d’ici à 2020 au financement de l’Initiative, dont 3 milliards d’euros annoncés par Paris. En dépit de la provenance des fonds, le cadre fondateur de l’#IAER précise que les pays du continent doivent pouvoir choisir les projets financés et en maîtriser la mise en œuvre ; les entreprises africaines doivent être sollicitées en priorité. L’Initiative est dirigée par un conseil d’administration composé de hauts fonctionnaires majoritairement désignés par les États africains.

    Pourtant, au mois de mars 2017, le professeur Youba Sokona, vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (#GIEC/#IPCC) chargé de l’unité « projets » de l’IAER, démissionne avec fracas. Le scientifique malien estime que les financeurs ont « mis sur pied une stratégie pour imposer aux Africains des projets automatiquement sélectionnés par les Européens ». Et de citer la première vague de dix-neuf dossiers validés malgré les réserves émises par des membres africains du conseil d’administration de l’Initiative. En parallèle, près de deux cents associations africaines signent une lettre ouverte intitulée « Stop au détournement de l’IAER par l’Europe ». Elles accusent plusieurs pays européens, et particulièrement la France, d’imposer des projets favorisant les intérêts directs de leurs multinationales de l’énergie et de leurs bureaux d’études. Dans un rapport présenté le 20 septembre 2016, Mme Ségolène Royal, alors ministre de l’environnement et présidente de la COP21, n’avait-elle pas identifié 240 projets et programmes dans diverses filières : hydraulique, géothermie, solaire, éolien (1) ?

    Pourquoi tant d’initiatives juxtaposées ? Toutes partagent ce constat : la sous-alimentation de l’Afrique en électricité entrave son développement (lire « Des pénuries incessantes »). Elles affichent toutes les mêmes images d’enfants dont le sourire est éclairé par une ampoule électrique. Elles proposent toutes plus ou moins les mêmes outils : des enceintes pour des discussions d’affaires, des fonds d’investissement ou de garantie, des prêts, des expertises… Et surtout, elles insistent toutes sur l’importance cruciale des partenariats public-privé.

    La générosité des textes fondateurs de ces plates-formes cache des intentions souvent très prosaïques. Depuis les années 1980, les pays occidentaux ouvrent leurs marchés électriques à la concurrence, provoquant une intense guerre commerciale entre les grandes entreprises du secteur. Mais les systèmes électriques du Vieux Continent et ceux de l’Amérique du Nord demeurent en surcapacité de production. Dans ces régions, les perspectives de croissance restent donc relativement faibles. Ce qui n’est pas le cas pour des marchés émergents, comme celui de l’Afrique.

    Afin de favoriser leur expansion, les compagnies étrangères bénéficient du processus de libéralisation engagé depuis près de trente ans sur le continent. Au cours du xxe siècle, la plupart des pays avaient créé des entreprises publiques disposant d’un monopole dans la production, le transport et la distribution du courant. Faute de moyens financiers suffisants, ces services nationaux sont souvent exsangues, incapables de garantir un approvisionnement de qualité. Plutôt que de les soutenir, la #Banque_mondiale, le #Fonds_monétaire_international ou encore la #BAD ont encouragé l’adoption de méthodes de gestion issues du privé et une ouverture progressive à la concurrence.

    [...]

    Bon nombre d’entreprises françaises du CAC 40 se ruent sur le secteur. En juin 2017, le Sénégal raccorde ainsi au réseau la centrale solaire de Senergy, à 130 kilomètres au nord de Dakar. Il s’agit du plus gros projet de ce type en Afrique de l’Ouest. Aux côtés du fonds souverain sénégalais Fonsis, les propriétaires de la centrale sont le fonds d’investissement français Meridiam et le constructeur Solairedirect, filiale du groupe Engie. D’autres sociétés françaises interviennent sur le chantier : Schneider Electric, qui fournit les onduleurs et les transformateurs, Eiffage ou encore Vinci.

    Pour rassurer les investisseurs, on peut également compter sur la finance carbone. Le protocole de #Kyoto, adopté en 1997, a posé les bases d’un système d’achat et de vente de « tonnes équivalent carbone » : les industriels qui dépassent un certain niveau d’#émission de #gaz_à_effet_de_serre doivent acheter des #droits_à_émettre ; à l’inverse, des projets peu #émetteurs se voient délivrer des crédits qu’ils peuvent vendre.

    Poussés par les institutions internationales et les entreprises privées, les pays africains adoptent des législations ad hoc permettant le développement du marché du carbone. Le carbon trading commence à se développer, et avec lui des start-up prometteuses. En 2009, un jeune Français diplômé en droit fonde la société Ecosur Afrique. Établie à l’île Maurice, elle exerce trois activités : le conseil, le développement de projets et le négoce de crédits carbone. Aujourd’hui rebaptisée Aera, la société s’est délocalisée à Paris et revendique 263 millions d’euros de crédits carbone échangés depuis sa création. Un début, puisque, selon son fondateur, « l’Afrique est un réservoir de crédits de #carbone presque inutilisé ».

    [...]

    C’est ainsi que s’explique le très controversé #barrage Grand Inga, en République démocratique du Congo (8). Dans un pays qui concentre près de 40 % des ressources hydroélectriques du continent (ce qui lui vaut le surnom de « château d’eau de l’Afrique »), il s’agit de construire un ouvrage deux fois plus imposant que le barrage chinois des Trois-Gorges, le plus grand du monde.

    La Banque mondiale, la BAD et l’Usaid contribuent aux études de faisabilité de ce projet, dont le coût varie, selon les estimations, entre 80 et 100 milliards de dollars. Le G20 l’a inclus dans sa liste des onze grands chantiers structurants pour la « communauté internationale ». Seuls 20 % de la production seraient destinés à alimenter le marché national ; le reste serait exporté. Grand Inga nécessiterait non seulement d’inonder une superficie importante de terres arables (22 000 hectares), mais aussi de construire 15 000 kilomètres de lignes à très haute tension.

    Il existe déjà des barrages dans cette région, mais les installations n’ont jamais fonctionné correctement, faute de suivi dans les investissements. Plusieurs turbines sont à l’arrêt. Deux projets sont en cours : moderniser les installations existantes et construire le gigantesque barrage de Grand Inga. Ses plus gros clients seraient les mines de la province congolaise du Katanga et celles d’Afrique du Sud, Pretoria connaissant depuis de nombreuses années de graves pénuries d’électricité. À la fin des années 1990, le gouvernement sud-africain envisage un temps la privatisation d’Eskom, l’entreprise publique de production et de distribution d’électricité. Malgré les avertissements de la direction, les autorités ne procèdent pas aux investissements nécessaires à la satisfaction d’une demande intérieure croissante. Les coupures se multiplient.

  • Oman: UN experts denounce detention of journalist Yousuf Al Haj and warn against restrictions on freedom of the press in the country | Alkarama Foundation

    http://www.alkarama.org/en/articles/oman-un-experts-denounce-detention-journalist-yousuf-al-haj-and-warn-again

    Geneva (February 12, 2018) – The United Nations Working Group on Arbitrary Detention (WGAD ) has today published an Opinion on the high-profile case of Omani journalist Yousuf Al Haj, stating that his almost 15 month-long arbitrary detention was “clearly connected to his activity as a journalist”.
     
    The Opinion – adopted on November 24, 2017, and made public on February 12, 2018 – came after the Alkarama Foundation referred Al Haj’s case to the WGAD in March 2017. Alkarama requested that the UN experts call upon the Omani authorities to release Al Haj and to respect freedom of the press in the country.
     
    The WGAD considered Al Haj’s case after his October 2017 release, and expressed concern that “his conviction may serve as the legal precedent for the arrest, detention and punishment or threat thereof to silence critics in the future.”
     
    Establishing a posteriori the arbitrary nature of Al Haj’s detention, the WGAD found that the Omani authorities committed multiple violations of minimum fail trial guarantees and due process, and that Al Haj’s detention stemmed directly from his legitimate activity as a journalist. In this regard, the WGAD called upon the Omani authorities to provide Al Haj and his colleagues from Al Zaman newspaper with their right to compensation.

  • A propos de John Perry Barlow, Seenthis, The Grateful Dead et The WELL
    https://www.well.com
    https://ia801502.us.archive.org/14/items/grateful_dead-2018/grateful_dead.jpeg?cnt=0
    En réponse à https://seenthis.net/messages/667401 d’ @arno

    Governments of the Industrial World, you weary giants of flesh and steel, I come from Cyberspace, the new home of Mind. On behalf of the future, I ask you of the past to leave us alone. You are not welcome among us. You have no sovereignty where we gather.

    Aujourd’hui les manifestes ne sont guere d’intérêt pour les jeunes. C’est la la conclusion que j’ai tiré de la rencontre avec des étudiants de la création multimedia à qui j’ai eu l’honneur d’enseigner les systèmes de publication sur internet. Du côté des militants politiques c’est pareil en ce qui concerne le choix et la maîtrise des logiciels pour leur publications.

    Nous, nous sommes les enfants du mariage entre les idées libertaires et les révolutions européennes à l’ère digitale. Nous avons grandi à une époque extraordinaire quand se croisaient le monde ancien et l’ère digitale post-communiste. Nous avons assisté et participé à ses guerres analogues, à ses luttes des classes, nous avons adopté ses modèles de liberté antagonistes et ses musiques bruyantes. Nous avons bâti les premières marches de l’échelle digitale avec JPB et ses amis. Nous avons connu l’époque quand l’internet consistait dans une centaine de serveurs nationaux et quelques milliers dans le reste du monde. C’était notre internet. Les admins étaient nos copains qui restaient au téléphone avec nous pendant des heures quand il fallait implémenter un changement de config important. Tout était encore à faire et il n’y avait que nous qui pouvaient le faire.

    Aujourd’hui #Seenthis est notre The WELL que nous utilison pour créer notre internet à nous. Voilà l’héritage de JPB.

    Bon, après ce discours il est temps d’écouter un des derniers concerts des Grateful Dead avec Jerry Garcia.

    Grateful Dead - The Spectrum - 3-17-95 - Full Show
    https://www.youtube.com/watch?v=o9iJ21xbYqc

    The WELL
    https://en.wikipedia.org/wiki/The_WELL

    The Whole Earth ’Lectronic Link, normally shortened to The WELL, is one of the oldest virtual communities in continuous operation. As of June 2012, it had 2,693 members.

    Home > The WELL
    https://www.well.com

    Why is conversation so treasured on The WELL? Why did members of this community band together to buy the site in 2012? Check out the story of The WELL.

    The Internet Age Began on August 9, 1995
    http://www.litkicks.com/AugustNine

    Two separate things happened on August 9, 1995, both by chance emerging from Northern California though they had little else in common. The first was a scheduled event: the initial public offering (IPO) by Netscape, a startup tech firm designed to make software to power the Internet.
    ...
    I remember walking through the hallway at work that morning, probably heading for a coffee refill, when I saw a clump of co-workers and magazine editors talking anxiously. I thought they were talking about the Netscape IPO, but they weren’t. “Jerry Garcia died,” one of the editors said to me. “We need to replace the front page and get a new headline up, stat.”

    Jerry Garcia. This one hit home.
    ...
    Nobody said “going viral” yet by the summer of 1995, but that’s exactly what Jerry Garcia’s death did, and it was pretty much the biggest anything had gone viral anywhere up to this point.
    ...
    The Grateful Dead’s influence on the evolving culture of the Internet has always been a godsend, and still is. When music-sharing became a way of life with the advent of Napster a few years later, and when online publishers began to give content away for free, many smart observers realized that the Grateful Dead (who had always allowed fans to freely create and share concert recordings) were the greatest success model in the world for a profitable long-term business cycle based on peer-to-peer sharing. The positive and peaceful philosophy the band had always stood for seemed to fit the Internet’s optimistic emerging culture as well.

    John Perry Barlow, Internet Pioneer, 1947-2018 | Electronic Frontier Foundation
    https://www.eff.org/deeplinks/2018/02/john-perry-barlow-internet-pioneer-1947-2018

    Barlow knew that new technology could create and empower evil as much as it could create and empower good. He made a conscious decision to focus on the latter: "I knew it’s also true that a good way to invent the future is to predict it. So I predicted Utopia, hoping to give Liberty a running start before the laws of Moore and Metcalfe delivered up what Ed Snowden now correctly calls ’turn-key totalitarianism.’”

    A Declaration of the Independence of Cyberspace | Electronic Frontier Foundation
    https://www.eff.org/cyberspace-independence

    by John Perry Barlow, Davos, Switzerland, February 8, 1996

    John Perry Barlow
    https://archive.org/search.php?query=John%20Perry%20Barlow

    The Grateful Dead
    https://archive.org/search.php?query=%22Grateful%20Dead%22

    Jerry Garcia Band
    https://archive.org/search.php?query=subject%3A%22Jerry+Garcia+Band%22

    #internet #musique

    • un manifeste d’une naïveté confondante, et qui ne veut strictement rien dire.

      Justement, tu en fais ce que tu veux ;-)

      You are not welcome among us. You have no sovereignty where we gather.

      Là par contre ce n’est pas dépourvu de sens ; en plus c’est du rock’n’roll, JPB sur son ranch en train de traire les vaches, et qu’il refuse que le gouvernement s’y mêle, c’est une belle image allégorique pour la liberté, non ?

      Autrement c’est vrai l’histoire avec le néoibéralisme, mais bof, pas la peine de tout prendre trop sérieusement. On sait que le vieux était un peu réac, mais son manifeste c’était un beau texte, un truc sentimental quoi.

      Oui, oui, je sais, la CIA payait des écrivains pour qu’ils arrêtent de dire des choses contre les #USA, etc. - mais tu ne critiques pas Bach parce qu’il était religieux, pas vrai ?

      L’ironie de l’histoire c’est qu’aujourd’hui les vaches sont télécommandées par internet ;-)

    • Le rôle joué par l’évangélisme internet dans la victoire du néo-libéralisme est toujours incompris par beaucoup de gens à gauche.

      Coup d’État contre Allende, Chicago Boys, 1973.
      Margaret Thatcher, première Ministre en 1979.
      Milton Friedman, prix Nobel d’économie en 1979.
      Ronald Reagan élu en 1981.
      Georges Stigler, prix Nobel d’économie en 1982.
      Tournant de la rigueur de Mitterrand en 1983
      etc.

      Quand commence l’« évangélisme internet » ?

      Plus sérieusement, comme je l’écrivais dans mon message sur le sujet :
      https://seenthis.net/messages/667401
      dans mon souvenir l’« évangélisme internet » en France était critique de l’espace libertarien américain (même si, à l’époque, ce n’était pas un courant très connu en France). Pour notre petite chapelle, c’est peut-être aussi pour ça qu’on a voulu faire notre propre Manifeste, et pas s’aligner sur une traduction de la Déclaration de Barlow.

      Et paradoxalement, j’ai toujours ressenti que ceux qui agitaient le chiffon route du « libéral libertaire » pour sauver « nos valeurs », l’utilisaient justement pour flinguer la possibilité d’un usage progressiste et social de la liberté d’expression, tout en renforçant l’usage purement mercantile du Net.

    • Qu’il repose en paix.

      Ses propes acolytes ne le laisseront pas reposer longtemps avant de le sortir de sa tombe pour en faire leur zombie pour les basses besognes idéologiques. A ce stade il ne restera pas grand chose du hippie et le « farmer » réactionnaire brandira so revolver pour éliminer tous les défenseur d’un réseau libre au service des peuples du monde.

  • Je suis le dernier survivant
    D’un cataclysme à New York
    Je photographie tout, mais pour qui ?

    Je reçois un coup de téléphone
    D’Irène Lindon qui veut publier
    Une Fuite en Égypte avec un autre titre

    Nombreuses mauvaises idées
    De titres, puis, soudain
    Point-virgule ?

    « - ;
    – ; ?
    – ; ! »

    « Un bon petit dialogue
    Ça fait toujours du bien ! »
    Aurait dit votre baby-sitter

    Un point-virgule
    En Garamond, majuscule
    Corps gras, bleu sur fond blanc

    Zoé et moi
    Pas un pour relever l’autre
    Pas un pour lever l’autre. Retard

    En route pour le collège
    Zoé se moque de ma façon d’écrire
    Mon côté autofiction tu veux dire ?

    Arrivé en open space
    Je me connecte
    Mais pourquoi faire ?

    Je polis le rêve
    Du changement de titre
    Pour l’envoyer à Sarah

    Une Fuite en Égypte
    Une Femme en Afrique
     ;
     !

    Coup de téléphone
    De ma banquière
    Elle s’étonne de mes rentrées

    Esprit d’escalier
    Je ne lui demande pas
    Si elle pose cette question aux riches

    Trump parle de pays africains
    Shithole countries
    You, shit for brain

    Au BDP
    Corrections de quatre feuillets
    De Frôlé qui file désormais

    Sam Shepard, William Klein, Martin Landau
    François Léotard, Liu Xiaobo, Gerry Mulligan
    Pierre Henry, Dr John, Simone Veil, Gerri Allen

    Je reporte mes corrections
    Je reprends les derniers poèmes
    J’ajourne la semaine

    Au temple de consommation
    Je m’entends parfaitement avec le caissier
    Je pourrais jouer de la musique avec lui

    Je range ma chambre
    Pour mieux demander à Zoé
    De ranger la sienne. Pas dupe

    Je dépose Zoé au théâtre
    Déluge d’imitations
    Zoé le théâtre c’est dans onze minutes

    Je me mets propre
    Comme on dit
    D’inch’Nord

    Sophie a lu ses messages de travers
    C’est au restaurant qu’elle m’attend
    Pas au bas de chez elle, inutile solo de klaxon

    Ça faisait longtemps
    Qu’on ne s’était vus
    Parlé, qu’on n’avait pas échangé

    Elle me parle d’un projet avec un vidéaste
    Je lui parle de Perdre le Nord avec Hamish Fulton
    Elle et moi on ne vit pas que des choses faciles

    Un jour au Petit Panisse
    Je goûterai autre chose
    Que le poulpe, un jour

    Je parle à Sophie de l’Étreinte
    «  - Mais vous n’aviez jamais fait ça ?
    – Non jamais ! - Et c’était réussi ? - Je crois

    Les talents d’improvisatrice
    De Sophie avec le serveur
    Ses réparties !
     » - Nous n’avons plus le Pinot Noir
    – Très bien, on va prendre du Pinot Noir "
    Tête du serveur !

    Plus tard rentrés
    On prolonge un peu
    L’échange par messages courts

    #mon_oiseau_bleu

    • https://twitter.com/ChPiret/status/958333868016365569

      Bilal : « j’ai grandi dans les quartiers et ces jeunes ne peuvent pas me raconter n’importe quoi. C’est pour ça que j’ai voulu venir. Pour qu’ils me regardent dans les yeux. »

      Bilal : « #Jawad Bendaoud, j’ai l’impression que c’est mon petit-frère dont j’ai raté l’éducation. Moi j’ai perdu mon cousin aux terrasses, mon fils a failli être tué. Oui, on a pris cher ce jour-là. »

      Bilal : « je vous dis la vérité : j’ai acheté un pistolet plein de balles pour me suicider parce que j’en pouvais plus d’être dans cet état et aussi pour me défendre. »

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      ilal : « j’ai dit au gendarme de se mettre à côté de moi parce que je ne sais pas de quoi je suis capable ; J’ai plus de filtre parce que j’ai plus peur. »

      Bilal : « je le dis à toutes les personnes qui sont ici : #Jawad m’a convaincu qu’il n’était pas au courant. Je suis venu chercher une information dont je sais maintenant que j’ai la réponse. »

      Bilal : « javais besoin de savoir s’ils étaient des terroristes ou des imbéciles. #Jawad est un imbécile. »
      Dans le box, les deux prévenus se sont levés pour écouter.

      Dans le box, #Jawad qui s’est levé pour écouter Bilal : « je te jure sur ma tête, tout ce que je dis depuis le début est la stricte vérité. Les mecs ils étaient suspects mais j’ai pensé à de la voyoucratie. Je te remercie d’avoir été correct. »

      Mohamed Soumah : « Bilal, sur la tombe de ma mère, comment t’as parlé, franchement ça m’a touché. J’ai fait l’imbécile, Bilal Je suis pas un assassin. J’ai une famille comme toi. J’ai mal analysé la situation. »

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      Mohamed Soumah : « je suis vraiment désolé de ce qui t’es arrivé, Bilal, et à toutes les familles. Je dis pas ça pour prendre une peine plus basse, je vais la prendre la peine. »

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      Youssef Aït Boulahcen à Bilal, qui témoigne en ce moment :’t’as toute ma compassion, mon amour. On ne choisit pas sa famille. On ne choisit pas l’utérus duquel on est sorti."

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      Bilal énumère ses blessures « à la hanche, à l’épaule, à l’oreille » : « ma santé se dégrade de jour en jour. J’ai envie de me remettre debout et le seul moyen de me remettre debout c’est d’être là »

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      Bilal : « la décision que vous prendrez, elle peut être douloureuse pour nous. Moi, je ’y attends. On ne peut pas retenir des personnes pour rien. »

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      Bilal : « je compte sur vous, j’ai confiance en vous. Je vous demande de nous protéger parce que des fous, il y en a partout. »
      Deux prévenus applaudissent.

  • Brussels residents open their homes to migrants

    Growing numbers of migrants have flocked to Brussels in recent months. Belgian immigration services are overwhelmed so locals are stepping in to help.


    http://www.euronews.com/2018/01/24/brussels-residents-open-their-homes-to-migrants

    #solidarité #réfugiés #accueil #accueil_privé #logement #hébergement #asile #migrations #Bruxelles #Belgique

    • Tous les soirs, des Belges invitent chez eux 400 migrants

      Ils sont plus de 30 000 sur un groupe Facebook, et des centaines tous les soirs dans le parc Maximilien de Bruxelles, à se mobiliser pour trouver un toit aux migrants. Certains les accueillent dans leur chambre d’amis, sur leur canapé, d’autres font chauffeur pour les emmener dans leur foyer d’un soir. Un mouvement citoyen qui dérange aujourd’hui le gouvernement, partisan d’une politique ferme.

      http://observers.france24.com/fr/20180129-belgique-bruxelles-migrants-heberges-familles-maximilie

      via @isskein

    • Belgian citizens shelter 500 migrants each night. Police could soon start raiding their homes.

      Every day, a massive effort to help migrants here starts with complex choreography at a park in the heart of the city.

      Toward evening, volunteers converge on Maximilian Park, a spot in an area of the city center that is home to office high-rises and that has become a hub for migrant traffic. The volunteers pass out steaming cups of Moroccan mint tea. Migrants, almost all of them men, many of them from sub-Saharan Africa, chat with each other in a mixture of Arabic, Swahili, English, French and Italian. Organizers divide the men into loose lines and then pair them with people offering rides, who in turn shuttle them to additional volunteers who have pledged beds and food.

      In this way, Belgian citizens help more than 500 migrants find shelter each night, countering their government’s tough line on migration.

      But Belgian authorities may make this outreach riskier.

      Since the middle of last year, police forces have sometimes raided the Brussels park as volunteers were picking up migrants, leading to direct confrontations between the sides.
      Now, Belgium’s state secretary for asylum policy and migration, Theo Francken, has proposed a law that would allow the police — under a judge’s order — to raid private homes to deport people whose asylum requests have been denied. The proposal has echoes of French efforts to prosecute French citizens for harboring migrants, although Belgian authorities say they are not targeting people offering assistance.

      “It is a matter of public order and security,” Prime Minister Charles Michel told lawmakers recently. “In a lot of cases, persons harbored by citizens do not wish to apply for asylum. In other cases, it is people whose asylum request was rejected.”
      So far, the volunteers have not deviated from their mission.

      “We aim to create a model, a humanitarian hub that can be helpful for migrants,” said Medhi Kassou, 34, who quit his job in marketing to coordinate the volunteer effort, which recalls an ant hive in its nightly routine.

      Collectively, the group has provided 55,000 nights of accommodation for migrants since last summer. More than 36,000 people have joined its coordination group on Facebook.

      The volunteer coordinators have also partnered with local and international organizations to give medical and psychological care as well as legal advice, taking over a suite of offices connected to a nearby train station to offer services during the day.

      Organizers say their efforts have spared migrants from having to sleep outdoors, and, if mirrored elsewhere, could help to prevent the rise of the grim tent cities seen in other countries that are contending with waves of people seeking better lives in Europe.
      Most of the migrants helped by the volunteers hope to continue to Britain, where they think they can find better-paying jobs and a more welcoming community. For that reason, few of them apply for asylum in Belgium; applying would limit their ability to move on.

      “I want to go to the U.K.,” said Ibrahim, a Libyan migrant who was waiting at Maximilian Park for a ride to a shelter one recent night and did not want to give his family name because he feared authorities might target him. He said that he had relatives in Britain and that he had passed through Italy and France on his northward journey.

      Sometimes he stays a few days with the same family. Mostly, he has hopped from home to home. The main point is shelter, not socializing, he said, adding that without the volunteers’ efforts, he would have been on the street since arriving in Belgium in October.

      Belgians “are very kind,” said Youssef, another Libyan migrant who also spoke on the condition that his family name not be published. He said he decided to leave home because of the violence in his country that started in 2011, the year the Arab Spring began.

      One pair of volunteers said they appreciated how simple it was to become involved in the campaign to help migrants. They filled out an online form, waited for a phone call and sent off a Facebook message. “Easy and practical,” said Samuel Baylet, 28, who is an aide at the European Parliament. He and his girlfriend, Jane Weber, an architect, have been offering the living room futon and couch in their one-bedroom apartment about one night a week since November.

      Baylet said their visitors’ needs are basic: a WiFi connection, a power socket to charge phones, and a shower. Sometimes, the migrants, who usually arrive at the apartment about 10 p.m., have a meal before heading to bed. Baylet and Weber cook vegetarian meals to steer clear of religion-based dietary restrictions.

      “Compared to other volunteers, it is very little,” Baylet said, “but we feel good doing it.”

      https://www.washingtonpost.com/world/europe/belgian-citizens-shelter-500-migrants-each-night-police-could-soon-start-raiding-their-homes/2018/03/11/68dee67a-1d5a-11e8-98f5-ceecfa8741b6_story.html

      signalé par @isskein

  • Gaza, au bord du précipice
    Thomas Cantaloube, Médiapart, le 28 janvier 2018
    https://www.mediapart.fr/journal/international/280118/gaza-au-bord-du-precipice

    Des responsables militaires israéliens ont récemment tiré la sonnette d’alarme en avertissant que la bande de Gaza était « au bord d’un effondrement complet », en raison de la détérioration des conditions sanitaires, sociales et économiques. Après dix ans de blocus, c’est en effet le désespoir qui domine. « Nous souffrons de ne jamais pouvoir envisager le futur », dit une habitante. Reportage dans la bande de Gaza.

    Gaza, de notre envoyé spécial.- Quand on lui annonce que nous avons l’intention de nous rendre dans la bande de Gaza, le porte-parole du gouvernement israélien soupire, puis nous répond calmement : « Comme vous voulez… Vous allez voir beaucoup de misère et de souffrance. Mais n’oubliez pas : c’est leur responsabilité. Les habitants de Gaza ont choisi le parti de la violence et des terroristes. Nous ne pouvons pas l’accepter et nous devons nous défendre. »

    Quelques jours plus tard, nous franchissons le checkpoint d’Erez, immense édifice de béton et d’électronique qui évoque la paranoïa déshumanisée des installations militaires américaines en Irak ou en Afghanistan dans les années 2000. Après un long tunnel de grillage, nous émergeons côté palestinien, dans cette bande de Gaza grande comme trois fois Paris intra-muros, peuplée de deux millions d’habitants cloués sur place, sans possibilité aisée de sortir de ce territoire depuis plus de dix années, lorsque le Hamas en a pris le contrôle en 2007.

    On traverse d’abord quelques champs cultivés (oliviers, fraises, haricots verts…) avant d’atteindre les premiers bâtiments, qui occupent la quasi-totalité de la surface de Gaza, en faisant un des lieux les plus densément peuplés de la planète.. Bien sûr, l’ambiance n’est pas riante, on imagine d’autres endroits pour faire du tourisme : le gris parpaing des immeubles mal finis, les nombreuses charrettes tirées par des ânes, les rues secondaires en terre constellées d’ornières.

    Mais la vie suit son cours, résiliente. Et tant qu’on n’adresse pas la parole aux Gazaouis pour leur demander comment va leur existence, l’illusion se maintient d’être dans n’importe quelle ville pauvre du monde arabe. Il y a des souks, des hôtels, des restaurants, des banques, des embouteillages, les vagues de la Méditerranée qui s’écrasent sur les plages de sable.

    Les premières fissures dans ce tableau apaisé surgissent très vite. On observe les pêcheurs qui larguent les amarres et s’éloignent du port en fin de soirée. Ils naviguent sur deux ou trois kilomètres en mer, puis coupent les moteurs pour lancer leurs filets. Normal, ils ne peuvent pas s’aventurer au-delà : leur zone de pêche est restreinte en moyenne à cinq milles marins (9 km).

    Nous avons ensuite rendez-vous avec un officiel au treizième étage d’un immeuble : il faut attendre son arrivée, puis qu’un agent de sécurité démarre le générateur diesel, et tout le monde s’entasse dans la cage d’ascenseur. En quittant les lieux, on descend les treize étages à pied avec une lampe de poche. Mi-janvier 2018, le rythme d’approvisionnement en électricité est le suivant : quatre heures de courant, suivies par douze heures de black-out. Parfois, s’il y a six ou sept heures de courant par jour, c’est Byzance. Quand l’électricité arrive dans les foyers, tout le monde se chamaille aimablement pour filer à la douche et bénéficier d’eau chaude.

    L’essentiel de l’eau qui circule dans les tuyaux (95 % selon l’Organisation mondiale de la santé) est impropre à la consommation humaine. Lorsqu’on se brosse les dents, un arrière-goût colle aux gencives. Se baigner dans la mer revient à nager à la sortie des égouts, puisque le système de traitement des eaux usées est en carafe depuis des mois…

    Début 2018, les services de sécurité israéliens (armée et renseignements) ont tiré la sonnette d’alarme auprès de leur gouvernement : « Gaza est au bord d’un effondrement complet », ont-ils averti. Ce qui, dans le langage de ces responsables, laisse présager que les conditions socioéconomiques désastreuses de la bande pourraient bien provoquer un soulèvement, une nouvelle intifada, une offensive armée des extrémistes religieux, bref, ils ne savent pas vraiment quoi, mais cela ne sent pas bon du tout.

    Il y a déjà eu trois guerres à Gaza en dix ans et les Israéliens ne souhaitent désormais rien tant que préserver le statu quo. Donc, du point de vue de ces dirigeants chargés de la sécurité de leur pays, il vaudrait mieux s’arranger pour que la cocotte-minute gazaouie ne leur explose pas à la figure en relâchant la pression.

    Malheureusement, ces paroles raisonnables ne sont guère écoutées par la majorité des Israéliens aujourd’hui. Il y a ceux qui rappellent ironiquement que les médias annoncent depuis douze ans « l’effondrement de Gaza » sans que cela ne se produise. Il y a ceux qui désirent la confrontation et se réjouissent de la situation. Et puis il y a surtout l’indifférence face au sort des Gazaouis. « Si ces gens veulent vivre normalement, ils n’ont qu’à se débarrasser du Hamas. » Tel est le refrain que l’on entend souvent en Israël..

    Jusqu’en 2005, la situation de Gaza n’était guère différente de celle du reste de la Cisjordanie sur le plan de la circulation des personnes. Puis le premier ministre Ariel Sharon a annoncé le retrait des 8 000 colons qui vivaient sur place, les islamistes du Hamas ont remporté (à la régulière) les élections palestiniennes de 2006 et, l’année suivante, ils ont pris le contrôle total de la bande de Gaza, à la suite d’une confrontation avec l’Autorité palestinienne installée à Ramallah (Cisjordanie).

    Depuis cette date-là, Israël a isolé Gaza à coups de barbelés, de miradors, de murs de béton et de checkpoints. Le seul point de passage avec un pays tiers, l’Égypte, est celui de Rafah, au sud, et il est rarement ouvert, encore moins depuis le coup d’État du maréchal al-Sissi de 2014.

    « Sortir à tout prix d’ici pour vivre ailleurs »

    On a coutume de parler de Gaza comme d’une « prison à ciel ouvert », mais c’est un cliché insidieux. Dans toute démocratie digne de ce nom, les prisonniers ont été jugés et reconnus coupables. Or le seul crime de l’immense majorité des Gazaouis est d’être nés palestiniens sur cette langue de terre côtière. « Pour deux millions d’habitants, il y a peut-être 10 000 extrémistes ou terroristes. Nous sommes tous condamnés pour les actes de quelques-uns », souligne Youssef Nateel, un cinéaste d’une trentaine d’années. Il fait référence aux branches armées du Hamas ou du Djihad islamique, qui envoient occasionnellement des missiles sur Israël ou commettent des attentats-suicides. Gaza n’est donc pas tant une prison qu’un exercice de punition collective massive.

    Depuis 2012, Youssef Nateel a déposé chaque année quatre à cinq demandes de permis de sortie de Gaza pour présenter ses films documentaires dans des festivals, ou afin de se rendre à une formation aux États-Unis pour laquelle il avait obtenu une bourse. Elles ont toutes été refusées. Sans aucune explication. « Les Israéliens n’ont pas à se justifier », souffle-t-il. Il sait seulement qu’il a le mauvais âge, le mauvais sexe, le mauvais pedigree du point de vue de l’appareil sécuritaire israélien : celui d’un terroriste en puissance.

    Youssef est donc cloîtré à Gaza, relié au reste du monde par Internet, grâce auquel il se forme lui-même avec des tutoriels en ligne. « Je veux progresser en tant que cinéaste, je veux grandir en tant qu’artiste, je veux me confronter au reste du monde, mais cela m’est interdit. Je ne compte plus toutes les opportunités que j’ai ratées. Ces dix dernières années ont été gâchées. Désormais, je n’ai plus qu’une seule aspiration : sortir à tout prix d’ici pour vivre ailleurs et ne pas gâcher la prochaine décennie. »

    Une de ses amies, Yasmine Dawas, a plus de chance. Façon de parler. Toute récente diplômée de médecine, elle a trouvé du travail un jour par semaine dans un hôpital de Jérusalem pour traiter des enfants victimes de malformations cardiaques. En tant que jeune femme employée en Israël, elle peut obtenir un permis de sortie pour s’y rendre. Mais elle doit le renouveler chaque mois.

    À la mi-janvier, elle reçoit un message sur son téléphone lui annonçant que son prochain permis durera trois mois. Elle saute de joie ! Puis elle lit les détails : elle n’a le droit de franchir les checkpoints que le mardi, jour où elle travaille. Les larmes lui montent aux yeux, elle détourne le regard. Là encore, nulle explication. C’est comme ça, c’est la règle israélienne.

    Quand elle franchit le checkpoint pour se rendre à son travail, elle n’a le droit de rien emporter avec elle : pas de cosmétiques, pas de brosse à dents. Un jour, elle avait oublié un bâton de rouge à lèvres au fond de sa poche. Il lui a été confisqué et elle a dû plaider pour ne pas voir son permis annulé.

    Malgré cela, Yasmine et Youssef s’estiment mieux lotis que la plupart des Gazaouis : leurs familles sont relativement aisées, ils ont pu faire de bonnes études, ils possèdent des réseaux à l’étranger. Mais la plupart de leurs concitoyens subissent le chômage et la précarité. Le taux officiel de chômage s’élève à 47 % et il grimpe à 60-65 % pour les jeunes diplômés. C’est un paradoxe de Gaza : le taux d’alphabétisation des moins de 24 ans dépasse les 99 %, les universités sont ouvertes et de bon niveau, mais une fois leur cursus terminé, les diplômés sont cantonnés à un territoire exsangue, coupé du reste du monde.

    En 2012, l’UNRWA, l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens, nombreux à Gaza, avait publié un rapport dont le titre s’affichait poliment interrogatif, même si la réponse était négative : « Gaza sera-t-il vivable en 2020 ? » Aujourd’hui, les instances internationales, les ONG et même certains responsables israéliens se demandent s’il ne faudrait pas avancer la date de deux ans, c’est-à-dire envisager que Gaza ne soit plus vivable fin 2018. Aux problèmes d’eau, d’électricité ou de chômage précédemment évoqués s’ajoutent une véritable crise sociale et psychologique, ainsi que les évolutions politiques récentes, qui obscurcissent encore davantage les perspectives des Gazaouis.

    Responsable de projets dans une ONG d’assistance psychologique, Lubna Beseisso observe le tissu social se détériorer jour après jour. « Quand nous entendons le tonnerre, la plupart d’entre nous sursautons en imaginant que c’est un nouveau bombardement. Nous sommes traumatisés par les guerres, mais aussi par le blocus, l’enfermement, la division politique, explique-t-elle posément, s’incluant parfois dans les cas qu’elle décrit. Les gens ne peuvent pas vivre dans un état de stress perpétuel sans que cela n’affecte la société dans son ensemble. »

    Les disputes intrafamiliales, la violence, la dépression, tout cela est en hausse constante. Il y a désormais des sans-abri à Gaza, phénomène inconnu il y a encore quelques années du fait des solidarités. « La semaine passée, nous avons recensé un crime inédit dans l’histoire palestinienne : une femme a tué son mari puis l’a démembré. Ici, les gens avaient l’habitude de se préoccuper les uns des autres. Nous avons bien entendu toujours eu des vols, des meurtres ou de la violence dans les familles, mais jamais dans de telles proportions ni avec une telle agressivité. Le tissu social est en train de se déchirer. »

    « Gaza est un véritable chaos politique »

    D’après une étude scientifique sur les troubles psychologiques au Moyen-Orient publiée début 2017, les Palestiniens figurent au premier plan de toutes les populations de la région en matière de « désordres mentaux ». Le lien est directement établi entre ces perturbations et le demi-siècle de violence et de conflits, l’occupation israélienne et la répression qui l’accompagne. « Outre les différents symptômes de stress post-traumatique ou liés aux angoisses quotidiennes, nous souffrons de ne jamais pouvoir envisager le futur, s’attriste Lubna Beseisso. Nous avons appris depuis notre enfance à ne pas planifier notre avenir. » Ce qu’Ayah al-Wakil, une jeune juriste, résume ainsi : « Nous essayons de ne jamais espérer trop car nous ne voulons pas être déçus. »

    Une des rares choses qui semblent fonctionner correctement et avec régularité à Gaza est Internet, seul véritable lien avec l’extérieur pour la plupart des Gazaouis. Mais là encore, par la grâce ubuesque des autorités israéliennes, Gaza est interdite de réseau téléphonique 3G (la Cisjordanie vient juste d’être autorisée à déployer cette technologie vieille d’une décennie…). « Nous ne voyons que rarement des étrangers ou d’autres cultures, nous appréhendons le monde au travers des réseaux sociaux, constate tristement Ayah al-Wakil. Mais bien évidemment, ce n’est pas comparable : un pan de l’expérience humaine nous est ôtée. »

    Assis derrière son bureau de responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Gaza, Mahmoud Daher cache ses yeux las derrière ses lunettes. Après avoir passé en revue la longue liste des problèmes économiques et sanitaires qui affectent la bande de terre (à laquelle il faut ajouter, en plus de ceux déjà mentionnés, la pénurie de nombreux médicaments ou la dépendance à l’aide internationale de 80 % de la population), il assène avec la force de l’évidence : « Le problème de Gaza est de nature politique, il n’y a pas de solution médicale ou financière. »

    La récente prise de position de l’administration Trump sur le statut de Jérusalem, et plus généralement son soutien sans ambages au gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou, ont achevé de doucher les maigres espoirs qui subsistaient parmi la population palestinienne.

    De surcroît, la « réconciliation » annoncée fin septembre 2017 entre le Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, semble au point mort. Il y a eu quelques visites des autorités de Ramallah et la prise de contrôle des checkpoints par les policiers palestiniens, mais aucune autre avancée. Les Gazaouis, qui espéraient l’injection d’argent frais ou un assouplissement du blocus israélien, ont déchanté et, aujourd’hui, ils perçoivent cela comme une déception de plus.

    « Gaza est un véritable chaos politique, résume Khalil Shahin, directeur du Centre palestinien pour les droits de l’homme. Nous subissons un régime politique unique au monde en étant gouvernés par trois entités et demie. Il y a d’abord Israël, qui contrôle tous les détails de notre vie quotidienne. Il y a ensuite l’Autorité palestinienne, dont nous dépendons théoriquement mais qui ne fait pas grand-chose. Il y a le Hamas, qui régente ce qu’il peut, principalement la sécurité interne et l’économie locale. Et enfin, pour une demi-part, la communauté internationale au travers des ONG, des programmes d’aide et de l’ONU. »

    Les Israéliens ont pris l’habitude de blâmer le Hamas (qui, avant de prendre le contrôle du territoire par les armes en délogeant l’Autorité palestinienne, avait remporté les élections libres) pour tous les maux de Gaza. Le mouvement islamiste, à la fois politique et militaire, est effectivement responsable de nombreuses attaques contre les Israéliens qui ont fait des dizaines de morts. Il exerce également un « monopole sur la corruption », comme le confie l’un de nos interlocuteurs, en taxant les produits qui rentrent à Gaza ou en organisant les trafics clandestins.

    Il fait également peser une certaine pression sur la société en s’efforçant de faire taire tous ceux qui ont la parole un peu trop critique. « On ne parle pas du Hamas en public et on fait attention à ce que l’on poste sur les réseaux sociaux, dénonce un militant anticorruption, sinon ses miliciens débarquent chez vous au petit matin… » Pour autant, Gaza ne vit pas sous une chape de plomb islamiste. Les appels à la prière n’ont pas plus d’adeptes ici qu’en Cisjordanie et les femmes qui le souhaitent se promènent sans foulard sur les cheveux (même si elles sont rares).

    « L’occupation est la matrice de toute la situation »

    Mais le Hamas est usé par ses dix années de pouvoir, qui ont vu la situation se détériorer. Même Ahmed Yousef, l’ancien conseiller politique du leader du Hamas Ismaël Haniyeh, l’avoue sans détour : « La population espérait beaucoup de la réconciliation entre le Fatah et le Hamas, mais elle est mal engagée. Les gens attendent de nouveaux dirigeants. Le Hamas porte sa part de responsabilité dans la situation présente, mais elle est moindre que celle d’autres acteurs. »

    Au premier rang figure le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, dont toute la stratégie depuis 15 ans a été lentement déjouée par Netanyahou et annihilée brusquement par Trump. L’Égypte aussi, qui pourrait offrir un ballon d’oxygène pour Gaza l’asphyxiée mais préfère, au contraire, lui appuyer sur la glotte en laissant le passage de Rafah presque tout le temps fermé et en collaborant avec les Israéliens. « Personne ne nous épargne, personne ne fait preuve de compassion à notre égard », commente Ahmed Yousef, résigné.

    Si le Hamas, l’Autorité palestinienne, l’Égypte ou parfois les pays occidentaux sont critiqués par les Gazaouis, tout ce beau monde n’arrive que loin derrière, en seconde place sur le podium des griefs. Personne à Gaza n’est disposé à absoudre Israël de son écrasante responsabilité. Car c’est bien l’État hébreu qui est la puissance occupante, qui contrôle les flux des marchandises et des personnes, qui restreint les faibles marges de liberté des Gazaouis et qui impose sa loi d’une main de fer dans un gant d’épines.

    Un responsable de l’ONU à Gaza, qui préfère rester anonyme pour parler en toute franchise, résume l’équation ainsi : « Pas d’occupation signifie pas d’intifada et donc pas de mesures de rétorsion, donc pas de souffrance. » Puis il poursuit : « On peut blâmer de nombreux acteurs locaux et internationaux pour leur inefficacité, leur corruption, leur incompétence, leur idéologie ; on peut débattre sur ce qui a surgi en premier de l’intifada ou des représailles, à la manière du litige sur la poule et l’œuf ; mais ce ne sont que des conséquences de l’occupation, qui est la matrice de toute la situation. »

    Lorsqu’il cesse de parler, ce haut fonctionnaire onusien ramasse quelques livres qui traînent et essaie de faire tenir cette petite pile en équilibre sur le bord de sa table de travail. Après de méticuleux ajustements, il y parvient. Il relève alors la tête vers nous et annonce : « Gaza est ainsi : toujours au bord du précipice. Un seul mouvement peut tout faire basculer. Les Israéliens déploient beaucoup de ressources en matière de sécurité et de renseignements pour maintenir Gaza en équilibre au bord de l’abîme. »

    Avant de regagner le checkpoint d’Erez pour faire ce que la plupart des Palestiniens ne peuvent pas effectuer, à savoir quitter cette enclave par la porte, on s’arrête chez un agriculteur dont les champs et les serres touchent presque le mur de séparation entre Israël et Gaza. La fraise de Gaza possède une petite réputation. Elle est effectivement délicieuse : riche en goût et juteuse. Akram Abu Khosa a dû reconstruire plusieurs fois ses serres, fréquemment détruites lors des incursions des soldats israéliens, faire une croix sur différentes récoltes pour les mêmes raisons, mais il persiste dans son maraîchage, comme le faisait son père avant lui.

    Aujourd’hui, son principal marché se situe à Gaza même, bien que cela lui rapporte moins que les exportations vers les pays du Golfe, qui comptent parmi ses clients. « Pour exporter, il faut que je récolte les fraises un peu en avance, mais pas trop afin de conserver un bon produit. Une fois que je les ai mises en barquette, elles doivent arriver chez les marchands en trois jours maximum. Le problème, c’est que je ne sais jamais si les Israéliens vont me laisser passer le checkpoint. Ils me connaissent et j’ai un permis d’exportation, mais c’est la loterie à chaque fois. Si mon camion est bloqué plus de 24 heures au poste de contrôle, c’est foutu, je perds ma cargaison. »

    Selon Khalil Shahin, du Centre palestinien pour les droits de l’homme, depuis dix ans, moins de 5 % des exportations de Gaza ont été autorisées à sortir de la bande. Akram Abu Khosa continue malgré tout de tenter régulièrement sa chance avec une partie de sa récolte de fraises. Pour continuer à vivre de sa terre bien sûr, mais aussi par obstination. Afin de montrer aux Israéliens qu’il ne se laissera pas abattre malgré leur volonté de maintenir Gaza au bord du précipice. Trop pauvre et soumis pour se révolter, mais pas assez pour ne plus rien avoir à perdre que ses larmes et son sang.

    #Palestine #Gaza #Blocus #Occupation #Punition_collective #Crime_conte_l'humanité #Prison_à_ciel_ouvert #chaos

  • Derrière l’application de Google qui trouve votre sosie artistique, du digital labor (gratuit) pour entraîner son IA de reconnaissance faciale http://www.rtl.fr/actu/futur/l-application-de-google-qui-trouve-votre-sosie-artistique-souleve-des-inquietude
    http://media.rtl.fr/online/image/2018/0117/7791879937_l-application-google-arts-culture-est-en-tete-des-telechargemen

    (Le seul article un peu critique que j’ai trouvé provient donc de rtl.fr)

    La dernière version de l’application Google Arts & Culture est l’une des plus populaires du moment aux États-Unis. La raison ? L’ajout d’une fonctionnalité permettant aux utilisateurs de découvrir quel est leur sosie artistique. Intitulée "Is your portrait in a museum ?" ("Votre portrait se trouve-t-il dans un musée ?"), elle propose de comparer un selfie à des portraits célèbres réalisés par des peintres de renom.

    L’expérience repose sur la technologie de reconnaissance faciale Face Net. Développée par #Google, elle scanne la photo envoyée par l’utilisateur pour créer une empreinte numérique de son #visage et la comparer aux 70.000 œuvres de sa base de données. Une fois les correspondances trouvées, les résultats les plus pertinents sont affichés avec leur pourcentage de ressemblance.

    Cette fonction a largement emballé les internautes américains. Depuis sa mise à jour mi-décembre, #Google_Arts_&_Culture truste les premières places des applications les plus téléchargées aux États-Unis sur l’App Store d’Apple et le Play Store de Google. Disponible uniquement outre-Atlantique, elle fait l’objet d’une expérimentation par Google.

    (…) Devant la popularité de l’application, certaines voix se sont élevées aux États-Unis pour mettre en garde le public contre le véritable objectif poursuivi par Google. "Le stagiaire de Google qui a inventé cette application pour tromper les utilisateurs en les incitant à envoyer des images pour remplir sa base de données de reconnaissance faciale a certainement eu une promotion", a observé sur Twitter l’analyste politique, Yousef Munayyer. "Personne ne s’inquiète d’abandonner les données de son visage à Google ou vous estimez tous que c’est déjà le cas ?", s’est aussi émue l’actrice et activiste américaine, Alyssa Milano.

    Google propose régulièrement des outils ludiques et gratuits aux internautes pour faire la démonstration de ses progrès dans l’intelligence artificielle. Ces programmes permettent aussi à l’entreprise américaine de mettre ses réseaux de neurones artificiels à l’épreuve de neurones humains afin de les perfectionner à peu de frais. Les programmes Quick Draw ! et AutoDraw visaient notamment à améliorer la #reconnaissance_visuelle de ses algorithmes. La société utilise aussi la reconnaissance des caractères des #Captcha pour aider ses robots à déchiffrer les pages de livres mal conservés sur Google Book et les indexer par la suite à son moteur de recherche.

    (…)

    Interrogé par plusieurs médias américains sur la portée réelle de son application « Arts & Culture », Google se veut rassurant. Selon la firme américaine, les photos téléchargées par les utilisateurs ne sont pas utilisées à d’autres fins et sont effacées une fois trouvées les correspondances avec des œuvres d’art. La dernière expérience du géant américain illustre à nouveau les craintes suscitées par les progrès rapides de l’#intelligence_artificielle et plus particulièrement de la #reconnaissance_faciale, dont les applications ont pris une place grandissante dans nos vies ces derniers mois.

    Apple a fait entrer cette technologie dans la vie de millions d’utilisateurs cet automne en intégrant le dispositif #Face_ID à l’iPhone X pour déverrouiller l’appareil d’un simple regard. Dans le sillage de la pomme, un grand nombre de constructeurs travaille à généraliser ce système sur des smartphones à moindre prix. Facebook a recours à la reconnaissance faciale depuis décembre pour traquer les usurpations d’identité sur sa plateforme. Google l’utilise déjà dans son service Photos, utilisé par 500 millions d’utilisateurs, capable depuis peu de reconnaître les animaux de compagnies.

    Les défenseurs des libertés craignent que la généralisation de la reconnaissance faciale dans des outils utilisés à si grande échelle ne glisse vers une utilisation plus large par les publicitaires ou les autorités. En Chine, cette technologie est déjà utilisée pour surveiller les citoyens dans les endroits publics. 170 millions de caméras de surveillance sont installées à travers le pays. Un nombre qui doit atteindre 400 millions à horizon 2020. La plupart sont dotées de programmes d’intelligence artificielle pour analyser les données en temps réel et inciter les individus à ne pas déroger à la norme édictée par le pouvoir.

    #digital_labor #IA

    Et puis cf. le thread d’@antoniocasilli sur son fil Twitter :

    Avez-vous déjà vu, partagé, commenté les « art selfies » de l’appli @googlearts ? Savez-vous qu’ils utilisent votre visage pour constituer un fichier biométrique ? J’en veux pour preuve qu’ils ne sont pas disponibles en Illinois—état où les lois sur la biométrie sont plus strictes.

    https://twitter.com/AntonioCasilli/status/953662993480474624

    • Version optimiste, ft. John Berger :

      In one way, the art selfie app might be seen as a fulfillment of Berger’s effort to demystify the art of the past. As an alternative to museums and other institutions that reinforce old hierarchies, Berger offered the pinboard hanging on the wall of an office or living room, where people stick images that appeal to them: paintings, postcards, newspaper clippings, and other visual detritus. “On each board all the images belong to the same language and all are more or less equal within it, because they have been chosen in a highly personal way to match and express the experience of the room’s inhabitant,” Berger writes. “Logically, these boards should replace museums.” (As the critic Ben Davis has noted, today’s equivalent of the pinboard collage might be Tumblr or Instagram.)

      Yet in Berger’s story this flattening represents the people prying away power from “a cultural hierarchy of relic specialists.” Google Arts & Culture is overseen by a new cadre of specialists: the programmers and technology executives responsible for the coded gaze. Today the Google Cultural Institute, which released the Arts & Culture app, boasts more than forty-five thousand art works scanned in partnership with over sixty museums. What does it mean that our cultural history, like everything else, is increasingly under the watchful eye of a giant corporation whose business model rests on data mining? One dystopian possibility offered by critics in the wake of the Google selfie app was that Google was using all of the millions of unflattering photos to train its algorithms. Google has denied this. But the training goes both ways. As Google scans and processes more of the world’s cultural artifacts, it will be easier than ever to find ourselves in history, so long as we offer ourselves up to the computer’s gaze.

      https://www.newyorker.com/tech/elements/the-google-arts-and-culture-app-and-the-rise-of-the-coded-gaze-doppelgang

      Version réaliste, par Evgeny Morozov :

      Google vient de lancer une plateforme d’IA destinée aux entreprises qui veulent mettre en œuvre une infrastructure d’apprentissage automatique (machine learning) de afin de construire leurs propres modèles (contre rétribution, bien entendu). Il sait pertinemment qu’il est toujours rentable de s’attirer la sympathie des utilisateurs, par exemple en leur donnant des outils d’IA pour trouver des œuvres d’art qui ressemblent à leur visage (1). Ces instruments gagnent ainsi en précision et peuvent ensuite être vendus aux entreprises. Mais pour combien de temps encore Google aura-t-il besoin de cobayes ?

      https://blog.mondediplo.net/2018-01-27-Mark-Zuckerberg-vous-veut-du-bien

  • La première attaque biologique ~ Le Saviez-Vous ?
    http://www.le-saviez-vous.fr/2010/10/la-premiere-attaque-biologique.html

    C’est lors de la guerre de 7 ans, opposant les royaumes de France et de Grande-Bretagne, qu’a eu lieu la première attaque biologique officielle. L’officier britannique Jeffery Ahmerst, suggéra à son subalterne, le colonel Henri Bouquet, l’usage de couverture infectées par la variole, pour tenter de contaminer les indiens des Delaware, alliés des français :

    « You will do well to try to innoculate the Indians by means of blankets, as well as every method that can serve to extirpate this execrable race. » (« Vous feriez bien d’essayer d’infecter les Indiens avec des couvertures, ou par toute autre méthode visant à exterminer cette race exécrable. »)

    Des couvertures contaminées par la petite vérole furent ainsi distribuées(*), causant près de 20 000 morts chez les indiens, pour lesquels cette maladie tout à fait nouvelle fut particulièrement virulente. La petite vérole ou Variole et une infection d’origine virale, provoquant des éruptions cutanées dont les cicatrices perdurent après la maladie, si le patient survit : le taux de mortalité était très élevé et la maladie est toujours restée hors de portée d’un traitement efficace. Elle a été éradiquée, selon l’OMS, en 1977. Plusieurs exemplaires sont néanmoins conservés dans le cadre de la recherche.

    Si le tragique exemple de l’usage de cette arme biologique est le premier réellement recensé, d’autres utilisations de maladies ou d’agents pathogènes avaient fait parler d’eux par le passé. Empoisonner les puits avec des cadavres d’animaux, offrir à ses ennemis des objets manipulés par des malades... Le pouvoir de la contamination dans une guerre est apparu aux yeux des belligérants dès la prise de conscience de contagions.

    En 1344, les Turcs Tatars (tartares) ont ainsi vaincu le comptoir génois de Théodosie, en catapultant des cadavres pestiférés dans la ville assiégée. Cette évènement pourrait avoir déclenché la grande vague de peste bubonique : suite à l’arrêt des combats entre turcs et génois, les bateaux génois purent ré-embarquer et rejoindre l’Europe, diffusant probablement la maladie, l’une des plus importantes pandémies de l’histoire humaine (pics de la peste noire en 1348 et 1350). Cette pandémie tua près de 30 à 50% de la population européenne. Quelques cadavres catapultés pour la prise d’une ville auraient alors scellé le destin de 25 millions de vie. Ce n’est pourtant pas la plus ancienne utilisation du potentiel guerrier biologique.

    Le tout premier incident relaté d’utilisation de matériel contaminé remonte à 1500 avant Jésus-Christ : Des documents estimés à cette période (-1500/-1200) indiquent que les hittites emmenaient en territoires ennemis les victimes de la peste. L’usage de poisons s’est répandu par la suite, de même que la contamination des denrées : lors de la première Guerre Sacrée de Grèce, vers 590 avant J-C., des Athéniens empoisonnèrent l’eau de la ville assiégée de Kihrra, avec des hellébores, connues pour leur toxicité.

    #guerre #contagion #contamination #empoisonnement #peste #variole

  • « Black Mirror » ou l’ambiguïté du pire.
    http://theconversation.com/black-mirror-ou-lambigu-te-du-pire-80027

    Dans cette hypothèse, bien adaptée aux traits souvent sadomasochistes (moralement) des scénarios de Black Mirror, l’acceptation du mal technologique ne serait pas inconscience mais perversité. Le voyeurisme de l’épisode S01E03 « Retour sur image/The Entire History of You », dans lequel chacun dispose d’un greffon (le « grain », derrière l’oreille) qui lui permet de revisualiser les scènes de son passé, est largement jouissif et fantasmatique, pour les personnages comme pour le spectateur.

    Ainsi, ce que démontre la série – loin du simplisme dystopique qui limiterait la réflexion – se rapporte à la 1re « Loi de Kranzberg » : une technologie n’est ni bonne, ni mauvaise, ni neutre. « Ni neutre » signifie que sa puissance impose une prise de conscience éthique, un projet qui prenne la mesure de cette puissance comme nouvelle donne, sans se limiter à la répétition des systèmes de valeur déjà installés. Relèvent de cette approche par exemple les armements nucléaires, l’Internet, l’intelligence artificielle, les technologies de transformation génétique, et bien d’autres.

    La philosophie contemporaine de la technologie montrant dans un premier temps que le pire n’est pas du tout inévitable, n’en déplaise au moralisme technophobe, une éthique contemporaine de la technologie peut explorer ensuite, à travers des fictions souvent, ce qui est inacceptable ou pas, et plus ambigu encore : ce qui est déjà tacitement accepté.

    Les 6 lois de Kranzberg sur la technologie
    https://siecledigital.fr/2017/12/04/6-lois-scientifiques-technologie-comprendre-ecosysteme
    by gabriel under codex informatica, développement durable, loi
    Voici ces lois, dont la plus célèbre est la première :

    La technologie n’est ni bonne ni mauvaise et elle n’est pas neutre.
    L’invention est la mère de la nécessité.
    La technologie vient par paquets, petits et grands.
    Même si la technologie pourrait bien être un élément primordial dans de nombreuses questions d’intérêt public, les facteurs non techniques l’emportent dans les décisions de politique technologique.
    Toute l’histoire est pertinente, mais l’histoire de la technologie est la plus pertinente.
    La technologie est une activité très humaine – et telle est donc l’histoire de la technologie.

    • « La justice ne consiste pas à se soumettre à des lois injustes, il est temps de sortir de l’ombre et, dans la grande tradition de la désobéissance civile, d’affirmer notre opposition à la confiscation criminelle de la culture publique. Lorsque nous serons assez nombreux de part le monde, nous n’enverrons pas seulement un puissant message de l’opposition à la privatisation de la connaissance, nous ferons en sorte que cette privatisation appartienne au passé. Serez-vous des nôtres ? »

      #université #édition_scientifique #articles_scientifiques #sci-hub #inégalités #partage #vidéo #film #culture_publique #désobéissance_civile #injustice #open_access #résistance #Carl_Malamud #jstor #MIT

      –-

      ajouté à la métaliste sur l’éditions scientifique :
      https://seenthis.net/messages/1036396

    • Petit message à celles et ceux qui ont mis une petite étoile à ce post (grand #merci @val_k d’avoir signalé cette vidéo !)... j’ai moi-même (et d’autres bien entendu) pas mal posté d’articles et documents sur l’édition scientifique sur seenthis, vous les retrouvez avec le tag #édition_scientifique. J’ai aussi du matériel stocké dans mon ordi, si jamais quelqu’un a envie de se pencher sur cette question qui devrait plus largement être débattue publiquement... A bon entendeur...

    • #Guerilla_Open_Access_Manifesto

      Information is power. But like all power, there are those who want to keep it for
      themselves. The world’s entire scientific and cultural heritage, published over centuries
      in books and journals, is increasingly being digitized and locked up by a handful of
      private corporations. Want to read the papers featuring the most famous results of the
      sciences? You’ll need to send enormous amounts to publishers like Reed Elsevier.

      There are those struggling to change this. The Open Access Movement has fought
      valiantly to ensure that scientists do not sign their copyrights away but instead ensure
      their work is published on the Internet, under terms that allow anyone to access it. But
      even under the best scenarios, their work will only apply to things published in the future.
      Everything up until now will have been lost.

      That is too high a price to pay. Forcing academics to pay money to read the work of their
      colleagues? Scanning entire libraries but only allowing the folks at Google to read them?
      Providing scientific articles to those at elite universities in the First World, but not to
      children in the Global South? It’s outrageous and unacceptable.

      “I agree,” many say, “but what can we do? The companies hold the copyrights, they
      make enormous amounts of money by charging for access, and it’s perfectly legal —
      there’s nothing we can do to stop them.” But there is something we can, something that’s
      already being done: we can fight back.

      Those with access to these resources — students, librarians, scientists — you have been
      given a privilege. You get to feed at this banquet of knowledge while the rest of the world
      is locked out. But you need not — indeed, morally, you cannot — keep this privilege for
      yourselves. You have a duty to share it with the world. And you have: trading passwords
      with colleagues, filling download requests for friends.

      Meanwhile, those who have been locked out are not standing idly by. You have been
      sneaking through holes and climbing over fences, liberating the information locked up by
      the publishers and sharing them with your friends.

      But all of this action goes on in the dark, hidden underground. It’s called stealing or
      piracy, as if sharing a wealth of knowledge were the moral equivalent of plundering a
      ship and murdering its crew. But sharing isn’t immoral — it’s a moral imperative. Only
      those blinded by greed would refuse to let a friend make a copy.

      Large corporations, of course, are blinded by greed. The laws under which they operate
      require it — their shareholders would revolt at anything less. And the politicians they
      have bought off back them, passing laws giving them the exclusive power to decide who
      can make copies.

      There is no justice in following unjust laws. It’s time to come into the light and, in the
      grand tradition of civil disobedience, declare our opposition to this private theft of public
      culture.

      We need to take information, wherever it is stored, make our copies and share them with
      the world. We need to take stuff that’s out of copyright and add it to the archive. We need
      to buy secret databases and put them on the Web. We need to download scientific
      journals and upload them to file sharing networks. We need to fight for Guerilla Open
      Access.

      With enough of us, around the world, we’ll not just send a strong message opposing the
      privatization of knowledge — we’ll make it a thing of the past. Will you join us?

      Aaron Swartz

      July 2008, Eremo, Italy

      https://archive.org/stream/GuerillaOpenAccessManifesto/Goamjuly2008_djvu.txt

      En français, notamment ici:
      https://framablog.org/2013/01/14/manifeste-guerilla-libre-acces-aaron-swartz

    • #Celui_qui_pourrait_changer_le_monde

      Aaron Swartz (1986-2013) était programmeur informatique, essayiste et hacker-activiste. Convaincu que l’accès à la connaissance constitue le meilleur outil d’émancipation et de justice, il consacra sa vie à la défense de la « culture libre ». Il joua notamment un rôle décisif dans la création de Reddit, des flux RSS, dans le développement des licences Creative Commons ou encore lors des manifestations contre le projet de loi SOPA (Stop Online Piracy Act), qui visait à restreindre les libertés sur Internet. Au fil de ses différents combats, il rédigea une impressionnante quantité d’articles, de textes de conférences et de pamphlets politiques, dont une partie est rassemblée ici. L’adolescent, qui était déjà un libre-penseur brillant, laisse progressivement place à l’adulte, toujours plus engagé, se prononçant sur des sujets aussi variés que la politique, l’informatique, la culture ou l’éducation, et annonçant nombre de questions débattues aujourd’hui. Tiraillé entre ses idéaux et les lois relatives à la propriété intellectuelle aux États-Unis, harcelé par le FBI à la suite d’un procès intenté à son encontre, Aaron Swartz a mis fin à ses jours à l’âge de 26 ans.

      http://editions-b42.com/books/celui-qui-pourrait-changer-le-monde
      #livre

      Avec cet intéressant débat sur seenthis : pourquoi ce livre n’est pas en open access ? Débat introduit par la question de @supergeante : « ça ne choque personne ? »
      http://seen.li/cpal

    • #Alexandra_Elbakyan, la Kazakhe pirate d’articles scientifiques

      Rebelles high-tech (4/6). L’ancienne étudiante en neurosciences a créé un site Web de mise à disposition illégale de rapports de recherche. Le monde entier y a accès, au détriment des éditeurs.

      En ce jour ensoleillé de juin, le parc boisé du -musée Kolomenskoïe, à Moscou, accueille le Geek Picnic, un festival techno artistique en plein air. Parmi la foule, une jeune femme ronde et souriante, à l’allure sage et modeste, parle devant une caméra pour une interview qui sera diffusée sur YouTube. Elle explique, une fois de plus, le fonctionnement de Sci-Hub, son site Internet de publication d’articles scientifiques gratuit et ouvert à tous. Alexandra Elbakyan, 28 ans, originaire du Kazakhstan, est inconnue du grand public. Mais sur les campus et dans les labos de recherche de nombreux pays, c’est une star.
      Avec 62 millions d’articles stockés et référencés, près de 700 000 téléchargements quotidiens et des millions de visiteurs réguliers sur tous les continents, Sci-Hub s’est imposé comme une source majeure de documentation scientifique. Dans les pays pauvres, c’est un outil quotidien pour les chercheurs qui n’ont pas les moyens de se payer les abonnements coûteux des services des grands éditeurs. Dans les pays riches, des chercheurs ayant accès aux services payants utilisent Sci-Hub car il est simple et accessible de partout, sans formalités. Seul problème : Sci-Hub est un site pirate, qui vole les articles aux éditeurs et enfreint toute une série de lois sur la propriété intellectuelle et la sécurité des réseaux. Alexandra Elbakyan est poursuivie par la justice américaine.
      La création de Sci-Hub remonte à 2011. Alors étudiante en neuro-sciences, Alexandra se fait remarquer pour ses recherches sur les ondes cérébrales, ce qui lui vaut d’être invitée à aller étudier en Europe et en Amérique. Mais lorsqu’elle rentre au Kazakhstan, elle n’a plus accès aux textes scientifiques dont elle a besoin – un seul article peut coûter entre 30 et 40 dollars (entre 25 et 35 euros). Un jour, elle s’aperçoit que des biologistes russes s’entraident discrètement et s’échangent des articles sans se soucier des problèmes de copyright. Elle décide d’étendre et d’industrialiser cette pratique en créant un serveur de stockage et de distribution pour toutes les disciplines. Très vite, elle reçoit le soutien de chercheurs occidentaux : des partisans du mouvement « Open Access », militant pour la libre circulation intégrale de l’information scientifique, ainsi que des auteurs s’estimant victimes du modèle commercial dominant (dans le monde scientifique, les auteurs donnent leurs articles gratuitement aux éditeurs privés, qui les revendent très cher aux autres chercheurs).
      Complicités et marché noir
      Parmi les admirateurs d’Alexandra, beaucoup travaillent pour des universités abonnées aux services payants, et certains décident de transmettre discrètement leurs identifiants et leurs mots de passe à Sci-Hub, qui peut ainsi récupérer des articles en se faisant passer pour eux. Quand un lecteur demande un article présent dans ses serveurs, il le reçoit aussitôt. Si Sci-Hub ne possède pas l’article, il va le chercher chez un éditeur grâce à un complice, l’envoie au demandeur, puis l’archive dans la base. Bien sûr, rien n’est simple. Alexandra Elbakyan reconnaît que « Sci-Hub se procure des mots de passe de nombreuses sources différentes », ce qui laisse supposer qu’elle s’approvisionne aussi auprès de hackeurs, qui savent subtiliser des mots de passe sans l’accord de leur propriétaire… Elle a également travaillé en liaison avec un site russe, LibGen, qui distribue toutes sortes de produits piratés, mais elle affirme que, désormais, elle est autonome : « J’ai passé un temps considérable à monter mes propres serveurs, pour stocker et envoyer les articles. »
      Une fois son site lancé, Alexandra entame des études d’économie et de droit : « Un temps, j’ai envisagé de travailler pour le gouvernement, afin de changer les lois sur le copyright. » Puis elle se tourne vers l’informatique et décroche un poste de recherche qui lui laisse le temps de se consacrer à son site : « A partir de 2014, j’ai réécrit tout le code et analysé les statistiques (…). J’ai noté quels étaient les éditeurs les plus demandés, et j’ai chargé tout leur contenu. » Côté finances, Alexandra reçoit des dons anonymes de la part de lecteurs reconnaissants. Par ailleurs, elle a découvert très tôt le bitcoin, et a su spéculer sur cette nouvelle crypto-monnaie : « J’ai acheté des bitcoins quand ils valaient 20 dollars, et, aujourd’hui, ils valent cent fois plus. Cela me permet de me financer. »
      Cela dit, Sci-Hub suscite l’hostilité de nombreux universitaires, bibliothécaires ou conservateurs qui font la chasse aux tricheurs : quand un compte se met soudain à charger de gros volumes de documents, il attire l’attention des administrateurs, qui peuvent intervenir. D’autre part, et surtout, les éditeurs ont déclaré la guerre à Sci-Hub, devenu pour eux une menace existentielle. Le plus actif est le groupe anglo-hollandais Elsevier, leader mondial du secteur. En 2015, Elsevier porte plainte contre Sci-Hub devant un tribunal fédéral new-yorkais. Sans se soucier des questions de territorialité, la justice américaine s’empare de l’affaire et accuse Alexandra de piratage, un crime puni d’emprisonnement. Le juge commence par bloquer l’adresse Sci-hub.org, qui dépend d’un prestataire américain, ce qui oblige Alexandra Elbakyan à créer une série de nouvelles adresses.
      « Proche de l’idéal communiste »
      Convoquée à New York par le juge, elle refuse de s’y rendre. Elle envoie au tribunal une lettre provocatrice, et décide de ne plus aller dans les pays susceptibles de l’extrader vers les Etats-Unis. Elle cache son lieu de résidence, délaisse les réseaux sociaux américains comme Facebook et se rabat sur le réseau russe VKontakte. En revanche, elle participe, par Skype, à des colloques organisés par des universités occidentales. Peu à peu, elle en vient à contester la propriété sous toutes ses formes : « Je me sens proche de l’idéal communiste. Chez les scientifiques, on peut clairement distinguer deux classes : ceux qui travaillent, les chercheurs, et ceux qui les exploitent, les éditeurs. La théorie communiste explique comment cela fonctionne, et pourquoi une révolution est nécessaire. »
      Le procès décuple la célébrité d’Alexandra. Des universitaires consacrent des thèses à Sci-Hub, des comités de soutien se forment sur Internet, des députés européens prennent sa défense. En décembre 2016, la revue scientifique Nature publie une liste de dix jeunes gens exceptionnels ayant fait progresser la science au cours de l’année. Alexandra Elbakyan y figure en bonne place – un effort méritoire pour Nature, qui appartient au groupe d’édition allemand Holtzbrinck, et fait partie des victimes de Sci-Hub. Dans la foulée, The Custodians, un groupe international de militants de l’Internet libre et d’artistes numériques, lance une campagne pour la nomination d’Alexandra Elbakyan au « Disobedience Award » : ce prix de 250 000 dollars est décerné par le MIT de Boston à une personne qui aura fait progresser le bien commun en désobéissant à une loi injuste, tout en restant « efficace, responsable et éthique ». Pour les admirateurs de Sci-Hub, Alexandra Elbakyan est la lauréate idéale. En face, ses détracteurs, notamment américains, élargissent le débat en lui reprochant de vivre en Russie. Ils font valoir qu’elle ne désobéit pas vraiment aux lois de son pays, et sous-entendent qu’elle bénéficie en sous-main de la protection du régime de Vladimir Poutine.
      Le 21 juin 2017, le tribunal new-yorkais condamne Alexandra Elbakyan et ses complices éventuels à verser 15 millions de dollars de dommages et intérêts à Elsevier. Il exige aussi que Sci-Hub cesse toute activité et détruise ses fichiers. En réponse, Alexandra publie, sur VKontakte, un texte sarcastique, en russe : « Encore une victoire de la liberté américaine et de la démocratie… Comment la lecture gratuite d’articles scientifiques pourrait-elle causer des dommages à la société et violer les droits de l’homme ? »
      Après six années de stockage intensif, 95 % des articles demandés par les lecteurs sont déjà dans sa base – désormais, le piratage sert surtout pour les mises à jour. -Selon une étude menée en 2017 par le bio-informaticien allemand Bastian Greshake, les plus gros utilisateurs sont désormais l’Iran, isolé par les sanctions internationales, la Grèce, toujours en faillite financière, plusieurs pays d’Amérique latine, plus l’Inde et la Chine, en bonne place à cause de la taille de leur population. Cela dit, l’Allemagne est aussi très présente : fin 2016, soixante universités allemandes ont décidé de boycotter Elsevier pour protester contre l’augmentation du prix des abonnements, et d’autres sont en passe de les rejoindre. Désormais, leurs chercheurs se procurent les articles dont ils ont besoin par d’autres moyens…
      Parfois, la machine semble s’emballer, hors de tout contrôle. Dans certains pays comme l’Iran, des serveurs aspirent des gros volumes d’articles de Sci-Hub, pour créer leurs propres bases de données à usage local. Ailleurs, des groupes organisés téléchargent tous les articles consacrés à la chimie : selon Bastian Greshake, cette discipline est désormais la plus demandée sur Sci-Hub. Le 23 juin 2017, l’American Chemical Society (ACS), qui gère les intérêts des ayants droit des articles de chimie, porte plainte à son tour contre Sci-Hub devant un tribunal de Virginie.
      Imperturbable, Alexandra répète qu’elle est à l’abri, « quelque part dans l’ancienne Union soviétique ». Elle réaffirme qu’elle n’a aucune relation avec les autorités et assure que son site n’est pas en danger : « Il a été conçu pour résister à la pression. » Elle étudie à présent l’histoire des sciences et s’intéresse à l’hermétisme médiéval, mais promet que Sci-Hub va continuer à croître et embellir.

      https://www.lemonde.fr/festival/article/2017/07/27/alexandra-elbakyan-la-kazakhe-pirate-d-articles-scientifiques_5165479_441519

    • J’ajoute ici un long texte sur #Aaron_Swatrz écrit àla suite de l’attentat contre #Charlie_Hebdo et qui fait un rapprochement important sur le sujet des dommages « collatéraux » de l’anti-terrorisme :
      #JeSuisParsNaturae
      https://pascontent.sedrati-dinet.net/index.php/post/2015/02/09/JeSuisParsNaturae

      Avant tout, j’aimerais confier ici ce qui a occupé mon dimanche 11 janvier 2015, alors que près de quatre millions de personnes descendaient dans la rue à Paris, en France et ailleurs. Sans m’étendre plus en avant sur mes sentiments personnels, ce jour-là je pleurais la mort d’Aaron Swartz, qui s’est suicidé jour pour jour deux ans plus tôt, à l’âge de 26 ans, suite aux persécutions dont il faisait l’objet de la part du département de la justice des États-Unis[1], pour avoir téléchargé, caché dans un débarras du MIT, des millions d’articles scientifiques.

      L’histoire d’Aaron Swartz est documentée dans un film que j’ai donc regardé ce dimanche et qui montre – c’est tout ce qui nous intéressera ici – comment ce jeune homme, plus impliqué que quiconque dans la défense de la liberté d’expression et l’accès à l’information, a été l’objet d’un acharnement judiciaire dont à la fois les responsables, les causes et les motivations nous ramènent au terrorisme proclamé de la tuerie à Charlie Hebdo. Bien que le mot ne soit jamais prononcé dans ce documentaire, la question du terrorisme y est omniprésente et constitue en fait la principale clé de compréhension de ce drame.

  • #Baïkonour, le cosmodrome qui n’apparaissait sur aucune carte – Poussières d’empire

    http://villesfermees.hypotheses.org/483

    Le 12 avril 1961, tous les organes de presse de l’URSS célèbrent l’exploit de la mise en orbite du cosmonaute Youri Gagarine et mentionnent pour la première fois le « cosmodrome de Baïkonour », dont le nom fait alors rapidement le tour du monde (on le retrouve dès le lendemain dans les colonnes du Monde). Un observateur qui aurait alors voulu localiser le fameux cosmodrome aurait pourtant été bien en peine d’accomplir cette tâche en ouvrant un atlas de l’URSS. Certes, il aurait trouvé qu’il existait alors une localité baptisée Baïkonour dans la steppe kazakhe, ainsi qu’une rivière portant le même nom, mais aurait ignoré que les cartographes soviétiques l’avaient sciemment induit en erreur. En effet, ledit village, tout comme la rivière, se trouvent à plusieurs centaines de kilomètres au nord-est de la véritable localisation du cosmodrome, qui n’apparaît alors sur aucune carte. D’abord, le nom de Baïkonour mentionné pour la première fois le 12 avril 1961 par une dépêche de l’agence TASS n’est pas le véritable nom du cosmodrome, qui est alors un « objet secret » identifié par le nom de code Tachkent 59. Le nom de Baïkonour a alors été précisément choisi pour que le véritable cosmodrome demeure introuvable.

    #cartographie #manipulation #urss #union_soviétique #soviétisme

  • Deux ministères sanctionnés pour ne pas avoir nommé assez de femmes
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/12/29/parite-un-horizon-lointain-au-sommet-de-l-etat_5235508_3224.html

    Au ministère de la justice, la pilule est amère. Le porte-parole du ministère, Youssef Badr, rappelle que celui-ci est déjà très féminisé, notamment chez les magistrats. Mais la loi de 2012 ne concerne pas ces fonctionnaires. « L’application de la loi, explique M. Badr, a pu apparaître inadaptée pour un certain nombre de corps, compte tenu de leurs taux de féminisation croissants ou, pour la magistrature, de son statut spécifique d’indépendance. »

    Si le ministère est « très féminisé » le fait que la hiérarchie reste très masculine est encore plus choquant.

    • http://www.webdo.tn/2017/12/22/tunisiennes-interdites-de-voyage-aux-emirats-arabes-unis
      Toutes les ressortissantes tunisiennes se verront refuser l’accès aux Emirats arabes unis même en transit à l’aéroport de Dubai. C ‘est ce qu’a confirmé ce vendredi 22 décembre, le représentant de la compagnie nationale Emirates à Tunis.

      Selon la compagnie aérienne la restriction d’avis de voyage a été émise par le gouvernement des Emirats arabes unis. L’API-Emirats Arabes Unis a informé les compagnies aériennes que les ressortissants tunisiens de sexe féminins seront interdites d’entrée aux Emirats même pour un le transit ou un transfert de et vers les Emirats.

      La seule exception à cette interdiction serait le cas où la femme tunisienne est une résidente aux Emirats ou détiendrait un passeport diplomatique tunisien pour une mission aux Emirats.

      L’API tient les compagnies aériennes pour responsables pour confirmer et valider le VISA Résident ou le Passeport Diplomatique Tunisien.

      Aucun détail ni motif n’a été rendu public pour expliquer cette décision. Le Ministère des Affaires Etrangères n’a pas encore réagi ni donné d’explications.

    • Visa & Passport Information | Emirates United Arab Emirates
      https://www.emirates.com/ae/english/before-you-fly/visa-passport-information/find-visa-requirements-results.aspx?NC=TN&NV=Tunisia&DC=AE&DV=United+Arab+

      Visa & Passport Information
      Destination - United Arab Emirates (AE)

      Passport
      Passport required.
      Document Validity:
      Passports and other documents accepted for entry must be valid for a minimum of 6 months from the arrival date.

      Passports and other documents accepted for entry issued to passengers who stay less than 3 months must be valid for a minimum of 3 months from the arrival date. This does not apply when entering in Abu Dhabi (AUH).

      Admission and Transit Restrictions:
      Admission refused to passengers with a hand-written passport at Dubai (DXB).
      Admission and transit refused to female nationals of Tunisia.

      This does not apply to passengers with a residence visa issued by United Arab Emirates. Airlines must contact API-UAE ( 00971 800274823 or APIUAECallCenter@manafth.ae ).