person:yvan najiels

  • Contre la calomnie consensuelle à l’encontre des gens des cités populaires. Par Yvan Najiels
    http://blogs.mediapart.fr/blog/yvan-najiels

    Chacun peut voir, chacun peut mesurer que, depuis les attentats effroyables à Charlie Hebdo et dans une supérette juive de Paris, le consensus médiatico-parlementaire a endossé l’antienne qui jusqu’à présent n’était franchement assumée que par MM. Zemmour, Finkielkraut, Taguieff ou encore Redeker et nombre de journalistes de Marianne ainsi que par Mmes Schemla, Sorel, Bougrab et quelques autres.
    Ce discours se justifie aux yeux de ses auteurs par un prétendu retour de l’antisémitisme dans les cités populaires, les banlieues et les quartiers dans lesquels résident, disons-le, beaucoup de gens venus d’Afrique noire ou du Nord. Il soutient, par une sinistre ironie de l’Histoire, la nécessité d’épurer la France d’une partie de sa population. Cela parce que les actes de Youssouf Fofana, assassin d’Ilan Halimi, de Mohamed Merah ou d’Amedy Coulibaly, preneur d’otage il y a plus de 10 jours à l’Hypercacher de la Porte de Vincennes, semblent enfin donner raison à celles et ceux qui dénoncent l’aveuglement supposé de nombre d’intellectuels et/ou de politiques à propos d’un retour, donc, d’une vieille passion criminelle française.
    Pour qui, et c’est mon cas, écoute souvent France Inter le matin, la doxa de MM. Finkielkraut et consorts est devenue, depuis les attentats des 7 et 9 janvier 2015, le discours de l’Etat et de ses relais. Ce matin encore, Iannis Roder, professeur d’histoire-géo à St-Denis, venait dire, au micro de Patrick Cohen, à quel point nos élèves (j’enseigne aussi en Seine-Saint-Denis) seraient antisémites, sexistes et, pour tout dire, des graines d’islamistes. Un discours qui, il y a une trentaine d’années, aurait fait scandale du côté de la gauche parce que paru dans le Figaro Magazine qui annonçait, en 1985, « Dans 30 ans, c’est sûr, la France sera une république islamique » est désormais l’antienne assumée d’une gauche républicaine décomplexée qui a fait, depuis 30 ans environ, le lit du Front national dont, hélas, les thèses islamophobes se sont répandues dans la société française.
    Le consensus raciste d’Etat et de l’opinion qui lui est homogène est donc tel que ce matin, sur France Inter, des « thèses » en vérité pas éloignées de la prose d’Eric Zemmour étaient proférées le plus naturellement du monde avec, au cours de l’entretien avec Iannis Roder, la parole donnée à Emmanuel Brenner (en vérité Georges Bensoussan), auteur il y a un peu plus de dix ans d’un livre intitulé Les territoires perdus de la République.
    Le titre de ce livre est édifiant. Puisque territoires perdus il y a, il est vital de les reconquérir par une guerre ("Nous sommes en guerre", disent de nombreux républicains consensuels) qui ressemblerait à une Reconquista et cela annonce, chez Brenner-Bensoussan comme chez Zemmour, un profond désir de guerre civile afin d’en finir avec la supposée barbarie archaïque orientale et musulmane qui infesterait nos banlieues populaires. Haro sur les mahométans et les mahométanes !, nous disent, en écho aux croisés chrétiens du Moyen-Âge, les croisés de la République et de l’Occident.
    C’est que, nous dit Brenner-Bensoussan, les enfants des cités populaires, les Maghrébins et/ou les musulmans comme l’énonce clairement la quatrième de couverture de son livre, sont antisémites. D’ailleurs, son livre fait état de quelques cas d’incidents qui prouvent que le nazisme est de retour, pas moins !, puisqu’il a du reste implicitement renvoyé nos élèves à cette figure du Mal radical, omettant juste de signaler que cette figure est... occidentale !
    Je suis moi aussi professeur dans le 9-3 et j’ai eu cette année une remarque antisémite d’un éléve soralien en classe. Les autres élèves se sont élevés contre le propos négationniste de leur camarade et je sais que, dans nos établissements de villes populaires, la lecture, par ex., du livre de Primo Levi, Si c’est un homme émeut au plus au point les classes.
    Que ce livre émeuve les élèves alors qu’a contrario les visites à Auschwitz ne se passent pas toujours très bien s’explique en vérité assez simplement et c’est d’ailleurs le point que dissimulent à dessein MM. Roder et Brenner-Bensoussan. Le discours standard sur l’antisémitisme (avec visite à Auschwitz, parfois) finit toujours par justifier Israël jusque dans ses exactions et sa nature ségrégationniste alors que le livre de Primo Levi - qui qualifia Begin de fasciste - s’inscrit dans l’universel. Rien d’étonnant, toutefois : Iannis Roder écrit régulièrement dans Causeur, la sympathique revue d’Elisabeth Lévy qui, tous les dimanches (oecuménisme occidentaliste, sans doute), invite par ailleurs sur RCJ son compère Finkielkraut à déverser sa haine bien souvent islamophobe tandis que M. Brenner-Bensoussan, depuis Les territoires perdus... a publié France, prends garde de perdre ton âme, ce qui explique l’angle mort de ces deux pompiers pyromanes.
    Pour faire un petit détour, ce qui se passe en ce moment en France est l’acte II de la proscription d’une partie du peuple (singulièrement de la jeunesse) de ce pays, déjà observée au moment des manifestations interdites de cet été contre l’épouvantable bombardement de Gaza par l’armée israélienne et avec le soutien du pouvoir socialiste de MM. Hollande et Valls, les mêmes qui désormais voudraient qu’on fasse chanter La Marseillaise en classe et qui bénéficieront peut-être bientôt du soutien de M. Finkielkraut et de Mme Schemla.
    Qu’il y ait de l’antisémitisme en France (et ailleurs), nul n’en doute. Qu’il soit massif et singulièrement vivace dans les quartiers populaires où vivent beaucoup de prolétaires venus du tiers-monde avec leurs familles est tout bonnement une calomnie à laquelle il faut tordre le cou car elle est l’antienne répandue qui légitimerait la haine du parlementarisme blanc et bourgeois contre des « salauds de pauvres » dépeints comme des sauvages barbares équivalents à celles et ceux que la France, « grande nation des Lumières », alla « civiliser » dans la seconde partie du XIXème siècle à coups de canons et de cérémonies de dévoilement sur quelques grandes places de l’Algérie française.
    Ce que MM. Roder, Finkielkraut et/ou Brenner-Bensoussan et ce que Mmes Schemla et Elisabeth Lévy appellent antisémitisme est en vérité un antisionisme brut, non complètement pensé ni intellectualisé d’une certaine manière. Cela ne signifie pas qu’il faille entériner d’éventuels propos antisémites mais d’abord, il serait bon d’avoir un véritable relevé des actes de ce type et ensuite, il faut bien avoir à l’esprit que nombre de celles et ceux qui dénoncent une France dont les banlieues seraient un repaire de brigands antisémites recyclent de fait le discours israélien dont le dessein est de pousser nombre de juifs et de juives à quitter la France pour rejoindre l’état de 1947.
    On a bien vu, lors des manifestations de cet été, certains relais de l’Etat d’Israël colporter, sans craindre le négationnisme pur et simple, que les rues de Paris étaient le théâtre de pogroms et de l’équivalent de la Nuit de Cristal (c’est ce que racontait le député UDI franco-israélien Meyer Habib). On a entendu BHL parler des manifestants propalestiniens comme de « djihadistes du dimanche » et le chef du CRIF, M. Cukierman, tient des propos semblables.
    De fait, dans le discours médiatico-parlementaire, juif et sioniste, c’est la même chose. Le résultat d’Auschwitz, c’est la création d’Israël, dit ce discours qui confisque à usage personnel la mémoire du judéocide. Cette confusion et cette confiscation, organisées à dessein pour servir la cause de l’état d’apartheid israélien, ne sont pas sans effet auprès de certains dans les cités populaires qui, par une solidarité légitime avec la Palestine martyrisée, peuvent évidemment reprendre le vocabulaire de désorientation que leur tend leur ennemi occidentaliste israélien. En Israël, ces ennemis s’appellent Bennett, Lieberman et Netanyahou. En France, ce sont Taguieff, Finkielkraut ou bien encore Roder et Brenner-Bensoussan.
    Césaire disait dans son Discours sur le colonialisme que ce qui choquait beaucoup de gens était que Hitler avait tué des blancs. Cette idée mérite d’être nuancée car les juifs d’Europe d’avant l’Extermination n’étaient pas des blancs. Le blanchissement eut lieu après 1945 et l’Etat d’Israël en est le nom le plus éclatant. Il suffit de voir les photos des gens du shtetl, celles de Roman Vishniac par exemple, pour constater que les Ashkénazes ressemblaient d’un certain point de vue aux musulmans et aux musulmanes des cités populaires d’aujourd’hui. Une tradition qui résiste à la globalisation, à la modernité marchande dans ce que celle-ci a de plus éradicateur subjectivement.

    Qui le sait, parmi nos élèves ? Que montrent les institutions officielles du judaïsme si ce n’est Netanyahu acclamé aux cris de « Israël vivra, Israël vaincra ! » à la Synagogue des Victoires à Paris au soir de la manif Charlie ? Que reste-t-il de la mémoire du Bund, de Léon Trotski, de Rosa Luxemburg, du messianisme matérialiste de Walter Benjamin, des grands parents d’Ivan Jablonka (juifs communistes polonais antisionistes) de Henri Krasucki ou de Marek Edelman, persona non grata en Israël ? Pas grand chose. Un héritage englouti.
    C’est bien pourtant cette histoire-là qui permettrait de parler ou non d’antisémitisme car, sans elle, le nom juif continuera, pour parler comme Cécile Winter, à être enrôlé dans l’étendard Occident déployé dans nos guerres sans fin. Cette mémoire-là, disons le tout net, ne soucie pas nos nouveaux propagandistes guerriers de l’Occident, relais d’un monde sans messianisme et lieutenants de la loi d’airain du capital.

  • Par #Yvan_Najiels
    http://blogs.mediapart.fr/blog/yvan-najiels/030814/gilles-deleuze-sur-israel-et-la-palestine-dans-deux-regimes-de-fous-
    #Gilles_Deleuze sur #Israël et la #Palestine dans « Deux régimes de fous » (1983)

    Voilà ce que Gilles Deleuze écrivait à propos de la création de l’état israélien sur le dos des Palestiniens dans son recueil de textes publié chez Minuit en 1983, Deux régimes de fous. Ce texte garde toute sa pertinence. Il illustre notamment très bien l’obscénité de celles et ceux, nombreux hélas, qui crient à l’antisémitisme (pas moins !) pour faire taire (parfois avec le concours de nervis de la LDJ) l’expression du soutien à la résistance palestinienne.

    " D’un bout à l’autre, il s’agira de faire comme si le peuple palestinien, non seulement ne devait plus être, mais n’avait jamais été. Les conquérants étaient de ceux qui avaient subi eux-mêmes le plus grand génocide de l’histoire. De ce génocide, les sionistes avaient fait un mal absolu. Mais transformer le plus grand génocide de l’histoire en mal absolu, c’est une vision religieuse et mystique, ce n’est pas une vision historique. Elle n’arrête pas le mal ; au contraire, elle le propage, elle le fait retomber sur d’autres innocents, elle exige une réparation qui fait subir à ces autres une partie de ce que les juifs ont subi (l’expulsion, la mise en ghetto, la disparition comme peuple). Avec des moyens plus « froids » que le génocide, on veut aboutir au même résultat.
    Les USA et l’Europe devaient réparation aux juifs. Et cette réparation, ils la firent payer par un peuple dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’y était pour rien, singulièrement innocent de tout holocauste et n’en ayant même pas entendu parler. C’est là que le grotesque commence, aussi bien que la violence. Le sionisme, puis l’Etat d’Israël exigeront que les Palestiniens les reconnaissent en droit. Mais lui, l’Etat d’Israël, il ne cessera de nier le fait même d’un peuple palestinien. On ne parlera jamais de Palestiniens, mais d’Arabes de Palestine, comme s’ils s’étaient trouvés là par hasard ou par erreur. Et plus tard, on fera comme si les Palestiniens expulsés venaient du dehors, on ne parlera pas de la première guerre de résistance qu’ils ont menée tout seuls. On en fera les descendants d’Hitler, puisqu’ils ne reconnaissaient pas le droit d’Israël. Mais Israël se réserve le droit de nier leur existence de fait. C’est là que commence une fiction qui devait s’étendre de plus en plus, et peser sur tous ceux qui défendaient la cause palestinienne. Cette fiction, ce pari d’Israël, c’était de faire passer pour antisémites tous ceux qui contesteraient les conditions de fait et les actions de l’Etat sioniste. Cette opération trouve sa source dans la froide politique d’Israël à l’égard des Palestiniens.
    Israël n’a jamais caché son but, dès le début : faire le vide dans le territoire palestinien. Et bien mieux, faire comme si le territoire palestinien était vide, destiné depuis toujours aux sionistes. Il s’agissait bien de colonisation, mais pas au sens européen du XIX° siècle : on n’exploiterait pas les habitants du pays, on les ferait partir. Ceux qui resteraient, on n’en ferait pas une main-d’oeuvre dépendant du territoire, mais plutôt une main-d’oeuvre volante et détachée, comme si c’étaient des immigrés mis en ghetto. Dès le début, c’est l’achat des terres sous la condition qu’elles soient vides d’occupants, ou vidables. C’est un génocide, mais où l’extermination physique reste subordonnée à l’évacuation géographique : n’étant que des Arabes en général, les Palestiniens survivants doivent aller se fondre avec les autres Arabes. L’extermination physique, qu’elle soit ou non confiée à des mercenaires, est parfaitement présente. Mais ce n’est pas un génocide, dit-on, puisqu’elle n’est pas le « but final » : en effet, c’est un moyen parmi d’autres.
    La complicité des Etats-Unis avec Israël ne vient pas seulement de la puissance d’un lobby sioniste. Elias Sanbar a bien montré comment les Etats-Unis retrouvaient dans Israël un aspect de leur histoire : l’extermination des Indiens, qui, là aussi, ne fut qu’en partie directement physique. il s’agissait de faire le vide, et comme s’il n’y avait jamais eu d’Indiens, sauf dans des ghettos qui en feraient autant d’immigrés du dedans. A beaucoup d’égards, les Palestiniens sont les nouveaux Indiens, les Indiens d’Israël. L’analyse marxiste indique les deux mouvements complémentaires du capitalisme : s’imposer constamment des limites, à l’intérieur desquelles il aménage et exploite son propre système ; repousser toujours plus loin ces limites, les dépasser pour recommencer en plus grand ou en plus intense sa propre fondation. Repousser les limites, c’était l’acte du capitalisme américain, du rêve américain, repris par Israël et le rêve du Grand Israël sur territoire arabe, sur le dos des Arabes."

  • Par #Yvan_Najiels

    Etre juif, c’est être propalestinien (contre le monde à l’envers)

    http://blogs.mediapart.fr/blog/yvan-najiels/210714/etre-juif-cest-etre-propalestinien-contre-le-monde-lenvers

    L’antienne gouvernementale alignée sur le consensus siono-fasciste est insupportable, insultante mais aussi foncièrement mensongère et à visée raciste sur le territoire national.

    Crier à l’antisémitisme alors que dans la manif parisienne de samedi, interdite par le pouvoir CRIF-LDJ-PS, il n’y a pas eu d’incidents de ce genre et alors que, aujourd’hui davantage qu’auparavant, de nombreuses autres voix juives, antisionistes ou à tout le moins critiques sur Israël se font entendre, c’est en vérité souhaiter ce que le fin et mesuré Cukierman appelle des « pogroms » ou une nouvelle « Nuit de Cristal » (ce qui, je le redis, est une insulte aux juifs allemands persécutés et/ou assassinés par les nazis). Sans l’antisémitisme, sans « le coup de l’antisémitisme » comme dirait Alain Badiou qui l’a, ici en France, abondamment subi pour avoir critiqué Israël, l’Etat d’Israël et sa politique répugnante seraient traités comme les fascistes qu’ils sont. Israël a beau mépriser le juif faible, diasporique, c’est sur la souffrance épouvantable de celui-ci qu’il fait son beurre. C’est la raison pour laquelle Israël tient à l’antisémitisme (et à des gens comme Dieudonné et Soral) comme le névrosé à son symptôme. Par ailleurs, se penser - comme de nombreux Israéliens - victimes absolues permet d’aller assez loin dans la folie criminelle puisque celle-ci, à leurs yeux, ne pourra jamais égaler Auschwitz.

    Notre gouvernement de gauche - n’est-il pas temps, vraiment, d’en finir avec la gauche et de trouver d’autres noms pour l’émancipation politique ? - reprend donc ce discours. Nous avons au pouvoir d’opiniâtres relais de l’establishment israélien qui soufflent tant qu’ils peuvent sur les braises d’une passion triste, criminelle et mortifère, mais largement affaiblie par le bilan épouvantable du nazisme dont Bernanos pouvait dire qu’il « (avait) deshonoré l’antisémitisme ».

    Pour ce qui est du PS qui confond à dessein politique et histoire (au sens où la politique est un ici-maintenant et l’histoire, le passé), le discours qui fait des propalestiniens des pronazis ou des héritiers politiques de Vichy (car crier à l’antisémitisme, c’est renvoyer exclusivement à cela) est scandaleux à plusieurs titres. C’est une insulte à la face de celles et ceux qui militent contre le calvaire sans fin des Palestiniens devenus victimes expiatoires du Crime de l’Occident. De la part d’un PS dont la majorité des députés (alors SFIO), en 1940, vota les pleins pouvoirs à Pétain et dont le héros éternel, Mitterrand, vichyste jusqu’à ce que le vent tourne, protégea son ami René Bousquet jusqu’à ce que celui-ci soit descendu par un idéaliste trop exalté, l’injure « antisémite ! » est proprement obscène. Ainsi, s’agissant de la mémoire de la rafle du Vel’ d’Hiv’, si cet épisode hautement sinistre de l’histoire de la République a à voir avec des gens d’aujourd’hui, c’est au PS de balayer devant sa porte puisque René Bousquet appartenait à cette gauche-là.

    L’accusation d’antisémitisme proférée par le pouvoir PS n’a donc aucun fondement réel et constitue exclusivement une insulte et un souhait qui justifierait l’existence de l’Etat ségrégationniste israélien et le soutien de la France à cet état et cette politique. Alors, oui, des synagogues ont été attaquées hier à Sarcelles et on peut le déplorer. Mais, inutile de se cacher derrière son petit doigt, si de telles attaques ont lieu, c’est parce que les institutions officielles juives - religieuses et/ou communautaires - soutiennent la politique israélienne et les bombardements épouvantables sur Gaza faisant suite à presque 70 ans de crimes contre le peuple palestinien. Si l’Etat d’Israël et ses relais hexagonaux passent leur temps à exhiber le nom « Juif » pour justifier leur politique, on ne s’étonnera guère qu’ils soient parfois pris au mot. De ce point de vue, une organisation valeureuse comme l’UJFP fait beaucoup plus contre l’antisémitisme que la nébuleuse sioniste. Que des gens s’émeuvent, parfois violemment, de cet état de fait est prévisible car voulu par la clique CRIF-LDJ-Likoud. Les traiter d’antisémites ne relève pas moins de l’outrage absolu, a fortiori pour le parti de Laval, Déat et Mitterrand. Antisémitisme renvoie au nazisme alors que, dans la situation présente, c’est l’insulte que le gouvernement et les sionistes jettent à la figure de gens révoltés par une injustice flagrante et criminelle. En cela, mêler notre époque à celle de l’hitlérisme est une injure grave y compris à l’encontre de gens comme Marek Edelman ou Henri Krasucki qui, eux, étaient des opprimés alors qu’on accuse aujourd’hui d’antisémitisme celles et ceux qui contestent la mise à genoux sans fin d’un peuple sans défense par un état surarmé et choyé par l’Occident blanc impérialiste. Traiter d’antisémites les manifestants de samedi à Paris, c’est insulter le Shtetl. C’est en ce sens que comme le disait l’UCFml au moment des massacres de Sabra et Chatila : être juif, c’est être propalestinien (du côté de l’opprimé, contre l’oppresseur).

    L’obstination du pouvoir « socialiste » à traiter d’antisémites celles et ceux que révoltent les bombardements israéliens a cependant aussi à voir avec notre pays, la France. Le soutien néoconservateur de Hollande et du gouvernement Valls aux crimes israéliens dit aussi quelque chose sur le peuple multinational de ce pays et cet aspect n’est pas à négliger. C’est, purement, la dimension finkielkrautienne du discours gouvernemental.

    Dans les manifestations propalestiniennes s’exprime aussi une solidarité arabe aux opprimé-e-s de Palestine et il n’y a, évidemment, rien à redire à cela. Dès lors, traiter d’antisémites les manifestants de samedi à Paris ou d’hier à Sarcelles, c’est endosser l’antienne de Finkielkraut ou Riposte laïque contre les Arabes et/ou les musulman-e-s présentés comme les nouveaux barbares qui, pour reprendre Finkielkraut, sous couvert d’antiracisme seraient de fieffés antisémites, des « racailles ». Comme le dit du reste le lumineux Bruckner qui a compris là beaucoup de choses bien que n’entendant rien à rien : le racisme anti-blanc, c’est l’antisémitisme. Antienne qui mène d’ores et déjà au fascisme comme l’illustre ici Jacques Kupfer, représentant du Likoud en France.

    Le discours du PS actuel est donc, pour ce qui concerne la France, un pas supplémentaire franchi dans le consensus islamophobe. Par l’utilisation de l’insulte écarlate « antisémite », c’est la population arabe et/ou musulmane que l’on stigmatise violemment et qu’on autorise à pourchasser au nom de bons sentiments « démocratiques » comme l’Occident blanc sait faire depuis si longtemps. Au juif mangeur d’enfants succède, sous la houlette du PS, l’Arabe fanatique et antisémite. À l’antisémitisme usé et désormais de l’ordre exclusif de la psychopathologie politique succède une islamophobie consensuelle et « démocratique » pleine d’avenir : l’Occident a trouvé, une fois le shtetl à jamais détruit, ses nouveaux « barbares » (d´où le tournant « philosémite » du FN). Le PS, on le voit, prépare avec talent le soixantième anniversaire du gouvernement dirigé par Guy Mollet. La police française a plus que jamais quartier libre.

    Et, aujourd’hui comme hier, le PS épouse comme toujours l’oppression - bien qu’il s’en défende.

  • Par #Yvan_Najiels
    http://blogs.mediapart.fr/blog/yvan-najiels/160714/linsupportable

    Insupportable est la perpétuelle accusation d’antisémitisme de la part des sionistes et des autorités « socialistes » françaises à l’encontre de celles et ceux qui ont manifesté samedi dernier non seulement pour l’arrêt des bombardements israéliens mais aussi et surtout pour la victoire de la résistance palestinienne.

    Cette accusation n’est guère étonnante car elle seule pourrait éventuellement justifier la folie militaire israélienne contre son voisin palestinien. C’est la raison pour laquelle les Palestiniens et ceux qui sont de leur côté vont encore être traités d’antisémites pendant longtemps. Sans doute, d’ailleurs, y a-t-il une poignée d’antisémites glissés dans les manifs pour la Palestine. Ils émeuvent d’ailleurs beaucoup la Valls-Hollandie et SOS Racisme (qui pourrait tout aussi bien s’appeler SOS Sionisme) mais on aurait attendu de vives condamnations après les manifestations anti-Arabes en Israël. Mais non, rien. Hollande est un gardien de l’Occident dont Israël est un pilier contre l’Orient forcément « barbare »...

    Il faut par ailleurs appeler un chat un chat et dire qu’Israël est facteur d’antisémitisme. Tous les relais de cet état (principalement le CRIF) embrigadent de force « les Juifs » dans le soutien à l’état criminel d’Israël pour ensuite s’étonner que quelques personnes prennent cela au sérieux. Idem pour le recrutement de soldats pour l’armée israélienne dans des synagogues... Pour quoi donc ces synagogues vont-elles passer ? Que les médias se fassent le relais de la LDJ ajoute à leur grave discrédit.

    La neutralité dans ce conflit est impossible. Il y a un oppresseur et un opprimé dans une situation qui rappelle l’Afrique du Sud de l’apartheid. Sans le chantage mémoriel au génocide, Israël serait ni plus ni moins - et largement - considéré comme un état raciste, ségrégationniste et antidémocratique auquel il faut, en termes de structure étatique, mettre fin. En outre, nombre de combattants juifs antinazis étaient marxistes et antisionistes et les draper post mortem dans le drapeau israélien est un outrage à leur mémoire...

    L’exemple de l’Afrique du Sud doit continuer à servir d’exemple. L’apartheid a été largement (mais pas complètement...) défait mais cela n’a pas empêché les Blancs de rester dans le pays de Mandela. La structure étatique israélienne doit donc être détruite pour laisser place à un pays pour tous.

    C’est pourquoi il faut soutenir la résistance palestinienne unifiée (Hamas compris) et s’investir dans BDS.

  • Chez Alain Finkielkraut, une certaine idée du rance | Yvan Najiels (Je cherche l’or du temps)
    http://blogs.mediapart.fr/blog/yvan-najiels/110611/alain-finkielkraut-une-certaine-idee-du-rance

    Sur France culture en ce matin du 11 juin 2011, dans son émission Répliques dont le titre est « Au cœur de la France », le moraliste-publiciste (un philosophe ? Euh... non !), le moraliste Finkielkraut est aux anges.
    D’habitude, que ce soit à la radio ou à la télévision (pour voir, c’est alors plus facile), on voit notre publiciste réactionnaire hirsute, énervé, ne supportant pas la parole de l’autre, dévoré par sa moraline rance et dépourvu de toute nuance. Là, ce matin, il était bien calme, notre filousophe. Il avait de quoi être apaisé, il faut bien le dire. Ses invités étaient Jean-Christophe Bailly et, surtout, Richard Millet dont l’avant-dernier dernier "livre", L’Opprobre est une suite de phrases sans âge et haineuses contre la France réelle, c’est à dire mondialisée et faite des gens de partout