« Quel drôle de signal, à deux mois de la présidentielle, que de mettre en lumière un inspecteur général de philosophie manifestement très préoccupé par la place du christianisme dans le champ éducatif »
L’image du ministre de l’éducation ne risque pas de s’améliorer : il a nommé Mark Sherringham à la tête de la stratégique instance. L’homme, controversé, avait plaidé pour la réintroduction du christianisme dans l’école publique.
Maso, le ministre de l’Éducation ? On va finir par croire que Jean-Michel Blanquer a décidé de se saborder, accablé par une année 2022 qui lui file entre les doigts. Rien ne va plus depuis ce dimanche 2 janvier où il réserva la primeur de l’annonce d’un nouveau protocole sanitaire – conçu à Ibiza – aux lecteurs du Parisien. Une grève monstre des enseignants est venue pointer sa méthode de gouvernance. Ces derniers jours, le recul problématique du nombre d’heures de mathématiques dispensées au lycée remet en cause ses réformes elles-mêmes.
Et voilà que le ministre nomme à la tête du Conseil supérieur des programmes un ancien conseiller de Raymond Barre, François Fillon et Xavier Darcos, connu pour vanter « l’idéal civilisateur du christianisme » et plaider pour sa réintroduction dans l’école publique. L’annonce a déclenché l’indignation sur les réseaux sociaux.
Drôle de signal
Nous ne ferons pas ici le procès de Mark Sherringham, nous ignorons ses intentions. Mais tout de même, quel drôle de signal, à deux mois de la présidentielle, que de mettre en lumière un inspecteur général de philosophie manifestement très préoccupé par la place du christianisme dans le champ éducatif. On le sait, le Conseil supérieur des programmes, créé en 2013 par la loi Peillon, est une instance hautement stratégique.
« C’est un outil pour imprimer une marque idéologique sur les programmes », dénoncent régulièrement les syndicats enseignants. Assurément le théâtre de vives tensions, particulièrement sous le mandat de la philosophe Souâd Ayada qui, avant de laisser sa place à Mark Sherringham, aura rudement bataillé contre les « pédagos », ces partisans de l’Éducation nouvelle honnis par Jean-Michel Blanquer. On doute que son successeur change de cap.