• Chaque jour cent fleurs | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/marie-cosnay/blog/220721/chaque-jour-cent-fleurs

    Merci à Marie Cosnay pour ce très beau texte d’amitié avec Philippe Aigrain, ses combats et sa volonté.

    Philippe Aigrain (15 juillet 1949-11 juillet 2021). D’Interdemos, de peuple à peuple, à Lucrèce, en passant par #JALE, J’accueille l’étranger. Notre chagrin immense.

    L’ordinateur restait fermé. Impossible de faire autrement. Quand je pourrais, j’irais y chercher, pour continuer la conversation avec lui, les documents rédigés avec Philippe Aigrain. Ceux en attente, sur Framapad. Déjà anciens, dont nous n’avions rien fait de précis, où nous prolongions la réflexion : peut-être, rétrospectivement, dans cette mise en attente, verrons-nous la preuve que la machine à maltraiter, comme l’écrivait Philippe dans un de ses billets de blog sur Mediapart, nous n’avons pas su l’enrayer à temps. C’est ce que nous pensions, ces derniers mois. Sans que le découragement nous empêche de faire, de faire autrement, là où nous étions, auprès des jeunes gens que nous connaissions, suivant leurs parcours, nous réjouissant de leurs succès.

    Dans ce billet de blog que je cite, à plusieurs titres Philippe est visionnaire. Il l’a écrit il y a trois ans. En juin 2018. Quelque temps après que nous eûmes lancé, avec Mireille, Jane, Louise, tant d’autres, le collectif JALE, qui nous avait donné l’espoir d’affirmer ce qui disparaissait, tranquillement mais sûrement, des discours publics. Bien avant la crise sanitaire et la fermeture des frontières nationales à l’intérieur de l’espace Schengen. Pragmatique, Philippe cherchait où les possibilités de soulèvement étaient possibles. Il partait de l’ahurissant règlement Dublin III, de l’imposition faite aux demandeurs d’asile de rester dans les premiers pays d’arrivée, et de ce corollaire : l’impossibilité de passer les frontières intérieures quand on n’était pas un ressortissant de l’espace Schengen, alors que la liberté de circulation était au coeur de l’idée européenne. Ici, une possibilité de soulèvement. Du corps et de l’esprit, écrivait Philippe. Bien sûr, c’était une étape, visant à nous réunir, nous rassembler, afin que nous construisions un mouvement fort capable de « réinstaller dans les textes juridiques et dans les faits les droits à l’accueil des étrangers, de tous ceux qui pour ceux qui, poussés par les circonstances, recherchent légitimement une protection dans l’Union ». Il n’était pas question, Philippe l’explique très clairement, et nous en avions parlé, des heures, avenue Ledru Rollin, il n’était pas question de ne regarder que ce qui se passait à l’intérieur de l’UE, pas question de justifier l’externalisation des frontières, les accords avec les pays de départ, tout ce qui permettait exploitations et tortures des personnes en déplacement. Mais il nous fallait partir de ce point ahurissant de transformation de l’idée européenne. On ne pouvait qu’être suivis.

    Trois ans plus tard, Philippe, les frontières Schengen étaient fermées pour tout le monde. Nous avions, au téléphone, en 2020, plaisanté quelques fois, pour supporter l’insupportable : seuls les gens qui n’ont pas de papiers, pas de titres de séjour, pas de visa, passent nos frontières condamnées. Ce n’était pas complètement vrai, nous le savions tous les deux. Récemment, je te l’avais dit, Yaya Karamoko, jeune homme ivoirien de 28 ans, avait traversé la Bidassoa, à Irun, et s’y était noyé. Je n’ai pas eu le temps de te raconter la suite.

    Ce que je ne t’ai pas dit pèse lourd.

    Je t’ai dit que l’attentat de Nice, par un jeune homme passé par Lampedusa, a été suivi, directement, immédiatement, alors même que les îles Canaries, espagnoles, s’ouvraient, résistaient à l’Europe, par cette annonce : on garderait, virus ou pas, les frontières fermées, et à Irun des unités mobiles arrivaient, gardant chacun des ponts et chacun des abri bus menant à Bayonne et vers le nord. Les gendarmes et policiers ramenaient en Espagne, de l’autre côté de la frontière, les personnes contrôlées en fonction de la couleur de leur peau. Je te l’ai dit ? Je te l’ai dit. Parlant au téléphone, longeant l’Adour, pendant l’heure de sortie de confinement. Tu étais à Argelès. Tu marchais, et jardinais, et écrivais.

    Nous choisissions de parler de Lucrèce, dont tu lisais ma traduction, tu te demandais comment concilier cette nature des choses, où chaque chose choisissait son lieu (et puis ça recommençait, en une pluie d’atomes), avec le sentiment d’impermanence, de flux des formes, de passage d’une espèce à une autre, que tu relisais chez Ovide.

    Ce qui n’était pas très loin de nos autres questions.
    Ce qui serait tout près de la mienne, ce 11 juillet 2021 : Philippe, mais où es-tu donc passé ?

    Comment allons-nous faire, maintenant ?

    11 juillet 2021, c’est le moment où je fais tout, et j’ai hâte de te le raconter, avec le président de la communauté musulmane d’Irun, pour tenter, malgré les nombreux obstacles, d’enterrer Yaya Karamoko. Je veux te dire : comme on traite les vivants, on maltraite les morts. Je veux te dire : tu te souviens de ce que tu disais de l’invisibilité ? Je veux te dire : faire pour un, au cas par cas. Jusqu’au bout. C’est au moment où les corps de plus de cent personnes sans papiers s’exposent, en grève de la faim, pour obtenir de la Belgique la seule réponse possible, la régularisation (nous travaillons ici, nous vivons ici, nous restons ici, et il n’y a pas de raisons pour que nous y restions esclaves), c’est à ce moment que j’apprends, le dimanche dans l’après midi, que tu as trébuché sur une pierre, dans la montagne que tu aimes. Je veux absolument donner du sens à la pierre, celle d’achoppement, je sais que c’est inutile et que ça fourvoie, je relis ce que tu m’avais dit être seulement capable d’écrire en ces moments, le carnet de confinement en Angleterre, auprès de tes enfants et petits enfants, comme tout y est précis et intelligent, je veux donner du sens, je veux chercher du sens, pour ce faire c’est à toi que je veux parler, à toi. Je te dirai cette conjonction : toi, la pierre, la montagne, la Belgique, les corps soulevés, exposés, le corps en jeu, jusqu’au bout, le corps disparu, même après la mort, on ne ne peut pas enterrer Yaya, toi, la pierre, la montagne.

    Je veux te le dire, à toi.

    Sur un de nos documents Framapad, où nous faisions des projets, des plans, tu écrivais, en une sorte de petit encart : « le monde que nous croyions encore nôtre bascule dans un autre qui ne nous laisse que le choix entre pleurer et nous soulever, et qui semble nous avoir privés de tous les instruments d’un soulèvement ». Tu le disais en vrai.

    Pleurer ou nous soulever.

    Tu nous laisses pleurer.

    Je voulais t’offrir bientôt Des îles, à paraître, texte auquel tu avais participé, en quelque sorte : tu l’avais lu, tu avais commenté, tu savais ce que j’y avais développé. Quand j’étais revenue de Lesbos, fatiguée, tu étais à l’aéroport, m’attendant, personne encore n’était masqué - je sais exactement ce qu’avec Mireille, le soir, à table, nous racontions, le camp de Moria, la honte de l’Europe, notre défaite, les résistances malgré tout, et cette maladie qui semblait ne pas vouloir rester en Chine, qu’est-ce que cela allait donner, tu développerais, après, sur ton autre blog, de débats, des analyses qui m’ont guidée plus que toutes les autres.

    Notre découragement, qui n’empêchait pas de faire pour un, un autre, encore ceci, ici, là, qui empêchait pas de penser, je le lis dans notre long document Framapad. Notre tristesse, je dirais. Que Lucrèce, ses atomes en constructions, le monde entier, nous a donné de consoler un peu. « L’immense tristesse et la révolte encore impuissante qui a saisi tant d’entre nous ces dernières semaines vient de la révélation que la corruption des systèmes politiques et l’incapacité où ils sont de traiter les défis écologiques, sociaux et culturels de notre époque est telle qu’ils ne reculeront devant rien pour agiter les peurs, créer des ennemis à combattre et maltraiter ceux qui sont ainsi dépouillés de leurs droits humains élémentaires. ».

    Voilà, tu le savais, Philippe. Et tu avais raison.

    Tu m’écrivais, à propos de Lucrèce : « (…) Ce n’est pas que l’idée même de métamorphose soit étrangère à Lucrèce. Il écrit ainsi, en proposant une définition de la vie comme commun (Livre III, 989-998, trad. Lefèvre, 1899) :

    Grande et forte leçon ! Tout est métamorphoses ;
    Toujours un flot nouveau chasse les vieilles choses ;
    Et l’échange éternel rajeunit l’univers.
    Rien ne roule au Tartare, au gouffre des enfers.
    Pour les peuples à naître il faut de la matière ;
    Ils vivront à leur tour et verront la lumière.
    Les uns nous précédaient, les autres nous suivront.
    C’est un cercle éternel que nul effort ne rompt ;
    Et la vie à jamais se transmet d’âge en âge :
    Elle n’est à personne, et tous en ont l’usage.

    Mais les métamorphoses dont il s’agit ici ne sont que celles permises par l’infinie recombinaison des éléments primordiaux en de nouvelles formes qu’il a décrit au livre I. Tout au plus fondent-elles une forme de métempsychose, mais pas la transformation d’un corps en celui d’une autre espèce, une autre sorte d’existant.

    Plus haut (Livre III, 807-816, trad. Marie Cosnay), Lucrèce a écrit :

    Enfin, dans le ciel, pas un arbre, en haute mer pas de nuages, pas de poissons dans les champs,
    ni de sang dans les bois, ni de jus dans la roche.
    Est certaine et ordonnée, chaque chose qui est et croît.

    Comment pourrait-elle donc se muer dans une autre enveloppe physique alors qu’elle serait prisonnière de sa constitution ? »

    Tu cherchais l’autre forme, Philippe.
    Une autre enveloppe physique.
    Les passages, la liberté de devenir la fleur.
    L’animal, le caillou.

    Je te répondais, le 20 novembre 2020, par mail :
    « La traduction de Lefèvre est vraiment libre ! Les vers que tu cites arrivent après la prosopopée de la nature. Tout le passage engage à la mort, comme tranquillité. Vois ma traduction de la suite :

    Une chose d’autre chose ne cesse jamais de naître,
    la vie n’est pas donnée à un acheteur, mais à tous, pour usage.
    Regarde : ce n’est rien, pour nous, l’ancienneté passée
    du temps éternel, avant notre naissance.
    C’est un miroir du temps futur que la nature nous
    expose à la fin, celui d’après notre mort.
    Y a-t-il quelque chose d’horrible qui paraît, quelque chose
    de triste ? N’est-ce pas plus tranquille que le sommeil ? »

    Aujourd’hui, 22 juillet, les phrases de Lucrèce, que nous avions échangées, dont nous avions commenté les traductions, afin de comprendre comment le philosophe antique pensait le changement, devrait, sinon me consoler de l’atroce manque, m’apaiser ? Plus tranquille que le sommeil ? Ton futur, miroir de nos passés ? Du temps éternel d’avant nos naissances ?

    Le 10 juillet 2021, la veille de la pierre sur le sommet, tu as fait une photo, jaune, de fleurs d’onagres (je ne connaissais ni le nom de la fleur ni la fleur). Tu cherchais l’autre forme, la beauté. Tu pensais l’autre forme, la beauté, tu n’étais qu’au début de le penser, et cela me remplit de chagrin.

    "Chaque jour cent fleurs" : le 10 juillet, on en avait, des jours et des fleurs devant nous.

    2017, à l’hiver. Ici, nous rencontrions Saâ. Il arrivait à Paris et grâce à lui nous apprenions, toi et moi, et Vincent, et Mireille, et Jane, et Michèle, et Sarah, et Nouho, nous apprenions tous combien les adolescents étrangers étaient maltraités. C’était le début d’une prise de conscience. "Ce n’est pas pour rien que Philippe est venu me chercher à gare d’Austerlitz", a dit Saâ vendredi, le jour où à Argelès on essayait de te dire au revoir. Pas pour rien que Philippe a lu le code civil guinéen, proposant des interprétations de certains articles, ce qui permettait une belle jurisprudence, mettant en échec, ponctuellement bien sur, les départements jugeant que les extraits d’acte de naissance des jeunes n’étaient pas conformes. Pas pour rien. Le dernier message que j’ai reçu de Philippe, par Signal, c’est la photo du mariage de Trésor. Trésor Bomenga, qu’il continuait à aider, depuis qu’en 2014 celui-ci avait réussi à échapper à la rétention administrative, prolongée qui, avant Tsipras, sévissait dans les centres grecs. J’avais rencontré Trésor en 2014, à Corinthe. Philippe à peine un peu plus tard, à Paris. Je ne sais pas si des formes remplacent les formes mais je sais la force des liens. Grèce, 2015, et ce que nous mettions en place, Philippe en tête, avec Mireille, Sophie, Laure, Michel, Catherine, Dimitris, en place, Interdemos. Entre les peuples. De peuple à peuple. Il faudra y revenir.

    Le chagrin est immense

    #Philippe_Aigrain #Marie_Cosnay

  • In memoriam Philippe Aigrain (1949-2021) – La Quadrature du Net
    https://www.laquadrature.net/2021/07/15/in-memoriam-philippe-aigrain-1949-2021
    https://www.laquadrature.net/wp-content/uploads/sites/8/2021/07/philippe.jpg

    C’est avec une immense tristesse que nous avons appris lundi le décès de Philippe Aigrain en montagne, près de sa maison dans les Pyrénées.


    Photo : Jérémie Zimmermann

    Informaticien et grand humaniste, militant infatigable, chercheur et intellectuel qui aidait à y voir clair dans ces temps troublés, Philippe a fait partie en 2008 des cofondateurs historiques de La Quadrature du Net. Il fut président de l’association de 2013 à 2017. Tout jeune, il avait été actif lors du soulèvement de mai 1968. Il fut ensuite un compagnon de route des radios libres dans les années 1970, avant d’explorer les potentialités démocratiques d’Internet et de devenir un ardent défenseur des logiciels libres et des biens communs. Ces dernières années, il travaillait à l’accueil solidaire des exilés et dirigeait la maison d’édition publienet, tout en faisant paraître ses poèmes et, plus récemment, son premier roman, intitulé Sœur(s).

    Philippe était de ces personnes qui forcent d’emblée le respect et l’admiration par ses qualités humaines exceptionnelles, son immense gentillesse et sa grande sensibilité, mais aussi par la profondeur de sa réflexion, sa curiosité, sa générosité, sa capacité à conjuguer les savoirs à travers une pensée proprement interdisciplinaire. Tout cela lui permettait non seulement de naviguer entre des communautés militantes, intellectuelles et artistiques de par le monde, mais aussi d’y apporter des contributions précieuses et de tisser des ponts entre tous ces gens.

    À La Quadrature, il a été un modèle pour nombre d’entre nous, un mentor et un ami qui se montrait toujours curieux, ouvert, mais aussi très encourageant avec les personnes fraîchement arrivées au sein du collectif. Il était l’un des piliers qui nous permettait de tenir et de traverser les moments difficiles. Nous admirions sa capacité d’indignation, la rigueur et la richesse de ses analyses, la manière dont il savait mettre à distance certains réflexes militants pour appréhender une situation dans toute sa complexité. Lors qu’on risquait de se perdre dans les détails d’un dossier, il savait aussi nous inviter à prendre de la hauteur et à revenir aux questions politiques fondamentales. Par exemple, lors d’un débat interne fin 2016, nous discutions de notre position sur la création du fichier biométrique TES, que le gouvernement présentait alors comme une manière de lutter contre la fraude à l’identité… on fourbissait des arguments un peu trop techniques et juridiques à son goût, et il avait mis tout le monde d’accord en évoquant la Résistance et en rappelant que des documents d’identité infalsifiables étaient tout simplement contraires aux formes de vie démocratiques.

    Philippe avait également insisté dès le début pour que La Quadrature soit force de propositions positives. Il avait ainsi envisagé un système complet pour permettre au public et aux créateurs et créatrices de se rencontrer autour de leurs œuvres en permettant le partage libre de celles-ci, tout en soutenant et encourageant financièrement la création. Il fut à l’origine de la Contribution Créative, une idée avant-gardiste permettant autant l’accès généralisé à la culture que le soutien matériel à la création. En lien avec Lionel Maurel, il compila ces pistes de réforme dans les propositions positives de réforme du droit d’auteur, publiées par La Quadrature suite au rejet de l’accord commercial anti-contrefaçon ACTA, à l’été 2012.

    Durant toutes ces années, Philippe nous a surtout appris par l’exemple qu’on peut conjuguer un regard lucide sur le monde et une grande exigence dans l’engagement politique, sans pour autant se départir ni du soin de soi et des autres, ni de la joie et de la poésie.

    Nous allons prendre le temps d’honorer sa mémoire. Nous ferons vivre son héritage en continuant nos combats, que ce soit pour les droits humains dans l’environnement numérique, pour le partage des savoirs ou tout simplement pour plus de beauté et d’humanité dans ce monde.

    Pour l’heure, nos pensées endeuillées vont à sa femme Mireille, à ses filles et à ses petits-enfants.

    Sœur(s), un roman abordant les enjeux liés à la surveillance, et publié en septembre 2020 aux éditions Publienet.
    Sharing, Culture and the Economy in the Internet Age, un plaidoyer en faveur du droit au partage non-marchand des oeuvres culturelles, publié en 2011 aux presses de l’université d’Amsterdam.
    Cause commune, un essai en faveur des biens communs informationnels et contre la propriété intellectuelle, publié en 2005 aux éditions Fayard.
    Quelques Poèmes de Philippe à retrouver ici

    #Philippe_Aigrain #La_Quadrature_du_Net

  • Philippe Aigrain, le « penseur des communs », est mort
    https://www.nouvelobs.com/societe/20210715.OBS46565/philippe-aigrain-le-penseur-des-communs-est-mort.html#modal-msg

    Il était une figure emblématique de la sphère d’Internet, défenseur des « biens communs » et des libertés numériques. Philippe Aigrain, « penseur des communs, chercheur, poète et romancier », est décédé dimanche 11 juillet à 71 ans d’un accident de montagne, a annoncé lundi la maison d’édition Publie.net, qu’il présidait.

    Docteur en informatique, Philippe Aigrain a notamment participé dès les années 1970 à la revue « Interférences », qui a accompagné le mouvement des radios libres. Vingt ans plus tard, il a travaillé de 1996 à 2003 avec la Commission européenne et y a développé des politiques de soutien aux logiciels libres.

    Quadrature du net et migrants

    Il a également été l’un des cofondateurs la Quadrature du Net, association créée en 2008 qui « défend les droits fondamentaux et les libertés dans l’espace numérique et promeut des propositions assurant la synergie entre les libertés d’échange sur internet et le financement de la création », décrit-il sur son site Internet.
    « Splendeurs et misères du cybermonde », par Michaël Fœssel

    Pour atteindre cet équilibre entre propriété et biens communs, il a détaillé sa pensée dans plusieurs livres, dont l’un intitulé « Cause commune, l’information entre bien commun et propriété » (Fayard, 2005). L’ouvrage est (sans surprise) disponible gratuitement sur son blog.

    En dehors de la sphère d’Internet, Philippe Aigrain était aussi un fervent défenseur de la cause des migrants. Il a été l’un des initiateurs de la campagne « J’accueille l’étranger », qui propose de rendre visible la cause des exilés par le port d’un badge.

    #Philippe_Aigrain

  • Philippe Aigrain, 15 juillet 1949 - 11 juillet 2021
    https://www.nextinpact.com/lebrief/47736/philippe-aigrain-15-juillet-1949

    « Philippe avait été mon inspiration pour mes recherches sur les brevets sur les logiciels lorsque j’étais étudiant. Plus tard nous avons co-fondé La Quadrature du Net ensemble. En plus d’un être incroyablement généreux et sensible, d’un formidable ami, Philippe était un brillant penseur, philosophe, écrivain, programmeur, stratège, poète... Quelle perte pour le monde... :(((( » réagit Jérémie Zimmerman, sur Twitter.

    Pour Sophian Fanen, Auteur de « Boulevard du stream : du MP3 à Deezer, la musique libérée », « Philippe Aigrain a été un acteur majeur des débats sur la propriété intellectuelle à l’époque du MP3 et des premières lois internet (Dadvsi, Hadopi), puis un moteur des débats sur une contribution créative et les échanges hors marché. Un homme passionnant ».

    Autre réaction, celle de Lionel Morel, juriste et bibliothécaire, auteur du blog S.I.Lex : « Un grand monsieur nous quitte, défenseur inlassable des libertés, des communs culturels, du domaine public et du partage à l’heure du numérique ».

    Patrick Bloche, l’un des mousquetaires de la bataille Hadopi a salué « un militant infatigable des Biens Communs, qui a si fortement inspiré la poignée de parlementaires investis sur les enjeux d’Internet à la fin des années 1990 ».

    Pour Martine Billard, « Philippe a énormément apporté à la réflexion sur le numérique J’ai en mémoire notre coopération alors que j’étais députée ».

    Philippe Aigrain, chercheur, romancier, poète, libriste... et cofondateur de la Quadrature du Net s’en est donc allé ce week-end. Il présidait depuis une maison d’édition, Publie.net. Il a notamment été, entre 2014 et 2015, membre de la commission parlementaire de réflexion et de propositions sur le droit et les libertés à l’âge numérique.

    Il fut l’auteur de plusieurs ouvrages de référence, dont Sharing en 2012 et Internet & Création quatre ans plus tôt. Il avait notamment proposé la contribution créative à l’époque des débats Hadopi. Une solution qui, dans sa rédaction mise sur la table, aurait permis « d’expérimenter les bénéfices de la libération des échanges en termes de diversité culturelle et de rémunération de la création et des acteurs à valeur ajoutée qui y contribuent », indiquait-il dans les colonnes de Libération, sous la plume d’Astrid Girardeau.

    #Philippe_Aigrain

  • affordance.info : Faut-il se désabonner des morts ?
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/07/se-desabonner-des-morts.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0282e11026d8200b-600wi

    Par Olivier Ertzscheid

    13 juil 2021
    Faut-il se désabonner des morts ?

    [Pour Philippe Aigrain]

    Nos vies numériques sont aussi tissées de fils soudainement coupés. D’amis, de connaissances, et de ceux-là de nos hérauts que nous suivions sans les connaître vraiment, et qui soudainement ont la mauvaise idée d’aller jacter avec la camarde.

    Axel Kahn fit récemment le récit digne de sa mort à venir, de son inéluctable. Il disait « L’humus de mon corps, quand il sera putréfié, permettra de participer, peut-être, dans la terre, à l’éclosion d’une marguerite. Et l’idée qu’il y ait un peu de molécules d’Axel Kahn dans une pâquerette, cela me réjouit. »

    Faut-il se désabonner des morts ?

    Cette fois c’est Philippe Aigrain qui nous quitte, d’un accident de montagne. Je le connaissais peu. Et l’admirais beaucoup. Si sa disparition me touche autant c’est qu’à chaque rencontre, à chaque échange, il n’était que gentillesse, discrétion, et convictions remarquables et remarquablement défendues.

    Je l’avais croisé pour la dernière fois dans la cave de chez C&F Editions. Il y a des gens, et ils sont rares, avec qui tu sais que tu ne pourras qu’être d’accord, précisément parce qu’ils ont une certaine vibration, une musique, un accord, et que cet accord se dégage de l’ensemble de ce qu’ils sont et de ce qu’ils font. Du peu que j’en ai vu, il me semble que Philippe Aigrain était de ceux-là. Il avait cet accord, celui qui engage nécessairement le vôtre.

    1200px-Philippe_Aigrain_-_Journée_du_domaine_public_2012

    Faut-il se désabonner des morts ?

    Il y a longtemps c’est un autre modèle devenu copain des réseaux, Jean Véronis, qui filait à l’anglaise. Et puis la copine collègue Louise Merzeau aussi. Deux espiègles chacun à leur façon. Et maintenant Philippe Aigrain. Les traces qu’ils laissent.

    Faut-il se désabonner des morts ?

    Il y a aussi ces étudiantes et ces étudiants, en presque 20 ans on en croise des vies, on en voit aussi hélas qui se terminent bien trop tôt.

    Faut-il se désabonner des morts ?

    Ceux qu’on déteste aussi, et ceux que l’on combat. Il ne faut pas souhaiter la mort des gens. Même de ceux-là.

    Faut-il se désabonner des morts ?

    Chaque réseau social sa mémoire, son rappel, ses rites, ses mémoires. Les anniversaires Facebook de ceux qui ne sont plus, ce rappel incongru qui tape au coeur qui tachycarde à l’inattendu. Faut-il se désabonner des morts ? Les mentions Twitter de comptes qui se sont tus, qui rappellent qu’ils existaient et que nous les suivons toujours. Faut-il se désabonner des morts ? Les blogs aussi dont certains avaient choisi d’y tenir le récit de leur vie maladie. Le récit mal à dire. L’impudeur de ces récits de fin de vie, ou de ces thérapies à ciel ouvert et lourd et tant d’issues incertaines, cette impudeur transpire la pudeur refusée et déniée à ces corps auscultés, perforés, amputés dans la tranchée de la maladie qui nous fait parfois si mal à lire et peut-être à elles et eux, certainement même, qui est leur mal en dit.

    Faut-il se désabonner des morts ?

    Philippe Aigrain, en son accord, était aussi un poète. J’aime beaucoup sa série « Fissures », dont le 20ème poème commence ainsi :

    « la terre assoiffée rétractant sa croûte révèle un pavage secret d’hexagones cabossés »

    #Philippe_Aigrain

  • Mort de Philippe Aigrain, figure historique de la lutte pour les « communs » - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/130721/mort-de-philippe-aigrain-figure-historique-de-la-lutte-pour-les-communs

    Pionnier de la lutte pour les libertés numériques, cofondateur de La Quadrature du Net, penseur et écrivain respecté, Philippe Aigrain a été l’un des principaux promoteurs de la notion de « biens communs ».

    Le monde de l’« hacktivisme » était en deuil, lundi 12 juillet, après l’annonce de la mort, la veille dans un accident de montagne, de Philippe Aigrain, intellectuel et l’une des figures tutélaires de la défense des libertés numériques en France.

    Né le 15 juillet 1949, Philippe Aigrain s’était engagé dès la fin des années 1970 dans le mouvement des radios libres, notamment en participant à Interférences, une revue de réflexion critique sur les technologies ayant eu une influence importante sur de nombreux militants.

    Titulaire d’un doctorat en informatique obtenu à l’université Paris-VII-Diderot, il était devenu, en 1986, directeur de recherche à l’Institut de recherche en informatique de Toulouse (IRIT), avant de rejoindre, en 1996, un programme de recherche sur les technologies de l’information de la Commission européenne.

    Quelques autres photos de Philippe, que j’ai prises entre 2009 (lors de son 60ème anniversaire) et 2011. Sentez-vous libres de les réutiliser comme bon vous semble, pas d’attribution nécessaire.

    =~((
    pic.twitter.com/5O1SDA7AqL
    — Jérémie Zimmermann 💗 🎶 🧀 (@jerezim)
    July 12, 2021

    Durant sept années, Philippe Aigrain s’est battu au sein des institutions européennes pour la mise en place de programme de soutien du logiciel libre. Il est également devenu l’un des principaux défenseurs des « biens communs », une notion qu’il définit dans une tribune publiée le 25 août 2003 dans Libération.

    « Informatique, télécommunications puis biotechnologies ont précipité notre monde depuis trente ans dans deux mouvements contradictoires », y explique-t-il. « L’un vers la concentration de valeur, de pouvoir et d’influence à travers la capitalisation de l’information et de sa manipulation. L’autre vers la production coopérative de nouveaux biens communs informationnels et leur usage social. »

    Ce mouvement des « biens communs », poursuivait Philippe Aigrain, « nous donne les logiciels et les publications scientifiques libres, la coopération scientifique ouverte à l’échelle mondiale, de nouvelles coalitions militantes thématiques mondiales (environnement, développement, commerce équitable, altermondialistes), les médias coopératifs, de nouvelles formes artistiques ».

    Il concluait en appelant à la création d’une « coalition pour les droits communs » au niveau européen qui pourrait « rassembler non seulement l’essentiel de la gauche et des écologistes, mais des courants non négligeables des libéraux politiques et la partie des républicains et des sociaux-chrétiens à qui la nouvelle droite néo-conservatrice fait horreur ».

    Philipe Aigrain avait par la suite développé ses réflexions et ses propositions dans un livre, Cause commune, l’information entre bien commun et propriété (Fayard, 2005), disponible, conformément à ses convictions, en téléchargement gratuit sur son site sous contrat Creative commons.

    Il fait également partie du groupe de militants à l’origine de la création, en 2008, de La Quadrature du Net, la principale association de défense des libertés numériques qui s’illustre dans son combat contre le projet de loi de lutte contre le téléchargement instaurant la loi Hadopi, alors en cours de discussion.

    Impliqué dans la plupart des grands débats politiques sur le numérique, il avait notamment été membre, en 2015, de la Commission de réflexion sur le droit et les libertés à l’âge du numérique mise en place à l’Assemblée par les députés Christian Paul et Christiane Féral-Schuhl.

    « Philippe nous a montré par l’exemple qu’on peut conjuguer un regard lucide sur le monde et une grande exigence dans la réflexion et l’engagement politique, sans pour autant se départir ni du soin de soi et des autres, ni de la joie et de la bonne humeur », a réagi, sur Twitter, Félix Tréguer, un des membres fondateurs de La Quadrature du Net.

    « Philippe avait été mon inspiration pour mes recherches sur les brevets sur les logiciels lorsque j’étais étudiant », a de son côté écrit sur Twitter Jérémie Zimmermann, un des autres cofondateurs de La Quadrature du Net. Il « était un ardent défenseur du Logiciel libre, qu’il vivait et pensait comme un indispensable humanisme. Il aimait les Humains et l’Humanité toute entière ! Il jouait des arts, jouissait de connaissance, se remplissait de partage ».

    Philippe Aigrain avait en effet de multiples activités, en plus de son engagement pour les communs et les libertés numériques. En 2017, il avait ainsi été à l’origine, avec l’écrivaine Marie Cosnay, de la campagne « J’accueille l’étranger » appelant les citoyens à afficher leur soutien aux migrants par le port d’un badge.

    Amoureux de littérature et de poésie, Philippe Aigrin était également le cofondateur du site littéraire Nonfiction et présidait la société d’édition littéraire Publie.net qui a annoncé son décès lundi matin. Il était enfin un passionné de nature et de randonnées.

    Philippe et l’initiative J’accueille l’étranger. 2017.
    pic.twitter.com/XuEzxdMHbG
    — Louise Moulin (@LouiseLibre)
    July 12, 2021

    #Philippe_Aigrain

  • Philippe Aigrain, le sens du commun – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/philippe-aigrain-le-sens-du-commun-20210712_WSLMCXM33BFAVFHZVGUTAT6LAE
    https://www.liberation.fr/resizer/WdJlToNjUGzjs9lQhQC9z2x9vUI=/1200x630/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/5ZDN3X4P4ZAFZJJSHRZCPZUTBM.jpg

    Le cofondateur de l’association la Quadrature du Net, infatigable promoteur du partage culturel et des « biens communs » numériques, est décédé dimanche, à l’âge de 71 ans.

    par Amaelle Guiton
    publié le 12 juillet 2021 à 22h07

    Pour celles et ceux qui l’ont croisé ou côtoyé, il fut un regard pétillant, une générosité palpable, une curiosité jamais démentie. Pour celles et ceux qui se sont plongés ces quinze ou vingt dernières années dans l’analyse des mutations sociales et culturelles provoquées par l’avènement d’Internet – et c’étaient en bonne partie les mêmes –, il incarnait une réflexion féconde, que pourraient résumer les titres de deux de ses ouvrages : Cause commune et Sharing (« partage »). Infatigable militant du partage de la culture, penseur des « biens communs » numériques, cofondateur de l’association de défense des libertés La Quadrature du Net, Philippe Aigrain, 71 ans, est décédé dimanche. C’est la maison d’édition Publie.net, dont il présidait la société éditrice, qui l’a annoncé ce lundi sur Twitter.

    Nous avons eu la tristesse d’apprendre le décès hier de Philippe Aigrain en montagne. Penseur des communs, chercheur, poète et romancier, il dirigeait la maison d’édition depuis 2016. Nous sommes bouleversés. Nos pensées à Mireille, sa compagne, ses filles et ses petits-enfants. pic.twitter.com/jDFDSbqH5r
    — publienet (@publienet) July 12, 2021

    « C’est lui qui a importé en France la pensée des “communs„ », ces ressources qui ne relèvent ni de l’Etat ni de la propriété individuelle exclusive, souligne la chercheuse Valérie Peugeot, qui a rencontré Philippe Aigrain pour la première fois en 2003 à l’occasion d’une journée de débats organisée par le réseau associatif I3C (Internet créatif, coopératif et citoyen). Ce docteur en informatique, passé par l’université de Berkeley en Californie et par l’Institut de recherche en informatique de Toulouse, vient alors de quitter le programme de recherche de la Commission européenne dédié aux technologies de l’information, où il a travaillé sept ans, et s’apprête à créer sa propre entreprise de développement de logiciels libres. Il va devenir au cours des années suivantes l’un des principaux acteurs des débats, ô combien vifs, sur la propriété intellectuelle à l’ère numérique, alors que les industries culturelles et les sociétés de gestion des droits d’auteur sont vent debout, à l’époque, contre la massification de la circulation des fichiers musicaux mp3…

    « Contribution créative »

    C’est Philippe Aigrain qui, en 2008, développe l’idée d’une « contribution créative », soit un financement mutualisé, par les internautes, de la création culturelle, qui permettrait de légaliser le partage d’œuvres en ligne : « un vrai système de redistribution permettant de sortir de l’alternative entre le piratage et le renforcement systématique de la propriété intellectuelle », résume Valérie Peugeot. La « contribution créative » ne verra pas le jour, mais cette réflexion marquera durablement une génération de militants des libertés sur Internet. Lesquels ont été aussi nourris de ses analyses et travaux sur les biens communs numériques, des logiciels libres à l’encyclopédie en ligne Wikipédia, en passant par les licences Creative Commons et l’accès ouvert aux travaux de la recherche publique.

    L’homme était aussi poète, éditeur – depuis 2016, il dirigeait les éditions Publie.net, créées huit ans plus tôt par l’écrivain François Bon – et militant. Il avait ferraillé en 2006 contre la loi Dadvsi (droit d’auteur et droits voisins dans la société de l’information), trois ans plus tard contre la loi Hadopi, plus récemment contre la loi renseignement de 2015, la création l’année suivante du « mégafichier » TES (titres électroniques sécurisés)… « J’admirais sa faculté d’indignation inébranlable face aux désordres du monde et en même temps la rigueur de ses analyses, la manière dont il savait mettre à distance certains réflexes militants pour appréhender une situation dans toute sa complexité », écrit à Libé Félix Tréguer, chercheur associé au Centre internet et société du CNRS, qui a rejoint la Quadrature du Net en 2009, peu de temps avant que l’association « sabre le champagne » après la censure d’une bonne partie de la loi Hadopi par le Conseil constitutionnel.

    « Un éternel émerveillé »

    « Sa curiosité, sa capacité à conjuguer les savoirs » lui permettaient « de naviguer entre des communautés militantes, intellectuelles, artistiques [et] entre les pays », poursuit Félix Tréguer, qui loue aussi la capacité de ce père de deux filles et quatre fois grand-père à ne jamais « se départir du soin de soi et des autres ». Sur Twitter, Jérémie Zimmermann, cofondateur et ex-porte-parole de l’association, salue « un éternel émerveillé, un amoureux de tout », à la « passion contagieuse ». Qui aura eu « le mérite, en permanence, d’incarner ses idées », souligne Valérie Peugeot. Et qui aura nourri les réflexions et les pratiques des amoureux d’un Internet libre et coopératif, dessinant, malgré les désillusions, d’autres possibles.
    Cause commune. L’information entre bien commun et propriété, Fayard, 2005 ; Sharing. Culture and the Economy in the Internet Age (« Partage. La culture et l’économie à l’âge d’Internet), Amsterdam University Press, 2012.

    #Philippe_Aigrain

  • Décès de Philippe Aigrain : une grande perte pour les libertés numériques

    Philippe Aigrain est inclassable. Randonneur émérite, il aimait tant arpenter les chemins des Pyrénées qu’il en avait fait son twitname (@balaitous). Pourtant une chute lors d’une sortie en montagne vient de lui être fatale. Une grande tristesse pour toutes celles et ceux qui l’ont croisé et accompagné dans ses multiples projets. Avec les quelques mots qui suivent, je voudrais adresser toute mon amitié à Mireille qui l’accompagnait depuis si longtemps, en souvenir d’une belle ballade tous les trois autour de leur maison.

    Philippe a été un inlassable défenseur des logiciels libres quand il œuvrait dans les bureaux de la Commission européenne. Partant ce ce mouvement, il a découvert très tôt l’enjeu des communs, notamment des communs numériques et de la connaissance. Avec son ouvrage Cause commune, l’information entre bien commun et propriété, il fut le premier à ré-introduire en France la notion de communs en relation avec le nouveau statut de la connaissance à l’ère des réseaux numériques. Un projet sans cesse à remettre sur le chantier, comme par exemple aujourd’hui autour de la question des brevets sur les vaccins contre le Covid.

    Je me souviens de la préparation de la conférence et du livre Pouvoir savoir, Le développement face aux biens communs de l’information et à la propriété intellectuelle , en 2005, sur la relation entre la connaissance et le développement. Alors qu’à la suite des débats de l’époque j’étais principalement focalisé sur le côté négatif, sur le poids que les extrémistes de la propriété intellectuelle faisaient peser sur le développement, Philippe a longuement insisté sur la nécessité de parler des biens communs comme de l’alternative adaptée à cette question. Il avait totalement raison.


    (Philippe Aigrain lors de la rencontre internationale des communs. Berlin, 2010.)

    Inlassable défenseur des libertés, Philippe a très tôt compris le risque que le numérique faisait peser sur les libertés individuelles. En créant en 2008 La Quadrature du Net avec Benjamin Sonntag et Jérémie Zimmermann, il a lancé un grand mouvement d’opinion et de plaidoyer. Les évolutions ultérieure de la technopolice partout dans le monde ont validé très largement son intuition. Les techniques de traçage et leur usage tant par les entreprises privées du numérique que par les États et les autres collectivités se renforcent chaque jour. Et c’est bien par une action juridique et politique déterminée que l’on pourra éviter la mise en place d’un nouveau régime de gouvernement appuyé sur une connaissance des activités et des affects de chaque individu.

    Mais Philippe Aigrain ne saurait se résumer à cet aspect de militant du numérique. Il est aussi un poète, tant par ses oeuvres que par l’appui qu’il a essayé de porter constamment à la poésie vivante. En 2014, il a repris le flambeau de Publie.net , la maison d’édition créée par François Bon. Il a ainsi participé à construire une indispensable maison d’édition de poésie et de littérature contemporaine française, présentant un modèle hybride de livres imprimé et numériques.

    Philippe, tes intuitions, tes saines colères, ta détermination et la clarté de tes positions vont nous manquer.

    #Philippe_Aigrain #Libertés_numériques #Communs #Tristesse

  • Au front de la révolution du #droit d’auteur ! | Lionel Maurel (Calimaq)
    http://owni.fr/2012/08/02/au-front-de-la-revolution-du-droit-dauteur

    Poser les fondements d’une réforme du droit d’auteur et du financement de la création : tel est l’objet d’un nouveau document préparé par Philippe Aigrain pour La Quadrature du Net. Notre chroniqueur Lionel Maurel, bibliothécaire engagé, a contribué avec enthousiasme à son élaboration et invite ses confrères à s’en emparer, alors que le gouvernement va entamer une consultation sur l’acte II de l’exception culturelle.

    #Pouvoirs #bibliotheque #biens_communs #contribution_créative #droit_d'auteur #hadopi #industries_culturelles #la_quadrature_du_net #livre_numérique #philippe_aigrain #propriété_intellectuelle

  • Pour que vive le domaine public numérique ! | Lionel Maurel (Calimaq)
    http://owni.fr/2012/05/24/pour-que-vive-le-domaine-public-numerique

    Il n’y a pas qu’Hadopi dans la vie. Pour Calimaq, l’équipe de François Hollande devra aussi repenser la question du domaine public dans son ensemble. Quelques pistes ici, inspirées d’une initiative européenne, « Communia ».

    #Analyse #Culture #dadvsi #domaine_public #DRM #françois_hollande #hadopi #Licence_Globale #philippe_aigrain

  • Création et Internet : pour une “pax numerica” | Lionel Maurel (Calimaq)
    http://owni.fr/2012/03/21/creation-et-internet-pour-une-pax-numerica

    Chacun rivalise d’ingéniosité pour inventer une nouvelle taxe qui permettra de financer la #création à l’heure d’Internet. En renonçant à lier la question du financement de la création à celle de la consécration des droits des utilisateurs, les politiques gâchent leur principale chance de rétablir la paix dans l’environnement numérique.

    #Chronique #Pouvoirs #droit #Art #copyright #échanges_non_marchands #hadopi #Licence_Globale #philippe_aigrain #sharing