Avec les « hotspots », l’UE renforce sa politique de refoulement des boat people
Depuis le printemps dernier, devant la médiatisation des milliers de naufrages de migrants en Méditerranée, l’Union européenne (UE) a tenté d’apporter des réponses qui masquent ses responsabilités en matière de non sauvetage en mer et de non respect du droit à demander l’asile. Elle use pour cela d’un jargon spécifique qui vient de s’enrichir d’un nouveau terme : les hotspots.La novlangue européenne, riche d’un lexique conçu pour suggérer que le « problème migratoire » est pris en compte dans le respect des « principes fondamentaux » dont l’UE se gargarise, s’est ainsi enrichie d’un nouveau terme : les hotspots. La signification de cette expression n’étant pas évidente, la Commission européenne en a même proposé une explication dans un des glossaires rédigés afin d’aider au décryptage de son jargon. De fait, ce lexique obscurcit plus qu’il n’éclaircit (« The proposal would allow establishing dedicated hotspot teams from all the Agencies concerned to provide comprehensive support in dealing with mixed migratory flows ») et tel est sans doute son véritable objectif. Comprendre ce que recouvre un tel mot-valise implique à la fois de rappeler le contexte de son apparition et de pointer quelles significations et quels usages ont conduit à ce nouveau signifié. Il s’agit surtout de replacer ce qui est présenté comme une innovation (pas seulement sémantique) dans la longue durée des politiques européennes de contrôle des frontières externes (dans le glossaire précédemment cité, l’expression hotspots est présentée dans la section « Save lives and secure the external borders »).
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