#Pictalk, une #application créée par deux Grenoblois pour communiquer en dépassant le handicap mental
Deux frères grenoblois ont développé une application, Pictalk, pour aider leur frère cadet et toutes les personnes souffrant de handicap mental à mieux communiquer, via un système de #pictogrammes. Deux autres applications, #Pictime et #Pictranslate, sont en cours de développement.
Comment dialoguer avec ses proches souffrant de handicap mental, ceux atteints du syndrome d’Alzheimer par exemple, ou encore de trisomie 21 ? Il peut être parfois difficile de les comprendre ou de se faire comprendre d’eux. Alors face à cette situation, deux frères grenoblois, Alexandros et Adriano Sidiras Galante ont créé l’application Pictalk pour faciliter le quotidien de leur petit frère. Depuis début mars 2024, ils sont soutenus par l’Inria pour se concentrer à plein temps sur le développement de leur projet.
France Bleu Isère : Vous avez créé l’application Pictalk, comment fonctionne-t-elle et à quoi est-ce qu’elle sert ?
Alexandros Sidiras Galante : Quand on a un handicap mental, il y a des sur-handicaps qui apparaissent également. Par exemple dans la communication, au niveau de l’organisation, du comportement. Ces personnes avec un handicap mental, ce ne sont pas seulement des personnes avec de la trisomie 21, ça peut être aussi de l’autisme, dû à de la vieillesse, par exemple la maladie de l’Alzheimer, ou encore après un AVC, un accident de la vie. Donc on s’adresse à toutes ces personnes-là et on va les aider à travers différentes applications. La communication, on s’y adresse avec l’application Pictalk, à l’aide de petits pictogrammes comme les panneaux qu’on voit sur la route, on va utiliser ces pictogrammes-là pour pouvoir former des phrases. Par exemple, on a un pictogramme « burger » ou « frites » que mon petit frère Pablo adore et on va le combiner avec le pictogramme qui signifie « manger ». Et comme ça, mon petit frère, en cliquant sur ces deux petits pictogrammes, va pouvoir former la phrase « Je veux manger des frites ou un hamburger ».
Tout ça part vraiment de votre vécu personnel...
Quand Pablo était petit, il avait un classeur avec des pictogrammes qui étaient plastifiés, qui étaient imprimés. Et ce classeur-là, au fur et à mesure, a commencé à comporter plus de 1000, 2000 pictogrammes, etc. Il n’était plus portable, on ne pouvait plus le prendre dans la rue, il pesait peut-être deux ou trois kilos. Mon petit frère se sentait différent quand il devait le porter, ce n’était plus un outil, une aide, c’était une charge. Donc moi, je suis développeur en télécommunication. Mon deuxième frère, lui, l’est également. Et on s’est dit pourquoi ne pas l’aider ? L’aventure a commencé à peu près au début du Covid en 2020. On s’est retrouvés avec beaucoup de temps et beaucoup d’envie de l’aider dans son quotidien, de le faire progresser.
Le classeur à pictogrammes de Pablo, surchargé, a fini par devenir inutilisable. Le classeur à pictogrammes de Pablo, surchargé, a fini par devenir inutilisable.
Et vous avez deux autres applications qui vont venir compléter la première...
Exactement. On s’est attaqué dans un premier temps au souci de la communication. Maintenant, on a repéré d’autres besoins qu’il a, notamment l’organisation. Lui, auparavant, ne savait pas de quoi était composée sa journée, ni sa semaine, ni par exemple son mois. Mon petit frère, et en fait en général les autres personnes qui sont dans la même situation, n’ont pas une aussi bonne vision que nous dans le temps. Nous par exemple, on a Google Agenda ou autre. Eux, ils n’ont pas cet outil-là. Et donc la journée, le temps, sont une grande source de stress. Donc notre seconde application Pictime s’inscrit dans cette démarche de faire visualiser la journée, la semaine ou le mois à la personne pour réduire son stress, le rendre un peu plus maître de sa journée.
Là où Pictalk et Pictranslate servent à communiquer, Pictime se concentre sur l’emploi du temps des personnes handicapées pour les aider à retrouver des repères Là où Pictalk et Pictranslate servent à communiquer, Pictime se concentre sur l’emploi du temps des personnes handicapées pour les aider à retrouver des repères
Et la troisième ?
La troisième application, c’est PicTranslate. Elles se ressemblent un peu avec Pictalk, elles sont sœurs jumelles : PicTranslate, ça va être un peu l’inverse. La personne, l’éducateur, le parent, pour se faire comprendre de son enfant (ou même un adulte), PicTranslate va lui permettre de passer du français, de l’anglais, ou d’autres langues écrites à des pictogrammes que la personne en face de pouvoir comprendre.
Combien avez-vous d’utilisateurs aujourd’hui et quels sont vos objectifs au final ?
Alors à l’heure actuelle, on a à peu près 2000 utilisateurs inscrits dans Pictalk et les deux autres applications sont encore très, très jeunes et pas tout à fait en ligne. Les objectifs à terme pour nous, c’est d’être utilisés déjà un maximum possible, que ce soit dans les hôpitaux, que ce soit dans les Ehpad, etc... permettre d’accueillir dans des super bonnes conditions toutes ces personnes-là.
▻https://www.francebleu.fr/infos/societe/pictalk-une-application-creee-par-deux-grenoblois-pour-communiquer-en-dep
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