• « #Wokisme » : pourquoi ce mot est piégé

    Le « wokisme », idéologie incertaine, enkystée dans la gauche des mouvements sociaux, menacerait la société, la famille, le progrès et les Lumières.

    Voilà le refrain seriné à longueur de journée par Donald Trump, par le Rassemblement national et des médias d’extrême droite, par des politiques conservateurs. Mais aussi par des essayistes qui se réclament de la gauche, et également, peut-être, par des membres de votre famille ou vos amis.

    Que signifie ce terme ? Pourquoi est-il devenu si présent ? Que veut dire cette présence dans le contexte politique actuel ?

    Si le « wokisme » n’existe pas, est-ce qu’il ne faudrait pas l’inventer ?

    Nos invité·es :

    - #Laure_Bereni, sociologue, directrice de recherche au CNRS, autrice de Management de la vertu. La diversité en entreprise à New York et à Paris (éd. Presses de Sciences Po, 2023) ;
    - #Solène_Brun, sociologue, chargée de recherche au CNRS, coautrice avec - - - Claire Cosquer de La Domination blanche (éd. Textuel, 2024). Elle a aussi publié Derrière le mythe métis. Enquête sur les couples mixtes et leurs descendants en France (éd. La Découverte, 2024) ;
    - #Pierre_Tevanian, philosophe et enseignant, auteur de Soyons woke. Plaidoyer pour les bons sentiments (éd. Divergences, 2025). Il coanime le site collectif Les mots sont importants (lmsi.net) et a publié plusieurs ouvrages, comme On ne peut pas accueillir toute la misère du monde. En finir avec une sentence de mort (éd. Anamosa, 2022).

    https://www.youtube.com/watch?v=9NE9Jj0Ud5c


    #woke #piège #vidéo #ressources_pédagogiques #définition #liberté_d'expression #menace #terminologie #mots #panique_morale #genre #race #racisme #panique #violences_sexuelles #racialisme #décolonial

  • #Territoires_zéro_chômeur ou les chantiers d’un projet politique d’avenir

    Face aux diverses transformations sociales qui menacent le travail, il est urgent de penser à des alternatives à la création d’#emplois par le seul secteur privé, répondant à une logique de #rentabilité immédiate. Alors que l’offre politique actuelle propose, pour résoudre ce problème, soit de le flexibiliser et donc de dégrader toujours plus les #conditions_de_travail des individus, soit d’en nier le besoin et l’utilité future en le présentant comme un fardeau dont le #revenu_universel nous déchargerait, le projet d’ATD Quart Monde promet une solution peu onéreuse et vertueuse, car utile socialement, pour garantir à tous un #emploi.

    Les universitaires ont abondamment documenté les effets négatifs d’une période d’#inactivité, même courte, à la fois sur l’individu, sur la famille et sur la communauté. Une période de #chômage affecte en effet la #santé et la #satisfaction_de_vie d’un individu [i], mais également le montant de son salaire futur [ii] – si réinsertion économique il y a. La baisse de #revenu induit en outre une diminution des biens et services consommés par la famille, et une augmentation de l’#anxiété et des symptômes dépressifs des personnes concernées susceptibles d’affecter leurs apparentés. Plusieurs études ont, par exemple, mis en évidence que la perte d’un emploi du père était associée à un plus faible poids à la naissance [iii], ou à des performances scolaires moindres [iv] de l’enfant. Enfin, si les personnes inactives sont concentrées autour d’une même aire géographique, c’est sur l’ensemble de la communauté [v] que peuvent se répercuter les conséquences du chômage prolongé via l’augmentation de consommation des #services_publics combinée à une diminution de la base d’imposition nécessaire au financement de ces services, ce qui conduit presque inéluctablement à leur #dégradation.

    À l’heure où trois grands événements, à savoir la crise du COVID 19, la transition écologique et la transition numérique, menacent l’emploi, et où les politiques successives de l’offre, supposées le stimuler, ont échoué, il est nécessaire d’envisager des #alternatives à la création d’emplois par le seul secteur privé, répondant à une logique de rentabilité immédiate.

    C’est précisément ce que propose le projet Territoires Zéro Chômeur (#TZC) initié par le mouvement ATD Quart Monde, dont l’objectif premier est d’éviter que des individus ne tombent dans des trappes à inactivité et ne deviennent inemployables en raison de la dégradation de leur #capital_humain (c’est l’une des explications du fameux #effet_d’hystérèse, mécanisme par lequel un #chômage_conjoncturel se transforme en #chômage_structurel après une #récession). Fondé sur un principe de #garantie_à_l’emploi, ce dispositif, dont l’expérimentation sur dix territoires a débuté en 2017, permet à tout chômeur de longue durée (un an minimum) qui le souhaiterait, d’être employé en CDI au sein d’une #Entreprise_à_But_d’Emploi (#EBE) chargée de pallier un besoin économique ou social local qui ne soit pas déjà couvert par une entreprise. Concrètement, il s’agit d’identifier des besoins économiques ou sociaux d’un territoire et de réfléchir à une activité qui fasse coïncider ces besoins avec les compétences des personnes inactives. Le tout, sans concurrencer les entreprises locales. A ce jour, les emplois créés dans les territoires d’expérimentation concernent le service à la personne, le gardiennage, le maraîchage ou encore le transport, autant d’emplois non pourvus car précisément dépourvus de valeur marchande, mais non moins utiles socialement.

    Le modèle économique des EBE est, par ailleurs, relativement simple : le coût d’un chômeur pour la collectivité est estimé à 15000€ par an si l’on inclut les dépenses liées à l’emploi (allocation spécifique de solidarité, aide au retour à l’emploi), les dépenses sociales (RSA, allocations logement), les coûts indirects (santé) et le manque à gagner d’impôts et de cotisations. A peu de choses près, le coût d’une personne inactive équivaut ainsi à un SMIC. L’idée est donc de transformer les prestations sociales et les coûts indirects liés au chômage en salaire ; autrement dit d’activer des dépenses « passives ».

    L’extension du projet en débat

    Trois ans après le début de l’expérience initiée sur dix territoires, le bilan semble plutôt positif : 700 personnes qui étaient dans une période d’inactivité prolongée, ont été embauchées en CDI, et 30 d’entre elles ont, par la suite, retrouvé un emploi dans une entreprise locale. Surtout, le dispositif a permis de sortir des individus d’une grande #pauvreté qui allait jusqu’à contraindre leur consommation alimentaire :

    « L’un d’entre eux nous a dit, en aparté du questionnaire, pouvoir faire trois repas par jour alors qu’avant il ne mangeait qu’au petit déjeuner et au dîner. En outre, les salariés déclarent des achats « plaisirs » qui sont devenus possibles, notamment au niveau vestimentaire (vêtements, chaussures, montres…) » (Source : Rapport de la métropole de Lille, DARES, p. 37)

    La suite de l’enquête révèle que les salariés de l’EBE de Tourcoing, embauchés dans des entreprises de récupération de matériaux, garages ou épiceries solidaires, ont davantage confiance en eux depuis qu’ils travaillent (55,9%). Dans l’ensemble, la classe politique est donc favorable au dispositif et salue l’initiative d’ATD Quart Monde. C’est pourquoi le contrat des dix territoires actuels a été renouvelé, permettant ainsi la continuation du projet.

    En revanche, la question de son extension divise : dans le projet de loi étudié par l’Assemblée en début de mois, il est question d’étendre l’expérience à 30 nouveaux territoires. Or, comme le suggère les rapports IGAS/IGF, le #coût du dispositif aurait été sous-estimé. D’un côté, les personnes ayant bénéficié de ce programme ne demandaient pas toujours les minimas sociaux, donc l’économie de prestations sociales devant être réalisée au départ s’avère plus faible que prévue – en moyenne, 5000€ au lieu de 15000€. De l’autre, les EBE ont dû acquérir du capital (local, machines) pour mener à bien leur projet, un coût fixe qui a contraint ces entreprises à revoir à la hausse leurs dépenses.

    Un coût, certes plus élevé que prévu, mais destiné à s’amortir avec le temps

    Il n’est toutefois pas surprenant que le lancement des premières EBE ait nécessité un investissement de base dans du capital. Cela ne permet en rien de conjecturer sur le coût réel du dispositif dans le futur, puisque, par définition, ces coûts fixes s’amortiront dans le temps. Certaines entreprises pourront même devenir rentables en dégageant du profit grâce à la vente de biens ; on pense par exemple aux épiceries solidaires ou aux usines de recyclage qui ont servi de support au film Nouvelle Cordée de Marie-Monique Robin. Il est donc probable que le dispositif soit moins onéreux dans les années à venir. C’est d’ailleurs ce qu’on peut lire dans le rapport IGAS :

    « L’expérimentation s’est vue également dans certains cas évoluer vers la création de structures (ex : SCIC Laine à Colombey-les-Belles) qui, si leurs activités s’avéraient rentables, pourraient quitter le cadre de l’expérimentation. » (Source : L’évaluation économique visant à résorber le chômage de longue durée, rapport IGAS, 2019, p.73)

    Certaines EBE pourraient donc même, à terme, être assez productives pour ne plus nécessiter d’aides publiques.

    Le « coût faramineux » des politiques de l’offre qui ont été menées ces dernières années

    Pierre Cahuc, qui n’en est pas à sa première attaque contre toute forme d’emploi subventionné par l’État[vi], a dénoncé, sur un ton proche du subtil « pognon de dingue », le « coût faramineux » de ce projet. Le grand prédicateur de la méthode expérimentale en matière de politiques publiques ne serait sans doute pas opposé à une comparaison de ce coût à celui des politiques publiques décidées ces dernières années pour tenter de réduire le chômage. Bien souvent en effet, l’expérimentation consiste à comparer plusieurs groupes tests (qui se voient attribuer un traitement) à un groupe contrôle (qui ne perçoit pas de traitement), afin de tester l’efficacité d’un traitement par rapport à un autre.

    A titre de comparaison justement, prenons le cas du CICE, politique votée en 2012 et destinée entre autres à réduire le chômage. Dans son dernier rapport de 2020 [vii], #France_Stratégie évalue que le dispositif aurait permis la création de 100 000 emplois, 160 000 au maximum, entre 2013 et 2017. Pour un coût – sous forme d’allègement fiscal – s’élevant à 18 milliards d’euros simplement pour l’année 2016. Au total, ce sont près de 47 milliards d’euros qui auraient été dépensés entre 2013 et 2015 pour un modeste résultat de 100 000 personnes embauchées. Plusieurs rapports pointent également un effet quasiment nul de la mesure sur l’#investissement, en dépit des objectifs annoncés en la matière. Finalement, ces allègements fiscaux auraient principalement servi à baisser les prix et augmenter les plus hauts salaires [viii]. Un travailleur embauché aurait donc coûté 435 000€ [ix] au contribuable, ou 100 000€ si l’on prend la fourchette la plus haute de l’OFCE, qui estime le nombre d’emplois créés ou sauvegardés à 400 000. Un coût largement supérieur à la plus haute estimation de celui d’un salarié en EBE, soit 26 000€.

    Pour l’économiste, d’autres alternatives plus efficaces existeraient pour résorber le #chômage_de_longue_durée. Il cite, par exemple, des dispositifs combinant la miraculeuse « formation » et un « soutien personnalisé », « aspects quasi absents de l’expérimentation territoire zéro chômeur ». Pourtant, à la lecture du rapport publié par le ministère du Travail sur le territoire de Colombelles, on constate que de nombreuses entreprises de la nouvelle économie (haute technologie, recherche et développement, informatique) se sont implantées dans cette région, et que les tentatives pour former les anciens travailleurs industriels aux compétences requises n’ont pas manqué. Mais quand le décalage entre les compétences des travailleurs et celles requises par les nouvelles entreprises est trop important, le chômage d’inadéquation persiste. Comme le souligne le rapport :

    « Il existe un décalage entre les besoins des entreprises qui s’implantent sur les zones d’activités situées sur le territoire et les compétences des chômeurs qui y vivent. Le niveau de formation des demandeurs d’emploi Xois ne leur permet pas de profiter des opportunités d’emploi liées à cette activité économique naissante. » (Source : Rapport du territoire de Colombelles, DARES, p.12)

    En dépit des efforts déployés pour limiter les conséquences du démantèlement de l’activité métallurgique dans cette région normande[x], et malgré de nombreux emplois privés à pourvoir dans la région, le chômage s’élevait donc à 20% en 2016. En clair, l’emploi privé ne peut être une solution au chômage de masse de cette région. Et au-delà des échecs successifs des dispositifs qu’évoque Pierre Cahuc pour résorber le chômage, il semble de toute manière utopique d’imaginer que la capacité des organismes de formation en France sera en mesure d’absorber tous les licenciements à venir.

    Les Territoires zéro chômeur, un projet politique

    C’est avec un effarement qui confine au complotisme que #Pierre_Cahuc révèle finalement un secret de polichinelle dans sa tribune : la défense des TZC, au-delà du seul objectif de résorption du chômage, serait un #projet_politique. Et en effet, ATD Quart Monde n’a jamais dissimulé son ambition de transformer le rapport au travail et d’en faire un droit de « première nécessité sociale ». De ce point de vue, le travail n’est plus conçu comme un fardeau, dont le revenu universel pourrait nous décharger, mais comme un besoin quasi-anthropologique, nécessaire à la réalisation de l’individu autant qu’au bon fonctionnement d’une société.

    En conséquence, les TZC évacuent les aspects aliénants du travail : tout d’abord, le projet n’a aucun pouvoir contraignant sur les individus. Ils peuvent choisir de travailler ou de continuer de percevoir leurs prestations sociales, selon leur bon vouloir. Le projet assure également des conditions de travail décentes aux salariés puisqu’ils sont sécurisés via l’emploi en CDI et qu’ils décident des tâches qu’ils devront effectuer, moyen efficace pour garantir la concordance entre leurs compétences et leur emploi. On ne peut pas en dire autant des quelques politiques entreprises pour réduire le chômage ces dernières années, en particulier la flexibilisation du marché du travail ou la baisse des indemnités chômage, qui ont plutôt eu pour effet de précariser davantage les travailleurs et de leur laisser toujours moins de marge de manœuvre quant au choix de leur emploi.

    Enfin, les individus retrouvent du sens à leur métier – composante plus que nécessaire au travail à l’heure où les « #bullshit_jobs » inondent le marché de l’emploi – puisque ce dernier doit être socialement et écologiquement utile. Dans les enquêtes menées sur les territoires concernés, on trouve ainsi de nombreuses EBE spécialisées dans l’agriculture bio, la permaculture ou encore l’entretien des forêts. A titre d’exemple, les employés de l’EBE de la Nièvre ont transformé des jardins ouvriers tombés à l’abandon en potager afin de répondre aux besoins du territoire (écoles, maisons de retraite) en circuit court.

    Il ne s’agit pas de nier que le dispositif mérite encore d’être amélioré. S’il représente pour l’instant une solution efficace au délaissement de certains territoires désindustrialisés, à l’instar de Tourcoing et Colombelles, il n’est pas, en l’état, en mesure de proposer une solution de long terme à l’ensemble des problèmes liés à l’emploi et à la crise écologique. Le projet repose en effet sur une décentralisation de la gestion du dispositif et sur l’autonomie des employés (ils choisissent eux-mêmes les tâches à effectuer) qui semble difficilement compatible avec une planification écologique. Il serait par exemple souhaitable qu’au lieu de prendre des décisions sans être coordonnées, les régions se concertent pour recenser les besoins nationaux de production afin de maximiser l’impact écologique du dispositif. Pour représenter une solution pérenne au chômage de masse, il serait par ailleurs bon de renforcer l’acquisition de compétences des employés au sein des EBE, d’une part pour augmenter leur taux de réinsertion sur le marché du travail, d’autre part pour ne pas renoncer à former des travailleurs dans des secteurs d’avenir et productifs, également nécessaire à la transition écologique.

    Bien que le projet ne soit pas entièrement abouti pour prétendre à être un dispositif révolutionnaire contre le chômage et le réchauffement climatique, il faut lui reconnaître ses mérites à la fois empiriques et théoriques. Il a permis une réduction non négligeable de la pauvreté dans des régions jusqu’alors délaissées par les autorités publiques en redonnant un emploi digne à ses travailleurs. De plus, il pose les premières briques d’un chantier plus vaste de redéfinition du travail, à l’heure où celui-ci est menacé par les reconversions à venir. A rebours d’une idée défendue par une frange anarchisante de la gauche selon laquelle les sociétés de demain ne nécessiteraient plus de travail – perspective pour le moins inquiétante pour bon nombre d’individus – ATD Quart Monde propose de réhabiliter la valeur travail en tant qu’élément essentiel à l’individu et la société. Celui-ci, en étant synonyme de sécurité, autonomie et consistance, retrouverait sa pleine fonction de réalisation de l’individu pour permettre à « l’homme qui travaille de reconnaître dans le monde, effectivement transformé par son travail, sa propre œuvre[xi] », comme l’écrit le philosophe et commentateur de Hegel Alexandre Kojève. Les réflexions ultérieures devront se pencher sur la tension entre autonomie des travailleurs – élément phare du projet qui propose d’éradiquer l’aspect aliénant de l’exécution de tâches – et nécessité de planifier.

    Notes :
    [i] Burgard, S. A., Brand, J. E., & House, J. S. (2007). Toward a better estimation of the effect of job loss on health. Journal of health and social behavior, 48(4), 369-384.

    [ii] Barnette, J., & Michaud, A. (2012). Wage scars from job loss. Working paper. Akron, OH : University of Akron. http://www. uakron. edu/dotAsset/2264615. pdf.

    [iii] Lindo, J. M. (2011). Parental job loss and infant health. Journal of health economics, 30(5), 869-879.

    [iv] Rege, M., Telle, K., & Votruba, M. (2011). Parental job loss and children’s school performance. The Review of Economic Studies, 78(4), 1462-1489.

    [v] Nichols, A., Mitchell, J., & Lindner, S. (2013). Consequences of long-term unemployment. Washington, DC : The Urban Institute.

    [vi] Algan, Y., Cahuc, P., & Zylberberg, A. (2002). Public employment and labour market performance. Economic Policy, 17(34), 7-66.

    [vii] Rapport CICE 2020, France stratégie https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2020-rapport-cice2020-16septembre-final18h.pdf

    [viii] Libé, « Mais où sont passés les milliards du CICE ? », 29 septembre 2016. https://www.liberation.fr/france/2016/09/29/mais-ou-sont-passes-les-milliards-du-cice_1515075

    [ix] Médiapart, « Créer un emploi avec le CICE coûte trois fois plus cher qu’embaucher un fonctionnaire », 16 décembre 2018. https://blogs.mediapart.fr/stephane-ortega/blog/161218/creer-un-emploi-avec-le-cice-coute-trois-fois-plus-cher-qu-embaucher

    [x] Colombelles abritait la Société Métallurgique de Normande, grand bastion d’emplois normand, qui a fermé en 1980 après avoir été racheté par Usinor-Sacilor (aujourd’hui Arcelor).

    [xi] Alexandre Kojève, Introduction to the Reading of Hegel : Lectures on the Phenomenology of Spirit (Ithaca : Cornell University Press, 1989), p. 27. Citation originale : « The man who works recognizes his own product in the World that has actually been transformed by his work. »

    https://lvsl.fr/territoires-zero-chomeur-ou-les-chantiers-dun-projet-politique-davenir

    • Et autre alternative au #teflon (pas essayé) :
      COOK-PAL

      We have successfully developed supreme rust-resistant and anti-caking steel woks and frying pans.

      Oil soaks smoothly into our woks and frying pans letting you cook with greater ease.

      Most steel woks and frying pans suffer from rusting and caking but our products overcome these problems as they have been optimised with a high heat treatment which keeps them free from rust and gives them lifetime protection.

      YOSHIKAWA Innovation with confidence. A genuine “steel made product”. Try out products and you will be using them for a lifetime.

      https://www.yoshikawa-group.co.jp/e/kitchen/products/cook-pal_ren.htm

      #japon #cook-pal #cookpal #Nitruration #Fonte #YOSHIKAWA

    • Et une autre alternative, que j’ai, celle-ci, testée et adoptée :

      Poêles en Acier Mineral B

      Héritage de la Gastronomie Française, l’ustensile en acier est emblématique de la cuisine de nos grands-mères.

      Indémodable, pour saisir, griller, dorer, il détient jalousement les secrets de la réaction de Maillard : une caramélisation en surface des sucs naturels des aliments et un moelleux à l’intérieur.

      Naturellement sans revêtement, inusable, se bonifiant avec le temps, il se transmet de génération en génération.

      En tôle d’acier protégée avec de la cire d’abeille, Mineral B est naturelle et robuste.

      Sa coupe lyonnaise évasée et bombée, favorise la glisse des aliments. La queue rivetée, courbée à la française est confortable et éloignée de la source de chaleur.

      https://www.debuyer.com/fr/content/95-poeles-en-acier-mineral-b
      #acier #De_Buyer

      déjà signalé ici :
      https://seenthis.net/messages/1048671#message1053817

    • #Cookut


      https://www.cookut.com
      –-> poêle légère, sans PFAS et dont le revêtement est durable (sauf si ça chauffe trop)

      Plus en détail :

      Un revêtement 100% minéral SANS PFAS au contact des aliments

      L’Incroyable Cocotte et les autres accessoires de cuisson possèdent un revêtement totalement minéral et naturel : sans PFAS, sans BPA, sans PTFE, sans cadmium, sans PFTE, sans nickel.

      Concrètement ce revêtement est obtenu simplement lors de la #vitrification à haute température du principal composant du sable (silice) et d’eau. Il n’y a aucune substance organique controversée issue du pétrole.

      Cela signifie que cuisiner dans un ustensile Cookut est 100% sain, ce qu’attestent les nombreux tests réalisés par des laboratoires indépendants.

      En plus d’être totalement inerte pour la santé, le revêtement obtenu est à la fois antiadhérent et solide.

      Un coeur en alliage d’aluminium

      Afin d’obtenir les meilleures performance de chauffe et un poids réduit, nous avons choisi un alliage d’aluminium haute performance. L’aluminium présent dans cet alliage ne peut pas se diffuser dans la nourriture, même en présence de traces d’usure normales. Les tests indépendants en laboratoire prouvent la non diffusion d’Aluminium dans la nourriture.

      L’aluminium a souvent mauvaise presse car pendant longtemps des casseroles « tout en aluminium » ont été utilisées. Ces produits qui pouvaient présenter un risque sur la durée sont interdits depuis des années en Europe. Le coeur en aluminium encapsulé dans le sable vitrifié de notre cocotte n’a aucun rapport avec ces produits anciens.

      Pour rappel, l’aluminium est le 2ème composant le plus présent dans la croute terrestre. Les quantités ingérés dans l’alimentation sont de loin les plus importantes au quotidien. A titre d’exemple, la plupart des légumes contiennent 5 à 10 mg d’Aluminium par kg.

      https://www.cookut.com/fr/ma-cocotte-personnalisable

      –—

      J’ai décidé d’aller voir L’incroyable cocotte dans un magasin pour poser 2-3 questions, notamment sur la durabilité.
      La vendeuse m’a dit « c’est sans PFAS et autres produits nocifs, mais ça reste un revêtement... du coup, au bout d’un temps il partira et la poêle ne sera plus anti-adhérante ». Elle dit « après 4-5 ans, quand le revêtement ne sera plus fonctionnel, il faudra changer la poêle/cocotte ». Du coup, pour moi, c’est niet.

  • Les PUF vont bien publier le 30 avril leur ouvrage collectif titré « Face à l’obscurantisme woke » – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/les-puf-vont-bien-publier-le-30-avril-leur-ouvrage-collectif-titre-face-a
    https://www.liberation.fr/resizer/4-kOO9rgCtPc-HlSlJfEV9DVHpI=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(1380x1237:1390x1247)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/4SNNRVYQDFDALM4ZN26LOIOSVU.jpg

    Finalement, c’est oui. Dans une lettre aux contributeurs, que Libération a pu consulter, Paul Garapon, directeur éditorial des Presses universitaires de France (PUF), affirme que l’ouvrage collectif titré Face à l’obscurantisme woke, et dirigé par les universitaires Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren, sera bien publié le 30 avril prochain. Il affirme même aux auteurs que « la volonté de publier (leur) ouvrage ne (l’)a jamais quitté ».

    Pourtant, la parution de l’ouvrage, initialement prévue pour le 9 avril, avait été suspendue, comme Libération le révélait le 10 mars. Et pour cause, publier un livre dénonçant l’« assaut inédit » du « mouvement woke » sur la science en Amérique du Nord et en Europe peut sembler contestable à l’heure où le président Trump s’attaque aux champs universitaires touchant aux inégalités sociales, aux discriminations raciales, au climat ou encore à la santé. A coup de licenciements, coupes budgétaires drastiques ou censure de mots comme « changement climatique », « genre » et « diversité ». Les PUF estimaient d’ailleurs, dans un communiqué, « que les conditions nécessaires à un accueil serein de ce livre collectif ne sont plus réunies aujourd’hui

    #PUF #recherche #woke #panique_morale ?

    • On se moque parfois du zèle, or il peut être d’avant-garde.

      Les Etats-Unis réclament à des entreprises françaises de se conformer aux lois fédérales anti-discrimination
      https://www.lemonde.fr/international/article/2025/03/28/les-etats-unis-reclament-a-des-entreprises-francaises-de-se-conformer-aux-lo

      « Le contractant ou l’offrant potentiel certifie qu’il (…) ne met pas en œuvre de programmes de promotion de la diversité, de l’équité, et de l’inclusion qui enfreignent les lois fédérales anti-discrimination applicables » aux Etats-Unis, demande un questionnaire attaché au courrier adressé à plusieurs entreprises, que l’Agence France-Presse (AFP) a pu consulter.

      ... « Nous vous informons que le décret 14 173, concernant la fin de la discrimination illégale et rétablissant les opportunités professionnelles basées sur le mérite, signé par le président Trump, s’applique également obligatoirement à tous les fournisseurs et prestataires du gouvernement américain, quels que soient leur nationalité et le pays dans lequel ils opèrent », peut-on lire dans le courrier publié par Le Figaro.

      "Qu’on leur coupe la langue !" L’émancipation c’était Macron, le refus de la discrimination c’est Trump, la lutte contre le racisme anti-blancs, c’est la gauche.

      Ad libitum.

    • « Le wokisme est l’épouvantail par lequel on cherche à empêcher le débat rationnel sur les discriminations », Isabelle Kersimon, Autrice, Alain Policar, Politiste, Jean-Yves Pranchère Philosophe
      https://archive.ph/oSg2R

      L’antiwokisme procède en vérité d’un désir de simplification, mais aussi de refoulement. Refoulement d’un passé dont on veut minimiser les crimes, de façon qu’il apparaisse comme une sorte d’accident ou d’anomalie au regard de l’universalité de nos principes. A défaut d’être un phénomène identifiable, le wokisme est l’épouvantail par lequel on cherche à empêcher le débat rationnel sur les questions liées aux discriminations et à leur généalogie.

  • La Cour suprême italienne annule la condamnation du Suisse Stephan Schmidheiny dans le dossier de l’amiante RTS - Julie Liardet avec ats

    La Cour de cassation italienne a annulé vendredi la condamnation de Stephan Schmidheiny pour homicide involontaire dans le dossier des victimes de l’amiante. Les avocats de l’homme d’affaires estiment qu’un nouveau procès en appel est peu probable, le cas atteignant la limite de la prescription le 25 avril 2025.

    Le milliardaire suisse avait été condamné en première instance à quatre ans de prison, une peine réduite à un an et huit mois de prison en appel. Il était poursuivi pour la mort d’un employé de la fabrique de Cavagnolo (Piémont) du groupe italien Eternit S.p.a. L’homme était décédé en 2008 d’une maladie liée, selon l’accusation, à une exposition à l’amiante pendant 27 ans.
    . . . . .


    Le groupe Eternit SEG, dirigé par Stephan Schmidheiny, avait été le plus grand actionnaire puis l’actionnaire principal de l’entreprise Eternit Italia de 1973 à la faillite du groupe transalpin en 1986. La défense de Stephan Schmidheiny assure que l’industriel n’a jamais siégé au conseil d’administration de l’entreprise italienne et n’a jamais eu de responsabilité directe dans la gestion de la société.

    C’est la troisième fois que la plus haute instance judiciaire italienne annule une condamnation de Stephan Schmidheiny, ajoutent les avocats. Un procès en appel est actuellement encore en cours à Turin pour la mort d’employés dans l’usine de Casale Monferrato, près de la cité piémontaise.

    #amiante #Stephan_Schmidheiny #Schmidheiny #santé #cancer #pollution #toxiques #environnement #eternit #chimie #déchets #poison #esthétique #pierre_serpentinite #enquéte #non-lieu non #justice #impunité #Andeva #AVA

    Source : https://www.rts.ch/info/monde/2025/article/amiante-la-cour-supreme-italienne-annule-la-condamnation-de-schmidheiny-28830163

  • Un agriculteur tué par balles à Sarrola-Carcopino
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/corse/corse-du-sud/un-agriculteur-tue-par-balles-a-sarrola-carcopino-31240
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/image/v4E6GtJjT70Pv_2lpZv3wdInuoc/930x620/regions/2025/03/18/u-activite-agricole-mandriolu-00-00-26-15-67d94a5b7d4a8

    Grièvement blessé par balles aux environs de 19h, ce lundi 17 mars, sur la commune de Sarrola-Carcopino, le décès de Pierre Alessandri a été prononcé dans la soirée au centre hospitalier d’Ajaccio.

    Âgé de 55 ans, l’homme se trouvait sur son exploitation, située dans le hameau d’U Mandriolu, lorsqu’il a été atteint « d’au moins un tir certain porté dans [son] dos » indique le procureur de la République d’Ajaccio, Nicolas Septe. Une communication du parquet hier, peu de temps après les faits, parlait de « possiblement trois coups de feu tirés dans [son] dos ».
    (...)
    Producteur d’huiles essentielles depuis 1993 sur ses terres du Mandriolu, au pied du Mont Gozzi, Pierre Alessandri était membre depuis plus de 20 ans du syndicat agricole Via Campagnola. Entre 2007 et 2013, il avait même siégé aux côtés de la majorité à la chambre d’agriculture de Corse-du-Sud.

    Jeudi 13 mars, il était présent à la dernière assemblée générale de Via Campagnola. Sur ses réseaux sociaux, ce mardi 18 mars, le syndicat arbore désormais un carré noir en guise de photo de profil et de bannière, signe de deuil.

    En avril 2019, la distillerie de Pierre Alessandri, alors secrétaire général de Via Campagnola, avait été la cible d’un incendie. L’intégralité du hangar agricole avait été ravagé par les flammes, détruisant plusieurs engins et le matériel de distillation d’huiles essentielles de l’agriculteur. La piste privilégiée était alors « celle d’une réaction violente » liée à ses positions syndicales, indiquait l’alors procureur de la République d’Ajaccio, Eric Bouillard. (...)

    • Un agriculteur corse abattu sur son exploitation : combattre pour l’intérêt général ne devrait pas couter la vie aux lanceurs d’alerte - Anticor
      https://www.anticor.org/2025/03/18/un-agriculteur-corse-abattu-sur-son-exploitation-combattre-pour-linteret-ge

      Le 17 mars 2025, #Pierre_Alessandri, agriculteur corse, a été tué par trois balles dans le dos alors qu’il se trouvait sur son exploitation, à Sarrola-Carcopino. Il était l’un des lanceurs d’alerte dans l’affaire des fraudes aux subventions européennes en #Corse.

      Dès 2016, #Anticor avait signalé de possibles détournements des #subventions_européennes aux exploitations agricoles, ce qui avait déclenché l’ouverture d’une enquête.

      Une ordonnance de renvoi concernant plusieurs hauts fonctionnaires pour détournement de fonds publics et recel de cette infraction a été rendue dans cette affaire le 24 septembre 2024 dernier et une audience correctionnelle devrait se tenir prochainement.

      Ces faits potentiels, d’une extrême gravité, ont pu être mis en lumière grâce au courage de lanceurs d’alerte, parmi lesquels Pierre Alessandri.

      Si l’enquête pour déterminer les contours de la mort de Pierre Alessandri est toujours en cours, l’agriculteur avait déjà fait l’objet de menaces en raison de son engagement pour l’intérêt général et le bien commun.

      En 2019, il avait déjà été victime d’un incendie volontaire sur l’un de ses hangars de stockage.

    • En avril 2019 :

      Le scandale des fraudes agricoles s’étend en Corse | Mediapart | 28 avril 2019
      https://www.mediapart.fr/journal/france/280419/le-scandale-des-fraudes-agricoles-s-etend-en-corse

      Le scandale des fraudes aux aides agricoles européennes est en train de prendre un tour dramatique en Corse. Dans la nuit du vendredi 26 avril au samedi, un incendie a détruit la distillerie d’huiles essentielles exploitée par Pierre Alessandri, le responsable du syndicat agricole #Via_Campagnola (#Confédération_paysanne), à Sarrola-Carcopino, au nord d’Ajaccio.

      Le procureur de la République d’Ajaccio a ouvert une enquête judiciaire pour incendie criminel commis en réunion, confiée à la gendarmerie. Cet incendie trouve vraisemblablement son origine dans les positions prises par Via Campagnola lors de la récente campagne électorale pour les élections des chambres d’agriculture. Ce syndicat minoritaire a en effet dénoncé les fraudes aux aides européennes avec fermeté, comme Mediapart s’en était déjà fait l’écho.

      https://justpaste.it/fq5q9

    • Communiqué de Via Campagnola sur la qualification de « lanceur d’alerte » (notamment par Anticor cité plus-haut)
      https://www.facebook.com/syndicat.viacampagnola/posts/9617607304985941

      Via Campagnola

      CUMUNICATU
      Aiacciu, u 4 di aprile di u 2025

      "NON" Pierre Alessandri n’était pas un "lanceur d’alerte”, occurrence répétée dans les journaux et médias.

      [ ] Le 13 octobre 2004, Pierre Alessandri fonde le syndicat Via Campagnola Corse-du-Sud et en devient le secrétaire général (président). Trois ans plus tard, en 2007, il en devient également le porte-parole. Depuis cette date, chaque fois que Pierre Alessandri a pris la parole, il l’a fait a titre syndical, conformément à nos statuts, qui exigent de défendre les intérêts des agriculteurs corses.

      La défense des agriculteurs est un travail ardu, mais si notre syndicat s’est souvent élevé contre certaines dérives inhérentes a notre métier, ni notre président ni notre syndicat n’ont JAMAIS dénoncé des individus nommément. Un syndicat d’agriculteurs digne de ce nom n’est pas CONTRE ceux qu’il est censé défendre.

      Des agriculteurs, il en reste peu.. très peu. Que nous ayons, sur des problématiques précises et variées, des points de vue différents de ceux d’autres syndicats agricoles : c’est un fait. Que nous puissions être "contre" des agriculteurs : JAMAIS. Nous sommes bien trop peu nombreux pour nous permettre ce luxe et bien trop respectueux, depuis toujours, des autres pour agir de la sorte.

      Depuis plusieurs années, notre syndicat, et plus particulièrement notre représentant Pierre Alessandri, avons été trainé dans la boue en sous-entendant que des exploitants avaient été directement mis en cause dans certaines affaires. Ceci est faux. D’autres l’ont peut-être fait, mais pas nous.

      L’État et son administration n’ont jamais eu besoin de quiconque pour connaitre les dérives qu’ils orchestrent avec talent depuis des décennies et les conséquences qui en découlent pour les Corses.

      Nous n’avons jamais souhaité réagir a ces allégations mensongères, car nous pensions naïvement que ceux-là mêmes qui les colportent finiraient par comprendre leur erreur. Nous pensions naïvement que de telles énormités ne pouvaient être ni répétées ni même crues.

      Mais plus c’est gros, plus ça passe !

      Pierre était un homme courageux, mais son courage ne doit pas servir a ceux qui n’en ont pas a masquer leur lâcheté, leurs errances, leurs incompétences ou leur soif de "gros titre". En Corse, plus qu’ailleurs, les mots ont un sens et la perversion des mots : des conséquences...

      Non, Pierre n’était pas un lanceur d‘alerte. Un lanceur d’alerte est une personne qui dénonce les dérives d’un système auquel elle appartient ! Pierre n’a jamais fait partie d’aucune administration qui lui aurait permis de connaitre les « dossiers » des agriculteurs, mais surtout, Pierre a pu s’opposer, mais n’a jamais en aucun cas dénoncé quiconque !

      Nous demandons donc instamment aux médias (qui pervertissent la vérité pour la rendre plus appétissante), aux imbéciles de tout bord et de tout genre, aux naïfs qui pensent savoir... de se taire définitivement et de permettre a Pierre, a ses amis, a ses compagnons de lutte syndicale, mais surtout a sa famille, d’avoir la paix.

      Pour le bureau - Présidence de Haute-Corse
      Laetitia SIMEONI

  • Mort de l’historien Pierre Sorlin (1933-2025), un des représentants du mouvement « cinéma et histoire »

    A conversation with Pierre Sorlin about film studies,
    film and history, and European cinema
    https://visionscarto.neocities.org/00-images-seenthis/NECSUS_2019_8_1_5-14_Pitassio_Conversation_Sorlin_.pdf

    Historien de formation, Pierre Sorlin s’est tourné vers le cinéma afin de déterminer la manière dont les films peuvent témoigner d’une réalité sociale. D’après Sociologie du cinéma, ouvrage fondamental dans le domaine, le film offre la vision d’une société par le biais d’une construction filmique, d’un « processus par lequel le cinéma d’une époque donnée capte un fragment du monde extérieur, le réorganise, lui donne une cohérence et produit, à partir du continuum qu’est l’univers sensible, un objet fini, abouti, discontinu, et transmissible ».

    Le film n’est donc plus le miroir d’une société – comme chez Kracauer –, ni même l’indicateur de ses dynamiques internes et de ses processus mentaux – comme chez Marc Ferro –, mais une interprétation, la représentation d’une déformation. Dès lors, le cinéma permet de définir ce qui est « visible », c’est-à-dire représentable, pour une société donnée, et par là même, d’en dessiner les limites idéologiques. L’historien applique donc ses concepts aux cinématographies italienne (Sociologie et Italian National Cinema) et européennes (European Cinemas). Parallèlement, Sorlin mène des travaux avec Michèle Lagny et Marie-Claire Ropars, notamment sur Octobre d’Eisenstein. Partant d’une approche transversale du film, le premier tome, axé sur l’enchaînement des plans et le fonctionnement du montage, tente d’évaluer le rapport de l’écriture du film à l’idéologie (Écriture et Idéologie) ; le second, axé sur l’inscription du temps historique dans le temps filmique, cherche à définir la dynamique des forces présentes dans un film sur la Révolution réalisé dix ans après les évènements (La Révolution figurée).

    Les trois chercheurs étudient également le cinéma populaire français des années trente. S’interrogeant sur le regain d’intérêt du public de l’après 68 pour ce cinéma, ils travaillent autour de l’hypothèse que ces films, faits pour « exhiber du creux, du rêve, du pathétique, des bons sentiments ou des étoiles » permettent de consacrer « l’effacement de la guerre, dans la contemplation d’un monde qui ne l’a pas encore connue » (Générique des années 30). En outre, Sorlin consacre deux ouvrages à l’esthétique, l’un partant d’un point de vue spectatoriel et cherchant à définir la manière dont un document audiovisuel s’adresse à la sensibilité de celui qui le regarde (Esthétique de l’audiovisuel), l’autre se concentrant sur la figure du portrait et s’intéressant aux différents systèmes représentatifs, socialement codifiés selon les époques (Persona). Enfin, Les Fils de Nadar, ouvrage érudit sur la photographie, analyse le « régime perceptif » de l’image analogique, son fonctionnement sélectif – qui lui permet de constituer le « champ du représentable » – et se conclut sur « l’étroite relation de la reproduction analogique avec le modernisme, c’est-à-dire avec l’essor capitaliste, le développement machinique et l’impérialisme ».

    Source : http://repertoire-critiques.cinematheque.fr/fiche_auteur.php?objId=56&display=print

    #cinéma
    #histoire
    #histoire_du_cinéma
    #Pierre_Sorlin

  • Guérilla des FARC, l’avenir a une histoire

    https://www.youtube.com/watch?v=dfgM2YvQAAI&si=WVmcymniWsQqJMy1

    Un long métrage documentaire de Pierre Carles
    Co-écrit avec Stéphane Goxe
    142 minutes - Couleur - Stéréo
    France, 2024


    Produit par Annie Gonzalez C-P Productions
    Distribution Les films des deux rives

    Disponible en version française, anglaise et espagnole.

    Retour sur 50 ans de vie de la guérilla colombienne. Des femmes et des hommes, qui ont pris les armes dans un contexte de profondes inégalités sociales et de violence politique, racontent leur vie de combattants et leur sortie du maquis, sans se renier. Depuis le début des négociations de paix en 2012, jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement progressiste en 2022, l’histoire d’un nouveau combat.

    Site du film : https://www.farc-lefilm.fr

    Dossier de presse : https://cdn.prod.website-files.com/66fa8fb928ae2b95a1d5cc68/673f3cb0fcf33037d0cdc4b2_FARC-Dossierdepresse%20-BR.pdf

    Séances :
    https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=1000010808.html

    • Pourquoi ce film sur les insurgés des FARC ?

      Les hasards de la vie ont fait que j’ai vécu une partie de mon adolescence à Bogota, où ma mère, une institutrice française, fréquentait un cinéaste de gauche, Duni Kuzmanich, le premier cinéaste à avoir tourné un film sur les guérillas colombiennes des années 50 sans dénigrer celles-ci, en ne condamnant pas la lutte armée, au contraire.
      Duni, mon beau-père, est mort en 2008, à Medellin, au plus fort de la confrontation entre l’État colombien et la guérilla des FARC. À son époque, la presse nationale et internationale présentait les guérilleros comme des « narcoterroristes », afin de les disqualifier. Cela a duré longtemps et aucun film n’a documenté sérieusement cette histoire de résistance armée s’étalant sur plus d’un demi-siècle.

      Tout comme Duni a dédiabolisé les rebelles colombiens des années 50, alors taxés de « bandidos », il m’a semblé utile de raconter l’histoire méconnue de ces femmes et hommes d’origine rurale, pour l’essentiel, ayant combattu les grands propriétaires terriens qui accaparent ou volent des terres, couverts par l’armée colombienne soutenue par les États-Unis.

      Duni ne pouvait pas imaginer que, peu de temps après sa mort, des négociations de paix verraient le jour entre le gouvernement colombien et les FARC, aboutissant au retour à la vie civile des rebelles, leur offrant la possibilité de poursuivre leur combat par la voie légale. Il ne pouvait pas imaginer non plus que l’ex-guérillero du M19 Gustavo Petro arriverait au pouvoir en 2022, porté par un puissant mouvement social.

      Dix ans (2012-2022) m’ont été nécessaires pour tourner ce film et pouvoir raconter à ce beau-père, à qui je dois tant, ce qu’il a « raté » depuis sa disparition, ce qui est source d’espoir et de... désespoir.
      Ce film est aussi une tentative de reprendre le flambeau d’un certain cinéma engagé et de rendre hommage à deux réalisateurs Français, Bruno Muel et Jean-Pierre Sergent, qui avaient porté haut ce cinéma-là lorsqu’ils sont allés filmer les FARC à leurs débuts, en 1965.

      Pierre Carles

    • https://www.youtube.com/watch?v=vZemHSOvWPs

      Pierre, pour qui c’est la seconde convocation Au Poste, sera accompagné d’Audrey Millot, alias Nathalie Mistral, française longtemps engagée dans le maquis communiste, un des personnages principaux du film . Elle revient pour la première fois en France depuis la signature de l’accord de paix avec le gouvernement colombien et sa sortie du maquis fin 2016.

      Sommaire/timecode :

      00:00 Présentation des invités et du film
      07:57 Un maquis d’autodéfense paysan comme origine
      12:29 Histoire(s)
      18:49 Au sein des FARC, il y des femmes chez les hommes
      26:43 L’insurrection est le but
      39:57 Tous les pièges à déjouer pour les enfants
      43:55 Représentations dominantes, les Médias doivent être affrontés
      56:16 « On est pas des enfants de chœur »
      1:04:06 Les journalistes, ennemis ou ennemis ?
      1:07:22 La Havane et le dispositif pour des Accords de paix
      1:13:55 Les FARC, c’est une armée
      1:19:35 Corruption
      1:22:04 Guerre et Santé pour les FARC et la population
      1:28:19 Accords de paix et quelques conséquences
      1:34:29 Une situation de fou pour les paysans et limites pratiques de la coexistence avec les narco-trafiquants
      1:48:26 Volonté de disperser hors du collectif, Individualiser les ré-insertions : « On n’a jamais été désinsérés »
      2:00:59 Arriver à la Paix. Et la Justice sociale ?
      2:10:00 Rituel et fin

  • #Emmanuel_Macron, l’#art du #secret
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/12/21/emmanuel-macron-l-art-du-secret_6461505_823448.html

    Emmanuel Macron, l’#art_du_secret
    Par #Raphaëlle_Bacqué, #Ariane_Chemin et #Ivanne_Trippenbach
    Publié le 21 décembre 2024 à 20h02, modifié le 28 décembre 2024 à 11h52

    ENQUÊTE« Le président et son double » (4/4). Dans le dernier volet de la série sur l’évolution du président de la République depuis son arrivée à l’Elysée, « Le Monde » décrypte la façon dont il gère les questions de sécurité personnelle et de protection de son image.

    « #Brûle_tout ! » En 2017, pendant sa première campagne présidentielle, entre deux meetings et rendez-vous, Emmanuel Macron tendait parfois à son garde du corps des chemises cartonnées et, pour celles de couleur rouge, lui intimait de faire disparaître leur contenu. #Alexandre_Benalla, qui veille alors sur la sécurité du candidat, s’en souvient bien : il jetait lui-même les feuilles de papier dans un fût en métal, au sous-sol du QG de campagne, rue de l’Abbé-Groult, dans le 15e arrondissement de Paris, et y mettait le feu. Parfois, un brasero improvisé était allumé au bord de la route, sur le chemin d’un aéroport d’où le futur président décollait pour rejoindre une réunion publique. A l’intérieur, des notes, des idées griffonnées, des documents de campagne variés… Emmanuel Macron n’était pas encore élu que déjà le secret était une obsession.

    « Hypercloisonné », « superparano », « énigmatique »… Voilà comment ses très proches collaborateurs décrivent aujourd’hui le président de la République. C’est le lot des chefs d’Etat. Mais la méfiance et la précaution sont des réflexes qu’Emmanuel Macron a appris très tôt. Une partie de son adolescence et de sa vingtaine s’est en effet déroulée dans une forme de clandestinité. « Quinze ans (…) à être largement incompris », a-t-il confié à la journaliste du Figaro Anne Fulda, dans Emmanuel Macron, un jeune homme si parfait (Plon, 2017), le livre qu’elle lui a consacré. Parce que Brigitte Trogneux était de vingt-quatre ans son aînée, il a passé des années à cacher aux autres leur histoire d’amour. « Emmanuel a besoin de tout le monde et de personne, a résumé un jour Brigitte Macron devant la biographe de son époux. On ne rentre jamais dans son périmètre. » D’Amiens, le président a gardé une certaine habitude de la solitude et du cloisonnement.

    Emmanuel Macron fonctionne en silos. Avec les « boucles » de messagerie téléphonique, lui seul sait à qui il parle, la nuit, puisque cet insomniaque travaille souvent jusqu’à 2 heures du matin, témoigne son compte Telegram. « Il faut cogiter », « Tu vois comment les choses ? », écrit-il sur WhatsApp à ses petites communautés d’anciens ministres, amis, élus, préfets, maires rencontrés en déplacement, ou, en pleine pandémie de Covid-19, de médecins, dans des messages dont Le Monde a eu connaissance. Mais aussi des « Tu me manques », « Je suis fier de toi », « Tu m’as fait de la peine », « La famille, c’est vous », ou, avant les ruptures politiques, « Nos routes se séparent ». Lui d’ordinaire si impénétrable se montre parfois imprudent dans ses messages écrits (sollicité à plusieurs reprises au cours des dernières semaines par l’intermédiaire des services de l’Elysée mais aussi par courrier personnel, Emmanuel Macron n’a pas donné suite).

    L’espionnage a toujours existé, mais les moyens ont changé. L’époque est aux #cyberoffensives. Dès 2017, les boîtes e-mails des équipes d’En marche ! font l’objet d’opérations de piratage par des hackeurs russes, et 20 000 courriels sont rendus publics juste avant le second tour de la présidentielle – les « MacronLeaks ». Pour déstabiliser le finaliste, d’authentiques e-mails ont été mélangés à des documents falsifiés. Mais il y a autre chose : la singularité du couple formé avec Brigitte, rencontrée quand il avait 14 ans, et cette « vie qui ne correspond en rien à celle qu’ont les autres », comme l’a résumé un jour Emmanuel Macron lui-même, ont suscité de sordides attaques contre lui et son épouse, notamment de la part de l’agence pro-Kremlin Spoutnik et du tabloïd russe Komsomolskaïa Pravda.

    Un autre épisode, antérieur, a marqué le président français. En janvier 2014, il était aux premières loges lorsque François Hollande a été photographié en scooter rue du Cirque, dans le 8e arrondissement de Paris, s’apprêtant à rejoindre clandestinement l’actrice Julie Gayet. Alors secrétaire général adjoint de l’Elysée, Emmanuel Macron avait suivi cette déflagration de l’intérieur. La leçon qu’il en a retenue, c’est que François Hollande n’était pas assez prudent, ou pas assez protégé. « Je ne ferai jamais comme lui », en a-t-il conclu. Un an après cette « paparazzade », il théorisait ainsi sa pratique du pouvoir devant Le Monde : « Quand on est aux manettes, il faut une distance, des moments de secret. » Depuis, il comprend chaque jour davantage cette réalité de l’économie des médias qui s’est imposée : aujourd’hui passés aux mains des Vincent Bolloré et autres grands patrons, les magazines people sont devenus de redoutables armes politiques.

    Avare de confidences
    « Maintenant nous sommes seuls. C’est l’Elysée qui veut cela : nous ne pouvons avoir confiance en personne. C’est une solitude à deux, mais une solitude totale », a confié Brigitte Macron aux journalistes Jean-Michel Décugis, Pauline Guéna et Marc Leplongeon dans leur livre Mimi (Grasset, 2018), consacré à #Michèle_Marchand, la « #première_dame des #paparazzis ».

    Rarement la vie au palais a été aussi verrouillée que sous Emmanuel Macron, à l’abri des regards. « Vous passerez par-derrière, côté grille du Coq, direct », recommande Valérie Brilland-Lelonge, la secrétaire particulière du président de la République (« SPPR », son nom de code dans le répertoire téléphonique des initiés), de sa voix douce aux « visiteurs du soir » conviés à l’Elysée hors des circuits protocolaires. Parfois, après 22 heures, c’est le chef de l’Etat en personne qui appelle : « Passe. »

    Avec le souvenir de l’« épisode Hollande », le président de la République évite de se rendre chez des particuliers. Lorsqu’il sort à Paris, il choisit des restaurants du 6e, du 7e ou du 15e arrondissement, où il a ses habitudes, en fond de salle et dos au mur, avec ses gardes du corps à proximité. Dans son téléphone, les noms de ses contacts sont souvent notés par leurs initiales. Et, même en comité restreint, il reste avare de confidences. Du chiraquien #Pierre_Charon, 73 ans, qui lui raconte à sa façon la Ve République, Emmanuel Macron a retenu ce mot prononcé par un autre président, Georges Pompidou (1911-1974) : « Si vous ne voulez pas que cela se sache, n’en parlez pas. » Pour le coup de la dissolution de l’Assemblée nationale, il a fait sien ce conseil.

    Lire aussi le portrait | Pierre Charon, « baron noir » de la Macronie

    Mais le maître ès secrets, c’était François #Mitterrand (1916-1996). « Le vrai taulier », a confié le même Pierre Charon à Emmanuel Macron. En 1983, deux ans après son arrivée à l’Elysée, le président socialiste avait créé le groupe de sécurité de la présidence de la République (#GSPR) et privilégié les gendarmes – des militaires, des taiseux – aux policiers, jugés trop bavards. Macron, lui, s’est attaqué à la refonte de la protection présidentielle, six mois à peine après l’élection de 2017. Il ne veut plus que le détail de ses allées et venues, sous la protection du GSPR, atterrisse sur le bureau du ministre de l’intérieur.

    Avant l’« affaire » du 1er mai 2018, où il avait tabassé un manifestant sous un uniforme de policier, Alexandre #Benalla devait piloter cette réforme. Il a été écarté de l’Elysée – et condamné par la justice – mais a toujours la confiance du chef de l’Etat, laissant dans la place des hommes à lui. Au sein de la garde d’élite, cinq de « ses » policiers entourent toujours le #président – nom de code « F1 », pour « formule 1 ». Ces fonctionnaires de police permettent au couple présidentiel de s’offrir quelques marches dans Paris et des échappées, au théâtre notamment. Comme cette représentation du Cercle des poètes disparus, en mai 2024, sur l’une des scènes parisiennes de leur ami le producteur Jean-Marc Dumontet, avant de dîner au foyer avec les comédiens.

    Lire aussi l’enquête (2023) | Jean-Marc Dumontet, producteur influent du théâtre privé, connaît ses premiers déboires

    Mais protéger son image, c’est une autre affaire. A l’Elysée, le directeur de cabinet, #Patrice_Faure, en est chargé, en plus de ses autres dossiers. Cet ancien de la direction générale de la sécurité extérieure réunit régulièrement le commandement militaire de l’Elysée et la direction de la sécurité de la présidence de la République pour surveiller les rumeurs et menaces touchant Emmanuel Macron et sa famille. Ni énarque ni profil grandes écoles, mais de longues années dans les #forces_spéciales : Patrice Faure, lui aussi proche d’Alexandre Benalla et passé par la #Nouvelle-Calédonie et la #Guyane, a l’habitude des situations difficiles. C’est sur son bureau que remontent les alertes des #préfets et des services de #gendarmerie.

    « Gérer le #risque_réputationnel »
    Tous les chefs d’Etat ont été la proie de campagnes calomnieuses. Pendant l’affaire Stevan Markovic, cet employé d’Alain Delon (1935-2024) dont l’assassinat avait défrayé la chronique à la fin des années 1960, l’épouse de Georges Pompidou, Claude Pompidou (1912-2007), avait été victime d’un montage photographique visant à faire croire à sa participation à des soirées échangistes. Mais jamais un président et son épouse n’ont suscité autant d’attaques qu’Emmanuel et Brigitte Macron. C’est le problème des êtres secrets : ils suscitent tous les fantasmes. Patrice Faure appelle cela « gérer le risque réputationnel ». Et c’est contre cela qu’il doit bâtir un rempart.

    Depuis 2021, une intox insensée circule dans les sphères complotistes et les réseaux d’extrême droite, qui affirme que « Brigitte Macron est un homme ». La première dame est rebaptisée #Jean-Michel_Trogneux, le nom de son frère, comme si l’un et l’autre ne faisaient qu’un ! Si extravagante soit-elle, l’affaire est suivie de près par l’Elysée : Emmanuel Macron sait que son épouse en souffre. Il sait aussi que l’infox est relayée par les télévisions nationales turque, russe et jusqu’aux Etats-Unis par une figure de la droite alternative trumpiste et négationniste, Candace Owens, que Marion Maréchal et Eric Zemmour avaient invitée à un meeting, en 2019. Bref, à nouveau, des réseaux étrangers s’en mêlent. Dans le jargon de la sécurité élyséenne, on parle de « menaces projetées ».

    Cette fausse information est l’œuvre de « #fadas », soupire Emmanuel Macron au micro de TF1, en mars 2024, de « gens qui finissent par y croire et vous bousculent dans votre intimité ». A rebours de ses prédécesseurs, qui n’avaient recours qu’avec parcimonie à la justice, le chef de l’Etat engage une demi-douzaine de plaintes devant les tribunaux – contre un #afficheur qui l’avait dépeint en nazi et en maréchal #Pétain, contre un photographe de Saint-Tropez (Var) qui planquait devant son lieu de vacances à #Marseille (classée sans suite), contre X pour « faux, usage de faux et propagation de fausse nouvelle destinée à influencer le scrutin » présidentiel, après que Marine Le Pen a insinué à tort qu’il possédait « un compte offshore aux Bahamas »… « Ne rien laisser passer », dit-il, pour mettre fin aux attaques. Le 12 septembre, les deux femmes à l’origine de l’infox ciblant Brigitte Macron – qui se disent l’une « médium », l’autre « journaliste indépendante autodidacte » – ont été condamnées pour diffamation.

    Le cas « #Zoé_Sagan » s’est également invité aux réunions présidées par Patrice Faure, chargé de coordonner les actions en justice. Ce pseudonyme cache un #publicitaire d’Arles (Bouches-du-Rhône), #Aurélien_Poirson-Atlan, qui sous prétexte de raconter la comédie du pouvoir, diffuse fausses informations et accusations crapoteuses contre les élites. Il semble obsédé par le couple présidentiel. Le 27 août 2024, Brigitte Macron dépose plainte pour cyberharcèlement ; le 10 décembre, quatre hommes sont interpellés, dont le fameux « Zoé Sagan », placé trente-six heures en #garde_à_vue. En cause, « de nombreux propos malveillants portant sur le genre, la sexualité de Brigitte Macron ainsi que la différence d’âge avec son conjoint selon un angle l’assimilant à la pédophilie », résume le parquet de Paris.

    Eléments de langage
    Le plus sensible, en matière de « risque réputationnel », ce sont les photos. Dès le printemps 2016, Brigitte Macron a remarqué autour d’eux des paparazzis, y compris au Touquet (Pas-de-Calais), là où la #famille_Trogneux a l’habitude de se retrouver pour le week-end. Emmanuel Macron sait qu’une simple légende peut faire dire n’importe quoi à une image. Il devine qu’il lui faut un coup de main pour protéger sa vie personnelle.

    Le patron de Free, #Xavier_Niel (actionnaire à titre personnel du Monde), recommande aux #époux_Macron une professionnelle de la presse people, la fameuse Michèle Marchand. C’est ainsi que la sulfureuse « #Mimi » entre dans l’intimité du futur couple présidentiel. A 77 ans, elle a du métier et un sacré CV : elle a connu la prison, comme deux de ses ex-maris, et a longtemps frayé dans les arrière-salles de boîtes de nuit pour glaner des infos. Elle est à la fois la meilleure connaissance du milieu des paparazzis, dont elle négocie les photos, et la conseillère en image de personnalités dont elle détient les secrets.

    Beaucoup la craignent, car ils la savent capable, d’un simple coup de fil, de vendre la vie privée d’une célébrité. Elle sait vérifier que rien ne traîne, mais aussi… faire commerce des photos. C’est au moyen de clichés volés que la justice la soupçonne d’avoir voulu soutirer de l’argent à l’animatrice de télévision Karine Le Marchand – en avril 2024, elle a été renvoyée en correctionnelle pour extorsion de fonds. En 2021, elle avait été mise en examen dans l’un des volets de l’affaire du financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy. C’est elle qui est suspectée d’avoir joué les intermédiaires et organisé la fausse rétractation de l’homme d’affaires Ziad Takieddine pour aider l’ancien président.

    Une des spécialités de « Mimi » Marchand est d’orchestrer des « paparazzades » factices qui donnent un air de naturel à des clichés en réalité très maîtrisés. Après sa rencontre avec les époux Macron, au printemps 2016, les unes glamour se succèdent pour eux et les frayeurs du président sur d’éventuelles photos volées semblent oubliées. La victoire d’Emmanuel Macron, espère Michèle Marchand, doit être aussi un peu la sienne : en mai 2017, c’est bien elle, sur cette image prise avec son téléphone portable, levant les deux bras en V de la victoire, derrière le bureau présidentiel, comme si elle était chez elle.

    Après avoir connu quelques années de disgrâce liée à l’affaire Benalla (elle avait hébergé le garde du corps puis l’avait exfiltré dans l’un de ses « sous-marins », ces véhicules qui servent aux photographes à planquer), elle est revenue en cour cet été. Le 14 septembre, place de l’Etoile, pour la cérémonie en l’honneur des médaillés olympiques et paralympiques, qui attend pour les accueillir le président et son épouse, debout devant les barrières ? « Mimi ».

    Depuis que Xavier Niel, également propriétaire du Groupe #Nice-Matin, a racheté sa société de paparazzis #Bestimage, en juin, ses photographes ont leurs entrées partout à l’Elysée. Une position en or pour s’offrir l’exclusivité des images d’invités de marque aux dîners d’Etat ; des photos vendues ensuite très cher. Dans le même temps, la reine des #paparazzis veille sur les clichés du couple présidentiel. Elle possède de nombreuses photos des Macron dans l’intimité, whisky du soir à l’#Elysée et dîners privés.

    Autour d’Emmanuel Macron, des conseillers en poste ou d’#anciens_collaborateurs ayant officié à l’Elysée, mais toujours au service du président, cherchent à discréditer les médias ou les journalistes enquêtant sur le chef de l’Etat. Ils organisent des ripostes concertées sur les réseaux sociaux. Mais ces tenants du « nouveau monde » appellent aussi directement les patrons de presse comme autrefois. Ils distribuent des éléments de langage aux médias qui, sous les sept années d’Emmanuel Macron au pouvoir, se sont polarisés de manière spectaculaire : ils jouent des uns contre les autres, suivant les occasions, s’efforçant d’imposer un discours officiel. « Si ce n’est pas dans le communiqué, a lancé en octobre Emmanuel Macron lors d’une #conférence_de_presse, ça n’existe pas. »

    Marseille, sa « ville de cœur »
    Comme pour trouver une autre manière d’écrire la geste présidentielle, le chef de l’Etat a autorisé, depuis 2021, une équipe de #Mediawan, la société de production dirigée par l’un de ses amis, #Pierre-Antoine_Capton, à le filmer. Pas encore de diffuseur, mais des cameramen qui se relayent pour suivre les voyages officiels, les entraînements de boxe du président, les journées harassantes passées à diriger un pays dans le tourbillon mondial. Et la violence du pouvoir. L’équipe de tournage a ainsi vécu la surprise de la dissolution en avant-première. Le 9 juin, Emmanuel Macron lui avait ouvert la porte de la salle du conseil et les caméras ont saisi le moment historique de son annonce à son premier ministre, Gabriel Attal, à la présidente (Renaissance) de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et à ses fidèles, effondrés. Le film existera-t-il un jour ?

    Parfois, tout haut, Brigitte Macron s’interroge sur l’avenir : « Il faut que je sois utile, que je trouve un travail pour aider les gens. » Son mari, lui, n’en parle guère. « Je ferai quelques conférences, comme Obama », a-t-il glissé devant son épouse et des témoins, comme pour éloigner l’inquiétude du lendemain.

    D’autres, autour de lui, l’imaginent rejoindre un jour le groupe #LVMH de Bernard Arnault – après tout, ce dernier rêvait déjà de s’offrir les services de l’ex-premier ministre britannique Tony Blair. Présider une organisation internationale, une fondation ou même la #FIFA, la puissante instance dirigeante du football mondial. Prendre le temps d’écrire des romans et des poèmes, comme il le rêvait à 16 ans. Ou tenter de se faire réélire en 2032…

    Emmanuel Macron n’a pas l’habitude de prévoir de point de chute. En août 2016, au lendemain de sa démission du ministère de l’économie, il avait logé un temps avec son épouse dans un Airbnb. Restera-t-il en France, à Paris, au #Touquet, ou à Marseille, sa « ville de cœur », où il s’est rendu dix-sept fois depuis sa réélection ? Ses premières vacances d’été de président, c’est au-dessus de la corniche Kennedy qu’il avait choisi de les passer avec sa femme, dans la villa du préfet des Bouches-du-Rhône. Etrange, ce coup de foudre avec cette ville. Au maire socialiste, Benoît Payan, Emmanuel Macron a tenté de faire croire que l’idylle datait de 1993 et « de la tête de Basile Boli et du sacre de l’#OM en finale de la Ligue des champions ». Le patron de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, #Renaud_Muselier, pourtant désormais macroniste de choc, croit pour sa part, mais sans avoir vraiment la clé, à un « truc de bourgeois qui viennent s’encanailler chez [eux] ». A Marseille, plusieurs élus le savent : le président se cherche discrètement une future résidence, pour « après ». Les pieds dans l’eau, face à la #Méditerranée.

    Retrouvez tous les épisodes de la série « Le président et son double »
    Emmanuel Macron, une certaine idée du pouvoir (1/4)
    Emmanuel Macron, le double état permanent (2/4)
    Emmanuel Macron, la diplomatie à lui seul (3/4)
    Emmanuel Macron, l’art du secret (4/4)

  • https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/01/19/pierre-ferracci-president-du-paris-fc-et-homme-d-affaires-tout-terrain_65048

    #Pierre_Ferracci, président du Paris FC et homme d’#affaires tout-terrain
    Par #Yann_Bouchez

    PORTRAIT Le président du modeste #club_de_football sera-t-il le premier dirigeant à pouvoir rivaliser avec le #PSG dans la capitale ? L’accord conclu à l’automne avec la #famille_Arnault lui donne trois ans pour y travailler. Un joli coup pour cet homme de #réseaux qui s’apprêterait, à 72 ans, à passer les rênes du #groupe_Alpha, le #cabinet_de_conseil spécialisé dans les #relations_sociales qu’il a fondé.

    Présider un club de #Ligue_2, l’antichambre de l’#élite du football professionnel, n’est pas toujours une sinécure. Ce samedi 7 décembre au soir, il pleut à verse sur #Ajaccio. Dans les tribunes du stade Michel-Moretti, un millier de courageux, guère plus, est venu assister au match opposant l’#AC_Ajaccio au #Paris_FC (PFC). Entre deux chants corses couvrant le bruit de la pluie, des supporteurs locaux lancent, de temps à autre, des noms d’oiseaux visant les « Français » de l’équipe parisienne.

    A 72 ans, Pierre Ferracci en a vu d’autres. Veste grise sur jeans foncé, cheveux clairsemés, le patron du Paris Football Club, lui-même né à Ajaccio, suit la rencontre en tribunes. Il s’est assis entre son fils François, directeur sportif du PFC, et un ex-dirigeant de l’AC Ajaccio. Le voilà presque comme un spectateur lambda ; ce soir-là, il a ignoré la loge dévolue aux dirigeants du club visiteur, trop excentrée.

    Le plateau de coppa, lonzu et fromages corses est resté intact, tout comme la bouteille de champagne. Malgré tout, Pierre Ferracci, s’est régalé. Au coup de sifflet final, scellant une victoire des Parisiens sur deux buts gaguesques, il s’invite sur la pelouse. Sous la pluie battante, il serre des mains, tout sourire. A ses joueurs comme aux adversaires.

    Changement de dimension

    Pierre Ferracci est un patron de club heureux. Les récentes défaites n’y changeront rien. D’ailleurs, le PFC, actuel troisième du classement, peut toujours viser la montée en Ligue 1 en fin de saison. « Je suis heureux parce que j’ai l’impression d’avoir mis le club sur de bons rails », avançait-il, satisfait, avant le match face à Ajaccio. « De bons rails », l’expression frise la coquetterie. Car le septuagénaire, fondateur et dirigeant du groupe Alpha, spécialiste et leader du conseil en ressources humaines, vient sans doute de réussir l’un des plus beaux deals de sa carrière. Le plus retentissant, à coup sûr.

    L’information a d’abord fuité dans le quotidien sportif L’Equipe, le 9 octobre. Une semaine plus tard, confirmation officielle : le Paris FC, modeste club de Ligue 2, jusque-là aux mains de Pierre Ferracci, accompagné d’un pack d’actionnaires, est en passe d’être racheté par la famille Arnault. Promesse, avec ces milliardaires, d’un changement de dimension. Et si émergeait enfin un « deuxième club de la capitale » capable, qui sait, de rivaliser un jour avec le richissime Paris Saint-Germain, sous pavillon qatari ?

    Le 20 novembre, foin de bling-bling, c’est dans la cantine du centre de formation du PFC, à Orly (Val-de-Marne) que Pierre Ferracci et Antoine Arnault, patron de deux fleurons du groupe de luxe LVMH, le maroquinier Berluti et le spécialiste du cachemire de très grand luxe, commentent l’union. Face à eux, des dizaines de caméras et une centaine de journalistes. L’affluence, pour une conférence de presse du PFC, est inédite. L’aîné de la fratrie Arnault, 47 ans, fan de foot et… du PSG, prend des accents philanthropiques : « L’idée est de rendre à la société, à Paris, à notre pays, ce qui nous a été donné. » Une manière adroite, peut-être aussi, de faire oublier les dribbles du patriarche avec le fisc.

    Un carnet d’adresses bien fourni

    Pierre Ferracci savoure le moment. Avec gourmandise, il évoque les coulisses de l’opération, en se gardant de tout dévoiler. La décision prise « avec [ses] deux fils, à l’été 2023 », de « s’associer à des forces économiques plus puissantes que les [leurs] » pour viser la Ligue 1. La satisfaction d’avoir trouvé, ensuite, par le biais de la banque Rothschild, un investisseur français « alors qu’aujourd’hui les deux tiers des clubs de L1 et de L2 sont contrôlés par des capitaux étrangers ». « Un enjeu de souveraineté nationale », ose-t-il, tout en reconnaissant que ces dernières années, il avait réuni au capital du Paris FC, « à titre minoritaire » certes, des actionnaires venus de Bahreïn, des Etats-Unis, d’Arménie et du Sri Lanka.

    Du montant du rachat, il ne dit rien ou presque. Il conservera 30 % des parts jusqu’en 2027, date prévue de son départ de la présidence du club. Agache Sport, la holding des Arnault, possédera alors 85 % du PFC, contre 15 % pour Red Bull – sous réserve que BRI Sports Holding, l’actionnaire anglo-sri-lankais, le seul qui résiste, accepte de vendre ses parts (7 %).

    Jongler avec les sujets économiques, politiques et sportifs, voilà la marque de fabrique de cet homme de réseaux. Autoproclamé « de gauche » et « homme de compromis », ce patron tout-terrain évolue au carrefour de plusieurs mondes. L’entrepreneur, aujourd’hui à la tête d’un groupe fort d’un millier de collaborateurs et d’un chiffre d’affaires annuel supérieur à 140 millions d’euros, côtoie depuis des décennies le gratin des grands patrons, des syndicalistes, comme des dirigeants sportifs. Il déteste l’expression « homme d’affaires », trop « péjorative » à ses yeux.

    Ses différentes activités lui ont permis de se constituer l’un des carnets d’adresses les plus fournis du Tout-Paris. Depuis vingt ans, il loue, au travers de sa société Alpha, une loge VIP au Stade de France – compter environ 200 000 euros à l’année. Il y invite les huiles du monde patronal et syndical. « Le foot, résume-t-il, c’est le sport le plus populaire de la planète. Il fédère beaucoup de personnes, d’états d’esprit différents. J’aime ça. »

    « Il était très militant »

    Le sport, pourtant, a d’abord occupé une place annexe dans sa vie. Car, avant tout, il y eut les affaires. Certes, dans les années 1960, gamin à Ajaccio, Pierre Ferracci allait voir les matchs du Gazélec, le club de foot des gaziers et électriciens corses. S’il en est resté un « supporteur historique », cela relevait en partie, à l’époque, du tropisme héréditaire.

    Albert Ferracci, son père, instituteur et ancien résistant, fut une figure éminente en Corse du Parti communiste. Sa mère, Rose, également enseignante et syndicaliste, partageait les mêmes engagements. Le soutien au Gazélec s’est imposé comme une évidence. Mais, niveau loisirs, le petit Pierre préfère encore, durant ses vacances d’été, les parties de chasse sous-marine du côté de Suartone, un village dans le sud de l’île, près de Bonifacio, où habite la famille du côté paternel.

    Doué à l’école, Pierre Ferracci monte à la capitale et mène des études d’économie et d’expertise comptable à l’université Paris-Dauphine. L’un de ses profs s’appelle Jacques Attali – on y reviendra. Déjà, l’étudiant porte plusieurs casquettes. Il adhère aux Jeunesses communistes – il prendra vite ses distances avec le #PCF – et à l’#UNEF, syndicat étudiant marqué à gauche. « Il était très militant mais pas gauchiste du tout », se remémore Paul-Antoine Luciani, un ami de la famille, figure #communiste et ancien adjoint à la #mairie d’Ajaccio.

    Rapports cordiaux avec Vincent #Bolloré

    Le jeune homme tisse des liens avec la #CGT. La figure de son père, très respecté chez les communistes, est un atout qu’il n’est pas besoin d’inscrire sur son CV. Précieux pour lancer sa carrière. Au début des années 1980, il rejoint un petit cabinet d’expertise-comptable, Maréchal. Très vite, il grimpe les échelons, en prend la tête. Les #lois_Auroux, en 1982 et en 1983, favorisent les négociations salariales et élargissent le rôle des comités d’entreprise (CE). #Pierre_Ferracci flaire le bon filon.

    Son groupe, #Alpha, qui voit le jour en 1983, d’abord avec le cabinet #Secafi, s’impose assez vite sur cette niche très rentable ; la CGT deviendra un de ses principaux clients, avec le syndicat des cadres #CFE-CGC plus récemment. Le cabinet de conseil travaille aujourd’hui pour environ 2 000 comités sociaux et économiques (#CSE). Le groupe s’est diversifié : il s’occupe aussi du reclassement des salariés, après un plan de licenciement. Un conflit d’intérêts, s’offusquent des concurrents du secteur qui reprochent à Alpha de jouer sur les deux tableaux, #syndical et #patronal. « La plupart du temps, on modifie à la marge les plans de licenciement. Donc l’accompagnement des salariés licenciés, c’est la suite logique », répond Pierre Ferracci.

    Grâce à son activité, il est l’un des #patrons les mieux informés de l’état de santé des grandes entreprises françaises. L’expert du #dialogue_social cultive une proximité avec un nombre incalculable de patrons. Il y a eu les #Corses, comme Jean-Cyril Spinetta, PDG d’Air France (1997-2008), ou Jean-Marie Colombani, directeur du Monde (1994-2007). Et puis des figures du #CAC_40 et capitaines d’industrie, parmi lesquels le spécialiste du textile Maurice Bidermann (mort en 2020), l’ancien sidérurgiste et ex-ministre Francis Mer ou encore Vincent Bolloré.

    Pierre Ferracci connaît le milliardaire conservateur breton « depuis longtemps ». « Dans les années 1990, j’ai même réussi à lui faire rencontrer, lors d’un repas, Louis Viannet, le secrétaire général de la CGT. » Et d’ajouter, facétieux : « C’était à l’époque où Vincent Bolloré avait une image un peu plus sociale qu’aujourd’hui. » Il a conservé des rapports cordiaux avec l’industriel : « Mais on parle plus de football et de #Canal que du #JDD et de #CNews, si c’est ça que vous voulez savoir. »

    Donateur du candidat d’En marche !

    Pierre Ferracci n’a cessé de tisser son réseau, tous azimuts. Son étiquette d’expert des questions sociales est un précieux sésame. En 2007, au début de la présidence Sarkozy, il accepte d’être membre de la commission #Attali sur la libération de la croissance. Beaucoup, à la CGT, tiquent. Peu lui importe. Le Corse aime le rappeler aux journalistes : c’est Emmanuel Macron, alors banquier chez #Rothschild et rapporteur général adjoint de la commission, qui a glissé son nom. « Manu », comme il l’appelle en privé, le tutoyant, est depuis vingt ans l’un des amis de son fils aîné, #Marc_ferracci, économiste devenu ministre sous les gouvernements Barnier puis Bayrou.

    Etudiants à Sciences Po, Marc Ferracci et Emmanuel Macron ont préparé l’#ENA ensemble. Les révisions s’organisaient parfois dans le chic appartement que loue aujourd’hui encore Pierre Ferracci près du jardin du Luxembourg, à Paris. En 2017, l’homme d’affaires sera d’ailleurs l’un des donateurs du candidat d’En marche !, ce qui ne l’a pas empêché, par la suite, de critiquer publiquement l’actuel chef de l’Etat, avec qui il conserve des relations « respectueuses et amicales ». Insaisissable Pierre Ferracci. Sous la présidence #Hollande, en 2014, il est nommé à la tête du Conseil national éducation économie, une structure visant à favoriser le dialogue entre le système éducatif et les entreprises. Il a également été membre du Conseil d’orientation pour l’emploi.

    « Pierre, c’est un pont entre plusieurs mondes, courtois, bon vivant », résume le consultant en stratégie sociale Antoine Foucher, qui a appris à le connaître lorsqu’il travaillait au Medef, vers 2012-2013. « Je ne suis jamais pour la politique de la chaise vide, justifie Pierre Ferracci. Là où il y a moyen de faire passer ses idées, j’y vais. » Son mantra : que les choix économiques n’écrasent pas les questions sociales. Ses détracteurs dénoncent des compromissions, lui vante les « compromis équilibrés ».

    Débuts catastrophiques au Paris FC

    C’est le football qui va lui permettre d’étoffer encore ses réseaux. Au début des années 2000, le conseil général de Seine-Saint-Denis et la ville de Saint-Ouen demandent à son groupe un audit du Red Star, avant de le sonder pour qu’il reprenne les rênes du club. L’affaire n’est pas conclue, mais elle lui donne des idées. En 2007, Guy Cotret, dirigeant du Crédit foncier, fait entrer Pierre Ferracci dans l’actionnariat du Paris FC, alors en National, le troisième échelon français.

    Le Corse sympathise avec des dirigeants et des personnalités du ballon rond, comme le mythique entraîneur Arsène Wenger ou le journaliste Didier Roustan. « Le football lui a permis d’élargir son carnet d’adresses avec des personnalités qui ne sont pas forcément celles qu’il rencontrait habituellement à travers son activité », résume Guy Cotret. Qui, en 2012, se fait évincer par Pierre Ferracci de la tête du club. « Il avait mis au pot plus que moi, 1 million d’euros environ, se remémore le président déchu et fâché à l’époque. Il voulait garder la main. C’est un chef d’entreprise, il y a une part d’autoritarisme qui n’est pas anormale. Mais l’affaire s’est conclue en bonne intelligence. »

    Les débuts de la présidence Ferracci au Paris FC sont catastrophiques. Le club est relégué. Les entraîneurs valsent les uns après les autres. La venue comme conseiller de son ami le journaliste Charles Villeneuve, ex-président du PSG rencontré par l’intermédiaire d’#Alain_Minc, est un échec. Le projet, avec Jean-Marc Guillou, un ancien joueur de l’équipe de France qui a entraîné par la suite la Côte d’Ivoire, de faire venir des jeunes joueurs africains, ne prend pas non plus. « Ça m’a vacciné d’entrée, ça c’est sûr », observe Pierre Ferracci avec le recul. Depuis plus de dix ans, il ne jure plus que par la formation locale et la richesse du bassin parisien. « Il croit à ce projet et a une vision claire de ce qu’il veut faire », salue Jean-François Martins, ancien adjoint aux sports à la mairie de Paris.

    Accord critiqué avec le #Bahreïn

    En douze ans de présidence, Pierre Ferracci a professionnalisé le PFC. Sans parvenir à lui faire goûter à la Ligue 1. Un centre d’entraînement et de formation a été inauguré à Orly en 2019. Le budget du club, l’un des plus gros de Ligue 2, se situe désormais autour de 30 millions d’euros. Pierre Dréossi, figure connue de la Ligue 1 et manageur général du PFC de 2015 à 2020, loue un patron de club qui a su « trouver des partenaires financiers ».

    En 2015, ce fut d’abord Vinci comme sponsor – un groupe que le cabinet Secafi connaissait bien. Puis le Bahreïn en 2020, à l’époque pour 25 millions d’euros et 20 % du capital du club – et 2 millions d’euros annuels pour être sponsor maillot. L’accord a suscité son lot de critiques, d’autant que le prince Nasser Ben Hamed Al Khalifa, à la tête du fonds bahreïni, est accusé par plusieurs ONG d’actes de torture. « Vous avez au Bahreïn une synagogue, une église catholique, une église orthodoxe et beaucoup plus de liberté pour les femmes qu’au Qatar, donc je n’avais pas de problème avec le Bahreïn », balaie cet athée revendiqué – « je suis très croyant : je crois que Dieu n’existe pas » –, qui apprécie peu de recevoir des leçons.

    Pierre Ferracci reconnaît d’ailleurs sans mal avoir essayé, « dans les années 2014-2015 », de recruter le géant russe #Gazprom comme sponsor : « En octobre 2015, j’ai même eu un rapide échange avec #François_Hollande, #Vladimir_Poutine et #Alexandre_Orlov [ambassadeur de la Russie à Paris] à ce sujet. » Aucun accord n’a été trouvé, mais la rencontre lui a rappelé l’époque où Alpha avait des bureaux à Saint-Pétersbourg et à Moscou.

    Ces dernières années, avant le rachat par #les_Arnault, il a réussi, grâce à son seul entregent, quelques « coups ». Comme faire de Raï, l’ex-star brésilienne du PSG, pas vraiment désireuse de travailler avec les Qataris, un ambassadeur du PFC. Ou de rendre gratuite la billetterie du stade Charléty, l’enceinte du Paris FC, aux tribunes souvent aux trois quarts vides – cela a un peu changé ces derniers mois. Fin novembre 2024, il a nommé son ami #Michel_Denisot au conseil d’administration du PFC. L’homme de télé, ex-président du PSG, est aussi un ancien de Canal+. Le dirigeant du PFC milite d’ailleurs pour qu’un jour la #chaîne_cryptée et le football français renouent leur longue alliance, interrompue ces dernières années. En vain pour l’instant.

    L’affaire de ses villas

    Au cours des dernières semaines, la BBC, le New York Times ou le Washington Post l’ont sollicité pour des interviews. Flatteur, même pour cet habitué de la presse. S’il est intarissable sur les mille et une nuances du monde syndical, les petites ou grandes histoires du football européen, il l’est beaucoup moins, en revanche, sur ce qu’il considère relever de son intimité. De son goût pour les bolides, il n’a jamais rien dit. Rien non plus sur ses revenus – un peu plus de 750 000 euros déclarés auprès du fisc pour l’année 2018, selon nos informations.

    L’affaire de ses deux villas et de sa piscine près de #Suartone, en Corse, qui lui ont valu une longue bataille judiciaire et 1 #million_d’euros d’amende pour un permis de construire non respecté, l’agace encore. S’il a pu conserver les #villas, il n’a pas digéré les nombreux articles écrits. « Une conséquence de ma relation avec Emmanuel Macron », estime-t-il à propos de cette #attention_médiatique. Mais, même sur ces polémiques, le verbe s’emporte rarement. « Il est assez insondable, Pierre, observe Jean-François Martins, l’ex-adjoint parisien, c’est assez déroutant. Il n’est pas surexpressif, même s’il dit ce qu’il pense. »

    Le ton affable et le goût revendiqué pour le dialogue social de Pierre Ferracci ne convainquent pas tout le monde. Plusieurs ex-salariés du groupe Alpha décrivent, sous couvert d’anonymat, un patron « autocrate » et « un management de la tension ». Simple aigreur de collaborateurs licenciés ? Pas sûr : l’inspection du travail s’est émue, à plusieurs reprises, au mitan des années 2010, du manque de dialogue chez Secafi-Alpha lors de plans de réorganisation, avec des #syndicats_internes informés « au compte-goutte ».

    En 2015, un fichier des ressources humaines listant des dizaines de salariés avec des remarques désobligeantes et parfois personnelles fuite. #Scandale dans le groupe. « Il y a eu des sanctions, ces pratiques n’existent plus », assure Pierre Ferracci. Et d’ajouter : « Le groupe Alpha n’est ni une entreprise parfaite ni, compte tenu du modèle social qu’elle a mis en place, un groupe qui doit être l’objet de toutes les critiques, tant s’en faut. »

    Des mystères demeurent
    Au sein du Paris FC, depuis ses débuts compliqués, tout le monde reconnaît l’implication de Pierre Ferracci. Il assiste à la plupart des matchs. Mais quelques mystères demeurent. Combien d’argent a-t-il mis dans le club depuis près de quinze ans ? « Beaucoup, beaucoup », sourit-il. Mais encore ? « Ça, je ne le dirai jamais. » Malgré nos relances, il ne précise pas, non plus, à quel prix le club a été racheté – « ça n’a pas grande importance ». D’une formule, il reconnaît tout de même : « C’est une très belle #valorisation. » Et ajoute qu’il est « ravi que tous les actionnaires qui [l]’ont suivi depuis le départ n’ont pas perdu d’argent mais en ont gagné » avec la reprise par les Arnault. Lui compris, évidemment.

    Au sujet des nouveaux propriétaires, Pierre Ferracci l’assure : il ne connaissait pas personnellement la #famille_Arnault avant le printemps, au début des négociations. Avec son groupe Alpha, il avait pourtant eu à gérer, dans les années 2000, deux dossiers sensibles liés à LVMH. D’abord, la fermeture contestée de la Samaritaine, où son cabinet Secafi avait été très critiqué par des salariés l’accusant d’avoir joué le jeu de la direction. Ensuite, le rachat (d)#Les_Echos par #Bernard_Arnault.

    Antoine Arnault confirme n’avoir, avant le printemps 2024, que « croisé » le président du PFC « dans différentes réceptions ou événements liés à nos vies professionnelles ». Mais, depuis le printemps, ils ont appris à se connaître et à s’apprécier. Le patron de Berluti salue des #négociations menées « avec une grande intelligence et une grande patience ». « Après, nuance le nouveau propriétaire du Paris FC, c’est quelqu’un qui a aussi ses idées et qui n’en démord pas, et va négocier de manière extrêmement déterminée. Ce n’est pas un enfant de chœur, Pierre Ferracci. » C’est dit comme un compliment.

    Le casse-tête du stade

    Ces dernières semaines, Antoine Arnault, habitué aux tribunes VIP du Parc des Princes, a assisté à des matchs de son nouveau club. Même si l’enceinte du Paris FC n’a pas de loges, il a pu y côtoyer du beau monde. « Pierre Ferracci est quelqu’un qui a une très grande intelligence des gens et qui arrive à se les mettre dans la poche, jauge-t-il. Quand je vais à Charléty et que je croise aussi bien Philippe Martinez que Pascal Obispo… Il réussit à réunir des gens d’univers très différents et à les faire dialoguer. Dieu merci, avec Martinez, ce n’est pour l’instant que pour parler foot ! »

    Cette année, Pierre Ferracci a promis de passer la main à la présidence du groupe Alpha. D’ici à l’automne, il souhaite créer un fonds de dotation pour soutenir des actions liées à « l’éducation des tout-petits », un sujet cher à ce fils d’instits. Sa casquette de président du Paris FC, pour trois ans encore, devrait bien l’occuper.

    Les #chantiers ne manquent pas. Il y a cette montée en Ligue 1, dont il rêve depuis des années. L’agrandissement du centre d’entraînement, à #Orly, qui paraît sous-dimensionné au vu des ambitions des nouveaux propriétaires. Et puis, surtout, le casse-tête du stade. #Charléty, avec sa piste d’athlétisme et ses tribunes ouvertes aux quatre vents, n’est pas l’écrin rêvé. Il faudrait le réaménager, si la Ville de Paris l’accepte. Afin de pouvoir accueillir les célébrités qui devraient se presser en tribunes, pour voir jouer le club alliant désormais le savoir-faire du président Ferracci à l’argent des Arnault.

    #Yann_Bouchez

  • Pas d’épidémie, mais de nombreuses victimes des injections ! Décoder l’éco - Pierre Chaillot

    Pierre Chaillot explique que les décisions prises par les gouvernements ont aggravé la situation, notamment en abandonnant les soins classiques et en prenant des mesures délétères. Il souligne que les tests PCR, souvent utilisés pour diagnostiquer le Covid-19, étaient en réalité inefficaces et produisaient de nombreux faux positifs. Ces tests n’avaient aucun lien avec la maladie elle-même, ce qui a conduit à une surévaluation des cas et à une panique généralisée.

    Le statisticien insiste sur le fait que les vaccins, loin de protéger la population, ont en réalité causé des dommages significatifs, y compris des décès et des effets secondaires graves. Il met en avant des études et des données statistiques qui montrent une corrélation entre les campagnes de vaccination et les pics de décès, suggérant que les vaccins ont contribué à une augmentation de la mortalité.

    Pierre Chaillot, statisticien de formation, affirme que les chiffres officiels ne soutiennent pas l’idée d’une pandémie. Il critique les tests PCR, qu’il juge non fiables, et pointe du doigt les effets néfastes des vaccins.

    https://www.youtube.com/watch?v=G9aAarO3rVI

    #covid-19 #sante #coronavirus #santé #france #confinement #pandémie #covid #vaccination #statistiques #Insee #enfumage #manipulation #argent #santé #gros_sous #capitalisme #big_pharma #laboratoires_pharmaceutiques #Pierre_Chaillot #victimes

  • Dans l’Indre, un maire enterre « la mort dans l’âme » un projet de centre d’accueil de demandeurs d’asile

    Après deux ans de vives tensions alimentées par l’extrême droite politique et groupusculaire, le projet d’ouvrir un #Cada à #Bélâbre, dans l’Indre, a été abandonné. Menacé de mort, le maire de la commune, #Laurent_Laroche, revient sur cette décision, qu’il regrette.

    Le 18 décembre, Laurent Laroche, maire de la petite commune de Bélâbre (#Indre) a annoncé, aux côtés du préfet, l’#abandon du #projet de création d’un #centre_d’accueil de demandeurs d’asile (Cada). Depuis deux ans, la transformation d’une ancienne usine de chemises abandonnée en structure d’accueil a provoqué de vives tensions, dans le sillage de l’extrême droite partisane et groupusculaire.

    Le médiatique avocat #Pierre_Gentillet, candidat du Rassemblement national (RN) aux élections législatives de 2024 dans une circonscription voisine, a utilisé ses réseaux pour attirer la lumière sur ce projet, tandis que des militants d’extrême droite promettaient de faire de Bélâbre « un nouveau #Callac ». En 2023, un projet d’accueil de familles réfugiées a été abandonné dans cette commune bretonne, après une campagne de protestation et de harcèlement des élu·es par l’extrême droite.

    Après deux ans à porter l’initiative avec son conseil municipal, le maire divers gauche de Bélâbre, Laurent Laroche, revient sur l’épilogue de ce projet. Amer, il regrette que la mobilisation de l’extrême droite et les difficultés financières de l’association en charge du futur Cada aient mis un terme à ce projet d’accueil, qui aurait permis de redynamiser la petite commune.

    Mediapart : Pourquoi le projet de Cada a-t-il finalement été abandonné fin décembre ?

    Laurent Laroche : L’association #Viltaïs, qui était en charge du projet, rencontrait d’importantes difficultés financières, malgré sa reprise par le groupe SOS. Les travaux de rénovation de l’ancienne chemiserie étaient trop coûteux. À l’été, nous avions fait une proposition alternative à Viltaïs : transformer un ancien hôtel de Bélâbre en Cada, un projet moins coûteux, à plus petite échelle.

    J’en avais parlé au préfet de l’Indre, qui l’a très mal pris. J’ai été vraiment blessé par ses propos, il disait qu’il n’était pas favorable à ce projet, que ça allait raviver les tensions et réveiller les opposants alors qu’il avait ramené la paix à Bélâbre. On a fini par se voir le 18 décembre, et on a enterré le projet en actant l’incapacité de Viltaïs à le mener à bien. La mort dans l’âme.

    Les opposants au projet revendiquent un succès, à l’image de Pierre Gentillet, qui savoure la victoire d’« une communauté enracinée » qui fait « plier la volonté de gouvernants déconnectés ». Comment réagissez-vous ?

    On était inquiets depuis longtemps, quand on est élu on sait que ce qui compte, c’est quand on pose la dernière pierre d’un projet. Toute cette histoire nous avait un peu préparés à cette issue. Mais l’amertume que j’ai aujourd’hui, c’est de voir les opposants qui disent qu’ils ont gagné. Ils n’ont pas gagné, on cède face à la situation économique que rencontre l’association Viltaïs. Même si dans mon for intérieur, je me dis que l’État a quand même un peu cédé à la pression de l’extrême droite. Ce qui me rend amer, c’est que je n’aurais pas l’occasion de prouver aux Bélabrais que l’installation des demandeurs d’asile aurait pu très bien se passer.

    Aujourd’hui, le préfet, lui, est enchanté, il peut maintenant se glorifier en disant qu’il a ramené le calme à Bélâbre. Mais dans l’Indre, il nous a annoncé qu’on risquait 200 fermetures de classes d’ici 2030. Ce projet de Cada, il servait aussi à ça, à redynamiser le territoire. On ne s’est pas levés un matin avec le conseil municipal en se disant « tiens, si on ouvrait un centre pour accueillir des demandeurs d’asile », on y a réfléchi.

    Quel bilan tirez-vous de ces deux années de tension autour de ce projet de centre d’accueil ?

    Personnellement, je pense que l’erreur qu’on a commise, c’est que ce projet a été bien préparé mais qu’on aurait pu mieux communiquer dessus. On a sous-estimé qu’au lendemain d’une élection présidentielle où le RN fait des très gros scores sur la commune, forcément, il y a un habitant sur trois qui vote RN. Et la campagne présidentielle s’est beaucoup faite sur l’immigration, sur le rejet de l’autre. Moi, je me disais que ce vote s’expliquait beaucoup par la désertification médicale, le retrait des services publics, et j’ai sous-estimé cet aspect.

    Il y a eu un noyau d’opposants, pas très nombreux mais très bons en #communication, qui a réussi à entraîner des gens, de l’#attention_médiatique et qui a profondément divisé la commune. On s’est retrouvés avec les caméras de #Valeurs_actuelles, des militants du #RN et de #Reconquête, c’était beaucoup.

    Comment avez-vous vécu personnellement cette période ?

    Je suis peut-être naïf, mais j’ai été très surpris par l’ampleur que cette histoire a prise. Tout ça pour ça… L’extrême droite nous a inscrits, dès le début, comme une commune avec des élus « à abattre », le but était de faire « un nouveau Callac », c’était très inquiétant. On a reçu des centaines de #menaces, de courriers, de mails, d’appels téléphoniques injurieux ou menaçants, évidemment je ne peux pas dire que je l’ai bien vécu. On n’avait jamais vu ça, on s’est retrouvés sur notre petite commune avec des manifestations encadrées par 80 gendarmes.

    Le moindre fait divers impliquant un demandeur d’asile ou un étranger était instrumentalisé, des militants de l’#Action_française de Poitiers sont même venus s’introduire dans la chemiserie, faire des tags et poser avec une banderole « Stop immigration ».

    J’ai reçu des #menaces_de_mort et j’ai été placé sous #protection_policière. Une personne avait appelé à mon domicile pour me menacer, elle a été condamnée, tout comme une autre qui avait menacé de venir brûler ma maison. J’ai également eu un suivi psychologique, que j’ai toujours un peu, grâce à l’Association des maires de France.

    Mon erreur, c’est qu’au plus fort de la crise, quand on avait des #manifestations tous les mois et qu’on m’insultait en permanence, j’ai refusé de porter #plainte. J’étais encore dans une sorte de #déni, et je ne voulais pas porter plainte contre des habitants de la commune. C’était un tort, les gendarmes m’ont conseillé de le faire mais j’ai refusé. Ça aurait peut-être permis de dissuader les gens, de calmer un peu le jeu. L’imbécile qui a appelé chez moi au mois d’octobre ne l’aurait peut-être pas fait si j’avais déposé plainte plus tôt.

    Ces événements vous ont-ils fait vous poser la question de la démission ?

    La question de la démission m’a effleuré l’esprit évidemment, j’étais parfois au trente-sixième dessous. C’est grâce à l’équipe du conseil municipal que j’ai pu tenir aussi, j’ai des amitiés qui sont nées de ce combat, ça a été important. Et démissionner aurait fait trop de plaisir aux opposants au Cada.

    Pour la suite, les élections municipales de 2026, ma décision n’est pas encore prise. La cheffe de file des anti-Cada a déjà annoncé sa candidature, soutenue par le RN. Mais même si je ne fais pas de troisième mandat, j’essaierai de m’investir pour qu’une liste émerge de l’équipe municipale actuelle.

    Si je n’ai pas encore pris ma décision, c’est aussi qu’il reste encore beaucoup de projets à mener. L’objectif de l’extrême droite, ils le disaient, c’était de nous « pourrir la vie ». Des gens me l’ont dit en face. Leur but c’était de me faire #peur, de me pousser à la démission ou à ne pas me représenter, et de paralyser la vie de la commune.

    Certes, on n’a pas mené le projet de Cada jusqu’au bout et ça nous rend tristes. Mais on a ouvert une maison médicale avec trois médecins en plein désert médical, on a un projet de médiathèque... La vie communale ne s’est pas arrêtée pour autant. On a réussi ça, on a continué à mener des projets.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/020125/dans-l-indre-un-maire-enterre-la-mort-dans-l-ame-un-projet-de-centre-d-acc
    #accueil #réfugiés #migrations #France #extrême_droite

    via @karine4

  • Le déni des #persécutions génocidaires des « #Nomades »

    Le dernier interné « nomade » des #camps français a été libéré il y a presque 80 ans. Pourtant, il n’existe pas de décompte exact des victimes « nomades » de la #Seconde_Guerre_mondiale en France, ni de #mémorial nominatif exhaustif. Le site internet collaboratif NOMadeS, mis en ligne le 6 décembre 2024, se donne pour mission de combler cette lacune. Pourquoi aura-t-il fallu attendre huit décennies avant qu’une telle initiative ne soit lancée ?
    Les « Nomades » étaient, selon la loi du 16 juillet 1912, « des “#roulottiers” n’ayant ni domicile, ni résidence, ni patrie, la plupart #vagabonds, présentant le caractère ethnique particulier aux #romanichels, #bohémiens, #tziganes, #gitanos[1] ».

    Cette #loi_raciale contraignait les #Roms, les #Manouches, les #Sinti, les #Gitans, les #Yéniches et les #Voyageurs à détenir un #carnet_anthropométrique devant être visé à chaque départ et arrivée dans un lieu. Entre 1939 et 1946, les personnes que l’administration française fit entrer dans la catégorie de « Nomades » furent interdites de circulation, assignées à résidence, internées dans des camps, et certaines d’entre elles furent déportées.

    Avant même l’occupation de la France par les nazis, le dernier gouvernement de la Troisième République décréta le 6 avril 1940 l’#assignation_à_résidence des « Nomades » : ces derniers furent contraints de rejoindre une #résidence_forcée ou un camp. Prétextant que ces « Nomades » représentaient un danger pour la sécurité du pays, la #Troisième_République en état de guerre leur appliqua des mesures qui n’auraient jamais été prises en temps de paix, mais qui s’inscrivaient parfaitement dans la continuité des politiques anti-nomades d’avant-guerre.

    Le 4 octobre 1940, les Allemands ordonnèrent l’internement des « #Zigeuner [tsiganes] » en France. L’administration française traduisit « Zigeuner » par « Nomades » et appliqua aux « Nomades » les lois raciales nazies. Les personnes classées comme « Nomades » furent alors regroupées dans une soixantaine de camps sur l’ensemble du territoire métropolitain, tant en zone libre qu’en zone occupée.

    À la fin de la guerre, la Libération ne signifia pas la liberté pour les « Nomades » : ils demeurèrent en effet assignés à résidence et internés jusqu’en juillet 1946, date à laquelle la #liberté_de_circulation leur fut rendue sous condition. Ils devaient toujours être munis de leur carnet anthropométrique. La loi de 1912, au titre de laquelle les persécutions génocidaires de la Seconde Guerre mondiale furent commises sur le territoire français, ne fut pas abrogée, mais appliquée avec sévérité jusqu’en janvier 1969. La catégorie administrative de « Nomades » céda alors la place à celle de « #gens_du_voyage » et de nouvelles mesures discriminatoires furent adoptées à leur encontre.

    L’occultation de la persécution des « Nomades » (1944-1970)

    En 1948, le ministère de la Santé publique et de la Population mena une vaste enquête sur les « Nomades ». Les résultats montrent que plus d’un tiers des services départementaux interrogés savaient assez précisément ce qu’avaient subi les « Nomades » de leur département pendant la guerre : il fut question des #camps_d’internement, des conditions dramatiques de l’assignation à résidence, de #massacres et d’engagement dans la résistance. Ces enquêtes font également état de l’#antitsiganisme de beaucoup de hauts fonctionnaires de l’époque : on y lit entre autres que les mesures anti-nomades de la guerre n’étaient pas indignes, mais qu’au contraire, elles avaient permis d’expérimenter des mesures de #socialisation.

    Cette enquête de 1948 permet de comprendre que ces persécutions n’ont pas été « oubliées », mais qu’elles ont été délibérément occultées par l’administration française. Lorsqu’en 1949 est créée une Commission interministérielle pour l’étude des populations d’origine nomade, ses membres ne furent pas choisis au hasard : il s’agissait de personnes qui avaient déjà été en charge des questions relatives aux « Nomades », pour certaines d’entre elles pendant la guerre. Ainsi y retrouve-t-on #Georges_Romieu, ancien sous-directeur de la Police nationale à Vichy, qui avait été chargé de la création des camps d’internement pour « Nomades » en zone libre.

    Il n’est donc pas très étonnant que les survivants des persécutions aient eu beaucoup de mal à faire reconnaître ce qu’ils venaient de subir. Alors même qu’en 1948, deux lois établirent le cadre juridique des #réparations des #préjudices subis par les victimes de la Seconde Guerre mondiale, le régime d’#indemnisation mis en place posa de nombreux problèmes aux victimes « nomades ». L’obstacle principal résidait dans le fait qu’une reconnaissance des persécutions des « Nomades » comme victimes de #persécutions_raciales remettait en cause l’idée que la catégorie « Nomade » n’était qu’un #classement_administratif des populations itinérantes et non une catégorie raciale discriminante. Le ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre ne voulait pas que l’internement des « Nomades » puisse être considéré comme un internement sur critères raciaux.

    Ainsi, entre 1948 et 1955, les premiers dossiers de « Nomades » présentés au ministère des Anciens Combattants ne furent pas ceux des internés des camps français, encore moins des assignés à résidence, mais ceux des rescapés de la déportation afin d’obtenir le titre de « #déporté_politique ». Même pour ces derniers, l’administration manifesta un antitsiganisme explicite. Dans le dossier d’une femme rom française pourtant décédée dans les camps nazis, on peut y lire l’avis défavorable suivant : « Laissé à l’avis de la commission nationale, la matérialité de la déportation à Auschwitz n’étant pas établie. Les témoins (gitans comme le demandeur) signent tout ce qu’on leur présente. »

    Dans les années 1960, quelques dizaines d’anciens internés « Nomades » demandèrent l’obtention du statut d’interné politique. Les premiers dossiers furent rejetés : l’administration refusait de reconnaître que les camps dans lesquels les « Nomades » avaient été internés étaient des camps d’internement. Pour ceux qui arrivaient à prouver qu’ils avaient bel et bien été internés dans des camps reconnus comme tels, par exemple celui de #Rivesaltes, l’administration rejetait leur demande en arguant que leur état de santé ne pouvait pas être imputé au mauvais traitement dans les camps mais à leur mauvaise hygiène de vie.

    Devant ces refus systématiques de reconnaître la persécution des « Nomades », certaines personnes s’insurgèrent : les premiers concernés d’abord sans n’être aucunement entendus, puis des personnalités issues de l’action sociale comme, par exemple le #père_Fleury. Ce dernier avait été un témoin direct de l’internement et de la déportation depuis le camp de Poitiers où il avait exercé la fonction d’aumônier. Il contacta à plusieurs reprises le ministère des Anciens Combattants pour se plaindre du fait que les attestations qu’il rédigeait pour les anciens internés dans le but d’obtenir une reconnaissance n’étaient pas prises en compte. En 1963, les fonctionnaires de ce ministère lui répondirent que les demandes d’obtention du #statut d’interné politique faites par des « Nomades » n’aboutissaient pas faute d’archives et qu’il fallait qu’une enquête soit menée sur les conditions de vie des « Nomades » pendant la guerre.

    Le père Fleury mit alors en place une équipe qui aurait dû recenser, partout en France, les victimes et les lieux de persécution. Mais le président de la Commission interministérielle pour l’étude des populations d’origine nomade, le conseiller d’État Pierre Join-Lambert s’opposa à l’entreprise. C’est à peu près au même moment que celui-ci répondit également à l’ambassadeur d’Allemagne fédéral qu’il n’y avait pas lieu d’indemniser les « #Tziganes_français ». La position de Join-Lambert était claire : aucune #persécution_raciale n’avait eu lieu en France où les « Tsiganes » étaient demeurés libres.

    Cependant, à la fin des années 1960, devant la profusion des demandes d’obtention du statut d’internés politique de la part de « Nomades », le ministère des Anciens Combattants mena une enquête auprès des préfectures pour savoir si elles possédaient de la documentation sur « les conditions d’incarcération des Tsiganes et Gitans arrêtés sous l’Occupation ». Si certaines préfectures renvoyèrent des archives très parcellaires, certaines donnèrent sciemment de fausses informations. Le préfet du Loiret écrivit ainsi que, dans le camp de #Jargeau (l’un des plus grands camps d’internement de « Nomades » sur le territoire métropolitain), « les nomades internés pouvaient bénéficier d’une certaine liberté grâce à la clémence et à la compréhension de l’autorité administrative française ». En fait, les internés étaient forcés de travailler à l’extérieur des camps.

    Premières #commémorations, premières recherches universitaires (1980-2000)

    Pour répondre à l’occultation publique de leurs persécutions, des survivants roms, manouches, sinti, yéniches, gitans et voyageurs s’organisèrent pour rappeler leur histoire.

    À partir des années 1980, plusieurs associations et collectifs d’internés se formèrent dans le but de faire reconnaître ce qui doit être nommé par son nom, un génocide : on peut citer l’association nationale des victimes et des familles de victimes tziganes de France, présidée par un ancien interné, #Jean-Louis_Bauer, ou encore le Comité de recherche pour la mémoire du génocide des Tsiganes français avec à sa tête #Pierre_Young. Quelques manifestations eurent lieu : on peut rappeler celle qui eut lieu sur le pont de l’Alma à Paris, en 1980, lors de laquelle plusieurs dizaines de Roms et survivants de la déportation manifestèrent avec des pancartes : « 47 membres de ma famille sont morts en camps nazis pour eux je porte le Z ». Mais aucune action n’eut l’ampleur de celles du mouvement rom et sinti allemand qui enchaîna, à la même époque, grèves de la faim et occupation des bâtiments pour demander la reconnaissance du génocide des Roms et des Sinti.

    Cependant, la création de ces associations françaises coïncida avec le début des recherches historiques sur l’internement des « Nomades » en France, qui ne furent pas le fait d’historiens universitaires mais d’historiens locaux et d’étudiants. Jacques Sigot, instituteur à Montreuil-Bellay, se donna pour mission de faire l’histoire du camp de cette ville où avaient été internés plus de 1800 « Nomades » pendant la guerre. Rapidement, il fut rejoint dans ses recherches par d’anciens internés qui appartenaient, pour certains, à des associations mémorielles. Ainsi, paru en 1983, Un camp pour les Tsiganes et les autres… #Montreuil-Bellay 1940-1945. Plusieurs mémoires d’étudiants firent suite à cette publication pionnière : en 1984 sur le camp de #Saliers, en 1986 sur le camp de #Rennes et en 1988 sur le camp de #Jargeau.

    Les premières #plaques_commémoratives furent posées dans un rapport d’opposition à des autorités locales peu soucieuses de réparation. En 1985, Jean-Louis Bauer, ancien interné « nomade » et #Félicia_Combaud, ancienne internée juive réunirent leurs forces pour que soit inauguré une #stèle sur le site du camp de #Poitiers où ils avaient été privés de liberté. En 1988, le même Jean-Louis Bauer accompagné de l’instituteur Jacques Sigot et d’autres survivants imposèrent à la mairie de Montreuil-Bellay une stèle sur le site du camp. En 1991, grâce aux efforts et à la persévérance de Jean-Louis Bauer et après quatre années d’opposition, le conseil municipal de la commune accepta la pose d’une plaque sur le site de l’ancien camp de Jargeau.

    En 1992, sous cette pression, le Secrétariat d’État aux Anciens Combattants et Victimes de Guerre, le Secrétariat général de l’Intégration et la Fondation pour la Mémoire de la Déportation demandèrent à l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP) de mener une recherche intitulée : « Les Tsiganes de France 1939-1946. Contrôle et exclusion ». L’historien Denis Peschanski en fut nommé le responsable scientifique et, sous sa direction parut deux ans plus tard un rapport de 120 pages.

    Ce rapport apportait la preuve formelle de l’internement des « Nomades », mais certaines de ses conclusions étaient à l’opposé de ce dont témoignaient les survivants : il concluait en effet que la politique que les Allemands avaient mise en œuvre en France à l’égard des « Nomades » ne répondait pas à une volonté exterminatrice, en d’autres termes que les persécutions françaises n’étaient pas de nature génocidaire. De plus, le rapport ne dénombrait que 3 000 internés « tsiganes » dans les camps français : un chiffre bas qui ne manqua pas de rassurer les pouvoirs publics et de rendre encore les survivants encore plus méfiants vis-à-vis de l’histoire officielle.

    Popularisation de l’histoire des « Nomades » et premières reconnaissances nationales (2000-2020)

    Au début du XXIe siècle, les anciens internés « nomades » qui étaient adultes au moment de la guerre n’étaient plus très nombreux. La question de la préservation de leur mémoire se posait, alors même que les universitaires n’avaient pas cherché à collecter leurs paroles et les survivants n’avaient pas toujours trouvé les moyens de laisser de témoignages pérennes derrière eux.

    Les initiatives visant à préserver cette mémoire furent d’abord le fait de rencontres entre journalistes, artistes et survivants : en 2001, le photographe Mathieu Pernot documenta l’internement dans le camp de Saliers ; en 2003 et 2009, Raphaël Pillosio réalisa deux documentaires sur la persécution des « Nomades » ; en 2011, la journaliste Isabelle Ligner publia le témoignage de #Raymond_Gurême, interné avec sa famille successivement dans les camps de #Darnétal et de #Linas-Monthléry, dont il s’évada avant de rejoindre la Résistance.

    Les années 2000 popularisèrent l’histoire des « Nomades » à travers des bandes dessinées, des films ou, encore, des romans. Le 18 juillet 2010, Hubert Falco, secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens Combattants, mentionna pour la première fois l’internement des « Tsiganes » dans un discours officiel. Cette reconnaissance partielle fut aussitôt anéantie par des propos du président de la République, Nicolas Sarkozy associant les « gens du voyage » et les « Roms » à des délinquants. L’été 2010 vient rappeler que la reconnaissance des persécutions passées était épineuse tant que des discriminations avaient encore cours.

    En 2016, alors que la plupart des descendants d’internés et d’assignés à résidence « Nomades » étaient toujours soumis à un régime administratif de ségrégation, celui de la loi du 3 janvier 1969 les classant comme « gens du voyage », il fut décidé que le président de la République, François Hollande, se rendrait sur le site du camp de Montreuil-Bellay. Une cérémonie, qui eut lieu le 29 octobre 2016, fut préparée dans le plus grand secret : jusqu’au dernier moment, la présence du résident fut incertaine. Les survivants et leurs enfants invités étaient moins nombreux que les travailleurs sociaux et les membres d’associations ayant vocation à s’occuper des « gens du voyage » et aucun survivant ne témoigna. François Hollande déclara : « La République reconnaît la souffrance des nomades qui ont été internés et admet que sa #responsabilité est grande dans ce drame. » La souffrance ne fut pas qualifiée et la question du #génocide soigneusement évitée.

    Le Conseil d’État rejeta en septembre 2020 la demande de deux associations de Voyageurs et de forains d’ouvrir le régime d’indemnisation des victimes de spoliation du fait des lois antisémites aux victimes des lois antitsiganes. Il déclara que les « Tsiganes » n’avaient pas « fait l’objet d’une politique d’extermination systématique ». Si le Parlement européen a reconnu le génocide des Roms et des Sinti en 2015 et a invité les États membres à faire de même, la France de 2024 n’a toujours pas suivi cette recommandation.
    Résistances et liste mémorielle

    À partir de 2014, les descendants de « Nomades » et des Roms et Sinti persécutés par les nazis et les régimes collaborateurs changèrent de stratégie : ce n’était pas seulement en tant que victimes qu’ils voulaient se faire reconnaître, mais aussi en tant que résistants. Le mouvement européen du 16 mai (#romaniresistance), rappelant l’insurrection des internés du Zigeunerlager [camp de Tsiganes] d’Auschwitz-Birkenau quand des SS vinrent pour les conduire aux chambres à gaz, se propagea. Il réunit tous les ans la jeunesse romani et voyageuse européenne à l’appel de l’ancien interné français Raymond Gurême : « Jamais à genoux, toujours debout ! »

    La base de données « NOMadeS : Mur des noms des internés et assignés à résidence en tant que “Nomades” en France (1939-1946) » propose d’établir collaborativement une #liste aussi exhaustive que possible des internés et des assignés à résidence en tant que « Nomades » en France entre 1939 et 1946. Soutenue par plusieurs associations de descendants d’internés, elle servira d’appui à de nouvelles revendications mémorielles. Peut-être aussi à une demande de reconnaissance par la France du génocide des Manouches, des Roms, des Voyageurs, des Gitans, des Sinti et des Yéniches.

    https://aoc.media/analyse/2024/12/18/le-deni-des-persecutions-genocidaires-des-nomades

    #persécution #encampement #France #histoire #déni #internement #déportation #travail_forcé #reconnaissance

    • Mémorial des Nomades et Forains de France

      Le Mémorial des Nomades de France, sous le parrainage de Niki Lorier, œuvre pour une reconnaissance pleine et entière par la France de sa responsabilité dans l’internement et la déportation des Nomades de France entre 1914 et 1946,

      Il collecte les témoignages des survivants.

      Il propose des interventions en milieu scolaire et du matériel pédagogique sur le CNRD.

      Il réalise des partenariats avec des institutions mémorielles (Mémorial de la Shoah, Mémorial du camp d’Argelès, Mémorial du Camp de Rivesaltes) et des associations dans la réalisation d’expositions, de sites internets…

      Un comité scientifique a été mis en place en 2018.

      Il dispose d’un fond documentaire, et d’archives privées.

      –-

      #Manifeste :

      ▼ Le MÉMORIAL DES NOMADES DE FRANCE a été crée en 2016 en réaction à l’annonce par la Dihal que le discours du président de la République sur le site du camp de Montreuil-Bellay constituerait une reconnaissance officielle de la France. Pour nous, cette démarche est trompeuse et purement déclarative. Nous souhaitons que la reconnaissance des persécutions contre le monde du Voyage par les différents gouvernements entre 1912 et 1969 passe par la voie législative, sur le modèle de la journée de commémoration nationale de la Shoah votée par le parlement en 2000, suivie le 10 mai 2001, par l’adoption de la « loi Taubira », qui reconnaît la traite et l’esclavage comme crime contre l’humanité. Rappelons que depuis 2015, le Parlement européen a fixé par un vote solennel au 2 août la date de la « Journée européenne de commémoration du génocide des Roms », journée non appliquée en France.

      ▼ Le MÉMORIAL DES NOMADES DE FRANCE demande l’application pleine et entière de la loi Gayssot de 1990, notamment dans l’Éducation Nationale. Sur tous les manuels d’histoires utilisés en France, seulement 5 mentionnent le génocide des Zigeuner par les Nazis, pas un ne fait mention des persécutions subies du fait des autorités françaises sous les différents gouvernements de la Troisième République, de « Vichy », du GPRF, ou de la IVe République. Nous sommes parfaitement conscients de la difficulté pour l’État, de reconnaître une situation encore en vigueur aujourd’hui par un procédé d’encampement généralisé de la catégorie administrative des dits « gens du voyage » dans le cadre des « lois Besson » de 1990 et 2000.

      ▼ Le MÉMORIAL DES NOMADES DE FRANCE, demande que l’habitat caravane soit reconnu comme un logement de plein droit, ouvrant un accès aux droits communs qui leurs sont déniés aux Voyageurs et Voyageuses, l’État se mettant enfin en conformité avec l’article premier de la Constitution de 1958.

      ▼ Le MÉMORIAL DES NOMADES DE FRANCE demande la dissolution de la Commission Nationale des Gens du Voyage, dernier organisme post-colonial d’État, qui organise la ségrégation territoriale des différents ethnies constituant le monde du Voyage en France, par le biais de l’application des lois Besson et l’abandon de celle-ci, garantissant la liberté de circulation pour tous et son corollaire, le droit de stationnement, dans des lieux décents, ne mettant pas en danger la santé et la sécurité des intéressés. Les textes existent, il suffit de s’y conformer. Le Conseil constitutionnel considère que la liberté de circulation est protégée par les articles 2 et 4 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 (il l’a notamment rappelé dans la décision du 5 août 2021). A ce titre la loi Égalité et Citoyenneté de 2017 a abrogé les carnets de circulation. Nous considérons que l’application de l’avis du Conseil Constitutionnel est incomplète, les dites « aires d’accueil » ou « de grands passages » servant justement à contrôler la circulation des Voyageurs sur le territoire métropolitain. C’est le seul moyen de mettre fin au dernier racisme systémique d’État.

      ▼ Le travail de recherche et de restitution historique du MÉMORIAL DES NOMADES DE FRANCE tend en ce sens.

      https://memorialdesnomadesdefrance.fr

  • Christian Cornélissen (1864-1943)
    https://www.partage-noir.fr/christian-cornelissen-1864-1943

    Dans le journalisme d’avant-garde et dans les réunions publiques de Paris, c’est une physionomie sympathique entre toutes, que celle de #Christian_Cornélissen. C’est un exilé volontaire parmi nous. Ce n’est pas que son pays natal, la Hollande, l’ait persécuté. Mais Cornélissen a aimé dans Paris et dans la France la tradition d’un grand pays habitué à la liberté totale, la grande fermentation d’idées, l’outillage scientifique nécessaire à son activité infatigable ; et, de Paris, il évangélisait encore la Hollande. #Les_Temps_maudits_n°5_-_Mai_1999

    / Christian Cornélissen, #Jean_Grave, #Pierre_Kropotkine, #Lilian_Rupertus, #Fernand_Pelloutier, #Achille_Dauphin­-Meunier, #Archives_Autonomies, #Pays-Bas, #ESRI, Domela (...)

    #Domela_Nieuwenhuis
    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5525059x.texteImage
    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5525289r
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/temps-maudits-n05.pdf

  • Rachat de l’ESJ par des milliardaires : une piètre vision de l’indépendance du journalisme | Fonds pour une presse libre
    https://fondspresselibre.org/rachat-de-lesj-par-des-milliardaires-une-pietre-vision-de-lindepen

    L’entreprise des #milliardaires visant à faire main basse sur l’information en #France a franchi une nouvelle étape à la mi-novembre 2024. On a en effet appris par voie de communiqué qu’une alliance de grands argentiers composé notamment de #Bernard_Arnault, #Vincent_Bolloré, #Rodolphe_Saadé, de la #famille_Dassault et de l’ancien président du #Medef #Pierre_Gattaz, avec un temps le groupe Bayard – qui s’est retiré depuis, allait racheter l’école supérieure de journalisme (#ESJ) de Paris, fondée en 1899.

    https://cej.education/les-cursus-reconnus

    #journalisme #médias

    • Dans la dernière Lettre à LuLu, 3 pages sur la holding qui a mis la main sur Ouest Torch’ . l’ASPDH [ Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste ] aaarg ! à sa tête quatre noms à retenir : David Guiraud, Fabrice Bakhouche, Bertrand Bardé et son épouse Vanessa du Merle.
      https://lalettrealulu.fr/2024/11/29/n128-129-sommaire

      Ouest France, moins de Hutin, plus de requins.

      L’historique clan Hutin poussé sur la touche, place aux requins de la finance, du pantouflage et des ministères.

      Une indépendance très opaque. L’association qui chapeaute le groupe ne lâche rien sur son fonctionnement. Et elle s’appelle comment cette asso ? L’Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste. On ne rigole pas.

      Profils apôtre en paradis fiscal. Parmi les nouvelles figures de l’état-major, un grand financier, Bertrand Badré « apôtre de la finance durable », hébergé dans les paradis fiscaux. Enquête sur un profil très interessé.

      De quoi rebattre la carte d’Acrimed

      OFTV, la chaîne TNT de Ouest-France ou la vie en vrai dans le poste
      https://www.ouest-france.fr/medias/television/feu-vert-pour-oftv-la-chaine-tnt-de-ouest-france-qui-mettra-en-avant-to
      un de plus pour qui le réel est derrière l’écran et non pas devant.

    • La Gérance de Sipa est constituée de trois gérants : Bertrand BADRE (gérant chargé des relations entre l’ASPDH et Sipa), Louis ÉCHELARD (gérant chargé du Pôle médias), Patrice HUTIN (gérant chargé de Sofiouest). Conformément aux nouveaux statuts, aucun des gérants de Sipa n’est membre associé de Sipa.
      https://www.ouest-france.fr/medias/ouest-france/em-ouest-france-em-une-association-une-independance-e1053c70-921a-11eb-

      Le conseil d’administration de l’association ASPDH est ainsi composé :

      Président : David GUIRAUD, ancien directeur général de groupes de presse.

      Vice-présidente : Dominique QUINIO, ancienne directrice de La Croix, Présidente d’honneur des Semaines sociales de France.

      Vice-Président : Bertrand BADRE, cogérant de Sipa, fondateur de BlueOrangeCapital.

      Trésorière : Christine BLANC PATIN, expert-comptable, présidente de la clinique de soins palliatifs de Sainte Élisabeth à Marseille.

      Secrétaire : Denis BOISSARD, cadre dirigeant dans une organisation professionnelle, ancien journaliste.

      Secrétaire : Benoit LE GOAZIOU, avocat.

      Administrateurs :

      Olivier BONSART, ancien dirigeant de titres et sites d’Information.

      Annabel DESGREES DU LOU, directrice de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement.

      Christophe HUTIN, architecte.

      François LE GOAZIOU, ancien responsable commercial d’une ligne maritime.

      Laurence MEHAIGNERIE, présidente d’un fonds d’investissement à impact.

      Gabriel PETITPONT, ingénieur d’affaires, conseil en transformation digitale.

      Anne-Marie QUEMENER, commissaire générale du SPACE.

      Marie-Trinité TOUFFET, ancienne fonctionnaire de l’administration publique territoriale, ancienne directrice d’établissements et services médicosociaux.

      Membres :

      Jeanne-Françoise HUTIN, présidente d’honneur de l’ASPDH, fondatrice et présidente de la Maison de l’Europe de Rennes et Haute Bretagne.

      Jean-François BOUTHORS, journaliste, éditeur et écrivain.

      Michel CAMDESSUS, gouverneur honoraire de la Banque de France.

      Daniel CHANDELIER, retraité.

      Marcel CLAIRET, administrateur de la Presse de la Manche et de Liberté Normandie.

      Valérie COTTEREAU, présidente d’Artefacto.

      Georges COUDRAY, président de Sofiouest.

      Thomas COVILLE, navigateur.

      Elsa DA COSTA GRANGIER, directrice générale de l’ONG Ashoka France.

      Hélène DE PENFENTENYO DE CHEFFONTAINES, retraitée.

      Antoine de TARLÉ, ancien directeur général adjoint d’Ouest France.

      Claire-Hedwige de VILLARTAY, directrice de la communication.

      Gaël DESGREES DU LOU, gérant d’une agence de communication.

      Jean-Luc DOMENACH, directeur émérite de Sciences Po.

      Yvonne DUBRUJEAUD, retraitée.

      Louis ECHELARD, cogérant de Sipa.

      Samuel ETIENNE, journaliste.

      Eric FOTTORINO, journaliste, écrivain, cofondateur de l’hebdomadaire Le 1.

      Elisabeth FOUAN, retraitée.

      Bruno FRAPPAT, journaliste, président d’honneur du groupe Bayard-Presse.

      Matthieu FUCHS, directeur général de la stratégie du groupe Sipa.

      Sophie FUCHS, consultante en management.

      Jeanne-Emmanuelle GAPSYS-HUTIN, éditorialiste, directrice de la recherche éditoriale à Ouest-France.

      Xavier GAUVAIN, membre d’associations : SNC, AGIR, Rando Autrement.

      Jean-Marie GUEHENNO, ancien Secrétaire général adjoint des Nations Unies.

      Gonzague HUTIN, psychosociologue retraité, Ancien DG du Comité Français contre la Faim.

      Jean-Benoît HUTIN, retraité.

      Patrice HUTIN, cogérant de SIPA, Directeur général SOFIOUEST.

      Paul HUTIN, animateur à l’Association pour le Journal des Lycées, animateur pastoral et vice-Président de l’Association Ouest-France Solidarité.

      Stanislas HUTIN, retraité.

      Magdeleine HUTIN-BOUKANDOURA, retraitée.

      Pierre LAVIALLE, membre du CS INFOMER, ancien directeur de Voiles & Voiliers.

      Marie LE GOAZIOU, journaliste.

      Jacques LE GOFF, professeur émérite des Universités (Droit public).

      Jacques MARUELLE, ancien chirurgien plasticien.

      Pascal ORY, professeur émérite des universités à la Sorbonne (Paris 1), membre de l’Académie française.

      Marie-Claude PACAULT, retraitée, ancienne journaliste à Ouest-France.

      Pascal PIRIOU, entrepreneur.

      Philippe POIRIER, professeur en sciences politiques, université du Luxembourg.

      Philippe PORTIER, directeur d’études à l’École Pratique-des-Hautes-Études (Sorbonne).

      Michel RICHARD, agriculteur retraité.

      Nathalie SARTHOU LAJUS, philosophe, rédactrice en chef adjointe de la revue Études.

      Dominique SEUX, directeur délégué de la rédaction Les Échos.

      Maud STEPHAN, déléguée générale de Réalités du Dialogue Social.

      Jérôme VIGNON, président d’honneur des Semaines sociales de France, administrateur général de l’Université catholique de Lille.

      Aurélien WENGER, gérant de sociétés.

  • X. La Morale anarchiste - #Pierre_Kropotkine
    https://www.partage-noir.fr/x-la-morale-anarchiste-pierre-kropotkine

    Et maintenant, disons, avant de terminer, un mot de ces deux termes, issus de l’école anglaise, altruisme et égoïsme, dont on nous écorche continuellement les oreilles. Jusqu’à présent nous n’en avons même pas parlé dans cette étude. C’est que nous ne voyons même pas la distinction que les moralistes anglais ont cherché à introduire. Quand nous disons : « Traitons les autres comme nous voulons être traités nous-mêmes » — est-ce de l’égoïsme ou de l’altruisme que nous recommandons ? Quand (…) 45 - La Morale anarchiste - Pierre Kropotkine

    / Pierre Kropotkine, #Volonté_Anarchiste, #Bibliothèque_Anarchiste

    #45_-_La_Morale_anarchiste_-_Pierre_Kropotkine_
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/la_morale_anarchiste___kropotkin_va_compressed.pdf

  • https://video.blast-info.fr/w/cqNFe48o9jaMiv9mfv8h1p

    Le 22 août dernier, Libération s’interrogeait sur le poids des héritages familiaux dans le sport, révélant que 70% des athlètes de haut niveau ont des parents sportifs. L’article cite des exemples comme Léon Marchand et les frères Lebrun, mettant en lumière l’impact de l’environnement familial. Ce constat fait débat, certains y voyant une remise en question du mérite individuel. Pourtant, cette réalité s’étend au-delà du sport : médecins, professeurs ou élèves de grandes écoles, les trajectoires familiales influencent largement les carrières.

    Pierre Bourdieu, sociologue influent, analyse ce phénomène dans ses travaux sur la reproduction sociale, notamment dans Les Héritiers. Il distingue différents types de capitaux (économique, culturel, social) pour expliquer pourquoi la société tend à reproduire les inégalités. Loin du mythe de l’ascenseur social, notre système fonctionnerait comme un « couloir social » qui perpétue les positions.

    Nouvel épisode de Contraste(s), par Ostpolitik et Modiie.

    #déterminisme_social #méritocratie #homogamie #Pierre_Bourdieu

    • Il y a le livre « Talent is Overrated » de Geoff Colvin qui explique que la performance dans une discipline est tout d’abord corrélée au nombre d’heures de pratique de celle-ci.
      Comme exemples, Mozart et Tiger Woods qui baignaient très tôt dans la discipline de leur parent et qui ont beaucoup pratiqué au long de leur vie. Leur développement (celui de leur cerveau, de leur corps, de leurs sens) s’est façonné autour de cette pratique dans laquelle ils ont baigné depuis tout petit.
      Cela s’est fait dans la souffrance, car ce n’est pas (que) du plaisir d’être un champion en devenir.

      Est-ce qu’on veut jouer avec le déterminisme et tordre le cou de ces 70% de reproduction sociale ? Ou est-ce qu’on s’en fiche au final ?

      @sombre quel est votre ressenti sur ce phénomène ?
      Comment le vivez-vous ?
      Voudriez vous que ce phénomène évolue, notamment par l’application d’une politique ou d’un programme ?

      Cordialement.

    • Je pense que le déterminisme sociale est un fait prégnant à l’époque actuelle mais il l’a toujours été. Les quelques rares personnes qui ont bénéficié de « l’ascenseur social » (écran de fumée pour faire croire qu’iels étaient méritant·es et qu’on pouvait s’en sortir grâce à un dur labeur et beaucoup de sacrifices) étaient souvent des hommes qui avaient été cooptés par des membres de « l’aristocratie » en général (aristocratie de classe ou culturelle peu importe). Quant aux femmes, c’est venu beaucoup plus tard, et les rares qui ont pu faire carrière étaient souvent mariées à des hommes qui avaient déjà bénéficié d’un statut privilégié.
      Pour illustrer la dégradation de la situation des femmes par rapport à ce soit-disant ascenseur social, cet article qui parle d’éducation et de disciplines scientifiques :
      https://theconversation.com/pourquoi-si-peu-de-filles-en-mathematiques-222028

      je me souviens qu’il y a environ 50 ans, lorsque j’avais commencé des études d’ingénieur, le ratio jeunes filles/jeunes hommes n’était pas loin des 50/50 avec un léger avantage aux garçons tout de même.
      Mon impression est que, par rapport à ces problématiques, nous assistons à une intense régression.
      Et bien sûr, pour enrayer cette régression, la solution est éminemment politique.

  • IX. La Morale anarchiste - #Pierre_Kropotkine
    https://www.partage-noir.fr/ix-la-morale-anarchiste-pierre-kropotkine

    Ce que l’humanité admire dans l’homme vraiment moral, c’est sa force, c’est l’exubérance de la vie, qui le pousse à donner son intelligence, ses sentiments, ses actes, sans rien demander en retour. L’homme fort de pensée, l’homme qui déborde de vie intellectuelle, cherche naturellement à se répandre. Penser, sans communiquer sa pensée aux autres, n’aurait aucun attrait. Il n’y a que l’homme pauvre d’idées qui, après en avoir déniche une avec peine, la cache soigneusement pour lui apposer (…) 45 - La Morale anarchiste - Pierre Kropotkine

    / Pierre Kropotkine, #Volonté_Anarchiste, #Bibliothèque_Anarchiste

    #45_-_La_Morale_anarchiste_-_Pierre_Kropotkine_
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/la_morale_anarchiste___kropotkin_va_compressed.pdf

  • VIII. La Morale anarchiste - #Pierre_Kropotkine
    https://www.partage-noir.fr/viii-la-morale-anarchiste-pierre-kropotkine

    Jusqu’à présent, dans toute notre analyse, nous n’avons fait qu’exposer de simples principes d’égalité. Nous nous sommes révolté, et nous avons invité les autres à se révolter contre ceux qui s’arrogent le droit de traiter autrui comme ils ne voudraient nullement être traités eux-mêmes ; contre ceux qui ne voudraient être ni trompés, ni exploités, ni brutalisés, ni prostitués, mais qui le font à l’égard des autres. Le mensonge, la brutalité et ainsi de suite, avons-nous dit, sont répugnants, (…) 45 - La Morale anarchiste - Pierre Kropotkine

    / #Volonté_Anarchiste, #Bibliothèque_Anarchiste, Pierre Kropotkine

    #45_-_La_Morale_anarchiste_-_Pierre_Kropotkine_
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/la_morale_anarchiste___kropotkin_va_compressed.pdf

  • VII. La Morale anarchiste - #Pierre_Kropotkine
    https://www.partage-noir.fr/vii-la-morale-anarchiste-pierre-kropotkine

    Jusqu’à présent, nous avons toujours parlé des actions conscientes, réfléchies, de l’homme (de celles que nous faisons en nous en rendant compte). Mais, à côté de la vie consciente, nous avons la vie inconsciente, infiniment plus vaste et trop ignorée autrefois. Cependant, il suffit d’observer la manière dont nous nous habillons le matin, en nous efforçant de boutonner un bouton que nous savons avoir perdu la veille, ou portant la main pour saisir un objet que nous avons déplacé nous-mêmes, (…) 45 - La Morale anarchiste - Pierre Kropotkine

    / Pierre Kropotkine, #Volonté_Anarchiste, #Bibliothèque_Anarchiste

    #45_-_La_Morale_anarchiste_-_Pierre_Kropotkine_

  • VI. La Morale anarchiste - #Pierre_Kropotkine
    https://www.partage-noir.fr/vi-la-morale-anarchiste-pierre-kropotkine

    Ainsi nous voyons qu’en observant les sociétés animales, — non pas en bourgeois intéressé, mais en simple observateur intelligent — on arrive à constater que ce principe : « Traite les autres comme tu aimerais à être traité par eux dans des circonstances analogues » se retrouve partout où il y a société. Et quand on étudie de plus près le développement ou l’évolution du monde animal, on découvre (avec le zoologiste Kessler et l’économiste Tchernychevsky) que ce principe, traduit par un (…) 45 - La Morale anarchiste - Pierre Kropotkine

    / Pierre Kropotkine, #Volonté_Anarchiste, #Bibliothèque_Anarchiste

    #Pierre_Kropotkine
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/la_morale_anarchiste___kropotkin_va_compressed.pdf

  • V. La Morale anarchiste - #Pierre_Kropotkine
    https://www.partage-noir.fr/v-la-morale-anarchiste-pierre-kropotkine

    L’idée du bien et du mal existe dans l’humanité. L’homme, quelque degré de développement intellectuel qu’il ait atteint, quelque obscurcies que soient ses idées par les préjugés et l’intérêt personnel, considère généralement comme bon ce qui est utile à la société dans laquelle il vit, et comme mauvais ce qui lui est nuisible. Mais d’où vient cette conception, très souvent si vague qu’à peine pourrait-on la distinguer d’un sentiment ? Voilà des millions et des millions d’êtres humains qui (…) 45 - La Morale anarchiste - Pierre Kropotkine

    / Pierre Kropotkine, #Volonté_Anarchiste, #Bibliothèque_Anarchiste

    #Pierre_Kropotkine
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/la_morale_anarchiste___kropotkin_va_compressed.pdf

  • IV. La Morale anarchiste - #Pierre_Kropotkine
    https://www.partage-noir.fr/iv-la-morale-anarchiste-pierre-kropotkine

    Pour distinguer entre ce qui est bien et ce qui est mal, les théologiens mosaïques, bouddhistes, chrétiens et musulmans avaient recours à l’inspiration divine. Ils voyaient que l’homme, qu’il soit sauvage ou civilisé, illettré ou savant, pervers ou bon et honnête, sait toujours s’il agit bien ou s’il agit mal, et le sait surtout quand il agit mal ; mais, ne trouvant pas d’explication à ce fait général, ils y ont vu une inspiration divine. Les philosophes métaphysiciens nous ont parlé à leur (…) 45 - La Morale anarchiste - Pierre Kropotkine

    / Pierre Kropotkine, #Volonté_Anarchiste, #Bibliothèque_Anarchiste

    #45_-_La_Morale_anarchiste_-_Pierre_Kropotkine_
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/la_morale_anarchiste___kropotkin_va_compressed.pdf