• #Emmanuel_Lechypre, journaliste à BFM Business :

    « L’#échec des #politiques_de_la_ville, une quinzaine de #plans_banlieues depuis 1977. 100 milliards d’euro sur la table, et pas de résultats. La réalité c’est que la situation est bien plus difficile pour ces 7,5% de la population qui vivent dans les #banlieues que pour le reste du pays. Le taux de #chômage y est 2 fois plus élevé. La moitié des jeunes n’y a pas d’emploi, 4 habitants sur 10 n’ont aucun #diplôme, c’est le double de la moyenne nationale, et le taux de #pauvreté est 3 fois plus élevé que dans l’ensemble du pays.
    Quand vous regardez, est-ce que les habitants des #quartiers_pauvres reçoivent plus de #transferts_sociaux que les autres ? Non, en France métropolitaine on est à 6800 euros en moyenne par an. Là c’est 6100 euros dans les banlieues.
    Est-ce que ces territoires, plus pauvres, reçoivent beaucoup plus de la #solidarité_nationale qu’ils ne contribuent ? Ce n’est pas vrai. La Seine-Saint-Denis est le 3ème département en France le plus pauvre de France, et pourtant c’est le 8ème contributeur en termes de #cotisations_sociales.
    Est-ce que les quartiers pauvres sont mieux traités par l’Etat que la France périphérique ? Non, si on regarde les chiffres en matière de #santé, les quartiers populaires comptent moins de 250 professionnels offrant des #soins de proximité. C’est 400 en moyenne en France. Et même quand l’Etat dépense plus, les chiffres sont trompeurs. C’est vrai sur le coût moyen d’un élève accueilli en #éducation_prioritaire, il est plus élevé, sauf que la qualité de l’#enseignement qui est dispensé est moins bonne. »

    https://twitter.com/Laurent_Potelle/status/1675463787221008387
    https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/good-morning-business/emmanuel-lechypre-banlieues-trop-peu-d-argent-trop-mal-depense-30-06_VN-20230
    #chiffres #statistiques #préjugés #idées_reçues #quartiers_populaires #réalité #Nahel #politique_de_la_ville

    ping @karine4 @isskein @cede

    • Violences en banlieue : la politique de la ville, une cible trop facile

      Depuis la mort de Nahel, l’extrême droite s’indigne des milliards qui auraient irrigué en vain les quartiers populaires. Mais avec des plans banlieues délaissés depuis des années, le problème semble surtout résider dans les rapports entre la jeunesse et la police.

      C’est une petite musique qui monte, après cinq nuits d’émeutes qui laissent le pays groggy. Une rage de justice, pour venger la mort de Nahel, 17 ans, tué par un tir policer le 27 juin, qui a tout emporté sur son passage : mairies, commissariats, écoles, centres des impôts ou de santé, médiathèques, boutiques et centres commerciaux, voitures et mobilier urbain. Jusqu’à cette tentative de mettre le feu à la mairie de Clichy-sous-Bois, tout un symbole : foyer des précédentes violences de 2005, la ville a longtemps été dirigée par l’actuel ministre de la Ville, Olivier Klein.

      Cette petite musique, le Rassemblement national la fredonne depuis des années, mais c’est Eric Zemmour qui l’a entonnée vendredi sur Twitter : « On a dépensé 40 milliards d’euros pour reconstruire ces quartiers avec le #plan_Borloo, 40 milliards ! Vous voyez le résultat aujourd’hui ? » Un discours démagogique : le #programme_national_de_rénovation_urbaine (#PNRU, 2004-2021), créé par la loi Borloo du 1er août 2003, n’a pas coûté 40 milliards, mais 12. Lesquels ont été financés aux deux tiers par #Action_Logement, l’organisme paritaire qui collecte le 1 % logement, un prélèvement sur la masse salariale. Le reste par les collectivités locales et l’Etat. Ces 12 milliards d’euros ont généré 48 milliards d’euros de travaux, une manne qui a surtout profité au BTP. En outre, le PNRU a généré 4 milliards de TVA, 6 milliards de cotisations et 40 000 emplois pendant dix ans. Merci la banlieue. Un deuxième programme, le #NPNRU (N pour nouveau), est en route. D’un montant identique, il court jusqu’en 2030.

      « Plus grand chantier civil de l’histoire »

      Trop d’argent aurait été déversé pour les quartiers populaires ? « Franchement, vous n’imaginez pas à quoi ressemblait leur #état_d’abandon, de #misère, l’#enfermement : la police ne rentrait pas dans ces quartiers, les poubelles n’étaient pas ramassées, personne n’y rentrait ! » s’énervait #Jean-Louis_Borloo mardi 27 juin. Avant d’engueuler Libération, qui l’interrogeait sur son bilan  : « A quoi ça a servi ? Avant le PNRU, qui est quand même le plus grand chantier civil de l’histoire de France, il y avait des émeutes sporadiques dans les quartiers, quasiment tous les jours, jusqu’au grand embrasement de 2005. »

      C’était quelques heures avant que Nanterre ne s’embrase. Hasard cruel du calendrier, le père de la #rénovation_urbaine se trouvait à la Grande Borne à Grigny (Essonne), dans le cadre d’un déplacement censé donner le coup d’envoi des « célébrations » des 20 ans de l’#Agence_nationale_pour_la_rénovation_urbaine (#Anru) et à quelques jours d’un Comité interministériel des villes présidé par Elisabeth Borne, qui devait enfin dévoiler le contenu du plan « Quartiers 2030 ». Issue de la loi la loi Borloo, l’Anru est aujourd’hui présidée par Catherine Vautrin, présidente LR du Grand Reims, qui a succédé à Olivier Klein.

      Si le plan Borloo a permis de pacifier les banlieues, il a été par la suite « victime de son succès ». « Quand ça a commencé à aller mieux, on a arrêté de s’occuper des banlieues, ce n’était plus un problème », explique l’ex-maire de Valenciennes. Il aura fallu l’« appel de Grigny » en 2017 suivi d’un rapport également signé par Borloo en 2018 et une déambulation d’Emmanuel Macron en Seine-Saint-Denis, en plein Covid, pour que le chef de l’Etat ne se décide enfin à lancer l’acte II de la rénovation urbaine.

      Entretemps, une génération aura été sacrifiée. « Les 15-17 ans qui constituent le gros des émeutiers, ce sont les oubliés de la politique de la ville, estime un ex-préfet de Seine-Saint-Denis. Ce mouvement doit engendrer une révolution des dispositifs permettant d’appréhender socialement cette classe d’âge, dont personne ne s’occupe, de Toulouse à Sevran. » L’éducation y joue un rôle central, et l’annonce faite le 26 juin par le chef de l’Etat à Marseille d’étendre les heures d’ouverture des collèges a été saluée par les acteurs de la politique de la ville, qui ne se résume pas à la rénovation urbaine.

      « La question, c’est la police, la police, la police »

      On en fait trop pour les banlieues, vraiment ? Quelques chiffres récents compilés par l’Insee : dans les 1 514 « quartiers prioritaires de la politique de la ville » (QPV), où vit 8 % de la population, le taux de pauvreté est trois fois plus élevé (43 %) que dans le reste des unités urbaines et le revenu médian plafonne à 13 770 euros par an et par foyer. Avec un taux de chômage de 18,6 %, plus du double du niveau national. Bref, « dans les QPV, les communes ont plus de besoins mais moins de ressources : 30 % de capacité financière en moins », rappelait Borloo dans son plan de « réconciliation nationale ». La politique de la ville n’est pas la charité, ou une faveur faite aux plus précaires.

      Dans ces quartiers, plus de la moitié des enfants vivent en situation de pauvreté : 57 %, contre 21 % en France métropolitaine. Ils grandissent la rage au ventre à force de se faire contrôler : dans ces quartiers dont souvent un quart des habitants ne sont pas nés en France, un jeune homme noir ou arabe a une probabilité vingt fois plus élevée d’être contrôlé que l’ensemble de la population, selon un rapport du Défenseur des droits de 2017. Pour le sociologue Renaud Epstein, on se trompe donc en imputant la révolte actuelle à l’échec de la rénovation urbaine. « La question, c’est la police, la police, la police, et éventuellement la justice. La rénovation urbaine n’a rien à voir là-dedans. Si ça chauffe à Pablo-Picasso [le quartier de Nanterre où vivait Nahel, épicentre des violences, ndlr], ce n’est pas parce qu’on va leur enlever leur mosaïque pour pouvoir rénover les tours Nuages ! »

      Elu municipal à Bobigny (Seine-Saint-Denis) et infatigable militant des quartiers populaires, Fouad Ben Ahmed peut dater la bascule au jour près. Le 3 février 2003, quand Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, se rend à Toulouse et lance : « La police n’est pas là pour organiser des tournois sportifs, mais pour arrêter les délinquants, vous n’êtes pas des travailleurs sociaux. » Dans la foulée, le directeur de la police toulousaine est limogé. « Dès lors, la police n’a plus été là pour protéger les jeunes, mais pour les interpeller. » L’élu socialiste n’oublie pas non plus la dimension économique des violences actuelles, qu’il qualifie d’« émeutes du pouvoir d’achat ». Ce dont témoignent les pillages de supermarchés de hard discount comme Aldi. A Grigny, le maire, Philipe Rio, le rejoint : « Depuis 2005, la pauvreté a explosé à Grigny, et la crise du Covid et l’inflation ont été un accélérateur d’inégalités et d’injustices. »

      Alors que Mohamed Mechmache, figure des révoltes urbaines de 2005 à travers son association ACLeFeu, réclamait ce dimanche « un vrai Grenelle pour les quartiers », certains craignent que ces émeutes ne plantent le dernier clou dans le cercueil de la politique de la ville. En clair : il n’y aura pas de PNRU 3 ni de 18e plan banlieue. « Vu l’état de sécession de la jeunesse, et en face la force de l’extrême droite, il n’y aura plus un sou pour les quartiers, c’est mort », confie un militant. Rencontrée samedi soir à Bobigny, Nassima, qui condamne les violences mais comprend la colère, le dit avec ses mots et la sagesse de ses 15 ans : « Déjà qu’on était délaissés, mais on va l’être encore plus car les Français vont se dire : “Ces gens, on les aide, pour qu’au final ils pillent.” »

      https://www.liberation.fr/societe/ville/violences-en-banlieue-la-politique-de-la-ville-une-cible-trop-facile-2023

    • Trop d’argent public dans les banlieues ? « Un vaste mensonge à des fins racistes et anti-pauvres »

      Après les révoltes urbaines, des commentateurs ont accusé les banlieues d’engloutir les #fonds_publics. La réalité ce sont plutôt des #services_publics moins bien dotés qu’ailleurs, et des travailleurs essentiels plus nombreux dans ces quartiers.

      Les banlieues seraient « gorgées d’#allocations_sociales », a dit Éric Zemmour. Ou bien encore seraient dépendantes du « trafic de drogues », a affirmé le patron du Medef au sujet de la Seine-Saint-Denis, avant de s’excuser. « Quand on regarde la réalité de près, le fantasme des milliards d’argent public déversés, d’habitants qui seraient gorgés de subventions est un vaste #mensonge », réagit Stéphane Troussel, président, socialiste, du département en question. La Seine-Saint-Denis, « c’est un département dans le top 10 des créations d’entreprises, en 20 ans, l’emploi y a bondi de 30 %», met par exemple en avant l’élu pour contredire les #préjugés.

      « Je ne suis ni angélique ni naïf, je sais aussi les difficultés, le niveau de chômage, le nombre d’allocataires du RSA, le taux de délinquance et de criminalité élevé, ajoute-t-il. Mais les clichés et caricatures exploités par les réactionnaires et l’extrême droite le sont à des fins politiques, à des fins racistes et anti-pauvres, pour exacerber le clivage entre ce que nous représentons en Seine-Saint-Denis, qui est un peu l’emblème des banlieues, et le reste de la France. »

      Des quartiers de travailleuses et travailleurs

      Les affirmations discriminatoires de quelques figures politiques depuis les émeutes qui ont secoué les quartiers populaires sont en grande partie contredites par la réalité. Dans la symbolique Seine-Saint-Denis, la population dispose « du plus faible niveau de vie de la France métropolitaine », pointait un rapport parlementaire en 2018. Le département présente aussi le taux de #chômage le plus élevé de la région Île-de-France : à 9,8% contre 5,4 % à Paris début 2023. Mais la Seine-Saint-Denis est aussi le département d’Île-de-France, « où la part des travailleurs clés dans l’ensemble des actifs résidents est la plus élevée », relevait l’Insee dans une étude en 2021.

      Les « #travailleurs-clés » de Seine-Saint-Denis sont entre autres aides à domicile, caissières et caissiers, ou encore vendeurs de commerces essentiels. Des #métiers dont tout le monde a perçu l’importance vitale pendant les confinements. L’atelier parisien d’urbanisme s’est aussi demandé où vivent les actifs des professions essentielles d’Île-de-France : personnel hospitalier, caissiers, ouvriers de la logistique, de la maintenance, aides à domicile, personnel de l’éducation…

      Sans surprise, du fait des prix de l’immobilier, elles et ils sont peu à vivre à Paris et beaucoup plus dans les départements des banlieues populaires. Les auxiliaires de vie, par exemple, résident plus fréquemment en Seine-Saint-Denis. Les livreurs sont sous-représentés à Paris, dans les Hauts-de-Seine et dans les Yvelines, mais surreprésentés dans les autres départements franciliens, principalement en Seine-Saint-Denis, dans le Val-d’Oise et le Val-de-Marne.

      Justice, police : #sous-dotation à tous les étages

      « Tous ceux qui ont étudié un peu la situation et essayé de la regarder objectivement ont constaté le #sous-équipement de notre département, notamment en termes de grands services publics, en matière de #justice, de #police, d’#éducation, de #santé », dit aussi Stéphane Troussel. L’élu cite le rapport parlementaire « sur l’évaluation de l’action de l’État dans l’exercice de ses missions régaliennes en #Seine-Saint-Denis » rédigé en 2018 par un élu du parti de Macron et un élu LR.

      Le rapport pointe notamment l’inégalité d’accès à la justice. Par exemple, la durée de traitement des affaires au tribunal d’instance est de 8,6 mois en moyenne en Seine-Saint-Denis, contre moins de 5 mois pour ceux du 18e arrondissement ou du 15e arrondissement de Paris. La Seine-Saint-Denis dispose aussi de beaucoup moins d’officiers de police judiciaire, ceux et celles chargés d’enquêter, que Paris et les Hauts-de-Seine.

      « La police, dans un département populaire comme le nôtre, n’est pas assez dotée en moyens, qu’ils soient humains ou immobiliers, estime Stéphane Troussel. L’état des commissariats est scandaleux. » L’élu pense aussi qu’il faut changer la police. « Il faut un débat sur la doctrine d’intervention, les contrôles aux faciès, les conséquences des modifications législatives de 2017 [sur l’usage de leur arme par les policiers en cas de refus d’obtempérer, ndlr], sur la formation des policiers… Mais en attendant, je suis pour une police qui est un service public, qui rassure et protège d’abord les plus fragiles et les plus modestes, les femmes seules, les enfants et les jeunes, les personnes âgées. Aujourd’hui, je considère que la police n’a pas les moyens de cette action dans un département comme le nôtre. »

      Éducation : des milliers d’heures de cours perdues

      La situation n’est pas meilleure dans l’éducation. Il existe en Seine-Saint-Denis « une forme subie d’#exclusion_scolaire : l’absence d’enseignant devant les élèves », pointait le rapport parlementaire de députés LR et LREM. « En dépit des postes créés depuis cinq ans, la continuité de l’enseignement n’est toujours pas assurée en Seine-Saint-Denis, pour une raison “mécanique” qui tient à l’inefficacité du dispositif de remplacement des absences de courte durée », ajoutaient les deux parlementaires.

      L’an dernier, Mediapart avait comptabilisé 259 heures perdues en un mois dans un collège de Seine-Saint-Denis faute d’enseignants pour faire cours. Dans les Hauts-de-Seine, la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) recensait ce printemps déjà plus de 800 heures de cours perdues à Bagneux, commune populaire des Hauts-de-Seine.

      Pourtant, nombre d’établissements scolaires des banlieues populaires d’Île-de-France sont classés « réseau d’éducation prioritaire », Rep ou Rep+. Ce qui devrait signifier des moyens supplémentaires. 58 % des écoliers et 62 % des collégiens de Seine-Saint-Denis sont inscrits dans un établissement de ce type.

      « Dans les établissements Rep et Rep+, les moyens ne sont absolument pas à la hauteur des besoins, accuse Fatna Seghrouchni, professeure de français en collège dans le Val-d’Oise et cosecrétaire de la fédération Sud Éducation. « On entasse les élèves dans les classes, on surcharge les classes. » Quand elle est arrivée dans son collège il y a 17 ans, l’enseignante avait « 20 à 22 élèves par classe », témoigne-t-elle. « Alors que mon collège n’était pas encore classé #Rep. Aujourd’hui, on est à 26-28 tout en étant classé Rep. Cinq élèves en plus par classe, c’est oppressant pour les élèves eux-mêmes. Et l’établissement n’est pas fait pour accueillir autant d’élèves. »

      La responsable syndicale salue les programmes de soutien pour les établissements classés prioritaires, d’aides aux devoirs, les enveloppes budgétaires pour proposer des activités culturelles et sportives. Mais tout cela reste « du saupoudrage, dit-elle. Nous, nous demandons surtout moins d’élèves dans les classes, plus d’établissements scolaires, pour mieux accueillir tous les élèves, plus d’enseignants, plus de personnel en général, et une meilleure rémunération de tous les personnels. »

      Des grands projets qui ne profitent pas aux habitants

      Au cours des nuits de tensions fin juin et début juillet, Yohan Salès, conseiller municipal à Pierrefitte-sur-Seine pour la France insoumise, a arpenté les rues de sa ville à la rencontre des jeunes et des médiateurs. « On a discuté des débats des plateaux télé des derniers jours. Ce que disent les gens, c’est que l’argent de la politique de la ville, on ne le voit pas, rapporte-t-il. Dire que la Seine-Saint-Denis engloutit des millions d’argent public, c’est une lubie de la droite. L’investissement est en fait largement insuffisant. »

      Pour lui, beaucoup des grands projets menés par l’État dans le département de Seine-Saint-Denis ne profitent pas à la population des quartiers. « La vérité, c’est que sur la Plaine-Saint-Denis par exemple, que l’État veut transformer en un nouveau quartier d’affaires, il n’y a pas de volonté politique pour que les habitants du département puissent y travailler. Le chantier d’un site des Jeux olympiques (JO) a brûlé à Aubervilliers, mais ces JO ne vont pas profiter aux habitants du département ! Aucun habitant ne pourra se permettre le prix du billet d’un événement sportif de ces Jeux. » Le premier tarif démarre à 24 euros pour les JO et 15 euros pour les Jeux paralympiques, pour les places avec le moins de visibilité. Les tarifs vont jusqu’à frôler les 1000 euros pour les meilleures places.

      Comment se payer des places, même à quelques dizaines d’euros, quand « une situation de détresse alimentaire frappe les habitants » des banlieues, comme l’alertaient quelques semaines avant la mort de Nahel et les émeutes, des dizaines d’élus locaux des quartiers populaires de différents horizons politiques ? « Les banlieues sont au bord de l’#asphyxie », leurs habitants ont « le sentiment d’être abandonnés par la République », écrivaient aussi ces édiles. Face à cette situation, le président de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel en appelle à « une action publique de remise à niveau qui porte un choc structurel d’égalité. Sans cela, ma crainte, c’est que les écarts ne cessent de s’accroître ». Dans son département, en Île-de-France, et au-delà.

      https://basta.media/trop-d-argent-public-dans-les-banlieues-un-vaste-mensonge-a-des-fins-racist

      ici aussi :
      https://seenthis.net/messages/1010259

  • Mort de #Nahel : « Ils sont rattrapés par le réel »

    #Ali_Rabeh, maire de #Trappes, et #Amal_Bentounsi, fondatrice du collectif Urgence, notre police assassine, reviennent dans « À l’air libre » sur la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre, et les révoltes qui ont suivi dans de nombreuses villes de France.

    https://www.youtube.com/watch?v=euw03owAwU8&embeds_widget_referrer=https%3A%2F%2Fwww.mediapart.fr%2

    https://www.mediapart.fr/journal/france/290623/mort-de-nahel-ils-sont-rattrapes-par-le-reel
    #violences_policières #banlieues #quartiers_populaires #naïveté

    • « #Emmanuel_Macron ne comprend rien aux banlieues »

      Ali Rabeh, maire de Trappes (Yvelines), a participé à l’Élysée à la rencontre entre le chef de l’État et quelque 200 maires, le 4 juillet, pour évoquer la révolte des quartiers populaires. Il dénonce sans langue de bois l’incapacité du Président à comprendre ce qui se joue dans les banlieues et son manque de perspectives pour l’avenir.

      Vous avez été reçu mardi 4 juillet à l’Élysée par le président de la République avec des dizaines d’autres maires. Comment ça s’est passé ?

      Ali Rabeh : Le Président a fait une introduction très courte pour mettre en scène sa volonté de nous écouter, de nous câliner à court terme, en nous disant à quel point on était formidable. Puis ça a viré à la #thérapie_de_groupe. On se serait cru aux #alcooliques_anonymes. Tout le monde était là à demander son petit bout de subvention, à se plaindre de la suppression de la taxe d’habitation, de la taille des LBD pour la police municipale ou de l’absence du droit de fouiller les coffres de voiture… Chacun a vidé son sac mais, à part ça et nous proposer l’accélération de la prise en charge par les #assurances, c’est le néant. La question primordiale pour moi n’est pas de savoir si on va pouvoir réinstaller des caméras de surveillances en urgence, ou comment réparer quelques mètres de voiries ou des bâtiments incendiés. Si c’est cela, on prend rendez-vous avec le cabinet du ministre de la Ville ou celui des Collectivités territoriales. Mais ce n’est pas du niveau présidentiel.

      Quand on parle avec le président de la nation, c’est pour cerner les #causes_structurelles du problème et fixer un cap afin d’éviter que ça ne se reproduise. Et là-dessus on n’a eu #aucune_réponse, ni #aucune_méthode. Il nous a dit qu’il avait besoin d’y réfléchir cet été. En fait, Emmanuel Macron voulait réunir une assemblée déstructurée, sans discours commun. Il a préféré ça au front commun de l’association #Ville_&_Banlieue réunissant des maires de gauche et de droite qui structurent ensemble un discours et des #revendications. Mais le Président refuse de travailler avec ces maires unis. Il préfère 200 maires en mode grand débat qui va dans tous les sens, parce que ça lui donne le beau rôle. En réalité, on affaire à des #amateurs qui improvisent. Globalement ce n’était pas à la hauteur.

      Le Président n’a donc rien évoqué, par exemple, de l’#appel_de_Grigny ou des nombreuses #propositions déjà faites par le passé sur les problématiques liées aux #banlieues et qui ne datent quand même pas d’hier ?

      Non. Il a fait du « Macron » : il a repris quelques éléments de ce qu’on racontait et il en fait un discours général. Il avait besoin d‘afficher qu’il avait les maires autour de lui, il nous a réunis en urgence pendant que les cendres sont brûlantes, ce qu’il a refusé de faire avant que ça n’explose. Et ce, malgré nos supplications. Pendant des mois, l’association Ville & Banlieue a harcelé le cabinet de Mme Borne pour que soit convoqué un Conseil interministériel des villes conformément à ce qu’avait promis le Président. Cela ne s’est jamais fait. Macron n’a pas tenu sa parole. On a eu du #mépris, de l’#arrogance et de l’#ignorance. Il n’a pas écouté les nombreuses #alertes des maires de banlieue parce qu’il pensait que nous étions des cassandres, des pleureuses qui réclament de l’argent. C’est sa vision des territoires. Elle rappelle celle qu’il a des chômeurs vus comme des gens qui ne veulent pas travailler alors qu’il suffirait de traverser la route. Emmanuel Macron n’a donc pas vu venir l’explosion. Fondamentalement, il ne comprend rien aux banlieues. Il ne comprend rien à ce qu’il s’est passé ces derniers jours.

      A-t-il au moins évoqué le #plan_Borloo qu’il a balayé d’un revers de main en 2018 ?

      Je m’attendais justement à ce qu’il annonce quelque chose de cet acabit. Il ne l’a pas fait. Il a fait un petit mea-culpa en disant qu’à l’époque du rapport Borloo, sur la forme il n’avait pas été adroit mais il affirme que la plupart des mesures sont mises en œuvre. Il prétend, tout content de lui, qu’il y a plus de milliards aujourd’hui qu’hier et que le plan Borloo est appliqué sans le dire. C’était #grotesque. J’aurais aimé qu’il nous annonce une reprise de la #méthode_Borloo : on fait travailler ensemble les centaines de maires et d’associatifs. On se donne six mois pour construire des propositions actualisées par rapport au rapport Borloo et s’imposer une méthode. Lui a dit : « J’ai besoin de l’été pour réfléchir. » Mais quelle est notre place là-dedans ?

      Dans ses prises de paroles publiques, le Président a fustigé la #responsabilité des #parents qui seraient incapables de tenir leurs enfants. Qu’en pensez-vous ?

      Qu’il faut commencer par faire respecter les mesures éducatives prescrites par les tribunaux. Pour ces mamans qui n’arrivent pas à gérer leurs enfants dont certains déconnent, les magistrats imposent des éducateurs spécialisés chargés de les accompagner dans leur #fonction_parentale. Or, ces mesures ne sont pas appliquées faute de moyens. C’est facile après de les accabler et de vouloir les taper au porte-monnaie mais commençons par mettre les moyens pour soutenir et accompagner les #familles_monoparentales en difficulté.

      Le deuxième élément avancé ce sont les #réseaux_sociaux

      C’est du niveau café du commerce. C’est ce qu’on entend au comptoir : « Faut que les parents s’occupent de leur môme, faut les taper aux allocs. Le problème ce sont les réseaux sociaux ou les jeux vidéo… » Quand on connaît la réalité c’est un peu court comme réponse. On peut choisir d’aller à la simplicité ou on peut se poser la question fondamentale des #ghettos de pauvres et de riches. Pour moi l’enjeu c’est la #mixité_sociale : comment les quartiers « politique de la ville » restent des quartiers « #politique_de_la_ville » trente ans après. Or personne ne veut vraiment l’aborder car c’est la montagne à gravir.

      Vous avez abordé cette question lors de votre intervention à l’Élysée. Comment le Président a-t-il réagi ?

      Il a semblé réceptif quand j’ai évoqué les ghettos de riches et les #maires_délinquants qui, depuis vingt-deux ans, ne respectent pas la #loi_SRU. Il a improvisé une réponse en évoquant le fait que dans le cadre des J.O, l’État prenait la main sur les permis de construire en décrétant des opérations d’intérêt national, un moyen de déroger au droit classique de l’#urbanisme. Il s’est demandé pourquoi ne pas l’envisager pour les #logements_sociaux. S’il le fait, j’applaudis des deux mains. Ça serait courageux. Mais je pense qu’il a complètement improvisé cette réponse.

      En ce moment, on assiste à une #répression_judiciaire extrêmement ferme : de nombreux jeunes sans casier judiciaire sont condamnés à des peines de prison ferme. Est-ce de nature à calmer les choses, à envoyer un message fort ?

      Non. On l’a toujours fait. À chaque émeute, on a utilisé la matraque. Pareil pour les gilets jaunes. Pensez-vous que la #colère est moins forte et que cela nous prémunit pour demain ? Pas du tout. Que les peines soient sévères pour des gens qui ont mis le feu pourquoi pas, mais ça ne retiendra le bras d’aucun émeutier dans les années qui viennent.

      Vous avez été dans les rues de Trappes pour calmer les jeunes. Qu’est-ce qui vous a marqué ?

      La rupture avec les institutions est vertigineuse. Elle va au-delà de ce que j’imaginais. J’ai vu dans les yeux des jeunes une véritable #haine de la police qui m’a glacé le sang. Certains étaient déterminés à en découdre. Un jeune homme de 16 ans m’a dit « Ce soir on va régler les comptes », comme s’il attendait ce moment depuis longtemps. Il m’a raconté des séances d’#humiliation et de #violence qu’il dit avoir subies il y a quelques mois de la part d’un équipage de police à #Trappes. Beaucoup m’ont dit : « Ça aurait pu être nous à la place de Nahel : on connaît des policiers qui auraient pu nous faire ça. » J’ai tenté de leur dire qu’il fallait laisser la justice faire son travail. Leur réponse a été sans appel : « Jamais ça ne marchera ! Il va ressortir libre comme tous ceux qui nous ont mis la misère. » Ils disent la même chose de l’#impunité des politiques comme Nicolas Sarkozy qui, pour eux, n’ira jamais en prison malgré ses nombreuses condamnations. Qui peut leur donner tort ?

      Il se développe aussi un discours politique extrêmement virulent sur le lien de ces #violences_urbaines avec les origines supposément immigrées des jeunes émeutiers. Qu’en pensez-vous ?

      Quand Robert Ménard a frontalement dit, dans cette réunion des maires, que le problème provenait de l’#immigration, le président de la République n’a pas tiqué. Une partie de la salle, principalement des maires LR, a même applaudi des deux mains. Il y a un #glissement_identitaire très inquiétant. Culturellement, l’extrême droite a contaminé la droite qui se lâche désormais sur ces sujets. Ces situations demandent de raisonner pour aller chercher les causes réelles et profondes du malaise comme l’absence d’#équité, la concentration d’#inégalités, d’#injustices, de #frustrations et d’#échecs. C’est beaucoup plus simple de s’intéresser à la pigmentation de la peau ou d’expliquer que ce sont des musulmans ou des Africains violents par nature ou mal élevés.

      Comment ces discours sont-ils perçus par les habitants de Trappes ?

      Comme la confirmation de ce qu’ils pensent déjà : la société française les déteste. Dans les médias, matin, midi et soir, ils subissent continuellement des #discours_haineux et stigmatisant de gens comme Éric Zemmour, Marine le Pen, Éric Ciotti, etc. qui insultent leurs parents et eux-mêmes au regard de leur couleur de peau, leur religion ou leur statut de jeune de banlieue. Ils ont le sentiment d’être les #rebuts_de_la_nation. Quotidiennement, ils ont aussi affaire à une #police qui malheureusement contient en son sein des éléments racistes qui l’expriment sur la voie publique dans l’exercice de leur métier. Ça infuse. Les jeunes ne sont pas surpris de l’interprétation qui est faite des émeutes. En réalité ils l’écoutent très peu, parce qu’ils ont l’habitude d’être insultés.

      D’après vous, que faut-il faire dans l’#urgence ?

      Il faut arrêter de réfléchir dans l’urgence. Il faut s’engager sur une politique qui change les choses sur dix à quinze ans. C’est possible. On peut desserrer l’étau qui pèse sur les quartiers en construisant des logements sociaux dans les villes qui en ont moins. Moi, je ne demande pas plus de subventions. Je veux que dans quinze à vingt ans, on me retire les subventions « politique de la ville » parce que je n’en aurai plus besoin. C’est l’ambition qu’on doit porter.

      Et sur le court terme ?

      Il faut envoyer des signaux. Revenir sur la loi 2017 car cela protégera les policiers qui arrêteront de faire usage de leurs armes à tort et à travers, s’exposant ainsi à des plaintes pour homicide volontaire, et cela protégera les jeunes qui n’auront plus peur de se faire tirer comme des lapins. Il faut aussi engager un grand #dialogue entre la police et les jeunes. On l’a amorcé à Trappes avec le commissaire et ça produit des résultats. Le commissaire a fait l’effort de venir écouter des jeunes hermétiquement hostiles à la police, tout en rappelant le cadre et la règle, la logique des forces de l’ordre. C’était très riche. Quelques semaines plus tard le commissaire m’a dit que ses équipes avaient réussi une intervention dans le quartier parce que ces jeunes ont calmé le jeu en disant « on le connaît, il nous respecte ». Il faut lancer un #cercle_vertueux de #dialogue_police-population, et #jeunesse en particulier, dans les mois qui viennent. La police doit reprendre l’habitude de parler avec sa population et être acceptée par elle. Mettons la police autour de la table avec les jeunes, les parents du quartier, des éducateurs, les élus locaux pour parler paisiblement du ressenti des uns et des autres. Il peut y avoir des signaux constructifs de cet ordre-là. Or là on est dans la culpabilisation des parents. Ça ne va pas dans le bon sens.

      https://www.politis.fr/articles/2023/07/emmanuel-macron-ne-comprend-rien-aux-banlieues
      #Macron #ignorance

    • Entre Emmanuel Macron et les banlieues, le #rendez-vous_manqué

      En 2017, le volontarisme du chef de l’Etat avait fait naître des #espoirs dans les #quartiers_populaires. Malgré la relance de la #rénovation_urbaine, le rejet du plan Borloo comme son discours sur le #séparatisme l’ont peu à peu coupé des habitants.

      Il n’y a « pas de solution miracle ». Surtout pas « avec plus d’argent », a prévenu le chef de l’Etat devant quelque 250 maires réunis à l’Elysée, mardi 4 juillet, sur l’air du « trop, c’est trop » : « La santé est gratuite, l’école est gratuite, et on a parfois le sentiment que ce n’est jamais assez. » Dans la crise des violences urbaines qui a meurtri 500 villes, après la mort du jeune Nahel M. tué par un policier, le président de la République a durci le ton, allant jusqu’à rappeler à l’ordre des parents. Une méthode résumée hâtivement la veille par le préfet de l’Hérault, Hugues Moutouh, sur France Bleu : « C’est deux claques, et au lit ! »

      L’urgence politique, dit-on dans le camp présidentiel, est de rassurer une opinion publique encore sous le choc des destructions et des pillages. « Une écrasante majorité de Français se raidit, avec une demande d’autorité forte, confirme Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos. Déjà sous Sarkozy, l’idée dominait qu’on en faisait trop pour les banlieues. Les dégradations réactivent cette opinion. Emmanuel Macron est sur une crête difficile à tenir. »

      Ce raidissement intervient sur fond de #fracture territoriale et politique. « L’opposition entre la France des quartiers et celle des campagnes nous revient en pleine figure. Si on met encore de l’argent, on accentuera la fracture », pense Saïd Ahamada, ex-député de la majorité à Marseille. « Les gens en ont ras le bol, ils ne peuvent plus entendre que ces quartiers sont abandonnés », abonde Arnaud Robinet, maire de Reims, qui abrite sept #quartiers_prioritaires_de_la_politique_de_la_ville (#QPV), et membre du parti d’Edouard Philippe.

      (#paywall)

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/07/06/entre-emmanuel-macron-et-les-banlieues-le-rendez-vous-manque_6180759_823448.

  • Bon, j’ai encore une question pour vous toutes et tous, car je viens de comprendre la figure « flatten the curve » différemment.

    Au début je croyais que ça voulait dire que le confinement (ou n’importe quelle autre mesure préconisée) allait tenter de « régler » le problème et, d’une certaine manière, stopper la transmission, le nombre de nouveaux malades et donc le nombre de morts.

    En fait, j’ai l’impression que ce message est trompeur et que le seul but, en premier lieu, d’une telle procédure est de RALENTIR la transmission, pour que l’hôpital puisse gérer le nombre de cas qui arrivent progressivement. Les surfaces des deux courbes sont d’ailleurs sensiblement égales...

    Alors bien sûr, indirectement, parce que l’hôpital aura (ou aurait) le temps de gérer, les gens (malades du coronavirus, mais aussi d’autres maladies graves) seront mieux soignés et donc on aura un peu moins de morts à la fin...

    Mais, si j’ai bien compris, et c’est là que j’ai besoin de votre avis : confinement ou pas, ralentissement ou pas, en gros, le même nombre de gens sera affecté à la fin, probablement des millions de personnes. C’est bien ça ? Bien sûr, la plupart ne sera affectée que légèrement, et un certain pourcentage plus gravement. Et c’est juste ce pourcentage que les mesures préconisées cherchent à diminuer. Est-ce que j’ai bien compris ?

    Merci !

    #coronavirus #confinement #statistiques #flatten_the_curve

    • Oui c’est bien ça, tous les trucs sur « flatten the curve », ça veut dire étaler la propagation sur un temps plus long, afin que les soignant⋅es soient moins en surcharge (illes le seront quand même mais moins). Mais la quantité totale de personnes infectées resteraient en gros la même dans les deux cas.

      Si jamais il y a une possibilité d’immunité grégaire pour ce virus là (ça peut mais ce n’est pas prouvé pour lui), il faudra de toute façon qu’un certain pourcentage de la population l’ait chopé, mais bon ya une différence entre maitriser la réaction/création des anticorps avec un vaccin (donc faible) et laisser les gens attraper la vraie maladie forte complète et risquer leur vie…

    • Oui, flatten curve, c’est ralentir la croissance.... en termes mathématiques pour caractériser ça on utilise le calcul de différentiel :-) : c’est la pente entre deux points rapprochés si on veut..... au départ de l’épidémie on constate que la pente d’augmentation est forte.... si on ralenti les contaminations la pente d’augmentation des contamination devrait être moins forte. La différentielle a donc changé, elle a diminuée. Pour aller plus loin (les maths c’est fun) : si la différentielle est = 0, ça veut dire qu’on est dans quelle situation ?

    • Bon, mais alors sans vouloir faire de provoc, est-ce que ça ne veut pas dire aussi que le confinement c’est bien, mais qu’il n’y a pas lieu d’être psychopathe si tout le monde ne respecte pas le confinement à 100% (je parle de celles et ceux qui sont accusés de « tricher », pas de celles et ceux qui sont forcé.es à le faire), puisque ce qu’on espère c’est ralentir la progression et qu’on n’a aucune illusion sur la possibilité de l’interrompre entièrement...

    • aucune chance de l’interrompre si aucun antidote est trouvé. On pourra juste 1) ralentir la progression pour ensuite décroitre.... la relation avec la mise en place du confinement (ou sa levée) c’est une décision politique/éthique/technique : combien de places dispo dans les hosto, quel % de perte socialement acceptable (en UK jusqu’à peu, le gvt avait mis le curseur pas au même niveau qu’en FR)

    • Oui, c’est comme cela que je l’ai compris également.

      Pour la surface sous la courbe, je ne sais pas ce que disent les modèles, si le nombre de cas reste constant. A priori, mais je ne suis pas du tout épidémiologiste ou spécialiste des modèles, je ne vois pas pourquoi ce nombre serait un invariant des modèles. D’autant, cela a été dit ici, que la capacité de soins n’est pas une constante dans le temps (dans un sens - attrition du personnel soignant comme on le voit - ou dans l’autre - extension des moyens (?) et amélioration de la prise en charge).

      L’intérêt de décaler dans le temps, c’est aussi donner du temps pour mettre en place une meilleure organisation des moyens (on n’a pas encore sollicité le privé semble-t-il), trouver médicaments et vaccins. Mais aussi, diminuer le nombre de décès indirect par perte de chance, les moyens sanitaires étant exclusivement consacrés au CV.

    • C’est également l’opinion relayée par le toubib que j’ai consulté il y a maintenant 4 jours, à savoir amortir la contagion pour que les services de réa ne soient pas submergés par les malades en état critique. Maintenant pour que la courbe s’infléchisse (durablement) et ne reparte (surtout) pas à la hausse, il faudrait voir à ce que les « autorités » ne relâchent pas trop tôt les dispositifs de #confinement. Et là ... vu qu’ils parlent déjà de repousser en juin ces p... d’élections (oups... pardon) ...

    • Hmmm, une autre stratégie semble être de réduire drastiquement le nombre de cas, et à partir de là pouvoir appliquer une autre méthode de lutte contre le virus, à base de détection rapide des cas comme en Corée du Sud par exemple.

      L’idée est que dans notre situation actuelle il faut absolument réduire le nombre de personnes contaminées par chaque malade (la variable R) à 0.5 à peu près, alors qu’on était à 2 ou 3 sans confinement (ce qui explique la courbe exponentielle). Mais qu’une fois que la propagation aura été coupée, et qu’il n’y aura plus beaucoup de cas, on peut se contenter de maintenir R autour de 1 (un peu en dessous si possible), ce qui serait faisable avec un mélange de mesures minimales de distance sociale et de détection rapide des nouveaux cas.

      https://medium.com/@tomaspueyo/coronavirus-the-hammer-and-the-dance-be9337092b56

    • Voila la vidéo YT (oui bon bfm …) du 19 mars 2020 où Lamine Gharbi président de la fédération de l’hospitalisation privée, s’énerve qu’ils aient libéré des lits et stoppés les interventions chirurgicales non urgentes, pour ne finalement pas être sollicité.

      « Depuis vendredi nous avons reçu instruction de déprogrammer nos blocs opératoires, 100.000 patients ont été déportés, pour que nous puissions accueillir dans nos services des patients Covid+ »
      instruction de qui ? on sait pas trop, apparemment le ministère s’est déjà engagé.

      « On se prépare à accueillir des flots de patients »
      "130 cliniques ont mis en place le plan blanc."
      « Mais nous n’avons pas les protections nécessaires, il nous faut 15 millions de masques par jour »
      https://www.youtube.com/watch?v=lpmyBy5Hn7E

      « dans quelques mois, nous ferons les comptes » (financiers)
      #on_a_pas_de_masques (12:00)
      #plan_blanc

    • Donc, je résume :

      –il est faux de penser qu’après 15 jours de confinement, ou un mois, ou deux, ou même six, tout sera terminé
      –même s’ils sont étalés dans le temps, il faut s’attendre à beaucoup de malades (des millions) et beaucoup de morts (des dizaines de milliers) en France
      –quel pourcentage de morts ? aujourd’hui on est aux alentours de 1 à 3% je crois, et les hôpitaux ne saturent pas encore, donc c’est une estimation basse
      –étalés dans le temps : combien de temps ? Quelques mois ou quelques années ?
      –si on est dans une logique de diminution, et non pas d’arrêt total, alors plus le confinement est strict, mieux c’est... Mais s’il n’est pas 100% strict, ça ne fout pas en l’air le protocole (comme semblent le dire beaucoup de gens), ça le retarde juste un peu plus (c’est important ça aussi quand je vois la parano de certaines personnes autour de moi, ou quand je vois tout le monde, Macron en premier, dire que « tout ça c’est de la faute de ceux qui ne respectent pas le confinement » alors que c’est de la faute de ceux qui ont détruit l’hôpital...)
      –si le délai est de plusieurs années, on ne va pas rester confiné plusieurs années ? Donc à un moment on va relâcher le confinement alors que le virus continuera de se propager, c’est un compromis à trouver « d’acceptabilité » du public (et du fric que ça coûte)
      –tous les messages reçus ont été contradictoires et anxiogènes, et ils ne nous ont pas toujours été transmis clairement, complètement ou même honnêtement. On peut s’attendre à d’autres messages (gouvernementaux, médiatiques...) qui diront encore une fois le contraire de ce qu’ils disaient la dernière fois...

    • Après nous avoir dit « y a pas de problème » puis « écoles fermées » puis « allez voter, mais restos fermés » puis « ne sortez plus » puis « si vous sortez, c’est la MORT » puis « restez chez vous, sauf si votre travail est essentiel comme livreur de pizza »...

      Après nous avoir dit que les masques c’était inutile, il va bientôt nous dire qu’ils sont indispensables. Après nous avoir dit que les tests c’était inutile, il va bientôt nous dire qu’ils sont indispensables. Après nous avoir dit que la chloroquine c’était inutile, il va bientôt nous dire qu’elle est indispensable.

      Après nous avoir dit que le confinement allait stopper la maladie, il va devoir admettre qu’il ne fait que la ralentir. Après nous avoir fait croire que la crise ne durera que quelques mois, il va devoir admettre que ce sera beaucoup plus. Après nous avoir fait croire que le nombre de morts serait faible, il va devoir admettre qu’il ne le sera pas.

      Bref, après nous avoir dit que le confinement était inutile, puis indispensable, il va bien falloir à un moment ou à un autre nous dire que finalement il n’est pas si indispensable que ça, même s’il y a encore plusieurs dizaines de morts par jour... Ce sera quand le confinement coûtera plus qu’il ne rapporte, en Euros et en points de popularité, pas en nombre de morts...

      Encore une fois, tout ça peut vous paraître évident, mais moi j’ai l’impression de devoir lire entre les lignes pour arriver à ces conclusions, dont je ne suis toujours pas certain !

    • Un article de l’Imperial College de Londres a essayé de modéliser l’impact de la pandémie aux US et GB et montre quel est l’effet du confinement en fonction de la maniere dont il est appliqué
      https://www.imperial.ac.uk/media/imperial-college/medicine/sph/ide/gida-fellowships/Imperial-College-COVID19-NPI-modelling-16-03-2020.pdf

      C’est assez bien expliqué et résumé ici en français :
      https://twitter.com/stdebove/status/1240579367685808129

      En résumé, le confinement est nécessaire pour ne pas surcharger les hopitaux mais ce n’est pas suffisant. Il faut ou bien trouver un traitement qui permet de réduire le nombre de jours qu’une personne est porteuse du virus (et donc capable de le transmettre) ou bien passer au vaccin (qui lui ne devrait pas arriver avant 2021). Faire des tests en masse permettrait également de savoir qui traiter ou isoler le plus tot possible, ce que la France ne fait pas.
      Malgré tout, un modèle reste approximatif et personne ne peut prévoir ce qu’il va se passer du fait de la nouveauté de la situation. Et cela explique en grande partie la contradiction permanente des déclarations et actions de nos dirigeants.

      édit : « le même nombre de gens sera affecté à la fin » est a priori faux, il y aura moins de contaminés avec confinement normalement.

    • « le même nombre de gens sera affecté à la fin » est a priori faux, il y aura moins de contaminés avec confinement normalement.

      Oui mais si j’ai suivie tu aurai raison si on le confinement dur jusqu’à ce qu’il y ai un vaccin (2021 avec optimisme) ou jusqu’à ce que l’immunité de groupe suffise pour bloquer la contagion (ce qui ferait que 40 millions de français·es devraient les contracté) et en espérant que le virus ne revienne pas par un autre pays une fois la première crise passée et contenue quelquepart.

    • Je continue mes questions à la con...

      Donc, malgré le confinement, on va avoir beaucoup de morts, mais un peu plus étalés dans le temps, et donc un peu moins (parce qu’on aura évité l’engorgement des hôpitaux, et qu’on aura aussi permis de s’occuper d’autres urgences médicales).

      S’il n’y avait pas eu de confinement, on aurait eu encore plus de morts...

      ...est-ce que quelqu’un a déjà évoqué une évaluation de cette SURmortalité ? c’est à dire en gros la différence de surface entre les deux courbes ? Est-ce qu’on vise 1% ? 10% ? 50% de morts en moins ?

    • Si on prend le pire scénario en GB (550 000 morts si on ne fait rien), selon les mesures prises (aussi en pire scenario) on obtient 120 000, 71 000 et 48 000 morts, ce qui équivaut (si je ne dis pas de betise) à une réduction du nombre de mort respectif de 78%, 87% et 91%.

    • Ces prédictions sont à prendre avec des pincettes parce qu’une toute petite erreur au départ devient énorme à la fin, donc j’ai préféré prendre la Table 5 que la Table 4, et on est plutôt entre 35% et 50% de réduction. Ca colle aussi si on compare "à la louche" les surfaces des courbes...

      A ce sujet, un autre article intéressant :

      Coronavirus : visualisez les pays qui ont « aplati la courbe » de l’épidémie et ceux qui n’y sont pas encore parvenus
      Pierre Breteau, Le Monde, le 27 mars 2020
      https://seenthis.net/messages/835613

      Quand on regarde les courbes des pays pour lesquelles les mesures semblent avoir été efficaces, elles ne sont pas juste "aplaties" mais elles deviennent aussi asymétriques, c’est à dire que la deuxième partie de la courbe (la descente) devient plus petite en surface que la première. Bien sûr, c’est difficile à prédire, mais ce sont sans doute la somme d’effets bénéfiques... Bref, on peut être optimiste. Même à 30%, ça mérite de rester confinés...

  • Beaucoup a déjà été publié sur seenthis sur l’#externalisation des frontières.

    Sur ce fil, je réunis surtout les documents de la politique de #Macron au sujet de tentative de l’externalisation de la #procédure_d'asile dans des #pays_tiers.

    Il s’agit de messages que j’ai ajoutés à des messages d’autres personnes (pour éviter que si jamais l’auteur du message original quitte seenthis et efface son compte, moi je ne perds pas mes informations —> je vais faire cela assez systématiquement, quand j’ai le temps, dans les prochains mois = paranoïa de perte de données).

    Voir aussi ce fil de discussion, que je ne vais pas "rapatrier" ici :
    Emmanuel #Macron veut créer des « hotspots » pour gérer les demandes d’asile en #Libye
    https://seenthis.net/messages/618133

    Par contre, pour celui-ci, je vais copier les messages ci-dessous, car le fil de discussion n’a pas été initié par moi :
    https://seenthis.net/messages/625374

    #France
    #frontières #contrôles_frontaliers #frontières #asile #migrations #réfugiés #procédure_d'asile

    –—

    voir la métaliste sur les tentatives d’externalisation de la procédure d’asile de différents pays européens dans l’histoire :
    https://seenthis.net/messages/900122

    cc @isskein

    • Macron veut « identifier » les demandeurs d’asile au #Tchad et au Niger

      Lors d’un mini-sommet organisé à l’Élysée lundi 28 août, Paris, Berlin, Madrid et Rome ont proposé l’envoi de « missions de protection » au Niger et au Tchad dans le but d’identifier en amont les migrants éligibles à l’asile. Une initiative qui pose plus de questions qu’elle n’en résout.

      À l’issue d’un mini-sommet organisé à Paris le 28 août, les chefs d’État ou de gouvernement de sept pays européens et africains – la France, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, d’un côté de la Méditerranée, le Tchad, le Niger et la Libye, de l’autre – se sont mis d’accord autour d’une « feuille de route » visant à « contrôler les flux migratoires » entre les deux continents.
      Réunis avec les présidents du Tchad, Idriss Déby, et du Niger, Mahamadou Issoufou, ainsi qu’avec le premier ministre libyen du gouvernement d’union nationale, Fayez al-Sarraj, le président français, Emmanuel Macron, la chancelière allemande, Angela Merkel, le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, et le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, ont ainsi proposé l’envoi de « missions de protection » au Niger et au Tchad, dans le but d’identifier en amont les migrants éligibles à l’asile (retrouver ici et là les déclarations conjointes).

      « Nous avons acté, je m’y étais engagé à Orléans au début de l’été, d’avoir un traitement humanitaire à la hauteur de nos exigences et de pouvoir, dans des zones identifiées, pleinement sûres, au Niger et au Tchad, sous la supervision du HCR [Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés – ndlr], identifier les ressortissants qui ont le droit à l’asile, pouvoir les mettre en sécurité le plus rapidement », a expliqué le président français lors de la conférence de presse.

      Le 27 juillet, ce dernier avait créé la polémique en affirmant, en marge d’une visite dans un centre d’hébergement de réfugiés à Orléans, vouloir créer des « hot spots », ces centres chargés de trier les candidats à l’asile en France, « dès cet été », pour maîtriser l’arrivée des migrants venus de Libye et, avait-il ajouté, pour « éviter aux gens de prendre des risques fous alors qu’ils ne sont pas tous éligibles à l’asile ». Quelques heures plus tard, son entourage avait fait machine arrière en expliquant que, pour l’heure, seuls le Tchad et le Niger devraient être concernés. Après la visite, dans un discours à la préfecture du Loiret, le président avait d’ailleurs rectifié le tir en se contentant d’évoquer l’envoi de missions de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) « sur le sol africain ».

      La feuille de route du 28 août, qui substitue l’idée de « missions de protection » à celle de « hot spots », prévoit que l’identification des demandeurs d’asile se fera par le HCR, avec l’aval des autorités du pays de premier accueil et le soutien d’équipes européennes spécialistes de l’asile. Les personnes sélectionnées entreraient dans le programme dit de réinstallation du HCR « sur des listes fermées », c’est-à-dire listant les migrants d’ores et déjà identifiés par le HCR, et « selon des critères fixés en commun », non communiqués pour l’instant.

      Les migrants ne répondant pas à ces conditions devraient être reconduits « dans leur pays d’origine, dans la sécurité, l’ordre et la dignité, de préférence sur une base volontaire, en tenant compte de la législation nationale et dans le respect du droit international ».

      Sur le papier, l’idée pourrait paraître séduisante, puisqu’elle se donne comme objectif d’« ouvrir une voie légale pour les personnes ayant besoin d’une protection conformément au droit international et européen, en particulier pour les personnes les plus vulnérables selon les procédures du HCR relatives à la détermination de la qualité de réfugié, et qui sont susceptibles de migrer vers l’Europe ». Le but serait ainsi de leur éviter l’enfer libyen, où il est de notoriété publique que les migrants subissent les pires sévices, mais aussi les dangers de la traversée de la Méditerranée sur des canots pneumatiques. Depuis le début de l’année, près de 98 000 personnes sont arrivées par cette route maritime centrale, et près de 2 250 ont péri en mer, selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations.

      Mais derrière cette intention louable, se cache surtout le projet de réduire au maximum l’arrivée sur le Vieux Continent de personnes perçues par les dirigeants européens comme des « migrants économiques », pour lesquels aucun accueil n’est envisagé. L’objectif est ainsi de décourager les départs le plus en amont possible. Cette politique n’est pas nouvelle : voilà une vingtaine d’années que Bruxelles multiplie les accords avec les pays d’origine et de transit, par des campagnes d’affichage et des bureaux d’information, à coups de dizaines de millions d’euros, afin de convaincre les migrants de rester chez eux.

      Avec ces nouveaux guichets de pré-examen de la demande d’asile, il s’agit d’aller plus loin, car il est fort à parier que le nombre de personnes retenues par le HCR et in fine réinstallées en Europe sera extrêmement réduit. Dans les pays de l’UE, les demandeurs d’asile originaires d’Afrique subsaharienne obtiennent rarement le statut de réfugié. Les ONG sont donc particulièrement sceptiques à l’égard de ce genre d’initiatives, qu’elles considèrent comme une manière déguisée de sous-traiter la demande d’asile à des pays tiers, aussi éloignés que possible du continent européen. « On repousse la frontière européenne dans des pays de plus en plus lointains », a ainsi affirmé à l’AFP Eva Ottavy, de la Cimade, pour qui, « sous couvert de sauver des vies, on bloque l’accès au territoire ».

      Par ailleurs, le dispositif de réinstallation mis en place dans le monde par le HCR est décrié par ces mêmes associations de défense des droits des étrangers qui estiment que les critères mis en œuvre sont trop restrictifs et les procédures trop peu transparentes.

      Quand on sait que le système de relocalisation organisé par l’Union européenne pour répartir les réfugiés arrivés en Grèce ne fonctionne pas, alors même que ces exilés sont des ressortissants de pays susceptibles d’obtenir l’asile (Syrie, Afghanistan, Irak et Iran principalement), on peut s’interroger sur le nombre d’Africains subsahariens qui pourront effectivement bénéficier de cette « voie légale » pour arriver en Europe.

      Enfin, la décision de Paris, Berlin, Madrid et Rome d’« améliorer la coopération économique avec les communautés locales se trouvant sur les routes migratoires en Libye, afin de créer des sources de revenu alternatives, d’accroître leur résilience et de les rendre indépendantes de la traite des êtres humains » a de quoi laisser dubitatif. En effet, Reuters a récemment révélé l’existence sur les côtes libyennes, à Sabratah, principale ville de départ des migrants, d’une milice armée qui empêcherait violemment les embarcations de partir et détiendrait les candidats au passage dans des conditions dégradantes (lire notre article). Or, d’après de nombreux témoignages, il semble que ce groupe mafieux soit, en partie au moins, financé par le gouvernement d’union nationale de Tripoli, lui-même soutenu par les fonds européens.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/290817/macron-veut-identifier-les-demandeurs-d-asile-au-tchad-et-au-niger

      #hotspots #externalisation #asile #migrations #réfugiés #Macron #Tchad #Niger

      v. aussi : https://seenthis.net/messages/618133

      Et ce magnifique titre de l’opération :
      #missions_de_protection

    • Juste pour rappeler que Macron n’a rien inventé, mais qu’il surfe sur la vague...

      Voici l’extrait d’un article qui date de 2009...

      Les tendances et mesures amorcées dans les récentes prises de position politiques ne servent qu’à confirmer la direction prise depuis la fin des années quatre-vingt-dix et indiquent clairement une réalité politique qui accentue certains aspects : la présence policière, la surveillance des frontières et l’endiguement, au détriment des autres. D’abord, les orientations prises conjointement pour limiter l’accès aux demandeurs d’asile, aux réfugiés et aux familles des travailleurs, à travers une série de directives et de règlements (c’est-à-dire des populations ayant droit à l’accès) et le développement croissant d’une politique d’immigration sélective des travailleurs, ont contribué à créer une étape de plus dans l’externalisation. Cette étape a été franchie en 2003 et 2004 avec deux propositions, l’une émanant des Britanniques sur les “#Transit_Processing_Centres” (#TPCs) et l’autre des Italiens et des Allemands, pour mettre en place des bureaux d’immigration en Afrique du Nord.

      Tiré de :
      Dimension extérieure de la politique d’immigration de l’Union européenne
      https://hommesmigrations.revues.org/342

      #Italie #Allemagne #UK #Angleterre

    • Au Niger, la frontière invisible de l’Europe

      L’enquête des « Jours » sur la trace des migrants morts en mer passe par le Niger, nouveau pays de transit pour les candidats à l’exil.

      Depuis l’été 2016 et la mise en œuvre de la loi via le « #plan_Bazoum », du nom du ministre de l’Intérieur Mohamed Bazoum, toute personne transportant des étrangers dans le désert, au nord de l’axe Arlit-Dirkou (consulter notre carte des Disparus), est considéré comme étant en infraction avec la loi. D’ailleurs, à proximité de la gare de Rimbo, une pancarte affichant les logos de l’Union européenne et de l’Agence nationale de lutte contre la traite des personnes (ANLTP) du Niger le rappelle : « Transporter illégalement des migrants vous expose à une peine d’amende de 1 000 000 à 3 000 000 CFA [1 525 à 4 575 euros, ndlr]. »

      v. aussi : https://seenthis.net/messages/605400

      « Dans cette histoire de migration, rien n’est ni noir, ni blanc. C’est un sujet tellement complexe qu’on ne peut pas le résumer en quelques vérités », dit Kirsi Henriksson, au volant de son 4x4, dans les rues de Niamey. Kirsi Henriksson dirige Eucap Sahel au Niger, une opération civile de l’Union européenne créée en 2012, après la chute de Kadhafi, pour lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée dans la région. Quand Henriksson a pris son poste en août 2016, le mandat de l’opération venait d’être élargi à la lutte contre l’immigration irrégulière. Le moment était parfait pour l’Union européenne : le plan Bazoum venait d’être mis en application. Désormais, des policiers et des gendarmes européens conseillent et forment leurs homologues nigériens à des techniques de contrôle et renseignement visant à intercepter les trafics de drogues et d’armes, mais aussi ceux d’êtres humains. « Nous n’avons pas de mandat exécutif, nous n’arrêtons personne. Mais nous formons les autorités nigériennes à arrêter les gens. Pour beaucoup, nous sommes les méchants de cette histoire. »

      Avant le Niger, Kirsi Henriksson a travaillé pour des missions similaires de l’Union européenne au Mali, en Libye et en Irak. Universitaire de formation, elle s’est spécialisée dans les études sur la paix et les conflits avant de partir « construire la paix dans la vraie vie ». « Je dois avouer que les résultats n’ont pas toujours été à la hauteur de l’ambition », elle sourit. En 2014, elle a été évacuée de la Libye avec le reste de la mission européenne. Les organisations internationales sont parties elles aussi. Aujourd’hui, elles sont toutes au Niger, de même que les armées étrangères. « Une industrie de la paix », comme le qualifie la cheffe de mission.
      « Le Niger est the new place to be. Tout le monde est ici : l’armée française avec l’#opération_Barkhane, l’armée allemande qui ravitaille ses troupes au Mali depuis le Niger, l’armée américaine qui construit une base de #drones à Agadez. » À la fin de l’année 2017, l’#Italie a annoncé à son tour l’envoi de troupes – une information que les autorités nigériennes ont démentie par la suite. « Tout le monde vient parce que dans la région du Sahel, le Niger assure une certaine stabilité. Et préserver cette stabilité est dans l’intérêt de toute l’Europe. »

      Mais la migration est-elle une menace pour la stabilité du Sahel ? Paradoxalement, avec l’augmentation des contrôles et la criminalisation du trafic, elle est peut-être en train de le devenir. Le #trafic_d’êtres_humains est passé des mains des transporteurs ordinaires à celles de #réseaux_criminels transfrontaliers qui gèrent aussi d’autres trafics : la #drogue – surtout du #Tramadol, un antalgique dérivé de l’#opium –, qui arrive depuis le Nigeria vers la Libye, et les #armes, qui descendent de la Libye vers le sud.

      #commerce_d'armes

      Seulement, pour le moment, l’aide européenne promise arrive lentement et souvent sans consultation des populations concernées. Le #Fonds_fiduciaire officiellement destiné à l’aide au #développement vise en réalité à produire du contrôle, reconnaît Kirsi Henriksson. C’est également le but de l’#opération_Eucap_Sahel. La cheffe de mission trace avec son index les nouvelles routes que le contrôle renforcé a dessinées dans le désert : directement depuis #Diffa, situé à la frontière nigériane, vers #Séguédine dans le nord, en traversant le #Ténéré, de #Gao au Mali vers #Assamaka à la frontière algérienne, qu’on longera ensuite pour arriver en Libye. Ces nouvelles routes sont plus dangereuses.

      #Eucap #routes_migratoires #parcours_migratoires

      « Davantage de personnes meurent dans le désert. Et c’est vraiment malheureux. » C’est la première fois que j’entends cette affirmation pendant mon voyage. Je ne cesserai de l’entendre par la suite. À chacun, je demanderai combien. Combien mouraient avant, combien meurent maintenant ? Personne ne sait. Personne ne semble savoir qui pourrait savoir.

      #mourir_dans_le_désert #décès

      https://lesjours.fr/obsessions/migrants/ep6-niger
      #Agadez #gardes-frontière #frontières #contrôles_frontaliers

    • At French Outpost in African Migrant Hub, Asylum for a Select Few

      In a bare suite of prefab offices, inside a compound off a dirt road, French bureaucrats are pushing France’s borders thousands of miles into Africa, hoping to head off would-be migrants.

      All day long, in a grassy courtyard, they interview asylum seekers, as the African reality they want to escape swirls outside — donkey carts and dust, joblessness and poverty, and, in special cases, political persecution.

      If the French answer is yes to asylum, they are given plane tickets to France and spared the risky journey through the desert and on the deadly boats across the Mediterranean that have brought millions of desperate migrants to Europe in recent years, transforming its politics and societies.

      “We’re here to stop people from dying in the Mediterranean,” said Sylvie Bergier-Diallo, the deputy chief of the French mission in Niger.

      But very few are actually approved, and so the French delegation is also there to send a message to other would-be migrants: Stay home, and do not risk a perilous journey for an asylum claim that would ultimately be denied in France.

      The French outpost is part of a new forward defense in Europe’s struggle to hold off migration from Africa; it is a small, relatively benign piece of a larger strategy that otherwise threatens to subvert Europe’s humanitarian ideals.

      After years of being buffeted by uncontrolled migration, Europe is striking out. Italy is suspected of quietly cutting deals with Libyan warlords who control the migration route. The European Union has sent delegations to African capitals, waving aid and incentives for leaders to keep their people at home. Now come the French.
      “There’s a much more active approach to see that the immigrant stays as far away as possible from Europe, and this is completely to the detriment of those concerned,” said Philippe Dam of Human Rights Watch.

      The French mission was “positive,” he said, “but it’s too late and too small.”

      It is also the flip side of a fast-toughening stance by France against migrants, as President Emmanuel Macron began his push this month for what critics say is a draconian new law aimed at sending many of those who have already arrived back home.

      Even if some of Europe’s new methods are questionable, the results have been evident: Last year, for the first time since the crisis began several years ago, the migration flow was reversed, according to Giuseppe Loprete, head of the United Nations migration agency office in Niger.

      About 100,000 would-be migrants returned through Niger from Libya, compared with 60,000 who traversed the vast and impoverished desert country heading toward Europe.

      As the hub for West African migration, Niger had long been under pressure from Europe to crack down on the migrant flow. And something has shifted.

      The bus stations in Niamey, once packed with West Africans trying to get to Agadez, the last city before Libya, are now empty. The police sternly check identity documents.

      When I visited Agadez three years ago, migrants packed what locals called “ghettos” at the edge of town, hanging out for weeks in the courtyards of unfinished villas waiting for a chance to cross the desert.
      Migration officials say there are many fewer now. The Nigerien government has impounded dozens of the pickups formerly used by smugglers at Agadez, they say.

      “Lot less, lot less than before,” said a bus agent, who declined to give his name, at the open-air Sonef station in Niamey, drowsing and empty in the late-afternoon heat. “It’s not like it was. Before it was full.”

      The tile floor was once crowded with migrants. No more. A sign outside bears the European Union flag and warns passengers not to travel without papers.

      In itself, the so-called French filtration effort here is so small that it is not responsible for the drop, nor is it expected to have much effect on the overall migration flow.

      It began well after the drop was underway. Only a handful of such missions to interview asylum seekers have embarked since Mr. Macron announced the policy last summer, staying for about a week at a time.

      Meager as it is, however, the French effort has already helped shift the process of sifting some asylum claims to Africa and out of Europe, where many of those who are denied asylum tend to stay illegally.

      For Mr. Macron, a chief aim is to defuse the political pressures at home from the far right that have escalated with the migrant crisis.
      The French hope that the greater visibility of a formal, front-end system will discourage those without credible claims of asylum from risking their lives with smugglers.

      The process is also intended to send a potentially important message: that those with legitimate claims of persecution do have a chance for safe passage.

      “Politically it’s huge,” said Mr. Loprete. “But in terms of numbers it is very low.”

      In a recent week, 85 people were interviewed by the four officials from the French refugee agency, known as Ofpra.

      The selective scale is in line with Mr. Macron’s determination to keep out economic migrants. “We can’t welcome everybody,” he said in his New Year’s speech.

      On the other hand, “we must welcome the men and women fleeing their country because they are under threat,” Mr. Macron said. They have a “right to asylum,” he said.

      Critics of the plan say that it amounts to only a token effort, and that the real goal is to keep potential migrants at arms’ length.

      “Macron’s policy is to divide migrants and refugees, but how can we do so? What is the ethical principle behind this choice?” said Mauro Armanino, an Italian priest at the cathedral in Niamey who has long worked with migrants in African nations. “It is a policy without heart.”

      Still, the French have been the first to undertake this kind of outreach, working closely with the United Nations, out of its refugee agency’s compound in Niamey.

      The United Nations International Office for Migration does a first vetting for the French in Libya, Niger’s northern neighbor, where human smuggling networks have thrived in the chaotic collapse of the country.

      In Libya, the smugglers herd the Africans together, beat them, sometimes rape them and extort money. Some are even sold into slavery before being loaded onto rickety boats for the Mediterranean crossing.

      Some of the Libyan camps are run by smugglers and their associated militias, and others by the government, such as it is. But regardless of who runs them, they are essentially concentration camps, officials say, and there is no distinction made between political refugees and migrants.

      United Nations officials are allowed to enter the government-run camps to look for potential asylum cases — principally Eritreans and Somalis, whose flight from political persecution and chaos might qualify them. From lists supplied by the United Nations, the French choose whom they will interview.

      “The idea is to protect people who might have a right to asylum,” said Pascal Brice, the head of Ofpra, the French refugee agency. “And to bypass the horrors of Libya and the Mediterranean.”

      “It is limited,” Mr. Brice acknowledged. “But the president has said he wants to cut back on the sea crossings,” he added, referring to Mr. Macron.
      Bénédicte Jeannerod, who heads the French office of Human Rights Watch, was less a critic of the program itself than of its scale. “I’ve told Pascal Brice that as long as it works, make it bigger,” he said.

      But the potential difficulties of making the program larger were evident in a day of interviews at the sweltering United Nations center in Niamey.

      One recent Saturday night, 136 Eritreans and Somalis were flown to Niamey by the United Nations, all potential candidates for asylum interviews with the French.

      The dozens of asylum seekers already there waited pensively, looking resigned as they sat on benches, betraying no sign of the import of what the French deputy chief of the mission had to offer.

      “If you are chosen, you will soon be in France,” Ms. Bergier-Diallo told them, pronouncing the words slowly and deliberately. “And we are delighted.”

      Indeed, if the refugees pass muster, the rewards are enormous: a free plane ticket to France, free housing, hassle-free residence papers and free French lessons.

      The French agents, stiff and formal in their questioning that could last well over an hour, inquired relentlessly about the refugees’ family ties, uninterested in establishing the narrative of their escape and suffering.
      The idea was to “establish the family context,” in an effort to confirm the authenticity of the refugees’ origins, said one French official, Lucie.

      (Sensitive to security, the French authorities asked that the last names of their agents and those of the refugees not be published.)

      Shewit, a diminutive, bespectacled 26-year-old Eritrean woman, was asked whether she ever phoned her family, and if so what they talked about.

      “Only about my health,” Shewit said. “I never tell them where I am.”

      Mariam, 27, told the French agent she had been raped and ostracized in her village and feared going back because “the people who raped me are still there.”

      “They could rape me again,” said Mariam, an illiterate animal herder from Somaliland.

      Even if she finds safety in France, integrating her into society will be a challenge. Mariam had never attended any school and looked bewildered when the French agent told her to remove her head scarf.

      Wearing the scarf “is not possible in the French administration, or in schools,” Emoline, the agent, said gently to Mariam in English, through an interpreter.

      Then there was Welella, an 18-year-old Eritrean girl who, before being rescued from neighboring Libya, had spent time in a refugee camp in Sudan, where she endured what she simply called “punishments.”
      Her father is a soldier, her siblings had all been drafted into Eritrea’s compulsory military service, and she risked the same.

      “Why is military service compulsory in Eritrea?” Lucie asked the girl, seated opposite her. “I don’t know,” Welella answered mechanically.

      She had long planned on fleeing. “One day I succeeded,” she said simply.

      “What could happen to you in Eritrea if you returned?” Lucie asked.

      “I suffered a lot leaving Eritrea,” Welella said slowly. “If I return, they will put me underground.”

      She was questioned over and over about the names of her siblings in Eritrea, and why one had traveled to a particular town.

      After nearly two hours of questioning, a hint of the French agent’s verdict finally came — in English. It was rote, but the message clear: France was one step away from welcoming Welella.

      “You will have the right to enter France legally,” Lucie told her. “You will be granted a residence permit, you will be given your own accommodations, you will have the right to work …”

      Welella smiled, barely.


      https://www.nytimes.com/2018/02/25/world/africa/france-africa-migrants-asylum-niger.html?smid=tw-share
      #Niamey

    • A French Processing Centre in Niger: The first step towards extraterritorial processing of asylum claims or (just) good old resettlement?

      When The New York Times made headlines in the migration world with its recent article “At French Outpost in African Migrant Hub, Asylum for a Select Few” about the French refugee agency’s role in the UNHCR humanitarian evacuation scheme, it was not long before the magical concept of “extraterritorial processing” resurfaced. Mostly defined as the processing of asylum requests outside the country of destination, this proposal, repeatedly raised by European Union member states and academics alike since the beginning of the 2000s, has regularly been turned down by EU officials as being mere politically-driven hot air. Often confused with resettlement or other legal access channels, it has been praised as the panacea of the migration and asylum challenges by some, while being criticized as outsourcing and shady responsibility shifting by others.


      http://www.aspeninstitute.it/aspenia-online/article/french-processing-centre-niger-first-step-towards-extraterritorial-pr

    • Les migrants paient le prix fort de la coopération entre l’UE et les #gardes-côtes_libyens

      Nombre de dirigeants européens appellent à une « coopération » renforcée avec les #garde-côtes_libyens. Mais une fois interceptés en mer, ces migrants sont renvoyés dans des centres de détention indignes et risquent de retomber aux mains de trafiquants.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/280618/les-migrants-paient-le-prix-fort-de-la-cooperation-entre-lue-et-les-garde-

  • Banlieues : voici ce que dit le #rapport_Borloo

    Dans son rapport remis au premier ministre jeudi 26 avril, Jean-Louis Borloo dresse un constat sans concession des politiques publiques à destination des #quartiers_populaires. Pour l’heure, l’exécutif n’a pas fait de commentaire sur les propositions. Emmanuel Macron devrait s’exprimer sur le sujet, mi-mai.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/260418/banlieues-voici-ce-que-dit-le-rapport-borloo
    #banlieu #rapport #Borloo #France #urbanisme #urban_matter #villes #géographie_urbaine #plan_Borloo

  • A #Rome, les gauches européennes cogitent sur l’« édifice branlant » de l’UE
    https://www.mediapart.fr/journal/international/120317/rome-les-gauches-europeennes-cogitent-sur-l-edifice-branlant-de-l-ue

    Ce week-end se tenait à Rome le quatrième sommet du #plan_B. Cette initiative, lancée en septembre 2015 sous l’impulsion de #Jean-Luc_Mélenchon, est devenue le cercle de réflexion des gauches alternatives européennes pour reconstruire l’Union européenne. Si des divergences persistent, les interlocuteurs sont unanimes sur l’urgence de se mobiliser en cette année électorale 2017.

    #International #Traité_de_Rome #union_européenne

  • A Rome, #Jean-Luc_Mélenchon en tribun du peuple européen
    https://www.mediapart.fr/journal/international/120317/rome-jean-luc-melenchon-en-tribun-du-peuple-europeen

    Jean-Luc Mélenchon à Rome, samedi 11 mars © CG Le candidat de la #France insoumise participait samedi au quatrième sommet du #plan_B. L’occasion pour lui, en pleine campagne, de montrer que son projet – sortir des traités de gré ou de force – est partagé en #europe. À une quarantaine de jours du premier tour, Mélenchon estime qu’un vent favorable s’est levé.

    #International #France_insoumise #institutions #union_européenne

  • A Rome, Mélenchon creuse le sillon du « plan B » européen avec les gauches radicales

    Le candidat à la présidentielle participe samedi et dimanche à une réunion de la gauche radicale européenne. Il prône une sortie de l’Union si la renégociation des traités échoue.
    Jean-Luc Mélenchon a longtemps pensé que l’Europe serait au cœur de cette présidentielle. Même si le sujet n’est pas parvenu pour le moment à s’imposer dans la campagne, ce partisan du non au traité constitutionnel européen en 2005 compte bien saisir la tribune qui lui est offerte, samedi 11 mars, lors d’« un sommet du plan B » organisé à Rome. Une autre façon pour lui de célébrer les 60 ans du traité du même nom, à l’origine de la Communauté économique européenne (CEE).

    Celui qui n’a cessé de dénoncer ces dernières années « l’Europe austéritaire » a lui-même lancé ce processus en septembre 2015 lors de la Fête de L’Humanité. A l’époque, il vient de rompre avec Alexis Tsipras, le premier ministre grec issu du parti Syriza, coupable à ses yeux de n’avoir pas su instaurer un rapport de force avec l’Allemagne.
    Le député européen est alors soutenu par l’ex-ministre grec des finances Yanis Varoufakis – qui s’éloignera finalement de l’initiative –, par l’Allemand Oskar Lafontaine, ancien coprésident de Die Linke, ou encore par Zoe Konstantopoulou, alors présidente du Parlement grec, en rupture avec Syriza.

    « Protectionnisme solidaire »

    Samedi et dimanche, à Rome, cette quatrième rencontre réunira des participants principalement issus de la gauche radicale européenne la plus critique – les communistes français ne partagent par exemple pas cette démarche.

    Etaient cependant annoncés John McDonnel, un proche du leader du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn, Luigi De Magistris, maire de Naples et homme de gauche indépendant, ou Fabio Massimo Castaldo, député européen du Mouvement 5 étoiles italien. « C’est encore très démarrant, on se voit beaucoup car on a besoin de bien se comprendre, avait précisé M. Mélenchon, lundi, lors d’une conférence de presse. Il n’y aura pas qu’un plan B. Suivant les pays, le plan B ne sera pas le même. »

    Dans son programme, M. Mélenchon défend l’idée d’un « plan A » – « sortie concertée des traités européens » et « négociation d’autres règles » – et d’un « plan B » – « sortie des traités européens unilatérale par la France » – en cas d’échec de la première méthode.

    Le premier comporte la fin de l’indépendance de la Banque centrale européenne, la mise en place d’un « protectionnisme solidaire » ou encore une harmonisation fiscale et sociale.

    « L’Europe, on la change ou on la quitte »

    En cas d’accord, les Français seront consultés par référendum pour décider « souverainement de [leur] participation à l’Union européenne [UE] refondée ou de la sortie ». En cas d’échec, la seconde option consisterait notamment à stopper la contribution de la France au budget de l’UE et à mettre en place un contrôle des capitaux et des marchandises aux frontières nationales.

    « S’il n’y a pas de plan B, le plan A ne fonctionne pas, expliquait le candidat de La France insoumise en août 2016 au Monde. Ce qui me distingue d’autres courants de gauche, c’est que, pour moi, la nation est un levier de la bataille européenne. »

    Une démonstration qui ne convainc pas l’écologiste Pascal Durand, son collègue au Parlement européen, qui juge que c’est une sortie de l’UE qui ne dit pas son nom. « Son plan A n’existe pas, estime ce pro-européen. Mélenchon, ce n’est pas Zorro : ce qu’il demande n’est pas compatible avec les traités. On peut essayer de les renégocier mais pas de s’en affranchir tout seul. La seule façon d’y arriver, c’est de sortir de l’UE. »

    Au lendemain du Brexit britannique, en juin 2016, M. Mélenchon n’avait pas hésité à résumer sa pensée d’une formule provocatrice, inspirée d’un slogan de la droite dure : « L’Europe, on la change ou on la quitte. » Une approche qui marque une évolution par rapport à 2012, où il souhaitait « s’affranchir » du traité de Lisbonne pour « construire une autre Europe ».

    Se différencier de Benoît Hamon

    Désormais, l’ex-socialiste entend marquer sa différence, notamment avec Benoît Hamon, pourtant lui aussi « noniste » en 2005. C’est d’ailleurs le seul point que M. Mélenchon avait évoqué, le 26 février, après leur tête-à-tête pour expliquer l’échec de leurs discussions.

    Si l’objectif du candidat socialiste – « mettre l’austérité en minorité » en Europe – rejoint celui du fondateur du Parti de gauche, le chemin pour y parvenir diverge, comme il l’expliquait jeudi dans une interview au Monde. M. Hamon, lui, ne croit pas à la « menace » d’un plan B. « Je veux réussir à parler d’Europe sous une autre forme que celle d’un dangereux chiffon rouge qu’on agite dans tous les sens », critiquait-il.

    Ce partisan d’une Europe de la défense que M. Mélenchon fustige promeut « une assemblée parlementaire de la zone euro » qui aurait pour mission de « décider du budget de la zone euro, mais aussi des politiques d’harmonisation fiscale et sociale ».

    Une idée que son concurrent de La France insoumise a déjà étrillée dans une note de blog le 22 février, jugeant que M. Hamon ne faisait que reprendre une idée « cosmétique » de François Hollande. « Il ne s’agit donc pas de trouver de nouvelles formes d’apparence de l’Europe, mais de régler ses problèmes à la racine ! », écrivait-il.

    Raphaëlle Besse Desmoulières
    Journaliste au Monde

    #élections_présidentielles #union_européenne #promesses_électorales #plan_B

  • La grande illusion des plans B et de la démocratisation de l’Europe

    L’Europe des plans B c’est comme « la sauce aux câpres sans câpres » de Pierre Dac ou la recette de « poisson salé sans poisson salé » d’Apicius qui assurait même que personne ne reconnaîtrait ce qu’il mange.

    >>> Triste tropisme - Pierre Lévy , mensuel Ruptures
    http://ruptures-presse.fr/varoufakis-reves-federalistes-gauche-radicale

    (...) c’est ladite (par antiphrase) « gauche de la gauche », ou du moins une partie d’entre elle, qui accourt et se présente en sauveuse de l’idée européenne – celle-là même qui a été inventée et mise en œuvre, six décennies durant, par les représentants des grands capitaux et autres multinationales…

    Comme si un étrange et triste tropisme poussait certaines figures de la « gauche radicale » à se porter volontaire pour faire le sale boulot – le syndrome Tsipras, en quelque sorte, prêt à tous les
    renoncements pour peu que cela puisse préserver l’Europe.

    #gauche_de_la_gauche #pseudo_gauche #Europe #plan_B #Ruptures #union_européenne #euro #Pierre_Lévy

  • Le #plan_B de #Madrid relance le débat sur un « processus constituant » pour l’Europe
    https://www.mediapart.fr/journal/international/220216/le-plan-b-de-madrid-relance-le-debat-sur-un-processus-constituant-pour-l-e

    Les débats organisés à Madrid pour un « plan B » ont confirmé qu’une dynamique était enclenchée, à gauche toute, pour refaire de l’Europe un « champ de bataille », à un moment où les signes de désintégration du projet européen se multiplient. Mais les stratégies des déçus de l’accord grec de juillet 2015 divergent toujours, entre partisans d’une #europe plus intégrée et défenseurs d’un retour au national.

    #International #austérité #Costas_Lapavitsas #euro #Miguel_Urban #Nacho_Alvarez #Pablo_Iglesias #Podemos #UE #Yanis_Varoufakis #Zoi_Konstantopoulou

  • #Zoi_Konstantopoulou : l’euro est devenu « un instrument de chantage »
    https://www.mediapart.fr/journal/international/200216/zoi-konstantopoulou-leuro-est-devenu-un-instrument-de-chantage

    Le deuxième sommet du « #plan_B » se déroule ce week-end à #Madrid. Objectif : faire converger les alternatives à l’austérité sur le continent. Zoi Konstantopoulou, l’ancienne présidente du parlement grec, fait partie des intervenants. Entretien.

    #International #austérité #démocratie #euro #europe #Grèce #Syriza #union_européenne #Unité_Populaire

  • Miguel Urbán (Podemos): «Nous allons chercher des amis en #europe»
    https://www.mediapart.fr/journal/international/190216/miguel-urban-podemos-nous-allons-chercher-des-amis-en-europe

    Vendredi soir s’ouvre à #Madrid un autre sommet pour un « #plan_B pour l’Europe », après les rendez-vous de Paris et Berlin. L’un de ses organisateurs, l’eurodéputé de #Podemos Miguel Urbán, explique l’esprit de cette rencontre de trois jours, à un moment particulier en #Espagne, puisque le pays est toujours en quête d’un gouvernement.

    #International #austérité #EELV #Karima_Delli #Miguel_Urban #NPA #PG #UE

  • #Sia_Anagnostopoulou, ministre #Syriza: «Il faut unifier nos forces en #europe»
    https://www.mediapart.fr/journal/international/230116/sia-anagnostopoulou-ministre-syriza-il-faut-unifier-nos-forces-en-europe

    Après avoir accepté le programme de ses créanciers cet été, à Athènes, le gouvernement Tsipras continue d’affirmer qu’il s’oppose au « tout austérité ». Articuler les exigences budgétaires avec des #réformes de gauche : tel est l’exercice périlleux auquel il se livre depuis septembre. Entretien avec la ministre Sia Anagnostopoulou.

    #International #Bruxelles #Eurogroupe #FMI #Grèce #plan_B #restructuration_de_la_dette #troïka

  • Une ministre #Syriza : « Il faut unifier nos forces en #europe »
    https://www.mediapart.fr/journal/international/230116/une-ministre-syriza-il-faut-unifier-nos-forces-en-europe

    Après avoir accepté le programme de ses créanciers cet été, à Athènes, le gouvernement Tsipras continue d’affirmer qu’il s’oppose au « tout austérité ». Articuler les exigences budgétaires avec des #réformes de gauche : tel est l’exercice périlleux auquel il se livre depuis septembre. Entretien avec la ministre #Sia_Anagnostopoulou.

    #International #Bruxelles #Eurogroupe #FMI #Grèce #plan_B #restructuration_de_la_dette #troïka

  • Un « sommet du #plan_B » pour rompre avec cette #europe
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/220116/un-sommet-du-plan-b-pour-rompre-avec-cette-europe

    Un colloque réunit, ce week-end à Paris, #Jean-Luc_Mélenchon et d’autres représentants des #gauches_européennes en rupture avec la social-démocratie et ne se satisfaisant pas de l’issue grecque. Avec l’objectif, pour le héraut du Front de gauche, d’être aussi fructueux que les sommets de São Paulo, ayant contribué au réveil des gauches latino-américaines. Yanis Varoufakis, lui, a déclaré forfait.

    #Economie #crise_de_l'euro #Institutions_européennes

  • Une fable peut en cacher une autre

    Le plan B de Mélenchon, c’est la méthode Syriza

    Par le Parti de l’émancipation du peuple (ex-M’PEP). 20 janvier 2016.
    http://www.m-pep.org/Le-plan-B-de-Melenchon-c-est-la-methode-Syriza

    Le soutien de Jean-Luc Mélenchon et de la plupart des organisations qui se réclament de gauche « radicale » à Syriza et à ses trahisons prévisibles leur coûte cher. Les dernières élections régionales ont probablement préfiguré leur disparition à l’occasion de la présidentielle. C’est justice. J-L Mélenchon tente à présent de sauver du naufrage ses élus locaux et européens. Mais sa stratégie pour y parvenir a de quoi laisser perplexe : jouer à fond « l’alter-européisme » façon Syriza, qui débouche sur la reddition face aux oligarques européens. Décryptage.

    Le 23 janvier prochain, le Parti de gauche organise à Paris une opération médiatique sur les questions européennes et invite pour cela quelques célébrités. Un « sommet international » qui ne pourra cependant pas être aussi vendeur qu’il l’espérait puisqu’il ne pourra pas compter sur la présence du charismatique ancien ministre grec Yanis Varoufakis, parti vendre un autre « plan B » de son côté . Un coup vache de la part de celui qui aura pourtant été soutenu de manière indéfectible, du temps de son court règne, par le camarade Mélenchon.

    #Parti_de_l’émancipation_du_peuple #Parti_de_gauche
    #plan_B #Syriza #Jean-Luc_Mélenchon #Yanis_Varoufakis

  • Antoine Bozio, Gabrielle Fack, Julien Grenet (dir.), Les allocations logement, comment les réformer ? un note de lecture sur un ouvrage qui proposait une réforme qui n’a pas été retenue
    http://lectures.revues.org/19452

    Les #allocations_logement sont une composante essentielle des #politiques_sociales en France, puisqu’elles représentent, en volume, la principale prestation versée aux ménages modestes . Leur visibilité dans le débat public ne correspond pas à cette place, ce qui est souvent le cas en matière de logement. Les controverses qu’elles suscitent portent fréquemment sur des aspects ciblés comme le #logement #étudiant. Ce petit ouvrage (94 pages), issu d’un programme scientifique du Cepremap, s’intéresse à la question récurrente de la #réforme de ces allocations en offrant à la fois un état des lieux et une proposition de refonte visant à unifier les prestations sociales versées aux plus modestes : les allocations logement, le revenu de solidarité active (RSA) et la prime pour l’emploi (PPE) . Écrit par des économistes travaillant sur les politiques publiques plus que par des spécialistes du logement (à l’exception de Gabrielle Fack), il présente l’intérêt de relier la critique des politiques du logement à une réforme plus large des politiques sociales. Il fait écho à une littérature, pour partie académique et pour partie institutionnelle ou à visée opérationnelle, sur la réforme du « #système_socio_fiscal » français, au sein de laquelle on peut citer les travaux d’Alain Trannoy et Étienne Wasmer au conseil d’analyse économique.

    Instaurées en 1948 pour éviter que les ménages les plus modestes soient pénalisés par la hausse des loyers, les allocations logement sont restées secondaires dans les politiques du logement jusqu’au #plan_Barre de 1977 qui met notamment en place les #APL (aides personnalisées au logement). Dans un contexte de montée des critiques adressées au #logement_social, aux grands ensembles, et aux aides publiques aux constructeurs (les « #aides_à_la_pierre  ») il s’agit de faire bénéficier directement les ménages des prestations logement afin de desserrer les contraintes auxquelles ils font face sur le marché résidentiel. Progressivement, ces « aides à la personne » ont vu leur importance grandir. Elles sont versées à 6 millions et représentent environ la moitié des dépenses de la politique du logement (20 milliards d’euros par an sur 41, le reste se répartissant entre 6 milliards pour les aides à la construction et 15 milliards en avantages fiscaux destinés à favoriser la construction et la réhabilitation). Le coût de ces aides comparé à la persistance de difficultés d’accès au logement et du fait que les locataires de logements privé aient vu le poids du logement dans leur budget s’accroître fortement, justifient aux yeux des auteurs un examen critique.

    Ils soulignent pourtant leur #caractère_redistributif : 70 % des ménages appartenant au premier décile de revenu perçoivent des aides au logement (et moins de 10 % à partir du 6e décile). Les allocations logement sont plus importantes, en volume, que les deux autres aides considérées dans le texte, RSA et PPE (représentant respectivement 0,8 % 0,4 % et 0,1 % du PIB) . Elles se révèlent moins stigmatisantes [sic] que le RSA, et moins touchées par le problème du #non_recours. Elles assurent également une certaine redistribution horizontale entre zones géographiques (car les aides sont plus élevées dans la région parisienne, où les loyers sont également plus hauts). Leur complexité est réelle, parce qu’il existe plusieurs prestations différentes, mais surtout à cause du calcul du barème. Les quelques pages consacrées à ce point, quoique techniques, sont d’ailleurs très claires et utiles même aux spécialistes, confirmant bien que pour la majorité des bénéficiaires le montant de l’aide est déconnecté de celui du loyer et s’apparente « à une prestation sociale comme une autre », qui décroit en fonction du #revenu. En dépit de cette complexité, elles constituent l’un des piliers des politiques sociales en France.

    Les trois principales critiques adressées par les auteurs à ce système ne portent toutefois pas sur cette complexité. Les deux premières sont assez classiques dans l’analyse économique des politiques publiques. Il s’agit d’abord d’interroger la pertinence d’une aide affectée, qui peut relever d’un certain paternalisme (dicter aux ménages pauvres les « bonnes » dépenses) et induire des distorsions en favorisant la consommation de certains biens et services (en l’occurrence le logement). La seconde critique porte sur les effets négatifs en matière de reprise d’#emploi. Les allocations logement ne sont pas ici seules en cause : c’est leur mauvaise articulation avec le RSA et la PPE qui est en cause. La « double #dégressivité » (p. 49), c’est-à-dire la baisse concomitante du RSA et des allocations logement en cas de hausse des revenus d’activité serait ainsi une désincitation à la reprise d’emploi.

    La troisième critique concerne plus spécifiquement le marché du logement. Elle est plus discutée que les précédentes et étayée par des études récentes, en France et à l’étranger. Elle porte sur l’#effet_inflationniste des aides, c’est-à-dire sur le fait que le montant des allocations est en grande partie absorbé par l’élévation du niveau des loyers, de telle sorte qu’elles bénéficient in fine aux propriétaires. C’est le point clé de l’argumentaire développé dans cet ouvrage. Les travaux cités convergent pour montrer que cet effet existe et qu’il est important, un euro d’aide versé se traduisant par une hausse de loyer allant de 60 à 78 centimes (selon les travaux et les contextes étudiés). Plusieurs raisons sont examinées : la surconsommation [sic] de logement est invoquée (les aides incitent à augmenter les dépenses des ménages dans le logement et, l’offre étant peu élastique, ce surcroit se traduit par une hausse des prix), mais elle ne représente qu’une explication partielle. Le fait que les propriétaires bailleurs puissent aisément identifier les bénéficiaires (tout particulièrement dans certains cas comme celui des étudiants) et le montant des aides semble jouer un rôle déterminant dans la captation de celles-ci. Bien que convaincante l’argumentation laisse quelques points en suspens : le fait que cette hausse des prix correspond en partie à une amélioration de la qualité du logement des ménages modestes, l’ampleur exacte de la captation par les propriétaires, et surtout la part prise par cet effet inflationniste dans la hausse plus générale des loyers et des prix du logement (et donc de l’effet potentiellement désinflationniste qu’aurait l’abandon des allocations logement). Ce thème appelle donc d’autres travaux.

    Tirant les enseignements de ces différentes analyses, les auteurs en viennent ensuite à ce qui constitue l’objectif de l’ouvrage, la proposition d’une réforme visant à fusionner aides au logement, RSA et PPE en une prestation unique, non affectée, qui permettrait d’éviter ou de réduire les effets négatifs pointés ci-dessus. Son montant varierait proportionnellement au revenu, de façon à éviter les seuils et les effets d’étiquetage qui lui sont associés. Le texte s’attache à décrire les modalités de cette prestation, et raisonnant à budget égal, à déterminer qui en seraient les « gagnants » et les « perdants ». Parmi les premiers figurent ceux qui sont actuellement mal pris en compte par le RSA (les plus jeunes) ou par les aides au logement (les propriétaires les plus modestes), tandis que les seconds se compteraient parmi ceux qui cumulent les deux (notamment des ménages sans autre ressource). Néanmoins, la redistribution opérée par ces aides serait globalement comparable à celle que l’on observe actuellement. On note ici le souci des auteurs de contribuer au débat public en apportant les éléments les plus précis et en se souciant de la faisabilité et du caractère réaliste de leur proposition. Ils soulignent d’ailleurs que l ’idée d’intégrer ces aides à l’impôt sur le revenu a été écartée car cela supposait une réforme préalable de cet impôt .

    Clair et concis, l’ouvrage sert efficacement la thèse des auteurs et constitue une contribution notable et bien étayée au débat sur la réforme du système social et fiscal français. Centré sur la question des allocations logement, il laisse volontairement de côté les autres aspects de la politique du logement ce qui peut laisser sur sa faim le lecteur intéressé par ces questions. Si ce choix s’explique par l’objet même de l’ouvrage, qui est de défendre une proposition de réforme, notons que ce parti pris laisse sans réponse la question des conséquences sur le marché du logement de l’abandon des allocations logement.

    voir les perdants de la réforme de l’APL
    http://seenthis.net/messages/425811

  • Grèce : Varoufakis s’explique sur son incroyable plan B
    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/pirater-l-administration-fiscale-grecque-l-incroyable-plan-b-de-varoufakis

    ’ancien ministre grec des Finances aurait envisagé de pirater ses propres serveurs afin de créer un système bancaire parallèle, selon le quotidien grec Ekathimerini. Il aurait même eu un feu vert de principe d’Alexis Tsipras avant l’élection de Syriza. Source : La Tribune

  • Charlie Hebdo : être aimé par des cons, c’est dur, être haï par des amis, c’est pire
    http://www.brain-magazine.fr/article/news/22449-Charlie-Hebdo-:-%C3%83%C2%AAtre-aim%C3%83%C2%A9s-par-des-cons
    Le témoignage de la compagne de Luz, après 3 semaines où la plupart des radicaux se sont soigneusement dissociés du journal, oubliant la plupart du temps que le canard était aussi proche d’eux, même si c’est compliqué.

    Hier, une militante du STRASS (Syndicat du Travail Sexuel) que je lis et admire depuis des années, Morgane Merteuil, relaie sur son Facebook un article de Cécile Lhuillier, ancienne présidente d’Act Up-Paris et militante LGBT et féministe, paru sur le site de Têtu. Selon Cécile Lhuillier, Charlie Hebdo « est devenu un journal raciste, homophobe, transphobe, sexiste et tout particulièrement islamophobe ». Il manque arachnophobe, non ? Sur le Facebook de Morgane, qui soutient cette tribune, il est posté en commentaires des dizaines de couvertures « prouvant » le racisme, le sexisme, la putophobie etc. de Charlie. Une douzaine de dessins, donc, sur les milliers publiés depuis plus de 20 ans.

    Etre aimés par des cons, c’est dur, mais être haïs par des « amis », ce n’est pas facile non plus. Je partage en grande partie les idées du STRASS et je tente, à mon petit niveau, de défendre les droits LGBT et féministes. Je me souviens qu’en décembre dernier, après un article que j’avais écrit sur le sujet pour les Inrocks, j’avais informé Luz de l’organisation d’une manif pour les droits des travailleurs(ses) sexuels(elles), organisée par le Strass et les Roses d’Acier, et il en avait fait un magnifique reportage, donnant la parole à ces travailleuses du sexe chinoises. Mais cela ne compte pas. On ne retient que les dessins jugés « putophobes » ou « transphobes ». C’est tellement plus facile, d’oublier qu’il y avait des débats houleux au sein de la rédaction sur la prostitution. C’est tellement plus facile, d’oublier que les dessinateurs de Charlie Hebdo se moquaient plus des hétéros beaufs que des gays ou des lesbiennes, qu’ils soutenaient le mariage pour tous et se moquaient violemment des manifs pour tous. C’est tellement plus cool, quand on est militant dans une organisation qui défend les « opprimés », d’être « contre » la masse, les médias, l’unité nationale. En oubliant que Charlie Hebdo conchie aussi le discours de masse et les symboles, et n’était pas, dernièrement, soutenu par grand’monde.

    L’un des rares articles sur les médias alternatifs à avoir assumé ce point de vue, publié sur Rebellyon
    http://rebellyon.info/Notre-rapport-avec-Charlie-Hebdo.html

    Sans ce journal, le mouvement libertaire ne serait pas ce qu’il est : de nombreuses personnes l’ont connu grâce à Charlie Hebdo. Combien de personnes, sur Lyon, ont connu la librairie La Gryffe par exemple grâce aux rendez-vous systématiquement relayés par Charlie Hebdo dans les années 90. Ou dans les autres villes, d’autres lieux peu connus, qui devenaient soudain accessibles. Cette relation très proche avec ce journal pendant notre enfance et adolescence a participé de manière décisive à notre politisation.

    La Mégacombi en a également témoigné dans son émission du 13 janvier
    http://download.audioblogs.arteradio.com/sons/3012947/3065524_MegaCombi220-PT112-21012014_Charlie_partout_j

    • On peut très bien faire un dessin dont l’humour vient accabler des opprimé-e-s et dans le même temps donner la parole à d’autres ou se moquer d’ autres beaufs que soi.

      Les bonnes intentions ne suffisent pas, et les articles gentils et intelligents ne compensent pas plus les dessins bêtes et méchants que l’inverse.

      Il y a là un vrai problème, qu’à Charlie on n’a jamais vraiment pris la peine de considérer. Faut dire que ses rédacteurs n’ont jamais vraiment pris la peine de se sentir peut-être concernés eux aussi trop personnellement par ce que les opprimé-e-s avaient à dire : ils étaient déjà des libertaires et des esprits tellement forts qui riaient de tout !

      Ajoutez à cela des années d’éditos républicains à répétition, des poignées de mains avec plusieurs ministres de l’intérieur, et pour ma part l’envie de rire avec eux m’avait définitivement passé.
      Charlie ne faisait depuis longtemps plus partie de mes amis, ni de ceux de beaucoup d’autres, semble-t-il
      La différence entre les presque vingt années passées et les trois dernières semaines, c’est que jusqu’au massacre perpétré dans leurs locaux, on pouvait critiquer ce journal et ses rédacteurs - sauf quand ils s’en prenaient, comme l’état français, aux musulmanes. Tandis que depuis, le citoyennisme, les amis de l’état républicain, de ses valeurs et de sa « liberté d’expression », comme ils disent sans rire, cette fois-ci, traitent en suspect, en terroriste en puissance, quiconque a l’air de pouvoir être un musulman, ou de ne pas aimer ou être assez « Charlie ».

      Quant au mouvement libertaire, je ne sais trop s’il faut se réjouir de ce qu’il a donné à voir ces derniers temps, ni si l’on peut évaluer à l’avantage de Charlie-Hebdo son éventuelle contribution à celui-ci : après tout il y a quelques semaines, il a émané de ce même mouvement une pétition pour réclamer que LGBT et féministes laissent poliment les anarchistes débattre démocratiquement entre eux des termes en lesquels il convenait de les traiter en produits et suppôts du libéralisme, et en ennemis de la révolte.

  • Contre Pierre Rabhi (et qu’Althusser repose en paix.)
    http://blogs.mediapart.fr/blog/yann-kindo/120714/contre-pierre-rabhi-et-qualthusser-repose-en-paix

    Il a été déjà question de Pierre Rabhi plusieurs fois sur ce blog. Pour l’essentiel, à l’occasion d’une visite à sa ferme expérimentale pas loin de chez nous en Ardèche, au cours de laquelle on avait pu constater avec quelques copains de l’AFIS à quel point les méthodes agronomiques du bonhomme sont une sorte d’arnaque qui repose sur l’exploitation de main d’œuvre gratuite et de dons divers et variés, pour aboutir au final à un résultat absolument minable en termes de production, dont auraient honte même les plus incompétents des jardiniers amateurs (dans mon style)

    http://blogs.mediapart.fr/blog/yann-kindo/280912/agroecologie-quand-bastamag-voit-ce-quil-croit

    http://afis-ardeche.blogspot.fr/2012/09/humanisme-notre-visite-chez-des.html#mor

    Je ne vais pas en rajouter ici sur la question proprement agronomique, que l’on peut considérer comme réglée : si on généralisait les illusions et l’incompétence qui règnent à la ferme du Mas de Beaulieu, il y aurait encore plus de sous-nutrition sur la planète que le capitalisme ne réussit déjà à en provoquer.

    Quand la journaliste l’interroge sur la question des inégalités, Rabhi brasse encore du vide avec des trucs du genre : « Contre les inégalités, il faut inventer de nouvelles politiques, inventives, locales. ». Oui, inventons des inventions, c’est ça qu’il faut faire, mais c’est bien sûr ! Qui pourrait ne pas être d’accord avec des solutions inventives, surtout si elles sont au niveau local, en plus ? Parce que le niveau local, c’est le bon niveau, c’est sûr, à l’heure où l’ensemble de la production est désormais mondialisée... A part ça, que nous dit Rabhi ? Qu’« il faut des règles éthiques et morales », que « Si une société est généreuse et vraiment préoccupée d’équité, elle résoudra le problème. », que « la société civile est un immense laboratoire d’utopies et d’expérimentations d’intérêt général. », que « nous appelons à l’insurrection des consciences », et que « L’écologie devrait être transversale. Elle concerne tout le monde, les arbres, les créatures, tout. ». Et bla bla bli et bla bla bla. Ça doit pas demander beaucoup d’efforts, d’aligner comme ça de telles platitude creuses [car oui, Rabhi arrive à rendre creux ce qui est pourtant plat, c’est en cela que c’est un être d’exception à mes yeux]

    Et surtout, en termes de critique du capitalisme et de perspectives politiques pour les exploités et les opprimés, le discours de Rabhi ne pisse pas plus loin que ce que n’importe quel pape moyen peut raconter dans un sermon qui ferait titrer aux journalistes des choses du genre « L’Eglise se place résolument aux côtés des pauvres ».

    Dans cette interview avec Jade Lingaard, jamais Rabhi ne prononce des mots comme « bourgeoisie », « classes sociales » ni même tout simplement « capitalisme ». Tout cela n’existe pas pour lui, il faut juste que chacun se serre un peu la ceinture et tout ira bien.

    D’ailleurs, en fait, pour être honnête, je crois à la réflexion que le Pape se préoccupe plus des inégalités sociales et des réalités du capitalisme que ne le fait Pierre Rabhi.

    Ce qui n’est pas très surprenant, parce qu’en fait Rabhi s’accommode très bien du capitalisme et du pouvoir de la bourgeoisie, ce qui doit expliquer pourquoi il est le « penseur » « radical » préféré des bourgeois et du show-bizz.

    Dans l’interview à Médipart, Rabhi nous dit :
    « L’argent, je ne le diabolise pas. On en a tous besoin, moi le premier. »
    Effectivement, on l’a vu dans la reportage de l’AFIS 07 à la ferme expérimentale des disciples de Rabhi : ils en ont besoin, d’argent, vu qu’ils ne produisent que très peu par eux-mêmes, malgré toute la main d’œuvre gratuite à leur disposition. Alors ils font payer les « stagiaires » qui viennent travailleur pour eux, et ils font appel aux dons. Et ce à une échelle semble-t-il très large. Parce que la sobriété heureuse de Rabhi, pour qu’elle puisse se répandre, il faut quand même que de riches mécènes plus heureux que sobres viennent lui donner un petit coup de pouce. Ainsi, comme les ventes des livres et des DVDs du gourou ne suffisent pas encore à mettre assez de beurre dans les épinards, il s’est créé une « fondation Pierre Rabhi » dont voici la liste des membres fondateurs ainsi que le comité exécutif :
    http://www.fondationpierrerabhi.org/fondateurs-et-structures-historiques.php

    Aux côté des éditions Actes Sud, on trouve donc d’abord Point Afriques Voyages et son PDG Maurice Freund. Oui oui, une agence de voyages qui organise des transports en avion [quelle horreur !!!!! Et le réchauffement climatique ? Et le repli sur le local ?] pour entre autres aller faire en Afrique des circuits en 4X4 [oh mon Dieu, pas le 4X4, non, pas ça !!!]

    Il y a aussi parmi les fondateurs Charles Kloboukoff, dont la « petite » entreprise résiste très bien à la crise, puisque Léa Nature surfe sur le créneau porteur des produits bio et qu’il est à la pointe du très classique processus de concentration du capital qui est actuellement à l’œuvre dans ce secteur florissant :
    http://www.agriculture-environnement.fr/dossiers,1/agriculture-biologique,54/la-concentration-dans-le-bio,940.html

    « Le 20 mai dernier, le géant du bio Léa nature a pris le contrôle total d’Ekibio, dont il détenait jusqu’alors 40% du capital. Désormais, le groupe de Charles Kloboukoff pèse donc plus de 200 millions d’euros et emploie près de 1000 personnes. Il devient ainsi l’un des leaders incontestés de la transformation des produits bio en France. (…). À l’horizon 2020, son futur holding, baptisé Groupe Léa Biodiversité (et qui réunira Léa Nature et Ekibio) devrait atteindre les 350 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec une part à l’international de près de 10 %, notamment vers l’Asie et le continent américain. »

    Le local, on vous dit, le local.

    La sobriété heureuse, qu’on vous dit, visez petit pour être épanouis, qu’on vous dit.

    Mais il y a de aspects du message de Rabhi que son bailleur de fonds a bien enregistrés, il faut arrêter de faire du mauvais esprit :

    « Avec une croissance continue oscillant entre 10 et 30% par an depuis dix ans, le groupe affiche une augmentation de son chiffre d’affaires de 11 % pour 2013.

    Bref, Charles Kloboukoff n’est pas vraiment un adepte de la décroissance ! En tout cas, en ce qui concerne ses propres affaires. Car le discours n’est plus du tout le même lorsqu’il s’agit, par exemple, de l’Afrique. Selon lui, ce continent ne doit pas profiter du développement que l’on connaît en Occident. « Le monde occidental qui a colonisé ce continent porte une grande responsabilité dans les dérives modernistes que rencontrent les peuples africains. Nous avons tout fait pour les couper de leurs racines et les éloigner d’une vie simple et authentique. Nous avons introduit des méthodes du soi-disant développement qui ne sont pas les leurs, et ainsi suscité des tentations destructrices. L’Afrique aurait très bien pu se passer du consumérisme occidental ! », estime le businessman, qui souligne qu’« heureusement, beaucoup d’Africains vivent encore dans le détachement et la simplicité matérielle ». Autrement dit, dans la pauvreté et la misère.

    « Je suis convaincu que les produits vivants, qui se développent par eux-mêmes en puisant dans la nature les nutriments dont ils ont besoin, sont plus profitables à l’Homme que les produits sous perfusion d’intrants chimiques », déclare l’homme d’affaires. Pour lui, « ce qui nous manque le plus, c’est cette capacité à écouter la part d’irrationnel en nous. ».

    Eloge du naturel et de l’irrationnel et apologie de la pauvreté (pour les autres surtout), la pensée Rabhi n’est pas trahie par la croissance du chiffre d’affaire et l’absence de diabolisation de l’argent dont on a évidemment tous besoin, et soi-même le premier.

    Ensuite, parmi les piliers de la Fondation Pierre Rabhi, il y a fort logiquement François Lemarchand, le fondateur de la chaîne de magasins bobos Nature et Découvertes – qui a aussi par ailleurs sa propre Fondation à son nom, évidemment. Si Bill Gates en a une, il n’y a pas de raison qu’il n’en ait pas. La fortune personnelle de François Lemarchand était estimée à 45 millions d’euros en 2009 [Source : Wikipédia, article sur le bonhomme]. Sans doute François Lemarchand ne fait-il que s’efforcer d’appliquer le bon conseil que donne Rabhi dans son interview à Médiapart :

    « Souvent je rencontre des jeunes qui me demandent comment vivre dans la simplicité, avec un simple lopin de terre. Je leur réponds : « Commencez par devenir millionnaires ! » La terre est devenue tellement chère. Le foncier fait partie des sujets à repenser. »

    En attendant de « repenser le foncier » [encore une formule creuse] et de cultiver son petit lopin de terre, François Lemarchand est déjà devenu multimillionnaire. On verra après pour la suite du projet....

    A ses côtés pour soutenir l’ « insurrection des consciences » du prophète Rabhi, on trouve également Jacques Rocher, héritier du groupe de cosmétiques Yves Rocher, rien que ça. Mais attention, Jacques Rocher est un écolo, et donc il utilise le profit de l’exploitation de ses employés et de la vente de ses produits très au-dessus de leur valeur réelle pour faire planter des arbres. C’est pas pareil.

    Enfin, le tableau des mécènes Fondateurs ne serait pas complet sans une authentique princesse héritière apparentée à la famille des Grimaldi du Rocher, la ci-devant « Constance de Polignac ». Lisez dans La Croix le récit merveilleux de la rencontre fructueuse entre la « princesse écolo » et le pauvre agriculteur algérien, c’est digne des meilleurs papiers de Gala ou des plus belles histoires de la collection Harlequin :

    http://www.la-croix.com/Actualite/France/Constance-de-Polignac-ou-les-aventures-d-une-princesse-ecolo-2013-06-19-97

    Après, c’est sûr, dans le registre « La bourgeoise et le jardinier », on a le droit de préférer « L’amant de Lady Chatterley », quand même... Pour leur part, Rabhi et Constance de Polignac ont ensemble développé un projet de rénovation d’un domaine de la famille en Bretagne. Il faut préciser toutefois, par rapport au récit de La Croix, que, comme toujours, quand il est écrit des choses comme « Ils ont rénové », il faut comprendre qu’ils ont apporté le pognon et/ou leurs envies, et que concrètement ce sont les travailleurs employés qui ont vraiment rénové le domaine et créé la valeur liée à son exploitation.

    Celle-ci se présente ainsi :
    « Outre son activité hôtelière familiale de haut niveau, Kerbastic est aussi une exploitation agricole et forestière où la préservation de la biodiversité et la production biologique sont une priorité absolue. On y a même fait l’acquisition d’une jument de trait »

    On peut-être sûr qu’avec l’application des méthodes agricoles de Rabhi, le pognon qui rendra l’ensemble viable ne viendra pas de la production agricole qu’on y fait mais des dépenses luxueuses de bien être et de divertissement de bourgeois qui se sont enrichis avec le travail des autres, ce qui est appelé par La Croix une « activité hôtelière familiale de haut niveau » [sobre et heureuse]

    Bref, avec tous ses bourgeois pleins aux as dans la Fondation Pierre Rabhi, il est probable que les membres fondateurs arrivent à donner les 325 000 euros sur les 5 premières années auxquels ils se sont engagés, afin de financer l’activité de Rabhi en synergie avec ses autres structures - comme il est indiqué dans la présentation de la Fondation.

    Tout le monde l’aura donc compris : le réseau de Pierre Rabhi est une des meilleures opportunités de Greenwashing pour des capitalistes qui aiment la nature. D’ailleurs, dans le Comité Exécutif de la Fondation Pierre Rabhi, aux côtés des habituels charlatans naturopathes et écomédecins, il y a l’incontournable Serge Orru, ancien dirigeant du W.W.F. France, qui a dû quitter ses fonctions dans l’ONG sous pression interne parce que ses méthodes faisaient quand même trop mauvais genre. Il avait notamment été publiquement enfoncé dans un entretien avec Elise Lucet pour l’émission Cash Investigation, spectacle réjouissant qui n’est malheureusement plus disponible en ligne depuis la suppression du lien sur Youtube.

    Mais soyons fair-play, et reconnaissons pour finir que Rabhi ne fait pas que récolter la charité de millionnaires pour financer les activités de son réseau de jardiniers incompétents. Il sait aussi donner de sa personne, et les supports de sa parole de type livres ou DVD se vendent sans doute bien et viennent compenser ce que l’activité (très peu) productive ne parvient pas à assurer. D’ailleurs, d’une certaine manière, la parole de Rabhi elle-même est d’or, au sens propre du terme. En effet, Rabhi peut aussi avoir des caprices de diva et sait monnayer ses prêches publics à leur juste valeur (à ses yeux). Par exemple, quand la mairie de Privas en Ardèche l’a sollicité en 2012 pour participer à la semaine du développement durable, il a dû décliner l’offre. Bien qu’il se sentait alors « dans l’optimum de [ses] compétences spécifiques » [= parler pendant des heures pour brasser du vide], il était appelé en d’autres lieux, notamment à l’international – le local, on vous dit, le local- , parce que, on s’en doute, il est très demandé. Ce qui est par contre plus surprenant dans la réponse faite par une collaboratrice de Rabhi aux solliciteurs privadois, c’est leur choix de ne faire participer Rabhi qu’à un événement « en mesure d’accueillir au minimum 600 personnes et qui soit bien relayée dans les médias. », avec comme conditions (toutefois négociables) de rembourser les frais de déplacement, hôtel et nourriture pour deux personnes [normal] en plus d’un cachet de.... 1000 euros ! [Source de l’information protégée, mais bon, la ville a été gérée par la gauche, alors....]

    Pour prendre la mesure de la chose, je précise que j’organise depuis des années dans la même ville des conférences avec des intervenants universitaires dont certains sont des pointures dans leur domaine, et avec tous infiniment plus de compétences spécifiques à leur optimum que n’en a jamais eues Pierre Rabhi. Et tous l’ont fait gratuitement, sans rechigner à causer dans un café devant 20 personnes, en étant quasiment toujours logé chez l’habitant, et alors que certains refusaient même [à mon grand désarroi] de se faire simplement prendre en charge leur repas.

    Rabhi, lui, en voisin ardéchois qu’il est, n’avait en gros qu’à franchir le col de l’Escrinet pour venir délivrer son préchi-précha vide de toute information concrète et qui ne demande donc aucun travail de préparation. Pour 1000 euros et devant 600 personnes minimum...

    Conclusion : L’interview de Médiapart avec Pierre Rabhi était titrée selon ses mots : « Le développement durable est une mystification ».

    Le développement durable, je sais pas.

    Mais ce dont je suis sûr, c’est que Pierre Rabhi est une mystification.

    #les_points_sur_les_i #appeler_un_chat_un_chat