• TLAXCALA : Brésil : les coursiers par application préparent une nouvelle grève pour le 25 juillet
    http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=29322

    Les coursiers des plateformes de livraison prévoient un nouvel arrêt de travail national pour le 25 juillet. L’action en faveur de meilleures conditions de travail poursuivra le mouvement connu sous le nom de Breque dos Apps (Coup de frein aux apps) qui a eu lieu pour la première fois le 1er juillet et a rassemblé des milliers de travailleurs dans plusieurs villes du pays.

    Parmi les revendications qui continuent d’être des lignes directrices prioritaires pour la grève, figurent une rémunération plus juste grâce à l’établissement d’un taux minimum par course plus élevé que le taux actuel, ainsi qu’un paiement équitable et standardisé entre les platesforme par kilomètre parcouru.

    La suspension immédiate des blocages de livreurs sans justification, qui selon les organisateurs de la grève sont souvent effectués par des entreprises telles que Rappi, Ifood, Loggi et UberEats, est également l’une des principales revendications.

    L’informalité en hausse

    Au milieu de la crise socio-économique aggravée par le coronavirus, de nombreux travailleurs informels ont cherché à se faire coursiers par applications pour essayer de s’assurer une certaine source de revenus. Ce service a été considéré comme une activité essentielle pendant la quarantaine.

    Selon les informations envoyées à notre journal par Rappi, la plateforme comptait environ 200 000 livreurs enregistrés en Amérique latine au mois de mars. Mais, avec le début de la pandémie, ce chiffre a augmenté de 111 %. IFood, pour sa part, a indiqué avoir reçu plus de 175 000 demandes d’inscription en mars de cette année. En février, les coursiers inscrits étaient 85 000.

    Malgré l’augmentation significative du nombre de travailleurs et l’offre de main-d’œuvre plus importante qui en a résulté, les taux n’ont pas été modifiés, ce qui a directement compromis le revenu des coursiers.

    Une étude récente du Réseau de études et de surveillance de la réforme du travail (Remir Trabalho) a montré que parmi les coursiers interrogés, 60,3 % ont signalé une baisse des salaires depuis la pandémie.

    27,6 % ont déclaré que le revenu s’était maintenu et seulement 10,3 % ont déclaré qu’ils gagnaient plus d’argent. L’enquête a permis d’interroger 252 personnes de 26 villes entre le 13 et le 20 avril par un questionnaire en ligne.

    #Nouvelle_domesticité #Brésil #Plateformes #Livraison #Grève

  • Coquillettes au #Jambon
    https://cuisine-libre.fr/coquillettes-au-jambon

    Pour les petits et les grands ! Mettre une grande casserole d’eau salée à bouillir. Jeter les coquillettes dans l’eau bouillante et cuire le temps indiqué sur l’emballage, en remuant régulièrement avec une spatule en bois pour éviter qu’elles se collent. Pendant ce temps, couper le jambon en gros dès.

    Râper le fromage. Égoutter les #Pâtes dans une passoire adaptée. Verser dans le plat de service avec le beurre. Ajouter le jambon et mélanger. Servir aussitôt, bien chaud, avec le fromage.

    Poivrer légèrement… Pâtes, #Plats_de pâtes, Jambon / #Bouilli

  • La pieuvre Microsoft et nos données de santé
    https://lundi.am/pieuvre-microsoft

    Sous couvert de lutte contre l’épidémie et d’état d’urgence sanitaire, le gouvernement a donné le coup d’envoi à son projet de méga plateforme de données de santé hébergée chez Microsoft. Petite plongée dans l’intelligence artificielle en médecine avec le collectif inter-hop qui depuis le début du projet milite contre cette plateforme géante et pour une utilisation autonome des données de santé à échelle humaine. Source : Lundi matin

  • Politiques du non-accueil en #Tunisie : des acteurs humanitaires au service des politiques sécuritaires européennes

    « La réponse est claire : c’est non […] Nous n’avons ni les capacités ni les moyens d’organiser [des] centres de rétention » [1]. C’est par ces mots qu’en juin 2018, Tahar Chérif, ambassadeur tunisien auprès de l’Union européenne, réitérait le refus de la Tunisie d’accueillir sur son sol des camps où seraient « stocké·e·s » les migrant·e·s dont l’Union européenne ne veut pas. Ce refus faisait suite à la proposition de la Commission européenne d’installer en Afrique du Nord des « plateformes de débarquement » pour les migrant·e·s secouru·e·s dans les eaux internationales, faute d’accord entre les États européens pour se répartir la charge de leur accueil, alors que l’Italie annonçait la fermeture de ses ports. Mais si la Tunisie, aux côtés des autres pays africains, rejetait haut et fort le plan de la Commission et continuait à soutenir que jamais elle ne consentirait à devenir le garde-frontières de l’Union européenne, cela fait en réalité longtemps qu’elle accepte divers outils destinés au contrôle des migrant·e·s d’Afrique subsaharienne [2] sur son territoire. Après l’échec de l’approche régionale des plateformes de débarquement, l’Union européenne semble avoir pris le parti de mettre en place des #arrangements de #contrôle_migratoire fragmentés et progressifs, dont la Tunisie est le candidat privilégié. À mesure que la situation sécuritaire en Libye se dégrade [3], elle semble en effet devenir la nouvelle cible de la stratégie européenne d’#externalisation_des_frontières, et accumule progressivement les ingrédients qui tendent à la transformer en #zone_de_contrôle_migratoire.

    Mais si la Tunisie offre une meilleure image en termes d’accueil pour ces populations migrantes que la Libye, l’expérience vécue par les migrant·es semble tout autre. « Vivre en Tunisie, ce n’est plus possible. Je dois repartir en Libye ». En ce début d’année 2020, cette phrase est dans la bouche de plus en plus de personnes migrantes, pourtant venues trouver refuge en Tunisie après leur expérience libyenne. Alors qu’en Libye les affrontements reprennent de plus belle, comment peut-on donc expliquer que des dizaines, voire des centaines de personnes quittent un pays en paix et ayant la réputation d’être plus ou moins hospitalier [4], pour un pays en plein chaos et extrêmement dangereux pour elles ? C’est de cette question et du constat répété du « #non-accueil » des personnes migrantes sur le sol tunisien qu’est partie cette recherche de trois mois sur les politiques de gestions des migrations en Tunisie.

    Le présent rapport tente de documenter ces politiques de « non-accueil », tout en les inscrivant dans le contexte plus large des politiques d’externalisation des frontières de l’Union européenne et en accordant une attention particulière à la manière dont ces politiques, dans le contexte tunisien, mêlent étroitement registres #humanitaire et #sécuritaire.

    Ce rapport a été réalisé entre octobre et décembre 2019 en partenariat entre le Forum Tunisien des Droits Économiques et Sociaux et le réseau euro-africain Migreurop. Il s’appuie sur plus de 90 entretiens avec des personnes migrantes (35 entretiens avec des exilé·e·s basé·e·s en Tunisie représentant 16 nationalités différentes), et des représentant·e·s d’organisations et d’organismes locaux et internationaux, ainsi qu’avec des chercheurs et chercheuses, et des journalistes.

    http://www.migreurop.org/article2992.html

    Pour télécharger le rapport :
    http://www.migreurop.org/IMG/pdf/politiques_du_non-accueil_en_tunisie_f.pdf

    #rapport #asile #migrations #réfugiés #Migreurop #externalisation #centres_de_rétention #rétention #camps #détention_administrative

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    Sur les #plateformes_de_désembarquement :
    https://seenthis.net/messages/703288

    #disembarkation_paltforms #plateformes_de_débarquement

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    Ajouté à la métaliste sur l’externalisation :
    https://seenthis.net/messages/733358#message768701

    ping @_kg_ @isskein

  • Graines de Troc, une autre façon de s’échanger graines et savoir-faire
    http://grainesdetroc.fr/index.php

    C’est une plate-forme en ligne où chacun peut proposer et échanger ses graines, en constituant tous ensemble une collection commune. Chaque envoi de graines permet d’obtenir un jeton et donne la possibilité de choisir parmi les variétés de la collection.

    Le troc, c’est l’occasion de partager nos richesses et de faire l’expérience d’un autre mode d’échange.

    C’est celle aussi de sortir nos graines des placards. Toutes ont leur place : les variétés introuvables mais aussi les plus communes, les anciennes et pourquoi pas d’étonnantes inconnues.

    Avec ces gestes simples, vous défendez ce que nos ancêtres nous ont transmis. Nous soutenons les collectifs qui se mobilisent pour défendre la biodiversité cultivée, contre ceux qui confisquent le vivant et l’uniformisent à outrance.

    Il s’agit également de relayer les indispensables trocs locaux, et de les connecter dans une dimension un peu plus grande.

  • Der kontrollierte Bankrott
    https://www.wiwo.de/politik/europa/tauchsieder-der-kontrollierte-bankrott/25852412.html

    Cet article décrit quelques raisons de la nouvelle politique économique et financiaire des représentants de la classe capitaliste de France et d’Allemagne. Il la compare à la situation à la fin du dix huitième siècle et tire une conclusion banale : la classe capitaliste fera payer quelqu"un d’autre. Enfin, c’est ce qu’on peut lire entre les lignes de l’article.

    23.5.2020 von Dieter Schnaas Textchef und Autor der WirtschaftsWoche

    Unser Wirtschaftssystem floriert auf der Basis des Ruins. Die aufgeschobene Insolvenz ist seine Geschäftsgrundlage. Schulden werden nicht mehr getilgt, sondern mit neuen Schulden ins Unendliche verlängert. Wie lange kann das gutgehen? Ein Blick in die Wirtschaftsgeschichte liefert Antworten.

    Bundeskanzlerin Angela Merkel und Staatspräsident Emmanuel Macron haben in dieser Woche ihre „deutsch-französische Initiative zur wirtschaftlichen Erholung Europas nach der Coronakrise“ vorgestellt. Danach soll die EU, über bereits beschlossene Hilfsmaßnahmen hinaus, einen 500 Milliarden Euro schweren „Wiederaufbaufonds“ einrichten. Das Prinzip: Brüssel leiht sich Geld an den Finanzmärkten – und verteilt es in Form von zweckgebundenen Zuschüssen an besonders betroffene Branchen, Regionen und Länder. Deutschlands Anteil an dem Programm liegt, entsprechend dem deutschen Anteil am EU-Haushalt (27 Prozent), bei 135 Milliarden Euro. Die Rückzahlung der Schulden soll aus dem EU-Haushalt erfolgen und sich über 20 Jahre erstrecken.

    Aber handelte es sich im Fall einer Rückzahlung der Schulden tatsächlich um Zuschüsse? Klar ist: Die Kredite stellen eine gemeinsame Verbindlichkeit aller EU-Länder dar, für deren Günstigkeit und Güte vor allem solvente Länder wie Deutschland bürgen. Das kommt stark verschuldeten Volkswirtschaften, von deren Bonität die privaten Gläubiger nur noch begrenzt überzeugt sind, zu gute. Insofern stellen die niedrigen Zinsen der Anleihen bereits indirekt einen Zuschuss Deutschlands an andere Länder dar.

    Klar ist aber auch: Nur wenn die Hauptempfänger am Ende weniger zurückzahlen als sie erhalten, kommen sie in Genuss von Zuschüssen, nicht Krediten. Es sei denn, die Rückzahlung der Schulden erstreckt sich nicht über 20 Jahre, sondern die Schulden werden beizeiten mit neuen Schulden beglichen, also gleichsam ad infinitum, ins Unendliche verlängert.

    Wahrscheinlich ist das der Kern des Kompromisses zwischen den Regierungszentralen in Deutschland und Frankreich: Merkel kann die Hilfen den Deutschen (mit Mühe) als Kredit verkaufen, Macron den Franzosen (mit Stolz) als Zuschuss – und beiden gemeinsam ist, dass sie vor allem Zeit kaufen, wieder einmal: Die aufgeschobene Insolvenz ist spätestens seit der Finanz- und Eurokrise die Geschäftsgrundlage unseres Wirtschaftssystems, der kontrollierte Bankrott sein konstitutives Element. Neu ist allein, dass es seit der Coronakrise niemanden mehr gibt, der diese Elementartatsache zu bemänteln versucht: Der finanzmarktliberale Staatsschuldenkapitalismus floriert paradoxerweise auf der Basis seines Ruins.

    Der Ökonom Jens Südekum hat sich in einem Beitrag für das Handelsblatt zuletzt glasklar ausgedrückt: Wir müssen die explodierenden „Staatsschulden… einfach hinnehmen“. Und es stimmt ja auch: Ohne Stimuli der Regierungen und Notenbanken würde die Weltwirtschaft jahrelang „in einem deflationären Labyrinth feststecken“. Was es daher brauche, so Südekum weiter, seien Steuersenkungen, öffentliche Investitionen – und Schulden, die „möglichst langfristig finanziert und durch permanentes Überwälzen – also die Ausgabe neuer Anleihen zur Bedienung der alten – immer weiter in die Zukunft geschoben werden“. Südekum glaubt, die Industriestaaten könnten auf diese Weise, vor allem dank strukturell niedriger Zinsen, „aus dem Schuldenproblem der Coronakrise einfach herauswachsen“ – ihre Kreditprobleme im Wege der Geldschöpfung, „offiziell und unbegrenzt“, lösen.

    Doch was, wenn die Zinsen nicht niedrig blieben? Wenn die Notenbanken aufhörten, unaufhörlich Geld zu schöpfen, den Preis des Geldes künstlich niedrig zu halten? Nun – dann kollabierte das Geldsystem. Daran haben die Akteure an den Finanzmärkten ersichtlich kein Interesse. Sie müssten dasselbe Geldsystem beargwöhnen, das vor allem sie prämiert: ein Geldsystem, das ihre Vermögen schützt und von allen Erschütterungen des realwirtschaftlichen Lebens abschirmt. Die „Stabilität“ der Indizes weltweit beweist es: Die Aufgabe der Finanzmärkte besteht nicht mehr wie ehedem darin, der Wirtschaft als ihr Seismograf über sich selbst Auskunft zu verleihen, sondern darin, dass das Geld der Vermögenden sich in ihnen möglichst unbegrenzt vermehren kann. „Die Börse“ ist in diesem System kein Markt der Märkte mehr, in denen die Wirtschaft sich selbst den Puls fühlt, sondern eine Geldmaschine, die darauf programmiert ist, alle Verbindungsreste zur schwach wachsenden Realwirtschaft zu kappen. Das „interessierte Geld“ institutioneller Anleger sammelt sich als „Marktkapitalisierung“ zusehends in den wenigen wachstumsstarken The-Winner-takes-it-all-Unternehmen des spätmodernen Plattformkapitalismus und forciert damit seinerseits die Konzentration der Wirtschaft und Vermögen – auf Kosten des Wettbewerbs und der Nicht-Besitzenden: Amazon ist heute mehr wert als alle 30 Dax-Titel zusammen – und hält viele seiner Mitarbeiter gern besonders kurz.

    Und die nominell unabhängigen Notenbanken? Die sind in diesem Spiel längst zu Durchführungsagenturen einer in Washington, Berlin und Brüssel abgemischten Rettungspolitik verkommen – dazu verdonnert, immer neues Fiatgeld in das zu pumpen, wofür früher einmal das Wort vom „gesunden Wirtschaftskreislauf“ zur Verfügung stand. Der Kulturwissenschaftler Joseph Vogl spricht zu Recht von „Souveränitätsreservaten eigener Ordnung“, in denen Staaten, Notenbanken und Finanzmärkte informell miteinander verflochten sind und operieren: von einer „exekutiven Macht“ ohne Mandat, die sich im Rahmen „einer allgemeinen Notstandsmentalität“ formiert hat. Sie wirkt als „vierte Gewalt“, in der „Stabilitätsmechanismen“ und „Hilfsfonds“ unklare Interessen von Bürgern, Anlegern und Steuerzahlern vertreten, Finanzmärkte als Agenturen überschuldeter Steuerstaaten auftreten und Notenbanken beliebig Billiggeld verteilen, damit klamme Staaten für klamme Banken geradestehen, die für klamme Staaten geradestehen.

    Wie lange kann das gutgehen? Und: (Wie) kommen wir aus dieser Nummer jemals wieder raus? Die gute Nachricht ist: Es kann lange gutgehen. Die Schlechte: Es wird schmerzvoll. Das zeigt ein kleiner, unbedingt lohnender Ausflug in die Wirtschaftsgeschichte.

    Lernen vom England des 18. Jahrhunderts

    Am 26. Februar 1797 wird die Bank of England per Kabinettsorder und Parlamentsbeschluss von der Verpflichtung befreit, Banknoten in Münzgeld zu wechseln und damit eine Deckung des umlaufenden Papiergelds zu garantieren. Es ist ein Schock. Die Geldreserven der Bank sind nach dem Krieg zwischen England und Frankreich erschöpft; einem Barvermögen von 1,27 Millionen Pfund steht ein Notenumlauf von 8,64 Millionen Pfund gegenüber – die Bank ist zahlungsunfähig. Statt jedoch Konkurs anzumelden, weil sie die (potenziellen) Forderungen ihrer Gläubiger nicht mehr (alle zugleich) bedienen kann, ruft die Bank kurzerhand eine bank-restriction aus, ein Konversionsverbot für Banknoten. Und siehe da: In den nächsten Tagen und Wochen zeigt sich, dass der pure Glaube an das neue Schein-Geld Berge versetzen kann. Die faktische Insolvenz bleibt folgenlos. Die Banknoten zirkulieren munter weiter – im bloßen Vertrauen darauf, dass das Papiergeld bis zum erhofften Widerruf der Bankeinschränkung seinen Wert behält und die Bank zwischenzeitlich genügend Kapital aufbaut, um die Notenausgabe künftig wieder auf den Betrag des Bankkapitals beschränken zu können.

    Das Geld, zweieinhalbtausend Jahre lang gesetzlich beglaubigter Träger seines Wertes (Münz-Geld), verliert damals buchstäblich seinen (Ge-)Halt – und wird Geld allein dadurch, dass die Bank für es bürgt – ein ungeheuerlicher Vorgang, der bereits von den Zeitgenossen als Weltbegebenheit gefeiert und zugleich als zutiefst beängstigendes Ereignis wahrgenommen wird, als alle Stabilität, Dauerhaftigkeit und Sicherheit buchstäblich erschütternder Epochenbruch, allenfalls vergleichbar mit dem Erdbeben von Lissabon (1755).

    Der Skandal der britischen Geldrevolution besteht aber nicht nur in der Entmaterialisierung des Geldes, sondern vor allem in seiner künstlichen „Verlängerung“ als Vorschuss, Kredit und Schuld, in seiner „Verdopplung“ als Bargeld und Obligation: Die neue Banknote ist Geld und Anti-Geld zugleich. Bisher war Papiergeld als Zahlungsmittel ja überhaupt nicht in Umlauf. Als Zahlungsversprechen (Wechsel) entsprach es einem Schuldschein – und das Vertrauen in diese „Quittungen“, „Noten“, „Billets“ und „Zettel“, die als goldsmith notes bei Goldschmieden, später dann bei Banken, eingelöst wurden, beruhte eben darauf, dass sie jederzeit durch Kurantmünzen und Edelmetallbarren abgesichert waren – und dass der Souverän für ihre Annahmepflicht bürgte. Mit dem Referenzverlust des Papiergeldes stellt sich nun die bange Frage, ob die Weigerung der Bank, das Metallgeld auszuzahlen, nicht das gleiche bedeutet wie die Weigerung der Bank, überhaupt (jemals) zu zahlen – und das Wunder der bank-restriction besteht darin, dass der Anspruch auf Einlösung eines Schuldtitels ohne Bedeutung ist, sofern man sich einig ist, den Anspruch (vorerst) aufzugeben – und das Zahlungsversprechen einfach weiter reicht. Es ist ziemlich exakt das, worum es in der Forderung nach einer „Verewigung von Schulden“ auch in diesen Wochen geht: um eine Ausweitung der Geldschöpfung, die das Band wechselseitiger Abhängigkeit stärkt.

    Zu den problematischen Folgen dieser monetären Umformatierung damals gehört, dass sich Schuld und Schulden nicht mehr eindeutig zurückverfolgen lassen, dass sich Zahlungsketten fiktionalisieren. Bereits Adam Smith weiß von Schuldnern zu erzählen, die ihre Schulden durch immer neue Schulden bezahlen – was bei Fälligkeit und Präsentation der Wechsel zwangsläufig zu einer Serie von Bankrotten führen müsse – irgendwann. Denn einerseits sind die Zahlungen „völlig fiktiv“ so Smith, weil „der Strom, den die umlaufenden Wechsel aus den Tresoren der Banken fließen ließen, niemals durch einen anderen ersetzt [wurde], der tatsächlich wieder dorthin zurücklief“. Andererseits gilt: „Selbst wenn alle zahlungsunfähig werden…, was durchaus wahrscheinlich ist, wäre es doch reiner Zufall, falls sie es innerhalb kurzer Zeit würden.“ Hellsichtig erkennt Smith, dass sich mit dem neuen Papiergeld eine neue Pumpwirtschaft und mit der neuen Pumpwirtschaft eine neue Mentalität der Sorglosigkeit ausbreitet: „Das Haus ist zwar baufällig und wird nicht mehr lange stehen, sagt sich ein müder Reisender, aber es wäre schierer Zufall, wenn es gerade heute Nacht einstürzte; ich will es daher wagen, darin zu übernachten.“

    Schöner kann man es auch heute nicht ausdrücken. Denn das ist der Kern: Die Genialität der Bank of England besteht nicht etwa darin, die eklatante Deckungslücke des neuen Papiergeldes zu verheimlichen, sondern darin, sie zur offiziellen Geschäftsgrundlage zu erklären: in der offiziellen Verzeitlichung der Einlösepflicht – in dem frechen Versprechen, eine Kompensation der umlaufenden Schulden nicht etwa anzustreben, sondern vorerst auszuschließen. Nur weil es als Schein-Haftes zirkuliert, als Geld und Schuld zugleich, steigt es zum schuldenfrisierten Hybridmotor der Wirtschaft auf. Nur weil alles Gold und Silber der Welt nicht ausreicht, die Ansprüche aller zu befriedigen, die dieses Gold und Silber auf einmal begehren, ist es zugleich Ausgleich und dauernder Anspruch, Bargeld und ständige Forderung, Zahlungsmittel und ewiges Versprechen – zugleich money and claim, ein monetärer Verschnitt seiner Geld- und Krediteigenschaften, ein zur Einheit aus Bonität und Zahlungsunfähigkeit verdichteter Widerspruch, der seinen Nutzern einen unendlichen Aufschub einräumt: Jede Zahlung eröffnet die Aussicht auf eine anschließende Zahlung; und jedes Zahlungsversprechen hat immer weitere, also prinzipiell unabschließbar viele Zahlungsversprechen zur Folge…

    Eine Kompensation der umlaufenden Schulden ist in diesem Geldsystem explizit nicht mehr gewünscht – und seine Stabilität besteht einzig und allein darin, dass jeder in ihm auf den anderen verwiesen ist, weil er weiß, dass das, was er (nicht) besitzt, immer auch von allen anderen (nicht) besessen wird. Der kontrollierte Bankrott wird dadurch gleichsam mitlaufend zur Institution der neuen Scheinwirtschaft, die aufgeschobene Insolvenz zu ihrem konstitutiven Faktor, die systematische Verschuldung zu ihrem mitlaufenden Credo. Ganz so wie heute.

    Und – wie geht die Geschichte aus? Damals gut. Die bank-restriction endet vor exakt 200 Jahren mit der sogenannten Peel’s Bill, der sukzessiven Rückkehr Großbritanniens zum Goldstandard, der Rettung des werthaltigen Geldes. Der konservative Staatsmann und spätere Premier Sir Robert Peel setzte die Reform damals durch – gegen den Widerstand von Finanziers, Industriellen und Spekulanten, die, damals wie heute, zu den größten Profiteuren der Geldexpansion zähl(t)en.

    Und heute? Heute sind Staatschefs und Finanzmarktakteure so stark aufeinander angewiesen, dass eine Lösung unmöglich scheint, weil jede weitere Krise weitere Notfallmaßnahmen erfordert – und das Schuldenproblem dadurch zugleich verzeitlicht und verschärft wird. Geschichte wiederholt sich nicht, klar. Aber ihre Episoden enden ganz sicher – irgendwann. Auch die Episode der „ewigen Schulden“.

    #capitalisme #crise #histoire #spéculation #dettes #fiat_money #amazon #gafam #platform_capitalism #Europe

  • Amazon aurait utilisé des données de vendeurs tiers pour lancer des produits concurrents
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/23/amazon-aurait-utilise-des-donnees-de-vendeurs-tiers-pour-lancer-des-produits

    C’est une révélation très gênante pour Amazon : des employés du leadeur mondial de l’e-commerce ont accédé à des données sur les ventes de produits commercialisés sur sa plate-forme par des vendeurs tiers, avant de lancer des articles concurrents sous des marques d’Amazon.

    Les faits, exposés par le quotidien américain Wall Street Journal, jeudi 23 avril, contredisent le discours toujours tenu par l’entreprise de Jeff Bezos. L’affaire accrédite certains soupçons des autorités de la concurrence. Amazon affirme, lui, que les pratiques décrites sont contraires à sa politique et annonce une enquête interne.

    Le Wall Street Journal affirme avoir interviewé une vingtaine d’employés et ex-salariés du service chargé de lancer des produits pour les marques créées par Amazon et regroupées sous le label Amazon Basics, un catalogue de 243 000 articles. Sur le site d’Amazon sont également proposés des produits d’autres entreprises, sur lesquels la plate-forme prélève une commission (la « marketplace »), et des produits d’autres marques qu’Amazon achète et revend directement.
    Offres concurrentes

    Amazon dispose donc d’informations concernant des produits concurrents. Le Wall Street Journal cite le cas précis de Fortem. Cette PME new-yorkaise a lancé, en octobre 2016, un casier de rangement pour coffre de voiture qui a connu un grand succès dans sa catégorie. Un employé d’Amazon a produit un rapport listant 25 informations différentes sur cet article, dont son prix moyen sur douze mois, la commission d’Amazon, les dépenses de la marque en publicité sur la plate-forme ou les coûts de livraison, détaille le journal.

    Ces informations ont aidé Amazon à positionner une offre concurrente : en octobre 2019, Amazon Basics a lancé trois casiers proches de celui de Fortem. Le Wall Street Journal mentionne un scénario similaire avec les coussins de chaise de bureau de la marque Upper Echelon Products.

    Ce genre d’utilisation d’informations sur un produit précis est « une procédure standard » dans l’élaboration des nouveautés des marques d’Amazon, raconte l’employé qui a transmis les données sur Fortem. Un autre ex-salarié affirme que les cadres d’Amazon qui tirent profit de ce genre de données concurrentielles ont conscience que ce n’est pas autorisé officiellement. Amazon assure d’ailleurs que les pratiques de ces employés enfreignent ses règles internes.

    Pourtant, Amazon a toujours assuré qu’il y avait une forme de « muraille de Chine » interne qui séparait le département des vendeurs tiers de celui de ses propres marques, avec des équipes et des statistiques séparées. L’entreprise a toujours soutenu qu’elle n’utilisait jamais de données sur un vendeur ou un article précis, mais plutôt des informations « agrégées » sur une catégorie d’articles ou des données publiques disponibles sur le site, comme les « meilleures ventes ».
    Procédures

    Jeff Bezos a récemment réfuté les accusations de pratiques anticoncurrentielles en utilisant l’argument suivant : si Amazon favorisait systématiquement ses propres marques, la part des ventes réalisées par les vendeurs tiers sur la plate-forme n’aurait pas crû régulièrement pour atteindre aujourd’hui 58 % de son chiffre d’affaires. En comparaison, les produits Amazon Basics ne représenteraient que 1 % des ventes.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Rachat d’entreprises, données, plates-formes : quelles nouvelles règles pour les GAFA ?

    Il n’empêche, l’affaire tombe mal pour Amazon. En effet, la pratique décrite correspond précisément au soupçon principal des autorités « antitrust ». La commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, a officialisé, en juillet 2019, une enquête sur l’utilisation des données des vendeurs tiers sur la plate-forme.
    Lire aussi La Commission européenne va enquêter pour savoir si Amazon « respecte les règles de concurrence »

    Aux Etats-Unis, le régulateur du commerce, la Federal Trade Commission, a, elle aussi, lancé une procédure visant Amazon, dont les données sont un point important. La plus fervente avocate du « démantèlement » des grandes plates-formes numériques, l’ex-candidate à l’investiture démocrate Elizabeth Warren, utilisait précisément cet argument : on ne peut pas être opérateur d’une plate-forme de vente et y proposer ses propres produits, car cela génère un conflit d’intérêts, expliquait-elle.

    Alexandre Piquard

    #Amazon #Anti_trust #Concurrence #Plateforme

  • Crise sanitaire et reproduction sociale : Les plateformes en embuscade, Niels van Doorn, Eva Mos & Jelke Bosma – Agitations
    https://agitationautonome.com/2020/04/17/crise-sanitaire-et-reproduction-sociale-les-plateformes-en-embusc

    Les temps sont durs dès maintenant pour la plupart des gens, et ils vont probablement s’empirer à l’avenir. Même lorsque la pandémie mondiale causée par le COVID-19 sera maîtrisée, les conséquences de cette crise sanitaire risquent d’avoir un impact dévastateur sur nos économies nationales et locales, et ce pour des années. Toutes et tous ne seront cependant pas touché·es de la même manière et dans les mêmes proportions. Comme nous avons déjà pu le constater, le coronavirus met brutalement en lumière des inégalités de longue date en termes de revenus et de répartition des richesses. Certains disposeront des ressources (temps, espace, capital, influence, etc.) leur permettant de faire face à cette crise, voire d’en tirer profit, tandis que beaucoup d’autres, qui ne bénéficient pas de ces ressources, se battront pour leur survie et conserver leurs moyens de subsistance. À bien des égards, le Covid-19 renforce et amplifie ces inégalités et les mènera en définitive à un point de rupture. Un point que les gouvernements – même conservateurs – ont tenté d’éviter en instaurant des mesures de sauvetage économique.

    Il est important de noter, comme le montrent nos recherches, que la plateformisation actuelle du marché du #travail et des moyens de subsistance répond à une logique similaire (bien que moins drastique) de renforcement et d’amplification. Bien que le terme « disruption » soit galvaudé et qu’il décrive peut-être mal les effets économiques et sociaux exercés par des #plateformes comme Uber, Airbnb ou Deliveroo à l’échelle mondiale et locale, nous pensons néanmoins que l’on peut sans risque affirmer que nombre de ces effets sont conséquents. Les plateformes réorganisent la façon dont les gens travaillent et gagnent leur vie, mais aussi la façon dont les citoyens et leurs gouvernements gèrent et prennent en charge les autres – et elles le font d’une manière que nous n’avons pas encore comprise. Apparues dans le sillage de la récession de 2008, elles contribuent à accentuer la répartition inégale des opportunités et des risques (selon la classe, le genre, la race et la nationalité), alors même qu’elles prétendent renforcer l’autonomie des travailleur·ses.

    Pourtant, ces dernières semaines, il est devenu évident que le Business as usual ne tient plus pour ces entreprises (qui n’existent évidemment pas en vase clos), car elles sont non seulement confrontées à de nouveaux défis, mais doivent aussi saisir les opportunités qui naissent de la crise actuelle. Entre-temps, nous voyons apparaître toutes sortes de nouvelles initiatives locales reposant sur ce système de plateformes, animées par des réseaux de citoyens et d’organisations publiques et privées visant à aider les membres les plus vulnérables de leurs communautés. Dans ce billet de blog en trois parties, nous nous appuyons sur les derniers résultats de nos projets de recherche respectifs ainsi que sur différents témoignages d’actualité afin de donner un aperçu de la manière dont le COVID-19 affecte l’organisation du travail et la reproduction sociale des plateformes dans les pays du Nord. La première partie, cet article, traite de la Gig economy et des plateformes à la demande (voir également ces articles essentiels de la Fondation FairWork et du projet de recherche Platform Mobilities – ce dernier en allemand) ; la deuxième partie abordera les conséquences pour Airbnb et les autres plateformes de location à court terme ; enfin, la troisième partie traitera des initiatives de base qui mobilisent les modèles et les technologies des plateformes dans le secteur social pour lutter contre la crise du coronavirus. Les deux parties suivantes seront donc publiées ultérieurement sur le site Platform Labor.

  • Tribune de la faim. « Privés de jobs, cloîtrés, les étudiants les plus démunis sont tenaillés par la faim et l’angoisse »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/15/universite-prives-de-jobs-cloitres-les-etudiants-les-plus-demunis-sont-tenai

    Ils et elles sont des milliers actuellement confinés dans des conditions dramatiques, dénoncent dans une tribune au « Monde » plus d’un millier d’universitaires.

    Tribune. La faim. Vous avez bien lu. C’est elle qui menace les étudiants restés confinés dans les logements de leur centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) ou dans leurs studios de location. Depuis un mois déjà, restaurants universitaires, épiceries solidaires et autres relais d’alimentation habituels ont fermé leurs portes. Les campus déserts prennent l’allure de no man’s land.

    Les étudiants qui le pouvaient ont rejoint leur famille. Mais pas les étrangers, pas ceux qui vivent loin de leurs proches ou « en rupture de ban », pas les précaires enfin. Tous ceux-là sont restés isolés, parfois sans connexion Internet, voire sans ordinateur – à plusieurs kilomètres du premier supermarché, s’il peut encore leur être utile. Privés de leurs jobs étudiants, ils n’ont d’autre choix que de rester cloîtrés, tenaillés par la faim. La faim et l’angoisse. Celle qui naît du sentiment d’avoir été oublié de tous.

    Comment en sommes-nous arrivés là ? Les Crous se félicitent d’avoir adopté des « dispositifs d’urgence » : distributions de bons d’achat dématérialisés, prises de contact par téléphone, mises à disposition de paniers repas… En réalité, tributaires de leurs méthodes de recensement et d’évaluation sociale, de tels dispositifs ont moins apaisé la faim que la mauvaise conscience.

    La mobilisation de la société civile

    Leurs rouages se sont empêtrés dans des monceaux de formulaires et de pièces justificatives, interdisant à nombre d’étudiants d’accéder aux soutiens auxquels ils ont droit. Aux lourdeurs administratives et au manque de moyens, humains et financiers, s’est ajoutée l’absence d’information claire et accessible : serveurs saturés, standards téléphoniques occupés, aucun affichage papier sur les campus, assistantes sociales en sous-effectif…

    Pis, loin de prendre la mesure de l’urgence, le Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous) aggrave les conditions de vie des plus vulnérables en exonérant de loyer seulement les étudiants qui ont pu regagner leur foyer familial. Tous ceux qui n’ont pu faire autrement que de rester sont mis en demeure de payer. Or, ce sont précisément les plus démunis, ceux que le confinement plonge dans la déréliction.

    Face à cette incurie, la société civile s’est mobilisée. Sur le campus bordelais, par exemple, un collectif composé d’étudiants, de doctorants et de maîtres de conférences s’est constitué pour venir en aide aux étudiants. Grâce aux dons recueillis en ligne, le collectif « Solidarité continuité alimentaire Bordeaux » a livré près de 800 colis alimentaires, sur environ 950 demandes enregistrées. Son action courageuse, menée dans le respect des mesures sanitaires, a été couverte par la presse.

    Besoin d’une aide d’urgence organisée par le gouvernement

    Des actions comparables prennent forme ailleurs. Comble de malchance, la cagnotte en ligne ouverte par le collectif a été bloquée, le gestionnaire du site arguant de mesures de sécurité. Ce blocage a contraint les bénévoles à œuvrer sur leurs deniers personnels, puis à suspendre leurs activités, le 10 avril. Depuis, les demandes continuent d’affluer, sans aucune réponse possible. Certains étudiants ont maintenant passé plusieurs jours sans manger…

    Ce qui est fait pour les sans-domicile-fixe et dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ne l’est toujours pas pour ces invisibles. Question aux universités : pourquoi n’ont-elles pas débloqué d’urgence leurs fonds de solidarité étudiants ? Même si certaines universités ont déjà mis en place des actions d’aide sociale, elles ne sauraient, vu l’ampleur des besoins, se substituer à une aide d’urgence organisée par le gouvernement.

    Quand les pouvoirs publics responsables ne répondent plus et que les bonnes volontés sont dans l’impasse, comment éviter l’escalade ? Isolés, sous-alimentés, incapables de payer leur loyer, a fortiori de continuer d’étudier, certains ont perdu tout espoir. Comment les empêcher de craquer ? Des cas de suicide ou de décès sur les campus ont été déjà été signalés dans la presse. Ces tragédies augurent-elles de la catastrophe à venir ? Que faire pour empêcher le pire d’arriver ?

    Porter assistance aux étudiants

    Les solutions ne peuvent venir que des responsables au plus haut niveau : ceux qui ont entre leurs mains le pouvoir de décider. Autrement dit, le Cnous et le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, dont il dépend. C’est à eux qu’il revient d’agir vite, c’est eux que nous interpellons !

    Nous proposons les mesures suivantes : l’annulation immédiate de tous les loyers Crous ; la simplification et l’accélération de toutes les procédures d’aide alimentaire, financière, et informatique, associée à une communication sur le terrain ; la mise en œuvre d’une assistance psychosociale adaptée ; enfin, et il s’agit du simple bon sens, la subordination de la « continuité pédagogique » à la certitude de pouvoir manger à sa faim.

    Car exiger d’étudiants qu’ils continuent d’apprendre et d’être évalués le ventre vide n’est pas seulement absurde, mais cruel et inhumain. C’est ajouter à la peur du lendemain l’angoisse d’échouer. Face à cette pression intolérable, c’est la vie de milliers d’étudiants qui est aujourd’hui menacée. Comme notre président s’y est engagé dans son allocution du 13 avril, il revient au gouvernement de leur porter assistance. Maintenant.

    Premiers signataires : Etienne Balibar, professeur émérite de philosophie politique, université Paris-10-Nanterre ; Ludivine Bantigny, maîtresse de conférences en histoire contemporaine, université de Rouen ; Marc Crépon, directeur de recherches en philosophie, CNRS/ENS/PSL ; Pierre Antoine Fabre, directeur d’études, EHESS ; Bernard Friot, professeur émérite de sociologie, université Paris-10-Nanterre ; Mathilde Larrère, maîtresse de conférences en histoire politique du XIXe siècle, université Gustave-Eiffel ; Frédéric Le Roux, professeur des universités, mathématiques, Sorbonne université ; Jean-Claude Monod, directeur de recherches au CNRS) ; Willy Pelletier, sociologue, université de Picardie, coordinateur général de la fondation Copernic ; Guislaine Refrégier, maîtresse de conférences en biologie, université Paris-Saclay ; Marina Seretti, maîtresse de conférences en philosophie, université Bordeaux-Montaigne ; Nathalie Sigot, professeure d’économie, université Paris-I-Panthéon-Sorbonne ; Barbara Stiegler, professeure de philosophie politique, université Bordeaux-Montaigne ; Constance Valentin, CR CNRS Physique, université de Bordeaux ; Michelle Zancarini-Fournel, professeure émérite d’histoire, université Claude-Bernard-Lyon-1.
    La liste complète des signataires est accessible en cliquant sur ce lien
    https://sites.google.com/view/signataires-tribune-de-la-faim/accueil

    « Les prochaines semaines risquent d’être très compliquées » : confinés et sans job, la vie sur le fil des étudiants précaires, Alice Raybaud, 01 avril 2020
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2020/04/01/les-prochaines-semaines-risquent-d-etre-tres-compliquees-confines-et-sans-jo

    Alors que près de la moitié des jeunes financent leurs études grâce à des petits boulots, nombreux sont ceux qui se retrouvent en difficultés financières depuis le début du confinement. Des aides se déploient.

    Trois kg de féculents, des conserves et des produits d’hygiène. Tel est le contenu des paniers qui sont distribués, depuis le 18 mars, à des centaines d’étudiants bordelais confinés dans leurs cités universitaires. Gantés, masqués et toujours un par un, ce sont des doctorants, post-doctorants et maîtres de conférences des universités de la métropole qui se chargent bénévolement de la livraison : une urgence face à la situation de « détresse » de certains jeunes, alertent-ils par le biais de leur collectif, Solidarité : continuité alimentaire Bordeaux.

    Suspension des loyers

    « Avec la fermeture des restaurants universitaires, on s’est rendu compte que certains étudiants n’avaient pas mangé depuis quarante-huit heures, raconte un des membres du collectif. Plus que la continuité pédagogique, l’enjeu est surtout, aujourd’hui, celui de la continuité alimentaire. » Le collectif, qui a lancé une cagnotte en ligne, recense à ce jour plus de 650 demandes sur le campus et a effectué 460 livraisons de paniers, principalement dans les logements Crous.
    « Plus que la continuité pédagogique, l’enjeu est surtout, aujourd’hui, celui de la continuité alimentaire », un membre du collectif bordelais
    Au niveau national, 40 % des étudiants qui résident dans des logements du Crous sont restés sur place, indique le Centre national des œuvres universitaires. Ce public déjà fragile ne bénéficiera pas de la suspension des loyers, annoncée pour tous ceux qui ont quitté les lieux pour rejoindre leur famille, et qui ne paieront donc plus leur logement à partir du 1er avril et jusqu’à leur retour.

    « Pour la majorité des étudiants qui nous contactent, la perte d’un job ou d’un stage est venue se rajouter à une vulnérabilité antérieure, ce qui rend leurs dépenses courantes très compliquées », observe-t-on du côté du collectif bordelais, qui demande la suppression des loyers Crous pour tous. Les étudiants aux emplois souvent précaires sont en effet parmi les premiers à pâtir du confinement. Ces pertes de revenus viennent fragiliser des budgets déjà sur le fil, dans un contexte où près d’un étudiant sur deux travaille pour financer ses études, et où un sur cinq vit déjà sous le seuil de pauvreté (IGAS, 2015).

    « Difficile de se concentrer sur les cours »

    Depuis septembre, Marion, 20 ans, étudiante en science du langage à la Sorbonne-Nouvelle, encadrait les enfants de sa ville de Grigny (Essonne) sur les temps périscolaires. « Mais comme je suis en “contrat volant”, c’est-à-dire qu’on m’appelle seulement selon les besoins, je ne toucherai rien jusqu’à la réouverture des écoles », déplore la jeune femme, qui vit dans un appartement avec son père, au chômage, son frère et sa sœur. Ses revenus permettaient de payer les factures et la nourriture de la famille. « Les prochaines semaines risquent d’être très compliquées », s’inquiète Marion, qui cherche sans relâche un autre job dans un magasin alimentaire. Alors qu’elle s’occupe des devoirs de sa fratrie confinée et qu’elle a dû composer quelques jours avec une coupure d’électricité, « se concentrer sur les cours à distance est difficile », confie-t-elle.

    Pour Claire (le prénom a été modifié), 21 ans, en master métiers de l’enseignement à Colmar, c’est « le flou ». « A la bibliothèque où je travaille, on nous a promis de faire le maximum pour que notre rémunération soit maintenue, mais rien n’est encore sûr. L’aide aux devoirs, qui me permettait de payer ma nourriture, c’est devenu impossible, confie-t-elle. Il faudra diminuer les frais de courses. » Juliette (le prénom a été modifié), étudiante en lettres modernes de 20 ans, faisait de la garde d’enfant, sans contrat. Un « bon plan », habituellement. « Mais dans cette situation, cela veut dire : pas de compensation, et je n’ai pas d’économies de côté, souffle-t-elle. Heureusement, je suis confinée chez ma famille en Bretagne, avec moins de dépenses. Je regarde pour bosser dans une agence d’intérim, en usine, mais mes parents ne sont pas rassurés à l’idée de me laisser sortir… »

    Aides sociales d’urgence

    Pour répondre à ces situations de #précarité, les Crous s’organisent pour délivrer davantage d’aides ponctuelles. Dix millions d’euros supplémentaires ont été débloqués, mardi 31 mars, par le ministère de l’enseignement supérieur. « Des directives nationales nous permettent de monter nos dotations jusqu’à 560 euros, à destination des étudiants nationaux comme internationaux, et cumulables avec les bourses », explique Claire Maumont, responsable du service social au Crous de Poitiers, qui observe qu’un tiers des dernières demandes émanent d’#étudiants touchés par une perte d’#emploi et jusque-là inconnus de leurs services. Pour elle, « l’enjeu, dans cette période difficile, est de garder le lien avec nos étudiants : nos services réalisent du porte-à-porte dans les cités universitaires, avec médecin et infirmière, pour nous assurer de la #santé et de l’alimentation de nos résidents. »

    Encouragées par des directives ministérielles, certaines universités mettent également en place des #aides_sociales_d’urgence, à partir des fonds de la Contribution de vie étudiante et de campus (CVEC). A l’université de Bordeaux, les étudiants en difficulté peuvent par exemple bénéficier d’une aide mensuelle de 200 euros. « On peut décider d’accorder une aide plus importante au cas par cas, et de délivrer des #bons_alimentaires sous forme de carte prépayée en cas d’urgence », précise Anne-Marie Tournepiche, vice-présidente Vie de campus de l’université, qui s’attend à une « augmentation importante des demandes d’aides financières dans les prochains jours ». En outre, les étudiants #autoentrepreneurs pourront bénéficier de l’aide exceptionnelle de 1 500 euros annoncée le mardi 17 mars par le ministère de l’économie.

    Bons alimentaires, aides ponctuelles des universités… Ces mesures ne seront pas suffisantes sur le long terme pour l’Union nationale des étudiants de France (UNEF). « Ces aides sont aléatoires selon les établissements, et parfois compliquées à obtenir, explique Mélanie Luce, présidente du syndicat étudiant. Quant aux aides du Crous, débloquer dix millions d’euros apportera un nouveau souffle mais ne permettra pas de répondre à toutes les situations si le confinement se poursuit. D’autant qu’il y aura des répercussions sur la longueur, notamment sur les jobs d’été, qui sont essentiels pour de nombreux étudiants. » L’UNEF, qui demande la mobilisation de fonds étatiques plus « massifs » s’inquiète aussi de la situation des #étudiants_étrangers, « pour la plupart non éligibles aux #bourses et ne pouvant accéder à toutes les aides d’urgences, qui comptaient sur un job pour vivre et sont désormais dans une situation catastrophique », rappelle Mélanie Luce.

    « Les plus précaires au front »

    C’est le cas de Noélia, étudiante péruvienne de 20 ans, en licence d’espagnol à la Sorbonne-Nouvelle. Grâce à un #job de baby-sitter, en contrat étudiant sur une #plate-forme en ligne, elle arrivait jusque-là « plus ou moins » à gérer ses mois. Mais depuis que Noélia ne peut plus entrer en contact avec l’enfant qu’elle gardait, la plate-forme ne lui a facturé aucune heure.

    « Je ne sais pas si j’aurai le droit au #chômage_partiel. J’ai demandé mais n’ai toujours pas reçu de réponse. Je n’ai plus d’économies car j’ai tout dépensé avec une maladie pour laquelle je suis allée à l’hôpital le mois dernier. Heureusement, je suis hébergée par des amis, mais comment est-ce que je vais faire pour continuer à les aider à payer le #loyer et la nourriture ? Et comment être sûre que je pourrai avoir mes papiers français, pour lesquels on m’a demandé de justifier d’un revenu de 650 euros mensuels ? »

    Pour certains étudiants, notamment ceux qui travaillent dans des grandes surfaces, l’arrêt de leur job n’était pas une option. Lucas, 22 ans, a accepté d’augmenter ses heures dans le magasin bio où il travaille. « Cela me permettra de me renflouer », concède-t-il. Solène, 21 ans, a, elle, essayé de faire valoir son #droit_de_retrait dans son magasin de Dourdan (Essonne). « On me l’a refusé, prétextant la mise en place de protections sanitaires. Sinon, c’était l’abandon de poste et je ne peux pas me le permettre, avec le prêt étudiant de 20 000 euros que je viens de contracter. » Solène se rend donc chaque jour au magasin, avec la peur de rapporter le virus chez elle et de contaminer ses proches. Désabusée, elle déplore : « Ce sont les plus précaires, les petits employés, qu’on envoie au front. »

    #confinement #Crous #dette #prêt_étudiant #premiers_de_corvée #premières_de_corvée

  • « Je clique et hop ! » : l’envers des plateformes e-commerce
    https://radioparleur.net/2020/04/11/desastre-ecologique-amazon

    Les plateformes d’e-commerce comme Amazon causent des désastres écologiques et sociaux d’une ampleur phénoménale. La conférence « Je clique, et hop ! » organisée par le collectif « 94 ça chauffe ! » remet du concret et de la réflexion derrière ce geste, devenu banal, d’acheter sur internet sans se poser de questions. Durée : 2h06. Source : Radio Parleur

    https://audio.ausha.co/B404zcY4zOKB.mp3

  • "Mobilisons-nous pour sécuriser nos assiettes"

    La main d’œuvre manque plus que jamais. Il est nécessaire de se mobiliser pour subvenir aux #besoins_alimentaires de la population.


    https://desbraspourtonassiette.wizi.farm
    #plateforme #agriculture #travail #pôle_emploi #coronavirus #covid-19 #Wizifarm #start-up #main_d'oeuvre #alimentation #nourriture

    Ajouté à la métaliste agriculture et coronavirus :
    https://seenthis.net/messages/836693

  • L’aplatissement de la terre | Leslie Kaplan
    https://lundi.am/L-aplatissement-de-la-terre

    Tout le monde s’en souvient : ce matin-là au réveil la nouvelle tournait en boucle, quelqu’un était tombé en dehors de la Terre. Pas dans un trou, pas dans une crevasse, pas dans un abîme. Non, en dehors, à l’extérieur, au-delà. Et c’était la preuve matérielle, irréfutable, de ce qu’on observait déjà depuis un certain temps : la Terre n’était plus ronde, elle avait été aplatie, l’aplatissement était déjà bien avancé, et on était obligé de se demander jusqu’où ça irait. Source : Lundi matin

    • En Psychologie, théorie de l’emboîtement sexuel (Vous ne comprenez pas ? C’est pourtant clair). On expliquait le mal-être par les tensions inévitables entre l’intérêt bien compris et la passion irrationnelle.

      Il y eut une vague de paralysies qui frappèrent le pays, les femmes surtout. On catalogua les paralysies (paralysie du bras, de la jambe, du cou …), et on appliqua, sur la suggestion d’un professeur émérite, des systèmes de redressement, des corsets.

      Des femmes malades se révoltèrent, exigèrent « Du soin, de l’écoute, du rêve ». Ce mot d’ordre eut un grand succès, même si un médecin biologiste célèbre, connu pour ses comportements sexistes à l’hôpital, les traita partout d’hystériques, dans la presse et sur les ondes, et expliqua avec vaillance et arrogance que le rêve était une inflammation de la cervelle.

      Mais l’époque n’était pas à la polémique. Quelques intellectuels éminents protestèrent, avancèrent qu’on était en pleine régression générale, des articles furent publiés, un appel collectif, peut-être maladroit - il était intitulé « La vérité divise » - fut lancé, mais personne ne s’intéressa vraiment, il tomba à plat.

      Comment ça se termina ? Eh bien, ça ne se termina pas. On y est encore.

      #guerre_des_sexes #misogynie #culture_du_viol #domination_masculine

  • Swinging the Vote ? – The Markup
    https://themarkup.org/google-the-giant/2020/02/26/wheres-my-email

    The Markup set up a new Gmail account to find out how the company filters political email from candidates, think tanks, advocacy groups, and nonprofits.

    We found that few of the emails we’d signed up to receive —11 percent—made it to the primary inbox, the first one a user sees when opening Gmail and the one the company says is “for the mail you really, really want.”

    Half of all emails landed in a tab called “promotions,” which Gmail says is for “deals, offers, and other marketing emails.” Gmail sent another 40 percent to spam.

    For political causes and candidates, who get a significant amount of their donations through email, having their messages diverted into less-visible tabs or spam can have profound effects.

    “The fact that Gmail has so much control over our democracy and what happens and who raises money is frightening,” said Kenneth Pennington, a consultant who worked on Beto O’Rourke’s digital campaign.

    “It’s scary that if Gmail changes their algorithms,” he added, “they’d have the power to impact our election.”

    Google communications manager Katie Wattie said in an email that the categories “help users organize their email.”

    “Mail classifications automatically adjust to match users’ preferences and actions,” she said. “Users really like the tab organization.”

    Gmail enables the tabs by default, but they can be disabled. Wattie declined to say whether most users keep the tabs, but an email deliverability firm said about 34 percent of respondents to a 2016 survey said they use them.

    The tabs also serve another purpose: ad inventory. While Gmail does not sell ads in the primary inbox, advertisers can pay for top placement in the social and promotions tabs in free accounts.

    Some fear that, as a result, Gmail has the same conflict of interest that exists on social networks: If the platforms make it too easy to reach people for free, no one will buy ads.

    “The worry is that they want to basically turn Gmail into a Facebook-style news feed where you have to pay for placement in the inbox,” said Ryan Alexander, a Democratic digital consultant.

    Wattie, the Google spokesperson, replied: “What you describe is not on our roadmap for Gmail.”

    A coalition of eight progressive advocacy groups in the U.S. noticed a similar change at about the same time and said it suppressed donations and petition signatures. We reviewed email data provided by Democracy for America, CREDO Action and SumOfUs and found their Gmail open rates did drop that spring, by about 50 percent compared with email sent to subscribers using other email providers.

    “We believe that our ability to inform and engage the public in political action, which we believe is fundamental to a healthy democracy, is being impeded,” the coalition wrote in a letter to Google in November 2018.

    #Gmail #Democratie #Politique #Plateformes

  • Le lien unissant un chauffeur et Uber est bien un « contrat de travail », selon la Cour de cassation
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/04/la-cour-de-cassation-confirme-que-le-lien-unissant-un-chauffeur-et-uber-est-

    La plus haute juridiction pénale française a jugé que le chauffeur « qui a recours à l’application Uber ne se constitue pas sa propre clientèle, ne fixe pas librement ses tarifs et ne détermine pas les conditions d’exécution de sa prestation de transport ». Pour la Cour, la possibilité de se déconnecter de la plateforme sans pénalité « n’entre pas en compte dans la caractérisation du lien de subordination ».
    Début 2019, Uber s’était pourvu en cassation après un arrêt de la cour d’appel de Paris qui avait déclaré « contrat de travail » le lien entre un ancien chauffeur indépendant et la plateforme américaine. La cour avait détaillé « un faisceau suffisant d’indices » qui caractérisait selon elle « le #lien_de_subordination » liant le chauffeur à la #plateforme, et donc l’existence d’un contrat de travail de fait.
    Si certains chauffeurs sont attachés à leur statut d’indépendant, de nombreux conducteurs pourront s’appuyer sur cette nouvelle décision pour demander la requalification de leur #contrat avec Uber ou d’autres plates-formes en #contrat_de_travail. En clair, le modèle économique d’#Uber pourrait s’effondrer.

    #salariat #droit_du_travail #jurisprudence

    • Les chauffeurs VTC mobilisés contre Uber et sa « machine à précarité »
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/11/les-chauffeurs-vtc-mobilises-contre-uber-et-sa-machine-a-precarite_6032553_3

      Peu séduits par le salariat, malgré la reconnaissance récente d’une relation de subordination par la justice, les conducteurs demandent à la plate-forme des garanties d’indépendance.

      « On est obligé de travailler avec le “monstre”. » Le « monstre », pour ce chauffeur (qui souhaite garder l’anonymat), s’appelle Uber. Comme une centaine d’autres conducteurs de #VTC, il est venu, vendredi 6 mars, exprimer sa colère contre le fonctionnement de l’application mobile, devant les bureaux de la firme californienne à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).
      La mobilisation de la profession connaît un regain depuis la décision de la Cour de cassation, le 4 mars, qualifiant de « fictif » le statut d’indépendant d’un conducteur et reconnaissant du même coup son lien avec Uber comme étant un contrat de travail salarié.

      Le même chauffeur le répète : travailler avec Uber est une « obligation ». Le service est incontournable, captant entre 60 % et 80 % de la clientèle en Ile-de-France. Après avoir obtenu sa licence de VTC en 2015, il s’est endetté de 40 000 euros pour acheter son véhicule, à l’époque où les conducteurs étaient moins nombreux et les tarifs, plus élevés.

      Avant d’arriver à la manifestation, il a pris soin de couper la connexion à Internet sur son smartphone et de désactiver la géolocalisation. « Je ne peux pas me permettre qu’ils voient que j’y participe et suspendent mon compte », explique-t-il.

      Peu de volontaires pour le salariat

      « Uber vend du rêve aux jeunes, promet 4 000 euros de revenu et une indépendance immédiate. C’est possible, mais à un prix exorbitant ! », commente Makram, autre conducteur présent devant les locaux d’Uber à l’appel de l’intersyndicale nationale VTC. Une fois la commission de 25 % déduite de chaque course, le crédit du véhicule remboursé et l’essence payée, Makram estime gagner entre 1 200 et 1 400 euros brut par mois, pour soixante-dix heures hebdomadaires passées dans sa voiture.

      Parmi les reproches adressés à la plate-forme, figurent en première position le manque de transparence sur les courses (dont le tarif estimé et la distance parcourue ne sont pas connus par les chauffeurs avant le départ) et des suspensions de compte considérées comme abusives, sans possibilité de recours.

      « Le lien de subordination avec ces entreprises du numérique est patent depuis des années », constate Otto Landreau, chauffeur inscrit sur plusieurs plates-formes (Bolt, Snapcar, Marcel, Chauffeur Privé) pour éviter les tarifs d’Uber, qu’il juge trop bas.
      Tout en qualifiant la décision de la Cour de cassation de « bonne nouvelle », peu de conducteurs disent pourtant vouloir mettre fin à leur statut d’#auto-entrepreneur et signer un contrat de travail avec l’entreprise américaine. « Je ne veux pas être un salarié sans les avantages et un indépendant avec tous les inconvénients », résume Yahya, conducteur de 44 ans originaire de Lille.

      « En banlieue, on a toujours subi une forme d’esclavage »
      L’intersyndicale et l’Association des chauffeurs indépendants lyonnais (ACIL), deux des principales associations de conducteurs, revendiquent cependant avoir lancé, depuis le début de l’année, plus de cent trente procédures devant la justice prud’homale contre Uber, sur la reconnaissance du lien de subordination.

      Car pour les deux organisations, cela pourrait permettre de négocier plus de garanties pour les indépendants, par exemple en laissant à la charge d’Uber le paiement des cotisations salariales. « Depuis la décision de la Cour de cassation, je reçois plusieurs centaines de demandes d’information par jour. Même si la requalification massive n’est pas l’objectif », assure Mehdi Mejeri, fondateur et président de l’ACIL.

      Près de dix ans après son arrivée à Paris, la perspective tracée par Uber d’un emploi indépendant et rémunérateur a laissé place, pour certains conducteurs, à un sentiment d’avoir été piégé par le modèle.

      « Il y a tout un pan de la population à la merci de cette économie, parce qu’elle ne repose sur rien, estime Mehdi Mejeri. C’est une machine à précarité dont l’Etat peine à suivre les évolutions. » L’application du volet VTC de la loi d’orientation des mobilités (LOM) a été bousculée par la décision de la Cour de cassation. La ministre du travail, Muriel Pénicaud, a annoncé que de nouvelles propositions sur le cadre légal des travailleurs des plates-formes seraient formulées d’ici à l’été.

      Une nouvelle manifestation des conducteurs est prévue à Paris, mercredi 11 mars, devant le ministère des transports, avant une rencontre entre représentants des conducteurs et d’Uber France, le lendemain. « Nous, en banlieue, on a toujours subi une forme d’esclavage. Hier, il était ouvrier, aujourd’hui il est numérique, assène un conducteur d’Ile-de-France, sous couvert d’anonymat. On veut nous résumer à ce statut de salarié, mais ce combat représente bien plus que cela ! »

      #endettement

  • #Frontex wants to disembark refugees in Senegal

    #Hera“ is the only Frontex maritime mission on the territory of a third country. A new agreement might extend this joint border #surveillance.

    The EU border agency Frontex wants to bring back refugees picked up in the Atlantic Ocean to Senegal. The EU Commission should therefore negotiate a so-called #Status_Agreement with the government in Dakar. The proposal can be found in the annual report (https://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-6294-2020-INIT/en/pdf) on the implementation of the Regulation for the surveillance of external sea borders (https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=CELEX:32014R0656). It regulates the maritime „operational cooperation“ of Frontex with third countries.

    It would be the first agreement of this kind with an African government. So far, Frontex has only concluded Status Agreements with a number of Western Balkan countries for the joint surveillance of land borders. The only operation to date in a third country (https://digit.site36.net/2019/11/25/frontex-expands-operations-in-eu-neighbouring-countries) was launched by the Border Agency in Albania a year ago.

    Frontex has been coordinating the joint operation „Hera“ in the Atlantic since 2006 (https://frontex.europa.eu/media-centre/news-release/longest-frontex-coordinated-operation-hera-the-canary-islands-WpQlsc). The reason for the first and thus oldest EU border surveillance mission (http://www.statewatch.org/analyses/no-307-frontex-operation-hera.pdf) was the arrival of many thousands of refugees in boats on the Canary Islands via Morocco, Mauritania, Cape Verde and Senegal. For a short period of time, the German Federal Police had also participated in „Hera“ (http://dipbt.bundestag.de/doc/btd/16/098/1609888.pdf), in addition to Portugal, France, Italy, Finland and Luxembourg. Already in 2007 the arrivals decreased drastically. For the past year, Frontex’s „Migratory Map“ (https://frontex.europa.eu/along-eu-borders/migratory-map) records only 711 irregular arrivals (by December) on Gran Canaria, Tenerife and the other Spanish islands. According to media reports (https://www.laprovincia.es/canarias/2020/03/03/canarias-supera-1200-personas-llegadas/1260792.html), this number has been nearly doubled in the first two months of 2020 alone.

    „Hera“ is the only maritime mission in which Frontex coordinates an operation which, with Senegal, also takes place in the 12-mile zone, the exclusive economic zone and the airspace of a third country. In „Themis“, „Indalo“ and „Poseidon“, the operational plan only covers waters under the jurisdiction and monitoring of EU Member States.

    Currently, „Hera“ is operated by Spain as the „host state“ with support from Portugal. The two countries patrol with frigates and smaller ships and carry out aerial surveillance with a helicopter. They first transmit their information to a control centre in Las Palmas, to which Morocco, Mauritania and Senegal have sent liaison officers. Processed intelligence is then forwarded to the International Coordination Centre (ICC) in Madrid, which manages all operations of the Spanish border authorities and is also responsible for cooperation with Frontex.

    If suspicious boats are detected in the area of operations in „Hera“, a report is made to the competent Maritime Rescue Operations Centre (MRCC). All those picked up in the Spanish Search and Rescue zone have been able to disembark in the Canary Islands in recent years.

    If the refugees are still in the Senegalese #SAR zone, the national coast guard brings them back to the West African country. With a Status Agreement, Frontex assets could do the same. According to SAR Info, a Canadian information platform, the Senegalese national #MRCC (https://sarcontacts.info/countries/senegal) is also responsible for the rescue coordination off the coast of Gambia, Guinea-Bissau and Mauritania.

    Before each operation, Frontex is required to assess the possible disembarkation of intercepted refugees in the third countries concerned. In the report for 2018, Leggeri writes that his agency, with the „host states“ of the missions „Themis“ (Italy) and „Indalo“ (Spain), considered such disembarkations to Libya and Tunisia as well as to Morocco to be incompatible with regulations to which Frontex is bound.

    From Frontex’s point of view, however, disembarkations would be possible for Turkey and Senegal, as the governments there do not violate basic fundamental and human rights and also adhere to the principle of non-refoulement, according to which refugees may not be returned to countries from which they have fled. So far, says Leggeri, Frontex and the EU Member States involved in „Poseidon“ and „Hera“ have not forced any persons to Turkey or Senegal.

    The report signed by Frontex director Fabrice Leggeri is as usual one year late, the paper published last week refers to 2018. That was the same year in which the European Union once again wanted to set up „regional disembarkation centres“ in North Africa (https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/IP_18_4629). There, asylum applications of persons seeking protection would be examined even before they reach Europe. All the governments in question rejected the proposal, and the African Union also opposed it a year ago. Led by Egypt, the 55 member states criticise the planned EU facilities as „de facto detention centres“ (https://www.theguardian.com/world/2019/feb/24/african-union-seeks-to-kill-eu-plan-to-process-migrants-in-africa).

    In the report, Leggeri complains that Frontex has too little competence in its four maritime missions. Bilateral agreements, such as those Italy has concluded with Libya (https://www.hrw.org/news/2020/02/12/italy-halt-abusive-migration-cooperation-libya) or Spain with Morocco (https://english.elpais.com/elpais/2019/02/21/inenglish/1550736538_089908.html), allow for much closer cooperation with North African coastguards.

    https://digit.site36.net/2020/03/01/frontex-wants-to-disembark-refugees-in-senegal
    #Sénégal #asile #migrations #réfugiés #externalisation #désembarquement #surveillance_frontalière #accord #accords #frontières

    Et pas mal de matériel sur seenthis autour de...
    #plateformes_de_désembarquement #disembarkation_paltforms #plateformes_de_débarquement #regional_disembarkation_platforms #Albanie #Océane_atlantique #Atlantique #Allemagne

    –-> voir notamment ici, dans la métaliste sur l’externalisation des contrôles frontaliers :
    https://seenthis.net/messages/731749#message765334

    ping @karine4 @isskein @_kg_

  • TAXI GRUPPE BERLİN Public Group | Facebook
    https://www.fuckbk.com/groups/786586654752974

    Hat den werten Kolleginnen und Kollegen eigentlich mal jemand gesagt, dass für Kommunikation Facebook das ist, was Uber fürs Taxigewerbe ist?

    Description

    Die Taxi Gruppe Berlin ist für den Austausch von gewerblichen Informationen, gegenseitige Hilfeleistungen und für eine gute Solidarität der Taxifahrer und Taxiunternehmer gegründet worden.
    Wir dulden in der Gruppe keine Unverschämtheiten bzw. Beleidigungen.
    Außerdem ist es nicht erlaubt gewerbliche Eigenwerbung zu veröffentlichen.
    Beiträge zu posten, die das Taxigewerbe nicht interessieren ist ebenso nicht gestattet.
    Postet das Mitglied trotzdem, wird beim ersten Mal ermahnt und bei der Fortsetzung müssen wir das Mitglied leider entfernen.

    Taxi Gruppe Berlin ist UNABHÄNGIG von den Verbänden und Genossenschaften

    Private - Only members can see who’s in the group and what they post
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    Group Rules from the Admins
    1 Sei freundlich und höflich
    Wir alle sind für einen freundlichen Umgang miteinander verantwortlich. Wir sollten einander mit Respekt behandeln. Diskussionen sind etwas völlig Normales, doch sollte alles im Grünen-Bereich sein

    2 Keine Hassbotschaften oder Bullying
    Jeder soll sich sicher fühlen. Bullying jeglicher Art ist nicht erlaubt, und erniedrigende Kommentare aufgrund von ethnischer Zugehörigkeit, Religion, Kultur, sexueller Orientierung, Geschlecht oder Identität werden nicht toleriert.

    3 Respektiere die Privatsphäre anderer
    Voraussetzung für den Beitritt zu dieser Gruppe ist gegenseitiges Vertrauen. Authentische, aussagekräftige Unterhaltungen machen Gruppen zu einem tollen Ort. Aber Gespräche können auch sensible und private Themen enthalten. Was in der Gruppe geteilt wird, sollte die Gruppe deshalb nicht verlassen.

    4 Keine Promotions oder Spam
    Beteilige dich aktiv am Gruppengeschehen. Eigenwerbung, Spam und nicht relevante Links sind allerdings untersagt.

    fuckbk . com - alles ist besser als Facebook

    #Taxi #Kommunikation #social_networks #Facebook #Plattformkapitalismus #GAFAM

  • Working Class Vélo, les nouveaux précaires de la livraison
    https://www.franceinter.fr/emissions/le-focus-de-la-semaine/le-focus-de-la-semaine-23-mars-2019

    Travail à la demande : avec le Collectif des Livreurs Autonomes Parisiens (Clap) et Coopcycle, coopérative contre l’ubérisation, les précaires de la livraison s’organisent. Rencontre avec Jérôme Pimot ex-livreur à vélo chez Deliveroo et consorts, révolté, militant anti-ubérisation et cofondateur du Collectif des Livreurs Autonomes de Paris (Clap) qui a pris la défense du peloton des forçats du bitume. En novembre 2018, la Cour de cassation, plus haute juridiction française, a établi un lien de (...)

    #TakeItEasy #Deliveroo #FoodTech #GigEconomy #lutte #nourriture #CLAP

  • Travailleurs du clic, les soutiers du clavier
    https://www.franceinter.fr/emissions/comme-un-bruit-qui-court/comme-un-bruit-qui-court-23-mars-2019

    Après le travail précarisé, bienvenue dans le micro-travail ! De plus en plus de plateformes proposent à des êtres humains de travailler pour des intelligences artificielles : des micro tâches de quelques minutes derrière son clavier pour quelques centimes. Sans contrat de travail ni fiche de paie, vous serez payés à la tâche, à cliquer sur toutes sortes de choses sans savoir trop pourquoi. Les temps modernes, version 2019 où il faut, non pas serrer des boulons mais identifier des objets, traduire, (...)

    #algorithme #conditions #GAFAM #GigEconomy #travail #travailleurs

  • Documentaire : plongée dans l’enfer quotidien des travailleurs du clic
    https://www.franceinter.fr/emissions/l-instant-m/l-instant-m-17-fevrier-2020

    Une passionnante série documentaire, fondée sur les travaux du sociologue Antonio Casilli, nous plonge dans le quotidien d’un nouveau prolétariat : le prolétariat numérique. On a l’impression que ça marche tout seul, Google, Facebook, Amazon ou Uber. Cette impression n’est pas un hasard, les plateformes font tout pour l’alimenter, pour ne pas montrer les petites mains qui travaillent dans l’ombre. Alors je vous recommande une série documentaire qui prouve avec brio que non, ça ne marche pas tout seul (...)

    #Google #Amazon #Facebook #Uber #algorithme #conditions #GigEconomy #travail (...)

    ##travailleurs

  • Les #outils_numériques de l’#humanitaire sont-ils compatibles avec le respect de la #vie_privée des #réfugiés ?

    Pour gérer les opérations humanitaires dans le camp de réfugiés syriens de #Zaatari en #Jordanie, les ONG ont mis en place des outils numériques, mais l’#innovation a un impact sur le personnel humanitaire comme sur les réfugiés. Travailler sur ce camp ouvert en 2012, où vivent 76 000 Syriens et travaillent 42 ONG, permet de s’interroger sur la célébration par le monde humanitaire de l’utilisation de #nouvelles_technologies pour venir en aide à des réfugiés.

    Après plusieurs années d’observation participative en tant que chargée d’évaluation pour une organisations non gouvernementales (ONG), je suis allée plusieurs fois à Amman et dans le camp de Zaatari, en Jordanie, entre 2017 et 2018, pour rencontrer des travailleurs humanitaires de 13 organisations différentes et agences de l’Onu et 10 familles vivant dans le camp, avec l’aide d’un interprète.

    Le camp de Zaatari a été ouvert dès 2012 par le Haut Commissariat aux Réfugiés pour répondre à la fuite des Syriens vers la Jordanie. Prévu comme une « #installation_temporaire », il peut accueillir jusqu’à 120 000 réfugiés. Les ONG et les agences des Nations Unies y distribuent de la nourriture et de l’eau potable, y procurent des soins et proposent un logement dans des caravanes.

    Pour faciliter la #gestion de cet espace de 5,2 km2 qui accueille 76 000 personnes, de très nombreux rapports, cartes et bases de données sont réalisés par les ONG. Les #données_géographiques, particulièrement, sont collectées avec des #smartphones et partagées via des cartes et des #tableaux_de_bord sur des #plateformes_en_ligne, soit internes au camp comme celle du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), soit ouvertes à tous comme #Open_Street_Map. Ainsi, grâce à des images par satellite, on peut suivre les déplacements des abris des réfugiés dans le camp qui ont souvent lieu la nuit. Ces #mouvements modifient la #géographie_du_camp et la densité de population par zones, obligeant les humanitaires à modifier les services, tel l’apport en eau potable.

    Les réfugiés payent avec leur iris

    Ces outils font partie de ce que j’appelle « l’#humanitaire_numérique_innovant ». Le scan de l’#iris tient une place à part parmi ces outils car il s’intéresse à une partie du #corps du réfugié. Cette donnée biométrique est associée à la technologie de paiement en ligne appelée #blockchain et permet de régler ses achats au #supermarché installé dans le camp par une société jordanienne privée. Avant l’utilisation des #scanners à iris, les réfugiés recevaient une #carte_de_crédit qu’ils pouvaient utiliser dans divers magasins autour du camp, y compris dans des #échoppes appartenant à des réfugiés.

    Ils ne comprennent pas l’utilité pour eux d’avoir changé de système. Nour*, une réfugiée de 30 ans, trouvait que « la #carte_Visa était si facile » et craint de « devenir aveugle si [elle] continue à utiliser [son] iris. Cela prend tellement de temps : “ouvre les yeux”, “regarde à gauche”, etc. ». Payer avec son corps n’a rien d’anecdotique quand on est réfugié dans un camp et donc dépendant d’une assistance mensuelle dont on ne maîtrise pas les modalités. Nisrine, une autre réfugiée, préférait quand « n’importe qui pouvait aller au supermarché [pour quelqu’un d’autre]. Maintenant une [seule] personne doit y aller et c’est plus difficile ». Sans transport en commun dans le camp, se rendre au supermarché est une contrainte physique pour ces femmes.

    Le principal argument des ONG en faveur du développement du scan de l’iris est de réduire le risque de #fraude. Le #Programme_Alimentaire_Mondial (#Pam) contrôle pourtant le genre de denrées qui peuvent être achetées en autorisant ou non leur paiement avec la somme placée sur le compte des réfugiés. C’est le cas par exemple pour des aliments comme les chips, ou encore pour les protections hygiéniques. Pour ces biens-là, les réfugiés doivent compléter en liquide.

    Des interactions qui changent entre le personnel humanitaire et les réfugiés

    Les effets de ces #nouvelles_technologies se font aussi sentir dans les interactions entre le personnel du camp et les réfugiés. Chargés de collecter les #données, certains humanitaires doivent régulièrement interroger des jeunes hommes venant de zones rurales limitrophes (qui forment la majorité des réfugiés) sur leur hygiène ou leurs moyens de subsistance. Cela leur permet de créer des #indicateurs pour classer les réfugiés par catégories de #vulnérabilité et donc de #besoins. Ces interactions sont considérées par les réfugiés comme une intrusion dans leur espace de vie, à cause de la nature des questions posées, et sont pourtant devenues un des rares moments d’échanges entre ceux qui travaillent et vivent dans le camp.

    Le #classement des ménages et des individus doit se faire de manière objective pour savoir qui recevra quoi, mais les données collectées sont composites. Difficile pour les responsables de projets, directement interpellés par des réfugiés dans le camp, d’assumer les choix faits par des logiciels. C’est un exercice mathématique qui décide finalement de l’#allocation de l’aide et la majorité des responsables de programmes que j’ai interrogés ne connaissent pas son fonctionnement. Le processus de décision est retiré des mains du personnel humanitaire.

    Aucune évaluation de la #protection_des_données n’a été réalisée

    La vie privée de cette population qui a fui la guerre et trouvé refuge dans un camp est-elle bien protégée alors que toutes ces #données_personnelles sont récoltées ? Le journal en ligne The New Humanitarian rapportait en 2017 une importante fuite de données de bénéficiaires du Pam en Afrique de l’Ouest, détectée par une entreprise de protection de la donnée (https://www.thenewhumanitarian.org/investigations/2017/11/27/security-lapses-aid-agency-leave-beneficiary-data-risk). En Jordanie, les #données_biométriques de l’iris des réfugiés circulent entre une banque privée et l’entreprise jordanienne qui exploite le supermarché, mais aucune évaluation de la protection des données n’a été réalisée, ni avant ni depuis la mise en œuvre de cette #innovation_technologique. Si la protection des données à caractère personnel est en train de devenir un objet de légalisation dans l’Union européenne (en particulier avec le Règlement Général sur la Protection des Données), elle n’a pas encore été incluse dans le #droit_humanitaire.

    De la collecte de données sur les pratiques d’hygiène à l’utilisation de données biométriques pour la distribution de l’#aide_humanitaire, les outils numériques suivent en continu l’histoire des réfugiés. Non pas à travers des récits personnels, mais sur la base de données chiffrées qui, pense-t-on, ne sauraient mentir. Pour sensibiliser le public à la crise humanitaire, les équipes de communication des agences des Nations Unies et des ONG utilisent pourtant des histoires humaines et non des chiffres.

    Les réfugiés eux-mêmes reçoivent peu d’information, voire aucune, sur ce que deviennent leurs données personnelles, ni sur leurs droits en matière de protection de données privées. La connexion Internet leur est d’ailleurs refusée, de peur qu’ils communiquent avec des membres du groupe État Islamique… La gestion d’un camp aussi vaste que celui de Zaatari bénéficie peut-être de ces technologies, mais peut-on collecter les #traces_numériques des activités quotidiennes des réfugiés sans leur demander ce qu’ils en pensent et sans garantir la protection de leurs données personnelles ?

    http://icmigrations.fr/2020/01/16/defacto-015-01

    #camps_de_réfugiés #numérique #asile #migrations #camps #surveillance #contrôle #biométrie #privatisation

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  • Deliveroo condamné en France aux prud’hommes pour travail dissimulé
    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/02/06/deliveroo-condamne-en-france-aux-prud-hommes-pour-travail-dissimule_6028697_

    La plateforme de livraison de repas Deliveroo a été condamnée pour travail dissimulé à la suite de la requalification du contrat de prestation de service d’un de ses coursiers en contrat de travail.

    Un livreur à vélo ayant travaillé pour Deliveroo à partir de 2015 demandait la requalification de son contrat de prestation de service en contrat de travail. « Cela a été un très long combat, engagé en 2016 », a affirmé son avocat Me Kevin Mention.

    Un juge départiteur du conseil des prud’hommes de Paris a condamné Deliveroo pour travail dissimulé, selon la décision consultée. La justice a « reconnu que le fait d’obliger le coursier à avoir un contrat de prestation de service était une volonté de frauder le code du travail de la part de Deliveroo et condamné l’entreprise à verser 30 000 euros au livreur », selon Me Mention.

    #travail #plate-forme

  • Surveillés, exploités : dans l’enfer des #livreurs_à_vélo

    Dans cette enquête inédite, Le Média révèle les mécanismes de #surveillance des livreurs mis en place par les plateformes pour mieux les exploiter, et plus largement les conditions de travail scandaleuses auxquelles ils sont soumis : temps de travail excessif, mise en danger de mort...

    Depuis quelques années, les livreurs à vélo sont apparus dans le paysage urbain. Avec leurs sacs colorés, ils parcourent les rues des plus grands villes européennes. Ils travaillent pour des #plateformes_numériques, souvent dans des conditions plus que précaires.

    Dans cette enquête inédite, nous révélons les mécanismes de surveillance des livreurs mis en place par des plateformes telles que #Deliveroo, #Foodora ou #Uber_Eats pour mieux les exploiter, et plus largement les conditions de travail scandaleuses auxquelles ils sont soumis. À partir de l’histoire de #Frank_Page, jeune livreur Uber Eats décédé à la suite d’un accident de voiture près de l’autoroute, nous retraçons la façon dont les plateformes numériques de livraison imposent des rythmes dangereux et affectent aux livreurs des parcours potentiellement meurtriers.

    Mais cette histoire en cache plein d’autres. Derrière cette organisation du travail prétendument novatrice se cachent des pratiques régulières de répression syndicale, chez Deliveroo ou chez Uber. De Bordeaux à Dijon, en passant par Paris, les livreurs qui essaient de s’organiser face aux plateformes en paient le prix, parfois chèrement. Et cela ne se limite pas à la France.

    Ainsi, nous révélons en exclusivité que Deliveroo a espionné des syndicalistes en Angleterre en essayant de recueillir des données privées et en espionnant leurs réseaux sociaux. Le flicage ne s’arrête pas là. Grâce à l’association #Exodus_Privacy, nous avons aussi découvert comment certaines applications - celle de Deliveroo, notamment - surveillent leurs livreurs et récoltent certaines données, qui sont par la suite redirigées vers de régies publicitaires, exposant ces entreprises à une potentielle violation de la loi européenne sur la vie privée.

    https://www.youtube.com/watch?v=vASAMVRiy8s&feature=emb_logo


    https://www.lemediatv.fr/emissions/les-enquetes/surveilles-exploites-dans-lenfer-des-livreurs-a-velo-sJHkn_vURXeCnFw7IvBks

    A partir de la minute 33, il y a une interview avec Paul-Olivier Dehay, fondateur de l’ONG Personal data.io (https://wiki.personaldata.io/wiki/Main_Page).
    Il explique comment les plateformes de livreurs utilisent les données collectées :

    « On peut diviser son groupe d’ ’employés’ grâce à ces outils, et commencer à appliquer des traitements différents à chacun de ces sous-groupes. Par exemple offrir des bonus à certains et pas à d’autres, des encouragements, faire des expériences de traitements différents. C’est un outil managérial pour gérer la force ouvrière des livreurs. Ces plateformes cherchent à opérer en ayant un maximum d’informations sur le marché, mais par contre en livrant un minimum d’informations à chaque entité pour faire son travail. Donc quand un livreur livre un plat il ne sait pas si dans l’heure il va avoir encore 3 ou 4 boulots, il n’a aucune information sur les prédictions ou quoi que ce soit, parce que la plateforme cherche à pousser un maximum de risques économiques vers les livreurs, et cherche à optimiser toujours dans son intérêt. On voit que l’asymétrie d’information pour ces plateformes est stratégique pour eux. Uber n’a pas de voiture, Deliveroo n’a pas de vélo, ce qu’ils ont c’est de l’information, et de l’information qui vaut de l’argent pour des restaurants, pour des livreurs, et pour des consommateurs au final. C’est mettre tous ces acteurs ensemble qui va permettre à la plateforme de faire de l’argent. On peut tout à fait imaginer un scénario où chacune des parties se réapproprie un maximum de ces données et au final se demande ’En fait, pourquoi on a besoin de cet intermédiaire ? Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas agir avec des outils qui nous permettent d’interagir directement’. Si on suit cette logique d’exposition de la plateforme, de mise à nu de la plateforme, on se rend compte qu’au final il n’y a rien derrière, il n’y a rien qui a vraiment une valeur, c’est dans l’#asymétrie de l’information qu’ils construisent la valeur »

    #exploitation #travail #conditions_de_travail #précarité #surveillance #gig_economy #économie_de_la_tâche #livreurs #auto-entrepreneurs #liberté #enquête #deliveroo_rider #téléphone_portable #smartphone #syndicats #risques #accidents #coursiers #coursiers_à_vélo #grève #accidents #décès #morts #taxes #résistance #taux_de_satisfaction #Dijon #Brighton #algorithme #déconnexion #Guy_MacClenahan #IWGB #réseaux_sociaux #flexibilité #sanctions #contrôle #Take_it_easy #dérapage #strike #pisteur #géolocalisation #publicité #identifiant_publicitaire #Appboy #segment.io #Braze #information #informations #charte #charte_sociale
    ping @albertocampiphoto

    ping @etraces

  • Coup d’État sur la « #loi_haine »

    La #loi « contre la haine » s’est transformée en loi sécuritaire au nom de la lutte « anti-terroriste ». Ce bouleversement a été acté hier à 22h30, par un #amendement (http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/amendements/2583/AN/161) de dernière minute proposé par le gouvernement et adopté par les députés serviles de l’Assemblée nationale. Ce #coup_de_force du gouvernement, imposé in extremis, est une nouvelle démonstration d’#anti-parlementarisme. L’honneur des députés exige qu’ils rejettent la loi dans son ensemble.

    Alors que la loi exigeait initialement de retirer les #contenus_illicites en 24 heures, elle impose désormais aux #plateformes de retirer en une heure les contenus que la #police lui signalera comme relevant du #terrorisme ou d’#abus_sur_mineurs. La police décidera seule des contenus relevant du terrorisme – sans le contrôle d’un juge. On l’a déjà vu abuser illégalement de ce pouvoir pour qualifier des propos militants de « terroristes » afin de les faire censurer – la justice avait alors attendu plus d’une année pour dénoncer ces abus de la police.

    De plus, alors que la loi ne concernait initialement que les plateformes ayant plusieurs millions de visiteurs par mois (Facebook, Twitter, Youtube…), les nouvelles mesures « anti-terroristes » visent désormais n’importe quelle plateforme, de toute taille. Il pourra s’agir du forum de n’importe quel site de presse, d’une plateforme militante, d’un petit hébergeur associatif ou de tout nœud d’un réseau social décentralisé tel que Mastodon ou PeerTube.

    Le délai d’une heure est matériellement impossible à respecter pour la grande majorité des plateformes Web (typiquement pour les signalements qui leur seraient faits de nuit). Ces plateformes n’auront d’autres choix que de fermer boutique ou de déléguer leur modération aux outils de censure automatisée fournis par Google et Facebook. Dans tous les cas, les grands vainqueurs seront ces deux dernières entreprises, dont la concurrence sera anéantie ou mise sous leur joug.

    Enfin, alors que la loi initiale ne prévoyait que des #sanctions financières, les nouvelles mesures prévoient des sanctions concrètes, drastiques. Si une plateforme ne censure pas un contenu dans l’heure qui suit sa notification par la police, la police pourra exiger que les fournisseurs d’accès à Internet empêchent l’accès à cette plateforme depuis la France.

    Une concentration totale des pouvoirs

    La #concentration_des_pouvoirs dans les mains de la police est totale : c’est à la fois elle qui décide quelles plateformes attaquer, qui qualifie un contenu comme étant illégal et qui met en œuvre sa sanction. L’ensemble du Web français est à sa merci.

    Si la police était mal intentionnée, il lui suffirait de publier anonymement et au milieu de la nuit des messages « terroristes » sur les plateformes de son choix pour les faire censurer (car presque aucune plateforme ne peut avoir des modérateurs réveillés toute la nuit pour répondre dans l’heure à la police). Rien dans la loi n’empêche de tels abus.

    Notons que cette situation n’est pas entièrement nouvelle : c’est la loi anti-terroriste de 2014 qui avait créé ce dispositif de #censure_policière. À l’époque toutefois, le délai pour répondre à la police était de 24 heures. Il passe aujourd’hui à #1_heure, démultipliant les risques d’abus.

    Un coup de force anti-parlementaire

    Le Parlement n’a jamais eu l’occasion de débattre des dangers de ce nouveau délai d’une heure imposé à l’ensemble du Web. Le Parlement n’a même pas eu l’occasion d’en prendre connaissance. Pendant des mois de débats sur la proposition de loi « contre la haine », le Parlement n’a parlé que de sujets bien éloignés du terrorisme. Ce n’est qu’au dernier moment, en séance publique lors de la 2ème lecture à l’Assemblée nationale, et alors que le sujet n’avait pas été abordé en commission des lois, que le gouvernement est parvenu à lui imposer ces changements, par surprise et par ignorance. Il aurait pourtant fallu en débattre pendant des mois, en auditionnant des dizaines d’acteurs, pour prétendre respecter nos principes démocratiques.

    La situation a tout pour rappeler un autre dossier : le règlement européen contre les contenus terroristes, qui prévoit lui aussi un délai de retrait en #une_heure. L’an dernier, la Commission européenne et les États membres avaient exercé une terrible pression sur le Parlement européen pour qu’il adopte en première lecture un texte en urgence avant les élections européennes (voir notre page de campagne : https://www.laquadrature.net/censureterro). Tout avait été fait pour empêcher un véritable débat, mais il avait pu au moins durer quelques semaines – permettant notamment de limiter la censure policière par l’autorisation préalable d’un juge ou d’une autorité indépendante (et la loi française serait ici contraire à la position du Parlement européen).

    Hier, le débat n’a pas même eu lieu.

    Le gouvernement semble s’être lassé de la comédie démocratique. L’avis des parlementaires n’a plus aucune conséquence sur le processus législatif : à quoi bon leur permettre de s’en faire un ? Autant gagner du temps et leur demander de tout signer à la dernière minute et sans leur expliquer.

    Si les députés ont encore un semblant de respect pour leurs fonctions démocratiques, ils doivent s’opposer à cette proposition de loi. Au moins du fait que le gouvernement a entièrement nié et insulté celles-ci hier. Et du fait, aussi, que le gouvernement a manipulé diverses volontés et associations luttant contre la haine afin de dévoyer au final la loi vers ses objectifs purement sécuritaires.

    Formellement, l’Assemblée nationale doit encore décider d’adopter ou non cette proposition de loi dans son ensemble aujourd’hui. Tout député ne qui ne votera pas contre cette loi actera que le gouvernement l’a démis de ses fonctions.

    https://academia.hypotheses.org/8795
    #sécurité #terrorisme #anti-terrorisme #censure #réseaux_sociaux #internet

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